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Le père Huc et ses critiques

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NOTES

Il m’a paru intéressant, à propos du Père Huc de citer ici l’opinion émise par un voyageur qui a récemment visité une partie des contrées jadis parcourues par le missionnaire, M. Rockill.

Dans son intéressant volume, Land of Lamas, je trouve, page 125, à propos du passage du Boukhaïn-Gol :

« Huc nous a laissé dans ses « Souvenirs » (II. 202) un récit très « graphique » quoique peut-être emballé, du danger et de la peine que lui et sa caravane éprouvèrent en passant cette rivière (Boukhaïn-Gol). Le lit avait environ trois quarts de mille de large, où j’y passais, mais le courant n’avait pas plus de quarante pieds de large et deux de profondeur. Il est très probable, quoi qu’il en soit, qu’il y a quarante-cinq ans le lit était beaucoup plus large, comme le sable et le gravier sur la rive gauche le prouvent, et qu’à la saison où Huc traversa la rivière (fin octobre) il y avait beaucoup plus d’eau que lorsque je la vis. Il me fut dit par de nombreux voyageurs à Lusar et à Taukar, que le passage de cette rivière était souvent effectué avec beaucoup de difficulté ; l’un d’eux même m’assura qu’il fut retenu une fois pendant trois jours, essayant de faire passer sa caravane de yaks sur la glace fondue. On doit ces remarques précédentes à la bonne renommée du Père Huc, dont la véracité en cette matière a été contestée par le colonel Prjevalsky et qui a été attaqué si violemment, que plus d’une personne a douté que lui et Gabet aient jamais mis le pied au Thibet, pour ne rien dire de Lhaça.

» Indubitablement, ce fut de mémoire, plusieurs années après que les événements se furent passés, que Huc écrivit son ouvrage, et tandis que jamais, autant que je sache, il n’invente, il embellit souvent comme par exemple, dans le récit cité plus tard, de son passage à travers le Hsiao hsia (la gorge près Hsining)[22]. Quoiqu’il en soit, ses notes sur le peuple, ses habitudes et costumes, sont invaluables et tandis que beaucoup de ses explications, de termes et de coutumes ne sont pas exactes, elles sont, du moins la plus grande partie, généralement acceptées par le peuple du pays auquel elles se rapportent. En somme, son ouvrage ne peut être trop estimé, et s’il avait été convenablement édité et accompagné de notes explicatives, des accusations telles que celles formulées contre lui par le colonel Prjevalsky n’auraient jamais pu s’accréditer dans le public. »

[22] Voyez p. 50. Je suis heureux de trouver ce qui suit dans l’ouvrage du colonel Mark Bell : La grande route commerciale de l’Asie centrale (Soc. Proc. Roy. Geog. XII, 69) : « Prjevaslky a, je pense, jeté trop hâtivement du discrédit sur les ouvrages de ce jésuite (lazariste) de talent, à la compétence des remarques et à l’exactitude des observations duquel je désire rendre hommage toutes les fois que et partout où je pourrais en témoigner.

Page 67, au sujet du monastère de Kounboum :

« Quoique je ne vis le trésor du couvent et les arbres blancs de bois de sandal que plus tard, je les décrirai ici. Dans une petite cour entourée de hautes murailles, se dressent trois arbres d’environ vingt-cinq à trente pieds de haut, un mur plus bas entourant le sol autour de leurs racines. Ce sont les fameux arbres de Kounboum, ou plutôt l’arbre, car celui du centre seulement est très vénéré, parce que sur ses feuilles apparaissent les contours du portrait de Tsong-k’apa. Les arbres sont probablement, comme suppose Kreitner, des lilas (philadelphus coronarius) ; ceux qui sont là sont une seconde croissance, les vieilles souches étant encore visibles.

» Par malheur il n’y avait pas de feuilles sur l’arbre quand je le vis ; et sur l’écorce, qui en beaucoup de places était entournée comme de l’écorce de bouleau ou de cerisier, je ne pus distinguer d’empreinte d’aucune sorte, quoique Huc dise que les images (de lettres thibétaines, non des images de Dieu) étaient visibles sur elle. Les lamas vendent les feuilles, mais celles que j’achetai étaient si abîmées qu’on ne pouvait rien distinguer dessus. J’ai appris pourtant des mahométans que sur les feuilles vertes, ces contours d’images étaient clairement visibles. Il est digne de remarque, que tandis que Huc trouva des lettres de l’alphabet thibétain sur les feuilles de cet arbre fameux, on voit maintenant seulement des images de Tsong-k’apa (ou Bouddha ?). Il serait intéressant d’apprendre la cause de ce changement. »

FIN

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