Chroniques de J. Froissart, tome 04/13 : $b 1346-1356 (Depuis le siège de Calais jusqu'à la prise de Breteuil et aux préliminaires de la bataille de Poitiers)
SUPPLÉMENT AUX VARIANTES.
Le texte que nous publions ci-après comme supplément aux variantes de ce volume, est fourni par les mss. A ou mss. de la première rédaction proprement dite[302]; il correspond à cette partie des mss. B ou mss. de la première rédaction revisée où Froissart raconte les événements compris entre les années 1350 et 1356, c’est-à-dire aux paragraphes 321 à 370 inclusivement. Ce texte n’est que la reproduction, parfois abrégée[303], le plus souvent littérale[304], des Grandes Chroniques de France, à tel point que le savant qui voudra donner un jour une édition critique de ce dernier ouvrage, devra comprendre cette partie des mss. A dans son travail de classification et de collation. Toutefois, comme le fragment emprunté aux Grandes Chroniques par les mss. A, qui sont au nombre de 40, est devenu en quelque sorte partie intégrante de ces manuscrits, comme il figure à ce titre dans les éditions de Vérard, de Sauvage, de Dacier, et même dans la première édition de Buchon, il a semblé indispensable de le reproduire, au moins comme supplément, dans une édition complète des Chroniques de Froissart.
§§ 321 à 370.—Mss. A[305]: En l’an mil trois cens cinquante, en l’entrée du mois d’aoust, se combati monseigneur Raoul de Caours et plusieurs autres chevaliers et escuiers jusques au nombre de six vingt hommes d’armes ou environ, contre le capitaine du roy d’Engleterre en Bretaigne appellé messire Thomas d’Augorne, anglois, devant un chastel appelé Auroy. Et fu le dit messire Thomas mort, et toutes ses gens jusques au nombre de cent hommes d’armes ou environ.
Item, au dit an trois cens cinquante, le dymenche vingt deuxième jour du dit mois d’aoust, le dit roy de France mourut à Nogent le Roy près de Coulons; et fu apporté à Nostre Dame de Paris. Le jeudi ensievant, fut enterré le corps à Saint Denis, au costé senestre du grant autel; et les entrailles en furent enterrées aus Jacobins de Paris; et le cuer fu enterré à Bourfontaine en Valois.
Item, ou dit an, le vingt sixième jour de septembre, un jour de dimenche, fu sacré à Reins le roy Jehan, ainsné filz du dit roy Phelippe. Et aussi fu couronnée le dit jour la royne Jehanne, femme au dit roy Jehan. Et là fist le dit roy chevaliers, c’est assavoir Charles son ainsné, dalphin de Vienne, Loys, son second filz, le conte d’Alençon, le comte d’Estampes, monseigneur Jehan d’Artoys, messire Phelippe, duc d’Orliens, frère du dit roy Jehan et duc de Bourgoingne, filz de la dite royne Jehanne de son premier mari, c’est assavoir de monseigneur Phelippe de Bourgoingne, le comte de Dampmartin et plusieurs autres. Et puis se parti le dit roy de la dite ville de Reins le lundi au soir et s’en retourna à Paris par Laon, par Soissons et par Senlis. Et entrèrent les diz roy et royne à Paris à très belle feste le dimanche dix septième jour d’octobre après ensievant après vespres; et dura la feste toute celle sepmaine. Et puis demora le roy à Paris à Neelle au Palais jusques près de la Saint Martin ensievant, et fist l’ordenance de son parlement.
Item, le mardi seizième jour de novembre après ensievant, Raoul, conte d’Eu et de Guines, conestable de France, qui nouvellement estoit venu d’Engleterre, de sa prison en laquelle il avoit esté depuis l’an quarante six qu’il avoit esté pris à Caen, fors tant qu’il avoit esté eslargi pour venir en France par plusieurs fois, fu pris en l’ostel de Neelle à Paris, là où le dit roy Jehan estoit, par le prevost de Paris, du commandement du roy; et ou dit hostel de Neelle fu tenu prisonnier jusques au jeudi ensievant dix huitième jour du dit mois de novembre. Et là, à heures de matines dont le vendredi adjourna, en la prison là où il estoit, fu decapité, presens le duc de Bourbon, le conte d’Armignac, le conte de Monfort, monseigneur Jehan de Boulongne, le seigneur de Revel et plusieurs autres chevaliers et autres qui, du commandement du roy, estoient là: lequel estoit au Palais. Et fu le dit connestable decapité pour très grans et mauvaises traisons qu’il avoit faites et commises contre le dit roy de France Jehan, lesquelles il confessa en la presence du duc d’Athènes et de plusieurs autres de son lignage. Et en fu le corps enterré aus Augustins de Paris hors du moustier, du commandement du dit roy, pour l’onneur des amis du dit connestable.
Item, ou mois de janvier après ensuiant, Charles de Espaigne, à qui le dit roy Jehan avoit donné la conté d’Angolesme, fu fait par celui roy connestable de France.
Item, le premier jour d’avril après ensuiant, se combati monseigneur Guy de Neelle, mareschal de France, en Xantonge à plusieurs Anglois et Gascons; et [fu[306]] le dit mareschal et sa compaignie desconfiz. Et y fu pris le dit mareschal, messire Guillaume son frère, messire Ernoul [d’Audrehen[307]] et plusieurs autres.
Item, le jour de Pasques flouries qui furent le dixième jour d’avril l’an mil trois cens cinquante, fu presenté à Gille Rigaut de Roici, qui avoit esté abbé de Saint Denis, et de nouvel avoit esté fait cardinal, le chappeau rouge, au Palais, à Paris, en la presence du dit roy Jehan, par les evesques de Laon et de Paris, et par mandement du pape fait à eulz par bulle: ce qui n’avoit point acoustumé à estre faiz autres foiz, mais fu par la prière du dit roy Jehan.
Item, en ycelui an mil trois cens cinquante un, ou moys de septembre, fu recouvrée des François la ville de Saint Jehan d’Angeli que les Anglois avoient tenue cinq ans ou environ; et fu rendue par les gens du roy anglois, pour ce qu’ilz n’avoient nulz vivres, et sans bataille aucune.
Item, en ycelui an mil trois cens cinquante un, ou mois d’octobre, fu publiée la confrairie de la Noble Maison de Saint Oin près de Paris par le dit roy Jehan. Et portoient ceulz qui en estoient chascun une estoille en son chaperon par devant [ou[308]] en son mantel.
Item, en ycelui an cinquante un, fu la plus grant chierté de toutes choses que homme qui vesquist lors eust onques veue, par tout le royaume de France, et par especial de grains; car un sextier de froment valoit à Paris par aucun temps en la dite année huit livres parisis, un sextier d’avoine soixante sous parisis, un sextier de pois huit, et les autres grains à la value.
Item, en ycelui an, ou dit mois d’octobre, le jour que la dite confrarie seist à Saint Oin, comme dit est, fu prise la ville de Guines des Anglois durans les trèves.
Item, en ycelui an, fu fait le mariage de monseigneur Charles d’Espaigne, lors connestable de France, auquel le dit roy Jehan avoit donné la conté d’Angolesme, et de la fille de monseigneur Charles de Blois duc de Bretaigne.
En l’an mil trois cens cinquante deux, la veille de la Nostre Dame en aoust, se combati monseigneur Guy de Neelle, seigneur d’Offemont, lors mareschal de France, en Bretaigne. Et fu le dit mareschal occis en la dite bataille, le sire de Briquebec, le chastellain de Beauvais et plusieurs autres nobles, tant du dit pais de Bretaigne comme d’autres marches du royaume de France.
Item, en ycelui an trois cens [cinquante deux[309]], le mardi quatrième jour de decembre, se dot combatre à Paris un duc d’Alemaigne appellé le duc de Bresvic contre le duc de Lencastre, pour paroles que le dit duc de Lencastre devoit avoir dittes du dit duc de Bresvic: dont il appella en la court du roy de France. Et vindrent le dit jour les deux ducs dessus nommez en champ touz armés pour combatre en unes lices qui pour celle cause furent faites ou Pré aus Clers, l’Alemant demandeur et l’Anglois deffendeur. Et jà soit ce que le dit Anglois fust ennemi du dit roy Jehan de France, et que par sauf conduit il fust venu soy combatre pour garder son honneur, toutesvoies le dit roy de France ne souffri pas qu’i[l] se combatissent. Mais depuis qu’ilz orent fait les seremens, et qu’ilz furent montés à cheval pour assembler, les glaives ès poings, le roy prist la besoingne sur lui et les mist à acort.
Item, en icelui an trois cens cinquante deux, le jeudi sixième jour de decembre, mourut le pape Clement VIe à Avignon, lequel estoit en l’onzième an de son pontificat.
Item, le mardi du dit mois de decembre, fu esleu en pape, environ heure de tierce, un cardinal limosin que l’on appeloit par son tiltre [de cardinal[310]] le cardinal d’Ostie; mais pour ce qu’il avoit esté evesque de Cleremont, l’en appelloit plus communement le cardinal de Clermont. Et fu appellé Innocent; et par son propre nom estoit appelé messire Estienne Aubert.
Item, l’an mil trois cens cinquante trois, le huitième jour de janvier, assés tost après le point du jour, monseigneur Charles, roy de Navarre, et conte d’Evreux, fist tuer en la ville de l’Aigle en Normendie, en une hostellerie, monseigneur Charles d’Espaigne, [lors[311]] connestable de France. Et fu le dit connestable tué en son lit par plusieurs gens d’armes que le dit roy de Navarre y envoia: lequel demora en une granche au dehors de la dite ville de l’Aigle jusques à ce que ceulz qui firent le dit fait retournèrent par devers lui. Et en sa compaignie estoient, si comme l’en disoit, messire Phelippe de Navarre son frère, messire Jehan conte de Harecourt, son frère messire Loys de Harecourt, messire Godeffroy de Harecourt leur oncle, et pluseurs chevaliers et autres de Normendie comme Navarrois et autres.
Et après se retraist le roy de Navarre et sa compaignie en la cité d’Evreux dont il estoit conte, et là se garni et enforça. Et avec lui se alièrent pluseurs nobles, par especial de Normendie, c’est assavoir les dessus nommés de Harecourt, le seigneur de Hambuie, messire Jehan Malet seigneur de Graavile, messire Amalry de Meulent et pluseurs autres.
Et assés tost après se transporta le dit roy de Navarre en sa ville de Mante, qui jà paravant avoit envoié lettres closes à pluseurs des bonnes villes du royaume de France et aussi à grant conseil du roy, par lesquelles il escripvoit qu’il avoit fait mettre à mort le dit connestable pour pluseurs grans meffais que le dit connestable lui avoit fais, et envoia le conte de Namur par devers le roy de France à Paris.
Et depuis le roy de France envoia en la dicte ville de Mante par devers le roy de Navarre pluseurs grans hommes, c’est assavoir messire Guy de Bouloingne cardinal, monseigneur Robert Le Coq evesque de Laon, le duc de Bourbon, le conte de Vendosme et pluseurs autres: lesquielx traitièrent avec le dit roy de Navarre [et] son conseil. Car jà soit ce que icelui roy eust fait mettre à mort le dit connestable, si comme dessus est dit, il ne lui souffisoit pas que le roy de France de qui il avoit espousé la fille lui pardonnast le dit fait, mais faisoit pluseurs requestes au dit roy de France son seigneur.
Et cuida l’en bien ou royaume de France que entre les deux rois dessus dis deust avoir grant guerre; car le dit roy de Navarre avoit fait grans aliances et grans semonces en diverses regions, et si garnissoit et enforçoit ses villes et chasteaulz. Finablement, après pluseurs traittiez, fu fait accort entre les deux roys dessus dis par certainnes manières dont aucuns des poins s’ensuient. C’est assavoir que le dit roy de France bailleroit au dit de Navarre vingt huit [mil] livres à tournois de terre, tant pour cause de certainne rente que ledit de Navarre prenoit sur le tresor à Paris comme pour autre terre que le dit roy de France lui devoit asseoir par certains traittiez faiz lonc temps avoit entre les deux predecesseurs des deux roys dessus dis pour cause de la conté de Champaigne, tant aussi pour cause de mariage du dit roy de Navarre qui avoit espousée la fille du dit roy de France: par lequel mariage lui avoit esté promise certainne quantité de terre, c’est assavoir douze mil livres à tournois. Pour lesquelles trente huit mille livres de terre le dit roy de Navarre veult avoir la conté de Beaumont le Rogier, la terre de Breteul en Normendie, de Conches et d’Orbec, la vicomté de Pont Audemer et le balliage de Costantin. Lesquelles choses lui furent accordées par le roy de France, jà soit ce que la dicte conté de Beaumont et les terres de Conches, de Bretueil et d’Orbec fussent à monseigneur Phelippe, frère du dit roy de France, qui estoit duc d’Orleans: auquel duc le dit roy bailla autres terres en recompensacion de ce.
Oultre couvint accorder au dit roy de Navarre, pour paix avoir, que les dessus dis de Harecourt et tous ses autres aliez entreroient en sa foy, se il leur plaisoit, de toutes leurs terres de Navarre, quelque part qu’elles fussent ou royaume de France; et en aroit le dit roy de Navarre les hommages, se ilz vouloient, autrement non. Oultre lui fu accordé que il tendroit toutes les dictes terres avec celles qu’il tenoit paravant en partie, et pourroit tenir eschiquier deux fois l’an, se il vouloit, aussi noblement comme le duc de Normendie. Encore lui fu accordé que le roy de France pardonrroit à tous ceulz qui avoient esté à mettre à mort le dit connestable, la mort d’icelui. Et ainsi le fist, et promist par son serement que jamais, pour occasion de ce, ne leur feroit ou feroit faire vilenie ou dommage. Et avec toutes ces choses ot encores le dit roy de Navarre une grant somme d’escus d’or du dit roy de France. Et avant ce que le dit roy de Navarre voulsist venir par devers le roy de France, il couvint que l’en lui envoiast par manière d’ostage le conte d’Anjou, second filz du dit roy de France.
Et après ce vint à Paris à grant foison de gens d’armes, le mardi quatrième jour de mars ou dit an trois cens cinquante trois, vint le dit de Navarre en parlement pour la mort du dit connestable, comme dit est, environ heure de prime, et descendi ou Palais. Et puis vint en la dicte chambre de parlement, en laquèle estoit le roy en siège et pluseurs de ses pers de France avec ses gens de parlement et pluseurs autres de son conseil, et si y estoit le dit cardinal de Bouloingne. Et en la presence de tous pria le dit roy de Navarre au roy que il lui voulsist pardonner le dit fait du dit connestable; car il avoit eue bonne cause et juste d’avoir fait ce qu’il avoit fait: laquelle il estoit prest de dire au roy lors ou autres fois, si comme il disoit. Et oultre dist lors et jura que il ne l’avoit fait en [contempt[312]] du roy ne de son office, et qu’il ne seroit de riens si courroucié comme d’estre en l’indignacion du roy.
Et ce fait monseigneur Jacques de Bourbon, connestables de France, du commandement du roy, mist la main au dit roy de Navarre; et puis si le fist l’en traire arrière. Et assés tost après Jehanne, ante, et la royne Blanche, seur du dit roy de Navarre, laquelle Jehanne avoit esté femme du roy Charles, et la dicte Blanche avoit esté femme du roy Phelippe derrenier trespassés, vindrent en la presence du roy, et lui firent la reverence, en eulz enclinant devant lui. Et adonc monseigneur Regnaut de Trie, dit Patroulart, se agenoulla devant le roy et lui dist tèles paroles en substance: «Mon très redoubté seigneur, veez cy mes dames la royne Jehanne, Blanche, qui ont entendu que monseigneur de Navarre est en vostre male grace, dont elles sont forment courrouciées. Et pour ce sont venues par devers vous et vous supplient que vous lui vueilliez pardonner vostre mautalent; et, se Dieu plaist, il se portera si bien envers vous que vous et tout le pueple de France vous en tenrés bien contens.»
Les dictes paroles dictes, les dis connestable et mareschalx alèrent querre le dit roy de Navarre et le firent venir de rechief devant le roy, lequel se mist ou milieu des dictes roynes. Et adonc le dit cardinal dist les paroles qui ensuient en substance: «Monseigneur de Navarre, nul ne se doit esmerveillier se le roy monseigneur s’est tenu pour mal content de vous pour le fait qui est avenu, lequel il ne convient jà que je le die; car vous l’avez si publié par vos lettres et autrement partout que chascun le scet. Car vous estes tant tenu à lui que vous ne le deussiés avoir fait: vous estes de son sanc si prochain comme chascun scet; vous estes son homme et son per, et se avez espousée madame sa fille, et de tant avés plus mespris. Toutesvoies, pour l’amour de mes dames les roynes qui cy sont, qui moult affectueusement l’ent ont prié, et aussi pour ce qu’il tient que vous l’avés fait par petit conseil, il le vous pardonne de bon cuer et de bonne voulenté.» Et lors les dictes roynes et le dit roy de Navarre, qui mist le genoul à terre, en [mercièrent[313]] le roy. Et encore dist lors le dit cardinal que aucun du lignage du roy ou autre ne se aventurast d’ores en avant de faire telz fais comme le dit roy de Navarre avoit fait; car vraiement s’il avenoit, et feust le filz du roy qui le feist du plus petit officier que le roy eust, si en feroit il justice. Et ce fait et dit, le roy se leva et la court se departi.
Item, le vendredi devant la mi quaresme après ensuivant vingt unième jour de mars, un chevalier banneret de basses marches, appellé messire Regnaut de Prissegny, seigneur de Marant près de la Rochelle, fu trainé et puis pendu ou gibet de Paris par le jugement de parlement et de pluseurs du grant conseil du roy.
Item, l’an mil trois cens cinquante quatre, environ le mois d’aoust, se reconsilièrent au roy de France les dis conte de Harecourt et monseigneur Loys son frère, et lui deurent moult reveler de choses, si comme l’en disoit; et par especial luy devoient reveler tout le traittié de la mort du dit monseigneur Charles d’Espaingne, jadis connestable de France, et par qui ce avoit esté.
Et assés tost après, c’est assavoir ou mois de septembre, se parti de Paris le dit cardinal de Bouloingne et s’en ala à Avignon. Et disoit l’en communement qu’il n’estoit point en la grace du roy, jà soit ce que paravant, bien par l’espace d’un an qu’il avoit demouré en France, il eust esté tous jours avec le roy si privé comme povoit estre d’autre.
Et en ce temps se departi messire Robert de Lorris, chambellan du roy, et se absenta tant hors du royaume de France comme autre part. Et disoit l’en communement que, se il ne se feust absenté, il eust villenie et dommage du corps; car le roy estoit courroucié et moult esmeu contre luy, mais la cause fu tenue si secrète que pou de gens la sceurent. Toutesvoies disoit l’en qu’il devoit avoir sceu la mort du dit connestable avant qu’il feust mis à mort, et qu’il devoit avoir revelé au dit roy de Navarre aucuns consaulz secrès du roy, et que toutes ces choses furent revelées au roy par les dis conte de Harecourt et messire Loys son frère.
Item, assés tost après, c’est assavoir environ le moys de novembre, l’an cinquante quatre dessus dit, le dit roy de Navarre se parti de Normendie et se ala latitant en divers lieus jusques en Avignon.
Item, en ycelui moys de novembre, partirent de Paris l’arcevesque de Rouen, chancellier de France, le duc de Bourbonnès et pluseurs autres, pour aler en Avignon. Et y alèrent le duc de Lencastre et pluseurs autres Anglois, pour traittier de paix devant le pape entre les roys de France et d’Engleterre.
Item, en ycelui mois de novembre, l’an dessus dit, parti le roy de Paris et ala en Normandie et fu jusques à Caen et fist prendre et mettre toutes les terres du dit roy de Navarre en sa main et instituer officiers de par luy et mettre gardes ès chasteaulz du dit roy de Navarre, excepté en six, c’est assavoir Evreux, le Pont Audemer, Cherebourc, Gavray, Avranches et Mortaing: lesquels ne lui furent pas rendus; car il avoit dedens Navarrois qui respondirent à ceulz que le roy y envoia que ilz ne les rendroient, fors au roy de Navarre leur seigneur qui les leur avoit bailliés en garde.
Item, ou moys de janvier ensuivant, vint à Paris le dit messire Robert de Lorris par sauf conduit qu’il ot du roy et demoura bien quinze jours à Paris avant qu’il eust assés de parler au roy. Et après y parla il, mais il ne fu pas reconsilié à plain; mais s’en retourna en Avignon par l’ordenance du conseil du roy pour estre aus traittiez avec les gens du roy. Et assés tost après, c’est assavoir vers la fin de fevrier ou dit an, vindrent nouvelles que les trèves, qui avoient esté prises entre les deux roys jusques en avril ensuivant, estoient esloingniées par le pape jusques à la Nativité Saint Jehan Baptiste, pour ce que le dit pape n’avoit peu trouver voie de paix à laquelle les dis tracteurs qui estoient en Avignon, tant pour l’un roy que pour l’autre, s’i voulsissent consentir. Et envoia le pape messages par devers les dis roys sur une autre voie de traittié que celle qui avoit esté pourpalée autres fois entre les dis tractteurs.
Item, en cel an mil trois cens cinquante quatre, ou moys de janvier, fist faire le roy de France florins de fin or appellés florins à l’aignel, pour ce que en la palle avoit un aignel, et estoient de cinquante deux ou marc. Et le roy en donnoit lors qui furent fais quarante huit pour un marc de fin or, et deffendi l’en le cours de tous autres florins.
Item, en ycelui an, du dit moys de janvier, vint à Paris messire Gauchier de Lor, chevalier, comme messoge du dit roy de Navare, car devers le roy et parla à luy, et finablement s’en retourna ou moys de fevrier ensuivant par devers le dit roy de Navarre et emporta lettres de saufconduit pour le dit roy de Navarre jusques en avril ensuivant.
Item, en ycelui an, le soir de karesme prenant qui fu le dix septième jour de fevrier, vindrent pluseurs Anglois près de la ville de Nantes en Bretaingne, et en entra par eschielles environ cinquante deux dedens le chastel et le pristrent. Mais messire Guy de Rochefort, qui en estoit capitainne et estoit en la dicte ville hors du dit chastel, fist tant par assault et effort que il le recouvra en la nuit meismes; et furent tous les dis cinquante deux Anglois que mors que pris.
Item, à Pasques ensuivant qui furent l’an mil trois cens cinquante cinq, le dit roy de France Jehan envoia en Normandie Charles dalphin de Viennès, son ainsné filz, son lieutenant, et y demoura tout l’esté. Et luy ottroièrent les gens du pais de Normandie deux mil hommes d’armes pour trois mois. Et ou mois d’aoust ensuivant ou dit [an] cinquante cinq, le dit roy de Navarre vint de Navarre et descendi ou chastiel de Cherebourc en Coustentin, et avec luy environ deux mil hommes, que uns que autres. Et furent pluseurs traittiés entre les gens du roy de France, duquel le dit roy de Navarre avoit espousé la fille, et le dit roy de Navarre. Et envoièrent par pluseurs fois de leurs gens l’un des dis roys par devers l’autre.
