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Manuel pratique de Jardinage: contenant la manière de cultiver soi-même un jardin ou d'en diriger la culture

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The Project Gutenberg eBook of Manuel pratique de Jardinage

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Title: Manuel pratique de Jardinage

Author: Courtois-Gérard

Release date: June 1, 2012 [eBook #39889]

Language: French

Credits: Produced by Laurent Vogel, Christine P. Travers and the
Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net
(This file was produced from images generously made
available by the Bibliothèque nationale de France
(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)

*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK MANUEL PRATIQUE DE JARDINAGE ***

MANUEL PRATIQUE
DE JARDINAGE

L'auteur et l'éditeur se réservent le droit de traduire ou de faire traduire cet ouvrage en toutes langues. Ils poursuivront conformément à la loi et en vertu des traités internationaux toute contrefaçon ou traduction faite au mépris de leurs droits.

Le dépôt légal de cet ouvrage a été fait à Paris en temps utile et toutes les formalités prescrites par les traités sont remplies dans les divers États avec lesquels il existe des conventions littéraire.

Tout exemplaire du présent ouvrage qui ne porterait pas, comme ci-dessous, ma griffe, sera réputé contrefait, et les fabricants et débitants de ces exemplaires seront poursuivis conformément à la loi.

Signature.

Typ. Rouge frères, Dunon et Fresné, r. du Four-St.-Germ., 43.

BIBLIOTHÈQUE DES PROFESSIONS INDUSTRIELLES ET AGRICOLES
Série H. N. 41.

MANUEL PRATIQUE
DE
JARDINAGE

CONTENANT
LA MANIÈRE DE CULTIVER SOI-MÊME UN JARDIN
OU D'EN DIRIGER LA CULTURE

PAR COURTOIS-GÉRARD
Marchand grainier, horticulteur.


SEPTIÈME ÉDITION


PARIS
LIBRAIRIE SCIENTIFIQUE, INDUSTRIELLE ET AGRICOLE
Eugène LACROIX, Éditeur
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES INGÉNIEURS CIVILS
QUAI MALAQUAIS


Tous droits réservés.

INTRODUCTION
À LA SEPTIÈME ÉDITION

Les progrès que le temps amène à sa suite, plus rapidement encore dans la pratique de l'horticulture que dans les autres branches du travail humain, se sont produits en grand nombre, non-seulement depuis la première édition du Manuel de Jardinage, mais encore depuis la sixième, à l'épuisement de laquelle celle-ci vient suppléer. Nous devons donc prévenir que plusieurs parties ont été remaniées à fond, pour être ramenées au niveau des connaissances horticoles du moment; toutes les lacunes que le cours des années pouvait avoir fait naître, ont été soigneusement comblées; nous en signalerons les principales.

Le calendrier, révisé et refondu, a été augmenté de détails nouveaux et importants. D'intéressantes et lucides explications complètent le chapitre du jardin potager. L'article Assolement, le premier qui ait été publié sur le jardinage, peut être consulté avec avantage par toutes les personnes qui veulent obtenir les récoltes les plus abondantes qu'un jardin potager bien tenu puisse produire; car pas un fait avancé par l'auteur n'a été pris en dehors de ce qui est consacré par la pratique. Dans celui du jardin fruitier, l'on trouve, outre l'exposé plus développé de quelques opérations, les listes des arbres fruitiers les plus estimés de chaque série, listes que les nombreuses conquêtes de la Pomologie viennent incessamment enrichir, et des données d'une grande utilité pratique pour le traitement des maladies des arbres.

Mais c'est surtout dans la partie consacrée au jardin d'agrément que se rencontrent les améliorations les plus remarquables au Manuel de Jardinage, dans sa septième édition, depuis la composition de gazons, écueil où viennent échouer tant de jardiniers inexpérimentés, jusqu'à la direction des plantes les plus difficiles à obtenir dans tout l'éclat de leur beauté.

En effet, il ne suffit point à l'amateur de floriculture d'entasser, dans les massifs ou dans les plates-bandes de son parterre, cette infinie variété de belles plantes d'ornement de chaque saison que tient à sa disposition l'horticulture contemporaine; il faut surtout que ces plantes croissent et fleurissent avec tout le charme qui leur est propre; hors de là, au lieu d'engendrer les plaisirs les plus inoffensifs et les plus variés, la floriculture n'offre qu'une longue suite de mécomptes et de déboires.

De nombreux exemples de massifs composés des plantes qui peuvent avantageusement concourir à l'ornementation des jardins permettront aux amateurs qui consulteront cet ouvrage de tirer souvent un meilleur parti des ressources dont ils disposent.

Les livres qui, comme le Manuel de Jardinage, aplanissent la route, mettent l'amateur à même de prévoir les difficultés et de les vaincre, et lui assurent l'heureux succès de ses amusants travaux: ces livres sont d'importants services rendus à l'horticulture tout entière; car, en écartant les obstacles, ils en propagent le goût; et l'extension du goût de l'horticulture dans tous les rangs sociaux profite à tout le monde. Quant aux soins donnés à l'exécution matérielle, en écartant un luxe qui rendrait inutilement trop élevé le prix d'un ouvrage qui doit par sa nature être à la portée de tous, ils sont ce qu'ils doivent être, comme dans les éditions précédentes, au point de vue de la netteté et de la plus scrupuleuse correction typographique. Cette édition nouvelle du Manuel de Jardinage réunit, comme on le voit, tout ce qui peut mériter à ce livre la continuation de la faveur dont il est en possession depuis sa naissance.

MANUEL PRATIQUE
DE JARDINAGE

CHAPITRE PREMIER.
Disposition générale d'un jardin potager.

Les conseils que nous donnons ici pour l'établissement d'un jardin pourront paraître superflus aux personnes qui sont forcées d'accepter des emplacements déterminés, des expositions bâtardes et des dispositions faites d'avance; mais nous avons cru devoir exposer les conditions qu'il est essentiel de remplir chaque fois qu'on sera maître de choisir ou d'aménager son terrain. Quant aux dispositions intérieures, elles sont calculées pour la plus grande commodité du travail, et ont pour objet de montrer comment on peut faire succéder sans interruption les cultures les unes aux autres, ce qui est très-rare dans les jardins cultivés par les personnes étrangères à l'horticulture, et ce qui n'exige cependant qu'un peu d'attention et de pratique, et un livre auquel elles puissent avoir confiance.

Le terrain le plus convenable à la culture est celui qui a 1 mètre de profondeur de bonne terre, la surface composée de terre franche et douce, et le sous-sol de sable propre à la végétation. Avec un terrain de cette nature, du fumier et de l'eau, on est sûr de cultiver avec succès tous les végétaux qui entrent dans la culture courante. Nous ne prétendons pas dire que les terrains de nature différente soient impropres à la végétation; car tous lui conviennent quand ils sont assez légers pour être perméables à l'air, sans que l'humidité y séjourne trop longtemps, et qu'ils sont assez frais cependant pour que les racines aient le temps d'absorber les fluides nécessaires à leur nutrition. Nous avons simplement voulu faire connaître les terrains les plus fertiles et ceux dont la culture récompense le plus amplement le jardinier de ses soins.

Dans le cas où le terrain ne serait pas tel que nous l'indiquons, des fumiers, des amendements et des labours suppléeront aux qualités qui lui manquent.

Le potager que nous représentons (fig. 1, à la fin du volume) forme un parallélogramme de 54 ares 52 centiares; mais cette étendue, choisie arbitrairement, afin d'avoir des exemples de culture plus variés, pourra changer sans qu'il y ait la moindre altération dans l'assolement ou succession de cultures que nous indiquons; seulement, quand le terrain sera moins grand, on ne fera qu'une planche de chaque légume, au lieu de deux ou trois. Pour la facilité du travail, nous avons réuni, autant qu'il était possible, les cultures de même espèce.

L'assolement devra être conduit de telle sorte qu'une planche ne produise pas deux années de suite les mêmes légumes.

Il est convenable, sous tous les rapports, que le potager soit clos de murs au nord, à l'est et à l'ouest; ce qui nous donnera à l'intérieur les expositions du sud, de l'ouest et de l'est. Au sud extérieur, on peut à la rigueur remplacer le mur par une haie. Les murs devront avoir au moins 2m,65 au-dessus de terre, et ils seront crépis intérieurement. S'ils sont construits en plâtras ou en pierre, on y pourra palisser les espaliers à la loque; mais s'ils étaient en moellon dur, il faudrait les faire préalablement garnir de treillage. Le chaperon sera garni de tuiles formant une saillie de 0m,12 à 0m,15, pour garantir les fruits contre les fâcheuses influences des pluies, ce qui permettra également de conserver le raisin jusqu'à une époque assez avancée.

En y suspendant des toiles ou des paillassons, qu'on tiendra écartés du mur, on pourra garantir les Pêchers en fleur contre les gelées du printemps. Les murs du sud seront garnis de Pêchers.

À l'est on plantera de la Vigne, qui sera conduite à la Thomery.

À l'ouest se trouveront des Pêchers, et dans l'intervalle on plantera des Poiriers.

Au nord, les murs seront garnis de Poiriers, et, pour planter à cette exposition, il faut avoir soin de choisir les variétés les plus hâtives, afin que les fruits puissent atteindre leur parfaite maturité.

On peut aussi planter des Pruniers et quelques Cerisiers tardifs, qui mûrissent à une époque où l'on est ordinairement privé de ces fruits.

C'est dans un endroit écarté du potager, et le moins en vue, qu'on creusera un trou pour jeter les sarclures, les épluchures de légumes et les débris végétaux, qui pourront être employés comme engrais après leur réduction en terreau.

Un point important à observer dans l'établissement d'un jardin, c'est la distribution de l'eau. Dans le potager, elle doit avoir lieu par des conduits souterrains, que l'on fera passer dans les allées, de telle sorte qu'il soit possible d'y faire les réparations nécessaires sans déranger les plantations.

L'eau sera reçue dans un ou plusieurs bassins placés au milieu du jardin, ou, comme nous l'indiquons sur le plan, dans un bassin au centre n. 62, et dans des tonneaux placés à l'extrémité des planches n. 8, 9, 24, 25, 34, 35, 50 et 51.

Ces dispositions sont d'autant plus importantes que l'on connaît l'utilité indispensable des arrosements non-seulement dans les temps de sécheresse, mais encore pour accélérer la germination des semis et faciliter la reprise des plants nouvellement repiqués.

L'allée du milieu aura 3 mètres de largeur, l'allée circulaire et celles de traverse n'en auront que 2.

Les petites allées pratiquées autour des planches devront avoir 0m,60 de largeur, et seront bordées d'Oseille, de Civette, de Cresson alénois, de Persil, de Cerfeuil, de Chicorée sauvage, de Pimprenelle, de Fraisiers, etc.

La largeur des planches sera de 1m,33, avec un sentier de 0m,35 entre chacune, ce qui suffira pour le passage; car le premier rang de chaque planche doit toujours être au moins à 0m,10 du bord.

Les plates-bandes n. 61 de chaque côté de l'allée du milieu et de celles de traverse auront 1m,65 de largeur, et seront bordées de Buis. On y plantera un rang de Poiriers en quenouille, espacés entre eux d'environ 8 mètres, et un Pommier nain entre chaque Poirier.

Le carré formé par les huit premières planches est destiné à faire les semis et le repiquage des plantes potagères et des fleurs nécessaires pour garnir les plates-bandes et les massifs du jardin d'agrément.

N. 9 à 29 et 30 à 50. Planches à mettre en culture.

N. 51. Emplacement pour faire les couches.

N. 52. Plantation de Groseilliers.

N. 53. Plantation de Framboisiers.

N. 54. Côtière de 2m,75 de largeur à mettre en culture potagère.

N. 55. Plate-bande de 2 mètres de largeur, où l'on plantera un rang de Rhubarbe anglaise.

N. 56 et 57. Plate-bande de même largeur à mettre en culture.

N. 58. Contre-espalier de Vignes, dont on peut chauffer une partie chaque année.

N. 59. Plate-bande d'environ 1 mètre de largeur.

N. 60. Rangs de Vignes soutenues par des échalas placés au bout de chaque planche, et de manière à ne pas obstruer les sentiers.

N. 61. Plate-bande de 1m,65 de largeur.

N. 62. Bassin.

N. 63. Porte pour entrer les fumiers.

N. 64. Allée de communication avec le jardin d'agrément.

CHAPITRE II.
Calendrier.

Nous avons eu en vue, en faisant ce calendrier, d'indiquer d'une manière à la fois succincte et précise les diverses opérations qui doivent se succéder sans interruption dans le cours d'une année, pour que les productions en légumes, fruits et fleurs soient toujours abondantes, et que jamais le sol ne repose. Pour arriver à ce résultat, il fallait faire plus qu'énoncer sommairement les travaux propres à chaque mois; il fallait encore indiquer avec précision l'époque du semis, celle de la récolte, la place occupée par chaque genre de culture, et la nature des végétaux qui doivent succéder à ceux qui ont accompli leur période de végétation.

Nous pensons avoir atteint ce dernier but en renvoyant aux numéros portés sur le plan (voir pl. 1), ce qui ne laisse pas d'incertitude sur le choix de l'emplacement à assigner à chaque plante; et comme les indications du calendrier eussent été insuffisantes sous la forme que nous leur avons donnée, ou bien qu'elles eussent exigé des développements que ne comporte pas un tableau synoptique, nous renvoyons, pour la culture propre à chaque espèce, à l'article spécial qui y est consacré.

Nous commençons, contrairement à la coutume, l'année par le mois d'août, parce que c'est à cette époque que commence en effet l'année horticole, tandis qu'en commençant par le mois de janvier, ainsi que cela a lieu communément, on sépare les travaux d'automne de ceux de printemps, avec lesquels ils sont intimement unis, puisqu'ils en sont la préparation nécessaire.

AOÛT.

Hauteur moyenne du baromètre, 756 mill. 380[1].
Température moyenne, maximum + 21°,20.
  minimum + 16°,46.
Quantité de pluie, 48 mill. 59.
État de l'hygromètre, 70°,5.

Travaux généraux.—Ce mois est un de ceux qui réclament de la part du jardinier tous ses soins et son activité. Non-seulement il entretient, par des arrosements et des bassinages, la végétation des plantes dont il attend la récolte vers la fin de la saison, mais encore il s'occupe déjà des semis et des plantations des végétaux destinés à passer l'hiver et à donner leur produit l'année suivante.

Jardin potager. Couches.—Les couches sont peu nécessaires dans ce mois, et les seuls travaux à faire consistent à planter des Choux-fleurs sur les couches à Melons, et à faire une meule à Champignons au n. 8.

Côtière n. 9.—Dans la seconde quinzaine, on plante de la Scarole, semée en pleine terre dans la seconde quinzaine de juillet.

