← Retour

Manuel pratique de Jardinage: contenant la manière de cultiver soi-même un jardin ou d'en diriger la culture

16px
100%

Laitue (Lactuca sativa).—On en cultive deux races principales: les Laitues pommées (Lactuca capitata) et les Laitues romaines (Lactuca romana).

Laitues.—On les divise en Laitues pommées, de printemps, d'été, d'hiver, et à couper.

Laitues de printemps.—Dans la première quinzaine d'octobre, on sème la variété dite petite noire, sur un ados exposé au midi; lorsque les cotylédons sont bien développés et que les premières petites feuilles commencent à paraître, on place trois rangs de cloches sur l'ados, et l'on repique sous chacune une trentaine de plants; puis on élève ces Laitues sans jamais leur donner d'air. Mais il n'en est pas de même pour les autres variétés, qu'on sème dans la seconde quinzaine du mois: car lorsque le plant est bien repris, ce qui se voit quand il commence à végéter, on donne un peu d'air en soulevant les cloches d'environ 0m,03 du côté opposé au vent. Au bout de quelques jours, on augmente progressivement, selon l'état de la température, et afin de fortifier le plant. Il ne faut rabattre les cloches que lorsqu'il gèle à 2 ou 3 degrés. Lorsque la gelée devient plus forte, on garnit les cloches avec du fumier bien sec, qu'on augmente en raison de l'intensité du froid.

On découvre les cloches au moment du soleil; mais on doit s'assurer avant si le plant ne souffre pas de la gelée; car il faudrait alors, au lieu de découvrir, augmenter la couverture et le laisser dégeler graduellement.

Dans la première quinzaine de novembre, on plante sur couche (sous panneaux ou sous cloches), et à partir de cette époque, on continue successivement jusqu'à la fin de février. En mars, on plante en pleine terre, à bonne exposition, toujours avec des plants pris sur le même ados.

Vers la fin de février ou au commencement de mars, on sème sur couche et sous panneau; et lorsque le plan est assez fort, on le repique en planches que l'on aura eu soin de pailler avant la plantation.

Variétés.—Crêpe ou petite noire, — Gotte, — Georges, — À bord rouge. — Bigotte.

On sème aussi ces variétés en août et en septembre; on les plante sur des vieilles couches, qu'on recharge de terreau, de manière qu'elles se trouvent près du verre; mais c'est seulement quand il gèle qu'on les recouvre de panneaux, et en ayant soin de leur donner autant d'air qu'il est possible. On en conserve souvent jusqu'en décembre.

Laitues d'été.—On commence à en semer dès les premiers jours d'avril, puis jusqu'en juillet, successivement tous les quinze jours, afin d'en avoir qui se succèdent pendant toute la saison. Les soins sont les mêmes que ceux que nous avons indiqués précédemment; seulement, en raison de l'époque, les arrosements doivent être beaucoup plus fréquents.

Variétés.—Blonde de Versailles, — Bl. d'été, — Bl. de Berlin, — Batavia blonde, — Bl. brune, — de Malte, — Turque, — Impériale, — verte de Gênes, — grosse brune paresseuse, — Palatine, — rouge chartreuse, — rousse à graine jaune, — sanguine ou flagellée.

Laitues d'hiver.—On commence à les semer en août, et l'on peut continuer jusque vers le milieu de septembre. En octobre on les plante dans une plate-bande, à bonne exposition, et on les garantit des fortes gelées et de la neige en les couvrant avec de la litière, qu'on enlève toutes les fois que le temps le permet.

Variétés.—De la passion, — Morine — Brune d'hiver.

Laitues à couper.—On peut facilement en avoir presque toute l'année, et en commençant à semer sur couche en janvier et en février, puis en pleine terre dès le mois de mars successivement jusqu'en novembre.

Variétés.—À pincer, — Chicorée, — Épinard.

Laitues romaines.—On en cultive plusieurs variétés que l'on peut classer, comme les Laitues pommées, en Romaines de printemps, d'été et d'hiver.

Romaines de printemps.—Dans la première quinzaine d'octobre, on sème la Romaine verte hâtive, et dans la seconde, les Romaines blonde et grise maraîchère; on traite le plant comme celui des Laitues pommées cultivées à cette époque; seulement, dans le courant de novembre, on relève le plant des Romaines vertes pour le replanter immédiatement; mais alors on n'en place plus que douze ou quinze par cloche.

Vers la fin de décembre ou le commencement de janvier, on commence à planter sous panneaux ou sous cloches, et à partir de cette époque on continue successivement jusqu'à la fin de février; en mars, on plante en pleine terre, à bonne exposition.

Romaines d'été.—On les cultive absolument comme les Laitues d'été, à la seule différence que pour les faire blanchir, on lie avec un ou deux liens de paille les variétés qui ne se coiffent pas elles-mêmes. Cette opération ne doit avoir lieu que par un temps sec, et dès lors il faut s'abstenir de mouiller les feuilles en arrosant.

Variétés.—Alphange, — Blonde de Brunoy, — Monstrueuse, — Panachée, — Dorée, — À feuille de chêne.

Romaines d'hiver.—On les traite comme les Laitues d'hiver; et pour semer à cette époque, on donne généralement la préférence à la Romaine rouge d'hiver, variété très-rustique et supportant le mieux les gelées.

Les graines de Laitues et de Romaines mûrissent en août, et elles se conservent bonnes pendant cinq ans.

Lentilles (Ervum lens).—Cette plante est plus cultivée en plein champ que dans les jardins; on la sème en rayons en mars et avril. Dans un terrain sec et sablonneux ses produits sont beaucoup plus abondants que dans un terrain gras et humide; car alors elle végète beaucoup, mais ne donne que très-peu de graines. La variété à laquelle on donne généralement la préférence est celle de Gallardon.

La durée germinative des semences de Lentille est de trois ans.

Mâche de Hollande (Valerianella olitoria).—Elle aime une terre douce et bien fumée. On commence à en semer en août et jusqu'à la fin d'octobre. On la sème à la volée; et après avoir hersé à la fourche, on la recouvre légèrement avec le râteau, et l'on arrose si le temps est sec. Celle qu'on a semée en octobre sera bonne au printemps.

Il existe une nouvelle variété de Mâche à feuilles panachées, qui peut être cultivée exactement de la même manière.

Mâche d'Italie ou régence.—C'est une espèce à feuilles plus larges, mais plus tardive; on en sème souvent parmi celle de Hollande, de manière à prolonger la durée du semis.

Les graines de Mâche sont bonnes à récolter en juin, et elles se conservent pendant quatre ou cinq ans.

Maïs (Zea maïs).—Dans les jardins, on cultive particulièrement le Maïs pour ses jeunes épis, que l'on fait confire au vinaigre comme les cornichons ou pour manger cuits à l'eau comme les pommes de terre. On le sème en mai en pleine terre, ou en avril sur couche, pour le repiquer ensuite à 0m,60 de distance. Quand les plantes prennent de la force, on les butte, et on retranche les bourgeons qui viennent au pied.

La durée germinative des semences du Maïs est de deux ans.

Variétés.—Blanc hâtif, — Quarantain, — à poulets, — sucré.

Melons (Cucumis Melo).—La culture des Melons, sur laquelle il a déjà paru beaucoup de traités, rarement écrits par des praticiens, est on ne peut plus facile; cependant, dans nos pays elle exige des soins assidus et intelligents, surtout pour ceux de première saison: car alors on a à lutter contre les chances défavorables de la température; et la bonne culture a une telle influence sur la qualité des fruits, que, quoique placés dans des conditions bien moins favorables, nos Melons cantaloups sont ordinairement supérieurs en qualité à ceux des contrées méridionales, où ils sont semés en plein champ et abandonnés à eux-mêmes.

Cette culture peut se faire de trois manières: sous panneaux, sous cloches et en pleine terre.

Melons sous panneaux.—On ne cultive sous panneaux que le Cantaloup Prescott fond blanc et ses variétés.

Dans la culture de haute primeur on sème les premiers Melons dès les premiers jours de janvier; mais, dans les cultures ordinaires, on sème seulement dans les premiers jours de février.

On prépare une couche d'environ 0m,75 d'épaisseur, composée de moitié fumier neuf, moitié fumier recuit.

On la charge de 0m,10 de terreau, de manière que le semis se trouve peu éloigné du verre. On entoure le coffre d'un bon réchaud de fumier, et lorsque la chaleur de la couche est favorable (25 à 30 degrés), on trace des rayons, on sème des graines, que l'on recouvre légèrement; on tient les panneaux couverts de paillassons pendant deux ou trois jours, jusqu'à ce que ces graines aient levé; après quoi on découvre tous les jours, en ayant soin de recouvrir avant la nuit. Quelques jours après la levée des graines, on commence à donner un peu d'air par le haut des panneaux chaque fois que le temps le permet, afin de fortifier le plant. Lorsque les cotylédons sont bien développés, on prépare une autre couche, de même épaisseur que la précédente, mais dont la longueur doit être proportionnée à la quantité de plants que l'on veut repiquer; puis on la charge de terreau. On place les coffres, on étend le terreau également, et lorsque la chaleur de la couche est favorable, on choisit le plant le plus vigoureux, et on le repique avec le doigt, comme on le ferait avec un plantoir. On fait ordinairement dix rangs par coffre, et l'on repique ses Melons à 0m,12 de distance sur la ligne, ayant soin de les enfoncer jusqu'aux cotylédons; ou bien on enfonce des pots de 0m,08 de diamètre sur la couche; on les emplit de bonne terre douce mêlée de terreau, on la foule légèrement, et lorsque la chaleur est favorable, on repique un pied de Melon dans chaque pot[7]; et, dans ce cas comme dans l'autre, on tient les panneaux couverts de paillassons pendant trois ou quatre jours, pour faciliter la reprise du plant; après quoi on découvre tous les jours, et l'on donne un peu d'air au moment du soleil.

Première taille.—Lorsque la tige primitive a trois ou quatre feuilles, on la coupe au-dessus de la seconde feuille (fig. 11); ensuite on supprime les cotylédons, dans la crainte que l'humidité ne pourrisse ces organes et qu'ils ne gâtent la tige.

Fig. 11.—Melon, première taille.

Dans la seconde quinzaine de février, on prépare des couches de 0m,60 d'épaisseur et 1m,33 de largeur, composées de fumier neuf, de feuilles d'arbres et de marc de raisin; ou de fumier neuf et d'un tiers de fumier provenant d'anciennes couches. On les charge d'environ 0m,15 de bonne terre de potager mêlée de terreau; on place les coffres, et après avoir bien étendu la terre dans les coffres, on place les panneaux, on remplit les sentiers à moitié, et, quand la couche a jeté son premier feu, on plante deux pieds de Melon sous chaque panneau. Avant la plantation on fait un rang de trous sur le milieu de la couche; puis, si l'on a repiqué sur couche, on lève les plants avec une bonne motte, et l'on plante un pied de Melon dans chaque trou, en ayant soin de l'enfoncer jusqu'aux premières feuilles. Si l'on a repiqué en pot, on dépote le plant avec précaution. Pour cela, on prend le pot de la main droite, on place la main gauche sur la surface de la terre, de sorte que la tige se trouve entre deux doigts. On renverse le pot, puis on frappe légèrement sur le bord du coffre, et lorsque la motte est sortie du pot, on plante le Melon comme nous l'avons indiqué. Aussitôt après la plantation on donne un peu d'eau au pied; au moment du soleil, on ombrage les panneaux avec un peu de litière, et pendant quelques jours on s'abstient de donner de l'air.

Quelques jours après la plantation on entoure les coffres d'un bon réchaud de fumier, et l'on achève de remplir les sentiers. Pendant la nuit et par le mauvais temps on couvre les panneaux avec des paillassons, puis on donne de l'air toutes les fois que la température le permet.

Fig. 12.—Melon, deuxième taille.

Deuxième taille.—La première taille, c'est-à-dire le pincement de la tige primitive, ayant déterminé le développement de deux branches latérales, on en dirige une vers le haut du coffre et l'autre Vers le bas; et lorsqu'elles ont environ 0m,33 de longueur, on les taille au-dessus de la troisième ou quatrième feuille (fig. 12), suivant la vigueur des pieds. Arrivé à ce point, et avant le développement de nouvelles branches, on étend sur toute la couche un bon paillis de fumier à moitié consommé.

Troisième taille.—La seconde taille détermine le développement de trois ou quatre branches sur chaque branche latérale. Pendant leur végétation, on les dirige de manière qu'elles ne se croisent pas; et lorsqu'elles ont environ 0m,33 de longueur, on les taille au-dessus de la troisième feuille (fig. 13), sans avoir égard aux fleurs, que l'on supprime, car les premières fleurs du Melon sont ordinairement des fleurs mâles, qu'on nomme fausses fleurs; si par hasard il se trouve quelques fleurs femelles nommées mailles, on supprime aussi les branches où elles se trouvent, car alors les plantes n'étant pas encore assez fortes, les fruits seraient très-inférieurs à ceux qu'on obtiendra plus tard. Après la troisième taille, on surveille avec soin le développement des nouvelles branches; et lorsqu'on a de jeunes fruits noués, on choisit le mieux fait; on pince la branche qui le porte à deux yeux au-dessus du fruit, que l'on garantit avec les feuilles environnantes, de manière qu'il ne soit pas atteint par les rayons directs du soleil, qui le durciraient; puis l'on supprime immédiatement sur chaque pied tous les autres fruits, afin de favoriser le développement de celui que l'on a laissé, et l'on pince toutes les autres branches au-dessus de la seconde feuille (fig. 13).

Fig. 13.—Melon, troisième taille.

