Chroniques de J. Froissart, tome 03/13 : $b 1342-1346 (Depuis la trêve entre Jeanne de Montfort et Charles de Blois jusqu'au siége de Calais)
NOTES
CHAPITRE LI.
[1]Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. LXI, p. 5 à 13.
[2]Froissart, reproduisant une erreur de Jean le Bel (Chroniques, t. II, p. 5), donne à la comtesse de Salisbury le nom d’Alice; elle s’appelait Catherine, et elle était fille de Guillaume de Grandisson.
[3]Par acte daté d’Eltham le 3 avril 1342, Édouard III charge l’évêque de Durham, Henri de Lancastre, comte de Derby, son cousin, Raoul de Nevill et 4 autres chevaliers, de traiter au sujet d’une trêve avec David de Brus, roi d’Écosse. (Rymer, Fœdera, vol. II, p. 1191.) Par un autre acte donné plus d’un an après le premier et daté de Westminster le 20 mai 1343, Edouard III enjoint aux mêmes de veiller sur la frontière d’Écosse à l’exécution de la dite trêve qui doit durer jusqu’à la Saint Michel 1343 et de là en trois ans. (Ibid., p. 1225.)
[4]Jean le Bel s’est trompé en rapportant cette trêve à l’année 1343 ainsi que l’arrivée de Robert d’Artois et d’Édouard III en Bretagne (Chron., t. II, p. 17); ces trois événements appartiennent à l’année 1342. Froissart a reproduit les erreurs de date de son devancier et de son modèle. La trêve entre Jeanne de Montfort et Charles de Blois est du 1er mars 1342, ainsi qu’il résulte de la pièce suivante: «Nous Jehane de Flandres, duchesse de Bretaingne, comtesse de Richemond, de Monffort et vicomtesse de Limoges, faisons savoir à touz que, oie la requete que nous a faite maestre Henri de Malestret de par nostre sire le roi de France, c’est à savoir sur l’otroi de seures et saufves trefves entre nous et nostre partie adverse dou débat qui pant en presant entre nostre très cher singnour de Bretaingne et de Monffort nous et noz effanz d’une partie, et monseigneur Charles de Blois à cause de la dame de Penthèvre sa famme, d’autre, sur la chaiète et sucession de la duché de Bretaingne, eue sur ce deliberacion et conssail de noz chevaliers, gentis homes, bourgois et menu commun, pour l’obeissance dou dit singnour et la bone esperance dou bien d’acort et de paiz, les avons otroiées et otroions par ces lettres ès noms que desus et pour touz ceulx de nostre partie juques à la quinzaine de Pâques prochènes venanz, en telle manière que, se la partie adversse les veult otroier et soi assantir et ce fermement comme dit est, nous voulons que nostre dit otroi soit valable de meitanant; et ou cas où elle ne s’i assantiroit, nous rappelons le desus dit otroy fait par nous, et voulons que ils soit de nulle value et dou tout mis à naiant. Donné tesmoen nostre grant sael et ensamlile o le sael nostre très cher et très aemé et féal bachelier monseigneur Tengui dou Chatel nostre cappitaine de Brest, tant pour li que pour ceulx de la ville de Brest, et le sael nostre aemé et féal bachelier monseigneur Henri de Kaer, le vendredi amprès Reminiscere l’an mil trois cens quarante et un» (1er mars 1342). Orig., 2 sc. pend, sur simple queue de parch.; 3e sceau en déficit. (Arch. nat., sect. hist., J 241, nº 41.)
Jeanne de Monfort devait être à Brest lorsqu’elle accorda cette trêve, car des lettres de sauvegarde qu’elle délivra aux habitants de Saint-Malo sont données «à Brest, le jour où l’on chante Reminiscere l’an MCCCXLI.» (J 241, nº 40.)
[5]Il n’est pas absolument impossible que la comtesse de Montfort, s’embarquant à Brest où elle se trouvait alors, ait profité de la trêve pour faire un voyage en Angleterre; mais les actes du temps n’en font pas mention. Au contraire, dans des lettres de quittance d’une somme de mille livres sterling empruntée le 10 mars 1342 à la comtesse, Édouard III dit qu’il a reçu cette somme per manus Walteri de Mauny (Rymer, Fœdera, vol. II, p. 1189); il parle, dans une autre pièce en date du 20 juillet de la même année, de demandes que Jeanne et Amauri de Clisson lui ont faites per litteras et nuncios (Rymer, ibid., p. 1205). Il est probable, comme l’a supposé Dacier, que Froissart, reproduisant une erreur de Jean le Bel (Chroniques, t. II, p. 10), a placé mal à propos sous cette année un voyage qui n’eut lieu qu’à la fin de juin ou au commencement de juillet de l’année 1344.
[6]Le 30 juillet 1342, Robert d’Artois était sur le point de s’embarquer pour la Bretagne avec cent vingt hommes d’armes et autant d’archers (Rymer, Fœdera, vol. II, p. 1201); le 15 août suivant, la flotte destinée pour la Bretagne était partie (Rymer, ibid., p. 1209). Cette rencontre sur mer entre la flotte de Robert d’Artois et celle de Louis d’Espagne est mentionnée par Jean le Bel (Chron., t. II, p. 12); mais tous les détails appartiennent en propre à Froissart. Le chanoine de Liége fait même précéder la simple mention du combat de réserves qui sont tout à fait de nature à nous prévenir contre les additions de Froissart: «Je ne sçay pas dire toutes les aventures qui leur sourvindrent, car je n’y fus pas, et ceulx qui m’en ont raconté m’en ont dit en tant de diverses manières que je ne m’en sçay à quoy tenir de la vérité. J’ay trouvé en ung livre rimé, que ung jongleur a fait, tant de bourdes et de menteries, que je ne les oseroie dire.» (Chron., t. II, p. 11.)
[7]En plaçant Dinan dans les environs de Vannes, Froissart répète une erreur qu’il a empruntée à Jean le Bel; mais rien n’obligeait le chroniqueur de Valenciennes à ajouter au récit de son devancier des détails qui semblent de pure invention. La prise de Vannes elle-même par Robert d’Artois, dont Froissart a trouvé la mention dans Jean le Bel (Chron., t. II, p. 12), est fort douteuse, car il n’y est fait nulle allusion dans une lettre assez longue d’Édouard III à son fils datée du siége devant Vannes le 5 décembre 1342 (V. Hist. Ed. III, par Robert d’Avesbury, éd. de 1720, p. 100 et 101). Jean le Bel dit à propos de ce siége de Vannes: «Et y avint de belles aventures et grandes proesses, d’ung costé et d’aultre, que je ne sçauroye pas raconter ne dire au vray; si vault mielx que je m’en taise.» (Chron., t. II, p. 12.) Il est certain que Jean le Bel se montre ici plus réservé que Froissart. Toutefois, il y a de bonnes raisons de penser que la réserve du chanoine de Liége aurait dû être plus grande encore.
[8]Aujourd’hui hameau de la commune de Priziac, Morbihan, ar. Napoléonville, c. le Faouët. V. sur ce nom de lieu le tome deuxième de notre édition, Sommaire, p. XLVIII, note 300.
[9]Morbihan, ar. Vannes.
[10]Aujourd’hui château de la commune de Sarzeau, Morbihan, ar. Vannes.
[11]La présence de Hervé de Léon à cette prétendue prise de Vannes par Robert d’Artois est une erreur que Froissart a empruntée à Jean le Bel (Chron., t. II, p. 12). Hervé de Léon, fait prisonnier dans une embuscade par Gautier de Mauny au mois de mai 1342 et amené le 7 juillet suivant à Londres, où il fut enfermé à la Tour, ne put se trouver à Vannes entre l’arrivée de Robert d’Artois et celle d’Édouard III en Bretagne, c’est-à-dire après le commencement d’août et avant le 5 octobre 1342, car il ne dut être relâché qu’après la conclusion de la trêve de Malestroit (janvier 1343). Jean le Bel, en disant que le même Hervé de Léon avait été au début partisan de Montfort (Chroniques, t. I, p. 229) a entraîné Froissart dans une autre erreur, car le vicomte de Léon, oncle de Jeanne de Penthièvre mariée à Charles de Blois, se montra dès le commencement de la lutte, de l’aveu des propres partisans de Montfort, l’adversaire déclaré de ce dernier (Preuves de l’histoire de Bretagne, par dom Morice, t. I, p. 1431). V. la dissertation de dom F. Plaine intitulée: De l’autorité de Froissart comme historien des guerres de Bretagne, p. 19. Nantes, 1871.
[12]Ce siége de Rennes, dont la mention est empruntée à Jean le Bel (Chroniques, t. II, p. 15), est tout aussi problématique que la prise de Vannes par Robert d’Artois.
[13]Robert d’Artois mourut entre le 6 octobre (Rymer, Fœdera, vol. II, p. 1212) et le 20 novembre 1342 (ibid., p. 1215); mais Jean le Bel (Chron., t. II, p. 13) et Froissart (p. 20 et 224) se trompent en le faisant mourir en Angleterre. Il résulte d’une charte d’Édouard III, datée de Westminster le 1er mai 1343, que la mort du comte d’Artois arriva en Bretagne: «... Nos, licet dictæ quadringentæ libræ ad prædicta debita ipsius Roberti, [qui] in dictis partibus (Britanniæ), diu ante dictum festum Paschæ, diem suum clausit extremum...» (Rymer, ibid., p. 1222.)
CHAPITRE LII.
[14]Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap, LXII, p. 15 à 18.
[15]Édouard III s’embarqua à Sandwich (port du comté de Kent, à 4 l. n. de Douvres) le 5 octobre 1342 (Rymer, Fœdera, vol. II, p. 1212).
[16]Nous apprenons par une lettre d’Édouard III à son fils, donnée au siége de Vannes la veille de Saint Nicolas (5 décembre) 1342, dont Robert d’Avesbury nous a conservé le texte (Hist. Ed. III, éd. de 1720, p. 100), que Louis de Poitiers, comte de Valentinois, commandait alors la garnison de Vannes. Froissart se trompe lorsqu’il dit, dans la rédaction d’Amiens (p. 227), que Louis de Poitiers était à ce moment capitaine de Nantes.
[17]L’investissement de Nantes par Édouard III en personne est une erreur que Froissait a empruntée à Jean le Bel (Chron., t. II, p. 16). Les premières opérations du roi anglais en Bretagne furent dirigées contre Ploërmel, Malestroit (Morbihan, ar. Ploërmel), Redon, villes qui étaient au pouvoir des Anglais dès le 5 décembre 1342, date de la lettre d’Édouard III à son fils dont il est question plus haut. A cette même date, Amauri de Clisson, les seigneurs de Lyac (Loyat, Morbihan, ar. et c. Ploërmel), de Machecoille (Machecoul, Loire-Inférieure, ar. Nantes), de Reies (Retz ou Saint-Père-en-Retz, Loire-Inférieure, ar. Paimbœuf), de Ryeus (Rieux, Morbihan, ar. Vannes, c. Allaire), avaient fait soumission au roi d’Angleterre, qui, une fois maître de Ploërmel, de Malestroit et de Redon, mit le siége devant Vannes et se contenta d’envoyer vers les parties de Nantes son cousin de Northampton, le comte de Warwick et Hugh Spencer avec trois cents hommes d’armes (Hist. Ed. III, par Robert d’Avesbury, p. 99 et 100).
[18]Hervé de Léon avait été fait prisonnier dès le mois de mai 1342. V. plus haut, p. VI, note 11.
[19]L’armée du duc de Normandie dut se rassembler à Angers et se mettre en marche vers la Bretagne après le 12 novembre 1342. Par lettres du 12 nov. 1342, Philippe de Valois mande aux receveurs de Saintonge et du Poitou d’envoyer des vivres et des fourrages à Angers, pour l’armée que le duc de Normandie, son fils, doit conduire dans l’Anjou, le Maine et la Bretagne. (Arch. nat., sect. hist., k 43, nº 23.)—Original.
[20]Édouard III, dans la lettre à son fils datée du siége devant Vannes le 5 décembre 1342, se tait complétement sur ce siége de Rennes, qui par conséquent, s’il a eu lieu, doit être postérieur au 5 décembre; mais le silence du roi anglais rend le fait au moins douteux. Nous craignons qu’ici encore Froissart n’ait été moins réservé que Jean le Bel, qui dit en cet endroit: «Je ne m’ose plus avant entremettre de conter comment ces deux grandes assemblées se departirent, ne quelles aventures il y eut, car je n’y fus mye, et ja soit que je treuve en ces romans rimés dont j’ay parlé cy dessus biacop de choses, neantmoins, pource qu’elles sont plus plaines de mensonge que de vérité, je ne les ose dire.» (Chron., t. II, p. 18.)
[21]Froissart veut probablement parler d’Étienne Aubert, évêque de Clermont, fait cardinal par Clément VI la première année de son pontificat, et qui touchait, ainsi que les cardinaux d’Autun et de Périgord, 500 livres de rente sur la cassette de Philippe de Valois (De Camps, portef. 83, fos 149 et 150); mais d’après une bulle de Clément VI datée d’Avignon le 11 décembre 1342, les cardinaux envoyés pour négocier un arrangement entre les deux partis étaient Pierre des Prés, évêque de Palestrina, et Annibal Ceccano, évêque de Frascati. (V. Rymer, Fœdera, vol. II, p. 1216.)
[22]Froissart se trompe dans la rédaction de Rome (p. 245) en rapportant ces faits à Clément V, tandis qu’ils eurent lieu sous le pontificat de Clément VI qui succéda à Benoît XII en 1342.
[23]Édouard III se défiait beaucoup de la partialité des messagers du pape pour les Français, car il écrivait à son fils le 5 décembre: «Chiere filtz, sachez que le tierce jour que nous fusmes herbergés au dite siège, viendrent à nous un abbé et un clerc de par les cardinalx ovesque lour lettres pour nous requère de eaux envoier sauve conduyt pour venir devers nous; et nous disoient que, s’ils eussent conduyt, ils puissent estre devers nous entour les huit jours après. Et feissons nostre conseil respondre as ditz messagiers et deliverer à eux noz lettres de conduyt pour mesmes les cardinalx pour venir à la ville de Maltrait, à trente leages de nous, qu’estoit nadgairs renduz à nous et à nostre pees; qar nostre entent n’est pas qu’ils deivount pluis priés aproscher nostre ost que la dite ville de Malatrait pour plusours causes... mais qe, coment que les cardinalx veignent issint devers nous, nous ne pensoms mye delaier un jour de nostre purpos, qar nous poioms bien penser des delaiez qe nous avons eu, einz ces heures, par tretis de eaux et des aultres....» (Hist. Ed. III, par Robert d’Avesbury, p. 100 et 101.)
[24]C’est la célèbre trêve de Malestroit, ainsi nommée parce qu’elle fut conclue le 19 janvier 1343 dans le prieuré de Sainte-Madeleine de Malestroit, de l’ordre de Saint Benoît, au diocèse de Vannes.
CHAPITRE LIII.
[25]Cf. Jean le Bel, Chroniques, chap. LXII à LXIV, p. 18 à 28.
[26]Olivier de Clisson fut exécuté par jugement du roi, c’est-à-dire sans jugement régulier, le 2 août 1343. Voici le procès-verbal, jusqu’à présent inédit, de son exécution: «L’an de grace mil trois cens quarante trois, le semadi secont jour d’aoust, messires Oliviers, sires de Cliçon, chevaliers, prisonniers en Chastellet de Paris, pour plusieurs traisons et autres crimes perpetrez par lui contre le roy et la coronne de France et aliances qu’il avoit faites au roy d’Angleterre anemi du roy et du royaume de France, si comme li diz messires Oliviers le cognut et confessa, fu par jugement du roy donné à Orliens traynez du Chastellet de Paris ès Hales en Champiaus, et là ot sur un eschafaut la teste coppée. Et puis d’ileuc fu le corps trayné au gibet de Paris et là pendu au plus haut estage. Et la teste fu envoïe à Nantes en Bretaigne pour estre mise en une hante seur la porte de Sauvetout comme de traistre et cuida trahir la dite cité de Nantes à perpetuel memoire.» (Arch. nat., sect. jud., X2a 4, fº 186.)—Par acte du 22 août 1343, Philippe de Valois donne à son chambellan Thibaud, sire de Mateflon, les biens confisqués «dans la baillie de Caen, pour la forfaiture de Olivier, jadis seigneur de Clichon, qui pour ses meffaiz a esté mis à mort, notamment le manoir de Tuyt seant à l’un des bous de la forest de Cingueleis... les minières de fer de Biaumont qui pevent valoir cent livres tournois.» (Arch. nat., JJ75, p. 141, fº 72.)—En juin 1344, Jean, sire de Derval, reçoit 500 livrées de terre sur ce qui avait appartenu à feu Olivier de Clisson aux terres et appartenances de Goulaine et de l’Épine (Loire-Inférieure, ar. Nantes) JJ75, p. 185, fº 70.—Enfin, en août de la même année, il est fait don à Pierre Benoît, évêque de Léon, de 25 livres de rente annuelle en terre que possédait feu Olivier de Clisson dans la paroisse de Guémené (Loire-Inférieure, ar. Savenay) JJ75, p. 90.
[27]Ces chevaliers furent exécutés le samedi 29 novembre 1343. Le parlement instruisait leur procès, lorsqu’il reçut, le lundi 24 novembre, des lettres closes du roi conçues en ces termes: «De par le roy. Les gens de nostre parlement, Nous envoions à Paris nostre amé et feal chevalier Jehan Richer, mestre des requestes de nostre hostel, et nostre prevost de Paris, pour aucunnes besoignes touchans les prisonniers de Bretaigne. Si vous mandons que sour ce les creez de ce que il vous en diront de par nous. Donné à Poissi, le vingt troisième jour de novembre.» (Arch, nat., sect. jud., X2a 4, fº 208 vº.) Ce billet était un arrêt de mort. Voici le procès-verbal de l’exécution des chevaliers bretons. «L’an de grace mil trois cens quarante trois, le samedi vingt neuvième jour de novembre, veille de feste Saint Andriu apostre, messires Geufroi de Malatrait l’ainzné, messires Geufroi de Malatrait le jeune, messires Guillaume de Briex, messires Alain de Kedillac, messires Jehans de Montauban, messires Denis du Plaissié, chevaliers, Jehan Malart, Jehan des Briez, Raoulet des Briex, Jehan de Sevedain, escuiers, touz traistres et qui s’estoient armé de la partie du roy d’Angleterre et des anemis du roy de France et du royaume, et pour homicides, roberies, feux boutez et autres excès, crimes de majesté roial bleciée, si comme il le confessèrent, et plusieur confessèrent que il avoient fait aliance au roy d’Angleterre de le servir comme roy de France,—furent par jugement et par mandement du roy envoié au prevost de Paris par lettres seellées du seel de son secré, trayné du Chastellet de Paris duques en Champiaus ès hales, et là leur furent les testes copées sour un eschafaut. Et puis furent les corps trainez au gibet de Paris, et là furent penduz. A ceste exeqution faire furent present, du mandement le roy, li sires d’Offemont, li sires de Til, messires Pierre de Cuignières, messires Jehan du Chastellier, messires Jehan Richer, messire Jehan Haniere, messires Fauviau de Wadencourt, messires J. de Traversi et plusieurs autres.
