Œuvres de P. Corneille, Tome 03
[567] Nous n'examinons ce poëte que comparativement à Corneille, et nous craindrions de faire une digression en remarquant que la tradition, à laquelle il obéit tout en choisissant, a dû lui causer aussi quelque embarras. Il y a dans ces légendes, tant de fois remaniées, bien des tons divers, selon le caractère plus ou moins rude des siècles qui les ont traitées successivement. Les détails de chevalerie et de cour, et d'autres encore, risquaient de faire dissonance et anachronisme avec des données plus anciennes et toujours accréditées. Un censeur espagnol qui aurait critiqué à ce point de vue Guillem de Castro aurait eu gain de cause. Il est curieux de remarquer que deux traditions contraires font de Rodrigue l'aîné ou le plus jeune des trois frères. Si le poëte Castro a eu de bonnes raisons pour faire de Rodrigue l'aîné, il faut convenir qu'il a rendu par là peu naturelle la conduite de don Diègue qui s'adresse d'abord à deux adolescents pour savoir s'il en fera ses champions contre Gormas. Un examen attentif ferait voir qu'en se résignant à cette faute, le poëte l'a fort bien sentie.
[568] Acte I, scène V, vers 286.
[569] Acte I, scène IV, vers 260.
[570] Acte I, scène V, vers 282.
[571] Acte I, scène VI, vers 291.
[572] Acte II, scène II, vers 406.
[573] Ceci est moins juste. Arias est parent de don Diègue, et de son parti; mais Corneille préfère le nom le plus sonore, et un moindre nombre de personnages.
[574] Voyez la Notice du Cid, p. 17 et 18.
[575] Acte II, scène I, vers 382.
[576] Que está allí, mots qui, dans la citation de Corneille (voyez ci-dessus, p. 201, vers 398), ne laissent pas d'être un peu embarrassants pour le lecteur.
[577] Plus motivé par la situation que dans Corneille.
[578] Par la colère:
Y que es sangre suya y mia
la que yo tengo en los ojos,
sabes?
—Voir l'interprétation détournée volontairement sans doute par Corneille, vers 401 et 402, le sang porté aux yeux par la colère tenant à une locution tout espagnole.
[579] C'est le vrai sens, plutôt que la réplique: Que m'importe (vers 402)?
Y el saberlo (acorta—razones) qué ha de importar?
[580] Donnons cet exemple, entre tant d'autres, de la singulière rapidité d'expression si goûtée des Espagnols, qui resterait obscure si elle n'était un peu paraphrasée dans la traduction:
Hijo, hijo, con mi voz
te envio ardiendo mi afrenta.
[581] Acte II, scène VIII, vers 668-670.
[582] Acte II, scène VIII, vers 676.
[583] Ibidem, vers 693-696.
[584] Ici un faux sens est donné par l'intelligent traducteur la Beaumelle, d'après une édition fautive, qui devait être aussi celle de Corneille: «Et dût l'État perdre ses plus précieux appuis....» Il lisait probablement, ainsi que Corneille: «y aunque el Reyno....»
[585] Acte II, scène VIII, vers 697.
[586] Acte II, scène VIII, vers 732.
[587] Ibidem, vers 736.
[588] Acte III, scène I.
[589] Acte III, scène III, vers 846-848.
[590] Ceci est la fin du couplet de quatre vers, qui est suivi périodiquement dans ce système d'un couplet de cinq vers, dont l'un est de trois ou quatre syllabes; le couplet de cinq vers commence ici à Seguiréle. La réponse de Chimène est interrompue par Rodrigue, qui vient s'agenouiller devant elle, et lui demander la mort.
[591] Acte III, scène IV, vers 972.
[592] Ibidem, vers 858.
[593] Texte difficile:
Pasa el mismo corazon,
que pienso que está en tu pecho
[594] Le mot canas, «cheveux blancs,» était noblement rendu par vieillesse honorable, dans cette leçon des premières éditions: De la main de ton père[594-a], etc., que Corneille a changée, à regret sans doute, à partir de 1660.
[594-a] Voyez ci-dessus, p. 154, la variante des vers 873 et 874.
[595] Qu'on veuille bien nous pardonner ces rimes, qui seraient un essai fort puéril, si elles n'étaient destinées à donner quelque idée du mètre employé dans cette scène, alternativement avec les quatrains rimés.
[596] C'est ce dont le texte n'avertit point. Cette parenthèse est duc à la Beaumelle; le cri: «Que vois-je?» n'a sans elle aucun sens. Corneille n'a pas trouvé cette indication de scène, ce mouvement de Rodrigue revenant sans doute sur ses pas; mais il a aussi mis beaucoup de larmes dans cette séparation, qui alors en faisait tant couler, en cette première jeunesse de nos émotions théâtrales. Les deux phrases entrecoupées qui précèdent n'ont tout leur sens qu'accompagnées de sanglots.
[597] Acte III, scène IV, vers 852.
[598] Ibidem, vers 856 et 857.
[599] Acte III, scène IV, vers 869-874. La fin, depuis: «De la main de ton père,» se lit dans les éditions de 1637 à 1656. L'avant-dernier vers, meilleur que celui qui l'a remplacé à partir de 1660, se rattache enfin au texte cité par Corneille: malheureusement le vers suivant aura paru faible par l'antithèse des mots déshonoroit et honorable: c'est la remarque d'un habile critique (M. Géruzez, Théâtre choisi de Corneille, p. 59).
[600] Acte III, scène IV, vers 879.
[601] Ibidem, vers 917 et suivants.
[602] Ibidem, vers 921 et 922.
[603] Ibidem, vers 927 et 871.
[604] Corneille, dans l'Examen du Cid (voyez ci-dessus, p. 94 et 95), fait sur cette scène et sur la première du cinquième acte, qui en est comme une variation, des réflexions candides et sages dont nous recommandons la lecture.
[605] Acte III, scène V, vers 1013 et 1014.
[606] Ibidem, vers 1020.
[607] «Je t'ai donné la vie par l'entremise de la nature: toi, tu me l'as rendue par sa seule vaillance (de ta main).» Cela est beau, mais quel éclat incomparable dans ces mots:
«Porte, porte plus haut le fruit de ta victoire:
Je t'ai donné la vie, et tu me rends ma gloire[607-a]!»
[607-a] Acte III, scène VI, vers 1053 et 1054.
[608] Acte III, scène VI, vers 1092-1094.
[609] Ibidem, vers 1086.
[610] Il faut se souvenir que ces premiers romances supposent qu'elle était enfant quand Rodrigue, dont elle n'est pas connue, l'a rendue orpheline. Elle a depuis attendu dans sa maison l'âge convenable pour faire cette démarche devant le Roi.
[611] Acte IV, scène V, vers 1340.
[612] Ibidem, vers 1347.
[613] Cette intervention de don Diègue, s'empressant d'accepter au nom de son fils, est un détail noble et fort bien adapté, qui s'offrait naturellement à l'imitation de Corneille. S'il l'a omis, on peut en entrevoir la raison dans la gêne où le tenaient les considérations dont il va être parlé.
[614] Acte IV, scène V, vers 1450-1453.
[615] Acte IV, scène V, vers 1457-1464.
[616] Ibidem, vers 1391 et 1392.
[617] Acte V, scène I, vers 1559 et suivants.
[618] Un examen trop minutieux relèverait dans les deux vers suivants une petite combinaison de circonstances que l'on ne comprend guère, mais qui est indispensable à cette adroite conduite de la scène:
«Mais puisque mon devoir m'appelle auprès du Roi,
Va de notre combat l'entretenir (Chimène) pour moi[618-a].»
[618-a] Acte V, scène VI, vers 1751 et 1752.
[619] C'est exactement le double sens du grec homérique τιμορως [Grec: timôros], analogie demeurée constante et bonne à noter dans l'histoire des idées humaines.
[620] On voit que l'étude consciencieuse qui précède conduit à des résultats fort différents, sur plus d'un point, de ceux que d'autres sources nous ont fournis (voyez p. 5 et suivantes). Elle nous apprend, par exemple, qu'il y a une édition du Cid de Diamante antérieure à celle de 1659. En outre, nous nous fions volontiers à l'autorité d'un examen attentif qui n'a trouvé dans cette pièce ni beautés du premier ordre, sauf la part de Corneille dans ce qui est faiblement traduit d'après lui, ni emprunt direct fait à Castro. Enfin nous sommes tout disposé à croire qu'il ne faut pas dire de Diamante qu'il a été «un des plus féconds et des plus renommés poëtes dramatiques qu'ait produits l'Espagne dans la seconde moitié du dix-septième siècle.» (Note de l'éditeur.)
[621] Cet avis, qui contient quelques renseignements curieux sur l'accueil qui fut fait au Cid à l'étranger, figure en tête du rare volume qui a pour titre: Le Cid, tragi-comédie nouvelle, par le sieur Corneille. A Leyden, chez Guillaume Chrestien, 1638, in-12.
[622] Storia critica de' teatri, Napoli, V. Orsino, 1788, tomo III, p. 121-126.
[623] Histoire littéraire d'Italie, IIe partie, chapitre XXI, 2e édition, tome VI, p. 128-143.
[624] Voyez ci-après, p. 262-272.
[625] Il y a Tullius, au lieu de Tullus, dans le texte de Laudun.
[626] Journal des débats du 9 juin 1852.
[627]
No vengo con alegria
celebrar este dia,
sino con mi llanto triste.
[628] Acte IV, scène V, vers 1256 et 1257.
[629] Nous nous plaisons à rappeler que M. Viguier a bien voulu relire à notre profit les auteurs dramatiques espagnols qui ont traité les mêmes sujets que Corneille; c'est à lui que nous devons la plupart des considérations qui précèdent.
[631] Voyez ci-dessus, p. 42 et 43.
[632] Recueil manuscrit de lettres de Chapelain appartenant à M. Sainte-Beuve, cité par M. J. Taschereau, Histoire de la vie et des ouvrages de P. Corneille, 2e édition, p. 94.
[633] Recueil manuscrit de lettres de Chapelain appartenant à M. Sainte-Beuve, cité par M. J. Taschereau, Histoire de la vie et des ouvrages de P. Corneille, p. 95.
[634] Histoire du Théâtre françois, tome IX, p. 105.
[635] Voyez ci-dessus, p. 13 et la note 23.
[636] Voyez ci-dessus, p. 13, et tome I, p. 258.
[637] Pages 51-53.
[638] Théâtre françois, par Chapuzeau, p. 93.
[639] Voyez plus loin, p. 305, les vers 533 et suivants, et la note 730.
[640] Œuvres mêlées, 1738, tome II, p. 163 et 164.
[641] Lemazurier cite Mme Lavoy le 30 juin 1705, Mlle Jouvenot en décembre 1718, Mme Poisson en mai 1726, Mlle Rosalie le 14 mars 1759. C'est dans Camille que Mlle Rachel a fait son premier début le 12 juin 1838, avec une recette de sept cent cinquante-trois francs cinq centimes. Voyez plus loin, p. 331, note 782, la manière dont elle interprétait un passage de ce rôle. Enfin c'est encore dans le rôle de Camille que Mlle Karoly a débuté à l'Odéon le 7 septembre 1860.
[642] Voici la description bibliographique de la première édition: Horace, tragedie. A Paris, chez Augustin Courbé.... M.DC.XXXXI, auec priuilege du Roy, in-4o de 5 feuillets et 103 pages, avec un frontispice de le Brun, gravé par Daret, représentant la fin du combat. En haut se trouve un cartouche dans lequel on lit: Horace tragedie. A l'entour est une banderole portant: Nec ferme res antiqua alia est nobilior. Titus Livius, l. Io (voyez ci-après, p. 265). Il y a eu, sous la même date et chez le même libraire, une édition de format in-12.
[643] Relation contenant l'histoire de l'Académie françoise, 1653, p. 218.
[644] Voyez ci-dessus, p. 25 et 41.
[645] Troisième dissertation concernant le poëme dramatique, en forme de remarques sur la tragédie de M. Corneille, intitulée l'Œdipe.... par l'abbé d'Aubignac, réimprimée dans le Recueil de dissertations.... par l'abbé Granet, tome II, p. 8 et 9.
[646] Tome II, p. 162.
[647] Parfois Corneille, mieux avisé, faisait lire ses ouvrages avant le jour de la première représentation, par quelque grand comédien. Tallemant des Réaux nous fait assister à une assemblée de ce genre chez Gédéon Tallemant le maître des requêtes; mais, par malheur, il ne nous apprend pas de quelle pièce il est question: «Il (G. Tallemant) vouloit faire l'habile homme et ne savoit rien. Une fois que Floridor, qui est son compère, lui vint lire, pour faire sa cour, une pièce de Corneille qu'on n'avoit point encore jouée, Mlle de Scudéry, Mlle Robilleau, Sablière, moi et bien d'autres gens étions là; nous nous tenions les côtés de rire de le voir décider et faire les plus saugrenus jugements du monde; il n'y eut que lui à parler: vous eussiez dit qu'il ordonnoit du quartier d'hiver dans une intendance de province, comme il fit ensuite.» (Tome VI, p. 250.)
[648] Voyez ci-dessus, p. 47 et 48.
[649] Page 82.
[650] Voyez plus loin, p. 274.
[651] Pratique du théâtre, p. 433 et 436.
[652] Armand-Jean du Plessis, cardinal et duc de Richelieu, ministre de Louis XIII, né à Paris le 5 septembre 1585, mot le 4 décembre 1642. Nous nous sommes étendu longuement, dans la Notice de la Comédie des Tuileries (tome II, p. 305 et suivantes) et dans la Notice du Cid, sur ses rapports avec Corneille.—Dans l'édition originale et dans l'édition séparée de 1655, le mot Monseigneur est répété: A MONSEIGNEUR MONSEIGNEUR LE CARDINAL, etc.—Cette épître dédicatoire ne se trouve que dans les impressions de 1641-1656.