Comme il arrive quelquefois que le jeune fruit n'a pas une forme régulière, ou bien qu'il allonge trop, dans ce cas on le supprime, et l'on fait choix d'une autre maille. Enfin, quand il a atteint à peu près sa grosseur, si les plantes sont vigoureuses, on choisit sur chaque pied, parmi les fruits nouvellement noués, un second fruit, mais en exigeant toujours les mêmes conditions que pour le premier; après quoi on supprime tous les autres, ce qui fera un ou deux Melons sur chaque pied. Les autres soins se bornent à couper toutes les branches nouvelles au-dessus de leurs premières feuilles et à supprimer l'extrémité des branches qui sortiraient du coffre. Pour toutes les opérations qui obligent d'enlever les panneaux, il faut choisir le moment de la journée où la température est la plus douce, afin que le froid ne saisisse pas les Melons, qui sont excessivement tendres. Lorsque les arrosements deviennent nécessaires, on bassine avec l'arrosoir à pomme; mais à cette époque il faut que l'eau qu'on emploie soit au même degré de température que l'atmosphère dans laquelle on la répand, afin de ne point retarder la végétation. Si les Melons poussent très-vigoureusement, il est bon de ne pas arroser ou de ne leur donner que très-peu d'eau avant qu'ils aient des fruits noués; car plus ils sont vigoureux, moins ils sont disposés à fructifier. Chaque jour, au moment du soleil, on donne de l'air aux panneaux, en ayant soin de les soulever à l'opposé du vent. Il ne faut pas, autant que possible, les habituer à être ombragés; il vaut mieux aérer davantage à mesure que le soleil prend de la force. En effet, lorsqu'on a commencé, il faut continuer, et avec beaucoup d'exactitude; car souvent il ne faut qu'un rayon de soleil pour brûler les feuilles. On continue de couvrir les panneaux toutes les nuits; et à partir de l'époque de la plantation, il faut entretenir les réchauds à la hauteur des panneaux et les remanier tous les mois environ, en ajoutant chaque fois au moins la moitié de fumier neuf, afin d'entretenir la chaleur de la couche; mais il ne faut pas refaire les réchauds dans toute leur profondeur une fois que les Melons pousseront vigoureusement, car ils ont des racines qui rampent presque à la superficie du sol; et comme elles se développent rapidement, elles ne tardent pas à pénétrer dans les sentiers; c'est pourquoi il faut s'abstenir de toute opération qui pourrait en arrêter le développement.

Par ce traitement, les fruits de la première saison commencent à mûrir dans la première quinzaine d'avril, et ceux semés en février donnent en mai[8].

Les Melons de primeur sont au nombre des plantes qu'il est avantageux de chauffer avec le thermosiphon, car une des circonstances les plus défavorables à cette culture est l'absence du soleil, ce qui a souvent lieu en janvier et février; et comme, malgré la rigueur de la température, il est nécessaire de bassiner les Melons, a cause de la chaleur de la couche, il arrive souvent que l'atmosphère du châssis se charge d'humidité et que de nombreuses gouttelettes d'eau se forment sur toute la surface intérieure des panneaux; or, si la température ne permet pas de donner de l'air, cet excès d'humidité occasionne la coulure des fleurs. C'est dans cette circonstance qu'on peut apprécier l'effet bienfaisant du thermosiphon. Comme on règle ce chauffage à volonté, on peut donner de l'air toutes les fois qu'il est nécessaire. Par ce moyen, les soins sont exactement les mêmes que ceux précédemment indiqués; seulement on fait une couche beaucoup moins forte, et on fait circuler les tuyaux de l'appareil au-dessous de la couche.

Dans la seconde quinzaine de février on sème une seconde saison de Melons.

Comme à l'époque où ces Melons sont bons à planter la température commence à être plus favorable, on ne fait plus les couches aussi fortes, et il n'est plus nécessaire de refaire les réchauds aussi souvent. Une quinzaine de jours après le repiquage, on choisit un emplacement bien exposé au midi, mais où l'on n'ait pas cultivé de Melons l'année précédente; car, pour que le succès de cette culture soit plein et entier, il ne faut pas planter deux années de suite sur le même terrain. On fait une première tranchée de 1 mètre de largeur et de 0m,33 de profondeur; on dépose les terres à l'extrémité du carré, c'est-à-dire à l'endroit où l'on doit faire la dernière tranchée; puis on prépare une bonne couche d'environ 0m,66 d'épaisseur, composée, comme pour les Melons de première saison, de fumier, de feuilles ou de marc de raisin. Ensuite on ouvre une tranchée à 0m,66 de la première, et avec de la terre, si elle n'est pas trop compacte, on charge la couche de 0m,15; on fait une couche dans la seconde, et ainsi de suite jusqu'au bout du carré, où l'on trouvera la terre de la première tranchée pour charger la dernière couche.

Après cela, on laboure les sentiers, on place les coffres, on étend la terre dans l'intérieur des coffres, on pose les panneaux, puis on entoure les coffres d'un bon réchaud de fumier, et on remplit les sentiers. Lorsque la chaleur de la couche est au point convenable, on plante deux pieds de Melon sous chaque panneau et on leur donne les mêmes soins qu'aux Melons de première saison.

Melons sous cloches.—Pour planter sous cloches, on peut encore semer les Melons cantaloups Prescott; mais beaucoup de jardiniers préfèrent les Melons brodés, qui fructifient beaucoup plus. Vers la fin de mars ou le commencement d'avril, on sème sur couches et sous panneaux, en ayant soin d'observer tout ce qui a été indiqué pour l'éducation du plant de première saison. Quelque temps avant la plantation, on fait une tranchée de 0m,65 de largeur sur 0m,40 de profondeur, puis on prépare une couche d'environ 0m,75 d'épaisseur. On la bombe légèrement au milieu, et on la couvre d'un lit de bonne terre mêlée de terreau. Lorsque la chaleur de la couche est favorable, on plante ces Melons sur un rang et à 0m,66 les uns des autres. Aussitôt après la plantation, on couvre chaque Melon d'une cloche, que l'on enveloppe de litière pendant deux ou trois jours, pour favoriser la reprise du jeune plant; pendant la nuit, on couvre les cloches avec des paillassons. Dès que les Melons commencent à végéter, on donne un peu d'air en soulevant les cloches pendant le jour, puis on augmente graduellement jusqu'au moment de les enlever, ce qui a lieu lorsqu'elles ne peuvent plus contenir les branches, mais ce qu'il ne faut faire que par un beau temps, car il vaudrait mieux retarder cette opération que de les enlever par un temps humide. À partir de l'époque ci-dessus indiquée jusqu'à la Saint-Jean (du 20 au 25 juin), on peut successivement planter plusieurs saisons de Melons sous cloches. L'éducation du plant, la taille et les autres soins sont en tout conformes à ceux indiqués pour les Melons cultivés sous panneaux.

Melons sur buttes.—Nous allons maintenant donner la description d'une méthode aussi simple que peu dispendieuse, récemment indiquée par M. Loisel. Dans le courant de mai on élève sur le sol des buttes en forme de cône, faites avec du fumier à moitié consommé, des feuilles ou de la mousse. On leur donne environ 0m,50 ou 0m,60 de diamètre à la base, 0m,60 de hauteur, et on les établit à environ 1 mètre l'une de l'autre. Les fumiers doivent être préparés comme pour les autres couches, c'est-à-dire qu'il faut bien les mélanger, et les mouiller s'ils sont trop secs; puis, à mesure qu'on les emploie, il faut les fouler de manière que les buttes subissent le moins de tassement possible; et, quelle que soit la nature des substances employées pour construire ces buttes, il faut les couvrir d'environ 0m,15 de bonne terre, préparée comme nous l'avons indiqué précédemment. On fait sur le sommet de chaque butte un petit trou d'environ 0m,10 de diamètre, que l'on remplit de terreau fin; puis on sème trois ou quatre graines dans chacun, pour ne laisser plus tard que les deux pieds les plus vigoureux, ou bien, ce qui est encore préférable, on plante des pieds tout élevés. Il faut, dans ces deux cas, les couvrir aussitôt d'une cloche, que l'on enlèvera lorsqu'elle ne pourra plus contenir les branches. Nous renvoyons, pour les soins à donner et pour la première taille, à ce qui a été dit à l'égard des Melons sous châssis. Avant d'enlever les cloches, on binera légèrement la terre des buttes, en ayant soin de leur conserver leur forme arrondie, ainsi que le terrain environnant, puis on les couvrira complétement d'un paillis de fumier, que l'on peut étendre à 1 mètre environ autour. Cette couverture a l'avantage de maintenir la fraîcheur des arrosements. On visitera les buttes de temps à autre. Les soins à donner consistent à faire descendre les branches qui prendraient une mauvaise direction, à arracher les mauvaises herbes à mesure qu'elles paraîtront; et lorsque les branches seront arrivées à peu près au milieu de la butte, on en pincera l'extrémité. Cette opération donnera naissance à de nouvelles branches, qui se chargeront bientôt de fleurs et de fruits; et comme elles atteignent promptement le bas de la butte, il en faut couper une dernière fois toutes les extrémités, lorsqu'elles commencent à ramper sur le sol. Une fois arrivé à ce point, tous les soins se borneront à les arroser au besoin et à poser une tuile ou un bout de planche sous chaque fruit, lorsque celui-ci sera arrivé à peu près à moitié de sa grosseur. Outre l'économie que présentent ces buttes, elles offrent l'avantage d'être plus facilement pénétrées par les rayons solaires, ce qui est un point important dans les cultures de ce genre. D'un autre côté, l'inclinaison des branches est tellement favorable à la fructification, que chaque butte peut facilement produire 10 ou 12 bons Melons dans le courant de l'été; les premiers commencent ordinairement à mûrir dans la seconde quinzaine de juillet, et continuent à donner des fruits jusqu'en septembre.

On divise les Melons en trois races, dont nous allons indiquer les meilleures variétés:

Melons brodés.—Maraîcher.—Sucrin de Tour.—S. à chair blanche.—Ananas d'Amérique,—d'Arkangel,—de Grammont,—de Honfleur,—de Cavaillon.

Melons cantaloups.—Orange.—Noir des Carmes,—de Vingt-Huit Jours.—Prescott fond blanc.—Pr. fond gris.—Galeux fond vert,—de Portugal.—Noir de Hollande.

Melons à écorce lisse.—De Malte,—de M. à chair rouge,—d'Hiver,—de Perse.[9]

Melons d'eau, Pastèques (Cucurbita Citrullus).—On les cultive comme les Melons à cloches, à cette différence près, qu'on laisse une plus grande quantité de fruits sur chacun.

La durée germinative des graines de Melons est de cinq ans.

Navet (Brassio Napus).—Les navets viennent assez bien dans tous les sols, mais ils préfèrent une terre douce et sablonneuse; ce n'est même que dans un sol de cette nature qu'ils acquièrent une bonne qualité. On les sème à la volée, depuis le mois de mai jusqu'au commencement de septembre, et autant que possible par un temps pluvieux. Lorsque le plant est assez fort, on l'éclaircit plus ou moins, suivant la grosseur de la variété. Ceux que l'on destine pour la consommation d'hiver doivent être semés en juillet et août. On les arrache à l'approche des froids, et on leur coupe la fane, afin qu'ils ne repoussent pas; puis on les met en jauge et on les couvre de paille pendant les gelées; de cette façon on peut les conserver jusqu'en avril. On en cultive un grand nombre de variétés, que l'on divise en Navets tendres, demi-tendres et secs; pour les premiers et les derniers semis, ce sont les tendres qu'il faut prendre, comme étant les plus hâtifs.

Les graines de Navet mûrissent en juin, et se conservent bonnes pendant cinq ans.

Navets tendres.—Des Vertus.—Blanc plat hâtif.—Rouge plat hâtif.—Boule de Neige.

Navets demi-tendres.—Jaune de Hollande.—J. d'Écosse.—J. de Malte.—J. de Finlande.—Rose du Palatinat.—Rond de Croissy.—Gris de Morigny.

Navets secs.—De Freneuse,—de Meaux,—de Berlin petit.—Jaune long.

Oignon (Allium cepa).—L'Oignon aime une terre douce et substantielle, fumée de l'année précédente; on le sème à la volée dans la seconde quinzaine de janvier, si le temps est favorable, mieux en février et même en mars dans les terres fortes. Après le semis, on herse et on foule le terrain; dans les terres légères, il faut même affermir le sol avant de semer; puis on passe le râteau, et on recouvre les graines d'une légère couche de terreau. Si le temps est sec, on arrose de temps à autre, afin de favoriser la germination; puis, lorsque les graines ont bien levé, on éclaircit dans les places où le plant est trop épais, et l'on repique dans celles où il en manque. Pendant leur végétation les Oignons n'exigent d'autres soins que des binages et des arrosements, qu'il faut même supprimer dès qu'ils commencent à tourner; assez ordinairement, lorsqu'ils ont atteint leur grosseur, on abat les fanes avec le dos du râteau, afin d'arrêter la circulation de la séve au profit de l'Oignon. On récolte les Oignons vers la fin d'août ou au commencement de septembre; après les avoir arrachés, on les laisse sur le terrain pendant une quinzaine de jours, pour qu'ils achèvent de mûrir, après quoi on les dépose dans un grenier. Si l'on a soin de les étendre et d'enlever tout ce qui pourrait engendrer de la pourriture, on peut en conserver jusqu'à la fin de mai.

Variétés.—Rouge foncé, — R. pâle, — Jaune des Vertus, — Souffré d'Espagne, — pyriforme, — de Madère.

On peut aussi les semer au mois d'août: par ce moyen, l'on a même des Oignons deux mois plus tôt; mais il arrive souvent que beaucoup montent à graine au printemps.

Oignon blanc.—On le sème en pépinière et à la volée dans la première quinzaine d'août, pour le repiquer en octobre, et vers la fin du même mois pour repiquer en mars. En octobre dans les terres légères, et en mars dans les terres fortes, on prépare le terrain qu'on destine à la plantation de l'Oignon blanc. On trace 10 ou 12 rangs par planche de 1m,33 de largeur, et l'on repique les Oignons à 0m,10 de distance sur la ligne.

Dans les hivers rigoureux, il est prudent de couvrir le plant avec de la litière. On commence à récolter les Oignons blancs vers la fin d'avril ou au commencement de mai.

Si, par une circonstance imprévue, il arrivait qu'on manquât de plant ou bien que la quantité fût insuffisante, on peut semer en janvier ou en février sur couche et sous panneaux; on peut aussi en semer en pleine terre en février et mars; ces Oignons produiront beaucoup plus tôt que les autres variétés semées à la même époque.

Variétés.—Oignon blanc hâtif, — Oignon blanc gros.

