Molière - Œuvres complètes, Tome 2
Si vous ne le savez, je vous apprends que j'aime.
Philis est l'objet charmant
Qui tient mon cœur à l'attache;
Et je deviens son amant,
La voyant traire une vache.
Ses doigts, tout pleins de lait et plus blancs mille fois,
Pressoient les bouts du pis d'une grâce admirable.
Ouf! cette idée est capable
De me réduire aux abois.
Ah! Philis! Philis! Philis!
SCÈNE II.—MORON, UN ÉCHO.
L'ÉCHO.
Philis.
MORON.
Ah!
L'ÉCHO.
Ah.
MORON.
Hem!
L'ÉCHO.
Hem.
MORON.
Ah! ah!
L'ÉCHO.
Ah.
MORON.
Hi! Hi!
L'ÉCHO.
Hi.
MORON.
Oh!
L'ÉCHO.
Oh.
MORON.
Oh!
L'ÉCHO.
Oh.
MORON.
Voilà un écho qui est bouffon!
L'ÉCHO.
On.
MORON.
Hon!
L'ÉCHO.
Hon.
MORON.
Ah!
L'ÉCHO.
Ah.
MORON.
Hu!
L'ÉCHO.
Hu.
MORON.
Voilà un écho qui es bouffon!
SCÈNE III.—MORON, apercevant un ours, qui vient à lui.
Ah! monsieur l'ours, je suis votre serviteur de tout mon cœur. De grâce, épargnez moi. Je vous assure que je ne vaux rien du tout à manger, je n'ai que la peau et les os, et je vois de certaines gens là-bas qui seroient bien mieux votre affaire. Eh! eh! eh! monseigneur, tout doux, s'il vous plaît. Là (il caresse l'ours, et tremble de frayeur), là, là, là. Ah! monseigneur, que Votre Altesse est jolie et bienfaite! Elle a tout à fait l'air galant, et la taille la plus mignonne du monde. Ah! beau poil, belle tête, beaux yeux brillants et bien fendus! Ah! beau petit nez! belle petite bouche! petites menottes jolies! Ah! belle gorge! belles petites menottes! petits ongles bien faits! (L'ours se lève sur ses pattes de derrière.) A l'aide! au secours! je suis mort! miséricorde! Pauvre Moron! Ah! mon Dieu! Eh! vite, à moi, je suis perdu!
Moron monte sur un arbre.
SCÈNE IV.—MORON, CHASSEURS.
MORON, monté sur un arbre, aux chasseurs.)
Eh! messieurs, ayez pitié de moi! (Les chasseurs combattent l'ours.) Bon! messieurs, tuez-moi ce vilain animal-là. O ciel! daigne les assister! Bon! le voilà qui fuit. Le voilà qui s'arrête, et qui se jette sur eux. Bon! en voilà un qui vient de lui donner un coup dans la gueule. Les voilà tous alentour de lui. Courage! ferme! allons mes amis! Bon! poussez fort! Encore! Ah! le voilà qui est à terre; c'en est fait, il est mort! Descendons maintenant pour lui donner cent coups. (Moron descend de l'arbre.) Serviteur, messieurs! je vous rends grâce de m'avoir délivré de cette bête. Maintenant que vous l'avez tuée, je m'en vais l'achever et en triompher avec vous.
Moron donne mille coups à l'ours, qui est mort.
ENTRÉE DE BALLET
Les chasseurs dansent, pour témoigner leur joie d'avoir remporté la victoire.
ACTE II
SCÈNE I.—LA PRINCESSE, AGLANTE, CYNTHIE, PHILIS.
LA PRINCESSE.
On n'y découvre rien qui n'enchante les yeux;
Et de tous nos palais la savante structure
Cède aux simples beautés qu'y forme la nature.
Ces arbres, ces rochers, cette eau, ces gazons frais,
Ont pour moi des appas à ne lasser jamais.
AGLANTE.
Où l'on se vient sauver de l'embarras des villes.
De mille objets charmants ces lieux sont embellis;
Et ce qui doit surprendre est qu'aux portes d'Alis
La douce passion de fuir la multitude
Rencontre une si belle et vaste solitude[237].
Mais, à vous dire vrai, dans ces jours éclatans
Vos retraites ici me semblent hors de temps;
Et c'est fort maltraiter l'appareil magnifique
Que chaque prince a fait pour la fête publique.
Ce spectacle pompeux de la course des chars
Devoit bien mériter l'honneur de vos regards.
LA PRINCESSE.
Et que dois-je, après tout, à leur magnificence?
Ce sont soins que produit l'ardeur de m'acquérir,
Et mon cœur est le prix qu'ils veulent tous courir.
Mais, quelque espoir qui flatte un projet de la sorte,
Je me tromperai fort si pas un d'eux l'emporte.
CYNTHIE.
Des innocens desseins qu'on a de le toucher,
Et regarder les soins que pour vous on se donne
Comme autant d'attentats contre votre personne?
Je sais qu'en défendant le parti de l'amour,
On s'expose chez vous à faire mal sa cour;
Mais ce que par le sang j'ai l'honneur de vous être
S'oppose aux duretés que vous faites paroître;
Et je ne puis nourrir d'un flatteur entretien
Vos résolutions de n'aimer jamais rien.
Est-il rien de plus beau que l'innocente flamme
Qu'un mérite éclatant allume dans une âme?
Et seroit-ce un bonheur de respirer le jour,
Si d'entre les mortels on bannissoit l'amour?
Non, non, tous les plaisirs se goûtent à le suivre;
Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre[238].
AGLANTE.
Pour moi, je tiens que cette passion est la plus agréable affaire de la vie; qu'il est nécessaire d'aimer pour vivre heureusement, et que tous les plaisirs sont fades s'il ne s'y mêle un peu d'amour.
LA PRINCESSE.
Pouvez-vous bien toutes deux, étant ce que vous êtes, prononcer ces paroles? et ne devez-vous pas rougir d'appuyer une passion qui n'est qu'erreur, que foiblesses et qu'emportement, et dont tous les désordres ont tant de répugnance avec la gloire de notre sexe? J'en prétends soutenir l'honneur jusqu'au dernier moment de ma vie, et ne veux point du tout me commetre à ces gens qui font les esclaves auprès de nous, pour devenir un jour nos tyrans. Toutes ces larmes, tous ces soupirs, tous ces hommages, tous ces respects, sont des embûches qu'on tend à notre cœur, et qui souvent l'engagent à commettre des lâchetés. Pour moi, quand je regarde certains exemples, et les bassesses épouvantables où cette passion ravale les personnes sur qui elle étend sa puissance, je sens tout mon cœur qui s'émeut; et je ne puis souffrir qu'une âme, qui fait profession d'un peu de fierté, ne trouve pas une honte horrible à de telles foiblesses.
CYNTHIE.
Eh! madame, il est de certaines foiblesses qui ne sont point honteuses, et qu'il est beau même d'avoir dans les plus hauts degrés de gloire. J'espère que vous changerez un jour de pensée; et, s'il plaît au ciel, nous verrons votre cœur, avant qu'il soit peu...
LA PRINCESSE.
Arrêtez! n'achevez pas ce souhait étrange. J'ai une horreur trop invincible pour ces sortes d'abaissemens; et, si jamais j'étois capable d'y descendre, je serois personne sans doute à ne me le point pardonner.
AGLANTE.
Prenez garde, madame, l'amour sait se venger des mépris que l'on fait de lui; et peut-être...
LA PRINCESSE.
Non, non, je brave tous ses traits; et le grand pouvoir qu'on lui donne n'est rien qu'une chimère et qu'une excuse des foibles cœurs, qui le font invincible pour autoriser leur foiblesse.
CYNTHIE.
Mais, enfin, toute la terre reconnoît sa puissance, et vous voyez que les dieux mêmes sont assujettis à son empire. On nous fait voir que Jupiter n'a pas aimé pour une fois, et que Diane même, dont vous affectez tant l'exemple, n'a pas rougi de pousser des soupirs d'amour.
LA PRINCESSE.
Les croyances publiques sont toujours mêlées d'erreur. Les dieux ne sont point faits comme les fait le vulgaire; et c'est leur manquer de respect que de leur attribuer les foiblesses des hommes.
SCÈNE II.—LA PRINCESSE, AGLANTE, CYNTHIE, PHILIS, MORON.
AGLANTE.
Viens, approche, Moron, viens nous aider à défendre l'amour contre les sentiments de la princesse.
LA PRINCESSE.
Voilà votre parti fortifié d'un grand défenseur.
MORON.
Ma foi, madame, je crois qu'après mon exemple il n'y a plus rien à dire, et qu'il ne faut plus mettre en doute le pouvoir de l'amour. J'ai bravé ses armes assez longtemps, et fait de mon drôle[239] comme un autre; mais enfin ma fierté a baissé l'oreille, et vous avez une traîtresse (il montre Philis) qui m'a rendu plus doux qu'un agneau. Après cela on ne doit plus faire aucun scrupule d'aimer; et, puisque j'ai bien passé par là, il peut bien y en passer d'autres.
CYNTHIE.
Quoi! Moron se mêle d'aimer?
MORON.
Fort bien.
CYNTHIE.
Et de vouloir être aimé?
MORON.
Et pourquoi non? Est-ce qu'on n'est pas assez bien fait pour cela? Je pense que ce visage est assez passable, et que, pour le bel air, Dieu merci, nous ne le cédons à personne.
CYNTHIE.
Sans doute, on aurait tort.
SCÈNE III.—LA PRINCESSE, AGLANTE, CYNTHIE, PHILIS, MORON, LYCAS.
LYCAS.
Madame, le prince, votre père, vient vous trouver ici, et conduit avec lui les princes de Pyle et d'Ithaque, et celui de Messène.
LA PRINCESSE.
O ciel! que prétend-il faire en me les amenant? Auroit-il résolu ma perte, et voudroit-il bien me forcer au choix de quelqu'un d'eux?
