Œuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
Paris, 2 janvier 1810.
A M. le comte Dejean, ministre de l'administration de la guerre.
Monsieur le comte Dejean, j'accepte votre démission; je regrette de ne plus vous compter parmi mes ministres. J'ai été satisfait de vos services; mais cinquante années d'expérience vous rendent nécessaire aux travaux que j'ai entrepris sur toutes mes frontières et que je suis encore dans l'intention d'accroître. Vous continuerez là à me donner des preuves de vos talens et de votre attachement à ma personne. Comptez toujours sur mon estime: cette lettre n'étant à autre fin, je prie Dieu, monsieur le comte Dejean, qu'il vous ait en sa sainte garde.
NAPOLÉON.
Paris, 5 janvier 1810.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège électoral du département de la Drôme.
Messieurs les députés du collège du département de la Drôme, j'agrée les sentimens que vous m'exprimez au nom de votre collège; je connais le bon esprit des citoyens de votre département et leur attachement à ma personne.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège électoral du département du Rhône.
Messieurs les députés du collège du département du Rhône, j'aime à vous entendre; il me semble être dans ma bonne ville de Lyon. Dans toutes les occasions, ses habitans se sont distingués par leur attachement à ma personne. Ils doivent compter constamment sur mon amour.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège électoral du département de Saône-et-Loire.
Messieurs les députes du collège du département de Saône-et-Loire, tout ce que le président de votre assemblée m'a dit sur le bon esprit qui y a régné, m'a fait plaisir; soyez unis entre vous et avec les villes voisines; il ne faut conserver le souvenir du passé, que pour connaître la grandeur du danger que la patrie a couru. La monarchie et le trône sont aussi nécessaires à l'existence et au bonheur de la France, que le soleil qui nous éclaire: sans eux tout est trouble, anarchie et confusion.
A celle de la Sarthe.
Messieurs les députés du collège du département de la Sarthe, je viendrai avec plaisir dans vos cités; je me félicite des bons sentimens qui les animent. C'est aux collèges à donner l'exemple de l'union. Tous les Français, de quelque classes qu'ils aient été, quelque conduite qu'ils aient tenue dans des temps de discorde et de guerre civile, sont également mes enfans.
Paris, 5 février 1810.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège électoral du département de la Dordogne.
Messieurs les députes du collège électoral du département de la Dordogne, moi et mon allié l'empereur de Russie, nous avons tout fait pour pacifier le monde, nous n'avons pu y réussir. Le roi de l'Angleterre, vieilli dans sa haine contre la France, veut la guerre... Son état l'empêche d'en sentir les maux pour le monde et d'en calculer les résultats pour sa famille. Toutefois la guerre doit avoir un terme, et alors nous serons plus grands, plus puissans et plus forts que nous n'avons jamais été. L'empire français a la vie de la jeunesse; il ne peut que croître et se consolider; celui de mes ennemis est à son arrière-raison; tout en présage la décroissance. Chaque année dont ils retarderont la paix du monde, ne fera qu'augmenter sa puissance.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège électoral du département du Doubs.
Messieurs les députés du collège du département du Doubs, j'ai eu souvent occasion de distinguer vos citoyens sur le champ d'honneur. Ce sera avec plaisir que je verrai vos campagnes; mais ma famille est devenue bien grande. Cependant j'irai vous voir quand le canal qui doit joindre le Rhin au Rhône passera par votre ville.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège électoral du département de l'Indre.
Messieurs les députés du collège du département de l'Indre, je vous remercie des sentimens que vous m'exprimez; je les mérite de mes peuples par la sollicitude que je porte constamment à tout ce qui les intéresse.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège électoral du département du Léman.
J'agrée vos sentimens; moi et ceux de mes descendans qui occuperont ce trône, nous protégerons toute religion fondée sur l'évangile, puisque toutes en prêchent la morale et en respirent la charité.
Ce n'est pas que je ne déplore l'ignorance et l'ambition de ceux qui, voulant, sous le masque de la religion, dominer sur l'univers et y lever des tributs à leur profit, ont donné un si précieux prétexte aux discordes qui ont divisé la famille chrétienne.
Ma doctrine comme mes principes sont invariables. Quelles que puissent être les clameurs du fanatisme et de l'ignorance, tolérance et protection pour toutes les religions chrétiennes, garantie et indépendance pour ma religion et celle de la majorité de mes peuples, contre les attentats des Grégoire, des Jules, des Boniface. En rétablissant en France, par un concordat, mes relations avec les papes, je n'ai entendu le faire que sous l'égide des quatre propositions de l'église gallicane, sans quoi j'aurais sacrifié l'honneur et l'indépendance de l'empire aux plus absurdes prétentions.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège électoral du département de la Loire-Inférieure.