Et cuida [l’en[314]], telle fois fu, vers la fin du dit mois d’aoust, qu’ilz deussent avoir grant guerre l’un contre l’autre. Et les gens du dit roy de Navarre, qui estoient ou chasteau d’Evreux, du Pont Audemer, en faisoient bien semblant, car ilz tenoient et gardoient moult diligemment les dis chasteaulx, et pilloient le pais d’environ comme ennemis. Et en vint aucun ou chastel de Conches qui estoit en la main du roy, et le pristrent et garnirent de vivres et de gens. Et pluseurs autres choses firent les gens du dit roy de Navarre contre le roy de France et contre ses gens. Et finablement fu fait acort entre eulz. Et ala le dit roy de Navarre par devers le dit daulphin ou chastel du Val de Reul là où il estoit, environ le seizième ou dix huitième jour de septembre ensuivant; et de là le dit daulphin le mena à Paris devers le roy. Et le jeudi vingt quatrième jour du dit mois de septembre, vindrent à Paris devers le roy ou chastel du Louvre. Et là, en la presence de moult grant quantité de gens et des roynes Jehanne, ante, et Blanche, seur, du roy de Navarre, fist ycelui roy de Navarre la reverence au dit roy de France, et s’escusa par devers le roy de ce qu’il s’estoit parti du royaume de France. Et avec ce dit l’en lui avoit rapporté que aucuns le devoient avoir blasmé par devers le roy: si requist au roy qu’il luy voulsist nommer ceulz qui ce avoient fait. Et après jura moult forment que il n’avoit onques fait chose, après la mort du connestable, contre le roy que loyaulx homs ne peust et deust faire. Et noient moins requist au roy qu’i[l] luy voulsist tout pardonner, et le voulsist tenir en sa grace, et luy promist que il luy seroit bons et loyaulx, si comme filz doit estre à père et vassal à son seigneur. Et lors luy fist dire le roy par le duc d’Athènes que il luy pardonnoit tout de bon cuer.
Item, en ycelui an mil trois cens cinquante cinq, ala le prince de Galles, ainsné filz du roy d’Engleterre, en Gascoingne, ou moys d’octembre, et chevaucha jusques près de Thoulouse et puis passa la rivière de Garonne et ala à Carcassonne, et ardi le bourc; mais il ne pot forfaire à la cité, car elle fu deffendue. Et de là ala à Nerbonne, ardant et pillant le pais.
Item, ycelui an cinquante cinq, descendi le roy [d’Engleterre[315]] à Calais en la fin du mois d’octembre, et chevaucha jusques à Hedin, et rompi le parc et ardi les maisons qui estoient ou dit parc; mais il n’entra point ou chastel ne en la ville. Et le roy de France, qui avoit fait son mandement à Amiens, tantost qu’il ot oy nouvelles de la venue du dit Anglois, se parti de la dicte ville d’Amiens où il estoit, et les gens qui y estoient avec luy, pour aler contre les Anglois. Mais il ne l’osa attendre et s’en retourna à Calaiz, tantost qu’il oy nouvelles que le roy de France aloit vers luy, en ardant et pillant le pais par lequel il passoit. Si ala le roy de France après jusques à Saint Omer et luy manda par le mareschal [d’Odeneham[316]] et par pluseurs autres chevaliers, que il se combatroit au dit Anglois, se il vouloit, corps à corps ou pooir contre pooir, à quelque jour que il voudroit. Mais le dit Anglois refusa la bataille et s’en repassa la mer en Angleterre sans plus faire à celle fois, et le roy s’en retorna à Paris.
Item, en ycelui an cinquante cinq, ou mois de novembre, le prince de Gales, après ce qu’il ot couru le pais de Bordeaux jusques près de Thoulouse et de là jusques à Nerbonne, et ars, gasté et pillié tout environ, s’en retorna à Bordeaux à toute la pille et grant foison de prisonniers, sans ce qu’il trouvast qui aucune chose luy donnast à faire. Et toutes voies estoient ou paiz pour le roy de France le conte d’Armignac, lieutenant du roy en la Langue d’oc pour le temps, le conte de Foix, messire Jaques de Bourbon, conte de Pontieu et connestable de France et messire Jehan de Clermont, mareschal de France, à plus grant compaignie la moitié, si comme l’en disoit, que n’estoit le dit prince de Galles: si en parla l’en forment contre aucuns des dessus nommés qui là estoient pour le roy de France.
Item, en la Saint Andri, en ycelui an, furent assemblés à Paris, par le mandement du roy, les prelas, les chapitres, les barons et les bonnes villes du royaume de France; et leur fist le roy exposer en sa presence l’estat des guerres, le mercredi après la dicte Saint Andri, en la chambre de parlement, par maistre Pierre de la Forest, lors arcevesque de Rouen et chancellier de France. Et leur requist le dit chancellier pour le roy qu’ilz eussent advis ensemble quel aide ilz pourroient faire au roy qui feust souffisant pour faire le fait de la guerre. Et pour ce qu’il avoit entendu que les subgiés du royaume se tenoient forment à grevez de la mutacion des monnoies, il offri à faire fort monnoye et durable, mais que l’en luy feist autre aide qui fust suffisant pour faire sa guerre. Lesquelz respondirent, c’est assavoir le clergié par la bouche de monseigneur Jehan de Craon, lors arcevesque de Reins, les nobles par la bouche du duc d’Athènes, et les bonnes villes par la bouche de Estienne Marcel, lors prevost des marchans à Paris, qu’ilz estoient tous prests de vivre, de mourir avec le roy et de mettre corps et avoir en son service, et [requistrent[317]] deliberacion de parler ensamble, laquelle leur fu octroyée.
Item, en ycelui an, le lundi veille de la Concepcion Nostre Dame, donna le roy la duchié de Normandie à Charles, son ainsné filz, daulphin de Viennes et conte de Poitiers. Et le lendemain jour de mardi et jour de la dicte feste, luy en fist le dit Charles homage en l’ostel maistre Martin de Merlo, chanoine de Paris, ou cloistre Nostre Dame.
Item, après la deliberacion eue des trois estas dessus dis, ilz respondirent au roy, en la dicte chambre de parlement, par les bouches des dessus nommés, que ilz luy feroient trente mil hommes d’armes par un an à leurs fraiz et despens: dont le roy les fist mercier. Et pour avoir la finance pour paier les dis trente mil hommes d’armes, laquelle fu estimée à cinquante cens mille livres parisis, les trois estas dessus dis ordenèrent que l’en [leveroit[318]] sur toutes gens, de quelque estat qu’ilz fussent, gens d’eglise, nobles ou autres, imposicion de huit deniers parisis pour livre de toutes denrées, et que gabelle de sel courroit par le royaume de France. Mais pour ce que l’en ne povoit lors savoir se les dictes imposicions et gabelle souffisoient, il fu lors ordené que les trois estas dessus dis [retourneroient[319]] à Paris le premier jour de mars ensuivant pour [veoir[320]] l’estat des dictes imposicion et gabelle et sur ce ordonner, ou de autre aide faire pour avoir les dictes cinquante cens mille livres, ou de laissier courir les dictes imposicion et gabelle. Auquel premier jour de mars, les trois estas dessus dis retournèrent à Paris, exceptées pluseurs grosses villes de Picardie, les nobles et pluseurs autres villes de Normandie. Et virent ceulz qui y furent l’estat des dictes imposicion et gabelle; et tant pour ce qu’elles ne souffisoient pas pour avoir les dictes cinquante cens mille livres tournois, comme pour ce que pluseurs du royaume ne s’i vouloient accorder que les dittes imposicion et gabelle courussent en leur pais et ès villes là où ilz demouroient, [ordenèrent[321]] nouviau subside sur chascune personne en la manière qui s’ensuit: c’est assavoir que tout homme et personne, fust du sanc et lignage du roy, et autre clerc ou lay, religieux ou religieuse, exempt et non exempt, hospitaliers, chiefs d’eglises ou autres, eussent rentes ou revenues, office ou administracion; femmes vesves ou celles qui faisoient chiefs, enfans mariés et non mariés qui eussent aucune chose de par eulz, fussent en garde, bail, tutelle, cure, mainburnie ou administracion quelconques; monnoiers et tous autres, de quelque estat, auctorité ou privilège que ilz usassent ou eussent usé ou temps passé,—qui auroit vaillant cent livres de revenue et au[dessus], feust à vie ou à heritage, en gages à cause d’office, en pensions à vie ou à voulenté, feroit aide ou subside de quatre livres pour le fait des dictes guerres: de quarante livres de revenue et au dessus, quarante sous: de dix livres de revenue et au dessus, vingt sous. Et au dessoubs de dix livres, soient [enfans[322]] en mainburnie au dessus de quinze ans, laboureurs et ouvriers gaaingnans, qui n’eussent autre chose que de leur labourage, feroient aide de dix sous. Et se ilz avoient autre chose du leur, ilz feroient aide comme les autres serviteurs mercenaires ou alloiiés qui ne vivoient que de leur service; et qui gaaingnast cent sous par an ou plus [feroit] semblable aide et subside de dix sous, à prendre les sommes dessus dictes à parisis, ou pais de parisis, et à tournois, ou pais de tournois. Et se les dis serviteurs ne gaaingnoient cent sous ou au dessus, ilz n’aideroient de riens, se ilz n’avoient aucuns biens equippolens, ouquel cas ilz aideroient comme dessus. Et aussi n’aideroient de rien mendians ne moines ne cloistriers sans office ou administracion, ne enfans en mainburnie soubs l’aage de quinze ans qui n’eussent aucune chose comme dessus, ne nonnains qui n’eussent en revenue au dessus de dix livres, ne aussi femmes mariées, pour ce que leurs maris aidoient; et estoit et seroit compté ce que elles aroient de par elles avec ce que leurs maris avoient.
Et quant aus clercs et gens d’eglise, prelas, abbés, prieurs, chanoines, curez et autres comme dessus, qui avoient vaillant au dessus de cent livres en revenue, fuissent benefices de sainte eglise, en patrimoine ou en l’un avec l’autre, jusques à cinq mille livres, feraient aide de quatre livres pour le[s] premiers cent livres, et pour chascunes autres cent livres jusques aus dictes cinq mille livres, quarante sous; et ne feroient de riens aide au dessus des dictes cinq mille livres ne aussi de leurs meubles; et les revenues de leurs benefices seroient prisés et estimés selonc le taux du disiesme, ne ne s’en pourraient franchir ne exempter par quelconques privilèges, ne que ilz feissent de leurs disiesmes, quant les disiesmes estoient ottroiés.
Et quant aus nobles et gens [des[323]] bonnes villes qui auroient vaillant au dessus de cent livres de revenue, les dis nobles feroient ayde jusques à cinq mille livres de revenue et noient oultre, pour chascun cent quarante [sous[324]], oultre les quatre livres pour les premiers cent livres; et les gens des bonnes villes, par semblable manière, jusques à mille livres de revenue tant seulement. Et quant aus meubles des nobles qui n’avoient pas cent livres de revenue, l’en extimeroit leurs meubles que ilz auraient jusques à la valeur de mille livres et non plus. Et des gens non nobles qui n’avoient pas quatre cens [livres[325]] de revenue, l’en extimeroit leurs meubles jusques à la value de quatre mille livres, c’est assavoir cent livres de meubles pour dix livres de revenue; et de tant feroient ayde par la manière cy dessus devisée. Et se il avenoit que aucun noble n’eust vaillant tant seulement jusques à cent livres de revenue, ne en meuble purement jusques à mille livres, ou que aucun noble ne eust seulement de revenue quatre cens livres, ne en meubles purement quatre mille livres, et ilz [eust] partie en revenue et partie en meubles, l’en regarderoit et extimeroit sa revenue et son meuble ensemble jusques à la somme de mille livres, quant aus nobles, et de quatre mille livres quant aus non nobles, et non plus.
Item, le samedi cinquième jour de mars, l’an mil trois cens cinquante cinq dessus dit, s’esmut une discencion en la ville d’Arras des menus contre les gros. Et tuèrent les menus le dit jour dix sept des plus nobles de la dicte ville, et le lundi ensuivant en tuèrent autres quatre, et pluseurs en bannirent qui n’estoient pas en la dicte ville. Et ainsi demourèrent les dis menus seigneurs et maistres d’icelle ville.
Item, le mardi cinquième jour d’avril ensuivant, fust le mardi après la miquaresme, le roy de France se parti à matin avant le jour de Meneville tout armé, accompaignié environ de cent lances, entre lesquelz estoient le conte d’Anjou son filz, le duc d’Orliens son frère, messire Jehan d’Artois conte d’Eu, messire Charles son frère, cousins germains du dit roy, le conte de Tanquarville, messire Ernoul [d’Odeneham[326]] mareschal de France et pluseurs autres jusques au nombre dessus dit. Et vint droit au chastel de Rouen par l’uis derrière, sans entrer en la ville, et trouva en la salle du dit chastel assiz au disner Charles son ainsné [fils[327]], duc de Normandie, Charles roy de Navarre, Jehan conte de Harecourt, les seigneurs de Preaux, de Graville et de Clère et de pluseurs autres. Et là fist le roy de France Jehan prendre les diz roy de Navarre, le conte de Harecourt, les seigneurs de Preaux, de Graville et de Clere, messire Lois et messire Guillaume de Harecourt, frères du dit conte, messire Forquet de Friquant, le seigneur de Tournebu, messire Maubue de Mainesmares, tous chevaliers, Colinet Doublet et Jehan de Bantalu, escuiers, et aucuns autres.
Et les fist mettre en prison en diverses chambres du dit chastel, pour ce que, depuis leur reconciliacion faite par le roy de la mort du dit connestable de France, le dit roy de Navarre avoit machiné et traittié pluseurs choses ou dommage, deshonneur et mal du roy et de son dit ainsné filz et de tout le roiaume. Et aussi le conte de Harecourt avoit dit au chastel du Val de Reul, où estoit faite assemblée pour ottroier estre faite aide au roy pour sa guerre en la duchié de Normandie, pluseurs injurieuses et orguilleuses paroles contre le roy, en destourbant de son pooir icelle aide estre acordée et mise à execucion, combien que le dit ainsné filz du roy, duc de Normandie, et le dit roy de Navarre l’eussent acordée au roy.
Et tantost après ala disner le dit roy de France. Et quant il ot disné, il et tous ses enfans son frère et ses diz cousins d’Artois et pluseurs des autres qui estoient venuz avec li, montèrent à cheval et alèrent en un champ derrière le dit chastel appellé le Champ du Pardon. Et là furent menez en deux charrètes par le commandement du roy les diz conte de Harecourt, le seigneur de Graville, monseigneur Maubue et Colinet Doublet; et là leur furent le dit jour les testes copées. Et puis furent tous quatre trainez jusques au gibet de Rouen et là furent pendus, et leurs testes mises sur le dit gibet. Et fu le dit roy de France present et aussi ses diz enfans et son frère à coper les dictes testes, et non pas au prendre. Et ce jour et lendemain jour de mercredi delivra le roy pluseurs autres qui avoient esté pris; et finablement ne demorèrent que trois: c’est assavoir le dit roy de Navarre, le dit Friquet et le dit Bantalu, lesquelz furent menez à Paris, c’est assavoir le dit roy de Navarre au Louvre, et les autres deux en Chastellet. Et depuis fut le dit roy de Navarre mis en Chastellet, et li furent bailliez aucuns du conseil du roy pour le garder. Et pour ce messire Phelippe de Navarre, frère du dit roy de Navarre, [fist garnir de gens et de vivres pluseurs des chasteaux que le dit roy de Navarre[328]] avoit en Normandie. Et jà soit ce que le roy de France mandast au dit messire Phelippe qu’i[l] li rendist les dis chasteaux, toutesvoies ne le vouloit il pas faire. Mais assemblèrent ilz et messire Godefroy de Harecourt, oncle du dit conte de Harecourt, pluseurs ennemis du roy; et les firent venir ou paiz de Costentin, lequel pais ilz tindrent contre le dit roy de France et ses gens.
Item, le mercredi vingt septième jour du dit moys d’avril, et fu le mercredi après Pasques qui furent l’an mil trois cens cinquante six, car Pasques furent lors le vingt quatrième jour d’avril, messire Ernoul [d’Odeneham], lors mareschal de France, ala en la ville d’Arras, et là, sagement et sans effort de gens d’armes, fist prendre pluseurs personnes jusques au nombre de cent et de plus de ceulz qui avoient mise la dicte ville en rebellion et murdri pluseurs des gros bourgois d’icelle ville, dont dessus est faite mencion. Et l’andemain jour de jeudi fist le dit mareschal copper les testes à vingt des dessus diz qu’il avoit fait prendre, ou marchié de la dicte ville, et les autres fist tenir en prison fermée jusques [ad ce que[329]] le roy ou li en eussent [ordené[330]] autrement. Et par ce fu mise la dicte ville en vraie obeissance du roy; et demorèrent paisiblement les bonnes gens en icelle, si comme ilz faisoient avant la dicte rebellion.
Item ou dit an cinquante six, en la fin du mois de juing, descendi le duc de Lencastre en Costantin et s’assembla avecques messire Phelippe de Navarre, qui s’estoit rendu ennemi du roy pour cause de la prise du roy de Navarre son frère qui encore estoit en prison. Et avecques le dit duc et messire Phelippe estoit messire Godefroy de Harecourt dessus nommé, oncle du conte de Harecourt qui avoit eue la teste copée à Rouen. Et se mistrent à chevauchier, et estoient environ quatre mille combatans; et chevauchièrent à Lisieux, au Bec, au Ponteaudemer, et raffreschirent le chastiel qui avoit esté assegié par l’espace de huit ou neuf sepmaines. Mais messire Robert de Hodetot, lors maistre des arbalestriers, qui avoit tenu le siège devant le chastel dessus dit, et en sa compaingnie pluseurs nobles et autres se partirent du dit siège, quant ilz sceurent la venue des dis duc messire Phelippe et messire Godefroy, et laissièrent les engins et l’artillerie qu’i[l] avoient; et ceulz du dit chastel pristrent tout et mistrent tout dedens le dit chastel. Et après chevauchièrent les diz duc et messire Phelippe et leur compaingnie jusques à Breteul, en pillant et robant les villes et le pais par ou ilz passoient, et raffreschirent le chastel. Et pour ce qu’ilz trouvèrent que la cité et le chastel d’Evreux avoient esté de nouvel renduz aus gens du roy, qui longuement [avoit[331]] esté assiegé devant, et avoit esté la dicte cité toute arse et l’eglise cathedral aussi pilliée et robée tant par les Navarrois qui rendirent le dit chastel, lequel fu rendu par composicion, comme par aucuns des gens du roy qui estoient au siège, les dis duc et messire Phelippe et leur compaignie alèrent à Vemeul ou Perche, et pristrent la ville et le chastel, et pillèrent et robèrent tout, [et] ardirent partie de la dicte ville.
Et le roy de France qui avoit fait sa semonce, tantost qu’il oy nouvelles du dit duc de Lencastre, aloit après à mout grant compaignie de gens d’armes et de gens de pié, et les suy jusques à Condé en alant droit vers la dicte ville de Verneul là où il les cuidoit trouver. Et quant il fu au dit Condé, il oy nouvelles que les dis duc et messire Phelippe s’estoient partis celuy jour de la dicte ville de Verneul et s’en aloient vers la ville de l’Egle. Et les suivy le roy jusques à Tuefbuef à deux lieues ou environ de la dicte ville de l’Egle. Et là fut dit au roy qu’i[l] ne les pourroit aconsuivir, car il y avoit grans forests là où ils se boutèrent sans ce qu’i[l] les peust avoir. Et pour ce s’en retourna le roy à tout son host. Et vindrent devant un chastel appellé Tyllères, que l’en disoit estre en la main des Navarrois; et le prist le roy et y mist gardes. Et après ala devant le dit chastel de Breteul, ouquel avoit gens de par le roy de Navarre. Mais pour ce qu’ilz ne [le[332]] vouldrent rendre, le roy et tout son ost y mistrent siège et y demeurèrent environ huit sepmaines. Et finablement fut rendu le dit chastel au roy par composicion; et s’en alèrent ceuls qui estoient dedens le chastel là où ilz voudrent, et emportèrent leurs biens.
FIN DES VARIANTES DU TOME QUATRIÈME.
NOTES
CHAPITRE LXI.
[1] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. LXXIII et LXXIV, p. 95 à 103.
[2] D’après Michel de Northburgh, chapelain et confesseur d’Édouard III, qui accompagnait ce prince dans l’expédition de 1346, les Anglais arrivèrent devant Calais le 2 septembre 1346. (Hist. Ed. III, par Robert de Avesbury, p. 140 et 141.) Ainsi le roi d’Angleterre mit le siége devant cette place forte une semaine seulement après sa victoire de Crécy. On nous permettra de citer ici une pièce d’une importance capitale, relative à l’incident le plus décisif de cette dernière bataille, que nous avons connue postérieurement à la publication du troisième volume de notre édition. En novembre 1375, des lettres de rémission furent octroyées à Pierre Coquet, âgé de cinquante ans, de l’Étoile (Somme, arr. Amiens, c. Picquigny), «du fait de la mort des Geneuoiz et autres estrangiers qui, après la desordenance qui fu sur la rivière de Somme quant Edwart d’Angleterre nostre adversaire et ses alliez passèrent la Blanche Tache, et au retour du conflict de la bataille de Crecy, trente ans a ou environ, avint en plusieurs lieux ou pais de Picardie, pour ce que renommée et voix publique couroit que yceulx Geneuois et estrangiers avoient tray le roy Phelippe nostre ayeul, que Dieu absoille, nostre dit ayeul fesist dès lors general remission et abolicion.... de ce que ou temps dessus dit ot aucuns des diz Geneuoys ou autres estrangiers occis, en la ville de l’Estoille sur la dite rivière de Somme, à une lieue de Lonc en Pontieu ou environ où il demouroit et encore demoure, par les habitanz d’icelle. (Arch. nat., sect. hist., JJ107, fº 150, p. 310.)
[3] D’après la plupart des manuscrits de Froissart, Jean de Vienne aurait appartenu à une famille de Champagne; mais c’est une erreur: le défenseur de Calais descendait d’une des plus illustres familles de Bourgogne. Jean de Vienne, de la branche des seigneurs de Pagny et de Seignelay, l’un des quatre fils de Jean de Vienne et de Jeanne de Genève, seigneur de Pollans et de Rothelanges, reçut le 14 novembre 1338 une pension sur le trésor royal de cent livres portée à trois cents le 17 septembre 1340 et à six cents en 1348; il mourut à Paris le 4 août 1361 (Anselme, hist. généal., t. VII, p. 806). Il faut bien se garder de confondre le héros du siége de Calais avec Jean de Vienne, amiral de France sous Charles V, de la branche des seigneurs de Rollans, de Clairvaux et de Listenois.
[4] Il s’agit sans doute ici de la rivière de Hem qui passe à Guines et vient se jeter dans la mer à Calais.
[5] Le pont de Nieuley se trouvait près de remplacement qu’occupe aujourd’hui le fort de Nieuley, au sud-ouest de Calais, dans le voisinage de la basse ville, du côté de Sangatte; il était jeté sur la rivière de Hem.