SCÈNE IV.—IPHITAS, EURYALE, ARISTOMÈNE, THÉOCLE, LA PRINCESSE, AGLANTE, CYNTHIE, PHILIS, MORON.
LA PRINCESSE, à Iphitas.
Seigneur, je vous demande la licence de prévenir par deux paroles la déclaration des pensées que vous pouvez avoir. Il y a deux vérités, seigneur, aussi constantes l'une que l'autre, et dont je puis vous assurer également: l'une, que vous avez un absolu pouvoir sur moi, et que vous ne sauriez m'ordonner rien où je ne réponde aussitôt par une obéissance aveugle; l'autre, que je regarde l'hyménée ainsi que le trépas, et qu'il m'est impossible de forcer cette aversion naturelle. Me donner un mari et me donner la mort, c'est une même chose; mais votre volonté va la première, et mon obéissance m'est bien plus chère que ma vie. Après cela parlez, seigneur; prononcez librement ce que vous voulez.
IPHITAS.
Ma fille, tu as tort de prendre de telles alarmes; et je me plains de toi, qui peux mettre dans ta pensée que je sois assez mauvais père pour vouloir faire violence à tes sentiments et me servir tyranniquement de la puissance que le ciel me donne sur toi. Je souhaite, à la vérité, que ton cœur puisse aimer quelqu'un. Tous mes vœux seroient satisfaits si cela pouvoit arriver: et je n'ai proposé les fêtes et les jeux que je fais célébrer ici qu'afin d'y pouvoir attirer tout ce que la Grèce a d'illustre, et que, parmi cette noble jeunesse, tu puisses enfin rencontrer où arrêter tes yeux et déterminer tes pensées. Je ne demande, dis-je, au ciel autre bonheur que celui de te voir un époux. J'ai, pour obtenir cette grâce, fait encore ce matin un sacrifice à Vénus; et, si je sais bien expliquer le langage des dieux, elle m'a promis un miracle. Mais, quoi qu'il en soit, je veux en user avec toi en père qui chérit sa fille. Si tu trouves où attacher tes vœux, ton choix sera le mien, et je ne considérerai ni intérêt d'État, ni avantages d'alliance; si ton cœur demeure insensible, je n'entreprendrai point de le forcer; mais au moins sois complaisante aux civilités qu'on te rend, et ne m'oblige point à faire les excuses de ta froideur. Traite ces princes avec l'estime que tu leur dois, reçois avec reconnoissance les témoignages de leur zèle, et viens voir cette course où leur adresse va paroître.
THÉOCLE, à la princesse.
Tout le monde va faire des efforts pour remporter le prix de cette course. Mais, à vous dire vrai, j'ai peu d'ardeur pour la victoire, puisque ce n'est pas votre cœur qu'on y doit disputer.
ARISTOMÈNE.
Pour moi, madame, vous êtes le seul prix que je me propose partout. C'est vous que je crois disputer dans ces combats d'adresse, et je n'aspire maintenant à remporter l'honneur de cette course que pour obtenir un degré de gloire qui m'approche de votre cœur.
EURYALE.
Pour moi, madame, je n'y vais point du tout avec cette pensée. Comme j'ai fait toute ma vie profession de ne rien aimer, tous les soins que je prends ne vont point où tendent les autres. Je n'ai aucune prétention sur votre cœur, et le seul honneur de la course est tout l'avantage où j'aspire.
SCÈNE V.—LA PRINCESSE, AGLANTE, CYNTHIE, PHILIS, MORON.
LA PRINCESSE.
D'où sort cette fierté où l'on ne s'attendoit point? Princesses, que dites-vous de ce jeune prince? Avez-vous remarqué de quel ton il l'a pris?
AGLANTE.
Il est vrai que cela est un peu fier.
MORON, à part.
Ah! quelle brave botte il vient là de lui porter!
LA PRINCESSE.
Ne trouvez-vous pas qu'il y auroit plaisir d'abaisser son orgueil et de soumettre un peu ce cœur qui tranche tant du brave?
CYNTHIE.
Comme vous êtes accoutumée à ne jamais recevoir que des hommages et des adorations de tout le monde, un compliment pareil au sien doit vous surprendre, à la vérité.
LA PRINCESSE.
Je vous avoue que cela m'a donné de l'émotion, et que je souhaiterois fort de trouver les moyens de châtier cette hauteur. Je n'avois pas beaucoup d'envie de me trouver à cette course; mais j'y veux aller exprès, et employer toute chose pour lui donner de l'amour.
CYNTHIE.
Prenez garde, madame. L'entreprise est périlleuse; et, lorsqu'on veut donner de l'amour, on court risque d'en recevoir.
LA PRINCESSE.
Ah! n'appréhendez rien, je vous prie. Allons, je vous réponds de moi.
DEUXIÈME INTERMÈDE
SCÈNE I.—PHILIS, MORON.
MORON.
Philis, demeure ici.
PHILIS.
Non. Laisse-moi suivre les autres.
MORON.
Ah! cruelle, si c'étoit Tircis qui t'en priât, tu demeurerois bien vite.
PHILIS.
Cela se pourroit faire, et je demeure d'accord que je trouve bien mieux mon compte avec l'un qu'avec l'autre; car il me divertit avec sa voix, et toi tu m'étourdis de ton caquet. Lorsque tu chanteras aussi bien que lui, je te promets de t'écouter.
MORON.
Eh! demeure un peu.
PHILIS.
Je ne saurois.
MORON.
De grâce!
PHILIS.
Point, te dis-je.
MORON, retenant Philis.
Je ne te laisserai point aller...
PHILIS.
Ah! que de façons!
MORON.
Je ne te demande qu'un moment à être avec toi.
PHILIS.
Eh bien, oui, j'y demeurerai, pourvu que tu me promettes une chose.
MORON.
Et quelle?
PHILIS.
De ne me parler point du tout.
MORON.
Et! Philis.
PHILIS.
A moins que de cela, je ne demeurerai point avec toi.
MORON.
Veux-tu me...
PHILIS.
Laisse-moi aller.
MORON.
Eh bien, oui, demeure. Je ne te dirai mot.
PHILIS.
Prends-y bien garde, au moins; car à la moindre parole je prends la fuite.
MORON.
Soit. (Après avoir fait une scène de gestes.) Ah! Philis!... Eh!...
SCÈNE II.—MORON.
Elle s'enfuit, et je ne saurois l'attraper. Voilà ce que c'est. Si je savois chanter, j'en ferois bien mieux mes affaires. La plupart des femmes aujourd'hui se laissent prendre par les oreilles; elles sont cause que tout le monde se mêle de musique, et l'on ne réussit auprès d'elles que par les petites chansons et les petits vers qu'on leur fait entendre. Il faut que j'apprenne à chanter, pour faire comme les autres. Bon, voici justement mon homme.
SCÈNE III.—UN SATYRE, MORON.
LE SATYRE.
La, la, la.
MORON.
Ah! satyre, mon ami, tu sais bien ce que tu m'as promis il y a longtemps. Apprends-moi à chanter, je te prie.
LE SATYRE.
Je le veux, mais auparavant écoute une chanson que je viens de faire.
MORON, bas, à part.
Il est si accoutumé à chanter, qu'il ne sauroit parler d'autre façon. (Haut.) Allons, chante, j'écoute.
LE SATYRE chante.
Je portois...
MORON.
Une chanson? dis-tu.
LE SATYRE.
Je port...
MORON.
Une chanson à chanter?
LE SATYRE.
Je port...
MORON.
Chanson amoureuse? Peste!
LE SATYRE.
Deux moineaux que j'avois pris,
Lorsque la jeune Chloris
Fit, dans un sombre bocage,
Briller à mes yeux surpris
Les fleurs de son beau visage.
Hélas! dis-je aux moineaux, en recevant les coups
De ses yeux si savans à faire des conquêtes,
Consolez-vous, pauvres petites bêtes,
Celui qui vous a pris est bien plus pris que vous.
Moron demande au satire une chanson plus passionnée, et le prie de lui dire celle qu'il lui avoit ouï chanter quelques jours auparavant.
LE SATYRE chante.
Chantez à ma belle,
Oiseaux, chantez tous
Ma peine mortelle.
Mais, si la cruelle
Se met en courroux
Au récit fidèle
Des maux que je sens pour elle,
Oiseaux, taisez-vous.
MORON.
Ah! qu'elle est belle! Apprends-la-moi.
LE SATYRE.
La, la, la, la.
MORON.
La, la, la, la.
LE SATYRE.
Fa, fa, fa, fa.
MORON.
Fat toi-même!
ENTRÉE DU BALLET
Le satyre, en colère, menace Moron, et plusieurs satyres dansent une entrée plaisante.
ACTE III
SCÈNE I.—LA PRINCESSE, AGLANTE, CYNTHIE, PHILIS.
CYNTHIE.
Il est vrai, madame, que ce jeune prince a fait voir une adresse non commune, et que l'air dont il a paru a été quelque chose de surprenant. Il sort vainqueur de cette course. Mais je doute fort qu'il en sorte avec le même cœur qu'il y a porté; car enfin vous lui avez tiré des traits dont il est difficile de se défendre; et, sans parler de tout le reste, la grâce de votre danse et la douceur de votre voix ont eu des charmes aujourd'hui à toucher les plus insensibles.
LA PRINCESSE.
Le voici qui s'entretient avec Moron; nous saurons un peu de quoi il lui parle. Ne rompons point encore leur entretien, et prenons cette route pour revenir à leur rencontre.
SCÈNE II.—EURYALE, ARBATE, MORON.
EURYALE.
