Les Robinsons basques
OÙ LA RACE BASQUE TRIOMPHE DE L'ÉTRANGER
Le mariage eut lieu, béni par le père Bidondoa Ihidoïpé.
Quatorze mois après j'invitai mes cousin et cousine dans la même ferme de Garris où j'avais convié, deux années auparavant, les soi-disant membres des Etats généraux.
Sur le désir que m'en exprima Eliézer, je réinvitai à un large déjeuner les mêmes bons Basques devant lesquels il s'était évanoui. Il avait si bonne mine que je doute qu'ils le reconnurent. Il ne décela aucune faiblesse, se montra gaillard dans la conversation, mangea comme quatre des mets les plus lourds, et dégusta, en regardant sa femme qui l'y poussait, bon nombre d'écrevisses que j'avais fait servir par malignité. Il but des vins les plus forts. A peine si Paul Dupont put tenir devant lui. On eût dit qu'Eva lui avait infusé la vieille sève des Robinsons basques.
Et ce fut une ovation lorsque, au dessert, on nous présenta un enfant qui semblait être le fils de Gargantua et de Gargamelle.
— Regarde-le, me cria Eva qui était allée lui donner à téter, et qui revenait vêtue de la tunique nuptiale qui la rendait plus séduisante encore, mais regarde-le donc! C'est le fils d'Iguskia et d'Ithargia! Et viens, après cela, prétendre que la légende basque n'est point vraie!
Eliézer, qui s'appelait maintenant Philippe, sourit dans sa barbe.