[6] Le siége d’Aiguillon fut levé dès le 20 août (v. t. III de notre édition, sommaire, p. XXXII, note 2 [note 132 de l’édition Gutenberg]); et Philippe de Bourgogne ne mourut que le 22 septembre 1346. Par conséquent si Grimouton de Chambly fut fait prisonnier avant le 26 août, il ne put donner à Gautier de Mauny des nouvelles de la journée de Crécy. Froissart se trompe en attribuant à Philippe le titre de duc de Bourgogne. Philippe, marié en 1338 à Jeanne, comtesse d’Auvergne et de Boulogne, était simplement le fils et l’héritier présomptif du duc Eudes IV qui ne mourut qu’en 1350.
[7] Philippe de Chambly, dit Grismouton, était, comme le dit Froissart, un des favoris du duc de Normandie. Par lettres datées d’Arras en août 1347, Jean, duc de Normandie, céda à son amé et féal chevalier Philippe de Chambly, dit Grismouton, frère de son amé et féal Pierre de Chambly, chevalier, moyennant 1000 livres tournois, une rente de 100 livres sur les halles et moulins de Rouen achetée 1000 livres de Pierre de Chambly et donnée par Philippe de Valois à son fils aîné (Arch. nat., sect. hist., JJ68, p. 198, fº 108).
[8] Nous apprenons par une lettre de Derby (Robert de Avesbury, p. 143) qu’avant le 20 septembre des gens de la suite de Gautier de Mauny avaient été arrêtés, malgré leur sauf-conduit, à Saint-Jean-d’Angély d’où Gautier lui-même s’était sauvé à grand’peine avec deux compagnons.
CHAPITRE LXII.
[9] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. LXXV, p. 106 à 108.
[10] Le comte de Derby ne se tint pas à Bordeaux, au moins pendant le dernier mois du siége d’Aiguillon. Le 12 août 1346, il partit de la Réole pour Bergerac, et il reçut dans cette ville des messagers du duc de Normandie, qui venaient lui demander une trêve; il ne voulut pas l’accorder, parce qu’il venait d’apprendre le débarquement d’Édouard III en Normandie, et c’est sans doute la nouvelle de ce débarquement qui força le fils du roi de France à lever précipitamment le siége d’Aiguillon. Robert de Avesbury, Hist. Ed. III, p. 141 et 142.
[11] Le 12 septembre 1346, Derby inaugura cette chevauchée en Saintonge par la prise d’Aubeterre (Aubeterre-sur-Dronne, Charente, arr. Barbezieux) suivie de celle de Chateauneuf-sur-Charente (Charente, arr. Cognac). Robert de Avesbury, Hist. Ed. III, p. 142 et 143.
[12] Derby dit dans sa lettre déjà citée qu’il avait seulement mille hommes d’armes. Ibid., p. 242.
[13] Peut-être Mirambeau (Charente-Inférieure, arr. Jonzac). D’après Jean le Bel, dont Froissart reproduit ici la narration, en intervertissant l’ordre des faits d’une manière très-malheureuse, Derby prit successivement Taillebourg, Surgères, Aulnay, Saint-Jean-d’Angély, Niort, Saint-Maixent, Lusignan, Vivonne, Montreuil-Bonnin, Poitiers.
[14] Aujourd’hui Aulnay-de-Saintonge, Charente-Inférieure, arrond. Saint-Jean-d’Angély.
[15] Charente-Inférieure, arr. Rochefort-sur-Mer.
[16] Charente-Inférieure, arr. la Rochelle, c. Courçon.
[17] Charente-Inférieure, arr. la Rochelle.
[18] Mortagne-sur-Gironde, Charente-Inférieure, arr. Saintes, c. Cozes.
[19] L’assaut de Lusignan précédé et suivi de la prise de Mortagne et de Taillebourg semblerait indiquer Saint-Germain-de-Lusignan (Charente-Inférieure, arr. et c. Jonzac); mais on voit par la lettre de Derby que le Lusignan qui fut pris par les Anglais est le célèbre Lusignan au Poitou (Vienne, arr. Poitiers).
[20] Charente-Inférieure, arr. Saint-Jean-d’Angély, c. Saint-Savinien.
[21] La prise de Saint-Jean-d’Angély, qui suivit celle de Saintes (Grandes Chroniques, éd. in-12, t. V, p. 464 et 465), eut lieu vers le 21 septembre 1346; Derby resta huit jours dans cette ville. Robert de Avesbury, Hist. Ed. III, p. 143.
[22] Deux-Sèvres, arr. Niort.
[23] Vienne, arr. Poitiers, c. Vouillé. Il n’est question dans la lettre de Derby ni de l’attaque de Niort ni de la prise de Saint-Maixent et de Montreuil-Bonnin. Henri de Lancastre dit seulement qu’en chevauchant de Saint-Jean-d’Angély vers Poitiers, il s’empara du château de Lusignan, l’un des plus forts de France et de Gascogne, et qu’il y laissa une garnison de cent hommes d’armes, sans compter les gens de pied. Ibid. p. 143 et 144.
[24] D’après la lettre de Derby, Poitiers tomba au pouvoir des Anglais «le proschein mersquerdy après le Seint Michel», c’est-à-dire le 4 octobre 1346. Ibid., p. 144.
[25] L’évêque de Poitiers et quatre barons qui avaient essayé de résister aux envahisseurs, s’étant sauvés à la prise de la ville, les Anglais firent main basse sur tout ce qu’ils trouvèrent. Harbert Bellant, l’un des seize hommes d’armes de la garnison de Poitiers, fut dépouillé de tous ses biens meubles évalués six mille livres. (Arch. nat., sect. hist., JJ81, p. 450.) «.... apparuit episcopum, capitula, collegia et alias gentes ecclesie ville Pictavis, in capcione facta per inimicos nostros de dicta villa, omnia bona que tunc habebant, libros, calices, vestimenta, vasa argentea.... amisisse....» Il résulte d’une enquête faite en 1351 que les parties du diocèse de Poitiers qui souffrirent le plus, tant de la chevauchée de Henri de Lancastre en 1346 que de la peste de 1348, ce furent les archiprêtrés et lieux de Lisigniaco (Lusignan, Vienne, arr. Poitiers), de Sanxaio (Sanxay, Vienne, arr. Poitiers, c. Lusignan), de Boyno (Bouin, Deux-Sèvres, arr. Melle, c. Chef-Boutonne), de Roffiaco (Rouffiac-d’Aubeterre, Charente, arr. Barbezieux, c. Aubeterre), de Romio (Rom, Deux-Sèvres, arr. Melle, c. Lezay), de Chauniaco (Chaunay, Vienne, arr. Civray, c. Couhé), de Exoduno (Issoudun, Creuse, arr. Aubusson, c. Chénérailles), et partie des archiprêtrés et lieux de Gencayo (Gençay, Vienne, arr. Civray) et de Melle. JJ80, 778.
[26] Derby dit qu’il resta à Poitiers huit jours seulement, après quoi il revint à Saint-Jean-d’Angély d’où est datée la curieuse lettre qui contient le récit de son expédition. Aux conquêtes de Derby mentionnées plus haut, des pièces du Trésor des Chartes nous autorisent à ajouter Tonnay-Charente (JJ76, p. 821), le château de Soubize (JJ81, p. 147), les châtellenies de Loudun (JJ80, p. 577), de Soubize, de Taillebourg (JJ77, p. 34) et la plupart des forteresses de Saintonge, Poitou et Périgord (JJ77, p. 51).
[27] Derby était de retour à Londres le 14 janvier 1347, jour où il s’entretint à la Tour avec David Bruce, roi d’Écosse.
CHAPITRE LXIII.
[28] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. LXXVI, p. 109 à 114.
[29] Les Écossais, qui avaient été compris dans la trêve de Malestroit du 18 janvier 1343 comme alliés de la France (Arch. nat., sect. hist., J636, nº 17), furent aussi compris au même titre dans la trêve de Calais du 28 septembre 1347 (J636, nº 21). Dans le poëme de Laurent Minot sur la campagne qui aboutit à la victoire des Anglais à Nevill’s Cross, le poëte prête à David Bruce des paroles où le roi d’Écosse, vaincu et prisonnier, attribue son malheur aux conseils de Philippe de Valois et de Jean son fils.
[30] Un clerc du diocèse d’York, nommé Thomas Samson, dans une lettre conservée à la Bibliothèque Bodléienne, à Oxford, qui est relative à la bataille de Durham ou de Nevill’s Cross et contemporaine de cet événement, Thomas Samson, dis-je, fait ainsi le dénombrement des forces écossaises: «baronets, chivalers et gents d’armes noumbrés entour deux mille, et alteres armés envirun vingt mille, et des comunes ou lances, haches et arcs, près de quarante mille.» Kervyn de Lettenhove, Œuvres de Froissart, t. V, p. 489.
[31] Old Roxburgh, château aujourd’hui détruit, non loin de Kelso, près du confluent des rivières de Teviot et de Tweed.
[32] Aujourd’hui Alnwick, dans le Northumberland, entre Berwick-upon-Tweed et Newcastle-upon-Tyne. Ce fief devint au commencement du quatorzième siècle la propriété de lord Henri de Percy, et prit le nom de cette illustre famille normande, tige des ducs de Northumberland.
[33] Sur Urcol, voy. le tome I de notre édition, sommaire, p. CLXX, note 1 [note 225 de l'édition Gutenberg].
[34] D’après la lettre de Thomas Samson, citée plus haut, l’armée anglaise, composée de mille hommes d’armes, de mille hobbiliers ou cavaliers armés à la légère, de dix mille archers et de vingt mille gens des communes, fut divisée en trois corps ou échelles: la première sous les ordres des seigneurs de Percy et de Nevill, la seconde que commandait l’archevêque d’York en personne, la troisième, qui formait l’arrière-garde, sous la conduite du seigneur de Mowbray.
[35] La bataille se livra, non dans les environs de Newcastle, comme Froissart semble l’indiquer, mais beaucoup plus au sud et tout près de Durham, en un lieu de la banlieue méridionale de cette ville, appelé Nevill’s Cross: ad crucem Nevyle in campo juxta Durham, dit Robert de Avesbury. Aussi tous les historiens anglais désignent-ils cette bataille sous le nom de bataille de Durham ou de Nevill’s Cross.
[36] D’après Thomas Samson, Robert de Avesbury et Knyghton, la bataille de Durham ou de Nevill’s Cross se livra le 17 octobre 1346, veille de Saint-Luc. Robert de Avesbury, Hist. Ed. III, p. 145.
[37] Le château de Copeland ou Coupland, qui appartenait à cet écuyer, est situé dans le comté de Northumberland et le district de Kirk-Newton, sur la rivière de Glen; il a été rebâti par les Wallace au commencement du dix-septième siècle.
[38] Aujourd’hui Ogle ou Ogles, dans le comté de Northumberland, au nord de Newcastle et au sud-ouest de Morpeth; on voit encore les ruines du château à motte féodale où Jean de Copeland mit en sûreté sa royale capture.
[39] Le comté de Fife, en Écosse, est borné au nord par le golfe de Tay, à l’est par la mer du Nord, au sud par le golfe de Forth, à l’ouest par les comtés de Perth, de Kinross et de Clackmann. Duncan, comte de Fife, ne fut pas tué, comme le dit Froissart, mais seulement fait prisonnier; et ordre fut donné le 8 décembre 1346 de le conduire à la Tour de Londres. Rymer, Fœdera, vol. III, p. 95.
[40] L’ancien comté de Buchan formait autrefois une des quatre subdivisions du comté d’Aberdeen; il correspond aux districts actuels de Deer et d’Ellon.
[41] Le comté de Sutherland est, comme chacun sait, à la pointe septentrionale de l’Écosse. Walsingham et Boethius disent que le comte de Sutherland fut fait prisonnier.
[42] Ancien comté, aujourd’hui district des comtés de Nairn et d’Inverness, en Écosse, à l’ouest du comté d’Elgin ou de Moray. Maurice de Murray, comte de Strathdearn, fut tué à Nevill’s Cross, au témoignage non-seulement de Froissart, mais encore de Robert de Avesbury (p. 14) et de Thomas Samson.
[43] La seigneurie de Marr, à laquelle était attaché le titre de comte, est un ancien district du comté d’Aberdeen, en Écosse.
[44] Jean de Douglas ne fut pas tué, mais fait prisonnier par Robert de Ogle et Robert Bertram. Rymer, vol. III, p. 95.
[45] Ce fut Guillaume Fraser, et non Simon Fraser, qui fut tué à la bataille de Nevill’s Cross. Voyez Annals of Scotland by lord Hailes, éd. de 1797, vol. III, p. 108.
[46] Alexandre de Ramsey ne fut pas tué, mais fait prisonnier par Jean de Ever. Rymer, vol. III, p. 95.
[47] Jean ou John Randolph, comte de Murray, fut tué et non fait prisonnier. Robert de Avesbury, Hist. Ed. III, p. 145.
[48] Il s’agit ici de Patrick, comte de Dunbar et de March. Dunbar, siége d’un comté et forteresse très-importante au moyen âge, est aujourd’hui une ville du comté de Haddington, en Écosse. Patrick de Dunbar, comte de March, ne fut pas tué, mais fait prisonnier par Raoul de Nevill. (Rymer, vol. III, p. 95.)
[49] Guillaume de Douglas l’aîné fut en effet fait prisonnier par Guillaume Deincourt. (Rymer, vol. III, p. 95.) Thomas Samson mentionne un autre Guillaume Douglas qu’il appelle «monsir William Douglas le frère» et «monsir Henri Douglas, le frère monsir William» comme ayant été faits prisonniers à Nevill’s Cross.
[50] Ce curieux passage ne se trouve que dans la rédaction de Rome.
[51] Cette mention de la présence de Philippe de Hainaut à Newcastle pendant que se livrait la bataille de Nevill’s Cross est une erreur que Froissart a empruntée à Jean le Bel (Chroniques, t. II, p. 110). La reine d’Angleterre dut passer la mer vers le 10 septembre, car des lettres de sauvegarde furent délivrées à quatre personnes qui devaient l’accompagner dans son voyage sur le continent, et ces lettres devaient avoir leur effet depuis le 10 septembre jusqu’à Noel 1346. (Rymer, Fœdera, vol. III, p. 90). On conserve d’ailleurs aux archives de Mons une charte qui prouve que le jour même où se livrait la bataille de Nevill’s Cross, c’est-à-dire le 17 octobre 1346, Philippe de Hainaut se trouvait à Ypres avec sa sœur l’impératrice Marguerite.
[52] Des lettres de félicitation et de remerciment, datées de la Tour de Londres le 20 octobre 1346, furent adressées à l’occasion de la victoire de Nevill’s Cross par Lionel, régent du royaume en l’absence du roi son père, à Guillaume de la Zouche, archevêque d’York, et à onze seigneurs du nord de l’Angleterre parmi lesquels figure Jean de Copeland. Rymer, Fœodera, vol. III, p. 91 et 92.
[53] Le 20 janvier 1347, le roi d’Angleterre assigne à son amé Jean de Copeland, qui lui a livré David Bruce, roi d’Écosse, son prisonnier, cinq cents livres de rente annuelle et perpétuelle sur les ports de Londres et de Berwick et en outre cent livres de rente annuelle et viagère sur le port de Newcastle pour son service de banneret. Rymer, Fœdera, vol. III, p. 102 et 103.
[54] Ce n’est pas le comte de Murray tué à la bataille, mais les comtes de Fife et de Menteith qui furent enfermés à la Tour de Londres.
CHAPITRE LXIV.
[55] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. LXXVII, p. 115 à 118.
[56] Pas-de-Calais, arr. Boulogne-sur-Mer.
[57] Auj. Hames-Boucres, Pas-de-Calais, arr. Boulogne-sur-Mer, c. Guines.
[58] Pas-de-Calais, arr. Boulogne-sur-Mer, c. Samer.
[59] Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer, c. Audruicq.
[60] Auj. Bayenghem-lez-Eperlecques, Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer, c. Ardres.
[61] Pas-de-Calais, arr. Boulogne-sur-Mer, c. Guines.
[62] Auj. hameau de Zutkerque, Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer, c. Audruicq.
[63] Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer. c. Aire-sur-la-Lys.
[64] Philippe de Valois fait sans doute allusion à ce siége dans une charte d’avril 1347, où il amortit mille livres de terre en faveur des hôpitaux et maladreries de Béthune «pour ce que nos amez les eschevins, prevost, maieur et comunauté de la ville de Betune ont esté moult domagiet ceste presente année pour cause de noz guerres et leurs maisons arses.» (Arch. nat., sect. hist., JJ68, p. 168.) D’autres pièces du 27 octobre 1346 (JJ81, p. 944), de janvier 1347 (JJ81, p. 950), de février 1347 (JJ81, p. 945, 946 et 948), de mars 1347 (JJ81, p. 947), de juillet 1347 (JJ68, p. 331 et JJ81, p. 949) contiennent des confirmations ou concessions de priviléges en faveur des habitants de Béthune. La plus importante de ces donations est celle de la ville de la Gorgue (Nord, arr. Hazebrouck, c. Merville) située au nord de Béthune entre cette ville et Armentières (JJ81, p. 948).
[65] Louis, III du nom, dit de Male, comte de Flandre, de Nevers et de Rethel, baron de Donzy.
[66] Mahieu Legier de Mouy fut le négociateur employé par le roi de France, avant le 10 janvier 1347, pour ses «besoignes secretez ès parties de Brebant». Arch. nat., JJ68, p. 128.
[67] Par lettres de janvier 1347 (n. st.) le roi de France autorise le comte de Flandre à aller et venir en Flandre, espérant que «pour la presence de lui en son pais de Flandre les habitans et subgez d’icellui se porteront et auront envers lui comme bons et vrais subgez.... en se retraiant et delaissant de leurs simples et indeues emprises et assemblées.» (Arch. nat., sect. hist., JJ77, p. 42.) Louis de Male fit sa première entrée à Bruges le 23 janvier 1347. Inventaire des Archives de Bruges, in-4º, Bruges, 1871, p. 500.
[68] Un contrat, stipulant promesse de mariage et fiançailles entre le comte de Flandre et Isabelle d’Angleterre, fut signé par Louis de Male, à Dunkerque, le 3 mars 1347. Édouard III donnait pour dot à sa fille le comté de Ponthieu et Montreuil, ou en échange vingt-cinq mille livrées de terre, et en outre, comme cadeau de mariage, quatre cent mille deniers d’or à l’écu. L’instrument authentique de ce contrat fut délivré solennellement par le chancelier du comte de Flandre, le 14 mars 1347, à Bergues, comme le dit Froissart, en présence du roi d’Angleterre, du marquis de Juliers, de Guillaume comte de Northampton, de Renaud de Cobham, de Barthélemy de Burghersh et de Jean Darcy le Jeune. Rymer, Fœdera, vol. III, p. 111 et 112.
[69] Louis de Male dut s’échapper de Flandre entre le 14 mars et les Pâques suivantes, c’est-à-dire le 1er avril 1347. Le principal instigateur de cette évasion fut un seigneur à la dévotion du roi de France, nommé Marquet du Galleel, chambellan et écuyer du jeune comte. Par lettres datées de Montdidier en mai 1347, Philippe de Valois assigne cent livrées de rente à parisis à prendre sur le havage des grains et argent appartenant au havage de Vernon, à son amé et féal Marquet du Galleel, chambellan et écuyer du comte de Flandre, «par le conseil duquel, avecques la très grant loiauté de nostre dit cousin, nostre dit cousin est, en grant peril de son corps et de son estat, venu devers nous et parti d’avec noz anemis et de leur plus grant povoir....» Bibl. nat., dép. des mss., Chartes royales, t. II, p. 161.
[70] Robert de Namur était fils de Jean Ier, comte de Namur, et de Marie d’Artois. Froissart écrivit la première rédaction du premier livre de ses Chroniques à l’instigation et sous le patronage de ce pensionnaire d’Édouard III, personnage à la fois si important et si détesté du roi de France, que le roi d’Angleterre, en concluant les trêves du 28 septembre 1347, du 18 novembre 1348 et du 30 juin 1350, eut soin de stipuler que Robert de Namur y était compris. (Rymer, Fœdera, vol. III, p. 137, 177, 197.) Ce passage sur Robert de Namur, ajouté par Froissart au texte de Jean le Bel, a été retranché dans la seconde rédaction de son premier livre écrite sous le patronage d’un prince de la maison de France, de Gui de Blois.
CHAPITRE LXV.
[71] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. LXXIX, p. 123 à 126.
[72] Cette trêve, conclue le 19 janvier 1343, devait durer jusqu’à la Saint-Michel 1343 et de là en trois ans, c’est-à-dire jusqu’à la Saint-Michel 1346. Voyez le sommaire du t. III de notre édition, p. VIII et IX.
[73] Cette assertion de Froissart est erronée. La trêve de Malestroit fut toujours fort mal observée, comme l’atteste, entre beaucoup d’autres témoignages, la pièce suivante dont on nous saura gré peut-être de donner l’analyse, ne fût-ce qu’à cause de la rareté des actes relatifs à cette période de la vie de Charles de Blois. Par acte donné «en noz tentes devant Guérande» le 18 août 1344, Charles, duc de Bretagne, vicomte de Limoges, sire de Guise et de Mayenne, charge son sénéchal de Dinan, Olivier de Morzelle, de faire une enquête sur une demande d’un marché fixé au dimanche présentée par son amé Alain de Rochefort en faveur de la ville de Ploer (auj. Plouer, Côtes-du-Nord, ar. et c. Dinan). Une réponse favorable à la demande d’Alain de Rochefort, délibérée aux plaids de Dinan, tenus le jeudi après la Saint-Lucas 1344, en présence de Geffroy Lebart, de Robin Braon, de Pierre Leroy, receveur de Dinan, de Trehan Ploret, de Lucas Lebouteiller, de Jean Terbuille, de Jean Leroy, après bans faits par le sergent Olivier Lemée, une réponse favorable, dis-je, est transmise à Charles qui accorde à Alain de Rochefort, en dédommagement de «dommages qu’il sueffre de jour en jour à cause de noz guerres» le marché demandé, par lettres scellées du sceau de sa chancellerie de Guingamp le 25 novembre 1344 et confirmées par le roi de France en février 1346 (n. st.) Arch. nat., sect. hist., JJ68, p. 161, fº 87.
[74] Le 10 janvier 1347, Édouard III nomme son amé et féal Thomas de Dagworth lieutenant et capitaine dans le duché de Bretagne. Rymer, Fœdera, vol. III, p. 100.
[75] Côtes-du-Nord, ar. Lannion. Froissart, reproduisant une erreur de Jean le Bel (v. p. 124), dit que la forteresse de la Roche-Derrien fut prise par Thomas de Dagworth, ce qui reporterait la date de cet événement à la fin de janvier 1347 au plus tôt; en l’absence d’actes à date certaine, il y a lieu de préférer aux données vagues et incertaines, quand elles ne sont pas inexactes, de Jean le Bel et de Froissart, le récit très-précis et très-circonstancié des Grandes Chroniques d’après lequel le château de la Roche-Derrien se rendit à Guillaume de Bohun, comte de Northampton, en décembre 1345. Voyez l’édit. de M. P. Paris, in-12, t. V, p. 443 et 444.
[76] D’après une lettre adressée en Angleterre par Thomas de Dagworth, qui est, comme nous dirions aujourd’hui, le bulletin de la bataille rédigé par le vainqueur, l’armée de Charles de Blois se composait de douze cents chevaliers et écuyers, de six cents autres gens d’armes, de six cents archers du pays et de deux mille arbalétriers, sans compter les gens de commune. Robert de Avesbury, Hist. Ed. III, p. 159.
