Madame de Chevreuse: Nouvelles études sur les femmes illustres et la société du 17e siècle
NOTES:
[1] On peut en voir une ébauche dans une suite d'articles du Journal des Savants, intitulés: Carnets autographes du cardinal Mazarin, années 1854, 1855 et 1856.
[2] Sur cette méthode des grands artistes, de Pascal, de Bossuet, de Montesquieu, de Rousseau, de Buffon, de Bernardin de Saint-Pierre, et de M. de Chateaubriand, voyez les dernières pages de notre écrit: Études sur les Pensées de Pascal.
[3] Voyez Mme de Longueville pendant la Fronde, chap. I et IV.
[4] Mme de Sablé, chap. III et IV.
[5] Mme de Motteville, tome Ier de l'édition d'Amsterdam de 1750, page 198: «Je lui ai ouï dire à elle-même, sur ce que je la louois un jour d'avoir eu part à toutes les grandes affaires qui étoient arrivées en Europe, que jamais l'ambition ne lui avoit touché le cœur, mais que son plaisir l'avoit menée, c'est-à-dire qu'elle s'étoit intéressée dans les affaires du monde seulement par rapport à ceux qu'elle avoit aimés.» C'est à quoi se réduit le passage de Retz, que nous citerons tout à l'heure.
[6] Mémoires, collection Petitot, deuxième série, tome LI, p. 339.
[7] Sur Chateauneuf, son ambition et sa capacité, voyez Mme de Longueville pendant la Fronde, chap. II.
[8] Mémoires, édition d'Amsterdam, 1731, p. 210.
[9] Calomnie ridicule, dont le seul et unique prétexte est la dernière liaison de Mme de Chevreuse avec le marquis de Laigues, au milieu de la Fronde. Voyez notre dernier chapitre.
[10] Cette grande accusation n'a pas la portée qu'on lui pourrait donner: elle signifie seulement que Mme de Chevreuse «étoit distraite dans ses discours,» comme nous l'apprend Mme de Motteville, t. Ier, p. 198.
[11] Mme de Longueville pendant la Fronde, chap. I et III.
[12] Vie de Mme de Longueville, par Villefore, édition de 1739, IIe partie, p. 33.—Mme de Motteville, tome Ier, ibid.: «J'ai ouï dire à ceux qui l'ont connue particulièrement qu'il n'y a jamais eu personne qui ait si bien connu les intérêts de tous les princes et qui en parlât si bien, et même je l'ai entendu louer de sa capacité.»
[13] Ce portrait n'est pas un original; c'est une copie, mais ancienne.
[14] Portrait in-folio fort rare et qui ne se trouve guère qu'au cabinet des estampes de la Bibliothèque impériale.
[15] In-4o, dans la collection de Daret, et reproduit par Harding en Angleterre. C'est le portrait qui est en tête de ce volume. Ajoutons bien vite que les petits vilains portraits de Moncornet n'ont aucun rapport avec Mme de Chevreuse à aucun âge.
[16] L'admirable original de Ferdinand est chez M. le duc de Luynes. Balechou l'a gravé pour l'Europe illustre.
[17] Voyez le Parfait Capitaine, autrement l'abrégé des guerres des commentaires de César, édition elzévirienne de 1639.
[18] Voyez sur Mme de Guymené, outre les Mémoires de Retz, Mme de Sablé, chapitres III et IV.
[19] Voyez la Jeunesse de Mme de Longueville, chap. III.
[20] Amsterdam, 1731, 2 vol. in-12.
[21] Paris, 1615, en la boutique de Nivelle, chez Sébastien Cramoisy, rue Saint-Jacques, avec privilége du roi, in-12, de 64 pages.
[22] Le duc le représentait alors à sa cour comme l'homme de France qui pouvait le mieux servir les intérêts de sa Majesté Catholique. Voyez Lettres du cardinal de Richelieu, publiées par M. Avenel, t. Ier, p. 19.
[23] Cette opinion qui peut sembler paradoxale, n'est pas ici légèrement avancée; elle se fonde sur une étude sérieuse et détaillée des principaux actes du ministère de Luynes. Voyez le Journal des Savants de l'année 1861, le duc et connétable de Luynes.
[24] Appendice, notes du chapitre Ier.
[25] Catherine-Henriette, légitimée de France, qui épousa on 1619 le duc d'Elbeuf.
[26] Plus tard, en 1619, il la fit obtenir à son frère Cadenet, et c'est sur la terre de Chaulnes, que lui apporta Claire-Charlotte d'Ailli, que Cadenet assit son titre de duc et maréchal de Chaulnes.
[27] Mme de Motteville, tome Ier, page 11: «La duchesse de Luynes était très-bien avec son mari.»
[28] Guido Bentivoglio, nonce du pape en France. Voyez Appendice, notes du chap. Ier.
[29] Appendice, notes du chap. Ier.
[30] Voyez l'Appendice, notes du chap. Ier.
[31] Gallia Christiana, tome VIII, page 1715; Vie de Bossuet, par M. de Beausset, tome II, livre VII.—Il ne faut pas confondre cette abbesse de Jouarre avec sa nièce, Mme Albert de Luynes, fille du second duc de Luynes, qui a été aussi, avec une de ses sœurs, religieuse à Jouarre, et à laquelle Bossuet a écrit tant de lettres touchantes.
[32] Mémoires, tome Ier, page 221.
[33] Voyez la Jeunesse de Mme de Longueville, chap. II, p. 129-130.
[34] M. le duc de Luynes a fait de l'antique château des Guise un séjour à la fois splendide et charmant qui peut rivaliser avec les plus célèbres résidences de l'aristocratie anglaise. Où trouver ailleurs cette grandeur et cette simplicité, cet exquis sentiment de la nature et de l'art, ces belles eaux, ces magnifiques promenades, et aussi cette vaste bibliothèque, ces admirables portraits de famille, ces peintures ou du moins ces grandes esquisses de M. Ingres, et cette statue de Louis XIII, en argent massif, monument d'une généreuse reconnaissance? Et lorsqu'on vient à penser que celui qui a rassemblé toutes ces belles choses a consacré sa fortune au bien public en tout genre, qu'il nous a donné l'acier de Damas, les ruines de Sélinonte, l'histoire de la maison d'Anjou à Naples, la Minerve du Parthénon; que depuis trente ans, secondé par une compagne digne de lui, il répand les asiles, les écoles, les hospices, encourage et soutient les savants et les artistes, lui-même un des premiers archéologues de l'Europe, ami d'une liberté sage, et favorable à toutes les bonnes causes populaires, on se dit: Il y a donc encore un grand seigneur en France!
[35] Il avait, en 1620, marié sa nièce, Mlle de Pontcourlai, à M. de Combalet, neveu de Luynes, qui la laissa veuve de très-bonne heure.
[36] Mémoires, collection Petitot, t. II, p. 403: «Il faut pourvoir au cœur, c'est-à-dire au dedans.» Ibid., p. 407: «Il ne faut pas aussi entrer en rupture avec les Espagnols et venir avec eux à une guerre déclarée.»
[37] Mémoires, t. Ier, p. 12. Mme de Motteville dit même, p. 11, qu'auparavant et encore en 1622, la reine étant grosse, se blessa en courant après sa surintendante qui était encore la duchesse et connétable de Luynes. Bassompierre, Mémoires, collection Petitot, 2e série t. XX, p. 376: «La reine devint grosse, et c'étoit de six semaines, quand un soir... s'en retournant coucher et passant près la grande salle du Louvre, Mme la connétable de Luynes et Mlle de Verneuil la tenant sous les bras et la faisant courir, elle broncha et tomba, dont elle se blessa et perdit son fruit... On fit savoir au roi comme et en quelle façon elle s'étoit blessée, et il s'anima tellement contre les deux dames, qu'il manda à la reine qu'il ne vouloit plus que Mlle de Verneuil et Mme la connétable fussent auprès d'elle, et leur écrivit à chacune une lettre pour leur faire savoir qu'elles eussent à se retirer du Louvre.» Le mariage de la connétable avec le duc de Chevreuse, qui avait beaucoup de crédit auprès du roi, arrangea tout, et sauva pour quelque temps la surintendante, Mémoires de Fontenai-Mareuil, collection Petitot, 1re série, t. L, p. 350.
[38] Mme de Motteville, t. Ier, p. 13, et Mme de Sablé, chap. Ier, p. 13 et 14.
[39] Mémoires, ibid., p. 338.
[40] La Rochefoucauld, ibid., p. 340. La Porte qui était alors porte-manteau de la reine Anne, et qui vit Holland à la cour, dit, Mémoires, collection Petitot, 2e série, t. LIX, p. 295: «Un des plus beaux hommes du monde, mais d'une beauté efféminée.» On nous assure qu'il y a en Angleterre, chez le comte de Breadalbane, un portrait du beau Holland.
[41] La Rochefoucauld, ibid.
[42] Mercure françois, 1625, p. 365 et 366: «Le duc arriva en poste à Paris le 24e jour de mai, et fut logé à l'hôtel du duc de Chevreuse, l'hôtel le plus richement meublé qui soit à présent en France, et où le peuple de Paris fut plusieurs jours par admiration voir le riche équipage qu'avoit fait faire ce prince, lequel par ordre de Sa Majesté très-chrétienne, devoit, avec la duchesse sa femme, accompagner la reine en Angleterre.»
[43] La Rochefoucauld, ibid.
[44] Mme de Motteville, ibid., p. 15 et 16: «Le duc de Buckingham fut le seul qui eut l'audace d'attaquer son cœur. Il étoit bien fait, beau de visage; il avoit l'âme grande, il étoit magnifique, libéral, et favori d'un grand roi. Il avoit tous les trésors à dépenser et toutes les pierreries de la couronne d'Angleterre pour se parer. Il ne faut pas s'étonner si avec tant d'aimables qualités il eut de si hautes pensées, de si nobles mais si dangereux et blâmables désirs, et s'il eut le bonheur de persuader à tous ceux qui en ont été les témoins, que ses respects ne furent point importuns.»
[45] Mercure françois, ibid.
[46] La Rochefoucauld, ibid.
[47] Ibid.—Voici le récit parfaitement conforme de La Porte, alors au service de la reine, Mémoires, ibid., p. 296: «La reine logea dans une maison où il y avoit un fort grand jardin le long de la rivière de Somme; la cour s'y promenoit tous les soirs, et il arriva une chose qui a bien donné occasion aux médisans d'exercer leur malignité. Un soir que le temps étoit fort serein, la reine qui aimoit à se promener tard, étant en ce jardin, le duc de Buckingham la menoit, milord Rich menoit Mme de Chevreuse. Après s'être bien promenée, la reine se reposa quelque temps et toutes les dames aussi; puis elle se leva, et dans le tournant d'une allée où les dames ne la suivirent pas sitôt, le duc de Buckingham se voyant seul avec elle, à la faveur de l'obscurité qui commençoit à chasser la lumière, s'émancipa fort insolemment, jusqu'à vouloir caresser la reine, qui en même temps fit un cri auquel tout le monde accourut. Putange, écuyer de la reine, qui la suivoit de vue, arriva le premier, et arrêta le duc qui se trouva fort embarrassé, et les suites eussent été dangereuses pour lui si Putange ne l'eût laissé aller; tout le monde arrivant là-dessus, le duc s'évada, et il fut résolu d'assoupir la chose autant que l'on pourroit.» Le récit de Mme de Motteville ne diffère pas véritablement de ceux-là: «On a fort parlé d'une promenade qu'elle fit dans le jardin de la maison où elle logeoit. J'ai vu des personnes qui s'y trouvèrent qui m'ont instruite de la vérité. Le duc de Buckingham qui y fut, la voulant entretenir, Putange, écuyer de la reine, la quitta pour quelques moments, croyant que le respect l'obligeoit de ne pas écouter ce que ce seigneur anglais lui vouloit dire. Le hasard alors les ayant menés dans un détour d'allée où une palissade les pouvoit cacher au public, la reine dans cet instant, surprise de se voir seule, et apparemment importunée par quelques sentiments très-passionnés du duc, elle s'écria en appelant son écuyer, le blâma de l'avoir quittée... Si en cette occasion elle montra que son cœur pouvoit être susceptible de quelque impression de tendresse qui la convia d'écouter les discours fabuleux d'un homme qui l'aimoit, il faut avouer aussi que l'amour de la pureté et ses sentiments honnêtes l'emportèrent sur tout le reste.»—Telle est cette scène du jardin d'Amiens, que Tallemant a chargée à sa façon de détails grossiers. Mais nous ne croyons pas le moins du monde à une autre scène qui aurait eu lieu à Paris, dans le petit jardin du Louvre, et après laquelle la reine aurait envoyé Mme de Chevreuse demander à Buckingham s'il était sûr qu'elle ne fût pas en danger d'être grosse, ainsi que le dit Retz dans le manuscrit original de ses mémoires, que reproduit fidèlement l'édition de M. Aimé Champollion, Paris, 1859, t. III, p. 238. C'est vraisemblablement la scène d'Amiens que Mme de Chevreuse aura racontée à Retz, qui au bout de vingt ans se sera agrandie et embellie dans l'imagination libertine du cardinal, et qu'il aura transportée du jardin d'Amiens dans celui du Louvre.
[48] Mme de Motteville, ibid., p. 18.
[49] La Rochefoucauld, ibid.
[50] La Rochefoucauld, ibid.—Mme de Motteville, ibid., p. 19: «Il vint se mettre à genoux devant son lit, baisant son drap avec des transports si extraordinaires qu'il étoit aisé de voir que sa passion étoit violente et de celles qui ne laissent aucun usage de la raison à ceux qui en sont touchés. La reine m'a fait l'honneur de me dire qu'elle en fut embarrassée, et cet embarras, mêlé de quelque dépit, fut cause qu'elle demeura longtemps sans lui parler. La comtesse de Lannoi, alors sa dame d'honneur, sage, vertueuse et âgée, qui étoit au chevet du lit, ne voulant point souffrir que le duc fût en cet état, lui dit avec beaucoup de sévérité que ce n'étoit point la coutume en France, et voulut le faire lever. Mais lui sans s'étonner, combattit contre la vieille dame, disant qu'il n'étoit pas Français; puis, s'adressant à la reine, lui dit tout haut les choses les plus tendres, mais elle ne lui répondit que par des plaintes de sa hardiesse, sans être peut-être très en colère.»
[51] Mme de Motteville, ibid.: «La reine savoit par des lettres de la duchesse qui accompagnoit la reine d'Angleterre, qu'il étoit arrivé; elle en parla devant Nogent en riant, et ne s'étonna point quand elle le vit.»—Reconnaissons que La Porte parle ici autrement que Mme de Motteville et surtout que La Rochefoucauld, et qu'il a vu ce qu'il raconte; mais peut-être n'a-t-il vu que l'apparence, et le dessous des cartes lui a-t-il échappé. Ibid., p. 297: «Comme la reine avoit beaucoup d'amitié pour Mme de Chevreuse, elle avoit bien de l'impatience d'avoir de ses nouvelles. La reine, tant pour cela que pour mander à Mme de Chevreuse ce qui se passoit à Amiens et ce que l'on disoit de l'aventure du jardin, m'envoya en poste à Boulogne, où j'allai et revins continuellement tant que la reine d'Angleterre y séjourna. Je portois des lettres à Mme de Chevreuse et j'en rapportois des réponses qui paraissoient être de grande conséquence, parce la reine avoit commandé à M. le duc de Chaulnes de faire tenir les portes de la ville ouvertes à toutes les heures de la nuit, afin que rien ne me retardât. Malgré la tempête il arriva une chaloupe d'Angleterre qui passa un courrier lequel portoit des nouvelles si considérables qu'elles obligèrent MM. de Buckingham et de Holland de les apporter eux-mêmes à la reine mère. Il se rencontra que je partois de Boulogne en même temps qu'eux, et les ayant toujours accompagnés jusqu'à Amiens, je les quittai à l'entrée de la ville. Ils allèrent au logis de la reine mère qui étoit à l'évêché, et j'allai porter mes réponses à la reine, avec un éventail de plumes que la duchesse de Buckingham, qui étoit arrivée à Boulogne, lui envoyoit. Je lui dis que ces Messieurs étoient arrivés, et que j'étois venu avec eux. Elle fut surprise, et dit à M. de Nogent Bautru qui étoit dans sa chambre: Encore revenus, Nogent; je pensois que nous en étions délivrés. Sa Majesté étoit au lit, car elle s'étoit fait saigner ce jour-là. Après qu'elle eut lu ses lettres et que je lui eus rendu compte de tout mon voyage, je m'en allai et ne retournai chez elle que le soir assez tard. J'y trouvai ces Messieurs, qui y demeurèrent beaucoup plus tard que la bienséance ne le permettoit à des personnes de cette condition, lorsque les reines sont au lit, et cela obligea Mme de la Boissière, première dame d'honneur de la reine, de se tenir auprès de Sa Majesté tant qu'ils y furent, ce qui leur déplaisoit fort. Toutes les femmes et tous les officiers de la couronne ne se retirèrent qu'après que ces Messieurs furent sortis.»
[52] Bois-d'Annemets, qui accompagnait alors Monsieur, frère du roi, dit qu'au milieu de toutes les dames anglaises venues à la rencontre de la nouvelle reine, la comtesse d'Amblie, la marquise d'Hamilton, etc., «Mme de Chevreuse, qui avoit été ordonnée avec M. son mari pour passer avec la reine en Angleterre, leur fit confesser que toutes leurs beautés n'étoient rien au prix de la sienne.» Mémoires d'un favori du duc d'Orléans, Leyde, 1668, p. 41.
[53] La Rochefoucauld, ibid., p. 342.
[54] Mme de Motteville, ibid., p. 23.
[55] Nous tirons ces détails d'une lettre inédite de Holland. Voyez Appendice, notes du chap. II.
[56] Voyez plus haut, chap. Ier, p. 34.
[57] Mémoires, t. III, p. 64 et p. 105.
[58] Mémoires de Bassompierre, collection Petitot, t. III, p. 3 et 4.
[59] Nous n'admettons ni ne rejetons la célèbre histoire des ferrets de diamants, parce que cette histoire n'a pour elle qu'une seule autorité; mais cette autorité est celle de La Rochefoucauld. Ibid., p. 343: «Le duc de Buckingham étoit galant et magnifique; il prenoit beaucoup de soin de se parer aux assemblées. La comtesse de Carlisle (ancienne maîtresse du duc, gagnée par Richelieu), qui avoit tant d'intérêt de l'observer, s'aperçut qu'il affectoit de porter des ferrets de diamants qu'elle ne lui connaissoit pas; elle ne douta point que la reine de France ne les lui eût donnés, mais pour en être encore plus assurée, elle prit le temps à un bal d'entretenir en particulier le duc et de lui couper les ferrets, dans le dessein de les envoyer au cardinal. Le duc de Buckingham s'aperçut le soir de ce qu'il avoit perdu, et jugeant d'abord que la comtesse de Carlisle avoit pris ses ferrets, il appréhenda les effets de sa jalousie, et qu'elle ne fût capable de les remettre entre les mains du cardinal pour perdre la reine. Dans cette extrémité, il dépêcha à l'instant même un ordre de fermer les ports d'Angleterre, et défendit que personne n'en sortît, sous quelque prétexte que ce pût être, avant un temps qu'il marqua. Cependant il fit refaire en diligence des ferrets semblables à ceux qu'on lui avoit pris, et les envoya à la reine en lui rendant compte de ce qui étoit arrivé. Cette précaution de fermer les ports retint la comtesse de Carlisle; la reine évita de cette sorte la vengeance de cette femme irritée, et le cardinal perdit un moyen assuré de convaincre la reine et d'éclaircir le roi de tous ses doutes, puisque les ferrets venoient de lui et qu'il les avoit donnés à la reine.» Cette anecdote nous semble par trop romanesque et invraisemblable; c'est un bruit de salon qu'aura recueilli La Rochefoucauld, tandis que les autres aventures que nous avons admises s'appuient sur plusieurs témoignages, et particulièrement sur celui de Mme de Motteville.
[60] Mme de Motteville, ibid., p. 23 et 24.
[61] Ibid., p. 22.
[62] Mercure françois, 1626, p. 227 et 261-265.
[63] Voyez l'Appendice, notes du chap. II.
[64] Lettres inédites de Richelieu à M. de Blainville, ambassadeur en Angleterre, des 10 et 11 novembre 1625: «Les Anglais semblent n'avoir de chaleur que quand il faut embrasser un parti préjudiciable à la France... La France pourroit bien s'accommoder avec l'Espagne plutôt que de souffrir toujours les hauteurs de Buckingham... Lui faire connoître que s'il veut venir en France, il faut qu'il fasse exécuter les articles du mariage, qu'autrement il n'y sera pas le bien venu. Tel est le naturel des Anglais, que si on parle bas avec eux, ils parlent haut, et que si on parle haut, ils parlent bas.» Archives des affaires étrangères, France, t. XXXVII, année 1625.
[65] Richelieu, Mémoires, t. III, p. 50: «Dès le commencement de l'année (1626), c'étoit un bruit commun qui couroit par la cour et dans tout l'État qu'il s'y formoit une grande cabale, et que l'on méprisa d'abord; mais quand on vit qu'il s'augmentoit de jour à autre, que l'on considéra qu'en telles matières tels bruits sont d'ordinaire avant-coureurs des vérités, et que celui-ci étoit accompagné de divers avis tant du dehors que du dedans du royaume, on jugea qu'on ne pouvoit le négliger sans péril.»
