Chroniques de J. Froissart, tome 04/13 : $b 1346-1356 (Depuis le siège de Calais jusqu'à la prise de Breteuil et aux préliminaires de la bataille de Poitiers)
P. 120, l. 26: son hardement.—Ms. B 3: l’ardiesse. Fº 164 vº.
P. 121, l. 5: essannés.—Ms. B 3: lassé.—Ms. B 4: ensannés. Fº 153.
P. 121, l. 9: plus de cinq cens.—Ms. B 6: six cens. Fº 453.
P. 121, l. 40: pavais.—Ms. B 3: pennons.
P. 121, l. 13: hodet.—Ms. B 3: ennuyez.
P. 121, l. 17: Biauvers.—Ms. B 3: Bauvères.—Ms. B 5: Beauvais. Fº 361 vº.
P. 121, l. 17: Tuiton.—Ms. B 4: Tuton.
P. 121, l. 24: devia.—Ms. B 3: trespassa.
P. 121, l. 24: place.—Le ms. B 5 ajoute: Dieux pardoint à tous trespassés et à nous tous nos pechiés.
P. 121, l. 31: le proie.—Ms. B 3: la prise.
P. 121, l. 32: devint.—Mss. B 3, 4: de nuyt.
P. 122, l. 4: embusce.—Ms. B 6: Et estoient bien six vingt hommes d’armes et trois cens à piet et mis en ung bosquet entre Ardre et Ghines. Fº 454.
P. 122, l. 4 et 5: armeures de fer.—Ms. B 4: hommes d’armes.
P. 122, l. 11: Saint Omer.—Mss. B 3, 4 ajoutent: où on l’avoit levée.
P. 122, l. 16: peurent.—Ms. B 6: Ceste bataille fu l’an de grace mil trois cens cinquante un, le septième jour de septembre entre le bastille d’Ardre et le ville de Hoske. Après le desconfiture, les Franchois retournèrent à Saint Omer et enmenèrent leur prisonniers monseigneur Jehan de Biaucamp et les aultres et raportèrent le seigneur de Biaugeu tout mort, dont che fu pité, et monseigneur Guichart son frère moult fort navré, et ensevelirent les mors et entendirent as navrés. Assés tos après fut fait ung escange de monseigneur Jehan de Biaucamp et d’un aultre chevalier englès, que on nommoit messire Olivier de Clitfort, pour monseigneur Guy de Nelle, mariscal de Franche, et pour monseigneur Ernoul d’Audrehen. Si s’en ralèrent cilz chevaliers à Calais, et li aultres revinrent en Franche. Sy fu assés tos après esleu à y estre mariscal de Franche ou lieu de monseigneur de Biaugeu et fu envoié à Pontorson, car là avoit une grosse route d’Englès qui couroient le pais et venoient de le marche de Bretaigne. Sy se tint là messire Ernoul d’Audrehen ung grant temps en garnison, et avoit grant plenté de chevaliers et d’escuiers qui gardoient et deffendoient le pais de Normendie à che chosté. Fos 454 et 455.
P. 122, l. 21: faire frontière.—Ms. B 3: fortifier.
P. 122, l. 26: d’autre.—Les mss. B 3 et 4 ajoutent: courtoisement.
§ 340. P. 122, l. 28: En ce temps.—Ms. d’Amiens: Vous avés bien oy recorder coumment li comtez de Ghines, connestablez de Franche, fu pris à Kem en Normendie, et li comtez de Tancarville, et prisonnier en Engleterre. Li dis connestablez de Franche acquist grant grace en Engleterre dou roy premierement, de le roynne et de tous les seigneurs, car il estoit doulx et courtois chevaliers durement. Si fu là prisonniers l’espasse de cinq ans et plus, et se mist à finanche à soissante mil escus. Et le recrut li roys englès sus se foy à renvoiier se raenchon dedens ung jour qui mis y fu, ou de revenir tenir prison en Engleterre.
Si rapasa le mer li dis comtes de Ghines, et vint en France et se traist deviers le roy, dont il quidoit estre moult bien [amés], et le salua et enclina enssi comme son seigneur. Li roys Jehans li dist: «Comtes de Ghinnez, sieuwés nous.» Adonc se partirent de là et entrèrent en une cambre. Se li moustra une lettre, et li dist: «Veistes vous oncques mès ces lettrez chy?» Li connestables fu durement souspris et mua couleur quant il vi la lettre, che dist on. Quant li roys le vi abaubi, se li dist: «Ha! ha! mauvais traistres, vous avés bien mort deservi; si morés, foy que je doy à l’ame à mon père.» Si le fist tantost prendre et mettre en prison.
Cescuns fu dolens et esmervilliés dou connestable qui enssi en fu menés, car il estoit durement animés. Et si ne savoit nulx pensser ne adeviner pourquoy ly roys le faisoit. Et comment que ce fust, li roys jura à l’endemain, par devant lez amis dou connestable qui prioient pour li, que jammais ne dormiroit se li aroit fait copper le teste, ne jà pour ung, ne pour autre, ne l’en respiteroit; si ques le nuit meysmes li connestables eut la teste coppée en le tour dou Louvre: dont li roys en fu durement blamméz, mès on n’en eult autre cose. Fos 99 vº et 100.
P. 122, l. 29: Clemens.—Le ms. B 3 ajoute: sixiesme. Fº 165.
P. 123, l. 2: Jehan.—Les mss. B 3 et 4 ajoutent: qui moult l’amoit.
P. 123, l. 8: et.—Ms. B 4: en. Fº 153 vº.
P. 123, l. 8 et 9: de Romme.—Ms. B 3: des cardinaux.
P. 123, l. 14: aherdans.—Mss. B 3, 5: adherens.
P. 123, l. 23: Kem.—Ms. B 5: Caen. Fº 362.
P. 123, l. 26: d’Eu et.—Le ms. B 3 ajoute: le conte.
P. 123, l. 29: able.—Mss. B 3, 5: habile.
P. 123, l. 29: frice.—Ms. B 4: frische.—Ms. B 3: frisque.
P. 124, l. 11: l’enclina.—Ms. B 3: s’enclina.
P. 124, l. 22: assouplis.—Mss. B 3, 5: esbay.
P. 124, l. 22: et pris deventrainnement.—Ms. B 3: et transy.
P. 125, l. 4: royaume.—Le ms. B 5 ajoute: et tenu prison pour cinq ans. Fº 362.
P. 125, l. 5: onques.—Le ms. B 3 ajoute: riens. Fº 165 vº.
P. 125, l. 10: teste.—Ms. B 6: sans loy et sans jugement, et le fist le roy faire de sa puissanche. Je ne say se che fut à droit ou à tort, car de leur secret ne de leurs parlers ne de leur afaire je ne voel mie parler trop avant; j’en poroie bien mentir: se vault mieux que je m’en taise que j’en die chose que j’en soie repris. Fos 456 et 457.
P. 125, l. 12: je le tieng.—Ms. B 3: il estoit.
P. 125, l. 12: vaillant.—Ms. B 3: noble.
§ 341. P. 125, l. 20: Assés tost.—Ms. d’Amiens: En ce tamps estoient trieuwez en Franche par le pourcach dou cardinal de Bouloingne, qui se tenoit en le cité de Paris, dallés le roy. Or avint que ungs escuiers de Pikardie, qui gardoit le fort castiel de Ghines, s’acorda si bien as Englès et à monseigneur Jehan de Biaucamp, cappittainne de Callais, que, parmy une somme d’argent et de florins, il delivra as Englès le castiel de Ghinnes. Et en furent bouté hors à une journée chil qui le gardoient, et en eurent li Englès le possession.
Ces nouvellez vinrent à Paris au roi de Franche, comment li fors castiaus de Ghinnes estoit perdus. Si en fu li roys durement courouciés, et s’en complaindi au cardinal de Bouloingne coumment li Englès en trieuwes avoient pris et emblé se forterèce. Li cardinaux en escripsi à monseigneur Jehan de Biaucamp, et li manda que il avoit les trieuwez enfraintez et que ce fust deffait et qu’il remesist le castiel arrière. Messirez Jehans de Biaucamp respondi et rescripsi enssi, et dist que il n’eschievoit nul homme en trieuwez et hors trieuwez à vendre et achater maisons, terrez et hiretaiges. Si demora la cose en cel estat, et n’en peurent li Franchois avoir autre cose. Fº 100.
P. 125, l. 20: Assés.—Ms. B 6: Encores endementiers que ly cardinaulx de Boulongne estoit à Paris, le roy de Franche qui avoit saisy le conté d’Eu et de Ghines, avoit donné le conté d’Eu à monseigneur Jehan d’Artois, son cousin germain, et le conté de Ghines tenoit il encore. Et avoit mis dedens le castiel de Ghines ung castelain, escuier, que on nommoit de Bielconroy. Dont il avint que messire Jehan de Biaucamp, qui estoit gardien et souverain de Calais de par le roy d’Engleterre, fist tant parlementer à che castelain de Ghines qu’il ly eult en couvent de livrer le castiel à certain terme. Et me samble que che devoit estre par nuit, quant tout les compaignons dormyroient, parmy une somme de florins, mais ne say quelle. Et l’argent fut paiiet, et ly castieau livrés. Et y vinrent chil qui entrèrent par batiel et par derière sus les marès qui sont grant et large d’iauve: il n’y fait oncques sy secq qu’il n’y ait toudis plus de deux lieues d’iaves de large. Les Englès entrèrent dedens baudement et trouvèrent tout les saudoiiers qu’il estoient encores en leur lit. Il ne leur firent nul mal, car la chose estoit faite ensy, mais il leur disoient: «Or sus, or sus, seigneurs, vous avés trop dormy; levés vous, et sy vidiés le castiel, car cheens ne demor[r]és plus.»
Les sauldoiiers furent moult esbahis, quant il virent ces Englès en leur cambre entrer: il volsissent bien estre en Jherusalem. Et lors s’armèrent et se partirent de laiens le plus tost qu’il porent tout desconfis et barretés. Et estoient entre aulx moult esmervilliés de ceste aventure; sy se mespensèrent de che Hue de Bielcoroy, pour che que pluiseurs fois puis huit jours il avoit esté plus de fois hors que les aultres fois acoustumé n’estoit: si le prirent, car il estoit adonc avoecques yaus et li mirent seur le traison et oncques ne s’en seult escondire ne escuser. Et fut menés à Saint Aumer et delivré à messire Joffroy de Cargny, qui pour le tamps gouvrenoit la ville de Saint Omer et les frontières d’ileuc de par le roy de Franche: liquelx mit à mort ce Hue de Bielcoroy, seloncq la congnoissance qu’il fist. Fos 460 et 461.
P. 125, l. 26: de.—Ms. B 4: à. Fº 154.
P. 126, l. 15: n’eskiewoit.—Ms. B 3: creignoit. Fº 155 vº.—Ms. B 4: n’esqueroit. Fº 154.
§ 342. P. 127, l. 1 et 2: deseurain.—Ms. B 3: derrain. Fº 166.
P. 127, l. 8: ensongne.—Ms. B 3: exoine.
P. 127, l. 18: couls.—Ms. B 4: cousts. Fº 154 vº.
P. 127, l. 24: consent.—Ms. B 3: consentement.
P. 127, l. 26: n’estoit.—Les mss. B 3 et B 4 ajoutent: souffisant.
P. 128, l. 1: maison.—Les mss. B 3 et 4 ajoutent: noble.
P. 128, l. 9: detenue.—Ms. B 3: entretenue.
§ 343. P. 129, l. 1: en ce temps.—Ms. d’Amiens: En ce tamps et en celle saison avoit li roys de France un chevalier dallés luy, que durement il amoit, avoecq qui il avoit estet nouris d’enfance, que on clammoit monseigneur Carle d’Espaigne, et estoit ses compains de touttez coses, et le creoit devant tous autrez. Et le fist li roys Jehans connestablez apriès le mort dou comte de Ghines, et li dounna une terre qui avoit estet en debat entre le roy son père et le roy de Navarre, dont par l’ocquoison de celle terre, grant envie et haynne s’esmurent entre les enfans de Navarre et monseigneur Carle d’Espaigne. Li connestables s’afioit si en le puissance dou roy et en s’amour, qu’il n’amiroit de riens le roy de Navare. Dont il avint un jour qu’il estoit en Normendie entre l’Aigle et une autre ville, si fu là espiiés, et le trouvèrent les gens le roy de Navarre, et fu ochis en son lit d’un Navarois qui s’appelloit le Bascle de Maruel. Ces nouvellez vinrent au roi de France que ses connestablez estoit mors; si en fu trop durement courouchiés sus le roy de Navarre, et le enqueilli en si grant haynne, quoyque il ewist sa fille espousée, que oncques puis ne l’amma, si comme vous orés recorder avant en l’istoire. Fº 100.
P. 129, l. 17: felonnie.—Ms. B 3: villennie. Fº 166 vº.
P. 129, l. 21: temps.—Ms. B 6: Ceste hayne ne peult oncques yssir de son cuer, quelconque samblant que il moustra, mais tous jours pensoit à luy faire contraire et s’en descouvry à aulcuns de son consail. Ung jour s’avisa le roy de Franche qu’il le manderoit qu’il venist parler à luy à Paris à ung certain jour et qu’il ne le laissa nullement. Or avint que dedens che mandement aulcuns du secret consail du roi de Franche s’en descouvry en confession au cardinal de Boulongne en grant bien et ly reghey aulcune chose de l’intencion du roy son seigneur, pour tant qu’il doubtoit que grant mal n’en venist.
Quant le cardinal entendy che que le roy Jehan avoit vollenté de faire, il le fist sçavoir au roy de Navare son cousin tout secretement qu’il ne venist mie au mandement du roy, car il doubtoit que mal ne l’en venist: si ques par che point le roy de Navare ne ly venist point au jour; mais il se tint tous garnis et prouveus en le conté d’Evrues pour attendre le roy de Franche ou ses gens, se il le volloient guerier.
Quant le roy de Franche vit che, il fut moult courouchiés, et ymagina et apensa que messire Robert de Lorris avoit revellé son consail et che qu’il volloit faire. Sy en fut le dit messire Robert ung grant tamps en le malleyvolense du roy, et l’en convint vidier du royalme de Franche. En che tamps revint le cardinal de Boulongne en Avignon. Fos 466 et 467.
P. 129, l. 23: grandement.—Le ms. B 3 ajoute: en hayne.
P. 129, l. 24: dur parti.—Ms. B 3: grant soucy.
P. 129, l. 26: doubtés.—Ms. B 3: soucyés.
P. 129, l. 28: n’aroit.—Le ms. B 3 ajoute: au monde.
P. 129, l. 28: de.—Ms. B 3: que.
P. 130, l. 1: leur entente.—Ms. B 3: à leur volenté.
P. 130, l. 5: demandoient.—Ms. B 3: poursuivoient.
P. 130, l. 5 et 6: et qui.... sur lui.—Ms. B 3: et qui avoient conspiré sa mort contre lui.
P. 130, l. 11: pour.—Le ms. B 5 ajoute: y.
P. 130, l. 20: aïr.—Ms. B 5: haïr. Fº 362 vº.
P. 130, l. 23 et 24: dalés.—Ms. B 3: avec.
P. 131, l. 9 et 10: villes.... mies.—Ms. B 3: villages, mais plainctz ne furent mye. Fº 167.
§ 344. P. 131, l. 25: un grant temps.—Ms. B 6: bien dix sepmaines. Fº 467.
P. 131, l. 29 et 30: li articles.—Ms. B 3: les articles. Fº 167.
P. 132, l. 2: France.—Ms. B 6: Ce fu environ après Pasques, et à le Saint Jehan Baptiste ensievant devoit fallir le respit entre le roy de Franche et le roy d’Engleterre. En che meisme tamps, vint le roy de Navare en Avignon et se complaindy au pape et à aulcuns cardinaus du roy de Franche qui ensy le hayoit, et se luy sambloit qu’il ly faisoit grant tort. Après se party le roy de Navare et s’en revint en son pais. Fos 467 et 468.
P. 132, l. 2: inspirée.—Ms. B 3: expirée.
P. 132, l. 6: reschei.—Ms. B 3: escheut.—Ms. B 4: eschei. Fº 155 vº.
P. 132, l. 19: au duc.—Le ms. B 5 ajoute: Jehan. Fº 363.
P. 132, l. 19: pareçons.—Ms. B 3: portions.—Ms. B 4: parchons.—Ms. B 5: part.
§ 345. P. 133, l. 16: Li rois.—Ms. d’Amiens: Vous avés chi dessus bien oy recorder coumment li roys de France hayoit en coer le jone roy de Navare et ses frères, pour le mort de son connestable messire Carlez d’Espaingne. Oncquez ceste haynne ne li peult yssir dou coer, quel samblant qu’il li moustrast, et s’en descouvri à aucuns de son consseil.
Or avint que li roys de Franche le manda ung jour que il venist parler à lui à Paris. Li roys de Navare, qui nul mal n’y penssoit, se mist au chemin et s’en venoit à Paris droitement. Sus sa voie li fu segnefiiet que, se il alloit à Paris deviers le roy, il aroit à souffrir dou corps. Si retourna li roys de Navare à Chierebourcq, dont il estoit partis, et grant hiretaige en Normendie qu’il tenoit de par sa femme.
Li roys sceut ces nouvelles coumment il estoit retournéz; si en souppeçonna aucuns de son consseil qu’il ne l’ewissent revelé, et en fu dou tout mescrus messires Robers de Loris. Et l’en couvint wuidier France et aller demorer en Avignon dalléz le pappe, tant que li roys ewist passés son mautalent.