Messieurs les députés du collège du département de la Loire-Inférieure, c'est en entrant dans vos murs que je reçus l'avis que des Français avaient rendu mes aigles sans combattre, et avaient préféré la vie et le déshonneur aux dangers et à la gloire. Il n'a fallu rien moins que l'expression des sentimens des citoyens de ma bonne ville de Nantes pour me rendre des momens de joie et de plaisir. J'ai éprouvé au milieu de vous ce qu'on éprouve au milieu de ses vrais amis: c'est vous dire combien ces sentimens sont profondément gravés dans mon coeur.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège électoral du département du Lot.
Messieurs les députés du collège du département du Lot, j'ai pensé à ce que vous me demandez; le Lot sera rendu navigable aussitôt que les canaux de l'Escaut au Rhin, du Rhin au Rhône, du Rhône à la Seine, et de la Rance à la Vilaine, seront terminés. Ce sera dans six ans. Je connais l'attachement de votre département a ma personne.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège électoral du département de la Roër.
Messieurs les députés du collège du département de la Roër, j'agrée vos sentimens. Votre pays est celui de Charlemagne; vous faites aujourd'hui, comme alors, partie du grand empire. J'apprends avec plaisir le bon esprit qui anime vos habitans. Je désire que ceux de vos concitoyens qui ont leurs enfans au service étranger, les rappellent en France. Un Français ne doit verser son sang que pour son prince et pour sa patrie.
Réponse de fa Majesté à la députation de la ville de Lyon, qui sollicitait la permission d'élever dans ses murs une statue à Napoléon.
J'approuve la délibération du conseil municipal. Je verrai avec plaisir une statue au milieu de ma bonne ville de Lyon; mais je désire qu'avant de travailler à ce monument, vous ayez fait disparaître toutes ces ruines, restes de nos malheureuses guerres civiles. J'apprends que déjà la place de Bellecour est rétablie. Ne commencez le piédestal que lorsque tout sera entièrement achevé.
Au palais des Tuileries, le 27 février 1810.
Message au sénat.
Sénateurs,
Nous avons fait partir pour Vienne, comme notre ambassadeur extraordinaire, notre cousin le prince de Neufchâtel, pour faire la demande de la main de l'archiduchesse Marie-Louise, fille de l'empereur d'Autriche.
Nous ordonnons à notre ministre des relations extérieures de vous communiquer les articles de la convention de mariage entre nous et l'archiduchesse Marie-Louise, laquelle a été conclue, signée et ratifiée.
Nous avons voulu contribuer éminemment au bonheur de la présente génération. Les ennemis du continent ont fondé leur prospérité sur ses dissensions et son déchirement. Ils ne pourront plus alimenter la guerre en nous supposant des projets incompatibles avec les liens et les devoirs de parenté que nous venons de contracter avec la maison impériale régnante en Autriche.
Les brillantes qualités qui distinguent l'archiduchesse Marie-Louise lui ont acquis l'amour des peuples de l'Autriche. Elles ont fixé nos regards. Nos peuples aimeront cette princesse pour l'amour de nous, jusqu'à ce que, témoins de toutes les vertus qui l'ont placée si haut dans notre pensée, ils l'aiment pour elle-même.
NAPOLÉON.
Au palais des Tuileries, 1er mars 1810.
Message de S. M. l'empereur et roi au sénat.
Sénateurs,
Les principes de l'empire s'opposant à ce que le sacerdoce soit réuni à aucune souveraineté temporelle, nous avons dû regarder comme non avenue la nomination que le Prince-Primat avait faite du cardinal Fesch pour son successeur. Ce prélat, si distingué par sa piété et par les vertus de son état, nous avait d'ailleurs fait connaître la répugnance qu'il avait à être distrait des soins et de l'administration de ses diocèses.
Nous avons voulu aussi reconnaître les grands services que le Prince-Primat nous a rendus, et les preuves multipliées que nous avons reçues de son amitié. Nous avons ajouté à l'étendue de ses états et nous les avons constitués sous le titre de grand duché de Francfort. Il en jouira jusqu'au moment marqué pour le terme d'une vie consacrée à faire le bien.
Nous avons en même temps voulu ne laisser aucune incertitude sur le sort de ses peuples, et nous avons en conséquence cédé à notre cher fils le prince Eugène-Napoléon, tous nos droits sur le grand-duché de Francfort. Nous l'avons appelé à posséder héréditairement cet état après le décès du Prince-Primat, et conformément à ce qui est établi dans les lettres d'investiture dont nous chargeons notre cousin le prince archichancelier de vous donner connaissance.
Il a été doux pour notre coeur de saisir cette occasion de donner un nouveau témoignage de notre estime et de notre tendre amitié à un jeune prince dont nous avons dirigé les premiers pas dans la carrière du gouvernement et des armes, qui, au milieu de tant de circonstances, ne nous a jamais donné aucun motif du moindre mécontentement. Il nous a, au contraire, secondé avec une prudence au-dessus de ce qu'on pouvait attendre de son âge, et dans ces derniers temps, il a montré, à la tête de nos armées, autant de bravoure que de connaissance de l'art de la guerre. Il convenait de le fixer d'une manière stable dans le haut rang où nous l'avons placé.
