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Histoire de la Monarchie de Juillet (Volume 1 / 7)

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1: Signalons, cependant, comme un symptôme nouveau dont il convient de se féliciter, l'intéressante Histoire de la monarchie de Juillet, qu'un jeune écrivain, M. du Bled, a naguère fait paraître. Il y a plus de vingt ans, M. de Nouvion avait commencé une importante Histoire du règne de Louis-Philippe; la mort ne lui a malheureusement pas permis de la terminer.

2: J'ai eu plusieurs fois occasion de toucher à ces diverses questions dans mes études sur le Parti libéral sous la Restauration et sur l'Extrême Droite et les royalistes.

3: Sarrans, La Fayette et la révolution de 1830, t. Ier, p. 239.

4: Voy. sur La Fayette, dans les années qui suivirent 1815, mon étude sur le Parti libéral sous la Restauration, p. 41 et suiv.

5: Voy. le Parti libéral sous la Restauration, p. 460 à 478.

6: Béranger écrivait à un de ses amis le 19 août 1838: «Quoique républicain et l'un des chefs de ce parti, j'ai poussé tant que j'ai pu au duc d'Orléans. Cela m'a même mis en froid avec quelques amis... Laffitte ayant vanté beaucoup le peu que j'ai pu faire, au duc d'Orléans, il a exprimé le désir de me voir et de me recevoir; mais j'ai cru nécessaire de me tenir à l'écart... Tu me crois peut-être heureux dans la position que les derniers événements m'ont faite. Tu te trompes, je ne suis pas né pour être du parti vainqueur; les persécutions me vont mieux que le triomphe... J'ai dit sur-le-champ qu'en détrônant Charles X, on me détrônait.» En 1848, Chateaubriand disait un jour à Béranger: «Eh bien! votre république, vous l'avez.—Oui, je l'ai, répondait le chansonnier, mais j'aimerais mieux la rêver que la voir.»

7: «Nous avions, dit M. Guizot, l'esprit plein de la révolution de 1688, de son succès, du beau et libre gouvernement qu'elle a fondé.»

8: La Chambre comptait environ 430 membres, sur lesquels 274 appartenaient aux diverses nuances de l'opposition. Or la déclaration par laquelle les députés vont, dans la journée du 30, appeler le duc d'Orléans à la lieutenance générale, ne réunira que 40 signatures. La proclamation du lendemain en réunira 91.

9: Le général Sébastiani disait à ce propos: «La question d'un changement de dynastie est entièrement étrangère à l'acte que la réunion vient d'accomplir. Les commissaires ne l'ont pas soulevée, et il n'y a pas lieu, quant à présent, de la traiter.»

10: Expression de M. Guizot.

11: Œuvres de Saint-Simon et d'Enfantin, t. II, p. 197.

12: Dans un entretien avec M. de Metternich, à la date du 30 août 1830, le général Belliard, envoyé de Louis-Philippe, a attribué à ce prince l'idée première de la visite à l'Hôtel de ville. «Au moment, disait-il, où le duc d'Orléans avait été proclamé par la Chambre lieutenant général du royaume, il écrivit au général La Fayette, qui organisait à l'Hôtel de ville une commune à l'instar de celles de républicaine mémoire. Le général ne lui fit pas de réponse. Le duc informa les députés de ce qui venait d'arriver, et leur fit part de sa détermination de se rendre en personne et seul à l'Hôtel de ville. Ce ne fut que sur l'insistance des députés qu'il consentit à être accompagné par eux.» (Mémoires de Metternich, t. V, p. 22.) D'autres témoignages font honneur de l'initiative aux députés. Ceux-ci cependant ne paraissent s'être décidés qu'après beaucoup d'hésitations.

13: Expression d'un témoin. (Documents inédits.)

14: M. Laffitte a raconté plus tard que vingt jeunes gens s'étaient embusqués au coin d'une petite rue, pour fusiller le prince, mais qu'on les avait fait renoncer à leur dessein avec ce seul mot: «Vous tuerez en même temps Laffitte, Pajol, Gérard et Benjamin Constant.» (Sarrans, Louis-Philippe et la contre-révolution, t. Ier, p. 202.)

15: D'après les Mémoires de M. O. Barrot, c'est La Fayette qui a pris le bras du prince et l'a entraîné. D'autres témoignages attribuent l'initiative au duc d'Orléans.

16: Point de pairie héréditaire, renouvellement de tous les magistrats, élection des juges de paix, liberté illimitée de la presse, jury d'accusation, la constitution soumise à la sanction de la nation, tels étaient quelques-uns des articles de ce programme.

17: Mémoires de Metternich, t. V, p. 23.

18: Guizot, Mémoires, t. II, p. 29.

19: Godefroy Cavaignac répondait alors à M. Duvergier de Hauranne qui félicitait les jeunes républicains d'avoir sacrifié leur idéal à l'intérêt de la France: «Vous avez tort de nous remercier; nous n'avons cédé que parce que nous n'étions pas en force. Il était trop difficile de faire comprendre au peuple qui avait combattu au cri de: «Vive la Charte!» que son premier acte, après la victoire, devait être de s'armer pour la détruire. Plus tard ce sera différent.» (Duvergier de Hauranne, Histoire du gouvernement parlementaire, t. X, p. 652.)—Le général Pajol demandait à un des combattants de Juillet, dont il connaissait les opinions très-avancées: «Vous meniez au combat des hommes déterminés; pouviez-vous compter sur leur zèle?—Sans doute.—Assez pour leur donner l'ordre d'arrêter les députés?—Oh! pour cela, je n'oserais en répondre.—Dans ce cas, la révolution est avortée.» (Louis Blanc, Histoire de dix ans, t. Ier, p. 292.)—Un républicain, apologiste officiel de La Fayette, M. Sarrans, reconnaissait, dans des écrits publiés en 1832 et 1834, «l'ascendant moral des 221 et l'impossibilité dans laquelle se trouvait La Fayette de s'opposer par la force à l'élévation du duc d'Orléans»; il montrait «la presque généralité des citoyens, entraînés par l'exemple de la Chambre et par la crainte des tempêtes que la peur voyait poindre et s'amonceler de tous côtés, se ralliant à cette combinaison et à cet homme comme à une nécessité». (Cf. passim, La Fayette et la révolution de 1830, et Louis-Philippe et la contre-révolution.)

20: Elle avait désigné commissaires provisoires: à la Justice, M. Dupont de l'Eure; aux Finances, le baron Louis; à la Guerre, le général Gérard; à la Marine, l'amiral de Rigny; aux Affaires étrangères, M. Bignon; à l'Instruction publique, M. Guizot; à l'Intérieur et aux Travaux publics, le duc de Broglie.

21: Toutes ces mesures furent prises entre le 1er et le 3 août.

22: 252 députés seulement, sur environ 430, ont pris part, le 7 août, au vote sur la révision de la Charte: 219 pour, 33 contre. Dans la Chambre haute, qui se composait avant 1830 de 364 pairs, il n'y eut, au vote sur la révision, que 114 présents.

23: Les hommes de l'Hôtel de ville avaient profité du désordre général pour publier un texte modifié de la première proclamation du duc d'Orléans; ils lui faisaient dire, au lieu de: «La Charte sera désormais une vérité», cette phrase bizarre, mais dont on devine la portée: «Une charte sera désormais une vérité.»

24: Le National, dans le même article, raillait ceux qui prenaient «pour un simple accident ce qui était une révolution». Il est vrai que ce journal avait dit, quelques semaines auparavant, quand il avait voulu rassurer l'opinion sur la portée de ses attaques contre la Restauration: «Il n'y a plus de révolution possible en France; la révolution est finie; il n'y a plus qu'un accident. Qu'est-ce qu'un accident? Changer les personnes sans les choses.» La contradiction de langage est assez piquante, mais elle n'a pas lieu de surprendre. De tout temps, le parti révolutionnaire a été coutumier de ces dissimulations, de ces changements de masque: c'est ce qu'on appellerait, dans le jargon d'aujourd'hui, de l'«opportunisme».

25: Souvenirs du feu duc de Broglie.

26: Déjà M. Thiers disait dans les placards qu'il avait répandus pendant la nuit du 29 au 30: «C'est du peuple français qu'il tiendra sa couronne.» La proclamation du 31, rédigée cependant par M. Guizot, portait: «Il respectera nos droits, car il tiendra de nous les siens.»

27: Ce mot a été attribué à M. Guizot, qui s'est défendu de l'avoir jamais prononcé. Cf. son discours du 3 janvier 1834.

28: Ces formules avaient été, pour la plupart, imaginées par le duc de Broglie.

29: Tant de ce chef que pour refus de serment, sur les 364 membres qui composaient la Chambre des pairs avant la révolution, 175 furent écartés.

30: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.—Aussi, M. Duvergier de Hauranne ajoute-t-il: «Pour moi, d'après ce que j'ai vu pendant cette semaine, et j'ai beaucoup vu, je suis intimement convaincu que si le gouvernement et les Chambres se fussent hâtés, ils pouvaient, sans résistance, proclamer Louis-Philippe et maintenir, à très-peu de chose près, la Charte de 1814, l'hérédité de la pairie comprise.» Le témoignage est d'autant plus significatif que, personnellement, M. Duvergier de Hauranne tenait peu à cette hérédité. Parmi ceux qui eussent voulu alors tout risquer pour sauver la pairie, M. Duvergier de Hauranne nomme M. Thiers.

31: Ibid.

32: La Fayette disait également à cette époque: «L'hérédité a reçu une atteinte dont elle ne pourra pas se relever.»

33: Souvenirs du feu duc de Broglie.

34: M. Hyde de Neuville appelait les derniers ministres de Charles X «de faux amis, des insensés, des êtres bien perfides, bien coupables». M. de Martignac les traitait de «conseillers perfides», contre lesquels il «partageait la juste indignation de la Chambre»: il parlait des «infâmes ordonnances» et de la «résistance héroïque» de Paris. M. de Lézardières disait: «Les indignes conseillers de la couronne ont, le 25 juillet, légitimé peut-être les événements qui ont suivi cette journée.»

35: M. Hyde de Neuville disait: «Je n'ai pas reçu du ciel le pouvoir d'arrêter la foudre; je ne puis rien contre un torrent qui déborde; je n'opposerai donc à ces actes, que je ne puis seconder ni approuver, que mon silence et ma douleur.» M. de Martignac: «Je ne me dissimule pas tout ce qu'il y a d'impérieux au delà de toute idée, de toute expression, dans la situation où nous sommes.»

36: Pendant que les Chambres travaillaient ainsi à établir la monarchie nouvelle et que le roi déchu se dirigeait lentement vers Cherbourg, un incident singulier s'était produit, incident demeuré longtemps secret. Un soir, peu après la nomination du duc d'Orléans en qualité de lieutenant général, l'ambassadeur anglais, lord Stuart, vint trouver son attaché militaire qui était le colonel Caradoc, depuis lord Howden. Il lui raconta qu'il venait d'appeler l'attention du duc d'Orléans sur l'utilité qu'il y aurait à faire reconnaître les droits du duc de Bordeaux, et que son ouverture avait été bien accueillie. Lord Stuart proposait au colonel Caradoc de partir tout de suite, de rejoindre Charles X sur le chemin de Cherbourg, de lui demander le duc de Bordeaux et de ramener celui-ci à Paris, où ses droits seraient proclamés. La démarche devait être faite au nom du lieutenant général et de l'ambassadeur d'Angleterre, mais sans qu'il y eût rien d'écrit et en se cachant des trois commissaires qui surveillaient, au nom du gouvernement nouveau, la retraite du vieux roi. Le soir même, avant de se mettre en route, le colonel Caradoc vit au Palais-Royal le duc d'Orléans, qui lui confirma ce qu'avait dit lord Stuart et exprima le désir que cette mission réussît. Le colonel partit pendant la nuit, parvint, non sans difficulté, à franchir la barrière, et, après mille péripéties, rejoignit, au milieu de la nuit suivante, le cortége royal dans un village au delà de Laigle. Charles X, qui était couché, lui donna cependant audience et écouta sa communication. Bien que peu disposé à accepter une telle proposition, il ne voulut pas répondre sans prendre l'avis de la mère du jeune prince. La duchesse de Berry, immédiatement appelée, n'eut pas plutôt entendu l'offre qui était faite, qu'elle éclata en paroles violentes contre la famille d'Orléans et déclara qu'elle ne lui confierait jamais son fils. Le colonel Caradoc rapporta cette réponse au lieutenant général, qui lui dit alors en anglais: «Maintenant, j'ai fait mon devoir, que la volonté de Dieu s'accomplisse!»—Il est question de cet incident dans une lettre de Donoso Cortès qui le tenait de la bouche même de lord Howden. (Deux diplomates: le comte Raczynski et Donoso Cortès, par le comte Adhémar d'Antioche, p. 251 à 253.) Lord Howden a laissé, d'ailleurs, de cet épisode un récit détaillé, dramatique, écrit de sa main et jusqu'à présent inédit. Le fait ne paraît donc pas contestable. Quelle en est l'explication? Il semble peu en harmonie avec ce qu'au même moment le duc d'Orléans faisait ou laissait faire à Paris. Faut-il croire qu'il s'attendait à la réponse qui lui fut rapportée? On n'a pas besoin de faire cette supposition. N'a-t-on pas pu déjà entrevoir que, dans cette crise à la fois si redoutable et si rapide, l'esprit et la conscience du prince étaient partagés par des sentiments très-complexes et presque contradictoires?

37: Sarrans, La Fayette et la Révolution, t. Ier, p. 298.

38: Souvenirs du feu duc de Broglie.

39: C'est ce même prince que, peu de temps après, le 27 août, on trouva pendu à l'espagnolette de sa fenêtre. Mort tragique, dont les haines politiques cherchèrent à exploiter le mystère. L'instruction judiciaire conclut à un suicide que l'esprit troublé et les mœurs dissolues du vieux duc ne rendaient pas invraisemblable. Une partie du public s'obstina à voir là un assassinat qu'on imputait à la baronne de Feuchères, maîtresse du prince et sa légataire pour une somme considérable. Des ennemis sans scrupules essayèrent même, par des insinuations calomnieuses, de faire remonter la complicité de ce crime jusqu'à Louis-Philippe qui, à les entendre, aurait craint de voir le duc de Bourbon modifier, après la révolution, le testament fait auparavant en faveur du duc d'Aumale. Il nous semble, en tout cas, que la gloire de la maison de Condé n'a pas eu à souffrir de l'héritier que s'était choisi son triste et dernier représentant.

40: «Ce fut un beau spectacle, écrivait un ami de La Fayette, M. Sarrans, que cette intronisation d'un roi sorti des mains du peuple, entrant dans le sanctuaire des lois, au bruit des chœurs populaires de 1792, mariés aux inspirations patriotiques de 1830; attendant, sur un modeste tabouret, que les mandataires de la nation lui eussent permis de s'asseoir dans le fauteuil du trône. Qui l'oubliera jamais? Le peuple était encore là dans toute la dignité de sa puissance, et jamais les rapports de la créature au créateur n'avaient été plus religieusement observés: des cris de: Vive le duc d'Orléans! et non pas de: Vive le Roi! retentissant sur les bancs et dans les tribunes; le président de la Chambre (c'était M. Casimir Périer) lisant la nouvelle charte au duc d'Orléans; le prince déclarant qu'il l'acceptait; l'intègre Dupont de l'Eure la lui présentant à signer et recevant son serment; un roi debout parlant au peuple assis, et le roi autorisé enfin à se placer sur le trône où, pour la première fois, il est salué du titre de monarque.»

41: M. Quinet exprimait son admiration pour le spectacle qu'offrait «le palais du Roi, écorché par la mitraille et gardé par des chapeaux ronds». (Lettre d'août 1830.) Carrel écrira, quelques mois plus tard: «Jamais monarque ne s'entourera d'une garde plus martiale et plus imposante que cette bande déguenillée qui fournissait les factionnaires du Palais-Royal, dans les premiers jours d'août, et que tant de poignées de main historiques accablèrent.» (National, 18 juin 1831.)

42: L'évacuation ne devait pas, en effet, être une petite affaire. Il fallut trouver des missions, des emplois, des épaulettes à distribuer entre ces protecteurs obstinés.

43: Quatre ans plus tard, La Fayette a voulu contester ce propos; mais les témoignages contemporains ne permettent guère de tenir compte de ce démenti.

44: Souvenirs du feu duc de Broglie.

45: Aujourd'hui, les écrivains sérieux sont bien revenus des vieilles déclamations contre les traités de 1815. Signalons sur ce point l'étude si décisive d'un de nos historiens diplomatiques les plus compétents, M. Albert Sorel: le Traité de Paris du 20 novembre 1815.

46: Mémoires de Metternich, t. V, p. 195.

47: Ce fait est constaté notamment dans la correspondance de lord Palmerston, qui était venu à Paris en 1829. (Life of Palmerston, par Bulwer.)

