← Retour

Napoléon et Alexandre Ier (1/3): L'alliance russe sous le premier Empire

16px
100%


APPENDICE

I

ACTES
SIGNÉS À TILSIT LE 7 JUILLET 1807 ENTRE LA FRANCE
ET LA RUSSIE.

1° TRAITÉ DE PAIX 654.

Note 654: (retour) D'après le texte conservé aux Archives des affaires étrangères et publié par de Clercq.

S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, Protecteur de la Confédération du Rhin, et S. M. l'Empereur de toutes les Russies, étant animés d'un égal désir de mettre fin aux calamités de la guerre, ont, à cet effet, nommé pour leurs plénipotentiaires, savoir:

S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, Protecteur de la Confédération du Rhin, M. Maurice Talleyrand, prince de Bénévent, son grand chambellan et ministre des Relations extérieures, grand-cordon de la Légion d'honneur, chevalier grand-croix des ordres de l'Aigle-Noir et de l'Aigle-Rouge de Prusse et de Saint-Hubert,

Et S. M. l'Empereur de toutes les Russies, M. le prince Alexandre Kourakine, son conseiller privé actuel, membre du Conseil d'État, sénateur, chancelier de tous les ordres de l'Empire, chambellan actuel, ambassadeur extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. l'Empereur de toutes les Russies près S. M. l'Empereur d'Autriche, et chevalier des ordres de Russie de Saint-André, de Saint-Alexandre, de Sainte-Anne de première classe, et de Saint-Wolodimir de la première classe, de l'Aigle-Noir et de l'Aigle-Rouge de Prusse, de Saint-Hubert de Bavière, du Danebrog et de l'Union parfaite du Danemark, et bailli grand-croix de l'ordre souverain de Saint-Jean de Jérusalem,

Et M. le prince Dmitry Lobanof de Rostof, lieutenant général des armées de S. M. l'Empereur de toutes les Russies, chevalier des ordres de Sainte-Anne de la première classe, de l'ordre militaire de Saint- Georges, et de l'ordre de Wolodimir de la troisième classe;

Lesquels, après avoir échangé leurs pleins pouvoirs respectifs, sont convenus des articles suivants:

Article premier.--Il y aura, à compter du jour de l'échange des ratifications du présent traité, paix et amitié parfaite entre S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, et S. M. l'Empereur de toutes les Russies.

Art. 2.--Toutes les hostilités cesseront immédiatement, de part et d'autre, sur terre et sur mer, dans tous les points où la nouvelle de la signature du présent traité sera officiellement parvenue. Les hautes parties contractantes la feront porter, sans délai, par des courriers extraordinaires, à leurs généraux et commandants respectifs.

Art. 3.--Tous les bâtiments de guerre ou autres appartenant à l'une des parties contractantes ou à leurs sujets respectifs, qui auraient été pris postérieurement à la signature du présent traité, seront restitués, ou, en cas de vente, le prix en sera restitué.

Art. 4.--S. M. l'Empereur Napoléon, par égard pour S. M. l'Empereur de toutes les Russies, et voulant donner une preuve du désir sincère qu'il a d'unir les deux nations par les liens d'une confiance et d'une amitié inaltérables, consent à restituer à S. M. le Roi de Prusse, allié de S. M. l'Empereur de toutes les Russies, tous les pays, villes et territoires conquis et dénommés ci-après, savoir:

La partie du duché de Magdebourg située à la droite de l'Elbe;

La Marche de Prignitz, l'Uker-Marck, la moyenne et la nouvelle Marche de Brandebourg, à l'exception du Cotbuserkreys, ou cercle de Cotbus, dans la basse Lusace, lequel devra appartenir à S. M. le Roi de Saxe; le duché de Poméranie; la haute, la basse et la nouvelle Silésie, avec le comté de Glatz; la partie du district de la Netze située au nord de la chaussée allant de Driessen à Schneidemühl, et d'une ligne allant de Schneidemühl à la Vistule par Waldau, en suivant les limites du cercle de Bromberg, la navigation par la rivière de Netze et le canal de Bromberg, depuis Driessen jusqu'à la Vistule, et réciproquement, devant être libre et franche de tout péage; la Pomérélie, l'île de Nogat, les pays à la droite du Nogat et de la Vistule, à l'ouest de l'ancienne Prusse et au nord du cercle de Culm; l'Ermeland, et enfin le royaume de Prusse, tel qu'il était au 1er janvier 1772, avec les places de Spandau, Stettin, Custrin, Glogau, Breslau, Schweidnitz, Neiss, Brieg, Kosel et Glatz, et généralement toutes les places, citadelles, châteaux et forts des pays ci dessus dénommés, dans l'état où lesdites places, citadelles, châteaux et forts se trouvent maintenant, et, en outre, la ville et la citadelle de Graudentz.

Art. 5.--Les provinces qui, au 1er janvier 1772, faisaient partie de l'ancien royaume de Pologne, et qui ont passé depuis, à diverses époques, sous la domination prussienne, seront, à l'exception des pays qui sont nommés ou désignés au précédent article, et de ceux qui sont spécifiés en l'article 9 ci-après, possédés en toute propriété et souveraineté par S. M. le Roi de Saxe, sous le titre de duché de Varsovie, et régies par des constitutions qui, en assurant les libertés et les privilèges des peuples de ce duché, se concilient avec la tranquillité des États voisins.

Art. 6.--La ville de Dantzick, avec un territoire de deux lieues de rayon autour de son enceinte, sera rétablie dans son indépendance, sous la protection de S. M. le Roi de Prusse et de S. M. le Roi de Saxe, et gouvernée par les lois qui la régissaient à l'époque où elle cessa de se gouverner elle-même.

Art. 7.--Pour les communications entre le royaume de Saxe et le duché de Varsovie, S. M. le Roi de Saxe aura le libre usage d'une route militaire à travers les possessions de S. M. le Roi de Prusse. Ladite route, le nombre des troupes qui pourront y passer à la fois, et les lieux d'étapes, seront déterminés par une convention spéciale faite entre leurs dites Majestés, sous la médiation de la France.

Art. 8.--S. M. le Roi de Prusse, S. M. le Roi de Saxe, ni la ville de Dantzick ne pourront empêcher par aucune prohibition, ni entraver par l'établissement d'un péage, droit ou impôt, de quelque nature qu'ils puissent être, la navigation de la Vistule.

Art. 9.--Afin d'établir, autant qu'il est possible, des limites naturelles entre la Russie et le duché de Varsovie, le territoire circonscrit par la partie des frontières russes actuelles, qui s'étend depuis le Bug jusqu'à l'embouchure de la Lossosna, et par une ligne partant de ladite embouchure et suivant le thalweg de cette rivière, le thalweg de la Bobra jusqu'à son embouchure, le thalweg de la Narew, depuis le point susdit jusqu'à Suratz, de la Liza jusqu'à sa source près le village de Mien, de l'affluent de la Nurzeck prenant sa source près le même village, de la Nurzeck jusqu'à son embouchure au-dessus de Nurr, et enfin le thalweg du Bug, en le remontant jusqu'aux frontières russes actuelles, sera réuni, à perpétuité, à l'Empire de Russie.

Art. 10.--Aucun individu de quelque classe et condition qu'il soit, ayant son domicile ou des propriétés dans le territoire spécifié en l'article précédent, ne pourra, non plus qu'aucun individu domicilié soit dans les provinces de l'ancien royaume de Pologne qui doivent être restituées à S. M. le Roi de Prusse, soit dans le duché de Varsovie, mais ayant en Russie des biens-fonds, rentes, pensions ou revenus, de quelque nature qu'ils soient, être frappé dans sa personne, biens, pensions et revenus de tout genre, dans son rang et ses dignités, ni poursuivi ni recherché en aucune façon quelconque, pour aucune part, ou politique ou militaire, qu'il ait pu prendre aux événements de la guerre présente.

Art. 11.--Tous les engagements et toutes les obligations de S. M. le Roi de Prusse, tant envers les anciens possesseurs, soit de charges publiques, soit de bénéfices ecclésiastiques, militaires ou civils qu'à l'égard des créanciers et des pensionnaires de l'ancien gouvernement de Pologne, restent à la charge de S. M. l'Empereur de toutes les Russies et de S. M. le Roi de Saxe, dans la proportion de ce que chacune de leursdites Majestés acquiert par les articles 5 et 9, et seront acquittés pleinement, sans restriction, exception ni réserve aucune.