Élevé au grand duché de Francfort, nos peuples d'Italie ne seront pas pour cela privés de ses soins et de son administration; notre confiance en lui sera constante, comme les sentimens qu'il nous porte.
NAPOLÉON.
Paris, 4 mars 1810.
Réponse de Sa Majesté à une adresse du sénat.
Sénateurs,
Je suis touché des sentimens que vous m'exprimez. L'impératrice Marie-Louise sera pour les Français une tendre mère; elle fera ainsi mon bonheur. Je suis heureux d'avoir été appelé par la Providence à régner sur ce peuple affectueux et sensible, que j'ai trouvé dans toutes les circonstances de ma vie, si fidèle et si bon pour moi.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège électoral du département de l'Herault.
Ce que vous me dites au nom de votre département me fait plaisir. J'ai besoin de connaître le bien que mes sujets éprouvent; je ressens vivement leurs moindres maux, car ma véritable gloire, je l'ai placée dans le bonheur de la France.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège électoral du département de la Haute-Loire.
Messieurs les députés du collège du département de la Haute-Loire,
Je vous remercie des sentimens que vous m'exprimez. Si j'ai confiance dans ma force, c'est que j'en ai dans l'amour de mes peuples.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège électoral du département des Basses-Pyrénées.
J'agrée vos sentimens; j'ai parcouru l'année passée votre département avec intérêt.......... Si j'ai porté tant d'intérêt à fixer les destinées des Espagnes et à les lier, d'une manière immuable à l'empire, c'est surtout pour assurer la tranquillité de vos enfans.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du collège de Montenotte.
Messieurs les députés du collège du département de Montenotte,
Le nom que porte votre département réveille dans mon coeur bien des sentimens. Il me fait souvenir de tout ce que je dois de reconnaissance aux vieilles bandes de ma première armée d'Italie. Un bon nombre de ces intrépides soldats sont morts aux champs d'Egypte et d'Allemagne; un plus grand nombre, ou soutiennent encore l'honneur de mes aigles, ou vivent couverts de glorieuses cicatrices dans leurs foyers. Qu'ils soient l'objet de la considération et des soins de leurs concitoyens; c'est le meilleur moyen que mes peuples puissent choisir pour m'être agréable.
Je prends un intérêt spécial à votre pays; j'ai vu avec plaisir que les travaux que j'ai ordonnés pour l'amélioration de votre port, et pour ouvrir des communications avec le Piémont et la Provence, s'achèvent.
Paris, 4 avril 1810.
Réponse de Sa Majesté au discours du président du sénat, après le mariage de Napoléon.
Sénateurs,
Moi et l'impératrice, nous méritons les sentimens que vous nous exprimez, par l'amour que nous portons à nos peuples. Le bien de la France est notre premier besoin.
Réponse de Sa Majesté à l'adresse du sénat d'Italie.
Messieurs les députés du sénat de notre royaume d'Italie, Nos peuples d'Italie savent combien nous les aimons. Aussitôt que cela sera possible, moi et l'impératrice, nous voulons aller dans nos bonnes villes de Milan, de Venise et de Bologne, donner de nouveaux gages de notre amour à nos peuples d'Italie.
Réponse de Sa Majesté au discours du président du corps législatif.
Messieurs les députés des départemens au corps législatif, Les voeux que vous faites pour nous nous sont fort agréables. Vous allez bientôt retourner dans vos départemens; dites-leur que l'impératrice, bonne mère de ce grand peuple, partage tous nos sentimens pour lui. Nous et elle ne pouvons goûter de félicité qu'autant que nous sommes assurés de l'amour de la France.
Saint-Cloud, 3 juin 1810.
Lettre de l'empereur au ministre de la police générale.
Monsieur le duc d'Otrante, les services que vous nous avez rendus dans les différentes circonstances qui se sont présentées, nous portent à vous confier le gouvernement de Rome jusqu'à ce que nous ayons pourvu à l'exécution de l'article 8 de l'acte des constitutions du 17 février dernier. Nous avons déterminé par un décret spécial les pouvoirs extraordinaires dont les circonstances particulières où se trouvent ces départemens, exigent que vous soyez investi. Nous attendons que vous continuerez, dans ce nouveau poste, à nous donner des preuves de votre zèle pour notre service et de votre attachement à notre personne.
Cette lettre n'étant à d'autre fin, nous prions Dieu, mon duc d'Otrante, qu'il vous ait en sa sainte garde.
NAPOLÉON.
Paris, 3l juillet 1810.
Paroles de Napoléon au jeune duc de Berg, fils de Louis Bonaparte, après l'abdication faite par celui-ci de la couronne de Hollande.
