Les grandes chroniques de France (6/6): selon que elles sont conservées en l'Eglise de Saint-Denis en France
CONCLUSION DE L'ÉDITEUR.
Ici s'arrêtent les grandes Chroniques de France dites de Saint-Denis. Aucun manuscrit ancien ne joint au texte pour ainsi dire sacramentel que l'on vient de lire l'histoire des règnes de Louis XI, de Charles VII ou même de Charles VI. D'ailleurs, les récits de Juvénal des Ursins, de Jean Chartier et de l'auteur anonyme de la Chronique Scandaleuse, vingt fois réimprimés, se trouvent dans toutes les bonnes bibliothèques ; et les moyens d'exécution dont nous pouvions disposer ne nous permettoient pas de reproduire trois ouvrages que d'autres patiens érudits avoient déjà fait connoître.
Mais pour compléter l'édition des Grandes Chroniques de Saint-Denis, il faudroit encore, et nous le sentons parfaitement, ajouter plusieurs dissertations et la Table raisonnée des matières et des noms de lieux et de personnes. Un bon Index est le cachet d'une bonne édition, et si notre librairie moderne se plaint tant du discrédit de ses publications, on peut trouver la cause de ce fâcheux résultat dans le dédain qu'elle professe généralement pour toutes les Tables de matières. Obligés aujourd'hui, pour des raisons qui ne sauroient intéresser nos lecteurs, d'achever notre édition et de nous en tenir au texte complet des Chroniques de Saint-Denis, nous n'en prenons pas moins l'engagement de donner bientôt, dans un volume supplémentaire, notre Table raisonnée et plusieurs dissertations sur la rédaction des chroniques et sur l'autorité de leur témoignage. Avant de publier cet appendice, nous espérons de la Critique littéraire des avis dont il nous sera permis de profiter. Heureux si nous n'avons pas alors à relever un trop grand nombre de ces inexactitudes dont l'attention la plus ardente et la plus scrupuleuse ne préserve pas toujours!
Un autre devoir encore plus rigoureux, c'est l'hommage de nos dernières lignes au nom de celui dont on n'a fait que rendre la pensée et seconder les intentions en imprimant cet ouvrage. Quand les Chroniques de Saint-Denis auront été plus fréquemment consultées, on ne comprendra pas comment il s'étoit écoulé tant de temps avant que l'on songeât à les publier d'une façon convenable, intelligible. Monsieur le vicomte d'Yzarn-Freissinet a senti le premier qu'en essayant de combler cette grande lacune historique, il rendroit service aux bonnes études et feroit acte d'un véritable patriotisme. C'est à lui que j'ai dû le bonheur de consacrer quatre années à cette édition et d'avoir été délivré des obligations dispendieuses auxquelles elle soumettoit l'éditeur. Je ne doute pas que tous les amis de notre histoire nationale ne s'associent à la juste reconnoissance que j'ai vouée à M. de Freissinet, pour avoir fait exécuter un travail dont le gouvernement françois auroit dû prévenir depuis long-temps la pensée, et dont alors il auroit pu facilement charger un éditeur plus habile. On devine la récompense que tous deux nous nous sommes promise à une époque si défavorable aux publications sérieuses : en sacrifiant, l'homme du monde son argent et l'homme de lettres son temps, pour remettre en lumière celui de tous les monumens de notre histoire qui nous sembloit le plus recommandable ; nous craignons seulement d'avoir eu trop bonne opinion de ces mémorables Chroniques de Saint-Denis, et de nous être trompés sur leur importance avec tous les contemporains de saint Louis, de Charles V et de Charles VII. C'est à ceux qui les étudieront qu'il appartiendra de décider si nous avons eu tort de craindre.
Voici maintenant la liste de tous les manuscrits que nous avons consultés ou dont nous avons eu quelque connoissance. Cette description, comme on le pense bien, ne sera pas approfondie : mais ceux qui plus tard auront l'occasion de voir d'autres leçons des mêmes chroniques pourront néanmoins juger, d'après elle, de l'importance particulière de chacune de ces leçons. J'examine d'abord les volumes signalés par La Curne de Sainte-Palaye dans la fameuse Dissertation sur les Chroniques de Saint-Denis qu'il lut à l'Académie des Belles-Lettres le 15 avril 1738. Je décris à la suite les leçons qu'il n'avoit pas vues et dont je me suis également servi.
MANUSCRITS INDIQUÉS PAR SAINTE-PALAYE.
BIBLIOTHÈQUE DU ROI.
No 8298 2.
Un volume in-folio maximo, vélin, 2 colonnes, petites miniatures ; écriture de plus en plus élégante et correcte jusqu'à la fin ; XVe siècle. Relié en maroquin rouge aux armes de Colbert sur les plats.
Il provient de la bibliothèque de Colbert. Les premiers feuillets ont été enlevés jusqu'à la fin du treizième chapitre du premier livre (Voyez notre édition) : « Si se souffry atant quant Tholome ot ce compte et fixe. Le messaige Thierry qui bien et sagement ot entendu lexemple Tholome retourna a son seigneur tout luy compta par ordre ce quil ot oi compter quant Thierry entendi ceste exemple il demoura ne ne voult mie obeir au commandement lempereur en petit de temps apres les princes ditalie le firent roy et seigneur du pays ainsi fu sauve Thierry par son bon amy. »
Miniatures en façon de camayeu assez curieuses : texte définitif que nous avons suivi. — Le passage relatif à l'amour de Thibaut pour Blanche (Vie de Saint-Louis, chap. XVII) forme ici le chapitre XV très abrégé. En somme, c'est l'un des manuscrits dont les variantes ont le plus d'importance. Pour les derniers mots, il donne la bonne leçon : « Et y mourut grant foison de leurs gens et de leurs chevaux. »
No 8298 4.
Un volume in-folio maximo, vélin, 2 col., petites miniatures ; bonne écriture du XVe siècle. Relié en maroquin rouge, aux armes de Colbert sur les plats ; provenant de la bibliothèque de Colbert.
« Cil qui ceste euvre commence a tous ceulx qui ceste histoire liront salut en nostre Seigneur pour que pluseurs grans se doubtoient de la genealogie des roys de France de quel original lignee il sont descendus emprist ceste euvre a faire par le commandement de cel homme que il ne pot ne ne dut refuser mais pour ce que sa lecture et la simplesce de son engin, etc. »
Le passage de Thibaut est au chapitre XVII, et d'une façon régulière. Gate brule pour Gaces Brulés. Les derniers mots sont : « Et sen alerent aucuns et emmenerent grant foison de biens. »
Transcription assez incorrecte.
No 8299.
Un vol. in-folio maximo, vélin, deux colonnes, première partie du XIVe siècle ; relié en maroquin citron ; provenant de l'ancienne bibliothèque de Michel Letellier, archevêque de Reims.
Rédaction du temps de Philippe de Valois. Elle s'arrête avec la fin du règne de Philippe-le-Long en 1321, mais elle ne donne la rédaction définitive que jusqu'à la mort de Philippe-Auguste. A la fin du règne de Saint-Louis, j'ai cité les variantes les plus importantes de cette leçon dans laquelle on chercheroit vainement le passage relatif aux amours de Thibaut.
Début : « Ci commence le prologue des croniques de tous les roys de France crestiens et sarasins et toz leur fais. — Cils qui ceste œuvre commence. A tous ceulx qui ceste histoire liront : salut en nostre Seigneur.
» Pour ce que pluseurs gens doubtoient de la genealogie des roys de France de quel original et de quel lignee il sont descendu emprist-il ceste œuvre a faire par le commandement de tel homme que il ne pot ne ne dut refuser en nule maniere.
» Mais pour ce que sa letreure et simplesse de son enging ne souffist mie a traitier de œuvre de si haute hystoire, etc. »
Fin du règne de Philippe-le-Long : « Et y fu occis li quens de Herefort. Et li quens de Lancloistre pris et pluseurs autres contes et barons. Li quens de Lancloistre ot copee la teste par jugement et tuit li autre pendu. Si que li roys n'avoit plus guerre fors que aus escos. »
On lit à la fin : « Ce livre fist faire le conte Daulphin frere au conte Camus (?). »
Nos 8299 2, 8299 3.
Deux volumes in-folio, vélin, lignes longues ; commencement du XVe siècle ; provenant de la bibliothèque d'Etienne Baluze.