Art. 12.--LL. AA. SS. les ducs de Saxe-Cobourg, d'Oldenbourg et de Mecklembourg-Schwerin, seront remis chacun dans la pleine et paisible possession de ses États; mais les ports des duchés d'Oldenbourg et de Mecklembourg continueront d'être occupés par des garnisons françaises, jusqu'à l'échange des ratifications du futur traité de paix définitive entre la France et l'Angleterre.

Art. 13.--S. M. l'Empereur Napoléon accepte la médiation de S. M. l'Empereur de toutes les Russies, à l'effet de négocier et conclure un traité de paix définitive entre la France et l'Angleterre, dans la supposition que cette médiation sera aussi acceptée par l'Angleterre, un mois après l'échange des ratifications du présent traité.

Art. 14.--De son côté, S. M. l'Empereur de toutes les Russies, voulant prouver combien il désire d'établir entre les deux Empires les rapports les plus intimes et les plus durables, reconnaît S. M. le Roi de Naples, Joseph-Napoléon, et S. M. le Roi de Hollande, Louis- Napoléon.

Art. 15.--S. M. l'Empereur de toutes les Russies reconnaît pareillement la Confédération du Rhin, l'étal actuel de possession de chacun des souverains qui la composent et les titres donnés à plusieurs d'entre eux, soit par l'acte de Confédération, soit par les traités d'accession subséquents. Sadite Majesté promet de reconnaître, sur les notifications qui lui seront faites de la part de S. M. l'Empereur Napoléon, les souverains qui deviendront ultérieurement membres de la Confédération, en la qualité qui leur sera donnée par les actes qui les y feront entrer.

Art. 16.--S. M. l'Empereur de toutes les Russies cède, en toute propriété et souveraineté, à S. M. le Roi de Hollande, la seigneurie de Jever, dans l'Ost-Frise.

Art. 17.--Le présent traité de paix et d'amitié est déclaré commun à LL. MM. les Rois de Naples et de Hollande, et aux souverains confédérés du Rhin, alliés de S. M. l'Empereur Napoléon.

Art. 18.--S. M. l'Empereur de toutes les Russies reconnaît aussi S. A. I. le prince Jérôme-Napoléon comme roi de Westphalie.

Art. 19.--Le royaume de Westphalie sera composé des provinces cédées par S. M. le Roi de Prusse à la gauche de l'Elbe et d'autres États actuellement possédés par S. M. l'Empereur Napoléon.

Art. 20.--S. M. l'Empereur de toutes les Russies promet de reconnaître la disposition qui, en conséquence de l'article 19 ci-dessus et des cessions de S. M. le Roi de Prusse, sera faite par S. M. l'Empereur Napoléon (laquelle devra être notifiée à S. M. l'Empereur de toutes les Russies), et l'état de possession en résultant pour les souverains au profit desquels elle aura été faite.

Art. 21.--Toutes les hostilités cesseront immédiatement, sur terre et sur mer, entre les forces de S. M. l'Empereur de toutes les Russies et celles de Sa Hautesse, dans tous les points où la nouvelle de la signature du présent traité sera officiellement parvenue. Les hautes parties contractantes la feront porter, sans délai, par des courriers extraordinaires, pour qu'elle parvienne le plus promptement possible aux généraux et commandants respectifs.

Art. 22.--Les troupes russes se retireront des provinces de Valachie et de Moldavie, mais lesdites provinces ne pourront être occupées par les troupes de Sa Hautesse jusqu'à l'échange des ratifications du futur traité de paix définitive entre la Russie et la Porte Ottomane.

Art. 23.--S. M. l'Empereur de toutes les Russies accepte la médiation de S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, à l'effet de négocier et conclure une paix avantageuse et honorable aux deux Empires. Les plénipotentiaires respectifs se rendront dans le lieu dont les parties intéressées conviendront, pour y ouvrir et suivre les négociations.

Art. 24.--Les délais dans lesquels les H. P. C. devront retirer leurs troupes des lieux qu'elles doivent quitter, en conséquence des stipulations ci-dessus, ainsi que le mode d'exécution des diverses clauses que contient le présent traité, seront fixés par une convention spéciale.

Art. 25.--S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, et S. M. l'Empereur de toutes les Russies se garantissent mutuellement l'intégrité de leurs possessions et de celles des puissances comprises au présent traité de paix, telles qu'elles sont maintenant ou seront, en conséquence des stipulations ci-dessus.

Art. 26.--Les prisonniers de guerre faits par les parties contractantes ou comprises au présent traité de paix, seront rendus réciproquement sans échange et en masse.

Art. 27.--Les relations de commerce entre l'Empire français, le royaume d'Italie, les royaumes de Naples et de Hollande et les États confédérés du Rhin, d'une part, et, d'autre part, l'Empire de Russie, seront rétablies sur le même pied qu'avant la guerre.

Art. 28.--Le cérémonial des deux cours des Tuileries et de Saint-Pétersbourg entre elles et à l'égard des ambassadeurs, ministres et envoyés qu'elles accréditeront l'une près de l'autre, sera établi sur le principe d'une réciprocité et d'une égalité parfaites.

Art. 20.--Le présent traité sera ratifié par S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, et par S. M. l'Empereur de toutes les Russies. L'échange des ratifications aura lieu dans cette ville dans le délai de quatre jours.

Fait à Tilsit, le 7 juillet (25 juin) 1807.

Ch.-M. Talleyrand
Prince de Bénévent.

Le prince Alexandre Kourakine.

Le prince Dmitry Lobanof de Rostof.

2° ARTICLES SÉPARÉS ET SECRETS 655.

Note 655: (retour) D'après le texte conservé aux archives des affaires étrangères. Ces articles n'ont pas encore été publiés intégralement.

1. Les troupes russes remettront aux troupes françaises le pays connu sous le nom de Cattaro.

2. Les Sept-Îles seront possédées en toute propriété et souveraineté par S. M. l'Empereur Napoléon.

3. Consent S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, à ne point inquiéter ni rechercher directement ou indirectement aucun sujet de la Sublime Porte et spécialement les Monténégrins pour aucune part qu'ils aient prise ou pu prendre aux hostilités contre les troupes françaises, pourvu que désormais ils vivent paisiblement.

4. S. M. l'Empereur de toutes les Russies s'engage à reconnaître S. M. le Roi de Naples Joseph-Napoléon comme Roi de Sicile aussitôt que le Roi Ferdinand IV aura une indemnité telle que les îles Baléares ou l'île de Candie ou toute autre de même valeur.

5. Si, lors de la paix future avec l'Angleterre, le Hanovre vient à être réuni au royaume de Westphalie, un territoire formé de pays cédés par S. M. le Roi de Prusse à la rive gauche de l'Elbe et ayant une population de trois à quatre cent mille âmes, cessera de faire partie de ce royaume et sera rétrocédé à la Prusse.

6. Les chefs des maisons de Hesse-Cassel, de Brunswick-Wolfenbuttel et de Nassau-Orange jouiront d'un traitement annuel et viager dont jouiront également les princesses leurs épouses, si elles leur survivent.

Le traitement du chef de la maison de Hesse-Cassel sera de deux cent mille florins d'Hollande. Le traitement du chef de la maison de Brunswick-Wolfenbuttel sera de cent mille florins d'Hollande. Ces traitements seront acquittés par S. M. le Roi de Westphalie.

Le traitement du chef de la maison de Nassau-Orange sera de soixante mille florins d'Hollande et acquitté par S. A. I. le grand-duc de Berg.

7. Les articles ci-dessus séparés et secrets auront la même force et valeur que s'ils avaient été textuellement insérés dans le traité patent de ce jour et ils seront ratifiés en même temps.

Fait et signé à Tilsit, le 25 juin-7 juillet 1807.

Ch. Maurice Talleyrand
Prince de Bénévent

Le prince Alexandre Kourakine

Le prince Dmitry Lobanof de Rostof

3° TRAITÉ D'ALLIANCE 656.

Note 656: (retour) D'après la minute des affaires étrangères, publiée par M. Fournier, et l'original conservé aux archives de Saint-Pétersbourg, publié par M. de Tatistcheff.

S. M. l'Empereur de toutes les Russies et S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, protecteur de la Confédération du Rhin, ayant spécialement à coeur de rétablir la paix générale en Europe sur des bases solides et, s'il se peut, inébranlables, ont, à cet effet, résolu de conclure une alliance offensive et défensive et nommé pour leurs plénipotentiaires, savoir: (suivent les noms et titres des princes Kourakine et Lobanof de Rostof, pour la Russie, et de Charles-Maurice Talleyrand, prince de Bénévent, pour la France),

Lesquels, après avoir échangé leurs pleins pouvoirs respectifs, sont convenus des articles suivants:

Article premier.--S. M. l'Empereur de toutes les Russies et S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, s'engagent à faire cause commune, soit par terre, soit par mer, soit enfin par terre et mer, dans toute guerre que la Russie ou la France serait dans la nécessité d'entreprendre ou de soutenir contre toute puissance européenne.