Lorsque Napoléon eut reçu l'abdication de Louis, il fit venir le jeune prince son neveu, le tint long-temps embrassé et lui parla en ces termes:
«Venez, mon fils, lui a-t-il dit, je serai votre père, vous n'y perdrez rien.
La conduite de votre père afflige mon coeur; sa maladie seule peut l'expliquer. Quand vous serez grand, vous paierez sa dette et la vôtre. N'oubliez jamais, dans quelque position que vous placent ma politique et l'intérêt de mon empire, que vos premiers devoirs, même ceux envers les peuples que je pourrais vous confier, ne viennent qu'après.»
Paris, 15 août 1810.
Réponse de Napoléon à une députation du corps législatif batave, après l'abdication du roi Louis.
Messieurs les députés du corps législatif, des armées de terre et de mer de la Hollande, et Messieurs les députés de ma bonne ville d'Amsterdam, vous avez été depuis trente ans le jouet de bien des vicissitudes. Vous perdîtes votre liberté lorsqu'un des grands officiers de votre république, favorisé par l'Angleterre, fit intervenir les baïonnettes prussiennes aux délibérations de vos conseils: les constitutions politiques que vous teniez de vos pères furent déchirées et le furent pour toujours.
Lors de la première coalition, vous en fîtes partie. Par suite, les armées françaises conquirent votre pays, fatalité attachée à l'alliance de l'Angleterre.
Depuis la conquête, vous fûtes gouvernés par une administration particulière; mais votre république fit partie de l'empire. Vos places fortes et les principales positions de votre pays restèrent occupées par mes troupes. Votre administration changea au gré des opinions qui se succédèrent en France.
Lorsque la providence me fit monter sur le premier trône du monde, je dus, en fixant à jamais les destinées de la France, régler le sort de tous les peuples qui faisaient partie de l'empire, faire éprouver à tous les bienfaits de la stabilité et de l'ordre, et faire disparaître chez tous les maux de l'anarchie. Je terminai les incertitudes de l'Italie en plaçant sur ma tête la couronne de fer; je supprimai le gouvernement qui régissait le Piémont. Je traçai dans mon acte de médiation les constitutions de la Suisse, et conciliai les circonstances locales de ce pays, les souvenirs de son histoire, avec la sûreté et les droits de la couronne impériale.
Je vous donnai un prince de mon sang pour vous gouverner: c'était un lien naturel qui devait concilier les intérêts de votre administration et les droits de l'empire. Mes espérances ont été trompées. J'ai, dans cette circonstance, usé de plus de longanimité que ne comportaient mon caractère et mes droits. Enfin, je viens de mettre un terme à la douloureuse incertitude où vous vous trouviez, et de faire cesser une agonie qui achevait d'anéantir vos forces et vos ressources. Je viens d'ouvrir à votre industrie le continent. Le jour viendra où vous porterez mes aigles sur les mers qui ont illustré vos ancêtres. Vous vous y montrerez alors dignes d'eux et de moi. D'ici là, tous les changemens qui surviendront sur la face de l'Europe auront pour cause première le système tyrannique, aveugle et destructif de sa prospérité, qui a porté le gouvernement anglais à mettre le commerce hors de la loi commune, en le plaçant sous le régime arbitraire des licences.
Messieurs les députés du corps législatif, des armées de terre et de mer de la Hollande, et messieurs les députés de ma bonne ville d'Amsterdam, dites à mes sujets de Hollande que je suis satisfait des sentimens qu'ils me montrent, que je ne doute pas de leur fidélité; que je compte que leurs efforts se réuniront aux efforts de tous mes autres sujets, pour reconquérir les droits maritimes que cinq coalitions successives fomentées par l'Angleterre, ont fait perdre au continent. Dites-leur qu'ils peuvent compter, dans toutes les circonstances, sur ma spéciale protection.
Réponse de Napoléon à une députation des provinces Illyriennes.
Messieurs les députés de mes provinces Illyriennes, j'agrée vos sentimens. Je désire connaître les besoins de vos compatriotes et assurer leur bien-être.
Je mets du prix à vous savoir contens, et je serai heureux d'apprendre que les plaies de tant de guerres sont cicatrisées, et toutes vos pertes réparées.
Assurez mes sujets de l'Illyrie de ma protection impériale.
Fontainebleau, 13 novembre 1810.
Lettre de Sa majesté impériale et royale au président du sénat.
Monsieur le comte Garnier, président du sénat, la satisfaction que nous fait éprouver l'heureuse grossesse de l'impératrice, notre très-chère et bien aimée épouse, nous porte à vous écrire cette lettre pour que vous fassiez part, en notre nom, au sénat de cet événement aussi essentiel à notre bonheur, qu'à l'intérêt et à la politique de notre empire. La présente n'étant à autre fin, nous prions Dieu qu'il vous ait, monsieur le comte Garnier, président du sénat, en sa sainte et digne garde.