[66] Mme de Motteville, ibid., p. 27: «La reine même m'a fait l'honneur de me dire qu'elle avoit fait alors tout ce qu'elle put pour empêcher le mariage de Monsieur... parce qu'elle croyoit que ce mariage, que la reine mère vouloit, étoit tout à fait contre ses intérêts, étant certain que cette princesse (sa belle-sœur) venant à avoir des enfants, elle qui n'en avoit point ne seroit plus considérée.»
[67] Mme de Motteville, ibid., p. 27: «Elle employa à ce dessein le maréchal d'Ornano qui étoit son serviteur.» Il est vrai qu'elle ajoute que la reine lui fit parler par une tierce personne, et n'eut jamais d'intelligence avec les gens de Monsieur. Cela se peut, mais il est indubitable qu'Anne fit mieux que de parler à des gens de Monsieur contre le mariage projeté, et qu'elle en parla à Monsieur lui-même. Voyez la déposition de Monsieur, plus bas, p. 70.
[68] C'est à quoi Richelieu se réduit avec raison, ibid., p. 107. Voy. ce que dit Monsieur lui-même, plus bas, p. 70.
[69] Mémoires, ibid., p. 330.
[70] Interrogatoire de Chalais, p. 31 du recueil de La Borde: Pièces du procès de Henri de Tallerand, comte de Chalais, décapité en 1626. Londres, 1781.
[71] De La Rochefoucauld, ibid.: «Sa personne et son esprit étoient agréables.» Fontenai-Mareuil, ibid., p. 23: «M. de Chalais étoit jeune, bien fait, fort adroit à toute sorte d'exercices, mais surtout d'agréable compagnie, ce qui le rendoit bien venu parmi les femmes, qui le perdirent enfin.»
[72] La Rochefoucauld, ibid.
[73] C'était déjà une habitude et un principe pour le duc d'Orléans. «La reine mère disant à Monsieur qu'il avoit manqué à l'écrit si solemnel duquel le roi avoit voulu qu'elle fût dépositaire, il a répondu qu'il l'avoit signé, mais qu'il ne l'avoit pas promis de bouche... Le roi et la reine le firent souvenir que plusieurs fois depuis il avoit juré solemnellement de ne penser jamais à chose quelconque qui tendit à le séparer d'avec le roi; il a dit qu'il réservoit toujours quelque chose en jurant.» Pièce inédite tirée des archives des affaires étrangères. Voyez l'Appendice, notes du chapitre II.
[74] Mémoires d'un Favori, p. 78.
[75] Ibid., etc., p. 81.
[76] Ibid., p. 79.
[77] Il est donc tout naturel que ce double jeu l'ait rendu suspect à bien des gens, Mémoires d'un Favori, p. 82: «Je vais vous dire une chose que vous ne trouverez pas mal plaisante, qui est que d'abord le pauvre Chalais vouloit trouver son compte de tous les côtés. Il voyoit M. le cardinal qui lui proposoit des honneurs et des charges en cas qu'il voulût servir le roi auprès de Monsieur, même qu'il pouvoit avoir la charge de maistre de camp de la cavalerie légère, et mettre la sienne à couvert. Le pauvre homme lui promettoit merveilles, puis nous venoit dire le contraire.» Fontenai-Mareuil dit aussi, ibid., p. 23, qu'au milieu de l'affaire et malgré tous ses engagements, Chalais se rapprocha de Richelieu, mais que «Mme de Chevreuse lui en fit tant de reproches et le pressa si fort que, rien n'étant quasi impossible à une femme aussi belle et avec autant d'esprit que celle-là, il n'y put résister, et il aima mieux manquer au cardinal de Richelieu et à lui-même qu'à elle, de sorte qu'ayant aussitôt fait changer Monsieur, il le rendit plus révolté que jamais.» Nulle part nous ne voyons que Chalais ait été blâmé de Mme de Chevreuse pour ses communications avec le cardinal dont elle connaissait le secret.
[78] Mémoires d'un Favori, etc., p. 82 et 86.
[79] Mme de Motteville, ibid., t. Ier, p. 26.
[80] Mercure françois, 1626, p. 336.
[81] On sera bien aise de savoir que le misérable qui déshonorait ainsi le nom de Gramont, étant sorti de France, fut tué en duel en 1629 à Bruxelles.
[82] Pièce inédite déjà citée: «Monsieur a dit que la reine régnante l'a prié par différentes fois de ne pas achever le mariage sans que le maréchal fût mis en liberté.»—La même pièce: «Monsieur ayant sçu que Chalais avoit dit que le fondement de l'opposition que les dames faisoient au mariage étoit afin que si le roi venoit à mourir la reine pût épouser Monsieur, il dit au cardinal de Richelieu: Il est vrai qu'il y a plus de deux ans que je sçais que Mme de Chevreuse a tenu ce langage.» Appendice, notes du chapitre II.
[83] Voyez l'Appendice, notes du chapitre II.
[84] Cette pièce décisive n'est pas dans le recueil de Laborde; nous l'avons rencontrée aux archives des affaires étrangères, France, t. XXXVIII. Voyez l'Appendice.
[85] Sur le commandeur de Jars, voyez dans le chapitre suivant la fin de l'affaire de Châteauneuf, et surtout notre écrit sur Mme de Hautefort, où l'on voit la noble jeune fille et le brave commandeur s'élever ensemble au suprême degré de la générosité et du dévouement.
[86] Premier interrogatoire de Chalais, du 10 juillet, recueil de Laborde, p. 39.
[87] Second interrogatoire du 28 juillet, ibid., p. 83.
[88] Troisième lettre à Richelieu, ibid., p. 222.
[89] Cinquième lettre, recueil de Laborde, p. 227.
[90] Troisième lettre, ibid., p. 223.
[91] Recueil de Laborde, p. 228.
[92] Voici trois de ces lettres, que nous tirons du recueil de Laborde, p. 210, etc. Première lettre: «Si mes plaintes ont touché les âmes les plus insensibles quand mon soleil manquoit de luire dans les allées dédiées à l'amour, où seront ceux qui ne prendront part à mes sanglots dans une prison où ses rayons ne peuvent jamais entrer, et mon sort (est) d'autant plus rigoureux qu'il me défend de lui faire savoir mon cruel martyre? Dans cette perplexité, je me loue de mon maître qui fait seulement souffrir le corps, et murmure contre les merveilles de ce soleil, dont l'absence tue l'âme et cause une telle métamorphose que je ne suis plus moi-même que dans la persistance de l'adorer, et mes yeux qui ne servoient qu'à cela sont justement punis de leur trop grande présomption par plus de larmes versées que n'en causa jamais l'amour.»—Deuxième lettre: «Puisque ma vie dépend de vous, je ne crains pas de l'hasarder pour vous faire savoir que je vous aime; recevez-en donc ce petit témoignage, et ne condamnez pas ma témérité. Si ces beaux yeux que j'adore regardent cette lettre, j'augure bien de ma fortune; et s'il advient le contraire, je ne souhaite plus ma liberté puisque j'y trouve mon supplice.»—Troisième lettre: «Ce n'est pas de cette heure que j'ai reconnu de la divinité en vos beautés, mais bien commencé-je à apprendre qu'il faut vous servir comme déesse, puisqu'il ne m'est pas permis de vous faire savoir mon amour, sans courre fortune de la vie; prenez-en donc du soin puisqu'elle vous est toute dédiée, et si vous la jugez digne d'être conservée, dites au compagnon de mes malheurs qu'il vous souviendra quelquefois que je suis le plus malheureux des hommes. Il ne faut que lui dire oui.»
[93] Recueil de Laborde, p. 68, etc.
[94] Recueil de Laborde, p. 241 et 242, onzième lettre à Richelieu: «Depuis que vous me fîtes l'honneur de me dire qu'elle avoit médit de moi, je n'ai plus eu d'autre intérêt que de me conserver, etc.»
[95] Recueil de Laborde, p. 96.
[96] Ibid., p. 139-140.
[97] Ibid., p. 97.
[98] Ibid., p. 127.
[99] Ibid., p. 137-138.
[100] Recueil de Laborde, p. 93.
[101] Ibid., p. 243.
[102] Ibid.
[103] Ibid., p. 228.
[104] On ne conçoit pas pourquoi la Relation de ce qui s'est passé au procès de Chalais, tirée du cabinet de Dupuy, et qui est dans le recueil d'Auberi, Mémoires pour l'histoire du cardinal duc de Richelieu, t. Ier, p. 570, ne fait pas mention de cette rétractation de Chalais; mais elle est dans le recueil de Laborde, p. 168 et 179, séance du 19 août: «Et nous a dit de son propre mouvement que le contenu en toutes les lettres qu'il a écrites concernant les dames, étoit faux et ne savoit du tout rien de Mme de Chevreuse,... et particulièrement a dit qu'elle ne l'a jamais détourné du service qu'il devoit au roi.»
[105] Mme de Motteville, ibid., p. 29: «Il pria son confesseur d'aller trouver le roi pour lui en dire la vérité, et d'aller de sa part demander pardon à la reine... Outre ces grandes paroles, sorties d'un homme qui alloit mourir, la mère de Chalais vint trouver la reine pour lui en faire satisfaction. Cette visite m'a été dite par des personnes qui étoient présentes quand elle fit cette déclaration.»
[106] Relation, etc., dans le recueil d'Auberi. Elle dit à un archer des gardes du corps: «Dites à mon fils que je suis contente de l'assurance qu'il me donne de mourir en Dieu, et que si je pensois que ma vue ne l'attendrit pas trop, je l'irois trouver et ne l'abandonnerois point que sa tête ne fût séparée de son corps, mais que ne pouvant l'assister comme cela, je m'en vais prier Dieu pour lui.» La Porte, mettant en action ces nobles paroles, prétend que «Mme de Chalais monta sur l'échafaud avec son fils, et l'assista courageusement jusqu'à sa mort.» Mémoires, ibid., p. 302.
[107] Monsieur changea le titre de duc d'Anjou pour celui de duc d'Orléans, et il eut le duché d'Orléans, le duché de Chartres, le comté de Blois, avec cent mille livres de revenu, plus cent mille livres de pension, et une somme de cinq cent soixante mille livres, Mercure françois, 1626, p. 385, etc.
[108] Voyez La Porte et Mme de Motteville.
[109] Relation, etc., dans le recueil d'Auberi, p. 573 et 574.
[110] Le P. Griffet assure, t. Ier, p. 513 de son Histoire du règne de Louis XIII, qu'elle fut interrogée sans être confrontée, et il renvoie à Brienne, lequel dit seulement que le roi donna ordre à Mme de Chevreuse de se retirer à Dampierre avec défense d'en sortir, Mémoires, collect. Petitot, 2e série, t. XXXV, p. 434.
[111] La Relation: «Elle partit de Nantes, le lundi 17 aoust.»
[112] Archives des Affaires étrangères, France, t. XXXIX, fol. 316.
«Sire, ce porteur m'ayant trouvé à quatre lieues de Dampierre, je n'ai
pu plus tôt satisfaire à la volonté de Votre Majesté. J'y serai (à Dampierre),
demain au matin, pour en même temps donner ordre à l'éloignement
de ma femme avec l'obéissance que je dois à ses commandements,
étant, Sire,
Votre très-humble, très-obéissant et très-fidèle sujet et serviteur.
De Gallardon, ce 29 août.
Chevreuse.»
[113] Mémoires, t. III, p. 110.
[114] Sur Charles IV, sa liaison avec Mme de Chevreuse, la ligue qu'ils formèrent ensemble contre Richelieu et l'extraordinaire influence qu'elle conserva toujours sur lui, nous renvoyons avec confiance au t. Ier de l'excellent ouvrage de M. le comte d'Haussonville, Histoire de la réunion de la Lorraine à la France.
[115] Voyez les Mémoires de Richelieu, t. III., p. 311 et suiv.
[116] La Porte, Mémoires, p. 304: «La nouvelle de l'arrestation de mylord Montaigu mit la reine en une peine extrême, craignant d'être nommée dans les papiers de mylord, et que cela venant à être découvert, le roi, avec qui elle n'étoit pas en trop bonne intelligence, ne la maltraitât et ne la renvoyât en Espagne, comme il auroit fait assurément; ce qui lui donna une telle inquiétude qu'elle en perdit le dormir et le manger. Dans cet embarras elle se souvint que j'étois dans la compagnie des gendarmes qui devoit être du nombre des troupes commandées pour la conduite de mylord. C'est pourquoi elle s'informa à Lavau où j'étois; il me trouva et me conduisit après minuit dans la chambre de la reine d'où tout le monde étoit retiré. Elle me dit la peine où elle étoit, et que, n'ayant personne à qui elle se pût fier, elle m'avoit fait chercher, croyant que je la servirois avec affection et fidélité; que de ce que je lui rapporterois dépendoit son salut ou sa perte; elle me dit toute l'affaire, et qu'il falloit que, dans la conduite que nous ferions de mylord Montaigu, je fisse en sorte de lui parler et de savoir de lui si, dans les papiers qu'on lui avoit pris, elle n'y étoit point nommée, et que si d'adventure il étoit interrogé lorsqu'il seroit à la Bastille, et pressé de nommer tous ceux qu'il savoit avoir eu connoissance de cette ligue, il se gardât bien de la nommer... Je dis à mylord Montaigu la peine où étoit la reine; à cela il me répondit qu'elle n'étoit nommée ni directement ni indirectement dans les papiers qu'on lui avoit pris, et m'assura que s'il étoit interrogé il ne diroit jamais rien qui lui pût nuire, quand même on le devroit faire mourir.» Quand La Porte rapporta cette réponse à la reine, celle-ci, dit La Porte, tressaillit de joie.
[117] Mémoires, ibid., t. IV, p. 11: «Le tout suscité par Mme de Chevreuse, qui agissoit en cela du consentement de la reine.» Ibid., p. 80: «Une demoiselle qu'elle chassa donna avis que sa liaison avec la reine régnante étoit plus étroite que jamais, et qu'elle lui disoit qu'elle n'avoit rien à craindre, ayant l'empereur, l'Espagne, l'Angleterre, la Lorraine et beaucoup d'autres pour elle.» La Rochefoucauld, ibid., p. 344: «On sait assez que le duc de Buckingham vint avec une puissante flotte pour secourir La Rochelle, qu'il attaqua l'île de Ré sans la prendre, et qu'il se retira avec un succès malheureux; mais tout le monde ne sait pas que le cardinal accusa la reine d'avoir concerté cette entreprise avec le duc de Buckingham pour faire la paix des huguenots, et lui donner un prétexte de revenir à la cour et de revoir la reine.»
[118] Mémoires de Richelieu, t. IV, p. 74.
[119] Tallemant, Historiette du cardinal de Richelieu, t. Ier, p. 350.
[120] Mémoires inédits, publiés par M. Barrière en 1828, t. Ier, p. 274.
[121] Mémoires de Brienne, collect. Petitot, 2e série, t. XXXVI, p. 60.
[122] Ibid., p. 343 et 345.
[123] Édition d'Amsterdam, 1731, t. Ier, p. 10.
[124] Mémoires, ibid., p. 34.
[125] Ibid., p. 62.
[126] Il est certain qu'en 1632 Mme de Chevreuse était bien avec le cardinal. On en peut juger par les deux billets suivants que nous tirons des archives des affaires étrangères, France, 1632, t. LXII et LXIII: «Monsieur, je ne m'estimois pas si heureuse d'être en votre souvenir dans les occupations où vous êtes. Je me trouve agréablement trompée en cette opinion. Cela me fait espérer que je le serai peut-être encore à mon avantage touchant les sentiments où vous êtes pour moi. Je le souhaite aussi passionnément que véritablement. Je suis résolue de vous témoigner par toutes les actions de ma vie que je suis comme je le dois, Monsieur, votre très-humble et très-obéissante servante, M. de Rohan. P. S. Je vous envoierois d'autres lettres en échange de celles que vous m'avez envoyées, si je ne craignois pas que la quantité vous importunât.»—«1er août 1632. Monsieur, si j'avois aussi bien pu refuser de donner cette lettre à ce gentilhomme, comme je sais m'empêcher de vous importuner à toutes heures de mes supplications, vous n'auriez pas eu la peine de la lire. Il faut que vous le souffriez encore, s'il vous plaît, Monsieur, pour que je satisfasse à la créance qu'a le maître de ce porteur qu'il obtiendra la demande qu'il vous fait, pourvu que vous la teniez de moi. Ma créance n'étant pas tout à fait de même, j'estime que je fais mieux de vous laisser voir cette demande dans la lettre qu'il vous écrit, crainte de vous ennuyer d'un trop long discours; et par cette même raison je ne vous dirai pas davantage, sinon que je serai jusqu'à la mort, Monsieur, votre très-humble et très-obligeante servante, M. de Rohan.» La Porte dit aussi qu'alors Mme de Chevreuse passait pour être en faveur auprès du cardinal, ibid., p. 317.
[127] Archives des affaires étrangères, France, t. LVII, année 1631. Bouthillier à Richelieu: «J'ai donné le mémoire à Mme de Chevreuse; elle m'a dit force choses qui seroient inutiles et trop longues à vous dire. J'essayai de lui faire comprendre qu'elle ne pouvoit écrire un mot à M. de Lorraine.»
[128] Ibid., Mémoire pour interroger René Seguin, prisonnier à la Bastille, pris au retour d'un voyage en Flandre. «...Il avoit charge de parler à Mme de Chevreuse pour la gagner et la porter à desservir le roi, ce qu'elle a découvert à Sa Majesté, et ce qu'il n'est pas à propos que Seguin sache.»
[129] Par exemple au traité de Vic en 1632. Voyez M. d'Haussonville, t. Ier, p. 295.
[130] Richelieu, Mémoires, t. VII, p. 326: «On avoit fait le sieur de Châteauneuf garde des sceaux à l'éloignement du sieur de Marillac, croyant qu'il n'auroit d'autre mouvement que celui que le commandement du roi lui donneroit ou l'intérêt de son service, d'autant que jusque-là il avoit fait paroître n'avoir autre intention, et depuis quelques années étoit toujours demeuré attaché auprès du cardinal, servant avec beaucoup de témoignages d'affection et de fidélité; mais dès qu'il se vit émancipé par l'autorité de sa charge et en état d'agir seul, lors les intentions qu'il avoit tenues cachées auparavant par respect et par crainte commencèrent à paroître. Il se porta dans les cabales de la cour, particulièrement celle des dames factieuses dont la principale étoit la duchesse de Chevreuse, l'esprit et la conduite de laquelle avoient été souvent désagréables au roi, comme non-seulement n'ayant jamais manqué à être de toutes les mauvaises parties qui avoient été faites contre son service, mais même en ayant quasi toujours été un très-dangereux chef de parti.»
[131] Il était né en 1580. Un admirable portrait au crayon de D. Demonstier, gravé par Ragot, le représente en garde des sceaux, d'une mine ferme et relevée.
[132] Nous avons rencontré ce curieux fragment aux archives des affaires étrangères, France, t. CI, la dernière pièce du volume, sous ce titre: Mémoire de M. le Cardinal de Richelieu contre M. de Châteauneuf. 12 pages de la main bien connue de Charpentier, l'un des secrétaires du cardinal. Voyez l'Appendice, notes du chap. III.
[133] Tom. II, p. 392.
[134] Nous en donnons au moins l'exact inventaire dans l'Appendice, notes du chap. III.
[135] La jalousie de Richelieu contre Châteauneuf paraît aussi dans cet endroit des Mémoires de La Porte, ibid., p. 322: «Le cardinal m'interrogea fort sur ce que faisoit la reine, si M. de Châteauneuf alloit souvent chez elle, s'il y étoit tard, et s'il n'alloit pas ordinairement chez Mme de Chevreuse.» Ailleurs encore La Porte raconte que le cardinal le questionnait beaucoup «sur la conduite de Mme de Chevreuse et de M. de Châteauneuf.»
[136] Disons une fois pour toutes que, dans l'original, Mme de Chevreuse est désignée par le no 28, Châteauneuf par le no 38, le cardinal par le no 22, Louis XIII par le no 23, la reine Anne par le no 24, M. de Chevreuse par le no 57, etc.
[137] Quel est l'adorateur importun caché sous ce chiffre? N'est-ce pas le comte de Brion? Voyez plus bas, p. 101, 102, 107, 109.
[138] Le duc de Lorraine ou le comte de Holland.
[140] Dans le texte, procédure qui était alors le mot usité.
[141] Dans le texte, déshonorable que l'analogie donne naturellement en opposition à honorable.