Rédaction définitive. Plusieurs cahiers de cet exemplaire ont été enlevés, et entre autres tous ceux qui comprenoient les deux derniers livres de la vie de Charlemagne et la première partie de celle de Louis-le-Débonnaire. Le deuxième volume s'arrête au 22e chapitre du livre II du règne de Philippe-Auguste.
Début : « Cil qui ceste œuvre commença, a tous ceulx qui ceste histoire liront salut en nostre Seigneur. Pour ce que pluseurs gens se doubtoient de la genealogie des roys de France, de quel original et de quel lignie il sont descendus. Emprist ceste euvre a faire par le commandement de tel homme que il ne pot ne ne dut refuser. Mais pour ce que sa lettreure et la simplete de son engin ne souffist mie a traitier de euvre si haulte hystoire, etc. »
Fin : « Tant dura lassault le paleteiz et le lanceiz des engins que XV jours apres furent les murs fraiz et craventes et le chastel pris. Mais au prendre ot grant pongneiz et fort la furent pris XXXVI chevaliers sans le nombre des sergens et des arbalestiers a ce siege furent mort quatre chevaliers. »
No 8300 3 3.
Un volume in-folio, vélin, à deux colonnes ; fin du XVe siècle ; relié en maroquin rouge, aux armes de France sur les plats, provenant de l'ancienne bibliothèque de Colbert. Les écus qui entourent la miniature placée au commencement annoncent que le volume a été exécuté pour la librairie du roi de France.
Cette leçon est celle que nous voyons plusieurs fois désignée dans les anciens catalogues sous le nom de Chroniques abrégées. Tout en suivant en général la substance des Chroniques de Saint-Denis, elle en supprime une partie, et quelquefois elle étend le récit ou le modifie. C'est ainsi que pour le douzième siècle et le treizième, elle emprunte beaucoup de circonstances nouvelles au précieux monument historique publié dernièrement par mon frère, Louis Paris, bibliothécaire de la ville de Reims, sous le nom de Chronique de Reims. Il sera donc nécessaire de jeter les yeux sur les Chroniques abrégées quand on voudra comparer tous les témoignages du même fait.
Pour le passage relatif à l'amour de Thibaut, les Chroniques abrégées qui l'ont admis ont même ajouté les lignes de la Chronique de Reims contre lesquelles s'est tant élevé La Ravaillière dans son édition des Chansons du roi de Navarre. Les voici : « Le conte envoya des plus grans hommes de son conseil pour requérir paix et amour. Quant la royne Blanche le sceut, si manda le roy de Navarre qu'il venist parler à elle et elle luy feroit sa paix. Et il y vint sans aucun délai. Et ainsi comme il entra en la salle a Paris, il fu appareillié qui le fery d'un fromage en faisselle, par le conseil au conte d'Artois qui onques ne l'ayma. Et le roy de Navarre s'en ala tous embrouez devant la royne, et lui dist que ainsi avoit esté atornez en son conduit. Quant la royne le vit si lui en pesa et commanda que cils fust pris qui ce avoit fait, etc. »
Je pense que les Chroniques abrégées ont été rédigées avant la fin du règne de Charles V ; on les aura poursuivies à mesure de la continuation de l'ouvrage original.
Début : « Cy commancent les croniques des rois de France. — A tous ceulx qui ces présentes croniques ou histoires liront ou orront. Pourra apparoir la genealogie des roys de France. De quel lignee ils sont descenduz selon les croniques de l'abbaye monseigneur Saint-Denis en France. Si peut chascun savoir que ceste chose est moult honnorable et proufitable pour congnoistre aux roys et aux princes qui ont terres a gouverner, etc. »
Fin : « Et sen alerent aucuns et en emmenerent grant foison de biens. »
No 8301.
Un volume in-folio, vélin, à deux colonnes, jolies miniatures ; milieu du XVe siècle ; relié en maroquin rouge, aux armes de France.
Bel et bon exemplaire de la rédaction définitive. — Gatebrulle, dans le chapitre du comte de Champagne.
Début : « Celui qui ceste euvre commence. A tous ceulx qui ceste histoire liront. Salut en nostre Seigneur. Pour ce que pluseurs grans se doubtoient de la genealogie des roys de France, de quel original et de quelle lignie ilz sont descendus emprist ceste euvre a faire par le commandement de tel homme que il ne pot ne ne dut refuser. Mais pour ce que la lecture et sa simplesce de son engin ne souffist mie a traitier de œuvre de si haulte histoire, etc. »
Fin : « Et y mourut grant foison de leurs gens et de leurs chevaulx et sen alerent aucuns et emmenerent grant foison de. »
No 8303.
Un volume in-folio, vélin, à deux colonnes, très-jolies miniatures, vignettes et initiales ; écriture du milieu du XVe siècle ; relié en veau fauve.
Les écus peints dans les vignettes sont tantôt celui de France, tantôt celui d'une famille que je n'ai pu reconnoître. Il est d'argent à l'hermine, fouine ou belette de sable, accompagnée de trois couronnes de sinople, 2 et 1.
Ce volume contient une seconde leçon des Chroniques abrégées, en tout semblable à celle du n. 8300 3. 3. que nous avons décrite.
No 8303 5.
Un volume in-fol. maximo, vélin, trois colonnes, très-nombreuses miniatures ; XVe siècle ; relié en maroquin rouge, aux armes et au chiffre de J. Auguste de Thou sur les plats. Provenant de l'ancienne bibliothèque de Colbert.
Il est surprenant que l'immortel de Thou, auquel ce volume a appartenu et qui l'a fait magnifiquement relier, ait laissé subsister sur le dos de la reliure le titre erroné de Hist. de la guerre saincte.
Ce bel exemplaire ne contient que la première partie de la rédaction définitive, jusqu'à la mort de Philippe-Auguste. Le reste, jusqu'à celle de Philippe-le-Hardi, est emprunté à Guillaume de Nangis, et à ses continuations. Le chapitre des amours du comte de Champagne ne s'y trouve pas.
Début : « Cyl qui ceste œvre commence a tous ceulx qui ceste ystoire liront salut a noustre Seigneur. Pour ce que pluseurs doubtoient de la geneologie des roys de France de quel original et de quel lignee ils sont descendus emprist-il ceste œuvre a faire par le commandement de tel home que il ne pot ny ne dut refuser. Mais pour ce que sa lectreure et la simplese de son engin ne souffit mie a traitier de œvre de si haulte ystoire. »
Fin : « Pour ceste chose furent mehues pluseurs questions a Paris entre les maistres de theologie savoir mon si le roy povoit donner ne octroier le cuer de son pere sans la dispensacion du souverain evesque. Ci fault listoire du bon roy Phelippe-le-Hardi. »
Nos 8304, 8305.
Deux volumes in-folio, papier, deux colonnes ; fin du XVe siècle ; reliés en maroquin rouge, aux armes du France sur les plats.
Cette leçon est fort mauvaise. Le copiste était un fripon qui s'est contenté de mettre de l'exactitude dans la transcription des têtes de chapitre, se réservant d'en abréger scandaleusement la substance. On voit qu'il avoit sous les yeux un exemplaire de la rédaction définitive et qu'il ne l'a tronquée que pour rendre sa besogne plus facile. Le récit est continué d'après Juvénal des Ursins jusqu'à l'année 1458. En finissant, il a bien voulu nous faire connoitre son nom dans les lignes suivantes : « Ces chroniques ont esté escriptes de la main de Nahei Reituag (Jehan Gautier) pour maistre Jehan Blondeau, praticien, en la court de parlement. Et contiennent deux voulumes, lequel Blondeau les vendra à qui vouldra bailler argent content paix et accord, ainsi que en tel cas appartient. »
Nos 8305 2, 8305 4.
Deux volumes in-folio, vélin, deux colonnes, miniatures, vignettes et initiales ; écriture du commencement du XVe siècle ; reliés en maroquin rouge, aux armes de Colbert sur les plats. Provenant de l'ancienne bibl. de Colbert.
Cet exemplaire offre le texte définitif. Il est d'une bonne écriture et d'une assez rigoureuse correction. Il ne contient pas le dernier chapitre du pillage de la Juiverie.