48: Le duc de Richelieu avait dit, en 1815, à son pays, dans un langage plus patriotique que les déclamations belliqueuses de ceux qui se disaient «patriotes»: «Le plus grand de nos maux est d'être encore, malgré nos disgrâces, un objet de défiance et de crainte.» Il rappelait à la France qu'elle avait «provoqué des vengeances, allumé des ressentiments que le temps, qu'une grande modération, qu'une persévérante et invariable prudence, pouvaient seuls parvenir à calmer». Ce sont ces craintes et ces ressentiments que la révolution de 1830 avait aussitôt ranimés.

49: M. de Metternich écrivait le 6 octobre 1830: «L'influence extraordinaire que la révolution de Juillet a exercée sur les esprits, bien au delà des frontières de France, est démontrée par des faits journaliers. Cette influence est, par plus d'une raison, bien autrement décisive que ne le fut celle de la révolution de 1789.» Plus tard, il disait que cette révolution avait «produit sur l'Europe l'effet de la rupture d'une digue». (Mémoires de Metternich, t. V, p. 52 et 195.)

50: M. de Metternich lui-même déclarait avoir quitté le comte de Nesselrode avec le sentiment de «l'avoir plutôt battu que convaincu». Il ajoutait que les «questions sur lesquelles il l'avait trouvé encore livré à de funestes préjugés étaient celles relatives à la France.» (Mémoires de Metternich, t. V, p. 62.)

51: M. de Metternich a dit lui-même, en parlant de son interlocuteur: «Je le trouvai dans un état de surprise difficile à dépeindre... Tiré par l'événement même d'un long sommeil de méfiance et d'une quiétude fortement empreinte de nuances libérales, il ne m'a pas paru difficile de lui faire adopter, sans beaucoup d'efforts, plusieurs de mes jugements. Le plein se déverse facilement dans le vide.» (Mémoires de Metternich, t. V, p. 63.)

52: Sur les rapports de M. de Metternich et de M. de Nesselrode en juillet et août 1830, voyez les Mémoires de Metternich, t. V, p. 7-17, et p. 62 à 63.

53: Voy., pour connaître cet état des esprits, les études de M. Saint-René Taillandier sur l'Allemagne, notamment celles sur Frédéric-Guillaume IV et le baron de Bunsen.

54: Dépêche confidentielle adressée, le 12 octobre 1835, par M. le duc de Broglie, ministre des affaires étrangères, à M. Bresson, ambassadeur à Berlin. (Documents inédits.)

55: Notes inédites de Duvergier de Hauranne.

56: La Monarchie de 1830, p. 93 (1831).

57: Lord Palmerston, de passage à Paris, écrivait de cette ville, le 9 décembre 1829: «C'est étonnant de voir combien chaque Français déraisonne au sujet de ce qu'il appelle «nos frontières»; chacun d'eux déclare qu'il couperait volontiers ses deux mains pour obtenir la frontière du Rhin.» (Bulwer, Life of Palmerston, t. I, p. 324.)

58: M. Quinet écrivait à sa mère, en août 1830, au sujet des populations de la Prusse rhénane: «On est enivré de joie, et tout le peuple des bords du Rhin n'attend qu'un signal pour se réunir à la France.»

59: M. Quinet écrivait en 1831: «Il est visible que le bruit de guerre universelle, qui éclate depuis un an, n'est que l'écho des marches de la Convention et de l'Empire dans le génie de notre époque.» (L'Allemagne et la Révolution.)

60: Sur plusieurs points, les droits de douane et les contributions indirectes, notamment celles sur les boissons, cessaient d'être payés.

61: La garde comptait vingt-cinq mille hommes; les régiments suisses, huit mille.

62: Lettre du 23 mars 1831. (Le Maréchal Bugeaud, par M. d'Ideville.)

63: Mémoires d'Odilon Barrot, t. I, p. 606.—M. Casimir Périer, se reportant à l'époque de 1830, disait, le 7 mars 1832: «Qu'aurait pu faire un parti de la guerre, dans la situation où la France se trouvait militairement, par suite de la dissolution de la garde royale, du renvoi des Suisses, des distractions de nos forces à Alger et en Grèce, enfin de la désertion organisée par l'esprit de parti et de l'emploi extraordinaire des troupes dans l'Ouest et le Midi?»

64: M. Dupin disait, quelques mois plus tard, à la tribune, en s'adressant aux belliqueux de la gauche: «Certains régiments de ligne étaient en insurrection contre leurs officiers; certes, ce n'est pas avec une armée sans discipline que l'on pouvait entrer en campagne.»—M. Thiers montrait «le trouble s'introduisant dans l'armée, grâce à plusieurs exemples fâcheux qui avaient averti les sous-officiers qu'ils pouvaient devenir officiers en dénonçant leurs chefs». (La Monarchie de 1830, p. 126.)—Enfin, le 14 septembre 1830, Carrel, dans le National, indiquait, comme une des principales causes d'inquiétude, «les actes d'insubordination qui ont révélé dans l'armée un esprit et des prétentions jusqu'alors étouffés».

65: Le soir du 4 septembre 1870, un des personnages importants du parti républicain disait à un de ses amis: «Qui sait si, à cette heure, la république n'est pas proclamée à Berlin?»

66: «Sachons, ajoutait M. Quinet, que la plaie du traité de Westphalie et la cession des provinces d'Alsace et de Lorraine saignent encore au cœur de l'Allemagne, autant que les traités de 1815, au cœur de la France. Chez un peuple qui rumine si longtemps les souvenirs, on trouve cette blessure au fond de tous les projets et de toutes les rancunes. Longtemps, un des griefs du parti populaire contre les gouvernements du Nord a été de n'avoir point arraché ce territoire à la France, en 1815, et, comme il le dit lui-même, de n'avoir point gardé le renard, quand on le tenait dans ses filets. Mais ce que l'on n'avait pas osé en 1815, est devenu plus tard le lieu commun de l'ambition nationale.» (L'Allemagne et la Révolution, 1831.)

67: Lettre du 23 mars 1831. Un peu plus loin, dans cette lettre, le général Bugeaud ajoutait: «Certes, je n'ai qu'à gagner à la guerre; ou je serai tué, ou j'avancerai. Et cependant je ne la désire pas, parce que je crains surtout la guerre civile et l'anarchie républicaine.»

68: Quand il fallut, pour la première fois, signer l'ordre d'exécution d'un condamné à mort, le Roi passa par des angoisses qui durèrent plusieurs jours et plusieurs nuits.

69: Telle est la lettre de Louis-Philippe au czar Nicolas, lettre dont la publication indiscrète souleva de vives colères dans les journaux de gauche. Les mêmes expressions se retrouvent dans la lettre à l'empereur d'Autriche. (Mémoires de Metternich, t. V, p. 26.) Voir aussi le compte rendu des trois entretiens que le général Belliard, envoyé de Louis-Philippe, eut avec M. de Metternich, le 27, le 30 août et le 8 septembre, (Ibid., t. V, p. 17 à 26.)

70: Le Roi dressa lui-même, de sa main, la liste de ses ambassadeurs.

71: Souvenirs du feu duc de Broglie.

72: Dans la dépêche confidentielle que nous avons déjà citée et que le duc de Broglie adressait à M. Bresson, le 12 octobre 1835, nous lisons ce qui suit sur l'attitude de l'Angleterre, lors de la révolution de 1830: «L'effroi a coalisé tous les cabinets. Je n'en excepte point le cabinet de Londres. La ligue s'est formée, ce cabinet y compris. Si le ministère de lord Wellington se fût maintenu au pouvoir, l'Angleterre aurait fait partie de l'alliance défensive contre la France; elle en a fait partie pendant quelques mois. La France serait demeurée entièrement isolée. L'Angleterre aurait contribué à modérer, à contenir les confédérés, mais elle se serait bornée à prendre vis-à-vis d'eux le rôle que la Prusse et l'Autriche exercent en ce moment vis-à-vis de la Russie.» (Documents inédits.)

73: Geschichte Frankreichs, 1830-1870, par K. Hillebrand, t. I, p. 20.

74: Eod. loco.

75: Histoire de la politique extérieure du gouvernement français (1830-1848), par le comte d'Haussonville. Publié en 1850, dans la Revue des Deux Mondes, pour défendre la monarchie qui venait d'être renversée, cet écrit de circonstance s'est trouvé être une histoire définitive qui depuis lors n'a pas été dépassée.

76: Il reprochait à Louis XVIII d'avoir «élevé un trône entouré d'institutions républicaines», et tout en blâmant M. de Polignac pour son incapacité, il louait les doctrines des Ordonnances et y retrouvait ses propres principes. (Mémoires de Metternich, passim; cf. notamment t. V, p. 12 et 83.)

77: Quelques années plus tard, causant avec un Américain, M. de Metternich lui faisait remarquer que, ministre d'Autriche depuis vingt-sept ans, il avait eu à traiter avec vingt-huit ministres des affaires étrangères en France. Dans la même conversation, il se plaisait à répéter: «Je travaille pour demain, c'est avec le lendemain que mon esprit lutte.» (Life, letters and journals of G. Ticknor, Boston, 1876, p. 15.)

78: Dans ses Mémoires, M. de Metternich se proclame «étranger aux aberrations de son temps». En 1848, rencontrant M. Guizot à Londres, il lui disait: «L'erreur n'a jamais approché de mon esprit.—J'ai été plus heureux, lui répondait finement M. Guizot; je me suis aperçu plus d'une fois que je m'étais trompé.»

79: Mémoires de Metternich, t. V, p. 23.

80: Dans cette même conversation avec M. Ticknor, dont nous parlions tout à l'heure, M. de Metternich disait: «Je suis modéré en toutes choses, et je m'efforce de devenir encore plus modéré; j'ai l'esprit calme, très-calme; je ne suis passionné pour rien; aussi je n'ai pas de sottise à me reprocher; mais je suis souvent mal compris. On me croit absolu en politique: je ne le suis pas.»

81: Au moment de la révolution de Juillet, M. de Metternich se félicitait de trouver le roi de Prusse «dans les dispositions invariablement correctes qu'il lui connaissait depuis nombre d'années, dispositions que les événements d'Orient et l'aspect des dangers croissants en France n'avaient pu que raffermir». (Mémoires de Metternich, t. V, p. 62.)

82: On voit bien la trace de cette impression dans le compte rendu, déjà mentionné, des entretiens du général Belliard avec M. de Metternich. (Mémoires de Metternich, t. V, p. 17 à 26.)

83: Ces sentiments se manifestaient dès le milieu d'août. (Geschichte Frankreichs, 1830-1870, par K. Hillebrand, t. Ier, p. 22-23.) La reconnaissance toutefois n'eut lieu que dans les premiers jours de septembre.

84: Mémoires de Metternich, t. V, p. 25 et 26.

85: Ibid., p. 51 à 69.

86: Des émissaires avaient été envoyés dans les villes flamandes par les sociétés révolutionnaires de Paris. «Sans la dernière catastrophe arrivée en France, a dit M. de Metternich, et sans l'activité des agents de la faction révolutionnaire dans ce pays, les événements en Belgique n'auraient jamais pris le caractère séditieux d'une insurrection. (Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 39.)

87: Expression du général Lamarque.

88: Voir, sur cet incident, les renseignements donnés par M. de Viel-Castel dans le tome XX de son Histoire de la Restauration.

89: Ce fait est rapporté par le baron de Stockmar, le médecin et l'ami du roi Léopold et du prince Albert.

90: Geschichte Frankreichs, par K. Hillebrand, 1830-1870, t. Ier, p. 143.

91: Dépêche de Metternich en date du 3 octobre 1830. (Mémoires, t. V, p. 38, 39.)

92: Ibid., p. 15, 39, 44, 60.

93: Souvenirs du feu duc de Broglie.—Le 7 mars 1832, M. Casimir Périer avouait, à la tribune, que le gouvernement français avait vu d'abord dans la révolution de Belgique «un embarras».—Vers la fin de 1830, quand les choses étaient déjà en meilleure voie, M. de Talleyrand écrivait à un de ses amis: «Si nous réussissons, nous nous rappellerons avec plaisir la peur que la Belgique nous aura donnée.»

94: L'entretien eut lieu, non au ministère des affaires étrangères, mais dans la demeure personnelle de M. Molé; la cour de Berlin n'avait pas encore reconnu le roi Louis-Philippe, et M. de Werther ne se considérait pas comme étant autorisé à avoir des relations officielles avec le ministre français.

95: Expression de M. de Werther dans la dépêche où il rendait compte de cet entretien.

96: Dépêches de M. de Werther, en date du Ier et du 24 septembre 1830. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 144 à 146.) Le comte d'Haussonville, dans son Histoire de la politique extérieure du gouvernement français, 1830-1848 (t. I, p. 21), a donné une forme plus vive, plus dramatique, à la conversation de M. Molé et de M. de Werther. «La guerre, aurait dit le ministre français sur un ton presque napoléonien, est au bout de mes paroles; sachez-le et mandez-le à votre cour.» L'historien prussien, M. Hillebrand, conteste l'exactitude du récit de M. d'Haussonville. D'abord il fait observer,—et, sur ce point, il paraît avoir raison,—que l'entretien a eu lieu le 31 août, et non pas «à la fin de septembre ou dans les premiers jours d'octobre», comme dit M. d'Haussonville. En second lieu, se fondant sur la dépêche même où M. de Werther a rendu compte de la conversation, il nie que M. Molé se soit exprimé dans les termes agressifs, menaçants, que lui prête M. d'Haussonville. Celui-ci n'ayant pas indiqué d'où il avait tiré son récit, il est difficile de se prononcer entre les deux versions. D'ailleurs, la contestation paraît porter moins sur le fond des idées que sur la forme, et elle a d'autant moins d'intérêt que, d'après M. de Werther lui-même, le ministre et le Roi ont fait, peu après, à l'ambassadeur de Russie les menaces formelles que M. Hillebrand s'applique à écarter de la première conversation avec l'ambassadeur de Prusse.

97: Expression de M. Bulwer, Life of Palmerston, t. II, p. 23.

98: Ibid.

99: Divers indices tendent à faire croire que, dans son désir de satisfaire à tout prix l'Angleterre, M. de Talleyrand eût été prêt à concéder plus encore. Il ne se fût pas refusé à promettre l'abandon d'Alger. Mais, à Paris, bien que la nouvelle conquête africaine fût alors peu populaire et parût plus un embarras qu'une force, on fut retenu par un sentiment d'honneur national. M. Molé déclara qu'il ne s'associerait pas à un tel abandon, et le Roi voulut tout au moins qu'on s'abstînt de toute promesse. M. de Talleyrand reçut donc pour instructions de ne faire sur ce sujet que des réponses dilatoires et de ne rien ajouter aux engagements pris par la Restauration.

100: Tous les témoignages anglais constatent ce succès. Le Morning Post, dans un article publié à la mort de Talleyrand, dit à propos des débuts de son ambassade à Londres: «Il avait ici tout le monde à ses pieds; toute la noblesse d'Angleterre recherchait sa société avec ardeur; les diplomates de tous pays pliaient devant lui.»—Voir aussi le journal de Ch. Greville.

101: Madame de Dino, nièce de l'ambassadeur, et qui faisait auprès de lui office de maîtresse de maison, écrivait, le 27 octobre 1830: «Nos dîners ont du succès ici; ils font époque dans la gastronomie de Londres; mais c'est ruineux, et M. de Talleyrand est effrayé de la dépense.»

102: Dès l'origine, M. de Talleyrand avait pris, à l'égard du gouvernement nouveau, cette attitude de protecteur quelque peu indépendant. Pendant les journées de Juillet, il avait envoyé un agent officieux à M. de Metternich et lui avait fait dire: «Nous deux réunis, nous maintiendrons la paix contre les anarchistes en France et contre les perturbateurs à l'étranger. Vous lui direz de ma part que je me porte personnellement garant envers lui des intentions toutes pacifiques du duc d'Orléans et de la nouvelle monarchie qui se prépare». (Mémoires de M. de Klindworth, Revue de France du 1er septembre 1880.)

103: Témoin le discours prononcé par le Roi, le 2 novembre, à l'ouverture du Parlement.

104: Dépêche du baron Mortier à M. Molé, en date du 11 octobre 1830.

105: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 44 et 46.

106: Ce propos était rapporté, quelques semaines plus tard, par un diplomate sarde qui en affirmait l'authenticité. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 148.)

107: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 42.

108: Dépêches de l'envoyé sarde à Vienne. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 147 et 148.)

109: Il y aurait bien des réserves à faire sur l'assertion tant de fois répétée que l'annexion à la France était alors désirée en Belgique. Un peu plus tard, le 27 janvier 1831, M. Mauguin ayant affirmé à la tribune du Palais-Bourbon que «la Belgique voulait se réunir à la France», le général Sébastiani, ministre des affaires étrangères, répondit que «la Belgique ne s'était jamais offerte». Sans doute, ajoutait-il, les Belges qui avaient exprimé le désir de cette union «étaient les interprètes d'un grand nombre de leurs compatriotes, mais ils n'étaient pas les organes de la nation; la Belgique, qu'on vous présente comme unanime, est, sur cette question, comme sur beaucoup d'autres, divisée en plusieurs partis». Quelques jours après, dans le congrès belge, des protestations très-vives s'élevèrent contre l'idée qu'on paraissait se faire en France d'une Belgique «s'offrant» à sa puissante voisine. On y fit remarquer que presque tous les journaux belges avaient combattu l'union, et qu'à peine deux ou trois orateurs l'avaient soutenue dans la représentation nationale. Tel était l'état d'esprit dans le congrès que ceux mêmes qui, comme M. Gendebien, passaient pour être le plus amis de la France, crurent devoir se défendre d'avoir jamais pensé à l'annexion et se firent au contraire honneur d'avoir combattu les prétentions qui s'étaient manifestées à Paris. Quant à M. de Gerlache, le chef du parti catholique, il s'écria: «Si nous voulons être stigmatisés aux yeux de l'Europe entière, réunissons-nous à la France!» (Cf. sur cette discussion du congrès belge l'ouvrage de M. Juste, le Congrès national de Belgique, t. I, p. 242 à 244.)

