Histoire de la vie et de l'administration de Colbert
Étude sur Fouquet, page 32, ligne 11: «On se figure aisément la colère de Louis XIV quand il sut que sa personne avait été l'objet de pareilles précautions.» Supprimer le reste de cette phrase qui a été conservé par erreur.
NOTES:
[1] Une partie de ce travail a été publiée dans un de nos recueils périodiques, le Correspondant. J'ai fait depuis des additions et des changements importants.
[2] Voici l'indication des ouvrages dont je veux parler:
1º Recherches et considérations sur les finances de France, par Forbonnais.—L'examen seul de l'administration de Colbert remplit la moitié d'un fort volume in-4º.
2º Vies des Surintendants des finances et des Contrôleurs généraux, 3 vol. in-12—Particularités sur les minisires des finances célèbres, par M. de Montyon, 1 vol. in-8º.
3º Œuvres complètes de Lemontey, t. V. Notice sur Colbert.
4º Biographie universelle de Michaud, article Colbert, par M. Villenave.
5º Histoire financière de la France, par M. Bailly; t. I, Administration de Colbert.
6º Histoire de l'économie politique en Europe, depuis les anciens jusqu'à nos jours par M. Blanqui; t. I et II; chap. XXVI et XXVII; Administration de Colbert.
7º Histoire de l'économie politique, ou études historiques, philosophiques et religieuses sur l'économie politique des peuples, anciens et modernes, par M. le Vic Alban de Villeneuve-Bargemont; t, I, chap. XV. Administration de Colbert.
8º Système financier de la France, par M. d'Audiffret, t. II. Notice historique sur la vie de Colbert.
9º Histoire de Colbert. par M. A. de Serviez; 1 vol. in-18.
Il y a encore plusieurs éloges de ce ministre, entre autres celui de Necker, couronné, en 1773, par l'Académie Française; le tableau du ministère de Colbert, 1774, par M. Brunet; l'Éloge politique de Colbert, par M. de Pelissery, 1775, etc.
[3] Catalogue raisonné des manuscrits françois de la Bibliothèque du Roi, par M. Paulin Paris; t. I, p. 7 et suiv.
[4] Bibliothèque royale, Mss. Lettres de Mazarin, Baluze, Arm. VI.
[5] Colbert et Seignelay, Mss.—1669 à 1677.—Collection de pièces originales sur la marine émanées de Colbert et du marquis de Seignelay, de 1669 à 1677.6 vol. in-folio.
Cette collection composée de 403 pièces est divisée en vingt-deux cotes où chaque pièce est classée selon la matière principale qu'elle traite ou l'année à laquelle elle appartient.
[6] Pièces justificatives; pièce nº XV; p. 503.—Cet ouvrage était en grande partie imprimé, lorsque M. Champollion-Figeac a eu la bonté de me communiquer un manuscrit original de Colbert, manuscrit très-considérable, d'une grande importance historique, et resté entièrement inconnu jusqu'à ce jour. Il est intitulé: Mémoires sur les affaires des finances de France pour servir à l'histoire. Ces mémoires renferment de curieux détails sur l'administration des finances depuis Henri IV, mais principalement à partir de 1648, époque où Colbert a été attaché à Mazarin, jusqu'en 1663. L'administration de Fouquet y est surtout jugée avec une sévérité extrême où l'on croit voir même percer de la passion. Sous ce rapport, les mémoires dont il s'agit présentent donc le plus vif intérêt. J'ai reproduit à la fin du volume, (pièce justificative nº II, p. 427) les parties les plus importantes de ce travail, où l'on trouvera l'appréciation faite par Colbert lui-même de l'administration de Fouquet, pendant que celui-ci était en prison et que la Chambre de justice instruisait son procès.
[7] Vers 1783, à l'époque des négociations auxquelles donna lieu le traité de commerce entra la France et l'Angleterre signé en 1786, le secrétaire de M. de Vergennes, alors ministre des affaires étrangères, M. le comte Mollien, qui a été depuis ministre du Trésor sous l'Empire, eut à sa disposition plusieurs volumes contenant la correspondance commerciale de Colbert et prit copie des lettres les plus importantes. Plus tard, après la Révolution, M. le comte Mollien chercha cette correspondance et la copie qu'il en avait faite; mais l'une et l'autre avaient été égarées. Il est probable que ces volumes étaient précisément du nombre de ceux qui manquent aujourd'hui, et voici une particularité qui paraît confirmer cette hypothèse. M. Hippolyte Passy, qui a bien voulu me donner ces détails, se rappelle avoir entendu dire à M. le comte Mollien que, dans une de ses lettres, Colbert engageait les échevins de Lyon à considérer les faveurs dont leur industrie était l'objet comme des béquilles à l'aide desquelles ils devaient se mettre en mesure d'apprendre à marcher le plus tôt possible et qu'il leur retirerait ensuite. Cette restriction était, en effet, toute logique. Malheureusement, les registres de correspondance de Colbert, ses manuscrits, les dépêches qui lui ont été adressées, sont muets à ce sujet. La perte des registres dont il s'agit est donc des plus fâcheuses, et force m'a été, dans l'absence de ces précieux documents, de m'appuyer, en ce qui touche cette partie si importante de l'administration de Colbert, sur les pièces, très-nombreuses et parfaitement concordantes, du reste, qui m'ont été communiquées.
[8] Mr Eugène Sue a publié dans son Histoire de la marine au XVIIe siècle (1re édition, 5 vol. in-8º), un grand nombre de pièces très curieuses sur cette époque et sur Colbert. J'ai indiqué, d'ailleurs, dans le courant de l'ouvrage, les pièces que j'ai reproduites après lui, et celles qui sont entièrement inédites.
[9] Je dois faire remarquer, au sujet de ces pièces et des nombreuses citations éparses dans l'ouvrage, que j'ai reproduit très-fidèlement l'orthographe de tous les documents originaux auxquels j'ai pu remonter. Quant aux copies ou aux pièces déjà imprimées, dans l'impossibilité de recourir à tous les documents originaux, je les ai reproduites comme elles ont été copiées ou imprimées. Cela est cause, plus d'une fois, que des documents de la même époque, cités dans la même page, ont une orthographe différente. C'est, je l'avoue, une anomalie; mais il était impossible de l'éviter, et il aura suffi d'en donner l'explication.
[10] De l'Industrie française, par M. le comte Chaptal, t. I; Discours préliminaire, p. XLVII.
[11] Dans tous les manuscrits du temps et dans le plus grand nombre des pièces imprimées à l'occasion de son procès, le nom du surintendant est écrit comme il suit: Foucquet. J'ai cru néanmoins devoir adopter l'orthographe qui a prévalu.
[12] Abrégé chronologique du président Hénault, année 1661.
[13] Défenses de M. Fouquet sur tous les points de son procès. 15 vol. in-18. Édition à la Sphère, 1665; t. II, p. 356.
[14] Pélisson, dans son second discours au roi pour Fouquet, et celui-ci dans ses Défenses, t. II: donnent à ce sujet les plus grands détails. Dans ses Mémoires sur la vie et les écrits de madame de Sévigné, M. le baron Walckenaer les a analysés avec beaucoup de clarté et je n'ai eu en quelque sorte qu'à résumer cette partie de son travail.
[15] Mémoires de Gourville (t. LII de la collection Petitot).
[16] Mémoires pour servir à l'histoire de Louis XIV, par l'abbé Choisy. «On croit, dit l'abbé de Choisy, qu'une des choses qui gâta autant Fouquet dans l'esprit du roi, fut une querelle qu'il eut dans l'antichambre du cardinal deux mois avant sa mort, avec l'abbé Fouquet, son frère. Cet abbé était fort insolent de son naturel, et prétendait que son frère lui devait sa fortune. Ils s'étaient brouillés, et se dirent publiquement tout ce que leurs ennemis pensaient dans le cœur. L'abbé, entre autres choses, reprocha à son frère, qu'il avait dépensé quinze millions à Vaux, qu'il donnait plus de pensions que le roi, et qu'il avait envoyé tantôt trois, tantôt quatre mille pistoles à des dames qu'il nomma tout haut. Le surintendant, piqué au vif, reprocha à l'abbé les dépenses excessives qu'il avait faites pour faire l'agréable auprès de madame de Châtillon, et fort inutilement» (Liv. ii, p. 135 et 136). Voir aussi, au sujet des profusions de Fouquet, un document contemporain intitulé: Portraits de la cour qui a été publié dans les Archives curieuses de l'histoire de France, par MM. Cimber et Danjou, IIe série, t. VIII, p. 415. Il y est dit entre autres choses, que, d'après Fouquet, il n'y avait aucune fidélité à l'épreuve de cinquante mille écus, et que la collation de Vaux avait coûté, au dire de tout le monde, quarante mille écus.
[17] Mémoires de Gourville, etc.
[18] M. Hervart était intendant des finances et l'un des plus intrépides joueurs de l'époque, avec Fouquet, Gourville et le marquis de Clérambault (Mémoires de Gourville).
[19] Bibliothèque royale, manuscrit. Lettres de Mazarin. Cette lettre et la réponse de Colbert ont été publiées par M. Champollion-Figeac: Documents inédits sur l'histoire de France, t. II, p. 501 et suiv.—On voit par la réponse de Colbert, publiée également dans les Documents inédits, que la lettre du cardinal, qui ne porte point de date, était du 20 octobre 1659.
[20] On lit ce qui suit au sujet de la fortune du cardinal Mazarin dans les Remontrances du parlement de Paris au roi et à la reine régente, en date du 21 janvier 1649. «Quant à l'abus et à la deprédation des finances, le cardinal Mazarin oserait-il dire qu'il y ait eu quelques limites à sa convoitise?... Il suffit de dire qu'il est le maître, qu'il prend tout ce qu'il peut toucher comme s'il était sien; qu'il a conservé et augmenté le nombre des partisans et gens d'affaires, qui sont les sangsues qui lui facilitent les moyens pour avoir de l'argent comptant, et qu'on ne trouve presque plus d'or ni de bonne monnaie en France. Jugez de là, sire, où il est.» Le parlement ajoute que, grâce à ces concussions, le royaume est si fort épuisé qu'il y a peu de personnes à la campagne auxquelles il reste un lit pour se coucher, moins encore qui aient du pain pour se nourrir en travaillant, et qu'il n'y en a point du tout qui puissent vivre sans incommodité, (Collection des anciennes lois françaises, etc., par MM. Isambert, Decrusy et Taillandier, t. XVII, année 1649). Enfin, on cite un mot très-naïvement plaisant du duc de Mazarin, héritier des biens immenses du cardinal, «Je suis bien aise, disait-il, qu'on me fasse des procès sur tous les biens que j'ai eus de M. le cardinal. Je les crois tous mal acquis, et du moins quand j'ai un arrêt en ma faveur, c'est un titre, et ma, conscience est en repos» (Mémoires de l'abbé de Choisy, liv. II).
[21] Mémoires de madame de Motteville, de l'abbé de Choisy, de Gourville, de Brienne, etc. Madame de Motteville, si calme et si circonspecte d'ordinaire, appelle Fouquet un grand voleur. Dans un autre passage de ses mémoires, on lit ce qui suit: «On a dit qu'on avait trouvé du poison chez lui et on a quelque soupçon qu'il avait empoisonné le cardinal.»
