Supercheries littéraires : $b pastiches, suppositions d'auteurs dans les lettres et dans les arts
REMARQUES.
Page 9.
F. A. Wolff. De l'Origine des Epopées Homériques.
L'académicien Ste. Croix a publié en 1798, une "Réfutation du Paradoxe littéraire de Fred. Aug. Wolff, sur les poésies d'Homère." Il affirme, dans cette brochure de 60 pages, que l'usage de l'écriture précéda chez les Grecs, la guerre de Troie, de plus de trois siècles; que l'Iliade et l'Odyssée furent écrits dès l'origine; que l'unité d'action et la gradation d'intérêt, sont sensibles, et prouvent l'intégrité de l'un et de l'autre poème; enfin, que les plus célèbres critiques de l'antiquité n'ont pas hésité à attribuer ces œuvres à Homère.
Page 12.
Pastiche de Cicéron par Dion.
Dans le No. du mois d'avril 1818, de l'Hermes Romanus, page 1320, on trouve une notice sommaire des étranges discussions dont les œuvres oratoires de Cicéron ont été l'objet, chez les Anglais et les Allemands, durant les vingt premières années de ce siècle.
M. Guillaume Duvair a composé une assez curieuse Anti-Milonienne en français.
Page 13.
Les réflexions de M. Van de Weyer ont une grande conformité avec celles du vieux A. Baillet, dans son "Traité des auteurs déguisés," et avec celles de J. Christ. Mylius, dans la préface de sa "Bibliotheca Anonymorum," etc., Hambourg, 1740.
Page 16.
Correspondance de St Paul et de Sénèque.
L'antiquité nous a légué des doutes, en assez grand nombre, sur ce qui regarde ces sortes de pastiches. Elle possédait les lettres de Cornélie, la mère des Gracchi, dont Cicéron faisait grand cas, comme on le voit dans le Brutus.
Il s'est trouvé naturellement des savants Allemands pour contester l'authenticité de celles de ces lettres que nous avons encore, et d'autres savants pour les défendre.
Victor Cucheval dans son "Histoire de l'Éloquence Latine," cite deux de ces lettres, œuvre de Cornélie, dit-il, ou de quelque déclamateur ancien.
Le même écrivain démontre aussi qu'on ne saurait trop répéter qu'il faut résolument regarder comme pastiches, toutes les harangues que Tite-Live et les autres historiens placent dans la bouche des rois, des consuls, des sénateurs, et des tribuns, avant l'époque de Caton l'ancien. Ce ne sont que de véritables exercices de rhéteurs, qui ne reposent sur aucun document authentique.
Ce n'est qu'à partir de Caton que l'art oratoire a ses monuments vrais, soit par fragments, soit complets.
Page 19.
Hermès Trismégiste.
L'Histoire de la Philosophie Hermétique (3 vol. 12º) nous dit qu'il y eut au moins deux Hermès, Mercure, ou Thot, tous deux rois d'Egypte, le premier fils d'Osiris et d'Isis, nommé Athotis, le second, Siphoas, qui vivait environ 800 après Athotis, et 1900 avant l'ère chrétienne. A cause de sa science extraordinaire, il fut surnommé le second Thot. Les Grecs le connurent sous le nom de Hermès ou Mercure Trismégiste, c'est à dire Très Grand.
C'est celui-ci auquel on attribuait, dans les premiers siècles du christianisme, tous les ouvrages que l'on écrivait sur les sciences.
Page 26.
Pervigilium Veneris.
Il y a peu de pièce ancienne de vers, qui nous soit parvenue d'une manière plus incorrecte que celle-ci, et les nombreuses variantes et explications des commentateurs sont sans fin. Aussi ce poème qui n'a pas cent vers, a-t-il donné lieu à une édition Variorum de 208 pages, et un index des auteurs cités, comprenant deux cent quatre-vingt-dix noms!
Page 28.
Le P. Hardouin.