Oignon d'Égypte ou Rocambole.—Il diffère des autres en ce qu'il porte sur sa tige des bulbilles qui servent à le multiplier. On les plante en mars, à 0m,12 les uns des autres, et chacun de ces bulbilles produit un bon et gros Oignon, que l'on arrache lorsque les feuilles jaunissent; on les dépose dans un lieu très-sec pour servir à la consommation, en ayant soin toutefois de réserver le nombre nécessaire pour la plantation, qui doit avoir lieu en mars suivant. Chacun de ces Oignons monte en tige, et rapporte des bulbilles que l'on conserve pour replanter à l'époque précédemment indiquée.

Oignon Patate.—On le plante en février ou plus tôt, si le temps le permet, à 0m,30 ou 0m,40 de distance; pendant sa végétation on le butte à plusieurs reprises, afin de favoriser le développement des bulbes qui croissent au tour de l'Oignon mère.

On récolte les graines d'Oignons en août, et elles se conservent pendant deux ans.

Oseille (Rumex acetosa).—On la multiplie au printemps par éclats de pieds ou par graine, qu'on sème en rayons depuis mars jusqu'en juillet. Après le semis on recouvre les graines d'une légère couche de terreau, et l'on donne de fréquents bassinages: on en fait ordinairement des bordures; mais, pour n'en pas manquer en été, il faut aussi la cultiver en planches, auxquelles on donne de copieux arrosements pendant la sécheresse.

On fait la dernière récolte vers la fin d'octobre; après quoi on donne un binage, puis on étend un bon paillis de fumier à moitié consommé sur chaque planche, ou bien, à la même époque, on relève les touffes d'Oseille pour les mettre en jauge et les chauffer en hiver.

À cet effet, on prépare une couche de 0m,35 à 0m,40 d'épaisseur, dont la chaleur soit de 10 à 12 degrés; on place les coffres, et on charge la couche de 0m,15 à 0m,20 de terreau; après quoi on plante 10 à 12 rangs d'Oseille par coffre. Pendant les gelées on couvre les panneaux avec des paillassons; on donne de l'air aussi souvent que possible.

On peut aussi forcer l'Oseille sur place. Pour cela, l'on pose des coffres sur les planches, puis des panneaux. On creuse les sentiers qui entourent les coffres, et l'on élève un réchaud de fumier, que l'on remanie de loin en loin.

On commence à chauffer l'Oseille vers la fin de novembre ou au commencement de décembre, et l'on peut continuer successivement jusqu'à la fin de février.

Les graines d'Oseille mûrissent en juillet, et se conservent pendant deux ans.

Variétés.—Vierge, — de Belleville, — de Frévent.

Oseille Épinard.—On cultive sous ce nom la Patience des jardins, Rumex Patientia. Cette plante a les feuilles grandes et allongées; elle est d'une saveur plus douce que l'Oseille, et se multiplie facilement, soit de graines semées au printemps, en place ou en pépinière, pour être repiquées, ou bien par éclat des pieds. Il faut les mettre. à environ 1 mètre l'un de l'autre.

La durée germinative des graines de Patience est de trois ans.

Oxalis crénelée (Oxalis crenata).—Cette plante est d'une multiplication et d'une culture très-faciles; elle produit un grand nombre de petits tubercules, mais dont la saveur plaît généralement peu. Les feuilles et les sommités des pousses peuvent être mangées comme Épinards. On la multiplie par tubercules ou par boutures, que l'on plante en avril et mai, à 1 mètre de distance; et dès qu'elles ont poussé d'environ 0m,12, on commence à les butter au centre, afin de forcer chaque jet à prendre une direction horizontale; puis, à mesure qu'elles s'allongent, on les charge successivement de terre jusqu'en septembre, époque où les tubercules commencent à se former. À l'approche des gelées, on étend sur le terrain une couche de fumier ou de feuilles, afin de ne faire la récolte que le plus tard possible, car les tubercules grossissent jusqu'à une époque assez avancée.

Panais (Pastinaca sativa).—Il leur faut une terre profonde et substantielle. On peut les cultiver comme les Carottes, mais il faut les éclaircir davantage, parce que les fanes sont beaucoup plus larges; on peut les laisser en terre pendant l'hiver, car ils ne craignent nullement les gelées.

La graine de Panais mûrit vers la fin d'août et n'est bonne que pendant un an.

Variétés.—Panais long, — Panais rond.

Patate douce (Convolvulus Batatas).—On cultive les Patates sur couche et sous châssis, sur couche sourde et en pleine terre.

On les multiplie de graines, qu'on sème en mars sur couche et sous châssis; mais comme on en récolte rarement, le plus souvent on les multiplie de la manière suivante: dans les premiers jours de janvier on fait choix de quelques tubercules parmi les mieux conservés; on les dépose sur couche chaude et on les couvre de châssis sur lesquels on étend des paillassons pendant la nuit; peu de temps après ils entrent en végétation. Alors on les couvre de 0m,05 ou 0m,06 de terre légère, et à l'époque de la plantation, on détache le plant du tubercule mère pour le planter immédiatement en place; ou bien, lorsqu'on veut avoir du plant d'une reprise plus facile, on enlève les jeunes pousses à mesure qu'elles ont atteint 0m,06 ou 0m,08 de longueur, on les repique dans des pots d'environ 0m,06 que l'on enterre sur couche; on les couvre d'une cloche, après quoi l'on bassine au besoin, et lorsque les boutures sont enracinées, ce qui a lieu assez promptement, on commence à soulever un peu la cloche, et l'on augmente graduellement pour l'enlever tout à fait lorsqu'elles peuvent supporter l'air sans se faner.

1. Patates sur couche et sous châssis.—Dans la première quinzaine de février, on prépare une couche de 0m,60 à 0m,70 d'épaisseur, moitié fumier et moitié feuilles. La hauteur de la couche doit être calculée de telle sorte qu'après qu'elle aura été chargée d'environ 0m,25 de bonne terre mêlée de terreau, le tout ne soit pas à plus de 0m,10 du verre. Après avoir placé les coffres, on pose les panneaux, et lorsque la chaleur de la couche est favorable, on plante les Patates sur deux rangs et à 0m,60 de distance sur la ligne. En les plantant, il faut avoir soin de bien étendre les racines; car si elles étaient contournées, cela nuirait essentiellement à la production des tubercules. Pendant la nuit, on couvre les panneaux avec des paillassons, puis on remanie les réchauds de temps à autre, afin d'entretenir la chaleur de la couche; on bassine au besoin et l'on donne de l'air toutes les fois que le temps le permet. Comme en grossissant il arrive souvent que les tubercules sortent de terre, il faut avoir soin de les recouvrir de quelques centimètres de terre. On peut récolter en mai ou juin au plus tard les Patates ainsi traitées; on détache les plus grosses, et si l'on recouvre les racines avec soin, elles ne continueront pas moins de végéter jusqu'à l'automne. En septembre on suspend les arrosements, afin de ne point prolonger la végétation, ce qui nuirait essentiellement à la maturité des tubercules.

2. Patates sur couche sourde.—Dans le courant d'avril, on prépare une couche sourde d'environ 1 mètre de largeur sur 0m,50 d'épaisseur; on la recouvre de 0m,20 à 0m,25 de bonne terre légère et substantielle, et vers la fin d'avril ou au commencement de mai on plante les Patates sur un rang et à 0m,65 l'une de l'autre; on couvre chaque pied d'une cloche sur laquelle on met un peu de litière au moment du soleil; au bout de quelques jours on commence à donner de l'air, en soulevant les cloches pendant le jour, et on enlève celles-ci lorsqu'elles ne peuvent plus contenir les branches.

Pendant la végétation, les soins se bornent à arroser toutes les fois qu'il en est besoin.

Vers la fin d'août ou au commencement de septembre, on trouvera des tubercules bons à être consommés; mais c'est seulement dans le courant d'octobre que l'on fait la récolte complète. Il faut la faire avec beaucoup de précaution, car les Patates qui sont rompues ou froissées pourrissent promptement.

3. Patates en pleine terre.—En mai, on fait de 0m,60 en 0m,60 des trous de 0m,50 de largeur et de 0m,35 à 0m,40 de profondeur; on remplit le fond de fumier, on le couvre d'environ 0m,20 de terre légère et substantielle, et l'on plante trois Patates dans chaque trou, en les disposant de manière qu'elles se trouvent à environ 0m,8 l'une de l'autre. On arrose, on recouvre d'une cloche, et l'on ombre au besoin.

Dans les terres légères et saines, on peut, sous le climat de Paris, cultiver les Patates simplement en pleine terre, sur buttes de 0,80 de hauteur ou par planches d'environ 1 mètre de largeur, dont on recharge le milieu de manière à former un billon sur la crête duquel on plante un rang de Patates. Après la plantation, on les garantit des rayons brûlants du soleil jusqu'à une parfaite reprise, après quoi tous les soins consistent à les arroser au besoin.

4. Conservation des Patates.—Le procédé le plus simple pour conserver les Patates consiste à déposer les tubercules dans un lieu sec où la température, étant la plus égale possible, ne descende pas au-dessous de 12 degrés. Par ce moyen, l'on peut facilement conserver des Patates sans altération jusqu'en février et mars. On peut aussi conserver les Patates sur place, comme le fait M. Souchet, jardinier du château de Fontainebleau, en les couvrant avec des panneaux vitrés et des paillassons, de manière à empêcher le froid de pénétrer sous les panneaux.

Variétés.—Blanche, — jaune, — rose de Malaga, — violette.

Perce-pierre. Bacille maritime, Fenouil marin (Crithmum maritimum).—On la sème aussitôt la maturité des graines ou en mars, sur couche, pour la repiquer au pied d'un mur, au midi ou au levant; on la couvre de litière pendant l'hiver, parce qu'elle est délicate et sensible aux gelées.

La graine de Perce-pierre ne conserve sa qualité germinative que pendant un an.

Persil (Petroselinum sativum).—On le sème en rayons, depuis le mois de février jusqu'en mai et juin; et pour, n'en pas manquer en hiver, il faut le couvrir de feuilles ou de litière dès l'approche des gelées. On peut aussi poser des coffres sur des planches disposées à cet effet, puis on les couvre de panneaux; enfin, en janvier ou février, on peut semer sur terre, mais sous panneaux; de cette manière on a du jeune Persil dans la seconde quinzaine de mars.

Les graines de Persil mûrissent en août, et elles se conservent pendant trois ans.

Variétés.—Frisé, — Nain très-frisé à grosse racine.

Piment (Capsicum annuum).—On le sème sur couche en février ou mars, en avril sur plate-bande terreautée, pour le repiquer à la fin d'avril ou au commencement de mai en pleine terre, à bonne exposition.

La durée germinative de la graine de Piment est de quatre ans.

Variétés.—Long, — rond, — du Chili, — doux d'Espagne, — tomate.

Pimprenelle (Petite) (Poterium Sanguisora).—On la sème au printemps ou à l'automne; on en fait ordinairement des bordures qui sont excessivement rustiques.

Les graines de Pimprenelle mûrissent en septembre, et elles se conservent pendant deux ans.

Pissenlit. Dent de lion (Taraxacum dens leonis).—Cette plante est peu cultivée, car on en trouve abondamment dans les prés; cependant, quand les pissenlits sont semés au printemps, on les obtient plus beaux et de meilleure qualité, surtout si l'on a soin de récolter les graines sur les individus dont les feuilles sont les plus larges. Indépendamment de la salade, qu'ils produisent vers la fin de l'hiver, on peut en faire blanchir à l'automne. Il suffit, pour cela, de les recouvrir de 0m,12 à 0m,15 de terreau bien consommé; et dès qu'ils commencent à percer la couche de terreau, on les coupe sur le collet de la racine.

La durée germinative des graines de Pissenlit est de deux ans.

Poireau (Allium Porrum).—On commence à semer le Poireau vers la fin de décembre ou le commencement de janvier, sur couche et sous panneaux; vers la fin de février ou au commencement de mars, on repique le plant en pleine terre et il la volée; vers la fin d'avril, c'est-à-dire lorsque le plant est assez fort, on trace huit ou dix rangs par planches de 1m,33 de largeur, et l'on repique le Poireau à 0m,15 de distance sur la ligne. On arrache le plant nécessaire à la plantation en éclaircissant le semis, et l'on commence à consommer les pieds restés en place, ce qui donne à ceux qu'on a repiqués le temps de se former. On peut aussi en semer en juillet pour repiquer au commencement de septembre; puis, dans la seconde quinzaine de septembre, on fait un dernier semis, et, comme toujours, on sème à la volée, mais très-clair, car alors on ne repique pas. Ce Poireau est bon à récolter en juin.

Les graines de Poireau sont bonnes à récolter en août, et elles ne se conservent que pendant deux ans.

Variétés.—Court, — long, — monstrueux de Rouen, — jaune du Poitou.

Poirée blonde (Beta vulgaris).—On la sème en rayons, de mai en août; et pour avoir toujours des feuilles bien tendres, il faut les couper souvent et les arroser fréquemment pendant la sécheresse. Pour n'en pas manquer en hiver, on peut, dès l'approche des gelées, relever ses racines en motte, pour les planter sur couche; ou bien on pose des coffres et des panneaux sur des planches disposées à cet effet. On relève la terre des sentiers, puis on entoure les coffres d'un réchaud de vieux fumier; ou donne de l'air aussi souvent que possible.

La Poirée blonde peut au besoin être mangée comme épinards.

Poirée à cardes.—On la sème en pépinière en mai et juin. Lorsque le plant est assez fort, on le repique immédiatement en place. On trace trois rangs par planche de 1m,33 de large, et l'on repique à 0m,50 de distance sur la ligne. Pendant la sécheresse on arrose abondamment, afin d'avoir des cardes grosses et bien tendres. Pendant les gelées on les couvre de litière, et c'est seulement au printemps qu'on commence à les récolter.

Les graines de Poirée mûrissent en septembre, et se conservent bonnes pendant cinq ou six ans.

Variétés.—À cardes blanches, — à cardes rouges, — à cardes jaune, — du Chili. La plus remarquable de toutes les Poirées à cardes par le développement et la riche coloration de ses côtes.