«Copie de la lettre du roy envoïe seur ce [au] prevost de Paris. Philippe, par la grace de Dieu roy de France, au prevost de Paris ou à son lieutenant, salut. Nous te mandons et commettons que les chevaliers et escuiers qui ont esté amenez de Bretaigne, et lesquels furent hyer en nostre parlement et depuis envoiez en nostre Chastellet de Paris, tu au jour d’uy fai justisier, c’est assavoir trainer du dit Chastellet duques ès dittes hales, et ès dittes hales leur fay copper les testes, et puis les fay pendre au gibet de Paris, car nous comme traistres les condempnons à morir de la mort dessus dite. Et garde que en ce n’ait defaut, si cher comme tu doubtes à nous courrecier, et nous mandons à tous que en ce faisent te obeissent. Donné à Saint Germain en Laye, le vingt neuvième jour de novembre, l’an mil trois cens quarante trois. Saingué: par le roy, Lorriz.» (Ibid., fº 186 vº.)
[28]Ces chevaliers étaient accusés d’avoir voulu faire Godefroi de Harcourt duc de Normandie; condamnés le 31 mars 1344, ils furent exécutés le 3 avril suivant. M. Léopold Delisle a publié le procès-verbal de l’exécution. (Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, Pièces justificatives, p. 99.)
[29]Le 14 août 1344, donation est faite à Guillaume du Merle, chevalier, seigneur de Messy (Messei, Orne, ar. Domfront) du manoir de Cloé (aujourd’hui Clouay, château, Manche, ar. Saint-Lo, c. Saint-Clair, comm. Saint-Jean de Savigny) confisqué sur Guillaume Bacon, naguère supplicié pour crime de lèse-majesté. (Arch, nat., JJ82, p. 55.)
[30]Jean, sire de la Roche Tesson. La seigneurie de la Roche Tesson était située dans la paroisse de la Colombe (Manche, ar. Saint-Lo, c. Tessy). Les ruines du château sont encore marquées sur la carte de Cassini, au confluent de la Roche et de la Sienne.
[31]Le 14 août 1344, donation est faite à Robert de Dreux de 500 livres assises sur le manoir de Juaye (aujourd’hui Juaye-Mondaye, Calvados, ar. Bayeux, con Balleroy) et autres bien confisqués par la forfaiture «.... des autres chevaliers de Normandie qui furent naguère justiciez avec Richart du Persy, et en la terre d’Anneville confisquée sur le feu sire de la Roche Taisson mis à mort avec Richart du Percy.» (Arch, nat., JJ81, p. 251.)
[32]Par acte daté de Westminster le 26 février 1344, Édouard III donne commission à son maître charpentier William de Horle de faire choix dans toute l’Angleterre d’un certain nombre de charpentiers qui doivent coopérer sous ses ordres aux constructions de Windsor. Rymer, Fœdera, vol. III, p. 6.
[33]Froissart, dit Dacier, confond mal à propos l’institution de l’Ordre de la Jarretière avec celle de la fête de la Table Ronde, qui eut lieu cette année, suivant Walsingham et la plupart des historiens anglais. Il est possible que cet établissement ait fourni à Édouard III l’idée du second et en ait été l’origine; mais les mêmes historiens, dont l’autorité en ce point doit l’emporter sur celle de Froissart, s’accordent généralement à reculer la date de l’institution de l’Ordre de la Jarretière à l’année 1349, quelques-uns même à l’année suivante. (V. Hist. of the Garter, by Hel. Ashmole.) Ce ne fut que le 6 août 1348 qu’Édouard III fît reconstruire à Windsor cette magnifique chapelle de saint Georges qui subsiste encore, en y instituant un collége de vingt-trois chanoines et de vingt-quatre chevaliers; et les statuts de l’Ordre de la Jarretière portent la date de 1349.
CHAPITRE LIV.
[34]Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. LXVI et LXVII, p. 36 à 39.
[35]Jean le Bel rapporte, à tort, la campagne de Henri de Lancastre, comte de Derby, en Guienne et en Gascogne, à l’année 1344: «... et fut l’an de grace mil CCCXLIV, à l’entrée d’yver.» (V. t. II, p. 43.) Froissart a reproduit l’erreur chronologique commise par le chroniqueur qu’il reconnaît lui avoir servi de guide pour toute la partie de ses chroniques antérieure à 1350. Il est certain, comme Dacier l’avait parfaitement établi dès la fin du dernier siècle (V. Chroniques de Froissart, p. 233, note 1), que la campagne de Henri de Lancastre, comte de Derby, n’eut lieu qu’en 1345. Par lettres datées de Westminster le 14 avril 1345, Édouard III nomme Guillaume de Bohon, comte de Northampton, son lieutenant dans le royaume de France et le duché de Bretagne et le charge de défier Philippe de Valois (Rymer, Fœdera, vol. III, p. 36 et 37). Le 10 mai suivant, le comte de Derby est nommé capitaine et lieutenant du roi d’Angleterre dans le duché d’Aquitaine et ses dépendances (Ibid., p. 37); et le 20 mai, il reçoit des lettres de protection pour lui et les compagnons d’armes qui doivent faire partie de l’expédition (Ibid., p. 39). Le 26 mai, le roi d’Angleterre adresse des lettres au pape pour lui signifier la rupture de la trêve et la déclaration de guerre à la France; le 11 juin, il somme tous les hommes d’armes et archers de rejoindre le comte de Derby à Southampton; enfin, le 15 du même mois, il ordonne des prières publiques par tout son royaume (Ibid., p. 41, 44, 45).
[36]Le 17 mai 1345, des lettres de protection pour passer en Bretagne furent en effet delivrées à Thomas d’Agworth (Rymer, vol. III, p. 38); mais il servait sous les ordres de Guillaume de Bohon, comte de Northampton, nommé capitaine et lieutenant du roi en Bretagne, par lettres du 24 avril 1345 (Ibid., p. 37).
[37]Tout le reste de ce chapitre appartient en propre à Froissart ou du moins n’est pas emprunté à Jean le Bel.
[38]Aujourd’hui hameau de la commune de Saint-Laurent-des-Vignes, Dordogne, arr. et c. Bergerac. Montcuq avait une garnison anglaise le 15 août 1345. A cette date, Henri de Montigny, sénéchal de Perigord et de Querci, en faisait le siége. Une quittance délivrée par ce chevalier à Bernard Ramundi, baile royal, est datée «... in castris ante Montem Cucum sub sigillo nostro, XVº die augusti, Mº CCCº XLº quinto.» (Bibl. nat., Dép. des Mss., Cabinet des Titres, Orig., au mot Montigny.) Cette charte a été publiée par M. Bertrandy dans son Étude sur les Chroniques de Froissart, p. 32, note 1. Bordeaux, A. de Lanefranque, 1870, in-8. Nous tenons à dire ici bien haut que, pour toute cette campagne de Derby, nous avons souvent fait usage de l’utile travail de M. Bertrandy, composé en grande partie, l’auteur ne nous saura pas mauvais gré de l’ajouter, d’après les précieux documents recueillis par M. Lacabane.
[39]D’après une chronique manuscrite placée en tête des Coutumes de Bordeaux, de Bergerac et du Bazadais et signalée par dom Vaissète, la prise de Bergerac eut lieu le 24 août 1345: «L’an mil CCCXLV, fo pres Bragueyrac, en Peyregort, per lo conte Darvi, lo jorn de sent Bertomyu. (Bibl. nat., dép. des mss., fonds français, nº 5361, fº 1 rº.) D’après la rédaction de Rome (p. 268), un certain nombre d’habitants de Bergerac aimèrent mieux quitter leur ville que de se soumettre aux Anglais. Cette dernière version, plus vraisemblable que celle des deux rédactions antérieures, est confirmée par un acte d’accord entre le comte de Derby et les frères d’Albret, seigneurs de Vayres (Gironde, ar. et c. Libourne), acte daté de Bergerac le 11 septembre 1345, par lequel Derby laisse notamment auxdits frères la faculté de rappeler les gens de Bergerac «.... potestatem reappellandi et convocandi gentes Bregeraci de redeundo ad villam predictam, perdonandi, graciam faciendi...» (Arch. dép. des Basses-Pyrénées, orig. parch.) Cet acte a été signalé et publié par M. Bertrandy, Études, etc., p. 36 à 38, note 1.
[40]Il existe un Langon (Gironde, ar. Bazas), mais il est à une trop grande distance de l’itinéraire suivi par Derby. Lanquais (Dordogne, ar. Bergerac, c. Lalinde), proposé par M. Ribadieu (Les Campagnes du comte Derby, p. 24, Paris, 1865, in-12), s’adapte bien comme situation, sinon comme nom, au récit de Froissart.
[41]Dordogne, ar. Bergerac, c. Beaumont, à peu de distance de Lanquais.
[42]Dordogne, ar. Bergerac, c. Laforce. La localité appelée aujourd’hui les Lèches est désignée au moyen âge par les formes las Lechas, de Lerches, de las Lescas (Noms anciens de lieux du département de la Dordogne, par M. le vicomte de Gourgues, p. 122). Ces formes donnent une certaine vraisemblance à l’identification du Lac de Froissart avec les Lèches proposée par M. Bertrandy (Études, etc., p. 71).
[43]Aujourd’hui hameau de Saint-Pierre-d’Eyraud, Dordogne, ar. Bergerac, c. Laforce.
[44]Aujourd’hui Lamonzie-Montastruc, Dordogne, ar. et c. Bergerac.
[45]A Paunat proposé par M. Ribadieu, M. Bertrandy préfère avec raison (Études, p. 46) Pinac, aujourd’hui disparu, mais qui existait au moyen âge avec une église, ecclesia de Pinac, et faisait partie de l’archi-prêtré de St-Marcel (Dordogne, ar. Bergerac, c. Lalinde), au diocèse de Périgueux.
[46]Dordogne, ar. Bergerac. Le château de Lalinde, avec la haute et basse justice et le revenu appelé vulgairement le petit commun de Clarenxs, fut donné par Derby à Thomas Coq en récompense de ses services. (Bertrandy, Études etc., p. 44, note 2.)
[47]Dordogne, ar. Bergerac. Laforce se rapproche assez mal, comme forme, du Forsach de Froissart, mais il se rapporte bien, comme situation, au récit du chroniqueur. Ce qui est certain, c’est que Laforce était au pouvoir des Anglais avant le mois de septembre 1345. Par acte daté de Bergerac le 2 septembre 1345, Derby confirme la cession de la haute et basse justice dans les paroisses de Laforce et de Lunas, en la châtellenie de Bergerac, dont il avait antérieurement récompensé les services d’Hélie Prévôt, damoiseau de Laforce (Bibl. nat., dép. des mss. Périgord, vol. 52, fº 59). V. Bertrandy, Études etc., p. 33, note 1.
[48]Cette fortification, qui fut probablement ruinée de bonne heure, n’est point marquée sur la carte de Cassini ni sur les plus anciennes cartes du Périgord.
[49]Aujourd’hui Beaumont-du-Périgord, Dordogne, ar. Bergerac.
[50]Dordogne, ar. Ribérac.
[51]Dordogne, ar. Périgueux, c. Brantôme.
[52]Aujourd’hui hameau de la commune de Fossemagne, Dordogne, ar. Périgueux, c. Thenon.
[53]Il y eut un complot pour livrer Périgueux aux Anglais entre le 24 juin et le 6 août 1345 (Bibl. nat., mss. Lespine, Périgord, vol. 49, fº 112 bis). V. Bertrandy, Études etc., p. 49, 50, note 1 et p. 51.
[54]Gironde, ar. la Réole. Pellegrue fut pris par les Anglais, ainsi que l’affirme Robert d’Avesbury (Hist. Ed. III, p. 122) et ainsi qu’il résulte d’une charte d’Édouard III datée de Westminster le 12 août 1348. V. Bertrandy, Études etc., p. 64, note 3 et p. 65. Froissart lui-même, dans la rédaction de Rome (p. 279) a corrigé l’erreur qu’il avait commise à ce sujet dans les deux rédactions antérieures (p. 60 et 278).
[55]Aujourd’hui hameau de la commune le Change, Dordogne, ar. Périgueux, c. Savignac-les-Églises.
[56]Dans l’acte de la vente du château d’Auberoche faite en novembre 1346: au cardinal Talleyrand de Périgord, il est dit que ce château fut livré aux Anglais par trahison: «... proditorie et aliter indebite et injuste occupatum et captum...» Arch. nat., JJ76, p. 396, fos 241 et 242. C’est sans doute cette vente d’Auberoche à un cardinal, anticipée et dénaturée par Froissart, qui fait dire à notre chroniqueur dans la rédaction de Rome (p. 279 et 280) que la ville d’Auberoche appartenait à un haut dignitaire ecclésiastique qui «se tenoit en Avignon dalés le pape.»
[57]Derby n’eut pas à s’emparer de Libourne, car cette ville ne cessa d’être au pouvoir des Anglais pendant les années 1345 à 1348. Froissart ici encore, en ne mentionnant pas cette prise imaginaire de Libourne, a corrigé dans la rédaction de Rome (p. 280) une erreur qui lui avait échappé dans les rédactions antérieures (p. 61 et 279). Il aurait dû ne pas s’arrêter en si bon chemin et supprimer aussi la rentrée non moins imaginaire de Derby à Bordeaux.
[58]Cet épisode fort invraisemblable a été supprimé dans la rédaction d’Amiens (p. 284 et 285).
[59]D’après la rédaction de Rome (p. 286), c’est de Libourne que serait parti le comte de Derby.
[60]Froissart commet une erreur en fixant la date de la bataille d’Auberoche à la veille (p. 71) ou au lendemain (p. 290) de la Saint-Laurent, 9 ou 11 du mois d’août 1344. La campagne de Derby eut lieu, contrairement à l’assertion de Jean le Bel adoptée par Froissart, en 1345, non en 1344. Et quant au mois, la date donnée par Villani est la plus probable. Or, d’après cet historien, l’action commença le 21 octobre à la pointe du jour, «... à la punta del di, a di 21 d’octobre» Muratori, Rerum Italicarum scriptores, tome XIII, col. 927. Le témoignage de Villani est confirmé par une chronique anonyme placée en tête des Coutumes de Bordeaux, etc., où on lit que «l’an MCCCXLV fo la batallia dabant Albarocha en Peyregort, lo jorn de Sent Sevrin.» Bibl. nat., dép. des mss., fonds français, nº 5361, fº 1 rº. saint Seurin ou saint Séverin a trois jours de fête, le 21, le 23 et le 29 octobre. En choisissant le 21, on met d’accord le chroniqueur français anonyme et l’annaliste italien. V. Bertrandy, Études etc., p. 114 et 115.
[61]Le comte de l’Isle (Bertrand de l’Isle-Jourdain) était encore prisonnier des Anglais le 6 mai 1346, jour où des lettres d’Etat lui furent octroyées par Philippe de Valois. Bibl. nat., dép. des mss., Parlement 12, fº 242 vº. V. Bertrandy, Etudes etc., p. 124.
[62]Froissart se trompe: Louis de Poitiers, 1er du nom, comte de Valentinois et de Diois, fils d’Aymar IV, fut tué à Auberoche, et non fait prisonnier, comme l’affirme notre chroniqueur.
[63]Le comte de Périgord ne fut sans doute pas fait prisonnier à Auberoche, puisque dans le mois qui suivit la bataille, c’est-à-dire en novembre 1345, un accord intervint entre Jean, duc de Normandie et le comte du Périgord en vertu duquel ce dernier s’engage à défendre son comté à la tête de 200 hommes d’armes et de 400 sergents. Bibl. nat., dép. des mss., fonds Doat, vol. 243, fol. 160 et suiv. V. Bertrandy, Études etc., p. 95 et 96.
[64]Pierre Raymond, comte de Comminges. Le 17 décembre 1346, le duc de Bourbon, lieutenant en Languedoc, donna à Roger de Comminges, chevalier, seigneur de Clermont-Soubeiran, 2,000 tournois pour se racheter (Comptes de la sénéchaussée de Beaucaire cités par dom Vaissète, Hist. du Languedoc, t. IV, p. 255); mais il ne faut pas confondre Roger de Comminges avec Pierre Raymond, comte de Comminges.
[65]Si Arnaud de la Vie, vicomte de Villemur, fut fait prisonnier à Auberoche le 21 octobre 1345, il était libre le 10 juin 1346, jour où le roi de France lui octroya des lettres d’Etat. Bibl. nat., dép. des mss., Parlement 12, fº 249. V. Bertrandy, Études etc., p. 119.
[66]Arnaud d’Euze ou d’Evèze, vicomte de Caraman, n’avait pas encore payé sa rançon à la date du 30 mai 1346; «car à cette date, dit M. Bertrandy (Études, p. 124, note 3), les habitants de Montricoux (Tarn-et-Garonne, ar. Montauban, c. Négrepelisse), localité dont Arnaud était seigneur, engagèrent les revenus communaux de la Devèze et du port de Montricoux, à l’effet de concourir, pour une somme de 200 livres de petits tournois, au payement de la rançon de leur seigneur.» Orig., Archives de M. le vicomte de Malartic.
[67]Le sénéchal de Querci, tué à Auberoche, fut sans doute Henri de Montigny, qui remplissait encore ces fonctions le 15 août 1435, et dont une lettre de Philippe de Valois au receveur de Cahors, datée de Vincennes, le 3 février 1347 (n. st.), mentionne la mort. [Bibl. nat., dép. des mss., Orig. du Cab. des Titres, au mot Montigny.] D’un autre côté, le sénéchal de Querci était le 27 novembre 1345 Guillaume de Montfaucon, seigneur du Verdrac, capitaine général et sénéchal de Périgord et de Querci, à qui le duc de Normandie signifie qu’il a donné au comte de Périgord toute la terre ayant appartenu, dans le diocèse de Périgueux, au seigneur de Montfaut, partisan des Anglais. Bibl. nat., dép. des mss., fonds Doat, vol. 243, fº 158. V. Bertrandy, Études, etc., p. 121, note 1, et p. 129.