Quant li roys de Navarre et si frère se virent en ce parti et que li roys de France les haioit couvertement, si se coummencièrent à doubter de lui, pour tant qu’il estoit trop crueulx. Et se pourveirent d’autre part et fissent grans allianches au roy d’Engleterre, qui leur jura à aidier et conforter contre le dit roy de Franche, et pourveirent leurs castiaux et leurs garnisons. Fº 100.
P. 133, l. 17: hayne le fait.—Ms. B 3: indignation la mort. Fº 107 vº.
P. 133, l. 18: pooit.—Ms. B 4: pooient. Fº 155 vº.
P. 133, l. 21: costés.—Ms. B 6: Quant le roy de Navare eult esté et visseté son royalme de Navare bien ung an, il entendy que le roy de Franche avoit envoiiet puissance de gens d’armes sus les frontières d’Evrues pour ardoir et essillier son pais. Sy se mist le roy de Navare en mer à tout grant foison de gens d’armes et arriva en Normendie à Chierbourch qui se tenoit pour luy. Sy pourvey ses fortresses du mieulx qu’il pot pour contrester contre les Franchois.
Assés tost après s’apensèrent les deux frères de Navare qu’il s’aliroient au roy d’Engleterre pour estre plus fors en leur guerre, ou cas qu’il ne pooient avoir pais au roy de Franche. Et eurent chertains couvenanches ces deux rois ensamble. Et devoit le roy d’Engleterre le saison après, à grant puissance de gens de gherre, ariver en Normandie sur le pooir du roy de Navare et par là entrer en Franche.
Et bien supposoit le roy de Franche aulcune cose dont, affin qu’il fust plus fors et mieulx amés en Normendie, et que plus y euist d’amis, il pardonna à sire Godefroy de Harcourt tout son mautalent et cheaulx qui son père le roy y avoit eus, et ly rendy toute sa terre de Coustentin. Et revint le dit messire Godefroy en Franche en grant honneur et y fut moult conjoys de tous les seigneurs et les barons de Normendie où il avoit moult grant linage.
Ensy se demenèrent ces choses couvertement. Et avoit le roy Jehan encuelliet en grant hayne les enfans de Navare, et n’estoit nulz qui en peuist faire le pais. Quant che vint en may l’an mil trois cens cinquante cinq, le roy d’Engleterre tint une moult grose feste et moult noble en la cité de Londrez. A chelle feste eult moult grant foison de chevaliers et de seigneurs, de dames et demoiselles, et dura la feste quinze jours. Et y eult moult de belles joustes, et belle feste de tout poins. En fin de la feste, il y eult grant parlement; et y fu messires Phelippes de Navare, qui parconfruma les alianches du roy son frère au roy d’Engleterre. Et eult le roy englès en couvent au dit monseigneur Phelippe que moult efforchiement à la Saint Jehan Baptiste ensievant se meteroit en mer et yroit prendre terre en Normendie sur le pooir du roy de Navare. Et le roy de Navare ly devoit delivrer ses fortresses qu’il tenoit en Normendie, pour mieulx grever Franche et constraindre ses ennemis.
Encores fu là ordonné ly mariage du jouene conte Jehan de Monfort et de l’une des filles du roy d’Engleterre, parmy tant que le roy d’Engleterre eult en couvent au dit conte qu’il luy aideroit à poursievir sa guerre contre la fème à monseigneur Charles de Blois qui s’en tenoit hirtière et qui moult forte y estoit de villes, de cités et de fortresses et ossy de grande baronnie et de bonne chevallerie, Bretons, qui estoient de son acord. Et y faisoit toudis la damme bonne guerre et forte, quoyque son marit messire Charles de Blois fust prisonniers en Engleterre. Fos 468 à 471.
P. 134, l. 17: Konces.—Ms. B 3: Conches.
P. 134, l. 26: Rosem.—Ms. B 3: Rozan.—Ms. B 5: Ros. Fº 363 vº.
P. 135, l. 1: cinq cens.—Ms. B 4: six cens. Fº 156.
P. 135, l. 5: en nom de cran.—Ms. B 3: pour le creancer.—Ms. B 4: en nom de craon.
P. 135, l. 16: mil.—Mss. B 3, 6: deux mille.
P. 135, l. 16: deux mil.—Ms. B 6: six mille. Fº 471.
P. 135, l. 17: lui.—Ms. B 6: Et che fu acordet à le requeste et prière d’aucuns barons de Gascongne, qui là estoient venu veoir le roy leur seigneur, tels que le seigneur de Labreth, messire Jehan de Pumiers, messire Elies de Pumiers, le sire de Lespare, le sire de Chaumont, le sire de Muchident et messire Aymers de Tharse. Fº 471.
P. 135, l. 18: li contes.—Le ms. B 3 ajoute: de Quenfort. Fº 168.
P. 135, l. 21: le baron de Stanfort.—Ms. B 6: Richard de Stanfort. Fº 168.
P. 135, l. 22: milleurs.—Ms. B 3: merveilleux.
P. 135, l. 24: d’eur.—Ms. B 5: de honneur.
P. 135, l. 26: et.—Le ms. B 3 ajoute: mis.
P. 135, l. 26: Là estoient.—Ms. B 6: ossy le sire de le Ware, le sire de Willeby, messire Guillaume filz à Wervic, le sire de Despensier et sy doy frères, Thomas et Hues, qui devinrent chevaliers en che voiage, le sires de Felleton, messire Berthemieulx de Bruch, messire Estievenes de Gensesenton, le sires de Bercler, le sire de Briseton, messire Noel Loruich, messire Richart de Poncardon, messire Daniaus Pasèle, messire Denis de Morbecque, messire Ustasse d’Auberchicourt, messire Jehan de Gistellez et pluiseurs aultres, que je ne puis mie tout nommer. Dont, environ le Saint Jehan, tout ches seigneurs chevaliers et toutes gens d’armes et archiers se partirent d’Engleterre et montèrent à Hantone bien pourveu de gros vaisseaulx et de belle navire et allèrent devers Gascongne. Fº 472.
P. 135, l. 28: Brues.—Ms. B 4: Brouhes. Fº 156.
P. 135, l. 30: Estievenes.—Ms. B 5: Estienne. Fº 363 vº.
P. 136, l. 2: Ustasses.—Ms. B 3: Ytasse.—Ms. B 4: Wistaches.
§ 346. P. 136, l. 10: Quant li rois.—Ms. d’Amiens: Et avint que li rois d’Engleterre, sus le confort dou roy de Navare, fist ung très grant mandement par tout son royaumme, et eut bien quatre cens vaissiaux appareilliéz sus mer. Si entrèrent ens touttes mannierrez de gens d’armes et d’archiers, et s’en vinrent singlant pour arriver en Normendie; mès li vens leur fu toudis si contrairez que bien six sepmainnez qu’il furent sus l’aige, il ne peurent prendre terre à Chierebourch, là où il tiroient et tendoient à ariver.
Li roys de France, qui estoit enfourméz de l’armée dou roy d’Engleterre et des alliances qu’il avoit au roy de Navarre, fu adonc si consilliéz parmi bonnes gens qui s’en ensonniièrent, et par especial li cardinaux de Bouloingne, que on les mist à acord. Et fu ensi dit au roy de Franche que il valloit trop mieux que il se laisast à dire et refrennast son coraige que donc que ses royaummes fust nullement foulléz ne grevés.
Si descendi adonc li roys de France à l’ordonnance de ses gens, et fist paix au roy de Navare. Et li pardonna li roys de France, par samblant, tous ses mautalens. Et dubt li roys de Navarre adonc, par paix faisant, deffiier le roi d’Engleterre; mais il n’en fist riens et s’en seut bien dissimuler. Fº 100.
P. 136, l. 11: en mer.—Ms. B 6: sur le rivière de Tamisse. Fº 473.
P. 136, l. 12: deus mil.—Ms. B 6: trois mille. Fº 473.
P. 136, l. 12 et 13: quatre mil.—Ms. B 6: dix mille archiés et cinq mille hommes de piet, Gallois et aultres, quy ont usaige de suir les gerres. Là estoient des seigneurs englès avecques le roy, le duc de Lenclastre, son cousin, et ung des filz du roy, que on appeloit Jehan conte de Richemont, et povoit estre en l’eaige de seize ans, le conte de Pennebrucq, le conte d’Arondel, le conte de Northonne, le conte de Kenfort, le conte de Cornuaille, le conte de la Marche, le sires de Persy, le sires de Ros, le sires de Grisop, le sire de Noefville, mesirre Richart de Bennebruge, l’evesque de Lincolle et chilz de Duren, le sire de Monbray, le sire de Fillvastre, mesire Gautié de Mauny, le sire de Multonne, mesire James d’Audelée, messire Pière d’Audelée frères, le sire de Lantonne et pluiseurs aultres barons et chevaliers, bien en point de servir le roy.
Sy se partirent du havre de Londres sur la Tamise et vinrent à chelle prumière marée gesir à Gravesaindez, et lendemain au soir à Mergate. Quant il se furent de là desancrés à l’autre marée, il entrèrent en mer et costioient Engleterre et Boulongne et tout le Pontieu, en approchant de Normendie. Bien estoient veu des costes de Franche, mès mies ne sçavoient quelle part il volloient traire.
Dont ces nouvelles furent raportées au roy de Franche et à son consail que le roy d’Engleterre, à plus de deux cens vaissiaulx, que uns que aultres, et estoit sur mer, et prendoit le chemin de Normendie. Sy vinrent aulcun grant seigneur de Franche, telz que le duc de Bourbon, messire Jacques de Bourbon frères, le duc d’Athènez, connestable de Franche, le conte d’Eu messire Jehan d’Artois et pluiseurs aultres grant seigneur du conseil du roy qui seurent les couvenenches et les traitiés qui estoient entre le roy d’Engleterre et le roy de Navare. Sy considerèrent que parmy chel acord le roialme de Franche pouroit estre destruit. Sy parlèrent au roy Jehan et ly remoustrèrent tant de raisons souffisans qu’il convint qu’il s’enclinast à leur conseil, combien que che fust contre son coraige. Fos 473 à 475.
P. 136, l. 15: Stafort.—Mss. B 4, 5: Stanfort. Fº 156 vº.
P. 136, l. 15: le Marce.—Ms. B 3: la Mare. Fº 168.
P. 136, l. 16: Hostidonne.—Ms. B 3: Antiton.
P. 136, l. 23: Symons de Burlé.—Mss. B 3, 5: Symon Burlé.
P. 137, l. 4: à l’encontrée de.—Ms. B 4: à l’encontre.—Ms. B 5: qui est contre. Fº 364.
P. 137, l. 15: li pooit.—Ms. B 3: le pourroit.
P. 137, l. 15: ou cas que.—Ms. B 3: si d’aventure.
P. 137, l. 16: possessoit des villes et des chastiaus.—Ms. B 3: mettoit les Anglois ès villes et chasteaux.
P. 137, l. 17: valoit.—Ms. B 3: seroit.
P. 137, l. 18: laissast à dire.—Ms. B 3: envoiast.—Ms. B 4: se laissast à dire.
P. 137, l. 21: conception.—Le ms. B 3 ajoute: et qui jà estoit.
P. 137, l. 22: aïr.—Ms. B 3: ire.
P. 137, l. 23: se rafrena.—Ms. B 3: refrena.
P. 137, l. 23 à 25: et laissa... Navare.—Ms. B 3: embesoigna de ses gens devers le roy de Navarre.
P. 137, l. 25: Chierebourch.—Le ms. B 4 ajoute: devers le roy de Navare.
P. 137, l. 25 et 26: li evesques de Bayeus.—Ms. B 6: li archevesques de Sens. Fº 475.
P. 137, l. 32: retournées.—Ms. B 3: remoustrées.
P. 138, l. 3: d’Engleterre.—Ms. B 6: Tant fut traitié et parlementé entre le roy Jehan de Franche et le roy de Navare que une journée fut prinse de faire l’acord entre Paris et Evreus, et convint adonc que le roy de Franche venist hors de Paris pour parlementer au roy de Navare. A che parlement fut acordet que le roy Jehan renderoit au roy de Navare toute[s] les terres qu’il avoit devant donné à monseigneur Charles d’Espaigne: pour quoy il fut ochis, et dont le haine venoit, et ly rendy tous les hirtaiges et les proufis que il et le roy son père en avoient levet pas l’espasse de vingt ans, qui povoit monter plus de six vingt mille florins. Et parmy chou bonne pais, et devoit estre le roy de Navare establis de donc en avant au roy Jehan et au royalme de Franche et contremander les couvenanches du roy d’Engleterre toutes telles que il les i avoit. Et encores avoecq che, le roy de Navare et ses frères povoient chevauchier par tout le royalme de Franche à tout cent bachinés ou cent glaives, sans meffaire, s’il leur plaisoit. Et, toutes ces choses ordenées et confermées et saillées, le roy de Franche retourna à Paris, et le roy de Navare et ses frères retournèrent à Evreus. Fº 476.
§ 347. P. 138, l. 11: Quant li rois.—Ms. d’Amiens: Li roys d’Engleterre fu enfourmés de celle paix, qui gisoit sur mer à l’ancre à l’encontre de l’ille de Grenesie; si se retraist adonc vers Engleterre; mès pour ce que il avoit ses gens assamblés, il lez vot emploiier et fist tourner toutte se navie à Calais, et là ariva. Si yssirent li Englès de lors vaissiaux et sen vinrent logier à Callais, et li roys ou castiel.
Ces nouvellez vinrent en Franche que li roys d’Engleterre et ses hoos estoient arivet à Calais, et suposoit on que il feroit une chevauchie en France. Si envoya tantost li dis roys de Franche grant fuisson de gens d’armes à Saint Omer, desquelx messire Loeys de Namur et li comtez de Porsiien furent cappittainne; et fist ung coumandement par tout son royaumme que touttes gens fuissent priès as armes et as chevaux pour resister contre leurs ennemis. Encorres envoya li roys de Franche grant gent d’armes à Arde, à Bouloingne, à le Montoire, à Bavelingehen, à Oudruich, à Hamez et ens ès garnisons françoisses sus lez frontierres de Callais.
Quant li roys d’Engleterre et ses gens se furent cinq jours reposet et rafresci à Callais, il s’ordonnèrent pour partir et de chevauchier en Franche. Si se departirent de Callais en grant arroy et grant fuisson de chars et de sommiers, et estoient environ deus mil hommes d’armes et quatre mil archiers. Si prissent le chemin de Tieruanne, et coururent li Englès le premier jour jusques à Moustroel sus Mer et environ Saint Pol et Tierrenois. Si ardirent tout le pays là environ, puis retournèrent à leur grant ost. Fº 100.
P. 138, l. 19 et 20: les dangiers.—Ms. B 3: le dangier. Fº 168 vº.
P. 138, l. 28: ou.—Le ms. B 5 ajoute: aillieurs. Fº 364.
P. 138, l. 29 et 30: vesteure.—Ms. B 3: vestemens.
P. 138, l. 30: ostilz.—Ms. B 3: choses.—Ms. B 4: estas. Fº 157.
P. 139, l. 2: au lés.—Ms. B 3: du cousté.
P. 139, l. 10: Lyons.—Ms. B 4: li uns.
P. 139, l. 18: Sallebrin.—Ms. B 3: Salebry.
P. 139, l. 23: le Montoire.—Ms. B 3: la Motoire.
P. 140, l. 2: où que fust.—Ms. B 3: en quelque part que ce fust. Fº 169.
P. 140, l. 2: fust.—Ms. B 6: Et sceult (le roi de France) tantost par ses garnisons de Boulongne et d’ailleurs que le roy d’Engleterre estoit arivés à Calais; lors fist ung moult grant mandement à yestre à Amiens, car il voloit aller à l’encontre du roy d’Engleterre et deffendre son pais. Sy envoia le dit roy monseigneur Lois de Namur son cousin à Saint Omer à tout deux cens lanches pour estre capitaine de la dite ville et des frontières par delà. Et envoia son marisal, messire Ernoul d’Audrehem, en le bastille d’Ardre, à tout deux cens armés de fer, pour le garder et deffendre à tous venans. Et envoia le jouene conte de Saint Pol en la chité de Terouane, à tout deux cens lanches pour le garder, et les garny bien et soufisanment, et Boulongne et Monstreul, Heddin, Saint Pol et toutes les fortresses de là entour. Et le roy meismes se party de Paris et le duc de Normendie son filz, le duc d’Orliens ses frères, le duc de Bourbon, le conte de Pontieu, le conte d’Eu, le conte de Dammartin, le conte de Tancarville, le conte de Vaudemont et de Genville, le conte de Monpensé et de Ventadour, le conte de Nerbonne et pluiseurs aultres barons et seigneurs; et chevauchèrent devers Amiens. Et d’autre part vinrent de l’Empire messire Jehan de Haynau, sire de Bieaumont et de Chymay, en très grant aroy, car le roy Jehan l’amoit durement et avoit en luy très grant fiance. Et y vint le conte de Namur nomé Gillame, le conte Jehan de Nanso, le conte de Clèves, l’evesque de Més, l’evesque de Verdun et grant foisons de chevaliers d’Alemaigne. Et, d’autre part, se asambla le roy de Navare ly troisième de frères, messire Phelippes, messire Lois, à tout grant foisons de saudoiers, pour venir [à] Amiens où le roy de Franche faisoit son mandement.
