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Missions au Sahara, tome 2 : $b Sahara soudanais

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R. Chudeau. — Sahara Soudanais. Pl. XXXVI.

Cliché Cauvin

69. — LE KSAR DE BOU DJEBIHA.

Cliché Cauvin

70. — LE KSAR D’ARAOUAN.

R. Chudeau. — Sahara Soudanais. Pl. XXXVII.

Cliché Cauvin

71. — VUE D’ENSEMBLE DU KSAR DE TAOUDENNI.

Cliché Cauvin

72. — UNE PLACE, A TAOUDENNI.

R. Chudeau. — Sahara Soudanais. Pl. XXXVIII.

Cliché Cauvin

73. — LE VILLAGE D’AGORGOTT, PRÈS TAOUDENNI.

Cliché Posth

74. — UNE CARAVANE APPORTANT LE MIL DANS LE POSTE DE TINCHAMANE.

Au fond, le minaret d’Agadez.

L’avenir. — Évidemment les choses humaines finissent toujours par se tasser, mais la crise sera dure, et toute cause d’appauvrissement de peuplades naturellement turbulentes constitue un danger pour la paix.

Sur les bords du Niger, l’agriculture se développe très rapidement et il faudra encore de longues années pour que tous les terrains exploitables soient mis en valeur ; l’avenir de l’élevage est aussi assuré dans ces régions.

Plus au nord, de même qu’entre le Niger et le Tchad, la situation se présente moins bien ; les cultures de l’Adr’ar’ des Ifor’as, celles de l’Ahaggar et aussi celles de l’Aïr peuvent devenir plus étendues, mais l’extension possible semble assez limitée ; les oasis de l’archipel touatien peuvent, en utilisant mieux leurs foggaras, en améliorant leurs procédés de cultures, en introduisant peut-être quelques plantes nouvelles, accroître légèrement leurs ressources. Il leur est dès maintenant difficile de mettre en valeur de nouvelles surfaces.

Il semble douteux que le Sahara central puisse jamais vivre sans les ressources étrangères qu’il puisait autrefois dans les pillages et dans la location de ses chameaux aux caravanes. Cette seconde ressource est la seule à encourager ; pendant quelques années encore, la voie du désert sera la moins coûteuse pour la région de Zinder et du Tchad, et il est à souhaiter que l’on arrive à détourner vers Gabès ou l’Algérie le trafic qui part actuellement de Malte et de Tripoli.

Ce trafic n’est pas considérable, mais il mérite cependant d’attirer l’attention.

Cette route de la Méditerranée au Centre africain par R’at et l’Aïr est encore assez vivante, et pour détourner une partie de son trafic vers l’Algérie et la Tunisie, le Tidikelt n’aurait qu’à reprendre ses anciennes traditions ; ce n’est que depuis le milieu du siècle dernier qu’il a abandonné cette route aux Azdjer.

L’abandon n’a d’ailleurs jamais été complet, et, chaque année, quelques indigènes du Tidikelt vont encore dans l’Aïr : mais le trafic est insignifiant et il ne passait guère qu’une dizaine de chameaux par an, ces années dernières. Il y avait encore, en 1905, dans le Damergou, à Djadjidouna, un habitant d’In Salah qui leur servait de dépositaire.

Il serait intéressant, maintenant que notre domination assure aux routes de l’Ahaggar une grande sécurité, de chercher à rendre un peu de vie à ces régions. Le regretté Dr Decorse, qui connaissait bien le Soudan, a posé nettement la question et le capitaine Dinaux en a fait une étude précise.

De Tripoli à Iférouane, il y a 1900 kilomètres ; R’at, situé à moitié route, fréquenté par les Azdjer, est un bon centre de ravitaillement où l’on est sûr de trouver des chameaux à louer.

Comme point de départ, Gabès paraît aussi bien situé que Tripoli ; la ligne Gabès, Ouargla, In Salah, fréquentée par les Chaambas et les nomades du Tidikelt, est suffisamment riche en eau, pour des caravanes même importantes ; d’In Salah à l’Aïr, les chameaux des Touaregs de l’Ahaggar pourraient facilement assurer le transport ; il y a malheureusement par cette voie 2500 kilomètres de la Méditerranée à Iférouane et il n’est pas certain que la plus grande sécurité de la route compense suffisamment cette différence de 600 kilomètres. La chose mérite toutefois d’être tentée.