[142] M. d'Haussonville, si bien informé, ne donne aucun rôle à Mme de Chevreuse ni dans le traité de Liverdun en 1632 ni dans celui de 1633. Le passage suivant de La Porte prolonge pourtant jusqu'en 1633 l'influence diplomatique de Mme de Chevreuse, puisqu'il la place après l'arrestation de Châteauneuf qui est du 25 février de cette année. Avouons toutefois que les détails contenus dans ce passage se rapportent au traité de Vic conclu le 6 janvier 1632; nous ne le donnons pas moins ici parce qu'il montre quels étaient, soit en 1633, soit en 1632, les sentiments de Mme de Chevreuse et aussi ceux de la reine, et à quel point celle-ci s'affligeait des succès de Richelieu, alors même que ces succès profitaient à la France. Ibid., p. 327: «M. de Châteauneuf fut envoyé à Angoulême, qu'on lui donna pour prison, et où il demeura toujours depuis jusqu'à la fin du ministère. Pour Mme de Chevreuse, elle demeura à la cour à cause du besoin qu'en avoit le cardinal pour ses affaires en Lorraine; car le duc de Lorraine, excité par Monsieur, ayant voulu faire quelques mouvements, la peur qu'on eut qu'ils n'attirassent l'Empereur dans leur parti fit qu'on suscita les Suédois qui étoient en Allemagne et qu'on les fit entrer en Lorraine. Le duc leva aussitôt une belle armée pour s'opposer à cette invasion; mais le roi, pour le désarmer sans coup férir, lui envoya l'abbé Du Dorat, qui étoit à M. de Chevreuse; et Mme de Chevreuse même, quoique cette négociation ne lui plût pas, cependant, pour montrer son zèle à M. le cardinal, agit dans cette affaire contre ses propres sentiments, ne croyant pas le duc de Lorraine si facile; mais elle fut trompée, car l'abbé Du Dorat ayant trouvé cette altesse à Strasbourg avec son armée, fit si bien qu'il l'engagea à la licencier, et l'abbé en eut pour récompense la trésorerie de la Sainte-Chapelle. Cependant le roi, qui ne s'attendoit pas à cela, partit pour Metz, et étant à Château-Thierry il m'envoya avec des lettres de Mme de Chevreuse trouver à Nancy M. le duc de Vaudemont... A mon retour je trouvai le roi à Châlons, et de là je suivis la cour à Metz, où l'on apprit que le duc de Lorraine avoit licencié ses troupes. Cette nouvelle fâcha fort la reine et Mme de Chevreuse, qui pourtant n'en témoignèrent rien; mais la reine ne put s'empêcher de lui reprocher sa folie d'une plaisante manière: elle me commanda de faire un tababare ou bonnet à l'anglaise, de velours vert, chamarré de passements d'or, doublé de panne jaune, avec un bouquet de fleurs vertes et jaunes, et de le porter de sa part au duc de Lorraine. C'étoit un grand secret, car si le roi et le cardinal l'eussent sçu, quelques railleries qu'elles en eussent pu faire, ils eussent bien vu leur intention. J'allai donc en poste à Nancy trouver cette altesse, à qui ayant demandé à parler, on me fit entrer dans sa chambre, et m'ayant reconnu il imagina bien que j'avois quelque chose de particulier à lui dire; il me prit par la main et me mena dans son cabinet, où je lui donnai la lettre que la reine lui écrivoit. Pendant qu'il la lut, j'accommodai le bonnet avec les plumes, et je lui dis ensuite que la reine m'avoit commandé de lui donner cela de sa part; il le mit sur sa tête, se regarda dans un miroir, et se mit à rire... Il fit réponse, et je retournai à Metz, où je trouvai la reine en grande impatience de savoir comment son présent avoit été reçu.»
[143] La Rochefoucauld, ibid., p. 355. Cet archevêque devait avoir alors plus de quatre-vingts ans, car on lit dans la Gazette de l'an 1641, no 619, p. 315: «Le sieur d'Eschaux, archevêque de Tours, ci-devant évêque de Bayonne, et premier aumônier du roi, âgé de quatre-vingt-six ans, est mort le 21 mai en son palais archiépiscopal de Tours.»
[144] Nous avons trouvé ces lettres de Craft dans un manuscrit de la Bibliothèque impériale, ancien fond françois no 9241, in-fol.; au dos: Choses diverses; à la garde: «Lettres curieuses interceptées du cardinal infant et des ministres d'Espagne, adressées à la roine, à Mme de Chevreuse, Mme du Fargis et autres personnes considérables en ce temps-là, pendant le ministère du cardinal de Richelieu, venues après sa mort de son cabinet; et quelques dépêches durant le courant de l'année 1639, venant du même lieu, tant du roi que dudit cardinal, adressées à M. l'archevêque de Bourdeaux, etc.» Il y a six lettres de Craft à Mme de Chevreuse. En voici un extrait.—Première lettre: De Calais, 5 février 1635. Le mauvais temps l'arrêtant à Calais, il lui écrit avant de s'embarquer. Il ne voit rien au monde digne d'une pensée que Mme de Chevreuse. «Il va en son païs avec cette opinion et ne la changera jamais. Il aimeroit mieux mourir pour elle que vivre et jouir de toutes les choses qu'il peut avoir en ce monde, sans la bonne opinion de Mme de Chevreuse. Il a pris la résolution de ne jamais rien faire qui méritât le contraire de cette bonne opinion; car son âme et son cœur est tout à elle, et son pauvre serviteur la prie de les garder jusqu'à ce que ses actions l'en rendent indigne.»—Deuxième lettre non datée: «Le seul contentement qu'il ait en son absence est de regarder son portrait, ce qu'il fait souvent, et ne verra rien autre chose avec plaisir jusqu'à ce qu'il la revoye. C'est la seule chose au monde pourquoi il a plaisir de vivre, qui lui fera mépriser toute autre considération, et le dispose à se rendre digne d'elle, qu'il adorera toute sa vie de tout son cœur et de toute son âme.»—Troisième lettre. Il est enfin arrivé à Calais. Il ne veut pas l'importuner en lui racontant la peine qu'il a eue pour y venir; seulement il veut la supplier de continuer sa bonne opinion de lui. Le temps fera voir que la passion qu'il a pour elle est plus grande qu'il ne le peut exprimer. «Il ne désire autre usage d'elle qu'elle le croira mériter par ses actions (sic).»—Quatrième lettre. «Il est à cette heure sur le bord de la mer, avec un temps contraire qui lui fait craindre d'y demeurer longtemps sans partir. Si c'étoit au retour, le temps l'ennuieroit bien, mais, comme il est, toutes choses et lieux lui sont semblables... Il la prie de lui mander ce que N. (serait-ce Montaigu?) lui aura dit de lui et s'il a quelque soupçon de leur amitié, laquelle de son côté ne diminuera jamais. Il appréhende plus que jamais son païs, «ne pouvant espérer de voir aucune chose qui lui puisse porter de contentements. La seule chose qui lui reste pour le consoler est l'espérance qu'elle continuera ce qu'elle lui a promis; possédant cela, il méprisera toute autre chose au monde, etc.»—Cinquième lettre. Il est arrivé hier à Londres... «Il n'a jamais été si bien traité par N. (serait-ce la reine d'Angleterre?) ni mieux reçu. Elle lui a demandé forces nouvelles de Mme de Chevreuse et de $ (serait-ce la reine Anne?) et si l'amitié continuoit si grande entre eux. Elle croit qu'il est amoureux ou de $ ou de Mme de Chevreuse, mais ne peut dire laquelle. Mme de Chevreuse doit lui avoir moins d'obligation que jamais de la passion qu'il a pour elle, car tout le monde ici est si bas et si méprisable, qu'il n'a contentement ni bien que quand la nuit vient pour être seul et penser à Mme de Chevreuse. Il a manqué être noïé en passant la mer; il a été trois jours et trois nuits entre Douvres et Calais en la plus grande tempête qui ait jamais été... Tout le monde ici est si plein de bassesse qu'il n'ose avoir familiarité avec personne, mais se console en lui-même en aimant Mme de Chevreuse, et en méprisant toutes choses ici, jusques aux plus considérées et adorées en ce païs... Il croit que l'honneur et la vraie générosité du monde est réduite en elle et en son amitié. Ses actions lui témoigneront que toute sa vie sera employée à la mériter. Si elle veut lui en donner permission, il est prêt à retourner pour la voir, et il la conjure par toute son amitié de le lui permettre; en attendant il la supplie de lui mander de ses nouvelles pour le soulager. Il y a longtemps qu'il n'en a eu, ce qui lui donne peur; mais quand il considère ses promesses, il bannit de son esprit toutes ses craintes, et toutes autres, et n'aime et n'aimera jamais qu'elle.»—Sixième lettre. «Il lui donne des nouvelles de Londres. La comtesse de Carlisle a dit d'elle tant de mal qu'il a été obligé de lui dire «qu'elle étoit devenue si laide elle-même, que l'envie qu'elle portoit aux autres la fesoit parler comme cela.»—Les choses qu'il voit ici sont si peu considérables, qu'il la prie de croire «que tant plus il voit le monde, tant plus il ne voit qu'elle d'adorable, ce qui est cause qu'il ne pourra jamais vivre sans une grande passion pour elle. Il ne se peut consoler qu'en pensant qu'il n'y a rien au monde de digne qu'elle. Il ne désire être traité par elle que selon ses actions, etc.»
[145] Nous la tirons du même manuscrit qui contient les lettres de Craft.
[146] Il y a là, ce semble, une indirecte allusion aux services que peut rendre Montaigu à la reine, dans leurs communs intérêts.
[147] Sur La Rochefoucauld, ses premières impressions politiques, et sa conduite à cette époque de sa vie, voyez LA JEUNESSE DE MME de LONGUEVILLE, chap. IV, p. 294, etc.
[148] Mémoires, ibid., p. 355.
[149] Gallia Christiana, t. VIII, p. 584. La mère de Saint-Étienne fut abbesse de 1626 jusqu'au 13 août 1637, où elle fut forcée de donner sa démission, et remplacée par Marie de Burges, la mère de Saint-Benoît. Elle était née en Franche-Comté, et toute sa famille était au service de l'Espagne; son frère était même gouverneur de Besançon.
[150] Mémoires, ibid., p. 352 et suiv.
[151] Mémoires, t. Ier, p. 80.
[152] Mémoires, ibid., p. 331.
[153] Le secrétaire de l'ambassade d'Angleterre en Flandre, nommé Gerbier.
[154] Mémoires, ibid., p. 346.
[155] Mémoires, t. X, p. 195, etc.
[156] Manuscrit de la Bibliothèque impériale, ancien fonds françois, no 9241. Voyez plus haut, p. 116, dans la note 145.
[157] Le manuscrit précité renferme une trentaine de lettres de Mme du Fargis à la reine, une douzaine de la reine à Mme du Fargis, cinq ou six lettres en espagnol de la reine à M. de Mirabel, autant à son frère le cardinal, avec les réponses de ceux-ci. Voyez l'Appendice, notes du chapitre III.
[158] Manuscrit de la Bibliothèque impériale, no 9241, fol. 41, verso. Carta de la Reyna al cardinale Infante para embiar al Conde Duque, 28 may 1637: «Por ser cosa che importa mucho al servicio del Rey el conservar en el al Duque de Lorena, he procurado con mi amiga (Mme de Chevreuse) que hallasse una comodidad segura conque poder escrivir a l'amigo (le duc de Lorraine), ha me dicho que la tiene, etc.» Voyez l'Appendice, notes du chapitre III.
[159] Les diverses déclarations de la reine, avec les interrogatoires de la supérieure du Val-de-Grâce et ceux de La Porte, avaient été conservées dans la cassette de Richelieu, et elles étaient passées dans les archives du maréchal de ce nom, qui les avait communiquées au P. Griffet, comme il avait fait les papiers de Châteauneuf. Depuis, ces précieux documents avaient été dispersés: la Bibliothèque impériale les a acquis dernièrement. Supplément françois, no 4068, avec ce titre: Pièces relatives à l'affaire du Val-de-Grâce, 1637. Voyez l'Appendice, notes du chapitre III.
[160] Mémoires de Richelieu, t. X, p. 201, et, dans l'Appendice, la Relation de la main du cardinal.
[161] Le nom de Craft se rencontre en effet plusieurs fois dans les lettres de Mme Du Fargis. Voyez l'Appendice.
[162] Mémoires, ibid., p. 224, etc.
[163] M. le duc de Luynes nous communique une lettre de Mme de Chevreuse à Richelieu, tout à fait de ce temps, où elle décline l'offre spontanée du cardinal, en lui exprimant toute sa reconnaissance et en l'assurant qu'elle ne s'adressera pas à un autre si elle est forcée de recourir à un emprunt. «Monsieur, je me trouve avec autant de ressentiments de vos bontés que d'impuissance à les exprimer; mais puisque vous me croyez digne de tant de bienfaits, j'ose m'assurer que vous ne douterez pas de ma reconnaissance, encore que je ne vous la puisse représenter par mes paroles ni témoigner par mes services... J'ai prié le porteur de vous dire sur le sujet de l'offre qu'il m'a faite de votre part, que je n'ai pas oublié cette même preuve de votre générosité que vous me donnâtes la dernière fois que j'eus l'honneur de vous voir, ni les termes où je demeurai d'accepter ces grâces de vous, si la fortune me contraignoit à les recevoir jamais d'aucun. L'état où je suis n'est pas jusqu'ici assez malheureux pour que je puisse prendre cette liberté; mais je n'en suis pas moins sensible à cette bonté dont l'intention présentement tient lieu de l'effet dans mon âme...»
[164] La Rochefoucauld, Mémoires, p. 354.
[165] Extrait de l'information faite par le président Vignier, de la sortie faite par Mme de Chevreuse hors de France, avec diverses pièces à l'appui, Bibliothèque impériale, collection Dupuy, nos 499, 500, 501, réunis en un seul volume. Voyez l'Appendice, notes sur le chapitre III.
[166] La Rochefoucauld, p. 356.—Tallemant, t. I, p. 250, se complaît à raconter les choses les plus singulières, mais nous ne rapportons que les faits certains et authentiques. Extrait de l'information, etc.: «Une bourgeoise de ce bourg-là passa fortuitement et la vit couchée sur ce foin et s'écria: Voilà le plus beau garçon que je vis jamais! Monsieur, dit-elle, venez-vous-en reposer chez moi; vous me faites pitié, etc.»
[167] Tallemant, ibid.
[168] Extrait de l'information: «Malbasty (le guide que lui avait donné La Rochefoucauld) lui dit qu'elle se perdroit, qu'elle rencontreroit mille voleurs, qu'elle n'avoit qu'un seul homme avec elle, qu'il craignoit qu'on lui fît du déplaisir... Elle offrit audit Malbasty un grand rouleau de pistoles, etc.»
[169] La Rochefoucauld, Mémoires, ibid.
[170] Ce sont ceux que Dupuy a recueillis ou plutôt résumés de mémoire; nous les avons retrouvés nous-même, et nous en avons fait usage pour établir notre récit. C'est en cette occasion que La Rochefoucauld fut interrogé et mis huit jours à la Bastille. Voyez ses Mémoires, surtout la Jeunesse de Mme de Longueville, 4e édition, chapitre IV, p. 296, etc., et l'Appendice du présent volume, notes sur le chapitre III.
[171] Mme de Motteville, t. Ier, p. 93.
[172] Bibliothèque impériale, Manuscrits de Colbert, affaires de France, in-fol., t. II, fol. 9. Mémoire de ce que Mme de Chevreuse a donné charge au sieur de Boispille de dire à monseigneur le cardinal: «Elle ne s'est obligée à rien du tout en Espagne et ne se trouvera pas qu'elle ait pris un teston, fors les bonnes chères et traitemens... Elle a parlé comme elle devoit en Espagne, et croit que c'est une des choses qui l'a le plus fait estimer du comte-duc.» Appendice, notes du chapitre IV.
[173] Manuscrits de Colbert, ibid.
[175] Manuscrits de Colbert, ibid.
[176] Voyez sur cette particularité la Jeunesse de Mme de Longueville, 4e édit., chapitre IV, p. 237, etc. Il ne faut pas croire d'ailleurs que ces pierreries fussent celles de la pauvre Éléonore Galigai, la maréchale d'Ancre; car dans le partage que fit Louis XIII des richesses du maréchal et de sa femme, c'est à la reine Anne qu'il donna les joyaux et les bijoux. Voyez dans l'Appendice les notes du chapitre Ier.
[177] Mme de Chevreuse, comme son petit-fils, aimait les arts et les encourageait. Elle a été la protectrice de l'excellent graveur Pierre Daret, qui lui a dédié sa collection des Illustres François et estrangers de l'un et de l'autre sexe, in-4o, 1654. Cette dédicace nous apprend des choses qui ne se trouvent dans aucune des biographies de cet artiste, pas même dans l'Abécédaire de Mariette, et qui font le plus grand honneur à Mme de Chevreuse. Voyez l'Appendice, notes du chapitre IV.
[178] La bibliothèque nationale possède deux manuscrits qui la contiennent tout entière: l'un, que le père Griffet a connu et mis à profit, et que déjà plus d'une fois nous avons cité, est le tome II des Manuscrits de Colbert, affaires de France; ce ne sont que des copies, souvent assez défectueuses; l'autre, Supplément françois, no 4067, renferme, il est vrai, moins de pièces, mais originales, parmi lesquelles il y a plusieurs lettres autographes de Richelieu et de Mme de Chevreuse. Voyez l'Appendice, notes du chapitre IV.
[179] Manuscrits de Colbert, ibid.
[180] Manuscrits de Colbert, lettre du 24 juillet 1638.
[181] Manuscrits de Colbert, folio 18. L'original est au Supplément françois, no 4067.
[182] Manuscrit de Colbert, ibid.
[183] Lettre de l'abbé Du Dorat à Richelieu, Manuscrits de Colbert, fol. 47.
[184] Manuscrits de Colbert, fol. 53, etc.
[185] Mémoires, t. X, p. 484.
[186] Il faut voir cette scène inouïe, non pas seulement dans la relation détaillée et suspecte que publièrent les amis de La Valette, et qui se trouve parmi les pièces imprimées à la suite des Mémoires de Montrésor, mais dans les Mémoires d'Omer Talon, Collection Petitot, 2e série, t. LX, p. 186-197.
[187] Mémoires de Richelieu, t. X, p. 498 et 499.
[188] Voyez la lettre de Richelieu au comte d'Estrade du 2 décembre 1637; voyez aussi dans l'Appendice diverses lettres de 1639 de Boispille au cardinal, où il lui donne des nouvelles du peu de progrès de l'armée royaliste en Écosse avec une satisfaction mal dissimulée, qui trahit les sentiments de celui auquel il écrit. Voyez surtout à la Bibliothèque impériale, fond de Harlai, 223/23 un manuscrit in-fol., contenant des Lettres du sieur de Montereul, secrétaire de monsieur de Bellièvre, ambassadeur en Angleterre, escrittes au dit sieur de Bellièvre, ès années 1638, 1639, 1640 et 1641, ensemble les duplicata des lettres qu'il escrivoit à la cour. Montereul, chargé d'affaires en l'absence de l'ambassadeur, adresse à Bellièvre et au ministre des affaires étrangères de France, le comte de Chavigni, les renseignements les plus précieux sur l'état des partis en Angleterre, les débats des chambres, les fautes de la cour, et les progrès de l'opposition qu'il raconte avec une sorte de triomphe. Ce manuscrit est de la plus grande importance pour l'histoire des premiers commencements de la révolution d'Angleterre. On y voit fort bien que la France se réjouissait des embarras intérieurs qui empêchaient le gouvernement anglais de faire cause commune avec l'Espagne, et se servait du fanatisme protestant qui repoussait toute alliance avec Sa Majesté catholique. Il est curieux d'y trouver Pim, ce grand patriote, s'entendant fort bien avec Montereul, et protestant de son zèle pour les intérêts de la France, comme plus tard le fera Sidnei. Richelieu fit imprimer le Manifeste des Écossois, lorsqu'ils s'avancèrent en 1641 vers l'Angleterre, dans la Gazette de cette année, no 34, p. 161. «On ne peut douter, dit l'exact et savant père Griffet, t. III, p. 158, que Richelieu n'ait été un des premiers auteurs de la révolution qui conduisit dans la suite Charles Ier sur l'échafaud et Cromwell sur le trône. M. de Brienne paraît en convenir, mais il a soin de remarquer que les choses allèrent bien plus loin que le cardinal ne l'avoit prévu et qu'il ne l'eût souhaité.»
[189] Aussi lorsque plus tard, en 1643, le pape destina le cardinal Rosetti à le représenter au congrès de Münster, le successeur de Richelieu n'hésita pas à l'exclure, en se fondant particulièrement sur ce que, pendant sa mission en Angleterre, Rosetti s'était fort lié avec Mme de Chevreuse, et qu'elle l'avait entièrement gagné. Bibliothèque impériale, fond Gaignière, vol. 510, in-fol. sous ce titre: Dépesches importantes sur la paix d'Italie des années 1643 et 1644. Lettre de la reine à M. de Fontenai-Mareuil, 25 septembre 1643: «Vous avez fait entendre (aux ministres du pape) les raisons qui me convioient à faire exclusion au cardinal Rosetti de la légation de la paix, non pour avoir eu communication très-étroite avec Fabroni (confident et ministre de la reine mère), mais pour l'avoir affectée avec les ministres d'Espagne pendant son séjour en Angleterre qu'ils veulent excuser sur le but de la religion; mais il faudrait être bien simple pour s'y laisser prendre, et ne pas voir que, sous couleur de traiter d'une affaire, on en embarque une autre. Il n'est pas possible que leur ayant rendu compte de sa mission, il ne leur ait pas mandé qu'il avoit des communications très-secrètes et fréquentes avec la duchesse de Chevreuse, et qu'ils ignorent combien elle a recherché de nuire à l'État, les desseins pernicieux qu'elle a concertés et essayé d'advancer, et qu'enfin agissant avec beaucoup d'esprit offensé, et comme font d'ordinaire les femmes qui pour contenter leurs passions vont toujours aux extrêmes, elle n'a rien omis à promettre ou à embarquer qui pût causer la ruine de la France.»