[68]Agout des Baux, sénéchal de Toulouse et d’Alby dès 1342, fut sans doute fait prisonnier à Auberoche, comme l’affirment Villani et Froissart, car dès le 6 novembre 1345, Girard de Montfaucon, chevalier, était sénéchal de Toulouse, probablement au lieu et place d’Agout des Baux (Bibl. nat., dép. des mss., Titres scellés, vol. I, fº 319); et, d’un autre côté, le 15 janvier 1347 (n. st.) Agout des Baux était redevenu gouverneur et sénéchal de Toulouse et d’Alby (Bibl. nat., Titres scellés, vol. 9, au mot Barbazan).
[69]Le seigneur dont il s’agit ici est Raymond Jourdain de Tarride, auquel Jean, duc de Normandie donna, en août 1346, trois cents livres tournois de rente annuelle à asseoir en la sénéchaussée de Toulouse pour ses services en Flandre et en Guienne. Arch. nat., JJ82, fº 380, p. 255.
[70]Roger était oncle, d’après la première rédaction (p. 70), et d’après la troisième (p. 289), frère du comte de Périgord.
[71]Aymar de Poitiers, cinquième fils d’Aymar IV du nom, seigneur de Chalançon, puis de Veyne le 11 juillet 1345, ne fut pas tué, mais seulement fait prisonnier à Auberoche; et Jean, duc de Normandie, par lettres du 25 novembre 1345, confirmées le 31 décembre 1350, lui donna 300 livres tournois en récompense de ses services (Anselme, Hist, généal., t. II, p. 195). Hautecuer de Poitiers, auquel le duc de Normandie donna, par lettres datées «ès tentes devant Aiguillon, le 29 avril 1346» cent livres «pour soi remonter et armer» et qui fut aussi pris par les ennemis à Auberoche, appartenait sans doute à la même famille que Louis et Aymar de Poitiers.
[72]Sur cet énigmatique vicomte de Murendon qui aurait été tué à Auberoche, voyez le t. I de cette édition, p. CCXLV du sommaire, note 378. «Lo vescomte de Monredon» est mentionné dans une montre de 1376 parmi les parents de Gaston Phœbus, comte de Foix. V. Rôles de l’armée de Gaston Phœbus (1376-1378) publiés par P. Raymond, p. 40. Bordeaux, 1872, in-4º.
[73]Amauri IV, vicomte de Lautrec et seigneur d’Ambres, ne fut pas tué, mais seulement fait prisonnier; il n’avait pas encore recouvré sa liberté au mois de mai 1346; il perdit à Auberoche Pons, sous-sergent d’armes et prévôt de Réalmont, écuyer de sa suite. Il avait obtenu du roi de France dès le 28 novembre 1345 des lettres de sauvegarde. Dom Vaissète, Hist. de Languedoc, t. IV, p. 255.
CHAPITRE LV.
[74]Froissart voit, à tort, une seconde campagne de Derby là où il n’y eut en réalité que la continuation de la campagne inaugurée par ce capitaine en juillet 1345: c’est une conséquence de l’erreur qui lui a fait rapporter, d’après Jean le Bel, le commencement de la campagne à l’année 1344.
[75]Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II. chap. LXV, p. 29 à 33 et chap. LXVII, p. 40 à 43.
[76]Ce curieux passage, qui ne se trouve que dans la rédaction d’Amiens (p. 293), est une réfutation du chapitre LXV de Jean le Bel.
[77]Froissart se trompe. La chevauchée de Derby contre la Réole est postérieure au 8 octobre 1345, puisque dans des lettres qui portent cette date et par lesquelles Édouard III donne à Raymond Seguin la bladerie de la Réole, le roi anglais ajourne l’entrée en jouissance au moment où la Réole sera retombée entre les mains des Anglais (Arch. hist. de la Gironde, t. II, p. 419; Bertrandy, Études etc., p. 142).
[78]Derby n’eut pas à quitter Bordeaux, où il n’avait point passé ses quartiers d’hiver. La bataille d’Auberoche ayant été livrée le 21 octobre 1345, et la prise de la Réole par les Anglais étant antérieure au 26 janvier 1346, date d’une concession faite par Édouard III aux habitants de cette ville, la chevauchée contre la Réole dut suivre immédiatement l’affaire d’Auberoche. D’ailleurs, Robert d’Avesbury dit formellement que Derby, après sa victoire d’Auberoche, poursuivit sans discontinuer pendant tout l’hiver ses opérations militaires: «subsequenterque per totum yemem subsequentem ibidem se strenue gessit.» (Hist. de mirabilibus gestis Edwardi III, p. 122.) Froissart lui-même, en mentionnant le passage de Derby à Bergerac, rend tout à fait invraisemblable son départ de Bordeaux, tandis qu’au contraire Bergerac est sur le chemin d’Auberoche à la Réole.
[79]Lot-et-Garonne, ar. et c. Marmande, sur la rive droite de la Garonne, en amont de la Réole.
[80]Nous identifions la Roche Millon de Froissart avec Meilhan, chef-lieu de canton de Lot-et-Garonne, ar. de Marmande, voisin de la Réole. Cette heureuse identification a été proposée pour la première fois par M. Ribadieu, Les campagnes du comte de Derby en Guyenne, p. 46, note 1.
[81]Jean le Bel, dont Froissart ne fait ici que développer le texte, dit à propos de Monségur (Chroniques, t. II, p. 40): «et puis aprez le fort chastel et grosse ville de Monségur, qui siet sur une grosse rivière appellée Lot.» Cette phrase prouve avec évidence que Jean le Bel et après lui Froissart entendent parler de Monségur, Lot-et-Garonne, ar. Villeneuve-sur-Lot, c. Monflanquin, et non de Monségur-Gironde, ar. la Réole, sur la rive gauche du Drot, comme le suppose M. Bertrandy (Études etc., p. 160). Il est probable que Derby, après sa victoire d’Auberoche, sépara son armée en deux corps, chargés d’opérer, l’un sur les bords de la Garonne, l’autre sur les rives du Lot; au premier, qui avait la Réole pour objectif, reviendraient les affaires de Sainte-Bazeille et de Meilhan; au second, dont Aiguillon était le point de mire, devraient être rapportées les entreprises contre Monségur sur Lot et Castelsagrat. Faute d’avoir supposé cette division en deux corps d’armée, que les nécessités stratégiques rendent au moins vraisemblable, Jean le Bel et Froissart ont été amenés à confondre deux mouvements de troupes parfaitement distincts et à présenter comme successives des opérations qui ont pu être simultanées.
[82]Lot-et-Garonne, ar. Agen, c. Port-Sainte-Marie, au confluent de la Garonne et du Lot. Aiguillon était déjà au pouvoir des Anglais le 10 décembre 1345, jour où Raoul, baron de Stafford, sénéchal de Guyenne, y donne à Guillaume de Lunas, co-seigneur d’Aiguillon, partisan des Anglais, un droit de péage sur la Garonne et le Lot vendu par Astorg de Lunas, père de Guillaume, aux frères Sornard traités comme rebelles parce qu’ils n’ont pas encore abandonné la cause du roi de France. (Bibl. nat., mss. Bréquigny, t. 28, fº 279). V. Bertrandy, Études etc., p. 188. Raoul de Stafford était sans doute le chef du corps d’armée qui avait été chargé d’opérer sur les bords du Lot avec Aiguillon pour objectif, tandis que Derby en personne opérait sur la Garonne contre la Réole. Il n’y a pas de témérité à supposer que ce Guillaume de Lunas, dont il est question dans la charte de Raoul de Stafford, et un autre co-seigneur d’Aiguillon, nommé Raimfroid de Monpezat, jouèrent un rôle décisif dans cette reddition si facile et si prompte de l’importante forteresse d’Aiguillon. Les faveurs signalées dont ces deux seigneurs, et surtout celui de Monpezat, furent comblés par le roi d’Angleterre, autorisent pleinement cette supposition. En effet, par lettres datées de Westminster le 20 août 1348 (Bibl. nat., mss. Bréquigny, t. 75, fº 210; Bertrandy, Études etc., p. 154, note 1), Édouard III confirme la donation faite par Derby à Raimfroid de Monpezat des lieux de Sancto Sacerdocio (Saint-Sardos, Lot-et-Garonne, ar. Agen, c. Prayssas) et de Sancto Damiano (Sanctus Damianus désigne Monpezat où une église était, si elle n’existe pas encore, sous l’invocation de saint Damien; ce ne peut être Saint-Amans? comme le suppose M. Bertrandy), toute juridiction au lieu dit de Podio Bardaco (Pech-Bardat, hameau de la comm. de Lacépède), sur les paroisses de Sancte Fidis (Sainte-Foi-de-Pechbardat, hameau de Lacépède; et non La Fitte, comme le suppose M. Bertrandy) et de Cepeda (Lacépède, Lot-et-Garonne, ar. Agen, cant. Prayssas), des droits pareils dans les paroisses de Sancto Michaele de Bas (Saint-Michel, auj. hameau de la comm. de Dolmayrac, Lot-et-Garonne, ar. Villeneuve-sur-Lot, cant. Sainte-Livrade; et non Sembas? comme le suppose M. Bertrandy) et de Sancto Calvario de Reda (Rides, auj. hameau de la comm. de Cours, Lot-et-Garonne, ar. Agen, cant. Prayssas; et non Saint-Caprais et Ridès, comme l’affirme M. Bertrandy); il le réintégra dans les possessions de ses prédécesseurs au lieu ou territoire de l’abbaye de Payrinhaco (Pérignac, aujourd’hui hameau de la commune de Monpezat).
[83]Nous identifions avec Dacier (p. 254 de son édition) et M. Ribadieu (Campagnes de Derby, p. 49, note 1) Segrat, Sigrat, Sograt, Segart de Froissart (p. 80 et 300) avec Castelsagrat, Tarn-et-Garonne, ar. Moissac, cant. Valence-d’Agen. L’occupation de Castelsagrat par les Anglais est postérieure au 21 novembre 1345, jour où dix-sept localités de l’Agenais, parmi lesquelles figure Castelsagrat, envoient Pierre de Caseton vers le roi de France avec une lettre de créance; d’un autre côté, elle est antérieure au 5 avril 1346, car à cette date les consuls d’Agen, invités à fournir un contingent à Jean, duc de Normandie, pour le siége d’Aiguillon, motivent leur refus sur ce que les Anglais occupent plusieurs localités de l’Agenais menaçantes pour leur ville, entre autres, Castelsagrat (Arch. comm. d’Agen, BB1; Bertrandy, Études etc., p. 157 et 158). Le 22 juillet 1348, Édouard III donna à Gaillard de Durfort, seigneur de Blanquefort et de Duras, les bastides et lieux de Miramont et de Castelsagrat, au diocèse d’Agen, de Molières et de Beaumont, au diocèse de Sarlat (Bibl. nat., mss. Bréquiguy, t. 28, fº 207; Bertrandy, Études etc., p. 158, note 2 et p. 150).
[84]La rédaction d’Amiens, en prêtant à la ville de la Réole aussi bien qu’au château une résistance énergique (p. 301), s’écarte plus de la vérité que les deux autres rédactions, car il résulte de plusieurs documents authentiques, et notamment des termes d’une donation faite par Derby le 26 janvier 1346 (Archives historiques de la Gironde, t. I, p. 302; Bertrandy, Études etc., p. 162 et 163), que les habitants de la Réole se soumirent d’eux-mêmes et de bonne grâce: sponte et gratis ad fidelitatem et obedienciam veniendo. Derby se montra reconnaissant. Par acte daté de la Réole le 26 janvier 1346, il affranchit de tous droits d’octroi, dans la ville de Bordeaux, les vins recueillis sur les vignobles appartenant aux habitants de la Réole dans le ressort et district de cette ville (Bibl. nat., mss. Bréquigny, t. 28, fº 95; Bertrandy, Études etc., p. 163, note 1.)
[85]Ce prélat se nommait Pierre de Lévis; il était le troisième fils de Guy de Lévis, seigneur maréchal de Mirepoix et d’Isabel de Montmorency-Marly. Le neveu de l’évêque, qui fut tué par le Borgne de Mauny dans le tournoi dont il s’agit, s’appelait Roger de Lévis; il était fils de Jean de Lévis, premier du nom, seigneur de Mirepoix, et de Constance de Foix. Froissart commet un anachronisme, en disant que Pierre de Lévis était de ceux de Buch (p. 85 et 306), car le premier mariage qui unit les maisons de Grailly-de-Buch et de Foix est de 1343. (V. Bertrandy, Études, p. 205.)
[86]Les Lévis-Mirepoix et les Mauny portaient les mêmes armes: d’or à trois chevrons de sable. Ce fut sans doute cette similitude qui, selon l’ingénieuse hypothèse de M. Lacabane, fit dégénérer le tournoi de Cambrai en un combat à outrance entre Roger de Lévis et les trois frères de Mauny. V. Bertrandy, Études, p. 205 à 208.
[87]Le siége de la Réole par Charles, comte de Valois, est de l’an 1324. Le 14 novembre 1325, Charles le Bel accorda des lettres de grâce à Jean de Lévis, chevalier, seigneur de Mirepoix, frère de Roger de Lévis, sur le fait de la mort de Jean, dit le Borgne de Mauny, et de Mathieu dit Le Monnier tués: «in exercitu nostro Vasconie novissime preterito vel prope dictum exercitum.» Arch, nat., JJ62, p. 505.
[88]Sur Agout des Baux, sénéchal de Toulouse, voyez plus haut, p. XVII, note 68.
[89]D’après la rédaction de Rome (p. 310), les habitants de Monpezat ne soutinrent pas de siége et se rendirent simplement à Derby. Cette dernière version est plus vraisemblable que celle que Froissart, dans ses deux premières rédactions (p. 91 et 309), avait empruntée à Jean le Bel (t. II, p. 41). Il est probable que la reddition de Monpezat, comme celle d’Aiguillon, fut due à l’influence de Raimfroid, seigneur de Monpezat et co-seigneur d’Aiguillon. Les donations dont nous avons vu plus haut que ce chevalier fut comblé par Derby, donations qui furent confirmées par Édouard III le 4 septembre 1347 (Bibl. nat., mss. Bréquigny, t. XXVIII, fº 123) et le 20 août 1348, ces donations, dis-je, furent sans doute la récompense de ces deux signalés services.
[90]Aujourd’hui Castelmoron-sur-Lot, Lot-et-Garonne, ar. Marmande. La rédaction de Rome (p. 310) ne mentionne pas cette prise de Castelmoron par Derby, racontée par Froissart d’après Jean le Bel qui l’attribue à une ruse d’Alexandre de Caumont. Quoiqu’en dise M. Ribadieu (Les campagnes du comte de Derby, p. 55, note 1), il y avait d’étroites relations entre Caumont et Castelmoron, comme le prouve une donation faite le 21 janvier 1339 par Jean, roi de Bohême, à Pierre de Galart, des biens que «... Arnaut de Cautrain, rebelles du roy nostre sire à Caumont, a ou puet avoir ou lieu de Chastiau Mauron.» Arch. nat., sect. hist., JJ63, fº 193, p. 247. D’après un registre des délibérations communales d’Agen, Castelmoron fut pris par les Anglais le 8 janvier 1347.
[91]Aujourd’hui Villefranche-du-Queyran, Lot-et-Garonne, ar. Nérac, c. Casteljaloux.
[92]«Quant li contes Derby, dit Froissart (p. 93) eut fait sa volenté de Villefrance, il chevauça vers Miremont, en raproçant Bourdiaus.» Ces dernières expressions prouvent qu’il s’agit de Miramont, Lot-et-Garonne, ar. Marmande, c. Lauzun.
[93]Lot-et-Garonne, ar. Marmande.
[94]Lot-et-Garonne, ar. Nérac.
[95]Cette expédition de Derby en personne dans l’Angoumois à la fin de 1345 et au commencement de 1346, est une erreur historique où Froissart a été induit par la désignation chevaleresque et romanesque donnée par Jean le Bel à Agen que le chroniqueur liégeois (t. II, p. 42) appelle «la cité d’Agolem ou d’Agolent», sans doute en souvenir du siége fabuleux soutenu dans cette ville par le sarrazin Agolant contre Charlemagne (v. plus bas, p. XXIX, note 124). Du reste la prise d’Agen en 1345 par Derby dans Jean le Bel n’est pas plus exacte que celle d’Angoulême dans Froissart. Il faut dire toutefois que ce dernier chroniqueur a pris soin de se corriger lui-même, en ne mentionnant pas ce siége et cette reddition imaginaires d’Angoulême dans la dernière rédaction de ses Chroniques, c’est-à-dire dans le texte de Rome (p. 311 à 313). Il appert de titres authentiques que le Limousin (Arch, nat., JJ76, p. 290), la Saintonge (Arch. nat., JJ76, p. 321, fº 195 et fº 166), notamment les châtellenies de Soubise et de Taillebourg (Arch. nat., JJ77, p. 34) et même le Poitou (Arch. nat., JJ77, p. 51) et l’Angoumois (Arch. nat., JJ75, p. 6), il appert, dis-je, de plusieurs titres authentiques que le Limousin, la Saintonge, le Poitou et l’Angoumois furent le théâtre d’escarmouches nombreuses et d’hostilités continuelles entre Français et Anglais pendant les derniers mois de 1345 et les premiers mois de 1346; mais il n’est nulle part question du siége et de la prise d’Angoulême par les Anglais. Dans tous les cas Derby, dont la présence à cette époque dans le Périgord, l’Agenais et le Bordelais est attestée par les documents les plus dignes de foi, ne put diriger en même temps, du moins en personne, les hostilités dans la Saintonge et l’Angoumois.
[96]Quoique la rédaction de Rome, en général plus exacte que les autres, mentionne la prise de Blaye par les Anglais (p. 311), il y a lieu de préférer ici par exception la version des deux premières redactions (p. 94 à 96, 311) et de Jean le Bel (Chroniques, t. II, p. 42). En effet, par un acte du 3 août 1348, signalé et publié par M. Bertrandy (Études, p. 231, note 1), Édouard III donne à Guillaume Sanche de Pomiers, en récompense de ses services, le lieu de Mountasetz (aujourd’hui Montanceix, Dordogne, ar. Périgueux, c. Saint-Astier, comm. Montrem), et cette concession doit durer: «... quamdiu locus de Blavia in rebellione nostra persteterit.» Bibl. nat., mss. Bréquigny, t. XXVIII, fº 239.