Ah! Moron, je te l'avoue j'ai été enchanté; et jamais tant de charmes n'ont frappé tout ensemble mes yeux et mes oreilles. Elle est adorable en tout temps, il est vrai, mais ce moment l'a emporté sur tous les autres, et des grâces nouvelles ont redoublé l'éclat de ses beautés. Jamais son visage ne s'est paré de plus vives couleurs, ni ses yeux ne se sont armés de traits plus vifs et plus perçans. La douceur de sa voix a voulu se faire paroître dans un air tout charmant qu'elle a daigné chanter; et les sons merveilleux qu'elle formoit passoient jusqu'au fond de mon âme et tenoient tous mes sens dans un ravissement à ne pouvoir en revenir. Elle a fait éclater ensuite une disposition toute divine, et ses pieds amoureux sur l'émail d'un tendre gazon traçoient d'aimables caractères qui m'enlevoient hors de moi-même et m'attachoient par des nœuds invincibles aux doux et justes mouvemens dont tout son corps suivoit les mouvemens de l'harmonie. Enfin, jamais âme n'a eu de plus puissantes émotions que la mienne; et j'ai pensé plus de vingt fois oublier ma résolution, pour me jeter à ses pieds et lui faire un aveu sincère de l'ardeur que je sens pour elle.
MORON.
Donnez-vous-en bien de garde, seigneur, si vous m'en voulez croire. Vous avez trouvé la meilleure invention du monde, et je me trompe fort si elle ne vous réussit. Les femmes sont des animaux d'un naturel bizarre; nous les gâtons par nos douceurs; et je crois tout de bon que nous les verrions tous courir, sans tous ces respects et ces soumissions où les hommes les acoquinent.
ARBATE.
Seigneur, voici la princesse qui s'est un peu éloignée de sa suite.
MORON.
Demeurez ferme, au moins, dans le chemin que vous avez pris. Je m'en vais voir ce qu'elle me dira. Cependant promenez-vous ici dans ces petites routes, sans faire aucun semblant d'avoir envie de la joindre; et, si vous l'abordez, demeurez avec elle le moins qu'il vous sera possible.
SCÈNE III.—LA PRINCESSE, MORON.
LA PRINCESSE.
Tu as donc familiarité, Moron, avec le prince d'Ithaque?
MORON.
Ah! madame, il y a longtemps que nous nous connoissons.
LA PRINCESSE.
D'où vient qu'il n'est pas venu jusqu'ici, et qu'il a pris cette autre route quand il m'a vue?
MORON.
C'est un homme bizarre, qui ne se plaît qu'à entretenir ses pensées.
LA PRINCESSE.
Étois-tu tantôt au compliment qu'il m'a fait?
MORON.
Oui, madame, j'y étois, et je l'ai trouvé un peu impertinent, n'en déplaise à sa principauté.
LA PRINCESSE.
Pour moi, je le confesse, Moron, cette fuite m'a choquée; et j'ai toutes les envies du monde de l'engager, pour rabattre un peu son orgueil.
MORON.
Ma foi, madame, vous ne feriez pas mal; il le mériteroit bien; mais, à vous dire vrai, je doute fort que vous y puissiez réussir.
LA PRINCESSE.
Comment?
MORON.
Comment? C'est le plus orgueilleux petit vilain que vous ayez jamais vu. Il lui semble qu'il n'y a personne au monde qui le mérite, et que la terre n'est pas digne de le porter.
LA PRINCESSE.
Mais encore ne t'a-t-il point parlé de moi?
MORON.
Lui? non.
LA PRINCESSE.
Il ne t'a rien dit de ma voix et de ma danse?
MORON.
Pas le moindre mot.
LA PRINCESSE.
Certes, ce mépris est choquant, et je ne puis souffrir cette hauteur étrange de ne rien estimer.
MORON.
Il n'estime et n'aime que lui.
LA PRINCESSE.
Il n'y a rien que je ne fasse pour le soumettre comme il faut.
MORON.
Nous n'avons point de marbre dans nos montagnes qui soit plus dur et plus insensible que lui.
LA PRINCESSE.
Le voilà.
MORON.
Voyez-vous comme il passe, sans prendre garde à vous?
LA PRINCESSE.
De grâce, Moron, va le faire aviser que je suis ici, et l'oblige à me venir aborder.
SCÈNE IV.—LA PRINCESSE, EURYALE, MORON.
MORON, allant au-devant d'Euryale, et lui parlant bas.
Seigneur, je vous donne avis que tout va bien. La princesse souhaite que vous l'abordiez; mais songez bien à continuer votre rôle; et, de peur de l'oublier, ne soyez pas longtemps avec elle.
LA PRINCESSE.
Vous êtes bien solitaire, seigneur: et c'est une humeur bien extraordinaire que la vôtre, de renoncer ainsi à notre sexe, et de fuir, à votre âge, cette galanterie dont se piquent tous vos pareils.
EURYALE.
Cette humeur, madame, n'est pas si extraordinaire qu'on n'en trouvât des exemples sans aller loin d'ici; et vous ne sauriez condamner la résolution que j'ai prise de n'aimer jamais rien, sans condamner aussi vos sentimens.
LA PRINCESSE.
Il y a grande différence; et ce qui sied bien à un sexe ne sied pas bien à l'autre. Il est beau qu'une femme soit insensible et conserve son cœur exempt des flammes de l'amour; mais ce qui est vertu en elle devient un crime dans un homme; et, comme la beauté est le partage de notre sexe, vous ne sauriez ne nous point aimer sans nous dérober les hommages qui nous sont dus, et commettre une offense dont nous devons toutes nous ressentir.
EURYALE.
Je ne vois pas, madame, que celles qui ne veulent point aimer doivent prendre aucun intérêt à ces sortes d'offenses.
LA PRINCESSE.
Ce n'est pas une raison, seigneur; et, sans vouloir aimer, on est toujours bien aise d'être aimée.
EURYALE.
Pour moi, je ne suis pas de même; et, dans le dessein où je suis de ne rien aimer, je serois fâché d'être aimé.
LA PRINCESSE.
Et la raison?
EURYALE.
C'est qu'on a obligation à ceux qui nous aiment, et que je serois fâché d'être ingrat.
LA PRINCESSE.
Si bien donc que, pour fuir l'ingratitude, vous aimeriez qui vous aimeroit?
EURYALE.
Moi, madame? Point du tout. Je dis bien que je serois fâché d'être ingrat; mais je me résoudrois plutôt de l'être que d'aimer.
LA PRINCESSE.
Telle personne vous aimeroit peut-être, que votre cœur...
EURYALE.
Non, madame. Rien n'est capable de toucher mon cœur. Ma liberté est la seule maîtresse à qui je consacre mes vœux; et quand le ciel emploieroit ses soins à composer une beauté parfaite, quand il assembleroit en elle tous les dons les plus merveilleux et du corps et de l'âme, enfin quand il exposeroit à mes yeux un miracle d'esprit, d'adresse et de beauté, et que cette personne m'aimeroit avec toutes les tendresses imaginables, je vous l'avoue franchement, je ne l'aimerois pas.
LA PRINCESSE, à part.
A-t-on jamais rien vu de tel?
MORON, à la princesse.
Peste soit du petit brutal! J'aurois bien envie de lui bailler un coup de poing.
LA PRINCESSE, à part.
Cet orgueil me confond, et j'ai un tel dépit, que je ne me sens pas!
MORON, bas, au prince.
Bon courage, seigneur! Voilà qui va le mieux du monde.
EURYALE, bas, à Moron.
Ah! Moron, je n'en puis plus! et je me suis fait des efforts étranges.
LA PRINCESSE, à Euryale.
C'est avoir une insensibilité bien grande que de parler comme vous faites.
EURYALE.
Le ciel ne m'a pas fait d'une autre humeur. Mais, madame, j'interromps votre promenade, et mon respect doit m'avertir que vous aimez la solitude.
SCÈNE V.—LA PRINCESSE, MORON.
MORON.
Il ne vous en doit rien, madame, en dureté de cœur.
LA PRINCESSE.
Je donnerois volontiers tout ce que j'ai au monde pour avoir l'avantage d'en triompher.
MORON.
Je le crois.
LA PRINCESSE.
Ne pourrais-tu, Moron, me servir dans un tel dessein?
MORON.
Vous savez bien, madame, que je suis tout à votre service.
LA PRINCESSE.
Parle-lui de moi dans tes entretiens; vante-lui adroitement ma personne et les avantages de ma naissance, et tâche d'ébranler ses sentimens par la douceur de quelque espoir. Je te permets de dire tout ce que tu voudras, pour tâcher à me l'engager.
MORON.
Laissez-moi faire.
LA PRINCESSE.
C'est une chose qui me tient au cœur. Je souhaite ardemment qu'il m'aime.
MORON.
Il est bien fait, oui, ce petit pendard-là, il a bon air, bonne physionomie, et je crois qu'il seroit assez le fait d'une jeune princesse.
LA PRINCESSE.
Enfin, tu peux tout espérer de moi, si tu trouves moyen d'enflammer pour moi son cœur.
MORON.
Il n'y a rien qui ne se puisse faire. Mais, madame, s'il venoit à vous aimer, que feriez-vous, s'il vous plaît?
LA PRINCESSE.
Ah! ce seroit lors que je prendrois plaisir à triompher pleinement de sa vanité, à punir son mépris par mes froideurs, et à exercer sur lui toutes les cruautés que je pourrois imaginer.
MORON.
Il ne se rendra jamais.
LA PRINCESSE.
Ah! Moron, il faut faire en sorte qu'il se rende.
MORON.
Non, il n'en fera rien. Je le connois; ma peine seroit inutile.
LA PRINCESSE.
Si[240] faut-il pourtant tenter toutes choses, et éprouver si son âme est entièrement insensible. Allons. Je veux lui parler, et suivre une pensée qui vient de me venir.
TROISIÈME INTERMÈDE
SCÈNE I.—PHILIS, TIRCIS.
PHILIS.
Viens, Tircis. Laissons-les aller et me dis un peu ton martyre de la façon que tu sais faire. Il y a longtemps que tes yeux me parlent, mais je suis plus aise d'ouïr ta voix.
TIRCIS, chante.
PHILIS.