Début : « Cil qui ceste œuvre commence a toux ceulx qui ceste histoire liront salut en Nostre-Seigneur pour ce que plusieurs gens se doubtoient de la genealogie des roys de France de quel original et de quel lignie ils sont descendus emprist cette œuvre afaire par le commandement de tel homme que il ne le pot ne ne deut reffuser mais pour ce que sa lecture et la simplesce de son engin ne souffist pas atraittier de une si haulte histoire… »
Fin : « Fut advise pour tenir lesdis ducs en unite, et par censequent le royaume de France, qu'il estoit expedient que le roy qui encore ne avoit accompli son .XII. an si feust sacrez et couronnez et receust ses hommages, et feust tout le royaume gouverne par ly et en son nom lequel advis fut raporte aux dis ducs lesquielx le consentirent et orent agreable. »
Le chapitre du comte de Navarre s'y trouve avec le nom de Gratebrule.
No 8305 5 5.
Je n'ai pu consulter pendant le cours de mon travail ce volume dont Sainte-Palaye a recommandé l'exactitude et la bonne transcription. L'illustre M. Daunou s'en servoit alors pour établir la partie du texte des Chroniques de Saint-Denis qui correspond aux règnes de saint Louis et de Philippe-le-Hardi. Cette partie doit être imprimée dans le XXe volume des historiens de France, actuellement sous presse. On sait que les Académiciens chargés de continuer ce grand ouvrage sont MM. Daunou et Naudet.
Nos 8306, 8307, 8308, 8309, 8310.
Cinq volumes in-folio, vélin, à deux colonnes, miniatures, vignettes et initiales ; écrits au milieu du XVe siècle ; reliés en maroquin rouge, aux armes de Béthune sur les plats. Provenant de l'ancienne bibliothèque de Béthune.
Cet exemplaire est d'une belle écriture ; mais la transcription en est peu correcte. Le copiste se soucioit peu de reproduire tous les membres de chaque phrase et de lire ce qu'il copioit.
Début : « Cil qui ceste euvre commence a tous ceuls qui ceste hystoire liront salut en Nostre-Seigneur. Pour ce que plusieurs gens se doubtoient de la genealogie des roys de France de quel original et de quel lignie ils sont descendus emprist ceste euvre a faire par le commandement de tel homme qu'il ne le pot ne ne dut refuser. Mais pour ce que sa lectreure et sa simplesce de son engin ne souffist mi a traictier de euvre si haulte hystoire, etc. »
Fin : « Et y morut grant foison de leurs gens et de leurs chevaux. Et sen alerent aucuns et emmenerent grant foison de. »
Le chapitre des amours de Thibaut s'y trouve avec le nom de Gastebrule.
No 8311.
Sainte-Palaye s'est trompé quand il a vu dans ce manuscrit une leçon des Chroniques de Saint-Denis. C'est un volume dépareillé d'un traité adressé au duc Charles-le-Téméraire, et renfermant des exemples de magnanimité.
FONDS DE SAINT-GERMAIN.
No 87. (Anc. nos 142 et 143.)
Deux volumes in-folio, papier, à deux colonnes ; fin du XVe siècle ; reliés en veau sur bois.
Cet exemplaire est assez peu correct et ne poursuit la transcription définitive que jusqu'à la mort de Philippe-Auguste. Le règne de chacun des autres rois est raconté d'une manière très-sommaire et d'ailleurs entièrement étrangère au texte des Chroniques de Saint-Denis. Ce point d'arrêt, le même que dans le no 8299, justifie la conjecture que nous avons émise plusieurs fois sur les différens rédacteurs de l'ouvrage entier. Sous le règne de Philippe-le-Hardi fut achevée la première partie jusqu'à Philippe-Auguste : la continuation, qui embrassoit les règnes de Louis VIII, saint Louis, Philippe III, Philippe IV, Louis X, Philippe-le-Long, Charles-le-Bel et Philippe de Valois, n'a pas été connue ou du moins reproduite dans les volumes que nous mentionnons.
Début : « Cy commancent les Croniques de France faites et extraictes du propre original. Lequel est en leglise de monseigneur Saint-Denis de France lez Paris. Et premier sensuit le prologue.
» Celluy qui ceste œuvre commence a tous ceulx qui ceste ystoire liront salut a nostre Seigneur. Pource que pluseurs gens debveroient desirer de savoir de la genealogie et de quel original et de quelle lignee sont yssus les roys de France enprint il ceste œuvre a faire par le commandement de tel homme qui ne peut ne ne deust refuser. Mais pour ce que sa lectreure et la simplete de son engin ne suffist pas a traictier donneur de si haulte ystoire, etc. »
Fin de la vie de Philippe-Auguste : « Si establit XX moines prestres en labbaie de Saint-Denis en France par dessus le nombre qui devant y estoit qui sont tenus a chanter pour lame de luy mort fut en l'an de lincarnacion de Notre Seigneur Jhesucrist M. CC. XXIII, de son eage LVIII et de son regne XLIII. »
No 91. (Anc. no 151.)
Sainte-Palaye n'auroit pas dû citer ce volume parmi les textes des Chroniques de Saint-Denis. Le récit ne commence que long-temps après le point où elles se sont arrêtées, c'est-à-dire à la vie de Charles VII. Il est vrai que Sainte-Palaye confond avec nos chroniques le travail de Juvenal des Ursins, celui de Jean Chartier et même celui de l'auteur de la Chronique Scandaleuse. Mais Sainte-Palaye s'est trompé.
No 963. (Anc. no 1462.)
Le même savant a recommandé vivement la correction et la beauté de cette leçon. Je n'ai pu la consulter, M. Daunou l'ayant entre les mains dans l'intention de s'en servir pour établir le texte de la vie de saint Louis et de celle de Philippe-le-Hardi.
No 965. (Anc. no 1464.)
Un volume in-4o, papier entremêlé de vélin ; commencement du XVe siècle ; relié en basane blanche sur bois.
Cet exemplaire, qui avoit appartenu à Pierre Pithou, présente un fort bon texte. Il est malheureusement très-incomplet, puisque le volume commence avec les derniers mots du douzième chapitre du 2e livre de Philippe-Auguste.
Début :
« cuer et les occistrent en fuiant.
» Le XIII, comment le roy chaca le roy Richart qui avoit assis arches et comment il vint a lui et lui fist hommaige de la duchie de Normendie.
» En lan de lincarnacion mil C. IIIIXXV ou mois de juillet rompi le roy Richart les trieves que il avoit au roy Phelippe. Si fut lors la guerre recommencee de nouvel. »
Fin : « Et y morut grant foison de leurs gens et de leurs chevaux, et sen alerent aucuns et emmenerent grant foison de prisonniers. »
AUTRES MANUSCRITS CONSULTÉS POUR LE TEXTE DE CETTE ÉDITION.
No 6746 A.
Un volume in-fol. maximo, vélin, à deux colonnes, miniatures et initiales ; commencement du XVe siècle ; relié en maroquin rouge, aux armes de France sur les plats.
J'ai décrit amplement ce volume dans le tome 1er des Manuscrits François de la Bibliothèque du Roi. Je dois me contenter ici de dire que la transcription est digne pour son exactitude de la beauté de l'exécution. Le texte ne donne pas le dernier chapitre du pillage des Juifs. Au chapitre du comte de Champagne, il porte la leçon de Gatelbrule. Plusieurs feuillets ont été enlevés, entre autres celui qui contenoit la fin du règne de Philippe de Valois.
Début : « Cil qui ceste œuvre commence a tous ceulx qui ceste histoire liront salut en nostre Seigneur pour ce que pluseurs grans se doubtoient de la genealogie des roys de France de quel original et de quelle lignee ilz sont descendus emprist ceste euvre a faire par le commandement de cel homme que il ne pot ne ne dut reffuser. Mais pource que sa lecture et la simplesce de son engin ne souffist mie a traittier de si haulte histoire… »
Fin : « Si feust sacrez et couronnez et receut ses hommages et feust tout le royaume gouvernez par lui et en son nom lequel advis fu rapporte aux diz ducs lesquelz le consentirent et orent agreable. »
No 8300.
Un volume in-folio, vélin, deux colonnes, petites miniatures en façon de camayeu ; XVe siècle ; relié en maroquin rouge, aux armes de France sur les plats.
Bonne leçon du texte définitif. Les amours de Thibaut s'y trouvent correctement, avec le nom de Gatesbrulés.
Début : « Cil qui ceste œuvre commence a tous ceulx qui cette hystoire liront salut en nostre Seigneur pour ce que pluseurs gens se doubtoient de la genealogie des roys de France de quel original et de quelle lignie ilz sont descendus emprinst ceste œvre a faire par le commandement de tel homme que il ne pot ne ne deubt refuser. Mais pour ce que sa lecture et sa simplece de son engin ne souffist mie de traitier de œuvre de si haulte hystoire, etc. »
Fin : « Et sen alerent aucuns et emmenerent grant foison de leurs biens. »
No 8302.