Pois (Pisum sativum).—Au commencement de novembre, on sème les premiers Pois sur terre, mais sous panneaux, pour repiquer le plan également sous panneaux.

Dans le courant de décembre, on place les coffres qu'on destine à la plantation et on enlève environ un bon fer de bêche dans chacun, de manière à avoir 0m,45 à 0m,50 de profondeur sous les panneaux; l'on dépose la terre dans les sentiers, ce qui sert à accoter les coffres; après quoi on dresse le terrain, on passe le râteau, et l'on trace dans chaque coffre quatre rayons d'environ 0m,08 de profondeur, en ayant soin de les distancer également, mais de manière à laisser plus d'espace vers le bas du coffre, qui est naturellement la partie la plus humide. Une fois l'emplacement préparé, et dès que le plant a 0m,08 ou 0m,10 de hauteur, on le soulève, afin de ne point rompre les racines en l'arrachant, puis on le repique par 3 ou 4 ensemble et à environ 0m,20 de distance sur la ligne.

Lorsque les Pois ont 0m,20 à 0m,25 de hauteur, on couche toutes les tiges vers le haut du coffre; et pour les maintenir dans cette position, on les recouvre d'un peu de terre. Peu de jours après, l'extrémité des tiges se relève et continue de pousser; ils ne tardent pas à fleurir; alors on pince toutes les tiges au-dessus de la troisième ou de la quatrième fleur, afin de les faire fructifier plus promptement.

Pendant la nuit on couvre les panneaux avec des paillassons; on donne de l'air toutes les fois que la température le permet, et l'on fait quelques bassinages, ce qui doit avoir lieu avec beaucoup de ménagement, afin de ne point déterminer une végétation trop vigoureuse, qui nuirait essentiellement à la récolte.

Lorsqu'on a une bonne côtière et que l'on se trouve à court de panneaux, on peut semer les pois sous cloches, vers la fin de janvier et dans le courant de février; enfin, selon l'état de la température, on les repique dans des rayons un peu profonds; puis on les couvre de litière pendant le mauvais temps. Ces pois donnent après ceux qui sont cultivés sous panneaux, mais beaucoup plus tôt que les Pois semés en place en novembre et décembre.

Pleine terre.—En pleine terre, les premiers semis ont lieu dans la seconde quinzaine de novembre, dans une côtière du midi. On trace des rayons un peu profonds et à 0m,25 les uns des autres. Après le semis, on couvre les Pois de quelques centimètres de terreau; et lorsqu'ils ont 0m,15 ou 0m,20 de hauteur, on donne un binage et l'on remplit les rayons. Si l'hiver est rigoureux, on couvre les Pois avec de la litière, qu'on enlève toutes les fois que la température le permet; mais il faut s'assurer avant si les Pois ont souffert de la gelée, car alors il faut, pour ne pas les perdre, les laisser dégeler graduellement et ne les découvrir que si le temps se radoucit. À partir de l'époque ci-dessus indiquée, on peut semer successivement jusqu'en juillet pour manger en vert; pour récolter en sec, il faut semer en mars. Quelle que soit l'époque du semis, les soins consistent à donner quelques binages, à pincer l'extrémité des espèces hâtives au-dessus de la troisième ou de la quatrième fleur, afin de hâter la maturité, et à mettre des rames aux grandes variétés. On cultive un grand nombre de variétés de Pois; nous ne citerons seulement que les plus répandues, que nous placerons dans leur ordre de précocité; toutefois, nous dirons que pour les semis qui auront lieu en pleine terre avant le mois de février, il faut prendre le Michaux ordinaire, car le Pois le plus hâtif est moins rustique et pourrait souffrir de l'hiver; mais ce dernier, semé en février, produit tout aussi tôt que le Michaux semé d'automne.

La durée germinative des semences de Pois est de quatre à cinq ans.

Pois à écosser.—Carter, h. 0m,80.—Prince Albert, h. 0m,45.—Ridé nain hâtif, h. 0m,25.—Michaux de Hollande, h. 0m,90.—M. de Ruelle, h. 1m.—M. ordinaire, h. 1m,20.—Nain de Hollande, h. 0m,60.—N. à châssis, h. 0m,20.—N. de Bretagne, h. 0m,36.—N. gros sucré, h. 0m,30.—N. vert anglais, h. 0m,46.—N. vert de Prusse, h. 0m,60.—N. vert impérial, h. 0m,50.—Bishop à longue cosse, h. 0m,48.—Champion d'Écosse, h. 0m,60,—de Clamart, h. 1m,30,—de Marly, h. 1m,35,—d'Auvergne, h. 1m,20;—à la moelle de Victoria, h. 1m,50.—Ridé ou de Knight, h. 1m,40.—R. vert, h. 1m,30.—Turc, h. 0m,85.

Pois sans parchemin ou Mange-tout.—Nain, h. 0m,75,—à fleurs blanches, h. 1m,65,—à fleurs rouges, h. 1m,60,—à cosse blanche, h. 1m,45,—à cosse jaune, h. 1m,20.—Géant, h. 1m,90.

Pommes de terre (Solanum tuberosum).—On ne cultive ordinairement dans les jardins que les variétés peu répandues ou recommandables par leurs qualités et l'époque de leur maturité, car les autres appartiennent essentiellement à la grande culture.

Les premières plantations de Pommes de terre peuvent avoir lieu, sur couche et sous panneaux, vers la fin de janvier ou au commencement de février. À cet effet, on prépare une couche de 0m,40 d'épaisseur, on l'entoure d'un réchaud, puis on la charge de 0m,20 de bonne terre; on trace quatre rangs par coffre, après quoi on plante les pommes de terre à 0m,33 de distance sur la ligne (la variété connue sous le nom de Marjolin est la plus avantageuse pour planter à cette époque); pendant la nuit, on couvre les panneaux avec des paillassons, et l'on donne de l'air aussi souvent que possible. Par ce moyen, on peut avoir des Pommes de terre nouvelles dans la première quinzaine de mars. On détache les plus grosses et l'on recouvre les autres, qui peuvent être récoltées quelque temps après.

Pleine terre.—En pleine terre, on plante les premières Pommes de terre dans le courant de février. Le terrain destiné à la plantation doit être labouré et fumé d'avance. S'il arrivait que l'on fût forcé de fumer en plantant, il faudrait n'employer que des engrais à moitié consommés. Pour planter les Pommes de terre, on fait ordinairement des trous semblables à ceux dans lesquels on sème les Haricots; seulement, ils doivent être plus profonds et plus rapprochés les uns des autres que pour les Haricots.

Dans les terres humides et froides, au lieu de faire des trous pour planter les Pommes de terre, on dispose la semence par rang sur le sol, puis on fait une tranchée entre chaque rang, et, avec la terre provenant de la fouille, on recouvre les Pommes de terre.

Quel que soit le mode de culture, la semence doit être choisie avec soin, c'est-à-dire que les tubercules doivent être sains et d'une maturité parfaite. Les plus gros peuvent être divisés.

Pour avancer l'époque de la récolte, on peut, comme le font beaucoup de cultivateurs des environs de Paris, faire germer les Pommes de terre avant de les planter, en les plaçant dans une pièce de l'habitation.

Pendant l'été, les Pommes de terre doivent être binées plusieurs fois, puis buttées lorsqu'elles sont arrivées au terme moyen de leur développement. Cette opération, considérée comme inutile par les uns, recommandée par les autres, est, on peut le dire, aussi nécessaire dans les terres légères qu'elle peut être nuisible dans les terres humides.

Depuis quelques années, des essais de plantations d'automne ont été tentés dans le but de récolter les Pommes de terre beaucoup plus tôt.

Malgré tous les soins apportés à cette opération, nous n'avons pas trouvé jusqu'à présent de différence appréciable dans les résultats de cette culture, comparés à ceux qu'on obtient en plantant au printemps, et, à notre avis du moins, il serait préférable, plutôt que de planter en automne, de rechercher les variétés hâtives qui peuvent être récoltées avant l'époque où la maladie des Pommes de terre commence à sévir.

On récolte dans la première quinzaine de juin les Pommes de terre hâtives plantées en février; et, comme nous l'avons dit relativement aux pieds cultivés sur couche, on détache seulement les plus grosses, et l'on recouvre les racines avec soin, afin de prolonger la récolte. À partir de l'époque ci-dessus indiquée, on peut planter successivement jusqu'à la fin de juin.

Variétés.Jaunes rondes. Naine hâtive, Schaw, régent des Cordillières. — Jaunes longues. Marjolin, lapston kidney, marjolin deuxième saison. — Rouges rondes. Truffe d'août, de Strasbourg, de Montreuil. — Rouges longues. Pousse debout. Vitelotte. Xavier. — Violettes. Plate hâtive, — de Vincennes, — Smith seedling.

Pourpier (Portulaca oleracea).—On le sème sur couche en février et mars, et en pleine terre en mai et pendant tout l'été; il ne faut presque pas recouvrir les graines; mais on doit les bassiner assidûment jusqu'à ce qu'elles aient bien levé.

La durée germinative de la graine de Pourpier est de huit ans.

Variétés.—Pourpier vert, — Pourpier doré.

Radis (Raphanus sativus).—Les premiers semis ont lieu vers le 15 septembre, sur ados. S'il survient des froids pendant la nuit, on couvre le plant avec des paillassons. En décembre, on sème sur couche et sous panneaux; en février, on sème encore sur couche, mais à l'air libre, puis en mars commencent les semis de pleine terre, qui peuvent être continués jusqu'en automne. Pour avoir toujours des radis bien tendres, il faut en semer souvent, et par conséquent en petite quantité, ce qui fait que, sur couche comme en pleine terre, on ne les sème ordinairement que parmi d'autres plantes. Les semis d'été doivent autant que possible, être faits à l'ombre et arrosés souvent, et pour cette époque on peut semer indistinctement toutes les variétés; mais sur couche il faut semer de préférence le Radis rose hâtif ou le rose demi-long.

Variétés.—Blanc hâtif de Hollande, — violet hâtif, — rose rond hâtif, — rose demi-long, — rose demi-long à bout blanc, — gris d'été, — jaune ou roux.

Raves.—On les cultive exactement de même que les Radis roses.

Radis d'hiver, Raifort.—On les sème à la volée depuis le 1er juin jusqu'au 10 juillet: comme on sème presque toujours trop dru, il faut éclaircir le plant. Ces radis peuvent se conserver tout l'hiver en les mettant en jauge et en les couvrant pendant les gelées, ou bien en les déposant dans la serre à légumes.

Variétés.—Noir, — rose de Chine, — violet de Gournay.

Radis serpent, Radis queue de rat (Raphanus caudatus).—Semés pendant les mois de juin, juillet et août, à 1 mètre les uns des autres en tous sens, ces Radis prennent en peu de temps un grand développement et produisent une quantité prodigieuse de siliques que l'on peut manger comme les Radis ordinaires, dont elles ont exactement la saveur.

Les graines de Radis sont bonnes à récolter en août, et elles peuvent se conserver pendant cinq ans.

Raifort sauvage (Cranson, Cochlearia armoracia).—Les racines de cette plante ont une saveur extrêmement piquante; après avoir été râpées, elles peuvent remplacer la Moutarde. On le multiplie de tronçons de racines à l'automne; mais ce n'est guère que la troisième année que les racines sont de grosseur à être employées.

Raiponce (Campanula rapunculus).—On sème la Raiponce à la volée en juin et juillet. Comme la graine est extrêmement fine, il faut la mêler avec du sable ou de la terre fine et très-sèche, car sans cette précaution le semis serait inégal ou trop dru. On ne recouvre pas la graine; il suffit de passer le râteau, de fouler le terrain très-légèrement, après quoi on étend sur le tout un peu de grande litière, qu'on enlève aussitôt après la levée des graines, dont on favorise la germination par de fréquents bassinages; assez ordinairement on sème parmi la Raiponce un peu d'Épinards ou de Radis, afin de protéger le jeune plant. C'est seulement en février que l'on commence à récolter les Raiponces, et la récolte peut s'en prolonger jusqu'à ce qu'elles montent en graines.

Les graines de Raiponce mûrissent en juillet et août, et elles se conservent bonnes pendant cinq ans.

Rhubarbe (Rheum).—On cultive de la Rhubarbe dans les jardins pour le pétiole de ses feuilles, avec lequel on fait d'excellentes confitures, ou pour remplacer les fruits que l'on met quelquefois dans les pâtisseries.

Elle se multiplie de graines semées aussitôt après la maturité, ou mieux encore par la séparation des pieds, que l'on divise au printemps, en ayant soin que chaque éclat soit au moins muni d'un germe reproducteur; enfin, quel que soit le mode de multiplication, on les plante à environ 1 mètre de distance, et tous les soins consistent à couper les vieilles feuilles et à donner chaque année un binage au printemps. On commence ordinairement à couper les pétioles vers la fin de mai ou au commencement de juin.

On récolte les graines de Rhubarbe en juin, et elles se conservent bonnes pendant trois ans.

Variétés.—Myatt's linnæus, — Myatt's Victoria, — prince Albert.

Salsifis blanc (Tragopogon porrifolium).—On le sème en mars, avril et mai, en lignes ou à la volée, en terre profonde et substantielle, fumée de l'année précédente. Si le temps est sec, on bassine assidûment le semis, afin de favoriser la levée des graines; si le plant est trop dru, on éclaircit, puis on donne quelques binages.

On commence à récolter les racines en octobre, puis successivement jusqu'au printemps. Pour n'en pas manquer en hiver, on en met en jauge vers la fin de novembre, ou bien on les couvre sur place pendant les gelées.

Les graines de Salsifis mûrissent en juillet, et elles ne sont bonnes que pendant un an.

Sarriette des jardins (Satureia hortensis).—On la sème au printemps, après quoi elle se ressème tous les ans d'elle-même, sans qu'il soit nécessaire de lui donner aucun soin.

Sarriette vivace (S. montana).—On la multiplie de graines semées au printemps, ou par éclats des pieds à la même époque.

Les graines de Sarriette se conservent bonnes pendant trois ans.