N. 11. On sème des Mâches.

Pleine terre, n. 14.—On sème des Épinards de Hollande.

N. 23. On plante des Choux de Milan, semés en juillet.

N. 32. On sème des Navets.

N. 37. On plante du Céleri turc, semé dans la première quinzaine de juin.

On sème du Cerfeuil bulbeux et des Radis roses.

Dans la seconde quinzaine, on sème des Oignons blancs, de la Romaine rouge d'hiver, de la Laitue de la Passion, de la Chicorée de la Passion, du Cerfeuil, des Choux d'York, cœur-de-bœuf et pain-de-sucre.

On récolte les graines de Carottes, Laitues, Oignons, Ciboule, Poireaux, Panais, Persil, Crambé maritime.

Jardin fruitier.—Terminer le palissage des espaliers; supprimer les branches qui tendraient à s'emporter.

Arroser les Pêchers et découvrir les fruits qui approchent de la maturité.

Greffer à œil dormant les arbres fruitiers et les arbres et arbustes d'ornement.

Jardin d'agrément.—Tous les soins consistent à arroser, ratisser, biner, couper les gazons, mettre en place les fleurs d'automne, telles que les Balsamines, Reines-marguerites, Œillets d'Inde, etc., si ces travaux n'ont pas encore eu lieu; terminer les marcottes d'Œillets.

Greffer les Pivoines en arbre sur des tubercules de Pivoines herbacées. (Voir page 74, l'article Greffe.)

Séparer et replanter les Juliennes doubles, mettre les Œillets de semis en planche ou les planter dans les plates-bandes.

Planter les Couronnes impériales et les Lis martagons.

Semer les graines de Pivoines herbacées; ce mode de multiplication est extrêmement long, et l'on ne sème guère que pour obtenir de nouvelles variétés.

Semer les Pensées à grandes fleurs, en septembre, on les repique en pépinière à bonne exposition, pour ne les mettre en place qu'au printemps; on sème aussi, mais en pots et sous châssis, les Pélargoniums, les Calcéolaires, les Cinéraires, les Mimulus, les Giroflées quarantaines.

Serres.—Vers la fin du mois, rabattre et rempoter les Pélargoniums et les plantes dont les pots ont été enterrés pendant l'été, afin qu'elles soient reprises à l'époque où on les rentrera dans la serre. On fait des boutures de Pélargoniums, de Calcéolaires, de Chrysanthèmes à fleurs blanches, Cuphéa, Ageratum Mexicanum, Fuchsia, Véroniques ligneuses, Verveines.

SEPTEMBRE.

Hauteur moyenne du baromètre, 756 mill. 399.
Température moyenne, maximum +17°,87.
  minimum +13°,74.
Quantité de pluie, 57 mill. 26.
État de l'hygromètre, 75°,2.

Travaux généraux.—Les travaux de jardinage commencent à diminuer, car l'année approche de sa fin, et les soins d'entretien exigent moins d'assiduité. Les arrosements deviennent moins fréquents, et n'ont plus lieu que le matin; on doit, à cause de la fraîcheur des nuits, cesser ceux du soir. C'est, en revanche, l'époque des récoltes; les graines sont mûres ou sur le point de l'être, et il faut songer à les cueillir. Le jardinier soigneux disposera ses serres et son fruitier pour rentrer ses fruits, ses légumes et ses plantes quand le moment sera venu. Il faut aussi faire les réparations nécessaires aux coffres et aux panneaux, afin qu'ils soient en état dès que les froids viendront.

Jardin potager. Couches, n. 3.—Dans la seconde quinzaine, on recharge la couche avec du terreau et on plante de la Laitue gotte, semée dans la première quinzaine du mois. À l'approche des froids, on couvre ces Laitues avec des châssis, on donne autant d'air que possible, afin d'éviter la pourriture; avec des soins, on peut en conserver jusqu'en décembre.

Côtière, n. 10.—Dans la première quinzaine, on plante de la Laitue de la Passion, de la Chicorée de la Passion et de la Romaine rouge d'hiver, semées dans le courant d'août.

Pleine terre.—Dans les premiers jours du mois, on sème des Choux-fleurs, des Choux d'York et cœur-de-bœuf. On sème de la Chicorée fine sous cloches, mais à froid. On sème la Pimprenelle, des Radis roses sur ados, et on continue de semer du Cerfeuil ordinaire, du Cerfeuil bulbeux, des Mâches et des Épinards. On fait blanchir des Cardons et du Céleri.

N. 56. On sème de la Carotte hâtive.

N. 41. On sème du Poireau long.

N. 42, 43, 44 et 45. On plante cinq rangs de Fraisiers des quatre saisons dans chaque planche, et on les met à 0m,35 sur la ligne.

N. 46 et 47. On plante quatre rangs de Fraisiers Queen's seedling, ou toute autre espèce à gros fruit, dans chaque planche, et on les met à 0m,50 sur la ligne.

On récolte les graines de Chicorées, Céleri, Betteraves, Poirées, Choux-fleurs.

Jardin fruitier.—Les travaux de ce mois se bornent à peu de chose. Néanmoins, on surveille la végétation des Pêchers, afin de maintenir l'équilibre de la sève. On greffe les arbres qui végétaient trop vigoureusement dans le cours du mois précédent, et l'on garantit les fruits contre la voracité des oiseaux et des insectes. On donne le dernier binage.

Jardin d'agrément.—Mêmes travaux de soins et d'entretien que dans les mois précédents. C'est l'époque la plus favorable pour semer les pelouses de gazon, car il reste encore assez de temps pour qu'il couvre la terre avant l'hiver, et au printemps il est en état de résister à la sécheresse, qui lui est très-contraire. C'est également l'époque de tondre les bordures de Buis. Semer les Clarkias, Collinsias, Coréopsis, Crépis, Énothères, Alyssum maritimum, Gilias, Mufliers, Némophiles, Œillets de Chine, Silènes, Saponaire de Calabre, Thlaspis, etc., et repiquer avant l'hiver les plants en pépinière, pour ne les mettre en place qu'au printemps. Semer en pots, que l'on hiverne sous châssis, les Anagallis, Brachycomes, Centranthus, Eucharidium, Leptosiphon, Nemesia, Nycterinia, Malopes, Phlox Drummondi, Schizanthus, Trachymènes, Viscaria.

Planter aussi les Iris Germanica, semer des Giroflées quarantaines pour les repiquer sur ados, ou dans des pots, qu'on rentre dès que le froid se fait sentir. Semer les Renoncules et Anémones en terrine ou en pleine terre.

Séparer et replanter les Pivoines herbacées, mais de telle sorte que les bourgeons ne soient recouverts que d'environ 0m,5 ou 0m,3 de terre.

Planter les Pancratiums Illyricum, les Fumeterres bulbeuses et les Alstræmerias, qui peuvent supporter la pleine terre; planter aussi les Jonquilles à 0m,5 ou 0m,6 de profondeur, ainsi que les Muscaris, les Jacinthes, les Crocus, les Tulipes hâtives et les Narcisses que l'on veut chauffer pendant l'hiver.

On peut encore faire des boutures de Calcéolaires, Ageratum Mexicanum, Chrysanthèmes à fleurs blanches, Verveines.

Serres.—Vers le 15, on rentre les plantes de serre chaude, qui souffriraient de l'abaissement de la température. On rempote les plantes de serre tempérée et d'orangerie, afin qu'elles soient reprises avant qu'on les rentre, et l'on remet les panneaux sur les serres et sur les bâches.

OCTOBRE.

Hauteur moyenne du baromètre, 754 mill. 465.
Température moyenne, maximum +14°,73.
  minimum +9°,46.
Quantité de pluie, 48 mill. 10.
État de l'hygromètre, 82°,5.

Travaux Généraux.—Commencer les labours d'hiver, les travaux de plantation et les modifications à faire dans la disposition du jardin; faire les trous d'arbres, planter même si l'on est pressé. Séparer les bordures et les touffes des plantes vivaces, élaguer les arbres rustiques, commencer à tondre les haies, couvrir les plantes délicates; récolter les graines, les fruits, les légumes. Si l'on a des terres à remuer pour certaines dispositions du jardin, on peut commencer. Le soir, on fait des paillassons, afin d'être en mesure de couvrir les châssis et les serres dans le courant du mois suivant.

Jardin Potager. Couches.—On commence à chauffer les Asperges vertes, et on plante les œilletons d'Ananas dans des pots proportionnés à la force de chacun; aussitôt après la plantation, on enfonce les pots sur une couche, et, à partir de cette époque jusqu'au printemps, il faut remanier les réchauds tous les mois. Il faut aussi relever de pleine terre ceux qui ont été plantés l'année précédente à la même époque, puis les mettre dans la serre.

Dans la première quinzaine, on sème sous cloches et sur ados de la Laitue petite noire; on élève ces Laitues sans jamais leur donner d'air. À la même époque, on sème de la Romaine verte maraîchère, et dans la seconde quinzaine de la Laitue rouge, de la Laitue gotte et de la Romaine blonde ou grise maraîchère. Lorsque le plant commencera à avoir quelques feuilles, on placera trois rangs de cloches sur toute la longueur de l'ados, et l'on repiquera sous chacune d'elles une trentaine de plants. Pendant la première huitaine qui suivra la plantation, on donnera un peu d'air au plant en soulevant les cloches d'environ 0m,3, puis après ce temps, on augmentera progressivement jusqu'à 0m,8, et il ne faudra rabattre les cloches que lorsqu'il gèlera à 2 ou 3 degrés. Ce plant, étant convenablement soigné, servira à faire toutes les plantations qui auront lieu depuis le mois de décembre jusqu'à la fin de février.

On repique les Choux-fleurs et les Choux cabus hâtifs en pépinière.

N. 6. Vers la fin du mois ou au commencement de novembre, on plante sur terre, mais sous châssis, de la Chicorée fine semée dans la première quinzaine de septembre, et deux rangs de Choux-fleurs semés dans les premiers jours de septembre.

Si, vers la fin du mois, on craignait la gelée, il faudrait mettre les panneaux sur les Laitues plantées n. 3.

Pleine terre, n. 19.—On sème les Épinards pour le printemps. Dans la seconde quinzaine, on repique au n. 18 de l'Oignon blanc semé dans la seconde quinzaine du mois d'août, et on sème du Cerfeuil ou des Mâches dans l'intervalle. On fait les derniers semis de Cerfeuil bulbeux.

Vers la fin du mois, ou au commencement de novembre, il faut couper les vieilles tiges d'Asperges, et donner à chaque planche un léger binage à la fourche, puis étendre un bon paillis de fumier.

On continue de faire blanchir du Céleri et des Cardons.

Jardin Fruitier.—Il ne reste plus rien à faire aux arbres jusqu'au moment de la taille; on peut cependant marquer ceux qu'on se propose de déplanter pour les lever le mois suivant. C'est l'époque de cueillir les fruits et de les déposer dans le fruitier, ce qu'il ne faut faire que par un temps bien sec et au fur et à mesure que les arbres cessent de végéter.

Jardin d'agrément.—Couper les tiges des plantes vivaces qui ont cessé de fleurir. Nettoyer les plates-bandes, les fumer et les labourer avant de mettre en place les plantes qui devront fleurir au printemps. Ramasser les feuilles qui tombent dans les allées, auxquelles on donne une dernière façon.

Semer en place des Cynoglosses, Pieds-d'alouette, Pavots, Giroflées de Mahon, Adonides, etc. Refaire les bordures de Mignardise, de Buis, de Marjolaine, de Thym et d'Hysope; sevrer les marcottes d'Œillets, et les planter en pots ou en pleine terre. Planter les Jacinthes à 0m,10 de profondeur, et planter en pots celles que l'on destine à être chauffées. Planter les Iris d'Espagne et d'Angleterre, à 0m,3 de profondeur; les Crocus en pots, en bordures ou dans les gazons, où ils produiront au printemps un effet charmant et seront défleuris avant qu'il soit nécessaire de couper le gazon. Mettre en terre les Tulipes, à environ 0m,6 de profondeur. Il faut aussi planter l'Ail doré et les Scilles agréables et d'Italie; relever de terre les Glaïeuls plantés au printemps.

Dès les premières gelées, il faut relever de terre les Dahlias, les Érythrines, les Balisiers, et les déposer dans l'orangerie ou dans une cave bien sèche, pour passer l'hiver; en faire autant de toutes les plantes de serre qu'on a mises en pleine terre au printemps pour garnir les massifs et plates-bandes. Il faut les tailler et les empoter; puis, pour les rétablir, on les met pendant quelque temps sous un panneau.

Serres.—Dans la première quinzaine, on rentre les Pélargoniums; et dans la seconde, à moins de froid prématuré, les Orangers, les Grenadiers et les Lauriers-roses. Les plantes les plus délicates, celles qui ont besoin d'air et de lumière, se mettent près du jour, et les plus rustiques se placent derrière. Lorsque toutes les plantes sont rentrées, on bine la terre des pots ou des caisses, et on donne un léger arrosement.

NOVEMBRE.

Hauteur moyenne du baromètre, 755 mill. 614.
Température moyenne, maximum +10°,15.
  minimum +4°,74.
Quantité de pluie, 55 mill. 87.
État de l'hygromètre, 82°,2.

Travaux généraux.—On commence les plantations et les labours, ainsi que le défoncement du terrain qu'on destine à une nouvelle plantation. On veille à la conservation des végétaux qui craignent la gelée, et on ramasse les feuilles pour faire les couches et couvrir les châssis. Lorsqu'on a le choix, les feuilles de Chêne et de Châtaignier sont celles auxquelles on doit donner la préférence.

Jardin potager. Couches.—On continue de chauffer les Asperges vertes et on commence à chauffer les Asperges blanches. Dans les premiers jours du mois, on sème sous châssis, mais en pleine terre, des Pois pour replanter sous châssis. On sème de la Laitue Georges sous cloches et sur ados, et on traite le plant comme nous l'avons indiqué pour les Laitues rouges et gottes.

On relève les Romaines vertes pour les replanter immédiatement sous cloches; mais, cette fois, on n'en met plus que douze ou quinze par cloche. S'il arrivait que le plant de Romaine blonde ou grise avançât trop, il faudrait lui faire subir un second repiquage, comme aux Romaines vertes.

S'il survenait de fortes gelées, il faudrait garnir les cloches qui couvrent le plant de Laitues et de Romaines avec du vieux fumier bien sec ou des feuilles, et, pour garnir le derrière de l'ados, on fera un réchaud que l'on élèvera jusqu'à la superficie des cloches.

On doit augmenter la couverture en raison de l'intensité du froid, et découvrir les cloches au moment du soleil; mais il est nécessaire de s'assurer d'abord si le plant n'est pas atteint de la gelée; car alors il faudrait, au lieu de découvrir, augmenter la couverture et le laisser dégeler graduellement.