[77] D’après les Grandes Chroniques (t. V, p. 472), ces engins étaient au nombre de neuf, dont un, d’une dimension énorme, lançait des pierres pesant trois cents livres. Du reste, tout le récit de la bataille de la Roche-Derrien dans les Grandes Chroniques (p. 471 à 478), par l’étendue des développements, par l’abondance des détails et des particularités, par la précision des indications locales qu’il renferme, semble écrit par un témoin oculaire ou du moins sous sa dictée.
[78] Il y a tout lieu de penser, selon l’observation de dom François Plaine, que la comtesse de Montfort, qui s’était retirée en Angleterre avec son fils, après la trêve de Malestroit, ne se trouvait pas alors en Bretagne. Voyez la brochure intitulée: De l’autorité de Froissart comme historien des guerres de Bretagne, Nantes, 1871, p. 29 à 31.
[79] Dans le bulletin de sa victoire, dont nous avons parlé plus haut, Thomas de Dagworth prétend qu’il n’avait que quatre cents hommes d’armes et trois cents archers, sans compter la garnison de la Roche-Derrien qui vint au secours des Anglais et tomba sur les derrières de l’armée de Charles de Blois, dès que le jour fut levé. L’habile capitaine anglais avait eu soin de donner à ses hommes un mot d’ordre qui leur permit de se reconnaître dans la confusion de cette mêlée de nuit; faute de cette précaution, il arriva aux gens de Charles de Blois de combattre les uns contre les autres, et de faire eux-mêmes la besogne des Anglais. Robert de Avesbury, Hist. Ed. III, p. 158 à 160.
[80] La bataille de la Roche-Derrien se livra le 20 juin 1347, suivant le témoignage de Thomas de Dagworth: «le vingtième jour de juyn, environ le quarter, devaunt le jour.» Robert de Avesbury, Hist. Ed. III, p. 159.
[81] D’après Thomas de Dagworth, six ou sept cents chevaliers et écuyers périrent à la Roche-Derrien. Le capitaine anglais cite, parmi les morts, Alain, vicomte de Rohan, les seigneurs de Laval, de Châteaubriand, de Malestroit, de Quintin, de Rougé, de Derval, le fils et héritier de ce dernier, Raoul de Montfort; et, parmi les prisonniers, Charles de Blois, Gui de Laval, fils du sire de Laval, les seigneurs de Rochefort, de Beaumanoir, de Lohéac, de Tinteniac (Robert de Avesbury, p. 160). Le seigneur de Rougé, qui fut tué à la Roche-Derrien, s’appelait Guillaume. Le 12 mai 1361, Charles de Blois donna la châtellenie de Pontcaleuc à Bonabbé, seigneur de Rougé et de Derval, «fils de Guillaume, seigneur de Rougé, qui morut à la Roche Derian pour la defense de nostre droit, quant prins fumes de noz ennemis.» (Arch. nat., sect. hist., JJ90, p. 13). Avant de se rendre aux Anglais, Charles de Blois s’était battu comme un lion et avait reçu dix-sept blessures; un écuyer de sa compagnie, fait prisonnier avec son maître, nommé Michel de Chamaire, fut taxé par les Anglais à si forte rançon que, pour la payer, il dut se mettre au service de Foulque de Mathas, chevalier de Saintonge, comme simple archer. JJ85, p. 113.
CHAPITRE LXVI.
[82] Cf. Jean le Bel, Chroniques, chap. LXXX et LXXXI, p. 127 à 142.
[83] Philippe de Valois était à Montdidier le 27 avril 1347 (Bibl. nat., dép. des mss., Chartes royales, t. III, p. 70; Arch. nat., JJ68, p. 281); il était à Moreuil, entre Montdidier et Amiens, au mois de mai (JJ68, p. 140); il passa la plus grande partie du mois de mai à Amiens (JJ68, p. 167); il quitta cette ville avant la fin de mai, car plusieurs actes qui portent la date de ce mois sont donnés, soit sur les champs entre Beauquesne (Somme, arr. et c. Doullens, entre Amiens et Doullens) et Lucheux, soit à Lucheux (Somme, arr. et c. Doullens, entre Doullens et Arras) JJ68, p. 137, 272, 301.
[84] Ce curieux passage, où l’on voit si bien les préventions passionnées de Philippe de Valois et de sa noblesse contre l’emploi des villains à la guerre, ne se trouve que dans la rédaction de Rome (p. 270 et 271 de ce volume). Des trois combats cités, il y en a un au moins où les villains firent très-bonne figure, c’est celui de Caen, dont les bourgeois, d’après les propres paroles d’Édouard III lui-même, «se defenderent mult bien et apertement, si que la melle fut très fort et lung durant.» Voyez Jules Delpit, Collection générale des documents français qui se trouvent en Angleterre, in-4º, 1847, p. 71.
[85] Nord, arr. Dunkerque, à l’est de Calais.
[86] Aire-sur-la-Lys, Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer, au sud-est de Calais et de Saint-Omer, entre Thérouanne à l’ouest et Saint-Venant à l’est. En novembre 1348, Philippe de Valois accorda aux maire, échevins et commune d’Aire, en récompense de leur fidélité, des priviléges confirmés en 1350 par le roi Jean (JJ80, p. 97). En novembre 1353, le roi Jean accorda à la ville d’Aire au comté d’Artois, en considération de ce qu’elle avait souffert pendant les guerres, une foire annuelle durant quatre jours, à partir du lundi avant la Pentecôte (JJ82, p. 151).
[87] Pas-de-Calais, arr. Béthune, c. Lillers.
[88] Nord, arr. Hazebrouck.
[89] Nord, arr. Hazebrouck, c. Merville.
[90] Nord, arr. Hazebrouck, c. Merville.
[91] Pas-de-Calais, arr. Béthune.
[92] Le pays de Laleu, au diocèse d’Arras, était situé à peu près au point de jonction de ce diocèse avec ceux de Saint-Omer, d’Ypres et de Tournai.
[93] Philippe de Valois et son fils Jean passèrent à Arras la plus grande partie du mois de juin (JJ68, p. 170, 300, 323); le roi de France était à Hesdin à la fin de ce mois (JJ68, p. 335).
[94] Le roi de France reçut sans doute à Arras l’admirable lettre que lui adressa Jean de Vienne dans le courant du mois de juin 1347. Les Anglais interceptèrent une copie de cette lettre le 26 juin, et voici dans quelles circonstances. Le lendemain de la Saint-Jean (25 juin 1347), les comtes de Northampton et de Pembroke surprirent, à la hauteur du Crotoy, une flotte de quarante-quatre vaisseaux français envoyés pour ravitailler Calais et la mirent en déroute. Le 26, à l’aube du jour, les Anglais s’emparèrent d’une embarcation, montée par des Génois, qui essayait de sortir du port du Crotoy. Le Génois qui commandait cette embarcation, n’eut que le temps de jeter à la mer, attachée à une hache, une lettre très-importante adressée par Jean de Vienne, capitaine de Calais, au roi de France, pour lui exposer sa détresse et celle des habitants de Calais; on la retrouva à marée basse. «Sachiés, disait Jean de Vienne, que ly n’ad rieus qui ne soit tut mangé et lez chiens et les chates et lez chivaux si qe de vivere nous ne poions pluis trover en la ville si nous ne mangeons chars des gentz, qar autrefoiz vous avez escript que jeo tendroy la ville taunt que y aueroit à mangier; sy sumes à ces points qe nous n’avoms dount pluis vivere. Si avons pris accord entre nous que, si n’avoms en brief socour, que nous issiroms hors de la ville toutz à champs pour combatre, pour vivre ou pour morir, qar nous avoms meulz à morir as champs honourablement que manger l’un l’autre.» (Robert de Avesbury, Hist. Ed. III, p. 157 et 158.) Si l’on songe que ces lignes étaient écrites dès le mois de juin et que Calais se rendit seulement le 3 août, on ne saurait trop admirer la résistance vraiment héroïque de Jean de Vienne, de la garnison et des bourgeois de Calais.
[95] Philippe de Valois s’arrêta en effet assez longtemps à Hesdin (auj. Vieil-Hesdin, Pas-de-Calais, arr. Saint-Pol-sur-Ternoise, c. le Parcq); car, arrivé dans cette ville dès la fin de juin (JJ68, p. 335), il y était encore le 10 juillet (JJ68, p. 321), il campa ensuite près d’Auchy (auj. Auchy-lès-Hesdin, au nord-est de Hesdin; JJ68, p. 337), et il était devant la Coupele (auj. Coupelle-vieille, Pas-de-Calais, arr. Montreuil-sur-Mer, c. Fruges, entre Hesdin au nord et Fauquembergue an sud) les 17 et 18 juillet (JJ68, p. 288 et 289).
[96] Auj. Blangy-sur-Ternoise, Pas-de-Calais, arr. Saint-Pol-sur-Ternoise, c. le Parcq.
[97] Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer. Philippe de Valois était campé près de Fauquembergue le 20 juillet (JJ68, p. 316).
[98] Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer, c. Aire-sur-la-Lys.
[99] Alquines est aujourd’hui un village du Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer, c. Lumbres. Froissait se sert, en plusieurs passages de ses Chroniques, du mot Alequine pour désigner l’ancien pays des Morins. Philippe de Valois était près d’Ausques (auj. Nordausques, Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer, c. Ardres, sur la voie romaine de Leulingue, au nord-ouest de Saint-Omer et au sud-est de Guines), le 24 juillet (JJ68, p. 299^2 et 310), le même jour entre Ausques et Tournehem (JJ68, p. 299^2), enfin près de Guines (Pas-de-Calais, arr. Boulogne-sur-Mer, à trois lieues environ au sud de Calais) le 26 juillet (JJ68, p. 261).
[100] Pas-de-Calais, arr. Boulogne-sur-Mer, c. Calais, à 10 kil. de cette ville. Ce que Froissart appelle le mont de Sangatte est une falaise haute de 134 mètres, située entre la mer et de vastes marécages, aujourd’hui desséchés en partie. Puisque Philippe de Valois était encore à Guines le 26, il ne put arriver à Sangatte que le vendredi 27 juillet au plus tôt: c’est du reste la date donnée par Édouard III lui-même dans une lettre rapportée par Robert de Avesbury: «ceo darrein vendredy proschein devant le goul d’aust.» Hist. Ed. III, p. 163.
[101] Froissart veut sans doute désigner ici l’antique voie de communication, marquée sur la carte de Cassini comme Chemin de Leulingue, ancienne route des Romains, qui aboutit à Sangatte et dont une prolongation va tout droit, comme dit le chroniqueur, de Sangatte à Calais.
[102] Guines est au sud de Calais; Marck et Oye sont à l’est de cette ville, du côté de la Flandre.
[103] Pas-de-Calais, arr. Boulogne-sur-Mer, c. Calais.
[104] Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer, c. Audruicq.
[105] Le pont de Nieuley devait être situé, comme nous l’avons dit plus haut, non loin de l’emplacement du fort actuel de Nieuley, au sud-ouest de Calais, près de la basse ville, du côté de Sangatte. Ce pont était jeté sur la rivière de Hem qui, des environs d’Ardres où elle prend sa source, passe à Guines et vient se jeter dans la mer à Calais.
[106] La rivière de Gravelines est l’Aa.
[107] D’après la lettre d’Édouard III déjà citée, ce défi ne fut porté que le mardi 31 juillet, après trois jours de négociations infructueuses. «Et puis le marsdi vers le vespre, viendrent certayns graunts et chivalers de part nostre adversarie, à la place du treté, et offrirent à nos gentz la bataille de part nostre adversarie susdit par ensy que noz vousissoms venir hors le marreis, et il nous durroit place convenable pur combatre, quele heure qe nous pleroit, entre cele heure et vendredy à soir proschein suaunt (3 août); et vorroient que quatre chivalers de noz et aultre quatre de lor esleirent place covenable pur l’une partie et pur l’autre.» Le roi d’Angleterre prétend qu’il fit répondre dès le lendemain mercredi 1er août à Philippe de Valois qu’il acceptait son défi; Jean le Bel (t. II, p. 130 et 131) et Froissart rapportent le contraire. Il y a lieu de croire, comme l’ont pensé Bréquigny (Mémoires de l’Académie des inscriptions, t. L, p. 611 à 614) et Dacier (p. 346 de son édition de Froissart, note 1) qu’Édouard III dut accepter en principe le défi du roi de France: le point d’honneur chevaleresque exigeait impérieusement cette acceptation qui au fond n’engageait à rien le roi anglais, puisqu’il lui restait mille moyens d’éluder ou de différer le combat, quand on en viendrait à la mise en pratique, à l’exécution. Il semble, à vrai dire, que le défi n’avait guère été porté plus sérieusement par Philippe qu’il ne fut accepté par Édouard; et le roi de France ne proposa sans doute la bataille à son adversaire que pour dérober sa retraite ou du moins se ménager une explication honorable.
[108] Ces deux légats étaient Annibal Ceccano, évêque de Frascati, et Étienne Aubert, cardinal prêtre du titre des Saints Jean et Paul. Du reste, Clément VI n’avait pas cessé, depuis le commencement de la guerre, d’intervenir pour la conclusion d’une paix entre les deux rois. Il avait même adressé des reproches assez vifs au roi d’Angleterre, par lettres datées d’Avignon le 15 janvier 1347, au sujet du peu d’égard que ce prince avait eu à la médiation des légats du saint-siége. Voyez Robert de Avesbury, p. 146 à 153 et Rymer, vol. III, p. 100 et 101.
[109] Les plénipotentiaires français étaient, d’après la lettre d’Édouard, les ducs de Bourbon et d’Athènes, le chancelier de France (qui était alors Guillaume Flotte, sire de Revel), Gui de Nesle, sire d’Offémont, et Geoffroi de Charny.
[110] D’après la lettre d’Édouard, les plénipotentiaires anglais étaient bien ceux indiqués par Froissart; il y faut ajouter seulement le marquis de Juliers et Barthélemy de Burghersh, chambellan du roi anglais. Voyez Robert de Avesbury, p. 164.
[111] Édouard dit que Philippe de Valois décampa précipitamment le jeudi (2 août) de grand matin: «.... jeosdi, devaunt le jour.... s’en departi od toutes ses gentz auxi comme disconfit, et hasterent taunt et hasterent tant qu’ils arderent lor tentes et graunt partie de lor herneys à lor departir; et noz gentz lez pursuerent bien près à la cowe: issint, à l’escrivere de cestes, n’estoient ils mye unqore revenuz....» (Ibid., p. 166). Nous devons dire que la date des actes émanés de Philippe de Valois, au commencement d’août, s’accorde bien avec le témoignage du roi anglais. Plusieurs pièces ont été données devant Calais (JJ68, p. 297) ou près de Sangatte (JJ68, p. 132) «ou mois d’aoust» c’est-à-dire le 1er août; mais il résulte de deux actes (JJ68, p. 122 et 283) que, dès le 3 août, le roi de France était à Lumbres (Pas-de-Calais, ar. Saint-Omer, au sud-ouest de cette ville), après avoir passé (JJ68, p. 290) à Ausques (auj. Nordausques, Pas-de-Calais, ar. Saint-Omer, c. Ardres ou Zudausques, c. Lumbres), et que le 7 août il était à Hesdin (JJ68, p. 271) après avoir passé à Fauquembergue (JJ68, p. 292 et 207).
[112] Cet épisode du dévouement des six bourgeois de Calais est emprunté à Jean le Bel (Chroniques, t. II, p. 135 et 136). Un savant académicien du dernier siècle, Bréquigny, a élevé des doutes sur l’exactitude du récit de Froissart dans deux dissertations, l’une relative à des recherches sur l’histoire de France faites à Londres (Mémoires de l’Académie des inscriptions, t. XXXVII, p. 538 à 540), l’autre consacrée au siége et à la prise de Calais par Édouard III (Ibid, t. L, p. 618 à 621). Bréquigny se fonde, pour mettre en doute le dévouement d’Eustache de Saint-Pierre et de ses compagnons, sur les quatre actes suivants qu’il avait eu le mérite de découvrir dans les Archives de Londres et de signaler le premier: 1º Une concession à vie faite le 24 août 1347 à Philippe, reine d’Angleterre, des maisons que Jean d’Aire possédait à Calais avec leurs dépendances (Cales. Rol. pat., an. 21 Ed. III, memb. 2);--2º une pension de 40 marcs sterling constituée le 8 octobre 1347 au profit d’Eustache de Saint-Pierre «pro bono servicio nobis pro custodia et bona disposicione ville nostre Calesii impendendo, pro sustentacione sua.... quousque de statu ejusdem Eustacii aliter duxerimus providendum.» (Rymer, vol. III, p. 138.)--3º La restitution faite le 8 octobre 1347 au dit Eustache de Saint-Pierre de quelques-unes des maisons qu’il possédait à Calais et qui avaient été confisquées «dum tamen erga nos et heredes nostros [Eustachius et sui heredes] bene et fideliter se gerant et pro salva custodia et municione dicte ville faciant debite quod debebunt» (Ibid.);--4º la concession faite à Jean de Gerwadby en date du 29 juillet 1351 des biens situés à Calais qui avaient appartenu à Eustache de Saint-Pierre et qui avaient été confisqués après sa mort sur ses héritiers «que per forisfactum heredum ipsius Eustachii, qui adversariis nostris Francie contra nos adherentes existunt, ad manus nostras devenerunt....» (Rot. Franc., an. 25 Ed. III, memb. 5). Bréquigny aurait pu ajouter que le jour même où Édouard restituait à Eustache quelques-uns de ses biens, c’est-à-dire le 8 octobre 1347, il distribuait encore à trois Anglais, à Jean Goldbeter, à Jean Clerc de Londres, à Jean Dalmaigne, des propriétés qui avaient appartenu à ce même Eustache de Saint-Pierre. Il suffit de citer les arguments de Bréquigny pour montrer qu’ils n’infirment nullement le témoignage de Jean le Bel et de Froissart. Eustache de Saint-Pierre, âgé de soixante ans lors de la capitulation, puisque dans un acte de 1335, où il figure comme témoin, il déclare avoir quarante-huit ans, aura voulu mourir dans sa ville natale, dans cette ville qui lui avait inspiré son dévouement: en quoi cela est-il en contradiction avec le récit de Froissart? Voyez l’excellent livre de M. Auguste Lebeau, intitulé: Dissertation sur le dévouement d’Eustache de Saint-Pierre et de ses compagnons en 1347, Calais, 1839, in-12 de 232 pages.
[113] Comme l’a fait observer Dacier (p. 354 de son éd. de Froissart, note 1), cette date n’est pas tout à fait exacte: c’est une des nombreuses erreurs empruntées par Froissart à Jean le Bel (t. II, p. 139). La tête de la décollation de Saint-Jean tombe le 29 août, et le roi d’Angleterre, au rapport de Robert de Avesbury (Hist. Ed. III, p. 140) n’arriva devant Calais que le 3 septembre. D’après le même historien (Ibid., p. 166), cette ville se rendit le vendredi 3 août, le lendemain du décampement de Philippe de Valois et de son armée: le siége avait duré par conséquent juste onze mois.
[114] «Dominus rex, semper misericors et benignus, captis et retentis paucis de majoribus, communitatem dictæ villæ cum bonis suis omnibus graciose permisit abire, dictamque villam suo retinuit imperio subjugatam.» (Robert de Avesbury, p. 167.) D’après Gilles li Muisis, Édouard III laissa à Calais vingt-deux des plus riches bourgeois «pour rensegnier les hiretages», selon l’expression de Froissart. Eustache de Saint-Pierre était désigné par sa position de fortune et la considération qui l’entourait pour être l’un de ces vingt-deux; ainsi s’expliquent les faveurs, très-relatives, d’Édouard en faveur d’Eustache: «.... pro bona dispositione villæ Calesii, quousque de statu ejusdem Eustachii duxerimus providendum.»
[115] Cette erreur a été empruntée par Froissart à Jean le Bel (t. II, p. 140). Philippe de Valois, par une ordonnance antérieure au 7 septembre 1347 et qui fut renouvelée en septembre 1349 (Arch. nat., JJ78, p. 162 et 169) fit don de toutes les forfaitures qui viendraient à échoir dans le royaume aux habitants de Calais chassés de leur ville par les Anglais; le 7 septembre 1347, il accorda aux dits habitants, en considération des pertes que leur avaient fait éprouver les ennemis, tous les offices dont la nomination lui appartenait ou au duc de Normandie, son fils aîné (Arch. nat., K187, liasse 2, p. 97; une copie de cette pièce originale: JJ68, p. 245, est datée d’Amiens le 8 septembre). Enfin le 10 septembre suivant, il leur octroya, par une nouvelle ordonnance, un grand nombre de priviléges et franchises qui furent confirmés sous les règnes suivants (Recueil des Ordonnances, t. IV, p. 606 et suivantes). Ces promesses ne restèrent pas à l’état de lettre morte; un grand nombre d’actes authentiques attestent qu’elles furent tenues. En mai 1348, le roi de France donne une maison sise à Provins à Thomas de Hallangues, bourgeois et habitant de Calais (JJ76, p. 10); en septembre 1349, il concède les biens confisqués d’un usurier lombard, sis au bailliage de Vitry, à Colart de Londeners, jadis bourgeois de Calais, «en consideration de ce qu’il a souffert au siège de cette ville» (JJ68, p. 390); le 9 mars 1350, il indemnise Mabille, veuve d’Enguerrand dit Estrecletrop et Marguerite, fille de feu Lenoir, sœurs, lesquelles avaient perdu leurs biens durant le siége de Calais (JJ80, p. 226). En juillet 1351, Jean de Boulogne, comte de Montfort, lieutenant du roi Jean, son neveu ès parties de Picardie et sur les frontières de Flandres, donne à Jean du Fresne le Jeune, fils de Jean du Fresne, à présent prévôt de Montreuil, jadis bourgeois de Calais, des biens sis à Bouvines et en la comté de Guines confisqués sur Gillebert d’Aire qui est allé demeurer à Calais avec les Anglais. JJ82, p. 271.
[116] Gui de Boulogne n’eut aucune part à ces trêves qui furent conclues le 28 septembre 1347. Les médiateurs furent les cardinaux Annibal Ceccano et Étienne Aubert. La trêve ne devait durer que quinze jours après la fête de Saint-Jean-Baptiste de l’année 1348, c’est-à-dire environ dix mois, et non pas deux ans, comme l’avance le chroniqueur trompé sans doute par les prolongations accordées à différentes reprises. Froissart se trompe aussi en disant que la Bretagne fut exceptée de ces trêves. (Rymer, Fœdera, vol. III, p. 136 à 138.) Dacier avait déjà rectifié Froissart sur tous ces points. Voyez son édit. de Froissart, p. 356, note 2.
[117] C’est Jean de Montgommery, et non Aimeri de Pavie, qui fut nommé capitaine de Calais, avant le départ du roi d’Angleterre, le 8 octobre 1347 (Rymer, vol. III, p. 138). Jean de Montgommery fut remplacé le 1er décembre de cette même année par Jean de Chivereston (Ibid., p. 142). C’est seulement le 24 avril 1348 qu’Édouard nomme son amé Aimeri de Pavie, non capitaine de Calais, mais capitaine et conduiseur de ses galées et de tous les arbalétriers et mariniers montant les dites galées (Ibid., p. 159). Aimeri de Pavie, chargé sans doute comme capitaine des galées de défendre les approches de Calais du côté de la mer, remplit-il en outre par intérim ou autrement les fonctions de gouverneur de cette ville? On en est réduit sur ce point à des suppositions.