[97]Pierre Clari, et non Boucicaut, comme le dit Froissart (p. 95), était capitaine de Mortagne le 23 septembre 1345, car à cette date il reçut de Jean Chauvel, trésorier des guerres, «... sur ses gages et de ses gens d’armes et de pié ou dit lieu, sous le gouvernement de M. l’evesque de Beauvez, lieutenant du roy ez parties de la Langue d’oc, Poitou, Xaintonge, Limousin et lieux voisins, cent vingt trois livres tournois. A Pons, 23 septembre 1345.» Bibl. nat., dép. des mss., Titres scellés de Clairambaul, au mot Clari. V. Bertrandy, Etudes etc., p. 101.
[98]Sans doute Mirebeau ou Mirebeau-en-Poitou, Vienne, ar. Poitiers. Par une charte inachevée et non datée, mais qui paraît être de la fin de 1345 par la place qu’elle occupe dans un registre du Trésor des Chartes où presque toutes les pièces remontent à cette date, Jean de Marigny, évêque de Beauvais, lieutenant du roi en Languedoc, Poitou, Saintonge et Limousin, accorde des priviléges aux habitants de Mirabel, en récompense de leur fidélité. Arch. nat., sect. hist., JJ74, p. 564.
[99]Aulnay ou Aulnay-de-Saintonge, Charente-Inférieure, ar. Saint-Jean-d’Angély. La résistance du château d’Aulnay est confirmée par des lettres de Philippe de Valois accordées le 16 février 1348 (n. st.) en faveur de Pons de Mortagne, vicomte d’Aulnay, pour la bonne garde et défense «... de son chastel d’Aunay, assis à trois lieues près de Saint Jehan d’Angely, lequel nos ennemis prendroient et assaudroient volontiers, et plusieurs fois se sont efforciez de prendre et assaillir.» Bibl. nat., dép. des mss., Parlement 12, fos 293 vº et 294. V. Bertrandy, Études, p. 233.
CHAPITRE LVI.
[100]Cf. Jean le Bel, Chroniques, chap. LXVI, p. 35 à 37.
[101]L’arrêt de bannissement, entraînant la confiscation des biens de Godefroi, est du 15 juillet 1344 (Arch. nat., sect. jud., X 8837, fº 204 vº). V. Delisle, Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, p. 56 et Preuves, p. 105. Valognes, 1867, in-8.
[102]L’exil de Godefroi semble avoir commencé au plus tard en 1343, comme en témoigne une charte originale datée du château d’Aerschot, le 6 mai de cette année. Godefroi possédait cette seigneurie du chef d’Alix de Brabant sa mère. V. Delisle, Ibid., p. 59 et Preuves, p. 96.
[103]Godefroi de Harcourt dut passer en Angleterre au commencement de 1345, car les lettres patentes par lesquelles Édouard III le prend sous sa protection et spéciale sauvegarde, sont du 13 juin de cette année. V. Rymer, Fœdera, vol. III, p. 44.
[104]Des lettres patentes datées de l’Écluse (en flamand Sluis) et conservées à Londres, au Record Office, que M. Kervyn de Lettenhove a publiées pour la première fois (Œuvres de Froissart, t. IV, p. 469 et 470), prouvent qu’Édouard III n’avait plus, à la date de ces lettres, c’est-à-dire le 19 juillet 1345, le projet de faire du prince de Galles un duc de Flandre; mais il serait peut-être téméraire d’en conclure, à l’exemple de l’érudit belge, que le roi anglais et Jacques d’Arteveld n’avaient jamais conçu le projet que leur prête Froissart.
[105]Édouard III s’embarqua à Sandwich pour l’Écluse le dimanche 3 juillet 1345 (Rymer, Fœdera, vol. III, p. 50). Nous voyons par une lettre d’Édouard III au vicomte de Lancastre que son voyage à l’Écluse avait été nécessité par les dangers qui menaçaient ses alliés en Flandre: «... ordinato nuper propter hoc passagio nostro supra mare, propter aliqua nova subita quæ venerunt nobis, super procinctu dicti passagii, de perditione terræ nostræ Flandriæ et quorumdam alligatorum nostrorum, nisi illuc statim personaliter veniremus.» Rymer, ibid., vol. III, p. 55.
[106]Le passage mis entre crochets appartient à la rédaction de Rome, la seule qui mentionne (p. 317) le rôle actif joué par le duc de Brabant dans le mouvement dont Jacques d’Arteveld fut victime. Cette addition du texte de Rome est de tout point conforme à la vérité historique. Une alliance intime, quoique secrète, fut conclue en 1345 entre le comte de Flandre et le duc de Brabant; et la main de ce dernier tendit habilement tous les fils de la trame où le grand agitateur des communes flamandes périt enveloppé.
[107]Ce Thomas Denis était sans doute de la même famille que Gérard Denys, alors doyen du métier des tisserands. Deux lignes des Comptes de la ville de Gand pour 1345, grattées avec soin et peut-être de la main de Gérard Denys lui-même, constatent que ce personnage distribua des sommes considérables aux ouvriers qui se mirent avec lui en grève (la grève ou le ledig-gang était défendue par les lois de la commune). V. Kervyn de Lettenhove, Œuvres de Froissart, t. IV, p. 472.
[108]Édouard III était de retour en Angleterre et débarqua à Sandwich le 26 juillet 1345. V. Rymer, Fœdera, vol. III, p. 53.
[109]L’alliance était redevenue étroite entre le roi d’Angleterre et les bonnes villes de Flandre dès le 8 septembre 1345. En effet, à cette date, Édouard III conclut un traité avec les communes flamandes sur la monnaie d’or dite la Noble qui devait avoir cours en Flandre et même y être frappée à son effigie (Rymer, Fœdera, vol. III, p. 59). Le 10 octobre de la même année, il donne pleins pouvoirs à Guillaume de Stury, à Thomas de Melcheburn et à Gilbert de Wendlynburgh, pour traiter de la confirmation des anciens traités qui stipulaient l’hommage de la Flandre à Édouard III, et en retour le devoir pour celui-ci de la protéger envers et contre tous (Rymer, ibid., p. 61).
[110]Staveren ou Stavoren, ville de Hollande, à l’extrémité S. O. de la province de Frise, ar. de Sneek, c. d’Hindelopen, sur le Zuiderzée. D’après la seconde rédaction (p. 105), l’expédition de Frise aurait commencé vers la Saint-Remi (1er octobre); et d’après la troisième rédaction (p. 322), la bataille de Staveren se serait livrée vers la Saint-Luc (18 octobre). Il résulte de plusieurs documents authentiques et contemporains que l’affaire de Staveren eut lieu en septembre 1345. V. Butkens, Trophées de Brabant, t. I, p. 433.
[111]Cette addition appartient en propre à la troisième rédaction et ne se trouve que dans le manuscrit de Rome (p. 323).
[112]Belgique, prov. Hainaut, ar. Charleroi, sur la rive droite de la Haine. Jeanne se remaria en 1347 à Wenceslas, duc de Luxembourg, frère de l’empereur Charles IV et fils de l’héroïque Jean de Bohême; elle succéda à son père Jean III dans le duché de Brabant en 1355. Lestinnes-au-Mont, dont Froissart fut curé grâce à la protection de Wenceslas et de Jeanne, n’est qu’à une lieue de Binche.
[113]Marguerite, impératrice des Romains, comtesse de Hainaut, Hollande, Zélande et dame de Frise, n’avait pas encore pris possession de son comté en mars 1346, car dans un acte qui porte cette date, on expose à un personnage que l’on nomme serenissime domine (sans doute l’empereur Louis de Bavière), la nécessité de faire arriver promptement l’impératrice Marguerite sa femme, pour prendre possession des comtés de Hollande, de Zélande et de la seigneurie des deux Frises (Archives du Nord, fonds de la Chambre des Comptes de Lille, B 803).
[114]Le 25 juin 1346 (Rymer, Fœdera, vol. III, p. 83), Édouard III nomme Thierri, seigneur de Montjoye et de Falkyngburgh (en français Fauquemont) son arbitre et le charge de régler les difficultés qui menacent de s’élever (... cum suboriri timeatur materia quæstionis) au sujet de la succession de Guillaume, comte de Hainaut, pour la part d’héritage qui revient à la reine Philippe sa femme. Ces difficultés, où Jean de Hainaut put prendre parti contre Édouard III, contribuèrent peut-être à pousser le seigneur de Beaumont dans le parti français. V. Rymer, ibid., p. 80.
[115]L’acte par lequel Jean de Hainaut, sire de Beaumont, se reconnaît vassal du roi de France, à cause des biens donnés par le dit roi en foi et hommage, est du 21 juillet 1346 (Cop. parch., Archives du Nord, fonds de la Chambre des Comptes de Lille, B 804).
[116]Par acte du 21 juillet 1346, Philippe, roi de France, mande à ses receveurs en Vermandois de payer à Jean de Hainaut, sire de Beaumont, une rente viagère à lui donnée en foi et hommage (Orig. parch., Archives du Nord, B 804). La pension que Jean de Hainaut toucha en Angleterre jusqu’à la fin de 1345, était de mille marcs.
CHAPITRE LVII.
[117]Cf. Jean le Bel, Chroniques, chap. LXVIII et LXIX, p. 45 à 60.
[118]Jean, duc de Normandie, ne paraît avoir fait qu’une courte apparition en Languedoc en 1345. Le 2 août de cette année, il était à Carcassonne (dom Vaissète, Hist. de Languedoc, t. IV, p. 257). Le 8 août 1345, Philippe de Valois nomme Pierre de Bourbon, comte de Clermont et de la Marche, son lieutenant «en toutes les parties de la Langue d’oc et de Gascoigne»; c’est ce Pierre de Bourbon qui apparaît à la tête des forces françaises dans le Querci et l’Agenais depuis le 22 septembre 1345 (dom Vaissète, t. IV, p. 257) jusqu’à l’arrivée du duc de Normandie. Pendant ce laps de temps, Jean, duc de Normandie, se tient en Poitou, en Limousin, en Angoumois (à Angoulême depuis le 24 octobre jusqu’au 7 novembre), en Touraine et en Berry. Le 22 décembre 1345, le duc de Normandie envoie Jean de Marigny, évêque de Beauyais «... en Tholosain et ès parties de par delà pour certaines et grosses besoignes.» Le duc de Normandie, étant à Loches le 17 janvier 1346, charge l’évêque de Beauvais de convoquer les États du Languedoc à Toulouse; et par lettres circulaires datées de Toulouse le 27 janvier 1346, Jean de Marigny les convoque dans cette ville pour le 17 février suivant (dom Vaissète, t. IV, p. 257). Le duc de Normandie était encore à Châtillon-sur-Indre (Arch. nat., JJ68, fº 475; JJ75, fº 294 vº; JJ76, fº 246) et à Loches (JJ75, fº 248) dans les premiers jours de février 1346.
[119]La première rédaction porte cet effectif à cent mille hommes (p. 109), chiffre évidemment exagéré.
[120]Curieux détail d’histoire militaire fourni par la rédaction de Rome (p. 327) qui remonte aux premières années du XVe siècle.
[121]D’après Froissart (p. 109, 327 et 328), le duc de Normandie part de Toulouse pour aller faire le siége de Miramont; d’après Jean le Bel, au contraire (t. II, p. 46), il arrive du Poitou, du Berry et du Limousin. La date de la Noël est une erreur ajoutée par le chroniqueur de Valenciennes au récit de Jean le Bel. Le duc de Normandie n’apparaît dans le Midi qu’en mars 1346; il est à Montauban le 22 (Arch. nat., JJ76, fº 158) et à Cahors le 13 de ce mois, d’après les Chroniques manuscrites du Querci, par l’abbé de Foulhiac. V. Bertrandy, Études etc., p. 288.
[122]L’objectif de Jean, duc de Normandie, dans cette campagne est Aiguillon. Par conséquent, le Miramont dont il est ici question doit être Miramont, Lot-et-Garonne, ar. Marmande, c. Lauzun, beaucoup plus rapproché d’Aiguillon et plus important au point de vue stratégique que le Miremont ou Miramont du Périgord (aujourd’hui Mauzens-et-Miremont, Dordogne, ar. Sarlat, c. le Bugue).
[123]Froissart prend soin de nous dire dans sa seconde rédaction (p. 110) qu’il s’agit ici de Villefranche en Agenais (aujourd’hui Villefranche-du-Queyran, Lot-et-Garonne, ar. Nérac, c. Casteljaloux).
[124]Nous identifions «la cité d’Agolem ou d’Agolent» de Jean le Bel (t. II, p 42, 46 à 51) avec Agen. Froissart nous paraît s’être trompé en l’identifiant constamment avec Angoulême que Jean le Bel écrit Angolesme (V. t. II, p. 268), comme l’exige l’étymologie. La paraphrase de «cité d’Agolant» pour désigner Agen n’a rien d’étonnant sous la plume d’un chronTiqueur du XIVe siècle, surtout quand il se complaît autant que Jean le Bel dans tout ce qui se rattache de près ou de loin aux poëmes de chevalerie (V. t. II, p. 54, 110 etc.). Or on sait que la chronique dite du faux Turpin mentionne la prise d’Agen par Agolant qui soutint dans cette ville un siége contre Charlemagne, et cette mention a même passé du faux Turpin dans les Chroniques de Saint-Denis «Ensi vint Agoulans à tout ses os jusques à une cité de Gascoigne qui a non Agenes, et par force la prist... Mès Kallemaine... vint près à quatre miles de la cité d’Agenes où Agoulans et ses os estoit.» (Dom Bouquet, Hist. de France, t. V, p. 288). Agolant figure toujours, dit Fauriel, comme roi d’Agen dans la Vie de saint Honorat ainsi que dans une foule d’autres romans provençaux perdus (Hist. litt., t. XXII, p. 238). Notre identification de la «cité d’Agolant» avec Agen s’accorde, d’ailleurs, très-bien avec les circonstances topographiques indiquées par Jean le Bel. La «cité d’Agolant» est voisine de Villefranche, de Tonneins, de Damazan et d’Aiguillon (t. II, p. 42, 46 et 47); elle est à une nuit de marche de Tonneins (ibid., p. 48): personne n’ignore que toutes ces localités, fort éloignées d’Angoulême, sont à une assez faible distance d’Agen.
Si le siége d’Agen, succédant à la prise de Villefranche et de Miramont, ne présente aucune impossibilité géographique, la reddition de cette ville au duc de Normandie avant le siége d’Aiguillon, c’est-à-dire avant le 10 avril 1346, ne paraît pas plus fondée, au point de vue historique, que la reddition d’Angoulême imaginée par Froissart; car le 5 avril 1346, les consuls d’Agen, pressés de fournir un contingent au duc de Normandie, pour le siége d’Aiguillon, motivent leur refus sur ce que les Anglais occupent plusieurs localités de l’Agenais menaçantes pour leur ville, et entre autres Castelsagrat (Arch. comm. d’Agen (BB 1) citées par M. Bertrandy, Études etc., p. 158).
[125]Le nom de cette localité est écrit Anchenis ou Anthenis dans Froissart (V. p. 114, 332, 334 et 335), Antenis dans Jean le Bel (V. t. II, p. 50 et 51). Comme cette localité, d’après ce dernier chroniqueur, est située sur le bord de la Gironde, à peu de distance de Monségur-Gironde, d’une part, et d’Aiguillon, de l’autre (V. t. II, p. 51), comme de plus Jean le Bel paraît ne faire de Thonis pris par les Anglais (p. 42), et de Antenis repris par les Français (p. 48), qu’une seule et même localité, il y a quelque raison d’identifier Antenis, qui peut être une mauvaise lecture d’un copiste pour Thonis, avec Tonneins, chef-lieu de canton du Lot-et-Garonne, ar. de Marmande. Quant à Froissart, il fait évidemment d’Anthenis et de Thonis deux localités distinctes, puisque, après avoir mentionné la prise d’Anthenis par des gens du duc de Normandie (p. 115 et 116), il raconte le siége et l’occupation de Thonis (Tonneins) par ce même duc de Normandie (p. 119). A notre avis, Anthenis, en tant que localité distincte de Tonneins, est purement imaginaire, et Froissart n’a été conduit à en supposer l’existence que par une corruption du texte de Jean le Bel.
[126]Comme rien n’autorise à supposer qu’Agen soit jamais tombé au pouvoir de Derby dans cette campagne, cette ville n’a pu être reprise par les Français; mais, dans tous les cas, elle aurait été reprise avant le 3 février 1346, puisque dom Vaissète (Hist. gén. de Languedoc, t. IV, p. 258) analyse le contenu de lettres données par le duc de Bourbon à Agen le 1er février 1346 (n. st.).
[127]Lot-et-Garonne, ar. Nérac.
[128]Lot-et-Garonne, ar. Marmande.
[129]Lot-et-Garonne, ar. Agen. Nous ne connaissons aucun document qui mentionne l’occupation de Port-Sainte-Marie par les Anglais et par conséquent sa reprise par les Français à cette date. Au contraire, le duc de Normandie, par acte daté d’Agen au mois d’août 1346, exempte de toute espèce de tailles les habitants du Port-Sainte-Marie, en considération de leur fidélité: «... habitatores ville Portus Sancte Marie, in fronteriis inimicorum existentis, tanquam fideles et obedientes, fideliter, legaliter et diligenter servierint...» (Arch. nat., JJ76, p. 239.) Une autre charte du mois de décembre 1347 mentionne une tentative de trahison aux Anglais réprimée impitoyablement par les habitants eux-mêmes. Arch. nat., JJ76, p. 238.
[130]Jean le Bel (Chroniques, t. II, p. 53) dit «cent mille hommes» et l’on retrouve ce chiffre, évidemment exagéré, dans la première rédaction (p. 340), ainsi que dans un certain nombre de manuscrits de la seconde (p. 120). La troisième rédaction réduit l’effectif des assiégeants à «soixante mille hommes» (p. 344). Nous avons préféré comme le plus vraisemblable le chiffre de cinq mille fourni par le plus grand nombre des manuscrits de la première rédaction (p. 340).
[131]Tout en adoptant comme la plus exacte, relativement à la durée du siége d’Aiguillon, la version de la troisième rédaction (p. 344), nous avons substitué comme date du commencement de ce siége le mois d’avril au mois de mars, car nous avons des lettres de Jean, duc de Normandie, datées de Montauban le 22 mars (Arch. nat., JJ76, fº 158), et d’autres lettres du même prince données en ses tentes devant Aiguillon en avril 1345 (Arch. nat., JJ68, fº 448); or comme Pâques en 1346 tomba le 16 avril, et qu’à partir de ce jour on commença à faire usage du millésime 1346, on peut en conclure que les Français mirent le siége devant Aiguillon entre le 22 mars et le 15 avril.