[653] Nec ferme res antiqua alia est nobilior. (Lib. I, cap. XXIV.)
[654] Le mot seulement est omis dans les recueils de 1648-1656.
[655] A cette époque Corneille habitait encore Rouen; ce ne fut qu'en 1662 qu'il vint s'établir à Paris.
[656] «Je ne sais ce qu'on doit entendre par ces mots être à V. É. Le cardinal de Richelieu faisait au grand Corneille une pension de cinq cents écus, non pas au nom du Roi, mais de ses propres deniers.... Cependant une pension de cinq cents écus que le grand Corneille fut réduit à recevoir, ne paraît pas un titre suffisant pour qu'il dît: j'ai l'honneur d'être à V. É.» (Voltaire.)
[657] On sait que Scipion et Lélius passaient pour les collaborateurs de Térence, et même, aux yeux de quelques-uns, pour les auteurs de ses comédies. Voilà pourquoi Corneille leur prête ici ce que dit Térence lui-même, au commencement du prologue de l'Andrienne:
Poeta quum primum animum ad scribendum appulit,
Id sibi negoti credidit solum dari,
Populo ut placerent quas fecisset fabulas.
«Lorsque notre poëte se décida à écrire, il crut que sa seule tâche serait de faire que ses pièces plussent au peuple.»—Voyez encore les vers 15 à 19 du prologue des Adelphes.
[658] «C'est par ta faveur uniquement (Horace parle à la muse) que les passants me montrent du doigt, comme donnant au théâtre des œuvres qui ont leur prix. Que je respire et que je plaise (si vraiment je plais), c'est à toi que je le dois.» (Livre IV, ode III, vers 21-24.) Dans Horace le troisième vers est:
Romanæ fidicen lyræ.
[659] «Cette expression passionnément montre combien tout dépend des usages. Je suis passionnément est aujourd'hui la formule dont les supérieurs se servent avec les inférieurs.» (Voltaire.)
[660] Var. (édit. de 1647 et de 1656): et très-obligé.
[661] Livre I, chapitres XXIII-XXVI.—Cet extrait de Tite Live ne se trouve que dans les recueils de 1648-1656.—Corneille, après avoir donné, en tête de Cinna, le texte de Sénèque qui lui a fourni le sujet de cette pièce, a eu l'heureuse idée d'y ajouter l'imitation que Montaigne a faite de ce morceau avec son originalité et son indépendance habituelles. A défaut d'un traducteur aussi illustre pour le fragment de Tite Live qui sert d'argument à Horace, nous avons choisi la version de Blaise de Vigenère, la plus récente qui existât au temps où Corneille écrivait sa tragédie.
(XXIII.) «.... Déjà d'un très-grand effort d'une part et d'autre s'apprêtoient à la guerre ressemblant à une civile, entre presque les propres pères et les enfants, tous les deux peuples étant descendus de la race troyenne, parce que la ville de Lavinium avoit été fondée par les Troyens, et de Lavinium, venue et peuplée celle d'Albane, et de la lignée des rois d'Albane, procédés ceux de Rome. Mais l'issue en fin de la guerre retrancha beaucoup de la compassion pitoyable qui eût pu succéder de cette querelle; pour autant qu'il n'y eut aucune bataille donnée; ains seulement l'habitation de l'une des villes étant démolie, les deux peuples furent mêlés et confondus en un seul. Les Albaniens avec une grosse armée furent les premiers à entrer dans le territoire de Rome, où ils se campèrent à cinq mille pas seulement des murailles, se remparant d'une bonne tranchée alentour, qui fut depuis durant quelques siècles appelée la fosse Cluilienne, du nom de leur chef; jusqu'à ce que par succession de temps il s'est aboli et éteint avec l'ouvrage. En ce logis-là Cluilius, roi d'Albane, fina ses jours, et l'armée créa Métius Suffétius dictateur. Cependant Tullus encouragé spécialement de la mort du Roi, et alléguant que la grande justice des Dieux avoit commencé par le chef adversaire de prendre vengeance sur tout le nom albanien de la guerre injustement par eux suscitée, se coule secrètement une nuit avec son armée outre le camp des ennemis, si bien qu'il entre dedans leurs confins à son tour; ce qui rappela Métius du lieu où il étoit campé, pour s'approcher avec ses forces le plus près des Romains qu'il lui fût possible: d'où il dépêcha un héraut à Tullus pour lui faire entendre qu'avant de venir au combat il s'entreverroit volontiers avec lui, et que s'ils parlementoient ensemble, il s'assuroit bien de lui faire quelques ouvertures qui ne lui importeroient moins qu'à ceux d'Albane. Tullus ne le voulant éconduire de cette requête, encore qu'il connût assez clairement que ce n'étoient que cassades, met ses gens en bataille. Les Albaniens sortent aussi à l'encontre, et après qu'ils se furent rangés en ordonnance d'une part et d'autre, tous prêts à s'entre-choquer, les deux chefs avec aucuns des principaux autour d'eux s'advancent au milieu des deux osts, là où celui d'Albane commence ainsi à parler: «Les torts griefs qui ont été faits et les choses qu'on a répétées suivant le traité, lesquelles néanmoins on n'a voulu rendre, il me semble avoir entendu que notre roi Cluilius en a été le seul motif, et par conséquent de la guerre qui s'en est ensuivie, et si ne fais doute, sire Tullus, que vous-même ne le croyez ainsi; mais pour en parler à la vérité, plutôt que de chercher à dire je ne sais quoi de belle et magnifique apparence, c'est une convoitise de régner qui éperonne à prendre les armes deux peuples alliés et voisins. Si à bon droit ou à tort, je ne veux rien gloser là-dessus, le remettant à la conscience et secrète pensée de celui qui a suscité cette guerre, durant laquelle les Abaniens m'ont élu pour leur chef. Trop bien vous avertirois-je volontiers d'un seul point. Le pouvoir des Thoscans combien il est grand tout autour de vous et de nous, et de vous principalement, de tant plus que vous en êtes plus proches, vous le devez tant mieux savoir. Ils ont de grandes forces par terre, et par la mer encore plus; et souvenez-vous que tout aussitôt que vous aurez donné le mot pour venir à la charge, ces deux armées leur serviront de passe-temps et jouet; afin de se ruer tout à coup sur les uns las et harassés du combat, et les autres qui seront mis en route et défaits: le victorieux et vaincu tout ensemble. Par quoi, si les Dieux nous aiment, au lieu que non contents d'une liberté assurée, nous nous voulons de gaieté de cœur précipiter à un douteux hasard de commander ou de servir, cherchons à la bonne heure quelque autre expédient pour décider lequel des deux peuples régnera sur l'autre, sans beaucoup de perte, et sans guère répandre de sang.» Ce langage ne déplut à Tullus, nonobstant que de son naturel, et de l'espérance de la victoire, qui le rendoit tant plus haut à la main, il fût assez difficile à ferrer; et comme ils étoient après d'une part et d'autre à en chercher des moyens, la fortune leur en présenta l'occasion.
(XXIV.) «Car d'aventure se trouvèrent lors en chacune des deux armées trois frères jumeaux ne différant comme en rien d'âge et de force: les Horaces et Curiatiens. De cela on ne fait nulle doute; de tous les anciens beaux faits d'armes n'y en ayant point de plus brave et renommé que cestui-ci. Néanmoins en une chose si manifeste et connue, il se trouve une incertitude des noms: de quel peuple étoient les Horaces et de quel les Curiatiens, car les auteurs varient en cet endroit: la plupart toutefois appellent les Horaces Romains; par quoi je leur veux adhérer. Les rois moyennent envers eux de leur faire accepter le combat, trois contre trois, pour l'honneur et gloire de leur patrie; car la domination demoureroit à celui dont les champions auroient le dessus....
(XXV.) «L'accord passé, les trois jumeaux s'en vont armer, suivant ce qui avoit été arrêté; et comme chacun des deux peuples exhortât les siens à bien faire, leur remettant devant les yeux les Dieux du pays, la patrie, leurs progénitures, ensemble tout ce qui étoit demeuré de citoyens à la ville, tout ce qui en étoit là présent au camp; revisitant tantôt leurs armures, tantôt leurs bras et les mains; eux hardis et de naturel, et renforcés d'abondant par le courage qu'on leur donnoit, s'avancent au milieu des deux osts étant en bataille, qui avoient fait haut d'une part et d'autre devant leurs remparts, plus exempts du péril qui se présentoit que de soin et travail d'esprit; car il y alloit de l'empire et domination; le tout dépendant de la vaillance et fortune de si peu d'hommes. Au moyen de quoi chacun demeure transporté en suspens après ce mal plaisant spectacle. Finalement, le signal donné, ces trois de chaque côté braves jeunes hommes se vont rencontrer la tête baissée, tout ainsi que si c'eussent été deux bataillons qui s'affrontassent, charriant quand et eux la même impétuosité et furie de deux grosses et puissantes armées, sans se soucier ni ceux-ci ni ceux-là de leur propre danger, ni que rien se présentât à leurs cœurs que l'empire ou la servitude et conséquemment la fortune que devoient courir leurs choses publiques, toute telle qu'ils la leur feroient. Dès la première démarche et assaut, que leurs harnois commencèrent à cliqueter et leurs flamboyantes épées à tresluire, une grande horreur saisit soudain les regardants, et ne balançant encore l'espérance de la victoire d'un côté ni de l'autre, chacun demeuroit entrepris et de voix et d'haleine. Étant de là venus aux mains, et que non-seulement l'agilité de leur corps et la remuante escrime des glaives et armes tiroient à soi les yeux de l'assistance, mais les plaies aussi et le sang qui en découloit, les deux Romains, ayant blessé les trois Albaniens, tombèrent tous roides morts l'un sur l'autre. A la chute desquels comme toute l'armée d'Albane eut jeté un haut cri d'allégresse, les légions romaines au rebours, hors de tout espoir de victoire, mais non pas d'un poignant souci, demeurèrent éperdues et comme transies de crainte pour celui qu'ils voyoient entorner par les trois Curiatiens. Mais de bonheur il se trouva sain et entier de ses membres; tellement que s'il n'étoit pour répondre lui tout seul à l'encontre de trois, il leur pouvoit bien néanmoins tenir pied l'un après l'autre. Au moyen de quoi, pour les séparer il se met à fuir, jugeant en soi que chacun d'eux iroit après, selon que leurs blessures le pourroient permettre. Et déjà s'étoit quelque peu éloigné de la place où avoit été le conflit, quand détournant la tête en arrière, il aperçoit qu'ils le poursuivoient fort distants l'un de l'autre, dont le premier n'étoit désormais guère loin de lui. Il retourne sur celui-là d'une très-grande âpreté et furie; et comme l'armée d'Albane écriât à ses frères de le secourir, déjà l'Horace l'ayant mis par terre se préparoit pour donner au second. Les Romains lors par un cri tel qu'ont accoutumé de jeter ceux qui inespérément se reviennent de la peur qu'ils ont eue, donnent courage à leur champion, et il se hâte tant qu'il peut de mettre fin à cette mêlée, si bien qu'avant que le tiers, lequel n'étoit plus guère loin, y pût arriver à temps, il met à mort le second Curiatien. Or par là étoit la partie rendue égale de nombre; car ils ne restoient plus qu'un à un, mais non pas égaux ni d'espérance, ni de force; car le corps de l'un non encore touché de blessure, et sa double victoire, l'amenoient prompt et gaillard au troisième combat, là où l'autre traînant une foible carcasse jà élangourée de plaies, élangourée de courir, tout abattu et déconfit pour la mort de ses frères, fut comme exposé à la gueule d'un ennemi frais et victorieux. Parquoi il n'y eut point de résistance; car le Romain tressaillant de joie: «J'ai, dit-il, jà envoyé là-bas deux des frères; le troisième, avec la cause de cette guerre, je l'y vais dépêcher aussi, à ce que dorénavant le Romain commande sur l'Albanien.» Ce disant, il lui met l'épée à la gorge, qu'à grand'peine pouvoit-il soutenir ses armes, et le dépouille étant tombé du coup. Les Romains triomphants d'éjouissement en leurs cœurs, lui font fort grand fête, et le reçoivent avec autant plus d'allégresse que la chose avoit presque été déplorée; puis se mettent à ensevelir chacun les siens; mais non pas d'une même chère: comme ceux dont les uns avoient accru leur domination, et les autres se voyoient réduits sous la subjection et pouvoir d'autrui. Les sépultures en sont encore debout au même endroit où chacun d'eux vint à rendre l'âme: des deux Romains en un seul tombeau en tirant vers Albane, et des trois Albaniens du côté de Rome, mais à la même distance et selon qu'ils finèrent leurs jours.