NAPOLÉON.
Paris, l0 décembre 1810.
Message de Sa Majesté impériale et royale au sénat.
Sénateurs,
J'ordonne à mon ministre des relations extérieures de vous faire connaître les différentes circonstances qui nécessitent la réunion de la Hollande à l'empire.
Les arrêts publiés par le consul britannique en 1806 et 1807, ont déchiré le droit public de l'Europe. Un nouvel ordre de choses régit l'univers; de nouvelles garanties m'étant devenues nécessaires, la réunion des embouchures de l'Escaut, de la Meuse, du Rhin, de l'Ems, du Wéser et de l'Elbe à l'empire, l'établissement d'une navigation intérieure avec la Baltique, m'ont paru être les premières et les plus importantes.
J'ai fait dresser le plan d'un canal qui sera exécuté avant cinq ans, et qui joindra la Baltique à la Seine.
Des indemnités seront données aux princes qui pourront se trouver froissés par cette grande mesure, que commande la nécessité, et qui appuie sur la Baltique la droite des frontières de mon empire.
Avant de prendre ces déterminations, j'ai fait pressentir l'Angleterre; elle a su que le seul moyen de maintenir l'indépendance de la Hollande était de rapporter ses arrêts du conseil de 1806 et 1807, ou de revenir enfin à des sentimens pacifiques; mais cette puissance a été sourde à la voix de de ses intérêts comme au cri de l'Europe.
J'espérais pouvoir établir un cartel d'échange des prisonniers entre la France et l'Angleterre, et par suite profiter du séjour des deux commissaires, à Paris et à Londres, pour arriver à un rapprochement entre les deux nations. Mes espérances ont été déçues. Je n'ai reconnu dans la manière de négocier du gouvernement anglais qu'astuce et que mauvaise foi.
La réunion du Valais est une conséquence prévue des immenses travaux que je fais faire depuis dix ans dans cette partie. Lors de mon acte de médiation, je séparai le Valais de la confédération helvétique, prévoyant dès-lors une mesure si utile à la France et à l'Italie.
Tant que la guerre durera avec l'Angleterre, le peuple français ne doit pas poser les armes.
Mes finances sont dans l'état le plus prospère. Je puis fournir à toutes les dépenses que nécessite cet immense empire, sans demander à mes peuples de nouveaux sacrifices.
NAPOLÉON.
Paris, 11 mars 1811.
Réponse de S. M. à différentes députations.
A la députation du département de Gènes.
«Mes peuples de Gènes connaissent la prédilection que j'ai eue pour eux dès le premier moment où j'ai paru à la tête de mes armées en Italie. Ils peuvent aussi se vanter avec raison de m'avoir été constamment fidèles, et leur attachement n'a fait qu'acquérir une nouvelle chaleur toutes les fois que la fortune de mes armes a été incertaine. Ils fournissent aujourd'hui un grand nombre de matelots à mes escadres, et lorsque mes amiraux m'ont rendu compte du zèle et du bon esprit qui les animaient, mon coeur en a été vivement ému.
Les momens ne sont pas éloignés où je vous mettrai à même de surpasser la gloire qu'ont acquise vos pères sur toutes les côtes de la Méditerranée.»
A la députation de Marengo.
«Je vous remercie de ce que vous me dites. Les grands travaux que, depuis dix-huit ans, je fais faire à Alexandrie, rendent cette ville l'une des plus fortes de l'Europe: je compte sur la fidélité et la bravoure de mes peuples de Marengo.»
A la députation de Tarn-et-Garonne.
«J'agrée vos-sentimens; j'en connais la sincérité. Lors de mon dernier voyage, j'ai été satisfait de tout ce que j'ai vu dans vos belles contrées, et spécialement dans ma bonne ville de Montauban. Comptez toujours sur mon affection.»
A la députation de la Vendée.
«Tout ce que vous me dites dans votre adresse, je l'ai éprouvé lors de mon dernier voyage dans votre pays. Le spectacle que m'ont offert vos villages, dix ans après la guerre, m'a paru horrible. J'ai fait la guerre dans les trois parties du, monde, Je crois avoir des droits à la reconnaissance des peuples que j'ai vaincus; car, six mois après la guerre terminée, il n'en restait plus de traces sur leur territoire. J'ai été touché des sentimens que mes peuples de la Vendée m'ont témoignés. Ils ont raison de compter sur l'amour que je leur porte. Faites disparaître promptement ces traces de nos malheurs domestiques. J'ai mis, cette année, à la disposition de mon ministre de l'intérieur de nouveaux moyens pour vous y aider. Lorsque vous relevez une ruine, que vous rebâtissez une de vos maisons, songez que vous faites la chose qui m'est le plus agréable; c'est une manière sûre de me plaire. La première fois que vous reviendrez ici, dites-moi que toutes vos villes et villages sont entièrement rebâtis, et que mes peuples de la Vendée sont logés comme le comporte la fertilité de leur sol.»