[132]D’après Jean le Bel, le siége d’Aiguillon dura jusques au temps de wahin (t. II, p. 53), c’est-à-dire jusqu’à l’automne. Froissart, dans ses deux premières rédactions (p. 120 et 340) le fait durer jusqu’à la Saint-Remi (1er octobre). La rédaction de Rome se rapproche davantage de la vérité. Il résulte des lettres de Derby, publiées par Robert d’Avesbury (Hist. Ed. III, éd. de 1720, p. 142), que le siége d’Aiguillon fut levé «la dismenge proschein devaunt le feste de seint Barthum,» c’est-à-dire le 20 août. D’un autre côté, la dernière charte donnée par le duc de Normandie in nostris tentis ante Aculeonem, qui est une prorogation de l’acte d’hommage dû au roi de France par le comte de Foix, est datée du 19 août 1346 (Bibl. nat., mss. Doat, 189, fº 260). V. Dacier, éd. de Froissart, p. 275, note 2, et Bertrandy, Études etc., p. 345, note 1.
[133]Sans doute Montréal-de-l’Aude, ar. Carcassonne.
[134]Aujourd’hui Fougax-en-Barrineuf, Ariége, ar. Foix, c. Lavelanet.
[135]C’est sans doute à l’assaut de ce pont qu’un chevalier gascon du parti anglais, Alexandre de Caumont, fut fait prisonnier par Robert d’Augerans. Par lettres du 7 juillet 1346, confirmées par Philippe de Valois le 19 septembre 1347, le duc de Normandie fit un don de 500 livres à Robert d’Augerans, chevalier «en récompense de ses services, et que, de sa franche volonté, il bailla et delivra au dit duc, Alexandre de Caumont, chevalier, ennemi du roy, lequel il avoit pris à l’assaut du pont d’Aguillon, et duquel il euist eu grant raençon.» Bibl. nat., Mss., Cabinet des Titres. V. Bertrandy, Études etc., p. 326.
CHAPITRE LVIII.
[136]Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap, LXX et LXXI, p. 61 à 75.
[137]Édouard III, dans une lettre du 6 mai 1346 où il demande des prières et actions de grâces pour les succès remportés en Guienne par le comte de Lancastre qui lutte contre des forces écrasantes (magnum et superimmensum exercitum), annonce qu’il va partir à la tête d’une armée pour porter secours à son lieutenant. V. Rymer, Fœdera, vol. III, p. 81.
[138]Le 25 juin 1346, Édouard III nomme son fils Lionel régent du royaume pendant son absence. V. Rymer, ibid., p. 84.
[139]Édouard III mit à la voile le dimanche 2 juillet. V. Rymer, ibid., p. 85.
[140]L’embarquement eut lieu à Portchester où divers actes signalent la présence du roi d’Angleterre à partir du 20 juin 1346 (Rymer, p. 83 à 85). Portchester, village du comté de Southampton, situé sur la côte septentrionale du havre de Portsmouth, à une lieue de cette dernière ville, avait au moyen âge un port très-important aujourd’hui comblé par des atterrissements. Le 2 juillet au soir, Édouard III était à l’île de Wight, et c’est à dater de ce moment que le sceau spécial, en usage en cas d’absence du roi, fut remis à la chancellerie.
[141]La flotte anglaise était revenue à son point de départ le 10 juillet, comme le prouve une charte datée de ce jour et donnée par Édouard III en pleine mer, en vue de l’île de Wight, pendant un arrêt de sa traversée (Rymer, Fœdera, vol. III, p. 85). Le lendemain 11 juillet, le roi anglais expédia encore une charte datée du port de Sainte-Hélène, dans l’île de Wight (aujourd’hui St-Helens, à la pointe orientale de l’île), avant de mettre à la voile pour Saint-Vaast-de-la-Hougue où il débarqua le lendemain 12 juillet.
[142]La seconde rédaction est la seule où Froissart nous montre Philippe de Valois opposant dès le début à l’envahisseur des moyens de défense proportionnés à l’attaque (p. 357). D’après les autres rédactions (p. 137 et 138, 367 et 368), ces préparatifs furent faits après coup et quand il était déjà trop tard. On remarquera qu’ici comme en beaucoup d’autres endroits, la seconde rédaction, représentée par le manuscrit d’Amiens, est la plus favorable à la France en général et à Philippe de Valois en particulier. Il est certain que Philippe de Valois fit rassembler, à Harfleur et à Caen, un assez grand nombre de gens d’armes sous les ordres de Raoul, comte d’Eu et de Guines, connétable de France. Le rôle de la retenue de ces gens d’armes, parmi lesquels figure le comte de Flandre, nous a été conservé par une copie de De Camps, portef. 83, fos 472 à 475, au Dép. des mss. de la Bibl. nat.
[143]Manche, ar. Valognes, c. Quettehou. D’après la seconde rédaction, le débarquement d’Édouard III à Saint-Vaast aurait eu lieu le jour de la Madeleine, c’est-à-dire le 22 juillet (p. 357). Nous voyons par une lettre de Michel de Northburgh, clerc et conseiller d’Edouard III, qui accompagna le roi anglais dans cette expédition, lettre rapportée textuellement par Robert d’Avesbury (Hist. Ed. III, p. 123), que ce débarquement se fit le mercredi 12 juillet. D’après la seconde rédaction aussi, Robert Bertran, à la tête de deux mille combattants, aurait essayé de s’opposer à ce débarquement, et il aurait été mis en déroute après un combat acharné où il aurait reçu une blessure et perdu l’un de ses fils (p. 357 et 359); mais il n’y a pas lieu d’ajouter foi à ce prétendu combat dont les deux autres rédactions et surtout Michel de Northburgh ne disent pas un mot. Édouard III trouva à Saint-Vaast onze navires dont huit étaient munis de châteaux devant et derrière; il y fit mettre le feu. Le roi d’Angleterre se tint six jours en cet endroit depuis le mercredi 12 jusqu’au mardi 18 juillet; ce temps fut employé à reposer les troupes, à débarquer les chevaux et à cuire du pain pour l’armée (Hist. Ed. III, p. 123 et 124).
[144]Pendant que l’armée anglaise campait à Saint-Vaast, une partie de la flotte se rendit le vendredi 14 juillet devant Barfleur. Les habitants avaient pris la fuite; les Anglais mirent le feu aux maisons ainsi qu’à neuf navires munis de châteaux devant et derrière et à deux crayers en bon état qu’on trouva dans le port, sans compter un certain nombre de petits bateaux. Michel de Northburg, qui rapporte ces détails (Hist. Ed. III, p. 124), estime que Barfleur est aussi important que Sandwich (port du comté de Kent, situé à quatre lieues N. de Douvres, assez important au moyen âge, mais aujourd’hui obstrué par des alluvions).
[145]D’après Michel de Northburgh (Ibid., p. 127), ce fut la flotte anglaise, et non l’armée de terre qui, après la prise de Barfleur, alla brûler la ville et l’abbaye de Cherbourg. Le clerc d’Édouard III dit, comme Froissart (p. 134 et 135), que les Anglais ne parvinrent pas à s’emparer du château de Cherbourg.
[146]C’est le mardi 18 juillet, d’après Michel de Northburgh, qu’Édouard III partit de Saint-Vaast pour aller à Valognes, où il passa la nuit et où il trouva beaucoup de provisions.
[147]Michel de Northburgh ne mentionne pas Montebourg. Jean le Bel, auquel Froissart a emprunté cette indication, paraît s’être trompé, en plaçant Montebourg avant Valognes dans l’itinéraire suivi par Édouard III. Il existait, il est vrai, dès le moyen âge, une route se dirigeant directement de Saint-Vaast sur Montebourg; mais Édouard III, qui s’avançait du nord au sud, dut passer à Valognes avant d’aller à Montebourg.
[148]D’après Michel de Northburgh, Édouard III partit de Valognes le mercredi matin 19 juillet, et, après avoir marché une grande journée, arriva le soir au Pont-d’Ouve (aujourd’hui hameau de la comm. de Saint-Côme-du-Mont, Manche) que les habitants de Carentan avaient détruit pour s’opposer à la marche des Anglais, Édouard III fit reconstruire ce pont pendant la nuit, et entra le lendemain jeudi 20 juillet dans Carentan, qui n’est qu’à une lieue anglaise du Pont-d’Ouve. On y trouva vivres et viandes en abondance, mais le roi d’Angleterre ne put empêcher qu’une grande partie de la ville ne fût brûlée. Michel de Northburgh compare Carentan, pour l’importance, à Leicester (chef-lieu du comté de ce nom, à 32 I. N. N. O. de Londres, dont cinq églises anciennes attestent l’importance, dès le moyen âge).
[149]Le roi d’Angleterre partit de Carentan le vendredi 21 juillet d’après Michel de Northburgh (Ibid., p. 124 et 125), et fit une halte, mais d’un jour seulement, et non de trois comme le dit Froissart, sur le bord d’une rivière, en un village où se trouve un pont que les habitants de Saint-Lô avaient rompu. Cette rivière est certainement la Vire, puisqu’on voit, par une lettre d’Édouard III à Thomas de Lucy, que le pont dont il s’agit ici est Pont-Hébert (Manche, ar. Saint-Lô, c. Saint-Jean-de-Daye). Le roi d’Angleterre fit rétablir ce pont, traversa la Vire, lui et son armée, le lendemain samedi 22 juillet, et vint camper tout près de Saint-Lô. Les habitants de cette ville avaient commencé à la mettre en état de défense; mais les gens d’armes qu’ils y avaient rassemblés quittèrent la place, à l’approche des Anglais, sans même attendre l’arrivée des ennemis. Ceux-ci entrèrent dans Saint-Lô et y trouvèrent bien mille tonneaux de vin, sans compter une foule d’autres richesses. Michel de Northburgh estime Saint-Lô plus important que Lincoln (chef-lieu du comté de ce nom, à quarante-trois lieues N. de Londres; cette ville était, au moyen âge et avant les guerres civiles, une des plus riches et des plus populeuses de l’Angleterre).
[150]D’après Michel de Northburgh, il fallut trois journées de marche aux Anglais pour aller de Saint-Lô à Caen. Édouard III quitta Saint-Lô le dimanche 23 juillet et passa sa journée dans une abbaye que Michel de Northburgh ne nomme point (Cerisy-l’Abbaye), pendant que ses gens portaient le ravage par tout le pays environnant, à cinq ou six lieues à la ronde. Les lundi et mardi 24 et 25 juillet, le roi anglais poursuivit sa marche et campa chaque soir dans les villages; il arriva devant Caen le mercredi 26 juillet, à trois heures après-midi.
[151]«Caame, dit Michel de Northburgh, est la ville plus grosse que nulle ville d’Engleterre horspris Loundres.» (Robert d’Avesbury, Hist. Ed. III, p. 126 et 127.)
[152]Quoique cette abbaye fût entourée de murs crénelés et bastilles, les moines l’avaient abandonnée à l’approche des Anglais. (Ibid., p. 125 et 126.)
[153]D’après Michel de Northburgh (Ibid., p. 125), et les Grandes Chroniques de France (éd. de M. P. Paris, t. V, p. 453), Guillaume Bertran, évêque de Bayeux, frère du maréchal de France Robert Bertran, était au nombre des défenseurs du château de Caen.
[154]Froissart s’est trompé en donnant dès 1346 à Jean, sire de Tancarville, vicomte de Melun, le titre de comte qui ne lui fut conféré par le roi Jean que le 4 février 1352. (Arch. nat., JJ81, p. 85, fº 101.)
[155]Cette flotte, d’après Michel de Northburgh, était composée d’environ deux cents navires qui cinglèrent vers Rothemasse (lisez: Roche Massé, aujourd’hui la Roche de Maizy, Calvados, à l’embouchure de la Vire), pendant que l’armée de terre marchait sur Saint-Lô; les gens d’armes qui montaient ces navires faisaient des descentes continuelles sur le rivage, pillant et brûlant le pays à deux ou trois lieues dans l’intérieur. Quand l’armée de terre, maîtresse de Saint-Lô, reprit sa marche sur Caen, la flotte anglaise quitta le mouillage de la Roche de Maizy et mit à la voile pour Ouistreham (Calvados, ar. Caen, c. Douvres), à l’entrée de la baie de Caen. De la Roche de Maizy à Ouistreham, sur une étendue de côtes de vingt-six lieues anglaises, cette flotte captura et brûla soixante onze navires de guerre français avec château devant et derrière, vingt-trois crayers, sans compter une foule de petits bateaux de vingt et un à trente tonneaux de vin (Hist. Ed. III, p. 127).
[156]Par cette rivière qui keurt parmi le ville de Kem, qui porte grosse navire (p. 145), Froissart semble entendre le bras de l’Orne, où venait se jeter l’Odon, un peu avant l’intersection des rues Saint-Pierre et Saint-Jean, et qui, entourant d’eau de tous côtés le quartier autrefois appelé pour cette raison île Saint-Jean, le séparait de la vieille ville. Ce bras a été comblé depuis le dernier siècle dans sa partie S. E., entre l’ancien pont Millet et l’église Saint-Pierre, mais sa partie N. O., entre le quartier Saint-Jean et le faubourg Saint-Gilles, sert aujourd’hui, comme au temps de Froissart, de port à la ville de Caen. Michel de Northburgh, d’accord sur ce point avec notre chroniqueur, dit que, du côté de l’eau où sont situées les abbayes de Saint-Étienne et de la Trinité, il ne resta de défenseurs que dans le château. D’où l’on peut conclure que la partie évacuée fut la vieille ville, dont les habitants cherchèrent un refuge et essayèrent de se retrancher dans l’île Saint-Jean. Le continuateur de Nangis dit, de son côté, que le combat eut lieu au milieu de la ville, à l’entrée du pont et un peu au-dessus, en face de l’église Saint-Pierre. Enfin, d’après la version très-vraisemblable des Grandes Chroniques de France, le comte d’Eu et le sire de Tancarville ne sortirent du château qu’au milieu de l’action et pour seconder l’énergique résistance des habitants. Il résulte de tous ces témoignages concordants que le fort du combat eut lieu au passage du bras de l’Orne le plus rapproché du château et à l’assaut de l’ancien pont Saint-Pierre.
[157]Ce que dit Froissart de la lâcheté présomptueuse des bourgeois de Caen en cette circonstance est une erreur grossière empruntée à Jean le Bel (Chron., t. II, p. 72 et 73). Nos gens, dit Michel de Northburgh «... avoient mult affeare, et les Fraunceys defendèrent le dit pount fortment et eaux portèrent mult bien...» (Hist. Ed. III, p. 126.) La vérité est que les habitants de Caen, en essayant de défendre contre une puissante armée leur ville, alors complétement ouverte, firent preuve d’un courage intrépide et poussé jusqu’à la témérité. Du côté des Français, cent chevaliers environ et cent vingt ou cent quarante écuyers furent faits prisonniers avec le comte d’Eu et le sire de Tancarville; il y eut également beaucoup de morts, mais on n’en put savoir le chiffre exact, parce que les cadavres gisaient épars par les rues, maisons et jardins, et qu’ils furent dépouillés sur-le-champ de leurs vêtements par la rapacité des vainqueurs.
[158]«Et nul gentil homme mort des noz, rapporte Michel de Northburgh, fors qe un esquier qe fust blescé et morust deux jours après.» Cette dernière phrase n’est point précisément en contradiction avec ce que dit Froissart du dommage éprouvé par l’armée d’Édouard III à la prise de Caen; car, si un seigneur seulement succomba, les pertes en archers et simples gens d’armes purent être relativement assez considérables. N’oublions pas d’ailleurs que la lettre de Michel de Northburgh, clerc d’Édouard III, est un bulletin de victoire rédigé au point de vue de l’effet que l’on voulait produire en Angleterre; or on sait que le silence sur les pertes des vainqueurs, ou du moins l’atténuation de ces pertes, est une habitude constante dans les documents de ce genre.
[159]Le comte de Huntingdon, qui s’était battu à la prise de Caen, ayant été atteint de la fièvre à la suite de ce combat, dut regagner l’Angleterre, où il porta la fameuse convention du 23 mars 1338 entre le roi de France et les seigneurs normands au sujet d’une invasion en Angleterre, dont on avait trouvé le texte dans le sac de Caen. Jean de Strafford, archevêque de Canterbury, donna lecture de cette convention dans le cimetière de l’église Saint-Paul, la veille de l’Assomption, 14 juillet 1346, devant toute la population de Londres assemblée, pour surexciter le patriotisme des Anglais contre la France. (Hist. Ed. III, p. 130 à 136.)
[160]Bayeux se rendit le jeudi 27 juillet, c’est-à-dire le lendemain de l’arrivée d’Édouard III à Caen. V. Hist. Ed. III, p. 127 et 128.
[161]Édouard III passa par Lisieux où il délivra le 3 août à Annibal de Ceccano, cardinal évêque de Frascati, et à Étienne Alberti, cardinal prêtre des Saints Jean et Paul, des lettres de sauvegarde dont le texte a été publié par Rymer (Fœdera, vol. III, p. 88). Nous voyons par une lettre du confesseur d’Édouard III, dont Robert d’Avesbury cite un fragment (Hist. Ed. III, p. 128 et 129), que ces cardinaux, chargés par le pape de traiter de la paix entre les deux rois, échouèrent complétement dans leur mission.
[162]Philippe de Valois fit rassembler à Rouen des forces imposantes et les chargea de se tenir sur la défensive en gardant la rive droite de la Seine et en détruisant à l’avance tous les ponts sur le passage de l’armée anglaise. Ce plan permit à Édouard III de ravager impunément toute la rive gauche du fleuve. V. Hist. Ed. III, p. 129.
CHAPITRE LIX.
[163]Cf. Jean le Bel, Chron., t. II, chap. LXXI et LXXII, p. 75 à 80.
[164]D’après Michel de Northburgh (Hist. Ed. III, p. 136), Édouard III arriva à Poissy la veille de l’Assomption (14 août) 1346.
[165]Le château de Montjoie était situé dans la forêt de Marly; il venait d’être démoli lorsque Ducange publia son Dictionnaire. V. cet ouvrage au mot Mons Gaudii.