Scorsonère d'Espagne ou Salsifis noir (Scorzonera Hispanica).—On la sème soit en août, soit en mars et avril, en ligne ou à la volée: les soins à donner sont exactement les mêmes que ceux qui sont indiqués pour le Salsifis blanc; seulement, comme elle monte en graines la même année, dans le courant de juillet on coupe les tiges rez terre; et comme rarement les racines acquièrent dès la première année la grosseur suffisante pour être mangées, il faut recommencer cette opération l'année suivante. On commence à récolter les racines en octobre, puis successivement jusqu'au printemps.

On récolte les graines de Scorsonère vers la fin de juillet sur les individus de deux ans, et elles se conservent bonnes pendant deux ans.

Tétragone étalée ou Épinards d'été (Tetragonia expansa).—Cette plante peut très-bien remplacer l'Épinard pendant l'été, car elle en a complétement la saveur. On la sème sur couche en février et mars, après avoir fait tremper les graines, et lorsqu'on ne craint plus les gelées, on repique le plant en pleine terre à environ 0m,60 de distance en tous sens. Dès que les tiges commencent à couvrir le sol, on coupe les feuilles et l'extrémité des jeunes pousses.

Les semences mûrissent en automne, et elles se conservent bonnes pendant cinq ans.

Tomate ou Pomme d'amour (Solanum lycopersicum).—On sème les premières Tomates, dès le mois de septembre, et en pots, que l'on dépose dans la serre à Ananas, ou sur couche et sous panneaux, pour les planter sur couche en janvier. Plantées à cette époque, les fruits commencent à mûrir dès les premiers jours de mai. En janvier on sème sur couche et sous panneaux; et lorsque le plant est assez fort, on le repique en pépinière également sur couche et sous panneaux. Quelques jours après la plantation, on commence à donner un peu d'air, afin de fortifier le plant. En février ou mars, on prépare une seconde couche de 0m,50 d'épaisseur, dont la chaleur soit de 20 à 25 degrés; on la charge de 0m,25 de terreau, après quoi l'on plante quatre pieds de Tomates sous chaque panneau. Pendant la nuit, on couvre les panneaux avec des paillassons, on bassine au besoin, on donne de l'air au moment du soleil; et lorsque les plantes commencent à se développer, on fait choix de deux branches sur chacune, puis on les abaisse de manière à empêcher qu'elles ne touchent à la surface intérieure des panneaux. Pour les maintenir dans cette position, on les attache à de petits piquets qu'on enfonce dans la couche à une certaine distance du pied; puis on supprime les autres rameaux; et lorsque les plantes sont suffisamment garnies de fleurs, on pince l'extrémité de toutes les branches.

À partir de cette époque on supprime avec soin tous les nouveaux bourgeons, et quand les Tomates commencent à rougir, on effeuille complétement sur les fruits, afin d'avancer la maturité. On sème encore des Tomates en février et mars, et lorsque le plant est bon à planter, on prépare une couche de 0m,40 d'épaisseur et de 0m,80 de largeur. On la charge de 0m,25 de terreau, on trace deux rangs, et l'on plante les Tomates à 0m,80 de distance sur la ligne. On met une cloche sur chacune et l'on donne de l'air toutes les fois que le temps le permet; puis on enlève les cloches dès que les gelées ne sont plus à craindre. Lorsque les plantes commencent à se développer, on choisit trois ou quatre branches sur chacune, on les attache à un échalas, et l'on supprime les autres; puis, lorsqu'elles ont atteint 0m,75 à 1 mètre de hauteur, on en pince toutes les extrémités, si toutefois les plantes sont garnies de fleurs, car dans le cas contraire on ne les rabat que lorsqu'elles sont plus élevées, et, comme nous l'avons indiqué précédemment, on a soin d'enlever tous les nouveaux bourgeons; on supprime quelques feuilles, et quand les Tomates commencent à rougir, on effeuille complétement sur les fruits.

Pour planter en pleine terre, on sème en février et mars, également sur couche et sous panneaux; on repique le plant en pépinière, et lorsque les gelées ne sont plus à craindre, on relève le plant en motte pour le mettre en pleine terre.

On trace deux rangs par planche, et l'on plante les Tomates à 0m,80 de distance sur la ligne. On arrose abondamment pendant les chaleurs, après quoi la taille et les autres soins sont en tout semblables à ceux que nous avons précédemment indiqués.

Les graines de Tomates se conservent bonnes pendant cinq ans.

Variétés.—Rouge hâtive, — rouge grosse, — à tige raide ou monstrueuse, — jaune, — poire, — cerise.

Serre à légumes.—On n'a pas toujours un lieu convenable pour serrer ses légumes, et l'on est souvent obligé d'accepter un hangar incommode ou bien une cave humide et mal aérée, où les plantes potagères ne peuvent être conservées sans altération.

Dans une circonstance semblable, il n'y a rien à faire, et il faut se résigner à ne garder que de petites provisions; mais quand on peut disposer d'une cave spacieuse, privée de lumière, et dont l'air peut être renouvelé à volonté par des portes ou des soupiraux, on se trouve dans les conditions les plus favorables pour conserver les légumes.

La serre à légumes doit être divisée en plusieurs compartiments, dans lesquels on dépose par lits les végétaux qu'on veut conserver, en ayant soin de mettre un peu de sable ou de terre sèche entre chacun. Cette méthode convient aux plantes à racines; quant aux Choux, Choux-fleurs, Cardons, Chicorée, etc., il faut les arracher avec leurs racines et les planter dans le sable à un intervalle suffisant pour éviter un contact qui engendrerait la pourriture.

On peut par ce moyen conserver jusqu'en avril et mai des légumes de l'année précédente.

CHAPITRE XII
Maladies des Plantes potagères.

La connaissance des maladies qui attaquent les plantes potagères est d'une mince importance, d'autant plus que rarement on peut y porter remède, et que la nature seule peut amener la guérison.

Chaque fois qu'un végétal se trouve dans un état pathologique par suite d'influences ambiantes défavorables qui ont développé en lui un état morbide, et que ses tissus ne jouissent plus d'assez d'énergie vitale pour lutter contre le mal, la désorganisation commence, et l'unique moyen de guérison est un redoublement de soins pour rendre au végétal sa vigueur première.

Les parasites qui croissent sur les végétaux malades ne sont pas la cause du mal; ils en sont tout simplement l'effet. À quoi bon alors savoir que le Puccinia Asparagi croît sur l'Asperge, le Sclerotium varium sur le Chou; plusieurs espèces d'Uredo sur le Céleri, le Haricot, la Pimprenelle et le Poireau; le Botrytis effusa sur l'Épinard; le Fusisporium sur le Melon; l'Acrosporium monilioides sur l'Oignon; l'Erysiphe communis sur les Pois; le Botrytis infestans sur la Pomme de terre, etc.?

Ce sont là, nous le répétons, des effets et non des causes.

Dans les saisons froides et humides, à des expositions défavorables, par suite de l'absence de soins et de précautions, les végétaux souffrent et tombent malades; mais avec de l'eau, du fumier et des abris, on peut prévenir tout ce mal, qu'on ne pourrait pas réparer une fois qu'il existerait.

CHAPITRE XIII
Jardin fruitier.

Les personnes pour lesquelles nous écrivons ce livre ayant rarement un jardin fruitier distinct du potager, nous n'avons pas cru devoir donner des dispositions spéciales pour le verger; nous nous sommes borné à réunir toutes les notions qu'il importe de posséder pour tirer un parti avantageux de ses arbres fruitiers.

Ce chapitre contient les principes généraux de plantation, de taille, d'ébourgeonnage et de palissage, sans avoir égard aux différences qui existent entre les arbres de diverses sortes. Nous traiterons dans des articles spéciaux des soins qu'il convient de donner à chaque espèce en particulier.

§ 1.—Plantation.

Le succès des plantations dépend de plusieurs conditions qui, malheureusement, ne sont pas assez observées. La première est de se rendre compte de la nature du sol, ce qui devra guider pour le choix des arbres; car un arbre greffé sur un tel sujet languira dans un terrain où il aurait, au contraire, prospéré, s'il eût été greffé sur un autre. Le choix des arbres est également très-important, mais présente bien des difficultés; car les pépiniéristes se préoccupent si peu de l'avenir des arbres qu'ils élèvent, qu'ils négligent trop souvent leur éducation première et préparent ainsi bien des déceptions aux planteurs. Il faut qu'ils soient jeunes et vigoureux, que l'écorce en soit bien lisse, le sujet toujours bien proportionné à la greffe, et surtout qu'ils aient été arrachés avec beaucoup de soin.

L'époque la plus favorable pour la plantation est aussitôt après la chute des feuilles, dans les terres légères; mais dans les terres fortes et humides on ne plantera qu'en février et mars. Avant de planter, on visitera les racines, et l'on coupera proprement l'extrémité de toutes celles qui auraient été rompues, sans en retrancher aucune et en ayant soin de conserver tout le chevelu. Si, à cette époque, le terrain n'était pas prêt à être planté, ou si la plantation nécessitait plusieurs journées de travail, il faudrait faire mettre les plants en jauge par rangées et de manière à pouvoir les retirer un à un lors de la plantation. Si quelque circonstance empêchait de planter aux époques indiquées à partir de la fin de mars jusqu'à l'époque où l'on pourra les mettre en place, il faudra les relever tous les quinze jours, et les remettre immédiatement en jauge, puis les arroser. Plus la saison avancera, plus il faudra prendre de précautions: car ils auront poussé beaucoup de jeunes racines, qu'il faut avoir soin de ne pas rompre. Si l'on observe bien ce que nous conseillons, on pourra ne les planter définitivement qu'en juin. Ces plantations tardives devront être arrosées pendant les fortes chaleurs; il sera même bien de mettre un ou deux arrosoirs d'eau dans le trou avant de planter.

Pour les plantations faites aux époques ordinaires, il faut toujours que les trous soient faits en automne, même dans les terrains où l'on ne doit planter qu'en mars; ils devront être larges et profonds, c'est-à-dire proportionnés au volume des racines, et de manière qu'elles s'y étendent à leur aise. Dans les terres très-légères, on obtiendra toujours un bon résultat si, après avoir fait des trous d'un mètre au moins de profondeur et d'une largeur proportionnée, on met, au fond, des gazons placés de telle sorte que les racines soient en dessus. Dans les terres humides et sujettes à retenir l'eau, il faut aussi faire des trous très-larges et très-creux, et mettre au fond de menus plâtras; puis on les remplit jusqu'à la hauteur nécessaire avec de bonne terre mêlée de fumier consommé; enfin, il vaudrait mieux retarder la plantation de quelques jours que de planter par la pluie ou dans une terre trop humide. Quand le moment de la plantation sera venu, on placera l'arbre au milieu du trou, le plus d'aplomb possible, pendant qu'une autre personne fera couler la terre bien meuble et fine entre les racines; puis, pour ne laisser aucun vide, on soulèvera l'arbre doucement en le maintenant dans sa position verticale. On ne doit enterrer les arbres que jusqu'au collet, c'est-à-dire à environ 0m,10 au-dessus des racines; et, pour ceux qui sont greffés rez terre, on ne doit pas les couvrir par-dessus la greffe, afin que, par suite du tassement des terres, les racines ne se trouvent pas trop profondément enterrées. Lorsqu'on jugera que l'arbre est à la hauteur voulue, on couvrira toutes les racines de terres fines, puis on remplira le reste du trou avec de la terre mêlée de fumier consommé. Pour fixer l'arbre, on foulera légèrement la terre avec les pieds, en appuyant davantage sur les bords. On remettra ensuite de la terre pour achever de remplir le trou.

Quelques personnes sèment en place des sujets d'arbres fruitiers destinés à recevoir la greffe, afin d'avoir des arbres plus vigoureux et qui ne soient pas retardés par la transplantation. Pour agir ainsi avec succès, il faut bien connaître le sous-sol; car, si l'on n'avait pas un bon fond de terre, on n'obtiendrait qu'un très-mauvais résultat. Ces arbres ayant toujours un pivot qui descend très-profondément, lorsqu'ils atteignent la mauvaise terre, ils jaunissent et n'ont plus qu'une végétation languissante.

§ 2.—Taille.

La taille des arbres fruitiers est une opération très-importante:

1o Elle a pour but de distribuer la séve également dans toutes les parties de l'arbre, et de lui donner une forme agréable;

2o Elle dispose les arbres à donner de plus beaux fruits et de meilleure qualité:

3o Si un arbre n'était pas taillé, ses branches superflues épuiseraient infailliblement sa force, et il durerait moins longtemps; ainsi, lorsqu'une taille est bien raisonnée, elle prolonge l'existence des arbres.

De toutes les opérations du jardinage, la taille des arbres est la partie la moins avancée. Sous ce rapport, il serait à désirer que les praticiens se livrassent à l'étude de la physiologie végétale: en effet, comment procéder à une opération d'une aussi haute importance, si l'on ne connaît les fonctions de chacune des parties d'un arbre?

Les instruments employés pour la taille sont la serpette et le sécateur. Quoique ce dernier abrège beaucoup le travail, il ne peut pas complétement remplacer la serpette; car son emploi nécessite beaucoup d'habitude, et il arrive souvent qu'avec le point d'appui on occasionne une pression qui meurtrit la branche au-dessous de la coupe; mais il est très-avantageux pour rabattre une branche que l'on enlèverait difficilement à la serpette, et pour tailler la Vigne et les Rosiers.

Indépendamment de ces deux instruments, il est quelquefois nécessaire d'employer la scie à main ou l'égohine pour couper les grosses branches.

On commence ordinairement à tailler à la fin de janvier et jusqu'en mars, et quelquefois même encore au commencement d'avril; mais il est impossible d'indiquer d'une manière précise l'époque la plus favorable pour commencer cette opération, car elle varie suivant l'exposition et la différence de température des années.

Il serait beaucoup plus naturel d'exécuter la taille dans l'ordre de la végétation: ainsi, on commencerait par les Abricotiers; puis viendraient les Pêchers, les Pruniers, les Poiriers, les Cerisiers et les Pommiers. Mais, par économie de temps, l'usage est de commencer par les Poiriers et les Pommiers, parce qu'ils craignent peu les gelées, et que l'on a presque toujours fini de les tailler à l'époque ou l'on commence à tailler les Pêchers.