Art. 2.--Le cas de l'alliance survenant et chaque fois qu'il surviendra, les hautes parties contractantes régleront par une convention spéciale les forces que chacune d'elles devra employer contre l'ennemi commun, et les points où ces forces devront agir; mais, dès à présent, elles s'engagent à employer, si les circonstances l'exigent, la totalité de leurs forces de terre et de mer.

Art. 3.--Toutes les opérations de guerre communes seront faites de concert, et ni l'une ni l'autre des parties contractantes ne pourra, dans aucun cas, traiter de la paix sans le concours ou le consentement de l'autre partie.

Art. 4.--Si l'Angleterre n'accepte pas la médiation de la Russie, ou si, l'ayant acceptée, elle n'a point le 1er novembre prochain consenti à conclure la paix en reconnaissant que les pavillons de toutes les puissances doivent jouir d'une égale et parfaite indépendance sur les mers et en restituant les conquêtes par elle faites sur la France et ses alliés depuis 657 1805, où la Russie a fait cause commune avec elle, une note sera, dans le courant dudit mois de novembre, remise au cabinet de Saint-James par l'ambassadeur de S. M. l'Empereur de toutes les Russies. Cette note, exprimant l'intérêt que Sadite Majesté Impériale prend au repos du monde et l'intention où elle est d'employer toutes les forces de son Empire pour procurer à l'humanité le bienfait de la paix, contiendra la déclaration positive et explicite que sur le refus de l'Angleterre de conclure la paix aux conditions susdites, S. M. l'Empereur de toutes les Russies fera cause commune avec la France, et pour le cas où le cabinet de Saint-James n'aura pas donné au 1er décembre prochain une réponse catégorique et satisfaisante, l'ambassadeur de Russie recevra l'ordre éventuel de demander ses passeports cedit jour et de quitter immédiatement l'Angleterre.

Note 657: (retour) Ici figurent dans la minute et l'original, à la place de «1805», ces mots: «le temps»; «1805» est porté en marge, et c'est cette variante qui a été adoptée, ainsi que le constate un parafe.

Art. 5.--Arrivant le cas prévu par l'article précédent, les hautes parties contractantes feront de concert, et au même moment, sommer les trois cours de Copenhague, de Stockholm et de Lisbonne, de fermer leurs ports aux Anglais, de rappeler de Londres leurs ambassadeurs et de déclarer la guerre à l'Angleterre. Celle des trois cours qui s'y refusera sera traitée comme ennemie par les hautes parties contractantes, et la Suède s'y refusant, le Danemark sera contraint de lui déclarer la guerre.

Art. 6.--Les deux hautes parties contractantes agiront pareillement de concert et insisteront avec force auprès de la cour de Vienne pour qu'elle adopte les principes exposés dans l'article 4 ci-dessus, qu'elle ferme ses ports aux Anglais, rappelle de Londres son ambassadeur et déclare la guerre à l'Angleterre.

Art. 7.--Si, au contraire, l'Angleterre, dans le délai spécifié ci-dessus, fait la paix aux conditions susdites (et S. M. l'Empereur de toutes les Russies emploiera toute son influence pour l'y amener), le Hanovre sera restitué au Roi d'Angleterre en compensation des colonies françaises, espagnoles et hollandaises.

Art. 8.--Pareillement, si par une suite des changements qui viennent de se faire à Constantinople, la Porte n'acceptait pas la médiation de la France, ou si, après qu'elle l'aura acceptée, il arrivait que, dans le délai de trois mois après l'ouverture des négociations, elles n'eussent pas conduit à un résultat satisfaisant, la France fera cause commune avec la Russie contre la Porte Ottomane, et les deux hautes parties contractantes s'entendront pour soustraire toutes les provinces de l'Empire ottoman en Europe, la ville de Constantinople et la province de Romélie exceptées, au joug et aux vexations des Turcs.

Art. 9.--Le présent traité restera secret et ne pourra être rendu public ni communiqué à aucun cabinet par l'une des parties contractantes sans le consentement de l'autre.

Il sera ratifié, et les ratifications en seront échangées à Tilsit, dans le délai de quatre jours.

Fait à Tilsit, le 7 juillet 1807.

Ch. Maurice Talleyrand
Prince de Bénévent

Le prince Alexandre Kourakine

Le prince Dmitry Lobanof de Rostof


II

INSTRUCTION POUR M. DE CAULAINCOURT 658.

Note 658: (retour) Archives des affaires étrangères, Russie, vol. 144.

12 novembre 1807.

M. Tolstoï paraît n'avoir eu aucune instruction particulière sur la manière d'exécuter le traité de Tilsit, et une instruction propre à faire connaître les vues de l'empereur Alexandre semblait nécessaire.

L'Empereur de Russie a accepté la médiation de l'Empereur Napoléon pour faire sa paix avec la Turquie. La Turquie l'a aussi acceptée, et son ambassadeur à Paris a des pleins pouvoirs pour la conclure. M. de Tolstoï n'a point de pouvoirs, la négociation ne peut donc avoir lieu; ce qui, joint à l'occupation actuelle de la Valachie et de la Moldavie et aux ouvertures faites par le comte de Roumiantsof au général Savary, ainsi qu'aux mouvements de l'armée russe, porte à penser que la Russie a des vues sur ces deux provinces. L'Empereur n'est pas très opposé à cette occupation de la Valachie et de la Moldavie par les Russes. Sous quelques rapports, elle peut servir ses intérêts, en le mettant dans le cas de recevoir l'équivalent par la possession de quelques provinces prussiennes de plus; ce qui, en affaiblissant encore cette monarchie, consolide le système fédératif de l'Empereur; à cette considération se joint celle que, dans l'état de décadence où se trouve la Porte, ces provinces sont comme perdues pour elle; on ne peut espérer qu'elle en tire les ressources qu'elles peuvent fournir; le pays sera ravagé, ses habitants seront pillés et vexés par les deux partis; les cris et les plaintes retentiront aux oreilles de l'Empereur; il sera appelé à intervenir dans des querelles sans cesse renaissantes, et l'amitié de la France et de la Russie serait en danger d'être troublée.

D'un autre côté, l'intérêt personnel de l'Empereur de Russie exige qu'il ait entre ses mains des terres et des biens pour donner à ses officiers; il faut qu'il puisse se glorifier aux yeux de ses peuples d'avoir, comme ses prédécesseurs, accru son Empire.

Mais s'il retient la Valachie et la Moldavie, le traité de Tilsit est violé en apparence, et cette violation ne peut pas être au profit d'une seule des parties contractantes. Il faut une compensation à l'Empereur, et il ne peut la trouver que dans une partie des États de la Prusse dont le traité stipule la restitution, partie égale en population, en richesses, en ressources de tout genre aux deux provinces turques. De cette manière, l'allié de la France, l'allié de la Russie éprouveraient une perte égale. Tous les deux seraient également déchus de l'état où les avait laissés le traité de Tilsit. La Prusse, il est vrai, n'aurait plus qu'une population de deux millions d'habitants; mais n'y en aurait-il pas assez pour le bonheur de la famille royale, et n'est-il pas de son intérêt de se placer, sur-le-champ et avec une entière résignation, parmi les puissances inférieures, lorsque tous les efforts pour reprendre le rang qu'elle a perdu ne serviraient qu'à tourmenter ses peuples et à nourrir d'inutiles regrets?

Probablement, on vous insinuera à Pétersbourg que l'Empereur peut prendre lui-même cette compensation dans les provinces turques les plus voisines de son royaume d'Italie, telles que la Bosnie, l'Albanie. Vous devez repousser tout arrangement de ce genre; il ne peut convenir à l'Empereur. Il entraîne des conséquences qu'on ne prévoit pas. Ces provinces seraient à conquérir par l'Empereur; elles ne sont point entre ses mains comme la Valachie et la Moldavie sont maintenant entre les mains des Russes. Il faudrait donc combattre pour les conquérir et combattre encore pour les garder, car les préjugés de ces pays et le caractère des habitants mettraient beaucoup d'obstacles à une possession tranquille. Ces provinces ne seraient pas une acquisition précieuse pour l'Empereur; elles sont peu riches, sans commerce, sans industrie, et, par leur position, très difficiles à rattacher au centre principal de son Empire. Par cette prétendue compensation, on ne lèguerait à l'Empereur qu'une source de tracasseries à terminer par les armes, sans profit et sans gloire.