[22] Défenses de M. Fouquet, t. II, p. 98. Il est à remarquer que, dans tout le cours de ses défences, Fouquet parle de Colbert dans les termes les plus méprisants, l'accuse à son tour de concussion, de vol, l'appelle le domestique de Mazarin, qui avait sa bourse et son cœur. Il semble donc que si Colbert était perfidement intervenu auprès de Fouquet pour l'engager à vendre sa charge de procureur général, celui-ci n'eût pas manqué de le lui reprocher. Cependant, car il faut tout dire, on lit dans le premier discours au roi de Pélisson en faveur de Fouquet, que Louis XIV avait insinué au surintendant de loin, et comme en passant, que peut-être il ne ferait pas mal de quitter sa charge de procureur général, étant obligé désormais d'employer tout son temps à autre chose. C'est alors que, suivant Pélisson, fermant l'oreille aux conseils de ses amis alarmés, Fouquet se serait défait sans hésitation de la chose du monde qu'il avoit toujours tenue pour la plus précieuse.
[23] Œuvres de Louis XIV. T. I. Instructions au Dauphin.
[24] Mémoires inédits de Brienne, publiés par M.F. Barrière; t. II, p. 186.
[25] Mémoires inédits de Brienne, t. II, p, 200.
[26] Œuvres de Louis XIV, t. I, p. 101. Les Instructions au Dauphin ont été dictées par Louis XIV à Pélisson et rédigées par ce dernier. C'est un document historique des plus intéressants et dont l'authenticité a été établie d'une manière irréfutable par les éditeurs des Œuvres de Louis XIV. Comment Pélisson, qui avait publié des plaidoyers si touchants en faveur de Fouquet, eut-il le triste courage d'écrire les accusations que l'on vient de lire? C'est ce que l'on a peine à comprendre. Lors de la révocation de l'édit de Nantes, Pélisson, protestant converti, fut chargé de diriger les conversions de ses anciens coreligionnaires, et reçut, en raison des services qu'il rendit alors, des gratifications considérables (V. Histoire de Colbert, chap. III). C'est de lui que Voltaire a dit: «Il eut le bonheur d'être éclairé et de changer de religion dans un temps où ce changement pouvait le mener aux dignités et à la fortune» (Siècle de Louis XIV, chap. XXVI).
[27] Œuvres de Louis XIV, t. V.
[28] Mémoires de Brienne, de Gourville, etc. Voici un quatrain que l'on fit sur cette arrestation. On sait que Fouquet avait dans ses armoiries un écureuil et Colbert une couleuvre; Le Tellier avait trois lézards dans les siennes.
Le petit écureuil est pour longtemps en cage;
Le lézard plus adroit fait mieux son personnage;
Mais le plus fin des trois est un vilain serpent,
Qui, s'abaissant, s'élève et s'avance en rampant.
[29] Biblioth. roy. Mss. Discours sommaire de ce qui s'est passé, et a été inventorié à Saint-Mandé. A la suite du Journal d'Ormesson. Suppl. Franç. 1096.
[30] Biblioth. roy. Mss. Inventaire et estimation de la bibliothèque de Saint-Mandé. 2611.
[31] Biblioth. roy. Mss. Discours sommaire, etc. Ce livre était intitulé: L'École des Filles.
[32] Biblioth. roy. Mss. R.B., n. 3,184. Ce manuscrit a été acquis récemment par la Bibliothèque royale. En voici le titre exact: «Procez verbal de la levée du sellé apposé par MM. Payet et Dalbertas, conseillers du Roy en ses conseils sur un coffre trouvé dans la maison de Vaux, avec l'inventaire et description faicte des papiers trouvez en celui par MM. Poncet et Delafosse, commissaires à ce depputez.» C'est, je le répète, le procès-verbal original, signé par MM. Poncet et Delafosse. L'inventaire des papiers dont il s'agit fut fait par liasses et non par ordre de dates. J'ai reproduit les fragments de lettres qu'on va lire dans l'ordre adopté par le procès-verbal.
[33] On lit dans une lettre d'Artagnan à Colbert, datée d'Angers, du 17 septembre 1661; «J'ay esté obligé de luy acheter un peu de vaisselle et je suis après luy chercher un lit, celuy où il couche n'estant pas des plus honnestes et c'est un lit qu'il a loué» (Biblioth. roy. Mss. Lettres adressées à Colbert).
[34] C'étaient des ordonnances que la Cour des comptes était obligée d'admettre, bien qu'elles ne fissent pas mention des motifs de la dépense. Il en sera parlé avec détail dans l'Histoire de Colbert; chap. III.
[35] Droit établi sur les bestiaux à pied fourché. Encyclopédie méthodique. Finances.
[36] Droit spécial établi à Bordeaux sur le sel et plusieurs autres marchandises. Dans l'origine, après la conquête de la Guyenne par Charles VII, le produit de ce droit fut appliqué à l'entretien de plusieurs navires dont la destination était de convoyer les bâtiments marchands qui naviguaient le long des côtes, et pour les protéger contre les incursions des Anglais auxquels la Guyenne venait d'être enlevée. Encyclopédie Méthodique.
[37] Biblioth. roy., Mss. Procès Fouquet, collection des pièces, ordres, inventaires, rapports, significations, relatifs à cette affaire. 8 vol. in-fol. Il y a dans le nombre quelques pièces imprimées à l'époque du procès.
[38] Voici de curieux extraits de ces comptes. En dix mois, Vatel avait reçu, en sa qualité de maître d'hôtel, 336,212 livres; en 1660 la dépense pour les domestiques seulement s'élève à 371,407 livres; de 1653 à 1656, il est dépensé à Saint-Mandé, pour divers ouvrages, 327,607 livres; argent donné à madame Duplessis-Bellière, 204,499 livres; à la même, 31,260 livres; sommes payées à des dames, 32,506 livres; au sieur de Graves, pour affaires secrètes et particulières, 152,800 livres; à Jarnay, pour idem, 66,300 livres; à Gargot, pour idem, 13,500 livres, etc., etc. (Extrait du réquisitoire de M. Talon). Il faut ajouter que Bruant des Carrières, le principal commis de Fouquet, avait eu le temps de brûler tous ses registres.
[39] Biblioth. roy., Mss. Procès Fouquet.—Réquisitoire de M. Talon.
[40] Biblioth. roy., Mss. Collection des lettres adressées à Colbert. 11662.
[41] Biblioth. roy., Mss. Registres de la Chambre de justice, aux armes de Colbert. Procès Fouquet. 3 vol. in-fol., n. 235, 236, 237. T. I.
[42] Fouquet s'était d'abord servi de chiffres pour désigner les noms propres; plus tard, en corrigeant son projet, il fit usage de caractères ordinaires. Voici quel était primitivement le début du projet: La foiblesse de l'esprit de 1032 (le cardinal), le pouvoir absolu qu'il a sur 2000 et sur 1500 (le roi et la reine), et par conséquent l'autorité souveraine dans 1600 (le royaume), etc., etc.
[43] Le projet portait d'abord: «Dont le crédit seul fait subsister l'État et qui ne peut qu'il n'ait une infinité d'ennemis»
[44] Il y avait d'abord: «Si j'estois mis en prison et que mon frère l'abbé n'y fust pas, il faudroit suivre son avis et le laisser faire, s'il estoit en estat d'agir et qu'il conservast pour moi l'amitié qu'il est obligé et dont je ne puis doubter.»
[45] «M'a dit avoir sur M. de Bellebrune, gouverneur de Hesdin.» Mots effacés et remplacés par ceux qui suivent.
[46] Par écrit. Toujours le même système pour s'assurer les gens!
[47] «Tant de sa compagnie que de celles de ses amis.» Mots effacés.
[48] Il y avait d'abord: «est de savoir s'il n'est pas meilleur que M. de Gourville ne tesmoigne pas trop estre dans mes intèrests, au contraire, à l'extèrieur assez d'indiffèrence quelques jours, afin qu'il se conserve en estat d'exécuter quelque entreprise considérable s'il en estoit besoin.»
[49] Il y avait primitivement: «Lequel à mon advis se trouvera lors à ta teste des vaisseaux, au convoy de Bordeaux, qui sont à moi, acheptez de mes deniers, sous son nom.»
[50] Il y avait à la suite de ces mots: «ou au Havre, mais ce dernier seroit le meilleur.» Effacés.
[51] L'Évêque d'Agde était un frère de Fouquet.
[52] Hénault était un littérateur contemporain, connu seulement aujourd'hui par un sonnet plein de fiel qu'il fit contre Colbert à l'occasion du procès de Fouquet. Ce sonnet débute ainsi: «Ministre avare et lâche.» J'en citerai seulement les derniers vers:
«Sa chute quelque jour te peut être commune;
Crains ton poste, ton rang, la cour et la fortune:
Nul ne tombe innocent d'où l'on te voit monté.
Cesse donc d'animer ton prince à son supplice,
Et, près d'avoir besoin de toute sa bonté,
Ne le fais pas user de toute sa justice.»
[53] Biblioth. roy., Mss. 3 vol. in-fol. déjà cités.
[54] Biblioth. roy., Mss. Journal de M. d'Ormesson. 1 vol. in-Fol. nº 216. A la fin du volume il y a quelques autres pièces relatives au procès de Fouquet, et une lettre écrite par lui à sa femme plusieurs années après sa translation à Pignerol. M. de Lamoignon avait aussi laissé, sur les opérations de la Chambre de justice, un journal dont l'auteur de sa vie a eu connaissance. Ce journal n'est pas à la Bibliothèque royale; peut-être appartient-il à quelque collection particulière. Les fragments qu'on en trouve dans la vie de M. de Lamoignon permettent d'affirmer que la publication de ce journal, si toutefois il existe encore, offrirait un vif intérêt. Voir les Arrêtés du président de Lamoignon; édition de 1785, 2. vol. in-4o. T. I. Vie de M. de Lamoignon.—La 1re édition n'a qu'un volume et ne renferme pas la vie de M. de Lamoignon.
[55] Lettre du 17 décembre 1664.
[56] On publia en 1675 un Recueil de recettes choisies, attribué à la mère de Fouquet. Ce recueil eut cinq éditions.
[57] Arrêtés du président de Lamoignon et vie de M. de Lamoignon.
[58] Biblioth. roy., Mss. Lettres adressées à Colbert.
[59] Biblioth. roy., Mss. Journal d'Ormesson.
[60] Ibidem.
[61] Ibidem.
[62] La pièce originale existe aux archives du royaume, section historique, carton K, nº 127. Voir l'Histoire de la détention des philosophes, des gens de lettres, etc., etc. Par M. Delort, t. 1, p. 22.