Sy se party le roy d’Engleterre de Calais en moult grant arroy et avoit adonc avecques luy deus de ses enfans, monseigneur Lois et monseigneur Jehan, et le duc de Lenclastre son cousin, le duc de Norhantone et de Herfort, le conte d’Arondel, le conte de Pennebourcq, le conte de Kenfort et le plus grant partie des contes et des chevaliers qu’il avoit, quant il cuida ariver en Normendie sus le povoir du roy de Navare. Et estoit connestable de toute son armée le conte de la Marche, et marescal le sire de Noefville et messire Jehan de Bieaucamp.
Sy vint le roy englès ce prumier jour entour Fiènes; et y eult ung très grant assault au castiel, mais riens n’y fourfirent, car il estoit bien garny de bonnes gens d’armes qui bien le tinrent et deffendirent tant qu’il n’y perdirent riens. Adonc s’en partirent les Englès en celle entente que pour venir devant le chité d’Arras et le assegier, se le roy n’ot aultre[s] nouvelles. Sy chevauchèrent l’endemain devers Saint Pol en Ternois, et coururent les coureurs des Englès environ Monstreul, mais point ne passèrent la rivière. Et s’en vint le roy englès à tout son ost logier à Blangy de lès Heddin, et là se tint tout cois sans aler plus avant, car il entendy que le roy de Franche estoit [à] Amiens et faisoit là sen asamblée de gens d’armes. Fos 478 à 480.
P. 140, l. 5: Pikardie.—Le ms. B 3 ajoute: en la conté de Boulonnois. Fº 169.—Les mss. B 4, 5 ajoutent: en le conté de Boulongne. Fº 157.
P. 140, l. 9: y assist.—Ms. B 3: assigna.
P. 140, l. 15: especial.—Le ms. B 3 ajoute: devers.—Le ms. B 4 ajoute: à.
P. 140, l. 24: du Maine.—Ms. B 5: d’Auvergne. Fº 364.
P. 140, l. 32: Poitiers.—Ms. B 3: Ponthieu.—Ms. B 4: Pontiu.
P. 141, l. 5: tanisons.—Mss. B 3, 5: ennuy.—Ms. B 4: merveilles.
P. 141, l. 7: les.—Mss. B 3, 4: ses.
P. 141, l. 8: trente mil.—Le ms. B 3 ajoute: hommes.
P. 141, l. 14: avoient.—Ms. B 3: avoit.
P. 141, l. 21 et 22: entrues.—Ms. B 3: cependent.
§ 348. P. 141, l. 31: faisoient.—Ms. B 3 ajoute: grande. Fº 169.
P. 142, l. 3: resongnoient.—Ms. B 3: ensonnyoient. Fº 169, vº.
P. 142, l. 5: vasselage.—Ms. B 3: vaillance.
P. 142, l. 7: sept.—Ms. B 5: huit. Fº 364 vº.
P. 142, l. 7: des.—Ms. B 3: devant les.
P. 142, l. 14: Lancastre.—Ms. B 6: Sy s’avisa ou prumier il feroit son enprise et s’en descouvry à son serouge qui sa seur il avoit, le conte de le Mare, et à ung sien cousin, monseur Archebault Douglas, vaillant homme; et leur dist qu’il avoit aviset d’esquieller et de prendre par fait d’armes, tout en une nuit, le bonne chité de Bervich et le castiel de Rosebourcq qui jadis fu de leur yretaige. Chil deus chevaliers et messire Robiert de Versy avecques yaulx sy s’acordèrent. Et deult le dit messire Guillaumes Douglas et messire Archebaus son cousin avecques leur route venir à Bervich, et le conte de la Mare et messire Robert de Versy allèrent à Rosebourcq en celle meismes nuit. Et sy s’ordonnèrent si bien leur besoigne et sy couvertement que il vinrent de jour en leur embusque. Et le dit messire Guillaumes et son cousin messire Archebaut se boutèrent en ung bosquet assés près de le cité de Bervich, sans che qu’il fuissent de nuluy aperceut et là se tinrent jusques à bien avant en la nuit; et pooient [estre] environ trois cens hommes de guerre. Sy se partirent de leur embusque environ minuit et vinrent tout coiement jusques à Bervich. Et envo[ièrent] devant trois de leurs varlès pour sçavoir se chil de Bervich faisoient point de gait sur les murs; il raportèrent à leur mestres que nanil. Adonc s’avanchèrent il et vinrent sur les fossés et avoient eschelles cordées. Sy passèrent oultre les fossés, en portant leurs eschelles, au plus foible lieu et où il n’i avoit point d’iaue. Et jettèrent leurs eschelles et montèrent contremont, et entrèrent en la ville environ deux cens. Et vinrent tout coiement à la porte que cil de la cité ne s’en perchurent riens jusques à tant que de haches et de cuignies il busquèrent au flaiel pour le coper. Aulcuns gens qui estoient en leurs lis se esvillèrent pour le busquement. Sy se levèrent et vinrent à leur fenestre et se commenchèrent à estourmir; mais anchois qu’il fussent levés et armet ne asamblé, le porte fut ouverte par forche, et tout les Escochois entrèrent dedens la ville. Et decopoient tous cheulx qui encontre eulx venoient à main armée. Et fyrent tant qu’il furent maistre de la cité et que les bourgois se rendirent à yaulx, saulve leurs vies et leurs biens; mais il ne porent avoir le castiel qui est assés près, car le gait oy la noize. Sy esvilla le castelain et les compaignons qui gardoient ledit chastiel; et jamais de forche les Escochois ne l’euissent eut.
Or vous dirons de leurs aultres compaignons qui devoient Rochebourch esceller. Il ne demora mie en leur defaulte qu’il ne fesissent leur aproches saigement; mais il fallirent, car le gait du dit chastiel villoit et s’apoioit à crestieaulx qu’il les virent sus les murs du dit chastiel. Sy entendy le bruit des Escochois murmurer ensamble; sy coury moult tost esvillier le chastelain et les compaignons de laiens et se pourveirent de leur fait et vinrent as garites. Quant les Escochoiz les virent, il retournèrent arière tout esbahy, et virent bien qu’il avoient fally à leur emprinse. Sy se retirèrent devers Bervich et trouvèrent messire Guillame Douglas et leur compaignie qui tenoient la cité comme le leur. Si en furent tous joieulx; sy prirent consail ensamble qu’il asegeroient le dit chastiel. Sy l’asegèrent de tous costés, car à l’un des lés il marchist à le ville. Ches nouvelles vinrent en Engleterre que les Escochois avoient reprins Bervich. Sy en furent les Englès moult courouchiés, mais amender ne le peurent tant que à celle fois. Fos 481 à 484.
P. 142, l. 18: siet.—Ms. B 3: est assis.
P. 142, l. 24: cremeur.—Ms. B 3: crainte.
P. 142, l. 27: Bervich.—Le ms. B 5 ajoute: qui siet sur la dicte rivière. Fº 364 vº.
P. 142, l. 28: assenèrent.—Ms. B 3: essaièrent.
P. 142, l. 32: quoique.—Ms. B 3: et qui.
P. 143, l. 7: puisqu’il.—Ms. B 3: puisque les Anglois.
P. 143, l. 8: mancevi.—Ms. B 3: advertiz.—Ms. B 4: manchevi. Fº 157 vº.
P. 143, l. 9: Escos.—Le ms. B 3 ajoute: dont toute la marce estoit en doubtance, et point n’y avoit gens au pais pour faire un siège ne resister aux Escos.—Le ms. B 4 ajoute: de quoi toute le marche estoit en grant doubtance, et point n’y avoit gens ou pais pour faire siège ne resister as Escos. Fº 157 vº.
P. 143, l. 10: Bervich.—Ms. B 3: Vervich. Fº 169 vº.
P. 143, l. 12: Grastoch.—Ms. B 3: Grascop.—Ms. B 4: Grascok. Fº 157 vº.
P. 143, l. 13: gouvernance.—Mss. B 3 et 4: gouvernement.
P. 143, l. 17: Guillaumes Douglas.—Ms. B 3: Jehan de Douglas.—Ms. B 4: Guillaumes de Douglas.
P. 143, l. 17: menères.—Ms. B 3: conducteur.—Ce mot manque dans le ms. B 4.
§ 349. P. 143, l. 22: Tant ala.—Ms. d’Amiens: A l’endemain chevauça li roys d’Engleterre et vint logier à Blangi, à deus lieuwez de Hedin, et point ne passa adonc oultre, et dist qu’il atenderoit là le roy de Franche.
Li roys de Franche estoit avaléz à Pieronne en Vermendois, et avoit fait ung si grant mandement partout que merveilles seroit au deviser, et s’en vint en le chité d’Arras, et touttes mannierres de gens le sieuvoient, et avoit bien soissante mil hommes. Là estoit dallés lui messires Jehans de Haynnau o grant routte de gens d’armes, et ouvroit li dis roys de France en partie par son consseil.
Or avint que messires Bouchicaus, ungs chevaliers de Poito, qui pour le tamps estoit prison au roy d’Engleterre, et l’avoit li dis roys recreu sus sa foi le tierme de huit mois, si s’en revenoit messires Bouchicaus deviers le roy d’Engleterre pour li remettre en se prison, enssi que couvens portoit, et vint ung soir à Blangi, là où li roys englès estoit logiés. Quant li roys le vi, se li demanda tout en hault: «Et dont revient Bouchicaux?»—«En nom Dieu, dist il, sire, de France et de deviers le roi de Franche.»—«Et que dist ly roys de France? ce dist li roys d’Engleterre; me venra il point combattre?»—«En non Dieu, sire, dist il, de cela ne sai je riens, ne je ne sui mies de son consseil si avant.»
Adonc musa li roys d’Engleterre ung petit et puis dist: «Messire Bouchicau, je poroie avoir de vous deus mil ou trois mil florins, se je volloie; mès je lez vous quitteray, se vous volléz aller deviers mon adverssaire, vostre roy, et lui dire de par my que je l’atens droit chy, et l’ai attendu et attenderay encorrez trois jours, se il voelt traire avant pour combattre, et de ce me venrés vous faire le responsce.»—«Saint Jorge! sire, dist messires Boucicaus, vous me offrés grant courtoisie, et je le voeil faire et di grant merchis.» Chilx soirs passa; l’endemain au matin, il monta à cheval et vint à Arras, et là trouva le roy de Franche; se fist son message bien et à point.
Li roys de Franche respondi et dist: «Messire Bouchicaux, puisque en couvent avés de raller par delà, vous dirés à nostre adverssaire que nous nos partirons, quant bon nous samblera, et non pas par se ordonnance.» Fº 100.
P. 143, l. 21: ensiewant.—Ms. B 6: Or revenons au roy d’Engleterre, qui estoit à Blangy delés Heddin. Entreus que le roy englès estoit à Blangy, coururent ses marisaulx ens ou pais de Ternois et d’Artois et vinrent à Saint Pol. Et y eult ung jour moult grant assault; mais chil qui dedens estoient le gardèrent bien et vaillanment et tant que les Englès ne firent point de damaige. Fº 484.
P. 143, l. 23: Blangis.—Ms. B 3: Blangy. Fº 169 vº.
P. 143, l. 30: entrues que.—Ms. B 3: cependent que.
P. 143, l. 30: vint.—Ms. B 6 ajoute: sur ung soir. Fº 484.
P. 143, l. 31: bons.—Ms. B 3: vaillant.
P. 144, l. 2: de le.—Ms. B 3: dès la. Fº 170.
P. 144, l. 3: et.—Le ms. B 3 ajoute: y.
P. 144, l. 6: restre.—Ms. B 3: revenir.
P. 144, l. 7 à 20: Cilz.... logiés.—Ce passage manque dans le ms. B 5, fº 365.
P. 144, l. 10 et 11: tout.... langage.—Ms. B 3: tant par son beau et doulx langaige.
P. 144, l. 11: apparilliet.—Ms. B 3: plaisant que par ses autres prouesses.
P. 144, l. 14: grant cière.—Ms. B 3: bonne chière.
P. 144, l. 15: estoit.—Le ms. B 3 ajoute: en la grace du roy et son.
P. 144, l. 21: se trest.—Ms. B 3: se tira.
P. 144, l. 22: devant.—Ms. B 3: dedens.
P. 144, l. 23: luite de deux Bretons.—Ms. B 5: luitier deux Bretons. Fº 365.
P. 144, l. 24: l’enclina.—Ms. B 3: se enclina.
P. 144, l. 26: Jehan.—Le ms. B 3 ajoute: de France.
P. 145, l. 3: temprement.—Ms. B 3: en brief.
P. 145, l. 4 à 13: Li rois... vous.—Ce passage manque dans le ms. B 5.
P. 145, l. 5: cou.—Ms. B 3: ce.—Ms. B 4: chou. Fº 158.
P. 145, l. 16 et 17: deus ou trois mil florins.—Ms. B 6: trois ou quatre mille escus. Fº 485.
P. 145, l. 22: combatre.—Ms. B 6: et se response vous me lairés savoir par ung hirault des nostres, que je vous cergeray à vostre departement. Fos 485 et 486.
P. 145, l. 22: message.—Le ms. B 3 ajoute: bien à point, vous me ferez service, et je vous quicteray vostre prison.
P. 145, l. 24: resjoïs.—Ms. B 3: esjoy.
P. 145, l. 30: yaus.—Ms. B 3: luy.
P. 145, l. 31: mesnie.—Ms. B 3: compaignie.
P. 145, l. 32: retour.—Ms. B 6: ung hirault o luy que on apelloit Faucon. Fº 486.
P. 146, l. 9: leviers.—Ms. B 3: louyer. Fº 170.—Ms. B 4: leuiers. Fº 158 vº.—Ms. B 5: louier. Fº 365.
P. 146, l. 12: avés.—Le ms. B 3 ajoute: premier.
P. 146, l. 14: ennemis.—Ms. B 6: la response du roy fu telle par Faucon le hirault, qui le aporta arrière, que c’estoit bien l’intencion du roy de Franche que de aller devers ses ennemis et plus avant, mais que ses gens fussent tout venus qu’il avoit mandet. Fº 486.
§ 350. P. 146, l. 15: Ensi demora.—Ms. d’Amiens: Sus cel estat se parti messires Bouchicaus, et vint arrière à Blangi et recorda au roy d’Engleterre le responsce que vous avés oy.
Quant li roys entendi ce, si eult sur ce avis, et dounna à monseigneur Bouchicau congiet et le quita de sa foy et puis se desloga dedens un jour apriès et retourna vers Saint Omer. Et entrèrent ses gens en le comté de Fauckenberghe; si le ardirent moult villainnement. Et enssi que li Englès chevauchoient, messires Hernoulx d’Audrehen, marescaux de Franche, à deux cens armurez de fier, les costioit et leur porta plusseurs dammaiges.
Quant li roys de Franche sceut par monsigneur Bouchicau que li roys d’Engleterre estoit deslogiés et qu’il s’en ralloit vers Callais, si se departi adonc à grant esploit de le chité d’Arras, et chevaucha viers Saint Omer et vint gesir à Tieruane. Et li roys d’Engleterre ce jour vint à Eske sus le rivierre, et là se loga. Et l’endemain li roys de Franche le poursui. Et li roys d’Engleterre s’en rentra dedens Callais. Fº 100 vº.
P. 146, l. 15: cel.—Ms. B 4: tel. Fº 158 vº.
P. 146, l. 23: lui retraire.—Ms. B 3: se retirer. Fº 170.
P. 146, l. 27: Leueline.—Ms. B 3: Laueline. Fº 170 vº.—Ms. B 4: Leveline. Fº 158 vº.—Ms. B 5: Liveline. Fº 365.
P. 146, l. 27: devers.—Ms. B 3: à.
P. 146, l. 28: Faukemberghe.—Ms. B 6: Sy tost que le roy de Franche sceut que le roy Englès estoit deslogiet et qu’il se tiroit et retraioit arière, il se party de la ville d’Amiens et s’en vint à Aras et fist commandement que toutes manières de gens à cheval et à piet le sievissent. Et envoia devant son connestable, messire Jaques de Bourbon, en le chité de Terouane, à tout trois cens lanches, pour le garder contre les Englès, se nul assault y fasoient. Le roy Englès et son host, yauls party de Heddin et de là environ, chevauchèrent et passèrent assés priès de Terouane, mais point n’y assallirent, car il entendirent que elle estoit garnie de bonnes gens d’armes. Se passèrent les Englès oultre et vinrent logier droit à Alekine et sus celle rivière qui keurt desous le castiel de Maunier et qui vient à Arques. Et messire Ernoul d’Audrehem, marisal de Franche, à tout cinq cens compaignons bien montés, les poursievy et se logea celle nuit moult près d’ieaulx sus le mont de Herfault, et tant qu’il veoient bien l’un l’autre. Et l’endemain se desloga le roy et passa desous le mont de Herfault et s’en vint devers Fauquemberghe, qui estoit une bonne ville et grose et où on faisoit grant draperie. Sy fu la dite ville prinse des Englès, car il n’y avoit point de deffense, et fu toute pillie et robée et à leur departement toute arse. Et le roy de Franche s’en vint che mesme jour à Terouane, et tout son ost, et avoit bien cent mille hommes, que uns, que aultres. L’endemain, se party le roy englès de Fauquemberghe et passa à Licques et desoubz Ardre, et fist tant qu’il rentra en Calais. Fos 487 et 488.