110: «Je dis toujours: Dans le doute, abstiens-toi», écrivait alors le Roi à M. Guizot, dans une lettre intime.

111: M. Guizot a dit plus tard de Louis-Philippe, en causant avec M. Senior: «Plein de bravoure personnelle, il était timide en politique; il préférait l'adresse à la force, et cherchait toujours à tourner les obstacles, au lieu de les attaquer de front.»

112: Dans ses dernières années, cependant, Louis-Philippe avait perdu beaucoup de ses illusions sur 89; il écrivait en parlant de cette époque: «Nous avons fait tant de sacrifices, tant d'abandons, tant de destructions, que nous avons rendu la monarchie impossible, sans rendre la république possible.» (Cité dans une lettre écrite par le duc Pasquier, en 1857.)

113: Sarrans, Louis-Philippe et la contre-révolution, t. Ier, p. 218.

114: Cf. les Souvenirs du feu duc de Broglie.—Un jour, M. Dupin révélait au conseil qu'un personnage, proposé pour un haut poste, avait subi un procès scandaleux en cour d'assises; peu après, le candidat évincé, mis au courant de ce qui s'était passé, venait demander raison au ministre qui avait révélé ses antécédents. (Mémoires de M. Dupin.)

115: M. Guizot s'étant un jour risqué à mal parler de certains agitateurs, M. Salverte lui répondit: «Les hommes dont vous parlez peuvent avoir des opinions exaltées... Gardez-vous pour cela de les traiter comme des ennemis... Souvenez-vous que ces hommes ont combattu avant nous.»

116: Souvenirs du feu duc de Broglie.

117: Mémoires de M. Guizot, t. II, p. 40 et 41.

118: Le maréchal Maison, MM. Odilon Barrot et de Schonen.

119: Lamennais, encore catholique, se plaint, dans une lettre d'octobre 1830, du trouble jeté dans les esprits par ces prédictions.

120: Réminiscences, par Coulmann, t. II.

121: La Monarchie de 1830, p. 54.

122: Cité par M. Dupin à la tribune, le 30 septembre 1830.

123: Seize mois, ou la Révolution et les révolutionnaires, par M. de Salvandy.

124: M. Saint-Marc Girardin écrivait, le 16 août 1830: «Aujourd'hui, c'est une tout autre insurrection: c'est l'insurrection des solliciteurs; c'est la levée en masse de tous les chercheurs de places; ils courent aux antichambres avec la même ardeur que le peuple courait au feu. Dès sept heures du matin, des bataillons d'habits noirs s'élancent de tous les quartiers de la capitale; le rassemblement grossit de rue en rue. À pied, en fiacre, en cabriolet, suant, haletant, la cocarde au chapeau et le ruban tricolore à la boutonnière, vous voyez toute cette foule se grouper vers les hôtels des ministres!... Le mouvement de l'insurrection se répand de proche en proche, d'un bout de la France à l'autre. Chaque département envoie ses recrues... Les victimes abondent; il y en a de toutes les époques. Les héros aussi pullulent... Ceux qui ne sont pas battus ont aussi leurs titres. L'Intimé aujourd'hui ne dirait plus:

Monsieur, je suis bâtard de votre apothicaire.

Il serait bâtard d'un des vainqueurs de la Bastille et oncle d'un des braves du pont de la Grève. À ce titre, l'Intimé demanderait une place de procureur général. L'armée ordinaire de l'insurrection intrigante, c'est la délation. Personne n'est bon citoyen s'il a une place; personne n'aime la patrie que les solliciteurs. Voici un receveur général qui gagne 100,000 francs par an, c'est un Jésuite! Un préfet qui en gagne 25,000, c'est un homme dévoué à l'ancien ordre de choses. Avec tout cela l'inquiétude se répand dans les provinces, en même temps que l'esprit d'intrigue et de cupidité.»

125: Le 25 septembre, on représentait au Vaudeville la Foire aux places, de Bayard. Au lever du rideau, les solliciteurs, réunis dans l'antichambre du ministère, chantaient en chœur:

Qu'on nous place
Et que justice se fasse.
Qu'on nous place
Tous en masse.
Que les placés
Soient chassés!

126: La Curée, publiée le 22 septembre 1830, fut le premier, et peut-être le plus retentissant des Iambes de Barbier. Paris, disait le poëte, n'est plus qu'une sentine impure,

Un taudis regorgeant de faquins sans courage,
D'effrontés coureurs de salons,
Qui vont de porte en porte, et d'étage en étage,
Gueusant quelques bouts de galons,
Une halle cynique, aux clameurs insolentes,
Où chacun cherche à déchirer
Un misérable coin des guenilles sanglantes
Du pouvoir qui vient d'expirer.

127: Au moment où l'on formait le ministère, le duc de Broglie avait dit au Roi: «Si M. Dupont demeure quelques mois où il est, attendez-vous à voir ce personnel de la magistrature qu'on a sauvé à grand'peine dans la révision de la Charte, empoisonné de choix détestables, vu le nombre et la diversité des vacances; plus de rigoureuses conditions, plus de temps d'arrêt dans les tribunaux.» (Souvenirs du feu duc de Broglie.)

128: 13 septembre 1830.

129: Bien que la politique suivie dans les affaires étrangères fût surtout l'œuvre du Roi, il est juste d'en faire aussi partiellement honneur au ministère.

130: C'est à l'occasion du préambule de la loi destinée à accorder des récompenses nationales aux victimes de la révolution de Juillet, que le National a adressé ce compliment à M. Guizot.

131: Les ministres ne tarderont pas à sentir l'inconvénient d'une telle conduite. Peu de mois après la révolution, le 12 novembre 1830, madame Swetchine écrira: «On est honteux aujourd'hui, surtout embarrassé, d'avoir si ridiculement exalté l'instrument dont on s'était servi; on voudrait bien le briser; mais la peur domine, et aussi cette conviction qu'on s'est ôté le droit de sévir.»

132: Expression de M. Sarrans.

133: Sarrans, La Fayette et la Révolution, t. I, p. 310.—Mémoires de La Fayette, t. VI, p. 440.

134: De la Hodde, Histoire des Sociétés secrètes, p. 32.

135: Madame Swetchine, lettre du 12 novembre 1830.

136: Nous reviendrons plus tard sur cette dernière partie des conséquences révolutionnaires.

137: Aussi pouvait-on dire à la tribune, le 8 novembre 1830, des journaux fondés depuis la révolution, qu'ils étaient «pleins de doctrines anarchiques, d'appels à la force, de menaces adressées à toutes les existences établies».

138: L. Blanc, Histoire de dix ans, t. I, p. 447.

139: Ce désordre se reproduisit plusieurs fois, dans les derniers jours d'août et les premiers de septembre, à l'occasion des bustes du général Foy, de Manuel et du maréchal Ney.

140: Telle fut la grande manifestation du 21 septembre, anniversaire de l'exécution des sergents de la Rochelle.

141: Le Journal des Débats disait, le 23 octobre 1830: «Il s'est trouvé une certaine quantité de gens qui ont adopté pour argument une menace d'émeute.—Faites élire le Roi par les assemblées primaires, ou nous vous faisons une émeute.—Il nous faut encore deux articles de la Charte, ou bien une émeute.—Changez le cens électoral, donnez-nous des places de juge, ou bien une émeute.—De telle sorte que les émeutes sont tombées à l'usage commun des solliciteurs; on la produisait par supplément aux apostilles des députés.»

142: Sarrans, Louis-Philippe et la contre-révolution, t. II, p. 25.

143: Les prétentions démocratiques n'étaient pas alors moins ridicules qu'ont pu l'être, à d'autres époques, les prétentions aristocratiques. Quand, le 30 juillet, la future reine avait dû, avec sa famille, rejoindre son mari à Paris, on n'avait pu, dans la confusion de ces jours, trouver d'autre véhicule qu'un vulgaire omnibus. Il eût été, certes, bien puéril d'y chercher un sujet de raillerie contre la nouvelle dynastie: mais que penser de ceux qui croyaient y voir un titre d'honneur et qui s'attendrissaient, avec M. Jules Janin, sur ce que la famille royale avait fait son entrée à Paris dans «une de ces longues voitures à bon marché faites pour le peuple»? Les légitimistes, ennemis acharnés de la nouvelle royauté, se réjouissaient de tout ce qui pouvait diminuer son prestige: ils y aidaient de leur mieux. Dans les salons du parti, c'était à qui se vanterait d'avoir fait chanter le plus de Marseillaises au Roi. Les poignées de main royales étaient aussi, dans la société carliste, un sujet perpétuel de gausserie: on y jouait une sorte de farce satirique où Fipp Ier, roi des épiciers, donnait à son fils Grand-Poulot des leçons de science politique, et lui expliquait comment toute la science du gouvernement consistait à serrer la main du premier va-nu-pieds; il lui enseignait les différentes manières de donner des poignées de main, dans toutes les positions, à pied, à cheval, en voiture, quand on galope dans les rangs, quand on voit le défilé, etc.

144: Ainsi faisait le Roi dans ses conversations avec La Fayette, Dupont de l'Eure, Laffitte. Quel était le secret de ces professions de foi, un peu étranges dans la bouche de celui qui venait de monter sur le trône? Après 1848, M. Guizot, causant avec un Anglais, M. Senior, lui disait, non sans finesse: «Louis-Philippe avait pour la république les sentiments que certains peuples de l'Asie ont pour le démon; il la considérait un peu comme un être malfaisant qu'il faut flatter et se rendre favorable, mais qu'il ne faut pas combattre.»

145: A. Trognon, Vie de Marie-Amélie, p. 197.

146: M. Louis Blanc raconte qu'une imprimerie qui, au moment de la révolution, employait deux cents ouvriers, six mois après, n'en employait encore que vingt-cinq, gagnant 25 ou 30 sous, au lieu de 5 à 6 francs. Encore l'imprimerie était-elle une des industries qui avaient le moins souffert.

147: Séance du 5 octobre 1830.

148: Journal des Débats du 11 septembre, du 15 et du 19 octobre: Constitutionnel du 14 et du 18 octobre.

149: National du 8 septembre, des 16, 18 et 29 octobre.

150: Ibid. du 8 septembre.

151: Cette exécution s'accomplit le 25 septembre, le soir même du jour où avait eu lieu à la Chambre le premier débat sur les clubs.

152: Le chiffre lui-même avait été populaire. Macaulay raconte que, venu peu de temps après la révolution à Paris, il avait pris un fiacre et avait demandé au cocher son numéro. «Ah! monsieur, répondit le cocher, c'est un beau numéro, c'est un brave numéro, c'est 221.» (Life and letters of lord Macaulay, par M. Trevelyan.)

153: M. Victor Hugo écrivait à la même époque: «Une révolution de vingt-cinq ans, un parlement de soixante, que peut-il résulter de l'accouplement?»

154: National, passim, août et septembre 1830.

155: Sarrans, Louis-Philippe et la contre-révolution, passim.

156: Débat du 30 août 1830, à propos du projet de loi tendant à remplacer les députés démissionnaires. Voir notamment le discours de M. Mauguin.

157: «Quel mandat avions-nous donc reçu? s'écriait M. Mauguin dans la séance du 30 août. N'était-ce pas de concourir avec une Chambre de pairs maintenant mutilée, avec une Chambre émanée d'un roi maintenant renversé? Ne devions-nous pas, en un mot, faire partie d'un gouvernement qui formait un tout indivisible et qui maintenant n'existe plus? Et la partie subsistera-t-elle quand le tout est détruit? Non, non, ne nous abusons pas; notre mandat est mort avec le gouvernement près duquel il devait s'exercer.» Certes, en pure logique, il était malaisé de réfuter cette argumentation. Toutefois, elle avait un point faible, une fissure qui n'échappa point aux contradicteurs. M. Mauguin avait commencé par reconnaître la légitimité des actes faits par la Chambre pour choisir un roi et reviser la Charte. Comment! répondirent MM. de Rambuteau et Dupin, nous aurions eu le droit de faire de si grandes choses, et nous ne pourrions pas voter de modestes lois! Le dernier de ces orateurs rappelait d'ailleurs un souvenir historique qui fit un grand effet. «Serons-nous condamnés, dit-il, à passer encore par les mêmes fautes pour arriver aux mêmes résultats? Imiterons-nous l'Assemblée constituante, qui ne sut pas achever son propre ouvrage?»

158: Quand la Chambre ainsi complétée reprendra ses travaux, le ministère du 11 août aura déjà disparu.

159: Cette proposition, faite le 13 août, avait donné lieu à un premier débat, le 20 août. Un vote avait alors investi la commission des pouvoirs de juge d'instruction. Le 23 septembre, M. Bérenger avait lu le rapport concluant à la mise en accusation: celle-ci fut votée, après discussion, le 27 septembre.

160: Mémoires de M. Guizot, t. II, p. 50-51.

161: National du 16 octobre 1830.

162: Quelques jours après, M. Guizot, sorti du pouvoir, avouait noblement à la tribune qu'il avait commis une faute grave, en consentant à cet article du Moniteur. (Discours du 9 novembre 1830.)

163: National du 7 octobre.—Seul, le Journal des Débats, dégoûté et indigné, osait rappeler le souvenir de cette démagogie qui, pendant trois ans, «avait léché le sang de la guillotine».

164: National du 18 et du 24 octobre.

165: Constitutionnel du 26 octobre.

166: Journal des Débats des 16, 21 et 24 octobre.

167: National du 24 octobre.

168: Quelques jours après être sorti du ministère, M. Guizot, qui pourtant n'aimait pas les confessions publiques, disait à la tribune: «Je l'avoue, dans mon ministère, je n'ai pas fait tout ce que j'aurais voulu faire; j'ai fait des choses que je voudrais aujourd'hui n'avoir pas faites.» (Discours du 9 novembre 1830.)

169: Souvenirs du feu duc de Broglie.

170: Souvenirs du feu duc de Broglie.

171: Journal des Débats du 21 octobre.

172: Sur M. Laffitte avant 1830, je me permets de renvoyer à ce que j'en ai dit dans le Parti libéral sous la Restauration, p. 51 et suiv.

173: Séances du 9 et 10 novembre 1830.

174: Carrel a dit en effet dans le National, au moment de la chute du cabinet (11 mars 1831): «M. Laffitte a fait l'essai, non pas d'un système, mais de l'absence de tout système, du gouvernement par abandon.»

175: Veut-on un spécimen des rapports de M. Dupont de l'Eure et du Roi? Un jour, en plein conseil, M. Dupont s'écrie: «Maudite galère!—Ah! oui, parlons-en, répond le Roi, maudite galère, à temps pour vous, à perpétuité pour moi.—À perpétuité? reprit le ministre; ma foi, je n'en sais trop rien, du train dont cela va. Dans tous les cas, Sire, cela vous amuse; mais moi, je ne m'en arrange pas du tout.»—Un autre jour, M. Dupont, donnant un démenti au Roi et menaçant de le rendre public, osait dire: «Prenez garde à qui on croira de vous ou de moi.» (Sarrans, Louis-Philippe et la contre-révolution, t. II, p. 77, 81.)

176: M. Lanfrey.

177: Lettre de Macaulay alors en voyage à Paris. (Life and letters of lord Macaulay, par M. Trevelyan.)

178: M. Luchet, dans le Livre des Cent un, t. II.

179: Expression de M. Napoléon Peyrat.

180: Dans l'écrit que j'ai déjà cité, M. Luchet écrivait de La Fayette: «Son image, le soir, vient me visiter; je m'en empare, je l'embrasse, je la caresse! Je l'appelle honneur, patrie, liberté, gloire! Je la vois incarnée, faite homme, majestueuse, au front serein, calme et belle, semblant me bénir... Attendrissante bénédiction, que je croyais être celle de Dieu, un jour que je la reçus en effet, et que, se penchant sur moi, il me dit d'une voix altérée: «Au revoir, mon ami!»—On disait couramment alors qu'il n'y avait que deux noms dans l'histoire du siècle: La Fayette et Napoléon. Que d'attendrissement sur les «vertus de La Fayette!» Un écrivain de la gauche, aide de camp du général, s'écriait en s'adressant aux réactionnaires: «Vous qui avez supporté tant de vices et de crimes, ne pouvez-vous donc supporter encore quelques jours les vertus de La Fayette?»