[118] Le 12 août 1347, le roi d’Angleterre fit annoncer par tout son royaume qu’il concéderait des maisons, des rentes et ferait toute sorte d’avantages à ceux de ses sujets qui voudraient s’établir à Calais avant le 1er septembre suivant. V. Rymer, vol. III, p. 130.
[119] Le 3 décembre 1347, Édouard confirma les statuts donnés à la ville de Calais en 1317 par Mahaut, comtesse d’Artois. (Rymer, vol. III, p. 142 à 144.) Les dispositions que le roi avait ajoutées à ces statuts dès le 8 octobre 1347 sont relativement libérales. (Ibid., p. 139.) V. Bréquigny, Mém. de l’Académie des Inscriptions, t. 50, p. 623 à 627.
[120] Le témoignage de Froissart est contredit par George de Lesnen, médecin de Charles de Blois, et Olivier de Bignon, son valet de chambre, qui déclarent, dans l’enquête faite pour la canonisation de ce prince, que les Anglais le soumirent à une captivité très-dure. V. dom Morice, Hist. de Bretagne, t. II des Preuves, p. 6 et 7.
[121] Charles de Blois était fils de Marguerite, et Philippe de Hainaut était fille de Jeanne, toutes deux sœurs de Philippe de Valois.
CHAPITRE LXVII.
[122] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. LXXXII, p. 143 à 145.
[123] Les Écossais étaient cependant compris dans ces trêves comme alliés de la France. V. Arch. Nat., sect. hist., J636, nº 21.
[124] Corrèze, arr. Brive, un peu au nord de cette ville, à peu près à égale distance des deux rivières de Corrèze et de Vézère. En 1355, le fils de Guiraud de Ventadour, seigneur de Donzenac, nommé Bernard de Ventadour et châtelain de Beyssac (auj. château de Saint-Augustin, Corrèze, arr. Tulle, c. Corrèze) joua un tour du même genre à Pierre de Mulceone, seigneur de Bar (Corrèze, arr. Tulle, c. Corrèze). Il s’introduisit dans le château de Bar avec seize hommes armés en disant que les Anglais établis à Beaumont (Corrèze, arr. Tulle, c. Seilhac) le poursuivaient et y vola deux mille sommées de blé, soixante lards et six mille cinq cents deniers de bon or à l’ange, au pavillon, à la chaire, à l’agneau, à l’écu (Arch. nat., X2a 6, fos 416 à 424). Le 15 mars 1362, Guiraud de Ventadour, seigneur de Donzenac, prêta serment de fidélité au roi d’Angleterre représenté par Jean Chandos, vicomte de Saint-Sauveur, lieutenant dudit roi; il s’engagea en outre à faire prêter serment à tous ses tenanciers et à rapporter leurs noms à Chandos ou à son sénéchal. V. Bardonnet, Procès-verbal à Jean Chandos des places françaises abandonnées par le traité de Brétigny, Niort, 1870, in-8, p. 115.
[125] Comborn, autrefois siége d’une vicomté, est aujourd’hui un château ruiné de la commune d’Orgnac, Corrèze, arr. Brive, c. Vigeois; ce château est situé sur la rive droite de la Vézère. Le 23 octobre 1363, à Poitiers, en l’église Saint-Maixent, Archambaud, vicomte de Comborn, prêta serment de fidélité, tant en son nom qu’au nom de Marie sa femme, à Édouard, fils aîné du roi d’Angleterre, prince d’Aquitaine et de Galles, duc de Cornouaille et comte de Chester. V. Delpit, Documents français conservés en Angleterre, p. 114.
[126] Ce Bacon est peut-être Jean Bacon, écuyer, fils de Guillaume Bacon, seigneur du Molay (Calvados, arr. Bayeux, c. Balleroy), exécuté pour crime de lèse-majesté, au commencement de l’année 1344. Comme les biens de sa famille avaient été confisqués, Jean Bacon put être plus vivement tenté de refaire sa fortune par le brigandage; et la guerre en Limousin entre les partisans de Jeanne de Penthièvre et ceux de Jeanne de Montfort lui en fournissait l’occasion. Comme il faisait cette guerre de partisan au service ou du moins sous le couvert de la maison de Blois, le roi de France le combla de faveurs.
[127] Croquart figure en effet le premier sur la liste des quinze gens d’armes qui, réunis à sept chevaliers et à huit écuyers, composaient les trente champions du parti anglais.
CHAPITRE LXVIII.
[128] Geoffroi de Charny, seigneur de Pierre-Perthuis, de Montfort et de Savoisy, avait servi, en qualité de bachelier, avec six écuyers dans la bataille de Raoul, comte d’Eu, connétable de France, du 9 mars 1339 au 1er octobre 1340, sur les frontières de Flandre; il était venu de Pierre-Perthuis sous Vézelay (Yonne, arr. Avallon, c. Vézelay;--De Camps, portef. 83, fº 317, à la Bibl. nat.). Le 2 août 1346, Geoffroi promu chevalier était au siége devant Aiguillon où, par acte daté de Port-Sainte-Marie, il donnait quittance de 150 livres sur ses gages et ceux des gens d’armes de sa compagnie (Anselme, hist. généal., t. VIII, p. 202); le 6 janvier 1352, il était chevalier de l’ordre de l’Étoile de la première promotion (Pannier, hist. de Saint-Ouen, p. 95 et 96); le 10 septembre 1352, il était à l’abbaye d’Ardres où il faisait payer 50 livres à Robert de Varennes, capitaine de la bastide de Guines (Anselme, Ibid., p. 203); en octobre 1353, dans un acte où il est qualifié «conseiller du roi», il obtenait l’amortissement de 62 livres 10 sous tournois pour la dotation d’une chapelle ou église collégiale dont il avait projeté la fondation dès 1343 dans son manoir de Lirey (Aube, arr. Troyes, c. Bouilly;--JJ82, p. 28); en juillet 1356 il était gratifié par le roi Jean de deux maisons confisquées sur Joceran de Mâcon et sises à Paris, l’une en face l’église Saint-Eustache, et l’autre à la Ville-l’Évêque, et cette donation était confirmée le 21 novembre 1356, à la requête de Jeanne de Vergy sa veuve, par Charles duc de Normandie, en faveur de Geoffroi de Charny, fils mineur du dit Geoffroi «tué à la bataille livrée dernièrement près de Poitiers.» (Arch. nat., JJ84, p. 671.) Geoffroi de Charny avait été choisi, en effet, le 25 juin 1355, pour porter l’oriflamme, et il se fit tuer à Poitiers en couvrant le roi Jean de son corps. Comme Boucicaut, comme le petit sénéchal d’Eu, comme Jean de Saintré et la plupart des chevaliers de son temps, Geoffroi de Charny était lettré; il est l’auteur d’un ouvrage en prose intitulé: «Demandes pour le tournoy que je, Geoffroi de Charni, fais à haut et puissant prince des chevaliers de Nostre Dame de la Noble Maison.» (Galland, Mém. de l’Acad. des Inscriptions, t. II, p. 739.) M. Léopold Pannier a bien voulu nous signaler en outre dans le ms. nº 25447 du fonds français, à la Bibliothèque nationale, une pièce de vers inédite dont l’auteur est un Geoffroi de Charny.
[129] Cette date, confirmée par les Grandes Chroniques de France (éd. P. Paris, t. V, p. 491) et par Robert de Avesbury (181), est donnée par vingt manuscrits de la première rédaction proprement dite (p. 313) qui sont ici plus exacts que ceux de la première rédaction revisée.
[130] L’affaire fut chaude, et le roi d’Angleterre y fut serré de près, car quinze jours après cet engagement, le 15 janvier 1350, on le voit donner deux cents marcs de rente annuelle à Gui de Bryan «considerantes grata et laudabilia obsequia nobis per dilectum et fidelem nostrum Guidonem de Bryan a diu multipliciter impensa ac bonum gestum suum, in ultimo conflictu inter nos et quosdam inimicos nostros Franciæ apud Calesium habito, vexillum nostrum ibidem contra dictos inimicos nostros prudenter deferendo et illud erectum sustinendo strenue et potenter....» Rymer, Fœdera, vol. III, p. 195.
[131] Les princes et les grands seigneurs portaient à cette époque de chapeaux ou chapelets du plus grand luxe. En 1359, le comte d’Étampes, empruntant de Guillaume Marcel, changeur et bourgeois de Paris, mille moutons d’or, à raison de quatre cents moutons d’intérêt pour six semaines, afin de racheter aux Anglais le pays d’Étampes qu’ils occupaient, donne à son prêteur, en gage du payement de cet intérêt, son «chapeau d’or du pris de deux cenz moutons». Arch. nat., sect. hist., JJ91, p. 399.
[132] Édouard voulut sans doute se rattraper de cet acte de générosité chevaleresque sur ses autres prisonniers. Il est certain du moins qu’il soumit Geoffroi de Charny à une rançon énorme, puisque le roi Jean, pour aider ce chevalier à la payer, lui fit donner, le 31 juillet 1351, douze mille écus d’or. Anselme, Hist. gén., t. VIII, p. 201.
[133] Jeanne, fille de Robert II, duc de Bourgogne, mourut le samedi 12 décembre 1349, d’après les Grandes Chroniques de France (éd. de M. P. Paris, in-12, t. V, p. 490). Les Bénédictins se sont trompés en faisant mourir cette reine le 12 septembre 1348.
[134] D’après l’épitaphe qu’on voyait sur le tombeau de cette princesse, dans l’abbaye de Maubuisson, Bonne de Luxembourg mourut le 11 septembre 1349. (Dacier, édit. de Froissart, p. 366, note 2, et L’Art de vérifier les dates, t. I, p. 600.) Elle serait morte le vendredi 11 août 1349, d’après les Grandes Chroniques de France (t. V, p. 490).
[135] Le 29 janvier 1350, d’après l’Art de vérifier les dates (t. I, p. 597), le mardi 11 janvier 1350, d’après les Grandes Chroniques de France (t. V, p. 491), Philippe de Valois se remaria à Blanche, fille de Philippe d’Évreux, roi de Navarre.
[136] Jean, fils aîné du roi de France, duc de Normandie, se remaria à Jeanne, comtesse de Boulogne, le mardi 9 février 1350, d’après les Grandes Chroniques de France (Ibid., p. 492), et non le 19 février 1350, comme on l’a imprimé par erreur dans l’Art de vérifier les dates, t. I, p. 600.
CHAPITRE LXIX.
[137] Ce chapitre appartient en propre à Froissart et ne se trouve pas dans les Chroniques de Jean le Bel.
[138] Dès le 17 mai 1347, à Conflans près Paris, Louis de Male élisait certains procureurs pour traiter de son mariage avec Marguerite, fille de Jean, duc de Brabant (Arch. nat., Transcripta, JJC, fº 118 vº); à Saint-Quentin, le 6 juin, il promettait d’être le mardi 26 juin à Lewre en Brabant (auj. Leeuw-Saint-Pierre, prov. Brabant, à 13 kil. de Bruxelles) pour accomplir le dit mariage (Arch. nat., JJC, fº 135 vº, p. 64), et il assignait à sa femme 6000 livres en terre sur le comté d’Alost (JJC, fº 128 vº). De son côté, Jean, duc de Brabant, le 18 mai 1347, à Bruxelles, nommait certains procureurs pour traiter du mariage entre son fils aîné Henri et Jeanne, fille du duc de Normandie, et entre son fils Godefroi et Bonne, fille du duc de Bourbon (JJC, fº 123); à Saint-Quentin, le 2 juin, il s’engageait à rompre le plus tôt possible son alliance avec les Flamands et le comte de Hainaut (JJC, fº 119); il promettait au dit Saint-Quentin, le 6 juin, d’aider le comte de Flandre à se faire obéir des Flamands (JJC, fº 118); il déclarait n’être aucunement l’allié du roi d’Angleterre (JJC, fº 116); enfin, il signait une alliance avec le roi de France dans la maison des Frères Prêcheurs (JJC, fº 139 vº). En retour, Philippe de Valois, par lettres aussi datées de Saint-Quentin, le 6 juin 1347, promettait que Jeanne de Normandie et Bonne de Bourbon se trouveraient au château de Vincennes le 19 juin pour leurs mariages avec Henri et Godefroi de Brabant, et que Louis, comte de Flandre, se trouverait à Leeuw en Brabant le 26 juin pour son mariage avec Marguerite de Brabant (JJC, fº 140 vº).
[139] Par cet acte daté de Saint-Quentin, le 5 février 1347, Philippe de Valois garantit le comte de Flandre contre l’évêque et le chapitre de Liége au sujet de Malines cédée par ledit comte à Henri, fils du duc de Brabant, à l’occasion de son mariage avec Jeanne, fille du duc de Normandie. (Arch. nat., sect. hist., JJC, fº 133.) Par un autre acte rendu aussi à Saint-Quentin le 5 juin, le roi de Navarre donne au comte de Flandre cinq mille livres de terre en échange de la cession de Malines à Henri de Brabant (Ibid., fº 131). Philippe de Valois achève de dédommager Louis de Male en érigeant en pairie, par lettres patentes du 27 août 1347, les comtés de Nevers, de Rethel et la baronnie de Donzy. V. Blanchard, Compilation chronologique, col. 105 et 106.
[140] Un traité fut conclu entre le roi d’Angleterre et le comte de Flandre dans les premiers jours de décembre 1348. Par ce traité, Édouard III et Louis de Male ratifient les articles arrêtés par leurs députés et renouvellent l’alliance entre l’Angleterre et la Flandre. Henri, comte de Lancastre, est chargé de recevoir l’acte d’hommage du comte qui s’engage à pardonner aux villes de Gand et de Bruges tout ce qu’elles ont fait contre lui pendant leurs rébellions. Ce traité fut ratifié par Louis de Male, le 4 décembre 1348 (Archives du Nord, fonds de la Chambre des Comptes de Lille, orig. parch.) et par Édouard III le 10 décembre suivant. V. Rymer, Foedera, vol. III, p. 178 et 179.
CHAPITRE LXX.
[141] Ce chapitre ne se trouve pas dans les Chroniques de Jean le Bel.
[142] Vers la Toussaint, c’est-à-dire au commencement de novembre 1349, les Espagnols s’étaient emparés, à l’embouchure de la Gironde, de plusieurs navires anglais qui portaient une cargaison de vin en Angleterre et avaient tué les équipages. (Robert de Avesbury, Hist. Ed. III, p. 184 et 185.) Édouard se plaint amèrement des pirateries des Espagnols, dans une lettre adressée le 10 août 1350 à l’archevêque de Cantorbéry pour demander des prières publiques; on y trouve ce passage: «Jamque in tantam erecti sunt (Hispani) superbiam quod, immensa classe in partibus Flandriæ per ipsos congregata et gentibus armatis vallata, nedum se navigium nostrum in totum velle destruere et mari anglicano dominari jactare præsumunt, sed regnum nostrum invadere populumque nobis subjectum exterminio subdere velle expresse comminantur.» V. Rymer, vol. III, p. 202.
[143] Cette bataille navale se livra en vue de Winchelsea, le jour de la fête de la décollation de Saint-Jean, c’est-à-dire le 29 août 1350. L’armement de la flotte anglaise s’était fait à Sandwich. V. Robert de Avesbury, p. 185.
[144] D’après Robert de Avesbury (p. 185), les Espagnols perdirent vingt-quatre vaisseaux à la bataille navale de Winchelsea.
[145] Pas-de-Calais, arr. Boulogne-sur-Mer, c. Calais. Geoffroi de Charny était encore prisonnier en Angleterre le 20 décembre 1350 (Rymer, vol. III, p. 212); et le parfait payement de sa rançon dut être réglé au mois d’août 1351 au plus tôt (v. plus haut, p. XXXIV, note 1). D’un autre côté, ce chevalier, après sa mise en liberté, ne fut envoyé de nouveau sur la frontière de Calais qu’en février 1352 (Bibl. nat., Titres scellés, vol. 29). Par conséquent, si ce fut Geoffroi qui surprit à Frethun Aimeri de Pavie, cet événement eut lieu sans doute au commencement de 1352.
CHAPITRE LXXI.
[146] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, p. 154.
[147] La peste de 1348 fut un de ces nombreux cas de peste asiatique qui sont venus à diverses reprises fondre sur l’Europe. «Dicta autem mortalitas, dit Jean de Venette, inter incredulos inchoavit, deinde ad Italiam venit; postea montes pertransiens ad Avinionem accessit....» (G. de Nangis, édit. Géraud, t. II, p. 212.) Simon de Covins, astronome du temps, attribua cette peste à l’influence des astres (voyez un article de M. Littré, Bibl. de l’École des Chartes, t. II, p. 208 et suiv.). Dans le nord de la France, la peste sévit d’abord à Roissy (Seine-et-Oise, arr. Pontoise, c. Gonesse); elle fit périr cinquante mille personnes à Paris et seize mille à Saint-Denis, et continua ses ravages pendant un an et demi (Grandes Chroniques, t. V, p. 485 et 486). En Angleterre comme en France, la peste commença par le sud; elle éclata d’abord vers le 1er août 1348 dans le comté de Dorset; elle exerça ensuite de tels ravages à Londres que, de la Purification à Pâques 1349, on enterra deux cents cadavres par jour dans un nouveau cimetière près de Smiethfield sur l’emplacement duquel s’élève aujourd’hui l’école-hospice, jadis couvent, de Charterhouse. De Londres, la peste gagna le nord de l’Angleterre et l’Écosse où elle ne cessa ses ravages que vers la Saint-Michel 1349 (Robert de Avesbury, Hist. Ed. III, p. 177 à 179). Comme il arrive toujours, la peste de 1348 frappa surtout les classes nécessiteuses. La plupart des ouvriers et domestiques étant morts de la peste, ceux qui avaient survécu eurent l’idée de profiter de leur petit nombre pour se faire donner des gages et des salaires plus élevés. Édouard III mit bon ordre à ce qu’il considérait comme un abus, par ordonnance du 18 novembre 1350 (Rymer, vol. III, p. 210 et 211). La Faculté de Médecine de Paris rédigea en 1349 un mémoire sur la peste de 1348; il est conservé au dép. des mss. de la Bibl. nat., fonds latin, nº 11227. M. le docteur Michon a publié en 1860 sur cette épidémie un travail capital intitulé: Documents inédits sur la grande peste de 1348 (consultations de la Faculté de Paris, d’un médecin de Montpellier, description de G. de Machaut), par L. A. Joseph Michon, in-8º, 99 p., Paris, J. B. Baillière.
[148] La Hollande, la Flandre et le Brabant furent le berceau de la secte des flagellants. Cf. Robert de Avesbury, p. 179; Grandes Chroniques, t. V, p. 492 et 493; G. de Nangis, t. II, p. 216 à 218.
[149] Voyez deux chansons des flagellants dans Le Roux de Lincy, Recueil des chants historiques français, première série, p. 237 et suiv.
CHAPITRE LXXII.
[150] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. LXXXV à LXXXVII, LXXXIX, p. 157 à 168, 173 à 175.
[151] Philippe de Valois mourut le dimanche 22 août 1350 à Nogent-le-Roi près Coulombs (auj. Nogent-Eure-et-Loir, ar. Dreux). Jean II fut couronné à Reims le dimanche 26 septembre suivant (p. 400 de ce volume). Le château de Nogent-le-Roi appartenait au roi de Navarre, mais Philippe de Valois mourut sans doute à l’abbaye de Coulombs d’où le roi Jean a daté des lettres de rémission du mois d’août 1350 (JJ80, p. 31).
[152] Quelques-uns de nos lecteurs s’étonneront peut-être des développements que nous donnons à ces notes. C’est que malheureusement beaucoup des erreurs, même grossières, que nous relevons dans les Chroniques de Froissart se retrouvent dans les ouvrages les plus estimés. Il faut bien le dire, l’histoire du quatorzième siècle, dans ses deux parties essentielles, la chronologie et la géographie, reste encore en grande partie à faire. Il n’entre pas dans notre plan de signaler les erreurs qui ont pu échapper à nos prédécesseurs; nous croyons seulement qu’il importe de donner une fois pour toutes l’idée de ces lacunes dont nous parlons; à ce titre, nous citerons les lignes suivantes que les auteurs de l’Art de vérifier les dates (t. I, p. 598) ont consacrées aux deux premières années du règne du roi Jean: «Nos armes n’avaient aucun succès contre les Anglais. Cette même année (1351), ils se rendirent maîtres de Guines au mois de septembre par la trahison de Beaucaurroy, lieutenant de la place, qui expia ce crime par une mort honteuse. Aimeri de Pavie, commandant de Calais, qui avait séduit Beaucaurroy, voulut surprendre l’année suivante Saint-Omer où commandait Charny. Il est pris lui-même dans une embuscade, et Charny le fait écarteler. Le roi d’Angleterre n’avait pas ainsi traité Charny, comme on l’a vu, lorsqu’ayant engagé l’an 1348 ce même Aimeri à lui livrer Calais, il fut surpris au moment où il allait s’emparer de la place. Édouard lui ayant pardonné généreusement, Charny, par reconnaissance, devait user de la même générosité.» Les Bénédictins ont commis dans ce peu de lignes presque autant d’erreurs qu’ils ont avancé de faits. Ce n’est pas au mois de septembre 1351, mais en 1352, entre le 6 et le 22 janvier, que les Anglais s’emparèrent par surprise du château de Guines. C’est Robert de Herle, et non Aimeri de Pavie, qui était capitaine de Calais lorsque le Lombard, devenu simple châtelain de Frethun, fut surpris à son tour par Geoffroi de Charny. Enfin, la tentative de ce dernier contre Calais eut lieu, non en 1348, mais dans la nuit du 31 décembre 1349 au 1er janvier 1350.
[153] Le roi Jean se mit en route pour Avignon dans les derniers jours de novembre 1350. Le dernier jour de novembre, il passait à Chateauneuf-sur-Loire (Loiret, ar. Orléans); il était arrivé à Villeneuve-lès-Avignon (Gard, arr. Uzès, sur la droite du Rhône) le 23 décembre (JJ80, p. 867; JJ81, p. 166, 167, 237, 760, 203, 460).
[154] Le roi de France, arrivé de Beaucaire à Montpellier le 7 janvier 1351, tint le lendemain 8 dans cette ville les états généraux de la province où avaient été convoqués les prélats, barons et communes des sénéchaussées de Toulouse, Carcassonne, Beaucaire et Rouergue, les évêques d’Agde, Béziers, Lodève, Saint-Papoul, Lombez et Comminges (dom Vaissette, Hist. du Languedoc, t. IV, p. 272). La présence de Jean à Montpellier du 9 au 21 janvier est attestée par divers actes (JJ80, p. 466, 761, 149, 759, 269, 532, 763, 356, 456, 457, 458). Le roi de France fit une excursion à Aigues-Mortes le 22 janvier et jours suivants (JJ80, p. 463, 459, 749, 771); il était le 26 (JJ80, p. 318, 455, 476) de retour à Villeneuve, où il donnait un tournoi magnifique et séjournait de nouveau jusque vers les premiers jours de février (JJ80, p. 476, 472, 587, 568).