(XXVI.) «Avant que déloger de ce lieu, Métius, suivant l'accord fait, demande à Tullus ce qu'il lui vouloit commander; il lui ordonne de tenir la jeunesse en armes, parce qu'il se serviroit d'eux s'il avoit la guerre contre les Veïentes. Et là-dessus les deux armées se retirèrent chacune chez soi. Mais Horace marchoit le premier, portant devant soi la dépouille des trois jumeaux; lequel sa sœur, fille encore, qui avoit été accordée à l'un d'eux, vint rencontrer hors de la porte Capène; et ayant reconnu sur les épaules de son frère la cotte d'armes de son fiancé, qu'elle avoit ouvrée de ses propres mains, se prend à déchirer le visage et arracher ses cheveux, appelant lamentablement le défunt par son nom. De quoi le jouvenceau, tout fier et superbe encore de sa victoire, irrité en son cœur de voir ainsi les pleurs et criailleries de sa sœur troubler une si grande joie publique, mettant la main à l'épée, la lui passe à travers le corps d'outre en outre, en disant ces aigres et piquantes paroles: «Va-t'en doncques trouver ton époux avec ce hâtif et inconsidéré amourachement; oublieuse que tu es de tes frères morts et de celui qui reste en vie; oublieuse de la gloire de ton pays: qu'ainsi en puisse-t-il prendre à quelconque Romaine qui fera deuil pour l'ennemi!» Cet acte-là sembla inhumain et par trop cruel, tant aux patriciens qu'au commun peuple. Mais ses mérites tous récents supportoient aucunement le forfait. Si ne laissa il pas toutefois d'en être appelé devant le Roi, lequel pour non être auteur d'un si piteux jugement, désagréable à tout le peuple, ensemble de l'exécution qui s'en ensuivroit, ayant fait assembler l'audience: «Je commets (ce dit-il) deux hommes pour faire le procès à Horace selon la loi du crime de perduellion.» Cette loi étoit d'une teneur fort horrible pour lui: «Que les duumvirs jugent Horace avoir commis perduellion et crime de félonie: s'il en appelle, qu'il relève son appel, et le soutienne le mieux qu'il pourra. Si la sentence des duumvirs obtient et l'emporte, qu'on lui bande le chef, et soit pendu et étranglé d'un cordeau à un arbre malencontreux, l'ayant auparavant fouetté au dedans des remparts ou dehors.» Par cette loi les duumvirs ayant été premièrement établis, parce qu'ils ne voyoient pas que suivant icelle ils eussent pouvoir d'absoudre, même un innocent, le condamnèrent. Et alors l'un d'eux prononçant la sentence: «Horace, dit-il, je te déclare perduellion et condamne pour tel. Va, licteur, et lui lie les mains.» Le licteur s'étoit déjà approché pour lui mettre la hart au col, quand Horace par l'admonestement de Tullus, favorable et benin interprétateur de la loi: «J'en appelle,» dit-il, et relève quand et quand son appel devant le peuple, où la cause fut de nouveau plaidée. Mais ce qui mut le plus les gens en ce jugement, fut Horace le père du criminel, criant à haute voix qu'il déclaroit sa fille avoir été justement mise à mort; et si ainsi n'étoit, qu'il châtieroit son fils selon le droit et autorité paternelle qu'il avoit sur lui. Requéroit puis après de ne le vouloir point du tout priver d'enfants, lui que naguères on avoit vu avec une si florissante lignée. Et là-dessus le pauvre vieillard embrassant son fils, montroit les dépouilles des Curiatiens, élevées en cet endroit que maintenant on appelle la Pile Horatienne, avec telles autres paroles pleines d'une grand'véhémence: «Pourrez-vous donc, seigneurs Quirites, souffrir de voir celui-là lié, garrotté sous les fourches, expirer parmi les coups de fouet et tourments, que vous avez vu tout présentement marcher en un tel triomphe et honneur de victoire? lequel si horrible et hideux spectacle à grand'peine les yeux des Albaniens sauroient comporter. Va, licteur, et lui lie les mains, qui naguères avec les armes ont acquis la domination au peuple romain. Va lui bander le chef, qui a délivré cette cité de servitude; pends-le par le col et étrangle à un arbre malencontreux; bats-le à coups de verges au dedans des remparts, pourvu que ce soit entre ces dards et dépouille ennemie, ou dehors, pourvu que ce soit entre les sépultures des Curiatiens. Car où pourroit-on mener ce jeune homme que les enseignes de sa gloire, que les marques de son honneur ne le garantissent d'un si cruel et honteux supplice?» Le peuple ne put supporter ne les larmes du père, ne le courage du fils, se montrant égal en l'un et l'autre péril, et l'absolurent plus par admiration de sa vaillance, que pour le mérite et droit de la cause. Mais à ce qu'un meurtre si manifeste fût au moins réparé par quelque forme d'amende et punition, le père eut commandement de purger son fils des deniers publics: lequel après certains sacrifices propitiatoires, dont la charge fut depuis commise à la famille horatienne, ayant tendu une perche au travers de la rue, fit passer le jeune homme dessous, la tête bouchée, tout ainsi que sous un gibet. On l'a toujours maintenu et refait depuis au dépens du public jusqu'à l'heure présente, et s'appelle encore pour le jourd'hui la perche ou chevron de la sœur; à qui l'on dressa une sépulture de pierre de taille au propre lieu où elle expira.» (Les Décades qui se trouvent de Tite Live mises en françois; la première par Blaise de Vigenère, Bourbonnois.... A Paris, chez Nicolas Chesneau, M.D.LXXXIII, in-fol., p. 19-23.)
[662] Corneille n'a pas suivi, pour ces quatre chapitres, le texte, fort amélioré, de son contemporain Gruter, dont le Tite Live avait paru en 1608 et avait été réimprimé en 1619 et en 1628, c'est-à-dire à la veille de la représentation et de l'impression d'Horace. Attachant naturellement peu d'importance, pour l'objet qu'il avait en vue, aux détails de critique et de philologie, il a pris comme au hasard un texte plus ancien, qui se rapproche beaucoup de celui de Badius (Paris, 1537), et où se trouve mainte leçon rejetée depuis; entre autres, vers la fin du chapitre XXIII, l'inintelligible Volscis, que Vigenère n'a pas traduit.
[663] Et dans les précédentes et les suivantes. Voyez les indications qui accompagnent les noms des personnages à la fin de la scène V du IVe acte, p. 340.
[664] D'ailleurs est omis dans les éditions de 1660 et de 1663.
[665] Voyez la Poétique, fin du chapitre XI.
[666] Ne pueros coram populo Medea trucidet.
(Art poétique, vers 185.)
[667] Var. (édit. de 1660 et de 1663): L'adoucissement que j'ai apporté à rectifier, etc.
[668] Voyez tome I, p. 81.
[669] Corneille répond ici à l'abbé d'Aubignac. Voyez la Notice d'Horace, p. 256.
[670] Ce mot chute paraît bien fort et ne s'accorde guère avec ce que nous lisons dans le reste de l'Examen. D'Aubignac a dit, plus exactement sans doute: «La mort de Camille.... n'a pas été approuvée au théâtre» (voyez la Notice d'Horace, p. 256); et Corneille lui-même, un peu plus loin (p. 279): «Tout ce cinquième est encore une des causes du peu de satisfaction que laisse cette tragédie.»
[671] Voyez tome I, p. 29.
[672] Art poétique, vers 126 et 127.
[673] Var. (édit. de 1660): Pour le lieu, bien que l'unité y soit exacte, j'y ai fait voir quelque contrainte, quand j'ai parlé de la réduction de la tragédie au roman (voyez tome I, p. 85 et 86). Il est constant, etc.—Corneille fait remarquer dans le Discours des trois unités (tome I, p. 122) qu'il n'a pu réduire que trois pièces à la stricte unité de lieu: Horace, Polyeucte et Pompée; mais dans son Discours de la tragédie (tome I, p. 85), il dit finement que, même dans Horace, l'unité de lieu est bien artificielle, et que dans un roman on procéderait tout autrement. L'abbé d'Aubignac, dans sa Pratique du théâtre (p. 140 et 141), s'était d'abord exprimé ainsi: «Hors les Horaces de M. Corneille, je doute que nous en ayons un seul (un seul poëme dramatique) où l'unité du lieu soit rigoureusement gardée; pour le moins est-il certain que je n'en ai point vu.» Lorsqu'il se fut brouillé avec notre poëte, il effaça, sans doute en vue d'une nouvelle édition, la première phrase de ce passage sur un exemplaire que possède la Bibliothèque impériale, et après ces mots: «que je n'en ai point vu,» il écrivit ce qui suit: «Quand l'Horace de Corneille fut vu dans Paris, je crus que la scène étoit dans la salle du palais du père, comme tout se peut assez bien accommoder; mais l'auteur m'assura qu'il n'y avoit pas pensé, et que si l'unité de lieu s'y trouvoit observée, c'étoit par hasard, et ce qu'il en a dit longtemps après n'est qu'un galimatias auquel on ne comprend rien, tant nos poëtes ont peu d'intelligence de leur art et de leurs propres ouvrages.»
[674] Horace, Art poétique, vers 242.
[675] Voyez vers 187 et suivants. (fin page 495)
[676] Voyez la Ire scène du Ierr acte d'Andromède, et la IIIe scène du IIe acte d'Œdipe.
[677] Voyez vers 215 et suivants (page 496).
[678] Voyez la IIIe scène du Ier acte de Polyeucte (page 493).
[679] Corneille répond encore ici à l'abbé d'Aubignac. Voyez la Notice d'Horace, p. 256.
[681] Var. C'en est assez et trop pour une âme commune. (1641-56)
[682] Var. Qui du moindre péril n'attend qu'une infortune. (1641-48 et 55 A.)
[683] Var. D'un tel abaissement un grand cœur est honteux. (1641-56)
[684]
Var. Je suis Romaine, hélas! puisque mon époux l'est;
L'hymen me fait de Rome embrasser l'intérêt;
Mais il tiendroit mon âme en esclave enchaînée,
S'il m'ôtoit le penser des lieux où je suis née. (1641-56)
[685] Var. Quand entre nous et toi je vois la guerre ouverte. (1641-56)
[686] «Ce vers admirable est resté en proverbe.» (Voltaire.)
[687]
Var. Je sais qu'il doit s'accroître, et que tes bons destins. (1641-55 et 60)
Var. Je sais qu'il doit s'accroître, et que ces bons destins. (1656)
[688] Var. Que si dedans nos murs vous aviez pris naissance. (1641-56)
[689] Var. Tant qu'on ne s'est choqué qu'en des légers combats. (1656)
[690]
Var. Et garde, en attendant ses funestes rigueurs. (1641-55)
Var. Et garde, en attendant ces funestes rigueurs. (1656)
[691] Var. Et qu'en ceci Camille agit bien autrement! (1641-56)
[692] Var. Le sien irrésolu, tremblotant, incertain. (1641-56)
[693] Var. Une soudaine joie éclata sur son front. (1641-56)
[694]
Var. Je forme des soupçons d'an sujet trop léger:
Le jour d'une bataille est mal propre à changer;
D'un nouveau trait alors peu d'âmes sont blessées,
[Et dans un si grand trouble on a d'autres pensées;]
Mais on n'a pas aussi de si gais entretiens. (1641-56)
[695] Var. Pourquoi fuir, et vouloir que je vous entretienne? (1641-56)
[696] Dans l'édition de 1641 in-12, on a imprimé par erreur contre elle, pour comme elle.
[697] Var. Ou digne de mes pleurs, ou digne de ma haine. (1641-56)
[698]
Var. Envers un ennemi qui nous peut obliger?
CAM. D'un serment solennel qui nous peut dégager? (1641-56)
[699] Var. Lui permet de nourrir un espoir bien plus doux. (1641-56)
[700]
Var. Quelques cinq ou six mois après que de sa sœur
L'hyménée eut rendu mon frère possesseur,
Vous le savez, Julie, il obtint de mon père. (1641-56)
[701] Var. En même instant conclut notre hymen et la guerre. (1641 in-4o)
[702] L'édition de 1641 in-12 porte par erreur fait naître, pour fit naître.
[703] Var. Et contre sa coutume, il ne me put déplaire. (1641-56)
[704] On trouve dans l'édition de 1656 la singulière leçon que voici:
Soit que Rome y succombe, ou qu'Albe aille dessous.
[705]
Var. Mon cœur, quelque grand feu qui pour toi le consomme,
Ne veut ni le vainqueur ni l'esclave de Rome. (1641-48 et 55 A.)
[706] Var. Qu'ainsi dans la maison tu t'oses retirer? (1641 in-12)
[707] Var. Aussi bon citoyen comme fidèle amant. (1641-56)
[708] Var. Dieux! qui l'eût jamais cru? Déjà les deux armées. (1641-56)
[709] «J'ose dire que, dans ce discours imité de Tite Live, l'auteur français est au-dessus du romain, plus nerveux, plus touchant....» (Voltaire.)—Voyez ci-dessus, p. 263-265.
[710] Var. Et le plus beau triomphe est arrousé de pleurs? (1641 et 55 A.)
[711] Var. Que le parti plus foible obéisse au plus fort. (1641-56)
[712] Var. A ces mots il se tait: d'aise chacun soupire. (1641-64)
[713] Ce vers et le précédent, comme Voltaire l'a fait remarquer, se retrouvent, à un mot près, dans la comédie du Menteur (acte V, scène VII).
[714] Var. Et ne nous opposant d'autres bras que les vôtres. (1641-56)
[715] Var. Nous croirons, la voyant tout entière en vos mains. (1641-56)
[716] Var. Ce que je vous dois être et ce que je vous suis. (1641-60)
[717] Var. Vu ceux qu'elle rejette, et les trois qu'elle nomme. (1641-56)
[718] Var. Si Rome et tout l'État perdoient moins à ma mort. (1641-56)
[719] La scène commence à ce vers dans les éditions de 1641-56, où le vers précédent termine la scène I.
[720] Var. Dirai-je au dictateur, qui devers vous m'envoie. (1641-56)
[721] Var. Comme il ne nous prend pas pour des âmes communes. (1641-56)
[722] L'édition de 1682 porte, par erreur, comme, pour contre.
[723] Var. Je vois que votre honneur gît à verser mon sang. (1641-56)
[724] Var. Sur ceux dont notre guerre a consommé la vie. (1641-48 et 55 A.)
[725] «Cette tirade fit un effet surprenant sur tout le public, et les deux
derniers vers sont devenus un proverbe ou plutôt une maxime admirable.»
(Voltaire.)
[726] «A ces mots: «Je ne vous connois plus.—Je vous connois encore,» on se récria d'admiration....» (Voltaire.)
[727] Var. A se ressouvenir qu'elle est toujours ma femme. (1641-60)
[728] Var. Consommez avec lui toute cette foiblesse. (1641-48 et 55 A.)
[729] Cette indication manque dans les éditions de 1641-48 et de 1655 A.