Règle générale, on doit commencer par les arbres faibles et terminer par les plus vigoureux, afin d'en ralentir un peu la vigueur; cependant il faut toujours tailler avant que la séve soit en mouvement; car plus tard on altérerait beaucoup la santé de ces arbres, et l'on n'obtiendrait que des pousses très-faibles.

Il est aussi quelques principes généraux dont il ne faut jamais s'écarter:

1o On doit toujours, en taillant, faire une coupe bien nette, un peu oblique, opposée à l'œil sur lequel on taille, et à 0m,03 environ au-dessus, afin que la séve puisse facilement recouvrir la plaie; c'est aussi pour ce motif que toutes les fois qu'il est nécessaire de rabattre une branche, il faut la couper le plus près possible de son insertion, et faire une plaie bien nette, qui se recouvre toujours plus facilement.

2o Il ne faut pas tailler les arbres trop court, car alors ils poussent trop vigoureusement et rapportent peu de fruit.

3o Une taille trop allongée épuise les arbres, parce qu'ils se mettent trop à fruit, et il n'y a réellement aucun avantage; car les fruits en sont moins beaux, les arbres en sont fatigués, et ils restent ordinairement plusieurs années sans rapporter.

Nous allons donner la description des différentes parties d'un arbre, qu'il est essentiel de savoir reconnaître avant de commencer à tailler.

1. Arbres à fruits à noyaux.

Le tronc ou la tige est la partie qui s'élève depuis la racine jusqu'à la naissance des branches.

Les branches mères sont ainsi nommées parce que ce sont celles qui donnent naissance à toutes les autres; elles naissent directement sur le tronc.

Les membres sont les branches qui poussent sur le côté des branches mères, et dont on favorise le développement pour former la charpente de l'arbre.

Les branches de bifurcation sont des membres destinés à remplir les vides qui résultent du prolongement des branches mères et des membres; il ne faut jamais les établir que sur le troisième ou le quatrième bourgeon au-dessus de la taille précédente.

Les branches à bois sont celles qui servent à former la charpente de l'arbre et le prolongement de chaque membre; elles sont faciles à reconnaître sur tous les arbres, à leur grosseur et aux yeux dont elles sont garnies, yeux qui sont toujours minces et pointus.

Les branches à fruits sont généralement minces et allongées; dans les Pêchers, l'écorce est verte du côté du mur et rougeâtre du côté du soleil. Ces branches doivent être renouvelées annuellement, car elles ne donnent du fruit qu'une fois.

Branches de remplacement.—Les branches à fruits du Pêcher ne produisent que la seconde année, et ne portent fruit qu'une fois, comme nous venons de le dire. Il est donc essentiel de les remplacer chaque année, ce qui est très-facile, car chaque branche à fruits a plusieurs yeux à sa base; il suffit donc, une fois que ces yeux se sont développés, de choisir le bourgeon le plus vigoureux et le plus rapproché possible de l'insertion de la branche à fruits et de supprimer les autres. Ce sont ces nouvelles branches qu'on appelle branches de remplacement; après avoir porté fruit, elles devront être remplacées à leur tour, et ainsi de suite.

Branches gourmandes.—Sur les arbres en espalier, les gourmands sont généralement placés sur le dessus des membres. On les reconnaît facilement à leur large empatement et à leur vigueur, qui est tellement préjudiciable aux autres branches, qu'il faut en arrêter le développement par tous les moyens possibles; on ne doit jamais en voir sur un arbre bien traité.

Les bourgeons sont de jeunes pousses de l'année; la seconde année, le bourgeon devient une branche à bois ou à fruits, selon sa position.

Les faux bourgeons ou bourgeons anticipés sont ceux qui naissent entre les feuilles des pousses de l'année.

2. Arbres à fruits à pépins.

Les branches à bois ayant à peu près les mêmes caractères sur tous les arbres à fruits, nous ne parlerons que des boutons dont elles sont garnies: ceux des Poiriers et Pommiers sont enveloppés d'une membrane écailleuse; mais ils sont toujours minces et allongés, comme sur les Pêchers.

Les boutons à fleurs sont beaucoup plus gros que les boutons à bois, d'une forme arrondie, et enveloppés d'une grande quantité d'écailles.

Les brindilles sont de petites branches minces et allongées, terminées par un bouton à feuille ou à fleur. Les yeux dont elles sont garnies sont très-rapprochés, et se transforment facilement en boutons à fleurs. Elles doivent être conservées, car elles peuvent donner du fruit pendant plusieurs années.

Les lambourdes sont des parties essentiellement productives; elles naissent sur les brindilles, et souvent aussi sur les branches à bois. Elles sont presque toujours terminées par un bouton à fleur, qui ne s'épanouit souvent que la seconde année. Les yeux dont elles sont garnies sont beaucoup plus rapprochés que sur les autres rameaux, et toujours très-disposés à fructifier. Elles restent plusieurs années avant d'atteindre tout leur développement, sont beaucoup plus grosses à leur base qu'à leur extrémité, et recouvertes d'une écorce ridée circulairement dont les plis deviennent plus profonds en vieillissant.

§ 3.—Ébourgeonnage.

On commence cette opération dès le mois de mai, et on la continue pendant tout le temps de la végétation; elle consiste à supprimer les bourgeons mal placés, qu'il faudrait enlever à la taille suivante. L'ébourgeonnage a lieu sur les branches des années précédentes, et pour le faire on peut employer l'outil nommé ébourgeonneur.

Quant à celui qui a lieu sur les bourgeons de l'année, comme il consiste à enlever les faux bourgeons, on le fait avec l'ongle. Dans un cas comme dans l'autre, il faut supprimer sur les arbres en espalier les bourgeons placés sur le devant et le derrière des branches, et ceux des côtés qui seraient trop rapprochés les uns des autres; et sur les autres arbres on enlève les bourgeons placés sur le dessus et le dessous des membres, ainsi que ceux qui seraient trop rapprochés.

On doit commencer cette opération dès que les bourgeons à supprimer auront de 0m,02 à 0m,03 de longueur, afin que la séve qui sera nécessaire à leur végétation, si l'on attendait plus tard, tourne immédiatement au profit de ceux qui doivent être conservés.

§ 4.—Palissage.

Le palissage consiste à fixer les bourgeons des arbres en espalier sur des treillages ou sur les murs, et pour cela on se sert d'osier et de jonc pour palisser sur le treillage, de loques et de clous sur les murs qui sont assez tendres pour qu'on puisse les y enfoncer facilement[10].

L'époque où il faut commencer le palissage est indiquée par le développement des bourgeons; c'est ordinairement en juin qu'il est essentiel de s'en occuper, pour ne finir que vers la fin de la saison. On doit commencer en suivant l'ordre du développement des bourgeons; car le but de cette opération est non-seulement de fixer les bourgeons dans la crainte qu'ils ne soient rompus par le vent, mais encore de ralentir la vigueur des plus avancés en les palissant plus tôt que les autres. Il faut toujours, en palissant, placer les bourgeons en ligne droite, à égale distance et sans jamais les croiser l'un sur l'autre. C'est en faisant le premier palissage qu'il faut supprimer les fruits mal placés et éclaircir ceux qui sont trop serrés et qui se nuiraient réciproquement.

§ 5.—Fruitier.

La plupart des personnes qui cultivent les arbres à fruits choisissent pour leur fruitier la pièce la plus saine de leur habitation, et quelquefois même la première venue. Aussi rien n'est-il regardé comme plus difficile que la conservation des fruits. Il est certaines conditions qu'on observe généralement fort peu, et qui sont cependant indispensables.

Pour conserver les fruits le plus longtemps possible et avec le plus de chances de succès, il faut disposer pour cet usage un local spécial, à demi enterré, à une exposition où la température soit le moins susceptible de varier et où l'air et la lumière puissent être renouvelés ou interceptés à volonté. On y dispose des tablettes de 0m,50 à 0m,60 de largeur, munies d'un rebord pour empêcher les fruits de tomber, et on les couvre d'un lit de paille neuve, fine, sèche et sans odeur.

C'est dans ce local qu'on place par espèces les fruits que la saison avancée empêche de laisser sur les arbres, et qui doivent mûrir à des époques plus ou moins éloignées. Il faut, quelques jours avant de les placer définitivement dans le fruitier, les trier avec soin, pour en séparer ceux qui ne valent pas la peine d'être conservés, et les laisser se ressuyer. Quand le fruitier sera garni et bien sec, on le fermera à l'air et à la lumière, et tous les soins se borneront à visiter les fruits une ou deux fois par semaine.

Les Raisins se conservent sur les tablettes comme les autres fruits, ou plutôt suspendus au plafond; mais ils exigent une surveillance scrupuleuse, et sont généralement d'une conservation assez difficile.

Les personnes qui attachent un grand prix à la conservation de leurs fruits peuvent faire garnir de bois toutes les parois des murailles de leur fruitier, et elles augmenteront les chances de conservation. On pourrait aussi placer de la chaux vive sur les derniers rayons, en ayant soin de la renouveler toutes les fois qu'elle serait éteinte. Par ses propriétés siccatives, cette chaux conservera l'atmosphère toujours sèche.

Le moyen que nous indiquons est le seul employé par les fruitiers-orangers; toutes les recettes de conservation sont ou peu sûres ou tout à fait impraticables, et nous conseillons de se contenter d'un fruitier, en observant les conditions de conservation que nous indiquons ici.

§ 6.—Culture des meilleures espèces de fruits.

Abricotier (Armeniaca vulgaris).—Tous les terrains conviennent aux Abricotiers, pourvu qu'ils ne soient pas trop humides. On les greffe ordinairement sur le Prunier Saint-Julien; mais, comme dans les terres fortes ils poussent très-vigoureusement et fructifient peu, il faut en ce cas les prendre greffés sur le Prunier Cerisette, qui pousse beaucoup moins que le Saint-Julien.

Les fruits des Abricotiers en plein vent étant beaucoup plus parfumés que ceux des arbres en espalier, on ne plante ordinairement que quelques-uns de ces derniers, pour avoir des fruits mûrs un peu plus tôt, ou dans les localités où ils mûrissent mal en plein vent. On plante les Abricotiers à haute tige à environ 6 mètres l'un de l'autre. Après avoir donné une bonne direction aux jeunes arbres, il sera encore nécessaire de les tailler chaque année; car sans cela les branches se dégarniraient facilement du bas; mais par une taille raisonnée et faite à propos on forcera facilement la séve à refluer dans les parties inférieures; on traitera de même les arbres à haute tige, et de plus on retranchera toutes les branches qui se dirigeraient vers l'intérieur, afin que l'air puisse circuler facilement. On peut rajeunir les Abricotiers en rabattant les grosses branches; on choisit pour les remplacer les jeunes jets les plus vigoureux et les mieux disposés.

On n'avance que difficilement la maturité des Abricotiers; néanmoins, dans le cas où l'on voudrait l'essayer, il faut ne leur donner que très-peu de chaleur et ne commencer à les chauffer qu'en février.

Variétés.—Précoce ou Abricotin, — Angoumois, — Commun, — de Hollande, — Alberge, — Pêche.

Amandier (Amygdalus communis).—C'est sur la variété commune que se greffent les Amandiers cultivés, et l'on ne les plante guère qu'élevés en plein vent, où ils n'exigent aucun soin. Néanmoins, dans le Nord, il est nécessaire de les planter en espalier, à une bonne exposition, et dans cette circonstance ils doivent être taillés.

L'Amandier fleurit souvent dès le mois de février; c'est à cause de cela qu'on le place assez ordinairement dans les jardins d'agrément.

Variétés.—Amandier à gros fruits, — Amandier de Tours, — Amandier Princesse ou des Dames, à coque tendre.

Cerisier (Cerasus).—Les Cerisiers ne sont pas difficiles sur le choix du terrain: on greffe les Cerisiers à haute tige sur le Merisier, et pour les autres formes sur le Sainte-Lucie.

Pour avoir des fruits un peu plus tôt, on peut planter quelques Cerisiers anglais en espalier ou en former des quenouilles qui produisent beaucoup; mais on plante plus souvent des arbres à haute tige, qui produisent toujours davantage. Si on les place en lignes, il faut les mettre à environ 6 mètres l'un de l'autre. Il n'est nécessaire de les tailler que pendant les premières années, pour former la charpente de l'arbre; et pour les espaliers et les quenouilles, une fois formés, il faut ne leur supprimer que le moins de branches possible. On se bornera à donner une bonne direction à chaque membre, à mesure qu'ils prendront de l'étendue. Quand les Cerisiers cessent de donner du fruit, on peut facilement les rajeunir en rabattant les grosses branches près de leur insertion; ils en fournissent promptement de nouvelles, avec lesquelles on formera une autre tête.

De la culture forcée du Cerisier.—Pour avancer la maturité des arbres fruitiers, il faut avoir égard à la température moyenne de l'époque où chaque espèce commence à végéter, à entrer en fleur, et enfin à celle qui règne ordinairement à l'époque de la maturité des fruits, afin que, dans un espace de temps qui doit toujours être moins long que dans l'état naturel, on fasse subir aux arbres les différentes modifications de chaleur par lesquelles ils passent ordinairement; car, dans un cas comme dans l'autre, ils ne peuvent fructifier qu'après avoir accompli toutes les phases de la végétation.

On peut avancer la maturité des Cerisiers en espalier en plaçant devant eux des châssis vitrés, ou, mieux encore, en plantant en pots à l'automne des Cerisiers nains, de l'espèce anglaise ou royale, qui sont ceux qui réussissent le mieux. Ils doivent être le plus ramifiés possible. On enterre les pots à bonne exposition, et, l'année suivante, en janvier, on les met dans une serre vitrée, où il suffira d'entretenir la température à 12 ou 14 degrés. On donnera de l'air au moment du soleil. On pourrait même les réunir aux Pruniers et leur donner les mêmes soins. En les mettant dans la serre à l'époque indiquée, les fruits sont ordinairement mûrs au commencement d'avril. On peut ainsi les chauffer plusieurs années de suite.

Variétés.—Anglaise, — Royale, — Reine-Hortense, — Belle de Choisy, — de Portugal, — Belle magnifique, — du Nord tardive, — grosse, — Guigne noire, — Guigne ambrée, — Gros bigarreau noir.