Le savant pyrrhonisme de cet écrivain a suscité au dogme classique qu'il attaquait, de nombreux et ardents défenseurs. Ce fut une véritable réaction, et Burmann se vit bientôt le chef d'un parti qui pouvait prendre pour mot d'ordre, "Réhabilitation de l'Antiquité."
En parlant des folles visions de Hardouin, on ne peut manquer de signaler un Belge contemporain, Peerlkamp, qui déclare interpolé et apocryphe, le tiers environ des vers que dix-huit siècles avaient admis comme d'Horace. Ce même écrivain que Sainte Beuve appelle l'ingénieux, l'osé, le téméraire en conjectures, enlève aussi à Virgile non seulement des vers çà et là, mais des épisodes tout entières. Voir tome onze des Nouveaux Lundis.
Page 34.
La Philomèle d'Ovide.
Ch. Nodier publia ce poème en 1828, avec la grotesque version de Marolles, et il adopta sur son auteur, l'opinion de Wernsdorff, lequel veut que ce soit l'ouvrage d'un Albius Ovidius Juventinus.
Page 39.
Au sujet d'Astruc, disons que son livre, ayant pour titre "Conjectures sur les Mémoires originaux dont Moïse s'est servi pour la Composition de la Genèse," peut donner lieu à une quasi-mystification, vu que ce titre alléchant se réduit à soutenir la thèse, que des écrivains antérieurs à Moïse lui ont fourni des documents historiques sur les temps voisins de la création. Quant à ces chroniqueurs primitifs, il n'en désigne aucun, et pour cause. Il ne traite pas non plus, la question de l'invention de l'écriture. On s'attendrait à une plus piquante révélation.
Page 41.
Annius de Viterbe.
Quoiqu'on ait accusé ce fameux Jacobin d'imposture littéraire, on a quelquefois outré les choses, comme Pineda, le Père André Schot et Goropius, qui l'ont traité de la manière du monde la plus indigne et la plus passionnée. Notre siècle paraît être un peu mieux disposé à son égard, comme le montrent quelques passages de l'ouvrage de Salverte, sur les noms d'hommes, de peuples et de lieux.
Dans la note A. du 1er volume se trouve une dissertation de 63 pages sur le degré probable d'authenticité du recueil publié par Annius de Viterbe.
On dit qu'Annius fut empoisonné en 1502 par le Duc de Valentinois. Il avait été fort attaché au Pape Alexandre VI, mais il eut le malheur, la dernière année de sa vie, de s'attirer l'inimitié de Borgia, en disant quelquefois à ce prince, des vérités qui ne lui faisaient pas plaisir.
On trouve sur Annius des détails, que ne donne pas Bayle, dans "Fragments d'histoire et de littérature," un volume in 12º, la Haye, A. Moetiens, 1706.
M. F. Lenormant vient de publier à Paris un "Essai de Commentaire des Fragments de Bérose," où entr'autres recherches très curieuses, on trouve des renseignements sur les Bibliothèques de Ninive, dont les livres étaient une collection de briques, et les parchemins, des surfaces de terre cuite.
Page 50.
Boxhorn.
Dans l'édition complète des Carmina Michaelis Hospitalii, d'Amsterdam 1732, l'éditeur s'égaie un peu dans la préface sur la méprise du savant belge Boxhornius, et il en transcrit le commentaire qui a pour titre, "Ad satyram anonymi de Lite, animadversiones." Ce sont trois pages assez plaisantes.
Page 53.
Quicherat.
Ce savant académicien a fait plus tard, amende honorable au sujet des deux ou trois imprudentes citations qui accusaient un excès de déférence pour les témérités de Wernsdorff.
Quicherat fit insérer en Septembre 1869, dans le Journal de l'Instruction Publique, un article très développé sur le prétendu fragment du poète Turnus, qui avait mis, disait-il, sa critique en défaut.
Page 52.
Burmann.