181: «Continuez, disait un jour La Fayette au Roi, continuez à répudier le principe de votre origine, et je vous garantis que la république, et peut-être la démagogie, ne sauraient désirer un meilleur auxiliaire que Votre Majesté.» (Sarrans, La Fayette et la contre-révolution, t. II, p. 2.)

182: De la France, p. 215.

183: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 26.

184: Louis Blanc, Histoire de dix ans, t. II, p. 122.

185: Dès le lendemain de la formation du cabinet, répondant à M. Guizot, M. O. Barrot déclarait qu'il fallait «désintéresser» le parti républicain, dont les conservateurs effarés «se faisaient un monstre», en lui accordant tout ce qu'il demandait. «Ne vous inquiétez donc pas, concluait-il, de ces dangers, qui ne sont qu'imaginaires.» (9 novembre 1830.)

186: Louis-Philippe disait de M. O. Barrot, le 24 février: «C'est un niais, mais il est bon homme.» (Conversation de M. Thiers avec M. Senior, rapportée par ce dernier.)

187: Mémoires de M. Guizot, t. I, p. 141 et 156.

188: Six jours après la formation du cabinet, le National du 8 novembre dénonçait une «inquiétude» générale, et il ajoutait: «La France manque plutôt de confiance que de calme. Son mal le plus grand est l'incertitude. L'impatience d'arriver à une situation définitive, ou du moins nette et précise, se fait remarquer sur tous les points du territoire... Sur un mot, l'inquiétude augmente; sur un bruit de ville, la frayeur se répand.»

189: Correspondance de Béranger, lettre du 23 novembre.

190: Le National, passim, en novembre et décembre 1830.

191: La Monarchie de 1830, p. 126.

192: O. Barrot a écrit, deux ans plus tard: «Il faut le dire, la garde nationale était au moins partagée sur la conduite qu'il y avait à tenir dans cette circonstance; la très-grande majorité, ou du moins la partie énergique et active de cette garde, demandait que le sang versé en juillet fût expié par du sang.» (Lettre écrite en 1832, Mémoires, t. I, p. 194.)

193: Carrel, revenant après coup sur ces événements, a écrit que le ministère, «impuissant», avait été «obligé de livrer à la garde nationale une dictature de quelques jours». (National du 20 février 1831.)

194: Expression de M. O. Barrot, dans un discours prononcé à la Chambre, le 20 décembre.

195: M. O. Barrot disait, par exemple: «Sorti de vos rangs, en parfaite sympathie d'opinion et de sentiments avec vous, ce que vous éprouvez, je l'éprouve. Je ne suis étranger ni à votre impatience de voir réaliser au milieu de nous des institutions promises, ni à vos justes ressentiments.» La Fayette parla à cette époque, pour la première fois, de ce prétendu «programme de l'Hôtel de ville» auquel il mettait le Roi en demeure de se conformer.

196: Odilon Barrot, Mémoires, t. I, p. 194, 196.

197: M. Victor Hugo assista à cet incident, qui est rapporté dans l'ouvrage intitulé: Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie.

198: Par moments, cependant, certains esprits avaient quelque peine à garder possession d'eux-mêmes. Le duc de Broglie a écrit à ce propos dans ses Notes biographiques inédites: «L'ébranlement des esprits devint tel, dans les deux ou trois derniers jours, qu'il monta rapidement de bas en haut, qu'on parla plus ou moins de compromis, qu'il fut question de faire de M. de Polignac un bouc émissaire, et de livrer sa tête pour sauver celle des autres; proposition que j'ai entendue moi-même sortir de bouches que je ne veux pas même désigner indirectement.»

199: Voyez l'étude de M. Ernest Daudet sur le Procès des ministres.

200: Le National disait: «La garde nationale mesure, nous n'en doutons pas, toute l'importance du service qu'elle a rendu; elle en veut trouver le prix dans une marche plus franche, plus décidée, plus nationale, et nous croyons qu'elle n'attendra pas qu'on s'endorme encore, pour faire connaître à quelles conditions on peut compter à l'avenir sur ses services.»

201: Séance du 24 décembre 1830.

202: 27 décembre 1830.

203: Voici, comme spécimen de ces violences, quelques fragments d'un article de Carrel, qui cependant, nous l'avons dit, n'avait pas encore rompu avec la monarchie: «La Fayette était au-dessus de toute récompense; mais on le croyait aussi au-dessus des indignités d'un Parlement Croupion... Allons, vous qui avez bassement trahi la branche aînée des Bourbons, vous qui rampiez depuis cinq mois, en flatteurs avilis, sous la souveraineté nationale que vous détestiez, travaillez à réédifier la légitimité; mais nous vous démasquerons, nous troublerons vos joies, nous vous ferons passer de mauvaises nuits, jusqu'à ce que vous succombiez, et votre règne ne sera pas long.»

204: Au lendemain des journées de Juillet, comme le duc de Broglie exposait au Roi tous les embarras que lui causerait la présence de M. Dupont de l'Eure dans son ministère: «Que faire donc? avait dit Louis-Philippe.—S'en défaire, avait répondu le duc de Broglie, et le plus tôt possible; mais pour cela, il faut guetter le moment. Notre homme a cela de bon qu'il met son point d honneur à faire fi du pouvoir et des avantages qui en dépendent, à se poser en Cincinnatus. Il vous offrira sa démission trois ou quatre fois la semaine; le tout est de bien choisir l'occasion.—J'y penserai», avait dit le Roi. Louis-Philippe, en acceptant cette fois la démission de son garde des sceaux, suivait donc, un peu tardivement, le conseil que lui avait donné le duc de Broglie.

205: M. Mérilhou était remplacé à l'instruction publique par M. Barthe.

206: Sarrans, Louis-Philippe et la contre-révolution, t. II, p. 34.

207: Mémoires de M. Guizot, t. II, p. 160.

208: 31 décembre 1830.

209: «Si le gouvernement se manquait à lui-même, j'ai confiance dans la société française et actuelle; j'ai la confiance qu'elle se sauverait elle-même du désordre, comme elle s'est sauvée de la tyrannie.» (Discours du 29 décembre 1830. Voir aussi celui du 27 janvier 1831.)

210: 22 janvier 1831.

211: National du 15 janvier 1831.

212: Geschichte Frankreichs (1830-1870), par Hillebrand, t. Ier, p. 204.

213: Voir, sur le commencement des affaires de Belgique, ch. II, § III.

214: Lettre du 31 mai 1831. (Bulwer, Life of Palmerston.)

215: Lettre du 13 avril 1831. (Life of Palmerston.)

216: Lettre du 22 avril 1831. (Ibid.)

217: Voy. Bulwer, Life of Palmerston; Hillebrand, Geschichte Frankreichs. Palmerston prenait prétexte de ces ouvertures, pour mettre en doute la loyauté du gouvernement français.

218: Lettre du 7 janvier 1831. (Bulwer, Life of Palmerston.)

219: Déjà en 1829, lord Palmerston, voyageant en France, était étonné de la vivacité avec laquelle les Français désiraient cet agrandissement. (Cf. Bulwer.) Ce sentiment était bien plus exalté encore depuis la révolution de Juillet. Louis-Philippe lui-même croyait devoir en tenir compte, et il donnait à M. de Mortemart, son ambassadeur à Saint-Pétersbourg, mission de faire valoir auprès du Czar l'idée que la France devrait obtenir quelque territoire en Belgique. (Dépêche de Scholer, envoyé prussien à Saint-Pétersbourg, du 13-25 février 1831, citée par Hillebrand.)

220: Palmerston lui-même semble parfois deviner que telle pourrait bien être la tactique de M. de Talleyrand. (Lettre du 21 janvier 1831, Bulwer, Life of Palmerston.)

221: Dépêche de M. de Werther, du 12 janvier 1831. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 176.)

222: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 125 et 154.

223: Le général Sébastiani écrivait, le 2 décembre 1830, dans une circulaire à ses agents diplomatiques: «Le Roi, tout en considérant comme un fait accompli la séparation de la Belgique et de la Hollande, n'a cessé de faire des vœux pour que la souveraineté du premier de ces deux pays fût déférée à l'un des princes de la maison de Nassau. Sa Majesté n'a donc pu qu'être sincèrement affligée de la résolution par laquelle le congrès de Bruxelles a déclaré cette maison déchue.» (Documents inédits.)

224: Expression de lord Palmerston. (Lettre du 21 janvier 1831, Bulwer, Life of Palmerston.)

225: Ibid.

226: Un ami de M. Guizot lui écrivait alors de Londres: «Nos journaux parlent en ignorants... Nous verrons ce qu'ils dirent de la neutralité si péniblement obtenue et si combattue par la Prusse. Les hommes d'État ici, à quelque parti qu'ils appartiennent, la regardent comme ce qui doit le plus satisfaire la France raisonnable.»

227: Né le 25 octobre 1814, le duc de Nemours avait alors seize ans.

228: Ce fait et beaucoup de ceux qui sont suivre sont empruntés à l'ouvrage de M. Th. Juste sur le Congrès national de Belgique (Bruxelles, 1880). M. Juste a eu communication des papiers des hommes politiques belges qui ont joué un rôle dans les négociations de cette époque.

229: Lettre du 27 janvier 1831. (Bulwer, Life of Palmerston.)

230: Au commencement de 1830, les puissances avaient manifesté le désir de placer Léopold sur le trône de Grèce; mais ce prince, après avoir un moment accepté, se ravisa quand il apprit l'opposition de la nation hellène.

231: Cf. le Journal de Ch. Greville, à la date du 5 août 1831.

232: Le duc de Leuchtenberg ne devait pas fournir une longue carrière. Il est mort en 1835, quelques jours après avoir épousé la reine de Portugal.

233: 11 janvier 1831.

234: M. de Metternich comprenait notre opposition. Il écrivait, le 18 janvier: «Le gouvernement français reste-t-il ferme dans sa décision de ne pas vouloir pour voisin un Bonaparte? Je crois qu'il aurait raison, car, sans cela, gare à la dynastie d'Orléans!» (Mémoires de Metternich, t. V, p. 120.)

235: Nous retrouverons plus tard lord Ponsonby ambassadeur à Constantinople; il sera, dans la crise de 1840, l'un des adversaires les plus acharnés de la France.

236: Cette conversation, qui ne laisse pas d'éclairer les dessous de la politique anglaise, est rapportée par M. Th. Juste, t. I, p. 228, 229.

237: Cette date du 29 janvier est celle qu'indique M. Bresson dans une lettre écrite treize ans plus tard et que nous citons plus loin. D'autres indices tendraient à faire croire que cet entretien a eu lieu plutôt le 27 janvier.

238: L'année suivante, le 1er juin 1831, M. Van de Weyer, président du comité diplomatique et l'un de ceux qui avaient le plus poussé à la candidature du duc de Nemours, se justifiait ainsi à la tribune du congrès belge: «Lors de l'élection de M. le duc de Nemours, c'est moi qui ai reçu les lettres confidentielles, c'est moi qui les ai communiquées; et ce n'est pas sur la foi seule de ces lettres que l'élection a été faite, c'est sur la déclaration des deux envoyés de France que M. le duc de Nemours accepterait. J'ai eu foi dans les assurances de M. le marquis de Lawœstine.»—Toutefois c'est à tort que l'historien belge, M. Th. Juste, affirme que M. Bresson «rapporta de Paris l'autorisation de promettre que la couronne serait acceptée» (t. I, p. 229). Ni le Roi ni son ministère ne donnèrent aucune autorisation; on a sur ce point un témoignage irrécusable, celui de M. Bresson lui-même. Plus tard, ce diplomate, représentant la France à Madrid, se demanda, à l'occasion du mariage de la jeune reine Isabelle, s'il ne devait pas prendre une initiative analogue à celle qu'il avait prise, en 1831, à Bruxelles. Il écrivit alors à M. Guizot, le 4 septembre 1844: «En 1831, quand la question s'est posée en Belgique entre le duc de Leuchtenberg et le duc de Nemours, je me suis trouvé dans une position identique. Je ne rappellerai pas à Sa Majesté cette conversation que je suis venu chercher à toute bride de Bruxelles et que j'ai eue avec elle, le maréchal Sébastiani en tiers, le 29 janvier, au point du jour. Les circonstances étaient imminentes, au dedans et au dehors; tout bon serviteur devait payer de sa personne; j'ai pris sur moi une immense responsabilité; j'ai fait élire M. le duc de Nemours, et je n'hésite pas à reconnaître que je l'ai fait sans l'assentiment du Roi et de son ministre. C'était très-grave pour ma carrière, pour ma réputation même; j'ai touché à ma ruine; toute la conférence de Londres, M. de Talleyrand y compris, lord Palmerston avec fureur, s'était liguée contre moi. Le Roi et le maréchal Sébastiani m'ont soutenu; ils m'ont porté sur un autre théâtre, et je me suis relevé à Berlin, non sans peine, du bord de ce précipice. Mais je ne pourrais repasser par ce chemin, ni courir de pareils risques; je ne serais plus, aux yeux de tous, qu'un brûlot de duperie et de tromperie; on m'accuserait avec raison d'avoir joué deux peuples amis.»—À la même époque, en 1844, M. Bresson disait à la reine Christine: «Quand lord Ponsonby, il y a treize ans, a essayé de pousser au trône de Belgique le duc de Leuchtenberg, j'ai fait élire en quarante-huit heures le duc de Nemours.» (Guizot, Mémoires, t. VIII, p. 206 et 218.)

239: Allusion aux paroles suivantes, que M. Dupin venait de prononcer à la Chambre française: «Je ne pense pas qu'il s'agisse d'amener à la France une espèce de province capitulée avec des lois particulières, une petite Navarre qui ne serait pour la France qu'une source d'embarras et de difficultés.»

240: Bulwer, Life of Palmerston; lettres de lord Palmerston à lord Granville, en date du 1er et du 2 février 1831.

241: Bulwer, Life of Palmerston; lettre de lord Granville à lord Palmerston, en date du 4 février 1831.

242: Pendant son séjour à Paris, la députation belge fut témoin, le 13 et le 14 février, d'odieux désordres que nous aurons prochainement à raconter, le sac de Saint-Germain l'Auxerrois et de l'archevêché. L'un de ses membres, l'abbé Boucquau de Villeraie, passant dans la rue du Bac, revêtu du costume ecclésiastique que les prêtres français n'osaient alors porter dans Paris, fut insulté par la populace, et celle-ci allait lui faire un mauvais parti, quand il s'écria qu'il était Belge et montra sa cocarde. Cet incident, aussitôt connu en Belgique, ne devait pas augmenter les sympathies pour la France, dans une population en majorité catholique.

243: Témoignage d'un historien belge, M. Th. Juste, t. I, p. 272.

244: Peu après, un envoyé belge, arrivant à Londres, recevait de M. de Bacourt, secrétaire de M. de Talleyrand, l'avis que la proclamation aux Luxembourgeois avait fait dans le monde diplomatique «un effet épouvantable». (Juste, t. II, p. 50.)

245: Cf. diverses dépêches citées par Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 195.

246: Cf. Bulwer, Life of Palmerston, t. II, p. 55 et 57.

247: Lettres à lord Granville du 8, du 15 février et du 31 mai 1831. (Bulwer, Life of Palmerston, p. 41, 43 et 79.)

248: Lettres de lord Granville à lord Palmerston, en date du 25 février 1831. (Ibid., p. 47.)

249: Dans ce chant, les Polonais s'écriaient: «À nous, Français!» Puis rappelant toutes les batailles de l'empire où ils avaient combattu pour nous, ils ajoutaient:

...........Pour de vieux frères d'armes,
N'aurez-vous que des larmes?
Frères, c'était du sang que nous versions pour vous.

250: C'est ce qu'exprimait La Fayette, quand il disait: «La guerre était préparée contre nous; la Pologne devait former l'avant-garde; l'avant-garde s'est retournée contre le corps de bataille.» M. de Metternich gémissait de son côté sur ce que la «déplorable révolution polonaise» avait «empêché que l'entente, si nécessaire entre les trois cours, eût pu s'établir dans un sens vraiment utile». (Mémoires, t. V, p. 166, 167.)

251: Un des amis de M. Guizot lui écrivait à cette époque: «La Pologne est bien plus populaire que la Belgique. Pourquoi? parce que c'est plus dramatique. La France est pour le moment dans le genre sentimental, bien plus que dans le genre rationnel.» (Mémoires de M. Guizot, t. II, p. 285.)

252: Dépêche du 25 décembre 1830. (Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 77.)

253: Dépêche du 22 mars 1831.—Niemcewitz demandait à lord Palmerston: Pourquoi ne feriez-vous pas pour nous ce que vous avez fait pour la Grèce?—Avec vous, répondit le ministre, c'est autre chose; la Grèce a lutté pendant cinq ans..., notre commerce souffrait beaucoup des corsaires.»—Lord Grey était plus net encore: «Eh bien, lui disait le porte-parole des Polonais, ferez-vous quelque chose pour nous?—Rien.»

254: Nouvion, Histoire du règne de Louis-Philippe, t. II, p. 190.

255: Silvio Pellico n'a publié ses Prisons que plus tard, en 1833.

256: Après une conversation avec Maroncelli, Carrel écrivait, le 1er mars 1831, dans le National, un article d'une éloquence indignée et brûlante.