Pleine terre.—On arrache le Céleri planté au n. 37, pour le replanter par rangs dans une tranchée; lorsqu'il viendra de fortes gelées, on le couvrira avec de la litière ou des feuilles, que l'on retirera lorsque le temps sera devenu plus doux.

N. 31. Vers la fin du mois, on sème des Pois Michaux, et, dans les intervalles, de la Laitue à couper.

On coupe les montants d'Artichauts et les plus longues feuilles; puis on les butte, opération qui consiste à relever la terre autour de chaque touffe, de manière que celle-ci se trouve enterrée presque jusqu'en haut. Lorsqu'il vient de fortes gelées, on les couvre avec de la litière ou des feuilles, que l'on écarte quand le temps est doux.

Afin de ne pas manquer de provisions pendant les gelées, il faut arracher et mettre en jauge, soit dans la serre à légumes, soit dans le potager, tous les légumes que la gelée endommagerait ou empêcherait d'arracher, tels que Carottes, Betteraves, Navets, Chicorées, Scaroles, Céleris, Cardons. Il faudra couvrir avec de la paille ou des feuilles ceux que l'on aura enjaugés dans le potager, comme les Poireaux, les Salsifis, les Scorsonères, les Navets, et les découvrir toutes les fois que le temps le permettra.

Il faut aussi, dans le courant du mois, arracher les Choux dont les pommes sont faites, et les mettre en jauge, afin de pouvoir s'en servir pendant les gelées.

Dans le courant du mois, mais le plus tard possible, on coupe les têtes de Choux-fleurs, ce qu'il ne faut faire que par un temps bien sec, et on les dépose dans la serre à légumes, où elles peuvent se conserver jusqu'en avril.

Jardin Fruitier.—Tailler les arbres vieux ou débiles, pour empêcher que la sève ne monte dans les bourgeons qui doivent être supprimés, et que l'arbre ne s'épuise. Arracher les arbres qu'on a l'intention de supprimer.

Commencer les plantations d'arbres fruitiers dans les terres calcaires, légères ou sablonneuses, où il est toujours préférable de planter en automne, excepté pour les Mûriers et les Figuiers, qui ne doivent être plantés qu'au printemps. Il faut aussi planter en pots les arbres fruitiers que l'on destine à être chauffés l'année suivante.

Si, dans la première quinzaine, on peut disposer de quelques panneaux, il faudra les placer devant l'espalier de Vigne; par ce moyen, on peut conserver du Raisin dans toute sa beauté jusqu'en janvier. Vers la fin du mois, on peut empailler les Figuiers, ou bien, si les branches sont assez souples pour être abaissées jusqu'à terre, on les y fixe au moyen de crochets de bois, puis on les couvre de terre.

Jardin d'agrément.—Découper à la bêche les bordures de gazon. Arracher les plantes annuelles qui sont défleuries. Labourer les plates-bandes et les massifs. Diviser et replanter les plantes vivaces dont les touffes sont devenues trop larges. Mettre les Giroflées jaunes en place, de même que les Roses trémières, Œillets de poëte, Corbeilles d'or, Thlaspis.

Terminer la plantation des Tulipes, des Jacinthes et des Narcisses. Semer en place les premiers Pois de senteur.

Arracher les Dahlias, dans la seconde quinzaine du mois, si le temps a été assez favorable pour qu'on les ait laissés en terre jusqu'à cette époque.

Butter les Rosiers francs de pied, qui souffrent ordinairement de nos hivers. Commencer les plantations d'arbres et d'arbustes d'ornement, excepté les arbres résineux, les Catalpas, Magnolias grandiflora, Tulipiers, qui ne doivent être plantés qu'au printemps.

Lorsqu'il commence à geler, il faut couvrir ou mettre dans la serre les Œillets en pots, les Giroflées grosse espèce et Cocardeau.

Serres.—Tous les soins à donner aux plantes de serre consistent à renouveler l'air aussi souvent qu'on pourra, entretenir la propreté, et ne mouiller qu'avec la plus grande réserve.

On commence à couvrir la serre chaude pendant la nuit, et, à partir de cette époque, on continue jusqu'en avril. Lorsque, le soir, le temps est clair, le vent à l'est, et que le thermomètre ne marque pas plus de 3 ou 4 degrés au-dessus de zéro, il faut couvrir tous les châssis et les serres avec des paillassons.

DÉCEMBRE.

Hauteur moyenne du baromètre, 754 mill. 953.
Température moyenne, maximum +7°,93.
  minimum +3°,53.
Quantité de pluie, 43 mill. 60.
État de l'hygromètre, 87°,5.

Travaux généraux.—Les travaux de pleine terre sont fort restreints; on peut s'occuper du transport des engrais et les étendre sur le sol dans lequel ils doivent être enfouis. On continue les labours, si la gelée le permet.

Vers la fin du mois ou au commencement de janvier, on vide les tranchées des vieilles couches à Melons, afin de pouvoir disposer de l'emplacement.

Jardin potager. Couches.—La cessation des travaux de pleine terre laisse aux jardiniers le temps de s'occuper de leurs couches, qui exigent tous leurs soins. Aussitôt que les couches indiquées pour ce mois sont faites, il faut les couvrir de panneaux, afin que les fumiers entrent plus promptement en fermentation; et, à moins de temps contraire, on peut découvrir tous les jours celles sur lesquelles on a semé ou planté, en ayant soin de couvrir avant la nuit.

On continue de chauffer les Asperges blanches et vertes. Dans la première quinzaine, on sème des Raves hâtives, et dans la seconde quinzaine des Poireaux.

N. 3. Vers le 15 de ce mois, on sème sur couche et sous châssis de la Carotte courte hâtive, et on plante de la Laitue petite noire semée dans la première quinzaine d'octobre.

N. 4. Planter des touffes d'Oseille sur couche et sous châssis.

N. 5. Dans la première quinzaine on repique sur terre, mais sous châssis, des Pois semés dans les premiers jours de novembre.

Pleine terre.—À l'approche des gelées, on relève les Brocolis en mottes pour les planter près à près, et assez profondément pour que la tige soit enterrée jusqu'aux premières feuilles. On lie les Cardons, on les lève en mottes et on les rentre dans la serre à légumes. On couvre le Persil avec de la paille ou des feuilles, et lorsque le temps est doux on découvre un peu les Artichauts; mais il est prudent de les recouvrir le soir; et, si la gelée augmente, il faut les recouvrir d'une plus grande quantité de feuilles ou de litière.

On continue de semer des Pois Michaux, et dans la première quinzaine on plante au n. 12 des Choux d'York semés dans les premiers jours de septembre.

Jardin fruitier.—On continue les plantations, et dans les terres fortes, argileuses ou humides, on fait les trous seulement pour ne planter qu'en février ou mars. On défonce, on fume et laboure, et vers la fin du mois on place les serres mobiles sur la Vigne et les arbres fruitiers en espalier que l'on veut chauffer.

Jardin d'agrément.—Continuer les changements de disposition, élaguer les arbres, défoncer les parties de vieux gazons que l'on veut ressemer, réparer les allées dégradées et continuer les plantations. Dans la deuxième quinzaine, on peut planter les Renoncules.

Serres.—Entretenir la température de la serre aux Ananas, garnir les tablettes de Fraisiers, renouveler l'air dans la serre tempérée et l'orangerie quand il ne gèle pas, et avoir soin de les refermer avant la disparition du soleil.

Couvrir de bâches les Camélias, Rhododendrons, Magnolias, et autres arbustes rustiques. Bien qu'ils puissent rester trois mois sans lumière et sans aucun soin, il est bon cependant de les visiter quelquefois pour enlever la moisissure que l'absence d'air peut produire.

JANVIER.

Hauteur moyenne du baromètre, 757 mill. 759.
Température moyenne, maximum +7°,10.
  minimum +4°,41.
Quantité de pluie, 36 mill. 27.
État de l'hygromètre, 86°,5.

Travaux généraux.—Ce mois est ordinairement froid et humide; mais, lorsque le temps le permet, on continue les défoncements et les labours qui n'ont pu avoir lieu dans le courant du mois précédent; et l'on ouvre les fosses à Asperges pour le printemps; on amène aussi sur le terrain des fumiers destinés à être enterrés; on met en tas celui qui doit servir à faire les couches, les réchauds, etc. Lorsque le temps est assez rigoureux pour empêcher les travaux extérieurs, on fait les réparations nécessaires aux instruments de jardinage, on nettoie les graines et on prépare tout ce qui sera nécessaire pour les opérations ultérieures.

Le jardinier qui a des serres et des couches a une occupation constante, et, à cette époque de l'année, elles exigent tous ses soins. Si le temps est humide, il faut écarter la litière qui couvre les Artichauts et les recouvrir dès qu'on craint la retour du froid.

Jardin potager. Couches.—Il faut soigner les couches, refaire les réchauds, remplir ceux qui n'ont pas besoin d'être refaits, de manière qu'ils soient toujours aussi élevés que la superficie des panneaux. À moins de temps contraire, on découvre les panneaux tous les jours, et l'on donne un peu d'air aux plantes, au moment du soleil, en soulevant les panneaux du côté opposé au vent; il est prudent de les recouvrir avant qu'il se soit formé du givre sur les vitres.

On commence à chauffer les Ananas qui sont de force à donner fruit, on continue de chauffer les Asperges blanches et vertes, et l'on plante les Pommes de terre Marjolin.

On sème sur couches très-chaudes les premières Chicorées fines, pour planter sous châssis. On sème également sous châssis du Persil, ou bien on plante des pieds tout venus.

On continue de planter des touffes d'Oseille. On sème sous cloches ou sous châssis des Pois hâtifs pour repiquer en pleine terre, et, vers la fin du mois, on met des châssis sur les Fraisiers de pleine terre qu'on veut forcer.

N. 4. Dans la seconde quinzaine, on repique sur couche et sous châssis des Haricots de Hollande semés dans la première quinzaine du mois.

N. 7. On fait une couche sur laquelle on place trois rangs de cloches.

On plante sous chaque cloche quatre Laitues petite noire (semée dans la première quinzaine d'octobre), et au milieu une Romaine verte, choisie parmi celles qui ont été semées dans les premiers jours d'octobre.

Pleine terre.—Les travaux de pleine terre sont peu nombreux; cependant, si, vers la fin du mois, il ne gèle pas, on peut planter dans les terres légères, à bonne exposition, des Choux d'York et cœur-de-bœuf, semés dans les premiers jours de septembre, et de la Romaine verte, semée dans la première quinzaine d'octobre; puis parmi le tout on sème de la Carotte hâtive et du Poireau.

Jardin fruitier.—Continuer les plantations, et si le temps le permet, commencer, quand il ne gèle pas, à tailler les Pommiers et les Poiriers en espalier et en quenouille, pour continuer jusqu'en mars, en commençant toujours par les moins vigoureux; enlever le bois mort et détruire les nids de chenilles. Couper les rameaux destinés à servir à la greffe, ou faire des boutures et les enterrer au nord dans du sable, à l'abri de la gelée et des influences atmosphériques. Lorsque le froid ou d'autres circonstances empêchent de mettre immédiatement en place les arbres destinés à des plantations, il faut les disposer en jauge et en couvrir les racines de manière à les garantir de la gelée.

Émousser les arbres et les passer au lait de chaux, afin de détruire les lichens et les insectes qui s'attachent sur l'écorce. On doit, dans le même but, blanchir les murs des arbres en espalier, ce qui peut avoir lieu au moyen d'une seringue de jardin semblable à celle que l'on emploie pour bassiner les plantes de serre.

Commencer à chauffer la Vigne, les Cerisiers, les Pêchers, les Pruniers et les Figuiers.

Jardin d'agrément.—Il y a peu de travaux à faire dans la saison rigoureuse; cependant, on profite du temps favorable pour faire les travaux de terrassement, labourer les massifs et enterrer les feuilles. On peut aussi continuer les plantations.

Dans la seconde quinzaine de ce mois, on peut commencer à semer sur couche chaude de la Pervenche de Madagascar.

Serres.—Mettre sous châssis ou dans la serre les Jacinthes en pots, Narcisses, Tulipes hâtives, Rosiers du Bengale, Lilas, Rhododendrons, etc., dont on veut avancer la floraison.

Découvrir les serres tous les jours, à moins de temps contraire, et, au moment du soleil, donner un peu d'air à l'orangerie et à la serre tempérée; enfin, visiter avec soin les plantes placées dans les serres, et veiller à ce qu'elles ne soient pas atteintes de la pourriture.

FÉVRIER.

Hauteur moyenne du baromètre, 757 mill. 706.
Température moyenne, maximum +7°,08.
  minimum +0°,94.
Quantité de pluie, 40 mill. 50.
État de l'hygromètre, 83°,2.

Travaux généraux.—Terminer tous les labours qui n'ont pu être faits dans le cours du mois précédent, et achever les travaux que l'hiver a suspendus; il faut se presser de les finir, pour ne pas être arrêté quand la végétation recommencera. Toutes les fois que le temps le permet, donner de l'air aux Artichauts et au Céleri, que l'on recouvre quand on craint la gelée.

Jardin potager. Couches.—Mêmes soins que dans le mois précédent. On sème les premiers Melons à châssis et les Concombres; on continue de chauffer les Asperges blanches, de semer de la Chicorée fine, des Haricots de Hollande pour planter sous châssis, de la Chicorée sauvage, des Radis roses et des Carottes hâtives sur couche, mais à l'air libre. On sème du Céleri-rave, des Choux rouges, des Choux de Milan et de Bruxelles.

Vers la fin du mois, on sème des Aubergines, et on plante, au n. 1, des Melons cantaloups hâtifs semés dans les premiers jours du mois.

Côtière.—Dans le cas où l'état de la température n'aurait pas permis de le faire plus tôt, on plante, au n. 9, de la Romaine verte, semée dans la première quinzaine d'octobre, et dans la Romaine on contre-plante des Choux-fleurs, semés dans la première quinzaine de septembre; puis, parmi le tout, on sème de la Carotte hâtive et du Poireau.

Pleine terre.—Les semis recommencent dans ce mois et ont pris de l'importance; on commence à butter les Crambés pour les faire blanchir.

N. 15. On sème parmi de la Carotte hâtive et des Radis.

N. 21. On plante des Choux cœur-de-bœuf, semés dans les premiers jours de septembre, et après la plantation on sème des Épinards entre les Choux.

N. 22. On plante des Choux d'York, également semés dans les premiers jours de septembre, et on sème du Cerfeuil ou des Épinards.

N. 34. On sème des Fèves naines hâtives.

N. 48. On sème des Scorsonères.

N. 49. On sème des Salsifis.

Vers la fin du mois ou dans les premiers jours de mars, on sème, au n. 40, de l'Oignon jaune des Vertus; au n. 14, on repique des Pois Michaux de Hollande, semés sur couche en janvier ou février, et, au n. 29, on plante des Pommes de terre Marjolin ou des fines hâtives.