[155] Le roi Jean ne se dirigea pas vers le Poitou, mais il regagna directement Paris, où le rappelaient les états généraux de la Languedoil et de la Languedoc convoqués pour le 16 février 1351, convocation qui fut, il est vrai, prorogée au 15 mars suivant. Au retour, il passa par Lyon, où il se trouvait le 7 février (JJ80, p. 216, 372); il était rentré à Paris le 19 février au plus tard (JJ80, p. 212).
[156] Froissart a commis une erreur en donnant dès cette époque à Arnoul d’Audrehem le titre de maréchal de France. Le sire d’Audrehem prit en effet, comme le dit notre chroniqueur, une part active à la campagne des Français en Saintonge pendant la première moitié de 1351, mais il n’était alors que capitaine du comté d’Angoulême pour Charles d’Espagne. Nous avons des lettres données à Angoulême le 5 janvier 1350 par Arnoul d’Audrehem, chevalier du roi et capitaine souverain deputé ou comté d’Angoulesme (JJ78, p. 87), et le 24 avril 1351 par le même Arnoul d’Audrehem, capitaine et gouverneur du comté d’Angoulesme pour Charles d’Espagne (JJ84, p. 224). Fait prisonnier au combat de Saintes, Arnoul d’Audrehem fut nommé maréchal de France après la mort d’Édouard de Beaujeu, entre le 21 et le 30 juin 1351. Il avait été mis en liberté et se trouvait à Paris dès le 25 mai, jour où dans l’hôtel des hoirs feu Vincent du Castel, près la porte Saint-Honoré, lui et Jeanne de Hamelincourt sa femme se firent une donation entre vifs de tous leurs biens meubles et immeubles; il n’est encore qualifié dans cet acte que noble homme et puissant Mgr Arnoul d’Odeneham, chevalier, seigneur du dit lieu, et dans la confirmation, en date du 21 juin suivant, de la dite donation, on l’appelle simplement dilectum et fidelem militem et consiliarium nostrum (JJ80, p. 495). Mais dans une donation que le roi Jean lui fit à Saint-Ouen au mois de juin 1351 de la ville et du château de Wassigny (Aisne, ar. Vervins), on donne déjà à Arnoul d’Audrehem le titre de maréchal de France (JJ81, p. 110). Le P. Anselme s’est donc trompé en faisant dater la promotion d’Arnoul d’Audrehem comme maréchal de France du mois d’août 1351. V. Hist. généal., t. VI, p. 751 et 752.
[157] D’après Robert de Avesbury, les forces anglo-gasconnes, envoyées au secours de Saint-Jean-d’Angély, étaient commandées par le sire d’Albret. Hist. Ed. III, p. 186.
[158] L’historien du règne d’Édouard III, qui tend à diminuer l’effectif des forces anglaises, toutes les fois qu’il s’agit d’une affaire où elles ont donné, ne prête que six cents hommes d’armes au sire d’Albret. Ibid.
[159] Nous avons des lettres de Gui de Nesle, sire de Mello, maréchal de France, lieutenant du roi en Poitou, Limousin, Saintonge, Angoumois et Périgord par deçà Dordogne, datées de Niort le 4 novembre 1349 (JJ78, p. 87), le 18 décembre 1350 (JJ80, 577), de Chizé (Deux-Sèvres, arr. Melle, c. Brioux) le 19 février 1351 (JJ81, p. 118). Par acte daté de Paris le 16 mars 1351 «presente domino constabulario» (Charles d’Espagne), le roi Jean donne à son amé et féal cher et cer Gui de Nesle, maréchal de France, mille livres tournois de rente annuelle sur les forfaitures qui viendront à échoir (JJ83, p. 344).
[160] D’après Robert d’Avesbury, ce combat se livra près de Saintes, le 8 avril 1351, et trois cents chevaliers français y furent faits prisonniers (Hist. Ed. III, p. 186 et 187). D’après les Grandes Chroniques de France (v. p. 401 de ce volume), cette affaire eut lieu le 1er avril 1351; et Gui de Nesle, maréchal de France, Guillaume son frère, Arnoul d’Audrehem tombèrent au pouvoir des Anglais. Ce qui est certain, c’est que le combat de Saintes eut lieu avant le mois de juin 1351, puisque Gui de Nesle avait déjà recouvré sa liberté, sous caution ou autrement, à cette date, comme on le voit par des lettres du roi Jean données à Paris en juin 1351, presente Guidone de Nigella marescallo Francie (JJ80, p. 552). On lit dans d’autres lettres datées du Val Coquatrix le 15 juillet 1351 que le roi Jean donne à Gui de Beaumont, pour l’aider à payer sa rançon, trente huit arpents de bois dans la forêt de Halate «cum prædictus miles nuper cum dilecto et fideli milite et marescallo nostro Guidone de Nigella, cujus dictus Guido de Bellomonte marescallus erat, in nostro servicio in partibus Xantonensibus per regni nostri inimicos captus fuerit et adhuc eorum prisonarius existat» (JJ80, p. 719). D’un autre côté, ce combat se livra, comme le dit Robert d’Avesbury, près de Saintes, car nous lisons dans des lettres de rémission accordées par Gui de Nesle le 24 septembre 1351 à Renoul de Saint-Pardoulf, écuyer, que le dit Renoul avait été pris darrainement en la bataille de Sainctes (JJ81, p. 62). Sismondi, M. H. Martin et tous les historiens contemporains se trompent donc à la suite de Froissart en plaçant l’affaire de Saintes à l’époque où le roi Jean vint en Poitou et en Saintonge pour renforcer le siége de Saint-Jean-d’Angély, c’est-à-dire au mois d’août 1351. V. Sismondi, t. X, p. 392 et 393, et M. H. Martin, éd. de 1839, t. V, p. 450.
[161] L’affaire de Saintes eut lieu, comme nous venons de le voir, dans les premiers jours d’avril 1351, et le roi Jean n’était pas alors à Poitiers. Il est même fort douteux que le siége fût déjà mis devant Saint-Jean-d’Angély à cette date. La noblesse de la sénéchaussée de Beaucaire, placée sous les ordres de Guillaume Rolland, sénéchal de ce pays, ne servit en Poitou, sous Charles d’Espagne, connétable de France, que de la mi-juillet à la mi-septembre 1351 (dom Vaissette, Hist. du Languedoc, t. IV, p. 274). Nous avons des lettres de Charles d’Espagne, connétable de France, lieutenant du roi entre Loire et Dordogne, datées de ses tentes devant Saint-Jean-d’Angély, le 26 juillet 1351 (JJ81, p. 575), du siége devant Saint-Jean-d’Angély, le 30 août 1351 (JJ82, p. 202).
[162] La dernière pièce, citée dans la note précédente, prouve que la reddition de Saint-Jean-d’Angély n’a pu avoir lieu le 7 août, puisque Charles d’Espagne assiégeait encore cette ville le 30 août 1351. Dans tous les cas, cette reddition n’aurait pu être faite au roi Jean, qui était encore à Chanteloup (auj. hameau de Saint-Germain-lès-Arpajon, Seine-et-Oise, ar. Corbeil, c. Arpajon) le 10 août 1351 (JJ81, p. 160). Le roi de France ne dut arriver devant Saint-Jean-d’Angély qu’à la fin d’août; il délivra des lettres de rémission le 29 août 1351 à Jean de Pontallier, chevallier, in tentis nostris ante Sanctum Johannem Angeliacensem (JJ81, p. 917). D’après les Grandes Chroniques (v. p. 401 de ce volume), Saint-Jean-d’Angély se rendit au mois de septembre. La reddition de cette ville dut avoir lieu entre le 29 août et le 5 septembre; à cette dernière date, le roi de France avait déjà repris le chemin de Paris, comme on le voit par des lettres datées de Niort le 5 septembre 1351, auxquelles Jean fit apposer le sceau de son cousin Charles d’Espagne in nostrorum magni et secreti absencia (JJ81, p. 145). Jean était de retour à Paris au plus tard le 17 septembre (JJ81, p. 935).
[163] Jean de Beauchamp était capitaine du château de Calais dès le 19 juillet 1348 (Rymer, vol. III, p. 165). Fait prisonnier à l’affaire d’Ardres, au commencement de juin 1351, il fut remplacé le 20 de ce mois par Robert de Herle (Ibid., p. 222).
[164] Édouard, sire de Beaujeu, maréchal de France depuis 1347 par la démission de Charles, sire de Montmorency, ne fut pas envoyé à Saint-Omer après la reddition de Saint-Jean-d’Angély, puisque, comme nous le verrons, il était certainement mort avant le 30 juin 1351.
[165] Ce combat passe pour s’être livré le 27 mars, quatrième dimanche de carême 1351, sur le territoire de la commune de la Croix-Helléan (Morbihan, ar. Ploërmel, c. Josselin, à 10 kil. de Ploërmel). Une pyramide de granit a été élevée en 1823 en remplacement du Chêne de Mivoie, à 150 mètres environ de l’endroit où se livra le combat. Une croix, reconstruite après la Révolution avec les débris d’une croix plus ancienne, porte une vieille inscription commémorative de ce fait d’armes (art. de M. Rosenzweig dans le Dictionnaire de la France de M. A. Joanne). Le combat des Trente a donné lieu à un curieux poëme, publié en 1819 par Fréminville, en 1827 par Crapelet, et enfin par Buchon. V. l’ouvrage intitulé: Le Combat de trente Bretons contre trente Anglais, d’après les documents originaux des quatorzième et quinzième siècles, suivi de la biographie et des armes des combattants, par Pol de Courcy. Saint-Brieuc, 1857, impr. Prud’homme, in-4º, 76 p., 3 pl.
[166] Ce curieux passage est emprunté au ms. B6 dont le texte est très-corrompu. Peut-être le copiste a-t-il mis un X de trop, et faut-il lire: «XII ans puissedy» au lieu de: «XXII ans puissedy,» ce qui placerait ce séjour de Froissart à Paris vers 1364, au lieu de 1374. C’est précisément en cette année 1364 que, d’après un fragment de compte découvert par M. Caffiaux, Froissart rapporta de Paris des nouvelles d’un procès de la ville de Valenciennes pendant devant le Parlement «.... pour yaus moustrer les nouvielles que Froisars avoit rapportées au prouvost et as jurés dou plait que li ville a à Paris à l’encontre Monseigneur.» Compte de 1364. V. Nicole de Dury, par H. Caffiaux, Valenciennes, 1866, in-12, p. 34 et 100.
[167] Sismondi (t. X, p. 398), M. Henri Martin (édit. de 1839, t. V, p. 457) et tous les historiens placent l’affaire d’Ardres en 1352; c’est une erreur qu’ils ont empruntée à Froissart (v. p. 115 de ce volume). Un érudit distingué, M. René de Belleval, s’écarte un peu moins de la vérité en disant que ce combat suivit immédiatement la reddition de Saint-Jean-d’Angély (La grande guerre, Paris, Durand, 1862, in-8, p. 48, note 1). Le sire de Beaujeu était certainement mort avant le 30 juin 1351, puisqu’à cette date l’official de Lyon et le juge ordinaire de Beaujeu font citer les témoins qui ont souscrit le testament d’Édouard, sire de Beaujeu, ainsi que les principaux parents et amis du défunt, à comparaître, le lundi après l’octave de Saint-Pierre et Saint-Paul, à Villefranche, pour assister à la publication et à l’ouverture du testament dudit Édouard (Arch. nat., orig. lat. sur parchemin jadis scellé, sect. adm., P1362^2, cote 1498. V. Huillard-Bréholles, Titres de la maison de Bourbon, t. I, p. 449). Édouard, sire de Beaujeu, est mentionné comme décédé dans un acte du 8 juillet 1351: «dilectum et fidelem nostrum Eduardum, dominum de Bellojoco, tunc viventem.» (JJ80, p. 504). Le combat d’Ardres dut même se livrer avant le 20 juin 1351, car Robert de Herle fut nommé à cette date Capitaine du château de Calais en remplacement de Jean de Beauchamp, fait prisonnier dans cette rencontre (Rymer, vol. III, p. 222).
[168] Édouard de Beaujeu était mort depuis trois mois environ lorsque Saint-Jean-d’Angély se rendit aux Français. Le sire de Beaujeu n’avait d’ailleurs pris aucune part, quoi qu’en dise Froissart, à la campagne des Français en Saintonge pendant la première moitié de 1351. Il se tenait pendant ce temps à Saint-Omer et à Guines en qualité de gardien de la frontière et de lieutenant du roi ès parties de Picardie, tandis que Pierre, duc de Bourbon, comte de Clermont et de la Marche, chambrier de France, résidait au même titre à Arras (JJ80, p. 607).
[169] Auj. Nordausques, Pas-de-Calais, ar. Saint-Omer, c. Ardres et Zudausques, Pas-de-Calais, ar. Saint-Omer, c. Lumbres, au nord-ouest de Saint-Omer et au sud-est d’Ardres, sur la route de Saint-Omer à Calais, passant par Ardres.
[170] Hames fut cédé aux Anglais en 1360 par le traité de Brétigny; et le roi Jean, par acte daté de Hesdin en novembre 1360, pour indemniser ses amés et féaux Guillaume, seigneur de Hames, et Enguerrand son frère, leur assigna cinq cents livrées de terre en rente perpétuelle sur sa recette d’Amiens. JJ118, p. 92.
[171] Voy. plus haut, p. XIII, note 62.
[172] Voy. plus haut, p. XII, note 56.
Si le combat d’Ardres avait eu lieu en 1352, comme l’avancent tous les historiens, la garnison de Guines ne serait pas venue au secours des Français, puisque cette forteresse tomba au pouvoir des Anglais dès le commencement de janvier de cette année.
[173] Ce fut Jean de Boulogne, qui succéda à Édouard de Beaujeu et fut envoyé à Saint-Omer dès le mois de juillet 1351 comme lieutenant du roi ès parties de Picardie et sur les frontières de Flandre (JJ82, p. 276).
[174] Ce ne fut pas Thomas de Beauchamp, comte de Warwick, qui succéda à Jean de Beauchamp son frère; Robert de Herle fut nommé capitaine du château de Calais le 20 juin 1351 (Rymer, vol. III, p. 222).
[175] Jean de Beauchamp ne fut pas échangé contre Gui de Nesle; il était encore prisonnier le 4 décembre 1351 (Rymer, vol. III, p. 236).
[176] Étienne Aubert, ancien évêque de Clermont, cardinal d’Ostie, fut élu pape sous le nom d’Innocent VI le 18 décembre 1352 en remplacement de Clément VI mort le 6 décembre précédent.
[177] Une trêve fut en effet conclue, grâce à la médiation du cardinal Gui de Boulogne, entre le château et la bastide de Guines, le 10 mars 1353 (n. st.); elle devait durer jusqu’au 1er août suivant (Rymer, vol. III, p. 254).
[178] Raoul de Brienne, comte d’Eu et de Guines, connétable de France, fait prisonnier à la prise de Caen par les Anglais le 26 juillet 1346, était encore en Angleterre le 20 octobre 1350, jour où Édouard octroya des lettres de sauvegarde à quinze personnes envoyées en France pour rassembler l’argent destiné à la rançon du connétable (Rymer, vol. III, p. 206). Le 8 novembre 1350, Raoul d’Eu était encore dans les bonnes grâces du roi Jean qui ordonna, par un mandement en date de ce jour, d’exproprier Jean Morier, changeur, qui avait pris la fuite, emportant quatre cents deniers d’or à l’écu qui appartenaient à son très cher et féal cousin le connétable de France du fait de sa charge (JJ80, p. 312). Il dut être exécuté le 18 novembre au matin, car il est déjà mentionné comme défunt dans un acte de ce jour par lequel le roi Jean donne à Gautier duc d’Athènes, marié à Jeanne d’Eu, sœur du connétable, l’hôtel que Raoul d’Eu possédait à Paris dans le quartier Saint-Paul (JJ80, p. 168). Sauf le château et la châtellenie de Beaurain concédés le 23 décembre 1350 à Robert de Lorris (JJ81, p. 220), le comté d’Eu donné en février 1351 à Jean d’Artois (JJ81, p. 282) et la reprise en mars 1351 (JJ80, p. 348) par Catherine de Savoie, fille de feu Louis de Savoie et veuve de Raoul d’Eu, d’un apport dotal de quatre mille florins d’or assis sur la terre de Sauchay (Seine-Inférieure, arr. Dieppe, c. Envermeu), le reste de la succession de Raoul passa, en vertu de donations faites par le roi Jean en février (JJ80, p. 368) le 16 mars (JJ80, p. 659) et le 26 septembre 1351 (JJ80, p. 464), à Gautier de Brienne-Châtillon, duc d’Athènes, comte de Braisne, beau-frère, et à Jeanne d’Eu, duchesse d’Athènes, sœur de l’infortuné connétable. Villani dit (l. II, c. 50) que le roi Jean fit mettre à mort Raoul d’Eu parce que, n’ayant pu se procurer l’énorme somme exigée pour sa rançon, le comte de Guines promit de livrer au roi d’Angleterre en échange de sa liberté le comté et la forteresse de Guines. Ce qui rend la version du chroniqueur florentin très-vraisemblable, c’est que Jean confisqua au profit de la couronne et ne donna à personne le comté de Guines.
[179] Cette trêve fut conclue entre Guines et Calais le soir du 11 septembre 1351 et devait durer jusqu’au matin du 12 septembre 1352 (Rymer, vol. III, p. 232). D’après les Grandes Chroniques de France (V. p. 401 de ce volume) et la Chronique des Valois (p. 24), le château de Guines fut pris par les Anglais pendant la première fête de l’Étoile à laquelle s’était rendu le sire de Bouvelinghem, capitaine de ce château. Or cette fête se tint le 6 janvier 1352. Le rédacteur des Grandes Chroniques rapporte, il est vrai, la fête dont il s’agit au mois de novembre 1351: mais il aura confondu sans doute l’ordonnance de fondation en date du 16 novembre 1351 avec la première fête de l’Ordre qui eut lieu, comme nous venons de le dire, le 6 janvier 1352. D’un autre côté, Robert de Avesbury place la prise de Guines vers la Saint-Vincent (22 janvier) 1352: tunc instante festo Sancti Vincentii (Hist. Ed. III, p. 188). D’où il suit que la prise de Guines par les Anglais eut lieu du 6 au 22 janvier 1352. Un archer anglais, nommé Jean de Dancaster, s’empara-t-il de ce château par surprise, suivant le témoignage de Robert de Avesbury; ou la forteresse française fut-elle livrée par la trahison de Guillaume de Beaucaurroy, suivant la version de la plupart des chroniqueurs français? C’est ce que le silence des actes ne nous permet pas de décider.
[180] L’ordonnance de fondation est du 16 novembre 1351, et la première fête se tint le 6 janvier 1352. Du reste, pour tout ce qui concerne l’ordre de l’Étoile, il nous suffit de renvoyer à l’excellent ouvrage de M. Léopold Pannier, La Noble Maison de Saint-Ouen, Paris, 1872, in-12, p. 84 à 127.
[181] Froissart désigne ici le combat de Mauron (Morbihan, arr. Ploërmel, au nord-est de Ploërmel, à l’est de Rennes et de Montfort-sur-Meu), livré le 14 août 1352, où Gautier de Bentley, capitaine pour le roi d’Angleterre en Bretagne, à la tête de trois cents hommes d’armes et d’un égal nombre d’archers, battit Gui de Nesle, sire d’Offémont, maréchal de France, qui se fit tuer ainsi que le sire de Bricquebec et Gui de Nesle, châtelain de Beauvais. Robert de Avesbury cite en outre parmi les morts, du côté des Français, le vicomte de Rohan, Jean Frère, les seigneurs de Quintin, de Tinténiac, de Rochemont, de Montauban, Renaud de Montauban, Robert Raguenel, Guillaume de Launay, etc., en tout quatre-vingts chevaliers et cinq cents écuyers. V. Grandes Chroniques, p. 402 de ce volume, et Robert de Avesbury, p. 189 à 191.
CHAPITRE LXXIII.
[182] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. LXXXVIII, p. 169 à 171.
[183] Charles de Castille, dit d’Espagne, fils d’Alphonse de la Cerda, seigneur de Lunel, fut fait connétable de France en janvier 1351 en remplacement de Raoul de Brienne, II du nom, comte d’Eu et de Guines, exécuté le 18 novembre 1350. Dès le 23 décembre 1350, le roi Jean fit don à Charles d’Espagne, son cousin, du comté d’Angoulême (Arch. nat., sect. hist., JJ80, p. 768), et ce don fut renouvelé en octobre 1352 (JJ81, p. 464). En novembre 1352, Charles d’Espagne est gratifié du château et de la châtellenie d’Archiac (JJ81, p. 452). En janvier 1353, le roi de France unit diverses terres à la baronnie de Lunel en faveur de Charles d’Espagne (J166, nº 28). Le 17 juillet 1353, le roi Jean concède à Charles d’Espagne les ville, château et châtellenie de la Roche d’Agoux (Puy-de-Dôme, ar. Riom, c. Poinsat) donnés naguère par Philippe de Valois au connétable Imbert de Beaujeu, seigneur de Montpensier (JJ81, p. 767).
[184] Charles d’Espagne fut assassiné le 6 janvier 1354. Charles, roi de Navarre, Philippe et Louis de Navarre, frères du dit roi, instigateurs de cet assassinat (JJ82, p. 278), eurent pour complices Jean Malet, seigneur de Graville (JJ82, p. 226), Guillaume de Mainemares, dit Maubue, chev. (JJ82, p. 469), Colard Doublel, écuyer (JJ82, p. 511), Jean dit de Fricamps, chev. (JJ82, p. 183), le seigneur de Clères (JJ82, p. 477), le seigneur d’Aulnay, chev. (JJ82, p. 468), Ancel de Villiers, chev. (JJ82, p. 466), le seigneur de Morbecque, chev. (JJ82, p. 467), Jean de Champgerboust (JJ82, p. 443), Gillet de Banthelu (JJ82, p. 445), Jean de Belangues (JJ82, p. 446), Jean de Gramoue (JJ82, p. 447), Henri de Mucy (JJ82, p. 463), Philippe de Boutanvilliers (JJ82, p. 464), Drouet de Lintot (JJ82, p. 465), Jean Du Quesne (JJ82, p. 474), Geffroi de Marson (JJ82, p. 475), Henri Du Bois (JJ82, p. 476), Guillaume de Manteville (JJ82, p. 510), écuyers, qui obtinrent des lettres de rémission le 4 mars 1354.
Des lettres de rémission, octroyées au roi de Navarre sur le fait du meurtre du connétable Charles d’Espagne, furent entérinées au parlement, en séance du roi, le 4 mars 1354. Arch. nat., U524, t. 33, fº 61.