[63] Voici un fragment d'une de ces publications dont se plaignait Fouquet. Si l'on n'était suffisamment averti par ce qui précède, le ton même de cette lettre prouverait jusqu'à l'évidence qu'elle est l'œuvre d'un pamphlétaire de l'époque. C'est madame du Plessis-Bellière qui écrivait au surintendant. «Je ne sais plus ce que je dis ni ce que je fais lorsqu'on résiste à vos intentions. Je ne puis sortir de colère lorsque je songe que cette demoiselle de la Vallière a fait la capable avec moy. Pour captiver sa bienveillance, je l'ay encensée par sa beauté, qui n'est pourtant pas grande; et puis, luy ayant fait connoistre que vous empescheriez qu'il ne luy manquast jamais de rien, et que vous aviez vingt mille pistolles pour elle, elle se gendarma contre moy, disant que vingt-cinq mille n'étoient pas capables de luy faire faire un faux pas; et elle le répéta avec tant de fierté que, quoique je n'aye rien oublié pour la radoucir avant de me séparer d'elle, je crains fort qu'elle n'en parle au Roy, de sorte qu'il faudra prendre le devant. Pour cela ne trouvez-vous pas à propos de dire, pour la prévenir, qu'elle vous a demandé de l'argent, et que vous luy en avez refusé?» (La Bastille dévoilée, t. I.) La publication de ce livre eut lieu dans les premières années de la Révolution. La plupart des pièces qu'il contient, sont évidemment apocryphes. (Cité dans l'Histoire de la détention des philosophes, etc.)
[64] Lettre de madame de Sevigné, à M. de Pomponne, du 9 décembre 1664.—Le Journal d'Ormesson raconte le même incident en termes presque identiques.
[65] Lettre à M. de Pomponne, du 26 novembre 1664.
[66] Le 27 septembre 1661, un sieur Lazare Belin, capitaine d'un des navires appartenant à Fouquet, écrivait d'Amsterdam à Colbert pour lui rendre compte des achats qu'il était chargé de faire quand son navire fut saisi, et proposait «de lui envoyer des mémoires qu'il avait fournis à M. le surintendant pour pouvoir former, en peu de temps, une flotte considérable en France sans qu'il en coûtât rien à S. M.» (Biblioth. roy., Mss. Lettres adressées à Colbert). On trouve dans la même collection, à la date du 8 juin 1663, une lettre de Bordeaux, dans laquelle il est dit que le jour de l'arrestation de Fouquet un navire lui appartenant, bien que n'étant pas sous son nom, et qu'on n'avait pu visiter à cause de cela, avait été expédié à la Martinique où le surintendant possédait des habitations, et l'on croyait que ce navire renfermait plus de dix millions. «La quantité fait peur, ajoutait la lettre, mais l'apparence est véritable.» Ecrivait-on cela pour flatter les passions du jour? Cela n'aurait rien d'étonnant.
[67] Défenses, etc., t. II, p. 335 et suivantes.
[68] Défenses, etc., t. II, p. 95.
[69] Œuvres choisies de Pélisson; notice par Desessarts.
[70] Œuvres choisies de Pélisson, etc., péroraison du premier discours au roi.
[71] Lettre du 5 décembre.
[72] Biblioth. roy., Mss. Registres de la Chambre de justice, Procès Fouquet. T. III, pages 168 et 169.
[73] Biblioth. roy., Mss. Journal d'Ormesson.
[74] Voici le portrait que M. de Lamoignon fait de ce conseiller, «C'était assurément un homme de beaucoup d'intégrité et de capacité, mais si féroce, d'un naturel si peu sociable, si emporté dans ses préventions, et si éloigné de l'honnêteté et de la déférence qu'on doit avoir dans une compagnie, et d'ailleurs si prévenu de son bon sens et si persuadé qu'il n'y avait que lui seul qui eût bonne intention, qu'il était toujours prêt à perdre le respect dû à la compagnie et à la place que j'y tenais» (Arrêtés du pr. de Lamoignon, etc. t. I. Vie de M. de Lamoignan). J'ai dit que M. de Lamoignon avait tenu aussi un journal sur les opérations de la Chambre de justice. L'auteur de sa vie, (sans doute M. de Malesherbes), avait ce journal en sa possession, car il en donne plusieurs extraits. M. de Lamoignon y raconte, en outre, que dans les dernières années de son ministère, Fouquet avait voulu l'obliger à lui céder d'avance la place de chancelier, si le roi la lui offrait. M. de Lamoignon s'y refusa, trouvant, dit-il, qu'il y aurait eu du ridicule à disposer ainsi d'une place à laquelle il lui convenait encore moins de renoncer. Ces prétentions de Fouquet, amenèrent entre eux une rupture presque ouverte, et depuis, le surintendant avait cherché tous les moyens de lui nuire. M. de Lamoignon appelle Fouquet le plus vigoureux acteur qui fût à la cour.
[75] D'après une loi de Henry IV, les fonctionnaires pouvaient se réserver le droit de disposer de leurs charges ou de les léguer à leurs héritiers, en payant tous les ans au Trésor la soixantième partie de leur traitement. C'est ce qu'on appelait le droit annuel.
[76] Les chansonniers du temps ne laissèrent pas échapper cette occasion de donner carrière à leur verve. Dans une espèce de complainte en vingt-deux couplets, un d'eux loua ou critiqua chacun des vingt-deux juges, suivant qu'il avait voté pour ou contre Fouquet. Voici deux de ces couplets; ils suffiront pour donner une idée des autres:
Monsieur Pussort
Haranguai fort,
Mais par malheur il prit l'essor,
Et sa sotte harangue
Fit bien voir au barreau
Qu'il a beaucoup de langue
Et fort peu de cerveau.
Ne finissons
Cette chanson
Sans bien exalter d'Ormesson,
Et que Dieu le bénisse,
Avecque tous les gens de bien
Qui rendent la justice
Et qui ne craignent rien.
[77] Voir, à la fin du volume, la pièce justificative intitulée le Cid enragé; pièce nº 2.
[78] La pièce originale, signée Louis et contre-signée le Tellier, existe aux archives du royaume; carton K, 129.
[79] Cette correspondance des plus curieuses a été recueillie aux archives du royaume, section historique, carton K, 129. M. Delort l'a publiée le premier dans son ouvrage intitulé: Histoire de la détention des philosophes et des gens de lettres, précédée de celle de Fouquet, de Pélisson et de Lauzun. Postérieurement à cette publication, le bibliophile Jacob a cru pouvoir soutenir que le masque de fer n'était autre que Fouquet. Il y a pourtant, dans le volume de M.Delort, vingt lettres qui prouvent positivement, catégoriquement, le contraire; celle, entre autres, où Louvois parle de la permission accordée à madame Fouquet et à ses enfants de demeurer avec le prisonnier, celle où le même ministre répond à l'avis que Saint-Mars lui a donné de la mort de l'ancien surintendant, une autre enfin où il autorise la famille à emporter le corps partout où bon lui semblera. Les originaux de ces lettres existent, et tout le monde peut les voir aux archives du royaume. L'objection que la date a pu en être falsifiée dans le but de mieux masquer le redoublement de cruauté de Louis XIV à l'égard de son malheureux ministre n'est pas admissible, car il faudrait prouver cette altération. Je ne parle pas d'un extrait des registres mortuaires de l'église du couvent des Dames de Sainte Marie, grande rue Saint-Antoine, à Paris, extrait conçu en ces termes: «Le 20 mars 1681 fut inhumé dans notre église, en la chapelle de Saint-François de Sales, messire Nicolas Fouquet, qui fut élevé à tous les degrés d'honneur de la magistrature, conseiller du Parlement, maître des requêtes, procureur général, surintendant des finances et ministre d'État.» D'ailleurs, les recherches faites aussi par M. Delort, et les pièces qu'il a publiées à l'appui, ne laissent plus aucun doute sur la qualité du mystérieux personnage qui, depuis Voltaire, a tant préoccupé les esprits sous le nom de l'homme au masque de fer. Ce prisonnier était une espèce de diplomate piémontais, nommé Marchiali, que le gouvernement français fit enlever par surprise pour le punir d'avoir ébruité une négociation importante qu'il avait provoquée (il s'agissait d'une place de guerre qu'il proposait de livrer à la France), négociation dans laquelle le nom du roi se trouvait compromis.
[80] Arch. du roy. Lettre de Louvois du 24 avril 1675.—Voir l'Histoire de la détention des philosophes, etc., t. I.
[81] Arch. du roy. Lettre de Le Tellier du 26 octobre 1666.
[82] Lettre de Guy Patin du 16 mars 1666.
[83] Arch. du roy. Lettre de Louvois du 8 avril 1680.
[84] La bibliothèque royale possède une pièce extrêmement curieuse, c'est le 118º psaume de David, traduit par Fouquet dans sa prison, et écrit en entier de sa main, avec des notes relatives à sa position. On le trouvera à la fin de ce volume; pièce justificative, n. 3.
[85] Collection des anciennes lois françaises, par MM. Isambert, Taillandier et Decrusy.—De 1599 à 1641 il avait déjà été publié plusieurs édits concernant le dessèchement des marais.
[86] Mémoires du marquis de Villette, page lii. 1 vol in-8. Ce volume renferme en outre un intéressant mémoire sur la marine, de M. de Valincourt, secrétaire général de la marine en 1715, et un autre mémoire des plus curieux sur l'état de la marine française au commencement du XVIIIe siècle, par le comte de Toulouse, grand-maître de la marine.
[87] Biblioth. roy. Mss. Lettres adressées à Colbert, année 1661.
[88] Biblioth. roy., Journal des bienfaits du Roy, suppl. français, p. 576.—C'est un journal tenu par Dangeau de toutes les nominations et gratifications faites par le roi dans le cercle de la cour. Ce journal qu'il ne faut pas confondre avec les Mémoires de Dangeau, n'a pas été publié; malheureusement les registres de 1670 à 1691 manquent.
[89] Archives de la marine. Registre des despesches concernant le commerce, année 1671.
[90] Dans son Histoire de la marine française, M. Eugène Sue, s'appuyant sur une Instruction de Colbert à son fils, dont il va être question, avait adopté, relativement à la naissance de Colbert, l'opinion des contemporains et celle que Colbert paraissait en avoir lui-même. A ce sujet, la famille de Colbert a adressé à M. Eugène Sue une note de laquelle il résulte qu'elle possède les trois pièces suivante: 1º l'acte de naissance de Colbert, du 29 août 1619; 2º les preuves de noblesse pour l'ordre de Malte de Gabriel Colbert de Saint-Pouange, du 18 Septembre 1647, antérieurement au crédit de Colbert; 3º les preuves pour le même ordre du propre fils de Colbert, du 1er août 1667.—Voir la note dont il s'agit, aux pièces justificatives, pièce nº 4.
[91] Mémoires pour servir à l'histoire de Louis XIV, par l'abbé de Choisy, de l'Académie française. Liv. II.
[92] Biblioth. du Roi, Mss. Instruction pour mon fils pour bien faire la première commission de ma charge. C'est une pièce de douze pages d'écriture. Elle ne porte pas de date, mais, selon toutes les apparences, elle est de 1671, époque à laquelle le marquis de Seigneley revint d'Italie et où le roi lui accorda la survivance de la charge de secrétaire d'État de la marine, en l'autorisant à travailler, dès ce moment, avec son père.—Voir aux pièces justificatives, pièce n. 12.
[93] Epitaphe faite à la mort de Colbert. Elle commence ainsi:
J'ai vu Colbert sur son lit de parade....
L'auteur de l'épitaphe est surpris de voir tant de draps entourer ce lit; alors, un Badaud lui dit:
Cesse de t'étonner; ce fameux politique
Était le fils d'un courtaut de boutique.
(Vie de Jean-Baptiste Colbert, etc. Voir la note suivante).