Jardin fruitier.—On commence les plantations dans les terres fortes, argileuses ou humides; on continue de tailler les Poiriers et les Pommiers, et on commence à tailler les Abricotiers, Pruniers, Cerisiers, Pêchers et la Vigne. Tailler les Groseilliers et rabattre les Framboisiers, pour en obtenir plus de fruits. Émousser les arbres, et les passer au lait de chaux, quand cette opération n'a pas été faite à l'époque précédemment indiquée.

Planter les Mûriers, terminer les labours. Mettre stratifier les Amandes que l'on veut planter au printemps, et semer les Poiriers et les Pommiers.

Jardin d'agrément.—Labourer les bosquets et les massifs, ainsi que les emplacements destinés à faire des gazons, que l'on sème à la fin du mois. Tailler les Rosiers à bois dur, tels que cent-feuilles, Provins, hybrides non remontants, etc.

Replanter les bordures de Buis, Lavande, Sauge, Hysope, Mignardise, Pâquerette, etc. Planter les arbres résineux. On peut continuer ces plantations jusqu'en mars. Semer en place des Pieds-d'alouette, des Pavots, des Giroflées de Mahon, Thlaspis, Résédas, si l'on n'en a pas semé durant l'automne. Planter les Renoncules, à 0m,05 de profondeur. Semer sur couche les Giroflées quarantaines, les Amarantes, les Pervenches, les Pétunias, Mimulus, Lobélias; presque toutes les plantes annuelles, excepté celles d'automne; puis, quand le plant est assez fort, on le repique en pépinière, pour ne le planter en place qu'en avril et mai.

On fait également sur couche des boutures de Coléus, Lantana, Lobélia, Héliotropes, Nierembergia, Pétunia, Salvia, Verveines, qui, convenablement soignées, peuvent être plantées en mai dans le jardin d'agrément.

Serres.—Renouveler l'air dans la serre tempérée et l'orangerie, enlever les feuilles mortes. Biner la terre des pots et les arroser modérément.

MARS.

Hauteur moyenne du baromètre, 755 mill. 852.
Température moyenne, maximum +9°,94.
  minimum +2°,66.
Quantité de pluie, 39 mill. 89.
État de l'hygromètre, 75°,0.

Travaux généraux.—Les travaux de ce mois sont les premiers de l'année qui réclament toute l'activité des jardiniers. On doit se hâter de finir les labours, d'enterrer les fumiers et les engrais et de refaire partout les bordures. On découvre les végétaux qu'on a buttés et couverts pour les garantir de la gelée; il faut cependant encore recouvrir les semis et les plantations d'une petite couche de terreau ou d'un paillis léger, afin de les mettre à l'abri des gelées printanières et du hâle, et l'on met en terre les porte-graines qu'on a conservés en jauge ou dans la serre à légumes.

Jardin potager. Couches.—Pendant ce mois, les couches nécessitent beaucoup de surveillance, car il faut souvent ombrer les châssis pendant le jour et les couvrir la nuit.

On exhausse les coffres des Choux-fleurs, Haricots, etc., toutes les fois qu'il est nécessaire; et si, vers la fin du mois, le temps est favorable, on enlève les panneaux des Choux-fleurs; mais, comme à cette époque les nuits sont souvent très-froides, il faut, pendant la nuit et par le mauvais temps, les couvrir avec des paillassons.

On commence à chauffer les Ananas de deuxième saison. On continue de semer des Melons à châssis, des Concombres, des Aubergines et de la Chicorée sauvage. On fait des boutures de Patates, et vers la fin du mois on sème des Tomates et des Piments.

N. 7. Dans la première quinzaine, on plante sous chaque cloche trois Laitues gottes semées dans la seconde quinzaine d'octobre.

N. 2. Dans la seconde quinzaine, on plante sur couche en tranchée des Melons semés dans la seconde quinzaine de février, sur lesquels on rapporte les châssis qui étaient sur les Carottes semées au n. 3.

Côtière.—On sème un rang de Persil le long du mur.

Pleine terre.—On plante les pommes de terre et tous les porte-graines. On sème des Oignons blancs, des Choux pommés de Saint-Denis, quintal, de Milan et de Bruxelles, des Laitues, des Romaines, des Panais, du Céleri, de la Poirée blonde, des Épinards, de la Ciboule, des Pois, des Fèves, des Salsifis, des Scorsonères, de la Chicorée sauvage, de la Pimprenelle, du Persil et du Cerfeuil.

N. 13. On plante deux rangs de Crambés.

N. 14. Dans la première quinzaine, on sème des Radis roses.

N. 17. On plante de la Romaine blonde semée vers la fin d'octobre.

N. 20. On plante de la Laitue rouge semée vers le 15 octobre, et on contre-plante des Choux-fleurs semés dans la première quinzaine de septembre.

N. 25, 26, 27, 28. On plante quatre rangs d'Asperges de Hollande; on les met à environ 0m,40 de distance sur la ligne.

N. 32. On sème des Pois d'Auvergne et des Pois ridés.

N. 38. On sème du Poireau.

N. 39. On sème de la Carotte demi-longue.

Dans la seconde quinzaine, on sème des Brocolis et des Navets hâtifs.

Jardin fruitier.—Terminer les plantations, achever la taille des arbres fruitiers, excepté pour ceux qui sont trop vigoureux; labourer le pied des arbres en espalier. Greffer la Vigne, et lors du premier mouvement de la séve pratiquer l'incision transversale, pour faire développer les branches nécessaires à la charpente des arbres qu'on veut élever sous une forme régulière.

Planter les Figuiers et découvrir ceux qui sont empaillés; couper le bois mort et rabattre les branches trop maigres.

Jardin d'agrément.—Outre les travaux indiqués en tête de ce mois, il faut terminer les plantations d'arbres, d'arbrisseaux et des plantes vivaces; nettoyer complétement les allées, les sabler.

Découvrir tous les Rosiers qui ont été empaillés ou buttés.

Achever de les tailler, excepté ceux qui auraient souffert du froid; il faudra attendre pour cela qu'ils aient commencé à végéter, et les tailler plutôt longs que courts, sauf à les raccourcir une quinzaine de jours après.

Refaire les bordures de Buis et labourer les massifs de terre de bruyère.

Semer les pelouses de gazon dans les terrains où l'on n'aura pas pu semer en automne.

Planter les Renoncules et les Anémones qu'on n'aurait pas encore plantées.

Planter les Tigridias, à 0m,5 de profondeur, les Glaïeuls, à 0m,10, et les Lis de Saint-Jacques en pots ou en pleine terre, à 0m,15 de profondeur.

Séparer et replanter les plantes vivaces. (Voir page 69, Multiplication par les racines.)

Semer les Crépis, Malopes, Lavatères, et du Réséda, que l'on peut continuer de semer pendant tout l'été.

Semer, pour être repiqués, de la Giroflée jaune, des Œillets de Chine, et presque toutes les plantes annuelles que l'on a semées sur couche précédemment. Semer aussi les Coréopsis et les Thlaspis, si on ne les a pas semés en automne.

Planter sur couche des Tubéreuses, et mettre les tubercules de Dahlias sous un châssis, afin de favoriser le développement des bourgeons.

Semer, sur couche, les Verveines, les Balsamines, Amarantes, Amarantoïdes, Seneçon des Indes, Zinnias, etc.; et, lorsque le plant sera assez fort, on le repiquera sur couche en pépinière pour ne planter en place qu'en mai.

Semer aussi des Cobéas, et, dès qu'ils auront quelques feuilles, on les repiquera dans de petits pots qu'on laissera sur couche jusqu'à la fin d'avril ou le commencement de mai, époque où on les mettra en pleine terre; on peut encore faire des boutures de Coléus, Lantana, Lobélia, Héliotropes, Nierembergia, Pétunia, Salvia, Verveines, quand celles qu'on a faites en février ne promettent pas une bonne reprise.

Serres.—On n'a plus besoin, dans ce mois, de faire du feu, car le soleil a pris assez de force pour que ses rayons échauffent l'atmosphère, et il est même souvent nécessaire d'ombrager les serres, afin de ne pas laisser brûler les feuilles des plantes. Les arrosements seront peu à peu plus fréquents et plus abondants. On nettoie partout, et on seringue les feuilles des plantes aussi souvent que l'état de la température l'exige.

AVRIL.

Hauteur moyenne du baromètre, 754 mill. 789.
Température moyenne, maximum +12°,70.
  minimum +5°,59.
Quantité de pluie, 45 mill. 53.
État de l'hygromètre, 65°,8.

Travaux généraux.—On continue les travaux qui n'ont pas été terminés dans le cours du mois précédent; mais, comme les gelées sont moins à craindre, on peut faire des semis de toutes sortes.

Sarcler et éclaircir les semis, pailler les plantations pour les préserver contre le hâle, et, s'il est nécessaire d'arroser, il ne faut le faire que le matin et dans le jour seulement, à cause de la fraîcheur des nuits.

Jardin potager. Couches.—On sème des Melons pour planter sous cloches, des Concombres, des Cornichons et des Potirons pour planter en pleine terre; sous châssis, des Haricots flageolets pour repiquer également en pleine terre; et sur couche, mais à l'air libre, de la Chicorée fine et des Choux-fleurs.

N. 3. Dans la première quinzaine, on plante des Melons semés dans la première quinzaine de mars, sur lesquels on rapporte les châssis qui étaient sur les Choux-fleurs plantés n. 6.

N. 7. On plante sous cloches deux rangs d'Aubergines semées fin février.

N. 4. Dans la seconde quinzaine, on fait une couche sourde, et on plante sous cloches un rang de Melons semés dans la seconde quinzaine de mars.

N. 8. Vers la fin du mois ou au commencement du mois de mai, on plante, sur couche sourde, un rang de Patates.

Plate-bande, n. 55.—On plante un rang de Rhubarbe anglaise.

Pleine terre.—On continue de planter des Pommes de terre. On sème des Choux-fleurs et on continue de semer des Brocolis, des Choux de Milan, de Bruxelles et de Poméranie, des Pois, des Fèves, des Carottes, des Radis, des Épinards, des Laitues et des Romaines, du Céleri à couper, du Persil, du Cerfeuil, de la Pimprenelle, de la Chicorée sauvage; et, vers la fin du mois, des Choux-fleurs demi-durs, du Cresson alénois, etc.

N. 30. On plante des Choux de Milan, semés vers la fin de février.

N. 37. On sème de l'Oseille.

N. 50. On plante des Choux quintal semés vers le 15 mars.

N. 51, 52, 53 et 54. On plante deux rangs d'œilletons d'Artichauts dans chaque planche; on les met à 1 mètre sur la ligne.

Jardin fruitier.—Achever de tailler les arbres vigoureux et les Pêchers; garantir par des toiles ou des paillassons les arbres en fleur, que menacerait la gelée; terminer les labours et les plantations; faire les boutures et couchages; répandre du paillis pour empêcher la sécheresse; greffer en fente les Cerisiers, Pruniers, Poiriers, Pommiers, Mûriers, etc.; repiquer les Amandes que l'on a mises à stratifier.

Jardin d'agrément.—Planter les Magnolias grandiflora et les Tulipiers, qui, à cette époque, reprennent beaucoup mieux qu'en tout autre temps. Terminer les labours et tous les travaux de nettoyage du jardin d'agrément.

Semer les graines d'arbres résineux; semer les Œillets; rempoter ou mettre en pleine terre les marcottes de l'année précédente; semer en place les Capucines grandes et naines, les Haricots d'Espagne, les Volubilis, les Lupins annuels, les Belles-de-nuit, les Nigelles, etc.; et semer, pour être repiqués, les Œillets d'Inde et les Roses d'Inde, que l'on peut semer successivement jusqu'en juin; diviser les touffes de Chrysanthèmes.

Serres.—Donner de l'air quand le temps le permet, afin de fortifier les plantes qui bientôt pourront être exposées à l'air libre; commencer à seringuer les plantes vers le milieu du jour, et donner des arrosements modérés. Dans la seconde quinzaine, on commence à sortir les plantes les moins délicates.

MAI.

Hauteur moyenne du baromètre, 754 mill. 863.
Température moyenne, maximum +17°,67.
  minimum +10°,98.
Quantité de pluie, 56 mill. 80.
État de l'hygromètre, 70°,0.

Travaux généraux.—Nous n'entrerons dans aucun détail sur les opérations horticoles de ce mois, qui sont nombreuses et variées. Le jardinier a besoin de toute son activité, et chacune des parties du jardin réclame tous ses soins.

Jardin potager. Couches.—On fait une couche de 0m,50 d'épaisseur, que l'on recouvre de 0m,25 de bonne terre, pour planter les Ananas en pleine terre, sous châssis.

Dans la première quinzaine, on sème des Cornichons et les derniers Melons; puis sur couche, mais à l'air libre, de la Chicorée fine, de la Chicorée de Meaux et de la Scarole; on fait une couche sourde au n. 5, et on plante sous cloches un rang de Melons semés dans la première quinzaine d'avril.

Dans la seconde quinzaine, on fait une couche sourde au n. 6, et on plante un rang de Melons, semés dans la seconde quinzaine d'avril, sur lesquels on rapporte les cloches qui étaient sur les Aubergines plantées au n. 7.

Côtière, n. 9.—Dans la seconde quinzaine, on plante des Concombres blancs et des Cornichons verts, semés sur couche en avril.

N. 11. On sème du Cerfeuil.

N. 10. Dans la seconde quinzaine, on sème des Haricots par touffes ou en rayons.

Pleine terre.—On plante les dernières Pommes de terre. On sème des Cardons, des Choux-raves, du Céleri turc, des Radis noirs, de la Poirée blonde, du Pourpier doré, et on continue de semer des Choux-fleurs, des Brocolis, des Choux de Milan, de Bruxelles et de Poméranie, des Carottes, des Radis, des Épinards, des Laitues et des Romaines, des Pois, des Fèves, de l'Oseille, du Persil et du Cresson. Vers le 15, on peut planter des Patates en pleine terre.

Dans les premiers jours du mois, on plante, au n. 15, de la Chicorée demi-fine semée sur couche dans les premiers jours d'avril.

N. 19. On plante de la Romaine blonde semée dans la seconde quinzaine d'avril, et vers la fin du mois, on contre-plante des Choux-fleurs semés sur une vieille couche vers la fin d'avril.

N. 35. On sème de la Chicorée toujours blanche.

N. 33. On sème des Haricots à rames.

N. 23. On sème des Haricots nains.

Dans la seconde quinzaine on plante, au n. 22, de la Laitue grise semée dans la première quinzaine du mois, et on contre-plante deux rangs de Tomates semées sur couche vers la fin de mars.