Il y a deux savants de ce nom, que de graves auteurs ont confondus. Il est vrai que l'oncle et le neveu, homonymes en tous sens, paraissent avoir résolu d'embarrasser la postérité, par la conformité de leurs travaux.
Page 70.
Pétrone.
L'on publia en 1687 une traduction de ce poète-romancier, dans laquelle le traducteur trouva le secret d'en faire un écrivain grave et un philosophe austère, qui peut même être lu par les dévotes dans leurs moments de délassement. Cela rappelle qu'il y a peu de temps, on publia en Angleterre une traduction de l'âne d'or, pour les dames.
Page 86.
La Guerre de Genève.
Voltaire publia un cinquième chant; mais il ne fit jamais le sixième.
Voici un autre extrait du pastiche de Cazotte, qui aurait dû ouvrir de suite, les yeux du public:
C'est ce passage qui fit qu'un homme de lettres s'écria: "Voyez, comme le grand homme ne craint pas de plaisanter de lui-même!" Cazotte était présent et entendit ce propos.
Page 97.
Marie Stuart et M. Mignet.
On peut consulter avec fruit sur cette malheureuse reine:
1º Histoire de Marie Stuart, avec pièces justificatives et remarques, (par Fréron et de Marsy). 2 vol. in 12º, Londres, 1742.
2º Histoire de Marie Stuart, décapitée à Londres le 18 Février 1587, rédigée sur des pièces originales, par Mercier de Compiègne. 1795, 2 parties en un volume in 8º, figures.
3º De Maria Stuarta conscripsit P. Ad. Chéruel. Rotomagi, 1849, in 8º.
4º Mémoires de Melvil.
Il était le ministre et l'ami de la reine d'Ecosse, et ses mémoires sont un des plus précieux monuments historiques de ce règne.
5º The Castles, Palaces, and Prisons of Mary of Scotland, by Charles Mackie. London, 1849, un fort volume, gr. in 8º, avec de nombreuses gravures.
Il est curieux d'observer qu'Edouard-Marie-Oettinger, dans son grand ouvrage de 2137 pages: "Bibliographie Biographique Universelle, etc.," ait oublié de faire mention des ouvrages relatifs à Marie Stuart.
Page 103.
Charles Brunet, par erreur, à l'article Clotilde, date ainsi la première édition de ses poésies: "Paris, an IX (1803);" mais il y a là sans doute une faute d'impression. Au lieu de an IX, il fallait an XI, année qui correspond à 1803.
Il y a un article assez curieux sur le Journal Littéraire de Lausanne, dans le 3me volume, page 91, des Soirées Littéraires de Coupé.
Page 146.
Arrêt du Parlement de Grenoble.
Arrêt, rendu le 13 Février 1637, en faveur de la Dame d'Aiguemère, sur la naissance d'un sien fils, arrivée quatre ans après l'absence de son mari, et sans avoir eu connaissance d'aucun homme;
Soutenant la dite Dame qu'encore que véritablement le sieur d'Aiguemère n'ait été de retour d'Allemagne, et ne l'ait vue ni connue depuis quatre ans, néanmoins la vérité est telle que, s'étant imaginé en songe, la personne et l'attouchement du sieur d'Aiguemère, elle reçut les mêmes sentiments de conception et de grossesse qu'elle eut pu recevoir en sa présence.
Vu en la dite Cour les attestations, avis et raisons de plusieurs médecins de Montpellier, sages-femmes, matrones, et autres personnes de qualité, sur la possibilité et la réalité des faits que dessus;
Informations faites à la requête du Procureur-Général;
Tout considéré;
La Cour ordonne que l'enfant dont est question, sera déclaré fils légitime et vrai héritier du sieur d'Aiguemère;
Condamne les sieurs de la Forge et de Bourg-le-Mont, appelans et demandeurs, à tenir la dite Dame d'Aiguemère, pour femme de bien et d'honneur, dont ils lui donneront acte, après la signification du présent, etc.
(Guy Pape, annoté par Chorier.)