Paris, 17 mars 1811.
Réponse de l'empereur à une députation des villes de Hambourg, Lubeck et Brême.
«Messieurs les députés des villes anséatiques de Hambourg, Brême et Lubeck, vous faisiez partie de l'empire germanique: votre constitution a fini avec lui. Depuis ce temps votre situation était incertaine. Je voulais reconstituer vos villes sous une administration indépendante, lorsque les changemens qu'ont produits dans le monde les nouvelles lois du conseil britannique, ont rendu ce projet impraticable il m'a été impossible de vous donner une administration indépendante, puisque vous ne pouviez plus avoir un pavillon indépendant.
Les décrets de Berlin et de Milan sont la loi fondamentale de mon empire. Ils ne cessent d'avoir leur effet que pour les nations qui défendent leur souveraineté et maintiennent la religion de leur pavillon. L'Angleterre est en état de blocus pour les nations qui se soumettent aux arrêts de 1806, parce que les pavillons qui se sont ainsi soumis aux lois anglaises, sont dénationalisés; ils sont Anglais. Les nations, au contraire, qui ont le sentiment de leur dignité, et qui trouvent, dans leur courage et dans leurs forces, assez de ressources pour méconnaître le blocus par notification, vulgairement appelé blocus sur le papier, et aborder dans les ports de mon empire, autres que ceux réellement bloqués, en suivant l'usage reconnu et les stipulations du traité d'Utrecht, peuvent communiquer avec l'Angleterre, L'Angleterre n'est pas bloquée pour elles. Les décrets de Berlin et de Milan, dérivant de la nature des choses, formeront constamment le droit public de mon empire pendant tout le temps que l'Angleterre maintiendra ses arrêts de 1806 et 1807, et violera les stipulations du traité d'Utrecht sur cette matière. «L'Angleterre a pour principe de saisir les marchandises appartenant à son ennemi sous quelque pavillon qu'elles soient. L'empire a dû admettre le principe de saisir les marchandises anglaises ou provenant du commerce de l'Angleterre, sur quelque territoire que ce soit. L'Angleterre saisit les marchands, les voyageurs, les charretiers de la nation avec laquelle elle est en guerre sur toutes les mers. La France a dû saisir les voyageurs, les marchands, les charretiers anglais sur quelque point du continent qu'ils se trouvent et où elle peut les atteindre; et si dans ce système il y a quelque chose de peu conforme à l'esprit du siècle, c'est l'injustice des nouvelles lois anglaises qu'il faut en accuser.
Je me suis plu à entrer dans ces développemens avec vous, pour vous faire voir que votre réunion à l'empire est une suite nécessaire des lois britanniques de 1806 et 1807, et non l'effet d'aucun calcul ambitieux. Vous trouverez dans mes lois civiles une protection que, dans votre position maritime, vous ne sauriez plus trouver dans les lois politiques. Le commerce maritime, qui a fait votre prospérité, ne peut renaître désormais qu'avec ma puissance maritime. Il faut reconquérir à la fois les droits des nations, la liberté des mers et la paix générale. Quand j'aurai plus de cent vaisseaux de haut-bord, je soumettrai dans peu de campagnes l'Angleterre. Les matelots de vos côtes et les matériaux qui arrivent aux débouchés de vos rivières me sont nécessaires. La France, dans ses anciennes limites, ne pouvait construire une marine en temps de guerre: lorsque ses côtes étaient bloquées, elle était réduite à recevoir la loi. Aujourd'hui, par l'accroissement qu'a reçu mon empire depuis six ans, je puis construire, équiper et armer vingt-cinq vaisseaux de haut-bord par an, sans que l'état de guerre maritime puisse l'empêcher ou me retarder en rien.
Les comptes qui m'ont été rendus du bon esprit qui anime vos concitoyens, m'ont fait plaisir; et j'espère, avant peu, avoir à me louer du zèle et de la bravoure de vos matelots.»
Paris, 22 mars 1811.
Réponse de l'empereur à une députation du sénat et du conseil d'état, envoyée pour le féliciter sur la naissance de son fils le roi de Rome.
Au Sénat.
Sénateurs,
«Tout ce que la France me témoigne dans cette circonstance va droit à mon coeur. Les grandes destinées de mon fils s'accompliront. Avec l'amour des Français, tout lui deviendra facile.
J'agrée les sentimens que vous m'exprimez.»
Au conseil d'état.
Messieurs les conseillers d'état,
«J'ai ardemment désiré ce que la providence vient de m'accorder. Mon fils vivra pour le bonheur et la gloire de la France. Nos enfans se dévoueront pour son bonheur et sa gloire.
Je vous remercie des sentimens que vous m'exprimez.»
Saint-Cloud, 25 avril 1811.