P. 147, l. 2: o primes se desloga il.—Ms. B 3: et qu’il se deslogeoit. Fº 170 vº.
P. 147, l. 3: sur.—Ms. B 3: contre.—Ms. B 4: sur. Fº 158 vº.
P. 147, l. 7: Tierenois.—Mss. B 3 à 5: Tiernois.
P. 147, l. 8: Tieruane.—Ms. B 3: Therouanne.—Ms. B 4: Tierewane.
P. 147, l. 8 et 9: estoient... Faukemberge.—Ms. B 5: avoient passé Fauquenbergue. Fº 365.
P. 147, l. 11: Liques.—Mss. B 3 et 5: Lisques.—Ms. B 4: Licques.
P. 147, l. 14: costiiet.—Ms. B 3: coustoié.
P. 147, l. 15: dessouchier.—Ms. B 4: deffouchier. Fº 158 vº.—Ms. B 3: bouger pour poursuir les Anglois.
P. 147, l. 19: en le kewe.—Ms. B 3: à la queue.—Ms. B 4: à la keue.
P. 147, l. 19: le bastide.—Ms. B 3: la bastille.
P. 147, l. 20: chapitains.—Ms. B 6: Che prope jour, vint le roy de Franche à Fauquenberghe et là se loga sur la rivière, et cuidoit que les Englès fussent là environ, et les avoit tout le jour poursievy à l’avis des fumières qu’il faisoient.
Or advint que, entreulx que le roy de Franche et les seigneurs estoient là logiet, ung grant remous et moult felle s’entreprist entre les gens de monseigneur Jehan de Haynau et le commun de Tournay. Et fu la chose bien ordonée de mal aler, car il furent rengiés ly uns devant l’autre. Et y eult pluiseurs de chiaulx de Tournay ochis et blechiés, dont il estoient moult ayret. Et encores euissent il rechut plus grant damaige, se ly rois n’y eust envoiet et mis deffense sur yaulx et yaulx appaisiet, car grans foisons de bons chevaliers et escuiers se tournoient et tiroient devers monseigneur Jehan de Haynau à l’encontre de cheaulx de Tournay. Sy fu la chose ensy departie: qui plus y eult mis plus y eult perdu. Chil de Tournay plouroient leur damaige: che fu le reconfort qu’il en eurent.
Assés tost après ceste advenue, vint le marescaus de Franche, messire Ernoul d’Audrehem devers le roy, et ly dist que les Englès estoient entrés à Calais. Quant le roy de Franche entendy che, sy eult consail de luy retraire à Saint Omer et se party à tout son ost et s’en vint en sa bonne ville de Saint Omer et là se tint. Et demanda conseil à monseigneur Jehan de Haynau, en quy il avoit fiance, coment il poroit perseverer à son honneur de ceste armée; il luy dist: «Sire, se vous envoierés quatre chevaliers à Calais devers le roy d’Engleterre, et luy manderés que vous l’avés poursievy au plus hastivement que vous avés peult depuis les nouvelles que vous eustes de messire Bouchicault et qu’il vide hors de Calais, et vous luy baillerés plache là où il le voldra prendre et eslire, et là le combaterés.»
A che consail le roy entendy vollentiers. Et furent les quatre chevaliers nommés et ordonnés qui yroient ce messaige faire; et furent messires Ernoul d’Audrehem, messire Guichart de Biaugeu, messire Bouchicault et le sire de Saint Venant. Et cheulx y alèrent et ung hirault avecques eulx jusques à Calais pour parler au roy d’Engleterre. Quant il furent venus assés près de Calais, il envoièrent leur hirau dedens la ville dire et senefier au roy englès que là estoient quatre chevaliers franchois pour parler au roy d’Engleterre de par le roy de Franche, mais que il eussent sauconduit. Le roy respondy au hirault qu’il n’avoient que faire de entrer en la ville de Calais; mais il envoiroit de son consail pour parler à y aulx et sçavoir quelle chose il volloient dire. Sy i envoia son cousin le duc Henry de Lenclastre et messire Gautier de Mauny et deux aultres chevaliers. Sy chevauchèrent tant que il vinrent là où les quatre chevaliers de Franche les atendoient. Sy les saluèrent courtoisement et leur demandèrent qu’il leur plaisoit. Messire Ernoul d’Audrehem prist le parolle et dist qu’il estoient là envoiet de par le roy de Franche pour requerre au roy d’Engleterre qu’il volsist yssir hors de Calais et venir en ung biel camp, car il se volroit combattre à luy. Le duc de Lancastre respondy que ly roy Jehan avoit eut assés tamps et losir de venir jusques à yauls, s’il volsist, car il avoit sejourné au pais de l’Artois bien onze jours, où le roy son seigneur l’avoit atendut et luy avoit mandé bataille «par vous monseigneur Bouchicault qui chy estes presens. Sy vous respondons de par le roy nostre seigneur qu’il n’est pas consilliés de faire che que vous ly requerés, car jà le moitié de ses gens en sont rallet leur voie, et ly aultres sont moult travilliet. Se ly venroit mal à point de combatre au plaisir et à l’aise du roy de Franche et à tous les bons poins.» Là endroit furent pluiseurs raisons dites entre yauls, dont je m’en tais, car riens n’en fut accordé. Sy se partirent atant les chevaliers de Franche et vinrent à Saint Omer raporter au roy de Franche leur response, et ly chevaliers d’Engleterre s’en ralèrent à Calais. Fos 488 à 492.
P. 147, l. 26: li Englès estoit.—Ms. B 3: les Anglois estoient.—Ms. B 4: ly Englès estoient.
P. 148, l. 3: royaus.—Ms. B 3: roialle.
P. 148, l. 5: chevaucie.—Ms. B 3: chevauchée.
P. 148, l. 13: pièce de terre.—Ms. B 3: terre.
P. 148, l. 20: Arde.—Ms. B 3: Ardre. Fº 171 vº.
P. 148, l. 23 et 24: havene.—Ms. B 3: havre.
P. 148, l. 24 et 25: Bervich.—Ms. B 3: Vervich. Fº 172.
P. 148, l. 26: Rosebourch.—Le ms. B 3 ajoute: et fally.
P. 148, l. 27: pensieus.—Mss. B 3, 5: pensif.
P. 148, l. 28: Grastoch.—Ms. B 3: Grastop.—Ms. B 4: Grascok. Fº 159.—Ms. B 6: Grisep. Fº 492.
P. 149, l. 3: eussent... songniet.—Mss. B 3, 4: eussent esté bien soigneux. Fº 172.
P. 149, l. 3: songniet.—Ms. B 6: Adonc se mirent les seigneurs d’Engleterre entre le roy et le chevalier, et dirent: «Monseigneur, il sera bien amendé.» Lors soupa le roy moult petit et fist là venir tout son consail après souper en sa chambre. Sy fu dit et ordonné que, à heure de minuit, quant la marée venroit, que il entraissent tous en leurs batieaulx et s’en yroient en Engleterre; et ne dormiroit jamais en une ville que une nuit, sy seroit venu devant Bervich. Ensi fu il segnefiet et criet parmy la ville de Calais. Et fu tout toursé, et les chevaulx mis en ès batieaulx devant minuit, et à chelle heure le roy entra en son batiel et toute[s] ses gens; et furent l’endemain, à heure de prime, à Douvres. Sy dessendirent et mirent tout leur baghes hors, et puis montèrent à cheval, et prirent le chemin de Londres. Et fist commandement le roy par toute son ost que nulz ne presist aultre chemin que chely d’Escoche. Fº 493.
P. 149, l. 6: tel.—Ms. B 3: tellement. Fº 172.—Ms. B 4: atourné telle paix.
P. 149, l. 7: sist.—Ms. B 3, 4: fut. Fº 172.
§ 351. P. 149, l. 16: Quant messires.—Ms. d’Amiens: Et li roys de Franche vint logier sus le mont de Sangate, et envoya à Callais monseigneur Ernoul d’Audrehen parler au roy d’Engleterre pour atraire hors; mès il s’escuza et dist que il n’en feroit pour celle saison plus. Enssi se desrompi ceste chevauchie, et retourna li roys Jehans en Franche. Fº 100 vº.
P. 149, l. 17 et 18: l’enclinèrent.—Ms. B 3: s’aclinèrent. Fº 172.
P. 149, l. 18: bien.... point.—Ms. B 3: bien honnestement.
P. 149, l. 27: la bataille.—Ms. B 3: batailler.
P. 149, l. 31: finable.—Ms. B 3: finale.
P. 150, l. 11: en sès.—Mss. B 3 et 4: en ses.
P. 150, l. 13 et 14: le bastide d’Arde.—Ms. B 5: la ville d’Ardre.
P. 150, l. 21: Valenchiènes.—Ms. B 6: delés le boin conte Guillaume de Haynau son frère: Dieu leur faiche pardon! Car le gentil chevalier resgna moult vaillamment et fu en son vivant moult amés de ses amis et redoubtés de ses ennemis. Sy s’en rala son hirtaige, tout che qu’il en tenoit, as enfans monseigneur le conte Loys de Blois, qui furent filz de se fille, et qui adonc estoient moult jouene: Loys, Jehan et Guis. Chil resgnèrent moult honnourablement et moult loyaument, si comme vous orés recorder chy avant en ceste matère. Fº 494.
P. 150, l. 25:—Guis.—Le ms. B 5 ajoute: de Blois. Fº 365 vº.
§ 352. P. 151, l. 1: à cent.—Ms. B 3: avec cent. Fº 172 vº.
P. 151, l. 13: emprise.—Ms. B 3: entreprinse.
P. 151, l. 18: Gautiers.—Ms. B 6: avecques luy soixante compaignons bien montés et bien armés. Fº 495.
P. 151, l. 19: Bervich.—Ms. B 6: et se bouta ou chastel qui se tenoit Englès et qui siet delés la cité. Et adonc messire Thomas Kol estoit chastelain. Quant le sire de Mauny fut venu jusques à là, il avisa et ymagina comment le plus tost il pouroit faire ouvraige qui apparust pour constraindre cheaulx de Bervich. Il avoit avec luy sept mineurs de l’esvesquiet de Liège, car toudis les menoit il vollentiers avoecq luy, puis qu’il pensoit à faire siège ne assault à une fortresse. Si les appella et leur dist: «Regardés entre vous se par mine nous porimes entrer en ceste cité.» Il respondirent: «Sire, oil.»—«Or vous aparliés et vous esploitiés, adonc dist le sire de Mauny. Mettés vos hostieus en euvre, car se nous poons entrer par mine, je vous feray tous riches.»
Adonc se ordonnèrent et commenchèrent à miner à l’endroit de une grose tour qui estoit sur les murs et respondant à le cité et servoit à l’encontre du dit castiel. Et commenchèrent à fouir mouvant en l’enprise du chastiel. Il n’eurent gaire minet ne alé avant quant il trouvèrent bieau[x] degrés bien assis et bien machonnés et une croute, toute vautée à manière de ung chelier, qui s’en aloit vers le cité de Bervich par desous les murs.
Advint, entreuz que ces mineurs minoient, chil de la cité s’en perchurent bien. Et bien savoient ly aucuns anchiens hommes que là en che contour il devoit avoir crouste et chelier qui aloit de la ville ou castiel. Sy se doubtèrent et esmaièrent durement qu’il ne fussent par là pris, et le remoustrèrent à aulcuns chevaliers d’Escoche qui là estoient pour garder la cité; et leur dirent qu’il s’avisaissent, car il estoient en grande volenté que de yaus rendre à monseigneur Gautié de Mauny, et anchois que le roy englès y peuist venir ne qu’il fust pris par forche.
Quant les Escochois qui là estoient entendirent che langaige et perchurent le coraige des bourgois de Bervich, sy se doubtèrent que mauls ne leur en venist. Si se consillèrent et avisèrent entre yaulz sur che, et toursèrent tout che qu’il pourent et qui leur estoit, et se partirent ung jour et rentrèrent en leur pais. Et à l’endemain, ung traitiet se fist entre cheaus de Bervich et monseigneur Gautié de Mauny qu’il se rendroient, sauve leurs corps et leurs biens. Et les devoit le sire de Mauny parmy tant apaisier au roy d’Engleterre, ensy qu’il fist; car le roy i entra le second jour après à grant joie. Fos 495 à 497.
P. 151, l. 29: Asneton.—Ms. B 3: Anreton. Fº 172 vº.—Ms. B. 4: Ameton. Fº 159 vº.
P. 151, l. 32: sente.—Ms. B 3: sache.
P. 152, l. 15: perilz.—Ms. B 3: dangiers.
P. 152, l. 16 et 17: toursèrent.—Ms. B 3: troussèrent.
P. 152, l. 19: vaghe.—Ms. B 3: vuide.—Ms. B 4: vage.
P. 152, l. 28: vasselage.—Ms. B 3: vaillance.
P. 152, l. 29: menestraudies.—Ms. B 3: menestriers.—Ms. B 4: menestreux. Fº 159 vº.
§ 353. P. 153, l. 11: Aindebourch.—Ms. B 3: Andebourg. Fº 173.
P. 153, l. 12: tèle.—Ms. B 3: tellement.
P. 153, l. 13: estant.—Ms. B 3: estat.
P. 153, l. 16: aforains.—Ms. B 3: forains.
P. 153, l. 23 et 24: Haindebourch.—Ms. B 6: la souveraine ville d’Escoche. Fº 498.
P. 153, l. 23 à 26: en approçant.... fourer.—Ms. B 5: et en approchant Haindebourc, couroient les fourriers, mais ilz ne trouvoient neant. Fº 366.
P. 153, l. 26: fourer.—Ms. B 3: fourrager.
P. 153, l. 29: li rois.—Ms. B 6: en le souveraine abeye dehors la ville, et le plus grant partie de ses gens en la ville, car elle n’estoit point frummée. Mais il y a ung chastel, qui siet au desoubz sur une roche haulte et belle, et est très bien fruméz; et adonc y avoit dedens de bons chevaliers et escuiers pour le garder. Fº 498.
P. 154, l. 3: nostre.—Ms. B 5: vostre.
P. 154, l. 8: il.—Ms. B 5: le roy d’Escoce.
P. 154, l. 10: en remunerant les.—Ms. B 3: pour remuneration des.
P. 154, l. 16 et 17: uns.... offisces.—Ms. B 3: une belle office.
P. 154, l. 21: nostre.—Ms. B 5: vostre.
§ 354. P. 155, l. 2 et 3: pourveances.—Ms. B 6: et se navire, qui le devoit sieuvir par mer, mais point ne vinrent, car ilz eurent vent toudis sy contraire qu’il ne porent oncques à celle fois aprochier Escoche. Quant le roy englès vit che que ses pourveanches ne venoient pas, ne le grant engien dont il devoit assallir Handebourch et les aultres fortresses, sy eut consail qu’il retourneroit en ardant le plat pais d’Escoche. Fº 499.
P. 155, l. 3 à 13: dont... vivre.—Ce passage manque dans le ms. B 5, fº 366 vº.
P. 155, l. 10: ens ès gragnes.—Ms. B 3: dedens les granges. Fº 173 vº.—Ms. B 4: ens ès granges. Fº 160.
P. 155, l. 15: le Hombre.—Ms. B 3: le avre.
P. 155, l. 22 et p. 156, l. 19: Entrues... Dalquest.—Cet alinéa est résumé en une phrase dans le ms. B 5.
P. 155, l. 29: le.—Ms. B 3: au.
P. 155, l. 32: plus especiaulz.—Ms. B 3: principale.
P. 156, l. 4: retournoit... fois.—Ms. B 3: repairoit aucunes fois.
P. 156, l. 12: respirer.—Mss. B 3 et 4: respiter.
P. 156, l. 17: fois.—Ms. B 6: Et le fist le roy reconduire jusques à Dalquest par deux de ses chevaliers, le seigneur de Montbray et le seigneur de Noefville: et fu commandé au deslogier que nulz, sur le hart, ne boutast le fu ne aultrement à le ville de Haindebourch. Fº 499 et 500.
P. 156, l. 27: Arcebaus.—Mss. B 3 et 5: Archambault. Fº 173 vº.
P. 156, l. 29: Asneton.—Mss. B 4, 5: Assueton. Fº 160 vº.
§ 355. P. 157, l. 24: malaisiu.—Ms. B 3: malaisé. Fº 173 vº.—Ms. B 4: malaisieu. Fº 160 vº.
P. 157, l. 30: froit.—Ms. B 6: ensy que il fait en yvier envers le Noel. Fº 500.
P. 158, l. 7: soutilleté.—Ms. B 3: subtilité. Fº 174.—Ms. B 4: soustilleté. Fº 161.
P. 158, l. 9: aise.—Ms. B 3: aiseement.
P. 158, l. 10: Tuydon.—Ms. B 3: Tuyde.—Ms. B 5: Tuydein. Fº 366 vº.
P. 158, l. 14: se fin.—Ms. B 3: la fin.—Ms. B 4: le fin.
P. 158, l. 16: Li contes Douglas.—Ms. B 6: messire Guillaumez Duglas, maris à le contesse dessus dite, qui se faisoit chief de tous les Escochois et estoit moult vaillant et saiges. Fº 500.
P. 158, l. 21: rués.—Ms. B 3: boutez.
P. 158, l. 22: arroi.—Ms. B 6: Alors fu le duc de Lanclastre très bon chevalier, et bien le couvenoit, et y fist de la main mainte apertise d’armes. Fº 501.
P. 158, l. 24: ce.—Ms. B 3: ceste.
P. 159, l. 2: menèrent.—Ms. B 6: jusques à quinze bons prisonniers, dont il eurent des chevaliers de Brabant, et les aultres furent Englèz; et s’en retournèrent en la forest et entre les montaignes, de coy il faisoient leur fortresse. Fº 502.