Coignassier (Cydonia communis).—On cultive généralement les Coignassiers pour recevoir la greffe du Poirier. La plantation doit avoir lieu à l'époque indiquée pour ces derniers. On n'en élève que peu comme arbres fruitiers; cependant les fruits en sont très-beaux, mais l'odeur qu'ils répandent lorsqu'ils commencent à mûrir déplaît généralement et force à reléguer ces arbres loin des habitations. Dans ce cas, il n'est pas nécessaire de choisir le terrain comme quand ils servent de sujets à greffer les Poiriers; car alors ils viennent bien partout, même dans les endroits humides.

On n'a pas besoin de tailler les Coignassiers; il suffit d'enlever le bois mort. La seule variété cultivée n'est guère que celle de Portugal, greffée sur le Coignassier commun, et dont les fruits mûrissent en octobre.

Épine-Vinette (Berberis).—L'Épine-Vinette croît dans les sols les plus arides, et donne à l'automne des fruits dont on fait d'excellentes confitures.

Figuier. (Ficus Carica).—Tous les terrains conviennent aux Figuiers, pourvu qu'ils ne soient pas trop humides. Il ne faut planter ces arbres qu'à la fin de mars ou dans le courant d'avril; et, comme ils sont d'une reprise assez difficile, il faut les planter en mottes ou les élever en pots. On les mettra de préférence près d'un mur et à l'exposition la plus chaude; il serait même préférable, dans certains endroits, de les mettre en espalier et de les palisser comme les autres arbres. Mais, sous quelque forme que l'on élève les Figuiers, il faut les couvrir en hiver afin de les préserver de la gelée. Vers la fin de novembre on réunit toutes les branches et on les enveloppe de paille maintenue par des liens. Lorsque les tiges sont jeunes et peu élevées, on les abaisse sur le sol et on les y maintient par des crochets de bois; puis on les couvre de 0m,15 de terre ou de paille, pour ne les découvrir qu'à la fin de mars. Quelle que soit la manière dont on les abrite, il faut avoir grand soin de garantir le pied, et, dans le cas où les tiges seraient atteintes par la gelée, on les couperait au niveau du collet, opération que l'on pourrait faire aussi quand ils sont devenus trop forts. Ils repoussent rapidement de nouvelles tiges, qui donnent du fruit la seconde année.

Les Figuiers produisent ordinairement deux récoltes; mais sous notre climat il est extrêmement rare que celle d'automne mûrisse; nous ne parlerons donc que de la première, qui mûrit en juillet et août. Pour favoriser le développement des fruits et en avancer la maturité, on pincera en juin le boutoir terminal des branches portant des fruits, ce qui empêchera ces derniers de tomber avant la maturité. Les Figuiers ne se taillent pas, car les amputations leur sont très-préjudiciables, à cause de la grande quantité de séve qu'ils perdent chaque fois. On se contentera donc, au printemps, de couper les branches mortes et de rabattre celles qui sont trop maigres pour donner du fruit. Cependant, s'ils poussent trop vigoureusement, on pincera l'extrémité des branches, moyen employé souvent avec avantage pour les faire fructifier. On en cultive un grand nombre de variétés dans le Midi; mais à Paris on n'en cultive guère avec succès que deux, la blanche ronde et la violette.

De la culture forcée du Figuier.—En janvier, on recouvre les Figuiers d'une petite serre mobile, et on commence à les chauffer à 15 degrés; puis on élève progressivement la chaleur jusqu'à 25 degrés sans inconvénient, et dans les premiers jours de mai, on obtient des fruits mûrs.

Nous ne parlerons que fort brièvement d'un procédé tombé chez nous en discrédit et sur le compte duquel on commence à revenir: nous voulons parler de la caprification. Des faits récents semblent prouver que cette opération n'est pas aussi inutile qu'on l'a prétendu, bien qu'elle ne soit pas indispensable pour la fécondation des Figuiers. Elle augmente le nombre des fruits, qui viennent plus sûrement à maturité. En l'absence des insectes fécondateurs qu'on trouve dans le fruit du Figuier sauvage, dont on suspend une branche sur le Figuier qu'on veut caprifier, on peut se borner à piquer l'œil de la Figue avec une aiguille trempée dans de l'huile d'olive, et attendre le résultat. Cette opération, que nous livrons à nos lecteurs pour ce qu'elle peut valoir, a au moins l'avantage de ne pas compromettre les fruits sur lesquels l'essai a été fait.

Framboisier (Rubus Idæus).—Les Framboisiers viennent partout; mais ils préfèrent un terrain frais, léger et bien amendé, car ils épuisent considérablement la terre, et il est nécessaire, pour en avoir de beaux fruits, de leur mettre au pied, à l'automne, des terres neuves ou des engrais consommés.

On les plante en automne, ou bien en février et mars, selon les variétés, à environ 1 mètre de distance. Après la plantation, on les rabattra à environ 0m,15 de hauteur.

Chaque année, en juin, on choisira sur chaque touffe les cinq ou six plus beaux bourgeons, et l'on coupera les autres. Cette suppression tournera à l'avantage des tiges qu'on aura laissées, et les fruits qu'elles produiront seront beaucoup plus beaux; ils mûrissent en juillet.

En mars, on coupera rez terre les tiges qui ont porté fruit, et l'on taillera les autres plus ou moins long, selon leur vigueur. Il faudra, suivant le terrain et les soins qu'ils auront reçus, les changer de place tous les quatre, cinq ou six ans.

Variétés.—Framboisier rouge, — Fr. à fruit couleur de chair, — Fr. blanc, — Fr. des quatre saisons.

Groseillier a grappes (Ribes rubrum).—Les Groseilliers, quoique peu difficiles sur le choix du terrain, produiront des fruits plus beaux et de meilleure qualité dans les terres douces et fraîches, sans excès d'humidité, que dans les autres sols. On peut leur donner toutes les formes que l'on veut; mais il est préférable, en raison de la taille à laquelle ils doivent être soumis, de les élever en touffes.

Les Groseilliers à grappes peuvent être mis en espalier, et ils mûrissent ordinairement leurs fruits de juin en juillet; mais on peut facilement en avancer la maturité en plaçant des châssis devant eux.

On les plante a environ 1m,30 l'un de l'autre, à l'automne ou en février, selon la nature du terrain.

On les taille en février: la première année, on les taille court, afin de favoriser le développement des yeux du bas; mais pour les tailles successives on devra tailler plus long, et toujours se rappeler que les Groseilliers ne donnent abondamment de fruits que sur le bois de deux ans.

On laissera successivement se développer, chaque année, les branches nécessaires pour former une belle touffe, et l'on aura soin d'enlever les bourgeons qui partent du pied, puis de rabattre les grosses branches à mesure qu'elles atteignent leur sixième année (ce qu'il sera facile de voir en comptant les pousses de chaque année); car alors elles deviennent trop élevées, se dégarnissent du bas et ne donnent plus que des fruits de qualité médiocre; après quoi on remplacera chaque branche retranchée par un jeune bourgeon.

De la culture forcée du Groseillier.—On peut facilement chauffer les Groseilliers à grappes sur place, s'ils sont plantés en contre-espalier; plantés en pots, on pourra les traiter comme les Cerisiers.

Variétés.—Groseillier à fruit rouge, — Gr. blanc, — Gr. couleur de chair, — Gr. cerise, — Gr. Gondouin, — Gr. Queen Victoria.

Groseillier à fruit noir, Cassis, Poivrier (R. nigrum).—On le traite exactement comme le Groseillier ordinaire; seulement on peut le rabattre plus souvent, car le bois d'un an porte fruit.

Groseillier épineux ou à maquereau (R. uva crispa).—On a obtenu, par la voie du semis, un nombre considérable de variétés du Groseillier à maquereau dont plusieurs sont remarquables par la grosseur de leurs fruits.

Pour avoir toujours de beaux fruits, il faut démonter les branches qui produisent depuis trois ans.

Mûrier (Morus).—Les Mûriers sont des arbres très-rustiques qui s'accommodent de presque tous les terrains, même de ceux de médiocre qualité, excepté de ceux qui sont constamment humides. Quelle que soit l'espèce, il ne faut pas la planter avant le mois de février, ni en retrancher aucune branche; après quoi tous les soins consistent à donner quelques binages.

Comme arbre à fruit, on ne cultive guère que le Mûrier noir, dont les fruits mûrissent de juillet en septembre. Il ne se taille pas, et l'on se borne à retrancher le bois mort. Lorsque ces arbres sont trop vieux et qu'ils ne donnent plus que de petits fruits, il faut les rabattre, c'est-à-dire rabattre les branches à quelques centimètres du tronc; ils produiront de jeunes jets très-vigoureux qui ne tarderont pas à se mettre à fruit.

Le Mûrier blanc est cultivé comme arbre d'agrément, mais plus particulièrement encore pour recevoir la greffe des espèces à larges feuilles cultivées pour la nourriture des vers à soie.

L'époque la plus favorable pour les greffer est la fin d'avril, et la variété la plus avantageuse, parmi celles qui sont cultivées pour l'usage indiqué plus haut, est le Moretti, dont les feuilles sont très-larges et de beaucoup préférables à celles du Multicaule. Sa rusticité est au moins égale à celle du Mûrier blanc ordinaire. Il se reproduit très-bien de graines semées au printemps.

On élève les Mûriers en baliveaux ou en touffes, dont on peut faire des haies qui, bien conduites, produiront beaucoup de feuilles.

Il est préférable de couper les branches dont on veut prendre les feuilles pour la nourriture des vers; mais il faut avoir soin de laisser toutes les petites branches, et de n'en pas détacher les feuilles, afin de ne pas intercepter complétement la circulation de la séve. À la fin de juin ou au commencement de juillet, enfin aussitôt qu'on aura fini de nourrir les vers, on taillera immédiatement les Mûriers, afin que les pousses qui se développeront à la séve d'août prennent assez de force pour résister aux gelées.

Néflier (Mespilus Germanica).—Les Néfliers réussissent très-bien partout, même dans les terrains très-frais. On les plantera en automne, à moins que la nature du sol ne le permette pas; comme les fruits viennent à l'extrémité des branches, ces arbres ne doivent pas être taillés; il serait d'ailleurs impossible de leur donner une forme régulière.

On plantera de préférence le Néflier à gros fruits.

Il faut cueillir les fruits en octobre et novembre, et les étendre sur la paille ou sur des tablettes, où ils mûrissent.

Noisetier (Corylus).—Les Noisetiers sont très-rustiques, et doivent être plantés en automne; ils viennent dans tous les terrains et à toutes les expositions. On les élève en touffes ou à tiges, et ils fructifient aussi bien dans un cas que dans l'autre.

Les fruits mûrissent en août et septembre, et tombent aussitôt après leur maturité.

Plusieurs espèces ne sont cultivées que pour l'ornement des jardins d'agrément.

Variétés.—Noisetier à fruit rouge, — N. grosse aveline de Provence, — N. avelinier rouge, — N. à fruits en grappes.

Noyer (Juglans regia).—Les Noyers méritent sous plusieurs rapports d'être cultivés; cependant on leur accorde rarement une place dans les jardins, à cause de l'espace qu'ils couvrent (il faut entre les pieds au moins 20 ou 30 mètres) et de l'étendue de leurs racines, qui épuisent la terre et nuisent beaucoup aux cultures environnantes. Ils aiment une terre douce, substantielle et profonde. Ils supportent assez bien la transplantation lorsqu'ils sont jeunes et qu'on y apporte beaucoup de soin; il faut surtout éviter de rabattre en les plantant, ce qui nuirait beaucoup à leur élévation.

Il y a avantage à les semer en place. Dans ce cas, il faut choisir les noix les plus belles et les plus mûres de la variété que l'on veut semer, et à l'automne on les met en terre ou bien on les fait stratifier dans du sable pour ne les semer qu'au printemps. Ils fructifieront au bout de six à huit ans de semis.

Si l'on voulait changer la variété que l'on a semée, ou si l'on craignait qu'elle ne se reproduisît pas identiquement lorsque les sujets auront atteint environ 1 mètre de hauteur et 0m,03 de diamètre, il faudra, au printemps, les greffer, soit en fente, soit en anneau; ils prendront alors un peu moins de développement.

Les Noyers n'ont pas besoin d'être taillés; seulement, quand ils sont vieux, il arrive souvent que l'extrémité des branches meurt; il faut alors les rabattre à environ 0m,60 du tronc, et il se forme une nouvelle tête.

Variétés.—Noyer à coque tendre, — N. tardif,— N. à bijoux (pour la grosseur des fruits).

Il y a une nouvelle espèce très-intéressante, connue sous le nom de Juglans præparturiens. Elle s'élève peu et donne des fruits de bonne qualité dès la seconde année de semis.

Les noyers mûrissent leurs fruits vers la fin de septembre ou le commencement d'octobre; mais on peut les manger en cerneaux dès la fin de juillet.

On cultive aussi comme arbres d'ornement plusieurs espèces de Noyers d'Amérique.

Pêcher (Amygdalus Persica)[11].—Dans les terrains profonds, on plantera de préférence des Pêchers greffés sur Amandier; mais dans ceux qui n'ont qu'une couche peu épaisse de bonne terre, et dont le fond serait de tuf ou de glaise, il faut planter des arbres greffés sur Prunier, car ils ont des racines traçantes qui se contentent d'une terre moins profonde.

On peut établir des espaliers de Pêchers à toutes les expositions; seulement, au nord et à l'ouest, on plantera des variétés hâtives, et on leur donnera un peu moins d'écartement qu'aux autres expositions. La distance ordinaire est de 8 à 10 mètres, suivant la forme qu'on leur donne et la nature du terrain. On peut planter dans l'intervalle un Poirier, qui donne des fruits en attendant que le développement des Pêchers en amène la suppression.

Il est presque toujours préférable de planter des Pêchers greffés de dix-huit mois; ils ont, avec un concours de circonstances favorables, plus de chances de succès que ceux qu'on plante tout formés, c'est-à-dire ayant déjà subi plusieurs tailles. Il faut avoir soin, en plantant, de placer les plus fortes racines par devant, et il faut que le collet de l'arbre soit à environ 0m,15 du mur sur lequel la tige est inclinée.