[94] Vie de Jean-Baptiste Colbert, ministre d'État sous Louis XIV, roy de France. Cologne, 1695. L'exemplaire de la Bibliothèque du Roi porte en note, à la main: Cette vie est un libelle plein d'injures et de faussetés, etc. Cet exemplaire est curieux par deux gravures, à peu près semblables du reste, représentant Colbert occupé à compter de l'argent dont il remplit un coffre. La gravure est intitulée: la Surprise de la mort. Au-dessus de Colbert, une espèce d'ange déploie cette inscription sur deux lignes: Memorare novissima et in æternum non peccabis, et au-dessous: Pense, plustost qu'à compter tes thrésors, qu'il faict entrer dans le nombre des morts. Derrière Colbert, un squelette debout tient un sablier ailé autour duquel on lit ces mots: Les heures s'envollent sans qu'on y pense. Au-dessous de Colbert sont quatre autres inscriptions, dont deux en latin et deux en français. Voici les dernières: Le fil de ma vie a esté coupé comme la trame d'une toile, lorsque je commençois à faire ma fortune. Puis, tout au bas, ce mauvais quatrain:
Eh! que vous serviront, avare insatiable,
Ces grands biens amassez avec tant de sueurs?
Car une prompte mort, par les ruses du diable,
Vous plonge en un instant dans un gouffre de pleurs.
J'oubliais de mentionner un diable cornu qui, placé derrière le bureau de Colbert, tranche la trame de sa vie et le précipite dans le gouffre d'enfer.
Telles étaient les caricatures politiques du temps, plus brutales que spirituelles. Il faut ajouter qu'on lit dans la marge de la gravure ces mots écrits à la main: L'on fit cette estampe à la mort de M. Colbert, dont cette figure a quelque air. On la deffendit aussitost et l'on en saisit les exemplaires. Cette vie de J.-B. Colbert, attribuée dans quelques catalogues au marquis D... est du plus fécond pamphlétaire de l'époque, Gatien de Courtilz, sieur de Sandras, plus communément désigné sous le nom de Sandras de Courtilz. «Né à Paris en 1644, de Courtilz passa en Hollande en 1683, y publia un grand nombre d'ouvrages remplis de mensonges et d'impostures, revint en France en 1702, fut enfermé à la Bastille pendant neuf ans, en sortit en 1711 et mourut le 6 mai 1712» (Gabriel Peignet, Choix de testaments remarquables, t. II, p. 297). Sandras de Courtilz est aussi l'auteur du Testament politique de J.-B. Colbert, où l'on voit ce qui s'est passé sous le règne de Louis le Grand jusqu'en 1683. La Haye, 1694, et 1711, in-12. Ce livre est évidemment apocryphe, et il est à regretter que plusieurs écrivains sérieux aient pris les élucubrations de l'auteur pour les propres vues de Colbert. On lui attribue également le Testament politique du marquis de Louvois, les Mémoires de d'Artagnan, et près de quarante autres ouvrages ou pamphlets dont la Biographie universelle donne les titres. Sandras de Courtilz aurait fait les Testaments politiques de Romulus ou de Gengis-Kan, si les libraires de la Hollande les lui eussent commandés. Il est inutile de dire que je n'ai consulté la Vie de Colbert dont il s'agit qu'avec la plus grande circonspection. Cependant, il faut se garder de croire qu'elle soit systématiquement hostile à ce ministre, qui s'y trouve franchement loué en plusieurs endroits. De plus, ayant été écrite peu après sa mort, elle contient quelques faits curieux, quelques anecdotes intéressantes, et c'est le seul profit que j'en aie tiré. La Vie de Jean-Baptiste Colbert a été reproduite en entier dans les Archives curieuses de l'histoire de France, par MM. Cimber et Danjou, IIe série.
[95] Œuvres inédites de P.-J. Grosley, de Troyes, 2 vol, in-8º, t. 1, p. 25 et suiv., article Colbert.—Voir aux pièces justificatives, la pièce n. 5.
[96] Un savant très-distingué, l'abbé Le Laboureur, s'est aussi rangé à l'opinion des contemporains au sujet de l'origine toute plébéienne de J.-B. Colbert, en lui appliquant ces vers de Fortunat à la louange de Covido, que son mérite avait élevé au ministère sous les rois Théodebert et Clotaire.
Mens generosa tibi pretioso lumine fulget,
Quæ meritis propriis amplificavit avos.
Nam si præfertur generis qui servat honorem,
Quanto laus magis est nobilitare genus.
A parvo existens, existis semper in altum,
Perque gradus omnes culmina summa tenes.
L'abbé Le Laboureur est mort en 1675. Il fut d'abord gentilhomme, ensuite aumônier de Louis XIV, et on le voit inscrit pour 1500 livres sur la liste des pensions données aux gens de lettres par Colbert. Son opinion a donc le plus grand poids dans la question.—Enfin, voici ce qu'on lit dans les Soupirs de la France esclave qui aspire après sa liberté, pamphlet contemporain dont il sera question plus loin: «On n'admet au gouvernement que des gens propres à faire des esclaves, des hommes d'une naissance au-dessous de la médiocre; tel est un monsieur Louvoy, petit-fils d'un bourgeois de Paris, en son temps occupant une charge de judicature au Chastelet; tel est un monsieur Colbert, fils d'un marchand de Reims.»
[97] Vie de J.-B. Colbert, etc.
[98] C'étaient les trésoriers des droits payés au roi pour obtenir un office resté ou dévolu au fisc, par quelque cause que ce soit, pour acquérir une maîtrise, ou pour être admis à exercer une profession quelconque (Encyclopédie méthodique, Finances).—Vie de J.-B. Colbert, etc.—Mémoires de Charles Perrault, livre IV.—Perrault raconte qu'un de ses frères avait travaillé longtemps chez ce M. Sabatier comme premier commis, en même temps que Colbert qui était son subalterne.
[99] Archives curieuses, etc., par MM. Cimber et Danjou, IIe série, t. VIII, Portraits de la Cour, p. 411.—Mémoires de Gourville, etc. l'auteur de la Vie de J.-B. Colbert raconte d'une manière beaucoup plus romanesque la première rencontre de Colbert avec le cardinal Mazarin. Voici l'aventure en quelques mots. Le cardinal avait été exilé à perpétuité par le Parlement. Néanmoins, de Sedan il gouvernait le royaume, tant bien que mal, il est vrai, car son autorité n'était pas grande, mais personne n'en avait autant que lui, pas même ceux qui l'avaient forcé de quitter Paris. Pendant cet exil, dit Sandras de Courtilz, Le Tellier envoya Colbert porter à Son Éminence une lettre de la reine qu'il était très-expressément chargé de rapporter quoi qu'on pût faire pour l'en empêcher. Colbert remit d'abord la lettre, puis le lendemain il se présenta au cardinal qui lui donna une dépêche en lui disant qu'il pouvait partir et que tout était dedans. Colbert se douta qu'on le trompait; mais comment s'en assurer? Il alla droit à la difficulté et rompit le cachet de la dépêche en présence du cardinal, qui le traita d'insolent et la lui reprit des mains. Colbert, sans s'émouvoir, lui répondit que, le paquet n'ayant pas été fermé par lui, son secrétaire pouvait fort bien avoir oublié d'y insérer la lettre de la reine. Mazarin le remit à quelques jours et finit par lui donner cette lettre. Peu de temps après, le cardinal, de retour à Paris, demanda un employé de confiance à Le Tellier qui lui présenta Colbert. Au lieu de nuire à celui-ci, le souvenir de la scène de Sedan le servit au contraire, et Mazarin, le reconnaissant, le prit à son service en lui disant qu'il attendait de lui le même zèle et la même fidélité dont il avait fait preuve à l'égard de son premier maître.—Telle est l'anecdote; mais, elle est tout simplement impossible, Colbert ayant été attaché au cardinal, on le verra tout à l'heure, au moins deux ans avant l'exil de celui-ci. Suivant d'autres historiens, Colbert aurait d'abord travaillé chez Lumagna depuis longtemps lié d'affaires avec sa famille et banquier du cardinal Mazarin, auquel il se serait fait un plaisir de le recommander.
[100] Lettres du cardinal Mazarin à la reine, à la princesse Palatine, etc., etc., écrites pendant sa retraite hors de France en 1651 et 1652, publiées par M. Ravenel, Lettre LVII, p. 514.
[101] Qui n'est pas un sot, un niais.
[102] Histoire de Colbert, par M. A. de Serviez; chap. III.
[103] Biblioth. roy. Mss. Lettres de Mazarin, Baluze, Arm. VI, p. 2, nº 1. Ce sont les lettres originales. Colbert écrivait au cardinal à mi-marge et celui-ci expliquait ses intentions en regard, tantôt les développant, tantôt se bornant à approuver par un mot; puis il renvoyait la dépêche à Colbert. Ces lettres n'ont pas encore été publiées. Celles de Colbert ne sont pas de sa main: il se bornait à écrire le mot Monseigneur, soit en tête, soit dans le corps de la lettre, et le protocole. Les réponses du cardinal, quelquefois assez longues, sont toutes de sa main. Colbert avait une des écritures les plus difficiles à déchiffrer qu'on puisse voir; mais il attachait une très-grande importance à s'entourer de bons copistes. Dans une de ses lettres il envoie deux modèles d'écriture au cardinal, qui lui répond brièvement, en marge, de faire là-dessus ce qu'il voudra, donnant même à entendre que cela lui était fort égal, pourvu que ses affaires se fissent bien. Les nombreux registres où sont transcrites ses lettres sont de véritables merveilles calligraphiques, et bien supérieurs, pour la nettete et la simplicité, à toutes les écritures de fantaisie d'aujourd'hui.
[104] D'après l'abbé de Choisy (Mémoires, liv. II), l'animosité de Colbert contre le Parlement serait venue de ce que, ayant voulu acheter une charge de président des comptes, il apprit que toute la chambre en avait murmuré et menaçait de lui faire cent difficultés à sa réception.—On peut voir par là combien il faut se méfier des jugements contemporains sur le mobile qui guide les ministres dans la plupart de leurs actes.
[105] Biblioth. roy. Mss. Lettres de Mazarin, etc.
[106] Biblioth. roy. Mss. Lettres de Mazarin, etc.
[107] Vie de J.-B. Colbert, etc.
[108] Vie de J.-B. Colbert, etc.
[109] Cette lettre a été réimprimée pour la première fois par M. Eugène Sue dans son Histoire de la Marine française (1re édition en cinq volumes), d'après un exemplaire que possède la Bibliothèque royale.
[110] Le cardinal de Richelieu avait été pendant quelque temps aumônier-intendant de la reine mère, position que Colbert considérait sans doute comme analogue à la sienne près de Mazarin.
[111] Voir ci-dessus, page 82, la lettre du cardinal Mazarin à la princesse Palatine.
[112] Colbert de Mauleuvrier.
[113] Colbert de Croissy.
[114] Colbert du Terron.
[115] Ainsi l'on organisait la maison de la reine à venir cinq ans avant le mariage de Louis XIV! L'abbé de Choisy raconte que le cardinal vendit toutes les charges de la maison de la reine, à l'exception de celle dont il gratifia Colbert. Au commencement de 1661, celui-ci jugea à propos de s'en défaire. «Brisacier, à qui on venoit de rembourser la moitié de sa charge d'intendant des finances, la lui acheta 500,000 livres et 20,000 livres de pot-de-vin à madame Colbert, croyant faire sa cour au cardinal et à Colbert, qui bientôt après lui en témoigna sa profonde reconnaissance en lui ôtant, d'un trait de plume, plus de 50,000 livres de rente qu'il avait en bon bien sur le roi, et trouva le moyen, en ne lui faisant payer que 100,000 écus, de le rembourser pleinement par ses imputations (Mémoires de l'abbé de Choisy, liv. II).