Lettre de l'empereur aux évêques de France, pour les inviter à se rassembler en concile.
«Monsieur l'évêque de.....les églises les plus illustres et les plus populeuses de l'empire sont vacantes; une des parties contractantes du concordat l'a méconnu. La conduite que l'on a tenue en Allemagne depuis dix ans a presque détruit l'épiscopat dans cette partie de la chrétienté: il n'y a aujourd'hui que huit évêques; grand nombre de diocèses sont gouvernés par des vicaires apostoliques; on a troublé les chapitres dans le droit qu'ils ont de pourvoir, pendant la vacance du siège, à l'administration du diocèse, et l'on a ourdi des manoeuvres ténébreuses tendantes à exciter la discorde et la sédition parmi nos sujets. Les chapitres ont rejeté des brefs contraires à leurs droits et aux saints canons.
Cependant les années s'écoulent, de nouveaux évêchés viennent à vaquer tous les jours: s'il n'y était pourvu promptement, l'épiscopat s'éteindrait en France et en Italie comme en Allemagne. Voulant prévenir un état de choses si contraire au bien de notre religion, aux principes de l'église gallicane, et aux intérêts de l'état, nous avons résolu de réunir, au 9 juin prochain, dans l'église de Notre-Dame de Paris, tous les évêques de France et d'Italie en concile national.
Nous désirons donc qu'aussitôt que vous aurez reçu la présente, vous ayez à vous mettre en route, afin d'être arrivé dans notre bonne ville de Paris dans la première semaine du mois de juin.
Cette lettre n'étant à autre fin, nous prions Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.»
NAPOLÉON.
Rambouillet, 18 août 1811.
Lettre de l'empereur aux evêques.
«Monsieur l'évêque de........, la naissance du roi de Rome est une occasion solennelle de prières et de remercîmens envers l'auteur de tous biens. Le 9 juin, jour de la Trinité, nous irons nous-même le présenter au baptême dans l'église de Notre-Dame de Paris. Notre intention est que le même jour nos peuples se réunissent dans leurs églises pour assister au Te Deum, et joindre leurs prières et leurs voeux aux nôtres.
Concertez-vous à cet effet avec qui de droit, et remplissez nos intentions avec le zèle dont vous avez donné des preuves réitérées. Cette lettre n'étant à autre fin, nous prions Dieu, etc.»
NAPOLÉON.
Paris, 17 juin 1811.
Discours de l'empereur à l'ouverture du corps-législatif.
«Messieurs les députés des départemens au corps-législatif,
La paix conclue avec l'empire d'Autriche a été depuis cimentée par l'heureuse alliance que j'ai contractée: la naissance du roi de Rome a rempli mes voeux et satisfait à l'avenir de mes peuples.
Les affaires de la religion ont été trop souvent mêlées et sacrifiées aux intérêts d'un état du troisième ordre. Si la moitié de l'Europe s'est séparée de l'église de Rome, on peut l'attribuer spécialement à la contradiction qui n'a cessé d'exister entre les vérités et les principes de la religion, qui sont pour tout l'univers, et des prétentions et des intérêts qui ne regardaient qu'un très-petit coin de l'Italie. J'ai mis fin à ce scandale pour toujours. J'ai réuni Rome à l'empire. J'ai accordé; des palais aux papes, à Rome et à Paris: s'ils ont à coeur les intérêts de la religion, ils voudront séjourner souvent au centre des affaires de la chrétienté; c'est ainsi que Saint Pierre préféra Rome au séjour même de la Terre-Sainte.
La Hollande a été réunie à l'empire; elle n'en est qu'une émanation. Sans elle, l'empire ne serait pas complet.
Les principes adoptés par le gouvernement anglais, de ne reconnaître la neutralité d'aucun pavillon, m'ont obligé de m'assurer des débouchés de l'Ems, du Weser et de l'Elbe, et m'ont rendu indispensable une communication intérieure avec la Baltique. Ce n'est pas mon territoire que j'ai voulu accroître, mais bien mes moyens maritimes.
L'Amérique a fait des efforts pour faire reconnaître la liberté de son pavillon. Je la seconderai.
Je n'ai qu'à me louer des souverains de la confédération du Rhin.
La réunion du Valais avait été prévue dès l'acte de médiation, et considérée comme nécessaire pour concilier les intérêts de la Suisse avec les intérêts de la France et de l'Italie.
Les Anglais mettent en jeu toutes les passions. Tantôt ils supposent à la France tous les projets qui peuvent alarmer les autres puissances; projets qu'elle aurait pu mettre à exécution s'ils étaient entrés dans sa politique: tantôt ils font un appel à l'amour propre des nations pour exciter leur jalousie; ils saisissent toutes les circonstances que font naître les événemens inattendus des temps où nous nous trouvons: c'est la guerre dans toutes les parties du continent qui peut seule assurer leur prospérité. Je ne veux rien qui ne soit dans les traités que j'ai conclus. Je ne sacrifierai jamais le sang de mes peuples pour des intérêts qui ne sont pas immédiatement ceux de mon empire. Je me flatte que la paix du continent ne sera pas troublée.