Un volume in-folio magno, vélin, à deux colonnes, miniatures, vignettes et initiales ; fin du XIVe siècle ; relié en maroquin citron, aux armes de France sur les plats.
Exemplaire dont j'ai fréquemment cité les variantes sous la désignation de Manuscrit du duc de Berry. En effet, il porte à la fin la signature de Jean, duc de Berry, prince qui devra sa renommée à la passion qu'il montra toute sa vie pour les beaux livres et pour les objets d'art de tous les genres. Ce volume étoit digne de figurer parmi les meilleurs de la librairie du frère de Charles V, soit pour la perfection de la calligraphie, soit pour l'intelligente exactitude de la transcription. Après le manuscrit de Charles V, no 8395, c'est, à mon avis, le meilleur guide que l'on pourroit suivre.
Début : « Ce sont les Croniques de France selon ce quelles sont composees en leglise Saint-Denis en France.
« Cilz qui ceste œuvre commence a tous ceulx qui ceste histoire liront salut en nostre Seigneur. Pour ce que pluseurs gens doubtoient de la genealogie des rois de France de quel original et de quel lignie ilz sont descendus emprist il ceste œuvre a faire par le commandement de tel homme que il ne pot ne ne dubt refuser. Mais pour ce que sa lettreure et la simplesce de son engin ne souffist pas a traitier de œuvre de si haulte histoire, etc. »
Au chapitre des amours du comte de Champagne, il porte la leçon commune Gatebrule.
Fin : « Et y morut grant foison de leur gens et de leurs chevaulx. Et sen alerent aucuns et en menerent grant foison de biens. »
Anc. fonds, no 8395.
Un volume in-folio parvo, vélin, à deux colonnes, miniatures, vignettes et initiales ; fin du XIVe siècle ; relié, sous le règne de Louis XIV, en maroquin rouge, aux armes de France sur les plats, aux fleurs-de-lys sans nombre sur le dos et sur les marges.
Cet exemplaire, sans aucune espèce de contredit, offre de toutes les leçons la plus belle, la plus complète, la plus rigoureusement correcte. Exécuté pour la plus grande partie sous les yeux de Charles V, par son plus habile calligraphe, Jean du Trévoux, et destiné à faire autorité dans toutes les circonstances, augmenté d'un assez grand nombre de pièces officielles et de quelques notes marginales dans lesquelles on peut reconnoître l'écriture du sage roi lui-même, il est malaisé de comprendre comment il a jusqu'à présent échappé à l'attention d'ailleurs si scrupuleuse de tous les illustres critiques qui se sont occupés de l'ancienne langue françoise, de l'ancienne histoire de France et en particulier du monument capital de cette Histoire, les Chroniques de Saint-Denis. Dans la Bibliothèque du roi où sans doute on le conserve depuis le règne de Charles VI, il semble avoir toujours occupé l'une des places les plus apparentes ; le relieur du XVIIe siècle a écrit en beaux caractères sur le dos : Chroniques de Saint-Denis jusque à Charles V : mais tout cela n'avoit pu jusqu'à présent le garantir de l'oubli le plus complet.
C'est principalement sur cette précieuse leçon que j'ai établi le texte de mon édition : c'est elle que j'ai d'abord fait exactement transcrire et dans laquelle je n'ai guères changé que les mots obscurs ou vieillis que d'autres leçons me présentoient plus intelligibles ou plus corrects. J'ai fréquemment cité dans mes notes ses variantes les plus heureuses, sans négliger de tenir compte des différences plausibles que je remarquois dans les autres leçons. Et maintenant, si l'on prend de ces éloges une occasion de me blâmer de n'avoir pas rigoureusement suivi la lettre du Msc. 8395, à l'exclusion de tous les autres, je répondrai que nul manuscrit, tel excellent qu'il soit, n'est exempt de lacunes, de légères bévues, d'erreurs palpables. Quand on a le malheur de n'avoir qu'une leçon d'un texte ancien, il faut bien le livrer à l'impression avec toutes les fautes de cette leçon, sauf à tenter dans les notes des corrections plus ou moins vraisemblables ; mais en présence de quarante leçons des Chroniques de Saint-Denis, à la suite de trois éditions gothiques, devois-je préférer le travail le plus facile, c'est-à-dire la reproduction rigoureuse d'un seul texte? Je ne le crois pas : j'ai cru mieux faire en établissant ma leçon sur la base constante d'une ancienne transcription, mais en préférant toujours le sens qui me paroissoit le mieux autorisé.
Le manuscrit 8395 comprend 493 feuillets écrits, et de plus un grand nombre de feuillets rayés laissés en blanc, sur lesquels on n'auroit pas manqué de transcrire l'histoire du règne de Charles VI, si cette histoire eût pu continuer les Chroniques de Saint-Denis. Mais le second copiste (car le volume révèle deux calligraphes) n'a pas même inséré la fin du règne de Charles V, soit qu'elle ne fût pas encore rédigée, soit plutôt parce que le temps d'achever sa copie lui aura manqué. Il s'est arrêté vers la fin du centième chapitre.
Autrefois, le volume dut en former deux : le premier comprenant toutes les chroniques jusqu'à la mort de Louis VIII ; le second s'arrêtant au point du règne de Charles V que nous venons d'indiquer. Ce qui prouve cette division primitive, c'est d'abord deux feuilles de garde placées immédiatement avant le règne de saint Louis, puis la grande miniature qui précède également le premier prologue et les premières lignes du règne de saint Louis. Un mot sur ces deux ornemens capitaux : le premier représente le sacre d'un jeune prince, suivant toutes les probabilités Charles VI. Il a été joint à notre volume quand il s'est agi de le relier, car le demi-feuillet qui le représente est collé comme carton, au premier feuillet suivant ; ajoutons que le style remarquable de cette miniature diffère beaucoup de celui de toutes les autres.
Le frontispice du second tome contraste moins, il faut l'avouer, avec le style des miniatures suivantes ; mais le point d'écriture de la table commencée sur le verso de ce frontispice, accuse évidemment sinon une autre main du moins une transcription postérieure. C'est donc également un carton, et c'est, pour l'écriture, le premier que j'aie remarqué dans le volume.
Le deuxième carton, quant à l'écriture, comprend les feuillets 290, 291 et 292. Charles V le fit faire pour substituer au texte des leçons précédentes « La teneur de la charte de renonciation au duché de Normendie faite par le roi d'Angleterre. » Dans la miniature placée en tête de cette charte, on voit le roi d'Angleterre fléchissant le genou devant saint Louis, et je ne puis m'empêcher de croire que Charles V tenoit beaucoup au sujet de cette miniature.
Le troisième carton est au fo 353 ; il a été fait pour substituer au récit des leçons ordinaires une autre exposé plus incontestable des droits de Philippe de Valois. J'ai donné dans les additions au règne de ce prince la variante de ces précédentes leçons, et l'on y verra la cause de l'importance que Charles V attachoit ici à un changement de rédaction.
J'ai parlé du quatrième carton, comprenant les fos 357 et 358, dans la première note du septième chapitre de Philippe de Valois. J'ajouterai à ce que j'en ai dit qu'il offre deux miniatures, toutes deux représentant le roi d'Angleterre à genoux devant le roi de France debout.
Avec le fo 385, s'arrête la première transcription qui est certainement de Henry du Trévoux : les comparaisons que j'ai pu faire d'autres manuscrits signés par cet habile calligraphe ne permettent pas d'en douter. Il se pourroit que les folios suivans eussent encore été remplis par lui, mais alors il auroit fait ce travail quelques années plus tard et quand sa main avoit perdu quelque chose de sa fermeté, de son élégance. Au folio 388 finit la vie de Philippe de Valois avec le mot Amen ; mot remarquable qui peut servir à prouver que les Chroniques de Saint-Denis s'arrêtèrent long-temps avec le règne de ce prince. Une seconde induction peut être fournie par le changement d'écriture, à compter du folio 386 de notre manuscrit. Si les trois feuillets suivans ne sont plus de la main ancienne d'Henry de Trévoux, on peut croire que celui-ci avoit mis à la fin de cette vie de Philippe de Valois quelques rubriques qui ne convenoient plus à la continuation ; en conséquence on aura remplacé le cahier de huit feuillets qui contenoit la fin de sa transcription, par un nouveau cahier que l'on termina par la table et les premiers chapitres du règne du roi Jean. Et si l'on en veut une preuve avérée, c'est une lacune qui se trouve dans la dernière colonne du dernier feuillet de ce cahier (fo 393), lacune qui annonce que le nouveau scribe n'a pu retomber juste, comme dans la transcription précédente, avec le texte du cahier suivant. Ainsi, de cette nouvelle écriture avant la fin du règne de Philippe de Valois, on ne conclura pas que cette fin est l'œuvre d'une rédaction moins ancienne ; cette nouvelle rédaction commencera toujours avec le roi Jean.