[190] Manuscrit déjà cité de la Bibliothèque impériale, Lettres de Montereul. Dépêche du 15 mars 1640: «Le marquis de Ville vient pour avoir permission du roi de faire passer en Flandre mille Anglois pour joindre aux troupes du duc Charles. A quoi il n'aura pas peu de difficulté, quelque crédit qu'y employe Mme de Chevreuse.»—Dépêche du 5 avril: «Le marquis de Ville vient aussi avec six beaux chevaux que le duc Charles envoye à Mme de Chevreuse, pour laquelle il y a peu d'apparence que le voyage de M. Du Dorat puisse être utile.»—Dépêche du 12 avril: «Le marquis de Ville arriva vendredi matin, il alla descendre chez Mme de Chevreuse; il s'est toujours servi d'un de ses carrosses, et a mangé chez elle...»
[191] Ibid. Dépêche du 12 avril: «M. le marquis de Velada, grand d'Espagne, gouverneur de Dunkerque, ambassadeur extraordinaire en Angleterre, est arrivé hier... A peine arrivé, il alla visiter Mme de Chevreuse.»—Dépêche du 19: «Le marquis de Velada eut hier la première audience du roi et de la reine... Mme de Chevreuse lui envoya son beau carrosse... Cela ne l'empêche pas d'assurer qu'elle retourne en France dans quinze jours. La reine dit encore hier qu'il n'étoit pas besoin de lui préparer un logement à Greenwich, parce qu'elle alloit en France avant la fin du mois, et qu'elle n'attendoit que de l'argent pour payer ses dettes avant de partir. Je ne puis me persuader qu'elle exécute ce qu'elle promet: il me semble que le chemin de chez l'ambassadeur d'Espagne à Whitehall n'est pas le plus droit pour aller en France.»
[192] Ibid. Dépêche du 2 février 1640: «Le sieur Hallot a été fort mal reçu de la reine quand il lui a rendu ses lettres du prince Thomas; elle lui a dit qu'elle ne pouvoit voir de bon œil une personne qui venoit de la part de celui qui faisoit un si mauvais traitement à sa sœur. Il est bien avec Mme de Chevreuse et avec M. de La Valette, et voit fort souvent les ministres de la reine mère.»—Dépêche du 16 février: «Le sieur Hallot a été visité par M. de La Vieuville, qui y demeura longtemps, et par Fabroni qui fut longtemps enfermé avec lui, avant qu'il eût envoyé ses dépêches en Flandres où il écrit beaucoup; il écrit aussi en France, et dit qu'il vient en cette cour pour faire agréer au roi les actions du P. Thomas, et essayer de tirer d'ici quelques secours pour ce prince.»—Dépêche du 23 février: «Hallot se trouva ces jours passés chez Mme de Chevreuse avec La Colle (?), où Hallot parla fort longtemps des affaires de Savoie à l'avantage du P. Thomas. La Colle lui avoua franchement qu'il seroit fâché si les affaires alloient si bien pour ce prince, et lui dit que pour lui il étoit du côté de Mme de Savoie. Alors Hallot haussa la voix et lui repartit: Est-il possible que vous osiez parler en ces termes, étant des amis de Mme de Chevreuse et vous trouvant dans son logis?»
[193] On ne croyait pas que l'idée du voyage du duc de Chevreuse en Angleterre lui fût venue spontanément, et Montereul écrit à M. de Bellièvre, le 3 mai 1640: «On vous croit ici l'auteur du voyage de M. son mari en ces quartiers.»
[194] Dépêche de Montereul du 29 mars 1640: «Mme de Chevreuse a été extrêmement surprise par la nouvelle de la résolution qu'avoit prise M. son mari de venir en Angleterre... On n'a jamais vu un tel trouble... Elle parloit de s'enfuir en Flandre si le roi ne l'eût assurée que, s'étant mise sous sa protection, il ne permettroit pas qu'on la pût forcer à retourner en France. Mme de Chevreuse le dit ainsi, mais d'autres m'ont dit que la promesse du roi n'étoit pas si précise, et que la reine lui avoit seulement fait dire qu'elle la prenoit en sa protection. Elle dépêcha dimanche dernier un courrier en France pour détourner M. de Chevreuse de venir ici, en cas qu'il eût ce dessein.»—Dépêche du 12 avril: «Un autre objet du voyage de M. de Ville, est pour assurer Mme de Chevreuse qu'elle sera bien venue en Flandre, au cas qu'elle soit obligée de s'y retirer; ce qui est conforme à ce qu'elle a dit à la reine depuis l'arrivée de ce marquis, qu'elle étoit résolue d'aller en Flandre devant un mois. La reine l'a dit ainsi, et a ajouté qu'elle avoit bien de la peine à le croire.»—Dépêche du 25 avril: «Mme de Chevreuse dépescha en France, vendredi dernier, un de ses valets de chambre. Elle fait croire qu'elle est résolue de passer en Flandre si M. de Chevreuse vient en Angleterre, comme on lui mande et comme l'écrit M. Leicester. On me donne avis que M. de La Valette a dit à table qu'il alloit écrire en France qu'elle partoit demain pour Flandre, ce qui me fait croire qu'elle n'en fera rien que le plus tard qu'il lui sera possible, et qu'elle voudroit bien n'être pas obligée d'y aller du tout. M. de Soubise arriva en cette ville samedi dernier. M. de La Valette et M. Le Coigneux (un des conseillers du duc d'Orléans) la voient fort souvent. On m'a averti de plusieurs endroits qu'ils avoient dessein de brouiller en France. On m'a dit qu'ils avoient quelque entreprise sur Oleron. Il y a peu d'apparence qu'ils soient aidés par le roi d'Angleterre.»
[195] Ibid. Dépêche du 3 mai: «Mme la duchesse de Chevreuse, après avoir remis de jour en jour son voyage de Flandre, partit de Londres mardi premier jour de ce mois, à onze heures du matin, accompagnée du marquis de Velada et du résident d'Espagne, qui la quittèrent à huit milles d'ici, de M. le duc de La Valette, du marquis de La Vieuville, père et fils, du marquis de Ville, des sieurs Montaigu et Craft. Le comte de Niewport l'a aussi accompagnée jusqu'aux dunes; on croit que c'est par ordre du roi de la Grande-Bretagne, pour assurer M. le duc de Chevreuse, si elle le rencontre par les chemins, que le roi la tient en sa protection jusques à ce qu'elle soit hors de ses États... Il y a apparence, et par les coffres qu'elle a laissés chez Craft, à ce qu'on m'a dit, et par quelques paroles qui ont échappé à ceux qui ont plus de part à ses secrets, qu'elle fera tous ses efforts pour revenir dans cinq ou six mois, encore que le galland de diamants que lui a donné la reine de la Grande-Bretagne, qui est estimé dix mille escus, semble être un présent pour un dernier adieu... Ceux qui font de plus prudentes réflexions sur les choses qui se passent en cette cour, disent que cette fuite ne devroit pas retarder le voyage de M. de Chevreuse en ces quartiers, puisque, outre qu'il soutiendroit ici l'honneur de la nation, étant d'autre condition que les ambassadeurs d'Espagne, et qu'il aideroit à achever de ruiner en cette cour les mauvais François qui demeurent, et desquels il auroit juste sujet de se plaindre comme étant cause du malheur de Mme sa femme; il pourroit encore tirer parole du roi de la Grande-Bretagne que Mme de Chevreuse ne reviendroit plus en ses États, ce qu'on croit que ce roi promettroit volontiers, particulièrement s'il paroissoit y être forcé.»
[196] Dépêche du 10 mai: «Mme de Chevreuse s'embarqua samedi 5 de ce mois, à Rochester, où elle revint en diligence de Cantorberi sur une fausse allarme qu'elle eut que M. le duc, son mari, étoit déjà à Douvres. Bien que son voyage ait été résolu assez promptement, il ne s'est pas exécuté sans peine et sans regret de la part de ceux qu'elle servoit ici. Ils l'ont à peine vue partir, qu'ils ont commencé leurs instances pour la faire revenir; de sorte qu'on croit que la venue de M. de Chevreuse ne seroit pas inutile pour l'empêcher... Comme vous jugez bien, M. Craft a suivi Mme de Chevreuse.»—Dépêche du 17 mai: «Mme de Chevreuse arriva à Dunkerque il y eut mardi huit jours.»
[197] Ibid. Dépêche du 6 novembre 1640: «On me donne avis que M. de La Valette et M. de Soubise ont traité avec le roi d'Espagne par l'entremise de Mme de Chevreuse (alors en Flandre), que le marquis de Malvezzi a été envoyé ici pour ce traité, lequel a été conclu il y a quatre mois, que M. de La Valette promet de faire soulever la Guyenne et les provinces voisines (dont son père, le duc d'Épernon, était gouverneur),... qu'il touche mille écus chaque mois depuis ce traité,... que M. de Soubise reçoit pareille pension d'Espagne,... que M. Marmet, ministre (protestant), reçoit aussi pension d'Espagne...»
[198] Voyez dans le premier volume des Mémoires tout le détail de cette affaire.—L'auteur de la Conjuration de Fiesque s'attribue en cette occasion des discours politiques imités de Salluste, comme ses portraits, et où abondent les maximes d'État, selon la mode virile du temps, dont Richelieu est l'auteur et Corneille l'interprète. Les discours ont pu être ajoutés après coup pour donner au lecteur une grande idée du génie précoce de Retz, mais le récit, sauf toujours la charge ordinaire, est exact et s'accorde parfaitement avec les documents les plus certains.
[199] Sur le duc de Guise, voyez la Jeunesse de Mme de Longueville, chapitre III.—On lit dans la Gazette de Renaudot, pour l'année 1641, no 61, p. 314: «Le 20 de ce mois de mai, le duc de Guise arriva de Sedan à Bruxelles, où il fut souper chez la duchesse de Chevreuse et coucher chez don Antonio Sarmiento.» Et dans le no 64, p. 327, sous la date du 28 mai: «Le secrétaire du duc de Bouillon est parti d'ici (Bruxelles) pour Sedan, où le duc de Guise est aussi retourné.»
[200] Recueil d'Alexandre de Campion: lettres: «20 août 1640. M. le Grand est fort satisfait de ce que j'ai joint les compliments de M. Bouillon aux vôtres. Il m'a chargé de lui en faire beaucoup de sa part, et surtout de vous assurer qu'en temps et lieu vous verrez des marques que c'est tout de bon quand il vous a protesté par moi qu'il étoit votre très humble serviteur. Il est assuré du dessein que M. le cardinal a eu de le perdre: vous devez juger par là de ses intentions. Il se ménage fort avec la reine, Monsieur et vous, et en use assez adroitement. Personne ne sait que je le vois, et si la prospérité ne l'aveugle point, il est capable d'entreprendre quelque chose d'importance. En tout cas, si l'on vous poussoit et que vous fussiez nécessité de vous défendre pour ne vous laisser pas opprimer, il est bon d'avoir un protecteur auprès du roi, et un esprit ulcéré qui pour son propre intérêt ne perdra pas l'occasion de détruire celui qui le veut perdre. Je sais bien que ceux qui ne l'aiment pas blâmeront son ingratitude, à cause que M. le cardinal est son bienfaiteur; mais cela ne vous regarde pas...» Transcrivons encore cette lettre à De Thou du 3 mars 1641, un an avant l'affaire qui le conduisit à l'échafaud: «Je vous avoue que les raisons que vous m'alléguâtes il y a dix jours dans les Carmes-Déchaussés, ni celles que vous m'écrivez, ne me persuadent en aucune manière, et que je n'ai rien à ajouter à la réponse que je vous fis. Un voyage comme celui où votre ami et vous me voulez embarquer, qui sera d'abord suspect à *** qui ne m'aime pas, m'expose à sa vengeance et n'aboutit à rien. Je connois les gens, et un dessein de le ruiner par le cabinet est une chimère qui le perdra et peut-être vous aussi.» Il y a encore dans le Recueil une autre lettre à De Thou où Alexandre de Campion lui annonce qu'il lui renvoie un portrait, des lettres et des bijoux que son ami lui avait confiés, qu'ainsi il pourra les rendre «à cette illustre personne pour laquelle on vous accuse de soupirer.» Il doit être ici question de Mme de Guymené.
[201] Ibid. Lettre du 24 décembre 1640: «...Je montrerai vos lettres, suivant votre ordre, à madame votre mère, au père de Gondi et à MM. les présidents de Mesme et de Bailleul... Mais je prendrai la liberté de vous dire que j'eusse été bien aise de les voir en particulier, de peur que M. le cardinal ne sache qu'ils sont de vos amis, cela leur pouvant nuire s'il le découvre.»—«Du 21 janvier 1641. Je ne doute point du déplaisir que vous avez eu de l'éloignement du père de Gondi et des deux présidents. Je me doutois bien qu'on sauroit qu'ils seroient venus à l'hôtel de Soissons.»
[202] Mémoires, t. Ier, p. 26.
[203] Mémoires, ibid., p. 362 et 363.
[204] Mémoires de la vie de Fréd.-Maurice de la Tour d'Auvergne, duc de Bouillon (par son secrétaire Langlade), Paris, 1692, in-12.
[205] Cette crainte n'était pas dépourvue de fondement. Richelieu s'efforçait en effet de se faire donner par le roi la tutelle de ses enfants; et il y était presque parvenu, comme nous le voyons dans ce précieux document que nous tirons des archives des affaires étrangères, France, t. CI, lettre de Chavigni à Richelieu, du 28 juillet 1642: «Le roi m'a dit depuis quelques jours qu'il se souvenoit que lors de sa grande maladie au camp de Perpignan, M. le Grand lui tint des discours pour le disposer à lui donner la tutelle de ses enfants après sa mort, sans pourtant lui en parler ouvertement. Sur quoi, prenant occasion d'exagérer l'effronterie et l'horrible ambition de ce scélérat, et de faire connoître à sa Majesté en général qu'il falloit qu'une personne eût toutes les qualités qu'il n'avoit pas pour être capable d'une telle charge, elle me dit: Si Dieu me met en état de penser à ce qui se fera après moi, je ne les puis laisser qu'à monseigneur le cardinal. Sur quoi je ne répondis rien que des protestations, de la part de son Éminence, de passion et de tendresse pour un si bon maître, etc.»
[206] Lettres et Mémoires, etc., publiés par le général Grimoard, in-fo, t. Ier, p. 40.
[207] Nouveaux Mémoires d'histoire, de critique et de littérature, par M. l'abbé d'Artigny, t. IV. Pièces originales concernant le procès de MM. de Bouillon, Cinq-Mars et de Thou. Interrogatoire du 6 juillet 1642, et surtout deuxième interrogatoire du 24 juillet: «Interpellé que pour ses sentiments il les a trop fait connoître en l'affaire de Mme de Chevreuse, a dit que pour l'affaire de Mme de Chevreuse, ayant la parole de M. le cardinal il s'en tient assuré, sachant bien qu'il ne fait pas de grâce à demi.»
[208] Archives des affaires étrangères, France, t. CI, lettre anonyme du 4 juillet.
[209] Archives des affaires étrangères, France, t. CII, mémoire inédit de Richelieu: «Il faut que MM. de Chavigny et de Noyers parlent au roi et lui disent que le cardinal, voulant partir de Narbonne, suivant son conseil, pour changer d'air, et ne sachant quel changement son transport apporteroit à son mal, a voulu témoigner de l'extrême confiance qu'il a en Sa Majesté en lui découvrant ce qui s'apprend de toutes parts. Les lettres du prince d'Orange, la gazette de Bruxelles, celle de Cologne, les préparatifs de la reine mère pour venir, les litières et mulets achetés, ce qui s'écrit par lettres sûres de Mme de Chevreuse, ce qui s'écrit encore de nos côtes de France, les bruits qu'il y a dans toutes les armées, les avis qui viennent de toutes les cours d'Italie, les espérances des Espagnols, soit du côté d'Espagne, soit de Flandres, la résolution que Monsieur a prise de ne point venir contre ce qu'il avoit promis, attendant peut-être l'événement du tonnerre, toutes ces choses ont obligé à en avertir le roi, afin qu'il mette tel ordre qu'il lui plaira à des bruits qui ruinent les affaires.»
[210] Voyez les Mémoires de Montglat, collect. Petitot, t. Ier, p. 375.
[211] Les détails de toute cette affaire ne sont nulle part, pas même dans le père Griffet; on ne les trouvera qu'aux Archives des affaires étrangères, France, t. CII. Pendant tous les premiers jours de juin il est bien question autour de Richelieu des troubles intérieurs du roi, des intrigues de Cinq-Mars, resté à Narbonne auprès de lui, et des dangers du cardinal; mais du traité avec l'Espagne et de quoi que ce soit de semblable, pas un seul mot. C'est le 12 juin que tout est éclairci par ce billet de Chavigni et de de Noyers à Richelieu: «Narbonne, ce 12 juin à dix heures du matin.—M. de Chavigny est arrivé ce matin une heure avant que le roi fût éveillé. M. de Noyers et lui, après avoir conféré ensemble, ont été trouver Sa Majesté, à laquelle ils ont rendu compte bien au long de toutes les affaires dont elle a lu elle-même les mémoires. Toutes les résolutions ont été prises conformes aux sentiments de son Éminence, et les dépêches s'en feront ce jour sans faillir. Le roi approuve le voyage de M. Castelan en Piémont. Chavigny, De Noyers.» Ici tout est frappant. Le 11 juin Richelieu a dû recevoir la décisive nouvelle. A l'instant même il a envoyé Chavigny au roi avec les preuves, et aussi avec les mesures par lui proposées. Chavigny a voyagé toute la nuit, et le 12 au matin, avec de Noyers, il a vu le roi, qui a lu les mémoires adressés par Richelieu, entendu les explications des deux ministres, et immédiatement approuvé et adopté les mesures nécessaires, entre autres l'envoi de Castelan à l'armée d'Italie pour arrêter le duc de Bouillon. Le 12, Louis XIII n'avait pas hésité. Mais depuis ses réflexions avaient été très-sombres. Lettre de de Noyers à Chavigni, retourné à Tarascon, du 15 juin: «Je pense que l'on sera contraint de chercher le moyen de faire parler au roi M. de M. (azarin), car il lui revient d'étranges pensées en l'esprit. Il me dit hier qu'il avoit douté si l'on n'auroit pas mis un nom pour l'autre. J'ai dit là-dessus tout ce que vous pouvez imaginer, mais le roi est toujours dans une profonde rêverie. Le roi s'est trouvé mal toute la nuit, et sur les deux heures Sa Majesté a pris médecine, puis elle a dormi deux heures. Je l'ai vue ce matin et lui ai dit des nouvelles de son Éminence, dont elle a été bien aise d'apprendre l'amendement. En même temps je lui ai fait voir l'extrait de la lettre de M. de Courbonne, et par icelle l'accommodement de son Éminence de Savoie et l'avis sur les îles. Sur quoi elle n'a fait aucune réflexion, et elle m'a dit: Quel saut a fait M. le Grand! et cela deux ou trois fois de suite...» Autre lettre du même jour: «J'estime que le plus tôt que M. le cardinal Mazarin pourroit venir ici seroit le mieux, car en vérité je reconnois que Sa Majesté a besoin de consolation et qu'elle a le c[oe]ur fort serré.»—Lettre du 17 juillet; de Noyers à Richelieu sur les dispositions du roi: «Le roi nous a dit à l'oreille que Sedan valoit bien une abolition, mais que pour M. le Grand il ne lui pardonneroit jamais, et qu'il l'abandonnoit aux juges pour en faire selon leur conscience.»—Lettre du 19 juillet: «Le roi a eu la pensée de sauver la vie à M. de Bouillon pour avoir Sedan, mais de ne laisser pas de faire condamner M. le Grand.»—Lettre de Chavigni à Richelieu du 26 août: «...Le roi me parlant il y a deux jours du procès des conjurés, me dit qu'il n'auroit point l'esprit en repos qu'il ne vît M. le Grand châtié, et que c'étoit un monstre d'ingratitude et de méchanceté.»
[212] Relation de Fontrailles, collection Petitot, t. LIV, p. 438: «Soudain que je fus seul avec M. de Thou (à Carcassonne après le voyage d'Espagne), il me dit le voyage que je venois de faire, ce qui me surprit fort, car je croyois qu'il lui eût été celé. Quand je lui demandai comme quoi il l'avoit appris, il me déclara en confiance fort franchement qu'il le savoit de la reine, et qu'elle le tenoit de Monsieur. A la vérité, je ne la croyois pas si bien instruite, quoique je n'ignorasse pas que Sa Majesté eût fort souhaité qu'il se pût former une cabale dans la cour, et qu'elle y avoit contribué de tout son pouvoir, pour ce qu'elle n'en pouvoit que profiter.»
[213] Archives des affaires étrangères. France, t. CII. Chavigni à Richelieu, 24 octobre: «Le roi fit hier assez mauvaise chère à la reine... Il est toujours fort animé contre elle et en parle à tous moments.»