[116] Cette résistance est une pure fiction. Voir ci-dessus la lettre du 19 juin 1654 par laquelle Colbert sollicite du cardinal une abbaye de quatre mille livres de pente. Il y a dans le recueil des lettres originales de Mazarin plusieurs demandes de ce genre, postérieures à celle du 19 juin.
[117] Biblioth. roy. Mss. Lettres du Mazarin, Baluze, arm. XI.
[118] Ibidem.
[119] Tableau du ministère de Colbert, note 7, page 119. Cet ouvrage, sans nom d'auteur, porte ces mots pour épigraphe: Mens agitat molem. Il est attribué à M. de Bruny, directeur de la Compagnie des Indes, en 1774. Il concourut avec celui de Necker, qui remporta le prix de l'Académie Française, en 1773. Après les savantes recherches de Forbonnais sur l'administration de Colbert, à laquelle cet écrivain a consacré près d'un volume in-4º, le modeste ouvrage de M. de Bruny suivi de notes étendues, précieuses, est un de ceux qui, malgré les erreurs économiques qu'on pourrait y relever, donnent l'idée la plus complète des travaux de ce ministre.
[120] Colbert fut de retour probablement vers les premiers mois de 1660. Je n'ai pu découvrir aucune pièce authentique sur cette mission, et on ne la voit mentionnée que dans les notes de M. de Bruny, qui ne cite pas son autorité.
[121] Le Testament du cardinal Mazarin, se trouve dans les Œuvres de Louis XIV, t. VI, pièces justifiatives.—Mémoires pour servir à l'histoire de Louis XIV, par l'abbé de Choisy, liv. II.
[122] Histoire de Louis XIV, par l'abbé de Choisy.
[123] Mémoires de Gourville, LII, p. 529.
[124] Recherches sur les finances, par Forbonnais, années 1660 et 1661.
[125] «Un malheureux journalier qui ne possède aucun bien-fonds dans une paroisse, qui y manque de travail, ne peut aller dans une autre où il trouve une existence, sans payer la taille en deux endroits pendant deux ans, et pendant trois, s'il passe dans une autre élection.» (Recherches sur les finances, année 1664).
[126] La Chasse aux larrons, par I. Bourgoin. Paris, 1616. C'est un pamphlet in-8º de quatre-vingt-seize pages pleines de lamentations et déclamations sur les pilleries, voleries et forceneries des financiers. Il y a sur le frontispice un dessin assez caractéristique. Sur le premier plan on voit trois juges auxquels l'auteur présente sa demande d'établissement d'une Chambre de justice; au-dessus, Louis XIII, enfant, est assis sur un nuage d'où il lance des foudres; en face de lui deux financiers pendus à un gibet complètent cet agréable tableau. La Chasse aux larrons fait partie d'un volume appartenant à la Bibliothèque royale et indiqué sous ce titre: Chambre de justice de 1661, F. 2,953-2 sous chiffre. Ce volume renferme une grande partie des arrêts de la Chambre de justice et quelques manuscrits dont j'aurai occasion de parler plus loin, entre autres la liste de toutes les personnes qui ont été taxées par la Chambre, avec le montant de leur taxe, et un monologue, parodie du Cid, intitulé le Cid enragé. Le Cid n'est autre que Colbert. Voir aux pièces justificatives, pièce n. 5.
[127] C'est le nom que l'on donnait à ceux qui prenaient en parti, c'est-à-dire affermaient les traites ou douanes de l'État.
[128] Biblioth. roy. Chambre de justice 1661, F. 2,955-1 sous chiffre. Il y a à la Biblioth. roy. deux volumes renfermant des pièces relatives à la Chambre de justice de 1661. On trouve dans celui-ci plusieurs pièces qui ne sont pas dans celui dont j'ai déjà parlé, notamment deux curieux Monitoires publiés dans les paroisses de Paris relativement aux opérations de la Chambre. Voir plus loin.
[129] La Chambre de justice fut composée comme il suit: MM. Lamoignon, premier président du Parlement de Paris; de Nesmond, second président; Phelipeaux Pontchartrain, président à la Chanbre des comptes; Poncet, d'Ormesson, Voisin et Bernard de Rézé, maîtres des requêtes ordinaires; Renard, Catinat, de Brillac et Fayet, conseillers au Parlement de Paris; Mazenau, conseiller au Parlement de Toulouse; Francon, conseiller à Grenoble; du Verdier, conseiller à Bordeaux; de la Thoison, conseiller à Dijon; Sainte-Héleine, conseiller à Rouen; Roquesante, conseiller à Aix; Ayrault, conseiller à Rennes; Noguez, conseiller à Pau; de Fériol, conseiller à Metz; de Gisancourt, conseiller au grand-conseil; de Moussy et de Bossu-le-Iau, maîtres en la Chambre des comptes; le Ferron et de Bausson, conseillers à la cour des aides; Denis Talon, procureur général, et Joseph Foucault, secrétaire et greffier. En tout, vingt-sept personnes (Commission du roy, contenant les noms des juges et officiers qui composent la Chambre de justice).
[130] Chambre de justice de 1661, F. 2,593-1.
[131] Chambre de justice de 1661, F. 2,953-1. Ce monitoire se termine par une exhortation en latin; en voici la partie principale: «Ut ipsi et eorum quilibet infra novem dies proxime venturos. postquam hæ nostræ præsentes litteræ ad eorum notitiam devenerint, et quidquid de præmissis viderint, fecerint, vel dici audiverint, dicant, declarent, revelent et not ficent dicto domino conquerenti (le procureur général) aut præsentium publicatori, seu eoram notario piblico et testibus fide dignis, ita ut dictus dominus conquerens, si de hujusmodi revelationibus juvare possit et valeat in judicio et extra. Alioquin dictis novem dicbus elapsis, illos omnes et singulos malefactores, præmissa scientes et non revelantes, eorumque adjutores et fautores, his inscriptis, auctoritate apostolica, qua fungimur in hac parte, excommunicavimus. Quam excommunicationis sententiam si per alios novem dies sustinuerint ipsos aggravamus. Si vero præfatas excommunicationis et aggravationis sententias per alios novem dies præfatos octodecim immediate sequentes corde et animo induratis, sustinnerint (quod absit), ipsos reaggravamus, etc.» Des monitoires de ce genre furent lus dans toutes les paroisses du royaume. (Arrests de la Chambre de justice du 11 août 1662.)
[132] On lit dans le journal de M. d'Ormesson, mois d'avril 1664, que ces messieurs se plaignaient vivement de ne pouvoir boire à la glace dans leur prison.
[133] Arrest de la Chambre de justice qui déclare un service de vermeil doré, appartenant au sieur Boylesve, accusé défaillant, acquis et confisqué au profit du Roy (Chambre de justice de 1661, F. 2,953-1). Il y a dans le volume (Chambre de justice de 1661, F. 2,953-2) une justification de M. de Boylesve, intitulée: Défenses pour Monsieur de Boylesve, cy-devant intendant des finances. Cet intendant cherche à établir que, dans un grand nombre de circonstances pressantes dont il donne le détail, il a prêté des sommes considérables au roi sur les vives instances du cardinal et du surintendant. Il est vrai, dit-il, qu'il possède environ 4 millions, mais il a plus de 3 millions de dettes, et ses biens mêmes ne pourront suffire à tout payer, car déjà la justice y a établi des garnisaires, on a saisi les effets, les terres, les baux; enfin, les procureurs y vont mettre les mains et la misère s'ensuivra. Le Mémoire de M. de Boylesve est surtout curieux en ce qu'il donne une idée des embarras et de l'inconcevable pénurie d'argent où se trouva le gouvernement de 1650 à 1660. Sous ce rapport, on peut dire que les financiers lui avaient rendu d'immenses services, et il y avait au moins de l'ingratitude à profiter du moment où leurs avances n'étaient plus nécessaires, pour les poursuivre en raison des intérêts usuraires qu'ils avaient exigés au jour du besoin et du danger.
[134] Mémoire pour l'éclaircissement des demandes formées par M. le procureur général en la Chambre de justice contre les intéressez aux fermes générales des gabelles de France, sous les noms de Philippe Hamel et Jacques Datin (Chambre de justice de 1661).
[135] Arrest de la Chamtre de justice du 9 décembre 1661, leu et publié à son de trompe et cry public en tous les carrefours ordinaires et extraordinaires de cette ville et faux-bourgs de Paris.
[136] Arrest de la Chambre de justice de condamnation de mort contre Pierre Sergent et Jean Chailly de la ville d'Orléans, portant règlement général contre les sergents, huissiers et porteurs de contraintes, du 26 février 1661, exécuté à Orléans, le mardy gras, 26 du mois de février (Chambre de justice de 1661, F. 2,953-1). Cet arrêt fut rendu par appel a minima devant la Chambre de justice de Paris. Le subdélégué d'Orléans avait condamné l'un des accusés à faire amende honorable, «nud, en chemise, avec une torche ardente du poids de trois livres, et l'autre à être battu et fustigé de verges, à nud, par l'exécuteur de la haute justice, sur la place du Martroy.» Comme, à la suite des exactions qui leur étaient reprochées, les accusés avaient commis un meurtre sur une pauvre femme de campagne, il y eut appel, et la Chambre de justice les condamna à mort.
[137] Chambre de justice de 1661, F. 2, 953-2.
[138] Grâce à la précaution qu'il avait prise de brûler, avant le voyage de Nantes, tous les papiers qui auraient pu le compromettre, Gourville ne fut inquiété qu'environ un an après la disgrâce de Fouquet. Il raconte même que, peu de jours après cet événement, Colbert lui ayant demandé 500,000 livres à emprunter, il les lui prêta volontiers dans l'espoir de se le rendre favorable; mais il ne fut remboursé que du tiers de cette somme. C'est ce qui explique sans doute pourquoi il ne fut pas taxé à une somme plus élevée.
[139] Chambre de justice de 1661: Edict du Roy portant révocation de la Chambre de justice, vérifié en Parlement le 13 août 1669.
[140] Le roi, en ce temps-là, avoit supprimé un quartier des rentes. Note de Despréaux.—En 1664, le roi supprima un quartier des rentes constituées sur l'Hôtel-de-ville. Le chevalier de Cailly fit alors cette épigramme dont M. Despréaux faisait cas:
De nos rentes, pour nos péchés,
Si les quartiers sont retranchés,
Pourquoi s'en émouvoir la bile?
Nous n'aurons qu'à changer de lieu:
Nous allions à l'Hôtel-de-Ville,
Et nous irons à l'Hôtel-Dieu.
(Note de Brossette.)
[141] Biblioth. roy., Recueil de déclarations, édits et arrêts du Conseil sur les rentes, 1 vol. in-4º, F. 2, 752-2.
[142] Déclaration du Roy du 4 décembre 1664, portant réduction et modération des restitutions dues à Sa Majesté, à cause des remboursements de rentes, offices, droits et de debtes, remboursez par sadite Majesté depuis le 1er janvier 1630; avec confirmation desdits remboursements et décharge de toutes recherches pour raisons d'iceux. (Recueil de déclarations, édits et arrêts du Conseil sur les rentes).—Estat de l'évaluation des restitutions dues à Sa Majesté, etc., etc. (Même Recueil).