C'est dans les dissertations sur les Chroniques de Saint-Denis, qu'il conviendra de faire la part qui revient à chacun des rédacteurs. Il doit suffire ici de remarquer que la table placée en tête du règne de Jean se poursuit jusqu'à l'indication du 44e chapitre du règne de Charles V. La matière de cette table appartient donc à un seul et même écrivain ; puis, à compter de là, tout donne à croire que les chapitres furent rédigés à mesure des événemens.
Il me reste à dire un mot de la bande tricolore qui entoure chacune des nombreuses miniatures de ce volume. Elle a déjà donné grande matière à conjectures ; j'ai moi-même exprimé dans l'Histoire des Manuscrits François la surprise que j'éprouvois en la voyant dans un si grand nombre de volumes exécutés pour Charles V. Je pense aujourd'hui que c'est uniquement l'effet arbitraire du goût d'un enlumineur curieux de mieux faire ressortir l'éclat de ses couleurs. J'appuie cette opinion sur l'examen d'un grand nombre de manuscrits dans lesquels on reconnoît l'écu du chancelier Pierre d'Orgemont. Or, cet écu, certainement dessiné et colorié par l'enlumineur de Charles V, est toujours entouré de la même auréole tricolore : ce que l'artiste auroit évité, si l'on avoit attaché quelque sens à ce cadre. Du reste, on ne peut nier que cet artifice ne donne plus d'éclat aux sujets enluminés.
No 8396.
Un volume in-folio mediocri, vélin, à deux colonnes, miniatures ; XIVe siècle ; relié en veau fauve.
Bonne leçon de la première partie des chroniques, s'arrêtant à la mort de Philippe-Auguste.
Début : « Cil qui ceste euvre commence. A tous ceulx qui ceste histoire liront salut en Nostre-Seigneur Jhesu-Crist. Pour ce que pluseurs gens doubtoient de la genealogie des roys de France de quel original et de quelle lignie ils sont descendus emprist il ceste euvre a faire pour le commandement de tel homme que il ne pot ne ne dot reffuser. Mais pour ce que sa lettreure et la simplece de son engin ne souffist pas a traittier d'euvre de si haulte histoire, etc. »
Fin : « Mort fu en lan de lincarnacion nostre Seigneur M. CC. XXIII de son aage LVIII, et de son regne XLIII. »
Nos 9615 2, 9615 3, 9615 4.
Trois volumes in-4o, papier, à lignes longues ; fin du XVe siècle ; reliés en veau fauve, et provenant de l'ancienne bibliothèque du président du Mesmes.
Exemplaire complet et d'une transcription fort incorrecte. Le premier volume s'arrête avec Louis-le-Débonnaire ; le second à Philippe-le-Bel, et le dernier avec le texte que nous avons suivi. Le chapitre des amours du comte Thibaud porte au lieu de Gaces Brulé le nom ridicule de Jobelibride.
Début : « Le proesme de lauteur qui translate les Croniques de France de latin en françois.
» Celui qui ceste œuvre commence a tous ceulx qui ceste histoire liront salut a nostre Seigneur. Pour ce que pluseurs grans se doubtoient de la genealogie des roys de France, de quel originel et de quelle lignie ilz sont descendus, emprist ceste œuvre a faire par le commandement de tel homme que il ne pot ne ne dot refuser ; mais pource que sa lecture et sa simplesce de son engin ne souffist mie a traictier de œuvre de si haulte histoire. »
Fin : « Et y mourut grant foison de leurs gens et de leurs chevaulx, et sen alerent aucuns et emmenerent grant foison de prinsonniers. »
No 9615 5.
Un volume in-4o, papier, lignes longues ; fin du XVe siècle ; demi-reliure, au chiffre de Louis-Philippe sur le dos ; provenant de l'ancienne bibliothèque de Baluze.
Premier volume d'un exemplaire incomplet. Le récit est poursuivi jusqu'à la fin du règne de Loys-le-jeune.
Début : « Cy commance le prologue des Croniques de France. Cil qui ceste œuvre commance. A tous ceulx qui ceste histoire lyront salut en nostre Seigneur. Pour ce que plusieurs grans se doubtoient de la genealogie des roys de France, de quel original et de quelle lignée ilz sont descendus, emprist ceste œuvre a faire par le commandement de celuy homme que il ne put ne ne dut refuser. Mais pour ce que sa lecture et la simplesce de son engin ne souffist mie a traictier œuvre de si haulte histoire, etc. »
Fin : « De cestui Phelipe désormais parlera lystoire. Et si nentrelaissera pas lystoire a parler du pere jusques a ce point quil trespassa de ce siecle. Car puis que lenfant Phelipe fu ne regna il longuement… »
Nos 9615 7 7, 9615 8 8.
Deux volumes in-4o, papier vélin ; XVe siècle ; relié en basane blanche ; provenant de la bibliothèque de Colbert.
Cet exemplaire d'une bonne transcription est incomplet. Il faudroit un troisième volume, le deuxième ne poursuivant le récit que jusqu'au quatorzième chapitre de la vie de Charles-le-Bel. Il porte au chapitre du comte de Navarre le nom : Gastebrule.
Début : (Le prologue manque.) « Le premier chappitre parle comment les François sont descendus de Troie la grant.
» Quatre cens et quatre ans avant que Romme fust fondee regna Priant en Troie la grant. Il envoya Paris laisne de ses filz en Grece pour ravir la royne Helaine la femme au roy Menelaux, pour soy vengier dune honte que les Greux lui avoient faitte. Les Grigois etc. »
Fin : « Mais nostre sire qui mue les cuers des hommes si comme il veult et en qui puissance sont non pas seulement les roys mais les royaumes et toutes choses… »
No 9625 2.
Un volume in-4o, papier, à lignes longues ; fin du XVe siècle ; relié en veau racine ; provenant de l'ancienne bibliothèque de Baluze.
Ce manuscrit est l'avant-dernier volume d'un exemplaire dépareillé. Il commence au milieu de la vie de saint Louis et s'arrête après la mort du roi Jean. Il est transcrit avec beaucoup de négligence.
Début : (Voy. chap. LXXIII de Saint Loys dans notre édition.) « Coment le roy amanda lestat de son royaume. Apres ce que le roy fut retournes en France il se contint devotement envers nostre sire et fut droicturier a ses subgies. Si regarda que cestoit bonne chose damender lestat de son royaume, etc. »
Fin : (Voyez dans notre édition la fin du roi Jean.) « Mais le roy de France avoit en sa main pour ce que le roy de Navarre sestoit rendu son ennemi. Et par ce le dit messire Bertran laissa ledit captal au roy de France lequel le fist mener en prison ou marchie de Meaulx. »
No 9628.
Un volume in-4o, papier, à lignes longues ; XVe siècle ; demi-reliure.
Premier volume d'un exemplaire dépareillé. Il finit avec l'histoire de Charlemagne. Transcription très-incorrecte.
Début : « Celluy qui ceste œuvre commence. A tous ceulx qui ceste ystoire lyront. Salut en nostre Seigneur. Pour ce que pleusieurs gens devroyent desirer de savoir de la genealogie et de quel original et de quelle lignie sont yssus les roys de France en prist il ceste œuvre a faire par le commandement de tel homme quil ne peut ne ne dust reffuser. Mais pour ce que la lecteure et la simplesse de son engin ne souffit pas a tractier donneur de si hault ystoire, etc. »
Fin : « Et ceulx qui des paiens le garderont et deffendront desserviront la joye de paradis par les merites monseigneur saint-Jacque. A laquelle nous doint tous parvenir par la priere monseigneur saint Jaque. Le roy de paradis qui vit et regne en Trinité parfaite. Par tous les siècles des siècles. Amen. »
Cet exemplaire a été transcrit en 1460 par Pierre de Taise, qui a mis à la fin sa signature.
No 9629.
Un volume in-4o, papier, à lignes longues ; XVe siècle ; relié en maroquin rouge, aux armes de France sur les plats.