[214] Archives des affaires étrangères, ibid., t. CI, lettre de Le Gras, secrétaire des commandements de la reine, à Chavigni. Saint-Germain, 2 juillet 1642: «Cette extrême ingratitude lui est en telle horreur qu'elle en témoigne ses sentiments au roi par la lettre qu'elle vous prie de lui rendre, ainsi qu'à son éminence celle ci-jointe.» Ibid., Chavigni à Richelieu, du 28 juillet: «J'ai trouvé la reine tellement reconnoissante des obligations qu'elle a à monseigneur, qu'il seroit bien difficile de lui faire changer la résolution qu'elle a prise de ne plus rien faire que par les conseils de son Éminence, et de se jeter entièrement entre ses bras. Elle m'a commandé de lui donner cette assurance de sa part.» Ibid., le même au même, 12 août: «...Je suis persuadé que la tendresse que la reine témoigne pour monseigneur est sans dissimulation, et qu'il n'y a rien au monde plus aisé que l'y entretenir, ne demandant autre grâce dans le monde que d'être auprès de messieurs ses enfants, sans y prétendre aucun pouvoir, ni se mêler de leur éducation dont elle souhaite passionnément que monseigneur soit le maître. Elle m'a commandé d'en assurer son Éminence, et qu'elle est dans une extrême impatience de le voir.» Ibid., t. CII, Le Gras à Chavigni, sans date: «La reine envoyant son écuyer ordinaire au roi pour se réjouir de sa guérison, et savoir de ses nouvelles, écrit aussi à son éminence pour le même sujet. Elle vous prie encore de dire à son éminence que ne désirant point lui donner peine, sachant bien qu'il ne peut encore signer, elle n'attend point de réponse, et ne se tiendra pas moins assurée de son affection pour elle.»
[215] Archives des affaires étrangères, ibid. Lettre déjà citée du 28 juillet.
[216] Ibid. Lettre déjà citée du 12 août.
[217] Dante.
[218] Cette déclaration a été imprimée, mais elle est si rare, et elle est si curieuse et si importante, que nous la donnons dans l'Appendice, notes du chapitre IV.
[219] Dans son no 77, p. 519.
[220] Le futur maréchal d'Hocquincourt, homme de guerre et de plaisir, politique incertain, qui, dans la Fronde, erra de Mazarin à Condé, et écrivit à Mme de Montbazon: Péronne est à la belle des belles.
[221] Non pas le petit hôtel de Luynes, sur le quai des Grands-Augustins, au coin de la rue Gît-le-Cœur, demeure du fils du connétable, dont Perelle a donné une charmante petite gravure, et où le chancelier Séguier se réfugia pendant la Fronde, quand la populace l'attaqua sur le pont Neuf allant au Parlement, mais l'hôtel de la rue Saint-Thomas-du-Louvre, qui, comme nous l'avons déjà dit, devint depuis l'hôtel d'Épernon, et plus tard, en 1663, l'hôtel de Longueville. Mme de Chevreuse fit bâtir alors, par le célèbre architecte Lemuet, le bel hôtel de la rue Saint-Dominique-Saint-Germain, que Perelle a aussi représenté, et qu'habite encore aujourd'hui M. le duc de Luynes.
[222] Tome Ier, p. 186.
[223] La Rochefoucauld, Mémoires, p. 369.
[224] La Rochefoucauld, ibid.
[225] Voyez sur ces commencements de Mazarin, La Rochefoucauld, Mme de Motteville, La Châtre, l'un et l'autre Brienne.
[226] La jeunesse de Mme de Longueville, 4e édit., ch. III, p. 223, etc.
[227] Voyez l'examen de cette question aussi importante qu'obscure dans Mme de Hautefort, chap. IV; voyez surtout les lettres jusqu'ici inédites d'Anne d'Autriche, citées dans l'Appendice de cet ouvrage.
[228] Ce sont les paroles mêmes de Mme de Motteville, t. Ier, p. 162. Ce passage est si important qu'il nous faut le donner ici tout entier: «On en fit autant et plus (de visites et de compliments) à Mme de Chevreuse comme à celle qui avoit régné dans le cœur de la reine, et qui dans toutes ses disgrâces avoit toujours conservé des intelligences avec elle et avoit paru posséder entièrement son amitié. On y pouvoit ajouter les obligations de ses souffrances qui l'avoient menée promener par toute l'Europe; et quoique ses voyages eussent servi à sa gloire et à lui donner le moyen de triompher de mille cœurs, ils étoient tous à l'égard de la reine des chaînes qui la devoient lier à elle plus étroitement que par le passé. Mais les choses de ce monde ne peuvent pas toujours demeurer en même état; cette vicissitude naturelle à l'homme fit que la duchesse de Chevreuse, qui étoit appréhendée et mal servie par ceux qui prétendoient au ministère, ne trouva plus en la reine ce qu'elle y avoit laissé, et ce changement fit aussi que la reine de son côté ne trouva plus en elle les mêmes agréments qui l'avoient autrefois charmée. La souveraine étoit devenue plus sérieuse et plus dévote, et la favorite étoit demeurée dans les mêmes sentiments de galanterie et de vanité qui sont de mauvais accompagnements pour un âge avancé. Ses rivaux et ses rivales dans la faveur avoient dit à la reine qu'elle vouloit la gouverner; et la reine étoit tellement prévenue de cette crainte qu'elle eut quelque peine à se résoudre à la faire revenir si vite, vu les défenses que le roi lui en avoit faites, ce qui en effet étoit louable en la reine et lui devoit être d'une grande considération. Mme la Princesse, qui haissoit Mme de Chevreuse et qui étoit d'humeur approchante de celle de la reine, avoit travaillé de tout son pouvoir à la dégoûter d'elle. L'absence en quelque façon avoit servi à détruire l'ancienne favorite dans l'esprit de la reine, et la présence avoit beaucoup contribué à l'amitié ou plutôt à l'habitude qu'elle avoit prise avec Mme la Princesse. Quand cette importante exilée arriva, la reine néantmoins parut avoir beaucoup de joie de la revoir, et la traita assez bien. J'étois revenue à la cour depuis peu de jours. Aussitôt que j'eus l'honneur d'approcher de la reine j'en vis les sentiments sur Mme de Chevreuse, et je connus que le nouveau ministre avoit travaillé autant qu'il lui avoit été possible à lui faire voir ses défauts...»
[229] Mémoires, ibid., p. 378.
[230] Il avait été pour Mazarin dans les conciliabules qui avaient précédé la régence, et nous trouvons dans les Archives des affaires étrangères, France, CIV, un fragment d'une lettre de Montaigu à la reine, sans date, mais à peu près de ce temps-là, où dans un langage mystique il l'engage à fermer l'oreille aux mécontents et à rester unie à son ministre.
[231] Recueil, etc.
[232] Voyez plus bas, p. 233, les motifs de cette dénomination; voyez aussi La jeunesse de Mme de Longueville, chap. III, p. 224: «On appelait ainsi les chefs des mécontents, à cause des airs d'importance qu'ils se donnaient, blâmant à tort et à travers toutes les mesures du gouvernement, affectant une sorte de profondeur et de subtilité quintessenciée qui les séparait des autres hommes.»
[233] Mémoires, ibid., p. 380.
[234] Archives des affaires étrangères, France, t. C, p. 135, lettre autographe de Châteauneuf à Chavigny, du 23 mars 1643, encore du vivant de Louis XIII, où il le remercie de l'assistance qu'il a prêtée à sa sœur, Mme de Vaucelas pour tenter de «le sortir de la rude et misérable condition où il est détenu depuis dix ans, dedans un âge fort avancé, et plein de maladies qui le travaillent continuellement.» Il ne fut élargi que dans les premiers jours de la régence. Ibid., p. 404: «Angoulesme, 25 may 1643. Sire, je rends très humbles grâces à Votre Majesté de celle qu'il lui a plu me faire après une si longue détention, en me permettant de me retirer dans une de mes maisons. Ce sera pour y employer si peu qu'il me reste de jours à prier Dieu pour qu'il lui plaise donner à Vostre Majesté de longues et heureuses années. Ce sont les supplications les plus dévotes que lui faict, Sire, de Votre Majesté, le très humble et très obéissant subject et serviteur, Châteauneuf.
[235] Voyez dans les Mémoires de M. de Montrésor, Leyde, 1665, 2 vol. in-12, la pièce intitulée Rapport du procès, t. Ier, p. 228.
[236] Carnets autographes de Mazarin, IIe carnet, p. 10: «Non faccia sua Maestà sopraintendente Chatonof, se non vuol restabilirlo intieramente.»
[237] Voyez dans la Jeunesse de Mme de Longueville, chap. III, p. 222, la lettre que Mazarin écrit sur ce sujet au duc de Brézé, le 28 mai 1643.
[238] Plus haut, chap. II.
[239] Mémoires, t. Ier, p. 126.
[240] Mémoires, t. Ier, p. 372.
[241] Tome Ier, p. 216.
[242] Sa mère, Mme de Vendôme, était une personne de la plus haute dévotion et qui en avait le langage.
[243] C'est Mazarin lui-même qui nous donne ce renseignement jusqu'ici ignoré, IIe carnet, p. 72 et 73.
[244] Mémoires, t. Ier, p. 136.
[245] Mémoires, t. Ier, p. 380-384.
[246] Charlotte-Marie de Lorraine était née en 1627.
[247] La jeunesse de Mme de Longueville, chap. Ier, p. 101-106.
[248] Ier carnet, p. 112.
[249] Mémoires, t. Ier, p. 383.
[250] IIIe carnet, p. 39: «Si esamina la mia vita e si conclude che io sia impotente.»
[251] Voyez le chapitre IV, p. 147.
[252] Recueil, etc., lettre du 12 juin 1643: «Je suis à la reine qui me fait l'honneur de me bien traiter. J'ai toutes les entrées libres, et même elle m'a accordé un don dont on me fait espérer que je tirerai près de cent mille écus. Mme de Chevreuse qui est bien avec elle me continue la confiance qu'elle a toujours témoigné avoir en moi.»
[253] IIe carnet, p. 22, et parmi les Lettres françaises de Mazarin conservées à la bibliothèque Mazarine, celle du 13 août 1643 où le cardinal annonce à Châteauneuf que la reine lui rend le gouvernement de Touraine. Une autre lettre du 2 janvier 1644 le qualifie en effet de conseiller du roi en ses conseils, chancelier de ses ordres, et gouverneur de Touraine.
[254] Voyez plus haut, p. 222.
[255] IIe carnet, p. 65, 68, 75; IIIe carnet, p. 11, 19, 25, 29, 44.
[256] IIIe carnet, p. 27, 43 et 55.
[257] Aux portraits si connus que La Rochefoucauld et Retz nous ont laissés des Importants on peut ajouter les lignes suivantes d'Alexandre de Campion, Recueil: «J'ai des amis qui n'ont pas toute la prudence qui seroit à désirer; ils se font un honneur à leur mode, et donnent des habits si extraordinaires à la vertu qu'elle me semble déguisée, de sorte qu'en cas qu'ils aient toutes les qualités essentielles ils s'en servent si mal que l'applaudissement qu'ils se sont attiré ne servira peut-être qu'à leur destruction.»
[258] IIe carnet, p. 70: «...Si predica siempre que es menester perdierse.»
[259] Ibid., p. 83: «Saint-Ibar portato dalla dama come un eroe.»
[260] Était-ce par pure politique, ou n'y avait-il pas là quelque mélange de galanterie? Ailleurs Mazarin prétend qu'à Bruxelles don Antonio Sarmiento était bien avec la duchesse; mais il ne faut pas oublier qu'il ne dit cela qu'après coup, au milieu de la Fronde, dans le dernier emportement de l'inimitié, et que nulle part nous n'avons rencontré la moindre trace de cette liaison. Voyez les Lettres du cardinal Mazarin, etc., par M. Ravenel, Paris, 1836, p. 15.
[261] IIIe carnet, p. 5, 24 et 25: «Que los majores enemigos que yo tenia eran los Vandomos et la dama que li anima todos, diciendo que se no si teneria luogo la resolucion de deshacerce de my, los negotios (no) irian bien, los grandes serian tan sujetos come antes, y yo siempre mas poderia con la reyna, y que era menester darse prima antes que Anghien concluviesse.»
[262] Voyez la précieuse collection déjà citée de lettres italiennes et françaises de Mazarin, 5 vol. in-fol. provenant de Colbert, qui sont aujourd'hui à la bibliothèque Mazarine: Lettres de 1642 à 1645.
[263] IIe carnet, p. 21 et 22.
[264] Ibid., p. 42.
[265] Ibid., p. 65: «Sy S. M. quiere conservar me de manera que puede ser de provechio a su servitio, es menester quitarse la masqhera, y azer obras que declarase la proteccion que quiere tener de mi persona.»
[266] Ibid., p. 77: «Es imposible servir con estos sobresaltos, mientras travajo di dia y de noche per complir a mis obligationes.»
[267] IIe carnet, p. 76: «Es sierto que continuan juntarse al jardin de Tullieri, que ablan contra el gobierno de la reyna los que se dicen sus majores serbidores, y que son contra my mas que nunca, hasta concluir siempre que sy per cabalas no podrano destruirme, intentaran otros modos.»
[268] Ibid., p. 93: «Ricevo mille avvisi di guardarmi.»
[269] IIIe carnet, p. 18: «Los Importantes ablan contra la reyna mas que nunca. Estan desperados contra Belingan y Montagu; dicen que el primero es un alcahuete (maquereau), y que all'otro daran mil palos; que es menester perder todos los que fueran de mi parte.»
[270] Ibid., p. 24: «Que muchas personas eran de manera animadas contra my que era imposibile que no me succediesse algun gran mal.»
[271] IIe carnet, p. 76: «Sy la mar puede sosegarse con echarmi como Jonas en la bocca de la balena!»
[272] Ier carnet, p. 108.
[273] IIIe carnet, p. 65: «La riputazione della Francia non è in cattivo stato, poiche, oltre li progressi che dà per tutto fanno le armi sue, è arbitra S. M. delle differenze dei principi d'Italia, e di quelle del re d'Inghilterra con il parlamento, non ostante che li Spagnuoli faccino il possibile e combattino per ogni verso questa qualità, sino a minacciare il papa se adherisce alli sentimenti ed alla mediazione di Francia.»
[274] Bibliothèque Mazarine, Lettres italiennes de Mazarin, 30 juin 1643, fol. 181.
[275] Voyez La jeunesse de Mme de Longueville, chap. III, etc.
[276] Sur l'hôtel Montbazon, voyez Sauval, t. II, p. 124.
[277] A peu près vers ce temps, ou du moins encore dans l'année 1644, Mazarin trace un portrait sévère de Mme de Longueville où il ne la calomnie pas, mais où il ne lui passe rien, et met le doigt sur tous ses défauts sans relever ses qualités, comme si déjà il pressentait en elle sa plus redoutable ennemie. La jeunesse de Mme de Longueville, chap. IV, p. 271 et 272.
[278] Ibid., chap. II, p. 199.
[279] Alexandre de Campion, dans le Recueil plusieurs fois cité, lettre à Mme de Montbazon: «Si mon avis eût été suivi chez Renard, vous seriez sortie pour obéir à la reine, vous n'habiteriez pas la maison de Rochefort, et nous ne serions pas dans le péril dont nous sommes menacés.»
[280] IIIe carnet, p. 100: «Come dovrei governarmi se nascesse querela trà il duca d'Enghien e la casa di Vendomo, senza che vi fosse intrigato il servitio della regina?»
[281] Mme de Motteville, t. Ier, p. 83.
[282] Mémoires, t. Ier, p. 388.
[283] Mémoires, t. Ier.
[284] Mémoires, t. Ier, p. 65.
[285] Mémoires, édit. de Leyde, ou collect. Petitot, t. LIX.
[286] Mémoires, t. Ier, p. 184.
[287] Mémoires, collect. Petitot, t. LXIX, p. 419.
[288] Mémoires, t. Ier, p. 374.
[289] IIIe carnet, p. 28, 34, 70, 82, 84, 85 et 91; IVe carnet, p. 5.
[290] IIIe carnet, p. 88.
[291] IVe carnet, p. 8.
[292] Bibliothèque Mazarine, Lettres de Mazarin; lettres françaises, t. I, fol. 274, recto.
[293] Lettres italiennes de Mazarin, t. I, lettre à Ondedei, du 25 mars 1645, fol. 226, verso; ibid., lettre du 8 mai à Vincenzo Martinozzi, fol. 240, verso; ibid., lettre du 26 mai à Paolo Macarani, fol. 246; ibid., lettre du 2 juin au cardinal Grimaldi, fol. 248; ibid., lettre à Ondedei, du même jour; ibid., lettre au cardinal Grimaldi, du 15 juillet, et à Ondedei, du 5 septembre; au cardinal Grimaldi, 2 juin 1645, fol. 248; à Ondedei, 2 juin 1645; au cardinal Grimaldi, 15 juillet 1645; à Ondedei, 5 septembre 1645. Voyez l'Appendice.
[294] Carnet IVe, p. 8.
[295] Personne, à Paris, ne doutait qu'on ne suivît très-sérieusement l'affaire des deux gentilshommes. Une correspondance privée fort curieuse, conservée aux Archives des affaires étrangères, France, t. CV, contient une lettre d'un nommé Gaudin à Servien, l'habile diplomate, sous la date du 31 octobre 1643, où se trouve le passage suivant, qui reproduit presque dans les mêmes termes celui des carnets: «L'on a fait recherche des hotelleries au fauxbourg Saint-Germain où les deux gentilshommes emprisonnés dans la Bastille ont logé. En voyant qu'on ne pouvait rien découvrir par leurs interrogatoires et ceux de leurs laquais, on a aussi emprisonné les hotes et hotesses desdites hotelleries, à sçavoir, du Sauvage et de quelque autre, pensant les intimider et tirer quelque confession du fait dont ils sont soupçonnés; ce qui n'a non plus servi; et ils ont été relâchés.»
[296] IVe carnet, p. 9.
[297] Mémoires de Henri de Campion, etc., 1807, à Paris, chez Treuttel et Würtz, in-8o. Petitot en a donné seulement un extrait à la suite des Mémoires de La Châtre, t. LI de sa collection.
[298] Recueil souvent cité.
[299] Voyez le chapitre IV, p. 181-182.
[300] Voyez la Jeunesse de Mme de Longueville, chap. II et chap. III. C'est vraisemblablement aussi la partie de plaisir que décrit Scarron, t. VII, p. 178, Voyage de la Reine à La Barre.
[301] Voyez dans la Jeunesse de Mme de Longueville, chap. III, la lettre de cachet adressée à Mme de Montbazon.
[302] IIIe carnet, p. 10, en espagnol: Sy yo creyera lo que dicen que S. M. se sierve di mi per necessidad, sin tener alguna inclinacion, no pararia aqui tres dias.»
[303] IIe carnet, p. 65: «Quitarse la masqhera.»
[304] IIIe carnet, p. 45: «...mas contodo esto siendo el temor un compagnero inseparabile dell'affeccion, etc., etc.»
[305] IVe carnet, p. 3: «La giallezza cagionata dà soverchio amore.»
[306] Mémoires, t. Ier, p. 185.
[307] IIIe carnet, p. 93 et dernière: «Ogniuno mi dice che li disegni contra me non cesseranno, finche si vedrà che appresso di S. M. vi è un potente partito contro di me, e capace d'acquistar lo spirito di S. M. quando mi succeda una disgrazia.»
[308] Tome Ier, p. 185.
[309] IIIe carnet, p. 88: «Tutto il popolo gode e diceva: eccolà quello che voleva turbar il nostro riposo!»
[310] Mme de Motteville, t. Ier, p. 190: «On envoya ordre à M. et à Mme de Vendôme et à M. de Mercœur de sortir incessamment de Paris. Le duc de Vendôme s'en excusa d'abord sur ce qu'il était malade, mais pour le presser d'en partir et lui faire faire son voyage plus commodément, la reine lui envoya sa litière.»
[311] IIIe carnet, p. 40: «Permissione a Chatonof di veder la regina ed ordine di andar in Turena.» Olivier d'Ormesson, dans son Journal donne cet ordre sous la date du 3 septembre 1643.
[312] Mémoires, t. LI de la collect. Petitot, p. 244.
[313] Recueil, etc., p. 133: «Je ne pouvois désirer une plus grande consolation dans mes malheurs que la permission que vous me donnez d'aller à Dampierre; la crainte que vous me témoignez avoir qu'on me surprenne sur les chemins est très-obligeante, mais je prendrai si bien garde à moi que ce malheur ne m'arrivera pas. Je ne marcherai point de jour, et les nuits sont si obscures que je ne serai vu de personne.»
[314] IVe carnet, p. 1: «Hebert, mestre d'hotel di Mma di Cheverosa, tre volte in tre giorni a Aneto dà M. di Vendomo.»
[315] IVe carnet, p. 3: «Lettera per altra strada di Cheverosa alla regina.»
[316] IIIe carnet, p. 81 et 82: «Allontanar Cheverosa che fà mille caballe.»
[317] La Châtre, ibid. Voyez aussi une lettre inédite de La Porte, Bibliothèque impériale, IIe portefeuille du docteur Valant, p. 107. Voyez l'Appendice.