P. 159, l. 5: esvanui.—Ms. B 3: esvanoys.
P. 159, l. 7: Baudresen.—Ms. B 3: Andrehen.—Ms. B 4: Baudresem. Fº 161.
P. 159, l. 9: six.—Ms. B 3: unze. Fº 174.
§ 356. P. 159, l. 11: Depuis.—Ms. d’Amiens: Et envoya (le roi Jean) une partie de ses gens d’armes avoecq son connestable, messire Jaqueme de Bourbon, devers le Langhe d’ock; car li prinches de Galles y estoit entrés à tout grant fuisson de gens d’armes de Gascoingne et d’Engleterre: de laquelle cevaucie nous parlerons maintenant, car elle fu moult honnerable et de grant emprise.
Li prinches de Galles, en celle saison, estoit yssus de Bourdiaus à deus mil lanches, Englès et Gascons, et quatre mil archiers et grant fuisson de gens de piet. Et vint passer le Garonne à Bregerach, et fist tant que, sus le conduit dou seigneur de Labreth, qui là estoit parsonelment, dou seigneur de Pumiers, dou seigneur de Muchident, dou seigneur de Lespare, dou seigneur de Courton, dou seigneur de Cendren, dou seigneur de Rosem et de cesti de Landuras et dou captal de Beus, il entra en France et vint passer au Port Sainte Marie dallés Toulouse, et entra ou pays toulousain. Fº 100 vº.
P. 159, l. 11: avenue.—Ms. B 3: aventure. Fº 174.
P. 159, l. 21: grant et estoffet.—Ms. B 3: grandement estoffé.
P. 160, l. 15: de Labreth.—Ms. B 3: d’Albret. Fº 174 vº.
P. 160, l. 17: Aymemon.—Ms. B 3: Aymond.
P. 160, l. 18: Tarste.—Ms. B 6: Tharse. Fº 503.
P. 160, l. 18: Aymeri de Tarste.—Ms. B 3: Aymon de Castre.
P. 160, l. 18 et 19: Mucident.—Ms. B 6: le sire de Condon, messire Jehan de Caumont. Fº 503.
P. 160, l. 19 et 20: Longheren.—Ms. B 3: Lengoiren.
P. 160, l. 20: Rosem.—Ms. B 3: Rosan.
P. 160, l. 21 et 22: Geronde.—Ms. B 4: Gironde. Fº 161 vº.
P. 160, l. 21: Bernadet de Labreth.—Ms. B 3: Bernardet d’Albret.
P. 160, l. 22: Beus.—Ms. B 3: Buch.
P. 161, l. 3: hostoiier.—Ms. B 4: hostier. Fº 161 vº.—Ms. B 3: passer. Fº 174 vº.
§ 357. P. 161, l. 4: A ce conseil.—Ms. d’Amiens: Et passèrent (le prince de Galles et les Anglais) assés priès de le bonne chité de Thoulouse, et y vinrent si marescal escarmuchier, et boutèrent le feu ens ès fourbours. Et puis passèrent oultre, et s’en vinrent logier à Montgisart, une bonne ville et grosse, mais elle n’estoit adonc point fremmée: si fu de ces Englès arsse, courue et robée. Et de là il vinrent à Avignoulet, qui estoit fremmée de murs de terre. Si se missent li homme de dedens à deffensce; mès chil archier, qui traioient si roit et si dur, ne les laissoient aprochier à garittes. Si fu la ditte ville de Avignoulet, prise, concquise et toutte arse, et y eut grant occision d’ommez et de femmez. Fº 100 vº.
P. 161, l. 7: lances.—Ms. B 6: et deux mille bidauls à piet parmy les Bernès et trois mille archiés. Fº 503.
P. 161, l. 8: Bernès.—Mss. B 3, 4: Bornès. Fº 174 vº.—Ms. B 5: Biernois. Fº 367.
P. 161, l. 13: gué.—Ms. B 6: et puis entrèrent en che biau plain et cras pais de Toulouse. Fº 503.
P. 161, l. 24 et 25: n’estoit.... Paris.—Ms. B 3: n’estoit pas grandement murée ne que Paris. Fº 174 vº.
P. 161, l. 29: feus.—Ms. B 6: car point n’y avoit de frumeté. Et fist tantost lettres escripre et messaigiers monter pour senifier l’estat des Englès à monseigneur Jaques de Bourbon, connestable de Franche, qui se tenoit à Limoge et là faisoit son asamblée de gens d’armes pour aler contre les Englès et deffendre le pais. Mais anchois qu’il y peuist parvenir, ly Englès et les Gascon eulrent villainement escardé le bon pais de Toulonsein, le senescaudie de Carquasonne, le terre de Limous et le visconté de Nerbonne, sy comme vous orés chy après. Fos 503 et 504.
P. 162, l. 22: usé.—Ms. B 3: rusez. Fº 175.—Ms. B 5: maniers. Fº 367.
P. 162, l. 26: d’Ermignach.—Le ms. B 3 ajoute: pour doubte.
P. 163, l. 2: Charcassonne.—Ms. B 4: Carcasone. Fº 162.
P. 163, l. 7: recuevre.—Ms. B 4: recouvre.
P. 163, l. 7: d’estrain.—Ms. B 3: de paille.
P. 163, l. 8: à grant dur.—Ms. B 3: à grant peine.
P. 163, l. 12: prendable.—Ms. B 3: prenable.
P. 163, l. 16: veurent.—Ms. B 6: et estoit le marisal de l’ost le conte de Wervich et messire Jehan de Caumont de Gascongne, car les Gascons les conduisoient qui congnisoient le pais. Fº 505.
P. 163, l. 18: pour le feu.—Ms. B 3: pour paour du feu.
P. 163, l. 24: Avignonlet.—Mss. B 3, 5, 6: Avignolet.
P. 163, l. 27: un terne.—Ms. B 3: une petite montaigne.
P. 163, l. 29 et 30: à segur.—Mss. B 3, 4: asseur.
P. 164, l. 3: Noef Chastiel d’Auri.—Ms. B 3: Chastel Neuf d’Arry. Fº 175 vº.
§ 358. P. 164, l. 4: Tant esploitièrent.—Ms. d’Amiens: Tant chevaucièrent li Englès et li Gascon, ardant et essillant tout le pays, et concquerant villes et castiaux, qu’il vinrent jusques à le cité de Charcasonne. Fº 100 vº.
P. 164, l. 30: seans.—Ms. B 3: assise. Fº 175 vº.—Ms. B 4: saians. Fº 162.
P. 165, l. 3: cras.—Ms. B 3: gras.
P. 165, l. 9: kieutes.—Ms. B 4: keutes.—Ms. B 3: coitis.
P. 165, l. 17: Carcassonne.—Ms. B 6 ajoute: qui est chief de tout le pais. Fº 505.
§ 359. P. 165, l. 18: La ville.—Ms. d’Amiens: La ville de Carcasonne siet sus une rivierre que on appelle Aude, et est une moult grosse ville et grande, et estoit adonc. Au dessus de la ville, oultre le rivière, sus une montaigne imprendable, sciet la chité qui est forte et bien fremmée. Et là avoient les gens de Carcasonne retrait le plus grant partie de leurs femmes et enfans; et estoient tout rengiet au devant des Englès et avoient tendu kainnes au loing des rues.
Quant li princhez et ses gens furent là venu, et il eurent consideré l’estat de ces hommes qui moustroient samblant de yaux deffendre, se missent piet à terre et ordonnèrent leurs archiers et fissent passer devant. Chil archier coummenchièrent à traire de grant mannierre sus ces gens qui là estoient mal armé. Si tost que il sentirent ces saiettez, il resongnièrent et coummenchièrent à perdre terre et à laissier leurs kainnes.
Là fu messires Ustasses d’Aubrecicourt bons chevaliers, car il sailli oultre deus ou trois de ces kainnes et les concquist à l’espée sus yaulx. Que vous feroie je loing parlement? Ces kainnez furent concquises, et cil qui les gardoient, cachiet en voies. Et y eut bien deus mil de ces bons hommes mors et ochis sus le place.
Enssi fu la ville de Carcassonne prise, courue et robée; et à l’endemain, au departement dou prince, elle fu si netement arse, que oncquez n’y demoura ostel ne maison. Fº 101.
P. 165, l. 18: siet.—Ms. B 3: est assise. Fº 175 vº.
P. 165, l. 19: Aude.—Ms. B 5: Oude. Fº 367 vº.
P. 165, l. 19: au plain.—Ms. B 3: en plain.
P. 165, l. 20: de.—Ms. B 3: devers.
P. 165, l. 21: rocier.—Ms. B 6: outre le rivière, à deux trait[s] d’un arc, siet la chité de Carcasonne, qui est une des forte[s] chité[s] du monde, car elle est asise hault si comme le mont de Lan, et tout sur une roche, bien frumée de pière, de grès, de tours, de murs, de portes.... Dedens le chité estoit adonc le senescal, ung moult vaillant chevalier, et avoit avecques luy grant foison de bonnes gens d’armes. Et quoyque la ville de Carcasonne fuist grande et remplie de bourgois et de bidauls du pays, li riche et ly saiges hommes avoient leurs femmes et leurs enfans et leurs corps meismes enfrumés en la cité. Et tout chil qui ensy firent furent saige. Fº 506.
P. 165, l. 23: ne fait mies.—Ms. B 3: est forte. Fº 173 vº.
P. 165, l. 26: celi.—Ms. B 4: ce. Fº 162 vº.
P. 165, l. 27: chainnes.—Le ms. B 3 ajoute: de fer.
P. 165, l. 30: à segur.—Ms. B 4: asseur.
P. 166, l. 1: pavais.—Ms. B 3: pavois. Fº 176.
P. 166, l. 19 et 20: d’Aubrecicourt.—Ms. B 4: d’Aubregicourt. Fº 162 vº.
P. 166, l. 20: chevaliers.—Ms. B 5: jeune baceler. Fº 368.
P. 166, l. 21: ables.—Ms. B 3: abile. Fº 176.
P. 166, l. 23: le glave.—Ms. B 4: la glave. Fº 162 vº.
P. 166, l. 24 et 25: reculer.—Ms. B 4: requellier.
P. 166, l. 25: ennemis.—Ms. B 6: Assés tost après se lancha oultre ung aultre chevalier de Haynau, messire Jehan de Ghistelle, vaillant chevalier durement de grant vollenté. Et adonc compaignons ensamble chil doy chevaliers assallirent ces bidaulx fierement et y firent mervelles d’armes, car il estoient jouene et amoureus et moult hardis. Fos 508 et 509.
P. 166, l. 31: saiettes.—Ms. B 3: flèches. Fº 176.
P. 167, l. 6: à garant.—Ms. B 5: garantir.
P. 167, l. 18: trouvèrent.—Ms. B 6 ajoute: par l’espasse de trois jours. Fº 508.
P. 167, l. 18: nuis.—Ms. B 3: moys. Fº 176.
§ 360. P. 167, l. 26: Ceste cités.—Ms. d’Amiens: Si chevaucièrent li Englès le chemin de Nerbonne, et vinrent par deviers une ville que on appelle Tèbres. Si se logièrent li Englès de haulte heure sus celle rivierre de Tèbres, et robèrent et ardirent toutte le ville et le pays d’environ. Et puis chevauchièrent viers le ville de Cabestan, qui siet à deus lieuwez de Nerbonne.
Quant chil de Besiers et de Monpelier entendirent que li princhez de Gallez cevauçoit si efforciement et approchoit leurs mettes, et avoit pris en son venant tant de villez et de castiaux, si furent grandement effraé, et envoiièrent le plus grant partie de leurs biens en Avignon à sauf garant et ou castel de Aigemorte et de Biauquaire.
Tant esploitièrent li Englèz qu’il vinrent devant Kabestain, une ville durement rice et où on fait tout le sel que on aleuwe en celui pays; si l’environnèrent et se appareillièrent pour le assaillir. Quant chil de le ville virent venu le prinche et ses gens devant leur ville, si furent moult esbahy et doubtèrent tout à perdre, corps et avoir. Si se avisèrent sagement et demandèrent trieuwez au prince, et que il pewissent parler au seigneur de Labreth. Li prinches leur acorda. Adonc se traist li sirez de Labreth avant, et demanda qu’il volloient dire. Il dissent que c’estoient povres gens et mal usé de gueriier, et que li prinches ewist pité d’iaux, parmy tant que ce voiaige il lez volsist respiter, et il li donroient vingt mil florins. Li sires de Labreth dist et respondi qu’il en parleroit vollentiers au prince. Si en parla, et en pria pour tant que il l’avoient demandé par fianche. Li prinches eult consseil que il lez prenderoit et leur donroit trieuwez pour celle saison, parmi vingt mil florins que il devoient envoiier, où que li princhez fust, dedens quatre jours, et de ce delivrèrent il bons hostaiges.
Apriès ce fait et ordonné, li princes et ses gens se departirent de Kabestain et prissent le chemin de Nerbonne, et ne veurent adonc aller plus avant en aprochant Montpelier, car on leur dist que li connestablez de Franche y estoit, qui faisoit là ung grant amas de gens d’armes, et ossi li comtez d’Ermignach d’autre part à Toulouse. Fº 101.
P. 167, l. 27: Carsaude.—Ms. B 4: Charsaude. Fº 163.
P. 167, l. 30: maçonnement.—Ms. B 3: maçonnerie.
P. 168, l. 6: et le.—Mss. B 4, 5: de le.
P. 168, l. 10: bastions.—Mss. B 3, 4: biens.
P. 168, l. 18: aise.—Le ms. B 3 ajoute: quant ilz vouloient. Fº 176 vº.
P. 168, l. 23: à non ardoir.—Ms. B 3: affin qu’ilz ne fussent ars ne assailliz.
P. 168, l. 26: route.—Ms. B 3: compaignie.
P. 169, l. 4: bruis.—Ms. B 3: brouys. Fº 176 vº.—Ms. B 4: brulés. Fº 163.
P. 169, l. 7: à segur.—Ms. B 3: asseurés.—Ms. B 4: asseur.
P. 169, l. 12: Biaukaire.—Ms. B 3: Belkaire.
P. 169, l. 17: le sel.—Ms. B 6: de quoy tout le pais de environ vit. Fº 509.
P. 169, l. 25: quarante mil escus.—Ms. B 6: vingt cinq mille moutons. Fº 509.
P. 169, l. 26: pourveance.—Ms. B 3: terme. Fº 176 vº.—Ms. B 4: pourveanche. Fº 163.
P. 169, l. 32: assalli.—Ms. B 6: Sy passa oultre (le prince de Galles), et alèrent ses coureulx jusques à Besiers et jusques à Saint Thiberi, et point ne passèrent la rivière de delà, et prist son chemin devers Nerbonne. Adonc estoit le connestable de Franche, messire Jaques de Bourbon, venu à Monpellier à grant foison de gens d’armes, et encores l’en venoit il tout les jours. Et atendoit le conte de Erminach, le conte de Commignes, le conte de Pieregort, le conte de Laille, le visconte de Quarmain et grant foison de bons chevaliers de Gascongne, de Roherge, d’Agens et de Toulouse qui estoient mis as camps. Sy entendy le dit congnestable, entreus qu’il estoit à Monpellier, que ly bourgois de Kabestain s’estoient racheté devers le prinche, mais ilz n’avoient point encore paiiés les deniers. Sy s’aresta le dit connestable sur che et dist à l’Archeprestre: «Prendés jusques à cinq cens combatans et en alés à Kabestain, et aydiés à conforter la ville. Et se ly Englès y reviennent, sy le tenez contre yaulx, et je vous conforteray, comment qu’il soit.»
Adonc se party ly Archeprestre, et grant foison de bons chevaliers et escuiers avecques luy, du pais d’Auvergne et de Limosin, et se vinrent mettre en la ville de Kabestain. Et fist tantost les hommes de la ville entendre à yaulx fortefier et faire grans fossés et parfons. Et y ouverèrent nuit et jour plus de quatre mille hommes comme à fossés et as portes et as garites, et moult le renforchèrent. De tout che ne savoit riens le prinche qui se tenoit au bourcq de Nerbonne, et faisoit la chité de Nerbonne moult fort assallir, et sejournoit là en atendant son paiement, mais il estoit mal aparliés. Fos 509 et 510.
P. 170, l. 2: au bourch.—Ms. B 3: aux faulx bourgs. Fº 176 vº.
§ 361. P. 170, l. 3: A Nerbonne.—Ms. d’Amiens: Or vint li prinches de Galles à tout son effort devant Nerbonne, [où] il y a ville et cité. Adonc estoit la ville, qui sciet sus le rivière d’Aude, foiblement fremmée. Si furent tantost li Englèz dedens, et moult petit dura contre yaux. Les bonnes gens de le ville avoient retrait le plus grant partie dou leur en le cité, femmes et enfans. Et là estoit li viscontez de Nerbonne et fuison de chevaliers et d’escuiers que il y avoit assambléz pour aidier à garder et deffendre le chité.
Sachiés que li Englès ne reposèrent gaires ou bourcq de Nerbonne, quant il y furent venu; mès se traissent tantost à l’assault à la dite cité de grant vollenté. Et sejourna li prinches et touttes ses gens ou dit bourcq cinq jours, mès tous les jours il y eult cinq ou six assaux à le chité. Si le deffendirent li gentilz hommez qui là estoient, si vaillamment que riens n’y perdirent; autrement elle ewist estet concquise. Là en dedens aportèrent chil de Kabestain leur raençon, et paiièrent as gens dou prinche et eurent leurs hostaiges.