Volume dépareillé et dépourvu de toute autorité, en raison de la date récente de la transcription. Il commence au règne de Charlemagne et se termine avec celui de Henri I.
No 9630.
Un volume in-4o, papier, lignes longues ; XVe siècle ; couvert en parchemin.
Ce manuscrit renferme une chronique toute différente de celle de Saint-Denis. Il auroit même une grande importance si la bibliothèque du roy ne possédoit pas du même récit deux autres manuscrits plus anciens, savoir le no 98. 22, Supplément françois, et 530 du même fonds que j'ai souvent eu l'occasion de citer, pour les règnes de Jean et de Charles V. Mais le no 9630 est particulièrement recommandable pour le récit du voyage de l'empereur Charles IV en France. Il en donne tous les détails moins correctement, il est vrai, mais aussi longuement que le beau manuscrit 8395. A la suite est également la déposition de Jacques de Rue, mais fort écourtée. Le volume se termine par un morceau étranger à nos chroniques : « l'Avis baillié par l'Université de Paris au roy sur le débat des papes. »
No 9649, 9650, 9651, 9652, 9653.
Cinq volumes in-4o, papier, à lignes longues ; fin du XVe siècle ; reliés en maroquin rouge, aux armes de Béthune sur les plats.
Cet exemplaire ne contient que la seconde partie des Chroniques de Saint-Denis, à partir du règne de Saint-Louis. C'est la rédaction définitive : mais comme le relieur de la bibliothèque de Philippe de Béthune, au lieu de tracer sur le dos le titre général de Chroniques de Saint-Denis, s'est contenté, pour chaque volume, d'un titre spécial ; au premier : Les fais du bon roy Saint-Louys ; au second : Les Chroniques de Philippe-le-Bel ; au troisième : Histoire des roys Philippe-le-Bel, Charles-le-Bel et Philippe de Valois ; au quatrième : Les fais du roy Jean et du roy Philippe de Valois ; au cinquième enfin : Les Chroniques des roys Charles V et de Madame ; il en est résulté chez le père Daniel, Villaret, M. de Sismondi et quelques autres, une erreur qui fait peu d'honneur à la critique de ces arrangeurs d'histoire. Ils ont cru que chacun des quatre derniers volumes contenoit une relation des successeurs de saint Louis, différente de celle des Chroniques de Saint-Denis ; et très-fréquemment il leur est arrivé de citer en marge ou en notes comme deux autorités parfaitement distinctes les Chroniques de Saint-Denis imprimées, et la vie manuscrite de Philippe de Valois, manuscrit 9651 : — Les Chroniques de Saint-Denis imprimées et l'histoire inédite du roi Jean conservée dans le manuscrit 9652, etc. La vérité, c'est que ces volumes n'offrent que le texte consacré des Chroniques de Saint-Denis. Seulement la transcription en est fort inexacte.
Début : « Cy commencent les fais et la vie du bon roy saint Loys. — Nous devons avoir en mémoire les fais et les contenances de nos devanciers et nous devons remirer ces anciennes escriptures qui parlent des preudes hommes et de leurs vies. Si comme fut monseigneur saint Loys qui se contint si honnestement en son royaume, etc.
Fin : « Et y morut grant foison de leurs gens et de leurs chevaulx. Et s'en alerent aucuns et emmenerent grant foison de biens. »
Cette fin est au fol. 77. Les dix-sept derniers feuillets qui suivent contiennent : « Ung petit traittié ou quel est contenue et recitée l'occasion ou couleur par laquelle feu le roy Edouart dAngleterre se disoit avoir droit a la couronne de France. »
FONDS DE NOTRE-DAME.
No 134.
Un volume in-folio parvo, vélin, à deux colonnes ; XVe siècle ; relié en veau fauve.
Premier volume d'un exemplaire dépareillé et assez négligemment transcrit. Le récit se poursuit jusqu'à la mort de Philippe de Valois. Au chapitre du comte de Champagne, on lit Gastebrulles.
Début : Ce sont les grans Croniques de France.
« Cil qui ceste œvre commence a tous ceulx qui ceste hystoire liront salut en nostre Seigneur. Pour ce que pluseurs gens doubtoient de la genealogie des roys de France de quel original et de quelle lignie il sont descenduz emprist-il ceste œvre a faire par le commandement de tel home que il nen pout ne ne dut refuser. Mez pource que sa lettreure et sa simplece de son engin ne soufist pas a tretier de œvre de si haute hystoyre… »
Fin : « Si puet on veoir par fait comment le bon roy Phelipe fu vray catholique et non pas seulement pour lez .II. causez dessous escriptes mais pour pluseurs autres pourcoy nostre Seigneur voult quil eust painne et tribulacion en ce monde afin quil peust avec luy regner perdurablement apres sa mort. »
FONDS DE SORBONNE.
No 423.
Un volume in-folio mediocri, papier, à deux colonnes ; fin du XVe siècle ; relié en maroquin rouge, aux armes du cardinal de Richelieu sur les plats.
C'est le premier volume d'un exemplaire dépareillé. Il ne conduit le récit que jusqu'au milieu du quinzième chapitre de la vie de Loys-le-Gros.
Début : « Cils qui ceste œuvre commenca a touls cheulx quy ceste histore liront salut en nostre Seigneur pour che que pluiseurs gens se doubtoient de la genealogie des rois de Franche de quel original et de quelle lignie il sont descendus emprist ceste œuvre a faire par le commandement de tel homme que il ne peust ou deubst refuser. Mais pour che que la lecture et la simplaiche de son enghin ne souffist mie a traitier œuvre de si hault histore. »
Fin : « Et lautre menu peuple qui alloiens aux appostres en pelerinage et les fesoit aller a son pie et encliner aussi comme sil feust droit apostre. Et quant y aloient ains pris… »
Nos 425 et 426.
Deux volumes in-folio maximo, vélin, à deux colonnes, miniatures, vignettes et initiales ; commencement du XVe siècle ; reliés en veau fauve.
Très-bel exemplaire de la rédaction définitive. Le chapitre du comte de Champagne porte le nom : Gatebrule.
Début : « Cy commencent les grans croniques et les fais de tous les roys qui ont regne en France. Cy commence la genealogie des deux qui regnerent avant quil y eust oncques roy en France et puis apres des roys ensuivent qui apres eux ont regne.
» Cil qui ceste euvre commence, a tous ceulx qui ceste histoire liront salut en nostre Seigneur. Pour ce que plusieurs grans se doubtoient de la genealogie des roys de France quel original et de quel lignie il sont descendus emprist ceste euvre a faire par le commandement de cel homme que il ne pot ne ne dut refuser ; mais pour ce sa lecture et la simplesce de son engin ne souffist mie a traitier de unne si haulte histoire… »
Fin : « Et y morut grant foison de leur gent et de leur chevaux et sen alerent aucuns et emmenerent grant foison de biens. »
No 430.
Un volume in-4o, papier, à deux colonnes ; fin du XVe siècle ; relié en maroquin rouge, aux armes du cardinal de Richelieu sur les plats.
Troisième et dernier volume d'un exemplaire dépareillé. Il commence au règne de Philippe de Valois, et suit la leçon curieuse que j'ai donnée en variante à la fin de ce règne.
Début : « Apres la mort du roy Charles qui bel estoit appelez lequel avoit lessie la royne Jehanne sa femme grosse furent assemblez les barons et les nobles hommes du pais a traitier du gouvernement du royaulme. Car comme la royne feust grosse et on ne savoit quel enfant elle devroit avoir il ny avoit cellui qui osast a lui appliquer le nom de roy bonnement ne usurper… »
Fin. « Et y morut grant foison de leurs gens et de leurs chevaulx, et sen alerent aucuns et emmenerent grant foison de biens. »
No 1005.
Un volume in-fol. parvo, vélin, lig. long. ; fin du XVe siècle ; relié en parchemin vert.
Dernier volume d'un bel exemplaire dépareillé. Il commence à Philippe de Valois, et continue le récit bien au-delà de la mort de Charles V ; d'après Juvenal des Ursins et Jean Chartier.
Début : « Apres la mort du roy Charles qui bel estoit appelle lequel avoit laissie la royne grosse, furent assemblez les barons et les nobles a traictier du gouvernement du royaume. »
Fin (au fol. 182) : « Et y mourut grant foison de leurs gens et de leurs chevaulx et sen allerent aulcuns et emmenerent grant foison de prisonniers. »
FONDS DES GRANDS AUGUSTINS.
No 79.