[730] Var. Iras-tu, ma chère âme[730-a], et ce funeste honneur. (1641-56)
[730-a] «Chère âme ne révoltait point en 1639, et ces expressions tendres rendaient encore la situation plus haute. Depuis peu même une grande actrice a rétabli cette expression ma chère âme.» (Voltaire.)—Voyez la Notice, p. 252.
[731] Var. Elle se prend aux Dieux, qu'elle ose quereller. (1641-56)
[732] Var. Autre de plus de morts n'a couvert cette terre. (1641-56)
[733] Var. Et que par mon amour ma valeur endormie. (1641-56)
[734] Voyez tome I, p. 150, note 479-a.
[735] Var. Et vivrai sans reproche, ou finirai sans honte. (1641-56)
[736] Var. Viendras-tu point encor me présenter sa tête. (1641-56)
[737] Voyez Cinna, acte III, scène V, (page 431) vers 1070.—On a aussi rapproché de ce passage des mouvements tout semblables, ou très-voisins, qui se trouvent chez Racine et chez Voltaire: par exemple dans Bajazet, acte III, scène I, et acte IV, scène V; Iphigénie, acte IV, scène I; Britannicus, acte V, scène I; Zaïre, acte II, scène III, et acte IV, scène II.
[738] Var. Vous pleurez, ma chère âme? (1641-56)
[739] Var. Et lorsque notre hymen allume son flambeau. (1641-60)
[740] Var. N'attaquez plus ma gloire avecque vos douleurs. (1641-56)
[741] On lit, dans l'édition de 1682, des crimes, pour de crimes.
[742] Var. Votre zèle au pays vous défend de tels soins. (1641-60)
[743] Var. Femme[743-a], que t'ai-je fait, et quelle est mon offense. (1641-56)
[743-a] Voltaire fait ici, au sujet du mot femme, une remarque qu'on ne songerait plus, ce nous semble, à faire aujourd'hui: «La naïveté, dit-il, qui régnait encore en ce temps-là dans les écrits permettait ce mot. La rudesse romaine y paraît même tout entière.»
[744] Var. Que t'a fait mon honneur, femme, et pourquoi viens-tu. (1641-56)
[745] Var. Du moins contente-toi de l'avoir offensée. (1641)
[746]
Var. Et si notre foiblesse avoit pu les changer,
Nous vous laissons ici pour les encourager. (1641-64)
[747] Var. Allons, ma sœur, allons, ne perdons point de larmes. (1641-48 et 55 A.)
[748] Var. Contre tant de vertu ce sont de foibles armes. (1641, 48, 55 et 60)
[749] Voltaire fait ici une critique dont nous ne reproduisons les termes que parce qu'ils ont trait à l'histoire de la scène française: «Ce monologue de Sabine est, dit-il, absolument inutile, et fait languir la pièce. Les comédiens voulaient alors des monologues. La déclamation approchait du chant, surtout celle des femmes; les auteurs avaient cette complaisance pour elles....»
[750] Var. La nature ou l'amour parlent pour chacun d'eux. (1641 et 55 A.)
[751] Var. Et puis voir maintenant le combat sans terreur. (1641-56)
[752] L'édition de 1663 porte de miens, pour des miens: c'est très-vraisemblablement une erreur.
[753]
Var. Ou si le triste sort de leurs armes[753-a] impies
De tous les combattants a fait autant d'hosties? (1641-56)
[753-a] L'édition de 1656 porte, par erreur, âmes, pour armes.
[754] Var. De tous les combattants fait-il autant d'hosties[754-a]? (1663 et 64)
[754-a]«_Hostie_ ne se dit plus, et c'est dommage; il ne reste plus que le mot de _victime_....» (_Voltaire._) Voyez le Lexique.
[755] Var. Pour tous tant qu'ils étoient m'a condamnée aux pleurs. (1641-56)
[756] Var. Et l'un et l'autre camp s'est mis à murmurer. (1641-56)
[757] Var. Et prenant pour affront la pitié[757-a] qu'on a d'eux. (1656)
[757-a] Il y a piété, au lieu de pitié, dans l'édition de 1656, mais c'est évidemment une erreur.
[758]
Var. Et mourront par les mains qui les ont séparés,
Que quitter les honneurs qui leur sont déférés. (1641-56)
[759] Var. Quoi? dans leur dureté ces cœurs de fer s'obstinent! (1641-60)
[760] Var. Ils le font, mais d'ailleurs les deux camps se mutinent. (1641-64)
[761] Var. Les mêmes Dieux à Tulle ont inspiré ce choix. (1641-48 et 55 A.)
[762] Var. Et de qui l'absolue et sainte autorité. (1641-56)
[763] Var. Que de chercher leurs lois ailleurs qu'en leurs oracles. (1655 A.)
[764] On lit dans Psyché (acte II, scène III):
Un oracle jamais n'est sans obscurité:
On l'entend d'autant moins que mieux on croit l'entendre.
[765]
Var. Comme vous je l'espère. CAM. Et je n'ose y songer.
JUL. L'effet nous fera voir qui sait mieux en juger. (1641-56)
[766]
Var. Je ne puis approuver tant de trouble en notre âme. (1641 in-4o, 48-54 et 56)
Var. Je ne puis approuver tant de trouble en mon âme. (1655 A.)
[767] L'édition de 1641 in-12 donne deux maux, pour des maux: c'est évidemment une erreur.
[768] Var. On ne compare point des nœuds si différents. (1641-56)
[769]
Var. Le peuvent mettre hors de votre fantaisie;
Ce qu'elles font souvent, faites-le par raison. (1641-56)
[770] L'édition de 1682 porte: connoissiez, pour connoissez.
[771] Var. Ne nous consolez point: la raison importune. (1641-56)
[772]
Var. Quand elle ose combattre une telle infortune. (1641-54, 55 B. et 56)
Var. Quand elle ose combattre une telle fortune. (1655 A.)
[773] Var. Qui peut vouloir mourir peut braver les malheurs. (1641-56)
[774] Var. La vouloir contrefaire est une lâcheté. (1641-56)
[775] Var. Et nos soldats trahis ne l'ont pas achevé? (1641-60)
[776] «Voilà ce fameux qu'il mourût, ce trait du plus grand sublime, ce mot auquel il n'en est aucun de comparable dans toute l'antiquité[776-a]; tout l'auditoire fut si transporté, qu'on n'entendit jamais le vers faible qui suit; et le morceau:
N'eût-il que d'un moment retardé (lisez: reculé) sa défaite,
étant plein de chaleur, augmente encore la force du qu'il mourût....» (Voltaire.)
[776-a] Cela est vrai, et c'est en vain, nous le croyons, qu'on a cherché un mot semblable dans les auteurs anciens. Le moriamur, de Calpurnius (voyez Tite Live, livre XXII, chapitre XCIX), n'a aucun rapport avec la réponse sublime du vieil Horace, et nous ne comprenons pas qu'on l'en ait rapproché. Le moreretur, inquies, de Cicéron, dans le Discours pour C. Rubirius Postumus (chapitre X, § 29), peut bien se traduire par: «Que vouliez-vous qu'il fît?—Qu'il mourût, direz-vous;» mais la ressemblance est toute superficielle: la pensée, le sentiment, la situation, tout est différent.—Un rapprochement plus opportun, mais bien propre à faire ressortir, quoiqu'au fond l'idée soit semblable, l'originalité de Corneille, ce serait peut-être celui de ces vers de la tragédie des Juives (acte IV, vers 33 et suivants) de notre vieux poëte Garnier:
C'est vergongne à un roi de survivre vaincu:
Un bon cœur n'eût jamais son malheur survécu.
—Et qu'eussiez-vous pu faire?—Un acte magnanime,
Qui malgré le destin m'eût acquis de l'estime.
Je fusse mort en roi, fièrement combattant,
Maint barbare adversaire à mes pieds abattant.
[777] Var. Eh! mon père, prenez un plus doux sentiment. (1641-48 et 55 A.)
[778] Var. Eût-il fait avec lui périr le nom d'Horace! (1641-56)
[779] Voltaire rapproche cet endroit d'Horace de la scène V du Ve acte du Cid: «Je ne sais s'il n'y a pas dans cette scène un artifice trop visible, une méprise trop longtemps soutenue. Il semble que l'auteur ait eu plus d'égards au jeu de théâtre qu'à la vraisemblance. C'est le même défaut que dans la scène de Chimène avec don Sanche dans le Cid....»
[780]
Var. Le combat par sa fuite est-il pas terminé?
VAL. Albe ainsi quelque temps se l'est imaginé;
Mais elle a bientôt vu que c'étoit fuir[780-a] en homme. (1641-56)
[780-a] L'édition de 1655 A. porte fait, au lieu de fuir, et au premier vers de la variante la fuite, pour sa fuite.
[781] Var. Il sait bien se tirer d'un pas si hasardeux[781-a]. (1641-63)
[781-a] Voltaire a donné dans son édition l'ancienne leçon hasardeux, au lieu de dangereux.
[782] Depuis ce cri jusqu'à la scène IV il y a, suivant la remarque que Voltaire fait sur le commencement de cette dernière scène, «un long silence de Camille dont on ne s'est pas seulement aperçu, parce que l'âme était toute remplie du destin des Horaces et des Curiaces et de celui de Rome.» Mlle Rachel le faisait bien apercevoir. «Elle a souvent créé des effets nouveaux, dit à cette occasion M. Véron dans les Mémoires d'un bourgeois de Paris (tome IV, p. 165). Je citerai surtout la scène du fauteuil dans le quatrième acte d'Horace. Sa pantomime, alors qu'elle apprend la mort de son amant, est d'un grand effet scénique; mais elle excite plutôt encore dans cette situation la terreur que les larmes. Je tiens d'ailleurs de Mlle Rachel elle-même que ce fut à un état de malaise physique qu'elle emprunta l'idée et les moyens d'exécution de cette pantomime: elle venait d'être saignée; elle ne fit que reproduire sur le théâtre l'abattement profond et les menaces douloureuses de syncope qu'elle éprouva.»
[783] Voyez plus haut, p. 266 et suivantes, le récit de Tite Live.
[784] Dans l'édition de 1656, on lit l'horreur, pour l'erreur.
[785]
Var. Et remet à demain le pompeux sacrifice
Que nous devons aux Dieux pour un tel bénéfice. (1641-56)
[786]
Var. Cette belle action si puissamment le touche,
Qu'il vous veut rendre grâce, et de sa propre bouche,
D'avoir donné vos fils au bien de son État. (1641-56)
[787]
Var. Du service de l'un, et du sang des deux autres.
VAL. Le Roi ne sait que c'est d'honorer à demi. (1641-56)
[788] Var. Fait qu'il estime encor l'honneur qu'il vous veut faire. (1641-60)
[789] Var. Tous nos maux à ce prix nous doivent être doux. (1641-56)
[790] Voyez ci-dessus, p. 162, vers 1058 et note 432.
[791] Var. Je m'en vais à Sabine en porter la nouvelle. (1641-56)
[792]
Var. Un oracle m'assure, un songe m'épouvante;
La bataille m'effraie, et la paix me contente. (1641-56)
[793]
Var. Les deux camps mutinés un tel choix désavouent;
Ils rompent la partie, et les Dieux la renouent. (1641-56)
[794]
Var. Dieux! sentois-je point lors des douleurs trop légères. (1641-56)
Var. Ne sentois-je point lors des douleurs trop légères. (1660)
[795] Var. Pour le malheur de Rome et la mort des deux frères? (1641 in-12)
[796]
Var. Me flattois-je point trop quand je croyois pouvoir. (1641-56)
Var. Ne me flattois-je point quand je croyois pouvoir. (1660)
[797] Var. Mais ce n'est encor rien au prix de ce qui reste. (1641-48 et 55 A.)
[798] Var. On demande ma joie en un coup si funeste. (1641-56)
[799]
Var. C'est gloire de passer pour des cœurs abattus,
Quand la brutalité fait les hautes vertus. (1641-56)
[800] Var. Procule et deux autres soldats[800-a] portant chacun une épée des Curiaces. (1641-60)
[800-a] Et les deux autres soldats. (1641 in-12 et 47)
[801] Voyez la Notice d'Horace, p. 248 et note 627.
[802] Var. O d'une indigne sœur l'insupportable audace! (1641-60)
[803] Var. Tigre affamé de sang, qui me défends les larmes. (1641-48 et 55 A.)
[804] Var. Puissent de tels malheurs accompagner ta vie. (1641-56)
[805] «Ces imprécations de Camille, dit Voltaire, ont toujours été un beau morceau de déclamation, et ont fait valoir toutes les actrices qui ont joué ce rôle.» Voyez la Notice d'Horace, p. 253 et note 641.
[806] Var. Que le courroux du ciel allumé par mes yeux. (1656)
[807] Var. Puissé-je de mes yeux voir tomber cette foudre. (1641-56)
[808] Var. Mettant l'épée à la main. (1641-48 et 55 A.)
[809] Var. Va dedans les enfers joindre ton Curiace. (1641-56)
[810] Var. CAMILLE, derrière le théâtre. (1663)
[811] Voyez la Notice d'Horace, p. 252 et 253.
[812] Var. La plus prompte vengeance est la plus légitime. (1647)
[813] Racine a dit dans Andromaque (acte IV, scène V)
Que peut-on refuser à ces généreux coups?
[814] Var. Que je te plaise mieux tombé dans l'infamie? (1641-56)
[815] Var. Mais aussi je renonce à la vertu romaine. (1641-48 et 55 A.)
[816] Var. N'importe: tous ses traits me sembleront fort doux. (1641-56)
[817]
Var. Disposez de mon sort, les lois vous en font maître;
J'ai cru devoir ce coup aux lieux qui m'ont vu naître.