Des conséquences plus grandes en seraient le résultat, la destruction de l'Empire ottoman. Ainsi entamé dans le nord et le couchant, il serait impossible qu'il se soutînt davantage. La soustraction de la Valachie et de la Moldavie ne lui ôte rien de sa force; il y a vingt ans que ces deux provinces, soumises à l'influence russe, sont perdues pour lui; mais si cette perte est suivie de la séparation des provinces occidentales, l'Empire est frappé au coeur, le reste d'opinion qui le soutient est détruit, la Porte Ottomane, menacée par les Russes d'un côté, attaquée par les Français de l'autre, a cessé d'exister. Cette chute de l'Empire ottoman peut être désirée par le cabinet de Pétersbourg; on sait qu'elle est inévitable; mais il n'est point de la politique des deux cours impériales de l'accélérer; elles doivent la reculer jusqu'au moment où le partage de ces vastes débris pourra se faire d'une manière plus avantageuse pour l'une et pour l'autre, et où elles n'auront pas à craindre qu'une puissance actuellement leur ennemie s'en approprie, par la possession de l'Égypte et des îles, les plus riches dépouilles. C'est la plus forte objection de l'Empereur contre le partage de l'Empire ottoman.

Addition dictée par l'Empereur.

«Ainsi, le véritable désir de l'Empereur dans ce moment est que l'Empire ottoman reste dans son intégrité actuelle, vivant en paix avec la Russie et la France, ayant pour limites le thalweg du Danube, plus les places que la Turquie a sur ce fleuve, telles qu'Ismaïl, si toutefois la Russie consent que la France acquière sur la Prusse une augmentation pareille.

«Cependant, il est possible que l'idée du partage de l'Empire ottoman soit décidée à Saint-Pétersbourg; dans ce cas, l'intention de l'Empereur est de ne point trop choquer cette cour sur cet objet, préférant faire ce partage seul avec elle, de manière à donner à la France le plus d'influence possible dans le partage, que de porter les Russes à y faire intervenir l'Autriche. Il ne faut donc point se refuser à ce partage, mais déclarer qu'il faut s'entendre verbalement sur cet objet.»

Rappelez, Monsieur, à l'Empereur Alexandre les conversations qu'il a eues à ce sujet avec Sa Majesté, et comment les deux Empereurs sont convenus de ne rien entreprendre à cet égard, qu'après s'en être entendus, soit dans le voyage à Paris que doit faire l'Empereur Alexandre, soit dans tout autre point où les deux souverains doivent se réunir. Mais si ces vues de partage existent, tirez-en au moins cette conséquence que l'Empereur des Français ne doit point évacuer la rive gauche de la Vistule, afin d'être prêt à tout événement. Et lorsqu'on vous parlera de l'Albanie et de la Bosnie comme objet de compensation pour l'Empereur, faites sentir l'inégalité de cette compensation pour l'Empereur, et revenez sur la possession de quelques provinces prussiennes de plus, comme objet d'un arrangement parfaitement égal, convenable à tous les intérêts, d'une exécution prompte et facile, et sans aucune de ces conséquences que la politique la plus clairvoyante ne peut prévoir ni prévenir.

L'Empereur ne peut désarmer, lorsque de si grands intérêts sont encore en balance. La Russie occupe les places du Dniester, la Valachie et la Moldavie, et renforce ses armées de ce côté, loin de songer à les rappeler. L'Empereur, qui a toute confiance en l'Empereur Alexandre, veut bien régler sa marche sur la sienne; mais il faut que les deux Empires marchent d'un pas égal. Tel sera le principe de la conduite de l'Empereur. Raison, justice, prudence ne lui permettent pas de prendre un autre parti, et aucun obstacle ne pourra le détourner de cette route.

L'Empereur ne désarmera pas. Il n'évacuera les États prussiens que quand les négociations pour la paix avec la Turquie seront recommencées, et que l'Empereur Alexandre aura déclaré que son intention est de restituer la Valachie et la Moldavie, ou bien il évacuera partiellement, lorsque les arrangements dont je vous ai parlé, arrangements relatifs à un nouvel état de choses, auront été convenus entre les deux puissances. L'Empereur est prêt pour l'un ou l'autre parti. L'un et l'autre lui conviennent. En regardant comme plus avantageux à la Russie l'arrangement qui lui laisserait la Valachie et la Moldavie, il le préférerait pour cette unique raison; mais il faudrait, au préalable, s'entendre sur les conditions de l'arrangement et sur la forme à lui donner. Il faudrait, sur les bases que je vous ai développées, qu'il fût fait une convention interprétative du traité de Tilsit, que vous seriez autorisé à signer. Elle garantirait à la Porte l'intégrité des provinces qui lui seraient laissées. Cette convention resterait secrète. Chacun des deux Empereurs énoncerait d'une manière publique son refus d'évacuer telle ou telle province sous de spécieux prétextes; et l'on arriverait à faire à Paris, d'une part, un traité entre la Russie et la Turquie, sous la médiation de la France, de l'autre part, une convention entre la France et la Prusse, sous la médiation de la Russie, pour sanctionner les arrangements qui auraient été convenus secrètement entre les deux grandes puissances.

Telles sont donc, Monsieur, sur ce point important de politique, les intentions de l'Empereur. Ce qu'il préférerait à tout serait que les Turcs pussent rester en paisible possession de la Valachie et de la Moldavie. Cependant le désir de ménager le cabinet de Saint-Pétersbourg et de s'attacher de plus en plus l'empereur Alexandre ne l'éloigne pas de lui abandonner ces deux provinces moyennant une juste compensation à prendre dans les provinces prussiennes; et enfin, quoique très éloigné du partage de l'Empire turc et regardant cette mesure comme funeste, il ne veut pas qu'en vous expliquant avec l'empereur Alexandre et son ministre, vous la condamniez d'une manière absolue; mais il vous prescrit de représenter avec force les motifs qui doivent en faire reculer l'époque. Cet antique projet de l'ambition russe est un lien qui peut attacher la Russie à la France, et, sous ce point de vue, il faut se garder de décourager entièrement ses espérances.

J'ai d'abord, Monsieur, apporté votre attention sur cet objet de la mission que vous avez à remplir, puisqu'il est le plus important par ses conséquences et celui qui embrasse le plus d'intérêts; mais il n'est pas le premier dont vous ayez à vous occuper. Avant d'en venir là, il faut que la Russie ait déclaré la guerre à l'Angleterre. La conduite de l'Angleterre dans la Baltique est seule un motif de guerre et le prétexte le plus spécieux. La Russie affaiblirait sa propre dignité si elle souffrait, sans se venger, un pareil attentat dans une mer dont elle protège l'indépendance. Elle affaiblirait sa considération au dehors, sa puissance au dedans. La guerre dût-elle être immédiatement suivie de la paix, il faut qu'elle soit déclarée, que le ministre russe à Londres soit rappelé, que l'ambassadeur anglais soit chassé. Ce devoir est imposé à la Russie, non seulement par toutes les convenances politiques, mais encore par le traité de Tilsit, qui lui en fait une obligation expresse. Il est impossible de douter qu'elle ne soit remplie au moment où vous arriverez à Saint-Pétersbourg. La Russie devra alors faire déclarer la Suède pour la cause commune et l'y contraindre en cas de refus. La Suède doit, comme la Russie, défendre l'indépendance de la Baltique. Le Danemark, par le traité qu'il vient de conclure avec la France, a pris l'engagement de s'unir aux mesures qui auront pour objet de forcer la Suède à prendre parti pour le continent. Faites juger que si la chose est jugée absolument nécessaire, une armée française et danoise sera prête à entrer en Scanie, par la Norvège, lorsque la Russie envahirait la Finlande.

L'Autriche a d'elle-même, et d'après de simples insinuations verbales, adhéré aux vœux de la France. Vous trouverez ci-joint un extrait de la dernière dépêche de ce cabinet au prince Starhemberg, qui doit amener le prompt départ de cet ambassadeur, et l'Autriche va être en guerre avec l'Angleterre. Grand et puissant effet de l'alliance des deux premières puissances du globe! À leur voix le continent se lève tout entier et va, au gré de leurs désirs, se coaliser contre l'ennemi du continent. Cet état de guerre de tant de puissances contre les insulaires, qui anéantira leur commerce, paralysera leur industrie, rendra stérile pour eux la mer, le plus fertile de leurs domaines, est une belle conception, et le plan le plus vaste comme le plus difficile à exécuter; il est exécuté. On peut en attendre d'utiles résultats, ce qui n'empêchera pas d'y joindre un plan d'opérations actives, auxquelles serviraient les flottes dont on peut encore disposer.