Il est d’ailleurs possible, en évitant le crochet d’In Azaoua, d’abréger un peu ce trajet ; il existe une route directe entre l’Ahaggar et Agadez par Izilek et la plaine de Talak. Izilek, qui a été reconnu récemment par le lieutenant Halphen, est un carrefour important ; une route, venant de Tîn Zaouaten (Adr’ar’ des Ifor’as), y passe et s’y bifurque sur In Azaoua et sur Iférouane. C’est d’ailleurs cette route directe de Tarahaouthaout à Talak que suivent les troupeaux de bœufs qui vont de l’Aïr à l’Ahaggar.

Une expérience intéressante a déjà été faite en avril 1905. Le poste d’Agadez a reçu à cette époque, par l’intermédiaire d’In Salah, du Sud algérien, 180 kilogrammes de marchandises. Le prix du transport d’Europe à la capitale de l’Aïr, a été inférieur à 125 francs les 100 kilogrammes ; d’Agadez à Zinder il faut compter une trentaine de francs en plus. Par la voie du Sénégal et du Niger, le prix du transport de France à Niamey d’un quintal était de 131 francs ; de Niamey à Zinder il reste encore 800 kilomètres de voie de terre, soit une soixantaine de francs.

Malgré les meilleures conditions que les voyages du Mage à Ansongo assurent sur le Niger, il est bien probable que les transports pour Zinder par le Sahara sont un peu moins coûteux que par le Sénégal. Pour l’Aïr et Agadez, l’économie n’est pas douteuse et la voie est plus rapide.

Ces expériences ont d’ailleurs été continuées, et dans le but de chercher à renouer les anciennes relations commerciales avec le Soudan, des facilités avaient été consenties à quelques indigènes du Tidikelt. Les premiers d’entre eux sont rentrés à In Salah en août 1908, très satisfaits de leur voyage.

Tous les caravaniers interrogés à Zinder ou à Agadez, aussi bien qu’au Tidikelt, les commerçants indigènes de R’adamés comme ceux du Sud tunisien et les Européens, déjà assez nombreux, qui connaissent le pays sont d’accord sur un point important : seuls les méharistes français peuvent actuellement assurer au Sahara et aux voies caravanières une sécurité satisfaisante ; tous les nomades préfèrent circuler, avec leurs marchandises, en territoires français. Les Tadjakant de Taoudenni ont déjà demandé que l’action de nos colonnes soit plus énergique dans le Sahara occidental.

Cette unanimité s’est déjà traduite par des faits ; depuis quelque temps, il est arrivé chaque mois à Gabès pour 30000 ou 40000 francs de marchandises soudanaises, consistant surtout en peaux de filali, fort prisées en Afrique mineure, et en plumes d’autruches et ivoire qui intéressent le commerce européen. C’est là un symptôme de bon augure pour l’avenir de Gabès : les marchandises qui transitent par l’Aïr représentent annuellement 5 ou 6 millions, chiffre négligeable peut-être pour l’ensemble du commerce de la Tunisie, mais à coup sûr intéressant pour le port du sud de la Régence.

Il y a malheureusement encore un point noir ; les caravaniers ont trouvé à Gabès à peu près tous les produits européens dont ils avaient besoin et le plus souvent de marques françaises ; ils ont été moins heureux comme vendeurs. Ils ont eu quelque peine à écouler les produits du Soudan ; il ne semble pas que cette difficulté soit insoluble et l’on peut espérer que quelques Tunisiens, colons ou indigènes, au besoin même, quelques Français de la métropole, feront preuve d’une initiative égale à celle des nomades sahariens.

Il semble bien que la chose en vaille la peine ; les négociants anglais de Tripoli ont jugé ce commerce assez important pour organiser des transports maritimes directs de Tripoli à Lagos ; des entraves douanières cherchaient en même temps à restreindre les transports par le Sahara, au profit des cargo-boats.

Malgré tout, l’avenir du commerce saharien est extrêmement grêle ; dès maintenant on peut affirmer que les caravanes entre la Méditerranée et le bassin du Niger sont mortes ; l’achèvement de la ligne de Thiès à Kayes, en assurant en toutes saisons les transports entre l’Europe et le grand fleuve du Soudan, rendra toute tentative de résurrection impossible. Taoudenni n’a plus que quelques années à vivre, et les villages commerciaux qui, comme Araouan ou Bou Djebiha, ne sont que des relais sur la route de Tombouctou aux salines, subiront le même sort. Un projet de voie ferrée, d’Algérie au Niger, ne mérite même plus d’être discuté.