Va, va, c'est déjà quelque chose que de toucher l'oreille, et le temps amène tout. Chante-moi cependant quelque plainte nouvelle que tu aies composée pour moi.
SCÈNE II.—MORON, PHILIS, TIRCIS.
MORON.
Ah! ah! je vous y prends, cruelle! vous vous écartez des autres pour ouïr mon rival!
PHILIS.
Oui, je m'écarte pour cela. Je te le dis encore, je me plais avec lui; et l'on écoute volontiers les amans, lorsqu'ils se plaignent aussi agréablement qu'il fait. Que ne chantes-tu comme lui? je prendrois plaisir à t'écouter.
MORON.
Si je ne sais chanter, je sais faire autre chose; et quand...
PHILIS.
Tais-toi. Je veux l'entendre. Dis, Tircis, ce que tu voudras.
MORON.
Ah! cruelle!...
PHILIS.
Silence, dis-je, ou je me mettrai en colère.
TIRCIS chante.
La beauté dont l'hiver vous avoit dépouillés
Par le printemps vous est rendue.
Vous reprenez tous vos appas;
Mais mon âme ne reprend pas
La joie, hélas! que j'ai perdue.
MORON
Morbleu! que n'ai-je de la voix! Ah! nature marâtre, pourquoi ne m'as-tu pas donné de quoi chanter comme à un autre?
PHILIS.
En vérité, Tircis, il ne se peut rien de plus agréable, et tu l'emportes sur tous les rivaux que tu as.
MORON.
Mais pourquoi est-ce que je ne puis pas chanter? n'ai-je pas un estomac, un gosier et une langue comme un autre? Oui, oui, allons. Je veux chanter aussi, et te montrer que l'amour fait faire toutes choses. Voici une chanson que j'ai faite pour toi.
PHILIS.
Oui, dis. Je veux bien t'écouter pour la rareté du fait.
MORON.
Courage, Moron! Il n'y a qu'à avoir de la hardiesse.
Il chante.
S'acharne sur mon cœur.
Ah! Philis, je trépasse;
Daigne me secourir.
En seras-tu plus grasse
De m'avoir fait mourir?
Vivat! Moron.
PHILIS.
Voilà qui est le mieux du monde. Mais, Moron, je souhaiterois bien d'avoir la gloire que quelque amant fût mort pour moi. C'est un avantage dont je n'ai pas encore joui; et je trouve que j'aimerois de tout mon cœur une personne qui m'aimeroit assez pour se donner la mort.
MORON.
Tu aimerois une personne qui se tueroit pour toi?
PHILIS.
Oui.
MORON.
Il ne faut que cela pour te plaire?
PHILIS.
Non.
MORON.
Voilà qui est fait. Je te veux montrer que je me sais tuer quand je veux.
TIRCIS, chante.
De mourir pour ce qu'on aime!
MORON, à Tircis.
C'est un plaisir que vous aurez quand vous voudrez.
TIRCIS, chante.
En généreux amant.
MORON, à Tircis.
Je vous prie de vous mêler de vos affaires, et de me laisser tuer à ma fantaisie. Allons, je vais faire honte à tous les amans. (A Philis.) Tiens, je ne suis pas homme à faire tant de façons. Vois ce poignard. Prends bien garde comme je me vais percer le cœur. Je suis votre serviteur. Quelque niais!
PHILIS.
Allons, Tircis, viens-t'en me redire à l'écho ce que tu m'as chanté.
ACTE IV
SCÈNE I.—LA PRINCESSE, EURYALE, MORON.
LA PRINCESSE.
Prince, comme jusqu'ici nous avons fait paroître une conformité de sentimens, et que le ciel a semblé mettre en nous mêmes attachemens pour notre liberté, et même aversion pour l'amour, je suis bien aise de vous ouvrir le cœur, et de vous faire confidence d'un changement dont vous serez surpris. J'ai toujours regardé l'hymen comme une chose affreuse, et j'avois fait serment d'abandonner plutôt la vie que de me résoudre jamais à perdre cette liberté, pour qui j'avois des tendresses si grandes; mais enfin un moment a dissipé toutes ces résolutions. Le mérite d'un prince m'a frappé aujourd'hui les yeux; et mon âme tout d'un coup, comme par un miracle, est devenue sensible aux traits de cette passion que j'avois toujours méprisée. J'ai trouvé d'abord des raisons pour autoriser ce changement, et je puis l'appuyer de ma volonté de répondre aux ardentes sollicitations d'un père et aux vœux de tout un État; mais, à vous dire vrai, je suis en peine du jugement que vous ferez de moi, et je voudrois savoir si vous condamnerez, ou non, le dessein que j'ai de me donner un époux.
EURYALE.
Vous pourriez faire un tel choix, madame, que je l'approuverois sans doute.
LA PRINCESSE.
Qui croyez-vous, à votre avis, que je veuille choisir?
EURYALE.
Si j'étois dans votre cœur, je pourrois vous le dire; mais, comme je n'y suis pas, je n'ai garde de vous répondre.
LA PRINCESSE.
Devinez pour voir, et nommez quelqu'un.
EURYALE.
J'aurois trop peur de me tromper.
LA PRINCESSE.
Mais encore, pour qui souhaiteriez-vous que je me déclarasse?
EURYALE.
Je sais bien, à vous dire vrai, pour qui je le souhaiterois; mais, avant que de m'expliquer, je dois savoir votre pensée.
LA PRINCESSE.
Eh bien, prince, je veux bien vous la découvrir. Je suis sûre que vous allez approuver mon choix; et, pour ne vous point tenir en suspens davantage, le prince de Messène est celui de qui le mérite s'est attiré mes vœux.
EURYALE, à part.
O ciel!
LA PRINCESSE, bas, à Moron.
Mon invention a réussi, Moron. Le voilà qui se trouble.
MORON, à la princesse.
Bon, madame. (Au prince.) Courage, seigneur. (A la princesse.) Il en tient. (Au prince.) Ne vous défaites pas[241].
LA PRINCESSE, à Euryale.
Ne trouvez-vous pas que j'ai raison, et que ce prince a tout le mérite qu'on peut avoir?
MORON, bas, au prince.
Remettez-vous et songez à répondre.
LA PRINCESSE.
D'où vient, prince, que vous ne dites mot et semblez interdit?
EURYALE.
Je le suis, à la vérité; et j'admire, madame, comme le ciel a pu former deux âmes aussi semblables en tout que les nôtres, deux âmes en qui l'on ait vu une plus grande conformité de sentiments, qui aient fait éclater dans le même temps une résolution à braver les traits de l'amour, et qui, dans le même moment, aient fait paroître une égale facilité à perdre le nom d'insensibles. Car enfin, madame, puisque votre exemple m'autorise, je ne feindrai point de vous dire que l'amour aujourd'hui s'est rendu maître de mon cœur, et qu'une des princesses vos cousines, l'aimable et belle Aglante, a renversé d'un coup d'œil tous les projets de ma fierté. Je suis ravi, madame, que, par cette égalité de défaite, nous n'ayons rien à nous reprocher l'un à l'autre; et je ne doute point que, comme je vous loue infiniment de votre choix, vous n'approuviez aussi le mien. Il faut que ce miracle éclate aux yeux de tout le monde, et nous ne devons point différer à nous rendre tous deux contens. Pour moi, madame, je vous sollicite de vos suffrages pour obtenir celle que je souhaite, et vous trouverez bon que j'aille de ce pas en faire la demande au prince votre père.
MORON, bas à Euryale.
Ah! digne, ah! brave cœur!
SCÈNE II.—LA PRINCESSE, MORON.
LA PRINCESSE.
Ah! Moron, je n'en puis plus, et ce coup, que je n'attendois pas, triomphe absolument de toute ma fermeté.
MORON.
Il est vrai que le coup est surprenant, et j'avois cru d'abord que votre stratagème avoit fait son effet.
LA PRINCESSE.
Ah! ce m'est un dépit à me désespérer, qu'une autre ait l'avantage de soumettre ce cœur que je voulois soumettre.
SCÈNE III.—LA PRINCESSE, AGLANTE, MORON.
LA PRINCESSE.
Princesse, j'ai à vous prier d'une chose qu'il faut absolument que vous m'accordiez. Le prince d'Ithaque vous aime et veut vous demander au prince mon père.
AGLANTE.
Le prince d'Ithaque, madame?
LA PRINCESSE.
Oui. Il vient de m'en assurer lui-même, et m'a demandé mon suffrage pour vous obtenir; mais je vous conjure de rejeter cette proposition et de ne point prêter l'oreille à tout ce qu'il pourra vous dire.
AGLANTE.
Mais, madame, s'il étoit vrai que ce prince m'aimât effectivement, pourquoi, n'ayant aucun dessein de vous engager, ne voudriez-vous pas souffrir?...
LA PRINCESSE.
Non, Aglante. Je vous le demande. Faites-moi ce plaisir, je vous prie, et trouvez bon que, n'ayant pu avoir l'avantage de le soumettre, je lui dérobe la joie de vous obtenir.
AGLANTE.
Madame, il faut vous obéir; mais je croirois que la conquête d'un tel cœur ne seroit pas une victoire à dédaigner.
LA PRINCESSE.
Non, non, il n'aura pas la joie de me braver entièrement.
SCÈNE IV.—LA PRINCESSE, ARISTOMÈNE, AGLANTE, MORON.
ARISTOMÈNE.
Madame, je viens à vos pieds rendre grâce à l'Amour de mes heureux destins, et vous témoigner avec mes transports le ressentiment où je suis des bontés surprenantes dont vous daignez favoriser le plus soumis de vos captifs.
LA PRINCESSE.
Comment?
ARISTOMÈNE.
Le prince d'Ithaque, madame, vient de m'assurer tout à l'heure que votre cœur avoit eu la bonté de s'expliquer en ma faveur sur ce célèbre choix qu'attend toute la Grèce.
LA PRINCESSE.