[143] Instruction sommaire du droit qu'a le Roy pour faire restituer les quartiers non ouverts sur les tailles (Recueil sur les rentes).
[144] Arch. du Roy. Registres de l'Hôtel-de-Ville de Paris. 13 juin 1661, p. 517.—On ne sait pas généralement combien cette importante collection, qui remonte à la fin du XVe siècle, est riche en précieux documents historiques. Quant à l'histoire de Paris, il ne paraît pas possible qu'on puisse l'écrire comme elle doit l'être jusqu'au jour où tous les volumineux registres de l'Hôtel-de-Ville auront été consciencieusement explorés. Ce serait là, au surplus, un beau et curieux travail, bien digne, sous tous les rapports, des encouragements du gouvernement.
[145] Édit de décembre 1663, arrêts des 22 mai et 11 juin 1664, déclaration du 9 décembre 1664 et du 30 janvier 1663.—Histoire financière de la France, par M. Bailly, année 1661.
[146] Biblioth. roy. Mss. Journal de M. d'Ormesson. «Les traitants furent taxés à 110 millions. On les imposait approximativement, eu égard à leurs biens présumés. Leurs créanciers furent en partie ruinés par cette mesure, l'hypothèque du roi ayant été déclarée en première ligne.»
[147a] Arrêts du Conseil des 12 mars 1663, 6 novembre 1664, 31 octobre et décembre 1665. Histoire financière de la France, par M. Bailly, année 1661.
[147b] Arrest de la Chambre de justice qui ordonne que le Roy rentrera dans la propriété des octroys aliénez, Chambre de justice de 1661, F. 2, 953-1.
[148] Arch. du Roy. Registres de l'Hôtel de ville de Paris, 20 mai 1661.
[149] Registres de l'Hôtel de ville, juin 1662.—De son côté, Colbert fit venir à Paris, de la Guyenne, vingt-cinq mille sacs de blé, mais ce ne fut pas sans difficulté. Le parlement de Bordeaux s'y opposait et il fallut que l'intendant sévit contre quelques communes récalcitrantes. Biblioth. roy. Mss. Lettre de M. Hotman à Colbert, du 25 février 1662.
[150] Arch. du Roy. Registres de l'Hôtel de ville de Paris, 11 mai 1662.—Lettres de Guy-Patin, 1662, p. 294 et 303: «La moisson n'a pas été bonne; le blé sera encore cher toute l'année.... Le pain est si cher qu'on craint une sédition.»
[151] Edict du Roy portant establissement de l'hôpital général pour le renfermement des pauvres mendians de la ville et faux-bourgs de Paris, donné à Paris au mois d'avril 1656 vérifié en Parlement le 1er septembre ensuivant. Bibliothèque de l'Arsenal, Recueil de pièces, n. 9675 bis.
[152] Collection des anciennes lois françaises, etc.
[153] Voici une naïve peinture de leurs mœurs d'après une brochure publiée en 1657, dans le but de réchauffer le zèle des Parisiens en faveur de l'Hôpital général: «Peut-on, doit-on souffrir des gens qui vivent en païens dans le christianisme, qui sont toujours en adultère, en concubinage, en meslange et communauté de sexes? qui n'ont point de baptesme ny aucune participation des sacremens, qui puisent l'abomination avec le laict, ont le larcin par habitide et l'impiété par nature? qui font commerce des pauvres enfans et font sur ces âmes innocentes des violences et des contorsions pour exciter la compassion des plus faibles et fléchir la dureté des autres? Les magistrats de police ont mesmes appris depuis peu de temps que parmy eux il n'y a plus d'intégrité du sexe, après l'âge de cinq à six ans, pensée qui donne de l'horreur et qui seule doit porter les âmes qui ont crainte de Dieu à soutenir cet œuvre» (Bibliothèque de l'Arsenal, Recueil de pièces, n. 1,675 bis). Ne croirait-on pas, en lisant ces lignes, assister à la vie privée des Truands, dans la Cour des Miracles, au XIIe siècle? Et cela se passait en 1657! Je doute que les détracteurs du temps présent puissent reprocher à une classe entière d'hommes, même en descendant jusqu'à la population la plus infime de nos grandes villes manufacturières, des mœurs qui ressemblent à celles-là.
[154] Bibliothèque de l'Arsenal, Recueil de pièces, n. 1,675 bis.
[155] Au mois de février 1659, le prix du muid de blé était de 158 liv. Dans l'année 1662, il se vendit, au mois de mars, 285 liv.; au mois de juin, 346 liv.; au mois de septembre, 339 liv. et au mois de décembre, 294 liv. Le muid de blé, mesure de Paris, pesaut 800 liv. équivaut à 18-72 hectol.—12 setiers composaient un muid.—Contenance du setier 1-56 hectol.
[156] Bibliothèque de l'Arsenal, Recueil de pièces, n. 1, 675 bis. Procès-verbal sur les urgentes nécessités de l'Hôpital général, le 22 janvier 1663.
[157] Discours chrétien sur l'establissement du bureau des pauvres de Beauvais.—Il existe au moins deux éditions de cette brochure extrêmement curieuse; l'une a été imprimée à Paris en 1655. Elle se trouve dans le Recueil de pièces de la Bibliothèque de l'Arsenal, n. 1, 675 bis. L'autre, imprimée à Rouen en 1676, fait partie des numéros 576-577 du Portefeuille de Fontanieu, Biblioth, roy., Mss.
[158] Discours chrétien, etc., etc., chap. II. Cette citation n'est pas tout à fait textuelle. Je me suis borné toutefois à resserrer certaines phrases et à supprimer quelques passages sans intérêt.
[159] Cette pièce et la suivante font partie du volume de la Bibliothèque de l'Arsenat, intitulé Recueil de pièces, n. 1,675 bis et renfermant les arrêtés et procès-verbaux sur l'Hôpital général de Paris, dont j'ai parlé plus haut.
[160] Soit 650 livres le muid; l'écu valait alors environ 3 livres 5 sols. On a vu plus haut qu'à Paris, au plus fort de la disette, le blé se paya 346 livres. Le muid de blé coûtait donc 304 livres de plus à Blois qu'à Paris.
[161] Recueil de pièces, n. 1,675 bis.
[162] Édit du mois de juin 1662. Collection des anciennes lois françaises, etc., par MM. Isambert, etc.
[163] Collection des anciennes lois françaises, etc.
[164] Histoire du Consulat et de l'Empire, par M. Thiers, t. I, liv. Ier, p. 39.
[165] Édit de mai et arrêt du Conseil du 16 août 1661.—Édit du 13 août 1669.—Arrêt du 4 février 1664, renouvelé plusieurs fois, notamment le 18 septembre 1683.—Déclaration des 6 mai et 22 septembre 1662.—Comptes de Mallet.—Recherches sur les finances, par Forbonnais.—Histoire financière de la France, par M. Bailly.
J'ai dit que les pots-de-vin étaient regardés alors comme une chose naturelle et tout à fait permise. Voici qui lèvera tous les doutes que l'on pourrait avoir à ce sujet. On lit à la date du 16 mars 1661, dans le Journal des bienfaits du Roy, par M. Dangeau, Biblioth. roy. Mss. supplément français, 579.
«Le Roy, aïant reçeu 600,000 livres de pot-de-vin sur la ferme des Gabelles en donne:
| A la reine mère | 10 | m. pistolles[*] |
| A Monsieur | 5 | m. pistolles |
| A Madame | 5 | m. pistolles |
| A la demoiselle de Fouilloux pour se marier. | 50 | m. escus |
| A la reine, le reste de la somme de 600 m. livres.» |
Mademoiselle de Fouilloux, si magnifiquement traitée dans le journal officiel de M. Dangeau, était une fille d'honneur de la reine. Elle figure, ainsi que mademoiselle de La Vallière et madame de Montespan, sur une liste de trente-six dames de la cour, pour lesquelles Louis XIV donna, en 1664, une loterie de bijoux. Voir Œuvres de Louis XIV, t. V, p. 181; Lettre du Roi à Colbert.
[*] La pistole était une monnaie apportée d'Espagne en France après le mariage de Louis XIV et valant 10 livres. Plus tard, quand cette monnaie eut disparu, le mot resta et signifia toujours la même valeur.
[166] Arch. du Roy., K. 123. Estat par abrégé des receptes, dépenses et maniment des finances pendant que MM. Colbert, Le Peletier et Pontchartrain ont esté contrôleurs généraux des finances.—C'est un magnifique registre qui paraît avoir appartenu à M. de Pontchartrain et où l'on a copié, avec une patience et un art admirables, mais certainement fort coûteux, tous les budgets depuis 1661 jusqu'en 1693. J'ai remarqué que ces budgets différaient souvent de plusieurs millions avec ceux donnés par Forbonnais, qui a malheureusement négligé d'indiquer les sources où il a puisé la plupart des nombreux documents dont il s'est servi dans ses Recherches et considérations sur les finances.
[167] Edict du Roy portant révocation de la Chambre de justice de 1661, du 13 août 1669.
[168] Observations de M. Necker sur l'avant-propos du Livre rouge. Brochure de trente et une pages. Imprimerie royale, 1790.
[169] Arch. du Roy., carton K. 119.
[170] Desmarets était le premier commis et le neveu de Colbert. Après la mort de son oncle, il fut soupçonné de concussion et tomba en disgrâce. En 1708, M. de Chamillart ayant demandé instamment à quitter la direction des finances qu'il laissa dans la situation la plus déplorable; Desmarets, dont l'habileté était connue, fut appelé à le remplacer. La crise était affreuse. Il la traversa avec plus de bonheur qu'on n'en pouvait attendre, et fit preuve d'une grande fermeté en se résignant franchement, de prime abord, à des sacrifices reconnus indispensables, c'est-à-dire en annulant momentanément toutes les assignations données sur les revenus de l'année courante, en suspendant le paiement de tous les intérêts dus aux rentiers, et en convertissant les obligations de la Caisse des emprunts en rentes à 1 pour 100 non remboursables. C'était encore une fois la banqueroute, mais elle sauva l'État. On a de lui un rapport très-estimé sur la situation des finances depuis 1660 jusqu'au moment où il rendit compte lui-même de ses opérations comme contrôleur général.
[171] Archives du Royaume, carton K, 119.
[172] Les reçus de Racine et de Boileau sont demeurés joints à cet état du comptant, ce qui prouve que toutes les ordonnances du comptant n'étaient pas brûlées exactement. L'ordonnance délivrée au nom de Despréaux est signée Boileau.