Les seules voies caravanières qui aient quelque chance de durée, et peut-être même d’accroissement, sont celles qui aboutissent aux régions de Zinder et du Tchad. Elles font actuellement environ 5 ou 6 millions d’affaires ; ce n’est pas un chiffre colossal, et il ne semble pas que son accroissement puisse jamais devenir bien considérable ; les chemins de fer qui, du fond du golfe de Guinée, pénètrent de plus en plus dans les États haoussas leur feront une concurrence sévère.

Du Niger vers le Tchad, les transports se font à dos de chameaux ou à dos de bœufs ; déjà cependant, jusqu’à Matankari, on a pu employer des voitures et malgré le poids trop considérable des modèles officiels, ce mode de transport s’est montré moins coûteux. La traversée de l’Adr’ar’ de Tahoua arrête les charrettes ; il y aurait quelques travaux, assez sérieux, à faire pour permettre à des voitures de franchir les falaises des dallols ; mais depuis Guidambado jusqu’au Tchad et jusqu’au Kanem, sur plus de 800 kilomètres, la plaine est carrossable. Les animaux de trait ne manquent pas ; si les chevaux sont peu nombreux encore et un peu faibles, les chameaux et les bœufs abondent et l’expérience a montré qu’il était facile de les atteler.

Il semble donc que la concurrence des chemins de fer venant du sud, celle des charrois venant du Niger restreindront de plus eu plus le domaine, déjà limité, qui reste aux caravanes. L’Aïr avec 20000 habitants, Bilma avec 3000, l’Ahaggar avec 6000, échapperont longtemps encore aux autres modes de transport, mais cela est misérable. Quant au reste du Sahara, il est vide et sans avenir.

Quant à un chemin de fer transsaharien aboutissant aux États haoussas ou bornouans, son utilité économique paraît bien douteuse, à moins, peut-être, que l’on n’y voit qu’un premier tronçon d’un transafricain, entrant en lutte avec la voie du Cap au Caire qui est probablement un peu trop excentrique. Un projet aussi gigantesque pourra être intéressant dans un avenir lointain.

[200]L’extraction de l’or est plus active dans l’Afrique occidentale française que ne l’indiquent les statistiques ; une partie de ce produit, facile à dissimuler, sort en contrebande.

[201]Flye Sainte-Marie, Bull. Soc. Géogr. d’Oran, XXIV, 1904. — Ct Gadel, Notes sur l’Aïr, in Bull. de la Soc. de Géog. de l’A. O. F., p. 28-52, Dakar, 1907. — Cne Dinaux, Rapport de tournée. Renseignements coloniaux et documents publiés par le Comité de l’Afrique française, XVII, p. 65-69, 1907. — Cne Métois, Aïn-Salah et ses dépendances, in Annales de Géographie, 15 juillet 1907.

[202]Flye Sainte-Marie, Bull. Afrique française, Renseignements coloniaux et documents, XV, 1905, p. 381-406. — Laperrine, id., XVII, p. 77-90. — Cortier, La Géographie, XIV, 15 déc. 1906. — Nieger, La Géographie, XVI, déc. 1907.

[203]Ce rezzou, qui s’est heurté à un fort parti de Reguibat à 23 jours à l’ouest de Tombouctou, est un bel exemple, malgré sa fin malheureuse, de ce que peut donner une troupe de méharistes professionnels. On en trouvera le détail dans Dinaux [Renseignements publiés par le Comité de l’Afrique française, avril 1908, p. 108] et Cortier [D’une rive..., 1908, p. 112].

[204]Mangin, La Géographie, XV, 1907 ; — La Dépêche Coloniale, 8 avril 1907.

[205]Les engagements importants qui ont eu lieu ces derniers mois à l’Ouadaï, permettent d’espérer que cette irritante question sera bientôt liquidée (Bull. du Comité de l’Afrique française, nov. 1908, p. 380).

[206]Rabot, La Géographie, XVI, 1908, p. 407.

[207]La charge est de 150 kg. environ.

[208]Ayasse, Revue des troupes coloniales, juin 1907, p. 553.