[318] IIIe carnet, p. 86: «Mma di Cheverosa sortita havendo somme considerabili di denari contanti. S. M. sa ben li suoi disegni, e che se li da 200 mil lire, come pretende, vi havrà havute 400 mil lire.» Journal d'Olivier d'Ormesson: «19 septembre. Au conseil, j'ouïs Monsieur demander si on avoit payé les deux cent mille livres à Mme de Chevreuse qu'on lui avoit promises.» La Châtre, ibid.: «Elle s'opiniâtra de toucher, avant que de partir, quelque argent qu'on lui avoit promis.»
[319] Archives des affaires étrangères, France, t. CV, lettre de Gaudin à Servien, du 31 octobre 1643: «Le sieur de l'Estrade a fait un compliment à Sa Majesté, de la part du prince d'Orange, sur l'éloignement de Mme de Chevreuse, disant qu'elle avoit fait voir par cette action la bonne intention qu'elle a pour la considération de ses alliés, puisque dès son arrivée ladite dame lui proposa la paix très-facile, et que les Espagnols quitteroient bien volontiers tout ce que les François ont pris, pourvu qu'on leur accordât seulement une chose, qui est l'abandonnement des Suédois et des Hollandois.»
[320] Disons-le en passant avec un regret douloureux: ce beau château, l'honneur de l'Anjou, qu'ont habité tant de grands personnages, depuis le maréchal de Gié, et où plus d'un roi de France reçut une noble hospitalité, n'est depuis longtemps qu'un débris et un souvenir. Les anciens seigneurs du Verger l'ont vendu, racheté, détruit à la fin du XVIIIe siècle. Ils ont abandonné le tombeau de leurs aïeux et le sol de la patrie pour aller jouir, en Autriche, d'une oisive opulence, au lieu de rester parmi nous, de partager notre destinée, bonne ou mauvaise, de renouveler leur gloire et de continuer la nôtre.
[321] Plus haut, chap. V, p. 233, chap. VI, p. 252.
[322] Ibid., et plus bas, p. 304. Voyez surtout Retz, t. I.
[323] Montrésor fut aimé, dit-on, par Mlle de Guise, qui pour demeurer fidèle à cette liaison ne voulut pas se marier. Sur Mlle de Guise, voyez Mme de Motteville, t. Ier, p. 48, et p. 418.
[324] C'est aussi ce qui se tire du silence de Campion; voyez plus haut, chap. VI, p. 266.
[325] Montrésor, Mémoires, ibid., p. 355. «La demeure de Mme de Chevreuse à Tours me donnoit sujet de la voir de fois à autres, et bien que ce fût rarement je ne laissai pas de prendre plus de connoissance de son humeur et tempérament de son esprit que je n'en avois eu dans tout le temps qu'elle avoit été plus heureuse et en plus grande considération. L'abandonnement quasi général où elle étoit de tous ceux qu'elle avoit obligés et qui s'étoient liés d'amitié et unis d'intérêt avec elle me fit juger du peu de foi que l'on doit ajouter aux hommes du siècle présent, par l'état auquel se trouvoit une personne de cette qualité si universellement délaissée dans sa disgrâce; ce qui augmenta le désir en moi de m'employer à lui rendre mes services avec plus de soin et d'affection dans les occasions qui se pourroient offrir. Je n'ignorois pas que les conséquences que l'on voudroit tirer des visites dont j'avois l'honneur de m'acquitter vers elle, ne fussent capables de me nuire et de troubler ma tranquillité; mais l'estime et le respect que j'avois pour sa personne et ses intérêts m'engagèrent d'en courir volontiers le hasard, en observant toutefois cette précaution qu'elles ne fussent trop fréquentes ni qu'il y eût aucune affectation de sa part ni de la mienne. Les traverses dont toute sa vie avoit été agitée n'étoient pas prêtes à finir.»
[326] IVe carnet, p. 14.
[327] Ibid., p. 48 et 49: «Più animate che mai et in speranza di far qualche cosa contra me con il tempo.»
[328] Ibid., p. 95 et 96: «26 febraio 1643 (lisez 1644), l'imbasciator Gorino, lega strettissima con Cheverosa e Vandomo et altri della corte e fuori. Risolutione di unir questa caballa a Spagnuoli, e disfarsi del cardinale. Il suddetto spedisce di continuo a Cheverosa, Vandomo et altri. È stato sempre spagnolissimo, et hora più che mai. Dice che il cardinale una volta à basso, il detto partito trionfara. Giar (Jars), confidentissimo di Gorino, è sempre in speranza del ritorno di Chatonof. Craft, più bruglione, più spagnolo, et più del partito del suddetto... Ha detto mille improperii della regina... S. M. faccia scriver una buona lettera al Re e Regina d'Inghilterra dolendosi del procedere de' suoi ministri e di quello scrisse Gorino, etc.»
[329] Mme de Motteville, t. Ier, p. 233, etc.—Craft accompagnait la reine d'Angleterre. Voyez l'Appendice, notes sur le chap. VII, Mme de Chevreuse en Touraine.
[330] Ve carnet, p. 105: «S. Maestà puol dire al commendatore di Giar e a madamigella di Fruges che, sebbene S. M. per civiltà ha detto che per veder o no Mma di Cheverosa non sa ne curava, ad ogni modo la regina della gran Bretagna non dovrebbe admetter la visita d'una persona che per sua mala condotta ha perdute le grazie di S. M.»
[331] Archives des affaires étrangères, France, t. CVII, lettre de Gaudin à Servien du 31 mai.
[332] Ibid. «Tours, 20 novembre 1644. Madame, Encore que le seul bien que j'avois espéré, dans l'esloignement de l'honneur de votre présence, ait esté de mériter celui de votre souvenir par la continuation de mes devoirs, je me suis privée de l'un et de l'autre, depuis que j'ai sceu que cette retenue vous seroit une plus agréable marque de mon obéissance, que j'ai tasché toujours de tesmoigner à V. M., plus tost par ce que j'ai cru plus conforme à ses intentions que par ce qui me pouvoit d'advantage satisfaire. Mais, comme V. M. m'a asseurée que le temps de cette absence ne diminueroit rien de la bonté qu'elle a fait cognoistre à tout le monde pour les choses qui me touchent, je crois, Madame, qu'autant vous avez pu juger de mon respect par le temps qu'il y a que je me suis retranchée la satisfaction de ces devoirs, autant je puis espérer de V. M. qu'elle aura agréable que j'y aie recours aux occasions importantes à mon repos. J'avois eu pouvoir sur moi de me retenir à la première qui s'est présentée de la détention de mon controlleur, quoique vous ne pouvez plus douter, Madame, que dans la créance que j'ai de son innocence, il ne m'ait été extrêmement sensible que cette qualité de mon domestique ait été la seule présomption de son crime. Mais je vous advoue que celle qui est arrivée encor depuis 4 ou 5 jours par l'emprisonnement d'un médecin italien, qui est chez moi depuis quelque temps, me touche tellement que je ne puis croire estre assez malheureuse pour que V. M. refuse cet accès à mes justes ressentiments; ce qui s'est fait encor avec des violences qui ne furent jamais pratiquées en semblables choses, aiant pris l'occasion pour cela qu'il estoit dans le carrosse de ma fille, laquelle on fist descendre, deux archers lui tenant le pistolet à la gorge et lui criant sans cesse tue, tue, et autant aux femmes qui estoient avec elle. Ce procédé est si extraordinaire que, comme j'attends de votre justice qu'elle me fasse rendre satisfaction en la personne de ma fille, j'ose me promettre de même que votre bonté m'asseurera à l'advenir contre de telles rencontres; et j'ai de si fascheuses expériences de mon malheur que V. M. trouvera bon que je lui demande protection avec d'autant plus d'instance que m'ayant ordonné de demeurer en ce lieu où je me suis privée du seul bien que je souhaite au monde, c'est la seule consolation qui me reste que d'y avoir sûreté pour moi et ma maison, et de pouvoir prier Dieu en repos qu'il vous comble d'autant de prospérités que vous en désire, Madame, de V. M., la très-humble et très-obéissante sujette, Marie de Rohan.»
[333] Montrésor, ibid., p. 356: «Ce traitement (l'emprisonnement de son médecin) souffert par un homme qui étoit son domestique, précéda de peu de jours celui qui arriva en sa personne. Riquetty, exempt des gardes du corps du roy, fut envoyé à Tours pour lui porter le commandement de se retirer à Angouleme où il la devoit mener. La crainte d'y être retenue et mise sous sûre garde dans la citadelle, fit une telle impression dans son esprit qu'elle se résolut à s'exposer à tous les autres périls qui lui pourroient arriver, pour se garantir de celui de la prison qu'elle croyoit être inévitable à moins d'y pourvoir promptement.»
[334] Montrésor, ibid.: «Pour l'exécuter (ce projet d'évasion), il falloit beaucoup d'invention et d'adresse qui ne lui manquèrent point... Elle se sauva de Tours dès le même jour, accompagnée de mademoiselle sa fille, qui ne la voulut point abandonner, et de deux domestiques tels qu'elle les avoit pu choisir avec une extrême diligence. Elle se rendit en Bretagne, chez le marquis de Coetquen, de qui elle reçut les services et les assistances qu'elle s'étoit promises, par la facilité qu'il donna à son embarquement. Cette résolution hasardeuse pouvant être sujette à beaucoup d'inconvénients, n'ayant au dehors nulle retraite assurée, elle jugea qu'il étoit plus à propos de confier ses pierreries au marquis de Coetquen que de les emporter avec elle. Cette considération l'obligea de les laisser entre ses mains, et la bonne volonté qu'elle conservoit pour moi à m'écrire une lettre qui contenoit plusieurs témoignages de l'honneur de son souvenir, et des excuses infiniment obligeantes de ne m'avoir pas consulté dans une rencontre si importante, sur ce qu'il avoit fallu qu'elle usât nécessairement d'une si grande précipitation qu'elle n'avoit pas eu un moment de délibérer pour m'en faire entrer en connoissance.» Plus tard, elle pria le marquis de Coetquen de remettre ses pierreries à Montrésor, qui les rendit à un envoyé de Mme de Chevreuse. Mais Mazarin, croyant mettre la main sur quelque grand mystère, fit arrêter Montrésor et le tint quelque temps en prison, jusqu'à ce que, mieux informé, et surtout pressé par Mlle de Guise, il le relâcha en lui faisant des excuses. Voyez les Mémoires de Montrésor, ibid.—Disons aussi que Mazarin, si sévère envers Montrésor, qu'il savait un conspirateur dangereux, montra de l'indulgence envers le marquis de Coetquen dont les intentions avaient été honorables. Dans ses Lettres françaises conservées à la Bibliothèque Mazarine, nous trouvons celle-ci qui lui fait honneur, et que Richelieu peut-être n'aurait pas écrite. Fol. 376: à M. le marquis de Couaquin, 7 mai 1645: «J'ai vu par celle que vous avez pris la peine de m'écrire, l'avis que vous me donnez du passage de madame la duchesse de Chevreuse dans l'une de vos maisons. Sur quoi ayant entretenu le gentilhomme que je vous renvoye, j'ai estimé superflu de vous écrire ici le particulier de ce que je lui en ai dit. M'en remettant donc à sa vive voix, je me contenterai de vous assurer que j'ai reçu comme je dois les preuves que vous me donnez de votre affection pour le service du roi en cette rencontre. Je n'ai pas manqué de représenter à la reine tout ce que je devois, excusant ce qui s'est passé par les raisons que vous mandez, et par celles que le dit gentilhomme a déduites, etc.»
[335] Archives des affaires étrangères, France, t. CVI, p. 162. Lettre de Mme de Chevreuse à «M. le comte de Pembroc, de l'île d'Ouit, du 29 avril 1645»: «Monsieur, La continuation de mon malheur m'obligeant à sortir promptement de France pour conserver en un pays neutre la liberté que le pouvoir de mes ennemis me vouloit oster dans le mien, le seul chemin que j'aye trouvé favorable pour éviter cette disgrâce a esté de m'embarquer à Saint-Malo pour passer en Angleterre et delà en Flandres, pour me rendre au pays de Liége, d'où en sûreté je puisse justifier mon innocence, si l'on me veut écouter, ou au moins me garantir de la persécution que la haine et l'artifice du cardinal Mazarin m'a procurée depuis un an et demi. M'estant mise en chemin à cette intention dans une barque que je trouvai preste à partir pour Darthemouth, d'où je faisois estat en arrivant d'envoyer quérir les passe-ports qui me seroient nécessaires pour aller à Douvres et m'y embarquer pour Dunkerque, elle a été prise par deux capitaines des navires de guerre qui sont sous l'autorité du Parlement, dans lesquels je suis arrivée en cette isle d'Ouit, dont j'ay appris que vous estiez gouverneur, ce qui m'a bien resjouie, m'assurant en vostre vertu et courtoisie que vous ne me refuserés pas la supplication que je vous fais de demander à Messieurs du Parlement un passe-port pour aller d'ici à Douvres et m'y embarquer pour passer à Dunkerque où le misérable estat de mes affaires me presse de me rendre au plustot. C'est une grâce que j'espère de la justice de messieurs du Parlement, qu'ils auront la bonté de ne pas me faire attendre, puisque la confiance que j'ay en leur générosité et la résolution où je suis de ne me rendre jamais indigne d'en recevoir des effets, m'en peut justement faire espérer le bien que j'attendrai impatiemment par le retour de ce porteur que j'envoye exprès pour ce subject à Londres avec l'homme de vostre lieutenant en cette isle, duquel je crois que vous recevrés un compte plus particulier des accidents de mon voyage. Je les abrége le plus que je puis pour ne vous importuner pas d'un si long discours, et il suffit de vous faire entendre le besoing que j'ay de vostre assistance en l'estat où je suis pour avoir promptement le passe-port que je demande à Messieurs du Parlement, et de vous supplier de croire que je n'aurai jamais de satisfaction entière que je ne vous aye témoigné par mes services que vous avés obligé une personne qui sera toute sa vie parfaitement, Monsieur, Votre très-humble et très-affectionnée servante, Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse.»
[336] Archives des affaires étrangères, t. CIX, Gaudin à Servien, 20 mai 1645: «L'on écrit d'Angleterre que Mme de Chevreuse est encore à l'île de Wick, que messieurs du Parlement ne lui ont voulu bailler navire ni passe-port pour passer à Dunkerque, etc.»—Bibliothèque Mazarine, lettres françaises de Mazarin, folio 415, 22 juillet 1645: «On peut juger, dit Mazarin, si on a une grande haine pour Mme de Chevreuse, puisque, lorsqu'elle étoit au pouvoir des parlementaires d'Angleterre, ils ont offert de la remettre entre nos mains, et qu'on ne s'en est pas soucié.»
[337] IVe carnet, p. 81 et 82; carnet Ve, p. 18, 68 et 115.
[338] Carnet V, p. 48: «Mma di Cheverosa, gran corrispondenza con lui (le duc de Bouillon) e con Piccolomini, e questo con Buglione. La Strozzi governa Piccolomini e la Strozzi è tutta di Mma di Cheverosa.»
[339] Bibliothèque Mazarine, lettres françaises de Mazarin à Mme la princesse de Phalzbourg, 23 juillet 1645, fol. 415. «...6 (Mazarin) ne doute point d'être déchiré de Mme de Chevreuse, mais tout le monde sait que le plus grand crime qu'il ait commis envers elle, c'est de l'avoir bien servie, et d'avoir recherché avec tous les soins imaginables son amitié à son retour de Flandres. Il est malaisé d'être bon François, de travailler pour la grandeur de ce royaume, de ne vouloir pas de négociations particulières avec les Espagnols, et de contenter Mme de Chevreuse. Elle hait 6 parce qu'elle l'a offensé au dernier point. Elle se dit persécutée et innocente; mais son médecin qui est à la Bastille après avoir fait par son ordre le voyage d'Espagne, n'en est pas d'accord, et outre cela 6 avoit en main de quoi la confondre, si la crainte de l'être ne lui eût fait prendre la résolution de s'enfuir. Je prie Dieu qu'il envoye à 6 le mal qu'il veut à Mme de Chevreuse. La plus grande punition qu'elle puisse avoir sera le remords qu'elle aura toujours dans son âme d'avoir si mal correspondu à son devoir, et de s'être perdue de gaieté de cœur, quand il étoit en son pouvoir d'être une des plus heureuses femmes qui fût au monde. On ne doute point qu'elle n'aura rien oublié pour imprimer dans l'esprit du duc de Lorraine qu'il ne doit jamais se fier ni à (la reine) ni à (Mazarin); et comme elle ne manque pas d'artifice, et croit avoir un grand ascendant sur l'esprit de ce prince, je ne doute point qu'elle ne lui fasse de grandes impressions...»—Lettre du 30 septembre 1645, ibid., fol. 448: «.....Mme de Chevreuse aussi bien que quelques autres personnes qui pourroient avoir dans ce royaume les mêmes intentions qu'elle de brouiller, ne peuvent rendre un plus mauvais service aux Espagnols que de leur donner, comme elles font, de fausses espérances sur lesquelles, comme on croit aisément ce qu'on désire, ils pourroient s'embarquer obstinément dans la conduite de la guerre, sans songer sérieusement aux moyens de faire la paix, qui semble être le plus grand bien qui leur puisse arriver dans l'état présent des affaires. Mme la princesse de Phalsbourg a fort bien jugé ce que c'étoit que l'affaire du Languedoc; tout y est plus tranquille que dans Fontainebleau même, et il ne dépend que de Leurs Majestés de prendre telle résolution qu'elles voudront et de la faire exécuter avec toute facilité; on sera pourtant bien aise d'apprendre la continuation de la conduite et des intrigues de ladite dame.....»—Du 11 novembre, fol. 468: «M. le cardinal remercie Mme la princesse de Phalsbourg des nouvelles marques qu'elles lui a données de son affection... il la supplie de lui donner souvent des nouvelles de ce qui se passe par delà, et particulièrement de Mme de Chevreuse...»—Du 2 décembre, fol. 476... «Il seroit extrêmement important de découvrir le sujet pour lequel a été arrêté l'homme de Mme de Chevreuse, et la reine prie la princesse de Phalsbourg de ne rien oublier pour en savoir la vérité, puisque l'on a déjà ici quelques lumières, par le côté de Liége, de certaines propositions que ladite dame avoit faites aux ministres d'Espagne, qui sont par delà...»—Du 23 décembre, fol. 492... «Le cardinal remercie très-humblement Mme la princesse des avis qu'elle lui a donnés; il la supplie de continuer à lui faire la même grâce, et particulièrement en ce qui concerne Mme de Chevreuse, laquelle, selon les avis qu'on en a de divers endroits, ne songe qu'à faire des menées contre ledit cardinal... Le cardinal Mazarin a tâché de servir toujours sincèrement le duc de Lorraine, et il a cru que ce ne seroit pas un petit bien pour la France que celui de l'attachement d'un prince de tant de mérite, et si capable d'augmenter dans la guerre les prospérités de ce royaume. Ledit cardinal a été fort marri que tous ses soins n'aient pas produit l'effet qu'il s'étoit promis, ayant fait accorder par la reine toutes les satisfactions que ledit duc pouvoit raisonnablement désirer. Il est vrai qu'à présent ledit cardinal n'a pas grand crédit sur ce point, n'ayant pas réussi aux promesses positives qu'il avoit faites que le duc de Lorraine entreroit en ce pays, moyennant ce qu'il avoit arrêté avec Plessis Besançon...»—Mme de Chevreuse correspondait aussi de Liége avec les mécontents de l'intérieur comme on le voit par une lettre de Mazarin du 28 septembre de cette même année 1645 à l'abbé de La Rivière, ibid., fol. 453: «J'ai souvent eu les mêmes avis que vous me donnez de la correspondance des Importans avec la dame dont vous m'écrivez. Nous nous en entretiendrons à notre première vue.»
[340] Voyez la Jeunesse de Mme de Longueville, chapitre IV, p. 288, et p. 321-326.
[341] Une pièce de la dernière importance et qui jette un grand jour sur toutes les intrigues de Mme de Chevreuse en 1646 et 1647, et aussi sur l'état des esprits en France à la veille de la Fronde, et sur l'ambition inquiète qui avait pénétré dans la maison de Condé, c'est un mémoire d'un agent espagnol, que nous avons déjà rencontré dans l'affaire du comte de Soissons, l'abbé de Mercy, mémoire adressé au gouvernement des Pays-Bas, et où l'abbé montre tout ce que pourraient contre Mazarin, Saint-Ybar et surtout Mme de Chevreuse, s'ils étaient mieux soutenus. Cette pièce est intitulée: Mémoire sur ce qui s'est négocié et traité au voyage de l'abbé de Mercy en Hollande entre lui, le comte de Saint-Ybar et Mme la duchesse de Chevreuse. La pièce est datée du 27 septembre 1647, et signée P. Ernest de Mercy. Elle fait partie des papiers de la secrétairerie d'État espagnole qui se trouvent dans les archives générales du royaume de Belgique à Bruxelles. Voyez l'Appendice, notes sur le chapitre VII, Mme de Chevreuse en Flandre.
[342] Voyez les dernières pages de la Jeunesse de Mme de Longueville, et Mme de Longueville pendant la Fronde, surtout chapitre IV.