Un volume in-4o, papier, lignes longues ; commencement du XVe siècle ; couvert en vieille peau blanche.
Premier volume d'un exemplaire dépareillé qui avoit appartenu à Pithou. La transcription en est belle et assez correcte. Le premier feuillet a été arraché, et le récit n'est poursuivi que jusqu'à la fin du douzième chapitre du deuxième livre de Philippe-Auguste.
Début : (Vers la fin du prologue.) « La soustint et garantist comme sa propre partie qui pour introduire en la foy lui fut livree. La seconde raison si peut estre telle que la fontaine de Clergie par qui sainte eglise est soustenue et enluminee flourist a Paris… »
Fin : « Et les villains que le roy avoit exauciez qui pas ne savoient lus darmes ne navoient pas hardement de combattre tournerent en fuitte leurs ennemis qui les virent fouir prinstrent… »
FONDS DU DUC DE LA VALLIERE.
No 33. (Anc. no 5017.)
Un volume in-folio, vélin, à deux colonnes, miniatures, vignettes et initiales ; fin du XIVe siècle ; relié en maroquin rouge.
Ce manuscrit d'après lequel on a gravé le frontispice de notre édition in-fol. a été parfaitement décrit par M. Van Praet, dans le 3e volume du Catalogue des livres de M. le duc de la Valliere. Il est d'une admirable exécution, mais la pureté de son texte n'est pas comparable à l'élégance des ornemens et à la netteté de la calligraphie. Il a cela de remarquable qu'à la fin de Philippe de Valois, fol. 422 vo, il porte : Ci fénissent les Croniques de France. Nouvelle preuve de ce que j'ai déjà avancé sur le changement de rédaction à compter du règne de son successeur.
Au chapitre du comte de Champagne, il porte la leçon de Gatebrulle.
Début : « Ci commencent les Croniques de France et premierement le prologue.
» Cil qui cest euvre commence a tous ceulx qui ceste hystoire liront salut en nostre Seigneur. Pour ce que pluseurs gens doubtoient de la genealogie des roys de France de quel original et de quelle lignie il sont descendus emprist il celle euvre a faire par le commandement de tel homme que il nen pot ne ne dut refuser. Mais pour ce que sa lectrure et la simplesce de son engin ne souffist pas a traitier de euvre de si haulte hystoire, etc. »
Fin : « Et y mourut grant foyson de leurs gens et de leurs chevaulx. Et sen alerent aucuns et emmenerent grant foison de biens. »
Au dessus du dernier feuillet la rubrique porte : « Du roy Charles VI qui a present regne. Dieu lui doint honneur et bone vie. »
FONDS DU SUPPLÉMENT FRANÇOIS.
No 6.
Un volume in-folio maximo, vélin, à deux colonnes, miniatures, vignettes et initiales ; fin du XVe siècle ; relié en veau marbré, à l'aigle françoise sur les plats.
Exemplaire dont les miniatures doivent être mises au nombre des plus belles que l'on ait jamais exécutées. M. le comte Auguste de Bastard, si excellent juge, y reconnoît la main de Jean Fouquet, peintre de Louis XI. Le mérite des ornemens a porté malheur à la première feuille du manuscrit qui a été enlevée avant l'entrée du volume dans la Bibliothèque du roi. Quant au texte, je ne l'ai pas trouvé plus pur que celui des manuscrits les plus ordinaires. La date peu ancienne de l'exécution m'a d'ailleurs rarement permis de donner la préférence aux variantes que j'y remarquois. Au chapitre du comte de Champagne il porte le nom : Gaste Brule.
Le premier feuillet conservé commence avec les dernières lignes du prologue : « Que longuement y soient maintenus a la louenge et a la gloire de son nom qui vit et regne par tous les siecles des siecles. Amen. » — « Premier. Comment François sont descendus des Troyens de Troye la grante, etc. »
Fin : « Et y mourut grant foison de leurs gens et de leurs chevaulx, et s'en alèrent aucuns et emmenèrent grant foison de biens. »
No 7.
Deux volumes in-folio, vélin, à deux colonnes ; XVe siècle ; reliés en veau marbré, à l'aigle françoise sur les plats.
Exemplaire horriblement mutilé. Tous les ornemens en ont été coupés. D'après une note attachée dans le premier volume, on voit que le célèbre antiquaire d'Agincourt l'avoit présenté au mois d'avril 1774 au prince de Soubise : la révolution françoise en fit la propriété de la nation. Mais si d'Agincourt attachoit à son présent quelque prix, c'étoit sans doute en raison des miniatures qui l'ornoient. Les auroit-il lui-même arrachées avant de se défaire des volumes? On aura grand' peine à le croire ; et certes tel qu'il est aujourd'hui, le présent n'étoit plus digne d'un personnage tel que le prince de Soubise. La mutilation aura donc plutôt eu lieu dans l'intervalle écoulé entre la saisie des objets trouvés à l'hôtel de Soubise et le dépôt de ce volume dans la bibliothèque nationale.
La transcription commence par une table générale de toutes les chroniques. Puis à la suite de cette table :
« Cy commence le prologue de lauteur qui a translate les Croniques de France.
» Cils qui ceste euvre commence. A tous ceulx qui ceste histoire liront salut en nostre Seigneur. Pour ce que pluseurs se doubtoient de la genealogie des Roys de France duquel original et de quelle lignee ilz sont descendus emprist ceste euvre a faire par le commandement de tel homme quil ne povoit ne ne devoit refuser. Mais pour ce que sa lecture et la simplesce de son engin ne souffisoit mie a traictier dune si haulte histoire, etc. »
Fin : « Et y morut grant foison de leur gens et de leur chevaux, et sen alerent aucuns et emmenerent grant foison de biens. »
Le chapitre du comte de Champagne donne la leçon de Gatebrule.
No 218.
Un volume in-4o maximo, vélin, à deux colonnes, miniatures et initiales ; première partie du XIVe siècle ; relié en maroquin rouge.
Cette leçon est, après celle de Sainte-Geneviève, la plus ancienne que je connoisse. Elle poursuit le récit historique jusqu'à l'année 1330, mais il faut distinguer dans la composition générale deux parties : la première s'arrête à la mort de Philippe-Auguste et présente le texte définitif des Chroniques de Saint-Denis ; la seconde n'offre plus que des matériaux historiques empruntés surtout aux continuateurs de Nangis, matériaux employés plus tard avec réflexion par le rédacteur définitif des Chroniques de Saint-Denis, et qu'après lui j'ai pu souvent consulter avec fruit pour compléter ou éclaircir le récit. La solution de continuité que l'on trouve ici après la mort de Philippe-Auguste est d'ailleurs une nouvelle preuve du grand espace de temps écoulé entre la rédaction de ce dernier règne et celui du règne de saint Louis. Il est en effet vraisemblable qu'en l'année 1318, époque de la transcription de presque tout ce volume, la vie de saint Louis n'étoit pas encore rédigée, telle qu'elle a été faite pour les Chroniques de Saint-Denis. Mais comme cette question doit être approfondie dans une dissertation spéciale, il nous suffira de remarquer ici que le no 218 est en général transcrit avec le plus grand soin, et qu'il offre même pour le récit antérieur à Louis VIII un grand nombre de variantes dont j'ai fait mon profit. Les premières lignes du volume sont une longue rubrique que nous allons transcrire :
« Ci commencent les Croniques des roys de France, depuis le temps des premiers roys qui y furent jusques au temps du roy Phelippe qui fu fils Phelippe le Biaux et frere le roy Looys. Lesquelles Pierres Honnorez du Neufchastel en Normendie fist escrire et ordener en la maniere que elles sont selonc l'ordenance des Croniques de Saint-Denis a mestre Thommas de Maubeuge, demorant en rue Nostre-Dame-de-Paris. Lan de grace Nostre Seingneur mil CCC et XVIII. Et contiennent trois generacions. Dont la premiere si est du roy Merove comment que il y eust bien autres roys devant lui. La seconde du roy Pepin. La tierce de Hue Capet. Et pour ce que trop fort chose seroit a trouver briefment les hystoires et les autres choses qui y sont contenues cest livre est ordene selonc les trois generacions par nombre. Et qui voudra lire ci apres il sera enseingnie et avisie de trover par le nombre ce que il demandera qui ou livre sera contenu. »
Suit alors la table jusqu'aux premières années de Phelippe-le-Biau, fol. 127 du Manuscrit. A partir de là, les feuillets ne sont plus nombrés en rouge par le scribe primitif. Cependant comme le point d'écriture ne change pas dans les pages suivantes, il est à croire que le même scribe aura poursuivi la transcription jusqu'au feuillet 148 Ro, c'est-à-dire jusqu'à la fin de l'année 1316. Les derniers mots de l'ancienne écriture répondent dans notre édition au 4e alinéa du huitième et dernier chapitre de Louis Hutin. Les voici :
« Et en y cest an aussi el mois de septembre Robert dArtois fiex Phelippe dArtois qui fu fiex Robert le conte dArtois. Qui morut a Courteray en Flandres. Entra a tout grant et noble chevalerie de chevaliers ensemble alies en la cyte dArras. A li usurpant et prenant aussi comme par violence la conte dArtois ou prejudice de la contesse dArtois fille le dessus dit Robert conte dArtois. »
Le reste, jusqu'au folio 161 et dernier, est d'une écriture postérieure à la rubrique du commencement. Le récit se poursuit ainsi jusqu'à l'année 1329, et le dernier alinéa se rapporte au neuvième chapitre de Phelippe de Valois dans notre édition. Le voici :
« En cel temps et un enffant à Pauponne en leveschie de Paris dentour .VII. ans et dirent pluseurs simples gens que come par miracle il garissoit de diverses maladies et disoit aus malades mangies des pocs en non de sante ou metes. 1. pou feluiel sus vostre mal et par ce faire disoient les simples gens que il garissoient. Dont assez tost levesque de Paris envoia querre icel enffant et son pere et sot par verite que ce nestoit que simplesce et ignorance et que du fait quant a miracles riens ni avoit. Et ainssin renvoia lenffant et deffendi par son eveschie que nuls ja plus nalast en tel esperance de garir. Et ainssi celle folle renommee de cel enffant cessa. »
No 632 19.