257: De ce nombre était notre consul à Gênes. En mars 1831, quand M. de Sainte-Aulaire, nommé ambassadeur à Rome, traversa cette ville, le consul vint le trouver; fort étonné que l'ambassadeur n'eût été chargé de lui apporter aucune instruction particulière, il lui apprit en confidence «qu'il avait lié des rapports sur tous les points de l'Italie avec les chefs de l'insurrection». Il annonça que le Pape allait être chassé de Rome, les Autrichiens de Milan. «Quant aux troupes sardes, ajouta-t-il, j'en fais mon affaire; j'ai déjà pratiqué le commandant de la citadelle de Gênes, qui en ouvrira les portes au premier signal; on n'attend plus que des ordres précis du gouvernement français, et quelque argent nécessaire pour décider les consciences irrésolues.» M. de Sainte-Aulaire, stupéfait, eut beaucoup de peine à faire entendre au consul que sa conduite violait le droit des gens et contredisait la politique du gouvernement français. (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.) On comprend dès lors que M. de Metternich pût dénoncer dans tous les mouvements italiens l'action de la propagande française. (Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 126, 127, 153, 154.)

258: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 15. Voir aussi sa lettre du 3 octobre. (Ibid., p. 39.) Le 13 octobre, il écrivait: «L'Italie est encore tranquille, mais il serait dangereux de se laisser tromper par un calme plus apparent que réel.» (Ibid., p. 60.)

259: Dépêches de l'ambassadeur de France à Vienne, novembre 1830 et janvier 1831.

260: Dépêche de M. de Werther, du 1er décembre 1830, citée par Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 150.

261: Le bruit se répandit dans les chancelleries que, pour les États sardes, nous faisions une distinction entre la Savoie et le Piémont, ne posant de casus belli que pour la première: on racontait que le général Sébastiani avait fait une déclaration dans ce sens au comte Apponyi. Mais peut-être celui-ci avait-il essayé de mal entendre. En tout cas, le ministre français démentit le propos qui lui était attribué aussitôt qu'il en fut informé par M. de Barante, notre ambassadeur à Turin. (Cf. la correspondance diplomatique du général Sébastiani et de M. de Barante; Documents inédits.)—Le gouvernement français chercha, à cette époque, à faire étendre au Piémont la neutralité qui venait d'être établie pour la Belgique. Sa proposition n'eut pas de succès. On voit mal l'intérêt qu'aurait pu avoir la France à se fermer ainsi la porte de l'Italie, tandis que l'Autriche y conservait une entrée libre.

262: Plus tard, Casimir Périer, dans une discussion de la Chambre des députés, le 13 août 1831, rappela à M. Laffitte le propos qu'il avait tenu étant ministre.

263: Dépêches de l'envoyé sarde, citées par Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 151.

264: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.

265: Dépêches de l'ambassadeur de France à Vienne, et Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 121 et 156.

266: Quelques mois plus tard, le 15 août 1831, dans un débat rétrospectif à la Chambre française, un député de la gauche, M. Cabet, ajoutait, après avoir rappelé que les réfugiés avaient compris la proclamation du principe de non-intervention comme une garantie du secours de la France contre l'Autriche: «Les Italiens n'ont rien négligé pour bien s'assurer que tel était le sens de ce principe; il s'en trouvait un grand nombre à Paris; ils ont donc consulté les notabilités libérales, et toutes les explications qu'ils ont demandées ont eu pour résultat cette assurance donnée unanimement, que, dans le cas d'une insurrection à Parme, à Modène et dans la Romagne, la France viendrait à leur secours si l'Autriche intervenait.»—De son côté, M. de Metternich répétait sans cesse: «C'est le seul mot de non-intervention qui a donné aux révolutionnaires italiens le courage de se soulever.» (Cf., entre autres, les lettres du 9 et du 12 mars 1831, Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 123 et 125.)

267: M. de Metternich n'était pas disposé à laisser dans l'ombre le démenti qui serait ainsi donné à la parole de la France; il écrivait, le 12 mars 1831: «Les révolutionnaires italiens seront détrompés sur le compte de la valeur que le gouvernement français accorde au dogme émis par lui.» (Mémoires, t. V, p. 125.)

268: Correspondance inédite de M. de Barante. (Documents inédits.)

269: Documents inédits.

270: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 121.

271: Ibid., p. 120, 158 et 159.—Cf. aussi Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 204.

272: M. de Barante, dans sa correspondance diplomatique, répétait sans cesse que le gouvernement sarde serait, en cas de guerre, l'allié de l'Autriche. (Documents inédits.) Peut-être même y avait-il traité secret entre les deux puissances. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 34.)

273: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 217.

274: Ibid.

275: Bulwer, Life of Palmerston, t. II, p. 48 à 52.

276: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 217.

277: Guizot, Mémoires, t. II, p. 300, 310 et 311.

278: Mémoires de La Fayette, t. VI.

279: Cet incident devait avoir une suite. En même temps qu'il avait envoyé sa dépêche belliqueuse à Paris, le maréchal Maison avait écrit dans le même sens à son collègue, le général Guilleminot, ambassadeur de France à Constantinople. Celui-ci, persuadé que la guerre allait éclater, remit à la Porte une note la pressant d'armer pour agir de concert avec la France contre l'Autriche et le Russie. Cette démarche, bientôt connue, fit grand scandale dans toutes les chancelleries: M. Périer était alors au pouvoir; l'ambassadeur fut immédiatement rappelé. De telles démarches trahissent sans doute l'indiscipline qui avait, après la révolution, gagné tous les rangs de la hiérarchie; mais il faut aussi reconnaître que les déclarations de tribune avaient pu induire en erreur nos représentants à l'étranger sur la politique réelle du gouvernement. C'est ainsi que, vers la même époque, nous voyons M. de Barante obligé de rappeler à l'ordre notre agent à Bologne, qui renvoyait les insurgés aux discours des ministres sur la non-intervention, pour les engager à avoir foi dans l'appui de la France. (Dépêche de M. de Barante au général Sébastiani, en date du 9 mars 1831. Documents inédits.)

280: Sur toute cette négociation, cf. les dépêches adressées par le général Sébastiani à M. de Barante (Documents inédits), et les Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.

281: Mémoires de M. de Metternich, t. V.

282: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.

283: M. Louis Blanc, Histoire de dix ans, t. II, p. 166.

284: Voyez le Parti libéral sous la Restauration, p. 466 et suiv.

285: National, article du 17 janvier 1831.

286: National, articles des 5 novembre, 1er et 4 décembre 1830, des 17 janvier et 22 mars 1831.

287: Carrel ne se dissimule pas cependant que «soutenir des révolutions accomplies, c'est offrir une prime d'encouragement à toutes les révolutions à naître». (Article du 21 septembre 1831.)

288: National, articles du 2 février et du 17 avril 1831.

289: Ibid., 30 novembre, 11 décembre 1830; 9 janvier, 13 avril 1831.

290: Ibid., 17 janvier 1831.

291: National, 11 décembre 1830.

292: Ibid., 9 mars 1831.

293: Ibid., février 1831.

294: Ibid., 30 novembre 1830.

295: Ibid., 30 novembre 1830, 13 mars 1831.

296: National, 5 novembre, 11 et 13 décembre 1830; 5 et 16 mars, 1er, 7 et 29 avril, 25 septembre 1831.

297: «La gloire, disait le général Lamarque, est un ciment si puissant, elle fait pousser des racines si profondes à une dynastie nouvelle, qu'il serait peut-être politique de la chercher sans motif.»

298: En 1815, cependant, il avait publié une brochure où il annonçait la résolution de «s'envelopper dans le drapeau blanc» qui, disait-il, lui servirait de «linceul». (Mémoires de M. Dupin, t. II, p. 197.)

299: Jacquemont a écrit dans une de ses lettres: «Mauguin s'annonce de loin comme un orage et passe comme un nuage creux de paroles.»

300: «Quand, disait La Fayette, je pris la liberté de proposer au ministère, dès les premiers temps de la révolution, de prendre le ton un peu hautain qui pouvait nous convenir avec les puissances étrangères, l'idée ne m'est pas venue de leur déclarer la guerre.»

301: Lettre du 30 mai 1832.

302: Documents inédits.

303: Lettre à M. de Barante, en date du 31 mars 1831. (Documents inédits.)

304: Documents inédits.

305: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 202 et 214.

306: Documents inédits.

307: Notamment à Saint-Louis, Saint-Gervais, Saint-Paul, Saint-Louis, Sainte-Marguerite, Saint-Laurent, Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, Saint-Nicolas des Champs, Saint-Merri, Saint-Roch, Saint-Nicolas du Chardonnet. (Vie de Mgr de Quélen, par M. d'Exauvillez, t. II, p. 64.)

308: Parmi les émeutiers, dit la relation d'un garde national, publiée à cette époque, «il n'y avait pas que des ouvriers en veste, mais des habits et des chapeaux fins». M. Duvergier de Hauranne, quelques jours plus tard, pouvait affirmer à la tribune que «les ouvriers de Paris n'avaient pris aucune part aux journées de Février»; et il indiquait les jeunes gens des Écoles comme les principaux coupables.

309: M. Guizot a constaté «l'indifférence moqueuse de la foule des spectateurs», et parlant en termes élevés de «cette révolte, la pire de toutes, qui est celle des âmes contre Dieu», il ajoute: «Je ne sais, en vérité, quels sont les plus insensés, de ceux qui s'y livrent avec fureur ou de ceux qui sourient en les regardant.»

310: Interrogé, le 15 février, à la Chambre, pendant qu'on démolit l'archevêché, le ministère, par l'organe de M. Barthe, n'a pas un mot de blâme ou de menace contre les émeutiers; c'est contre les «carlistes» qu'il se montre résolu à user de rigueur. «L'administration, déclare-t-il solennellement, éprouve le besoin de vous dire que le parti vaincu en Juillet s'agite.» Le ministre de l'intérieur, dans sa proclamation du 15 février au soir, celle qui commence par ces mots: «Respect aux monuments publics!» annonce au peuple, pour désarmer sa colère, que «le gouvernement a saisi et mis sous la main de la justice plusieurs des principaux acteurs de la cérémonie factieuse de Saint-Germain-l'Auxerrois». Dans une autre proclamation du 16 février au matin, il parle du «mouvement d'indignation malheureusement trop motivé» qui «a produit des désordres affligeants». La proclamation du préfet de police est plus vive encore contre le parti légitimiste: «Ce parti, dit-il, a pris notre longanimité pour de l'hésitation... Hier il s'est démasqué, à Saint-Germain-l'Auxerrois, par une provocation insensée à la guerre civile.» Puis il ajoute: «Souvenons-nous que, depuis un siècle, le mot d'ordre du jésuitisme est: Haine à la famille d'Orléans.» Le Moniteur du 16 février débute ainsi: «Des pensées coupables en faveur de la dynastie parjure que la France a repoussée de son sein ont dû exciter une indignation générale»; et il ne voit dans les auteurs de ces hideux désordres que des hommes par une indignation légitime». Du reste, les esprits sont à ce point dévoyés, que le Journal des Débats lui-même, alors conservateur, ne trouve aussi à s'en prendre, le 16 février, après le sac de l'archevêché, qu'«au complot de sacristie»; et s'adressant aux catholiques et aux royalistes, il leur crie: «Vous n'êtes pas seulement coupables de votre folie, vous êtes coupables de la folie des autres.»

311: A. Trognon, Vie de Marie-Amélie, p. 208.

312: À l'appui de cette interprétation, on a cité le rôle au moins bizarre joué, dans la journée du 15 février, par M. Thiers, alors sous-secrétaire d'État de M. Laffitte. M. Arago a raconté lui-même, le 13 août 1831, à la tribune de la Chambre, qu'il allait pénétrer dans l'archevêché avec ses gardes nationaux, pour arrêter la dévastation, quand M. Thiers, déclinant sa qualité, intervint très-vivement pour détourner la garde nationale «de se commettre avec le peuple, dans ces circonstances». «Ses paroles, ajoutait M. Arago, firent impression; on crut y voir la pensée de l'autorité supérieure, et notre mouvement se trouva ajourné.» M. Thiers, pour se justifier, a prétendu que l'incident était sans importance, que le mal était déjà fait lors de son intervention, et qu'il avait voulu seulement empêcher une collision. Des témoins sûrs m'ont en outre rapporté que, le soir du 15 février, dans les salons, M. Thiers parlait de ce qui s'était passé avec une sorte de frivolité satisfaite.

313: Lettre de madame Swetchine.

314: Ce débat, commencé le 17 février, se prolongea plusieurs jours.

315: «Nous apprîmes en même temps, disait le ministre, l'offense à la révolution de Juillet et les effets de l'indignation populaire: la foudre était déjà tombée sur Saint-Germain-l'Auxerrois.»

316: Séance du 10 mars 1831.

317: National du 13 mars 1831.

318: La rente 5 pour 100 s'offrait à 82 fr. 50, sans trouver acquéreur; et le 3 pour 100, à 52 fr. 70. Baisse d'autant plus remarquée que l'état financier était des plus prospères dans les derniers temps de la Restauration.

319: «Savez-vous, disait alors M. Casimir Périer à M. Dupin, qui le pressait de prendre le pouvoir, savez-vous que le Trésor est à la veille de cesser ses payements?» (Mémoires de M. Dupin, t. II, p. 301.)

320: 9 mars 1831.

321: Le 10 mars 1831, M. Duvergier de Hauranne dénonçait à la Chambre «l'anarchie qui des esprits a passé et se propage dans les choses».

322: Étude de M. le comte de Montalivet, sur la Politique conservatrice de Casimir Périer. (Revue des Deux Mondes, 15 mai 1874.)

323: Documents inédits.

324: Passim, dans la correspondance de Victor Jacquemont.

325: Documents inédits.

326: Seize mois, ou la Révolution et les révolutionnaires, par M. de Salvandy.

327: La Monarchie de 1830, p. 125 à 127.

328: Un sous-lieutenant qui devait devenir maréchal de France, le jeune de Saint-Arnaud, écrivait alors de Brest: «En général, en province, on est bien mécontent des troubles de Paris. Il n'y a qu'une voix pour dire qu'il faut en finir. Si cela se répétait, je ne serais pas surpris de voir les provinces marcher sur Paris. Voilà le résultat de ce que j'ai entendu partout sur la route.»

329: Séance du 11 mars 1831.—Voici, du reste, les propres paroles de M. Laffitte: «Messieurs, il serait pénible pour les ministres de demander une confiance que vous pourriez leur refuser. Cette confiance, je ne la demande pas, moi, comme ministre; je la demande comme citoyen, parce que l'intérêt de l'État l'exige; et ce n'est probablement pas pour moi que je la demande.»

330: National du 13 mars 1831.

331: Discours du 10 mars 1831.

332: 8 mars 1831.

333: 29 janvier 1831.

334: Mémoires de M. Dupin, t. II, p. 300.

335: Les ordonnances, portant nomination des nouveaux ministres, furent signées le 13 mars.

336: Carrel, dans le National du 12 mars 1831.

337: Allusion à l'«Opposition de quinze ans», sous la Restauration.

338: On nous permettra de renvoyer, pour ce qui regarde ce caractère particulier des luttes politiques de 1815 à 1830, à ce que nous avons dit dans Royalistes et Républicains, et dans le Parti libéral sous la Restauration. Voy. notamment, dans ce dernier volume, p. 319 à 392.

339: Parfois cependant les croix étaient sauvées par la présence d'esprit du curé. Dans un village des environs de Paris, les esprits forts se précipitaient vers l'église avec des échelles et des marteaux pour abattre la croix qui était au sommet du clocher. Le curé paraît: «Que faites-vous? vous voulez abattre cette croix? J'en sais d'autres qui sont plus faciles à faire disparaître et par lesquelles vous devriez commencer.—Où sont-elles? hurle la foule.—Suivez-moi!» Le curé les mène au cimetière, et il leur montre les croix noires qui ombragent les tombes de leurs parents et de leurs amis. L'effet fut prodigieux; ces malheureux baissèrent la tête et s'éloignèrent sans rien dire.

340: Il commençait à sortir de sa cachette vers janvier 1831, quand l'émeute du 14 et du 15 février l'obligea de nouveau à se dérober. Le choléra seul lui permettra, en 1832, de se montrer dans des conditions à peu près normales.

341: Souvenirs du feu duc de Broglie.

342: Voici comment des placards affichés dans la ville avaient dénoncé la réunion saint-simonienne: «Un rassemblement de Jésuites doit avoir lieu vendredi soir, 18 février 1831, au Gymnase, avenue de Saint-Cloud. J'engage les bons patriotes de cette ville à vouloir bien se munir d'armes à feu et à se transporter au lieu de la conspiration, afin de détruire toute cette canaille-là; ce qui servira de bon purgatif à Versailles, car il en est empoisonné. On craint très-fort la peste. À bas les Jésuites!» (Œuvres de Saint-Simon et d'Enfantin, t. III, p. 97.)

343: Ami de la religion, 2 juillet 1831.

344: Tel est notamment l'objet d'une lettre pastorale écrite alors par l'évêque d'Orléans.