Il vous a dit qu'il tenoit cela de ma bouche?
ARISTOMÈNE.
Oui, madame.
LA PRINCESSE.
C'est un étourdi; et vous êtes un peu trop crédule, prince, d'ajouter foi si promptement à ce qu'il vous a dit. Une pareille nouvelle méritoit bien, ce me semble, qu'on en doutât un peu de temps; et c'est tout ce que vous pourriez faire de la croire, si je vous l'avois dite moi-même.
ARISTOMÈNE.
Madame, si j'ai été trop prompt à me persuader...
LA PRINCESSE.
De grâce, prince, brisons-là ce discours; et si vous voulez m'obliger, souffrez que je puisse jouir de deux moments de solitude.
SCÈNE V.—LA PRINCESSE, AGLANTE, MORON.
LA PRINCESSE.
Ah! qu'en cette aventure le ciel me traite avec une rigueur étrange! au moins, princesse, souvenez-vous de la prière que je vous ai faite.
AGLANTE.
Je vous l'ai dit déjà, madame, il faut vous obéir...
SCÈNE VI.—LA PRINCESSE, MORON.
MORON.
Mais, madame, s'il vous aimoit, vous n'en voudriez point, et cependant vous ne voulez pas qu'il soit à une autre. C'est faire justement comme le chien du jardinier[242].
LA PRINCESSE.
Non, je ne puis souffrir qu'il soit heureux avec une autre; et, si la chose étoit, je crois que j'en mourrois de déplaisir.
MORON.
Ma foi, madame, avouons la dette. Vous voudriez qu'il fût à vous; et, dans toutes vos actions, il est aisé de voir que vous aimez un peu ce jeune prince.
LA PRINCESSE.
Moi, je l'aime! O ciel! je l'aime! Avez-vous l'insolence de prononcer ces paroles? Sortez de ma vue, impudent, et ne vous présentez jamais devant moi!
MORON.
Madame...
LA PRINCESSE.
Retirez-vous d'ici, vous dis-je, ou je vous en ferai retirer d'une autre manière.
MORON, bas, à part.
Ma foi, son cœur en a sa provision; et...
Il rencontre un regard de la princesse, qui l'oblige à se retirer.
SCÈNE VII.—LA PRINCESSE.
De quelle émotion inconnue sens-je mon cœur atteint? Et quelle inquiétude secrète est venue troubler tout d'un coup la tranquillité de mon âme? Ne seroit-ce point aussi ce qu'on vient de me dire? et, sans en rien savoir n'aimerois-je point ce jeune prince? Ah! si cela étoit, je serois personne à me désespérer! Mais il est impossible que cela soit, et je vois bien que je ne puis pas l'aimer. Quoi! je ne serois capable de cette lâcheté! J'ai vu toute la terre à mes pieds avec la plus grande insensibilité du monde; les respects, les hommages et les soumissions n'ont jamais pu toucher mon âme, et la fierté et le dédain en auroient triomphé! J'ai méprisé tous ceux qui m'ont aimée, et j'aimerois le seul qui me méprise! Non, non, je sais bien que je ne l'aime pas. Il n'y a pas de raison à cela. Mais, si ce n'est pas de l'amour que ce que je sens maintenant, qu'est-ce donc que ce peut-être? et d'où vient ce poison qui me court par toutes les veines et ne me laisse point en repos avec moi-même? Sors de mon cœur, qui que tu sois, ennemi qui te caches. Attaque-moi visiblement, et deviens à mes yeux la plus affreuse bête de tous nos bois, afin que mon dard et mes flèches me puissent défaire de toi.
QUATRIÈME INTERMÈDE
SCÈNE I.—LA PRINCESSE.
O vous, admirables personnes, qui, par la douceur de vos chants, avez l'art d'adoucir les plus fâcheuses inquiétudes, approchez-vous d'ici, de grâce; et tâchez de charmer, avec votre musique, le chagrin où je suis.
SCÈNE II.—LA PRINCESSE, CLIMÈNE, PHILIS.
CLIMÈNE, chante.
Chère Philis, dis-moi, que crois-tu de l'amour?
PHILIS, chante.
Toi-même, qu'en crois-tu, ma compagne fidèle?
CLIMÈNE.
On m'a dit que sa flamme est pire qu'un vautour,
Et qu'on souffre en aimant, une peine cruelle.
PHILIS.
On m'a dit qu'il n'est point de passion plus belle,
Et que ne pas aimer, c'est renoncer au jour.
CLIMÈNE.
A qui des deux donnerons-nous victoire?
PHILIS.
Qu'en croirons-nous, ou le mal, ou le bien?
TOUTES DEUX ENSEMBLE.
Aimons, c'est le vrai moyen
De savoir ce qu'on en doit croire.
PHILIS.
Chloris vante partout l'amour et ses ardeurs.
CLIMÈNE.
Amarante pour lui verse en tous lieux des larmes.
PHILIS.
Si de tant de tourments il accable les cœurs,
D'où vient qu'on aime à lui rendre les armes?
CLIMÈNE.
Si sa flamme, Philis, est si pleine de charmes,
Pourquoi nous défend-on d'en goûter les douceurs?
PHILIS.
A qui des deux donnerons-nous victoire?
CLIMÈNE.
Qu'en croirons-nous, ou le mal, ou le bien?
TOUTES DEUX ENSEMBLE.
Aimons, c'est le vrai moyen
De savoir ce qu'on en doit croire.
LA PRINCESSE.
Achevez seules, si vous voulez. Je ne saurois demeurer en repos; et quelque douceur qu'aient vos chants, ils ne font que redoubler mon inquiétude.
ACTE V
SCÈNE I.—IPHITAS, EURYALE, AGLANTE, CYNTHIE, MORON.
MORON, à Iphitas.
Oui, seigneur, ce n'est point raillerie; j'en suis ce qu'on appelle disgracié. Il m'a fallu tirer mes chausses au plus vite[243], et jamais vous n'avez vu un emportement plus brusque que le sien.
IPHITAS, à Euryale.
Ah! prince, que je devrai de grâce à ce stratagème amoureux, s'il faut qu'il ait trouvé le secret de toucher son cœur!
EURYALE.
Quelque chose, seigneur, que l'on vienne de vous en dire, je n'ose encore, pour moi, me flatter de ce doux espoir; mais enfin, si ce n'est pas à moi trop de témérité que d'oser aspirer à l'honneur de votre alliance, si ma personne et mes États...
IPHITAS.
Prince, n'entrons point dans ces compliments. Je trouve en vous de quoi remplir tous les souhaits d'un père; et, si vous avez le cœur de ma fille, il ne vous manque rien.
SCÈNE II.—LA PRINCESSE, IPHITAS, EURYALE, AGLANTE, CYNTHIE, MORON.
LA PRINCESSE.
O ciel! que vois-je ici!
IPHITAS, à Euryale.
Oui, l'honneur de votre alliance m'est d'un prix très-considérable, et je souscris aisément de tous mes suffrages à la demande que vous me faites.
LA PRINCESSE, à Iphitas.
Seigneur, je me jette à vos pieds pour vous demander une grâce. Vous m'avez toujours témoigné une tendresse extrême, et je crois vous devoir bien plus par les bontés que vous m'avez fait voir que par le jour que vous m'avez donné. Mais, si jamais vous avez eu de l'amitié pour moi, je vous en demande aujourd'hui la plus sensible preuve que vous me puissiez accorder; c'est de n'écouter point, seigneur, la demande de ce prince, et de ne pas souffrir que la princesse Aglante soit unie avec lui.
IPHITAS.
Et par quelle raison, ma fille, voudrois-tu t'opposer à cette union?
LA PRINCESSE.
Par raison que je hais ce prince, et que je veux, si je puis, traverser ses desseins.
IPHITAS.
Tu le hais, ma fille!
LA PRINCESSE.
Oui, et de tout mon cœur, je vous l'avoue.
IPHITAS.
Et que t'a-t-il fait?
LA PRINCESSE.
Il m'a méprisée.
IPHITAS.
Et comment?
LA PRINCESSE.
Il ne m'a pas trouvée assez bien faite pour m'adresser ses vœux.
IPHITAS.
Et quelle offense te fait cela? tu ne veux accepter personne.
LA PRINCESSE.
N'importe. Il me devoit aimer comme les autres, et me laisser au moins la gloire de le refuser. Sa déclaration me fait un affront; et ce m'est une honte sensible qu'à mes yeux, et au milieu de votre cour, il a recherché une autre que moi.
IPHITAS.
Mais quel intérêt dois-tu prendre à lui?
LA PRINCESSE.
J'en prends, seigneur, à me venger de son mépris; et, comme je sais bien qu'il aime Aglante avec beaucoup d'ardeur, je veux empêcher, s'il vous plaît, qu'il ne soit heureux avec elle.
IPHITAS.
Cela te tient donc bien au cœur?
LA PRINCESSE.
Oui, seigneur, sans doute; et, s'il obtient ce qu'il demande, vous me verrez expirer à vos yeux.
IPHITAS.
Va, va, ma fille, avoue franchement la chose. Le mérite de ce prince t'a fait ouvrir les yeux, et tu l'aimes enfin, quoi que tu puisses dire.
LA PRINCESSE.
Moi, seigneur?
IPHITAS.
Oui, tu l'aimes.
LA PRINCESSE.
Je l'aime, dites-vous? et vous m'imputez cette lâcheté! O ciel! quelle est mon infortune! Puis-je bien, sans mourir, entendre ces paroles? Et faut-il que je sois si malheureuse, qu'on me soupçonne de l'aimer? Ah! si c'étoit un autre que vous, seigneur, qui me tînt ce discours, je ne sais pas ce que je ne ferois point!
IPHITAS.
Et bien, oui, tu ne l'aimes pas. Tu le hais, j'y consens, et je veux bien, pour te contenter, qu'il n'épouse pas la princesse Aglante.
LA PRINCESSE.