Si mon zèle au pays vous semble criminel. (1641-56)
[818]
Var. Reprenez votre sang de qui ma lâcheté
A si mal à propos souillé la pureté. (1641-56)
[819] Var. Et ne les punit point, pour ne se pas punir. (1641-60)
[820] Var. TROUPE DES GARDES. (1655 A. et 56)
[821] Entre ce vers et le suivant, Voltaire a ajouté cette indication qui n'est point inutile: montrant Valère.
[822] Var. Je sais que peut ce coup sur l'esprit le plus fort. (1641-56)
[823] Var. Quelque soulagement à votre affliction. (1641 in-12 et 47)
[824] Var. Et que Tulle vous plaint autant comme il vous aime. (1641-56)
[825] On lit les hauts faits, pour ses hauts faits, dans l'édition de 1682.—L'édition de 1655 A. porte: «ses beaux faits.»
[826] L'édition de 1682 et celle de 1665 A. sont les seules qui aient le méritent; toutes les autres portent: les méritent.
[827]
Var. Vu le sang qu'a versé cette guerre funeste,
Et tant de nœuds d'hymen dont nos heureux destins
Ont uni si souvent des peuples si voisins,
Peu de nous ont joui d'un succès si prospère,
Qu'ils n'aient perdu dans Albe un cousin, un beau-frère,
Un oncle, un gendre même, et ne donnent des pleurs. (1641-56)
[828] L'édition de 1655 A. porte trouble, au lieu de bonheur.
[829] Var. Et ne peut excuser la douleur véhémente. (1641-56)
[830] Les éditions de 1641 et de 1660 ont seules rejaillir: toutes les autres portent rejallir.
[831] Var. Et croyez avec nous qu'en tous ces trois combats. (1652, 54 et 56)
[832] Var. Vous savez l'action, vous le venez d'entendre. (1641 et 55 A.)
[833]
Var. Et le plus innocent que le ciel ait vu naître,
Quand il le croit coupable, il commence de l'être. (1641-56)
[834] Var. Qu'en amant de sa sœur il accuse le frère. (1652, 54 et 56)
[835]
Var. Prend droit par ses effets de juger de sa force,
Et s'ose imaginer, par un mauvais discours,
Que qui fait un miracle en doit faire toujours. (1641-56)
[836] Var. Si l'on n'en veut déchoir, il ne faut plus rien faire. (1641-56)
[837] Les éditions de 1641-56 ajoutent JULIE aux personnages de cette scène.
[838] Ce jeu de scène et les suivants, jusqu'à la fin de la pièce, manquent dans les éditions de 1641-48 et dans celle de 1655 A.
[839] Var. Toi qui par des douleurs à tes devoirs contraires. (1641 et 55 A.)
[840] Var. Veux quitter un mari pour rejoindre les frères. (1641 in-12)
[841] Don Arias dit au Comte dans le Cid, acte II, scène I, vers 390:
Avec tous vos lauriers craignez encor le foudre.
[842] Voyez plus haut, p. 271 et 272, le discours du vieil Horace dans Tite Live.
[843] Var. Dis, Valère, dis-nous, puisqu'il faut qu'il périsse. (1641-48 et 55 A.)
[844] Var. Et Rome avec ses pleurs y mettra trop d'obstacle. (1641-60)
[845] L'édition de 1682 porte vous le préviendrez, pour vous les préviendrez; c'est sans doute une erreur.
[846]
Var. Ce qu'il a fait pour elle, il le peut encor faire:
Il la peut garantir encor d'un sort contraire. (1641-60)
[847] Ces deux vers rappellent, bien que la pensée soit toute différente, la fin de cette phrase de Malherbe (voyez l'édition de M. L. Lalanne, tome I, p. 188):
Apollon à portes ouvertes
Laisse indifféremment cueillir
Les belles feuilles toujours vertes
Qui gardent les noms de vieillir;
Mais l'art d'en faire les couronnes
N'est pas su de toutes personnes....
[848] Var. Ta chaleur généreuse a produit ton forfait. (1647 et 55 A.) Var. Sa chaleur dangereuse a produit ton forfait. (1656)
[849] Var. Le Roi se lève, et tous le suivent hormis Julie.
SCÈNE IV.
JULIE.
Camille, ainsi le ciel t'avoit bien avertie
Des tragiques succès qu'il t'avoit préparés;
Mais toujours du secret il cache une partie
Aux esprits les plus nets et les mieux éclairés.
Il sembloit nous parler de ton proche hyménée,
Il sembloit tout promettre à tes vœux innocents;
Et nous cachant ainsi ta mort inopinée,
Sa voix n'est que trop vraie en trompant notre sens:
«Albe et Rome aujourd'hui prennent une autre face;
Tes vœux sont exaucés, elles goûtent la paix;
Et tu vas être unie avec ton Curiace,
Sans qu'aucun mauvais sort t'en sépare jamais[849-a].» (1641-56)
[849-a] Ce commentaire de Julie sur le sens de l'oracle, dit Voltaire, est visiblement imité de la fin du Pastor fido.
[850] Voyez la Notice biographique.
[851] M. Rathery, Des anciennes institutions judiciaires de la Normandie, dans la Revue française du mois de mars 1839, p. 269.—Voyez aussi l'Introduction du Diaire, ou Journal du chancelier Seguier en Normandie après la sédition des nu-pieds, et documents relatifs à ce voyage et à la sédition, publiés pour la première fois par A. Floquet. Rouen, 1842, in-8o.
[852] Tallemant des Réaux, tome II, p. 47.
[853] M. Rathery, p. 271.—M. Édouard Fournier, Notes sur la vie de Corneille, p. CXVII-CXIX, en tête de Corneille à la Butte Saint-Roch.
[854] Remarques sur Cinna, acte V, scène III, vers 1701.
[855] Anecdotes dramatiques, p. 103.
[856] Histoire du Théâtre françois, tome V, p. 92.
[857] Voyez la Notice d'Horace, p. 249 et 250.
[858] Mercure de France, p. 847.
[859] Page 123.
[860] Pièce de Scarron, représentée en 1653.
[861] Voyez ci-dessus, p. 251.
[862] Voyez ci-après, p. 385, note 906.
[863] Tome VI, p. 94, note a.
[864] Tome I, p. 47.
[865] Acte V, scène II, vers 1562 et 1563.
[868] Voyez ci-après, p. 379 et 380.
[869] Voyez tome I, p. 120.
[870] Tome III, p. 66 et 67.
[871] Le récit de Sénèque est traduit en entier dans l'Histoire romaine de Coeffeteau (1621), fort goûtée au temps de Corneille, et de l'autorité de laquelle il s'appuie à la fin de l'avertissement de Polyeucte. Voyez plus loin, p. 478.
[872] Ces extraits, contrairement à l'usage ordinaire de Corneille, se trouvent en tête de l'édition originale. La première édition du Cid n'a point les romances; ni la première d'Horace, l'extrait de Tite Live.
[873] Voyez tome II, p. 4.
[874] Voyez plus loin, p. 378 et note 892.
[875] Voyez ci-dessus, p. 17 et 107 note 250.
[876] Cette épître dédicatoire, ainsi que l'extrait de Sénèque qui la suit, ne se trouvent que dans l'édition originale et dans les recueils de 1648-1656.—Pierre du Puget, seigneur de Montauron ou Montoron, des Carles et Caussidière, la Chevrette et la Marche, premier président des finances au bureau de Montauban, mourut à Paris le 23 juin 1664. Tallemant des Réaux nous apprend dans son Historiette sur Louis treizième (tome II, p. 248) que «Montauron avoit donné deux cents pistoles à Corneille pour Cinna.» Ce témoignage, qui émane d'un allié de Montauron, car sa fille naturelle avait épousé Gédéon Tallemant, est beaucoup plus digne de confiance que l'assertion du Journal de Verdun (juin 1701, p. 410), qui porte à mille pistoles le présent de Montauron. La libéralité de ce financier envers les gens de lettres et leur empressement à lui adresser des dédicaces étaient devenus un sujet de plaisanteries et d'allusions de toutes sortes. Dans son Parnasse réformé (p. 132 et 133), Guéret propose les réformes suivantes: «Article X. Défendons de mentir dans les épîtres dédicatoires. Article XI. Supprimons tous les panégyriques à la Montoron....» Ailleurs, dans sa Promenade de Saint-Cloud (imprimée dans les Mémoires historiques et critiques de Bruys, Paris, 1751, in-12, tome II, p. 238), Guéret se commente ainsi lui-même: «Si vous ignorez ce que c'est que les Panégyriques à la Montoron, vous n'avez qu'à le demander à M. Corneille, et il vous dira que son Cinna n'a pas été la plus malheureuse de ses dédicaces.»—Du reste, à cette époque, comme le fait remarquer Tallemant (tome VI, p. 227, note 2), «tout s'appeloit à la Montauron.» Pierre Gontier, dans un passage de ses Exercitationes hygiasticæ (Lyon, 1688, p. 111), cité par M. Paulin Paris, parle de petits pains au lait à la Montauron; et Tallemant nous raconte une sanglante allusion à cette façon de parler, qui tombe fort directement sur un membre de sa famille: «Une fois, dit-il, aux Comédiens du Marais, Monsieur d'Orléans y étant, quelqu'un fut assez sot pour dire qu'on attendoit M. de Moutauron. Les gens de Monsieur d'Orléans le firent jouer à la farce, et il y avoit une fille à la Montauron qu'on disoit être mariée Tallemant quellement.» La fortune de Montauron ne suffit pas longtemps à ses prodigalités insensées, et bientôt Scarron put écrire le passage suivant, rapporté par M. Paulin Paris dans son commentaire sur Tallemant des Réaux (tome VI, p. 235):
Ce n'est que maroquin perdu
Que les livres que l'on dédie
Depuis que Montauron mendie;
Montauron dont le quart d'écu
S'attrapoit si bien à la glu
De l'ode ou de la comédie.
[877] Var. (édit. de 1648-1656): Cela étant, ne puis-je pas avec justice donner le portrait de l'une de ces héroïques vertus à celui qui....
[878] Var. (édit. de 1648-1656): tout ensemble la cause et l'effet l'une de l'autre? Je le puis certes d'autant plus justement que je vois votre générosité, comme voulant imiter ce grand empereur, prendre plaisir à s'étendre sur les gens de lettres, en un temps, etc. (voyez p. 372).
[879] C'est cette flatterie, supprimée par Corneille dès 1648 (voyez la note précédente), qui a fait dire à Scarron: «Soit que la nécessité soit mère de l'invention, ou que l'invention soit partie essentielle du poëte, quelques poëtes au grand collier ont eu celle d'aller chercher dans les Finances ceux qui dépensoient leur bien aussi aisément qu'ils l'avoient amassé. Je ne doute point que ces marchands poëtiques n'ayent donné à ces publicains libéraux toutes les vertus, jusques aux militaires.» (Dédicace A très-honnête et très-divertissante chienne dame Guillemette, petite levrette de ma sœur, en tête de: la Suite des Œuvres burlesques de Mr Scarron, seconde partie. Paris, T. Quinet, 1648, in-4o.)
[880] «Il y en a, dit Scarron dans la dédicace que nous venons de citer, qui rendent de l'encens pour de l'encens, et des louanges pour des louanges.»
[881] Ces deux premiers mots de la phrase manquent dans les éditions de 1648-1656.
[882] Var. (édit. de 1648-1656): de sorte qu'il n'en est point.
[883] Var. (édit. de 1648-1656): Trouvez bon.
[885] Var. (édit. de 1656): Votre très-humble, très obéissant et très-obligé serviteur.
[886] Corneille a omis ici quelques mots. Voici quel est le texte de Sénèque: In communi quidem republica gladium movit: quum hoc ætatis esset quod tu nunc es, duodevicesimum, etc. Dans le reste du morceau l'édition suivie par Corneille ne diffère que par un petit nombre de leçons, insignifiantes pour la plupart, du texte des impressions les plus modernes.
[887] L'édition originale de Cinna porte Salvidientium, pour Salvidienum.
[888] L'entretien d'Auguste et de Livie est beaucoup plus long dans Dion Cassius, où il s'étend depuis le chapitre XIV jusqu'au chapitre XXII du livre LV.
[889] Nous suivons le texte de la première édition de Cinna, qui a une virgule après impedio; c'est bien la ponctuation que veut le sens. Dans l'impression de 1648, au lieu de la virgule, il y a un point, ce qui altère la pensée de Sénèque, mais est conforme à la traduction de Montaigne.
[890] Cet extrait des Essais de Montaigne ne se trouve que dans la première édition d'Horace. Corneille ne l'a pas reproduit à la suite de l'extrait latin, dans ses recueils de 1648-1656. Il tiendra lieu ici d'une traduction du morceau de Sénèque.
[891] «Affranchi, du mot latin libertus, ou libertinus; car ce dernier ne veut pas dire, comme on l'a cru longtemps, fils d'affranchi.» (Note de M. le Clerc sur Montaigne.)
[892] Quand Corneille fit imprimer Cinna dans la seconde partie de ses Œuvres, en 1648, il le fit précéder d'une lettre de Balzac, qui se trouve encore dans l'édition de 1656. Cette lettre, qui est du 17 janvier 1643, avait déjà été comprise dans le tome II des Lettres choisies du sieur de Balzac. Paris, Aug. Courbé, 1647, in-8o, p. 437 et suivantes. Dans notre édition elle figurera à sa date parmi les Lettres de Corneille, auxquelles nous avons joint celles qui lui ont été adressées.
[893] Corneille revient dans le Discours des trois unités (tome I, p. 105) sur ces «illustres suffrages» accordés à Cinna.
[894] Voyez le commencement du Discours du poëme dramatique, tome I, p. 14 et suivantes; et le Discours de la tragédie, p. 81 et suivantes.