[343] Plus haut, chap. V, p. 215, nous avons vu La Rochefoucauld vanter Châteauneuf comme «plus capable que nul autre de rétablir l'ancienne forme de gouvernement que le cardinal de Richelieu avoit commencé à détruire.» Mais La Rochefoucauld oublie de nous dire quelle était cette ancienne forme de gouvernement qu'il s'agissait de rétablir. En indiquant Richelieu comme celui qui a commencé à la détruire, il semble la placer sous Henri IV; mais si telle était sa pensée, il ne pouvait se tromper davantage, car c'est précisément Henri IV qui a commencé l'œuvre de Richelieu. Il faut donc remonter plus haut. Retz l'a bien senti, et pour retrouver cette ancienne et libre constitution de la France dont il prétend qu'il poursuivait le rétablissement, il erre à travers l'histoire, et il est forcé de reculer jusqu'au moyen âge, car il avoue que Richelieu reçut cette constitution altérée et corrompue depuis très longtemps, et il ne l'accuse que «d'avoir fait un fond de toutes les mauvaises intentions et de toutes les ignorances des deux derniers siècles.» Mémoires, t. Ier, livre II, etc. Or, on sait de quelle heureuse et libérale constitution jouissait la France deux siècles avant le XVIIe.
[344] Voyez plus haut, chap. V, p. 235.
[345] Voyez plus haut, chap. II, p. 64.
[346] La Jeunesse de Mme de Longueville, chap. IV, p. 338.
[347] Sur tous les personnages ici indiqués, voyez la Jeunesse de Mme de Longueville, etc., et Mme de Longueville pendant la Fronde.
[348] Mémoires, t. Ier, Voilà l'unique fait, plus ou moins sûr, d'où Retz tire cette belle conclusion qui fait autant d'honneur à sa logique qu'à sa délicatesse: «Qu'il n'étoit pas difficile de donner un amant à Mme de Chevreuse, de partie faite.» Voyez plus haut, chap. Ier, p. 14.
[349] Retz, qui, comme nous l'avons déjà fait remarquer, chap. Ier, p. 15, finit par détester Mme de Chevreuse, parce qu'elle refusa de le suivre dans les derniers et extravagants projets dont nous parlerons tout à l'heure, prétend qu'en 1649 elle n'avait plus même de restes de beauté; cela ne se peut, car elle en avait encore en 1657, comme on le voit par le portrait de Ferdinand, gravé par Balechou, dans l'Europe illustre d'Odieuvre, où elle est représentée en veuve, avec une figure si fine, si expressive, si distinguée.
[350] Mémoires, ibid.: «Laigues qui avoit une grande valeur, mais peu de sens et beaucoup de présomption.»
[351] Mémoires du jeune Brienne, par M. Barrière, t. II, chap. XIX, p. 178: «Le marquis de Laigues qui certainement étoit mari de conscience de la duchesse.»
[352] Cette mazarinade est si peu connue que nous en donnerons ici une idée. Comme presque toutes les mazarinades elle est in-4o; elle n'a pas plus de huit pages. «A Paris, chez Jean Henault, au palais, dans la salle Dauphine, à l'Ange Gardien. MDCXLIX. Avec permission.» On y fait un éloge emphatique et pédantesque de la naissance, de l'héroïsme et de la beauté de Mme de Chevreuse. «La beauté du corps est souvent un indice de la beauté de l'âme, pour ce que de la qualité du tempérament se forme la qualité des coutumes, et que l'excellence de la forme procède en quelque façon de la belle disposition de la matière.»—«Cette princesse, d'un courage inflexible à tous les abaissements de la fortune, et qui n'a jamais voulu plier sous la tyrannie des mauvais favoris, ne veut pas souffrir que nous languissions dans la servitude. Elle s'avance à notre aide, et rassemblant des troupes de toutes parts, elle nous promet sous peu un secours qui ne sera point infructueux. Cet ange de bataille dans l'armée des bons Français s'apprête à se couronner de lauriers que nous moissonnerons ensemble. Plusieurs ont assemblé des richesses pour relever leur fortune; mais cette princesse, qui ne tire la sienne que de sa naissance, alliée aux royales maisons de France, de Navarre, de Milan et de Bretagne, ne fait qu'un marchepied de tous ses biens pour monter à la gloire.»—«Chacun suit ses conseils comme des oracles, et tous se rendent sous son étendard. Cette incomparable princesse, ayant appris l'état de nos affaires présentes, après avoir rallié diverses troupes de cavalerie du Barrois et de la Champagne, a, selon les avis que nous en avons reçus, passé déjà la rivière de Somme avec la diligence nécessaire en cette pressante occasion, et s'alliant à l'armée de Monsieur le maréchal de Turenne, nous espérons que par un commun accord de tous les bons François, nous achèverons heureusement ce que nous avons commencé avec tant de justice pour l'intérêt et le repos publics; et nous conjurons le Dieu des armées que cette princesse vive pour reculer nos sépultures, que le ciel lui rende autant de biens qu'elle en fait à la terre, que la France partage sa gloire avec elle, et que les siècles à venir conservent a jamais la mémoire et le nom glorieux de cette amazone françoise sous le nom de Mme la duchesse de Chevreuse.»
[354] Nous avons retrouvé et publié l'un des deux exemplaires originaux du traité général, avec les signatures authentiques, et donné aussi les deux traités particuliers, Mme de Longueville pendant la Fronde, chap. Ier, et Appendice, notes du chap. Ier, p. 371-384. Nous reproduisons ici le traité pour le mariage de Mlle de Chevreuse avec Armand de Bourbon, prince de Conti. «Messieurs les princes de Condé et de Conty, et Monsieur et Madame de Longueville, recognoissant combien leur union avec son Altesse Royale leur est honorable et advantageuse au public, et que les alliances peuvent beaucoup servir à l'affermir, nous ont conviée, Anne de Gonzague, princesse Palatine, de faire trouver bon à son Altesse Royale que M. le prince de Conty recherchast en mariage Mlle de Chevreuse qui a l'honneur d'estre de la maison de Mme la duchesse d'Orléans, et honorée particulièrement de la bienveillance de Son Altesse; ce qui ayant été agréé par sadite Altesse et receu avec respect par Mme de Chevreuse, nous, princesse palatine, promettons au nom et en vertu du pouvoir que nous avons de Messieurs les princes et de Mme de Longueville, et engageons la foy et l'honneur de M. le prince de Conty, que, sitôt qu'il sera en liberté, il passera les articles qui seront trouvés raisonables entre luy et Mlle de Chevreuse, et l'épousera en face de nostre mère sainte Église, et avons déclaré que M. le Prince, M. et Mme de Longueville ont aussy trouvé bon que nous engageassions leur foy et leur honneur qu'ils consentiront, agréeront et approuveront ledit mariage; et pour la validité de cest article, il a esté signé par son Altesse Royale d'une part, et Mme la princesse Palatine, d'autre; et Mme de Chevreuse y est intervenue; et a esté signé en double.—Fait le 30 janvier 1651, Gaston, Anne de Gonzague, Marie de Rohan.»
[355] La Société française au XVIIe siècle, chap. Ier, p. 54.
[356] Voyez les détails de cette intrigue obscure et compliquée dans le Ier chap. de Mme de Longueville pendant la Fronde.
[357] Châteauneuf fut garde des sceaux un peu plus d'une année, de mars 1650 jusqu'en avril 1651. Il mourut en 1653 à l'âge de soixante-treize ans. On voyait autrefois son tombeau et celui de sa famille dans la cathédrale de Bourges; il n'y reste plus que sa statue en marbre avec celle de son père Claude de l'Aubespine et de sa mère Marie de La Châtre, de la main de Philippe de Buister.
[358] Qu'il me soit permis de détacher ici de notre ouvrage sur Mme de Longueville pendant la Fronde, chap. Ier, le portrait suivant de Retz, qui n'est pas un portrait de fantaisie: «Né plus remuant encore qu'ambitieux, mauvais prêtre, impatient de son état, et s'étant longtemps agité pour en sortir, Paul de Gondy s'était formé aux cabales en composant ou traduisant la vie d'un conspirateur célèbre; puis passant vite de la théorie à la pratique, il était entré dans un des plus sinistres complots ourdis contre Richelieu, et pour son coup d'essai il avait fait la partie, lui jeune abbé, d'assassiner le cardinal à l'autel pendant la cérémonie du baptême de Mademoiselle. En 1643, il n'eût pas manqué de se jeter parmi les Importants, mais le titre de coadjuteur de Paris qu'on venait de lui accorder en récompense des services et des vertus de son père l'arrêta. La Fronde semblait faite tout exprès pour lui. Il en fut un des pères avec La Rochefoucauld. En vain, dans ses mémoires, il met en avant des considérations générales: il ne travaillait que pour lui-même, ainsi que La Rochefoucauld, lequel du moins a la bonne foi d'en convenir. Forcé de rester dans l'Église, Retz voulait y monter le plus haut possible. Il aspirait au chapeau de cardinal; il l'obtint bientôt, grâce à d'incroyables manœuvres; mais son objet suprême était le poste de premier ministre, et pour y parvenir voici le double jeu qu'il imagina et qu'il joua jusqu'au bout. Voyant que Mazarin et Condé n'étaient pas des chefs de gouvernement qui pussent laisser à d'autres à côté d'eux une grande importance, il entreprit de les renverser l'un par l'autre, de faire sa route entre eux deux, et d'élever sur leur ruine le duc d'Orléans sous le nom duquel il eût gouverné. C'est pourquoi il poussait incessamment et le duc d'Orléans et le Parlement et le peuple à exiger, comme la première condition de tout accommodement avec la cour, le renvoi de Mazarin; et en même temps il se portait dans l'ombre comme un bienveillant conciliateur entre la royauté et la Fronde, promettant à la reine, le sacrifice indispensable accompli, d'aplanir toutes les difficultés et de lui donner Monsieur en le séparant de Condé. Tel est le vrai ressort de tous les mouvements de Retz en apparence les plus contraires: d'abord le cardinalat, puis le ministère sous les auspices du duc d'Orléans associé en quelque sorte à la royauté, sans Mazarin ni Condé. Il a beau envelopper son secret d'un voile de bien public, ce secret éclate par les efforts mêmes qu'il fait pour le cacher, et il n'a pas échappé à la pénétration de La Rochefoucauld, son complice au début de la Fronde, puis son adversaire, qui l'a parfaitement connu et l'a peint de main de maître, comme aussi Retz a très-bien connu et peint admirablement La Rochefoucauld. Retz a été le mauvais génie de la Fronde: il l'a toujours empêché d'aboutir, soit avec Mazarin, soit avec Condé, parce qu'il ne voulait qu'un gouvernement faible où il pût dominer. Pour arriver à son but, il était capable de tout: intrigues souterraines, pamphlets anonymes, sermons hypocrites dans la chaire sacrée, discours étudiés au parlement, émeutes populaires et coups de main désespérés, etc.»
[359] Lettres du cardinal Mazarin à la Reine, à la Princesse palatine, etc., écrites pendant sa retraite hors de France en 1651 et 1652, etc., par M. Ravenel. Dans les deux premières lettres, Mazarin exaspéré rassemble tout ce qui se peut dire de vrai et aussi d'exagéré contre Retz et Mme de Chevreuse alors parfaitement unis.
[360] Voyez à la Bibliothèque impériale, fonds Gaignière, no 2799, un Recueil inédit de lettres autographes et chiffrées de Mazarin à l'abbé Fouquet, frère du futur surintendant, où Mazarin demande sans cesse l'opinion et les bons offices de Mme de Chevreuse.
[361] Aussi l'exigeante et ombrageuse comtesse de Maure lui reproche-t-elle plus d'une fois de garder son crédit pour M. de Laigues. Mme de Sablé, Appendice XXII, p. 504-505. Voyez aussi à la Bibliothèque impériale, Saint-Germain françois, no 709, t. XLVI, p. 91, lettre de Mme de Chevreuse au chancelier Séguier, avril 1668, où elle lui recommande une affaire de M. de Laigues contre Mme de Nouveaux—Parmi les grâces que Mme de Chevreuse sollicita, la plus singulière est celle d'une sorte de suzeraineté sur les îles de la Martinique, qu'elle se proposait d'acquérir. Voilà du moins ce qui résulte de la pièce suivante, archives des affaires étrangères, registres d'Amérique: «Mémoire de Mme la duchesse de Chevreuse pour Son Éminence.» «Au-devant des grandes isles de l'Amérique possédées par les Espagnols, il y en a plusieurs moindres appelées Antilles, à quinze cents lieues de France, pour lesquelles peupler il se forma, en 1626, à Paris, une société ou compagnie à qui le roy en accorda la seigneurie et propriété avec plusieurs beaux droits et priviléges contenus en les lettres de concession du mois de mars 1642. Mais cette compagnie, voyant qu'elle ne pouvoit qu'avec grande peine et beaucoup de frais continuer ainsi qu'elle avoit commencé le peuplement de ces isles, résolut de s'en défaire. Ainsi elle vendit en 1649 celle de la Guadeloupe et autres voisines à monsieur Houël; en 1650 celle de la Martinique et autres en dépendantes à feu monsieur Duparquet, et en 1651 celle de Sainct-Christofle avec les autres restantes à l'ordre de Malthe, auquel le roy a depuis cédé tous ses autres droits royaux à la seule réserve de l'hommage, avec la redevance d'une couronne d'or de mil escus à chaque mutation de roy, ainsi qu'il est plus amplement porté par les lettres patentes du mois de mars 1653. A présent, madame de Chevreuse ayant appris que les enfants de feu M. Duparquet avoient dessein de vendre les isles de la Martinique dont ils sont seigneurs, elle a eu pensée de les achepter en cas qu'il plaise au roy de lui accorder sur lesdites isles, non comprises en la susdite vente faite à l'ordre de Malthe, les mesmes droits qu'elle a accordés audit ordre sur les isles de Sainct-Christofle, et faire que ma dite dame en jouisse à un titre plus honorable et plus relevé que ne font les particuliers qui en sont seigneurs, se soumettant aussi à l'hommage avec quelque redevance à chaque mutation de roy, à y entretenir toujours la religion catholique, apostolique et romaine, à ne les jamais faire passer en d'autres mains que de François et à toutes les autres conditions qu'il plaira à Sa Majesté de lui imposer.»
[362] Mémoires du jeune Brienne, t. Ier, ch. VII, p. 218: «Elle fit alliance avec les Colbert et maria son petit-fils à la fille d'un homme qui n'auroit jamais cru, dix ans auparavant, faire ses filles duchesses. Il fallut écraser pour cela le pauvre M. Fouquet; elle le sacrifia sans scrupule à l'ambition de son compétiteur. Je raconterai bientôt cette intrigue avec des particularités nouvelles. Mme de Chevreuse la conduisit avec ardeur; c'est la dernière action de sa vie.» Ibid., t. II, ch. IV, p. 178: «La duchesse de Chevreuse étoit avec le marquis de Laigues à Fontainebleau pour cette affaire (celle de Fouquet). Elle avoit obligé celui-ci à s'allier à M. Colbert le ministre, qui n'étoit même alors que contrôleur des finances... Ayant conservé assez d'ascendant sur l'esprit de la reine mère, elle la fit consentir à la perte de M. Fouquet, quoique Sa Majesté l'aimât, parce qu'il l'avoit toujours bien fait payer de son douaire et des pensions considérables que le roi son fils lui donnoit depuis sa majorité.» A l'appui de ces renseignements, nous trouvons parmi les papiers de Fouquet, qui étaient dans la fameuse cassette et qui sont aujourd'hui conservés dans l'armoire de Baluze à la Bibliothèque impériale, armoire V, paquet 4, no 3, diverses lettres d'un agent secret du surintendant l'avertissant que Mme de Chevreuse travaille contre lui et tâche de lui enlever la protection de la reine mère. Cet agent, qui devait être un seigneur de la cour, avait gagné indirectement le confesseur d'Anne d'Autriche, et c'est par lui qu'il savait les manœuvres de Mme de Chevreuse. Lettre du 21 juillet 1661: «Je n'ai pu rien sçavoir de plus particulier de chez Mme de Chevreuse; mais depuis peu le bonhomme de confesseur est venu ici pour voir la personne dont j'ai eu l'honneur de vous parler autrefois. Il lui a conté tout ce qu'il sçavoit, et entre autres choses lui a dit que depuis quelque temps Mme de Chevreuse lui avoit fait de grandes recherches, qu'elle lui avoit envoyé Laigues plusieurs fois, qu'il lui avoit parlé fort dévotement pour le gagner, mais surtout qu'il lui avoit parlé contre vous, Monseigneur. Je ne m'étendrai pas de quelle sorte, car ce bonhomme a dit qu'il l'avoit conté à M. Pélisson. Il me suffira donc de vous faire sçavoir sur cela que le bonhomme de cordelier se plaint un peu de ce qu'en faisant un éclaircissement à la reine mère, vous l'aviez comme cité, et que lui disant qu'elle alloit à Dampierre parmi vos ennemis et qu'on lui avoit dit des choses contre vous, comme elle nioit qu'on lui eût jamais parlé de la sorte, vous lui dites de le demander au père confesseur; que le lendemain la reine lui avoit dit qu'elle ne pouvoit comprendre comment vous sçaviez toutes choses et que vous aviez des espions partout.» Lettre du 2 août: «Mme de Chevreuse a été ici, et l'on m'a promis de me dire des choses qui sont de la dernière conséquence sur cela, sur le voyage de Bretagne (le voyage de Bretagne et l'arrestation de Fouquet sont du commencement de septembre), sur certaines résolutions très secrètes du roy et sur des mesures prises contre vous.»—Lettre du 4 août: «Mme de Chevreuse, lorsqu'elle fut ici, fut voir deux fois le confesseur de la reine mère. Cependant ce bonhomme cacha cela à M. Pélisson qui l'ayant été voir lui demanda s'il ne l'avoit point vue, ce qu'il lui nia, comme il a dit depuis. Il a encore dit des choses qu'il a données sous un fort grand secret et qui sont de très-grande conséquence. La personne qui les sçait fait difficulté de me les dire, parce que Mme de Chevreuse y est mêlée, et que lui étant aussi proche elle a peine à me les dire.»
[363] Nous sommes bien aise de pouvoir compter Mme de Chevreuse parmi les rares personnes qui ont défendu Port-Royal. En 1664, on avait calomnié auprès du roi M. d'Andilli, et il avait été exilé chez son fils, M. de Pompone. Mme de Sablé, Appendice V, p. 381 et 382: «Mme de Chevreuse n'était pas plus janséniste que moliniste, mais elle se connaissait en grandeur d'âme, et elle admirait Port-Royal. Son fils, le duc de Luynes, était dévoué au saint monastère et il y avait mis ses filles; c'était Mme de Chevreuse qui était venue elle-même les chercher, lorsqu'on avait fermé les écoles de Port-Royal-des-Champs. Elle prit hautement la défense de d'Andilli et en parla avec force à Louis XIV; noble conduite que nous nous empressons de relever, parce qu'elle fait voir que Mme de Chevreuse a pu faire bien des fautes, mais qu'il lui faut tenir compte aussi de la constante générosité qui l'a toujours mise du côté des opprimés contre les oppresseurs». Suivent diverses lettres de d'Andilli à Mme de Sablé qui nous donnent les détails de cette affaire.
[364] L'abbé Le Bœuf, Histoire du diocèse de Paris, t. VI, p. 133, etc. Il cite un auteur du temps qui dit: «Elle n'est nommée dans cette épitaphe ni princesse, ni même très haute et très puissante dame, ni son mari très haut et très puissant prince. Elle mourut dans cette paroisse, au prieuré de Saint-Fiacre de la Maison-Rouge.»
[365] Ainsi Holland lui-même donnait un air français à son nom, et tout le monde favorisait cette habitude de dénaturer les noms étrangers, les modernes comme les anciens.
[366] La ligne est ainsi soulignée dans la copie qui est aux archives.
[367] Ainsi souligné.
[368] Une autre main: le but de son voyage.
[369] Pendant tout le procès, Louvigni n'a cessé de s'entendre avec le cardinal, car il y a aux archives des affaires étrangères, France, t. XXXVIII, dans l'extrait de la correspondance de 1626, un billet de Louvigni à Richelieu, du 15 Juillet: «Il ne peut aller trouver monseigneur le cardinal, de peur de se rendre suspect et de se mettre par là hors d'état de servir.»
[370] Telle est la déposition en quelque sorte authentique de Monsieur. Avait-il été plus loin dans des conversations confidentielles? Nous trouvons dans les papiers de Richelieu, aux archives des affaires étrangères, France. t. XXXIX, fol. 318, ces lignes de la main de Cheré, un des secrétaires du cardinal: «Secretissime... Hébertin (Monsieur) a dit clairement que Chesnelle (la reine Anne) et la lapidaire (Mme de Chevreuse) s'étoient mises à genoux devant lui pour le prier de n'épouser pas Mlle de Montpensier, et qu'autrefois elles lui disoient, voyant cette condition impossible, qu'au moins il ne l'épousât point qu'il ne se fût souvenu du colonel et ne l'eût délivré». Richelieu, dans ses Mémoires, donne ces propos, attribués à Monsieur par sa police, comme les paroles mêmes du prince, quoiqu'il eût sous les yeux la déclaration positive de celui-ci.