Le roi d'Espagne est venu assister à cette dernière solennité. Je lui ai accordé tout ce qui était nécessaire et propre à réunir les intérêts et l'esprit des différens peuples de ses provinces. Depuis 1809, la plupart des places fortes d'Espagne ont été prises après des sièges mémorables. Les insurgés ont été battus dans un grand nombre de batailles rangées. L'Angleterre a compris que cette guerre tournait à sa fin, et que les intrigues et l'or n'étaient plus suffisans désormais pour la nourrir. Elle s'est trouvée contrainte à en changer la nature; et d'auxiliaire, elle est devenue partie principale. Tout ce qu'elle a de troupes de ligue a été envoyé dans la péninsule: l'Angleterre, l'Écosse, l'Irlande sont dégarnies. Le sang anglais a enfin coulé à grands flots dans plusieurs actions glorieuses pour les armes françaises.........Cette lutte contre Carthage, qui paraissait devoir se décider sur les champs de bataille de l'Océan ou au-delà des mers, le sera donc désormais dans les plaines des Espagnes! Lorsque l'Angleterre sera épuisée, qu'elle aura enfin ressenti les maux qu'avec tant de cruauté elle verse depuis vingt ans sur le continent, que la moitié de ses familles sera couverte du voile funèbre, un coup de tonnerre mettra un aux affaires de la péninsule, aux destins de ses armées, et vengera l'Europe et l'Asie en terminant cette seconde guerre punique.
Messieurs les députés des départemens au corps-législatif,
J'ordonne à mon ministre de mettre sous vos yeux les comptes de 1809 et 1810. C'est l'objet pour lequel je vous ai réunis. Vous y verrez la situation prospère de mes finances. Quoique j'aie mis, il y a trois mois, cent millions d'extraordinaire à la disposition de mes ministres de la guerre, pour subvenir aux dépenses des nouveaux armemens qui alors paraissaient nécessaires, je me trouve dans l'heureuse situation de n'avoir à imposer aucune nouvelle surcharge à mes peuples. Je ne hausserai aucun tarif; je n'ai besoin d'aucun accroissement dans les impositions.»
Paris, 30 juin 1811.
Réponse de l'empereur à une députation du corps-législatif envoyée après le baptême du roi de Rome.
«Monsieur le président et messieurs les députés du corps-législatif,
J'ai été bien aise de vous voir auprès de moi dans cette circonstance si chère à mon coeur.
Tous les voeux que vous formez pour l'avenir me sont très-agréables. Mon fils répondra à l'attente de la France; il aura pour vos enfans les sentimens que je vous porte. Les Français n'oublieront jamais que leur bonheur et leur gloire sont attachés à la prospérité de ce trône que j'ai élevé, consolidé et agrandi avec eux et pour eux: je désire que ceci soit entendu de tous les Français. Dans quelque position que la Providence et ma volonté les aient placés, le bien, l'amour de la France est leur premier devoir.
J'agrée vos sentimens.»
Paris, 18 août 1811.
Réponse de l'empereur à deux députations, l'une du département de la Lippe et l'autre des Iles Ioniennes.
A celle de la Lippe.
«Messieurs les députés du département de la Lippe, la ville de Munster appartenait à un souverain ecclésiastique, déplorable effet de l'ignorance et de la superstition. Vous étiez sans patrie. La Providence, qui a voulu que je rétablisse le trône de Charlemagne, vous a fait naturellement rentrer, avec la Hollande et les villes anséatiques, dans le sein de l'empire. Du moment où vous êtes devenus Français, mon coeur ne fait pas de différence entre vous et les autres parties de mes états. Aussitôt que les circonstances me le permettront, j'éprouverai une vive satisfaction de me trouver au milieu de vous.»
A celle des Iles Ioniennes.
«Messieurs les députés des Iles Ioniennes, j'ai fait faire dans votre pays de grands travaux. J'y ai réuni un grand nombre de troupes et de munitions de toute espèce. Je ne regrette pas les dépenses que Corfou coûte à mon trésor; elle est la clé de l'Adriatique.
Je n'abandonnerai jamais des îles que la supériorité de l'ennemi sur mer a fait tomber en son pouvoir. Dans l'Inde, comme dans l'Amérique, comme dans la Méditerranée, tout ce qui est et a été Français, le sera constamment. Conquis par l'ennemi, par les vicissitudes de la guerre, ou par les stipulations de la paix, je regarderais comme une tache ineffaçable à la gloire de mon règne, de sanctionner jamais l'abandon d'un seul Français.
J'agrée les sentimens que vous m'exprimez.»
FIN DU CINQUIÈME VOLUME.