On pourra songer à une expédition dans les Indes; plus elle paraît chimérique, plus la tentative qui en serait faite (et que ne peuvent la France et la Russie?) épouvanterait les Anglais. La terreur semée dans les Indes anglaises répandrait la confusion à Londres, et certainement quarante mille Français auxquels la Porte aurait accordé passage par Constantinople, se joignant à quarante mille Russes venus par le Caucase, suffiraient pour épouvanter l'Asie et pour en faire la conquête. C'est dans de pareilles vues que l'Empereur a laissé l'ambassadeur qu'il avait nommé pour la Perse se rendre à sa destination.

Il me reste à vous entretenir d'autres objets qui ont un rapport moins direct avec la politique, et dont l'idée n'a pu être suggérée à l'Empereur que par son extrême sollicitude pour les intérêts de l'Empereur Alexandre. La Russie éprouve un grand mal-être par le résultat des dettes qu'elle a faites pendant la dernière guerre. La guerre maritime accroîtra cet embarras, en la privant de ses débouchés ordinaires. L'Empereur propose d'y suppléer, en faisant faire, dans le courant de l'hiver ou au printemps, des achats pour plusieurs millions de bois de mâture et autres objets d'approvisionnement pour la marine. Ces objets seraient payés aussitôt qu'ils seraient fournis; ils resteraient en dépôt dans les ports de Russie jusqu'au moment où le transport en deviendrait possible, mais il faudrait que ce dépôt fût sacré et qu'on donnât toute garantie que, même en cas de guerre entre les deux empires, il n'y serait porté aucune atteinte, et que les agents français chargés de sa garde et de sa surveillance jouiraient de toute liberté et de toute sûreté.

L'Empereur, dans les mêmes vues, se propose de faire construire trois vaisseaux de soixante-quatorze canons dans les ports de Russie, mais il demanderait une pareille garantie.

Ces mesures occuperaient des bras, verseraient de l'argent et seraient propres à prévenir quelques mécontentements. Elles doivent être agréables à l'Empereur Alexandre, et c'est sous ce point de vue qu'il faut les présenter.

L'Empereur tient à l'exécution du traité de commerce de 1787, traité qui n'est ni avantageux ni désavantageux à la France, et dont la durée n'est pas exprimée. Mais, dans son esprit de modération et d'équité, l'Empereur ne réclame pas pour les Français des privilèges inusités dans d'autres pays. Il ne s'opposerait pas à un système général que paraît avoir embrassé le ministère russe et qui a pour objet la destruction des corporations de négociants étrangers. Il désire que la nation française soit toujours la mieux traitée, mais non au détriment des négociants russes et d'une manière opposée aux vues de l'administration. Tous les règlements qui sont surtout nuisibles aux Anglais lui paraîtront convenables. Il est utile que les commerçants français soient favorisés; il est plus utile encore que le commerce anglais soit soumis à des entraves et totalement découragé.



III

NOTE
PAR LAQUELLE L'EMPEREUR ALEXANDRE
ACCEPTE UNE ENTREVUE À 659 ERFURT SANS CONDITIONS.

Note 659: (retour) Cette note a été rédigée par M. de Caulaincourt et acceptée par le Tzar avec la modification indiquée; elle est annexée au rapport de l'ambassadeur du 22 mai 1808. Archives nationales, AF, IV, 1697.

L'Empereur Alexandre accepte l'entrevue sans conditions préalables.

Sa position relativement aux Anglais et aux Suédois lui fait désirer qu'elle n'ait pas lieu avant le mois de juillet.

L'Empereur Alexandre préférerait par les mêmes raisons que l'Empereur Napoléon pût autoriser son ambassadeur à arrêter avec lui l'époque fixe de l'entrevue d'après les circonstances, et que les affaires de l'Empereur Napoléon le missent alors dans le cas de se rendre au rendez-vous aussitôt qu'il recevrait l'avis du départ de l'Empereur Alexandre. Ce départ serait calculé de manière à ce qu'il y eût au moins trente jours entre l'époque du départ du courrier expédié de Pétersbourg, et celle où les deux Souverains devraient se trouver à Erfurt.

Pour ne pas trop prolonger l'attente dans laquelle serait l'Empereur Napoléon, l'Empereur Alexandre s'arrangerait de manière à ce que la première entrevue ait lieu avant le 1er août.

Changement dicté par l'Empereur Alexandre pour être substitué au paragraphe ci-contre.

L'Empereur Alexandre espère que la première entrevue pourra avoir lieu avant le 1er août. Il ne prend pas d'engagement plus positif, son départ dépendant des attaques que les Anglais et les Suédois pourraient tenter. Ces motifs seuls peuvent retarder l'entrevue.



TABLE DES MATIÈRES

Avant-Propos.

CHAPITRE PRÉLIMINAIRE

AUTRICHE, PRUSSE OU RUSSIE.

Après une ébauche d'alliance pendant le règne de Paul Ier, Napoléon et la Russie se retrouvent ennemis.--Austerlitz.--À la fin de 1806, la guerre devient une lutte corps à corps.--Napoléon pénètre sur le terrain des intérêts propres de la Russie.--Ses vues sur l'Orient.--Son principal moyen pour diviser ses adversaires.--Le partage de l'empire ottoman.--Premières insinuations à Alexandre Ier.--Ce monarque résiste à la séduction.--Politique nouvelle de la Russie.--Le sultan Sélim.--Napoléon essaye de ranimer en Orient le conflit entre l'Autriche, la Prusse et la Russie.--Projet célèbre de Talleyrand.--Était-il réalisable?--Écrasement de la Prusse.--Ouvertures successives à l'Autriche.--Proposition de paix et d'alliance à la Prusse.--Frédéric- Guillaume refuse de ratifier l'armistice.--Napoléon entre en pays slave.--La Pologne s'insurge.--La Turquie se ranime.--Napoléon offre à l'Autriche de l'entendre avec lui sur la Pologne et sur l'Orient.--L'Autriche tient entre ses mains le sort des relations futures entre la France et la Russie.-- Mission de Pozzo di Borgo à Vienne.--Il est reçu par l'empereur François et par l'archiduc Charles.--Une audience point compromettante.--L'Autriche refuse de s'engager; raisons de son attitude.--Les Russes dans les Principautés.--Premières opérations en Pologne; Pultusk.--Napoléon redouble d'activité guerrière et diplomatique.--Diversion turque et persane.--Appel aux musulmans; l'archichancelier Cambacérès et les orientalistes français.--Langage tenu à l'Europe; mouvement d'opinion à créer.--Message au Sénat.--Politique conservatrice.--Napoléon et la diplomatie secrète de Louis XV.--Rapport de Talleyrand.--Contraste entre les déclarations officielles du ministre et ses confidences intimes.--Il ne croit pas à la possibilité de faire vivre la Turquie.--Napoléon autorise quelques insinuations à l'Autriche au sujet d'un partage éventuel de l'empire ottoman.--Sa conversation avec le baron de Vincent. --Réponse froide et évasive de Stadion.--Eylau.--Situation critique.--Un mot de Jomini.--Napoléon veut vaincre par les négociations.--Dernière proposition à la Prusse.--Rêve d'alliance russe.--Caractère d'Alexandre. --Ses entours.--Instabilité gouvernementale en Russie.--Le lien de l'intérêt matériel attache la Russie à l'Angleterre.--Phrase significative de Napoléon.--Ouvertures indirectes.--Le cinquante et unième bulletin de la Grande Armée.--Mise en demeure adressée à l'Autriche.--Langage correspondant de Pozzo à Vienne.--Au lieu d'une alliance, l'Autriche offre une médiation.--Plan de Stadion.--La crise orientale continue.--Échec des Anglais devant Constantinople.--Déception à Londres, à Saint-Pétersbourg et à Vienne.--Le futur congrès.--Talleyrand croit à la paix générale; Napoléon comprend la nécessité de combattre encore et de vaincre.--La paix sur le tambour.--Hostilité irréconciliable de la coalition.--Convention de Bartenstein.--Friedland.--L'armée russe hors de combat.--Lettre de Bennigsen.--Commission donnée au grand-duc Constantin.--Réponse d'Alexandre.--Il se décide brusquement à la paix; quels motifs le déterminent.--Sa rencontre avec la cour de Prusse.--Attrait subit qui le pousse vers Napoléon.-- L'idée de l'alliance naît dans son esprit.--Appels indirects de l'Empereur.-- Alexandre propose l'entrevue.--La veille de la rencontre aux deux quartiers généraux.--Intentions respectives de Napoléon et d'Alexandre.

CHAPITRE PREMIER

TILSIT.