[371] Ici encore la police de Richelieu va plus loin que cette relation authentique. Dans le papier précité, écrit de la main de Cheré, nous lisons: «On a vu, par voie secretissime, de la bouche des Dieux accouplés, qui le peuvent savoir, qu'il étoit vrai que Chesnelle (la Reine) croyoit épouser Hébertin (Monsieur), et qu'il y avoit longtemps qu'elle avoit cette espérance». Quels étaient ces Dieux accouplés si fort en état de bien connaître la pensée de la reine Anne?
[372] Les abbayes de Massai, Préaux et Noirlac, qui étoient d'abord à Gabriel de l'Aubespine, évêque d'Orléans, furent à sa mort, en 1630, transportés à son frère Charles.
[373] Frère de Châteauneuf. François de l'Aubespine, marquis de Hauterive, lieutenant général des armées du roi, mort en 1670.
[374] Les Verderonne sont une branche des l'Aubespine. Mme de Verderonne dont parle ici Richelieu est vraisemblablement Louise de Rhodes, femme de Claude de l'Aubespine, seigneur de Verderonne, président de la cour des comptes de Paris.
[375] Voyez la note qui suit.
[376] Donc 9 est une femme. C'est très-certainement Mme de Chevreuse.
[377] Un des principaux officiers de Gaston. Voyez les lettres de Voiture.
[378] Léon de Chavigni, fils du surintendant des finances Claude Le Bouthillier.
[379] Charles, fils du maréchal Henri de Schomberg, lui-même maréchal, et duc de Schomberg à la mort de son père, s'appela d'abord duc d'Halluin, du chef de sa première femme.
[380] Le maréchal d'Effiat, père de Cinq-Mars.
[381] Voyez plus haut, p. 396.
[382] Son neveu.
[383] Le maréchal de Toiras.
[384] Le premier écuyer, alors Saint-Simon.
[385] Probablement un des attachés de l'ambassade.
[386] L'ambassadeur d'Espagne.
[387] Un des officiers de Monsieur, qui le trahissoit et étoit vendu au cardinal. Il y en a une foule de lettres adressées au cardinal et à Chavigni aux Archives des affaires étrangères.
[388] Non pas celles dont il a été question plus haut, mais d'autres lettres antérieures à celles-là, et pour lesquelles Mme du Fargis avait été exilée. Voyez le Journal de M. le Cardinal, etc., etc., édit. de 1665.
[389] Louise de Milley, en religion sœur sainte Estienne, était de Montmartin, en Franche-Comté.
[390] Cette copie manque ici.
[391] La lettre n'est pas signée, mais l'authenticité n'est pas douteuse, l'écriture est tout à fait celle qu'a toujours gardée La Rochefoucauld; c'est la première lettre que nous connaissions du futur auteur des Maximes.
[392] Ibid., fol. 211.—COPIE DE LA RELATION DE M. LE DUC DE LA ROCHEFOUCAULD TOUCHANT Mme DE CHEVREUSE.
«Sur ce que M. le président Vignier m'a dit, de la part du Roi, que Sa Majesté s'étonne qu'après les si hautes obligations que je lui avois, j'eusse eu si peu de ressentiment que je n'aye pu tirer de mon fils de Marcillac la vérité touchant le passage de Mme du Chevreuse et que je n'en aye pas informé Sa Majesté; je lui ai fait réponse qu'étant à la cour, lors dudit passage, et en ayant eu avis par ma femme et mon fils, je fus à l'instant trouver M. le Chancelier auquel je montrai les lettres de ma femme et de mon dit fils, et la copie de la lettre que Mme de Chevreuse avoit écrite à mon fils du lieu de Ruffec; et le lendemain je fus à Ruel où je mis les susdites lettres en copie entre les mains de M. Charpentier, et le priai de les faire voir à Son Éminence, auquel j'eus l'honneur de parler ensuite sur le même sujet autant qu'il me fut possible. Et cinq ou six jours après mon fils m'ayant dépêché un gentilhomme pour m'avertir de ce qu'il avoit appris par le retour d'un gentilhomme qui ramenoit les chevaux et qui l'avoit accompagnée, j'envoyai mon secrétaire à Charonne où, ne pouvant parler à M. Charpentier, il s'adressa à M. Cheré, son neveu, et lui dit qu'il m'étoit arrivé un gentilhomme que m'envoyoit mon fils pour me dire les particularités du passage de Mme de Chevreuse, et comme elle prenoit le chemin d'Espagne. Je le priai de le faire savoir à Son Éminence, chez qui j'allai l'après-dînée, et trouvai dans la basse-cour M. l'abbé du Dorat et quelques autres, qui avec beaucoup de froideur me dit qu'on avoit baillé ce matin un mauvais avis à Son Éminence pour ce que Mme de Chevreuse n'avoit jamais pensé d'aller en Espagne, et qu'elle étoit en France, et n'avoit jamais été déguisée; ce qu'il me dit si affirmativement que je le crus, et d'autant plus que je n'avois autre avis sinon qu'elle prenoit la route d'Espagne. Et le lendemain, allant chez monseigneur le chancelier, je lui dis dans son jardin l'arrivée dudit gentilhomme et le sujet qui l'amenoit, ce que deux ou trois jours après je dis aussi à monseigneur le surintendant Boutillier, à Saint-Maur. Après quoi je pris congé du Roi et de Son Éminence, et voyant jouer MM. de Brezé, de Liancourt et de Mortemart à la paume, j'eus un coup de balle sur l'oreille qui m'arrêta quatre ou cinq jours à la chambre, en fin desquels je me mis en chemin pour venir à ma maison; je demeurai douze jours par le chemin à cause de mon indisposition, et ne m'y suis rendu que depuis vingt jours où je n'ai rien appris de plus particulier que les choses que m'avoit apportées le gentilhomme. Ce que je certifie véritable. Fait à Verteuil, le 8e novembre 1637, La Rochefoucauld.»—«Et engage ma foi et mon honneur qu'il n'est rien venu depuis à ma connoissance, si ce n'est de petites particularités qui n'étoient pas de conséquence pour faire sur cela des dépêches, comme que étant à Bannières (Bagnères), l'homme qui étoit venu avoit laissé Mme de Chevreuse et que Boispillé avoit ramené la haquenée qu'elle avoit laissée icy, dont j'avois parlé à MM. de Chevreuse et de Montbazon. Fait à Verteuil, le même jour que dessus. Signé: La Rochefoucauld.»
Quelques jours après, le 12 novembre 1637, le duc de La Rochefoucauld écrivit cette lettre trouvée sans suscription, ibid., fol. 22, mais qui doit être adressée à son frère, M. de Liancour.
«Je n'ai rien à vous mander depuis ce que je vous ai écrit par le dernier courrier, si ce n'est qu'un jeune homme de bonne famille de mes terres, apprenant la peine où nous étions, m'est venu trouver ce matin et m'a dit qu'étant le 15e du mois passé à Londres dans l'hôtellerie avec quantité de ses camarades, car il est enseigne dans un navire de guerre anglois, il y arriva un gentilhomme anglois de sa connoissance qui leur dit à tous qu'étant un jour ou deux devant à Plimour (Plymouth), Mme de Chevreuse y étoit arrivée déguisée, et incontinent s'étoit fait connoître et avoit dépêché vers le roi de la Grande-Bretagne pour recevoir ses ordres. Je vous envoie le nom de ce jeune homme en anglois et en françois, comme il me l'a laissé; car il part demain pour s'en retourner en Angleterre par La Rochelle, où est le vaisseau qui l'a amené. Je lui ai donné charge de se montrer chez M. l'ambassadeur, afin qu'il puisse savoir de lui comme il s'en retourne en ce pays-là pour ses affaires particulières, selon son dessein, et qu'il n'a autre ordre de nous que de le saluer parce que peut-être serions-nous si malheureux qu'on soupçonneroit que cet homme m'ayant vu et s'en retournant si promptement auroit quelque commission pour la décharge de mon fils pour lequel ce sera quelque consolation qu'on sache la pure et nette vérité. Je vous dirai aussi que j'ai vu hésiter M. Vignier sur la facilité et la diligence que trouva cette femme de passer de Bagnières en Espagne, et c'est en quoi seulement j'ai désiré qu'on ne dit pas que c'est un commerce quasi ordinaire, car l'on eût peut-être cru que j'eusse été bien aise de faire insérer cela dans un procès-verbal pour taxer des personnes qu'on sait qui ne m'aiment pas et qui me désobligent tous les jours. Mais il est très-certain que d'Espagne il vient des laines en France, et que de France il va par ce côté ordinairement des bœufs, des moutons, et bien souvent des mules, et que pour de l'argent tout se fait. Mon fils est parti ce matin pour aller à Brouage, pour être là en lieu que l'on ne puisse pas dire qu'il ait eu autre intention que celle d'obéir et de recevoir la punition que son action bien vérifiée méritera. Et je vous dis encore que vous pouvez sans crainte ni pour vous ni pour moi ni pour lui assurer qu'il n'a eu commerce aucun de lettres, de message, d'avis ni de concert quel qu'il puisse être avec cette femme, depuis avoir parlé à Royaumont à M de Chavigny, et de cela j'en réponds comme assuré, n'ayant si mauvaise opinion de lui que je crusse qu'il me voulût engager à répondre de cela sur ma vie et sur mon honneur, s'il n'étoit vrai. Et pour ce que dit cet imposteur de Boispillé qu'on l'a vu à la Tesne, je me soumets à tout ce qui se peut imaginer d'infamie et de châtiment si cela est, car ma femme et la sienne ne l'ont pas perdu de vue huit jours durant, et il n'est pas seulement sorti de céans durant ce temps, et je suis très-certain que ma femme et mes enfants ne me laisseroient pas hazarder ma foi, mon honneur et mon repos et celui de la famille sur une chose que l'on me déguiseroit et qui seroit toujours sue, si ce n'étoit à cette heure, ce seroit au moins par le temps, avec les diligences qu'on y pourroit apporter. Ce n'est pas que mon fils soit excusable ni envers moi non plus que d'ailleurs, car il m'a fort peu considéré; mais je parlerai de mon intérêt particulier quand le général sera vidé, et je prie Dieu qu'il soit plus sage à l'avenir qu'il ne l'a été depuis deux ou trois ans, et qu'il ait une meilleure ou plus heureuse conduite. Cette affaire m'embarrasse si fort que je ne puis vous écrire d'autre chose; aussi je m'assure que vous y ferez tout ce qui se peut faire sans que je vous demande rien. Je vous donne le bonjour. A Verteuil, ce 12e novembre 1637.»
[393] La Rochefoucauld s'en alla d'abord à Brouage, comme le dit la lettre de son père du 12 novembre, puis à Paris, où il fut mis pour huit jours à la Bastille. Ibid., fol. 138: «A M. du Tremblay, gouverneur de la Bastille, pour recevoir à la Bastille M. de Marcillac.—«Monsieur, Le Roy ayant commandé à M. de Marcillac d'aller à la Bastille pour avoir fait quelque chose qui lui a déplu, je vous écris le présent billet de la part de Sa Majesté, afin que vous le receviez. Vous aurez soin, s'il vous plaît, de le bien loger et lui donner la liberté de se promener sur la terrasse. Je suis, monsieur, votre très-humble serviteur, Chavigny. A Ruel, ce mardi 29 octobre 1637.» Ne faut-il pas lire 29 novembre, à moins que l'ordre n'ait été donné d'avance sur la Relation de Boispille?
[394] Il paraît que ce jeune homme entra au service de Mme de Chevreuse ou du moins qu'il eut quelque intrigue avec une de ses femmes, à en juger par les lignes suivantes d'une lettre inédite de La Rochefoucauld, adressée à un de ses hommes d'affaires nommé Thuillin, dont il est fort question dans ces procès-verbaux: «Paris, 28 septembre 1643... J'ai desjà escrit au fils de Malbasty, mais s'il n'a point reçu ma lettre, faites-lui savoir que Mme de Chevreuse veut marier Mlle de Bessé à un gentilhomme, et que c'est une affaire qu'elle affectionne extrêmement. C'est pourquoi avertissez Malbasty de ne s'y oposer point pour ce qu'aussi bien cela ne serviroit qu'à aigrir Mme de Chevreuse encore plus contre lui. Dites-lui aussy que je lui conseille de renvoyer à Mlle de Bessé toutes les lettres qu'il a d'elle, afin de témoigner plus de respect à Mme de Chevreuse...»
[395] On voudrait bien savoir quels faits précis sont cachés sous toutes ces phrases hyperboliques.
[396] Voyez le frontispice gravé de l'ouvrage. Partout les armes de Rohan et de Lorraine. Comme le dit énigmatiquement cette phrase de la dédicace, c'est la reconnaissance de Daret, ce n'est pas Mme de Chevreuse qui est représentée sous les traits de la sacrificatrice. Le portrait de la duchesse est parmi les autres et à la date de 1653. Celui de sa fille Charlotte, qui, je crois, est unique, est de 1652, l'année même de sa mort.
[397] Manuscrits de Colbert, fol. 1. Manque dans le Supplément français.
[398] Manuscrits de Colbert. fol. 1. Manque dans le Suppl. franç.
[399] Man. de Colbert, fol. 2. Manque dans le Suppl. franç.
[400] Man. de Colbert, fol. 3. Manque dans le Suppl. franç.
[401] Manuscrits de Colbert, fol. 2. Manque dans le Suppl. franç.
[402] Man. de Colbert, fol. 4. Manque dans le Suppl. franç. Une personne qui possède l'original de cette lettre a bien voulu nous le confier pour le collationner avec la copie. Trois pages in-fol. Cachet intact, cire rouge et soie verte.
[403] Manuscrits de Colbert, fol. 5 et 6. Manque au Suppl. franç.
[404] Manuscrit de Colbert, fol. 8. Manque au Suppl. franç.
[405] Le mémoire ou les instructions dressées par Richelieu lui-même pour interroger à Tours Mme de Chevreuse. Voy. chap. III, p. 137, et l'Appendice p. 425.
[406] Le maréchal La Meilleraye, grand maître de l'artillerie, qui vit à Tours Mme de Chevreuse.
[407] Une petite lacune.
[408] Dans tout ce passage la copie est très-défectueuse.
[409] Manuscrits de Colbert, fol. 6. Manque dans le Suppl. franç. Nous avons vu l'original même sur lequel nous avons corrigé la copie.
[410] La copie et par conséquent le P. Griffet: les intérêts du Roy.
[411] Manuscrits de Colbert, fol. 11. Manque dans le Suppl. franç.
[412] Manuscrits de Colbert, fol. II. Manque dans le Suppl. franç.
[413] Il paraît y avoir ici une petite lacune; supplées: je vous prie d'excuser, ou quelque chose de semblable.
[414] Manuscrits de Colbert, fol. 13. Manque dans le Suppl. franç.
[415] Manuscrits de Colbert, fol. 14. Manque dans le Suppl. franç.
[416] Man. de Colbert, fol. 18. L'original, de la main de Chéré, est au Suppl. fr.
[417] Man. de Colbert, fol. 20. L'original est au Suppl. franç.
[418] Man. de Colbert, fol. 41. L'original de la main de Boispille est au Suppl. franç. C'est la seconde abolition modifiée selon le désir de Mme de Chevreuse et où il n'est plus question du duc de Lorraine.
[419] Man. de Colbert, fol. 22. Dans le Suppl. franç. une simple copie.
[420] Man. de Colbert, fol., 25. L'original, signé de Du Dorat et de Boispille, est au Suppl. franç.
[421] Man. de Colbert, fol. 28. L'original au Suppl. franç.
[422] Man. de Colbert, fol. 30. Manque dans le Suppl. franç.
[423] Man. de Colbert, fol. 36. L'original au Suppl. franç.
[424] Man. de Colbert, fol. 38. Manque dans le Suppl. franç.
[425] Man. de Colbert, fol. 44 bis. Manque dans le Suppl. franç.
[426] Man. de Colbert, fol. 45. Manque dans le Suppl. franç. On nous a communiqué l'original sur lequel nous avons rectifié la copie.
[427] Man. de Colbert, fol. 47. Manque dans le Suppl. franç.
[428] On n'a pas cette lettre.
[429] Man. de Colbert, fol. 49. Manque dans le Suppl. franç.
[430] Man. de Colbert, fol. 52. Manque dans le Suppl. franç. Nous avons sous les yeux l'original.
[431] Man. de Colbert, fol. 52. Manque dans le Suppl. franç.
[432] Man. de Colbert, fol. 54. Manque dans le Suppl. franç.
[433] Cela prouve bien que il Rosso est M. le Prince.
[434] Ainsi dès 1643 les dissertations sur les fondements de l'amitié, qui depuis occupèrent tant la société de Mme de Sablé, étaient déjà à la mode; mais en 1643 elles avaient, ce semble, un objet plus direct, et les discours que rapporte ici Mazarin ont bien l'air d'avances faites à condition.
[435] Nouvelle preuve décisive que il Rosso est le prince de Condé.
[436] Cela confirme ce que dit La Rochefoucauld des coquetteries que se faisaient alors Mazarin et Mme de Chevreuse.
[437] Peut-être: los dientes.
[438] Dans les lettres italiennes de Mazarin on rencontre souvent cette locution: vaglia il vero.
[439] Il avait d'abord été question pour le duc de Mercœur d'un autre mariage avec Mlle d'Épernon, tandis que Mlle de Chevreuse aurait épousé Beaufort. Ier carnet, p. 112: «Matrimonii di Cheverosa e La Valeta (Mlle de la Valette d'Épernon) con il duo figli di Vandomo, quello di Nemours essendo fatto. S. M. dovrà avvertire all'unione di tanti grandi insieme, e al assicuri che non havranno mai altro oggetto che il proprio interesse.»
[440] Sur l'amitié de Chateauneuf et de Jars, voy. le chap. III, p. 110 et 111.
[441] Ces notes, comme bien d'autres, sont tirées des rapports de la police de Mazarin. Nous donnons plus bas quelques-uns de ces rapports.
[442] Encore une preuve que il Rosso est M. le Prince.
[443] Quelque pont-neuf ou chanson sur les vieux habits.
[444] Mazarin parle ici de M. le Prince comme il a parlé de il Rosso. Nouveau motif pour penser que c'est le même personnage.
[445] Voyez plus bas l'explication de ces lignes si obscures dans les Lettres françoises de Mazarin, lettres à Beringhen et à La Ferté-Seneterre.
[446] Quelle est cette Mme Strozzi? Serait-ce Claire Strozzi, fille de maréchal, et sœur de Philippe Strozzi, lieutenant général au service de France, massacré en 1652 dans l'île de Saint-Michel, et elle-même mariée à Honorat de Savoie, comte de Tende?
[447] Une des femmes de Mme de Chevreuse.
[448] On reconnaît à quel point Mazarin était bien informé. Voyez plus bas le mémoire de l'abbé de Merci.
[449] Le roi de Portugal, Jean IV, n'avait alors qu'un fils, Alphonse VI, dit l'Impuissant, le prince don Pèdre, depuis roi, n'étant né qu'en 1648, le 23 avril.
[450] Anne de Lorraine, fille de Charles IV et de Béatrix de Cusance, née le 23 août 1639.
[451] Pris par Rantzaw le 13 Juillet 1647, repris par l'archiduc peu de temps après.
[452] Voy. Retz, t. Ier, p. 45, édit. d'Amsterdam, 1731.
[453] La même lettre a dû être adressée à toutes les cours souveraines.
[454] Voyez les Mémoires d'Henri de Campion, p. 233.
[455] Mazarin, dans ses lettres, l'appelle aussi Fouqueret, et dans les Carnets Foucré, Fouqueré, etc. Le vrai nom est Feuguerel. Henri de Campion était seigneur de Feuguerel, et porta, quitta et reprit ce nom, comme il dit en ses Mémoires, Avertissement, p. 5.
[456] Voyez Mme de Hautefort.
[457] La comtesse de La Roche-Guyon.
[458] L'évêque de Lisieux avec lequel Mme La Roche-Guyon était très liée; ou peut-être Mme de Hautefort à laquelle conviennent très bien les qualifications de résolue et hardie.
[459] Voyez plus haut, IIIe carnet, p. 89.
[460] Cela est bien un aveu du projet d'assassinat.
[461] Sic, et plus loin, p. 520.
[462] Il doit être ici question de Mme de Chevreuse, qui était non pas la belle-mère, mais la belle-fille de Mme de Montbazon.
[463] Plus haut, p. 516.
[464] Le président Barillon, mort dans la citadelle de Pignerol, le 30 août 1645. Cette lettre doit donc être postérieure à cette date, et on peut la mettre au commencement de septembre.
[465] C'est la première fois que dans nos documents il est question du Coadjuteur, et en des termes qui font honneur à la sagacité de Cangé. Retz nous raconte cet incident de l'assemblée du clergé de 1645, t. Ier, p. 75.
[466] Tancrède de Rohan, tué depuis dans la guerre de Paris.
[467] Voyez plus haut, p. 497 et p. 500, les carnets de Mazarin.
[468] Voyez la jeunesse de mme de Longueville, chap. IV, p. 325; et sur les relations de Saint-Ibar avec Mme de Longueville, v. aussi, ibid., p. 288.
[469] Guillaume de Nassau, mort en 1650, à l'âge de 24 ans, père du célèbre Prince d'Orange, depuis roi d'Angleterre.
[470] Ce billet autographe faisait partie de la riche collection de M. Lajariette de Nantes.