[895] Ici Corneille répond à une question directe que lui avait posée d'Aubignac: «Je ne puis approuver que dans la salle d'un palais, où apparemment il y a toujours des gens qui vont et qui viennent, on fasse une longue narration d'aventures secrètes et qui ne pourroient être découvertes sans grand péril; d'où vient que je n'ai jamais pu bien concevoir comment Monsieur Corneille peut faire qu'en un même lieu Cinna conte à Émilie tout l'ordre et toutes les circonstances d'une grande conspiration contre Auguste, et qu'Auguste y tienne un conseil de confidence avec ses deux favoris; car si c'est un lieu public, comme il le semble, puisqu'Auguste en fait retirer les autres courtisans, quelle apparence que Cinna vienne y faire visite à Émilie avec un entretien et un récit de choses si périlleuses, qui pouvoient être entendues de ceux de la cour qui passoient en ce lieu? Et si c'est un lieu particulier, par exemple le cabinet de l'Empereur, qui en fait retirer ceux qu'il ne veut pas rendre participants de son secret, comment est-il vraisemblable qu'il soit venu faire ce discours à Émilie? et moins encore qu'Émilie y fasse des plaintes enragées contre l'Empereur? Voilà une difficulté que Monsieur Corneille résoudra quand il lui plaira.» (La Pratique du théâtre, p. 396 et 397.)
[896] Var. (édit. de 1660 et de 1663): de cette entreprise, dont il étoit un des chefs.—Le reste de la phrase manque dans l'édition de 1660, qui continue ainsi: «et bien loin de pouvoir, etc.»
[897] Voyez l'Examen de Médée, tome II, p. 337.
[898] Var. (édit. de 1660-1664): Émilie a joie d'apprendre.
[899] L'édition de 1660 a de plus, au commencement de ce paragraphe, la phrase suivante: «C'est ici la dernière pièce où je me suis pardonné de longs monologues: celui d'Émilie ouvre le théâtre, Cinna en fait un au troisième acte, et Auguste et Maxime chacun un au quatrième.
[900] Voltaire, par un scrupule de clarté, a ainsi modifié, dans son édition du Théâtre de Corneille (1764), le commencement de ce paragraphe: «Comme les vers de ma tragédie d'Horace....»
[901] Var. (édit. de 1660): on peut dire que ceux-ci ont quelque chose de plus achevé.
[902] Var. (édit. de 1660): et de raisonnement, ou de sentiments.
[903] Sénèque dit simplement petit-fils, mais c'est Dion (livre LV, chapitre XIV) qui a appris à Corneille que Cinna, auquel il donne le prénom de Cneius, et non de Lucius, comme Sénèque, était fils d'une fille de Pompée.
[904] Suétone nous apprend, dans sa Vie d'Auguste (chapitre XXVII), qu'Octavien proscrivit C. Toranius, son tuteur, qui avait été le collègue de son père dans l'édilité; Valère-Maxime (livre IX, chapitre XI, 5) raconte qu'une fois proscrit, Toranius fut livré par son propre fils, lequel indiqua aux centurions qui le cherchaient, la retraite où il était caché, son âge et les marques auxquelles ils pourraient le reconnaître. Toranius avait été préteur.
[905] Pour le lieu particulier de chaque acte, voyez ci-dessus, p. 366, 379 et 380.
[906] L'édition originale a pour titre, comme nous l'avons dit dans la Notice, Cinna, ov la clemence d'Avgvste.
[907] Émilie ne se trouve pas sur le théâtre; elle y entre au commencement de la pièce; c'est Corneille qui nous l'apprend en ces termes dans le Discours des trois unités (tome I, p. 108 et 109): «L'auditeur attend l'acteur; et bien que le théâtre représente la chambre ou le cabinet de celui qui parle, il ne peut toutefois s'y montrer qu'il ne vienne de derrière la tapisserie, et il n'est pas toujours aisé de rendre raison de ce qu'il vient de faire en ville avant que de rentrer chez lui, puisque même quelquefois il est vraisemblable qu'il n'en est pas sorti. Je n'ai vu personne se scandaliser de voir Émilie commencer Cinna sans dire pourquoi elle vient dans sa chambre: elle est présumée y être avant que la pièce commence, et ce n'est que la nécessité de la représentation qui la fait sortir de derrière le théâtre pour y venir.»—Voyez sur ce monologue le Discours du poëme dramatique (tome I, p. 45).—«Plusieurs actrices, dit Voltaire, ont supprimé ce monologue dans les représentations. Le public même paraissait souhaiter ce retranchement.... Cependant j'étais si touché des beautés répandues dans cette première scène, que j'engageai l'actrice qui jouait Émilie à la remettre au théâtre, et elle fut très-bien reçue.»
[908]
Var. A qui la mort d'un père a donné la naissance. (1643-56)
Var. Que d'un juste devoir soutient la violence. (1660)
[909]
Var. Vous régnez sur mon âme avecque trop d'empire[909-a]:
Pour le moins un moment souffrez que je respire. (1643-56)
[909-a] Ce vers, par une erreur d'impression, a été omis dans l'édition de 1656.
[910] Var. Quand je regarde Auguste en son trône de gloire. (1643-56)
[911] Var. Quand il faut, pour le perdre, exposer mon amant. (1643-56)
[912] Var. Te demander son sang, c'est exposer le tien. (1643-56)
[913]
Var. Souvent dessus ton chef renverser l'entreprise,
Porter sur toi les coups dont tu le veux frapper. (1643-56)
[914] Var. Il te peut, en tombant, accabler sous sa chute. (1643-56)
[915]
Var. Et je tiens qu'il faut mettre au rang des grands malheurs
La mort d'un ennemi qui nous coûte des pleurs. (1643-56)
[916] Var. Que cette passion dût être refroidie. (1643-56)
[917] Var. Ont encore besoin que vous parliez pour eux. (1643-56)
[918] «Ce sentiment atroce et ces beaux vers ont été imités par Racine dans Andromaque (acte IV, scène IV):
Ma vengeance est perdue
S'il ignore en mourant que c'est moi qui le tue.»
(Voltaire.)
[919] Var. Quand je songe aux hasards que je lui fais courir. (1643-56)
[920] Sénèque a dit dans sa IVe épître: Quisquis vitam contempsit, tuæ dominus est. «Quiconque méprise la vie est maître de la tienne.»
[921] Var. Des grandeurs du péril n'est-elle point troublée? (1643-56)
[922] Var. Jamais de telle ardeur on ne jura sa mort. (1643-56)
[923] Var. Qu'ils semblent, comme moi, venger une maîtresse. (1643)
[924] Var. Vous eussiez vu leurs yeux s'allumer de fureur. (1643-56)
[925] On raconte que lorsque Michel Baron reparut au mois de mars 1720, à l'âge de soixante-huit ans, dans le rôle de Cinna, on le vit, dans la même minute, pâlir et rougir comme le vers l'indiquait.—Larive, dans son Cours de déclamation (tome II, p. 6), nie obstinément la possibilité du fait; il semble toutefois que les comédiens du dix-septième siècle aient eu le secret de pâlir à volonté. Tallemant dit en parlant de Floridor (tome VII, p. 176): «Il est toujours pâle, ainsi point de changement de visage.»
[926]
Var. Où le but des soldats et des chefs les plus braves,
C'étoit d'être vainqueurs pour devenir esclaves[926-a];
Où chacun trahissoit, aux yeux de l'univers,
Soi-même et son pays, pour assurer ses fers,
Et tâchant d'acquérir avec le nom de traître
L'abominable honneur de lui donner un maître. (1643-56)
[926-a] Étoit d'être vainqueurs pour devenir esclaves. (1648-56)
[927] Var. De leur concorde affreuse, horrible, impitoyable. (1643-56)
[928] «Dufresne employa un jour une petite adresse qui produisit un grand effet. En commençant ce récit, il cacha derrière lui une de ses mains dans laquelle il tenait son casque surmonté d'un panache rouge; et lorsqu'il fut arrivé à ces vers, il montra subitement le casque et le panache rouge; et les agitant vivement, il sembla présenter aux spectateurs la tête et la chevelure sanglante dont il est question dans les vers de Corneille. Les spectateurs furent saisis de terreur: Dufresne avait réussi. Mais ces sortes de jeux de théâtre, fruits de la combinaison et du calcul, ne peuvent être répétés.» (Galerie historique des acteurs du théâtre français, par Lemazurier, tome I, p. 510.)
[929] Var. Sans exprimer encore avecque tous ces traits[929-a]. (1643-56)
[929-a] Les éditions de 1652-56 portent, par erreur, ses traits, pour ces traits.
[930] Var. Ces illustres proscrits, ces demi-dieux mortels. (1643-56)
[931] Voltaire, dans l'édition de 1764, a remplacé «dans le trône» par «sur le trône.»
[932]
Var. Rendons toutefois grâce à la bonté céleste,
Que de nos trois tyrans c'est le seul qui nous reste. (1643-56)
[933] Antoine et Lépide.
[934] C'est une allusion à une circonstance historique, à la dignité sacerdotale qu'Auguste avait conférée à Cinna: voyez ci-dessus, p. 374. Sénèque nous apprend aussi (voyez p. 373) que les conjurés voulaient attaquer Auguste pendant qu'il célébrerait un sacrifice: Sacrificantem placuerat adoriri.
[935] On lit ayeuls dans l'édition de 1656.
[936] Var. César celui de[936-a] prince ou bien d'usurpateur. (1643-56)
[936-a] L'édition de 1656 porte, par erreur, du prince, pour de prince.
[937] «Cette expression sublime: mourir tout entier, est prise du latin d'Horace (Livre III, ode XXX, vers 6) non omnis moriar, et tout entier est plus énergique. Racine l'a imitée dans sa belle pièce d'Iphigénie (acte I, scène II):
Ne laisser aucun nom et mourir tout entier.»
(Voltaire.)
Pompée dit de même dans la Pharsale de Lucain (livre VIII, vers 266 et 267):
Non omnis in arvis
Emathiis cecidi,
«Je n'ai pas succombé tout entier dans les champs de l'Émathie.»
[938]
Var. Ont-ils perdu celui de derniers des Romains?
Et sont-ils morts entiers avecque leurs desseins? (1643-56)
[939] Var. Et que.... Mais quel sujet mène Évandre vers nous? (1643-56)
[940] Var. Et puisque désormais tu ne me peux venger. (1643-56)
[941] Var. Et ne lui permets point de m'ôter mon amant. (1643-56)
[942] Var. Heureux pour vous servir d'abandonner la vie. (1643-56)
[943]
Var. Dans un si grand péril vos jours sont assurés:
Vos desseins ne sont sus d'aucun des conjurés;
Et décrivant tantôt les misères romaines. (1643-56)
[944] Var. La mort de Toranius, père d'Émilie.
[945]
Var. De peur que trop d'ardeur touchant vos intérêts
Sur mon visage ému ne peignît nos secrets:
Notre amour n'est connu que d'Évandre et Fulvie. (1643-56)
[946] Ce jeu de scène manque dans les éditions de 1643-60.
[947] Fénelon, dans sa Lettre à l'Académie sur l'éloquence, dit: «Il me semble qu'on a donné souvent aux Romains un discours fastueux; je ne trouve point de proportion entre l'emphase avec laquelle Auguste parle dans la tragédie de Cinna et la modeste simplicité avec laquelle Suétone le dépeint.» Il est vrai; mais ne faut-il pas quelque chose de plus relevé sur le théâtre que dans Suétone? Il y a un milieu à garder entre l'enflure et la simplicité. Il faut avouer que Corneille a quelquefois passé les bornes. L'archevêque de Cambrai avait d'autant plus raison de reprendre cette enflure vicieuse, que de son temps les comédiens chargeaient encore ce défaut par la plus ridicule affectation dans l'habillement, dans la déclamation et dans les gestes. On voyait Auguste arriver avec la démarche d'un matamore, coiffé d'une perruque carrée qui descendait par devant jusqu'à la ceinture; cette perruque était farcie de feuilles de laurier et surmontée d'un large chapeau avec deux rangs de plumes rouges. Auguste, ainsi défiguré par des bateleurs gaulois sur un théâtre de marionnettes, était quelque chose de bien étrange. Il se plaçait sur un énorme fauteuil à deux gradins, et Maxime et Cinna étaient sur deux petits tabourets. La déclamation ampoulée répondait parfaitement à cet étalage, et surtout Auguste ne manquait pas de regarder Cinna et Maxime du haut en bas avec un noble dédain, en prononçant ces vers:
Enfin tout ce qu'adore en ma haute fortune,
D'un courtisan flatteur la présence importune.
Il faisait bien sentir que c'était eux qu'il regardait comme des courtisans flatteurs. En effet, il n'y a rien dans le commencement de cette scène qui empêche que ces vers ne puissent être joués ainsi. Auguste n'a point encore parlé avec bonté, avec amitié, à Cinna et à Maxime; il ne leur a encore parlé que de son pouvoir absolu sur la terre et sur l'onde.» (Voltaire.)
[948] Var. Cette grandeur sans borne et ce superbe rang. (1643-56)
[949] «Remarquez bien cette expression, disait Racine à son fils. On dit aspirer à monter; mais il faut connoître le cœur humain aussi bien que Corneille l'a connu pour pouvoir dire de l'ambitieux qu'il aspire à descendre.»—Chaulmer écrivait en 1638, dans sa Mort de Pompée (acte I, scène I), ces vers qui, bien qu'ils contiennent une idée fort différente, ont une grande analogie d'expression avec ceux de notre poëte:
Gardons la liberté de la chose publique,
Déjà presque soumise au pouvoir tyrannique
D'un enfant sans respect, ou d'un tigre plutôt
Qui sortant de son antre, ose aspirer si haut;
Qu'il sache en se perdant que qui veut y prétendre,
Plus il cherche à monter, plus il trouve à descendre.