Le radeau du Niémen.--L'attente d'Alexandre.--Première entrevue.-- Bonne grâce et manières charmantes de l'empereur de Russie.--Un mot de Napoléon.--Armistice avec la Prusse.--Impression de Napoléon sur Alexandre; il règle d'après le caractère de ce prince toute sa politique avec la Russie; plan de séduction qu'il imagine.--Profession de foi d'Alexandre.--Est-il sincère?--Effet produit sur lui par Napoléon.--Raisons qui le déterminent à embrasser actuellement le système de la France.--Ses arrière-pensées.--1807 et 1812.--Caractère de l'accord intervenu à Tilsit.--Seconde entrevue.--Le roi Frédéric-Guillaume.--Napoléon exige le renvoi de Hardenberg.--Le Tsar à Tilsit.--La Prusse propose le démembrement de la Turquie.--Occupation des premières journées.--Visite aux troupes, revues.--Splendeurs militaires. --Coup de théâtre.--Le partage de l'Orient.--Napoléon et Catherine II.--Réserve posée par l'Empereur; moyens qu'il emploie pour se soustraire à tout engagement positif.--Le Tsar promet sa visite à Paris.--Nature des espérances qu'il conçoit.--Son secret désir.--Désignation des plénipotentiaires; les princes de Talleyrand et Kourakine.--Suite de la négociation directe entre les deux empereurs.--Emploi de leurs journées.--Le roi de Prusse en tiers dans leurs promenades.--Le dîner, la soirée.--Intimité des deux empereurs. --Sujets de leurs entretiens.--Alexandre se met à l'école de Napoléon.--Jugement sur le futur Louis XVIII.--La reine Hortense.--Correspondance échangée à Tilsit.--L'Europe occidentale.--L'Allemagne française.--La Silésie.--Le grand-duché de Varsovie.--Rôle que l'Empereur réserve à la Pologne dans ses combinaisons.--Le traité de Tilsit contient le principe de sa propre destruction.--La rive gauche de l'Elbe.--Le royaume de Westphalie.--Désespoir de la Prusse.--Suprême tentative.--Arrivée de la reine Louise.--Visite de Napoléon à la maison du meunier.--Le dîner chez l'Empereur.--Joie de la reine, suivie d'une amère déception.--La seconde soirée.--La reine de Prusse et le prince Murât.--Départ.--Traité avec la Prusse.--La convention de Koenigsberg.--Un chef-d'oeuvre de destruction.--Droit pour la Russie d'intervenir.--Stipulations concernant l'Angleterre et la Turquie.-- Double médiation.--La ligue continentale.--Partage éventuel de l'empire ottoman.--Les îles Ioniennes.--L'air noté.--Signature des trois actes.--Fête militaire.--Napoléon décore le premier grenadier de Russie.--Séparation des empereurs.--L'oeuvre de Tilsit.

CHAPITRE II

UNE RECONNAISSANCE DIPLOMATIQUE.

Le général Savary détaché temporairement auprès de l'empereur Alexandre.--Double objet de son envoi: il doit entretenir la confiance d'Alexandre et étudier les dispositions de la société russe.--Instructions de l'Empereur; mot de Talleyrand.--Voyage pénible; universelle malveillance.--Gracieux accueil du Tsar.--Ses conversations répétées mot pour mot dans les rapports du général.--Les soirées de Kammennoï-Ostrof.--L'impératrice Elisabeth.-- Simplicité d'Alexandre.--Les deux cours.--Situation de l'impératrice mère.-- L'audience d'une minute.--Saint-Pétersbourg l'été; les Iles.--Savary éconduit de toutes parts.--Mortifications qu'on lui inflige.--Il envoie une première série d'informations; portraits des ministres russes et des représentants étrangers.--Le prince Adam Czartoryski et Joseph de Maistre.--L'empereur Alexandre essaye de diminuer les répugnances de la société pour l'envoyé français.--L'objet de ses délassements.--L'empereur Napoléon et les belles Russes.--Agitation croissante dans les salons.--Savary craint an attentat contre le Tsar; il s'institue officieusement son ministre de la police.- -Rôle de madame Narischkine.--Efforts pour amener Alexandre à épurer le ministère et à éloigner les mécontents: paroles caractéristiques de ce monarque.-- Opérations mondaines de Savary; son humeur batailleuse.--Résultats de son enquête.--Ses appréciations sur l'empereur Alexandre, l'impératrice régnante, l'impératrice mère.--Le musée de Pavlovsk.--Le grand-duc Constantin.-- Tableau de la noblesse.--Luxe et pénurie; raisons historiques du désordre des fortunes; danger qui en résulte pour l'alliance.--Qualités que devra posséder l'ambassadeur de Napoléon.--La question commerciale et économique.-- Napoléon désigne comme ambassadeur le général de Caulaincourt; moyens d'influence qu'il met à sa disposition.--Il continue vis-à-vis d'Alexandre son système de séduction personnelle.--Échange de cadeaux; correspondance intime et directe.--Quelle conclusion tire Napoléon des rapports de Savary.

CHAPITRE III

RUPTURE AVEC L'ANGLETERRE.

La Russie offre sa médiation à Londres; fin de non-recevoir qui lui est opposée.--L'Angleterre aux écoutes.--Elle ne surprend qu'en partie le secret de Tilsit.--Napoléon et l'Angleterre également résolus à ne point respecter la neutralité et l'indépendance du Danemark.--Le ministère britannique devance Napoléon.--Bombardement de Copenhague; capture de la flotte.--Impression produite sur Napoléon par cette catastrophe.--Son habileté à tirer parti même des circonstances les plus défavorables.--Il veut profiter de l'attentat commis par les Anglais pour soulever contre eux le continent et hâter l'exécution du plan de Tilsit.--Appels adressés à la Russie.--Entrée de l'Autriche dans la ligue continentale.--Raisons qui portent Alexandre Ier à ménager momentanément l'Angleterre.--Un postillon d'intrigues et de corruptions.--Sir Robert Wilson à la table du Tsar.--Comment se forme une légende.--Illusions du cabinet de Saint-James.--La politique russe s'accentue tous l'influence du comte Roumiantsof; antécédents et caractère de ce ministre.--Raisons d'ordre économique qui ont retardé le conflit des intérêts russes et anglais en Orient.--Paroles tentatrices de Wilson.--Son activité mondaine, ses succès de salon.--Savary utilement servi par ses instincts scrutateurs et policiers; mésaventure qu'il ménage à Wilson.--Colère et douleur d'Alexandre; ses paroles sur l'émancipation des serfs.--Wilson éconduit. --Manifeste de guerre.--Véritables causes de la rupture entre la Russie et l'Angleterre.--Alexandre met Napoléon en demeure de lui livrer les Principautés.

CHAPITRE IV

TURQUIE ET PRUSSE.

La situation sur le Danube après Tilsit.--Mission de Guilleminot et conclusion d'un armistice.--Clauses blessantes pour la Russie; Alexandre refuse de ratifier l'armistice et maintient ses troupes dans les Principautés.--Napoléon comprend l'impossibilité d'obtenir l'évacuation.--Il sent la nécessité de terminer quelque chose avec la Russie.--Ses perplexités.--Il imagine diverses combinaisons susceptibles de se suppléer l'une l'autre.--Il désire et n'espère pas une paix qui assurerait à la Turquie l'intégrité presque totale de ses possessions.--Il consent à abandonner aux Russes les Principautés moyennant compensation territoriale pour la France.--Raisons qui le poussent à ajourner le partage de l'empire ottoman.--Ses vues persistantes sur l'Égypte.--Il songe à prendre sa compensation en Prusse.--L'évacuation retardée; difficultés financières.--Napoléon veut mettre définitivement la Prusse dans l'impuissance de nous nuire.--Caulaincourt chargé de proposer au Tsar les Principautés au prix de la Silésie.--Frédéric II et Napoléon.--Langage prescrit à Caulaincourt; l'amputation indiquée comme remède aux souffrances de la Prusse.--Note dictée par l'Empereur en marge de l'instruction.--À défaut de la combinaison turco-prussienne, Napoléon ne repousse pas en principe le partage de l'empire ottoman, mais en rejette la réalisation à une échéance indéterminée et après une nouvelle entrevue.

CHAPITRE V

DEUX AMBASSADEURS.