[209]Cauvin, Bull. Soc. Géogr. Comm., XXX, 1908, p. 567.

[210]Les cotonnades européennes sont connues au Sahara sous le nom de malti.

[211]Ce nombre de charges est un minimum ; quelques-unes vont directement à Tahoua ; quelques autres, peut-être assez nombreuses, passent en contrebande.

[212]Le filali est une peau de mouton teinte en rouge Bordeaux par les fruits d’Acacia arabica ; l’industrie européenne n’arrive pas encore à produire cet article.

[213]Cauvin, Journal officiel du Haut-Sénégal et Niger, 1er mai 1907, Bull. Soc. Géogr. Com., XXX, sept., 1908,p. 555.

[214]Pichon, qui a visité Araouan et Bou Djebeha dès 1900, signale l’abondance des pâturages à Bou Djebeha qui aurait été fondé il y a cinquante ans. Quant à Araouan, ce n’est qu’un relai de caravanes ; ses nombreux puits (une centaine) donnent une eau très médiocre ; les pâturages manquent autour du ksar qui, d’après Pichon, n’aurait que deux siècles d’existence.


APPENDICES

APPENDICE I

LA CARTOGRAPHIE DU SAHARA

Les cartes que l’on peut établir du Sahara ont encore un caractère provisoire. Les observations astronomiques sont encore clairsemées, surtout dans le Sahara soudanais : du nord au sud, elles forment trois bandes principales. Du Tidikelt et du Touat au Niger, on possède de bonnes séries de position dues à Villate [La Géographie, XII, 1905, p. 229, et XIII, 1906, p. 446], E.-F. Gautier [cf. t. I, p. 339], Cortier [D’une rive à l’autre du Sahara, p. 399] et Nieger [La Géographie, XVI, 1907, p. 364]. La route de la Méditerranée vers Zinder, par l’Aïr, a été repérée avec soin par Foureau [Doc. Sc., p. 45, 65]. Entre le Tchad, Bilma et la Tripolitaine, nous avons les observations de Monteil [De Saint-Louis à Tripoli par le Tchad]. De l’ouest à l’est, le cours du Niger a été relevé méthodiquement par diverses missions hydrographiques (Hourst, Mazeran, Le Blévec).

Entre le Niger et le Tchad, plusieurs commissions de délimitation [Moll, Tilho ; La Géographie, XIII, 1906, p. 214] ont fixé la position des principaux points.

Il subsiste cependant quelques divergences inadmissibles ; la longitude de Gao est 2°,5′ W. d’après Hourst et 2°,27′,33″ d’après Cortier : une erreur matérielle peut seule expliquer une semblable divergence.

Malgré ces quelques incertitudes, on peut considérer que, dans l’ensemble, assez de points sont déterminés avec précision pour que les itinéraires qui viennent s’y appuyer soient valables. Le réseau de ces itinéraires est à mailles encore larges, mais qui se resserrent rapidement.

L’hypsométrie est encore bien indécise. Elle repose sur des observations d’anéroïdes, plus rarement d’hypsomètres.

Les observations de Foureau [l. c., p. 157], dont le calcul a été fait par Angot, laissent une incertitude de ± 30 mètres [p. 97]. Les itinéraires de Voinot contiennent de nombreuses indications d’altitude qui peuvent inspirer une certaine confiance.

Dans l’esquisse hypsométrique, les courbes de 500 mètres et de 1000 mètres sont probablement à peu près exactes ; celle de 200 mètres est beaucoup plus douteuse.

La très grande activité déployée en ces dernières années par les officiers du Soudan et par ceux des Oasis est la cause des divergences, parfois notables, qui existent entre les deux cartes que l’on trouvera à la fin de ce volume.

L’esquisse hypsométrique a été établie à la fin de 1907 ; l’esquisse géologique à la fin de 1908. Dans l’intervalle, de nombreux itinéraires ont été levés ou sont parvenus en Europe. Ces données nouvelles ont permis à Cortier de dresser au 1000000e une carte du Sahara méridional. Cette carte est encore inédite ; on en trouvera une réduction dans l’Année Cartographique [18me année, 1908] au 5000000e. Grâce à l’obligeance de Cortier et du Service Géographique du Ministère des Colonies, j’ai pu profiter largement de ce travail pour le dessin de l’esquisse géologique qui, j’espère, donnera, au point de vue hydrographique surtout, des renseignements exacts : entre Gao et l’Aïr surtout, il a fallu modifier profondément le tracé des cours d’eau.