Quant li prinches et ses gens virent que point il ne conquerroient la chité de Nerbonne, où il tendoient à venir et au concquerre, si eurent consseil de partir et se deslogièrent. Au deslogement du prinche, li bours de Nerbonne fu tous ars. Si chevauchièrent le chemin de Lymous, qui est une bonne ville et grosse, en le marce nerbonnoise; si le prissent et fustèrent et y conquissent grant avoir, et puis Villefrance et Montroial et pluisseurs autres grosses villez en celi pays. Et avoient tant d’avoir que li varlès ne faisoient compte de draps ne de pennes, fors d’or et d’argent et de vaissiel d’argent. Fº 101.
P. 170, l. 3: Nerbonne a.—Ms. B 3: par lors avoit. Fº 176 vº.
P. 170, l. 7: Cippre.—Ms. B 4: Napple. Fº 163 vº.
P. 170, l. 11: Nerbonne.—Ms. B 6: et messire Engascons ses frères et ung de leurs oncles bon chevalier. Fº 511.
P. 170, l. 16: canonneries.—Ms. B 3: chanoynies. Fº 177. Ms. B 5: chanoinenies. Fº 368 vº.
P. 170, l. 19: florins.—Ms. B 5: livres. Fº 368 vº.
P. 170, l. 21: cras.—Ms. B 3: fertilz. Fº 177.
P. 170, l. 30: trois mil.—Ms. B 3: quatre mil.
P. 171, l. 7: jours.—Ms. B 6: Quant che vint au sixième jour, le prinche demanda à son consail se on n’avoit oyt nulles nouvelles de chaus de Cabestain; on ly respondy que nannil. De che fut le prinche tous esmervilliés. Adonc fist il partir Fauchon le hirault, et luy dist qu’il chevauchast jusques à là et demandast à chiaus de Cabestain pour quoy il avoient fally de couvenenches et qu’il marchandoient de eulx faire tous ochire et exillier. Le hirault se party et chevaucha tant qu’il vint à Cabestain. Sy trouva comment chil de la ville estoient fortifié de grans fossés et parfons et de bons pallis. Sy fist son messaige à cheaus qu’il trouva à le barière. Il luy respondirent tout promptement que au prinche n’avoit que faire de sejourner pour che ens ou pays, car d’argent n’aroit il point. Che fut toute le response qu’il firent et qu’il raporta arière à son maistre.
Quant le prinche entendy che, sy fut moult courouchiés et fist moult tost partir ses marescaus à tout cinq cens hommes d’armes et trois mille archiés, et leur dist qu’il mesissent Cabestain en fu et en flame et sans deport, et toutes les gens à l’espée sans merchy. Et tant chevauchèrent les gens du prinche qu’il vinrent devant Cabestain. Sy le trouvèrent trop renforcie et bien garnie de bonnes gens d’armes et d’artillerie qui commenchèrent fort à traire contre les Englès. Quant il les virent aprochier et abrochier leurs chevaulx, adonc se retirèrent ung poy arrière les deux marisaus englès qui là estoient et le sires de Labreth, et firent retraire leur gens. Sy avisèrent et ymaginèrent le forche de chiaus de Cabestain et le foison de gens d’armes qui dedens estoient. Sy dirent bien entre aulx, tout consideret, que à l’asallir on pouroit plus perdre que gaignier. Il s’en partirent et s’en retournèrent à Nerbonne devers le prinche et ly recordèrent tout che que il avoient veu et trouvé. Et adonc se tint le prinche pour decheus de chiaulx de Cabestain et demanda consail à ses chevaliers quel chose il en feroit, sy il chevaucheroit plus avant ou pais et se il lairoient Nerbonne, car à assallir le chité ne poroit gaire conquerre, car trop estoit forte et bien gardée.
Sy fut dit et conseilliet pour le milleur et plus honourable, à l’avis des plus saiges, que il se retrairoient tout bellement et saigement, car pour celle saison il avoient assés avant chevauchiet ens ou pais, et sy estoient chergiet durement de grant avoir qu’il avoient conquis, tant que cars et sommiers en estoient chergiet, et ossy de bons prisonniers dont il en orent grant rainchon. Sy faisoit bon tout che mettre en garde et à sauveté. D’aultre part, il avoient entendu que le connestable de Franche, le conte de Forès, le conte d’Erminac et tous les barons et chevaliers du pais s’asambloient. Sy pourroient bien tant demorer que [à] leur retour le chemin leur seroit estroit, et que chil seigneur de Franche dessus nommés leur tauroient leur passaige de le Geronde par où il leur couvenoit passer: sy quez, tout pourpeset et consideret, le prinche regarda que on le consilloit loyaument. Sy fist ung jour crier et assavoir en son ost que tout fut tourset et chergiet, car au matin il volloit partir.
Celle nuit entendirent toutes manières de gens à yaulx ordonner et apparelier selonc le cry du prinche, et se deslogèrent au matin: dont chilz de Nerbonne furent moult joieulx, car il avoient esté six jours en grant esmay. Sy chevauchèrent les Englès devers une bonne ville, que on clame Limous, où on fait les pines, ung aultre chemin qu’il n’estoient point venus devers Toulouse. Quant il parfurent venu devers Toulouse et qu’il furent jusques à là, sy trouvèrent la dite ville de Limous bien garnie et bien pourveue selonc l’usaige du pais. Pour che ne demora mie que il ne l’assallisent fierement. Et chil qui dedens estoient se deffendirent che qu’il porent selon leur povoir, et se tinrent du matin jusques à heures de viespres; mais finablement elle fut prise et toute robée et gastée sans deport. Et y gaignèrent ly Englès et ly Gascons moult grant avoir et pluiseurs bons prisonniers.
Che mesme jour vinrent ly conte d’Erminac, le conte de Pieregoth, le conte de Laille, le conte de Comminges, le viés conte de Quarmaing, le conte de Villemur, le viés conte de Thalar, le viés conte de Murudon, le sire de Labarde et pluiseurs aultres grans seigneurs de Gascongne, en l’ost de monseigneur Jaques de Bourbon, connestable de Franche, qui estoit venus à Besiers à tout son grant ost. Quant tout ces contes furent asamblé, il furent grant gens yauls bien trente mille, c’uns que aultres, et eurent consail qu’il yroient au devant des Englès et les encloroient entre le Geronde et les montagnes de Roherge. Sy se mirent tous à camps à grant esploit et vinrent l’endemain à Cabestain. Fº 511 à 515.
P. 171, l. 7: redemption.—Ms. B 3: rençon. Fº 177.
P. 171, l. 9: à non ardoir.—Ms. B 3: pour paour d’estre ars.
P. 171, l. 31: Bediers.—Ms. B 4: Besieres. Fº 163 vº.
P. 172, l. 5: pont.—Ms. B 3: port.
P. 172, l. 6: fait.—Le ms. B 4 ajoute: on.
P. 172, l. 6: pines.—Ms. B 3: pignes.—Ms. B 4: pures. Fº 163 vº.
P. 172, l. 21: Jakemon.—Ms. B 3: Jacques.
P. 172, l. 28: Charcassonne.—Ms. B 3: Cabansonne.—Ms. B 5: Terrascon. Fº 369.
§ 362. P. 173, l. 5: Quant li princes.—Ms. d’Amiens: Si se retraist adonc li prinches à tout son concquès en Bourdelois, sans avoir nul rencontre. Ne oncques li connestablez de France ne li comtez d’Ermignach ne li empechièrent son voiaige; mès, se il fuissent un peu plus demoré, sans faulte il l’ewissent combatu, car il avoient et eurent sus les camps à une journée plus de trente mil armures de fier. Mès li prinches et ses gens se retraissent si à point que oncquez il ne virent l’un l’autre. Enssi se deffist et desrompi celle grosse chevauchie. Et parlerons des aucunez avenues qui avinrent en celle saison ou royaumme de Franche, qui durement le grevèrent et afoiblirent. Fº 101.
P. 173, l. 5: Quant.—Ms. B 6: Et ly Englès se partirent de le ville de Limous che meismes jour et s’en vinrent à Montaral, où il avoit assés bonne ville et forte; mais pour che que elle seoit en leur chemin, il ne le volloient pas espargnier. Sy l’asallirent et prirent par forche et le pillèrent toute, et s’y logèrent le jour et le nuit. Et là seurent il, par les prisonniers qu’il prirent, que le connestable de Franche et le conte d’Erminac et tout grant puissanche les sievoient à grant puisanche, et estoient plus de trente mille hommes à cheval, sans les bidaus qui estoient à piet à tout gravelos et pavais.
Adonc se consillèrent les Englès et Gascons quel chose il feroient, se il les atenderoient ou se il retourneroient arière en leur pais. Sy trouvèrent en leur consail, tout consideré et ymaginet, que il se retourneroient au plus tost que il pouroient et metteroient leur avoir conquis et leurs prisonniers à sauveté au plus hastivement qu’il pouroient, et n’entenderoient à nule ville à asallir. Si se partirent de Montaral et prirent le chemin des montaignes et s’en vinrent vers Fougans. Et les Franchois passèrent le rivière d’Aude à Carquasonne et s’en vinrent après yaulx à grant esploit; mais oncques ne se peurent tant esploitier que les Englès ne furent deus journées devant yaulx. Et passèrent le Pont Sainte Marie desoubz Toulouse la rivière de Geronde, et s’en revinrent en leur pais tous sauvement en Bourdelois, et y amenèrent leur grant avoir.
Quant le connestable de Franche, le conte de Forès, le conte d’Erminac et les aultres seigneurs de Franche et Gascons virent que les Englès en estoient allet et repasset la rivière de Geronde, et que poursievir ne leur valloit riens, il se retrairent tout bellement. Et donna le connestable toute[s] les gens d’armes congiet, car il veoit bien que pour celle saison il n’en avoit plus à faire et ordonna que chascun signeur ralast en son lieu. Et il meismes s’en revint en Franche, et le conte d’Erminac à Toulouse: ensy se departy celle grose armée.
Or avint ung pau après que, quant ces choses furent ung pau apaisies et les seigneurs revenut en leur maisons, le conte d’Erminac, qui se tenoit à Toulouse, estoit moult fort en hayne de chiaus de Toulouse, pour tant que ly Englès avoient passé et rapassé le Geronde sans estre combatus. Et tant se mouteplia cheste murmure que ung jour tout ly chitoiiens de la ville s’armèrent et assamblèrent et s’en vinrent, tout d’un acord, au castiel de Toulouse, pour le prendre à forche, et le conte d’Erminac qui dedens se tenoit, et y livrèrent moult grant assault. Le conte d’Erminac, qui dedens estoit à privée maignie, entendy comment les hommes de le ville estoient là venu pour luy prendre à forche et ochire. Sy fut moult esbahis et se fist hors mettre en une corbaille par une des fenestre[s] sur les camps ens ès fosés, et ung seul sien escuier avecq luy, et se sauva par celle manière. Tant asallirent chil de la chité le castiel qu’il l’enforchièrent et entrèrent dedens. Et prirent les gens du conte d’Erminac et en ochirent douze, desquelz il volrent. Entre lesquels il y eult quatre bons chevaliers du consail et du pais au dessus dit conte, qui adonc n’en peult avoir aultre chose. Mais le dit conte depuis deffia chiaus de Toulouse et les greva tellement qu’il furent tous joieulx que il luy porrent amender che meffait à se vollenté plainement. Fos 515 à 518.
P. 173, l. 7: estoit.—Ms. B 3: est. Fº 177 vº.
P. 173, l. 11: sus le fiance.—Ms. B 3: pour la seurté.
P. 173, l. 11: eut.—Ms. B 3: avoit.
P. 173, l. 16: Fougans.—Ms. B 3: Fouganx.—Ms. B 4: Fougians. Fº 164.—Ms. B 5: Fondans. Fº 369.
P. 173, l. 17: Rodais.—Ms. B 3: Rodès.
P. 174, l. 1: adonc.—Ms. B 3: alors.
P. 174, l. 2: toutdis dou pieur.—Ms. B 3: tousjours du pire.
P. 174, l. 6: les.—Ms. B 3: leurs.
P. 174, l. 8: menroit.—Le ms. B 3 ajoute: par.
§ 363. P. 174, l. 15: Nous nos.—Ms. d’Amiens: Vous avés bien chy dessus oy recorder comment li roys de France hayoit en coer le jone roy de Navare, quel samblant qu’il li moustrast, pour le cause de son connestable. Si avint, assés tost apriès que ceste cevauchie fu faite dou prinche de Gallez en le Langhe d’ock, que li roys de France fu trop mallement dur enfourmés contre lui. Et seurent adonc moult peu de gens dont chilx nouviaux mautalens venoit, mès il fu trop grans et trop mervilleux, et moult cousta puisedi au royaumme de Franche.
Ung jour, en quaresme, environ Pasquez, estoit Carlez, dus de Normendie, ainnés filz dou roy Jehan, ens ou castiel de Roem, et là donnoit à disner le dit roy de Navare, son serourge, le comte de Harcourt, le signeur de Graville et pluisseurs autres. Et y devoit y estre messires Phelippes de Navarre et ossi messires Godeffroit de Harcourt, mès point n’y furent.
Ensi que on seoit à table, li roys Jehans entra en la salle, lui trentime de gens tous arméz et messires Ernoulx d’Audrehen devant lui, qui traist son espée et dist enssi si hault que tout l’oïrent: «Nulz ne se mueve pour cose qu’il voie, ou je le pourfenderai de ceste espée.» Li signeur qui là estoient, quant il virent le roy de Franche venu si aïré, furent moult esbahi.
Adonc se traist li roys de Franche deviers le roy de Navarre, et s’avancha parmi la table et le prist par le kevech de sa cote, et li dist: «Sus, mauvais traistres, tu n’es pas dignes de seoir à la table de mon fil.» Et le tira si roit à lui qu’il li pourfendi jusques en le poitrinne. Là fu pris de sergans d’armez et de machiers li dis roys de Navarre, et boutéz en une cambre en prisson et li comtez de Harcourt d’autre part, et messires Jehans de Graville, et messires Maubués et Collinés de Bleville qui trençoit devant le dit roy de Navarre.
Tantost apriès disner, li roys de Franche fist decoller soudainnement le comte de Harcourt, le signeur de Graville, monsigneur Maubué et ce Colinet, sans entendre à homme, ne à sen fil le duc de Normendie, qui moult en prioit, ne à autrui; et fist de nuit amener moult villainnement le jouene roy de Navarre à Paris et bouter en Castelet, et avoecq lui ung chevalier que on appelloit messire Fricket de Frikans. Fº 101.
P. 174, l. 15: soufferons.—Ms. B 3: tairons. Fº 177 vº.
P. 174, l. 16: d’aucunes incidenses.—Ms. B 3: d’aucuns incidens.
P. 174, l. 23: et par.—Ms. B 3: de. Fº 178.
P. 174, l. 29: reprise.—Ms. B 3: prinse.
P. 174, l. 30: levèrent.—Mss. B 3, 4: levoient.
P. 175, l. 2: se revelèrent.—Ms. B 4: se rebellèrent. Fº 164 vº.—Ms. B 3: se rebella.
P. 175, l. 4: à heure.—Ms. B 3: depuis l’eure. Fº 178.
P. 175, l. 8: Jakemon.—Ms. B 3: Jaques.
P. 175, l. 9: li motion.—Ms. B 3: la commotion.
P. 175, l. 14: tel cose.—Ms. B 3: telz succides.
P. 175, l. 15: en Harcourt.—Ms. B 3: à Arecourt.
P. 175, l. 16: Roem.—Ms. B 3: Rouen.
P. 175, l. 26: otretant.—Ms. B 3: autant.—Ms. B 4: autretant. Fº 164 vº.
P. 176, l. 2: soudains.—Ms. B 3: boullant.
P. 176, l. 6: retint.—Ms. B 3: extima.
P. 176, l. 7: voloit.—Le ms. B 3 ajoute: avoir.
P. 176, l. 8: fors.—Les mss. B 3, 4 ajoutent: que.
P. 176, l. 11: sus.—Ms. B 3: contre.
P. 176, l. 17: voirs.—Ms. B 3: vray.
P. 176, l. 19: estration.—Ms. B 3: lignée.
P. 176, l. 21: veurent.—Ms. B 3: vousirent.
P. 176, l. 23 et 24: legiers à enfourmer et durs à oster.—Ms. B 3: de legière creance et fort à oster....
P. 176, l. 26: fuissent.—Ms. B 3: seroient.
P. 176, l. 30: ens ou.—Ms. B 3: dedens le.
P. 177, l. 2: l’amour et le vicinage.—Ms. B 3: pour l’amour du voisinage. Fº 178 vº.
P. 177, l. 4: Roem.—Ms. B 6: Ung jour de quaresme, environ Pasque florie, l’an mil trois cens cinquante cinq, Charles, aisnés filz du roy de Franche, duc de Normendie, estoit en son castel à Roem et donnoit à disner le roy Charlon de Navare, le conte de Harcourt, le signeur de Graville, et pluiseurs barons et chevaliers de Normendie. Fº 519.