Qualités désirables chez un ambassadeur de Russie à Paris: Alexandre le voudrait inaccessible à l'influence des salons.--Le choix du Tsar se porte sur le comte Pierre Tolstoï.--Mérites et défauts de ce personnage.--La comtesse Tolstoï.--Le comte se résigne à accepter l'ambassade et part pour Paris.--Ses instructions en ce qui concerne l'Orient et la Prusse.--Son passage à Memel; sentiments que lui inspirent le roi et la reine de Prusse.--Accueil prévenant et flatteur de Napoléon.--Le prince Murat exproprié pour faire place à l'ambassade russe.--Froideur de Tolstoï; il se dérobe aux avances de Napoléon.--Son altercation avec Ney.--Le voyage de Fontainebleau.--Splendeur de la cour impériale.--Jugement des Russes sur le monde officiel français; Tolstoï cherche des distractions au faubourg Saint-Germain et les membres de son ambassade à la Comédie française.--Hostilité préconçue de Tolstoï contre Napoléon.--Il entame vivement la question prussienne.--Napoléon développe ses diverses combinaisons.--Il ne refuse pas Constantinople à la Russie. --Tolstoï croit découvrir chez lui l'intention de détruire totalement la Prusse.-- Ses dépêches effarées.--Scène prétendue entre l'Empereur et le roi Jérôme. --Fâcheux effet produit à Saint-Pétersbourg.--Explication avec Savary.-- Arrivée de Caulaincourt.--Audience triomphale.--Dîner intime chez le Tsar.--Importante conversation.--Débuts de Caulaincourt dans la société. --Alexandre le comble d'honneurs, se met avec lui en rapports familiers et continuels.--Épanchements intimes de ce monarque; questions sur la vie privée de Napoléon.--Noble caractère de Caulaincourt; son attachement pour Alexandre ne fait pas tort à sa clairvoyance politique.--Il comprend le danger de la situation et l'expose franchement à son maître.--Raisons de sentiment et d'intérêt qui empêchent Alexandre de consentir à une nouvelle mutilation de la Prusse.--Réveil de la question polonaise; elle primera désormais toute autre dans les rapports entre la France et la Russie.--Pourquoi le Tsar ne peut renoncer aux Principautés.--Première crise de l'alliance.

CHAPITRE VI

ÉVOLUTION VERS L'ORIENT.

Napoléon apprend qu'Alexandre lui refuse la Silésie et revendique les Principautés.--Son voyage en Italie; sa visite à Venise.--Vision de l'Orient.--Napoléon songe plus sérieusement au partage de la Turquie et veut s'en faire un moyen d'atteindre sa rivale.--Vue prophétique de l'avenir.-- L'Angleterre vulnérable en Asie.--Rêve persistant d'une expédition contre les Indes.- -Trois routes pour accéder aux Indes, celle de Suez, celle du Cap, celle de l'Asie centrale; Napoléon a essayé de les employer successivement.--Projets de Paul Ier.--Rapports avec la Perse.--Un ambassadeur de Feth-Ali au château de Finkenstein.--Traité qui nous assure le passage à travers la Perse.-- Mission topographique.--Napoléon songe à combiner le partage et l'expédition.-- Véritable caractère de ses projets sur l'Asie.--Conversations avec Talleyrand.-- Système de guerre embrassant le monde.--Efforts pour soulever et employer contre l'Angleterre tous les États de l'Europe méridionale: corrélation entre les projets sur l'Espagne et ceux dont la Turquie est l'objet.-- Hésitations de l'Empereur.--Toujours l'Égypte.--Napoléon veut gagner du temps.-- Nouveau courrier de Caulaincourt; instances plus vives de la Russie.--L'Autriche invitée éventuellement au partage.--Conversation avec Metternich.-- Importante dépêche à Caulaincourt du 29 janvier 1808: elle témoigne des irrésolutions de l'Empereur.--Retour de Savary.--Questions posées à Caulaincourt.--Nécessité temporaire de l'alliance russe.--L'Angleterre s'affirme intraitable; discours du trône; débats au Parlement.--Courroux de Napoléon; il se jure d'anéantir l'Angleterre et fait part à Alexandre de ses conceptions colossales.

CHAPITRE VII

LA LETTRE DU 2 FÉVRIER 1808.

Lettre écrite par Napoléon à Alexandre le 2 février 1808.--Elle respire la passion des grandes choses.--Est-elle sincère?--L'offre de partager la Turquie n'est-elle qu'un leurre destiné à éblouir et à distraire Alexandre?--Nécessité de détourner de l'Espagne et de la Prusse l'attention du Tsar; la proposition de partage en fournit le moyen.--La lettre impériale n'a-t-elle point aussi pour but de préparer une action ultérieure en Orient?--Les plans de Napoléon sur la Turquie et les Indes mûrissent et se développent graduellement. --Préparatifs en Dalmatie et en Albanie.--Opérations maritimes.--Napoléon a l'ambition de la Méditerranée.--Ses efforts pour s'emparer successivement de toutes les positions qui dominent cette mer.--Importance exceptionnelle qu'il attribue à la possession de Corfou.--Le vrai chemin de l'Égypte.-- Multiplicité des moyens employés pour assurer la conservation de Corfou.--Tant qu'ils seront en Sicile et à Malte, les Anglais resteront maîtres de la Méditerranée.--En décembre 1807, ils retirent de la Sicile une partie de leurs troupes et les ramènent dans l'Océan.--Napoléon appelle aussitôt dans la Méditerranée la plus grande partie de ses forces navales.--Il médite la surprise de la Sicile.--Nécessité urgente de ravitailler Corfou.--Napoléon croit pouvoir combiner ces deux opérations dont le succès ferait tomber sa principale objection contre le partage.--Rapprochement entre les instructions données au roi Joseph, à l'amiral Ganteaume, et les propositions faites à Pétersbourg.--Confidence à Decrès au sujet de la Turquie et de l'Égypte.--Caractère éventuel du projet contre la Turquie.--Conversation avec Tolstoï pendant une chasse.--Napoléon subordonne les grands mouvements qu'il médite à la persistance des hostilités avec l'Angleterre; ses efforts redoublés pour obtenir la paix; justice que lui rendent à cet égard ses ennemis les plus acharnés.--Véritable sens de la lettre du 2 février.--Combinaison d'ensemble à la fois politique et militaire.--Napoléon veut livrer bataille à l'Angleterre à travers le monde.--Diversion à tenter dans le Nord: opérations méditées sur les côtes de l'Océan, en Espagne, dans la Méditerranée, en Afrique: projet final sur la Turquie et les Indes.--Idées de l'Empereur sur le sort futur de l'Orient.--Instructions à Caulaincourt.--Napoléon propose une nouvelle entrevue.--Le débat qui va s'ouvrir à Pétersbourg n'aura qu'un caractère préparatoire et très vague.--Points réservés.--La Serbie.-- Question de Constantinople distincte de celle des Dardanelles.--Napoléon demande dès à présent la coopération des escadres russes dans la Méditerranée.-- La flotte européenne.--La mer Noire domaine moscovite.--Carrière ouverte aux ambitions russes dans le nord de l'Asie.--La tendance de Napoléon est de pousser la Russie en Asie, l'Autriche dans la péninsule des Balkans, afin de s'assurer la suprématie en Europe et l'empire de la Méditerranée.

CHAPITRE VIII

LES ENTRETIENS DE SAINT-PÉTERSBOURG.

Impatience et angoisses d'Alexandre.--Malgré les efforts de Caulaincourt, la Russie hésite à s'engager contre la Suède.--Excuses diverses qu'elle allègue.--Les affaires traitées au bal.--La fête de la Bénédiction des eaux.--Défilé des troupes: Alexandre promet de les employer contre la Suède.--Nouvel ajournement.--Protestations de l'ambassadeur; moyen terme adopté.--Le baron de Stedingk.--On essaye d'apaiser les inquiétudes de la Suède.-- Brusque irruption des Russes en Finlande.--Alexandre réclame avec plus de force des concessions en Orient.--Cadeaux de Napoléon.--Alexandre espère des provinces et ne reçoit que des armes de luxe et des porcelaines de Sèvres.--Contentement officiel et déception intime.--Impossibilité de s'entendre sur la Silésie.--Le péril redouble pour l'alliance.--Arrivée de la lettre du 2 février.--Coup de théâtre.--Ravissement d'Alexandre.--Épanouissement des visages.--La réflexion ramène la défiance.--Alexandre voudrait obtenir une renonciation formelle à la Silésie et des garanties contre l'extension de l'État varsovien.--Artifice de langage.--Alexandre propose de faire Constantinople ville libre.--Conférences entre Caulaincourt et Roumiantsof au sujet du partage: caractère extraordinaire de cette négociation.--Distribution de villes, de provinces, de royaumes.--Première escarmouche au sujet de Constantinople et des Dardanelles.--Marche prudente et nombreux détours de Roumiantsof: la bataille s'engage.--Caulaincourt laisse entrevoir la possibilité de céder Constantinople, se replie sur les Dardanelles et y concentre sa résistance.--Il en appelle du ministre au souverain.--Changement dans le langage d'Alexandre: motifs et conseils qui le portent à réclamer Constantinople et les Détroits; il se fixe à cette prétention avec une opiniâtre ténacité.--Longues heures de discussion avec Roumiantsof.--Les Dardanelles restent l'objet du litige.--La langue de chat.--Deux ministres en une seule personne.--Pour obtenir la position contestée, la Russie nous abandonne l'Égypte et les échelles de l'Asie Mineure, nous offre une route militaire à travers les Détroits, met ses flottes à notre disposition.--Moyen de transaction suggéré par Caulaincourt: la France et la Russie auraient chacune leur Dardanelle.--Refus de Roumiantsof.--Dernière conversation avec Alexandre.--Note de Roumiantsof et réserves de Caulaincourt.--L'Orient franco-russe.--Lot de l'Autriche.--Alexandre exige comme condition de l'entrevue un accord préalable sur les bases du partage.--Ses deux lettres à Napoléon.--Envoi de cadeaux.--Les marbres de Sibérie au palais de Trianon.--Impression d'ensemble transmise par Caulaincourt.--Le partage du monde.