Ah! Seigneur, vous me donnez la vie!
IPHITAS.
Mais, afin d'empêcher qu'il ne puisse être jamais à elle, il faut que tu le prennes pour toi.
LA PRINCESSE.
Vous vous moquez, seigneur, et ce n'est pas ce qu'il demande.
EURYALE.
Pardonnez-moi, madame, je suis assez téméraire pour cela, et je prends à témoin le prince votre père si ce n'est pas vous que j'ai demandée. C'est trop vous tenir dans l'erreur; il faut lever le masque, et, dussiez-vous vous en prévaloir contre moi, découvrir à vos yeux les véritables sentiments de mon cœur. Je n'ai jamais aimé que vous, et jamais je n'aimerai que vous. C'est vous, madame, qui m'avez enlevé cette qualité d'insensible que j'avois toujours affectée; et tout ce que j'ai pu vous dire n'a été qu'une feinte qu'un mouvement secret m'a inspirée, et que je n'ai suivie qu'avec toutes les violences imaginables. Il falloit qu'elle cessât bientôt, sans doute, et je m'étonne seulement qu'elle ait pu durer la moitié d'un jour; car, enfin, je mourois, je brûlois dans l'âme, quand je vous déguisois mes sentiments; et jamais cœur n'a souffert une contrainte égale à la mienne. Que si cette feinte, madame, a quelque chose qui vous offense, je suis tout prêt de mourir pour vous en venger; vous n'avez qu'à parler, et ma main sur-le-champ fera gloire d'exécuter l'arrêt que vous prononcerez.
LA PRINCESSE.
Non, non, prince, je ne vous sais pas mauvais gré de m'avoir abusée; et tout ce que vous m'avez dit, je l'aime bien mieux une feinte que non pas une vérité.
IPHITAS.
Si bien donc, ma fille, que tu veux bien accepter ce prince pour époux?
LA PRINCESSE.
Seigneur, je ne sais pas encore ce que je veux. Donnez-moi le temps d'y songer, je vous prie, et m'épargnez un peu la confusion où je suis.
IPHITAS.
Vous jugez, prince, ce que cela veut dire, et vous pouvez fonder[244] là-dessus.
EURYALE.
Je l'attendrai tant qu'il vous plaira, madame, cet arrêt de ma destinée; et, s'il me condamne à la mort, je le suivrai sans murmure.
IPHITAS.
Viens, Moron. C'est ici un jour de paix, et je te remets en grâce avec la princesse.
MORON.
Seigneur, je serai meilleur courtisan une autre fois, et je me garderai bien de dire ce que je pense.
SCÈNE III.—ARISTOMÈNE, THÉOCLE, IPHITAS, LA PRINCESSE, EURYALE, AGLANTE, CYNTHIE, MORON.
IPHITAS, aux princes de Messène et de Pyle.
Je crains bien, princes, que le choix de ma fille ne soit pas en votre faveur; mais voilà deux princesses qui peuvent bien vous consoler de ce petit malheur.
ARISTOMÈNE.
Seigneur, nous savons prendre notre parti; et, si ces aimables princesses n'ont point trop de mépris pour des cœurs qu'on a rebutés, nous pouvons revenir par elles à l'honneur de votre alliance.
SCÈNE IV.—IPHITAS, LA PRINCESSE, AGLANTE, CYNTHIE, PHILIS, EURYALE, ARISTOMÈNE, THÉOCLE, MORON.
PHILIS, à Iphitas.
Seigneur, la déesse Vénus vient d'annoncer partout le changement du cœur de la princesse. Tous les pasteurs et toutes les bergères en témoignent leur joie par des danses et des chansons; et, si ce n'est point un spectacle que vous méprisiez, vous allez voir l'allégresse publique se répandre jusques ici.
CINQUIÈME INTERMÈDE
BERGERS et BERGÈRES.
QUATRE BERGERS ET DEUX BERGÈRES HÉROIQUES chantent la chanson suivante, sur l'air de laquelle dansent d'autres bergers et bergères.
Du pouvoir de tout charmer:
Aimez, aimables bergères;
Nos cœurs sont faits pour aimer.
Quelque fort qu'on s'en défende,
Il faut y venir un jour;
Il n'est rien qui ne se rende
Aux doux charmes de l'amour.
Le plaisir de s'enflammer;
Un cœur ne commence à vivre
Que du jour qu'il sait aimer.
Quelque fort qu'on s'en défende,
Il faut y venir un jour;
Il n'est rien qui ne se rende
Aux doux charmes de l'amour.
FIN DE LA PRINCESSE D'ÉLIDE.
TABLE
| DEUXIÈME ÉPOQUE (1659-1664) (Suite) |
|||
| VIII. | 1661. | L'École des Maris, comédie | 9 |
| IX. | 1661. | Les Fâcheux, comédie-ballet | 58 |
| X. | 1662. | L'École des Femmes, comédie | 106 |
| XI. | 1663. | La Critique de l'École des Femmes, comédie | 192 |
| XII. | 1663. | L'impromptu de Versailles, comédie | 232 |
| XIII. | 1664. | Le Mariage forcé, comédie-ballet | 269 |
| XIV. | 1664. | La Princesse d'Élide, comédie-ballet | 308 |
FIN DE LA TABLE DU DEUXIÈME VOLUME.
E. Colin.—Imprimerie de Lagny.
NOTES
[1] Troisième Nouvelle du Décaméron.
[2] Loret, Muse historique, 17 juin 1661.
[3] Monsieur avait permis à Molière et à sa troupe de porter le nom de Comédiens ordinaires de Monsieur; il leur avait même promis une pension qu'il oublia toujours de payer.
[4] Pour: modeste, sans mélange de bassesse morale.
[5] Les Précieuses et Sganarelle avaient été imprimés subrepticement. Voyez t. I, p. 241, 278.
[6] Le meilleur; du mot grec, aristos. C'est le type du sage moderne.
[7] Pour: parfumés. Métaphore populaire qui n'a pas complètement disparu.
[8] Pour: envahit la figure. Il s'agit de la perruque.
[9] Jouet semé de plumes, qui s'écarte en effet, qui forme un angle très-ouvert. Les commentateurs, auxquels la simplicité ne plaît jamais, ont voulu y voir une aile de moulin.
[10] Pour: exemple, preuve; du latin factum.
[11] Pour: n'était pas. Faute de français née de la nécessité du vers.
[12] Vêtement qui remonte au XIIIe siècle. Il enveloppait et serrait le buste depuis le cou jusqu'à la ceinture. Les élégants le faisaient faire de peau de senteur et très-étroit. La vieille cour les portait longs et bien ouatés. Du latin barbare per punctum, étoffe piquée.
[13] Vêtement pour les cuisses, comme les bas-de-chausses, que nous appelons des bas, étaient le vêtement des jambes. La vieille cour portait cette culotte très-étroite; les jeunes courtisans en faisaient des cotillons très-larges, comme dit Sganarelle.
[14] Prononciation populaire et non archaïque.
[15] Ornement usité au XVIe siècle, et que les arriérés de l'ancienne cour s'obstinaient à conserver. La reine Élisabeth en portait d'immenses, la tête sortait de là comme du milieu d'une vaste aiguière faite d'étoffe plissée, cannelée et très-empesée.
[16] Pour: méthode pour garder. Hardiesse expressive.
[17] Ornements de rubans que les femmes portent encore.
[18] Voyez les Précieuses ridicules, t. 1, p. 268.
[19] Pour: fleurs de rhétorique galante. Les Anglais ont conservé le mot flirtation.
[20] Adjectif inventé par Molière, du mot muguet, fleur parfumée. Voy. p. 7.
[21] Pour: théorie appliquée à la pratique de la vie.
[22] Scène imitée en partie des Adelphes.
[23] Pour: chose naturelle, nécessaire comme le pain bénit à la messe.
[24] Monologue traduit des Adelphes.
[25] Pour: accointances, commerce. Archaïsme bourgeois.
[26] Pour: jeune viveur, du latin gaudere. Archaïsme aujourd'hui tombé dans le bas langage.
[27] Pour: bonheur. Archaïsme passé de mode.
[28] Premier fils de Louis XIV, qui naquit à Fontainebleau, cinq mois après la première représentation de l'École des maris, le 1er novembre 1661, et mourut à Meudon le 14 avril 1711. Il est probable que les quatre vers contenant une allusion aux fêtes données alors furent ajoutés par Molière après la naissance du prince.
[29] Pour: répartie. Archaïsme perdu.
[30] Pour: d'un loup-garou. Le mot est devenu adjectif.
[31] Pour: ce qui milite en votre faveur. Emploi du mot faire dans le sens anglais to do, sens que nous avons déjà signalé.
[32] Pour: inféodés, c'est-à-dire authentiques, irrécusables. Mot emprunté à la féodalité.
[33] Pour: attaquer directement. Mot emprunté aux combats chevaleresques: rompre sa lance sur la visière.
[34] Pour: carrière où l'on peut s'élancer librement. Mot également emprunté aux tournois chevaleresques. De ces trois dernières expressions, les deux premières se sont conservées, la troisième a disparu.
[35] Pour: jeté une boîte. Licence archaïque qui n'avait rien de condamnable, et que nous avons perdue.
[36] Mots qui rimaient ensemble.
[37] Édit du 27 novembre 1660, prohibant broderies, cannetilles, paillettes, etc.
[38] Pour: cris. Ordonnances criées dans les rues contre l'usage de certains habillements et de certaines étoffes.
[39] Guipure: broderie en relief, recouverte en fil d'or ou en clinquant.
[40] Pour: visez d'autre côté. Terme de chasse.
[41] Pour: charger sa trousse, son bagage, avant de décamper. Du mot scandinave ou teutonique bag, effets, bijoux.
[42] Scène imitée de la Discreta Enamorada de Lope.
[43] Pour: à l'instant même; du latin, in ipso tempore.
[44] Pour: discours de rhétorique; du grec Phoïbos, dieu des beaux discours.