[173] Ainsi, outre son traitement et sa gratification annuelle qui étaient de 55,500 liv., Colbert touchait des gratifications extraordinaires très-considérables, mais plus rares sans doute. Les archives du royaume ne possèdent les états du comptant que pour trois ou quatre années, et cette gratification de 400,000 livres n'y figure qu'une fois. Colbert touchait aussi 12,000 livres à la marine et 3,000 livres comme secrétaire des commandements de la reine (Voir à la Biblioth. roy., Mss., l'Inventaire fait après le décedz de monseigneur Colbert, suite de Mortemart, 34). Il est dit dans le même inventaire que Colbert avait acheté sa charge de secrétaire d'État 700,000 livres et celle de surintendant des bâtiments, 242,500 livres. Enfin, il résulte du budget des États de Bourgogne qu'il était alloué à Colbert 6,000 livres par triennalité, en raison des services qu'il pouvait rendre à la province. Le vote des États de 1691 est ainsi conçu: «Sur lesquelles 26,000 livres il sera donné 6,000 livres à M. de Pontchartrain, ainsi qu'elles ont été payées à MM. Colbert et Lepelletier.» (Voir Une province sous Louis XIV, situation politique et administrative de la Bourgogne de 1661 à 1715, d'après les manuscrits et les documents inédits du temps, 1 vol. in-8, par M. Alexandre Thomas, p. 202). Tous les pays d'États, la Bretagne, le Languedoc, la Provence, etc., etc., faisaient-ils de même? Dans ce cas, Colbert devait toucher plus de 200,000 liv. par an; il faut bien, au surplus, que ses appointements fussent considérables, car, à sa mort, après vingt-deux ans d'administration, il évalua lui-même sa fortune à dix millions. On a vu que Fouquet avait estimé le produit de ses deux charges à 550,000 livres par an.
[174] Arch. du Roy., K, 120. Ordonnance de 107,000 livres au nom de M. du Vau, trésorier de la reyne, du 18 septembre 1683.
[175] Arch. du Roy., K, 120. Le corps de cet ordre, à peine grand comme la moitié d'un billet de banque, n'est pas de la même écriture que la signature et le post-scriptum.
[176] Le louis d'or ne valait, à cette époque, que 11 livres. Voyez Traité des monnaies, par Leblanc.
[177] Lettres et négociations entre M. Jean de Witt, conseiller pensionnaire et garde des sceaux des provinces de Hollande et de West-Frise, et messieurs les plénipotentiaires des provinces unies des Pays-Bas aux cours de France, d'Angleterre, de Suède, de Danemarck, de Pologne, etc., depuis l'année 1652 jusqu'à l'an 1669 inclus. Amsterdam 1625, 4 vol. 12.
[178] La richesse de la Hollande; 2 vol. in-8º sans nom d'auteur; Londres, 1778. Ouvrage plein de documents historiques très-précieux sur le développement et la décadence du commerce de la Hollande, t. I, p. 37.
[179] La Richesse de la Hollande, t. I, p. 42.
[180] Biblioth. roy., Mss. Lettres concernant le commerce pendant l'année 1669, nº 204. Les originaux des lettres adressées par Colbert à M. de Pomponne pendant les années 1669 et 1670 se trouvent à la bibliothèque de l'Arsenal. Quelques-unes de ces lettres ont subi, après avoir été copiées, des corrections de la main même de Colbert.
Il résulte pourtant d'une pièce faisant partie des manuscrits de Colbert, pièce citée par M. Eugène Sue dans son Histoire de la Marine, sans indication du registre, que la marine marchande française possédait, en 1664, deux mille trois cent soixante-huit navires. Dans l'incertitude, et bien que ce chiffre soit plus vraisemblable que l'autre, j'ai dû adopter celui de la lettre du 21 mars 1669, qui a un caractère officiel. Il est probable pourtant que Colbert diminuait dans cette lettre l'importance de notre marine, afin de donner plus de hardiesse à M. de Pomponne. C'est une tactique diplomatique qui lui était familière, et toujours usitée.
[181] Valeur du florin: environ 2 livres 3 sous.
[182] Articles V, VI, VIII, XIV, XV et XVI du traité de Munster. Voyez Corps diplomatique, par Dumont.
[183] De 1684 à 1720, la moyenne fut de 27 ½ pour 100; de 1720 à 1756, de 20 ½; de 1757 à 1781, de 10 pour 100.
[184] La Richesse de la Hollande, t. I, passim.
[185] Histoire financière de la France, par M. Bailly, année 1659.
[186] Les édits concernant ce droit ne sont pas dans la Collection des lois anciennes, par M. Isambert. J'ai trouvé les dates et les détails qui s'y rattachent dans un manuscrit de la Bibliothèque royale, intitulé: Mémoires sur le commerce et les finances de la France, des colonies, de l'Angleterre et de l'Espagne, 1 vol. in-fol., supplément français, 1792. Ces Mémoires paraissent avoir été écrits de 1706 à 1710, en vue des négociations que l'on prévoyait devoir s'établir prochainement pour le rétablissement de la paix, et pour être mis sous les yeux d'un ministre. Quelques annotations à la main confirment cette hypothèse.
[187] Lettres et négociations, etc. Lettres de Van-Beuningen des 19 novembre et 31 décembre 1660; des 4 janvier, 4 juin et 21 juin 1661.
[188] Lettres et négociations, etc. Lettre du 9 juillet 1661.
[189] Allusion à l'Acte pour encourager et augmenter la marine et la navigation, passé en Parlement le 23 septembre 1660, autrement dit l'acte de Navigation.
[190] Lettres et négociations, etc., lettre à Jean de Witt, du 4 janvier 1661.
[191] Lettre à Jean de Witt du 15 septembre 1661.
[192] Leurs hautes puissances; c'est ainsi qu'on désignait l'assemblée des représentants des Provinces-Unies.
[193] Lettre à Jean de Witt du 9 novembre 1661.
[194] Recueil des traités de commerce et de navigation de la France avec les puissances étrangères depuis la paix de Westphalie, par MM. d'Hauterive et de Cussy, Ire partie, t. II, p. 276.
[195] Lettre à Jean de Witt du 27 avril 1662.
[196] Lettre de Jean de Witt du 6 octobre 1662.
[197] Lettre au même du 5 janvier 1663.
[198] Lettre au même du 4 mai 1663.
[199] Lettre au même du 26 avril 1663.
[200] Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, par Adam Smith, avec les commentaires de Buchanan, Mac Culloch, Malthus, Blanqui, etc., édit. Guillaumin, t. II. liv. IV, chap. 2.
[201] Ibidem, t. II, liv. IV, chap. 2, p. 48, commentaire.
[202] Voici le préambule de l'Acte de Navigation: «Le Seigneur ayant voulu, par une bonté particulière pour l'Angleterre, que sa richesse, sa sûreté et ses forces consistassent dans sa marine, le Roi, les seigneurs et les communes assemblées en Parlement ont ordonné que, pour l'augmentation de la marine et de la navigation, l'on observera dans tout le royaume les règlements suivants, à partir des premiers jours de décembre 1660, etc.» (L'Acte de Navigation se trouve en entier dans la Théorie et pratique du Commerce et de la Marine de G. Ustariz, traduction de Forbonnais. 1 vol. in-4º, chap. 30.)
[203] Biblioth. roy., Mss. Mémoires sur le commerce et les finances de la France, de la Hollande, des Colonies, etc., Suppl. franc. 1792.
[204] Dans son Histoire de la Marine française, 1re édit., 5 vol. in-8º, M. Eugène Sue a publié un grand nombre de pièces justificatives qui donnent beaucoup de force à cette opinion.
[205] Particularités sur les ministres des finances célèbres, 1 vol. in-8º par M. de Montyon article Colbert. M. de Montyon a fait deux fois le même ouvrage; la première fois en 3 vol. in-12, sous le titre de Vies des Surintendants et ministres des finances; la seconde fois en 1 vol. in-8º beaucoup plus curieux, plus spécial, et riche en anecdotes. Il est fâcheux qu'il n'en indique pas la source, ce qui est cause qu'on ne sait quel degré de confiance on peut leur accorder.
[206] On lit dans les Mémoires de l'abbé de Choisy, liv. II: «Jean-Baptiste Colbert avait le visage naturellement renfrogné. Ses yeux creux, ses sourcils épais et noirs lui faisaient une mine austère et lui rendaient le premier abord sauvage et négatif; mais dans la suite, en l'apprivoisant, on le trouvait assez facile, expéditif et d'une sûreté inébranlable. Il était persuadé que la bonne foi dans les affaires en était le fondement solide. Une application infinie et un désir insatiable d'apprendre lui tenaient lieu de science. Plus il était ignorant, plus il affectait de paraître savant, citant quelque fois hors de propos des passages latins qu'il avait appris par cœur et que ses docteurs à gages lui avaient expliqués. Nulle passion depuis qu'il avait quitté le vin; fidèle dans la surintendance où, avant lui, on prenait sans compter et sans rendre compte...»
Enfin, Sandras de Courtilz donne sur les mœurs privées de Colbert d'autres détails encore plus intimes et dont je lui laisse l'entière responsabilité. Suivant lui, «bien que Colbert déférât beaucoup à sa femme, il ne laissa pas de donner quelque chose à son inclination et il se laissa toucher par les charmes de Françoise de Godet, veuve de Jean Gravay, sieur de Launay. Cette dame avait la taille avantageuse, le port majestueux, etc., etc. Colbert l'introduisit chez la reine et chez le cardinal Mazarin, avec qui il la faisait jouer, et il lui fit épouser Antoine de Brouilly, marquis de Pierre, chevalier des ordres et gouverneur de Pignerol... Colbert rendit aussi ses soins à Marguerite Vanel, femme de Jean Coiffier, maître des comptes, jeune personne, petite, mais toute mignonne, et de qui l'esprit était enjoué et brillant. Il allait souvent souper chez elle, parce qu'il était l'ami particulier de son beau-père et qu'il prenait des leçons de politique du mari au sujet du traité de Munster, dont il savait parfaitement toutes les négociations, ayant été secrétaire de l'ambassade sous Abel de Servien. Mais la coquetterie de cette dame le rebuta bientôt, etc., etc.» (Vie de J.-B. Colbert.)
[207] Arch. curieuses de l'hist. de France, IIe série, t. VIII; Portraits de la Cour, p. 411.
[208] En 1675, après la mort de Turenne, on nomma huit maréchaux de France parmi lesquels figuraient MM. d'Estrades, de Navailles, de Duras, de Lafeuillade, etc., etc. Madame Cornuel dit de cette promotion que c'était la monnaie de M. de Turenne. (Abrégé chronologique du président Hénault, année 1675).
[209] Lettre du 24 décembre 1673.
[210] Lettre du 18 novembre 1676.—On trouve l'aventure suivante dans la Vie de J.-B. Colbert, par Sandras de Courtuz. «Le grand accablement des affaires dont il (Colbert) était chargé lui fatiguait tellement l'esprit que, tout sérieux qu'il était, il fit un jour une turlupinade pour se délivrer des importunités d'une femme de grande qualité qui le pressait de lui accorder une chose qu'il ne jugeait pas faisable. Cette dame, voyant qu'elle ne pouvait rien obtenir, se jeta à ses pieds dans la salle d'audience en présence de plus de cent personnes, et comme elle lui disait, fondant en larmes: Je prie Votre Grandeur au nom de Dieu de ne me refuser pas cette grâce, il se mit en même temps à genoux devant elle et lui dit sur le même ton plaintif: Je vous conjure au nom de Dieu, Madame, de me laisser en repos.»
[211] Recueil des arrêtés M. le premier président de Lamoignon, t. I, p. XXVIII de la vie de M. de Lamoignon.
[212] Documents inédits sur l'histoire de France, par M. de Champollion-Figeac, t. III.—Les éditeurs des Œuvres de Louis XIV avaient classé cette lettre à l'année 1673.
[213] Lettre du 13 février 1671.