A l'époque de ce jugement, plusieurs savants argumentèrent sur la puissance de l'imagination, croyant à l'arrêt et au fait qu'il avait établi.
Page 148.
La Guzla, Chants Illyriques.
Le pasticheur a pris toutes les précautions pour cacher sa supercherie. En tête de la notice sur la vie imaginaire d'Hyacinthe Maglanovich, est placée une gravure du barde slave qui joue de la Guzla, espèce de guitare n'ayant qu'une seule corde. Puis il nous apprend qu'il est Italien et sa mère une Morlaque; qu'il a traduit ces chants de la Dalmatie, de la Bosnie, et de la Croatie, en français, parce qu'il est habitué à considérer la France comme sa patrie; enfin il entremêle ses compositions, de ballades dont les sujets sont pris dans les ouvrages où il est question de véritables poésies illyriques. Ce livre, malgré son succès, est tombé dans l'oubli, quoique très bien fait, et on le trouve difficilement.
Nous avons dit que c'était, vers cette époque, un véritable cacothymie, de composer des pastiches. Des professeurs d'histoire, même à l'Académie de Paris, s'en mêlaient.
M. Auguste Trognon publia "l'Histoire admirable du Franc Harderad et de la vierge Aurélia, Légende du 7me siècle, retrouvée en 1800 à Aurillac et traduite par un amateur d'antiquités françaises."
Ce livre ayant été très bien accueilli du public, l'auteur donna peu de temps après: "Le Livre des Gestes du Roi Childebert III., Chronique du 8me siècle; découvert à l'abbaye de Saint Julien, à Brioude."
Ce pastiche-ci, qui est bien fait, était difficile, car une douzaine de lignes nous restent à peine dans toute la collection des savants Bénédictins, sur les Rois Fainéants et leur présence aux assemblées du Champ-de-Mai.
Les deux ouvrages sont devenus assez rares.
Page 152.
Sanchoniaton.
Court de Gebelin, dans ses Allégories Orientales ou Fragments de Sanchoniaton, Paris, 1773, in 4º, donne un abrégé de ce que l'on sait sur cet auteur phénicien, et cite les ouvrages des savants qui sont d'opinion qu'il n'exista jamais, ainsi que de ceux qui croient authentique son histoire.
Page 162.
Simonidès.
On trouve dans les Principia Typographica de M. Sotherby, 3 vol., in folº, Londres, 1858, un récit détaillé des supercheries de ce Grec, dans le 2me vol. page 118.
A la page 133, est l'historique des lettres supposées de Byron, de Shelley et de Keats.
Page 190.
Fin de la Première Section.
Au nombre des auteurs qui ont fait mention de suppositions d'auteur, aucun, à notre connaissance, n'a parlé de l'ouvrage du savant Père Ménestrier, intitulé "Bibliothèque Curieuse et Instructive de divers ouvrages anciens et modernes, de Littérature et des Arts." (2 vol. in 12º, à Trévoux, 1706.)
Il renferme pourtant un chapitre sur notre sujet, et comme c'est un ouvrage peu connu, en voici un extrait:
"Il y a des livres supposés qui n'ont jamais été, ou attribués à d'autres qu'à leurs véritables auteurs. Ainsi au bout des ouvrages de Saint Augustin, on ajoute divers ouvrages qui lui ont été faussement attribués. On a fait la même chose à la fin des ouvrages de Saint Ambroise et d'autres Pères, ce qui est arrivé par l'inadvertance des copistes, avant l'invention de l'imprimerie.
"Les anciens moines assemblaient pour leur usage, en un corps, divers traités et ouvrages, sans distinguer les auteurs, ce que les savants s'efforcent de faire aujourd'hui, par la différence des styles, et d'après divers anachronismes et citations," etc.
Page 195.
Voiture (Note 1).