[45] Pour: qu'elle puisse revenir. Forme conditionnelle très-expressive et très-rapide.
[46] Isabelle sort de la maison, voilée, ou, comme disent les Espagnols, embozada.
[47] Pour: avant que. Forme archaïque nécessitée par l'élision.
[48] Pour: urgent, qui force à se hâter. Ellipse très-hardie.
[49] Pour: sous prétexte de foi donnée. Mauvaise tournure et d'une grande dureté.
[50] Rime insuffisante, l'a du premier de ces mots étant long, et le second étant bref.
[51] Pour: malheur d'être berné. Mot très-bien inventé par Molière, et qui, après lui, n'a pas été employé.
[52] Pour: prenez l'assurance. Excellente expression du XVIIe siècle.
[53] Pour importun, qui cause de la fâcherie. Le titre même de cette pièce est un archaïsme hors d'usage. Le mot to fach, importé en Écosse par les Français, est resté dans le patois des low-lands avec la même nuance.
[54] Satire IXe, Ibam forte via sacra.
[55] La VIIIe.
[56] La plupart des commentateurs ont établi, à propos de cette nymphe sortant de sa coquille, une confusion singulière. Les uns veulent qu'Armande Béjart soit identique à Madeleine, sa sœur aînée; les autres supposent qu'Orphise, qui va paraître dès la seconde scène dans le costume assez compliqué des dames de la cour, ait joué aussi le rôle de la Naïade. Notre explication nous semble la plus naturelle et la mieux justifiée par les faits et la situation morale de la troupe.
[57] Notes de M. Bazin sur Molière.
[58] Pour: contribuer en quelque chose. Du latin tribuere, au sens actif.
[59] Madeleine Béjart, encore belle à quarante-trois ans, et dont la jeune sœur Armande, qui jouait le rôle d'Orphise, paraît dès la scène II.
[60] Ces vers de l'ami de Fouquet, avocat célèbre et membre de l'Académie française, sont remarquables par la dignité, la correction et même l'élévation du sentiment.
[61] Les élégants venaient y étaler leurs grâces et se donner eux-mêmes en spectacle, tout en écoutant les pièces nouvelles. Shakspeare, comme Molière, s'est moqué de cette coutume si gênante pour les acteurs; elle n'a cessé en France qu'en 1759, époque où M. de Lauraguais indemnisa ces derniers, auxquels il imposa la condition de supprimer les places du théâtre.
[62] Pour: insultant avec morgue. Mot admirablement inventé, dont je ne connais pas d'autre exemple. De l'italien, Morgante, héros du Pulci, géant insolent.
[63] Pour: qui ne vous connaissant de rien, c'est-à-dire aucunement, etc. Ellipse et hardiesse remarquables.
[64] Pour: qu'il était de justice. Ellipse du même ordre.
[65] Pour: faisant la minute, formant le plan. Archaïsme regrettable.
[66] Le spectacle finissait alors à sept heures du soir.
[67] Pour: réponse plus sèche. Ellipse qui correspond à la donner belle, à donner bonne.
[68] Depuis le règne de Henri IV, chacun portait un peigne dans sa poche pour se rajuster, et les valets ne manquaient pas de rendre ce service à leurs maîtres.
[69] Air de danse dont les pas étaient glissés et d'un mouvement fort lent.
[70] Pour: maître de ballets. Mot qui n'avait alors aucun sens défavorable.
[71] Le musicien Lully, valet d'Arlequin dans son enfance, devenu surintendant de la musique de Louis XIV, et qui mourut fort riche.
[72] Pour: mettre en partition l'air inventé par notre gentilhomme.
[73] Au lieu de: pour maltraiter. Licence contestable.
[74] Pour: je suis rentrée. Licence qui serait aujourd'hui une faute grave.
[75] Deux mots qui rimaient alors entre eux.
[76] Pour: détournée de son but; du latin, divertere. Archaïsme inusité depuis le XVIIe siècle.
[77] Le sel de cette admirable description d'une partie de piquet consiste dans l'impossibilité de la comprendre, tant est véhémente la fureur de celui qui vient de perdre.
[78] Ce qui reste au joueur, après avoir écarté. Terme du jeu de piquet.
[79] Pour: auquel. Archaïsme et hardiesse de langage.
[80] Pour: patiente à la souffrance. Archaïsme passé de mode.
[81] Personnage copié, par ordre de Louis XIV, sur le marquis de Soyecourt, amoureux de la chasse jusqu'à la folie.
[82] Pour cerf de sept ans.
[83] Pour: petit cor d'appel destiné à rassembler la meute.
[84] Pour: mauvais chiens du chasse.
[85] Pour: repasser par-dessus les branches brisées, atteindre le cerf dans son asile et l'en faire repartir.
[86] Pour: trois longueurs de laisse.
[87] Hiatus que Molière n'a pas corrigé, pour laisser le terme de chasse dans son entier.
[88] Pour: voilà les chiens lancés sur la voie du cerf.
[89] Pour: sort de la forêt.
[90] Gaveau, marchand de chevaux célèbre à la cour. (Note de Molière.)
[91] Ces deux mots rimaient ensemble au XVIIe siècle.
[92] Pour: les chiens coupant le chemin au cerf et prenant l'avance sur lui.
[93] Drécar, piqueur renommé. (Note de Molière.)
[94] Pour: je revois la trace.
[95] L'édition d'Aimé Martin porte résonne, c'est-à-dire je retentis, ce qui n'a pas de sens. L'édition de M. Louandre, 1852, porte raisonne, c'est-à-dire je médite à loisir. Enfin l'édition Didot porte re-sonne, leçon que nous adoptons, et qui semble d'autant plus conforme à la pensée de Molière, que le chasseur dit ensuite: «Quelques chiens revenaient à moi.»
[96] Pour: gaule, branchage.
[97] Pour: sur lequel je fonde mon projet. Ellipse qui est une faute.
[98] Pour: gens que l'on maltraite, à qui l'on donne sur le nez.
[99] Le poëte Neufgermain, à demi-fou, avait mis à la mode ces puérilités. Voyez Tallemant des Réaux.
[100] Promenade plantée d'arbres près de l'Arsenal. Du mot teutonique mail, lieu de réunion.
[101] Pour: savant épais, du péjoratif italien accio; en languedocien, asse. Villaccia, grande et vilaine ville.
[102] Pour: alchimiste, qui fait de l'or à coup de soufflet. Le mot était encore d'usage en ce sens à la fin du XVIIe siècle.
[103] Pour: pierre philosophale.
[104] Pour: quel que soit le succès de l'affaire, quoi qu'il en résulte. Extension du sens, d'un emploi assez hardi.
[105] Pour: embuscade. Du mot bois, où l'on s'embusque pour surprendre l'homme qui va passer.
[106] Voyez ci-après l'introduction de la Critique et celle de l'Impromptu.
[107] Henriette d'Angleterre, première femme de Monsieur, frère de Louis XIV, petite-fille de Henri IV dont l'oraison funèbre a été prononcée par Bossuet. Elle mourut à Saint-Cloud le 30 Juin 1670, à l'âge de vingt-six ans.
[108] La Critique de l'École des femmes, jouée le 1er juin 1663.
[109] L'abbé Dubuisson. Voyez plus loin, Préface de la Critique.
[110] Pour: dans la journée de demain. Ellipse trop dure.
[111] Pour: qui ne dirait rien. Licence très-expressive, pas imiter.
[112] Pour: je réponds ce que. Ellipse considérable, et que personne ne se permettrait plus.
[113] Pour: plaidez, faites votre harangue. Du latin patrocinari, qui vient lui-même de patres conscripti. Archaïsme regrettable.
[114] Pour: la pensée me vint. Tournure très-expressive, familière aux Allemands: Il me pense, il m'attriste.
[115] Archaïsme aujourd'hui populaire. Les Anglais emploient toujours every one.
[116] Pour: je m'émerveille de. Archaïsme inusité aujourd'hui.
[117] Pour: concitoyens. C'est le civis latin.
[118] Pour: frappé. Du latin ferire.
[119] Dans l'édition Aimé Martin, on lit aux vœux; dans l'édition Louandre, aux yeux. Notre leçon nous semble plus naturelle et préférable.
[120] Pour: défaille. Archaïsme énergique et regrettable.
[121] Pour: vous ennuyez-vous? Emploi de il, impersonnel, que nous avons déjà remarqué.
[122] L'emploi du verbe faire, pour: dire, était déjà un archaïsme du temps de Molière, et cet emploi complète l'ingénuité du rôle d'Agnès.
[123] Pour: un peu. Cet archaïsme naïf s'est conservé dans petit peu.
[124] Pour: que l'on me fasse tous les affronts. Archaïsme hors d'usage.
[125] Pour: qui donne du plaisir. Archaïsme regrettable. Nous n'avons plus que déplaisante.
[126] Pour: un pavé. Mot qui ne se dirait plus.
[127] Les huit vers indiqués par des guillemets n'étaient pas prononcés sur la scène du temps de Molière, comme attentatoires à la morale et offrant la parodie des recommandations de l'Église.
[128] Pour: refuse d'être. Archaïsme et latinisme d'une grande énergie.
[129] Pour: dîners à la campagne. Voyez tome Ier, p. 268, note troisième.
[130] Pour: s'écarter. C'est plutôt une faute de français qu'un archaïsme.
[131] Pour: pourraient bien savoir qu'en dire. Ellipse très intelligible et très-énergique.
[132] Pour: mettons notre chapeau. Ellipse du ton familier et même trivial, qui n'a plus cours.
[133] Pour: de pareille manière. Expression populaire. Nous n'avons gardé que rendre la pareille.
[134] Pour: en me supprimant, en m'effaçant de son cœur. Hardiesse fort équivoque.
[135] Pour: de la dot. L'emploi de ce mot au masculin est hors d'usage, même chez les notaires.