N. 17. On plante de la Chicorée fine semée sur couche vers la fin d'avril, et on contre-plante quatre rangs de Céleri-rave semé sur couche en février.

N. 24. On sème deux rangs de Cardons de Tours immédiatement en place, et on contre-plante trois rangs de Romaine semée dans la première quinzaine du mois.

N. 41. On plante un rang de Potirons semés sur couche en avril.

N. 36. Vers la fin du mois ou au commencement de juin, on plante quatre rangs de Choux de Poméranie semés vers la fin d'avril.

N. 51, 52, 53 et 54. On plante entre chaque rang d'Artichauts un rang de Choux de Bruxelles semés vers la fin d'avril.

Jardin fruitier.—Il faut, outre les travaux généraux, que le jardinier veille à maintenir l'équilibre entre les différentes parties de ses arbres et à favoriser leur développement.

On commence l'ébourgeonnement; on donne les premiers binages, et l'on commence à greffer en écusson à œil poussant.

Jardin d'agrément.—Planter les derniers Magnolias à feuilles persistantes.

Dans la seconde quinzaine du mois, planter les Dahlias; mais il n'y a pas avantage à les planter plus tôt, car il arrive souvent qu'ils ne donnent plus de fleurs dès le mois de septembre, époque de leur beauté.

Commencer à faire faucher les gazons, qui, à partir de cette époque, devront être coupés le plus souvent possible; car, pour avoir de beaux gazons, il faut éviter de les laisser monter en graines.

C'est le moment de mettre en pleine terre les Érythrines, Balisiers, Pélargoniums zonale, Héliotropes, Calcéolaires, Coléus, Pétunias, Verveines, Chrysanthèmes à fleurs blanches, etc.

Tailler les Lilas et les Ribes sanguineum aussitôt qu'ils sont défleuris, car il n'y a de belles fleurs que sur le jeune bois.

Replanter en bordure les Amaryllis jaunes.

Semer des Giroflées quarantaines, puis des Giroflées grosse espèce, et que l'on repiquera en pépinière vers la fin de juin; et en septembre on les relèvera pour les planter en pots.

Serres.—Sortir les plantes de l'orangerie et une partie des Pélargoniums (on laissera les plus avancés dans la serre), et au moment où les premières fleurs commenceront à s'épanouir, on les rentrera, afin de jouir de toute la beauté de leur floraison, qui se prolonge pendant tout le mois, et quelquefois pendant la première quinzaine de juin. Durant le milieu de la journée, il faut étendre une toile sur la serre, afin de protéger les fleurs contre l'ardeur du soleil.

Vers le 15, on sort les Orangers, et quelques jours plus tard les plantes de serre chaude qui peuvent passer dehors quatre mois de l'année. On procède au rempotage, et on replace dans la serre les plantes qui ne peuvent pas rester à l'air libre sous le climat de Paris.

On enlève les châssis des serres tempérées, et on découvre les bâches à Camélias, Rhododendrons, etc.

JUIN.

Hauteur moyenne du baromètre, 756 mill. 966.
Température moyenne, maximum +21°,19.
  minimum +14°,42.
Quantité de pluie, 54 mill. 34.
État de l'hygromètre, 67°,5.

Travaux généraux.—Nous renvoyons à chacune des parties qui traitent de la culture propre à ce mois pour tous les travaux à faire. Maintenir la propreté par des sarclages, des binages et des ratissages; ne pas ménager les arrosements quand le temps est sec; faire la chasse aux animaux et aux insectes nuisibles: tels sont les soins généraux qui appellent l'attention du jardinier.

Jardin potager. Couches.—Dans ce mois, on peut se passer de faire de nouvelles couches, les plantes réussissent bien en pleine terre; on enlève les coffres et les châssis, et après la récolte des Melons plantés n. 1, on plante deux rangs de Choux-fleurs semés en mai; puis de la Chicorée ou de la Scarole semée sur couche dans la première quinzaine de mai.

Pleine terre.—On sème de la Chicorée de Meaux et de la Scarole, de la Raiponce, des Choux de Vaugirard et des Choux-fleurs pour l'automne, de la Ciboule et du Poireau pour l'hiver.

On continue de semer des Brocolis, des Choux de Milan et de Bruxelles, des Carottes hâtives, du Céleri turc, des Radis roses, des Radis de Madras et des Radis noirs, des Laitues, des Romaines, des Navets, de l'Oseille, du Pourpier, du Cerfeuil, du Cresson alénois, des Pois et des Haricots; c'est même le moment de semer tous ceux que l'on veut mettre en filet.

Dans la première quinzaine, on repique au n. 21 quatre rangs de Romaines (semées dans la seconde quinzaine de mai), et, dans la seconde quinzaine, on repique dans la Romaine trois rangs de Poirée à cardes (semée dans les premiers jours du mois), que l'on met à 0m,50 sur la ligne.

N. 18. On plante quatre rangs de Laitue semée dans la seconde quinzaine de mai.

N. 31. On sème des Navets.

N. 30. On sème des Haricots.

Dans la seconde quinzaine, on contre-plante dans la Chicorée plantée n. 15 quatre rangs de Céleri turc semé dans les premiers jours de mai.

N. 14. On repique quatre rangs de Scarole semée sur couche dans les premiers jours du mois, et quelques jours plus tard, on contre-plante des Choux-raves semés vers la fin de mai.

Vers la fin du mois ou dans les premiers jours de juillet, on sème au n. 29 de la Chicorée de Meaux immédiatement en place.

Dans le courant du mois, on coupe les pétioles de Rhubarbe pour en faire des confitures.

On récolte les graines de Cerfeuil, de Cresson alénois, de Mâches, etc.

Jardin fruitier.—On commence le palissage de la Vigne et des arbres en espalier, pour ne le terminer que vers la fin de la saison.

On continue l'ébourgeonnage, le pincement et la suppression des bourgeons inutiles, seul moyen d'avoir des arbres toujours beaux et d'un produit assuré.

On pince le bouton terminal des Figuiers, afin d'en assurer la fructification. Vers la fin du mois, ou au commencement de juillet, on taille les Mûriers dont les feuilles ont servi à l'éducation des vers à soie.

Jardin d'agrément.—On fauche les gazons, on bine les plates-bandes et les massifs, on arrose les plantes annuelles et vivaces, on met des tuteurs aux Dahlias, Roses trémières, etc.

Greffer en écusson toutes les variétés de Rosiers.

Tailler dans le courant du mois les Glycines de la Chine, qui prennent un trop grand développement.

Repiquer en pépinière les Œillets de semis, rempoter les Chrysanthèmes plus grandement et les rabattre; relever les Amaryllis Belladones, et les replanter peu de temps après.

Semer les Roses trémières, Croix-de-Jérusalem, Digitales, Campanules, Corbeilles d'or, Delphinium, Œillets de poète, Myosotis alpestris, Lin vivace, Primevères et toutes les plantes vivaces propres à garnir le jardin d'agrément.

Serres.—Sortir les Pélargoniums de la serre aussitôt qu'ils sont défleuris, les déposer pendant quelques jours à une exposition ombragée, ensuite les placer dans une position bien aérée; et, pour que la terre des pots se dessèche moins, on les enterre, à peu près à moitié. Si l'on ne veut pas enlever les châssis de la serre aux Pélargoniums, on pourra la regarnir avec des Lauriers-roses doubles, dont la floraison sera plus belle et plus certaine qu'à l'air libre.

JUILLET.

Hauteur moyenne du baromètre, 756 mill. 193.
Température moyenne, maximum +21°,19.
  minimum +16°,99.
Quantité de pluie, 47 mill. 21.
État de l'hygromètre, 68°,2.

Travaux généraux.—Les mêmes qu'en juin. Redoubler d'activité et de soins, car toutes les parties du jardinage sont d'une égale importance, et réclament la sollicitude du jardinier.

Jardin potager.Couches. Dans la première quinzaine, on enlève le fumier de la couche n. 2, on remplit la tranchée avec la terre qu'on en avait tirée, on laboure le tout, et, après avoir dressé le terrain, on plante des Choux-fleurs semés dans la seconde quinzaine de juin; puis on contre-plante de la Chicorée ou de la Scarole semée dans la première quinzaine de juin.

N. 3. Dans la seconde quinzaine, on enlève également le fumier de la couche, et, comme au n. 2, on remplit la tranchée et on plante des Choux-fleurs semés dans la première quinzaine du mois; et on contre-plante de la Chicorée ou de la Scarole semée dans la première quinzaine du mois.

Pleine terre.—On fait les derniers semis de Choux de Milan, Carottes, Chicorées, Scaroles, Laitues romaines, et on continue de semer des Navets, de la Raiponce, des Radis roses, des Radis queue-de-rat, du Pourpier doré, du Cerfeuil, enfin tout ce qui peut arriver à maturité avant l'hiver.

N. 18. Dans les premiers jours du mois, on contre-plante dans la Laitue de la Chicorée ou de la Scarole semée dans la première quinzaine de juin; puis on plante de chaque côté de la planche un rang de Choux de Vaugirard semés dans la seconde quinzaine de juin.

N. 20. On sème de la Raiponce. Dans la seconde quinzaine, on plante au n. 16 quatre rangs de Romaine blonde ou de Laitue semée dans la première quinzaine du mois, et on contre-plante deux rangs de Choux-fleurs semés dans la première quinzaine de juin.

On récolte les graines d'Oseille, d'Épinard, de Choux, de Pois, de Salsifis, de Scorsonère, etc.

Jardin fruitier.—Visiter les espaliers, maintenir l'équilibre entre les différentes parties des arbres, palisser, ébourgeonner, découvrir sans les dégarnir les fruits dont on veut accélérer la maturité.

Pendant les fortes chaleurs, arroser les Pêchers, au pied, et le soir seringuer les feuilles.

De la fin du mois à la mi-septembre, greffer en écusson à œil dormant les Cerisiers, Pruniers, Pêchers, Abricotiers, Poiriers et Pommiers.

Jardin d'agrément.—Commencer à ébourgeonner les Dahlias; planter les Lis à 0m,15 ou 0m,20 de profondeur aussitôt qu'ils seront défleuris.

Retirer les Renoncules, Anémones, Narcisses, Jonquilles, dès que les feuilles seront desséchées.

Semer les Lupins vivaces aussitôt la maturité des graines; à l'automne, les repiquer en pots, que l'on mettra dans l'orangerie ou sous châssis pour passer l'hiver, et au printemps on les met en pleine terre.

Vers la fin du mois ou au mois d'août, marcotter les Œillets et commencer à greffer les Rosiers en écusson à œil dormant.

Serres.—Les plantes de serre sont presque toutes dehors et n'exigent que des arrosements. Il faut donner du grand air à celles qui sont restées dans la serre, les abriter contre les rayons solaires et les arroser au besoin.

CHAPITRE III.
Instruments de jardinage.

Tous les instruments indiqués dans ce chapitre sont indispensables pour cultiver un jardin; et, quoique nous ne cherchions nullement à constituer en frais ceux qui puiseront des renseignements dans notre livre, nous leur conseillons de s'en procurer la plus grande partie, afin de simplifier les opérations.

§ I.—Outils propres aux labours et plantations.

Bêche de Soissons.—La lame est un peu évidée au milieu; elle a 0m,27 de longueur sur 0,20 de largeur en haut, et 0m,16 en bas. Au lieu d'avoir une douille, la lame est fixée au manche au moyen de deux chevilles rivées.

Bêche de Senlis.—Le manche a 1 mètre de longueur, non compris la partie enfoncée dans la douille; le fer a 0m,30 de hauteur, 0m,22 de largeur en haut et 0m,18 en bas.

Binette.—La binette est une petite houe dont la lame n'a guère que 0m,16 de longueur sur 0m,12 de largeur. Elle sert à remuer la terre entre les plantes dont les rangs sont un peu écartés, ainsi qu'à faire les trous pour planter les Haricots et les Pommes de terre.

Binette à croc.—Cette binette, dont la lame est double, offre un tranchant d'un côté et de l'autre deux longues dents.

Hoyau.—Outil destiné à faire les tranchées, arracher les arbres et préparer au labour à la bêche les terres compactes. Le manche a 0m,76, et la lame, qui forme avec le manche un angle droit, 0m,32.

Houlette.—La houlette est une petite bêche dont la lame, longue d'environ 0m,15, large de 0m,10, est repliée cylindriquement sur ses côtés: elle est destinée à relever les plantes en mottes.

Pioche ou Tournée.—Cet instrument est particulièrement employé pour les travaux de terrassement; on s'en sert utilement pour faire les trous et déplanter les gros arbres.

Plantoir.—Pour faire un plantoir, on choisit une branche d'arbre recourbée à son extrémité, puis on effile la partie qui doit être enfoncée en terre, et pour lui donner plus de durée et de pénétrabilité, on la fait garnir de fer ou de cuivre.

Traçoir trident.—L'avantage de cet instrument est d'éviter de déplacer le cordeau autant de fois qu'il faut de rayons dans une planche. Pour tracer six rayons, il suffit de tendre deux fois le cordeau, et pour cinq une seule fois, en le plaçant au milieu de la planche. On peut faire les rayons plus ou moins écartés, car les deux branches latérales sont fixées dans le bas au moyen d'une charnière, et sur la traverse par une petite cheville mobile, qui permet de les éloigner ou de les rapprocher selon le besoin.

Ciseaux à tondre.—Ce sont de grands ciseaux de 0m,40 de longueur, dont les manches forment avec la lame un angle très-ouvert; ils servent à tondre les haies, les gazons, les bordures, etc.

Les lames doivent avoir du jeu et ne pas être serrées par un écrou. Pour s'en servir il faut, au moyen d'efforts en sens opposé, presser les lames l'une contre l'autre.

Rateau simple à dents de fer.—Il sert à nettoyer les allées, à unir la surface du terrain nouvellement labouré, puis à recouvrir légèrement les semis. Il faut en avoir au moins deux, l'un d'environ 0m,30, et l'autre de 0m,45.

Ratissoire à pousser.—Manche, 1m,40 de longueur; lame, 0m,20.

Ratissoire à tirer.—Employée dans les parties où la terre est le plus dure. La lame, qui a 0m,20 de largeur, est faite avec un morceau de vieille faux. Le manche a 1m,15 de longueur.

Rouleau.—Le rouleau est un gros cylindre en fonte ou en pierre, muni à chaque extrémité d'une oreillette arrondie, tournant comme un essieu dans une boucle de fer; on l'emploie avec avantage pour rouler les terres et les gazons.

Sarcloir.—Cet instrument sert à sarcler entre les plantes qui ne sont pas semées trop dru. Sa longueur totale est de 0m,25.

§ II.—Outils propres aux transports.

Brouette a coffre.—Les proportions d'une brouette sont: longueur, 1m,50 à 1m,60; largeur du coffre, 0m,50 à 0m,55; écartement des bras à leur extrémité, 0m,65; diamètre extérieur de la roue, 0m,48.