[166]Le premier soin d’Édouard III, dès qu’il fut arrivé à Poissy, fut de faire travailler à la reconstruction du pont rompu par les Français, pont dont il avait besoin pour passer sur la rive droite de la Seine. Un certain nombre de gens d’armes à la tête des contingents fournis par les villes environnantes et notamment par la Commune d’Amiens, essayèrent, sans doute suivant l’ordre du roi de France, de s’opposer à cette reconstruction. Cette tentative échoua: les Français furent repoussés, après avoir perdu cinq cents des leurs, par le comte de Northampton (Hist. Ed. III, p. 136 et 137). Telle est la version de Michel de Northburgh rapportée par Robert d’Avesbury. La mention des gens d’armes de la Commune d’Amiens dans ce récit, d’ailleurs un peu différent de celui de Froissart, indique clairement que le clerc d’Édouard III a voulu parler de la même affaire que Jean le Bel (Chroniques, t. II, p. 77) auquel le chroniqueur de Valenciennes a emprunté cet épisode. Seulement, nous voyons, grâce au témoignage d’un témoin oculaire et, qui plus est, d’un ennemi, que Jean le Bel s’est trompé en reprochant durement à Philippe de Valois (p. 76) de n’avoir rien fait pour s’opposer à la reconstruction du pont de Poissy par les Anglais; et Froissart a eu raison de ne pas reproduire les critiques injustes et passionnées adressées à cette occasion par le chroniqueur liégeois au roi de France.
[167]D’après Michel de Northurgh (Hist. Ed. III, p. 137), Édouard III partit de Poissy pour s’avancer en Beauvaisis et passa la Seine le 16 août, le lendemain de l’Assomption. Philippe de Valois fut grossièrement dupe d’une feinte d’Édouard III, auquel l’archevêque de Besançon vint apporter à Poissy des lettres de défi de la part du roi de France. Ces lettres de défi, datées de Saint-Denis le 14 août 1346, ne nous sont connues que par une mauvaise traduction latine conservée à Oxford; et elles ont été publiées par M. Kervyn de Letthenhove (t. IV de son édition de Froissart, p. 496 et 497). Dans ces lettres, Philippe de Valois proposait la bataille à son adversaire, soit entre Saint-Germain-des-Prés et Vaugirard, soit entre Francheville et Pontoise, pour le jeudi, le samedi, le dimanche ou le mardi suivant. Le rusé monarque anglais, voyant à qui il avait affaire, se contenta de répondre pour le moment de vive voix qu’il se disposait à prendre le chemin de Montfort (Montfort-l’Amaury, Seine-et-Oise, ar. Rambouillet), où on pouvait le venir chercher. En même temps, pour donner plus sûrement le change sur la direction qu’il était résolu à prendre, l’habile stratégiste chargeait son fils le prince de Galles, établi à Saint-Germain-en-Laye, de menacer l’ouest et même le sud de Paris, comme si les Anglais eussent voulu passer la Bièvre et la Seine en amont de Paris: de là les incursions à Saint-Cloud, à Boulogne et à Bourg-la-Reine. Le roi de France tomba dans le piége que son adversaire lui tendait: il alla se poster avec le gros de ses forces au pont d’Antony pour défendre le passage de la Bièvre au moment même où le roi anglais, exécutant, le mercredi 16 août, un rapide mouvement rétrograde, franchissait la Seine sur le pont refait de Poissy. Le lendemain jeudi 17 août, quand le tour fut joué, Édouard III adressa de Grandvilliers une hautaine et ironique réponse aux lettres de défi de Philippe de Valois où il lui dit: «... nous ne sommes mie avisés d’estre tailliés par vous, ne de prendre de vous lu et jour de bataille.» Ces curieuses lettres d’Édouard III à Philippe de Valois, dont le texte est, comme on le voit, en français, sont conservées dans les Archives du collége de Corpus Christi, à Cambridge; elles ont été publiées, d’après une copie de M. Snell, par M. Kervyn de Lettenhove (t. IV de son édition de Froissart, p. 497 et 498). Une collation de ce document, faite par M. Riley, apporte au texte de M. Kervyn d’importantes corrections (t. V de son édition, p. 551). Cf. Grandes Chroniques, éd. in-12, t. V, p. 457, et le continuateur de Nangis, éd. de Géraud, t. II, p. 199.
[168]Jean le Bel (Chron., t. II, p. 77) et tous les manuscrits de Froissart, à l’exception de celui de Rome, appellent cette abbaye Saint-Messien. Cette leçon n’est pas aussi absolument mauvaise qu’on pourrait le croire au premier abord, car les restes de saint Messien (sanctus Maximianus) reposaient à côté de ceux de saint Lucien, son compagnon, dans l’abbaye de ce nom, de l’ordre de Saint-Benoît, diocèse et ville de Beauvais. En réalité, le feu ne fut mis qu’au faubourg de l’Hôtel-Dieu et n’atteignit que très-faiblement l’abbaye de Saint-Lucien.
[169]Oise, ar. Beauvais, c. Marseille-le-Petit.
[170]Cet évêque était le belliqueux Jean de Marigny, qui fut promu l’année suivante à l’archevêché de Rouen. V. Gallia christ., t. IX, col. 721.
[171]Oise, ar. Beauvais. D’après Michel de Northburgh (Ibid., p. 137 et 138), un engagement fut livré à Grandvilliers entre l’avant-garde de l’armée anglaise et des gens d’armes de la maison du roi de Bohême. Les Anglais eurent d’abord le dessous et perdirent Thomas Talbot; mais ils reprirent bientôt l’avantage grâce à un renfort amené par le comte de Northampton. Les Français eurent douze morts, huit blessés et furent poursuivis jusqu’à deux lieues d’Amiens.
[172]Oise, ar. Beauvais, c. Grandvilliers.
[173]Somme, ar. Amiens. Michel de Northburgh ne parle ni de l’incendie de Saint-Lucien et des faubourgs de Beauvais ni de la halte à Milly. D’après le clerc d’Édouard III (Ibid., p. 137), le roi anglais passa à Poix le lendemain de son départ de Poissy et n’y coucha point; cette place fut prise par l’arrière-garde de son armée, malgré les efforts de trois cents Français qui périrent en la défendant. D’après l’auteur de l’Histoire des maieurs d’Abbeville (p. 321), Oulphart de Ghistelles, chevalier flamand au service d’Édouard III, commandait les Anglais qui s’emparèrent du très-fort château de Poix.
[174]Somme, ar. Amiens, c. Molliens-Vidame, à trois lieues et demie O. N. O. d’Amiens et à la même distance S. E. d’Abbeville.
[175]Aujourd’hui Nampty-Coppegueule, Somme, ar. Amiens, c. Conty. Froissart reproduit un passage de Jean le Bel dont voici le texte: «Il (Philippe de Valois), se loga en une ville qu’on appelle Copegueule, qui siet à trois lieues prez de la cité d’Amiens...» Les copistes de Froissart prenant le premier u de Copegueule pour un n, le second u pour un i ou un y, et réunissant la dernière syllabe de ce mot: le, aux deux mots qui suivent: qui siet, ont été conduits à forger un nom de lieu imaginaire: Copegney ou Copegni le-qui-siet, imprimé d’ordinaire dans les éditions antérieures et aussi dans la nôtre: Copegni l’Equisiet. Copegny l’Equisiet est purement fictif et ne provient que d’une mauvaise lecture de trois mots de Jean le Bel: Copegueule qui siet; en réalité ce n’est pas autre chose que Copegueule, localité placée, comme le dit Jean le Bel, à environ trois lieues d’Amiens et à cinq ou six lieues d’Airaines où campait Édouard III. Le nom de cette localité, située précisément sur la route de Beauvais à Amiens que suivait Philippe de Valois, est défiguré sur la carte de Cassini sous la forme Coppeguette, mais il a été rétabli sous sa vraie forme sur la carte de l’état-major (feuille de Montdidier), et il s’est conservé jusqu’à nos jours dans le nom de la commune de Nampty-Coppegueule.
[176]Aujourd’hui Longpré-les-Corps-Saints, Somme, ar. Abbeville, c. Hallencourt.
[177]Somme, ar. Abbeville, c. Ailly-le-Haut-Clocher. Le pont de l’Étoile (Somme, ar. Abbeville, c. Picquiguy) ayant été rompu, les Anglais essayèrent vainement de passer la Somme en amont d’Abbeville à Hangest et à Pont-Remy, où ils furent repoussés par le roi de Bohême. (Histoire chronologique des maieurs d’Abbeville, p. 321.)
[178]Somme, ar. Abbeville, c. Hallencourt.
[179]Somme, ar. Abbeville, c. Ailly-le-Haut-Clocher.
[180]Somme, ar. Amiens.
[181]D’après Jean le Bel (Chron., t. II, p. 80 et 81), le roi de France alla directement de Coppegueule (aujourd’hui Nampty-Coppegueule) à Airaines, sans passer par Amiens.
[182]Le Vimeu, ancien pagus Vimnaus, s’étendait entre la Somme et la Brêle; Saint-Valery-sur-Somme en était la ville principale.
[183]Aujourd’hui hameau de la comm. d’Offoy, Somme, ar. Péronne, c. Ham.
[184]Somme, ar. Amiens, c. Oisemont.
[185]Aujourd’hui Mareuil-Caubert, Somme, ar. et c. Abbeville. Cette localité est à quelque distance de la rive gauche de la Somme, à une demi-lieue au sud d’Abbeville; il n’y avait pas d’abbaye proprement dite, comme l’indique Froissart, mais seulement un prieuré dépendant de l’abbaye de Breteuil. L’église de Saint-Christophe de Mareuil figure en 1164 au nombre des biens, situés dans le diocèse d’Amiens, dont l’évêque Thierri confirme la possession à l’abbaye de Breteuil, au diocèse de Beauvais. V. le Gallia Christiana, t. X, Instrumenta, col. 263.
[186]Une attaque fut aussi dirigée contre Abbeville par le comte de Warwick et Godefroi de Harcourt, mais elle fut vigoureusement repoussée par le mayeur Colard Le Ver, V. Hist. d’Abbeville, par F. C. Louandre, éd. de 1844, t. I, p. 222 et 223.
[187]Somme, ar. Amiens, à quatre lieues au sud d’Abbeville. Le grant hospital dont parle Froissart était une commanderie de Saint-Jean de Jérusalem. M. Joachim Ambert, auteur d’une assez volumineuse dissertation sur la bataille de Crécy (Paris, 1845, petit in-8 de 144 pages avec une carte) croyant que ces mots: grant hospital désignent un hospice, croit retrouver cet hospice dans un enclos situé à Vismes qui porte aujourd’hui le nom de Maladrerie (V. p. 71 de son mémoire). On est exposé à ces méprises quand on croit pouvoir interpréter les textes en ancien français sans avoir appris suffisamment cette langue. Charles V, accordant en novembre 1372 certains priviléges à Oisemont en Vimeu, dit qu’il lui a été exposé «par nostre amé et féal conseiller le prieur et les frères de l’ordre de l’ospittal de Saint-Jehan de Jherusalem ou prieuré de France, et leurs hommes et subgiés les habitants de la ville d’Oysemont en Vimeu, que, vint et six ans a ou environ, ladite ville, laquelle estoit lors moult notable et bien peuplée, et y avoit bon marchié deux jours chascune sepmaine, et en laquelle nostre prevost de Vimeu tient son siège et ses plais deux fois la semaine, fut pieça, quant les Anglois ennemis de nostre royaume chevauchèrent par ledit pais en venant de Normandie à Calais.... arse, gastée et destruite, et pluseurs des habitans d’icelle les aucuns mors, et les autres prins et raenconnès par les dis ennemis.» (Arch. nat., JJ103, fº 142 vº, p. 304.)
[188]Saint-Valery-sur-Somme, Somme, ar. Abbeville.
[189]Passage de la Somme situé entre Abbeville et Saint-Valery, à une lieue et demie de l’une et l’autre de ces villes, en face des communes de Noyelles-sur-Mer et de Port-le-Grand, sur la rive droite, de Mons et de Saigneville, sur la rive gauche. Ce passage, autrefois le seul guéable en aval d’Abbeville, tire son nom, d’après Froissart, d’un amas de marne blanche qui forme à marée basse un atterrissement au milieu du cours de la rivière; il a été appelé quelquefois par corruption Blanquetade. «Cassini s’est trompé, dit M. F. C. Louandre, en plaçant le gué de Blanquetaque à l’embouchure de la Somme, au-dessus du Crotoy. Ce que les marins nomment Blanquetaque, c’est-à-dire tache blanche, est le point le plus apparent de la falaise crayeuse qui forme, au-dessus de Port-le-Grand, une longue bande de couleur blanche. C’est donc à douze ou quinze cents mètres environ, à l’aval de ce village, que nous devons placer l’endroit où se trouvait ce passage. Sur tous les points de la Somme, depuis Port-le-Grand jusqu’au Crotoy, le fond de la rivière est mobile comme ses flots: chaque marée le creuse ou l’exhausse alternativement; mais le gué de Blanquetaque n’a jamais varié. Dans les longues guerres du moyen âge, il a toujours servi de passage aux nombreuses armées qui ravagèrent le pays. Aujourd’hui, comme au temps de Gobin Agache, ce gué «est à gravier de blanche marle, fort et dur, sur quoi on peut fermement charrier.» Mais maintenant le fleuve est entièrement guéable depuis Port-le-Grand jusqu’à Noyelles.» (Dissertation sur la bataille de Crécy, par F. C. Louandre, dans la Revue anglo-française, t. III, p. 248). Le rédacteur des Grandes Chroniques est d’accord avec la tradition immémoriale du pays sur la position du gué de Blanquetaque: «il (le roi d’Angleterre) laissa son disner et s’en desparti et s’en ala à Saigneville, au lieu qui est dit Blanchetache» (éd. in-12, t. V, p. 459 et 460); Saigneville (Somme, ar. Abbeville, c. Saint-Valery-sur-Somme) est situé sur la rive gauche de la Somme, précisément en face de Noyelles et de Port-le-Grand.
[190]D’après Michel de Northburgh (Hist. Ed. III, p. 138), Édouard III passa la Somme le jour de la Saint-Barthélemy (24 août) 1346.
[191]Somme, ar. Abbeville, c. Ailly-le-Haut-Clocher.
[192]Somme, ar. Abbeville. Rue, sur la rive gauche de la Maye, se composait de deux paroisses, l’une sous le titre du Saint-Esprit, et l’autre sous celui de Saint-Wulphy.
[193]Aujourd’hui Montreuil-sur-Mer, chef-lieu d’arrondissement du Pas-de-Calais.
[194]Somme, ar. Abbeville, c. Rue.
[195]D’après Michel de Northburgh, le roi de France avait ordonné cinq cents hommes d’armes et trois mille gens des Communes pour garder le passage. Le combat fut acharné, puisque deux mille gens d’armes furent tués du côté des Français; en outre, beaucoup de chevaliers et d’écuyers furent faits prisonniers, et ceux qui parvinrent à s’échapper furent poursuivis jusqu’aux portes d’Abbeville.
[196]La rédaction d’Amiens ou seconde rédaction est la seule, comme l’a fait remarquer M. Rigollot, qui mentionne (p. 398) cette blessure de Godemar du Fay (V. Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, t. III, p. 140). Godemar du Fay, qui avait sous ses ordres Jean de Picquigny, le sire de Caumont et Jean du Cange, trésorier des guerres, paraît avoir recommencé le combat entre Noyelles-sur-Mer et Sailly-le-Sec (Somme, ar. Abbeville, c. Nouvion-en-Ponthieu), sur la route d’Abbeville, où l’on découvre encore journellement, disait M. Seymour de Constant en 1831, des sarcophages entourés d’une grande quantité d’ossements épars. (V. Mémoire sur le plan et la position des deux armées à la bataille de Crécy, par le baron Seymour de Constant, p. 12. Abbeville, 1831, in-18 de 46 pages, avec une carte). Jean du Cange, que nous voyons chargé de défendre avec Godemar du Fay les passages de la Somme, devait connaître à fond le pays, car l’abbé de Corbie ayant demandé la permission d’établir un système de ventailles (écluses) en certains relais de la Somme et de faire payer un droit aux navires profitant de ces écluses, Philippe de Valois enjoignit en mars 1343 «à son amé vallet Jehan du Cange» de faire une enquête (Arch. nat., JJ74, p. 427, fº 246). L’insuccès de l’affaire de Blanquetaque ne fit encourir aucune disgrâce à Jean du Cange, qui était trésorier des guerres et gouverneur du comté de Ponthieu en décembre 1346 (Arch. nat., JJ100, fº 51, p. 151.)
[197]Aujourd’hui Noyelles-sur-Mer, Somme, ar. Abbeville, c. Nouvion-en-Ponthieu. Noyelles est à deux lieues et demie N. O. d’Abbeville. D’après M. F. C.T198 Louandre (Hist. d’Abbeville, éd. de 1844, t. I, p. 227), la plaine entre Noyelles et Port s’appelle encore aujourd’hui Blanquetaque.
[198]Froissart, en disant que la comtesse d’Aumale était sœur de Robert d’Artois, reproduit une erreur de Jean le Bel (Chron., t. II, p. 84). Catherine d’Artois, qui, dans un vidimus du 12 février 1347 où elle confirme la charte de commune de Ponthoile, prend le titre de «dame de Noyelles et de Pontoilles,» veuve en 1342 de Jean II de Castille-Ponthieu, comte d’Aumale, était fille, et non sœur, de Robert d’Artois. Blanche sa fille, mariée en 1340 à Jean de Harcourt, était nièce de Godefroi de Harcourt. (Bibl. nat., dép. des mss., collection de dom Grenier, vol. 214, fº 250.)
[199]Michel de Northburgh parle en ces termes de la prise et du pillage du Crotoy: «Et mesmes le jour (jeudi 24 août) mounsignour Hugues le Despenser prist la ville de Crotoie, et luy et sa gent tuèrent illesques quatre cens hommes d’armes et tendrent la ville et trouvèrent graunt plenté du vituailles» (V. Robert d’Avesbury, Hist. Ed. III, p. 138). Les archives du Crotoy ne furent pas plus épargnées que les habitants, car Philippe de Valois, confirmant en décembre 1346 une charte de priviléges octroyée en 1209 par Guillaume, comte de Ponthieu et de Montreuil, motive ainsi cette confirmation: «comme par souffiants relation nous soit apparu que les lettres et priviléges de Crotoy et de Maioc aient esté arses ou perdues par la venue du roi d’Angleterre nostre ennemi ou de ses gens, ou mois d’aoust derrain passé.» Arch. nat., JJ100, fº 51, p. 151.
[200]D’après Michel de Northburgh, Édouard III se tint sur le bord de la Somme pendant toute la journée du jeudi 24 août, et même il y coucha dans la nuit du 24 au 25, afin d’être en mesure d’empêcher le roi de France qui le suivait de passer à son tour au gué de Blanquetaque; mais Philippe de Valois n’osa tenter le passage en face de toute l’armée anglaise et prit la direction d’Abbeville.
