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Les mystifications de Caillot-Duval: Choix de ses lettres les plus amusantes avec les réponses de ses victimes

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VI
A M. Lefort, rue Saint-Jean-de-Beauvais, à Paris

(Joueur de flûte et de hautbois, Caillot-Duval demande à se perfectionner sous la direction du professeur Lefort, qui ne recule pas devant la perspective d'une leçon d'une heure par jour pendant deux ans; il en paraît quelque peu illuminé).

Nancy, 27 novembre 1785.

Devant bientôt aller faire un petit voyage dans la capitale, mon cher monsieur, j'ai pris des renseignements sur les virtuoses dans les deux instruments que je cultive. On m'a assuré que vous aviez perfectionné la flûte et le hautbois, et que le basson prenoit sous vos doigts toutes les inflexions de la voix humaine: je vous avouerai franchement que je ne connois aucunement ce dernier instrument, et je ne croyois pas que le pincé de l'anche pût s'accorder avec le pincé de l'anche du hautbois, ou avec l'embouchure de la flûte, que vous n'ignorez pas être parfaitement opposée. J'en viens au fait: je compte être à Paris au mois de janvier, et j'y passerai au moins deux ans. Je désirerois que vous me donnassiez une heure dans la journée, depuis neuf heures jusqu'à midi, à votre choix. Je ne suis pas d'une très-grande force, mais je fais bravement ma partie dans un concert de province, et je donne hardiment le sur le hautbois, et le sol sur la flûte. Je ne vous en dirai pas davantage pour cette fois-ci: vous saurez seulement que, n'ayant pas l'avantage de vous connoître, je m'adresse à vous parce que des officiers de la garnison, qui ont pris de vos leçons, m'ont fait votre éloge.

J'attends votre réponse pour savoir quelle est l'heure que vous pouvez me donner. Vous mettriez le comble à mes vœux si votre plume se permettoit quelques petits détails concernant les principes que vous avez adoptés, et votre méthode d'enseigner. Dès l'instant que j'aurai reçu votre lettre, je vous manderai où je dois loger; ce sera, à vue de pays, du côté de la rue du Paon.—J'ai l'honneur d'être, etc.—CAILLOT-DUVAL.


Réponse

Paris, le 29 décembre 1785.

Des objets qui m'occupe et intéresseront l'UNIVERS au-delà de toute attante, ayant forcés le retard de la présente, permettez, mon cher monsieur, qu'en attendant par LOUIS seize ou de DIEU toutes choses! ainsi quelles sont arrêtées dans les décrets de cet etre incréé comme puissantissime et juste dans toutes ses opperations faite par qui et comme il lui plaît; permètez dije quen repondant a l'honneur de la votre! je vous donne avis que j'atens aussi votre arrivez à Paris, pour et d'apres icelui, pouvoir prendre l'heure avec vous, dans ceux que vous me donnez aussi honnêtement qu'utilement! attendu qu'outre mon état et des affaires personnels, je continues de remplir une mission! qui sera favorable non seulement aux corps, mais aux AMES: dès que je seré informez de votre arrivez sachant votre adresse à Paris et quand je pourrez me rendre chez vous; comme le maître choisit et le MAITRE de qui ne l'est pas, faisant le mal à son semblable.

Quant à l'adoption de mes principes ainsi que ma méthode d'enseigner, une seule réflexion pouvoit vous mettre à lieu de voir que c'est en opérant lors des leçons et questions (souvent très-nécessaires à faire), que vous pourrez connoître! si je suis le maître que vous désirez trouver pour cette petite partie de l'agréable! comme je serés de celui de celle du plus grand utile; ce qui me fait conclure qu'il est sage d'en appeler à l'expérience; comme à l'évidence.

Conséquemment et vu cet appel: je n'ai plus rien pour le présent à vous dire, sinon que je vous prie comme étant aussi sensible que, reconnoissant de faire mes remerciements à ces messieurs (officiers de la garnison), qui vous ont parlé de moi, ainsi que vous me le rapportez dans votre lettre! le fesant tel, je le requier, et comme il convient, ce sera obliger celui qui a l'honneur d'être votre, etc.—LEFORT, professeur et maître de musique pour le hautbois, la flûte et le basson.


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