345: Voici quelques-uns de ces titres: Histoire scandaleuse, politique, anecdotique et bigote du clergé de France.Infamie des prêtres dévoilée.La Chemise de femme et correspondance galante trouvée dans l'oratoire de l'archevêque de Paris, par un «séminariste qui a jeté le froc aux orties».—L'archevêque de Paris accusé d'assassinat sur la personne de Sœur Véronique, pharmacienne de Saint-Cyr.La Religion dévoilée, la France sauvée, les prêtres tombés.Infamies des prêtres, ou Correspondance des évêques sur les événements de Juillet, etc., etc.

346: Mgr Devie, évêque de Belley, a fait mention de ces accusations dans une circulaire épiscopale écrite au commencement de 1831. (Vie de Mgr Devie, par M. l'abbé Cognat, t. II, p. 3 et 19.)

347: Vie de Mgr de Quélen, par M. d'Exauvillez, t. II, p. 49.

348: Louis Veuillot, Rome et Lorette, t. I, p. 39.

349: Louis Blanc, Histoire de dix ans, t. I, p. 452.

350: H. Heine, De la France, p. 210.

351: Souvenirs du feu duc de Broglie.

352: L'ambassadeur de Sardaigne, suspect, du reste, de quelque malveillance, écrivait à son gouvernement: «Le Roi affecte de n'avoir pas de religion, de ne pas assister aux cérémonies de l'Église, de faire travailler le dimanche dans son palais.» (Geschichte Frankreichs, 1830-1870, par Hillebrand, t. I, p. 50.) Louis-Philippe cependant assistait chaque dimanche à la messe dans une chapelle intérieure de son palais, mais sans bruit et sans cérémonial.

353: Lesur, Annuaire pour 1831, p. 3.—Un peu plus tard, Louis-Philippe ayant placé dans un discours aux Chambres le nom de la «Providence», le Constitutionnel accusa «le gouvernement de Juillet de tendre au mysticisme».

354: «C'est un gouvernement philosophique», disait aussi M. Dupin, qui eût été probablement embarrassé de donner de cette formule une explication raisonnable.

355: Ami de la religion, 4 août 1831.

356: Livre des Cent un.

357: Rome et Lorette, t. I, p. 39.

358: De la France, p. 210.

359: M. Louis Blanc.

360: Madame Swetchine écrivait alors: «Nous assistons à la grande crise de l'orgueil humain.»

361: Il pourrait aussi être question des écoles de Fourier ou de Buchez, qui se ressentirent de l'excitation de 1830. Mais elles n'eurent que plus tard un rôle vraiment actif et public. Nous attendrons donc pour en parler. Au lendemain de la révolution, le saint-simonisme tient seul le haut du pavé.

362: Saint-Simon alla faire un jour visite à madame de Staël, à Coppet; à peine entré: «Madame, dit-il, vous êtes la femme la plus extraordinaire du monde, comme j'en suis l'homme le plus extraordinaire: à nous deux, nous ferions sans doute un enfant plus extraordinaire encore.» Madame de Staël prit le parti de rire.

363: Œuvres de Saint-Simon et d'Enfantin, t. III, p. 176 et passim.

364: Œuvres de Saint-Simon et d'Enfantin, t. IV, p. 39 et suiv.

365: Bazard avait trente-neuf ans; Enfantin, trente-cinq.

366: Veut-on connaître un spécimen de ces prédications? Qu'on lise ce fragment d'un discours de Barrault (10 juillet 1831): «...Ah! je vous ai dit naïvement qui j'étais, qui je suis, qui je veux être... À mon tour je vous demanderai qui vous êtes. Hélas! le savez-vous? Êtes-vous des chrétiens, aveugles adorateurs de la croix solitaire? Êtes-vous des philosophes, dévots d'incrédulité? Êtes-vous des partisans obstinés de toutes les légitimités surannées? Êtes-vous des libéraux, révoltés à la seule pensée d'une hiérarchie, et rêvant les chimériques douceurs de l'individualisme? Êtes-vous enfin de ces hommes qui s'épouvantent de toute idée nouvelle, et ont sans cesse le frisson du progrès? Non! si vous professiez sincèrement l'une de ces diverses opinions, ne serait-ce pas folie à vous de venir, avec une religieuse attention, nous écouter? Qui êtes-vous donc? Des gens qui ne croyez plus fermement à rien de ce que l'on croit encore aujourd'hui, et qui venez ici nous apporter votre scepticisme, vos dégoûts, votre ennui, votre indifférence, votre incertitude: gens malades qui vous traînez auprès de la piscine salutaire, et, comme le paralytique, n'avez pas même la force de vous y plonger. Hélas! qu'attendez-vous? Est-ce le révélateur nouveau? Déjà, déjà vous avez entendu sa voix; mais, et c'est là un des symptômes de votre maladie, vous dissertez, vous discutez, vous approfondissez tout, et jamais vous n'agissez. Quoi donc! pendant que votre raison pèse avec une orgueilleuse lenteur, scrute avec une minutieuse complaisance les moindres détails de l'ordre social que nous apportons, n'entendez-vous pas les cris de douleur ou de rage, les gémissements, les soupirs étouffés et le râle de tant d'infortunés qui souffrent, se désolent, languissent, expirent? Écoutez, écoutez, enfin! Chez les Hébreux, lorsque, sur le bord de la route, était trouvé un cadavre, les habitants de la cité voisine, la main étendue sur le corps inanimé, juraient qu'ils n'avaient point trempé dans cet homicide. Eh bien! je vous adjure ici de m'entendre. À la vue de ce peuple entier, que vous voyez dans la fange de vos rues et de vos places, sur de misérables grabats, au milieu de l'air fétide des caves et des greniers, dans des hôpitaux encombrés, dans des bagnes hideux, se mouvoir, pâle de faim et de privations, exténué par un rude travail, à moitié couvert de haillons, livré à des agitations convulsives, dégoûtant d'immoralité, meurtri de chaînes, vivant à peine, je vous adjure tous, enfants des classes privilégiées, levez-vous, et la main appuyée sur ces plaies putrides et saignantes, enfants des classes privilégiées, qui vous engraissez de la sueur de cette classe misérable, exploitée à votre profit, jurez que vous n'avez aucune part à ses souffrances, à ses douleurs, à ses agonies. Jurez!... Vous ne l'oseriez pas!» Enfantin, rendant compte de cette séance à un de ses disciples, écrivait le lendemain: «Hier, effet prodigieux de Barrault sur le public, applaudissements à tout rompre quand il a dit de jurer. Sanglots, larmes, embrassements, tout le monde en émoi!»

367: Sur ce point, il n'y avait jamais eu d'hésitation. Dès le 29 juillet 1830, en pleine révolution, Enfantin déclarait que «le saint-simonisme se perdrait en se faisant niaisement libéral».

368: Dans le Globe, M. Michel Chevalier demandait, en ces termes, «un coup d'État industriel»: «Il faut des mesures extraordinaires qui frappent le peuple, l'exaltent et l'emplissent d'espérance; il faut que des actes, d'une haute portée, soient produits. Mais comment la chose se ferait-elle sans détermination extra-légale, c'est-à-dire sans coup d'État? car les Chambres sont à la débandade, et on est obligé d'agir sans elles. D'ailleurs, les Chambres, surtout celle des députés, n'ont pas le sens de ce qui est grand et opportun. Il faut un coup d'État, un coup d'État industriel. Au théâtre, on berne les médecins, qui se consolent d'avoir tué leurs malades, parce qu'ils les ont tués selon les règles de l'art; ceux qui tiendraient obstinément aujourd'hui aux règles de la légalité seraient aussi ridicules que ces médecins. Le système parlementaire a été institué pour entraver l'action du gouvernement, parce que le gouvernement était supposé mauvais à priori; et, en effet, les gouvernements modernes prêtent à cette supposition; d'où il résulte qu'un gouvernement qui se renferme dans les bornes du système parlementaire s'interdit toute action étendue; or, il faut au pouvoir, dans la circonstance présente, une action très-étendue.»

369: Les saint-simoniens ont cru, un moment, avoir fait la conquête de M. Sainte-Beuve: il est vrai qu'à la même époque les catholiques de l'Avenir avaient une illusion analogue. Enfantin écrivait «qu'on pouvait déjà tout à fait compter sur lui». Plus tard, M. Sainte-Beuve a désavoué cette faiblesse passagère. «J'ai pu m'approcher du lard, a-t-il écrit, mais je ne me suis pas pris à la ratière.»

370: Lamoricière, alors en Afrique, paraît avoir été séduit de loin. (Œuvres de Saint-Simon et d'Enfantin, t. V, p. 61.)

371: Lettre du 11 juillet 1831. (Œuvres de Saint-Simon et d'Enfantin, t. III, p. 229.)

372: Voy. notamment certains articles du Globe, qui sont comme l'Apocalypse du chemin de fer et de la banque. Plusieurs de ces articles sont de M. Michel Chevalier.

373: Avenir du 3 août 1831.

374: Parmi ceux qui restèrent alors fidèles à Enfantin, signalons MM. Michel Chevalier, Barrault, Duveyrier, G. d'Eichthal, H. Fournel, Isaac Pereire, Flachat, Lambert, Lemonnier, Guéroult, Félicien David, etc.

375: Jean Reynaud.

376: Œuvres de Saint-Simon et d'Enfantin, t. IX, p. 15.

377: Œuvres de Saint-Simon et d'Enfantin, passim.

378: Lettre de 1859. (Œuvres de Saint-Simon et d'Enfantin, t. XIII, p. 47.)

379: Expression de l'Avenir, 23 octobre 1830.

380: Louis Veuillot, Rome et Lorette, t. I, p. 39.

381: Lettre de l'évêque de Belley, au printemps de 1831. (Vie de Mgr Devie, par l'abbé Cognat, t. II, p. 19.)—L'évêque de Saint-Dié écrivait, de son côté, en décembre 1830: «Gardez, sur les objets politiques, un silence absolu dans vos instructions et la réserve la plus sévère dans tous vos discours; n'essayez même pas, dans ce moment, d'apologie qui tendrait à vous montrer favorables aux idées de vos antagonistes; car la prévention de certains hommes est si forte, et ils sont si résolus à vous faire paraître coupables, qu'ils vous accuseraient d'hypocrisie, plutôt que de rendre justice à vos sentiments. Laissez donc au temps à dissiper les nuages, et vous qui avez vu nos premières épreuves, souvenez-vous de celui qu'il a fallu pour nous rendre la confiance.» L'évêque d'Orléans écrivait, dès le 18 août 1830: «Prenez soin de ne rien dire qui ait du rapport avec l'ordre présent des affaires publiques. Portez cette attention même dans vos entretiens avec vos amis... Le silence, si profitable en toutes rencontres, est un devoir dans le temps présent.» Les archevêques de Tours, de Sens, les évêques d'Angers, de Strasbourg, de Troyes, tenaient un langage analogue.

382: Lamennais avait quarante-huit ans en 1830.

383: Sur le rôle de Lamennais sous la Restauration, voir Royalistes et républicains, p. 255 et suiv.

384: Il avait une «piété d'ange», écrivait de lui Lamennais.

385: Fondé, en mars 1829, par MM. de Carné, Cazalès, Foisset, d'Eckstein, de Champagny, Dubois, Augustin de Meaux, Gouraud, Wilson, etc., le Correspondant, feuille semi-hebdomadaire, sorte de Globe catholique, avait pris pour épigraphe le mot de Canning: «Liberté civile et religieuse par tout l'univers.» Il voulait dissiper les préventions qui séparaient le catholicisme et les idées modernes. En cela, il avait devancé l'Avenir, avec plus de sagesse, mais avec moins d'éclat. Lamennais n'aimait pas le Correspondant. Il reprochait à ces jeunes gens leur mesure et leur modération, où son esprit violent voyait tiédeur, pâleur et timidité; il leur reprochait aussi de tenir pour ces idées tempérées du libéralisme parlementaire, les seules peut-être qu'il n'ait jamais traversées, dans ses nombreuses pérégrinations intellectuelles. Le Correspondant subsista un moment, à côté de l'Avenir, mais bientôt, à la fois compromis et éclipsé, il dut suspendre sa publication: c'est plus tard, en 1843, qu'il reparut sous forme de revue.

386: L'Avenir paraissait tous les jours. Son format était celui des journaux du temps, environ 43 centimètres de hauteur sur 30 de largeur. La plupart des articles n'étaient pas signés, sauf ceux de Lamennais; quelques-uns étaient suivis d'initiales.

387: Avenir du 21 février 1831.—C'est dans cet article que se trouvait ce morceau, plusieurs fois cité: «S'il nous eût été donné de vivre au temps où Jésus vint sur la terre, et de ne le voir qu'un moment, nous eussions choisi celui où il marchait couronné d'épines et tombant de fatigue vers le Calvaire; de même nous remercions Dieu de ce qu'il a placé le court instant de notre vie mortelle à une époque où sa sainte religion est tombée dans le malheur et l'abaissement, afin que nous puissions la chérir dans notre humilité, afin que nous puissions lui sacrifier plus complétement notre existence, l'aimer plus tendrement, l'adorer de plus près.»—Voir aussi un article sur la Foi dans l'Avenir du 3 août 1831.

388: Ibid. du 7 janvier 1831.

389: Avenir des 15, 18, 31 octobre 1830.

390: Ibid. du 6 juin 1831.

391: Ibid. du 26 novembre 1830.

392: Avenir du 15 janvier 1831.

393: Ibid. du 6 mars 1831.

394: Avenir des 16 octobre, 9 novembre 1830, 27 janvier, 12 février et 28 juin 1831.

395: Avenir du 6 mars 1831.

396: Un jour, par exemple, il s'agit d'un sous-préfet qui a ouvert de force une église, pour y faire des funérailles religieuses à la dépouille d'un homme mort en dehors de la communion de l'Église; de tels incidents étaient alors assez fréquents: les libres penseurs se montraient aussi passionnés à exiger le concours du clergé aux enterrements, qu'ils le sont aujourd'hui à l'écarter, et l'administration se croyait le droit de contraindre le clergé à ce prétendu service public; Lacordaire s'écrie: «Catholiques, un de vos frères a refusé à un homme mort les paroles et les prières de l'adieu suprême des chrétiens. Il a laissé le soin d'honorer des cendres étrangères à ceux qui pouvaient leur dire: «Vous nous avez aimés pendant la vie, aimez-nous encore au delà.» Votre frère a bien fait; il s'est conduit en homme libre, en prêtre du Seigneur... Sommes-nous les fossoyeurs du genre humain? Avons-nous fait un pacte pour flatter ses dépouilles, plus malheureux que les courtisans à qui la mort du prince rend le droit de le traiter comme le méritait sa vie? Votre frère a bien fait. Mais une ombre de proconsul a cru que tant d'indépendance ne convenait pas à un citoyen si vil qu'un prêtre catholique. Il a ordonné que le cadavre serait présenté devant les autels, fallût-il employer la violence pour l'y conduire et crocheter les portes de l'asile où repose, sous la protection des lois de la patrie, sous la garde de la liberté, le Dieu de tous les hommes et du plus grand nombre des Français. Sa volonté a été accomplie; la force et la mort ont violé le domicile de Dieu... Un simple sous-préfet, un salarié amovible, du sein de sa maison, a envoyé dans la maison de Dieu un cadavre! Il a fait cela, devant la loi qui déclare que les cultes sont libres; et qu'est-ce qu'un culte libre si son temple ne l'est pas, si son autel ne l'est pas, si l'on peut y apporter de la boue, les armes à la main? Il a fait cela à la moitié des Français, lui, ce sous-préfet!»

397: Avenir des 26 et 29 novembre 1830, 1er et 12 juillet 1831.

398: Ibid. du 7 décembre 1830, des 3 janvier, 7 février, 29 mai 1831.

399: Ibid. des 17 octobre, 7 décembre 1830 et 21 mars 1831.

400: Rappelons toutefois que l'Avenir avait été devancé, sur ce point comme sur beaucoup d'autres, par le Correspondant.

401: Avenir des 17, 18, 25 octobre 1830.

402: Avenir du 7 décembre 1830, des 21 mars, 12 et 17 juin 1831.

403: L'Avenir ajoutait: «Nous n'entendons pas dire que ce genre d'abus n'est pas un très-grand crime. Seulement, nous croyons que ce crime est, comme beaucoup d'autres, spécialement du ressort de la loi divine. Il en est, suivant nous, du libelliste comme du parjure, que le législateur ne peut utilement atteindre que dans de rares occasions.»

404: Avenir du 17 octobre 1830, des 27 janvier et 9 mars 1831.

405: Avenir des 17 décembre 1830, 1er, 5, 18, 29 janvier, 1er, 10 mars, 16, 17, 23 avril, 10 mai, 9, 13 juin, 1er et 20 juillet 1831.