Un volume in-4o, papier, à lignes longues ; XVe siècle ; relié en vélin blanc.
Volume dépareillé contenant le texte des Chroniques abrégées. Il commence au règne de Philippe-le-Bel et se termine avec le premier chapitre du règne de Charles VI.
No 1541 A et B.
Deux volumes in-folio, vélin, à deux colonnes et miniatures ; XVe siècle ; reliés en maroquin.
Cet exemplaire de la leçon définitive n'a pas été terminé. La copie s'arrête à la fin du chapitre XXe de Charles V, année 1369. Le scribe a montré beaucoup d'intelligence dans cette transcription dont je me suis fréquemment servi. Elle offre la variante précieuse que j'ai placée dans les Addenda, à la fin de la vie de Philippe de Valois. Le chapitre du comte de Champagne donne le nom : Gastebrulles.
Début : « Cil qui cest euvre commence a tous ceulx qui ceste hystoire liront salut en nostre Seigneur. Pour ce que pluseurs gens se doubtoient de la genealogie des roys de France de quel original et de quelle lignie ilz sont descendus emprist ceste euvre a faire par le commendement de tel homme qui ne le pot ne deut refuser. Mais pour ce que sa lettreure et sa simplesce de son engin ne suffist mie a traitier de euvre si haulte hystoire, etc. »
Fin : « Item, que veues et considerees les choses dessus dictes lesquelles sont venues a la cognoissance du roy de France. Et nouvellement il nous appert que le roy dAngleterre et le prince ne doivent user desdictes souverainetes et ressors. Et que tout ce que fait en ont doit estre rappelle et mis au neant. La VIIe… »
BIBLIOTHÈQUE DE SAINTE-GENEVIÈVE. Msc. coté L. F. 2.
Un volume in-folio parvo, vélin, à deux colonnes, miniatures, vignettes et initiales ; fin du XIIIe siècle ; relié en veau fauve.
Cette précieuse leçon est d'une écriture extrêmement belle. Le récit de nos chroniques est poursuivi jusqu'à la mort de Philippe-Auguste. C'est à ce point là que le volume s'arrêtoit originairement, comme la preuve doit s'en tirer des célèbres vers de présentation transcrits à la suite d'une feuille de garde qui sépare le règne de Philippe II de la vie de saint Louis. Comme je l'ai dit à la fin de la vie de Philippe-Auguste, le volume fut exécuté pour Philippe-le-Hardi, et l'abbé de Saint-Denis chargea de ce grand travail l'un de ses moines. Dans la miniature curieuse placée au-dessus des vers de présentation, le moine agenouillé offre le livre au roi, et l'abbé de Saint-Denis étendant la main gauche sur la tête du moine s'exprime ainsi :
La vie de saint Louis, ajoutée au volume primitif, doit avoir été transcrite vers le milieu du XIVe siècle. Tandis que le surnom de saint donné partout à Louis IX prouve déjà que cette transcription est postérieure à l'année 1298, le caractère des initiales, surtout celui de la première, me décideroit à la rejeter au règne du roi Jean, quand même certaines modifications palpables de l'ancienne orthographe françoise ne justifieroient pas cette conjecture. Ainsi l'on trouve partout le conte au lieu du nominatif du XIIIe siècle et de la première moitié du XIVe li quens. Quoi qu'il en soit, cette vie de saint Louis n'en a pas moins été le modèle exactement suivi par Henry du Trevoux, copiste du manuscrit de Charles V ; et ce volume lui a seul permis, dans le chapitre des amours de Thibaud, d'écrire correctement le nom de Gace Brulé.
Je ne fais donc pas difficulté de le regarder comme le plus ancien manuscrit des Chroniques françoises proprement dites de Saint-Denis. Et qu'il ait été mis entre les mains de Henry du Trevoux, c'est ce qu'il me sera facile de démontrer par les observations suivantes :
1o La reproduction du manuscrit de sainte Geneviève est exacte dans le no 8395, partout où quelque mot tracé légèrement à la marge du volume modèle n'a pas averti Henry du Trévoux de changer quelque chose à la première transcription. Ainsi au folio 158 ro, Primas avoit réuni les deux chapitres 7 et 8 du IVe livre de Charlemagne ; mais le reviseur de son travail a écrit à la marge, au point où devoit finir le 7e chapitre : Cam. VIII. Et Henry du Trévoux de se soumettre à cette indication et de remettre en place la rubrique du VIIIe chapitre. (Voy. fo 125 vo.) Une autre omission analogue est indiquée dans le texte de Primas, au fo 187 vo, et réparée par Henry du Trévoux au fo 148 ro.
Bien plus : au fo 202 ro de Primas, l'index offre treize chapitres ; mais cette distribution est embarrassée, parce que, entre le septième, où s'arrête la vie de Louis-le-Baube, et le huitième, l'incidence de l'histoire des Normands devient l'occasion de quatre rubriques distinctes de ces treize chapitres. En cet endroit le préparateur a donc écrit : « Henry ne faites ci pas de capitres usque ad signum — car ces capitres ne servent ci de rien. » Henry du Trévoux n'a donc en conséquence énoncé avant la vie de Louis-le-Baube que sept chapitres (fo 160 ro).
Au fo 209 ro de Primas, on lit à la marge d'une miniature : « Henry ne laissies ci point dhystoire. » En effet dans le passage correspondant du manuscrit 8395, fo 165 ro, on ne trouve qu'une petite initiale à la place de la miniature ou histoire du modèle.
Tous ceux qui ont feuilleté des manuscrits anciens à miniatures ont pu souvent remarquer, à l'extrémité des marges extérieures, des piqûres d'épingle ou d'aiguille en nombre égal à celui des lignes de l'écriture. Le volume de Primas va nous apprendre l'usage de ces piqûres. A la marge du fol. 211 vo, je lis : « Faut .I. ystoire de .VI. poins. » Et dans le travail de Henry du Trévoux l'endroit correspondant est rempli par une grande initiale carrée de la longueur de six points ou lignes. — Au fol. 219 ro de Primas, on recommande deux vignettes de huit poins ; et dans la copie de Henry, deux vignettes carrées occupent l'espace de huit lignes dans l'endroit indiqué. — Au fol. 156 vo de Primas, je trouve écrit à la marge : Hystr. double XXVI lignes. Au fol. correspondant du numéro 8395, on a mis une histoire ou miniature double tenant la place de vingt-six des lignes de la copie.
Je dois encore remarquer que ce volume présenté à Philippe-le-Hardi étoit encore la propriété de Charles V, comme l'atteste la signature de ce grand roi, tracée à la fin du volume. Ainsi pour exécuter la leçon du no 8395, Henry du Trévoux n'aura pas eu besoin de quitter la librairie royale du Louvre.
FIN.