Pour placer les teintes géologiques, j’ai dû recourir à des indications de valeur très inégale. Les itinéraires de Gautier et les miens m’ont naturellement servi de base ; les profils géologiques de la planche hors texte indiqueront suffisamment quelles routes nous avons suivies. J’ai puisé de nombreux renseignements dans Foureau [Doc. Sc., p. 576-696 et Pl. XI] qui, de Tir’ammar à Zinder, a saisi en gros le 6° Long. E. et de Zinder au Tchad, le 14° de Lat. N. — Mussel [Rens. Col. publiés par le Comité Afr. Fr., juin 1907] a fait le tour du tanezrouft d’Ouallen (In Zize, Guernen, Sounfat, Achourat, Taoudenni, Tin Haïa, Touat). Son travail m’a été d’autant plus utile que j’avais eu le plaisir de l’avoir pour compagnon de route dans l’Ahnet et que nous avions ainsi des points de comparaison communs.

Pour la région du Tchad, je dois beaucoup à Freydenberg et à Courtet qui, outre les renseignements que j’ai puisés dans leurs ouvrages, m’ont fourni de nombreuses indications verbales. J’ai emprunté à Hubert les tracés de l’Atacora et du plateau du Gourma.

A ces différents renseignements, qui ont permis de tracer un réseau à très larges mailles, sont venus s’ajouter ceux que l’on peut déduire des échantillons parvenus en Europe. Thévenin [Les fossiles de l’Afrique Centrale, Revue Coloniale, 1905, p. 655-667] et Lacroix [Résultats minéralogiques, etc., id., p. 129-139 et 205-223] ont résumé ce qui était connu il y a trois ans ; depuis les envois ont continué et j’ai pu, je crois, avoir connaissance de tout ce qui est arrivé du Soudan à l’École des Mines, au Muséum ou à la Sorbonne. J’en ai donné le détail dans le texte et les gîtes fossilifères ont été indiqués sur la carte.

Il aurait évidemment été prudent de ne mettre de couleur que le long des itinéraires et aux points d’où provenaient les fossiles. J’ai pensé toutefois que les rapports d’itinéraires, parfois même les renseignements indigènes, pouvaient permettre d’étendre les teintes de façon à donner une carte plus parlante et mettant mieux en évidence certains ensembles qui paraissent vraiment homogènes. Il sera facile, d’après ce qui vient d’être dit, de faire la part des faits positifs et des indications douteuses.

La question de l’orthographe des noms géographiques est partout difficile ; au Sahara et au Soudan, elle semble insoluble. Les Touaregs ont bien une écriture, mais la langue est mal fixée et chacun écrit à sa fantaisie [Motylinski, Dictionnaire, p. 7]. Pour les langues du Soudan, il faut se fier à l’oreille et l’on sait quelles erreurs on commet ainsi. Quelques Haoussas et quelques Bornouans se servent de l’alphabet arabe, mais ils sont peu nombreux et ont de plus modifié la valeur de certaines lettres.

J’ai essayé, dans le texte, d’écrire toujours de la même façon les mêmes noms, en adoptant autant que possible l’orthographe de Motylinski, ou celle de Cortier, qui a pu être guidé par de Foucauld dans cette tâche difficile. On trouvera quelques divergences entre le texte et les cartes ; aucune d’entre elles n’est assez marquée pour rendre le nom méconnaissable.


APPENDICE II

NOTES COMPLÉMENTAIRES SE RAPPORTANT AU TOME II, « SAHARA SOUDANAIS »

I

P. 213. — D’après R. Arnaud [Précis de politique musulmane, Alger, 1906, p. 88], en Mauritanie, le pouvoir serait détenu chez les hassanes (guerriers) par un cheick héréditaire, assisté d’une djmaa (conseil des notables) ; une des plus nobles familles a la garde héréditaire du tambour de guerre. Les notes inédites de Paul Blanchet et de A. Dereims montrent que ceci n’est pas général : chez certaines tribus, dans tout l’Adr’ar’ Tmar, tout au moins, le chef est, comme chez les Touaregs, élu par les notables qui doivent seulement le choisir dans une famille déterminée.