406: «Nous n'attendons rien des rois; mais nous attendons beaucoup des peuples, qui nous semblent être les instruments choisis de Dieu, pour rétablir son règne sur la terre.» (Lamennais.)—«Les rois ont été bien coupables, et chaque jour ils ajoutent à leur faute contre la religion et la liberté des fautes qui font pressentir que leur réprobation s'accomplira peut-être jusqu'au bout, et que la tribune de France aura prophétisé quand elle disait: Les rois s'en vont... Que les rois descendent en paix dans leur tombe; leur sort est accompli... Nous voulons séparer notre cause de la leur.» (Lacordaire.)—«Rois de l'Europe, rois sans foi, sans amour, rois qui avez oublié Dieu, tous vous serez atteints; tous vous connaîtrez la faiblesse de ces trônes où vous avez cru vous asseoir sans lui.» (Montalembert.)

407: Voir Affaires de Rome, par Lamennais, p. 27.

408: Avenir des 27 octobre, 17 décembre 1830, 12 février, 21 avril, 29 mai, 9, 28, 29 juin, 1er juillet 1831.

409: Avenir des 17 octobre, 29 novembre 1830, 27 janvier, 12 février, 7 avril, 28 mai, 9 juin, 28 juin, 1er juillet 1831.—Dans l'âme violente et malade de Lamennais, l'hostilité et le mépris contre le gouvernement de juillet dépassent bientôt toutes les bornes. Lisez ce qu'il écrivait dans ses lettres intimes, vers la fin de l'Avenir: «Lâcheté au dehors, tyrannie au dedans, voilà pour le gouvernement, parjure à toutes ses promesses, ne concevant rien que le despotisme.» (Lettre du 8 novembre 1831.) «Le gouvernement se jette à corps perdu dans le despotisme; il appelle cela «faire du pouvoir» et se croit fort quand il a juré. Il me semble voir un Vitellius faisant atteler six chevaux à son char, pour arriver plus vite aux Gémonies. Nos gens s'y rendent au grand galop, et je leur souhaite bon voyage.» (Lettre du 9 novembre 1831.) Or, ne l'oublions pas, à cette époque, le pouvoir était aux mains de M. Casimir Périer. Lamennais était parvenu à faire partager son trouble et sa colère à son jeune ami M. de Montalembert. Celui-ci, dans une sorte d'égarement douloureux, causé par l'abandon de la Pologne, écrivait, sous forme de préface au Livre des pèlerins polonais par Mickiewicz, une diatribe d'une véhémence inouïe contre les «lâches» et les «despotes» qui gouvernaient et «déshonoraient» la France; il montrait celle-ci «livrée à d'effrontés jongleurs, exploitée par une horde d'administrateurs éclos du despotisme impérial, par une magistrature qui semble commissionnée pour tuer la loi dans l'estime des hommes, par des parquets tenant à la fois de la nature du laquais et de celle du bourreau... On dirait que des eunuques ont été chargés de lui faire subir l'antique supplice de la femme adultère: ils l'étouffent dans la boue.» Ajoutons d'ailleurs que, plus tard, M. de Montalembert a noblement répudié ce péché de jeunesse, et qu'en publiant ses œuvres complètes, il en a volontairement exclu ce morceau.

410: «Elle naquit à Paris, dit l'Avenir, le 19 mars 1682. Bossuet la porta, dans son berceau, à Louis XIV, qui la trouva bien et le dit à madame de Maintenon. Madame de Maintenon fut de son avis. C'était naître sous d'heureux auspices, et le sourire du plus grand roi d'Europe valait bien le souffle du Saint-Esprit. Tout le monde le crut, excepté le Pape: vieillard opiniâtre, qui s'imaginait qu'une religion ne pouvait pas venir au monde sans qu'il en sût quelque chose...» L'article continue sur ce ton.

411: Avenir des 16, 18 octobre, 9 novembre, 27 décembre 1830.

412: Un jour qu'une de ces églises venait d'être violée par ordre administratif, Lacordaire s'écriait, dans un langage singulier où l'éloquence se mêle à la déclamation: «Maintenant que ferez-vous, catholiques? Que dirai-je de votre part à vos oppresseurs? Pour moi, je ne puis me défendre d'une réflexion, c'est que si vous mettiez vos autels dans une grange qui fût à vous, au lieu de les mettre dans un édifice qui appartient à l'État de près ou de loin, vous seriez libres à jamais de ces orgies du pouvoir. Quelques bottes de paille vous défendraient mieux que les colonnes et les marbres qu'on vous a volés, pour avoir le droit de vous donner une hospitalité sans regret et sans compassion. Qu'y a-t-il dans ces murailles qui vous attache si fort? Vos pères les ont bâties; mais vos pères n'y sont plus; on n'y a pas même laissé leur poussière. Monuments magnifiques et vides, une chose restait qui aurait pu les rendre sacrés et dignes de Dieu, une chose qui est partout sur le sol de France, la liberté. Eh bien, la liberté n'est plus au coin de l'autel; ou vient d'y accorder un droit d'asile éternel à la servitude. Fermons donc les portes, et que la servitude y dorme en paix sous la garde des sous-préfets. Un jour, quand les âges et la solitude auront noirci nos dômes, fait pencher nos flèches, brisé nos vitraux, abattu à demi nos croix; quand la lumière des nuits, faisant tomber peu à peu nos pierres bénies, éclairera les ruines du sanctuaire à travers les voûtes; un jour, les peuples passant à côté, leurs enfants à la main, ceux-ci leur diront: Qu'est-ce que ces vieilles tours et ces pans qui s'en vont? Les pères regarderont; ils prendront leurs petits, et les élevant jusqu'à la fenêtre pour qu'ils voient, ils leur diront: C'est qu'il y eut là autrefois des hommes qui priaient Dieu, et qui s'en allèrent parce qu'on en chassa la liberté.»

413: Avenir des 18, 27, 30 octobre, 2, 29 novembre 1830, 6 janvier, 27 avril 1831.

414: Le Père Lacordaire, par M. de Montalembert.

415: Le Père Lacordaire, par M. de Montalembert.

416: L'abbé Dupanloup, fort animé contre l'Avenir, écrivait au cardinal de Rohan: «Le jeune clergé est terriblement accessible à ces doctrines de schisme, d'orgueil et de liberté effrénée.» Et encore: «M. de La Mennais est l'idole des jeunes prêtres qu'il entraîne dans l'indépendance politique et la rébellion religieuse.» (Vie de Mgr Dupanloup, par l'abbé Lagrange, t. I, p. 130, 132.)

417: Plus tard, en 1841, quand cette prédiction se sera réalisée, Lamennais, le cœur débordant de tristesse et d'amertume, donnera lui-même le commentaire poignant de cette malédiction: «Il a dit: Væ soli! et cela est vrai en plus d'un sens. La solitude devient pesante, surtout à mesure que l'on vieillit. Jeune, on porte en soi tout un monde; mais ce monde s'évanouit bientôt. L'âme alors s'en va, errant sur des ruines qui peu à peu s'effacent elles-mêmes, vaine poussière que disperse le souffle du temps. Plus d'illusions, de douces chimères, d'espérances lointaines, plus même de désirs. La vie est une terre sans horizon. On s'assied là, sur la roche aride, au pied d'un vieil arbre creux et dépouillé, et, en regardant le nuage qui passe, on voudrait passer avec lui, être emporté comme lui, dans ces régions où le pousse la tempête; on voudrait se perdre dans les abimes inconnus des mers, avec l'eau du torrent qui gronde et gémit au fond de la vallée stérile.» (Discussions critiques et pensées diverses, CCLXXV.)

418: Lettre du 9 novembre 1831.

419: Testament du Père Lacordaire, p. 58.

420: En 1829, alors que les gallicans demandaient au Pape de censurer le livre des Progrès de la révolution, Lamennais ajoutait, après avoir exprimé la certitude où il était de n'être pas condamné: «Il y a des choses qui ne peuvent avoir lieu, sans quoi les promesses manqueraient.» Donc, s'il y a contradiction entre ses doctrines et l'infaillibilité, c'est l'infaillibilité qui doit succomber. Voilà tout l'homme. S'il repoussait alors toute idée de révolte, ce n'était pas qu'il fût prêt à se soumettre, c'est qu'il ne croyait pas à la possibilité d'une censure.

421: Testament du Père Lacordaire, p. 64.

422: Lettre du 10 février 1832.—Quelques mois plus tard, le 1er novembre 1832, Lamennais écrivait: «Je suis allé à Rome, et j'ai vu là le plus infâme cloaque qui ait jamais souillé des regards humains. L'égout gigantesque de Tarquin serait trop étroit pour donner passage à tant d'immondices. Là, nul autre dieu que l'intérêt. On y vendrait les peuples; on y vendrait les trois personnes de la sainte Trinité, l'une après l'autre ou toutes ensemble, pour un coin de terre ou pour quelques piastres. J'ai vu cela, et je me suis dit: Le mal est au-dessus de la puissance de l'homme; et j'ai détourné les yeux avec dégoût et avec effroi.» «M. de Lamennais a blasphémé Rome malheureuse, écrivait alors Lacordaire à son ami Montalembert; c'est le crime de Cham, le crime qui a été puni sur la terre, de la manière la plus visible et la plus durable, après le déicide.» (Décembre 1832.)

423: Voy. la lettre précitée du 10 février 1832 et celle du 1er mai suivant.

424: Discours de réception à l'Académie française.

425: Expressions de Lacordaire, dans une lettre adressée à madame Swetchine, le 15 septembre 1835.

426: Le cardinal Pacca écrivait à Lamennais, en lui adressant l'encyclique: «Le Saint-Père, en remplissant un devoir sacré de son ministère apostolique, n'a cependant pas voulu oublier les égards qu'il aime à avoir pour votre personne, tant à cause de vos grands talents que de vos anciens mérites envers la religion. L'encyclique vous apprendra, Monsieur l'abbé, que votre nom et les titres mêmes de vos écrits, d'où l'on a tiré les principes réprouvés, ont été tout à fait supprimés.»

427: Nous pourrions citer beaucoup de ces commentaires. Bornons-nous à indiquer celui que Mgr Parisis a donné, quelques années plus tard, dans les divers écrits qu'il a publiés précisément pour établir que l'Église n'était nullement l'ennemie des libertés modernes, et notamment dans ses Cas de conscience à propos des libertés exercées ou réclamées par les catholiques, ou Accord de la doctrine catholique avec la forme des gouvernements modernes.

428: Il faudrait lire toute la correspondance de Lamennais, à cette époque, pour bien connaître cet état d'esprit. Voir notamment les lettres des 15 septembre, 9 octobre, 15 décembre 1832, 5 février, 25 mars, 29 juillet et 4 décembre 1833.

429: Expression employée par M. Renan, dans son étude sur Lamennais.

430: Les ratures de ses manuscrits, observées par Hippolyte Rigaud, révèlent cet effort pour charger son style. Tel jour, par exemple, il avait écrit des rois: «Ils font couler des ruisseaux de sang»; il efface ruisseaux, pour mettre d'abord rivières et ensuite torrents. Voici, du reste, un spécimen de ces pamphlets: «Jamais les peuples ne furent broyés sous une meule plus dure: biens, corps, âmes, elle écrase tout, elle réduit tout en je ne sais quelle poussière, qui, pétrie avec des larmes et du sang, et bénie par le prêtre, sert à faire le pain des rois. Ce pain est doux à leur palais, ils s'en gorgent, ils on ont faim et toujours faim. Mangez, ô rois, engloutissez; faites vite, point de repos; la terre vous en conjure, car ce qui descend dans vos entrailles, avec cette nourriture exécrable, ce n'est pas la vie, c'est la mort.»

431: Voyez, sur ce mouvement des esprits, le Parti libéral sous la Restauration, p. 197 et suiv.

432: La monarchie de Juillet est sans contredit le régime où l'on vit le plus d'hommes de lettres ministres. Citons MM. Guizot, Thiers, Villemain, Cousin, de Salvandy, Duchâtel.

433: Portraits contemporains, t. II, p. 452.

434: Sainte-Beuve, Lundis, t. I, p. 43, 44; Portraits littéraires, t. III, p. 87, 88.

435: Jules Janin, Littérature dramatique, t. I, p. 154.

436: «Cette époque est dure pour les poëtes, disait un critique pourtant assez engagé alors dans le mouvement politique de 1830; ce temps-ci est peu propre aux poésies consciencieuses, au culte de l'art du dix-septième siècle. Nous trouvons que l'atmosphère en est lourde, qu'on respire mal dans cette poussière d'opinions et de croyances...» (Nisard, Victor Hugo en 1836. Ce morceau a été inséré dans les Portraits et Études d'histoire littéraire.)

437: George Sand écrivait en 1833: «Les ambitions ont pris un caractère d'intensité fébrile; les âmes surexcitées par d'immenses travaux ont été éprouvées tout à coup par de grandes fatigues et de cuisantes angoisses. Tous les ressorts de l'intérêt personnel, toutes les puissances de l'égoïsme, tendus et développés outre mesure, ont donné naissance à des maux inconnus auxquels la psychologie n'avait pas encore assigné de place dans ses annales.»

438: M. Esquirol dit quelque part: «L'influence de nos troubles politiques a été si profonde, que je pourrais donner l'histoire de notre révolution, depuis la prise de la Bastille jusqu'à la dernière apparition de Bonaparte, par celles de quelques aliénés dont la folie se rattache aux événements qui ont signalé cette période de notre histoire.»

439: Un critique distingué de l'école démocratique et libre penseuse, M. Schérer, a écrit à ce propos: «Le romantisme a été une révolution, et l'on peut demander de lui, comme de la plupart des révolutions, s'il a fait ses frais. Comme la plupart des révolutions, il a détruit plus qu'il n'a édifié. Il a été un 92 littéraire, 92 suivi d'un 93, et 93 suivi d'un Directoire. Il a eu son Mirabeau, ses girondins, ses terroristes et enfin ses muscadins.»—S'il fallait en croire certains esprits, ce ne serait pas seulement en littérature que le romantisme aurait été un 93. M. John Lemoinne, dans son discours de réception à l'Académie, a raconté l'anecdote suivante: «Je me rappelle qu'un matin, dans les plus mauvais jours de 1871, M. Thiers, que j'étais allé voir à Versailles, m'ayant demandé des nouvelles de M. de Sacy, je lui répondis qu'il continuait à être amoureux de ses vieux livres et à ne pas connaître les romantiques. Et M. Thiers me dit, avec cette vivacité dont vous avez le souvenir: Ah! il a bien raison, Sacy; les romantiques, c'est la Commune!»

440: Expressions de Lamartine.

441: Voyez la Préface que Lamartine a mise en tête de ses Discours (1849).

442: Correspondance de Lamartine, t. IV, V, VI.

443: M. de Lamartine en 1837, par M. Nisard, étude publiée par la Revue de Paris, et reproduite depuis dans les Portraits et Études d'histoire littéraire.

444: Article sur les Recueillements poétiques (1839), inséré dans les Portraits contemporains, t. I, p. 349.

445: N'est-ce pas Victor Hugo qui disait, précisément en 1830, dans la pièce qui sert de préface aux Feuilles d'automne:

C'est que l'amour, la tombe, et la gloire et la vie,
L'onde qui fuit, par l'onde incessamment suivie,
Tout souffle, tout rayon, ou propice ou fatal,
Fait reluire et vibrer mon âme de cristal,
Mon âme aux mille voix, que le Dieu que j'adore
Mit au centre de tout comme un écho sonore.

446: Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie.

447: Ce Journal fut publié en 1834.

448: Ce n'est pas que les avances de Victor Hugo aient été alors aimablement accueillies par le parti républicain. Celui-ci se méfiait politiquement; et, littérairement, les journaux de gauche, notamment le National et la Tribune, tenaient pour l'école classique. Quand Victor Hugo publia, en 1832, la préface dans laquelle il menaçait le gouvernement, à raison de l'interdiction du Roi s'amuse, la Tribune lui déclara assez sèchement «qu'il s'exagérait l'importance de son œuvre et la sympathie qu'elle excitait, en pensant qu'il pourrait y avoir là sujet d'émeute».—Henri Heine écrivait, à la même époque, en parlant de Victor Hugo: «Les républicains suspectent son amour pour la cause populaire; ils éventent, dans chaque phrase, une secrète prédilection pour l'aristocratie et le catholicisme.» (De la France, p. 295.)

449: Sainte-Beuve, Chroniques parisiennes, p. 23, 24, 31, 317 à 320.

450: Victor Hugo, fort mortifié de ce succès, disait jalousement, en parlant de Lucrèce: «La chose que l'on joue à l'Odéon.» (Sainte-Beuve, Chron. par., p. 49.)

451: Victor Hugo en 1836. Cet article a été reproduit, il y a quelques années, par M. Nisard, dans un volume de Portraits et Études d'histoire littéraire. Cette opinion n'était pas isolée: deux ans plus tard, dans la Revue des Deux Mondes du 15 mars 1838, M. Gustave Planche s'exprimait ainsi: «M. Victor Hugo touche à une heure décisive: il a maintenant trente-six ans, et voici que l'autorité de son nom s'affaiblit de plus en plus.»

452: La première représentation de Chatterton eut lieu le 12 février 1835. Ce fut le plus grand succès de M. de Vigny.