Crochet pour le transport des caisses.—Ces crochets sont en fer, et l'une des extrémités forme une boucle dans laquelle on passe un brancard de 2 mètres de longueur; à l'aide de ces crochets, deux hommes transportent facilement des caisses très-pesantes.

Diable.—Cet appareil est indispensable pour entrer et sortir les caisses qu'il est impossible de transporter avec les crochets. Pour les enlever, on approche l'appareil de manière à engager les mentonnets sous la caisse; on cale les roues, et l'on appuie sur la flèche de manière que la caisse se trouve placée obliquement; on peut alors la diriger facilement partout où l'on veut.

Fourche ordinaire.—Cet instrument sert à faire les couches, à transporter les fumiers et à herser les planches du potager.

Hottereau (on prononce Hottriau).—Il sert au transport des fumiers et du terreau. Dans les jardins maraîchers, il remplace la brouette.

Pelle de bois.—Comme cet instrument est à peu près partout le même, nous croyons inutile d'en donner les proportions; il sert à enlever les terres et terreaux, à les amonceler, etc.

§ III.—Instruments servant aux arrosements.

Arrosoir à pomme.—Cet instrument, qui doit être en cuivre pour avoir plus de durée, contient environ dix litres d'eau.

Arrosoir à bec pour mouiller dans les serres. Il doit être au moins un tiers plus petit que l'arrosoir à pomme.

Pour arroser les semis et les boutures, on met la pomme à la place du bec de prolongement.

Pompe à main et à jet continu, de M. Petit.—Cet instrument, qui lance l'eau à 5 et 6 mètres de hauteur, sert à arroser les arbres trop élevés pour qu'on puisse se servir de la seringue.

Seringue pour laver la tête des arbres et les plantes d'orangerie et de serre. Sa longueur totale est de 0m,50.

§ IV.—Instruments propres à la taille et à l'élagage des arbres.

Croissant.—On se sert de cet instrument, dont la lame est placée à l'extrémité d'un manche plus ou moins long, pour élaguer les arbres et écheniller; mais on lui substitue avec avantage pour ce dernier objet l'échenilloir, dont la manœuvre est bien moins fatigante.

Coupe-bourgeons.—Espèce de sécateur à lames courbes, qui sert à ébourgeonner et facilite cette opération.

Échenilloir.—On peut, dans certaines circonstances, remplacer cet instrument par le croissant; mais celui-ci est toujours moins commode.

Sécateur.—Le choix de cet instrument est d'une grande importance; car s'il est mal fabriqué, il écorche les branches et nuit à la végétation de l'arbre. Son avantage sur la serpette est de faciliter la taille; mais il ne peut lutter dans toutes les circonstances avec ce dernier instrument, qui fait toujours des plaies plus nettes.

Scie à main, destinée à enlever les branches qu'on ne peut couper au sécateur. Sa longueur totale est de 0m,25.

Égohine, servant à couper les branches dans les endroits où la scie à main ne peut passer.

Serpette.—On en fait de différentes dimensions; mais les plus généralement employées ont un manche d'environ 0m,12, de longueur, et la lame de 0m,08 à 0m,09.

Serpe.—Elle sert à abattre les grosses branches, faire les pointes des pieux et des tuteurs, etc.

CHAPITRE IV.
Défoncements et Labours.

Lorsqu'on établit un jardin neuf, il faut commencer par se rendre compte de l'état et de la profondeur du terrain, ce qui est essentiel surtout si l'on a des plantations d'arbres à opérer.

Si la couche supérieure de terre est mauvaise ou depuis très-longtemps en culture, et que la fertilité se trouve épuisée, il faut faire défoncer.

Si, comme il arrive souvent, le terrain est couvert d'herbes élevées, il faut les arracher, les réunir en tas et les brûler, quand elles sont assez sèches. On en étendra les cendres sur le terrain après le défoncement, que l'on fera en automne ou en hiver de la manière suivante: À une des extrémités du terrain, l'on ouvrira une tranchée de 1m,60 à 2 mètres de largeur (appelée jauge). Assez ordinairement, il suffit d'enlever deux fers de bêche, et l'on pioche le fond de la tranchée avant de la remplir. Il y a des terrains où il faut cependant défoncer beaucoup plus profondément. On divisera le terrain en deux, trois ou quatre parties, selon le nombre d'ouvriers. On déposera la terre de la première tranchée au bout où l'on doit terminer, ce qui servira à combler le vide de la dernière. On remplacera successivement chaque tranchée par une autre de même longueur, en ayant soin de mettre la terre du fond à la superficie.

Il faudra enlever les parties de mauvaise terre et les pierres, que l'on mettra dans les grandes allées, dont on enlèvera toute la bonne terre.

Le défoncement terminé, on donnera un bon coup de fourche pour briser les mottes de terre et unir la superficie du terrain; puis on passera le râteau pour enlever les pierres, qui serviront encore à remplir les allées.

1. Labours.—Dans les terres légères, on fera annuellement un profond labour pendant les belles journées d'hiver; quant aux terres compactes et humides, il faudra en automne les relever par chaînes, c'est-à-dire enlever la terre de la surface du sol, et la réunir en monticules, ou mieux en lignes parallèles. Les gelées les ressuieront, et au printemps elles seront beaucoup plus faciles à cultiver.

Dans les jardins, les labeurs se font à la bêche. Avant de commencer, on enlèvera de la terre de manière à former une jauge d'un bon fer de bêche de profondeur (0m,25 à 0m,30 environ), de 0m,30 à 0m,35 de largeur, et de la longueur du travers d'une planche pour un homme seul.

Si l'on doit labourer deux planches à côté l'une de l'autre, on déposera la terre de la jauge sur celle d'à côté et sur le même bout.

Si l'on n'en a qu'une, on la déposera au bout où l'on doit terminer, de manière à avoir de quoi remplir la dernière jauge. Comme c'est aussi à cette époque qu'on enterre le fumier, l'on devra auparavant l'étendre bien également sur tout le terrain, ce qui permet souvent de labourer par les gelées; sans cette précaution, le froid durcirait la surface du sol et empêcherait tout travail.

On labourera à reculons en prenant la terre par bêchée, que l'on replacera sur l'autre bord de la jauge, en la retournant chaque fois de manière que celle du fond se trouve en dessus, puis on poussera du fumier dans chaque jauge, en ayant soin de ne pas l'enterrer trop profondément, afin qu'il se trouve à la portée des racines. On brisera bien les mottes de terre avec la bêche, et l'on jettera de côté les pierres que l'on rencontrera.

Il faut surtout avoir soin, en labourant, de mettre la terre des sentiers dans la planche, car elle aura eu une année de repos. Pour les labours d'hiver, il ne faut pas trop unir la superficie du terrain; seulement, quand il faudra planter ou semer, on l'égalisera à la fourche.

On procédera pour toute l'étendue du jardin comme nous l'indiquons, en maintenant toujours une jauge de même largeur.

En labourant au pied des arbres, on ne saurait prendre trop de précautions pour ne pas en blesser les racines.

Toutes les fois que l'on voudra faire succéder une culture à une autre, il faudra labourer le terrain, mais pas aussi profondément qu'en hiver, et avoir soin d'arracher auparavant les mauvaises herbes, dont les graines germeraient promptement une fois enterrées. Dans les terrains extrêmement maigres, où il est toujours nécessaire de mettre quelque engrais, il ne faut l'employer que très-consommé.

2. Sarclage.—Le sarclage consiste à faire disparaître du sol les plantes et les mauvaises herbes étrangères à la culture. Cette opération se fait à la main, et exige une certaine pratique afin de distinguer au premier coup d'œil les plantes qu'il faut enlever de celles qui doivent être conservées. On conçoit que ce travail doit offrir beaucoup de difficultés lorsque la terre est sèche: c'est pourquoi, dans ce cas, il faut avoir soin de bassiner, une heure au moins avant de commencer cette opération, les planches qui ont besoin d'être sarclées.

3. Binage.—Le binage est une opération non moins nécessaire aux plantes potagères que le sarclage; elle a lieu à l'aide de la binette, et, suivant le besoin, avec la lame ou avec les dents.

Le binage a pour but de diviser la surface du sol, afin de rendre la terre perméable aux influences atmosphériques et aux arrosements. Dans quelques circonstances (par exemple, pour les plantes repiquées), le binage peut remplacer le sarclage, et quelquefois alors on peut, au lieu de la binette, employer la ratissoire.

CHAPITRE V.
Fumier et Engrais.

Nous n'aurons à parler que des engrais les plus communs; les autres, tels que la raclure de corne, le noir animal, le sang desséché, la poudre d'os, le guano et l'engrais perazoté, n'étant guère employés que dans la grande culture.

Ceux que nous conseillons, et qu'il est le plus facile de se procurer, sont les débris végétaux en état de décomposition. On peut se servir encore de la vase des étangs et des balayures des rues, qui sont également de bons engrais, mais seulement après être restées longtemps en tas, avoir été remuées plusieurs fois pendant l'hiver et mûries par les influences de l'atmosphère. Le marc des Raisins et des Poires à cidre est aussi très-bon, quand il est resté assez longtemps en tas pour qu'on n'ait plus à craindre que les graines germent une fois en terre.

La fiente du pigeon ou colombine et celle de poule ne devront être employées que très-sèches et réduites en poussière, et, comme la poudrette, semées légèrement à la volée, et cela seulement dans les terres fortes. Ces fumiers ne peuvent être employés que dans des circonstances souvent fort limitées, tandis que ceux qui proviennent de la litière mêlée à l'urine et aux excréments d'animaux domestiques se trouvent partout en abondance; ils présentent entre eux des différences que nous allons signaler. Les fumiers les plus chauds sont ceux de cheval, de mulet, d'âne et de mouton; les plus compactes et les plus froids sont ceux de bœuf, de vache et de porc.

Quel que soit le fumier que l'on emploie, nous pensons qu'il ne doit être enterré qu'après sa fermentation, sans attendre cependant qu'il soit entièrement consommé; frais, il n'agit pas comme engrais, mais comme amendement; aussi, dans les terres fortes, humides et froides, qu'il est nécessaire de diviser, on n'emploiera jamais que des fumiers non consommés. Un autre inconvénient de ces fumiers est de renfermer encore des graines dont la fermentation n'a pu détruire le principe germinatif et qui couvrent promptement le sol de mauvaises herbes.

Pour les terres légères et brûlantes, qu'il est nécessaire de lier, on emploiera du fumier de vache; à défaut de celui-ci, on en prend un autre; mais alors on ne doit l'employer qu'à moitié consommé.

C'est en hiver et dans les premières gelées qu'il faudra étendre le fumier dans tous les endroits où on doit l'enterrer. Quel que soit l'engrais dont on se sert, on doit en mettre tous les ans et le plus possible, surtout pour les planches de potager qui sont toujours en culture.

Les fumiers et les feuilles presque consommés provenant des vieilles couches seront réservés pour étendre chaque année comme paillis sur les plates-bandes et sur toutes les parties en culture, ce qui est encore un bon engrais; mais il faudra s'abstenir de mêler à ces fumiers les sarclures du jardin avant leur réduction complète en terreau.

Les engrais doivent être enterrés assez tôt pour qu'ils aient eu le temps de se consommer avant que les racines des plantes puissent les atteindre, surtout les racines charnues. Certaines plantes potagères, telles que le Poireau et l'Oignon, réussissent mieux dans une terre fumée de l'année précédente.

CHAPITRE VI.
Des Arrosements.

L'eau étant un des principaux agents de la végétation, elle est indispensable dans un jardin. Quand on n'a pas un cours d'eau dont on puisse disposer à son gré, il est nécessaire de s'en procurer par tous les moyens possibles.

Les eaux pluviales, plus salutaires à la végétation que toutes les eaux qui coulent à la surface du sol, doivent être recueillies avec soin; à cet effet, on devra garnir de gouttières toutes les toitures, de manière à n'en pas laisser perdre. Elles seront reçues dans un réservoir placé à une certaine élévation, ce qui facilitera les moyens de distribuer l'eau par les tuyaux dans toutes les parties du jardin.

À défaut d'eau courante ou jaillissante, on sera obligé d'avoir recours à l'eau de puits. Dans cette circonstance, il faudra se préoccuper du meilleur moyen de la tirer; car il est déplorable que dans beaucoup de localités on soit encore réduit à la nécessité de se servir de la corde et des seaux, exercice aussi long que fatigant; tandis qu'avec une pompe à manége à triple effet, on peut facilement se procurer 12 à 1,500 litres d'eau par heure. Il est vrai que pour cela il faut avoir un cheval, et que beaucoup de gens se préoccupent si peu du sort de leur jardinier, qu'ils aiment mieux laisser leurs chevaux à l'écurie que d'en mettre un à sa disposition quelques heures chaque jour pendant les mois d'été; ce qui cependant serait très-avantageux, car l'eau des puits contient presque toujours du carbonate et souvent du sulfate de chaux: sur quelques points même, ces substances sont tellement abondantes que l'eau dépose sur le sol et sur les feuilles des plantes une couche de sels calcaires qui ne permettent plus aux racines de jouir des influences atmosphériques et aux feuilles de remplir leurs fonctions physiologiques, ce qui occasionne quelquefois la perte des cultures, ou le plus souvent un état de langueur non moins préjudiciable. Dans ce cas, il est de toute nécessité d'avoir un réservoir pour que l'eau ne soit employée que quelques heures après avoir été tirée, ce qui permet aux substances malfaisantes qu'elle contient de se déposer. Il y a aussi avantage à laisser l'eau s'échauffer au soleil; car pour l'arrosement des plantes délicates ou de celles cultivées sur couches, l'eau ne devrait jamais avoir moins de 8 à 10 degrés de température. Il n'en est pas de même, il est vrai, pour les gros légumes; il faut au contraire employer l'eau aussitôt qu'elle est tirée du puits, car autrement elle activerait trop leur végétation, et ils ne pourraient alors acquérir tout leur développement.

On peut augmenter la fertilité du sol en faisant des arrosements avec de l'eau mêlée de purin ou jus de fumier, de bouse de vache, de crottin de mouton ou de toutes autres substances animalisées. La colombine, la poudrette et le guano employés à petites doses, 3 ou 4 kilogrammes environ par hectolitre d'eau, constituent également un bon engrais liquide, avec lequel on peut, pendant l'été, arroser les plantes cultivées en pots ou en pleine terre une fois chaque semaine. La quantité et la fréquence des arrosements ne peuvent pas être déterminées d'avance; nous nous bornerons à dire qu'ils devront être plus ou moins abondants, suivant la température et la nature du terrain.

Pour que les plantes profitent le plus possible des arrosements pendant les journées chaudes de juin, juillet et août, on n'arrosera que dans l'après-midi; au printemps et à l'automne, où les nuits sont ordinairement fraîches, on les arrosera le matin.