II

P. 228. — Voici, copiés sur le carnet de Dereims, les renseignements relatifs à ces ruines, renseignements donnés par Amar, vieux serviteur de Bou El Mogdad,

« A une distance de Oualata égale à celle de Jaïrinié[215] à Amzeggag (?), il y a deux villes en ruines ; elles sont bâties en pierres blanches, avec sculptures de grande taille. Autour de ces villes, il y a des tumuli que les fils d’Adam viennent visiter. — Il y aurait en cet endroit du sable blanc, du sable noir et du sable rouge que l’on tirerait de puits différents. »

[215]Jaïrinié est sur le littoral de Mauritanie, vers 17°,40′ Lat. N. Amzeggag n’est porté sur aucune carte, mais, d’après les indications complémentaires de A. Dereims, il s’agit d’une très courte distance.


APPENDICE III

NOUVELLES NOTES COMPLÉMENTAIRES SE RAPPORTANT AU TOME I, « SAHARA ALGÉRIEN ».

I

P. 160. — A propos du « Sultan noir » qui aurait pris Béchar au XIIe s., M. Basset me communique une intéressante rectification : « Le Sultan noir est un héros légendaire qu’on personnifie tantôt dans un Almohade, tantôt dans un Mérinide, tantôt dans un Chérif. Ici ce serait Mouley ed Dehebi, qui n’a pu prendre Béchar au XIIe siècle puisqu’il vivait à la fin du XVIe. » Pour plus de détails voir : R. Basset, Nédromah et les Traras, 1901, appendice IV.

Nous saisissons sur le fait, une fois de plus, l’extrême incertitude des souvenirs indigènes.

II

P. 163. — A propos du mot ar’rem, M. Basset me fait observer qu’il est d’un usage courant dans le M’zab et à Ouargla, avec le sens de ksar. Il n’y a même qu’un synonyme, le mot taourirt, qui correspond d’ailleurs à une nuance peu différente de sens (Kalaa, ksar juché sur une éminence).

III

P. 164. — Au sujet de Sidi Beyazid el Bistami (alias de la ville de Bezdama), M. Basset, professeur d’arabe à l’école des Lettres d’Alger, me communique les observations suivantes :

Sur Beyazid el Bistami, on trouvera des renseignements détaillés dans :

Tadhkirat u’l Awliyá (commémoration des Saints), texte persan publié par Nicholson. T. I, Londres, 1905, in-8o, p. 134-179 ;

Djami, Nefahat el Ous (notice par de Sacy, Notices et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque du Roi, t. XII, Paris, 1831, p. 404) ;

Nicholson, an historical inquiry concerning the origine and developments of Sufism (Journal of the Royal Asiatic Society, 1906, 2e trimestre).

Beyazid a vécu au IIIe siècle de l’hégire en Orient ; il n’est jamais venu au Maghreb. Il faut noter, d’autre part, que Ibn Khaldoun ne prononce pas son nom à propos des Beni Goumi, dont il parle longuement.

Il est donc évident que les Beni Goumi, se plaçant sous l’invocation de ce saint, ont voulu se rattacher à lui par une légende inventée de toutes pièces. Et il est probable que les origines de cette légende remontent aux environs du XVIe siècle, à l’époque des prédications maraboutiques.

E. F. G.

IV

P. 262-264. — Fr. Coello [Conocimientos que se tenian del Sahara occidental antes de la expedicion (de Cervera et de Quiroga), Rev. de Geografia comercial, 15 déc. 1886, p. 70] a indiqué que l’influence des Maures chassés d’Espagne s’était fait sentir jusqu’à Chinguetti, où les études littéraires étaient encore en grand honneur. Les traditions recueillies en 1900 par Paul Blanchet et A. Dereims pendant leur séjour à Atar confirment pleinement l’indication de Coello. Beaucoup d’habitants de Chinguetti conservent encore la clef de la maison que leurs ancêtres possédaient à Grenade ; ils sont en état de fournir des détails sur les principaux monuments et la topographie de la ville qu’ils ont perdue.

Blanchet, qui savait bien l’arabe, avait été frappé de la pureté de la langue qu’emploient les Maures des bonnes familles d’Atar.

R. Chudeau.


INDEX DES TOMES I ET II


Les chiffres romains renvoient au tome (I : Sahara algérien ; II : Sahara soudanais).

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