[185] La trêve, conclue ès tentes devant Guines le 6 avril 1354, devait expirer le 6 avril 1355. Les pleins pouvoirs donnés par Édouard à Guillaume, évêque de Norwich, à Michel évêque élu de Londres, à Henri duc de Lancastre, à Richard comte d’Arundel, à Barthélemy de Burghersh, chambellan du roi, à Gui de Bryan seigneur de Laghern, sont datés de Westminster le 28 août 1354 (Rymer, vol. III, p. 283). Le roi leur adjoignit des auxiliaires, le 30 octobre suivant, pour le cas où un traité serait conclu (Ibid., p. 289). Les plénipotentiaires du roi de France, Pierre I, duc de Bourbon et Pierre de la Forêt, archevêque de Rouen, chancelier de France, partirent pour Avignon dans le courant du mois de novembre 1354. Les négociations, qui remplirent les mois de janvier et de février 1355, n’eurent d’autre résultat que la prolongation de la trêve jusqu’au 24 juin suivant.
[186] Jean III, dit le Triomphant, duc de Brabant, mourut le 5 décembre 1355. Il avait épousé en 1314 Marie, seconde fille de Louis comte d’Évreux, décédée le 30 octobre 1335, après lui avoir donné trois fils morts sans lignée avant leur père, et trois filles: Jeanne, mariée à Wenceslas de Luxembourg, qui lui succéda; Marguerite mariée à Louis de Male comte de Flandre; Marie femme de Renaud duc de Gueldre. Jean laissait, en outre, dix-sept bâtards, sept garçons et dix filles.
[187] Wenceslas, marié en 1347 à Jeanne de Brabant, veuve de Guillaume II comte de Hainaut, comte de Luxembourg à la fin de 1353, fait duc par l’empereur Charles IV son frère le 13 mars 1354, était fils de Jean de Luxembourg, roi de Bohême, tué à Crécy, et de sa seconde femme, Béatrix, fille de Louis Ier, duc de Bourbon. Wenceslas se trouvait donc, comme le dit Froissart, neveu de Jacques de Bourbon, comte de la Marche, frère cadet de sa mère.
[188] Cette guerre ne dura guère qu’un an et demi, et non trois ans; elle ne commença qu’en 1356, et fut signalée par la bataille de Scheut près Bruxelles (auj. écart d’Anderlecht, prov. Brabant, c. Molenbeek-Saint-Jean, à 4 kil. de Bruxelles), gagnée le 18 août 1356 par les Flamands sur les Brabançons. Le traité de paix qui mit fin à cette guerre est daté du 3 juillet 1357.
[189] Guillaume III, dit l’Insensé, fils de Louis Ier de Bavière, empereur d’Allemagne, et de sa seconde femme, Marguerite de Hainaut, succéda à sa mère dans le comté de Hainaut le 26 février 1357.
CHAPITRE LXXIV.
[190] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. XC, p. 177 à 183.
[191] Les actes ne font aucune mention de ce voyage du roi de Navarre et de son frère en Angleterre. On voit seulement par la déposition en date du 5 mai 1356 de Friquet, gouverneur de Caen pour le roi de Navarre, que le duc de Lancastre, qui était alors en Flandre, fit offrir à Charles le Mauvais le secours de son cousin Édouard contre la vengeance du roi Jean, que le roi de Navarre se réfugia aussitôt auprès du pape à Avignon d’où il se rendit en Navarre, et que ce fut de là qu’il expédia un de ses agents, nommé Colin Doublet, en Angleterre pour annoncer au roi qu’il se rendrait par mer avec des troupes à Cherbourg afin de recouvrer ses places occupées par le roi de France. Cette déposition de Friquet a été publiée par Secousse, Preuves de l’histoire de Charles le Mauvais, p. 49 à 57.
[192] Les lettres de sauvegarde données par le roi d’Angleterre à Charles de Blois pour aller en Bretagne assister au mariage de sa fille Marguerite avec le connétable Charles d’Espagne et chercher l’argent de sa rançon, sont datées du 10 novembre 1354 (Rymer, vol. III, p. 290). Des lettres de sauf-conduit furent aussi délivrées le même jour à seize seigneurs bretons qui, après avoir accompagné Charles sur le continent, devaient revenir en Angleterre se constituer otages, en cas de non-payement de la rançon, si Charles lui-même n’était pas de retour avant le 24 juin 1355. Parmi ces seigneurs figurent Jean, vicomte de Rohan, banneret, Thibaud, sire de Rochefort, banneret, Bonabbé de Rougé, sire de Derval, banneret, Jean de Beaumanoir, Yvain Charuel, Bertrand du Guesclin. En même temps, par acte daté du 11 novembre 1354, il fut convenu qu’il y aurait trêve en Bretagne entre les Anglais et les partisans de Charles de Blois jusqu’au 24 juin 1355 (Ibid., p. 290 et 291). Le 8 février 1355, Thomas de Holland avait été nommé pour un an capitaine et lieutenant en Bretagne (p. 295), mais Édouard lui notifia, le 14 septembre suivant, qu’il eût à livrer les places fortes à Henri, duc de Lancastre, appelé à le remplacer dans le commandement de cette province et des pays adjacents (Ibid., p. 312).
[193] Dès le 27 avril 1355, Édouard donne des ordres pour rassembler la flotte qui doit transporter en Guienne le prince de Galles et son armée; le 6 mai il fait préparer pour l’expédition de son fils deux mille cinq cents claies et quinze équipages de ponts (Rymer, vol. III, p. 298 et 299).
[194] Le 1er juin 1355, le roi d’Angleterre demande des prières à l’archevêque de Cantorbéry, primat du royaume, à l’occasion de la guerre contre la France qui va recommencer (Ibid., p. 303); le 1er juillet suivant, il nomme gardiens du royaume pendant son absence Thomas son fils, les archevêques de Cantorbéry et d’York, l’évêque de Winchester, Richard comte d’Arundel et Barthélemy de Burghersh (Ibid., p. 305).
[195] Un traité fut conclu à Valognes le 10 septembre 1355 entre Charles II, roi de Navarre, et le roi Jean; il avait été négocié au nom du roi de France par Jacques de Bourbon, comte de Ponthieu, connétable de France, et par Gautier, duc d’Athènes, comte de Braine. Ce traité a été publié par Secousse, Preuves de l’histoire de Charles le Mauvais, p. 582 à 595.
[196] Ardres-en-Calaisis, Pas-de-Calais, ar. Saint-Omer.
[197] Auj. hameau de Zutkerque, Pas-de-Calais, ar. Saint-Omer, c. Audruicq.
[198] D’après Robert de Avesbury, Édouard fit crier dans les rues de Londres le 11 septembre que tous chevaliers, gens d’armes et archers se tinssent prêts à partir le 29 septembre de Sandwich pour Calais; le 15 et le 26 de ce mois, il défendait de faire sortir des ports aucun navire jusqu’à la Saint-Michel (Rymer, vol, III, p. 313). Grâce à ces mesures, une armée de plus de trois mille hommes d’armes, avec deux mille archers à cheval et un grand nombre d’archers à pied, était réunie à Calais avant la fin d’octobre. Ce qui avait déterminé le roi d’Angleterre à lever des forces si considérables, c’était sans doute la célèbre ordonnance par laquelle le roi Jean son adversaire avait convoqué à Amiens, dès le 17 mai de cette année, le ban et l’arrière-ban, c’est-à-dire tous les hommes valides depuis dix-huit jusqu’à soixante ans (Arch. nat., sect. hist., K47, nº 35); mais nous apprenons par des lettres de rémission, octroyées en décembre 1355 aux habitants de Paris, que les contingents des communes, outre qu’ils étaient très-incomplets, n’arrivèrent pas en temps (JJ84, p. 456). S’il fallait en croire Robert de Avesbury (v. p. 205 à 207), Édouard serait entré en campagne et aurait marché sur Saint-Omer le 2 novembre. Le roi Jean, arrivé dans cette ville avec une puissante armée, n’aurait osé attendre les Anglais et se serait retiré devant eux en ayant soin d’enlever tous les approvisionnements pour les affamer. La disette de vivres seule aurait forcé Édouard à s’arrêter à Hesdin et à regagner, par la route de Boulogne, Calais, où il serait rentré après dix jours de chevauchée le jour de Saint-Martin d’hiver (11 novembre). L’itinéraire du roi Jean, que nous avons dressé d’après les actes, prouve que le récit du chroniqueur anglais est de toute fausseté, du moins en ce qui concerne la marche de l’armée française. Le roi de France, en effet, est à l’abbaye de Saint-Fuscien (Somme, ar. Amiens, c. Sains) le 28 octobre (JJ84, p. 352), à Amiens le 5 (JJ84, p. 335) et le 7 novembre (JJ84, p. 412), à Coisy près Amiens (Somme, ar. Amiens, c. Villiers-Bocage) en novembre (JJ84, p. 419), à Lucheux (Somme, ar. et c. Doullens, sur les confins de l’Artois) le 9 novembre (JJ84, p. 445), à Aire et à Saint-Omer en novembre (JJ84, p. 371, 233, 330, 365). On voit par ces étapes que, du 2 au 11 novembre, le roi Jean, loin de se retirer devant les Anglais en s’enfuyant de Saint-Omer à Amiens, ne cessa au contraire de s’avancer à leur rencontre.
[199] D’après la Scala Chronica, le roi de France avait envoyé en Écosse le sire de Garancières avec cinquante hommes d’armes et une somme de dix mille marcs à partager entre les barons d’Écosse, à condition qu’ils violeraient la trêve.
[200] D’après Robert de Avesbury (p. 209), les Écossais s’emparèrent par surprise, le 6 novembre, de la ville de Berwick, et non du château, qui resta au pouvoir des Anglais. Il ne fallait pas moins de trois jours pour faire parvenir cette nouvelle à Édouard; et en effet le roi d’Angleterre, interrompant sa marche en avant à travers l’Artois, se mit en devoir de regagner Calais dès le 9 novembre.
[201] Robert de Avesbury prétend (p. 206) que Jean fut effrayé en apprenant par Boucicaut, qu’il appelle «sire Bursyngaud», combien était forte l’armée anglaise qui marchait en bon ordre, divisée en trois batailles.
[202] Pas-de-Calais, arr. Boulogne-sur-Mer, c. Guines.
[203] Arnoul d’Audrehem, maréchal de France, qui avait été nommé, le 1er janvier 1355, lieutenant ès parties de Picardie, d’Artois et de Boulonnais (Arch. nat., JJ84, p. 181) tenait habituellement garnison à Saint-Omer (JJ85, p. 132) ou à Ardres (JJ84, p. 461). Philippe, duc d’Orléans, ayait été nommé aussi lieutenant du roi ès dites parties le 6 juillet 1355 (JJ84, p. 499).
[204] Robert de Avesbury raconte aussi que le lendemain du retour d’Édouard à Calais, c’est-à-dire le 12 novembre, le connétable de France et d’autres seigneurs vinrent au bout de la chaussée de Calais offrir la bataille pour le mardi suivant 16 novembre; mais le duc de Lancastre, le comte de Northampton et Gautier de Mauny, chargés de s’entendre avec les envoyés français, répondirent à ceux-ci par des faux-fuyants, de telle sorte que l’entrevue n’aboutit à aucun résultat. Robert de Avesbury, Hist. Ed. III, p. 207 à 209.
CHAPITRE LXXV.
[205] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. XCI, p. 185 et 186.
[206] Édouard, qui repassa en Angleterre dans la seconde quinzaine de novembre, octroya, le 3 décembre suivant, à Westminster, des lettres de rémission à des seigneurs qui avaient chassé avec Édouard Baillol dans sa forêt d’Inglewod en Cumberland; dès le 22 décembre, il était à Durham où il convoqua à Newcastle-upon-Tyne, pour le 1er janvier 1356, au plus tard, tous les hommes valides entre seize et soixante ans; il était à Newcastle le 6 et le 9 janvier 1356 (Rymer, vol. III, p. 314 et 315). Le 13 janvier, il arriva devant Berwick où il rejoignit Gautier de Mauny qui l’avait précédé pour prendre le commandement du château et qui avait fait miner les remparts de la ville, dont les habitants se rendirent le jour même (Robert de Avesbury, p. 228 et 229). Les prélats et barons d’Écosse tenaient un grand conseil à Perth, le 17 janvier, pour traiter de la délivrance de Robert Bruce (Rymer, vol. III, p. 317). Trois jours plus tard, le 20 janvier, à Roxburgh, Édouard III se faisait céder solennellement par Édouard Baillol tous les droits de ce prétendant sur le trône d’Écosse (Ibid., p. 317 à 320).
[207] D’après Robert de Avesbury (p. 235 et 236), l’armée anglaise se composait de trois mille hommes d’armes, de dix mille soudoyers, de plus de dix mille archers à cheval et d’un égal nombre d’archers à pied; elle avait un front de vingt lieues.
[208] «Plures naves, de Anglia versus ipsum regem cum victualibus venientes, adeo fuerant per tempestates maris horribiliter agitatæ quod quædam earum, ut dicebatur, perierunt; et quædam ad portus diversos Angliæ redierunt per tempestatem compulsæ, et quædam ad partes exteras transvehebantur.» Robert de Avesbury, p. 237.
[209] D’après Robert de Avesbury (p. 236 à 238), Guillaume de Douglas aurait sollicité et obtenu du roi de l’Angleterre une trêve de dix jours, en promettant d’attirer les prélats et barons d’Écosse dans l’obéissance d’Édouard; mais au lieu de tenir sa promesse, il n’aurait profité de cette trêve que pour faire transporter tous les vivres et approvisionnements dans ses places fortes ou dans des cachettes souterraines et pour se mettre en sûreté lui et les siens dans des forêts inaccessibles.
[210] Robert de Avesbury dit seulement que Guillaume de Douglas ne cessa d’épier les Anglais pendant leur retour d’Écosse en Angleterre et qu’il surprit un jour dans un manoir écarté Robert Erlee chevalier et vingt hommes de sa suite.
CHAPITRE LXXVI.
[211] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. XCII, p. 187 à 189.
[212] Le prince de Galles débarqua en Guyenne après le 16 juillet 1355, car c’est la date du mandement par lequel Édouard ordonne de réunir une flotte pour transporter en Gascogne le prince et son armée. V. Rymer, Fœdera, vol. III, p. 308 et 309.
[213] Lot-et-Garonne, ar. Agen, entre Aiguillon au nord-est et Agen au sud-est. Comme le prince de Galles commença sa chevauchée par une incursion dans le comté d’Armagnac, il put faire passer la Garonne à son armée au Port-Sainte-Marie, qui n’est pas, comme le dit Froissart, à trois lieues de Toulouse, mais entre Aiguillon et Agen. Les Anglais ravagèrent ensuite les comtés d’Astarac et de Comminges; ils restèrent sur la rive gauche de la Garonne jusqu’à une lieue en amont de Toulouse où ils passèrent ce fleuve non loin de son confluent avec l’Ariége. Le prince de Galles lui-même a pris soin de raconter son expédition dans une lettre adressée de Bordeaux, en date de Noel (25 décembre) 1355, à l’évêque de Winchester; il faut joindre à ce document capital deux lettres de Jean de Wingfield, chevalier, l’un des conseillers principaux du prince, datées la première de Bordeaux le mercredi avant Noel 1355, la seconde de Libourne le 22 janvier 1356. V. Robert de Avesbury, Hist. Ed. III, éd. de 1720, p. 210 à 227.
[214] Le prince de Galles (Ibid., p. 214) et Jean de Wingfield (p. 219) disent qu’au moment du passage des Anglais à une lieue en amont de Toulouse, Jacques de Bourbon, connétable, Jean de Clermont, maréchal de France, Jean comte d’Armagnac étaient enfermés dans cette ville.
[215] Haute-Garonne, ar. Villefranche-de-Lauraguais, à 21 kil. au sud-est de Toulouse, sur la route de Toulouse à Carcassonne.
[216] Les plateaux du Lauraguais sont en effet boueux aux environs de Montgiscard. Encore aujourd’hui, beaucoup de constructions sont en briques.
[217] Haute-Garonne, ar. et c. Villefranche-de-Lauraguais, à 42 kil. au sud-est de Toulouse, sur la route de Toulouse à Carcassonne. Le prince de Galles mentionne dans la lettre déjà citée la prise d’Avignonet «qu’estoit bien graunt et fort.» La ville est, selon la description fort exacte de Froissart, pittoresquemement bâtie en amphithéâtre.
[218] Castelnaudary fut pris par les Anglais la veille de la Toussaint (31 octobre) 1355. Ibid., p. 214.
[219] Nous ne connaissons aucune localité du nom de Villefranche entre Castelnaudary et Carcassonne. Si Froissart a voulu parler de Villefranche-de-Lauraguais, il aurait dû citer cette ville après Montgiscard, car on la trouve avant Avignonet et Castelnaudary quand on va de Toulouse à Carcassonne.
[220] La ville de Carcassonne proprement dite, ou ville basse, que l’Aude sépare de la cité, n’avait pas alors de fortifications. L’enceinte, dont une partie subsiste encore, fut élevée de 1355 à 1359 par les soins de Thibaud de Barbazan, sénéchal de Carcassonne, aux frais des habitants de cette ville, qui s’imposèrent pour cela une taille extraordinaire en avril 1358. Arch. nat., sect. hist., JJ90, p. 141.
[221] Le prieuré des religieuses de Saint-Augustin, situé dans la banlieue de Carcassonne, fut détruit par les Anglais et rebâti plus tard dans la ville (Arch. nat., sect. hist., JJ82, p. 353; JJ86, p. 24; JJ144, p. 445). Par acte daté de Toulouse en juin 1359, Jean, fils de roi de France et son lieutenant ès parties de Langue d’Oc, comte de Poitiers, accorde des priviléges aux bouchers de Carcassonne «propter cursum principis Gallorum et concremacionem dicti loci» (Arch. nat., JJ112, p. 351). Carcassonne devait surtout sa richesse à la fabrication du drap. JJ69, p. 41; JJ70, p. 51, 476; JJ143, p. 8.
[222] Jean le Bel, si versé dans l’histoire poétique de Charlemagne, n’a pas mentionné cette légende que Froissart emprunte aux poëmes chevaleresques.
[223] Aude, ar. Carcassonne, c. Capendu, à 8 kilomètres à l’est de Carcassonne, sur la route qui va de cette ville à Béziers et à Narbonne.
[224] Nous identifions Ourmes de Froissart avec Homps, Aude, ar. Narbonne, c. Lézignan, à l’est de Trèbes, sur la route de Carcassonne à Capestang et à Béziers.
[225] Hérault, ar. Béziers, entre Homps à l’ouest et Béziers à l’est, à 12 kil. au nord de Narbonne, sur le bord septentrional d’un étang que l’Aude met en communication avec la mer.
[226] M. Cauvet, avocat à Narbonne, a fait gagner un procès relatif à la possession de ces salines, en s’appuyant principalement sur ce passage de Froissart.
[227] Jacques de Bourbon ne se tenait pas à Montpellier; il était venu de Toulouse à Carcassonne (Robert de Avesbury, p. 221) et inquiétait l’armée anglaise sur ses derrières. C’étaient les milices de la sénéchaussée de Beaucaire qui s’avançaient par Montpellier et qui, combinant leurs mouvements avec ceux du comte d’Armagnac et de Jacques de Bourbon, tendaient à envelopper les Anglo-Gascons.
[228] Le prince de Galles dit (p. 215) que le vicomte de Narbonne avait sous ses ordres cinq cents hommes d’armes. C’est à Narbonne que le prince reçut du pape une demande de sauf-conduit pour deux évêques envoyés en négociation, mais il refusa d’accorder aux deux légats les lettres de sauf-conduit.
[229] L’église Saint-Just, commencée en 1272, ne consiste que dans un chœur dont les voûtes s’élèvent à 40 mètres; elle était la cathédrale des archevêques de Narbonne, primats du Languedoc. La paroisse de Narbonne qui souffrit le plus du passage des Anglais fut celle de Saint-Étienne; elle resta longtemps déserte.
[230] Jacques Mascaro, historiographe de la commune de Béziers, nous a laissé une chronique qui va de 1347 à 1390 où on lit le curieux passage qui suit: «L’an 1335, davan las Totz Sanz, venc en aquest pays lo princep de Galas; et vengueron los coredos entro à Bezes. Mais quand el saup que en Bezes avia grands gens d’armas, ne volc pus avant passar; et venc tant gran neu que si no s’en fos tornat, non y a guera Engles no fos remangut en las plassas.» Bulletin de la société archéologique de Béziers, t. I, p. 81.
[231] Montréal-de-l’Aude, Aude, ar. Carcassonne, au sud-ouest de cette ville.
[232] Fougax-et-Barrineuf, Ariége, ar. Foix, c. Lavelanet.
[233] Aujourd’hui château de la Bastide-de-Sérou, Ariége, ar. Foix. Le prince de Galles s’en alla par un autre chemin qu’il n’était venu; il opéra sa retraite par les montagnes des diocèses de Carcassonne, de Pamiers et de Rieux, soit, comme il l’affirme, qu’il poursuivît les Français qui reculaient devant lui dans cette direction, soit qu’il craignît de ne plus trouver dans le pays qu’il avait ravagé en venant de Toulouse à Carcassonne de quoi nourrir son armée. Quoi qu’il en soit, il repassa la Garonne à Carbonne (Haute-Garonne, ar. Muret); il campa une nuit sur la rive droite de la Save qui le séparait du comte d’Armagnac, du connétable de France et du maréchal de Clermont dont on apercevait les feux de l’autre côté de la rivière à Lombez et à Sauveterre (Gers, ar. et c. Lombez). Il poursuivit l’ennemi jusqu’à Gimont (Gers, ar. Auch) où l’armée française se débanda, tandis que ses chefs s’enfermaient dans cette place forte. Gimont ou Francheville, situé «in inimicorum fronteria», avait été pourvu d’une enceinte avant janvier 1351, date d’une charte où Jean concède l’encan aux habitants (JJ80, p. 155). Sur la route de Gimont à Bordeaux, le prince de Galles réduisit six villes fermées, le Port-Sainte-Marie, Clairac (Lot-et-Garonne, ar. Marmande, c. Tonneins), Tonneins (Lot-et-Garonne, arr. Marmande), Bourg Saint-Pierre, Castelsagrat (Tarn-et Garonne, ar. Moissac, c. Valence-d’Agen), Brassac (Tarn-et-Garonne, ar. Moissac, c. Bourg-de-Visa) et dix-sept châteaux. Le bâtard de l’Isle, capitaine de Castelsagrat, fut tué à l’assaut de cette forteresse par Jean Chandos, James d’Audley et Renaud de Cobham. Cette chevauchée avait duré deux mois, en octobre et novembre 1355.
CHAPITRE LXXVII.
[234] Cf. Jean le Bel, Chroniques, chap. XCIII, t. II, p. 191 à 194.
[235] Cet impôt et celui de huit deniers pour livre avaient été décrétés par la célèbre ordonnance du 28 décembre 1355 tenue à la suite de la réunion des Etats Généraux à Paris le 30 novembre précédent. L’impopularité de ces taxes détermina l’assemblée qui se réunit de nouveau le 1er mars 1356 à les remplacer par une sorte d’impôt sur le revenu ou de capitation qui frappait inégalement les nobles, les clercs et les non-nobles.