[950]
Var. Sylla s'en est démis, mon père l'a gardé,
Différents en leur fin comme en leur procédé:
L'un, cruel et barbare, est mort aimé, tranquille. (1643-56)
[951] Voyez dans le livre LII de Dion Cassius, chapitres I-XLI, la délibération d'Auguste avec Agrippa et Mécène, et les longs discours de ses deux conseillers. Cinna ouvre ici le même avis que Mécène; et Maxime, le même qu'Agrippa.
[952]
Var. Si vous laissant séduire à ces impressions,
Vous-même condamnez toutes vos actions. (1643-56)
[953]
Var. Lorsque notre valeur nous gagne une province,
Gouvernant justement, on devient juste prince. (1643-56)
[954]
Var. Mais sa mort vous fait peur? Seigneur, les destinées
D'un soin bien plus exact veillent sur vos années. (1643-56)
[955] Les éditions de 1652-56 portent:
L'empire où sa vertu l'a fait seul arriver.
[956] Var. Par la même vertu la gloire est donc flétrie. (1643-56)
[957] Var. Si de ses plus hauts faits l'infamie est le prix! (1643-56)
[958] Var. Mais ce n'est pas un crime indigne de pardon. (1643-56)
[959] L'édition de 1655 seule porte: «Il passe,» au singulier.
[960] Var. Quand nous avons pu vivre avecque plus de gloire. (1643-56)
[961]
Var. Avecque jugement punit et récompense,
Ne précipite rien de peur d'un successeur,
[Et dispose de tout en juste possesseur.] (1643-56)
[962] Var. Les magistrats donnés aux plus séditieux. (1643-56)
[963] Var. Dedans le champ d'autrui largement ils moissonnent. (1643-56)
[964] Var. Le pire des États est l'État populaire[964-a]. (1643)
[964-a] Bossuet, dans son cinquième Avertissement aux protestants, a dit presque dans les mêmes termes: «L'État populaire, le pire de tous;» et Cyrano de Bergerac, dans sa Lettre contre les frondeurs: «Le gouvernement populaire est le pire fléau dont Dieu afflige un État quand il le veut châtier.» Voyez les Notes sur la vie de Corneille, que M. Édouard Fournier a placées en tête de sa comédie de Corneille à la Butte Saint-Roch (p. CXX).
[965]
Var. Est une heureuse erreur dont elle est idolâtre,
Par qui le monde entier, rangé dessous ses lois. (1643-56)
[966] L'édition de 1655 porte: «la monarchique.»
[967] Var. S'il est vrai que du ciel la prudence infinie. (1643-56)
[968] Var. Il est certain aussi que cet ordre des cieux. (1643-56)
[969]
Var. Ce que tous ses consuls n'ont pu faire deux fois,
Et qu'a fait avant eux le second de ses rois. (1643-56)
[970] Var. De nous vendre bien cher les grands biens qu'ils nous font. (1643-64)
[971] Souvenir de Virgile (Énéide, livre II, vers 291 et 292):
Si Pergama dextra
Defendi possent, etiam hac defensa fuissent.
«Si Pergame (dit Hector) eût pu être défendu par la droite d'un guerrier, elle l'aurait été par celle-ci.»
[972] Var. Et devoit cet honneur aux mânes d'un tel homme. (1643-56)
[973]
Nec quemquam jam ferre potest, Cæsarve priorem,
Pompeiusve parem.
(Lucain, Pharsale, livre I, vers 125 et 126.)
«Et César ne peut plus souffrir de supérieur, ni Pompée d'égal.»
[974] On a rapproché de ces vers la phrase suivante de Tacite (Annales, livre I, chapitre IX): ....non aliud discordantis patriæ remedium fuisse, quam ut ab uno regeretur, «il n'y eut pas d'autre remède pour la patrie en discorde que d'être gouvernée par un seul;» et celle-ci de Florus (livre IV, chapitre III): Aliter salvus esse non potuit (populus romanus), nisi confugisset ad servitutem, «le peuple romain ne put être sauvé qu'en ayant recours à la servitude.»
[975] Var. Et si votre bonté la veut favoriser. (1643-56)
[976] Var. Que le malheur du temps ne nous eût pas fait voir. (1643 in-4o)
[977] C'est une flatterie semblable à celle que Lucain (Pharsale, livre I, vers 37 et 38) adresse à Néron:
Jam nihil, o Superi, querimur: scelera ipsa nefasque
Hac mercede placent.
«Nous ne nous plaignons plus de rien, ô Dieux: les forfaits mêmes et le crime nous plaisent à ce prix.»
[978]Var. Conservez-vous, Seigneur, lui conservant un maître. (1643-56)
[979]
Var. Et daignez assurer le bien commun de tous,
Laissant un successeur qui soit digne de vous. (1643-56)
[980] Var. Je sais bien que vos cœurs n'ont point pour moi de fard. (1643-56)
[981] Var. Votre amour pour tous deux fait ce combat d'esprits. (1643-56)
[982] Var. Et je veux que chacun en reçoive le prix. (1643-60)
[983] Var. Vous n'êtes pas pour elle un homme à dédaigner. (1643-60)
[984] Var. Je présume plutôt qu'elle en sera ravie. (1643-56)
[985] Var. Adieu: j'en vais porter la nouvelle à Livie. (1643 in-4o)
[986] Var. Auguste aura soûlé ses damnables envies. (1643-56)
[987] Voyez tome I, p. 148, note 3.
[988] Var. Ont fait tomber l'État sous des lois tyranniques. (1643)
[989]
Var. [Donc pour vous Émilie est un objet de haine,]
Et cette récompense est pour vous une peine?
CINNA. Oui, mais pour le braver jusque dans les enfers,
Quand nous aurons vengé Rome des maux soufferts,
Et que par son trépas je l'aurai méritée. (1643-56)
[990]
Var. Sa ligue se romproit s'il en étoit démis. (1643)
Var. Sa ligue se romproit s'il s'en étoit démis. (1648-56)
[991] Var. Ils servent, abusés, la passion d'un homme. (1643-56)
[992] Var. Mon amour inconnue, avant que d'éclater. (1643-56)
[993]
Var. Un exemple à faillir n'autorise jamais.
EUPH. Sa faute contre lui vous rend tout légitime. (1643-56)
[994] Var. Va; devant qu'il soit peu, je t'irai retrouver. (1643-56)
[995] Var. Pour t'aller dire après ce que je me propose. (1643-64)
[996] Var. D'un penser si profond quel est le triste objet? (1643-56)
[997]
Var. Plût aux Dieux que César, avecque tous ses soins,
Ou s'en fit plus aimer, ou m'aimât un peu moins! (1643-56)
[998] Var. Je sens dedans le cœur mille remords cuisants. (1643-56)
[999] Var. Je crois que Brute même, à quel point qu'on le prise. (1643-56)
[1000] Var. Et qu'avant que frapper elle lui fit sentir. (1643-63)
[1001] Var. Qui même fait en lâche un acte généreux. (1643-64)
[1002] Var. Que tu sais mal nommer le glorieux empire. (1643-56)
[1003] Var. Mais plutôt qu'à bon droit tu le nommes foiblesse. (1643-56)
[1004]
Var. Ou s'il l'ose combattre, il n'ose en triompher. (1643)
Var. Et que s'il le combat, il n'ose en triompher. (1648-64)
[1005] Var. Mais voici de retour cette belle inhumaine. (1643-56)
[1006]
Var. Tes amis généreux n'ont point manqué de foi,
Et ne m'ont point réduite à m'employer pour toi. (1643-56)
[1007] Var. Et si nos cœurs étoient conformes en desirs. (1643-56)
[1008] Var. Mais je n'ose parler, et je ne me puis taire. (1643-56)
[1009] Var. Que peut un bel objet attendre d'un grand cœur! (1643-60)
[1010] Var. Jeter un roi du trône, et donner ses États. (1643-60)
[1011] «Voilà une imitation admirable de ces beaux vers d'Horace (livre II, ode 1, vers 23 et 24):
Et cuncta terrarum subacta,
Præter atrocem animum Catonis.
«Et tout l'univers subjugué, hormis l'âme indomptable de Caton.»
(Voltaire.)
[1012] Var. Aussi n'est-ce qu'à vous que je le veux devoir. (1643-56)
[1013] Var. J'obéis sans réserve à tous vos mouvements. (1643-56)
[1014] Var. Et quand il faut répandre un sang si malheureux. (1643-56)
[1015] Var. Et le sang et la vie à qui le fait servir. (1643-56)
[1016] Var. Implorer la faveur d'esclaves tels que nous. (1643-56)
[1017]
Var. Aux deux bouts de la terre en est-il d'assez vain
Pour prétendre égaler un citoyen romain? (1643-56)
[1018]
Var. Je saurai bien sans toi, dans ma noble colère,
Venger les fers de Rome et le sang de mon père. (1643-56)
[1019] Var. Je t'aime toutefois, tel que tu puisses être. (1643-60)
[1020] Var. Tu te plains d'un amour qui te veut rendre traître. (1643-56)
[1021] Voyez tome I, p. 328, note 1083.
[1022]
Var. Je l'ai juré, j'y cours, et vous serez vengée;
Mais ma main, aussitôt dedans mon sein plongée. (1643-56)
[1023] Var. A ce crime forcé joindra le châtiment[1023-a]. (1643-56)
[1023-a] Racine s'est rappelé ce passage dans Andromaque (acte IV, scène III)
Et mes sanglantes mains, sur moi-même tournées,
Aussitôt, malgré lui, joindront nos destinées.
[1024] Var. Recouvrera sa gloire aussitôt que perdue. (1643-56)
[1025] GARDES manque dans l'édition de 1643.—TROUPE DE GARDES. (1648-60)
[1026] Var. On ne conçoit qu'à force une telle fureur. (1643-56)
[1027]
Var. Encore pour Maxime, il m'en fait avertir[1027-a],
Et s'est laissé toucher à quelque repentir. (1643-56)
[1027-a] Unus ex conseiis deferebat, «c'était un des complices qui dénonçait la conjuration:» voyez ci-dessus, p. 373.
[1028] Var. Que sur les conjurés fait un juste remords. (1643-56)
[1029] Var. O le plus déloyal que l'enfer ait produit! (1643-56)
[1030] Ce jeu de scène manque dans les éditions de 1643-60.
[1031] Ce jeu de scène manque dans les deux éditions de 1643. Il se trouve deux vers plus haut dans les éditions de 1648-60.
[1032]
Var. Il l'a jugé trop grand pour se le pardonner:
A peine du palais il a pu retourner. (1643-60)
[1033] Var. Que de tous les côtés lançant un œil farouche. (1643-56)
[1034] Var. Que je n'ignore pas ce que j'ai mérité. (1643-60)
[1035]
Var. Et l'eau grosse et rapide, et la nuit survenue,
L'ont dérobé sur l'heure à ma débile vue.
AUG. Sous ses justes remords il a trop succombé. (1643-56)
Var. Dont l'eau grosse et rapide et la nuit assez noire. (1660-64)
[1036] Var. Sous le pressant remords il a trop succombé. (1660)
[1037] AUGUSTE, seul. (1648-60)
[1038] Sextus Pompée.
[1039] Dans la guerre entre Octave et les adhérents d'Antoine, après la bataille de Philippes.
[1040] Voyez p. 384, note 903.
[1041]
Var. Et puis ose accuser ton destin d'injustice,
Si les tiens maintenant s'arment pour ton supplice,
Et si par ton exemple à ta perte guidés. (1643-56)
[1042] Var. Ils violent les droits que tu n'as pas gardés! (1643-64)
[1043] Ce vers rappelle, mais par les mots et par le son plutôt que par la pensée, la fin de la première strophe des Larmes de saint Pierre de Malherbe:
Fait de tous les assauts que la rage peut faire
Une fidèle preuve à l'infidélité.
(Voyez le Malherbe de M. Lalanne, tome I, p. 4.)
[1044] Voyez ci-dessus, p. 373: Quid ergo! ego percussorem meum securum ambulare patiar, me sollicito?
[1045] Quis finis erit suppliciorum? quis sanguinis? (P. 374.)
[1046] Var. Rome a pour ma ruine un hydre trop fertile. (1652-56)
[1047] Ego sum nobilibus adolescentulis expositum caput, in quod mucrones acuant. (P. 374.)
[1048] Non est tanti vita, si, ut ego non peream, tam multa perdenda sunt. (Ibidem.)
[1049] Var. Éteins-en le flambeau dans le sang d'un ingrat. (1643-60)
[1050] Toutes les éditions publiées du vivant de Corneille portent nous-mêmes, avec une s, à l'exception de celle de 1643 in-4o, qui donne nous-même.
[1051] Voyez la Notice, p. 365.
[1052] Admittis muliebre consilium? (P. 374.)
[1053]
Var. Seigneur, jusques ici votre sévérité
A fait beaucoup de bruit, et n'a rien profité. (1643-56)
[1054]
Var. N'a point mis de frayeur dedans l'esprit d'Égnace[1054-a],
Dont Cinna maintenant ose imiter l'audace. (1643-56)
[1054-a] Tous ces noms sont aussi empruntés à Sénèque: voyez p. 374.
[1055] Voyez tome I, p. 169, note 560.
[1056] Nunc tenta quomodo tibi cedat clementia. (P. 374.)
[1057] Jam nocere tibi non potest, prodesse famæ tuæ potest. (Ibidem.)
[1058] Var. Aussi dedans la place où je m'en vais descendre. (1643-56)
[1059]
Var. Je sais les soins qu'un roi doit avoir de sa vie,
A quoi le bien public, en ce cas, le convie. (1643-56)
[1060] L'édition de 1682 porte, par erreur, conjecture, pour conjoncture.
[1061] Les éditions de 1643 in-4o, de 1648-54, de 1656 et de 1660 portent il fait, pour il faut. Quel que soit le nombre des éditions qui reproduisent cette leçon, ce ne peut être qu'une faute typographique.
[1062] Ce jeu de scène manque dans les éditions de 1643-60.