453: Ce n'est pas la seule pièce de M. Pyat qui ait fait quelque bruit. Cet écrivain devait donner, en 1847, le drame du Chiffonnier de Paris, abominable et absurde intrigue, où un chiffonnier héroïque et philosophe protégeait l'innocence populaire contre le vice aristocratique. Le public applaudissait. Il est vrai que quelques mois plus tard, au lendemain du 24 février 1848, la même pièce était froidement reçue: on avait vu à l'œuvre les chiffonniers de M. Pyat.

454: Allusion aux pièces innombrables où figurait Napoléon.

455: Seize Mois, ou la Révolution et les révolutionnaires, par M. De Salvandy.

456: Manifeste contre la littérature facile, et Un amendement à la définition de la littérature facile. (Revue de Paris, décembre 1833 et février 1834.)

457: Écrits et Discours du duc de Broglie, t. II, p. 470.

458: Life, Letters and Journal de G. Ticknor, t. II, p. 140.

459: Procès Saint-Bancal, juillet 1835.

460: Manifeste contre la littérature facile. (Revue de Paris, janvier 1834.)

461: Rappelons à ceux qui voudraient étudier de plus près l'œuvre de George Sand, la brillante et fine étude que M. le vicomte Othenin d'Haussonville a publiée, en 1878, dans la Revue des Deux Mondes.

462: Lettres de X. Doudan, t. I, p. 298.

463: Sainte-Beuve, Portraits contemporains, nouvelle édition, t. I, p. 517.

464: Sur le côté malsain et corrupteur des romans de George Sand, nous connaissons peu d'études plus vigoureuses et plus sévères que celle qui a été publiée par M. de Mazade, dans la Revue des Deux Mondes du 15 mai 1857. La chose est d'autant plus piquante que la plupart de ces romans, et non les moins dangereux, avaient été insérés dans cette revue. Mais, en 1857, il y avait brouille momentanée entre M. Buloz et madame Sand. De là, la liberté laissée au critique.

465: Il avait dans son cabinet une statuette de Napoléon. On lisait sur le fourreau de l'épée de l'Empereur: «Ce qu'il n'a pu achever par l'épée, je l'accomplirai par la plume. Signé: Honoré de Balzac

466: Article de M. Eugène Poitou, Revue des Deux Mondes du 15 décembre 1856.

467: Portraits contemporains, t. III.

468: Je ne puis rencontrer le nom de M. de Pontmartin sans signaler les très-remarquables et très-vigoureux articles où, l'un des premiers, il a eu le courage de dénoncer les côtés malsains et périlleux de l'œuvre de Balzac.

469: Maxime Du Camp, Souvenirs littéraires, (Revue des Deux Mondes du 1er août 1881.)

470: Cité par M. Maxime Du Camp, dans ses Souvenirs littéraires. (Revue des Deux Mondes, 1er octobre 1881.)

471: Correspondance de Lamartine, t. V, p. 526.

472: Voir le début de la Confession d'un enfant du siècle.

473: Publié, au commencement de 1833, dans le volume ayant pour titre: Un spectacle dans un fauteuil.

474: Publié en même temps que Namouna.

475: Rolla fut publié par la Revue des Deux Mondes, le 1er août 1833, quelques mois après le volume intitulé: Un spectacle dans un fauteuil.

476: La première des Nuits est de mai 1836; la dernière, d'octobre 1837.

477: La Confession d'un enfant du siècle fut publiée au commencement de 1836.

478: Les Vœux stériles, pièce de vers publiée en 1834.—Voyez aussi la conversation que le poëte a eue, à la même époque, avec son frère Paul, et que celui-ci a racontée dans sa Biographie d'Alfred de Musset.

479: Pour compléter le tableau du trouble jeté dans la littérature, il nous faudrait dire ce qu'est devenue, sous cette influence, une partie de l'école historique, dont M. Michelet est le type. Mais l'étude des histoires révolutionnaires et de leurs conséquences se rattache à la fin de la monarchie de Juillet, dont elles ont préparé la chute; nous en reparlerons à ce propos.

480: Salvandy, Seize Mois, ou la Révolution et les révolutionnaires (1831).

481: Quinet, Avertissement à la Monarchie de 1830 (1831).

482: Voyez notamment les écrits suivants de M. Sainte-Beuve: De la littérature de ce temps-ci (1833); M. Jouffroy (1833); De la littérature industrielle (1839); Dix ans après en littérature (1840); Quelques vérités sur la situation en littérature (1843); Chroniques parisiennes (1843). C'est à ces écrits que sont empruntées toutes les citations qui vont être faites.

483: M. de Rémusat, Passé et Présent, t. I.

484: Augustin Thierry, préface de Dix Ans d'études historiques.

485: M. Désiré Nisard, Manifeste contre la littérature facile (décembre 1833); Lettre au directeur de la Revue de Paris (janvier 1834); Un amendement à la définition de la littérature facile (février 1834).

486: Saint-René Taillandier, la Littérature et les écrivains en France depuis dix ans. (Revue des Deux Mondes, 15 juin 1847.)

487: Lettre du 19 septembre 1848.

488: Discours du 26 mars 1847.

489: Discours du 24 mars 1836.

490: Mémoires de M. Guizot.

491: Life, Letters and Journal de Georges Ticknor.

492: Discours du 9 août 1834.

493: Discours sur la tombe de M. Casimir Périer.

494: Aussi Carrel écrivait-il plus tard, le jour même de la mort de Périer: «M. Périer n'était pas fait pour l'opposition, prise dans l'acception populaire du mot. Ses instincts, d'autres diront peut-être son génie, le conduisaient à sympathiser plutôt avec les idées d'ordre, de stabilité, de gouvernement, qu'avec les principes de liberté, de réforme, de progrès. Il avait le goût du pouvoir.»

495: Sur le rôle de Casimir Périer avant 1830, on me permettra de renvoyer à ce que j'ai dit dans mon étude sur le Parti libéral sous la Restauration, p. 129 à 132, et p. 424 à 430.

496: Souvenirs de M. Bérard.

497: Mémoires de M. Dupin, t. II, p. 218.

498: Mémoires de M. Odilon Barrot, t. I, p. 215.

499: Mémoires du général de Ségur, t. VII.

500: Mémoires du général de Ségur, t. VII, p. 390 et suiv.—«Je ne veux pas, disait encore Périer à cette époque, jouer le rôle de Strafford et me mettre sur la brèche pour un Charles Ier qui signerait ensuite lâchement ma sentence. Non, non, il faut, si Strafford monte à l'échafaud, que Charles Ier l'y suive.» (Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.)

501: Note manquante dans l'original.

502: Mémoires du général de Ségur, t. VII, p. 397 et suiv.—Ce pressentiment funèbre obsédait alors l'esprit de Périer, et le général de Ségur n'est pas le seul auquel il l'a exprimé. Il a répété plusieurs fois à M. de Montalivet et aux autres personnes qui le pressaient: «Vous le voulez, mais rappelez-vous que si j'entre au ministère, j'en sortirai les pieds les premiers.»

503: Correspondance inédite du duc de Broglie.—M. Thiers, en 1871, disait aussi à un personnage politique du parti conservateur, en parlant des hommes de la gauche: «C'est que je les connais; ils sont méchants, très-méchants.» Le langage est le même. Périer en concluait qu'il fallait combattre; M. Thiers, qu'il fallait capituler.

504: Souvenirs du feu duc de Broglie.

505: Expression de M. Vitet.

506: Discours du 18 mars 1831.

507: Correspondance de Lamartine, t. VI.

508: Lettres de M. Guizot à sa famille et à ses amis, p. 107.

509: Bulwer, Life of Palmerston, t. II, p. 52.

510: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870.

511: Mémoires du prince de Metternich, t. V, p. 128.

512: Séance du 13 avril 1831.

513: Discours de clôture de la session, 20 avril 1831.

514: Il faisait dire au Roi, dans le discours du trône du 23 juillet 1831: «La France a voulu que la royauté fût nationale; elle n'a pas voulu que la royauté fût impuissante; un gouvernement sans force ne saurait convenir à une grande nation.»

515: Notes inédites de Duvergier de Hauranne.

516: Documents inédits.

517: Cette observation est de M. de Rémusat, qui était, sans titre bien déterminé, le lieutenant de Casimir Périer au ministère de l'intérieur. Il écrivait à M. de Barante, le 2 avril 1831: «Je me sens disposé à seconder le nouveau ministre; on me l'a tant conseillé, on m'y a tant pressé, que me voilà à peu près ministre de l'intérieur, au moins pour les détails.» Le voisinage de Périer produisait, du reste, un effet singulier sur la nature sceptique et indolente de son collaborateur. «M. de Rémusat est ressuscité d'une manière merveilleuse, écrivait la duchesse de Broglie le 3 avril 1831; il travaille, il est animé, et ne dit presque plus de mal de ce qu'il fait.» (Documents inédits.)

518: Dans sa circulaire aux préfets, Casimir Périer disait: «La société troublée ne se calme pas en un jour. Les passions s'animent, menacent l'ordre public et semblent constituer un pouvoir nouveau. La liberté de la France est hors de péril; elle repose sous la sauvegarde de la nation: garantie par la constitution de l'État, elle ne l'est pas moins par la volonté du prince, par l'origine de sa puissance. Le premier devoir du gouvernement est donc, en laissant la liberté entière, de rétablir l'ordre, et, pour y parvenir, de rendre à l'autorité toute sa force et toute sa dignité. Telle est l'ambition, telle est la mission du ministère actuel.» Et plus loin: «En irritant les défiances populaires, l'esprit de faction a su provoquer sur quelques points du royaume des désordres graves, des réactions odieuses. L'autorité s'est trouvée souvent trop faible pour lui résister. Il est temps que cet état de choses ait un terme. Si l'administration ne se montrait forte et décidée, si les tentatives de désordre se renouvelaient encore, elles compromettraient la prospérité publique, elles aggraveraient les souffrances de l'industrie et du commerce et altéreraient, aux yeux des peuples de l'Europe, le beau caractère de notre révolution.»

519: 22 mars 1831.

520: Ce fut à propos d'une loi sur les attroupements, séances des 29, 30 et 31 mars.

521: Ces mesures furent publiées dans le Moniteur du 2 avril 1831.

522: Journal des Débats du 4 avril 1831.

523: Dans un article publié, le 1er janvier 1848, par la Revue des Deux Mondes, M. de Morny donne cette autre version: «Eh! le beau mérite, monsieur, de voter pour moi, lorsque vous m'approuvez! Mes ennemis cessent-ils de me combattre quand j'ai raison? Soutenez-moi donc quand j'ai tort.»

524: Les circulaires envoyées par Casimir Périer, en cette occasion, ont été souvent citées; il écrivait dans celle du 3 mai: «Je vous dirai sans détour l'intention générale du gouvernement; il ne sera pas neutre dans les élections; il ne veut pas que l'administration le soit plus que lui. Sans doute sa volonté est avant tout que les lois soient exécutées avec une rigoureuse impartialité, avec une loyauté irréprochable. Aucun intérêt public ne doit être sacrifié à un calcul électoral, aucune décision administrative ne doit être puisée dans d'autres motifs que le vrai, le juste, le bien commun; les opinions ne doivent être jamais prises pour des droits; enfin l'indépendance des consciences doit être scrupuleusement respectée. Le secret des votes est sacré, et aucun fonctionnaire ne saurait être responsable du sien devant l'autorité. Mais entre l'impartialité administrative et l'indifférence pour toutes les opinions, la distance est infinie. Le gouvernement est convaincu que ses principes sont conformes à l'intérêt national; il doit donc désirer que les colléges électoraux élisent des citoyens qui partagent ses opinions et ses intentions. Il n'en fait pas mystère, et vous devez, ainsi que lui, le déclarer hautement. Le gouvernement a plus d'une fois exposé ses principes de politique intérieure et extérieure; le discours du Roi, dans la séance de clôture, les a résumés de nouveau; nous désirons que la dissolution ramène une Chambre dont la majorité les adopte et les soutienne... Cette règle doit déterminer la préférence de l'administration entre les divers candidats.»—Il disait dans une autre circulaire du 20 juin: «...Ce n'est pas qu'il s'agisse de contester jamais à une opposition constitutionnelle, légale, une influence avouée dans son but et franche dans ses moyens, pas plus que de renoncer à la juste influence que l'administration elle-même doit exercer par des moyens dignes de son origine, dignes du pouvoir de Juillet. Mais plus il importe à tous les intérêts que les élections soient une affaire de conscience, plus il convient que les consciences soient éclairées; et si elles sont à l'abri des injonctions du pouvoir, elles doivent être préservées également des déceptions des partis qui se disputeraient le triste avantage de les égarer par de fausses alarmes, de les inquiéter par des bruits trompeurs, de les intimider, s'il est possible, par de vaines menaces.»

525: Le National disait, le 8 juillet 1831: «Nous n'avons demandé aux élections qui s'achèvent en ce moment qu'une majorité contre la pairie héréditaire. Cette majorité, nous l'aurons.»

526: Souvenirs.

527: Journal des Débats des 8, 9, 18 et 19 août 1831.

528: Documents inédits.

529: National du 19 août et du 6 septembre 1831.

530: 1er août 1831.

531: Nous voilà, disaient-ils, débarrassés de Casimir Ier, et le Roi va régner à nouveau.» (Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.)

532: Ibid.

533: 4 août.

534: 4 août.

535: Du 9 au 17 août.

536: À cette époque, le Journal des Débats observait qu'en «forçant les douteux et les impartiaux à se prononcer, Périer rendait impossibles ces indécisions éclectiques qui prenaient un peu de M. Dupin, un peu de M. Salverte, et faisaient de ce bizarre mélange un système de politique parlementaire». (8 août 1831.)

537: National des 11 et 15 décembre 1831, et du 7 février 1832.

538: Séance du 12 décembre 1831.

539: La princesse de Metternich écrivait alors dans son journal intime, à propos de son mari: «Clément est inquiet aujourd'hui. En France, les affaires vont si mal, qu'il appréhende la guerre et surtout la trop prompte explosion de la lutte...»—«J'ai trouvé Clément soucieux et triste; la situation en France le préoccupe vivement, et il prévoit la guerre. Je ne sais pourquoi je me sens moi-même inquiète jusqu'au fond de l'âme.» (Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 93.)

540: National du 13 mars 1831.

541: M. Hillebrand constate, d'après les dépêches des ambassadeurs étrangers, que la guerre paraissait inévitable à l'avénement de Périer, et que quinze jours après, la paix était assurée. (Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 214.)

542: Documents inédits.

543: Salvandy, Seize mois, ou la Révolution et les révolutionnaires (1831), p. 379, 380.

544: Journal des Débats, 29 octobre 1831.

545: Aux élections de 1831, le National classait les candidats de gauche sous ce nom: «Candidats patriotes.»

546: Veut-on avoir une idée de ce qu'étaient ces attaques, qu'on lise ce que Henri Heine, alors en sympathie avec les hommes de gauche, écrivait de Paris à la Gazette d'Augsbourg: «Jamais la France n'a été aussi bas aux yeux de l'étranger, pas même dans le temps de la Pompadour et de la Dubarry. On s'aperçoit maintenant qu'il y a quelque chose de plus déplorable encore que le règne des maîtresses. On peut trouver encore plus d'honneur dans le boudoir d'une femme galante.» Et il ajoutait, un peu plus tard, au lendemain de la mort de Périer: «Casimir Périer avait abaissé la France, pour relever le cours de la Bourse. Il voulait vendre la liberté de l'Europe au prix d'une courte et honteuse paix pour la France... À ce point que des milliers d'hommes, parmi les plus nobles de cœur, sont morts de chagrin, de misère, de honte et de prostitution politique.» (27 mai 1832.)

547: Voyez, par exemple, la lettre que M. de Rémusat écrivait à M. Guizot, le 29 juin 1831, et où, après avoir analysé la maladie des esprits, il ajoutait: «Je suis persuadé qu'une guerre serait utile, bien entendu si l'on parvenait à la limiter; je serais disposé à la risquer, en exigeant beaucoup pour la Pologne.» (Mémoires de M. Guizot, t. II.) La duchesse de Broglie disait à ce propos, dans une lettre adressée à M. de Barante, le 3 mars 1831: «L'idée absurde que la guerre serait une bonne diversion se répand assez dans les esprits. Victor (c'était le duc), au contraire, regarde que c'est le seul mal sans remède.»—Vers la même époque, le Journal des Débats, fort dévoué à la politique de Périer, disait: «La France veut la paix; elle en a besoin pour son commerce, pour son industrie, pour la libre mise en œuvre de tous les éléments de civilisation et de bonheur qui se trouvent en elle... Et pourtant on ne peut nier qu'elle ne veuille un peu la guerre, vaguement, sans s'en rendre compte; qu'elle n'ait des sympathies très-vives, çà et là très-exigeantes, pour les destinées de certains peuples; qu'elle ne soit très-sensible aux phrases belliqueuses, aux résurrections de drapeaux.»

548: Dès avant de prendre le pouvoir, Périer se moquait de ceux qui parlaient, en France, de déclarer la guerre à quelque autre puissance: «Avec quoi veut-on faire la guerre? disait-il. Dans un pays divisé et agité comme le nôtre, si l'on voulait faire la guerre, le Roi et son ministère ne resteraient pas deux mois en place.» (Dépêche de M. de Sales, du 25 février, citée par Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 217.)

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