[136] Parodie des termes de la Coutume de Paris. Mots techniques à propos desquels il serait inutile de commencer ici un long commentaire de jurisprudence.
[137] Pour: accident, occurence; acceder. Expression impropre.
[138] De l'Italien becco cornuto, bouc portant cornes. Le peuple d'Italie prétend que le mâle ne s'inquiète point, dans cette race, des infidélités de sa femelle.
[139] Les vingt vers marqués par des guillemets étaient supprimés à la représentation, du temps de Molière.
[140] Pour: humble sous le destin. Belle expression créée par Molière.
[141] Pour: lorsque je vois. Archaïsme d'un très-bon effet.
[142] Pour: n'a plus de concurrents. Expression impropre, quoique vive.
[143] Pour: reprendre l'assurance et la tranquillité. Expression proverbiale.
[144] Pour: dit des cajoleries. L'emploi de ce verbe, au neutre, est archaïque et hors d'usage.
[145] Au lieu de: criez-vous contre moi.
[146] Pour: ce me semble.
[147] Monnaie valant deux deniers.
[148] Pour: pimpante et bien vêtue. Voyez plus haut.
[149] Terme emprunté aux soins de propreté que l'on prend des chevaux en les nettoyant et les lustrant avec un bouchon de paille. Les commentateurs ont vu ici un diminutif du mot bouche.
[150] Pour: fond d'un couvent.
[151] Pour: a profité de la fraîcheur de la nuit. Vers obscur, expression impropre.
[152] Pour: par soi-même.
[153] Pour: forcer les jeunes gens de se ranger. Archaïsme des plus énergiques.
[154] Emploi du verbe faire que nous avons déjà signalé. Ce vers signifie: en étant indulgents pour eux nous agissons contre eux. Phrase aussi languissante que le vers du Molière est élégant et simple.
[155] Anne d'Autriche, fille aînée de Philippe III, roi d'Espagne, femme de Louis XIII, mère de Louis XIV, morte le 20 janvier 1666.
[156] Pour: souffrir longtemps. Expression énergique, aujourd'hui perdue.
[157] Pour: invention de calembours grotesques et de lazzi; de tire-lupin, qui tire des pois chiches, ou lupins, d'un sac. Bouffons des anciennes farces.
[158] Pour: on le juge plaisant, agréable.
[159] Molière lui-même.
[160] Du théâtre de Molière. Voyez la préface de Don Garcie de Navarre.
[161] Mot inventé par Molière, conforme à l'analogie, et que l'on n'a plus employé.
[162] Mot introduit par les précieuses; du latin, obscenitas; une femme du monde ne l'emploierait plus aujourd'hui, à cause de son énergie même.
[163] Pour: il ne veut pas omettre d'entrer. Excellente expression empruntée aux Italiens (lasciar di dire). Expression que nous avons perdue, et qui ne peut se remplacer.
[164] Pour: gens comme il faut. Cette acception s'est conservée jusqu'au milieu du XVIIIe siècle.
[165] Pour: suffisante. Voyez plus haut, tome Ier, page 255, note cinquième.
[166] Pour: à côté de qui j'étais. Archaïsme passé de mode.
[167] Pour: pudeur.
[168] Pour: au moyen de quelque chose.
[169] Mot inventé par la précieuse Climène.
[170] Les comédiens de l'hôtel de Bourgogne, alors délaissés.
[171] Pour: personnage ridicule. Mot qui, sans le substantif, ne s'emploie plus aujourd'hui qu'au neutre.
[172] Pour: de doucereux. La règle des pronoms partitifs n'était pas encore fixée.
[173] Projectiles employés en maintes circonstances par le public mécontent.
[174] Pour: cède le pas. Le est neutre, comme dans: vous le payerez.
[175] Mot inventé par une précieuse, madame de Mauny, et qui est resté dans la langue.
[176] Dentelles qui coûtaient fort cher.
[177] Pour: couvert de rouille. Mot composé par Molière, maintenant inusité, et très-expressif.
[178] Pour: jusqu'à. Archaïsme plus expressif que la tournure moderne.
[179] Pour: prétendue. Mot qui a changé de sens, comme beaucoup d'autres: coquette, prude, par exemple.
[180] Pour: il n'a pas souci que. Le sens de ce mot a changé.
[181] The Rehearsal.
[182] Pour: me donner la rage. Mot dont le sens s'est affaibli depuis le XVIIe siècle.
[183] Les comédiens de l'hôtel de Bourgogne. Voyez plus haut, p. 216.
[184] Le mardi, le vendredi et le dimanche. Les deux troupes jouaient simultanément et à la même heure.
[185] Pour: à une comédie. Nuance archaïque que nous avons perdue. Molière n'a pas seulement l'idée passagère d'une comédie, elle est pour lui tout un rêve.
[186] Se mêler d'une chose.
[187] Monfleury, dont l'abdomen était immense, et que Molière va parodier tout à l'heure.
[188] Pour: chargé de tripes. Mot burlesque créé par Molière à la façon de Rabelais.
[189] Pour: j'en ai reconnu quelques-uns là. Ellipse trop forte.
[190] Pour: mignarde, faisant des façons. Mot excellent devenu vulgaire.
[191] Pour: médire avec douceur, prêter de mauvaises actions à son prochain, sans doute par charité. Proverbe par antiphrase, d'une signification très-malicieuse.
[192] Pour: comment va-t-il de votre santé? Expression impersonnelle, comme il y en a beaucoup chez Molière et dans le vieux style.
[193] Pour: Il n'y a rien à craindre de moi. Expression évidemment ambiguë.
[194] Probablement sur son banquier.
[195] Au lieu de: ce sont proprement des fantômes. Transposition archaïque beaucoup plus expressive que la tournure moderne.
[196] Au lieu de: qu'il fasse et quoi qu'il dise. Sens archaïque difficile à comprendre aujourd'hui.
[197] Pour: que vous employiez le fard et la céruse.
[198] Pour: les idées prises de Molière sont tout ce qu'il y a d'agréable. Inversion d'une extrême hardiesse.
[199] Pour: homme qui fait le nécessaire, l'important.
[200] Pour: le chapeau sur votre tête. Ellipse archaïque et bourgeoise.
[201] Imité de Rabelais, Pantagruel, liv. III, c. IX.
[202] Pour: personne recherchée en mariage. Mot qui a changé d'acception.
[203] Voyez plus haut, tome Ier, p. 268, note troisième.
[204] Pour: ignorant de; du latin, ignarus.
[205] Les passages placés entre deux crochets appartiennent à l'édition de 1682.
[206] Tu erres par tout le ciel (Macrobe); tu te trompes de route (Térence). Proverbes latins.
[207] Des poings, des pieds, des ongles et du bec.
[208] Voyez plus haut, p. 21, note deuxième.
[209] Que le vide existe dans la nature.
[210] Pour: l'indication et le miroir de l'âme.
[211] Secret; du latin, arcanum.
[212] Argumenter; du latin, ratiocinari.
[213] Dans l'un et l'autre droit, le droit civil et le droit canon
[214] Par tous les modes et cas.
[215] Superlativement.
[216] Interprétation des rêves.
[217] Mesure du monde.
[218] Divination par les miroirs.
[219] Interprétation des météores.
[220] Divination par physionomie.
[221] Divination par l'inspection de la main.
[222] Divination par l'inspection du sol.
[223] Voyez, tome Ier, la Jalousie du barbouillé, où se trouve l'ébauche de cette scène.
[224] Imité de Rabelais, Pantagruel, liv. III, c. XXX.
[225] Pour: pièce de monnaie portant une croix.
[226] Imitation de Rabelais, Pantagruel, liv. III, c. XXX.
[227] Lycante est le même personnage qui est appelé Alcidas dans la comédie; c'est le fils d'Alcantor et le frère de Dorimène.
[228] Il ne reste des demandes de Sganarelle au magicien que ce qu'on appelle, en termes de théâtre, les répliques. (L'éditeur de 1664.)
[229] Probablement la célèbre Bergerotti, cantatrice célèbre de l'époque.
[230] Probablement Tagliavacca, célèbre chanteur de l'époque.
[231] «Tu me tiens pour aveugle, Bélise; mais je vois bien tes rigueurs, et ton dédain est chose si claire, que les aveugles le verroient. »Si mon amour est bien grand, ma douleur n'est pas moindre. Celle-ci peut s'endormir, l'autre reste toujours éveillé. »Tes faveurs, Bélise, je saurai les garder secrètes; quant à mes douleurs je ne saurois en faire ce que je veux.»
[232] Pour: des charmes destinés à me faire. Ellipse archaïque d'un excellent effet.
[233] Phrase à peine intelligible. Un effet des vœux ne peut être couvert d'un désir. La version donnée, par d'autres éditions: en effet, est plus barbare encore. Euryale veut de qu'il couvre son amour du désir de se montrer aux jeux.
[234] Pour: défigurer. Voyez plus haut, tome Ier, page 286, note.
[235] Pour: j'avais quitté ma couche. C'est une licence plutôt qu'un archaïsme.
[236] Voyez plus haut, tome Ier, page 209, note deuxième.
[237] Allusion à la création du palais et du jardin de Versailles.
[238] Le dessein de l'auteur étoit de traiter ainsi toute la comédie. Mais un commandement du roi, qui pressa cette affaire, l'obligea d'achever tout le reste en prose, et de passer légèrement sur plusieurs scènes, qu'il auroit étendues davantage s'il avoit eu plus de loisir. (Note de Molière.)
[239] Archaïsme populaire. On dit aujourd'hui: faire le drôle.
[240] Pour: cependant. Archaïsme hors d'usage.
[241] Pour: ne vous découragez pas.
[242] Proverbe populaire espagnol, qui équivaut au vers célèbre de Voltaire:
[243] Pour s'enfuir. Archaïsme populaire. Voyez tome Ier, p. 165, note.
[244] Pour: fonder votre opinion. Ce mot ne se prend plus dans l'acception neutre.