[1063] Var. Il m'échappe: suivons, et le forçons de voir. (1643-56)
[1064]
Var. Faire un second effort contre ce grand courroux;
J'en rendois grâce aux Dieux, quand soudain Polyclète. (1643-56)
[1065] Var. Mais ce qui plus m'étonne, et que je viens d'apprendre. (1643-56)
[1066] Var. Une vaine frayeur m'a pu tantôt troubler. (1643-56)
[1067] Var. Que d'abord son éclat vous fera reconnoître. (1643-56)
[1068] Var. Est de voir que César sait tout votre secret. (1643-56)
[1069] Var. Nous avons un vaisseau tout prêt dessus la rive. (1643-56)
[1070] Les éditions de 1668 et de 1682 portent, par erreur, de fortune, pour la fortune.
[1071] Var. Quoi! si ton amitié pour Cinna t'intéresse. (1643-63)
[1072] Les éditions de 1652-56 portent ta maîtresse, pour sa maîtresse, ce qui est certainement une erreur.
[1073] L'édition de 1643 in-4o porte sans loi, pour sans toi.
[1074] Var. Si c'est te faire tort que de me défier. (1643-56)
[1075] Var. Et porte avec son nom à la postérité. (1643-56)
[1076] Var. Il te reste autre fruit que la honte et la rage. (1643 et 48)
[1077] Var. Mais que peut-on attendre aussi de tes pareils? (1643-56)
[1078] Var. Et pour changer d'état, il ne change point d'âme. (1643-56)
[1079] Var. N'a su prendre un rayon de générosité. (1660)
[1080] Voyez ci-dessus, p. 374: Quum alteram poni Cinnæ cathedram jussisset: «Hoc, inquit, primum a te peto, ne me loquentem interpelles, ne medio sermone meo proclames; dabitur tibi loquendi liberum tempus.»
[1081]
Var. Ce fut dedans leur camp que tu pris la naissance;
Et quand après leur mort tu vins en ma puissance,
Leur haine héréditaire, ayant passé dans toi,
T'avoit mis à la main les armes contre moi. (1643-56)
[1082] Ego te, Cinna, quum in hostium castris invenissem, non factum tantum mihi inimicum, sed natum, servavi. (P. 374)
[1083]
Var. Et le sang t'ayant fait d'un contraire parti,
Ton inclination ne l'a point démenti:
Comme elle l'a suivi, les effets l'ont suivie. (1643-56)
[1084] Patrimonium tibi omne concessi. (P. 374.)
[1085] Sacerdotium tibi petenti, præteritis compluribus quorum parentes mecum militaverant, dedi. (Ibidem.)
[1086]
Var. M'ont conservé le jour qu'à présent je respire,
Et m'ont de tout leur sang acheté cet empire. (1643-56)
[1087] Hodie tam felix es et tam dives, ut victo victores invideant. (P. 374.)
[1088]
Var. Après tant de travaux montrer un peu de haine. (1643 in-4o)
Var. Après tant de faveurs montrer un peu de haine. (1643 in-12 et 48-56)
[1089] Quum sic de te meruerim, occidere me constituisti. (P. 374.)
[1090] Quum ad hanc vocem exclamasset Cinna, procul hanc ab se abesse dementiam: «Non præstas, inquit, fidem, Cinna; convenerat ne interloquereris. Occidere, inquam, me paras.» (P. 374 et 375.)
[1091]
Var. Assurée au besoin du secours des premiers.
Te dirai-je les noms de tous ces meurtriers? (1643-56)
[1092] Monvel comptait ici les conjurés sur ses doigts; après le nom de Maxime, il laissait retomber sa main en disant la fin du vers, puis il semblait s'apprêter à reprendre son compte, qu'il abandonnait définitivement en disant:
Le reste ne vaut pas l'honneur d'être nommé.
Talma admirait fort ce jeu de scène très-familier, mais d'un effet saisissant, et il fut longtemps avant d'oser le pratiquer.
[1093] Et quum defixum videret, nec ex conventione jam, sed ex conscientia tacentem: «Quo, inquit, hoc animo facis?» (P. 375.)
[1094] Ut ipse sis princeps? Male, mehercule, cum republica agitur, si tibi ad imperandum nihil præter me obstat. (Ibidem.)
[1095] Var. Mais en un triste état on la verroit réduite. (1643-56)
[1096] «Ces vers et les suivants occasionnèrent un jour une saillie singulière. Le dernier maréchal de la Feuillade, étant sur le théâtre, dit tout haut à Auguste: «Ah! tu me gâtes le soyons amis, Cinna.» Le vieux comédien qui jouait Auguste se déconcerta et crut avoir mal joué. Le maréchal, après la pièce, lui dit: «Ce n'est pas vous qui m'avez déplu, c'est Auguste, qui dit à Cinna qu'il n'a aucun mérite, qu'il n'est propre à rien, qu'il fait pitié, et qui ensuite lui dit: «Soyons amis.» Si le Roi m'en disait autant, je le remercierais de son amitié.» (Voltaire.)
[1097] Cedo, si spes tuas solus impedio, Paulusne te et Fabius Maximus et Cossi et Servilii ferent, tantumque agmen nobilium, non inania nomina præferentium, sed eorum qui imaginibus suis decori sunt? (P. 375.)
[1098] Var. Cette stupidité s'est enfin dissipée. (1643-56)
[1099]
Var. Oui, Seigneur, du dessein je suis la seule cause:
C'est pour moi qu'il conspire, et c'est pour moi qu'il ose. (1643-56)
[1100] Var. Ces flammes dans nos cœurs dès longtemps étoient nées. (1643-56)
[1101] Var. Mon père l'eut pareil de ceux qu'il vous a faits. (1643-64)
[1102] Voyez acte III, scène IV, (page 535) vers 1035 et 1036.
[1103] Var. Ayant avec un père un amant à venger. (1643-56)
[1104] Var. A mes chastes desirs la trouvant inflexible. (1643-60)
[1105] Var. Mais enfin le ciel m'aime, et parmi tant de maux Il m'a rendu Maxime, et l'a sauvé des eaux. (1643-56)
[1106] Voltaire, dans l'édition de 1786, a remplacé enlevé par arraché. Il fait commencer la scène au vers 1665.
[1107]
Var. A vos bontés, Seigneur, j'en demanderai deux,
Le supplice d'Euphorbe, et ma mort à leurs yeux. (1643-56)
[1108] Il y a destin dans toutes les éditions de Corneille, et même encore dans celle de 1692. Le mot paraît être pris dans un sens conforme à celui de se proposer, résoudre, qu'avait autrefois le verbe destiner (voyez le Lexique). Voltaire a substitué dessein à destin.
[1109] Voyez ci-dessus, p. 375: Vitam tibi, inquit, Cinna, iterum do, prius hosti, nunc insidiatori ac parricidæ. Ex hodierno die inter nos amicitia incipiat. Contendamus utrum ego meliore fide vitam tibi dederim, an tu debeas.
[1110] Post hæc detulit ultro consulatum. (P. 375.)—Cinna fut consul l'an 5 avant Jésus-Christ.
[1111] Var. Apprends, à mon exemple, à vaincre ta colère. (1643-56)
[1112] Var. Et pour preuve, Seigneur, je ne veux que moi-même. (1643-56)
[1113] Ce jeu de scène manque dans les éditions de 1643-60.
[1114] Nullis amplius insidiis ab ullo petitus est. (P. 375.)
[1115] L'édition de 1682 porte, par erreur, tout, pour trop.
[1116] Voyez ci-dessus, p. 38. Le passage que nous reproduisons ici est extrait de la page 87 de cet ouvrage.
[1117] Voyez ci-dessus, p. 254 et 255.
[1118] Œuvres, Paris, B. Brunet, 1742, tome III, p. 103.
[1119] Note de Voltaire sur la scène VI de l'acte II de Polyeucte.
[1120] M. Guizot, Corneille et son temps, p. 200.
[1121] Voyez la fin de la note 1 de la page suivante.—Lemazurier, Galerie des acteurs du théâtre français, tome I, p. 317.—Aimé Martin, Œuvres de Corneille, tome I, p. XLI, note 1.—M. Édouard Fournier, Notes sur la vie de Corneille, p. XL.
[1122] On trouve dans l'édition de M. Lefèvre la distribution de rôles suivante, qui, si elle était authentique, établirait que la pièce a été jouée au Marais: Polyeucte, d'Orgemont; Sévère, Floridor; Néarque, Desurlis; Pauline, Mlle Duclos; mais nous avons déjà eu bien souvent l'occasion de voir que les renseignements de ce genre ne reposent dans cette édition sur aucun document certain. Nous ne citerons que pour mémoire une autre source tout aussi peu sûre: un Journal du Théâtre françois manuscrit qui se trouve aujourd'hui à la Bibliothèque impériale et qui appartenait autrefois à M. Beffara. Une note de cet amateur, placée en tête du premier volume, attribue avec beaucoup de vraisemblance l'ouvrage à de Mouhy, auteur des Tablettes dramatiques. On y lit (tome II, folio 804 recto): «Les acteurs qui jouèrent d'original dans Polyeucte furent Baron, Champmeslé, la Thuillerie, Hauteroche, Beauval, Guérin, Hubert, le Comte, et les demoiselles le Comte et Guyot.»
[1123] Pratique du théâtre, livre IV, nouveau chapitre VI manuscrit, intitulé: des Discours de piété, dirigé principalement contre Polyeucte et Théodore, et ajouté à l'exemplaire que nous avons déjà cité ci-dessus, p. 276, note 2.
[1124] Note sur la scène III de l'acte IV.
[1125] Note sur la scène VI de l'acte V.
[1126] Voyez, dans les Mémoires d'Hippolyte Clairon (p. 110 et suivantes), une Étude de Pauline dans Polyeucte, et dans les Mémoires pour Marie-Françoise Dumesnil en réponse aux Mémoires d'Hippolyte Clairon (p. 168 et suivantes), une critique très-vive, mais fort juste, de cette Étude.
[1127] Lettre à Mylord*** sur Baron et Mlle Lecouvreur, p. 23-25.
[1128] Histoire du Théâtre françois, par C. G. Étienne et B. Martainville, tome III, p. 56 et note.
[1129] Page 215.
[1130] Le 1er mai 1794.—Lemazurier, tome I, p. 555.
[1131] Anne d'Autriche, fille aînée de Philippe III, roi d'Espagne, mariée à Louis XIII le 25 décembre 1615, devint régente du royaume quatre jours après la mort du Roi, le 18 mai 1643, c'est-à-dire entre l'époque où Corneille obtint le privilége de Polyeucte et celle où cette pièce fut imprimée (voyez plus haut, p. 468). On trouve ici l'expression fort naturelle de la reconnaissance de Corneille envers la Reine, qui s'était montrée très-favorable au Cid et à son auteur (voyez ci-dessus, p. 15 et 16). C'était d'abord à Louis XIII que cette dédicace devait être adressée. On lit dans l'Historiette que lui a consacrée Tallemant des Réaux (tome II, p. 248): «Depuis la mort du Cardinal, M. de Schomberg lui dit que Corneille vouloit lui dédier la tragédie de Polyeucte. Cela lui fit peur, parce que Montauron avoit donné deux cents pistoles à Corneille pour Cinna. «Il n'est pas nécessaire, dit-il.—Ah! Sire, reprit M. de Schomberg, ce n'est point par intérêt.—Bien donc, dit-il, il me fera plaisir.» Ce fut à la Reine qu'on la dédia, car le Roi mourut entre deux.»—Cette épître et l'Abrégé du martyre, qui la suit, se trouvent dans les éditions antérieures à 1660 et dans une édition in-12 de 1664 que possède la Bibliothèque impériale.
[1132] Var. (édit. de 1648-1656 et de 1664 in-12): et quelque respect.
[1133] Var. (édit. de 1648-1656 et de 1664 in-12): mais une pièce de théâtre qui....
[1134] Les éditions de 1648-1655 portent: «hommage,» au singulier.
[1135] Le 18 août 1643.
[1136] Var. (édit. de 1648-1656 et de 1664 in-12): sur le bord.
[1137] Siméon Métaphraste, ainsi nommé parce qu'il a paraphrasé les vies des saints, est né dans le dixième siècle, à Constantinople. Ce fut, dit-on, Constantin Porphyrogénète qui l'engagea à rassembler les vies des saints. Louis Lippomani, né à Venise vers 1500, publia, de 1551 à 1558, 6 volumes in-4o de vies des saints. Les deux derniers contiennent la traduction latine de celles qui avaient été recueillies par Métaphraste; enfin Laurent Surius, né en 1522 à Lubeck, publia en 1570 un recueil en 6 volumes in-folio intitulé: Vitæ sanctorum ab Aloysio Lipomanno olim conscriptæ, qui fut ensuite augmenté par Mosander.—Nous n'avons pas besoin de faire remarquer que le titre: Abrégé du martyre de saint Polyeucte, ne s'applique qu'aux deux paragraphes de cet Avertissement qui commencent l'un par: «Polyeucte et Néarque,» et l'autre par: «Son beau-père Félix.»
[1138] Melitinæ, in Armenia, sancti Polyeucti martyris, qui, in persecutione ejusdem Decii, multa passus, martyrii coronam adeptus est.
[1139] Nicomediæ vero in Bithynia Quadratus est passus, Melitinæ in Armenia Polyeuctus. (Annales ecclesiastici.... Romæ, 1594, in-fol., tome II, p. 459, ann. 254.)
[1140] L'édition de 1656 et celle de 1664 in-12 portent, par erreur, Superius, pour Surius.
[1141] Var. (édit. de 1648-1656 et de 1664 in-12): Néarque étoit chrétien, et Polyeucte suivoit encore la secte des gentils, mais avec toutes les qualités....
[1142] Var. (édit. de 1648-1656 et de 1664 in-12): lui dit Polyeucte.