[201]D’après le clerc d’Edouard III, le roi anglais passa la journée du vendredi dans la forêt de Crécy; il y a donc lieu de penser que passant par l’ancien chemin Vert et par Forest-l’Abbaye (Somme, ar. Abbeville, c. Nouvion-en-Ponthieu) il traversa la forêt de Crécy dans la partie comprise entre le Titre et la vieille ferme sise à Crécy qu’on nomme le Donjon.
CHAPITRE LX.
[202]Cf. Jean le Bel, Chron., t. II, chap, LXXII, p. 85 à 93. Aux études spéciales sur la bataille de Crécy déjà citées dans les notes qui précèdent, nous croyons utile d’ajouter l’indication des ouvrages suivants qui nous ont été obligeamment communiqués par notre confrère M. A. Demarsy:
- 1º Une troisième édition de la brochure déjà citée de M. le baron Seymour de Constant, augmentée de quelques observations sur un mémoire récemment publié par M. Ambert. Abbeville, Jeunet; Paris, Dumoulin; 1851, in-18 de 95 pages.
- 2º Notice historique sur Crécy, par M. de Cayrol; extrait des Mémoires de la Société d’Émulation d’Abbeville, 1836 et 1837.
- 3º Itinéraire au Champ de bataille de Crécy, lu à la Société des Sciences morales le 2 décembre 1836 par l’abbé Caron et publié après sa mort par le docteur Boucher. Versailles, 1849, in-8.
- 4º Études historiques sur Édouard III, Philippe de Valois et la guerre de 1346, par de Pongerville; articles publiés dans le Journal de l’instruction publique et reproduits dans la Picardie, nº du 15 septembre 1855.
[203]Ce bois est celui de Crécy-Grange qui figure encore aujourd’hui au Dictionnaire des Postes comme écart de la commune de Crécy-en-Ponthieu; il est situé un peu au nord du bourg de Crécy et de la commune de Wadicourt, à égale distance de ces deux localités. «Après avoir laissé la forêt de Crécy sur la gauche, l’armée anglaise avait pris position sur une hauteur, en appuyant son aile droite à Crécy et étendant sa gauche du côté de Wadicourt. Elle dominait ainsi, devant son front, un ravin en pente douce, nommé la Vallée des Clercs; cette excellente position militaire, défendue, du côté de Crécy, par plusieurs rideaux placés l’un sur l’autre, en escalier, devient un peu plus accessible en s’éloignant de ce bourg, et peut être tournée du côté de Wadicourt. Afin d’obvier à cet inconvénient, le roi d’Angleterre barricada sa gauche avec des palissades et des chariots, laissant néanmoins une ouverture pour sortir et entrer quand il serait temps; plaça son bagage derrière lui, dans le bois, à gauche du chemin qui conduit de Crécy à Ligescourt; fortifia ce bois avec des abatis, et fit ainsi de son poste un vaste camp retranché que protégeait encore la petite rivière de Maie qui coule dans la vallée de Crécy.» (Hist. d’Abbeville, par F. C. Louandre, t. I, p. 229.) Dans cette position, l’armée anglaise était retranchée sur sa droite, sur sa gauche et sur ses derrières. Édouard III ayant son extrême gauche un peu au delà de Wadicourt, à cheval sur l’ancienne chaussée Brunehaut d’Abbeville à Hesdin qui depuis la bataille du 26 août a reçu dans le pays le nom de Chemin de l’armée, Édouard III pouvait en cas d’échec opérer sa retraite par ce chemin en allant passer l’Authie à Ponche.
[204]La mention de cet ordre, empruntée à Jean le Bel (p. 91), ne se trouve que dans le manuscrit d’Amiens (p. 406).
[205]D’après la tradition du pays, Philippe de Valois, trompé par un faux rapport, se dirigea d’abord, en quittant Abbeville, vers Noyelles, dans l’espérance d’acculer les Anglais au milieu des marais de l’Authie. Ce ne fut qu’après avoir fait deux lieues sur cette route qu’il acquit la certitude qu’Édouard se trouvait à Crécy. Ce qui est certain, c’est que la route qui conduit d’Abbeville à Noyelles, porte encore le nom de Chemin de Valois; et il n’est pas un habitant du pays qui ne vous dise, si vous l’interrogez, que cette désignation vient du passage de Philippe de Valois. (V. Itinéraire à Crécy, par l’abbé Caron, p. 18, et Bataille de Crécy, par le baron Seymour de Constant, 3e éd., p. 67).
[206]Ce passage de la première rédaction (p. 174), supprimé dans la seconde (p. 413 et 416), est emprunté presque textuellement à Jean le Bel (Chron., t. II, p. 89); on le retrouve dans la troisième rédaction (p. 415 et 416) modifié de la manière suivante: «Ce que j’en ai écrit, je l’ai su par des chevaliers anglais qui assistèrent à cette bataille et étudièrent avec grand soin les mouvements des Français: ce furent Jean Chandos et Barthélemy de Burghersh et, du côté des Français, le sire de Montmorency et des chevaliers de la suite de monseigneur Jean de Hainaut, car ces deux hauts barons tinrent pendant toute cette journée la bride du cheval du roi de France.»
[207]«Tous les historiens, dit l’abbé Caron, tous les chroniqueurs qui ont décrit la bataille de Crécy rapportent qu’Édouard échelonna son armée sur la colline après l’avoir divisée en trois corps distincts qui formaient trois lignes ou, comme on disait alors, trois batailles, qu’il donna à son fils, le prince de Galles, alors âgé de quinze ans seulement, le commandement de la première bataille ou de la première ligne qui occupait la partie inférieure de la colline, et qu’il se réserva la direction de la troisième ligne située sur la partie la plus élevée. A l’aspect des lieux, il est facile de reconnaître ces dispositions de l’armée anglaise. Les trois lignes de bataille sont encore tracées sur le terrain, et séparées les unes des autres par des rideaux ou tertres de gazon qui se prolongent sur toute l’étendue de la colline et que dans le pays on appelle raidillons. On les a conservés intacts, et sans les mettre en culture. Ils servent aujourd’hui à soutenir les terres du champ de bataille qu’on cultive.» (Itinéraire au champ de bataille de Crécy, p. 31.)
[208]Il existe encore entre le bois de Crécy-Grange et la Vallée-aux-Clercs un moulin qui, d’après la tradition locale, aurait servi de poste d’observation à Édouard pendant la bataille. Ce moulin, du haut duquel la vue s’étend sur toute l’étendue de la Vallée aux Clercs, «porte, dit un savant du pays qui l’a visité, le cachet de la vétusté, et il est le seul des environs d’une construction aussi solide, établi sur une embase de grès taillés, désigné par l’histoire et par la tradition comme le moulin d’Édouard» (Bataille de Crécy, par le baron Seymour de Constant, 3e édit., Abbeville, 1851, p. 60).—«La tour de ce moulin, dit M. l’abbé Caron, a cinq pieds d’épaisseur.» (Itinéraire au champ de bataille de Crécy, Versailles, 1849, p. 34.)
[209]Nous avons ici, comme l’a bien vu M. Rigollot (Mém. de la Soc. des Antiq. de Picardie, t. III, p. 135, 180) la version anglaise de la bataille de Crécy; la version française de cette même bataille, empruntée presque textuellement à Jean le Bel, n’est donnée que par le ms. d’Amiens ou seconde rédaction; nous pensons seulement, à l’encontre du savant antiquaire d’Amiens, que la version anglaise est antérieure à la version française (V. notre introduction au premier livre, en tête du t. I de cette édition). Si Froissart a reproduit de préférence sa première version, malgré la couleur anglaise qui la distingue, dans le manuscrit de Rome, c’est sans doute parce que le chroniqueur de Valenciennes semble avoir composé sa troisième rédaction surtout pour faire disparaître de son premier livre ses emprunts trop textuels à Jean le Bel, ce que nous appellerions aujourd’hui ses plagiats.
[210]Ce chiffre semble exagéré. Le nombre de six mille donné par Villani, particulièrement bien informé quand il s’agit des mercenaires italiens au service de la France, est plus vraisemblable. D’après le chroniqueur florentin, on avait fait venir ces Génois de Harfleur où ils formaient l’équipage de trente-trois galées ancrées dans ce port; ils étaient sous les ordres de Charles Grimaldi et d’Ayton Doria. L’arme des Génois était l’arbalète à manivelle, machine pesante et d’un maniement assez compliqué qui lançait des quarreaux ou viretons.
[211]Cet incident, rapporté aussi par les continuateurs des Chroniques de Nangis et de Saint-Denis, mais passé sous silence par Villani, n’est mentionné que dans les première et troisième rédactions; Froissart l’a supprimé dans le manuscrit d’Amiens ou seconde rédaction.
[212]Ce passage du ms. d’Amiens, qui nous fournit la version française de la bataille de Crécy, n’est que la reproduction presque textuelle, sauf une addition relative à l’emploi de canons par les Anglais, du texte de Jean le Bel (Chron., t. II, p. 87 à 89). Le chroniqueur liégeois lui-même tenait ce récit de Jean de Hainaut qui fut toute cette journée à la bride du cheval du roi de France.
[213]Cette mention de l’emploi de canons par les Anglais à la bataille de Crécy, qui ne se trouve que dans la seconde rédaction de Froissart, est confirmée par le continuateur des Chroniques de Saint-Denis et par Villani; ce dernier donne aux canons des Anglais, au nombre de trois selon le chroniqueur de Saint-Denis, le nom de bombardes. «Un des canons très-curieux, dit M. Louandre, dont les Anglais firent usage à Crécy, et qui était conservé à la Tour de Londres, fut retrouvé presqu’entier parmi les décombres, après l’incendie de cette Tour en 1841 (voir le Journal des Débats du 8 novembre 1841).» (Hist. d’Abbeville, éd. de 1844, t. I, p. 236, en note.) D’un autre côté, on lit dans le Courrier de la Somme du 5 septembre 1850: «Samedi dernier, M. Davergne, cultivateur, a trouvé en labourant sur le champ de bataille de Crécy, un boulet en fonte du poids de 560 grammes, d’une circonférence de 24 centimètres; il est tout détérioré par la rouille.»
[214]L’arme des archers anglais était l’arc simple ou arc à main qui lançait la flèche ou saiette (sagitta). D’après Villani, les archers anglais, pour un quarreau d’arbalète que les Génois avaient lancé, leur décochaient trois saiettes. Les Anglais, au quatorzième siècle, s’étaient si bien approprié le maniement de l’arc à main que Gaston Phœbus, comte de Foix, dans son Traité de la chasse, l’appelle arc turquois ou anglais et renvoie à l’école des Anglais ceux qui veulent s’y perfectionner. Dans les miniatures des manuscrits des Chroniques de Froissart où l’on a représenté la bataille de Crécy, notamment dans les beaux mss. du quinzième siècle provenant de la collection du seigneur de la Gruthuse, on a très-bien marqué la différence des arbalètes à manivelle si massives des Génois et des arcs à main si légers et si commodes des Anglais.
[215]Miles VI du nom, seigneur de Noyers et de Vendeuvre, maréchal, porte-oriflamme et grand bouteiller de France, ne fut pas tué à Crécy; il mourut fort âgé au mois de septembre 1350. (V. Anselme, Hist. généal., t. VI, p. 648.)
[216]Sans doute Raismes, Nord, ar. Valenciennes, c. Saint-Amand-les-Eaux.
[217]Les qualifications mises entre crochets ne se trouvent que dans le ms. de Rome (p. 420). On avait cru jusqu’à présent que Froissart, en donnant à Jean de Bohême le prénom de Charles, avait reproduit une erreur de Jean le Bel: le roi de Bohême a-t-il été réellement rebaptisé sous le prénom de Charles, ainsi qu’on le lit dans la rédaction de Rome; ou le chroniqueur de Valenciennes a-t-il essayé de pallier après coup une erreur qu’il avait commise? Nous laissons à des érudits plus complétement renseignés que nous le soin de choisir entre cette alternative.
[218]Le savant Sinner, dans son Catalogus codicum mss. bibliothecæ Bernensis (t. II, Berne, 1770, p. 220 à 241), décrivant le ms. donné en 1697, à la bibliothèque de Berne, par le comte Alexandre de Dohna, et trouvant dans ce ms. le nom de ce chevalier écrit: le Moyne de Bascle, avait émis l’opinion qu’il appartenait à une illustre maison de Bâle, en Suisse, appelée le Moyne; mais la forme Bascle n’est donnée que par une dizaine de manuscrits de la même famille; ce nom est écrit: Basèle, Baselle et même Baselée dans tous les autres manuscrits (V. p. 412). Il est aujourd’hui démontré que l’habile et courageux chevalier dont les sages conseils, si on les eût suivis, auraient sauvé l’armée française à Crécy, était originaire de l’ancien comté de Luxembourg. Un Alard de Basailles (en latin: de Basellis) figure en 1307 parmi les feudataires de Henri, comte de Luxembourg, auquel il prête serment de foi et hommage en promettant de le servir envers et contre tous, excepté l’évêque de Liége (Bibl. nat., dép. des mss., fonds latin, nº 10163, fº 67 vº). Il y avait au moyen âge deux seigneuries et deux châteaux de Bazeilles, l’un sur l’Otain (Meuse, ar. et c. Montmédy), l’autre sur la rive droite de la Meuse à 3 kil. E. S. E. de Sedan (Ardennes, ar. et c. Sedan). L’héroïque compagnon d’armes de Jean de Luxembourg à Crécy devait tirer son nom et son origine du Bazeilles voisin de Sedan, car un «Obertin de Baseilles» est cité dans un acte du 11 juin 1359 parmi les hommes de fief de la châtellenie de Bouillon. (V. Table chronologique des chartes de l’ancien comté de Luxembourg, par Fr. X. Wurth-Paquet, Luxembourg, 1869, in-4º, p. 65.) D’après M. Jeantin, cité par M. Kervyn (t. V de son édition des Chroniques de Froissart, p. 475 et 476), les seigneurs de Bazeilles devaient ce surnom de moine à leur cimier qui portait un moine ou un hermite tenant un chapelet. Le nom du petit village de Bazeilles se trouve ainsi associé d’une manière glorieuse à deux des plus grands désastres de notre histoire.
[219]Une croix, nommée dans le pays Croix de Bohême, sise à Fontaine-sur-Maye, sur le Chemin de l’Armée, rappelle l’endroit où est mort Jean de Bohême.
[220]L’écuyer dont il s’agit ici est Lambert IV de Dammartin de Warfusée, seigneur d’Oupeye, dont le père, Lambert III, maréchal de l’évêque et prince de Liége, était mort le 1er janvier 1346 (n. st.). On voit par un acte du 11 juin 1359 que Lambert d’Oupeye était prévôt de Bouillon. (V. Table chronol. des chartes du Luxembourg, in-4º, 1869, p. 65.)
[221]Charles IV, fils de Jean de Luxembourg, roi de Bohême, avait été élu roi des Romains le 11 juillet 1346.
[222]Buhot est un mot de l’ancien français, qui s’est conservé dans divers patois et notamment dans le patois normand, et qui désigne ici une sorte d’étui où reposait l’extrémité de la hampe.
[223]Auj. Belgique, prov. Luxembourg, ar. Bastogne.
[224]Nord. ar. Avesnes, c. Quesnoy.
[225]Pas-de-Calais, ar. Montreuil-sur-Mer, c. Hesdin. Labroye, par où le roi de France vaincu se replia sur Amiens, est un peu à l’est de Crécy. L’armée anglaise était adossée au petit bois de Crécy-Grange, appuyant sa droite au bourg de Crécy et à la Maye, son centre au fameux moulin à vent, sa gauche à Wadicourt; son front dominait la Vallée des Clercs, principal théâtre de l’action. L’armée française tournait le dos à Labroye, sa gauche formée par les Génois en avant de Fontaine, vis-à-vis la Vallée des Clercs, son centre à Estrées, sa droite à la ferme de Branlicourt voisine de Labroye. C’est ce qui explique pourquoi, lorsque la gauche et le centre de l’armée française, c’est-à-dire les Génois et le comte d’Alençon, eurent été mis en déroute par le prince de Galles et les archers anglais, Philippe de Valois, qui commandait la droite, opéra sa retraite par le château de Labroye.
[226]Jean V de Harcourt, comte d’Aumale, fils de Jean IV, comte de Harcourt tué à Crécy, fut seulement blessé dans la bataille du 26 août 1346: le roi Jean le fit décapiter en 1355.
[227]D’après l’Art de vérifier les dates (t. II, p. 778) Jean de Châtillon, comte de Saint-Paul, serait mort avant 1344, et son fils et successeur Gui V était trop jeune en 1346 pour se battre à Crécy.
[228]Ce châtelain, nommé Jean Lessopier, dit Grand-Camp, était entièrement dévoué à Philippe de Valois.
[229]La section du chemin d’Abbeville à Hesdin située entre Marcheville et Wadicourt, qui longe la Vallée-des-Clercs, s’appelle encore le Chemin de l’armée. L’écrasement dont parle Froissart eut lieu sans doute au fond du ravin qui donne accès dans la Vallée des Clercs du côté de Wadicourt en un lieu-dit nommé par les gens du pays le Marché à Carognes.
[230]Cette indication concorde bien avec la situation topographique des deux armées. L’armée française, développant ses lignes parallèlement au Chemin de l’armée avec Crécy pour objectif, avait la face tournée vers l’ouest; et comme le combat commença vers quatre heures de l’après-midi, elle devait avoir le soleil dans les yeux.
[231]Nicolas Roger, archevêque de Rouen, oncle du pape Clément VI, ne fut pas tué à Crécy; il mourut à Avignon en 1347. (V. Gallia Christiana, t. XI, col. 79.)
[232]La plaine, où s’était engagé le fort du combat, nommée auparavant Bulecamp ou Bulincamp, prit du recensement des morts fait par ces clercs le nom de Vallée-aux-Clercs qu’elle porte encore aujourd’hui. On y voit deux larges fosses, l’une à l’angle formé par cette vallée et celle de la Maye, l’autre près d’un ravin descendant de la colline où se trouvaient les Anglais. (V. Histoire généalogique des comtes de Ponthieu et maieurs d’Abbeville, par Jacques Sanson, en religion frère Ignace, p. 334. Paris, 1657, in-fol. Cf. Itinéraire, etc., par l’abbé Caron, p. 36, et Notice historique sur Crécy, par de Cayrol, Compiègne, 1836, p. 6.)]