P. 177, l. 5 et 6: ne li vorrent mies escondire.—Ms. B 3: ne le voulurent pas escondire. Fº 178 vº.
P. 177, l. 6: li.—Ms. B 3: le lui.
P. 177, l. 15: se departi.—Ms. B 6 ajoute: secretement de Paris environ à cent hommes d’armes. Fº 519.
P. 177, l. 16: à privée mesnie.—Ms. B 3: à peu de gens ses privez.
P. 177, l. 18: Roem.—Ms. B 6: armés d’un jaque de noir velours, ly vingtième, et monta les degrés de le salle là où le disner se fasoit. Sy tos que le roy de Navare le vit entrer dedens, il dist: «Sire, sire, venés boire.» Et osy firent tous ly aultres. Et se levèrent tout contre sa venue, che fu bien raison: amours ne chière nient ment. «Signeurs, ne vous mouvés, et ne soit nulz qui se mueve sur le hart!» Tantost messires Ernouls d’Andrehem saça son espée hors du fourel et dist: «Or y parra qui se mouvra.» Et tantost après che mot, le roy Jehan se lancha au roy de Navare et le prist par le quevèche et le tira parmi le table moult vilainnement et luy dist: «Certes, mauvais traites, or vous couvient morir.»
Le duc de Normendie, son aisné filz, dist: «Ha! chier sires, que es che chou que vous vollés faire! Jà savés vous qu’il est en ma compaignie et en mon ostel.»
Le roy Jehan li commanda qu’il se souffresist, et fist mener moult rudement le roy de Navare en une cambre. Et fist prendre le conte de Harcourt et monseigneur Jehan de Graville et monseigneur Maubué et Colinet de Bleville, ung escuier qui trenchoit devant le roy de Navare et les fist tout quatre decoller. Et prist encore ung moult vaillant chevalier qui estoit au roy de Navare, que on apelloit monseigneur Frichet de Fricamps, mais cestui ne fist il point morir. Et les fist amener en Chastelet à Paris. De ceste prise et de ceste justiche fu le roialme de Franche de rechief encore moult esmervilliés et moult tourblés, car nul ne savoit à dire à quelle cause ne raison le roy l’avoit fait. Fos 520 et 521.
P. 177, l. 28: vosissent.—Ms. B 3: eussent volu. Fº 178 vº.
P. 178, l. 1: contre.—Ms. B 3: envers.
P. 178, l. 3: table.—Ms. B 3: bataille.
P. 178, l. 5: kevèce.—Ms. B 3: chevesse.—Ms. B 4: koueto. Fº 165.—Ms. B 5: keute. Fº 370.
P. 178, l. 5: roit.—Ms. B 3: rudement.
P. 178, l. 22: dur.—Ms. B 3: malement.
P. 178, l. 22: sur.—Ms. B 3: contre.
P. 178, l. 26 et 27: m’en voelle amettre.—Ms. B 3: le me vueille mettre sus.
P. 179, l. 4 et 5: Friches de Frichans.—Ms. B 5: Friquet de Friquant. Fº 370.
P. 179, l. 16: trahiteur.—Ms. B 3: traittres. Fº 179.
P. 179, l. 17: descouveront temprement.—Ms. B 3: descouvrent à present.
P. 179, l. 23: estrine.—Ms. B 3: estraine.
P. 179, l. 25: vº.—Ms. B 3: voz.
P. 179, l. 26: escusance.—Ms. B 3: escusation.
P. 179, l. 27 et 28: enflamés.—Ms. B 3: enflambé.
P. 179, l. 29: contraire.—Ms. B 3: contrarieté.
P. 180, l. 12: à grasce.—Ms. B 3: en grant amour.
P. 180, l. 13: le roy des ribaus.—Ms. B 3: le bourreau.
P. 180, l. 20: cesti.—Ms. B 3: à cellui là.
P. 180, l. 22: baselaire.—Ms. B 3: badelaire.
§ 364. P. 180, l. 29: Ces nouvelles.—Ms. d’Amiens: Encorres estoit li roys de France à Roem quant ces nouvelles vinrent à monsigneur Phelippe de Navarre et à monsigneur Godefroy de Harcourt, qui furent mout courouchiés de ceste avenue, et envoiièrent tantost deffiier le roy de Franche. Et li manda li dis messires Phelippes de Navarre ensi que il se gardast bien que il ne fesist morir son frère, et que jammais n’aroit paix à lui, et que point ne penssast à avoir les villez et castiaux de Normendie que il tenoit, ensi que il avoit euv la terre au comte de Ghinnez que il avoit fait morir sans raison, car nulz n’en aroit. Fº 101 vº.
P. 180, l. 30 et 31: Godefroi de Harcourt.—Le ms. B 5 ajoute: oncle du dit conte de Harcourt. Fº 370.
P. 181, l. 12: amettre de.—Mss. B 3, 5: mettre à. Fº 179 vº.
P. 181, l. 13 et 14: aucunement.—Mss. B 3, 4, 5: villainement.
P. 181, l. 16: sons.—Mss. B 3, 4: sommes. Fº 179 vº.
P. 181, l. 20: ne au nostre.—Ms. B 5: ne autre. Fº 370 vº.
P. 181, l. 30: cinq.—Ms. B 3: six.
§ 365. P. 182, l. 1: pensieus.—Ms. B 3: pensif. Fº 179 vº.
P. 182, l. 5 et 6: brisièrent son aïr.—Ms. B 3: refrenèrent son yre.
P. 182, l. 6: se.—Ms. B 3: son.
P. 182, l. 7 et 8: retorroit.—Ms. B 3: retiendroit.—Ms. B 4: roteroit. Fº 166.
P. 182, l. 8: la.—Ms. B 3: sa.
P. 182, l. 13: l’oir.—Ms. B 3: l’eritier.
P. 182, l. 14: Sakenville.—Ms. B 3: Saqueville.—Ms. B 4: Sakeville, fº 166.—Ms. B 5: Staukeville. Fº 370 vº.
P. 182, l. 16: passa.—Ms. B 3: portoit. Fº 179 vº.—Ms. B 4: porta. Fº 166.
P. 182, l. 25: malaises.—Ms. B 3: meschief.
P. 183, l. 5: et sur lui.... gardes.—Ms. B 3: et mis en bonnes et seures gardes.
P. 183, l. 9: entroublier.—Ms. B 3: mettre en obly.
§ 366. P. 183, l. 11: Tantost.—Ms. d’Amiens: Tantost apriès ces deffaultez, messires Phelippe de Navarre et messires Ghodeffroix de Harcourt fissent grant guerre et forte en Normendie, et saisirent tous les castiaux que li roys de Navarre y tenoit, et y missent gens de par yaux; et puis passèrent le mer et vinrent en Engleterre compter leur fait au roy d’Engleterre, et fissent grans allianchez à lui, et li rois à yaux. Et fu adonc ordonnés li dus de Lancastres que il passeroit le mer à une quantité de gens d’armes et d’archiers et venroit ariver en Constentin; et se metteroient enssamble li Englès et li Navarrois, et feroient guerre aspre et dure au royaumme de France, en contrevengant lez despis que on avoit fais au dit roy de Navare et au comte de Harcourt. Si retournèrent li dit seigneur de Normendie à Saint Sauveur le Viscomte, et fissent encore en Normendie pluisseurs alianches as autres seigneurs de leur linaige. Fº 101 vº.
P. 183, l. 13: pourveirent.—Ms. B 3: pourveurent. Fº 179 vº.
P. 183, l. 15: sus entente.—Ms. B 3: en entencion.
P. 183, l. 17: Harcourt.—Ms. B 6: biel chevalier, lequel estoit adonc chevalier et compains au duc de Normendie et ly uns des plus privés qu’il euist. Fº 521.
P. 183, l. 19: dalés.—Ms. B 3: avec. Fº 180.
P. 183, l. 20: encoupés.—Ms. B 3: encoulpez.
P. 183, l. 26 et 27: leur.... blasmes.—Ms. B 3: leur venoit à grant deshonneur.
P. 183, l. 29: lui traire.—Ms. B 3: se tirer. Fº 180.—Ms. B 4: lui retraire. Fº 166 vº.
P. 184, l. 4: sus.—Ms. B 3: contre. Fº 180.
P. 184, l. 7 et 8: denrée.—Ms. B 6: et prist les enfans du dit conte de Harcourt; trois jone filz demoret en estoient. Fº 522.
P. 185, l. 1: li uns.—Ms. B 3: les uns. Fº 180.
P. 185, l. 2: li aultres.—Ms. B 3: les autres.
P. 185, l. 13 et 14: ce present.—Ms. B 3: cest offre.
P. 185, l. 29: tiroient.—Ms. B 3: traictoient. Fº 180 vº.
P. 186, l. 3: conjoissemens.—Ms. B 3: conjonctions. Fº 180 vº.
P. 186, l. 5: conseil.—Ms. B 6: Et fu adonc ordonné et acordé que le duc de Lencastre passerait la mer à cinq cens hommes d’armes et quinze cens archiés et s’en yroit en Normendie avecq les dessus diz seigneurs pour faire guerre au roy de Franche. A ches parolles entendy et fist faire ung mandement et delivra au duc de Lenclastre son cousin cinq cens hommes d’armes et quinze cens archiés. Et là estoient avecques luy d’Engleterre le conte de la Marche, le conte de Pennebourc, messire Jehan le visconte de Biaumont, messire Gautiet de Mauny, le sire de Moubray, le sire de Ros, le sire de Fil Watier, messire Jehan Boursier, messire Jehan de Vanthone et pluiseurs aultres chevaliers et escuiers. Sy montèrent en mer et vinrent ariver en Normandie en Coustantin sur le pooir de messire Godefroy de Harcourt. Sy commenchèrent bien avant en Normendie, et ardoient villes et maisons, et firent moult forte guerre envers l’Assension l’an mil trois cens cinquante six. Fº 523.
§ 367. P. 186, l. 11: Depuis.—Ms. d’Amiens: Entroes se pourvei li dus de Lancastre de gens d’armes et d’archiers, et avoit en se route quatre cens hommez d’armes et huit cens archiers. Là estoient avoecq lui d’Engleterre li comtez de le Marche, li comtes de Pennebruc, messires Jehans, viscomtez de Biaumont, messires Baucestre, messires Jehan de Lantonne et pluisseur aultre. Si montèrent en mer à ung port d’Engleterre que on dist Wincesée, et arivèrent en Normendie et droit à Chierebourc.
Là estoient messires Phelippes de Navarre, messires Godefroix de Harcourt et bien mil hommez d’armes. Si se conjoïrent cil seigneur grandement quant il se trouvèrent, et rafresquirent là quatre jours. Entroes il se appareillièrent et envoiièrent leurs coureurs devant; si coummenchièrent à faire une forte guerre, et vinrent ces gens d’armes faire frontière à Ewruez.
Quant li roys Jehans de France eut entendu que li dus de Lancastre estoit arivés en Normendie, et là venu sus le conduit à monseigneur Phelippe de Navarre et à monseigneur Godeffroi de Harcourt, et avoient jà leurs gens chevauchiet et ars et destruit dou pays de Normendie environ Kem et en l’evesquié d’Ewrues, si y vot pourveir de remède, et fist tantost et sans delay ung très especial et grant mandement à estre à Biauvais et à Poissi sus Sainne, et que nuls ne s’escusast sus se honneur et à perdre corps et avoir; car il volloit cevaucier sus les Englèz et les Navarois qu’il tenoit pour ennemis, et yaux combattre.
Au mandement dou roy obeirent tout chevalier et escuier, ce fil bien raisons; et montèrent amont viers Biauvais, où li mandement se faisoient, d’Artois, de Vermendois, de Cambresis, de Flandrez, de Haynnau et de Pikardie. D’autre part, il revenoient de Campagne, de Barrois, de Lorainne, de Braibant et de Bourgoingne.
Meysmement li roys se parti de Paris cointousement avoecq ses marescaux, monsigneur Ernoul d’Andrehen et monsigneur Bouchicau, et s’en vint à Mantez sus Sainne pour mieux moustrer que la besoingne li touchoit. Et envoya adonc le roy de Navarre, que il avoit fait tenir en prison dedens Castelet à Paris, à Crievecoeur en Cambresis, une très forte place, et le delivra as bonnes gardes et leur recarga sus leur honneur.
Quant le roy de France eut tous ses gens assambléz, si en eut bien soissante mil, ungs c’autrez, et estoit en grant vollenté de trouver sez ennemis et d’iaux combattre. Si se mist as camps efforciement au lés deviers Ewruez, car on li dist que li annemis chevauçoient et avoient jà passé Vrenuel et Vrenon.
Quant li dus de Lancastre et li autre entendirent cez nouvelles, que li roys de Franche venoit sus yaux quoitousement et avoit en se routte plus de soissante mil hommes as armez, si se avisèrent et consillièrent enssamble, et dissent entr’iaux qu’il n’estoient mies fors assés pour atendre tel numbre de gens d’armes que li rois menoit; si se retraissent tout bellement deviers Constentin. Et les pourssuiwirent li roys et li Franchois par trois jours, et venoient toudis au soir là où il avoient disné. Fos 101 vº et 102.
P. 186, l. 12: dus.—Les mss. B 3 à 5 ajoutent: Henri.
P. 186, l. 20: recueilla.—Ms. B 3: recueillit. Fº 180 vº.—Mss. B 4: requella. Fº 167.
P. 186, l. 22 et 23: et devers.—Ms. B 3: pour venir.
P. 187, l. 9: Gauville.—Ms. B 3: Graville. Fº 180 vº.
P. 187, l. 9 et 10: Carbeniaus.—Ms. B 3: Carbonneau.—Ms. B 4: Carbonniaux.—Ms. B 5: Carboniau. Fº 371.
P. 187, l. 12: Foudrigais.—Ms. B 3: Foudrigas.
P. 187, l. 12: de Segure.—Ms. B 3: de Seure.
P. 187, l. 13: François.—Ms. B 4: Franchois. Fº 167.
P. 187, l. 18: Aquegni.—Ms. B 3: Aquegnyes.
P. 187, l. 20: essil.—Ms. B 3: exil.
P. 187, l. 22: qui n’en attendoit.—Ms. B 3: qui ne doubtoit.
P. 187, l. 23: jetté.—Ms. B 3: mis.
P. 188, l. 7: Vrenon.—Mss. B 3, 4: Vernon. Fº 181.
P. 188, l. 9: Vrenuel.—Ms. B 3: Vernueil.
P. 188, l. 16 et 17: aprendre dou couvenant.—Ms. B 3: savoir des nouvelles. Fº 181.
P. 188, l. 18: entours.—Ms. B 3: autour de.—Ms. B 4: entour. Fº 167 vº.
P. 188, l. 25: ou droit esclos.—Ms. B 3: tout ès flotz.
P. 189, l. 9: aigrement.—Ms. B 3: hastivement.
P. 189, l. 13: comparer.—Ms. B 3: comprer.
P. 189, l. 16: l’Aigle.—Ms. B 3: l’Agle.
P. 189, l. 24: en uns biaus plains.—Ms. B 3: en ung beau plain.
P. 190, l. 2: trop.—Ms. B 3: très.
P. 190, l. 24: Carbeniaus.—Ms. B 3: Carbonneau.
P. 190, l. 25: de Segure.—Ms. B 3: de Seure.
P. 190, l. 25: Foudrigais.—Ms. B 4: Soudrigans. Fº 168.
P. 190, l. 26: de Spargne.—Ms. B 3: d’Espaigne. Fº 181 vº.
P. 190, l. 26: Fallemont.—Ms. B 4: Sallemont. Fº 168.
P. 190, l. 28: Radigos.—Ms. B 4: Rodiges.
P. 191, l. 18: très.—Ms. B 3: dès. Fº 181 vº.
§ 368. P. 191, l. 24: Li rois.—Ms. d’Amiens: Quant li roys de Franche vei que nuls n’en aroit et qu’il fuioient devant lui, si laissa le cache et s’en vint mettre le siège devant le ville et le chité d’Ewruez. A Ewrues a ville, chité et castiel, qui pour le tens se tenoit dou roy de Navarre. Et en estoit chappittainne ungs chevaliers de Navare, qui s’appelloit messires Jehans Carbeniaux, apers hommes d’armes durement. Si assega li roys de France enssi Ewruez et y fist pluisseurs grans assaux et fors, et constraindi moult chiaux de le ville.
En ce tamps que li siègez se tenoit devant Ewruez, chevauchoit en le Basse Normendie, environ Pontourson, messires Robers Canollez, qui jà estoit mout renoumméz, et tenoit grant route et tiroit à venir deviers le duch de Lancastre pour renforchier leur armée, et avoit bien trois cens combatans englès, allemans et gascons, qui li aidoient à gueriier. Quant il entendi que li dus de Lancastre estoit retrès, et messires Phelippes de Navare, si se retraist ossi et s’en vint asegier, entre Bretaingne et Normendie, un castiel que on appelloit Danfronth.
Li roys Jehans de Franche, qui se tenoit devant Ewruez, fist tant que cil de le ville d’Ewruez li ouvrirent leurs portez, et entrèrent ses gens dedens, mès pour ce n’eurent il mies le chité ne le castiel; car les gens d’armes navarois se retraissent layens et se deffendirent mieux que devaut, et s’i tinrent depuis moult longement, tant qu’il coummenchièrent moult à afoiblir de pourveances. Quant il virent qu’il ne seroient reconforté de nul costé, et que li roys de France ne se partiroit point de là, si les aroit, si coummenchièrent à tretiier deviers les marescaux. Et se portèrent tretiet enssi que il se partiroient, cil qui partir se voroient, le leur devant yaux, et non plus ne autrement, et se trairoient quel part qu’il voroient. Li roys de Franche, qui là se tenoit à grant frait, leur acorda, car encorrez y avoit fuisson de castiaux à prendre, dont se partirent messires Jehans Carbeniaux et li Navarroix, et se traissent tout dedens le fort castiel de Bretoeil. Et li roys de Franche fist prendre le possession de Ewrues par ses marescaux. Fº 102.