Les arrosoirs dont on se servira le plus fréquemment, et particulièrement pour mouiller les semis et les plantes récemment repiquées, sont à pomme; les arrosoirs à bec serviront pour mouiller les plantes en pots. On ajoutera la pomme pour mouiller au pied les plantes délicates et nouvellement repiquées.

CHAPITRE VII.
Des Couches.

Dans les contrées septentrionales, où la végétation est suspendue par le froid pendant un temps plus ou moins long, le jardinier a recours à des moyens artificiels pour suppléer à la chaleur du soleil et obtenir des produits prématurés. Il est même impossible, dans le jardin le plus humble, de se passer d'une couche, ne fût-ce que pour semer certaines graines de fleurs ou de légumes qui ne peuvent réussir en pleine terre ou ne donnent que des produits tardifs.

I. Couches pour primeurs.—Les couches doivent toujours être à l'exposition du sud, et l'emplacement sur lequel on les établira sera creusé de 0m,20 environ. L'épaisseur qu'on devra leur donner dépend de plusieurs circonstances: 1o Celles qu'on fait en décembre, janvier et février doivent être plus épaisses qu'à toute autre époque de l'année; 2o Sur un sol froid et humide, elles doivent être plus épaisses que sur un sol sablonneux; 3o Plus elles sont étroites, plus on leur donnera d'épaisseur. On les fait ordinairement de 1m,30 de largeur, plus un sentier de 0m,40 qu'on laisse entre chacune et qu'on remplit de fumier; pour entretenir et ranimer la chaleur, on entoure les couches de réchauds de fumier neuf, qu'on renouvelle de temps à autre.

Pour faire les couches, on emploie de préférence du fumier de cheval neuf, c'est-à-dire celui qui sort de l'écurie: plus il est imbibé d'urine, mieux il convient. On le mélange de moitié feuilles d'arbres, de marc de raisin ou d'un tiers de fumier provenant des anciennes couches. La chaleur est moins forte qu'avec du fumier seul, mais elle se soutient beaucoup plus longtemps, est plus régulière, et l'on a moins à craindre un développement de chaleur excessif, qui occasionnerait quelquefois la perte des jeunes plantes. On pourrait même, à défaut de fumier, se contenter de feuilles ou de marc de raisin. On n'emploiera guère le fumier neuf seul que pour les réchauds et quelques semis, tels que les Melons.

Avant de commencer à monter une couche, il faut, pour mélanger les fumiers bien également, les déposer le plus près possible de la place qu'elle doit occuper. On monte la couche en allant toujours à reculons, en ayant soin de bien mélanger à la fourche les parties sèches avec celles qui sont le plus imprégnées d'urine, et de répartir également le crottin. Les bords de la couche doivent être montés verticalement; et dès qu'on a formé un lit de fumier, on le mouille plus ou moins, suivant le besoin, avec l'arrosoir à pomme, de telle sorte que tout soit assez humide pour produire une fermentation prolongée et éviter que le fumier ne se dessèche au centre, ce qui pourrait compromettre le résultat de l'opération. Pour donner à la couche une densité égale sur tous points, on la foule avec les pieds et le dos de la fourche; puis on rapporte du fumier dans les endroits creux, pour que l'épaisseur en soit régulière. On en fait autant à chaque lit, et cela jusqu'à ce que la couche soit arrivée à la hauteur voulue; après quoi on remplit les sentiers et l'on pose les coffres qui, par leur dimension, ont l'avantage de se placer où l'on veut et de suivre l'affaissement de la couche. Une fois les coffres placés, on charge la couche de terreau; puis on pose les panneaux, qu'il faut tenir couverts pendant quelques jours pour faciliter la fermentation. Avant de semer ou de planter sur une couche nouvelle, il est prudent d'attendre que la première chaleur se soit modérée. Si, malgré cette précaution, il arrivait qu'il se développât une trop forte chaleur, il faudrait s'empresser d'écarter les réchauds du coffre; et si cela ne suffisait pas, on verserait quelques arrosoirs d'eau autour de la couche, de manière à la refroidir.

Thermosiphon.—En quelques circonstances, on peut remplacer les couches du fumier par le chauffage au thermosiphon. Pour cela, on fait assez ordinairement une couche très-mince, afin de garantir les plantes de l'humidité du sol; puis on fait circuler les tuyaux au-dessus de la couche. On peut aussi établir un plancher en bois, sous lequel on fait circuler les tuyaux du thermosiphon; mais les plantes cultivées sur ce plancher exigent de trop fréquents arrosements; c'est pourquoi nous pensons qu'il serait mieux (pour les cultures où il serait nécessaire de chauffer le sol) de faire circuler les tuyaux dans les sentiers, c'est-à-dire entre les coffres; et dans ce cas on les couvrirait avec des planches et de la paille, ou tout autre mauvais conducteur du calorique. Ce qui nous fait croire que ce moyen serait applicable à la culture des légumes forcés sous panneaux, c'est que, pour certaines cultures, c'est seulement au moyen de réchauds qu'on obtient la chaleur nécessaire aux besoins des plantes.

II. Couches sourdes.—Ce n'est guère qu'en avril qu'on commence à faire usage de ces sortes de couches. Pour les établir, on fait une tranchée de 0m,75 à 1 mètre de largeur et d'environ 0m,35 de profondeur.

On emploie pour les faire les mêmes matériaux que pour les précédentes; on leur donne 0m,60 à 0m,80 d'épaisseur; elles doivent être légèrement bombées au milieu.

On les charge de terreau ou de bonne terre, suivant le genre de culture qu'on y doit faire; puis on les couvre d'un lit de fumier long pour y concentrer la chaleur.

1. Réchaud.—Pendant toute la durée des froids, c'est-à-dire depuis la fin de novembre jusqu'à la mi-avril, il est nécessaire d'entretenir ou de ranimer la chaleur des couches, et cela sans les refaire. On arrive à ce résultat au moyen de réchauds, ce qui consiste, comme nous l'avons dit précédemment, à remplir de fumier neuf ou recuit les sentiers qui circulent autour des couches, et à remanier tous les quinze jours ou toutes les semaines; enfin, suivant le besoin, on y ajoutera chaque fois une partie de nouveau fumier. En cela, il faut avoir égard à l'état de l'atmosphère, c'est-à-dire que s'il fait sec, il faut employer du fumier humide, et si le temps est humide, du fumier sec; puis il faut avoir soin de les couvrir de paillassons pendant les mauvais temps, afin de concentrer la chaleur.

2. Ados.—Les ados sont un moyen sûr et économique de favoriser la culture des primeurs: les plantes y réussissent mieux que sur un terrain horizontal. Ils consistent en une pente de 1m,33, tournée du côté du soleil.

Pour établir un ados, on procède de la manière suivante: après avoir fait choix d'un emplacement favorable, on donne un bon labour au sol, en ayant soin d'enlever par devant la terre nécessaire pour recharger le derrière d'environ 0m,20; après quoi on unit le terrain; puis on étend sur le tout environ 0m,10 de terre mêlée de terreau.

Ces ados servent premièrement à semer des Radis, et ensuite on place trois rangs de cloches pour faire des semis de salade et repiquer les jeunes plants.

CHAPITRE VIII.
Multiplication des plantes.

Nous comprenons sous ce titre la série des opérations qui ont pour objet de multiplier les végétaux; mais nous n'avons donné à chacune d'elles qu'une étendue proportionnée à la difficulté réelle qu'elles présentent. Nous invitons nos lecteurs à lire attentivement ce chapitre pour se bien pénétrer des principes qui y sont exposés; et, en suivant fidèlement nos prescriptions, on arrivera à acquérir l'habileté manuelle nécessaire pour compter sur un succès certain.

§ I.—Semis.

Quel que soit le mode de semis, la préparation du sol est une opération préalable de la plus haute importance; ainsi le terrain doit être labouré avec soin, de manière que les mottes soient bien divisées, et, après le labour, on herse à la fourche et on enlève avec le râteau les pierres et les mottes qui sont à la surface.

La plus grande partie des graines potagères peuvent être semées au printemps; puis, successivement, à des intervalles calculés sur la durée de la végétation de chaque plante. À l'exception de quelques salades, il ne faut pas semer plus tard que le mois de juillet les légumes qui doivent être consommés dans la même année; il est donc nécessaire, avant de semer, de connaître non-seulement la durée de la germination des graines, mais encore le temps qu'il faudra attendre pour que les plantes aient atteint leur entier développement. On doit ensuite avancer ou reculer l'époque du semis en raison de la nature du terrain; car, plus la terre est froide et humide, plus il faut semer tard et moins les graines doivent être recouvertes; et plus les graines sont fines, moins il faut les enterrer; il suffit même, pour quelques-unes, de répandre dessus un peu de terreau après les avoir hersées et foulées; d'autres ne doivent pas être recouvertes, mais seulement ombragées avec un peu de litière.

Il y a deux modes principaux de semis: les semis sur couche et les semis en pleine terre.

I. Semis sur couche.—Comme il est souvent nécessaire de faire des semis à une époque où la température ne permet pas de livrer les graines à la pleine terre, il faut alors semer sur couche. Bien que la chaleur de la couche doive varier suivant les différentes espèces de graines, on peut dire que 12 à 15 degrés paraissent être la température la plus favorable (excepté pour les Melons, les Aubergines et la Chicorée, qui exigent plus de chaleur); car toutes les graines potagères que nous avons soumises à cette température ont parfaitement réussi.

L'exécution des semis sur couche ne diffère en rien de celle des semis de pleine terre, c'est-à-dire que les graines doivent toujours être recouvertes en proportion de leur plus ou moins de finesse. Ces semis réussissent souvent beaucoup mieux que ceux de pleine terre, et cela parce qu'on est le maître de modifier à son gré les conditions de température, de lumière et d'humidité nécessaires au parfait développement des graines.

II. Semis en pleine terre.—Ces semis se font à la volée, en lignes ou rayons, et en pochets.

1. Semis à la volée.—La terre étant préparée, comme il a été dit plus haut, on amène avec le râteau un peu de terre fine sur les bords de la planche, puis on prend une poignée de graines, et on la répand sur le sol en la laissant passer entre les doigts par un mouvement d'arrière en avant vif et régulier. Afin de semer plus également et de ne pas répandre de graines dans les sentiers, on sème la largeur de la planche en deux fois, en commençant par les bords. Lorsque les graines sont bonnes, il ne faut pas semer trop épais, afin d'avoir des plants vigoureux; et si, malgré cette précaution, ils étaient trop drus, il faudrait les éclaircir à la main. Comme il est extrêmement difficile de ne pas semer trop épais les graines fines, on peut, pour éviter cet inconvénient, les mêler avec du sable ou de la terre fine bien sèche. Après le semis, il faut herser le terrain légèrement avec la fourche, puis fouler un peu la terre, ce qu'il ne faudrait cependant pas faire si le terrain était humide. Pour recouvrir les graines, on étend avec le dos du râteau la terre des bords de la planche, en ayant soin d'en laisser un peu, de manière à retenir l'eau des arrosements. On peut aussi étendre sur les semis un peu de fumier bien consommé. Si le temps est sec, il faudra favoriser la germination des graines par des bassinages donnés avec l'arrosoir à pomme.

2. Semis en lignes ou en rayons.—On trace, soit à la binette, soit au traçoir, des rayons d'environ 0m,3, ou 0m,5 de profondeur, et plus ou moins éloignés les uns des autres, suivant ce que l'on veut semer; après avoir répandu la graine, on la recouvre légèrement, en rabattant avec le dos du râteau un peu de la terre des côtés. Lorsque le plant est sorti de terre, on finit de remplir les rayons en passant le râteau ou la binette entre chaque rang. Ce mode de semis est très-avantageux, surtout dans les terrains où les binages doivent être fréquents.

3. Semis en pochets.—Il consiste à faire avec la binette des trous disposés en échiquier, et dont la distance et la profondeur seront calculées d'après le développement que doit prendre chaque touffe; puis, après avoir placé quelques graines dans chaque trou, on les recouvre en rabattant un peu la terre, et, lorsque les plantes sont assez élevées, on finit de remplir les trous en passant un coup de râteau entre chaque touffe.

§ II.—Repiquage.

Le repiquage est nécessaire pour toutes les plantes qui ne peuvent être semées en place; et, pour être certain du succès de l'opération, il ne faut pas attendre que le plant soit trop vieux, car, non-seulement la reprise en est plus difficile, mais les produits en sont moins beaux; pour les plantes qui s'enracinent lentement, il faut, avant de les mettre en place, les repiquer en pépinière, c'est-à-dire les mettre à bonne exposition et très-près les unes des autres. Ces repiquages successifs ont l'avantage de déterminer l'émission d'une grande quantité de chevelu qui assure la reprise lors de la plantation définitive. Le repiquage ne doit se faire que dans une terre bien préparée, et sur laquelle on aura étendu un paillis de fumier court, pour que, d'une part, le plant profite le plus longtemps possible des arrosements, et, d'un autre côté, que les arrosements ne collent pas le plant sur la terre, ce qui occasionne souvent la pourriture des feuilles. Les repiquages qui ont lieu en été doivent, autant que possible, être faits par un temps couvert; et, s'il ne venait pas de temps favorable, il faudrait faire cette opération vers la fin de la journée, et faciliter la reprise par des arrosements. Quand on a beaucoup de plantes à repiquer et que le temps est très-sec, il ne faut pas attendre qu'on ait terminé pour commencer à arroser.

§ III.—Oignons.

Le seul soin à prendre pour obtenir un succès assuré des plantes bulbeuses qu'on veut multiplier, c'est de les choisir saines et de les planter dans les circonstances les plus favorables à leur végétation.

§ IV.—Caïeux.

On nomme ainsi les petites bulbes ou oignons qui se forment autour de la couronne des plantes bulbeuses, telles que les Tulipes, Jacinthes, etc., et qui servent à les multiplier. Il ne faut détacher les caïeux que lorsqu'ils sont mûrs, ce qui a lieu lorsque les feuilles sont entièrement desséchées. Les caïeux doivent toujours être plantés dans une terre douce, et un mois au moins avant les oignons à fleurs; car, en raison de leur petit volume, ils se dessèchent plus promptement. Ces oignons fleurissent ordinairement au bout de trois ou quatre ans.

§ V.—Bulbilles.

Plusieurs plantes bulbeuses produisent sur leur tige, souvent à la place des graines, de petits oignons nommés bulbilles, qui servent à les multiplier; il faut les détacher à leur maturité, et les traiter comme les caïeux.

§ VI.—Tubercules.