Cette anecdote sur Voiture, est loin d'être un fait singulier dans l'histoire littéraire. Il n'est pas extraordinaire qu'une chose nous demeure dans l'esprit, et que l'auteur de cette chose s'efface de notre mémoire. Ménage dans son "Anti-Baillet" rapporte que Racan lui avait souvent raconté qu'étant en garnison à Calais en 1608, à l'âge de 19 ans, il composa quelques vers sur la crainte de la mort. Quelque temps après, se trouvant à Paris, il récita ces vers à un de ses amis qui lui dit qu'il ne donnait point dans ce panneau, et que ces vers étaient pris dans "Les tablettes de la vie et de la mort," par le poète Mathieu. Or Racan jure qu'il n'avait jamais vu ce livre.
Ménage ajoute qu'il avait aussi ouï dire à Corneille qu'il avait écrit ces deux vers célèbres de son Polyeucte:—
sans soupçonner le moins du monde qu'ils fussent de Godeau, Evêque de Vence, dans une ode au Cardinal de Richelieu, composée quinze ans avant le Polyeucte.
Leonardo Salviati, au premier livre de ses "Avertissements de la langue Italienne," affirme qu'un poète de son temps, qui n'avait jamais vu les sonnets du Cardinal Bembo, en avait fait de tous semblables.
Page 205.
Le Champfleury de Geoffrey Tory.
Rabelais n'a pas seulement imité, mais copié ce passage dans Geoffrey Tory. On lit textuellement dans son livre, imprimé au plus tard en 1529, "Despumons la verbocination latiale, et transfrétons la Sequane au crépuscule, puis déambulons par les quadrivies et platées de Lutèce, et comme vérisimiles amorabondes, captivons la bénévolence de l'omnigène et uniforme sexe féminin."
Peut-être était-ce une plaisanterie traditionnelle parmi les écoliers de l'Université de Paris.
L'âge d'or, pour le langage prétentieux, tiré du grec et du latin, fut en France, le règne de Henri II. et de Charles IX., et Ronsard le premier en introduisit l'usage à la Cour, où c'était la mode d'Hélisenner, de Pindariser et d'Homériser. Ceux qui ne savaient pas le grec, se rabattaient sur le latin. On avait mal au cérèbre; on avait les femores rompues, ou les crures enflées; on appelait sa maîtresse sa chère Entéléchie.
Page 206.
Giles Ménage.
Ce savant avait une mémoire qui tenait du prodige. Au sujet des plagiats, il disait, "Je me souviens fort bien de ce que j'ai prêté, mais je ne me souviens pas de ce que j'ai emprunté."
Page 236.
Poème de Lysis.
La brochure de 26 pages, qui contient ce poème, est devenue très rare. Il est divisé en trois chants, le 1er. est intitulé Sapho, le 2me. Corinne, et le 3me. Ismène.
A la suite, est la traduction de l'Hymne à Vénus, dont voici un extrait:—
On peut comparer ces vers, aux idées exprimées par Lucrèce, dans son invocation à Vénus.
Page 238.
Comte de Peyronnet en Prison.
Vigneul de Marville dans ses "Mêlanges de Littérature," tome i., p. 215, rapporte plusieurs exemples de prisonniers qui se sont consolés avec les Muses, de la perte de leur liberté. Coupé, dans ses "Soirées Littéraires" tome x., p. 103, a ajouté plusieurs autres exemples à cette liste, qu'il ne prolonge pas, dit-il, parce-qu'il finirait peut-être par faire aimer l'état de prisonnier.
Page 249.
The Dynamic of a Particle.
Cette brochure imprimée à Oxford en 1869, commence par une préface, raillerie très plaisante sur la géométrie. En voici un extrait:—
"It was a lovely autumn evening, and the glorious effects of chromatic aberration were beginning to show themselves in the atmosphere, as the earth revolved away from the great western luminary, when two lines might have been observed wending their weary way across a plane superficies. The elder of the two had, by long practice, acquired the art of lying evenly between his extreme points; but the younger, in her girlish impetuosity, was ever longing to diverge and become an hyperbola, or some such romantic and boundless curve. They had lived and loved; fate and the intervening superficies had hitherto kept them asunder; but this was no longer to be: a line had intersected them, making the two interior angles, on the same side of it, together less than two right angles. It was a moment never to be forgotten, and, as they journeyed on, a whisper thrilled along the superficies in isochronous waves of sound: Yes! we shall at length meet, if continually produced! (Jacobi's Course of Mathematics, chap. i.)