[214] Œuvres de Louis XIV, t. V. p. 576. La différence entre l'orthographe de cette lettre et de la précédente s'explique par la raison que j'ai donnée dans l'avertissement.—M. de Montespan avait un procès à Paris, et l'on voit par un billet de Colbert au roi, du 24 mat 1678, que le ministre n'avait pas osé prendre sur lui de recommander ce procès à M. de Novion avant d'y être autorisé par Louis XIV.—Enfin, on lit dans les Œuvres de Louis XIV, t. V, p. 533 et 536, des lettres du roi à Colbert dans lesquelles il est dit: «Madame de Montespan m'a mandé que vous lui demandez toujours ce qu'elle désire; continuez à faire ce que je vous ai ordonné là-dessus, comme vous avez fait jusqu'à cette heure, etc., etc.
[215] Mémoires de Saint-Simon, t. XIII, p. 92.
[216] Encyclopédie méthodique. Finances, art. Octroi. Édit du 21 décembre 1647.
[217] Une Province sous Louis XIV, etc.; les Communes.—Ce livre, auquel j'ai déjà fait plusieurs emprunts, est un excellent travail historique, plein de recherches très-consciencieuses et très-intéressantes. Il serait bien à désirer que les archives de chaque province fussent étudiées avec cette intelligence. Ce seraient là de précieux matériaux pour l'histoire générale de cette grande époque si imparfaitement connue jusqu'à ce jour.
[218] Une Province sous Louis XIV, etc., p. 246. dit du 18 juin 1668.
[219] Encyclopédie méthodique. Finances, art. Octroi. Édit de décembre 1663.
[220] Recherches sur les finances, etc.
[221] Une Province sous Louis XIV, etc., les Communes; p. 257.
[222] Encyclopédie méthodique. Finances, art. Noblesse.—Collection des anciennes lois françaises, etc.
[223] Collection des anciennes lois françaises, etc., (édit de septembre 1664.)—Il aurait fallu, après cet édit, ne plus faire de nobles moyennant finance; c'est ce qui n'eut pas lieu, et l'on en créa huit cents nouveaux de 1696 à 1711. Il est vrai qu'un édit de 1715 supprima tous les anoblissements accordés depuis 1699. Excellents moyens, comme on voit, pour relever la noblesse et le pouvoir!
[224] Une Province sous Louis XIV, 1re partie; les États généraux, p. 120.
[225] Arch. de la mar. Registre des despesches, etc., année 1670.
[226] Les noms de tous les usurpateurs de la noblesse en Provence se trouvent à la suite de quelques exemplaires de la Critique du nobiliaire de Provence. Mss. in-fol. de 600 pages.
[227] Voici comment cette réforme de Colbert fut appréciée dans une série de mémoires imprimés en 1689 et 1690, à Amsterdam, sous ce titre: Soupirs de la France esclave qui aspire après sa liberté. «M. Colbert a fait un projet de réformation des finances et l'a fait exécuter à la rigueur. Mais en quoi consiste cette réformation? Ce n'est pas à diminuer les impôts pour le soulagement du peuple: c'est à les augmenter de beaucoup en les répandant sur tous ceux qui s'en mettaient à couvert par leur crédit et par celui de leurs amis. Le gentilhomme n'a plus de crédit pour obtenir la diminution de la taille à sa paroisse; ses fermiers paient comme les autres, et plus. Les officiers de justice, les seigneurs et autres gens du caractère n'ont plus aujourd'hui de crédit au préjudice des deniers du roi. Tout paie. Voilà un grand air de justice; mais qu'est-ce que cette belle justice a produit? Elle a ruiné tout le monde... Ceux qui avaient de la protection n'en ayant plus, ils portent le fardeau à leur tour, et, par cette voie, tout est ruiné sans exception. Voilà à quoi en revient cette habileté qu'on a tant vantée dans feu M. Colbert.» (XIe mémoire.) L'auteur convient bien qu'auparavant les gens sans protection et sans amis étaient tout à fait misérables, mais au moins il restait dans le royaume des gens à leur aise et qui faisaient honneur à l'État.
Ces pamphlets, naïve expression des rancunes féodales et parlementaires contre l'envahissement du pouvoir royal, sont très-curieux à consulter, et j'aurai occasion d'y revenir, toutes réserves faites sur l'esprit qui les a dictés. Ils sont attribués à Jurieu ou à Levassor par Barbier dans son Dictionnaire des Anonymes. La Bibliothèque royale les a catalogués à l'article Jurieu. Lemontey raconte qu'avant la révolution le gouvernement faisait rechercher et détruire tous les exemplaires de cet ouvrage. C'est évidemment le premier cri de révolte qui ait été nettement formulé contre l'organisation despotique de l'ancien gouvernement, et ces précautions du pouvoir étaient d'autant plus fondées que le pamphlet dont il s'agit n'était pas seulement d'une extrême violence, mais qu'il s'étayait de preuves historiques bien capables de faire impression sur les esprits. L'auteur proposait pour remède au despotisme de Louis XIV de revenir à l'ancienne forme du gouvernement français, ou de constituer le pouvoir comme il l'était en Angleterre et en Hollande. On peut dire que le germe de la révolution de 1789 est là.
[228] Cahier du tiers-état en 1614; Recherches sur les finances, par Forbonnais, années 1614 et 1615.
[229] Voici ce qu'on lit dans une de ces requêtes adressée en 1659 au cardinal Mazarin: «La douane de Valence, tant de fois reconnue pour être la ruine du commerce de nos provinces, s'est accrue de telle manière qu'il y a telle marchandise qui la paye jusqu'à trois fois. Une balle de soye venant d'Italie la paye au pont de Beauvoisin; la même balle allant de Lyon à Nantua pour être ouvrée paye une seconde fois au bureau de Montluel; et pour la troisième fois, en revenant à Lyon pour être manufacturée. Aussi, de vingt mille balles de soye qui venaient à notre douane, année commune, il n'en arrive plus trois mille..... Avant 1620, une balle de soye du Levant ne payoit que seize livres..... aujourd'hui elle paye en tout cent douze livres... avant que de pouvoir être employée en ouvrages. Les soyes grèges d'Italie ne payoient que dix-huit livres et les ouvrées que vingt-six; les unes payent actuellement cent vingt-six et les autres cent quarante-trois livres.....» (Recherches sur les finances, par Forbonnais, année 1661.) Le même auteur cite deux curieux exemples de la fiscalité de la douane de Valence. Les Provençaux envoyaient les moutons en Dauphiné pendant l'été. Au retour, les commis de la douane exigeaient un droit à raison de deux livres de laine par mouton tondu en Dauphiné, sans déduction pour les moutons qui étaient morts ou que les loups avaient dévorés. Pour échapper à ces absurdes prétentions, les Provençaux prirent le parti de tondre leurs moutons au moment du départ pour le Dauphiné, c'est-à-dire avant que la laine eût atteint sa maturité. L'autre fait est plus étrange. Les commis de la douane voulaient faire payer au clergé de Vienne la dîme des vignes situées sur la territoire de Sainte-Colombe. Pour se soustraire à ce droit, dit Forbonnais, les ecclésiastiques allèrent processionnellement avec croix et bannière chercher leur vendange, qui depuis a toujours passé librement. (Recherches, année 1621.)
[230] Mémoires concernant les impositions et droits, par Moreau de Beaumont. 4 vol. in-4, 1769. Le premier traite des impositions chez les diverses nations de l'Europe, les trois autres de celles de la France.—Recherches sur les finances, par Forbonnais, années 1621 et 1661.—Encyclopédie méthodique. Finances: articles Douane, Droits, Tarifs.
[231] Cette dénomination avait été adoptée dès 1598, pour certaines provinces, attendu que les droits qui s'y levaient composaient alors cinq fermes particulières (Encyclopédie méthodique, Finances, art. Cinq grosses Fermes).
[232] Mémoires sur les impositions, par Moreau de Beaumont, t. III, p. 504 et suiv.
[233] Histoire du tarif de 1664. 2 vol. in-4, par Dufresne de Francheville, t. I. Ces deux volumes font partie de l'Histoire générale des finances par le même auteur. Cette histoire, qui devait avoir environ quarante volumes in-4, a été malheureusement suspendue au troisième. Les précieux documents recueillis par Dufresne de Francheville dans son Histoire du tarif de 1664 et dans l'Histoire de la Compagnie des Indes (3e volume de l'Histoire générale) font regretter vivement que ce grand ouvrage ait été si tôt interrompu. C'est sous le nom de Dufresne de Francheville, dont il était l'ami, que Voltaire fit paraître la première édition du Siècle de Louis XIV.
[234] Mémoires sur les impositions, par Moreau de Beaumont, t. III.
[235] Collection des anciennes lois françaises, etc.—Un grand nombre d'ordonnances contre le luxe avaient été publiées à diverses époques et presque sous tous les règnes; la dernière était de 27 novembre 1660. Outre la défense de porter des aiguillettes ou broderies, d'or vrai ou faux, elle prohibait la vente des passements, dentelles, points de Gênes, broderies de fil, découpures et autres ouvrages de fils quelconques faits aux pays étrangers, ni autres passements ou dentelles de France, que de la hauteur d'un pouce au plus sous peine de confiscation et de 1,500 livres d'amende. Il est à remarquer que, postérieurement à la déclaration de juin 1663, il ne fut plus pris de mesure contre le luxe pendant l'administration de Colbert.
[236] Lettres et négociations de Jean de Witt, etc., etc., année 1664, passim.
[237] Édit portant établissement de la Compagnie des Indes occidentales, en quarante-trois articles, du 25 mai 1661 (Collection des anciennes lois françaises, etc.).
[238] Discours d'un fidèle sujet pour l'établissement de la nouvelle Compagnie des Indes orientales, par M. Charpentier, de l'Académie française; cité dans l'Histoire de la Compagnie des Indes, par Dufresne de Francheville.
[239] Biblioth. roy., Mss. Journal du M. d'Ormesson, année 1664.
[240] Histoire de la Compagnie des Indes, par Dufresne de Francheville; pièces justificatives; édit du mois d'août 1664.
[241] De la Puissance américaine, par Guillaume-Tell Poussin. M. le major Poussin attribue le succès des colonies hollandaises et américaines à l'adoption d'un système tout contraire et à la faculté laissée aux colons de se gouverner d'après des lois spéciales appropriées à leur état social et se modifiant avec lui, t. I.
[242] Règlement du 6 octobre 1664. Voyez Histoire de la Compagnie des Indes.
[243] Histoire de la Compagnie des Indes, etc.
[244] Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, liv. IV.
[245] Arch. de la mar., Registre des dépêches, années 1670 et 1671.
[246] Ibidem, année 1670.
[247] Ibidem., Registre des ordres du roy.—Cette lettre se trouve également dans l'Histoire de la Compagnie des Indes, p. 560 et suiv. Ce Caron était un Hollandais qui avait longtemps séjourné aux Indes, et dont Colbert s'était engoué lorsqu'il vint lui offrir son expérience et ses services, Forbonnais dit qu'il fit échouer l'entreprise dont on lui avait confié la direction, parce que le succès de la compagnie française aurait porté un coup funeste à la Hollande. C'est aussi l'opinion de Raynal, qui, dans son langage un peu pompeux, appelle ce Hollandais le perfide Caron. Histoire philosophique, etc., liv. IV.
[248] Arch. de la mar., Registre des despesches, année 1671.