[233]Nous ignorons quel est ce prélat. Michel de Northburgh se trompe en rangeant parmi les morts l’évêque de Nîmes et l’archevêque de Sens. (Hist. Edw. III, p. 139.)
[234]Ce chiffre est, selon toute vraisemblance, très-exagéré. Northburgh porte le nombre des morts, pour le samedi 26, à 1542, non compris les fantassins et gens des communes, pour le dimanche 27, à 2000; or le clerc d’Édouard III a dû augmenter plutôt qu’atténuer les pertes des Français.
[235]Raoul, duc de Lorraine; Charles, comte du Perche et d’Alençon; Louis de Châtillon, comte de Blois; Louis, dit de Nevers et de Crécy, comte de Flandre; Jean IV, comte de Harcourt; Jean II, comte d’Auxerre et de Tonnerre; Louis II, comte de Sancerre; Simon, comte de Salm, succombèrent en effet à Crécy. Jean V de Harcourt, comte d’Aumale, fut seulement blessé, comme nous l’avons dit plus haut. En revanche, on peut ajouter à la liste, donnée par Froissart, des grands seigneurs tués à Crécy, Henri IV, comte de Vaudemont, gendre du roi de Bohême, et Jean V, comte de Roucy.
[236]Il était dans la destinée de Jean de Bohême d’être aussi errant après sa mort que pendant sa vie. Quoi qu’en aient dit les auteurs de l’Art de vérifier les dates (t. III, page 458, note 1), le cœur seul de Jean de Luxembourg a dû être déposé dans l’église des Dominicaines de Montargis, dont une tante de ce prince était prieure et une autre religieuse. Les restes de ce preux, déposés provisoirement dans l’abbaye de Valloires (auj. couvent de la comm. d’Argoules, Somme, ar. Abbeville, c. Rue), furent transportés, du vivant de l’empereur Charles son fils, en grande pompe, à Luxembourg et inhumés dans la crypte des Bénédictins d’Altmunster, près Luxembourg, puis dans l’église des Récollets, ensuite dans celle de Munster au Grunt, d’où le vandalisme révolutionnaire les fit passer dans le cabinet d’antiquités de M. Buch Buchmann, propriétaire d’une faïencerie près de Trèves; ils se trouvent aujourd’hui à Castel, à une lieue et demie environ au sud de Saarburg (Prusse, prov. Bas-Rhin, rég. Trèves). V. le beau livre de M. le professeur Schœtter, Johan, graf von Luxemburg und könig von Böhmen. Luxemburg, Bück, 1865.
[237]Maintenay ou Maintenay-Roussent, Pas-de-Calais, ar. Montreuil-sur-Mer, c. Campagne-lès-Hesdin, sur la rive droite de l’Authie, à 13 kil. S. S. E. de Montreuil. Maintenay n’était pas une abbaye, comme le dit Froissart, mais un prieuré du diocèse d’Amiens.
[238]Aujourd’hui Vieil-Hesdin, Pas-de-Calais, ar. Saint-Pol-sur-Ternoise, c. le Parcq, à une l. E. S. E. de la ville moderne de Hesdin fondée, comme on sait, en 1554, par Charles-Quint.
[239]Pas-de-Calais, ar. et c. Montreuil-sur-Mer.
[240]Aujourd’hui Beaurain-Château, hameau de la commune de Beaurainville, Pas-de-Calais, ar. Montreuil-sur-Mer, c. Campagne-lès-Hesdin.
[241]Aujourd’hui Blangy-sur-Ternoise, Pas-de-Calais, ar. Saint-Pol-sur-Ternoise, c. le Parcq.
[242]Pas-de-Calais, ar. et c. Montreuil-sur-Mer.
[243]Pas-de-Calais, ar. Montreuil-sur-Mer.
[244]Pas-de-Calais, ar. Montreuil-sur-Mer, c. Samer.
[245]Aujourd’hui hameau et château de la commune de Condette, Pas-de-Calais, ar. Boulogne-sur-Mer. La forêt de Hardelot, marquée sur la carte de Cassini, contenait encore, en 1667, douze cent vingt arpents et vingt verges; les bois de Boulogne-sur-Mer, situés un peu plus au N. E., contenaient à la même époque quatre mille quatre cents arpents environ. V. Les forêts de la Gaule, par A. Maury, éd. de 1867, p. 177.
[246]Pas-de-Calais, ar. Boulogne-sur-Mer, c. Marquise.
[247]Abbaye d’hommes de l’ordre de Cîteaux, au diocèse d’Amiens, à trois l. N. O. de cette ville; aujourd’hui couvent et château de la commune de Crouy, Somme, ar. Amiens, c. Picquigny. Le célèbre manuscrit du premier livre des Chroniques de Froissart, qui fait aujourd’hui partie de la bibliothèque de la ville d’Amiens, le seul qui nous ait conservé la seconde rédaction du premier livre de notre chroniqueur, provient de l’abbaye du Gard.
CHRONIQUES
[248]Mss. B 4, 3, fº 87 vº.—Ms. B 1: «que ne.» Mauvaise leçon.
[249]Mss. B 4, 3, fº 87 vº.—Ms. B 1 (lacune).
[250]Ms. B 3, fº 90 vº.—Mss. B 1, 4 (lacune).
[251]Mss. B 4, 3, fº 88 vº.—Ms. B 1, fº 133 vº (lacune).
[252]Ms. B 4, fº 88 vº.—Mss. B 1, 3, fº 134 (lacune).
[253]Mss. B 4, 3, fº 89.—Ms. B 1, fº 134 vº (lacune).
[254]Mss. B 4, 3, fº 89.—Ms. B 1 (lacune).
[255]Mss. B 4, 3, fº 89.—Ms. B 1 (lacune).
[256]Mss. B 4, 3, fº 89.—Ms. B 1, fº 135 (lacune).
[257]Mss. B 4, 3, fº 89 vº.—Ms. B 1 (lacune).
[258]Mss. B 4, 3.—Ms. B 1 (lacune).
[259]Mss. B 4, 3, fº 89 vº.—Ms. B 1 (lacune).
[260]Ms. B 4, fº 90 vº.—Mss. B 1, 3, fº 137 (lacune).
[261]Ms. B 4: «ly ennemis en parloient.» Fº 90 vº.
[262]Mss. B 4, 3, fº 91 vº.—Ms. B 1, fº 138: «devant Hembon.» Mauvaise leçon.
[263]Ms. B 3, fº. 95.—Mss. B 1, 4: «que.» Fº 139 vº.
[264]Mss. B 4, 3, fº 92 vº.—Ms. B 1, fº 139 vº (lacune).
[265]Mss. B 4, 3.—Ms. B 1: «et furent pris devant le barrière en bon convenant.»
[266]Ms. B 4, fº 92 vº.—Ms. B 1, fº 140 (lacune).
[267]Mss. B 4, 3.—Ms. B 1: «baron.» Mauvaise leçon.
[268]Ms. B 4.—Ms. B 1 (lacune).
[269]Ms. B 4: «veurrent.» Fº 93.—Ms. B 3: «volurent.» Fº 94 vº.
[270]Mss. B 4, 3, fº 93.—Ms. B 1, fº 140 vº (lacune).
[271]Mss. B 4, 3, fº 93 vº.—Ms. B 1, fº 141 vº: «avoient.» Mauvaise leçon.
[272]Mss. B 4, 3, fº 93 vº.—Ms. B 1, fº 141 vº: «l’arriegade.» Mauvaise leçon.
[273]Mss. B 4, 3, fº 94.—Ms. B 1 (lacune).
[274]Ms. B 3, fº 95 vº.—Ms. B 1, fº 142: «quatre tans.»—Ms. B 4: «quatre contre ung.» Fº 94.
[275]Mss. B 4, 3, fº 94.—Ms. B 1, fº 142: «l’ost.» Mauvaise leçon.
[276]Mss. B 4, 3, fº 94 vº.—Ms. B 1, fº 142 vº: «savoient.» Mauvaise leçon.
[277]Mss. B 4, 3, fº 94 vº.—Ms. B 1: «sannable.» Mauvaise leçon.
[278]Mss. B 4, 3, fº 95.—Ms. B 1, fº 143 vº (lacune).
[279]Ms. B 3, fº 96 vº.—Mss. B 1, 4: «sannables.» Mauvaise leçon.
[280]Ms. B 4: «samblable.» Fº 95.—Ms. B 3: «semblablement.» Fº 97.
[281]Mss. B 4, 3, fº 95 vº.—Ms. B 1, fº 144 (lacune).
[282]Mss. B 4, 3, fº 96.—Ms. B 1, fº 144 vº (lacune).
[283]Mss. B 4, 3, fº 96.—Ms. B 1, fº 145 (lacune).
[284]Mss. B 4, 3.—Ms. B 1 (lacune).
[285]Mss. B 4, 3, fº 96.—Ms. B 1, fº 145 vº (lacune).
[286]Ms. B 3, fº 98: «de Laigle.»—Mss. B 1, 4: «Laille.» Fº 145 vº.
[287]Mss. B 4, 3, fº 96 vº.—Ms. B 1, fº 145 vº: «conte.» Mauvaise leçon.
[288]Ms. B 3, fº 98.—Mss. B 1, 4: «Lescuc.» Mauvaise leçon.
[289]Mss. B 4, 3, fº 96 vº.—Ms. B 1, fº 145 vº (lacune).
[290]Mss. B 4, 3.—Ms. B 1 (lacune).
[291]Mss. B 4, 3, fº 97.—Ms. B 1, fº 147: «contes.» Mauvaise leçon.
[292]Ms. B 3, fº 100 vº.—Ms. B 1, fº 148 vº: «Piereguis.»
[293]Mss. B 4, 3, fº 98 vº.—Ms. B 1: «la Montgis.»
[294]Mss. B 4, 3, fº 98 vº.—Ms. B 1: «trairoient.» Fº 148 vº.
[295]Ms. B 3, fº 100 vº.—Ms. B 1, fº 148 vº: «Pieregnis.»—Ms. B 4, fº 98 vº: «Pierogorth.»
[296]Ms. B 4, 3, fº 98 vº.—Ms. B 1, fº 139: «s’aploit.» Mauvaise leçon.
[297]Mss. B 4, 3.—Ms. B 1: «la Montgis.»
[298]Ms. B 3, fº 101 vº.—Ms. B 1, fº 149 vº: «Pieregnis.»—Ms. B 4, fº 99: «Pieregorth.»
[299]Ms. B 3, fº 102.—Mss. B 1, 4, fº 149 vº: «Lescuc.» Mauvaise leçon.
[300]Mss. B 4, 3, fº 100.—Ms. B 1, fº 151 (lacune).
[301]Ms. B 4, fº 101.—Ms. B 1 (lacune). Fº 152 vº.—Ms. B 3: «s’ilz laissoient.» Fº 103 vº.
[302]Mss. B 4, 3, fº 101.—Ms. B 1, fº 153 (lacune).
[303]Mss. B 4, 3, fº 101.—Ms. B 1, fº 153: «savoient.» Mauvaise leçon.
[304]Ms. B 3, fº 103 vº.—Mss. B 1, 4: «de Pennebruc.» Fº 153.
[305]Mss. B 1, 3, 4: «Herbi! Herbi!» Fº 153 vº.
[306]Mss. B 1, 3, 4: «il.»
[307]Mss. B 4, 3, fº 102.—Ms. B 1, fº 154 (lacune).
[308]Mss. B 4, 3.—Ms. B 1 (lacune).
[309]Mss. B 4, 3, fº 103 vº.—Ms. B 1, fº 155 vº (lacune).
[310]Ms. A 2, fº 119 vº.—Mss. B 1, 3, 4, fº 155 vº: «Sainte Basille.» Mauvaise leçon.
[311]Mss. B 4, 3, fº 105 vº.—Ms. B 1, fº 159 vº (lacune).
[312]Mss. B 4, 3, fº 106.—Ms. B 1, fº 160 (lacune).
[313]Mss. B 4, 3, fº 107.—Ms. B 1, fº 162 (lacune).
[314]Mss. B 4, 3, fº 107.—Ms. B 1, fº 162 (lacune).
[315]Mss. B 4, 3, fº 107 vº.—Ms. B 1, fº 162 vº (lacune).
[316]Ms. B 4, fº 107 vº.—Ms. B 1: «malmenés.» Mauvaise leçon.
[317]Ms. B 4: «besongnoit.» Fº 107 vº.
[318]Ms. B 4, fº 108: «hamer.»
[319]Ms. B 4: «tourblés.» Fº 108 vº.—Ms. B 3: «courroussé.» Fº 112.
[320]Ms. B 4, fº 109.—Mss. B 1, 3, fº 165 vº: «vendre.» Mauvaise leçon.
[321]Mss. B 4, 3, fº 109.—Ms. B 1, fº 165 vº: «mère.» Mauvaise leçon.
[322]Mss. B 4, 3, fº 110.—Ms. B 1, fº 166 vº (lacune).
[323]Mss. B 4, 3, fº 110.—Ms. B 1, fº 167 (lacune).
[324]Mss. B 4, 3, fº 111.—Ms. B 1: «commencent.» Fº 168 vº.
[325]Ms. B 3, fº 115.—Mss. B 1, 4, fº 168 vº (lacune).
[326]Mss. B 4, 3, fº 111 vº.—Ms. B 1, fº 169 (lacune).
[327]Ms. B 3, fº 115 vº.—Mss. B 1, 4, fº 169 vº (lacune).
[328]Ms. B 3, fº 116.—Mss. B 1, 4, fº 170 (lacune).
[329]Ms. B 3, fº 116: «en peu de temps.»
[330]Ms. B 3: «de Valoigne.» Fº 119 vº.—Mss. B 1, 4: «Davaloigne.» Fº 175.
[331]Mss. B 4, 3, fº 116.—Ms. B 1, fº 175 vº: «leurs.» Mauvaise leçon.
[332]Mss. B 1, 3, 4, fº 176 vº (lacune).
[333]Mss. B 4, 3, fº 116 vº.—Ms. B 1, fº 177 (lacune).
[334]Mss. B 4, 3, fº 116 vº.—Ms. B 1, fº 177 (lacune).
[335]Ms. B 3: «et là feit venir le conte de Hantiton.» Fº 121.—Mss. B 1, 4: «le fist venir li contes.» Fº 177. Mauvaise leçon.
[336]Mss. B 4, 3, fº 117 vº.—Ms. B 1, fº 178 (lacune).
[337]Mss. B 4, 3, fº 117 vº.—Ms. B 1, fº 178: «fussent.» Mauvaise leçon.
[338]Mss. B 4, 3, fº 118 vº.—Ms. B 1, fº 180: «avoit.» Mauvaise leçon.
[339]Ms. de Rome, fº 115.—Mss. A et B: «Messien.» Mauvaise leçon.
[340]Mss. B 4, 3, fº 109.—Ms. B 1, fº 180 (lacune).
[341]Ms. B 3, fº 123 vº.—Mss. B 1, 4, fº 180: «gardaissent.» Mauvaise leçon.
[342]Mss. B 4, 3, fº 109.—Ms. B 1, fº 180 vº (lacune).
[343]Mss. B 4, 3, fº 119 vº.—Ms. B 1, fº 181: «avoient.» Mauvaise leçon.
[344]Mss. B 4, 3, fº 120.—Ms. B 1, fº 182 (lacune).
[345]Mss. B 4, 3, fº 121.—Ms. B 1, fº 183 vº: «de.» Mauvaise leçon.
[346]Mss. B 4, 3, fº 122.—Ms. B 1, fº 185: «savoit.» Mauvaise leçon.
[347]Ms. B 3, fº 122.—Mss. B 1, 4: «isteroient.» Mauvaise leçon.
[348]Mss. B 4, 3, fº 122 vº.—Ms. B 1, fº 185 vº (lacune).
[349]Mss. B 4, 3, fº 122 vº.—Ms. B 1, fº 186 (lacune).
[350]Mss. B 4, 3, fº 122 vº.—Ms. B 1, fº 186 (lacune).
[351]Mss. B 4, 3, fº 124.—Ms. B 1, fº 188 (lacune).
[352]Ms. B 4, fº 124 vº.—Ms. B 1, t. II, fº 3 vº (lacune).
[353]Mss. B 4, 3, fº 125.—Ms. B 1, t. II, fº 3 vº: «amis.» Mauvaise leçon.
[354]Mss. B 4, 3.—Ms. B 1: «ennemis.» Mauvaise leçon.
[355]Ms. B 4, fº 125.—Ms. B 1, t. II, fº 4 (lacune).
[356]Mss. B 4, 3, fº 126.—Ms. B 1, t. II, fº 5 vº (lacune).
[357]Mss. B 4, 3, fº 126 vº.—Ms. B 1, t. II, fº 6 (lacune).
[358]Mss. B 4, 3, fº 127 vº.—Ms. B 1, t. II, fº 7 vº (lacune).
VARIANTES
[359]Ms. B 6: Et y avoit entre les Englès Gallois à piet qui ont usaige de poursievir ost, que on appelle pillars et rubaudaille; et portoient par usaige grandes coustilles: sy s’en venoient tout en muçant tout soiement entre leurs archiés et les gens d’armes. Fº 327.
[360]Ms. B 6: messire Mille de Noiiers, ung chevalier de Bourgongne, vaillant homme d’armes; mais il ala sy avant que luy et la banière demorèrent. Fº 329.
[361]Ms. B 6: et prist la banière du dessus dit seigneur, l’en ala porter entre les Englès, et là mourut; et fu la banière jettée par terre. Fº 330.
[362]Un feuillet du ms. du Vatican a été arraché en cet endroit; et l’intérêt exceptionnel qui s’attache à la bataille de Crécy, rend cette lacune doublement regrettable.
[363]Voy. l’introduction au premier livre, placée en tête du tome premier de notre édition, p. XXXV et XXXVII.
[364]Voy. sur ces miniatures l’intéressante brochure du docteur Alwin Schultz, Beschreibung der Breslauer Bilderhandschrift des Froissart, Breslau, 1869, in-4º de 19 pages avec la reproduction photographique d’une miniature et 6 dessins. Cf. J. E. Scheibel, Nadendilen von den Merkeowrdigkeilen der Rheingerschen Bibliotheck, Breslau, 1794.
[365]A la suite des dernières lignes du quatrième volume, on lit ces mots: «Cy fine le quart et dernier volume des Croniques messire Jehan Froissart touchant les histoires et advenues de France et d’Angleterre, grossé par David Aubert l’an de grace Nostre Seigneur 1468. Nul ne s’y frote. B. de Bourgogne.» (Nul ne s’y frote est la devise et B. de Bourgogne la signature autographe d’Antoine, bâtard de Bourgogne).