"We have commenced with the above quotation as a striking illustration of the advantage of introducing the human element into the hitherto barren region of mathematics.
"Who shall say what germ of romance yet unobserved, may not underlie the subject?
"Who can tell whether the Parallelogram, which, in our ignorance, we have defined and drawn, and the whole of whose properties we profess to know, may not be all the while panting for exterior angles, sympathetic with the interior, or sullenly repining at the fact that it cannot be inscribed in a circle?" &c.
Page 255.
Pastiches-Parodies de Chalons.
Ce n'est pas à tort que Quérard a qualifié ce savant Belge, d'effréné mystificateur.
Il serait difficile d'énumérer toutes ses plaisanteries en ce genre; nous ne ferons mention ici que d'une collection très peu connue en dehors de la Belgique, composée de cinq ou six petits traités Rabelaisiens, publiée en 1857, à Bruxelles chez Decq, sous le titre de Œuvres philosophiques, médicales, posthumes, humanitaires, et complettes du Docteur Cloetboom.
Le traité de Boutonistique fut probablement suggéré à M. Chalons par une dissertation publiée en 1842 par la Société de Bibliophiles de Reims, sous le titre de "Histoire Chronologique, Pathologique, Économique, Artistique, Soporifique, et Melliflue, du très noble, très excellent et très vertueux pain d'épice de Reims."
Le célèbre Grosley, mort en 1785, avait donné l'élan, par ses Mémoires de l'Académie de Troyes en Champagne, à ces dissertations, réflexions et mémoires sur des sujets ridicules ou puériles, satire ingénieuse, spirituelle et ironique, de la gravité souvent burlesque, avec laquelle des académies plus célèbres discutent sur des questions souvent aussi peu importantes que celles qui occupa l'Académie de Troyes.
Page 257.
Sonnet de Trissotin.
M. A. Millaud à Bélise.
Page 258.
Suppléments d'Homère.
Nous n'avons pas cité les poèmes du Crétois Dictys, et du Phrygien Darès (qu'on suppose avoir été retrouvés, l'un à l'époque d'Auguste, l'autre au temps de Néron), parceque ces ouvrages, fabriqués au 3me ou 4me siècle, ne sont point des continuations d'Homère. Le faux Darès s'éloigne encore plus que le faux Dictys, des légendes grecques, sur la guerre de Troie. Chacun de ces poèmes est la contre-partie de l'autre. D'un côté c'est le Grec qui parle, de l'autre, c'est le Troyen.
On a publié anciennement, comme étant de Cornélius Népos, et traduction de Darès le Phrygien, un poème latin en 6 chants, intitulé "De Bello Trojano," et un autre ouvrage en prose, aussi sur la prise de Troie; mais c'est une erreur que Schœll a relevée dans son Histoire de la Littérature Romaine.
Ce sont les œuvres du moine anglais Joseph Iscanus, ou Devonius, c'est à dire du Devonshire, qui les composa vers la fin du 12me siècle.
Dictys, Darès et Iscanus ont été publiés réunis, en 1762, à Amsterdam.
Page 274.
Continuations de Romans.
Miguel Cervantes avait publié son histoire de Don Quichotte en 1604, et en donna la seconde partie en 1615, ce qui n'empêcha pas Avellaneda (pseudonyme qu'on n'a point encore démasquée) de publier une suite aux deux premières sorties du Chevalier de la Manche, sous le titre de "Second Volume de l'ingénieux Hidalgo Don Quichotte."
Emile Chasles, dans son ouvrage sur Cervantes et ses œuvres, a rudement traité cette continuation d'Avellaneda, que Germond de Lavigne, dans sa traduction, a soutenu être au moins égale en mérite à l'original.