[236] Le nombre de dix-sept, donné par les Grandes Chroniques de France, est confirmé par les lettres de rémission octroyées à Arras le 28 avril 1356 aux habitants de ladite ville par Arnoul d’Audrehem, maréchal de France, lieutenant du roi ès parties de Picardie, d’Artois et de Boulonnais: «Comme plusieurs commocions, rebellions, assemblées et monopoles eussent esté faites en la ville d’Aras, et encores de ce fust ensivi uns fais piteux ouquel Willaumes li Borgnes, Jaquemart Louchart, esquievin, Andrieu de Mouchi, bourgois de le dite ville, et plusieurs autres, jusques au nombre de dix-sept personnes, furent ochiz en le maison du dit Willaume, et aucuns d’iceulx jeté jus inhumainement en le Cauchie par les fenestres du dit hostel, et le ministre de le Trinité de l’Ordre Saint Mathelin et un autre navré mortelment, et depuis au tiers jour deux autres mis à mort par voie de fait...» Arnoul d’Audrehem fit décapiter en sa présence quatorze des coupables, jeter leurs cadavres à la voirie et suspendre les têtes au-dessus des portes de la ville (Arch. nat., sect. hist., JJ84, p. 528, fos 274 vº et 275). Des lettres de rémission furent accordées en octobre 1356 à André de Mouchi, cher, pour avoir tué Henri Wion d’Arras, accusé d’avoir provoqué la sédition et le meurtre du père du dit André. JJ84, p. 808.
[237] La tragique scène de Rouen eut lieu le mardi 5 avril 1356, d’après des lettres de Charles dauphin du 12 décembre 1357 (JJ89, p. 289) et les Grandes Chroniques de France (v. p. 414 de ce volume). On lit par erreur: «Le mardi sixiesme jour d’avril» dans l’édition de M. P. Paris, in-12, t. VI, p. 26.
[238] Le seigneur de Préaux fut exécuté avec Jean, comte de Harcourt, et Jean Malet, sire de Graville (Table de Lenain, U524, t. XXX, fº 64). Le 5 juin 1356, le roi Jean échangea une terre située dans le comté d’Alençon, provenant de la confiscation des biens de feu Jean Malet, sire de Graville, contre un manoir que Marie d’Espagne, comtesse d’Alençon, possédait à Saint-Ouen (Arch. nat., J169, nº 32). Le 13 juin 1356, le roi de France fit présent à la dite comtesse d’Alençon, pour elle et ses enfants, des biens ayant appartenu à Jean Malet à Séez et à Bernai (V. Desnos, Hist. d’Alençon, t. I, p. 388).
[239] Maubue était un surnom de ce chevalier, dont le prénom était Guillaume (JJ82, p. 469); Jean de Mainemares, écuyer, frère aîné de Guillaume, obtint des lettres de rémission en janvier 1358 (JJ89, p. 215).
[240] Cet écuyer, désigné par Froissart et les autres chroniqueurs sous le nom de Doublet, est appelé Doublel dans les registres du Trésor des Chartes (JJ82, p. 511 et JJ85, p. 30). En janvier 1357 (n. st.) le roi Jean donne à Jean du Saussay, écuyer, huissier d’armes du duc de Normandie, la maison de Raffetot (Seine-Inférieure, ar. le Havre, c. Bolbec), avec 50 livres tournois de rente, confisquée pour la forfaiture de feu Colinet Doublel (JJ85, p. 30). D’autres biens de Colin Doublel furent donnés en décembre 1357 à son frère messire Jean Doublel (JJ89, p. 330).
[241] En mai 1359, Charles régent donne à Louis de Harcourt, vicomte de Châtellerault, les terres et châtellenies de Vibraye et de Bonnétable dans le comté du Maine, venues à héritage à Jean, comte de Harcourt, du chef de sa mère, et confisquées sur ledit Jean, neveu de Louis, complice du roi de Navarre. JJ90, p. 112.
[242] Philippe de Navarre ne perdit pas de temps, car la tragique scène de Rouen avait eu lieu le mardi 5 avril 1356, et dès le commencement du mois suivant des négociations étaient ouvertes avec le roi d’Angleterre, vers lequel Philippe de Navarre et Godefroi de Harcourt avaient député Jean, sire de Morbecque et Guillaume Carbonnel, sire de Brevands. Ces négociateurs avaient rempli leur mission dès le 12 mai, date du sauf-conduit qui leur fut délivré pour revenir en Normandie (Rymer, vol. III, p. 328, 329). Le 24 juin, Édouard envoyait à Philippe de Navarre et à Godefroi de Harcourt un sauf-conduit pour venir à sa cour (Ibid., p. 331). Mais Godefroi de Harcourt, occupé dès le 22 juin à guerroyer en Normandie en compagnie du duc de Lancastre (Robert de Avesbury, p. 247), n’eut pas le temps de se rendre en Angleterre; et son voyage resta, quoi qu’en dise Froissart, à l’état de projet. Quant à Philippe de Navarre, il alla bien à la cour d’Édouard, mais postérieurement à la campagne du duc de Lancastre à laquelle il avait pris part, comme il résulte de deux lettres d’Édouard des 20 et 24 août 1356 (Rymer, vol. III, p. 338, 339), et du traité de Clarendon du 4 septembre 1356 (Ibid., p. 340). V. Léopold Delisle, Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, p. 84 et 85.
[243] Le duc de Lancastre avait en tout neuf cents hommes d’armes et quatorze cents archers. Les cinq cents hommes d’armes et huit cents archers qu’il avait primitivement sous ses ordres s’étaient grossis des cent hommes d’armes de Philippe de Navarre et de Godefroi de Harcourt et de trois cents hommes d’armes et cinq cents archers amenés par Robert Knolles de Carentoir en Bretagne (Morbihan, ar. Vannes, c. la Gacilly). L’abbaye de Montebourg, et non Evreux, avait été choisie comme quartier général. La petite armée se mit en marche le 22 juin; elle était de retour à Montebourg le 13 juillet. Ces détails sont tirés d’une lettre écrite à Montebourg le 16 juillet 1356 qui donne jour par jour l’itinéraire suivi par le duc de Lancastre (v. Robert de Avesbury, p. 246 à 251). Le but principal de cette expédition était de forcer les Français qui assiégeaient le Pont-Audemer sous les ordres de Robert de Houdetot à lever le siége de cette ville occupée par les Navarrais. Les dates extrêmes de ce siége nous sont fournies par des lettres de rémission de mai 1357 en faveur de Guillaume l’Engigneur de Mangreville sur le Ponteaudemer (auj. Manneville-sur-Risle), où on lit que «... nostre amé et feal messire Robert de Houdetot et plusieurs gens d’armes eztans sous son gouvernement venissent tenir siège devant le dit chastel, et y fussent depuis Pasques 1356 jusques à la Saint Jehan (24 juin) ensivant...» Arch. nat., sect. hist., JJ85, p. 120.
[244] Le 4 juillet, le duc de Lancastre surprit et pilla Verneuil, où il se reposa trois jours.
[245] Le roi Jean attendait les Anglais à une petite lieue de Laigle, à Tubœuf (Orne, ar. Mortagne, c. Laigle), avec son fils aîné Charles, le duc d’Orléans son frère, une armée de huit mille hommes d’armes et de quarante mille arbalétriers et autres gens des communes. Le roi de France, au lieu de tomber sur les Anglais, envoya deux hérauts offrir la bataille au duc de Lancastre, qui profita de cet avertissement pour s’échapper. V. Robert de Avesbury, p. 249 et 250.
[246] Le siége d’Évreux ne fut pas fait par le roi Jean en personne; ce siége, comme celui du Pont-Audemer, suivit immédiatement l’arrestation du roi de Navarre: il est antérieur à la chevauchée du duc de Lancastre. Évreux s’était rendu aux Français avant le 20 juin, jour où Guillaume, abbé de Saint-Taurin, fit remise à Jean de Montigny, aumônier, et à Adam de Pinchemont, infirmier de ladite abbaye, qui s’étaient enfermés dans la cité et église d’Évreux pour mettre en sûreté les joyaux de leur abbaye, de la peine qu’ils pouvaient avoir encourue en prenant les armes et en concourant à la défense. Ces lettres de rémission furent confirmées le 12 août 1356 par le roi Jean: «Comme depuis que nous eusmes fait prendre ou chastel de Rouen le roy de Navarre et conte d’Evreux, nostre filz et homme, et mettre en prison fermée pour certainnes causes, plusieurs personnes se soient mis et requeulis en la cité d’Evreux et icelle tenue à force par certain temps contre nostre volenté et la puissance de certainne quantité de gens d’armes que nous y avions envoié, jusques à tant que certain traictié et accort fu fait de nostre congié et consentement entre noz dictes gens et les gens estans en la dicte cité: par lequel traictié et accort iceulx de la dicte cité rendirent à noz dictes gens pour nous icelle cité, sauf leurs corps et leurs biens, et par certaines autres condicions contenues plus plainnement ès diz traictié et accort sur ce fais...» (Arch. nat., JJ84, p. 638). Jean de Torpo, d’Évreux, poissonnier du roi de Navarre, avait approvisionné de poisson salé le château où il s’enferma pendant le siége; et nous voyons dans des lettres de rémission qui lui furent délivrées en octobre 1356, que Roberge, sa femme, munie d’un sauf-conduit du comte de Tancarville, connétable de Normandie, alla se retirer avec la femme de Pierre de Sacquenville, après la reddition d’Évreux, dans le château de Breteuil. JJ85, fº 67 vº.
[247] Auj. Saint-Léger-de-Rothes ou Saint-Léger-du-Boscdel, Eure, arr. et c. Bernai.
[248] Tout le monde sait qu’il était d’usage dès cette époque d’employer l’artillerie au siége des places fortes; ce que l’on ignore généralement, c’est que, dès le règne de Charles V, et peut-être auparavant, on avait l’habitude de tirer le canon à Paris pendant les représentations du mystère de la Passion. C’est ce qui résulte de lettres de rémission que nous avons découvertes et que nous publions ici pour la première fois. Ces lettres sont datées, il est vrai, de 1380; mais elles constatent que l’usage de tirer le canon dans cette circonstance était établi depuis longtemps. Nous prions les historiens de l’artillerie et de notre théâtre au moyen âge de nous pardonner cette publication qui est ici un hors-d’œuvre.
«Charles, etc. Savoir faisons à touz presens et à venir à nous avoir esté exposé de la partie de Guillaume Langlois que, comme, le mardi après Pasques darrain passées, ès jeux qui furent faiz et ordenez en l’onneur et remembrance de la Passion Nostre Seigneur Jhesucrit en nostre bonne ville de Paris, par aucuns des bourgois et autres bonnes genz d’icelle, le dit exposant eust esté requis, prié et ordené de ceulx qui ès diz jeux faisoient les personnages des figures des ennemis et deables, de estre aux diz jeux pour getter des canons, quant temps seroit, afin que leurs personnages fussent mieulz faiz, si comme ès diz jeux on a acoustumé à faire par chacun an à Paris. Et lors avint que avec le dit exposant vint et s’embati illec amiablement Jehan Hemon, varlet d’estuves, pour lui cuidier aidier à jouer et faire getter des diz canons, quant lieu et temps seroit, comme autreffoiz on a acoustumé à faire. Et il soit ainsi que ilz ordenèrent et mistrent à point iceulx canons pour getter et faire bruit sur l’appointement et arroy du Cruxifiement que on a acoustumé à faire en iceulx jeux en remenbrance de la mort et passion de Nostre Seigneur Jhesucrit. Et pour ce que illec où les diz exposanz et Jehan Hemon estoient, fu mise une broche chaude et boutée en un canon estant ou dit lieu, la cheville d’icellui canon par force de feu s’en issy et sailli plus tost et autrement que ne cuidoient et pensoient yceulx exposanz, et Hemon, par tèle manière que le dit Hemon d’icelle cheville fu feru et attaint d’aventure en l’une de ses jambes. Et aussi fu le dit Guillaume par la force du feu qui en yssi embrasé et brûlé parmi le visage et fu en grand doubte et en aventure d’estre mort ou affolé de touz poins. Après lesquèles choses ainsi avenues, le dit Hemon, qui estoit bon et vray ami d’icellui exposant, et qui ne vouloit que, pour la bleceure qu’il avoit ainsi de la cheville du dit canon, il fust aucunement dommagié ne poursuy.... Donné à Paris l’an de grâce mil trois cens et quatre vins, ou moys d’avril et le dix septième de nostre regne.» Arch. nat., sect. hist., JJ116, p. 254, fos 152 vº et 153.
[249] Cf. Chronique des quatre premiers Valois, p. 42 à 46. D’après cette chronique, le roi Jean aurait fait venir le roi de Navarre du Château-Gaillard, afin que Charles ordonnât lui-même à ses capitaines de Breteuil et du Pont-Audemer d’évacuer ces places, démarche qui n’aboutit à aucun résultat.
[250] On peut dresser sûrement d’après les actes l’itinéraire du roi Jean dans le cours de cette expédition de Normandie. Le jour même où le duc de Lancastre entrait en campagne, c’est-à-dire le 22 juin, le roi de France était à Dreux (Arch. nat., JJ84, p. 554), après avoir passé le 7 juin à Saint-Arnoul-en-Yvelines (Seine-et-Oise, ar. Rambouillet, c. Dourdan), et au Gué-de-Longroi (Eure-et-Loir, ar. Chartres, c. Auneau); le 8 juillet, il se trouvait à Tubœuf près Laigle où il laissa échapper le duc de Lancastre et les Anglais. Le siége de Breteuil dut suivre immédiatement cette poursuite infructueuse, car nous avons un très-grand nombre de lettres du roi Jean et de son fils Charles datées Ante Britolium in Normannia anno Domini 1356, mense Julii (JJ84, p. 788. Cf. JJ84, p. 566, 567, 570, 587, 606, 788). D’autres lettres sont datées: In exercitu nostro ante Britolium, mense Augusti (JJ84, p. 571, 574, 582, 586, 602 à 604, 680, 681, 720). Ces pièces mentionnent la présence au siége du connétable Gautier de Brienne, duc d’Athènes, des maréchaux d’Audrehem et de Clermont, de l’archevêque de Sens, de l’évêque de Châlons, des comtes d’Eu, de Tancarville et de Ventadour, de Geoffroi de Charny, de Boucicaut et d’Aubert de Hangest. Le 12 août, le roi Jean datait encore ses lettres: En noz tentes devant Bretueil (JJ84, p. 638); mais dès le 19 il était au château de Tremblay-le-Vicomte (Eure-et-Loir, ar. Dreux, c. Châteauneuf-en-Thymerais) et se préparait à marcher contre le prince de Galles (JJ84, p. 633). La reddition du château de Breteuil eut lieu par conséquent entre le 12 et le 19 août 1356.
[251] Mss. B 1, 3, 4: «qui se tenoit.» Mauvaise leçon.
[252] Mss. B 4, 3: «li aise ne li plaisir.» Fº 129 vº.
[253] Ms. B 3, fº 137.--Mss. B 1, 4: «eurent.» Mauvaise leçon.
[254] Ms. B 4, fº 131.--Ms. B 1, t. II, fº 13 (lacune).
[255] Ms. B 4, fº 132 vº.--Mss. B 1, 3, t. II, fº 15 vº (lacune).
[256] Mss. B 4, 3, fº 132 vº.--Ms. B 1, t. II, fº 15 vº (lacune).
[257] Mss. B 3, 4, fº 140.--Ms. B 1, t. II, fº 15 vº: «il.» Mauvaise leçon.
[258] Mss. B 4, 3, fº 133.--Ms. B 1, t. II, fº 16 (lacune).
[259] Ms. B4, fº 134.--Ms. B 1, t. II, fº 17 (lacune).
[260] Ms. B 3, fº 141 vº.--Mss. B 1, 4 (lacune).
[261] Mss. B 4, 3, fº 135.--Ms. B 1, t. II, fº 19 (lacune).
[262] Ms. B 4: «loyrier.» Fº 135 vº.--Ms. B 3: «leurrer.» Fº 143.
[263] Ms. B 4, fº 136 vº.--Ms. B 1, t. II, fº 20 vº (lacune).
[264] Ms. B 4, fº 136 vº.--Ms. B 1, t. II, fº 21 vº (lacune).--Ms. B 3: «qui en auroit.» Fº 156 vº.
[265] Mss. B 4, 3, fº 137.--Ms. B 1, t. II, fº 22 vº: «fisent.» Mauvaise leçon.
[266] Mss. B 4, 3, fº 138.--Ms. B 1, t. II, fº 23 vº (lacune).
[267] Mss. B 4, 3, fº 138 vº.--Ms. B 1, t. II, fº 24 vº (lacune).
[268] Mss. B 4, 3, fº 138 vº.--Ms. B 1, t. II, fº 24 vº (lacune).
[269] Ms. B 3, fº 158 vº.--Mss. B 1, 4, fº 25 vº: «faire.» Mauvaise leçon.
[270] Ms. B 4, 3, fº 141.--Ms. B 1, t. II, fº 28 (lacune).
[271] Ms. B 4, fº 141.--Ms. B 1, t. II, fº 28 (lacune).
[272] Ms. B 4: «Or m’est advis que c’est grans anis.» Fº 141 vº.--Ms. B 3: «Or m’est il advis que.» Fº 160 vº.
[273] Mss. B 4, 3, fº 142.--Ms. B 1, t. II, fº 29 vº (lacune).
[274] Ms. B 4: «ducyaume.» Fº 142.--Ms. B 3: «duchié.» Fº 161 vº.
[275] Mss. B 4, 3, fº 142 vº.--Ms. B 1, t. II, fº 30 (lacune).
[276] Mss. B 4, 3, fº 142 vº.--Ms. B 1, t. II, fº 30 vº (lacune).
[277] Mss. B 4, 3, fº 143.--Ms. B 1, t. II, fº 31 (lacune).
[278] Mss. B 4, 3.--Ms. B 1 (lacune).
[279] Mss. B 4, 3, fº 143.--Ms. B 1 (lacune).
[280] Mss. B 4, 3, fº 144.--Ms. B 1, t. II, fº 32: «oront.» Mauvaise leçon.
[281] Mss. B 4, 3, fº 144.--Ms. B 1, t. II, fº 32 vº (lacune).
[282] Mss. B 4, 3, fº 144 vº.--Ms. B 1, t. II, fº 33 (lacune).
[283] Mss. B: «et.» Ms. B 1, t. II, fº 34 vº.
[284] Mss. B 4, 3, fº 145 vº.--Ms. B 1, t. II, fº 34 vº: «s’ameroit.» Mauvaise leçon.
[285] Mss. B 4, 3, fº 146.--Ms. B 1, t. II, fº 35: «qui.» Mauvaise leçon.
[286] Mss. B 4, 3, fº 146.--Ms. B 1, t. II, fº 35 (lacune).
[287] Mss. B 3, 4, fº 167.--Ms. B 1: «bevenes.» Mauvaise leçon.
[288] Ms. B 4, fº 147 vº: «trauée.»--Ms. B 3: «trouée.» Fº 168.
[289] Ms. B 3, fº 170.--Mss. B 1, 4: «de Humainne.» Mauvaise leçon.
[290] Mss. B 4, 3, fº 150.--Ms. B 1, t. II, fº 41 (lacune).
[291] Mss. B 4, 3, fº 150.--Ms. B 1, t. II, fº 41 (lacune).
[292] Ms. B 4, fº 154.--Mss. B 1, 3: «arriveroient.» Mauvaise leçon.
[293] Mss. B 4, 3, fº 158.--Ms. B 1, t. II, fº 53: «les.» Mauvaise leçon.
[294] Mss. B 4, 3.--Ms. B 1: «meroient.» Mauvaise leçon.
[295] Ms. B 3: «Laueline.» Fº 181 vº.
[296] Mss. B 4, 3, fº 165.--Ms. B 1, t. II, fº 63: «vinage.» Mauvaise leçon.
[297] Ms. B 3, fº 182 vº.--Ms. B 1, t. II, fº 69: «qu’à parer.»--Ms. B 4, fº 162: «preparer.»
[298] Lacune.
[299] Lacune.
[300] A partir de ce § 321 jusqu’au § 370 inclusivement, les mss. A ou mss. de la première rédaction proprement dite présentent un texte complétement différent de celui des mss. B ou mss. de la première rédaction revisée: ce texte des mss. A est un fragment emprunté aux Grandes Chroniques de France; on le trouvera reproduit, comme supplément à nos variantes, à la fin de ce volume.
[301] Ici finit le manuscrit de Rome dont les trois derniers feuillets ont été lacérés. Voy. l’introduction au I{er} livre, en tête du tome premier de cette édition, p. LXXV et LXXVI.
[302] Voyez l’introduction au premier livre, en tête du t. I de notre édition, p. XXXI à XLIII.
[303] Cf. l’édition de M. P. Paris, in-12, Paris, Techener, 1837 et 1838, t. V, p. 491, 492, 494 et 495.
[304] Cf. l’édition précitée, t. VI, p. 1 à 31.
[305] Le texte qui suit est établi d’après le ms. A 7 (nº 2655 de la Bibl. nat.), que nous considérons comme l’un des plus anciens et meilleurs manuscrits de la première rédaction proprement dite; dans les passages défectueux, nous l’avons collationné avec le ms. des Grandes Chroniques de France qui a appartenu à Charles V (nº 2813 de la Bibl. nat.).
[306] Ms. 2813, fº 393 vº.--Ms. 2655, fº 166: «fust».
[307] Ms. 2813.--Ms. 2655: «d’Audechon».
[308] Ms. 2813, fº 393 vº.--Ms. 2655, fº 166 vº (lacune).
[309] Ms. 2813, fº 394.--Ms. 2655, fº 166 vº (lacune).
[310] Ms. 2813, fº 394 vº.
[311] Ibid.
[312] Ms. 2813, fº 395.--Ms. 2655, fº 167 vº: «comptent».
[313] Ms. 2813, fº 395 vº.--Ms. 2655, fº 168: «merciant».
[314] Ms. 2813, fº 396.--Ms. 2655, fº 169 (lacune).
[315] Ms. 2813, fº 396 vº.--Ms. 2655, fº 169 (lacune).
[316] Ms. 2813.--Ms. 2655, fº 169: «de Douchan.» Mauvaise leçon.
[317] Ms. 2813, fº 397.--Ms. 2655, fº 169 vº: «requièrent.» Mauvaise leçon.
[318] Ms. 2813, fº 397.--Ms. 2655, fº 169 vº: «levèrent.» Mauvaise leçon.
[319] Ms. 2813, fº 397.--Ms. 2655, fº 169 vº: «retournèrent».
[320] Ms. 2813.--Ms. 2655, fº 170 (lacune).
[321] Ms. 2813, fº 397 vº.--Ms. 2655, fº 170 (lacune).
[322] Ms. 2813, fº 397 vº.--Ms. 2655, fº 170 (lacune).
[323] Ms. 2813, fº 397 vº.--Ms. 2655, fº 170 vº: «les».
[324] Ms. 2813, fº 397 vº.--Ms. 2655, fº 170 vº: «soubz».
[325] Ms. 2813.--Ms. 2655 (lacune).
[326] Ms. 2813, fº 398.--Ms. 2894: «de Douchan».
[327] Ms. 2813, fº 398.--Ms. 2655 (lacune).
[328] Ms. 2813, fº 398 vº.--Ms. 2655, fº 171 (lacune).
[329] Ms. 2813, fº 398 vº.--Ms. 2655, fº 171 vº (lacune).
[330] Ms. 2813.--Ms. 2655 (lacune).
[331] Ms. 2813.--Ms. 2655 (lacune).
[332] Ms. 2813, fº 399.--Ms. 2655, fº 161 vº (lacune).