Les tubercules sont des masses charnues, véritables tiges souterraines, d'où partent ordinairement de petites racines fibreuses. Certaines plantes, telles que les Patates, les Pommes de terre, etc., sont pourvues d'yeux capables de fournir de nouvelles tiges; et, pour les multiplier, on peut les couper en autant de morceaux qu'il y a d'yeux: chaque tronçon produira une nouvelle plante. D'autres n'ont d'yeux que sur une partie seulement: tels sont les Dahlias, les Iris Germanica, les Pivoines herbacées, et il faut alors, en les divisant, avoir la précaution de laisser à chacun une partie du collet de la plante; sans quoi ils ne pousseraient pas.

§ VII.—Griffes ou Pattes.

On donne ces noms aux racines des Renoncules, des Anémones, etc.; on les sépare par éclats, mais de manière qu'il y ait toujours un œil à chacun.

§ VIII.—Œilletons.

On appelle ainsi les rejetons qui naissent autour de certaines plantes (les Artichauts, etc.); on les sépare des vieux pieds en ayant soin de les enlever autant que possible avec un talon; il faut éviter de les laisser faner, afin que la reprise en soit plus certaine.

§ IX.—Séparation des racines.

Parmi les plantes à racines vivaces, il en est dont les racines partent d'un collet commun, telles que les Pivoines, et sont munies d'un ou plusieurs yeux qui se développent l'année suivante. Pour les multiplier, on peut les éclater en autant de parties qu'il y a d'yeux. Il en est d'autres qui ont les racines presque à la surface du sol, tels sont les Chrysanthèmes, et qui forment des touffes épaisses, que l'on peut diviser par petites parties; il faut alors les relever de terre, et, après les avoir séparées, on ne replante que la circonférence, qui produira des touffes beaucoup plus belles que si l'on replantait le centre, qui, étant la plus vieille partie de la plante, est naturellement la moins vigoureuse.

§ X.—Stolons ou Coulants.

Quelques plantes, telles que les Fraisiers, ont des coulants, qui produisent à chaque nœud des rejetons s'enracinant sur le sol. Séparés et repiqués dans une saison favorable, ils produisent autant de nouvelles plantes.

§ XI.—Marcottes.

Les marcottes sont des branches que l'on couche au printemps, soit en pleine terre, soit en pots, et qu'on ne sépare de la branche mère que lorsqu'elles ont produit des racines. Lorsque les branches que l'on veut multiplier sont placées de manière à ne pouvoir être abaissées jusqu'à terre, il faut avoir des pots ou des godets fendus sur les côtés, que l'on maintient sur une petite planchette clouée sur un support dont on enfonce l'extrémité en terre. Il y a plusieurs manières de marcotter: nous allons seulement indiquer les plus usitées; mais, quel que soit le procédé employé, il faut que la terre dans laquelle sont placées les marcottes soit constamment humide, afin de favoriser la sortie des racines; et, pour conserver l'humidité des arrosements, on fera bien de couvrir le sol avec du fumier consommé ou de la mousse.

1. Marcottes simples.—Ce sont celles que l'on emploie pour multiplier les végétaux qui s'enracinent facilement, tels que la Vigne, etc. Toute l'opération consiste à coucher une branche dans une tranchée plus ou moins profonde, selon la grosseur de la branche; et après avoir supprimé les feuilles et les bourgeons qui se trouveraient sur la partie destinée à être mise en terre, on fait sortir l'extrémité en la courbant avec précaution, afin de ne pas la rompre. On peut fixer en terre avec un crochet de bois les marcottes qu'il n'est pas nécessaire d'enterrer profondément.

2. Marcottes par strangulation.—Elles diffèrent des précédentes en ce que sur la partie qui est en terre on serre l'écorce, sans la couper, avec un fil de fer; il en résulte un bourrelet d'où partent de nouvelles racines.

3. Marcottes par incision.—Nous allons décrire cette opération telle qu'on l'exécute pour multiplier les Œillets. Dans le courant de juillet, on suspend les arrosements quelque temps avant le marcottage, afin de rendre les branches plus souples, et l'on choisit des tiges assez longues pour être couchées. On retranchera les feuilles du bas, de telle sorte que la partie qui se trouve en terre en soit dépourvue; puis on abaissera chaque tige dans une petite tranchée faite avec le doigt, et l'on redressera l'extrémité de la branche au-dessus de la courbure. On pratiquera en remontant à mi-bois, avec la lame du greffoir, une incision d'environ 0m,02 de longueur, de manière que la partie entaillée forme une languette dont on coupera net l'extrémité au-dessous d'un nœud, en ayant soin de ne pas entamer l'autre moitié de la tige. On maintiendra chaque marcotte par un crochet ou un bout d'osier passé dessous, et dont on enfoncera les deux extrémités en terre; puis on recouvrira le tout de terre assez fine pour qu'elle s'introduise partout, en ayant soin surtout d'en faire pénétrer un peu entre les parties séparées, qui ordinairement restent écartées par l'effet de la courbure. Une fois l'opération terminée, on a l'habitude de couper l'extrémité des feuilles pour les empêcher de se faner; puis on étendra un léger paillis de fumier à moitié consommé et l'on mouillera avec un arrosoir à trous très-fins, pour ne pas ébranler les marcottes, qui s'enracineront ordinairement au bout de peu de temps.

4. Marcottes par cépée.—Ce procédé consiste à couper au printemps un arbre ou un arbuste au niveau du sol et à recouvrir la souche de terre. Elle ne tarde pas à fournir des drageons que l'on enlève lorsqu'ils ont pris racine. C'est ainsi que l'on multiplie le Coignassier afin d'avoir des sujets pour greffer.

5. Marcottes de racines.—Pour faire ce genre de marcottes, il faut couper l'extrémité d'une racine et laisser la plaie à l'air; la séve forme un bourrelet d'où il ne tarde pas à se développer des bourgeons; parmi ceux-ci, on choisit le plus vigoureux, et l'on supprime les autres; puis, à l'automne, on le sèvre en coupant la racine près de la souche.

§ XII.—Boutures.

Presque toutes les plantes en séve peuvent être multipliées par boutures. Cette opération, qui est d'une extrême simplicité, consiste à couper une partie quelconque d'un végétal, même une feuille pour quelques espèces, et à lui faire produire des racines. Certaines plantes sont d'une reprise très-facile; mais il en est d'autres qui nécessitent beaucoup de soins et ne peuvent guère être multipliées que chez les horticulteurs marchands, qui ont des bâches disposées spécialement pour cette opération; aussi nous bornerons-nous à indiquer les boutures que l'on peut faire à l'air libre et celles qu'il faut étouffer, mais qui réussissent très-bien si l'on possède seulement des cloches et un châssis.

1. Boutures à l'air libre.—C'est ainsi qu'on multiplie beaucoup d'arbres et d'arbrisseaux d'agrément. En janvier, l'on coupe des rameaux de l'année par tronçons de 0m,10 à 0m,20 de longueur, selon les espèces; on coupe la partie inférieure bien net au-dessous d'un œil; on les réunit par espèces et on les enterre à moitié de leur longueur dans du sable ou dans de la terre fine, mais dans un lieu à l'abri du hâle et de la gelée; de la fin de février au commencement d'avril, on les plante au plantoir dans un terrain bien préparé et autant que possible à une exposition ombragée; on les enfoncera de manière à laisser deux ou trois yeux hors de terre, puis après la plantation on paillera le terrain, et lorsque la sécheresse commencera à se faire sentir, on aura soin d'entretenir l'humidité de la terre par des arrosements.

2. Boutures sous cloches et sous châssis.—Beaucoup de plantes d'orangerie et de serre tempérée peuvent être multipliées de boutures au printemps sur couche tiède; elles se font en février et mars. On prépare à cet effet une couche peu épaisse, de manière à obtenir seulement une chaleur douce; on l'entoure d'un réchaud, et on la couvre d'un lit de terreau fin, auquel on peut mêler un peu de terre de bruyère; puis on pose des cloches dessus, ou bien on la recouvre d'un châssis; mais alors la hauteur de la couche aura dû être calculée de telle sorte que les boutures se trouvent peu éloignées du verre. Lorsqu'elle a pris chaleur, on coupe les boutures avec ou sans talon sur les branches les plus vigoureuses; on les étête en leur donnant 0m,08 à 0m,10 de longueur, en ayant toujours soin de couper la partie inférieure bien net au-dessous d'un œil; puis on les repique immédiatement sur la couche au moyen d'un petit plantoir, en les enfonçant de 0m,02 à 0m,03. On pourrait aussi repiquer ces boutures dans des pots que l'on enfoncerait dans la couche: c'est ainsi que l'on peut multiplier les Héliotropes, les Pétunias, les Verveines, etc. Après avoir recouvert les bordures de cloches ou de châssis, on les ombragera au moment du soleil, et la nuit on les couvrira de paillassons. Il faudra les bassiner de temps à autre avec le petit arrosoir à pomme, car les boutures ne peuvent s'enraciner qu'en maintenant la terre constamment fraîche; lorsqu'elles commenceront à pousser, comme on sera certain qu'elles sont pourvues de racines, on leur donnera un peu d'air dans le jour, en soulevant les cloches ou châssis, et au bout de quelque temps on pincera les extrémités les plus longues, puis on relèvera les boutures en tâchant de conserver à chacune une petite motte. On les plantera dans des pots, que l'on pourra replacer sur la même couche après les avoir arrosés, et, si on le juge nécessaire, on ranimera la chaleur de la couche en faisant de nouveaux réchauds; les autres soins se borneront à leur donner de l'air graduellement et à les arroser au besoin. Toutes les plantes étant ainsi traitées seront fortes et assez rustiques pour pouvoir être mises en pleine terre à l'époque où l'on en garnit les massifs et les plates-bandes.

La même opération peut être faite en été à une exposition ombragée; seulement, à cette époque, il n'est plus besoin de couche: c'est ainsi que l'on multiplie les Pélargoniums, etc. L'époque la plus favorable pour faire ces boutures est de la fin de juillet à la fin d'août. Après les avoir préparées comme nous l'avons indiqué précédemment, on les repique à 0m,03 ou 0m,04 l'une de l'autre dans des pots que l'on a remplis de terre et de bruyère mélangée d'un peu de terreau, et après le repiquage on les arrose légèrement; puis on place les pots sous cloche ou sous châssis, mais à l'abri du soleil. À l'automne, les boutures seront enracinées, et pourront être séparées, ce que l'on fera en divisant la potée en autant de parties qu'il y a de boutures; puis on les empotera séparément; étant ainsi traitées, l'on est certain d'avoir au printemps suivant des plantes de force à fleurir.

On peut encore procéder de la manière suivante pour celles qui s'enracineraient difficilement: on prend un pot ordinaire, puis ensuite un autre pot, plus étroit, mais autant que possible aussi haut que le premier; on le renverse dans celui-ci, on remplit l'intervalle avec de la terre appropriée au besoin des boutures que l'on se propose de faire, on met une petite pincée de terre sur le trou, après quoi on repique les boutures; enfin on enterre le tout sur une couche, et l'on met une cloche par-dessus.

3. Boutures par tronçons de racines.—Quelques végétaux peuvent être multipliés en coupant une racine en tronçons, que l'on plante soit en pleine terre, soit sur couche, mais toutefois en en laissant à l'air l'extrémité, d'où il sort bientôt des bourgeons.

CHAPITRE IX.
De la Greffe.

Nous ne décrirons pas longuement la greffe, cette opération est trop généralement connue pour cela; nous dirons seulement qu'elle a pour objet de multiplier, de conserver et de perfectionner des variétés utiles et agréables, et de faire porter à un tronc sauvage des fleurs brillantes ou des fruits savoureux destinés à l'embellissement de nos jardins et à l'accroissement des produits non moins appréciables de nos vergers.

Cette opération, sur laquelle il a été tant de fois et si longuement écrit, exige tout simplement un peu d'observation et une certaine habileté manuelle. Elle repose sur trois points fondamentaux: 1o l'appréciation des circonstances dans lesquelles la greffe doit être faite, c'est-à-dire le moment où les plantes abreuvées de sève ne demandent qu'à végéter; 2o le choix du sujet, qui doit être dans un état convenable de vigueur et de santé, et surtout apte à recevoir la greffe, qu'on ne peut pratiquer que sur des espèces unies entre elles par d'étroites affinités; car toutes les greffes des Rosiers sur Houx, Lilas, etc., sont autant de contes faits à plaisir; 3o l'opération manuelle, qui n'exige qu'un court d'apprentissage et peut être considérée comme la moins difficile des trois, puisque par l'observation des deux conditions qui précèdent on obtient un succès auquel on ne peut atteindre, quel que soit le soin du greffeur, si les circonstances dans lesquelles il opère sont défavorables.

Il y a différentes sortes de greffes, mais la plupart sont de pur agrément; aussi nous bornerons-nous à décrire les principales, qui peuvent être considérées comme le type de toutes les autres, qu'on pourra exécuter lorsqu'on connaîtra celles que nous indiquons.

1. Greffe en écusson. Cette greffe est la plus généralement employée, et l'on peut l'exécuter à plusieurs époques de l'année; premièrement, de mai en juillet, ce que l'on appelle greffe à œil poussant; cette dénomination vient de ce que ces greffes, commencent à pousser aussitôt que l'écusson est repris; il en est même, sur les Rosiers par exemple, qui à l'automne de la même année forment déjà une belle tête. La seconde époque est d'août en septembre, lorsque la séve commence à se ralentir, et on l'appelle greffe à œil dormant, parce qu'à cette époque l'écusson ne fait plus que se souder au sujet et ne pousse que l'année suivante. C'est dans cette saison qu'on greffe de préférence les arbres fruitiers.

Il faut, quelque temps avant l'opération, préparer le sujet à recevoir la greffe, c'est-à-dire faire choix des branches sur lesquelles on veut écussonner, et supprimer les autres, surtout celles qui se trouveraient au-dessous des greffes; et si les individus qu'on veut greffer commençaient à ne plus être en séve, il faudrait tâcher, par des arrosements, d'en ranimer la végétation. Lorsque le moment sera favorable, on choisira les meilleurs yeux de l'espèce qu'on veut multiplier, on coupera la feuille placée au-dessus de l'œil sans endommager le pétiole, on supprimera aussi les aiguillons qui se trouveraient sur l'écusson; puis, avec la lame du greffoir, on cernera l'œil de manière à pouvoir l'enlever avec une partie de l'écorce environnante, à laquelle on donnera à peu près la forme de l'écusson (voir A, fig. 3). Pour la détacher, on la soulèvera légèrement avec la pointe du greffoir, puis avec la spatule, en ayant soin d'enlever toutes les parties ligneuses adhérentes à l'écusson, et qui empêcheraient son contact avec le bois du sujet, à moins que le rameau ne soit assez tendre pour qu'on n'ait pas besoin de faire cette opération; et s'il arrivait que l'on enlevât la racine de l'œil, ce qu'il est facile de reconnaître au vide qui en résulte, il fondrait réformer cet écusson, dont la reprise serait douteuse.

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