G. de Lavigne a publié aussi une traduction de la célèbre Célestine, roman resté longtemps inachevé, et qui eut plusieurs continuateurs oubliés aujourd'hui, à l'exception de Fernando de Rojas, qui sut si bien imiter le style de la première partie, que quelques-uns pensèrent qu'il était l'auteur de tout l'ouvrage, quoique son travail ne parut que plusieurs années plus tard.
Presque tous les romans espagnols de renom ont eu des suppléments. Un inconnu donna une continuation de Lazarille de Tormes, de Don Diego de Mendoza; un pseudonyme, Lujan de Sayavedra, composa une seconde partie de Guzman d'Alfarache, du vivant même de l'auteur, Mateo Aleman.
Page 286.
Faux Portrait de Montaigne.
Le nombre des soi-disants portraits historiques originaux est assez considérable. Un doute artistique intéressant, encore à éclaircir, est celui du portrait d'Albert Durer, peint par lui-même, en 1498.
Kugler veut que l'original soit dans la collection florentine Degli Uffizi, portrait présenté à Charles I. d'Angleterre, par la ville de Nuremberg, et vendu dans la collection de ce souverain, après sa décapitation.
Mais comme Philippe IV. d'Espagne fut un des principaux acheteurs à cette vente, on soutient que le portrait de Florence n'est qu'un replica de celui de la Galerie Royale de Madrid, véritable original.
Dans les Notes and Queries du 13 Avril 1872, No 224, 4me série, on trouve une curieuse anecdote sur le portrait de Chatterton, dont une copie, insérée par John Dix, alias John Ross, dans une édition de la vie de ce poète, publiée à Bristol, en 1837, fut réputée authentique jusqu'en 1857. Chatterton, comme Shakespeare, n'a pas laissé, l'image de ses traits, à la postérité.
Page 290.
Fausses Médailles.
Le lecteur a pu lire dans la première section, ce qui concerne Annius de Viterbe et ses antiquités de Bérose, de Manethon, etc. Ce savant s'occupait beaucoup aussi de numismatique. Ses ennemis ont prétendu qu'il falsifiait les médailles, ainsi que les textes anciens; qu'il faisait graver des inscriptions, les cachait dans les vignes, près de Viterbe, les déterrait ensuite et les portait en triomphe aux magistrats, leur faisant accroire que leur ville était beaucoup plus ancienne que Rome, puisque, d'après ces inscriptions, elle avait été bâtie par Isis et Osiris, deux mille ans avant Romulus.
(Soirées Littéraires de Coupé, tome vi., page 55.)
Page 296.
Comment discerner les Fausses Médailles.
Un excellent petit traité sur ce sujet, et sur les auteurs qui l'ont traité, est celui de M. de Montigny: "De la falsification des Médailles antiques et des Faussaires." Paris: J. Techener, 1845.
Les premières pièces fausses qui parurent, furent des médailles imaginaires.
Les plus habiles faussaires de monnaies romaines furent Jean Cavino et Alexandre Bassiano, connus sous le nom de Padouans, et associés vers 1540.
On indique dans ce traité, quels furent ceux qui s'acquirent le plus de renommée dans la falsification des médailles.
Le fameux Becker, mort à Hambourg, en 1830, non content d'imiter, inventa à plaisir. On a le catalogue de ces produits.
Page 292.
L'abbé Michel Fourmont.
Une note perdue du manuscrit, durant le tirage, sur les nombreuses supercheries littéraires de Fourmont, membre de l'Académie des Inscriptions, sous Louis XV., et professeur de Syriaque au Collège Royal, nous oblige à nous borner ici, à renvoyer les curieux à un long et intéressant article, sur ce célèbre faussaire (dans les Notes and Queries du 4 Mai 1872, page 368), dont Quérard a oublié de raconter l'histoire dans ses "Supercheries Littéraires."