Petit histoire des grandes rois de Angleterre
Avant la présent souveraine
Ceux qu'on a vus ils étaient morts,
Et l'on pouvait dire sans gêne
S'ils ont été bons ou butors.
Mais Edouard Sept il est en vie,
Oh! très en vie à cet moment,
Et, pour jamais qu'on ne l'oublie,
J'ai mis son binette plus grand.
Car si d'oun monarque bien morte
On peut dire tout ce qu'on veut,
Il est proudent que d'autre sorte
On parle d'oun roi qui se meut.
C'est ce que la peuple grenouille
Un jour il apprit sous les eaux;
Du moins, Esope il en bredouille
Dans oun de ses beaux fabliaux.
Car si vous mettez le critique
Sous la nez d'oun prince vivant,
Le chose tant beaucoup le pique
Qu'il se fâche et saute en avant.
Alors, sous le fureur royale
L'improudent est vite perdu;
On vous le lance comme oun balle
Au bout d'oun cordeau de pendu.
Tenez! en parlant de Sans-Terre
J'ai dit qu'il était oun crapaud.
Bien! si d'Edouard cet mot grossière
J'allais souffler, gare à ma peau!
D'oun bout à l'autre de la ville
Ce ne serait que cris de mort;
Chacun il se croirait utile
En me faisant oun mauvais sort,
Les grands de le magistrature
Ils me prononceraient oun gueux,
Et même le cléricature
Il ne me traiterait pas mieux.
Oun animal de ce faconde,
Dirait-on, il faut accrocher,
Car vérité le plus profonde
Parfois il faut savoir cacher.
Et, quand du haut d'oune potence
Mon corps il se balancerait,
C'est à qui plus fort en cadence
"God save the King!" il chanterait.
Bien! Toute crainte je défie,
Et je le fais en... défiant;
Car jamais roi pendant son vie
Ne fut plus qu'Edouard édifiant.
Dear, me! mon seule inquiétude
Est—tenez cela pour compté!—
De ne pouvoir en cette étude
Rendre joustice à son bonté.
Fils de Victoria Première,
Grand reine que l'on pleure encor,
Il est en tout son héritière
Même jusque dans sa cœur d'or;
Et, tandis qu'avec grand sagesse
Sur sa peuple il règne aujourd'hui,
Cet-ci de plus en plus engraisse,
Devient rougeaud, brille et reluit.
Si tant que point je ne redoute
Pour la dit peuple aucun malheur,
Excepté... peut-être la goutte,
Très noble mal de haut seigneur,
Et cet autre, l'apoplexie,
Que ne connait point la quêteux.
Et voilà comment j'apprécie
Les bienfaits de cet règne heureux,
Oh, dear! oh, dear! D'Edouard vivante
Pourquoi craindrais je de parler?
Ce que je dis est mot courante,
Et rien je ne puis dévoiler
Qui ne soit oun parfait hommaige
A le bonté de notre Roi,
A son savoir, à sa couraige,
A sa... Well! Well!... à sa tout, quoi!
Don't fear! Edouard est oun monarque
Qui savé gouverner très bien,
Et... sous son œil l'anglaise barque
Oh, tenez!... je ne dis plus rien.