(Pour l'époque de la plantation et les autres précautions, voir l'article Plantation, page 182.)

Pour entretenir la vigueur des arbres, il est nécessaire de fumer la plate-bande où sont les Pêchers; mais il n'est pas possible de déterminer le temps qui doit s'écouler entre deux fumures, car cela dépend de la nature du terrain. On emploiera de préférence des terres neuves, des gazons ou des fumiers à moitié consommés. Dans les années où il sera nécessaire de fumer les Pêchers, il faudra les tailler plus long, et chaque année, après la taille, il faudra donner un binage au pied des arbres.

En juillet et août, à l'aide de la pompe à main, on arrosera les feuilles des Pêchers. Cette opération est très-utile; mais elle ne doit se faire que lorsque le soleil ne donne plus sur l'espalier.

La température élevée de cette époque oblige souvent d'arroser le pied des Pêchers; on doit alors donner un binage et former autour de chaque arbre un bassin qu'on remplira de fumier court, qui conserve plus longtemps l'humidité.

Il faut, aussitôt après la plantation, fixer d'une manière positive la forme sous laquelle on veut élever ses Pêchers; et, sans nous arrêter à discuter les avantages et les inconvénients des autres modes de culture, nous nous bornerons à indiquer celui qui est en usage à Montreuil, comme le plus simple et l'un des plus avantageux. Pour arriver à un bon résultat, nous conseillons de tracer un quart de cercle sur le mur (fig. 17), où nous indiquerons chaque année la place que les branches principales devront occuper suivant leur développement.

Première année. On coupera après la plantation la tige des jeunes Pêchers dont nous recommandons l'emploi à 0m,15 ou 0m,20 au-dessus de la greffe. Ce qui détermine le développement de plusieurs bourgeons.

Ébourgeonnage.—Quand les bourgeons auront de 0m,25 à 0m,30 de longueur, on choisira les deux plus vigoureux, un de chaque côté, pour former les deux branches mères b (fig. 14), puis on supprimera les autres.

Palissage.—Dans la crainte qu'elles ne soient cassées, on les attachera, mais de manière à ne pas les gêner dans leur développement. Si l'un des deux bourgeons était plus vigoureux que l'autre, il faudrait l'incliner davantage, afin de rétablir l'équilibre de la séve, principe dont il ne faudra jamais s'écarter; car de là dépend tout l'avenir de l'arbre.

Deuxième année.—En février, c'est-à-dire lorsque la séve commence à gonfler les boutons, et non pas lorsqu'ils sont en fleur, comme quelques personnes le conseillent, après avoir dépalissé l'arbre, ou devra nettoyer le mur ainsi que les membres sur lesquels on trouverait des gallinsectes, ce qu'il faudra faire chaque année; après quoi on coupera le chicot a (fig. 14), et on couvrira la plaie avec de la cire à greffer.

Les branches mères b seront taillées à 0m,35 ou 0m,40 de longueur, selon la forme de l'arbre immédiatement au-dessus de l'œil destiné à prolonger les branches. À défaut de l'œil de devant, on peut prendre celui de dessus, ce qui devra être observé à chaque taille. Arrivé à ce point, le développement des branches mères permet d'établir une branche sous-mère inférieure de chaque côté de l'arbre, au moyen des yeux latéraux placés à la base des branches mères.

Fig. 14.—Pêcher, 2e année.

Lorsqu'on attachera les deux branches mères b, on leur donnera environ 10 degrés d'ouverture.

Ébourgeonnage.—Dans le courant de mai, on enlèvera avec l'ongle, ou bien avec la pointe d'une serpette, tous les bourgeons qui se trouvent trop rapprochés les uns des autres, ceux qui font double et triple emploi par suite du développement des yeux, doubles et triples, si nombreux sur les Pêchers; ceux placés sur le devant ou le derrière des branches; tous ceux, enfin, qu'il faudrait supprimer à la taille afin de favoriser tout spécialement le développement des bourgeons qui doivent fournir les secondes branches sous-mères inférieures.

Forcé de faire un choix, on supprimera de préférence le bourgeon du milieu des yeux triples, qui, toujours plus vigoureux que les autres, pourrait être plus tard une cause d'embarras. Quant aux autres bourgeons, on ne conservera, dans un cas comme dans l'autre, que le mieux placé des deux.

La raison qui fait supprimer le bourgeon le plus vigoureux des yeux ordinaires fait que l'on doit conserver ce même bourgeon en ébourgeonnant l'œil terminal de chaque branche; car, destiné à prolonger la branche, ce bourgeon doit toujours dominer les autres.

Plus tard, on supprimera également les faux bourgeons, et l'on pincera au-dessus de la septième ou huitième feuille ceux que l'on croira devoir conserver.

À partir de l'époque ci-dessus indiquée, on continue l'ébourgeonnage successivement jusqu'en juillet, puis on pince avec l'ongle l'extrémité de tous les bourgeons dont il est nécessaire de modérer le développement.

Palissage.—À mesure que les bourgeons se développeront, on les palissera; mais cette opération nécessite beaucoup de soin, car les bourgeons sont tellement tendres qu'ils cassent net si l'on ne prend beaucoup de précautions pour les amener à la place qu'ils doivent occuper. On leur donnera toujours la position la plus directe possible, afin que la circulation de la séve ne soit ralentie par aucun obstacle, et il faut toujours éviter de croiser les bourgeons l'un sur l'autre.

Troisième année.—À l'époque de la taille, et avant de dépalisser l'arbre, on examinera la végétation de chaque membre, et l'on jugera s'il ne serait pas nécessaire, en taillant, de rétablir l'équilibre de la séve dans le cas où un membre serait beaucoup plus vigoureux que l'autre.

On coupera les branches mères b (fig. 15) à peu près à 0m,40 ou 0m,50 de longueur, suivant leur vigueur, en ayant soin que l'œil sur lequel on taillera soit placé de manière à les prolonger le plus directement possible, ce qu'il faudra observer à chaque taille et pour chaque branche.

Fig. 15.—Pêcher, 3e année.

On taillera les branches sous-mères selon leur force, mais toujours un peu plus longues que les branches mères; tous les bourgeons de l'année précédente, qui garnissent les branches à bois, seront taillés à deux ou trois yeux de leur insertion, afin d'avoir l'année suivante autant de branches fruitières que la vigueur de l'arbre permettra d'en laisser; puis on supprimera tous les bourgeons qui seraient mal placés.

Si les bourgeons placés à la base des branches mères sont très-vigoureux, il faudra les tailler court, afin de déterminer le développement des branches à fruits; mais dans le cas contraire, on les taillera à cinq ou six yeux.

On donnera aux branches mères, en les rattachant, environ 25 à 30 degrés d'ouverture, si elles sont de même force; dans le cas contraire, il faudrait donner une position plus verticale à la moins vigoureuse, ce qu'il faudra encore observer chaque année.

Ébourgeonnage.—On enlèvera les bourgeons et les faux bourgeons qui seraient mal placés, en prenant les mêmes précautions que l'année précédente.

On favorisera le développement des bourgeons placés à la base des branches mères, qui doivent fournir les premières branches sous-mères supérieures; ce qu'il faudra également faire, pour les bourgeons des branches fruitières les plus rapprochés de la branche principale: car ce sont eux qui doivent, à la taille suivante, remplacer les branches fruitières; pour le reste de l'ébourgeonnage, il faudra observer ce qui a déjà été dit.

Palissage.—Lorsque les bourgeons auront environ de 0m,25 à 0m,30 de longueur, on les palissera, en commençant toujours par les plus vigoureux.

Quatrième année.—Après avoir, comme chaque année, dépalissé l'arbre, on taillera plus ou moins longues, suivant leur vigueur, l'extrémité des branches mères b (fig. 16), au point 3, par exemple.

On taillera également les branches sous-mères inférieures suivant leur force, et toujours sur l'œil le plus favorable à leur prolongement; on rabattra les branches fruitières sur celles de remplacement, qui devront toujours être les plus rapprochées possible des branches principales, de manière que ces dernières semblent toujours être rajeunies par des pousses nouvelles; puis on taillera les branches de remplacement, pour porter fruit, à cinq ou six yeux, selon leur force et la vigueur de l'arbre, mais toujours dans le but d'obtenir un bourgeon de remplacement le plus près possible de leur insertion. Quant aux faux bourgeons, il faut, comme toujours, les tailler à deux ou trois yeux....

On rattachera les branches mères, auxquelles on donnera environ 35 à 40 degrés d'ouverture, en ayant toujours soin d'observer ce qui a été dit à ce sujet pour l'année précédente.

Ébourgeonnage.—Il faudra surveiller les branches à bois qui tendraient à s'établir là où il ne doit jamais y avoir que des branches à fruits; il faut s'attacher surtout à favoriser le développement des bourgeons, qui doivent fournir les secondes branches sous-mères supérieures et les branches de bifurcation, ainsi que les bourgeons destinés à former les branches de remplacement.

Fig. 16. Pêcher, 4e année.

On aura soin de pincer les bourgeons à fruits; s'il n'y a pas de fruits, ou qu'ils soient tombés avant la maturité, il faudra rabattre ces bourgeons immédiatement sur le bourgeon de remplacement, à moins cependant que l'un d'eux ne soit trop vigoureux; car alors il serait préférable de ne le rapprocher qu'à la taille.

Pour le reste de cette opération, on peut se reporter à tout ce qui a été dit relativement à l'ébourgeonnement de la seconde année.

Il faut surtout pincer à propos les bourgeons qui, par leur vigueur, menaceraient de devenir ce que l'on nomme des gourmands.

Palissage.—Le palissage sera fait d'après les mêmes principes, et successivement, comme les années précédentes.

Comme l'arbre devra porter des fruits, il faudra, aux approches de la maturité, les découvrir, mais progressivement, précaution qu'on devra toujours avoir.

Cinquième année.—Le but de la taille de cette année est d'étendre et de fortifier toutes les parties de l'arbre (fig. 17).

On raccourcira les rameaux terminaux d'après les mêmes principes que pour les tailles précédentes, et, en taillant les branches fruitières, on y laissera du fruit suivant leur vigueur et la santé de l'arbre; on taillera les faux bourgeons à deux ou trois yeux, comme les années précédentes, et on donnera aux branches mères environ 45 à 50 degrés d'ouverture.

On favorisera le prolongement des branches de bifurcation e, f, ainsi que celui des bourgeons g, dont on pourra faire par la suite de nouvelles branches de bifurcation.

Enfin, par l'ébourgeonnement des jeunes pousses et par celui des faux bourgeons mal placés, par le pincement et le palissage, on maintiendra ou l'on ramènera toutes les parties de l'arbre à un parfait équilibre de végétation.

À mesure que l'arbre avancera en âge, la taille et les autres opérations deviendront plus compliquées, mais les principes seront toujours les mêmes; on établira successivement des branches de bifurcation, pour remplir les intervalles, et il faudra toujours avoir soin de conserver aux branches mères, ainsi qu'à toutes les autres, les proportions relatives à leurs diverses fonctions.

Fig. 17.—Pêcher, 5e année.

Pêcher en U.

Les pêchers élevés sous cette forme conviennent tout particulièrement aux personnes qui veulent avoir des murs promptement garnis. Plantés à un mètre les uns des autres, ces pêchers peuvent sans exiger de soins particuliers fructifier abondamment dès la troisième année.

Fig. 18.—Pêchers en U.

Comme tous les arbres cultivés en espalier, les pêchers en U doivent être rabattus après la plantation à 0m,15 ou 0m,20 au-dessus de la greffe, afin de favoriser le développement des bourgeons destinés à fournir les deux mères branches. Pendant le cours de leur végétation, ces deux bourgeons seront dirigés de manière à figurer un U simple ou double (fig. 18), en ayant soin toutefois de laisser les extrémités libres, afin qu'elles ne soient pas gênées dans leur développement. Arrivés à ce point, les pêchers en U sont tout aussi faciles à diriger que les pêchers obliques, sur lesquels ils ont véritablement un avantage marqué.

De la culture forcée du Pêcher.—On peut facilement avancer la maturité des Pêchers en espalier, surtout des variétés hâtives; et, pour être plus certain du succès de l'opération, on avancera de préférence ceux qui sont placés à l'est ou à l'ouest.

Fig. 19.—Serre à forcer.

En janvier, on placera devant les Pêchers une petite serre mobile, couverte par des châssis de 2 mètres de longueur, supportés par des chevrons dont le haut sera scellé dans le mur, et qui porteront en bas sur un soubassement de planches qui aura 0m,85 de hauteur, ce qui produira intérieurement 0m,90, espace suffisant pour donner les soins nécessaires, qui, au reste, sont absolument les mêmes que ceux qui ont été indiqués plus haut.

Après avoir taillé les arbres, on commencera à leur donner une température de 12 degrés; puis, progressivement, on augmentera jusqu'à 18 degrés, mais pas plus; et comme au moment du soleil la chaleur sera beaucoup plus élevée, on donnera de l'air; pendant la nuit on couvrira la serre avec des paillassons, on seringuera les feuilles au besoin; et comme les fruits sont ordinairement plus nombreux qu'en plein air, il est souvent nécessaire d'en supprimer quelques-uns, afin de ne point épuiser les arbres. Après la maturité, qui a lieu en avril, on enlève les châssis.

Ordinairement, on laisse une année ou deux de repos aux Pêchers qui ont été forcés; mais nous dirons que l'on peut sans inconvénient recommencer cette opération l'année suivante.

Variétés.—Avant-Pêche blanche, — Petite Mignonne, — Grosse Mignonne, — Malte, — Madeleine, — Chevreuse, — Chevreuse tardive, — Admirable Belle de Vitry, — Brugnon musqué, — Madeleine rouge tardive, — Alberge jaune, — Galande, — Vineuse pourpre hâtive, — Madeleine de Courson, — Violette hâtive, — Veloutée tardive, — Téton de Vénus, — Bourdine, — Bon ouvrier, — Pourprée tardive, — Belle de Doué, — Reine des vergers.

Chargement de la publicité...