P. 191, l. 27: devant.—Mss. B 3, 4: devers. Fº 181 vº.
P. 191, l. 27: d’Evrues.—Mss. B 4, 5: d’Ewrues. Fº 168.
P. 192, l. 2: le poursieute.—Ms. B 3: la poursuite.
P. 192, l. 6: avant.—Mss. B 3, 4: devant.
P. 192, l. 10: assés.—Le ms. B 3 ajoute: de nouvelle.
P. 192, l. 15: apressé.—Ms. B 3: oppressez.—Ms. B 4: appressés. Fº 168.
P. 192, l. 18: le.—Ms. B 4: les.
P. 192, l. 18: si.... prist.—Ms. B 3: conseillé de les prendre à mercy.
P. 193, l. 1: apressé.—Ms. B 3: oppressez. Fº 182.
P. 193, l. 8: Carbiniel.—Mss. B 3, 4: de Carbonnel.
P. 193, l. 9: Guillaume de Gauville.—Ms. B 6: Et trop bien le garda et le deffendy messire Carbeniaus, et ossy messire Pière de Sakenville, qui y sourvint à tout quarante lanches. Encores estoit le duc de Lenclastre, messire Phelippe de Navare et messires Godefrois de Harcourt, en Normendie; et gerrioient le pais vers Pontoise et devers Bretaigne, et y firent en ce tamps moult de damaige. D’aultre part, avoit une grant guerre sur le pais de Bretaigne, entre Auvergne et Limosin, qui se commença à monter, que on appelloit Robert Canolle, et gerrioit et rançonnoit durement le pais. Fº 528.
P. 193, l. 9: Gauville.—Ms. B 3: Graville. Fº 182.
P. 193, l. 9: sist.—Ms. B 3: demoura.
P. 193, l. 14: sauvement traire.—Ms. B 3: aller à sauveté.
P. 193, l. 26: reut.—Ms. B 3: reeut.
P. 193, l. 28: Gauville.—Ms. B 3: Graville.
§ 369. P. 193, l. 30: Apriès.—Ms. d’Amiens: Et puis alla (le roi Jean) par devant le castiel de Routtez; se n’y furent que six jours quant il se rendirent. Et de là endroit li roys de Franche et ses gens vinrent devant le fort castiel de Bretuel; si le assegièrent de tous costéz, car on le poet bien faire pour tant qu’il siet à plainne terre. Si y fist li roys de France amener des grans enghiens de le chité de Roem, et les fist lever devant le forterèche. Et jettoient chil enghien jour et nuit au dit castiel et moult le grevèrent, mèz cil qui dedens estoient, se tinrent comme vaillans gens.
Dou dit castiel de Bretuel estoit souverains et cappittainnes, de par le roy de Navarre, uns très bons escuiers navarois qui s’appelloit Sansses Lopins. Chilz tint, deffendi et garda la fortrèce contre lez Franchois plus de sept sepmainnez. En ce terme et priès chacun jour y avoit pluisseurs assaux et moult d’escarmuches et des grans appertisses d’armes faittes. Et furent tout empli li fossé de environ le fortrèce, de bos et de velourdez que on y fist par les villains dou pays amenner et chariier rés à rés de la terre. Et quant on eut cela fait, on fist lever et carpenter ung grant escaufaut et amener à roez jusquez as murs dou dit castel; et avoit dedens deux cens qui se vinrent combattre main à main à chiaux de dens. Là veoit on tout le jour grans appertisses d’armes. Finablement, chil de dens trouvèrent voie et enghien, par quoy chilz escauffaux fu tous desrous; et y eut perdu de chiaux de dedens pluisseurs bonnes gens d’armez, dont che fu dammaigez. Si les laissa on ester de cel assaut, et lez constraindi on d’autrez enghiens qui jettoient pierres et mangonniaux nuit et jour à le dite fortrèce. Fº 102.
P. 194, l. 1: par devant.—Ms. B 3: par devers.
P. 194, l. 2: siège.—Ms. B 6: Dou dit castiel de Bretuel estoit souverain capitaine de par le roy de Navare ung très bon escuiers navarois, qui s’apelloit Sanses Lopins. Chil deffendy et garda le fortresse plus de douze sepmaines. Fº 525.
P. 194, l. 4: plentiveus.—Ms. B 3: plantureux. Fº 182.—Ms. B 4: plentureux. Fº 168 vº.
P. 194, l. 11: livrées.—Mss. B 3, 4: livres.
P. 194, l. 12: homs.—Ms. B 3: vassal et homme subget.
P. 194, l. 14: dan.—Ms. B 3: damp.
P. 194, l. 15: Chastille.—Mss. B 3, 4: Castille.
P. 194, l. 17: saus.—Ms. B 3: saultz.—Ms. B 4: sauls.
P. 194, l. 20: soutillier.—Ms. B 3: subtilizer.
P. 194, l. 23: yaus.—Ms. B 3: à leurs adversaires.
P. 194, l. 28: berfroit.—Ms. B 3: beufroit.—Ms. B 4: bierefroit.—Ms. B 5: beffroy. Fº 372 vº.
P. 195, l. 1: cat.—Ms. B 3: chat.
P. 195, l. 2: Entrues.—Ms. B 3: Cependent. Fº 182 vº.
P. 195, l. 5: reverser.—Ms. B 3: renverser.
P. 195, l. 5 et 6: estrain.—Ms. B 3: paille.
P. 195, l. 10: bierefroi—Ms. B 3: beufroy.
P. 195, l. 19: cel berfroi.—Ms. B 4: ce biaufroy. Fº 169.
P. 195, l. 29 et p. 196, l. 10: Et de.... cose.—Toute cette fin du § 369 manque dans le ms. B 5.
P. 195, l. 28: ensonniièrent.—Ms. B 3: mirent en neccessité.
P. 195, l. 30: ou toit.—Ms. B 3: au cuyr.—Ms. B 4: ou cuier.
P. 196, l. 8: à tous lés.—Ms. B 3: de tous coustés.
§ 370. P. 196, l. 11: En ce temps.—Ms. d’Amiens: Li prinches de Galles se tenoit en le chité de Bourdiaux et eut desir de chevauchier en Franche si avant que de passer le rivierre de Loire, et de venir en Normendie deviers son cousin le duc de Lancastre, qui faisoit la guerre pour les Navarrois, car bien estoit informés et segnefiés que il avoit grans aliances entre le roy son père et monseigneur Phelippe de Navarre. Si fist tout le temps ses pourveancez de touttez coses. Et quant li Sains Jehans aprocha, que li bleds sont sur le meurir et qu’il fait boin hostoiier, il se parti de Bourdiaux à belle compaignie de gens d’armes, trois mille armures de fier, chevaliers et escuiers, tant d’Engleterre comme de Gascoingne, car d’estraigniers y eut petit, et estoient quatre mille archiers et six mille brigans de piet.
Or vous voeil compter les plus grant partie des seigneurs qui en ceste chevauchie furent, et premierement d’Engleterre: li comtez de Warvich, li comtes de Sufforch (chil estoient li doy marescal de l’hoost), et puis li comtes de Sallebrin et li comtes d’Askesufforch, messires Renaux de Gobehen, messires Richars de Stamfort, messires Jehans Camdos, messires Bietremieux de Broues, messires Edouars Despenssiers, messires Estievenes de Gouseigon, li sires de le Warre, messirez Jamez d’Audelée, messires Pières d’Audelée, ses frèrez, messires Guillaume Fil Warine, li sirez de Bercler, li sires de Basset, li sires de Willebi; Gascons: li sires de Labret, lui quatrime de frèrez, messires Ernaut, messires Ainmemon, et Bemardet li mainnés, li sirez de Pumiers, lui tiers de frèrez, messires Jehans, messires Helies et messires Ainmemons, li sirez de Chaummont, li sirez de l’Espare, li sirez de Muchident, messires Jehans de Grailli, cappittainnes de Beus, messires Aimeris de Tarse, li sirez de Rosem, li sirez de Landuras, li sirez de Courton. Et encorres y furent d’Engleterre messires Thummas de Felleton et Guillaummes, ses frères, et li sirez de Braseton. Et se y furent li sires de Salich et messires Danniaux Pasèle; et de Haynnau: messires Ustasses d’Aubrechicourt et messires Jehans de Ghistellez. Encorrez y eut pluisseurs chevaliers et escuiers que je ne puis mies tout noummer. Si se departirent de le chité de Bourdiaux à grant arroy, et avoient très grant charroy et grosses pourveanches de tout ce que il besongnoit à gens d’armes. Et chevauçoient li seigneur à l’aise de leurs cevaux trois ou quatre lieuwez par jour tant seullement, et entrèrent en ce bon pays d’Aginois et s’adrechièrent pour venir vers Rochemadour et en Limozin, ardant et essillant le pays. Et quant il trouvoient une crasse marce, il y sejournoient trois jours ou quatre, tant qu’il estoient tout rafresci et leurs chevaux. Et puis si chevauchoient plus avant et envoioient leurs coureurs courir et fourer le pays entours yaulx bien souvent dix lieuwez de large à deux costés. Et quant il trouvoient bien à fourer, il demoroient deux jours ou troix et ramenoient en leur host grant proie de touttez bestes, dont il estoient bien servi; et largement trouvoient de vins plus qu’il ne leur besongnast, dont il faisoient grant essil. Ensi chevaucièrent tant par leurs journées qu’il entrèrent en Limozin; si trouvèrent le pays bon et gras, car, en devant ce, il n’y avoit euv point de guerre.
Ces nouvellez vinrent au roy de France, qui se tenoit devant Evrues, coumment li Englèz li ardoient et essilloient son pays. Si en fu durement courouchiéz, et se hasta moult d’assaillir et constraindre ciaux du castiel d’Evruez, affin que plus tost il pewist chevauchier contre ses ennemis. Tant lez appressa li roys Jehans, que messires Jehans Carbiniaux, cappitaines d’Evrues, rendi le dit castiel parmy che qu’il s’en pooit partir, lui et li sien, sauvement et sans peril, et portèrent tout ce qui leur estoit. A ce tretié s’acorda li roys Jehans plus legierement pour ce qu’il volloit chevauchier ailleurs; si prist le fort castiel d’Evrues et envoya dedens son marescal monseigneur Ernoul d’Audrehen pour ent prendre le saisinne, et mist ung chevalier à cappittainne de par lui, de Kaus, qui s’appelloit messire Tournebus. Et puis deffist son siège et s’en revint à Roem, et ne donna à nullui congiet, car il volloit ses gens emploiier d’autre part. Si ne sejourna gairez à Roem, mèz s’en vint à Paris. Fº 102 vº.
Or avint que li sirez de Montegny en Ostrevant, qui s’appelloit Robers, li et uns siens escuiers qui se noummoit Jakemez de Winclez allèrent un jour à heure de relevée esbattre sus ces terréez autour dou castiel pour adviser et regarder le fortrèce. Si allèrent trop follement, car il furent apercheu de ciaux de le garnison; si yssirent hors aucuns compaignons par une posterne qui ouvroit sus lez fossés. Là furent assailli li sirez de Montegny et sez escuiers, et combatu tellement que pris li sirez et mors li escuiers: de laquelle prise li roys Jehans fu durement courouchiés, mès amender ne le peult tant qu’à ceste fois. Ne demoura gairez de tamps apriès que chil de dedens eurent consseil d’iaux rendre, sauve leurs viez et le leur, car il virent bien qu’il ne seroient secouru ne comforté de nul costé. Si tretiièrent deviers le roy Jehan si doucement qu’il lez prist à merchy, et se partirent sans dammaige du corps, mès il n’enportèrent riens dou leur, et si rendirent tous leurs prisonniers: parmy ce rendaige fu li sirez de Montegny delivrés. Enssi eult li roys Jehans le fort castel de Bretuel, que li Navarois avoient tenu contre li moult vaillamment. Si emprist li dis roys le saisinne et possession, et le fist remparer et y mist gens et gardez de par lui, et puis se retraist devers le chité de Chartrez et touttes ses hoos pour yaux rafrescir. Or parlerons dou prince de Galles, et d’un grant esploit d’armez et haute emprise qu’il fist en celle saison sus le royaumme de France. Fº 102.
P. 196, l. 12: se departi.—Ms. B 6: Le prinche de Galles se tenoit à Bourdiau et eult desir de chevauchier en Franche et sy avant, che disoit, que de passer la rivière de Loire et venir en Normendie devers son cousin le duc de Lenclastre et monseigneur Phelippe de Navare, pour aydier à reconquerre les castiaulx perdus que le roy Jehan avoit pris sur l’irtaige du roy de Navare. Sur celle entente et en celle meisme saison que le roy de Franche avoit mis le siège devant Bretuel, environ le Saint Jehan Baptiste l’an mil trois cens cinquante six que les blés et les avaines sont meurs à camps et qu’il fait bon ostoiier pour hommes et pour chevaulx, sy party le dit prinche de Bourdiaus à belle compaignie de gens d’armes, trois mille lanches de chevaliers et d’escuiers de Gascongne et de Engleterre et quatre mille archiés et cinq mille bidaus et brigans de piet.
Or vous voel jou nommer la plus grant partie des signeurs qui en che voiaige furent, et prumiers: d’Engleterre, le conte de Wervich, le conte de Sallebry, le conte de Sufort, le conte d’Asquesouffort, messire Renaus de Gobehem, messire Richart de Stanfort, messire Jehan Candos, messire Bertran de Bruch, le droit sire Despensier, messire Edouart, messire Estiène de Gonsenton, messire Gillame Fil Warine, messire James, messire Pières d’Audelée, le sire de le Ware, le sire de Willeby, le sire de Berclo, messire Thomas et messire Guillaume de Fellton, le sire de Brasertons; et de cheulx de Gascongne: le sire de Labret, luy quatrième de frères, messire Ernault, messire Amemons et Bernaudet le maisné, le sire de Pumiers, luy troisième de frères, messire Jehan, messire Helies et messire Ammemons, le sire de Caumont, le sire de Lespare, messire Jehan de Grailly le capital de Beus, messire Aimery de Tharse, le sire de Muchident, le sire de Condon, le sire de Salich, messire Daniaus Pasèle; et deus chevaliers de Haynau: messire Eustasses d’Aubrechicourt, messire Jehan de Ghistellez, et pluiseurs aultres chevaliers que escuiers, que je ne puis mies tous nommer. Et se partirent de Bourdiaus en grant arroy et en bonne conduite. Et estoient marisal de l’ost le conte de Wervich et le conte de Suffort, et avoient très grant caroy et très belles pourveanches. Si chevauchèrent chil signeurs et leur ost à petite[s] journées à l’aise de leurs chevaulx, et s’esploitèrent tant qu’il entrèrent en Berry, où il trouvèrent bon pais et cras; se s’y arestèrent et sy commenchièrent à faire moult de desroy. Fos 528 à 530.
P. 196, l. 13: sus Garone.—Ms. B 3: sur Gironde. Fº 182 vº.
P. 196, l. 14: pourveances.—Ms. B 3: provisions.
P. 196, l. 17: et.... Bretagne.—Ms. B 3: devers les frontières de Navarre.
P. 196, l. 19: li rois.—Le ms. B 3 ajoute: d’Angleterre.
P. 196, l. 21: istance.—Ms. B 3: entention.
P. 196, l. 23: parmi.—Ms. B 3: sans.
P. 197, l. 2: Bregerach.—Ms. B 3: Bragerac.
P. 197, l. 2: et puis.... Roerge.—Ms. B 3: et puis entrèrent ou pais de Rouergue.
P. 197, l. 8: essilliet.—Ms. B 3: exillé.
P. 197, l. 8: Auvergne.—Ms. B 4: Avergne. Fº 169.
P. 197, l. 10: d’Allier.—Ms. B 5: d’Aliec. Fº 372 vº.
P. 197, l. 13: Des.... trouvoient.—Ms. B 4: De vivres recouvroient tant li Englès et li Gascon que il....
P. 197, l. 18: efforciement.—Ms. B 3: à grant puissance. Fº 183.
P. 197, l. 27: Montegni.—Ms. B 3: Montigny.
P. 197, l. 27: Ostrevant.—Ms. B 6 ajoute: qui estoit biau chevalier, preu et hardis. Fº 525.
P. 197, l. 31: au matin.—Ms. B 3: devers le matin.
P. 197, l. 32: perceu.—Ms. B 3: aparceuz.—Ms. B 4: percheu. Fº 169 vº.
P. 198, l. 3 et 4: deffendirent.—Le ms. B 3 ajoute: vaillamment.
P. 198, l. 5: conforté.—Ms. B 3: secouruz.
P. 198, l. 6: peril.—Ms. B 3: dangier.
P. 198, l. 8: parmi.—Ms. B 6: le roielle du genoul. Fº 526.
P. 198, l. 15 et 16: confors.—Ms. B 3: secours.
P. 198, l. 20: tanés.—Ms. B 3: ennuyé. Fº 183.—Ms. B 5: tenné. Fº 373.
P. 198, l. 24: yaus.—Ms. B 6: sur leur chevaulx. Et ensy fu le castiel de Bretuel pris, et rendirent le sire de Montigny qui maisement avoit esté poursongniés et medechinés de se blechure en prison: dont il demora afollés d’une gambe, tant qu’il vesqui. Fº 527.
P. 198, l. 25: Chierebourch.—Ms. B 3: Cherbourg.
P. 198, l. 26: conduit.—Ms. B 3: leur saufconduit.
P. 198, l. 27: le saisine.—Ms. B 3: la possession.
P. 198, l. 30: les pensoit.... part.—Ms. B 5: avoit entencion de les emploier assez briefment. Fº 373.