CHAPITRE IX

PREMIER AJOURNEMENT.

Napoléon prononce son action en Espagne.--Situation de la péninsule.- -Affolement de la cour.--Symptômes de révolution.--Napoléon incline de plus en plus à détrôner les Bourbons.--Tout engagement avec la Russie remis jusqu'après règlement de l'affaire espagnole.--Confidence de Talleyrand à Metternich.--L'Orient reste pour Napoléon l'objectif final.--Ses paroles au prince Guillaume de Prusse.--Mémoire demandé à M. de Champagny sur le partage et les moyens de l'opérer.--Nécessité d'entretenir la patience de la Russie.--Attitude de Tolstoï à Paris.--Ses fréquentations.--L'ambassadeur de Russie et madame Récamier.--Napoléon s'efforce de rassurer Tolstoï et lui fait espérer l'évacuation de la Prusse.--Il offre à Alexandre, ailleurs qu'en Orient, des concessions immédiates.--Il le presse itérativement de s'emparer de la Finlande.--La crise espagnole éclate.--Arrivée des lettres d'Alexandre et des rapports de Caulaincourt.--L'Empereur recule l'entrevue, ajourne toute discussion sur l'Orient et part pour Bayonne.--Nouvelles inquiétantes de Constantinople.--Mouvements brusques et incohérents de la politique ottomane.--Agitation guerrière.--Napoléon veut à tout prix empêcher la reprise des hostilités sur le Danube.--Il prend au nom d'Alexandre l'engagement qu'aucun acte de guerre ne sera commis avant l'issue des négociations entamées à Paris entre la Russie et la Porte.--Audace de cette démarche.--Comment sera-t- elle accueillie à Pétersbourg?--Confiance passagère et sérénité d'Alexandre.- -Il se prépare à partir pour Erfurt.--Succès des Russes en Finlande--- Le Tsar accepte cette province en cadeau de Napoléon.--Les belles de Pétersbourg.--Annexion de la Finlande.--Faveur qui en rejaillit sur l'alliance française.--Les chefs de l'opposition dans les salons de l'ambassade.--Le maréchal Bernadotte suspend son mouvement vers la Scanie.--Fâcheux effet produit à Pétersbourg.--On apprend le départ de l'Empereur pour Bayonne; déception d'Alexandre.--Seconde crise de l'alliance.--Importance politique et stratégique du rôle dévolu à Caulaincourt.

CHAPITRE X

L'ENTREVUE SANS CONDITIONS.

Revirements successifs dans la pensée et le langage d'Alexandre.-- L'autocrate de Russie et les journaux français.--Mémoire du prince Adam Czartoryski. --Rentrée en scène de Pozzo di Borgo.--Efforts de Caulaincourt pour réaliser la conquête mondaine de la Russie; il sollicite des renforts.--Voyage d'exploration à Moscou.--L'ambassadeur travaille à s'attirer de plus en plus l'estime et la confiance d'Alexandre.--Il donne des conseils stratégiques.--Blâme de Napoléon.--Belle réponse de Caulaincourt.--Napoléon continue à agir sur Alexandre par le sentiment.--Lettre de condoléance.-- Explications données au sujet de l'Espagne; les événements de Bayonne commentés par Napoléon lui-même.--Plaidoyer du 8 juillet.--Les affaires d'Espagne mettent l'alliance à une nouvelle épreuve.--Alexandre dissimule ses sentiments, approuve et flatte Napoléon.--Il espère hâter par ce moyen le règlement de la question orientale.--Napoléon rompt le silence, mais se dérobe encore à tout engagement compromettant: il désire l'entrevue sans conditions.--Lassitude et énervement d'Alexandre.--Il accepte l'entrevue sans conditions.-- Dernière discussion au sujet de Constantinople et des Dardanelles.--Se croyant assuré de l'Espagne, Napoléon revient à ses projets sur l'Orient et les Indes: développement gigantesque qu'il compte leur donner.--Les flottes de Brest et de Lorient.--La nouvelle expédition d'Égypte.--Observations de Decrès.--Napoléon comparé à Dieu.--Activité surhumaine et innombrables préparatifs.--Annonce d'extraordinaires événements.--Tandis que Napoléon se croit sur le point d'arracher la paix à l'Angleterre par un ensemble d'opérations accablantes, l'Espagne se soulève et donne à l'Europe le signal de la révolte.

CHAPITRE XI

ESPAGNE ET AUTRICHE.

Napoléon comprend tardivement la gravité de l'insurrection espagnole; il suspend jusqu'au 15 juillet les préparatifs d'expéditions lointaines.--Effet produit à Vienne par les événements de Bayonne; mesures de salut public, mobilisation générale; l'Autriche en armes.--Napoléon ne veut pas la guerre avec l'Autriche et cherche à l'éviter.--Rôle qu'il réserve à la Russie.--Jeu caressant d'Alexandre.--Ses premières paroles au sujet de l'Autriche.--L'archiduc Charles et la couronne d'Espagne.--La Russie reconnaît le roi Joseph.-- Situation incertaine de la péninsule.--Napoléon ne renonce pas tout à fait à ses projets sur l'Orient et les Indes; instructions pour la Perse; travail demandé au bibliothécaire Barbier.--Les traces des légions romaines sur l'Euphrate.--Bataille de Medina de Rio-Seco; importance que Napoléon attribue à cette victoire.--Capitulation de Baylen.--Immense gravité de ce désastre; toutes les combinaisons de l'Empereur anéanties.--Courroux et chagrin qu'il en éprouve.--Sa brusque évolution.--Il prend le parti d'évacuer la Prusse et présente cette mesure comme une satisfaction donnée à la Russie.--Comment il s'y prend pour annoncer au Tsar la catastrophe de Baylen.--Les deux courriers de Rochefort.--Convenance de l'attitude observée par Alexandre.--Les recrues russes et les soldats de Dupont.--Le Tsar ne veut point menacer l'Autriche et se borne à de discrets avertissements; raisons de sa conduite.--Ses paroles et ses actes.--Nouvelle révolution à Constantinople: meurtre de Sélim: le vizir Baïractar.--Alexandre fixe la date de l'entrevue.--Il redouble ses cajoleries.--Raideur de Tolstoï.--Paroles de Napoléon à la chasse.--Les neiges du Nord et le beau climat de France.-- Alexandre dresse le bilan de l'alliance franco-russe.--Convention du 8 septembre avec la Prusse.--Alexandre réclame la libération totale de ce royaume et le partage de la Turquie.--Lettre tendre et pressante à Napoléon.--Points sur lesquels portera la discussion à Erfurt.

CHAPITRE XII

ERFURT.

I.--Les intentions de l'Empereur.--Avant de se tourner vers l'Espagne et de choisir ses moyens d'entente avec la Russie, Napoléon veut pénétrer l'Autriche.--La réception diplomatique du 15 août 1808.--Promesses de l'Autriche.-- Seconde conversation avec Metternich.--Fêtes guerrières.--Message au Sénat.--Napoléon apprend que la date de l'entrevue est fixée.--Il veut paraître à Erfurt dans le plus imposant appareil, y réunir des moyens de séduction variés, éblouir et charmer Alexandre.--Conversations avec Talleyrand: attitude prise par ce dernier.--Travail demandé à M. d'Hauterive.-- Conférences avec M. Sébastiani.--Napoléon recule indéfiniment le partage et espère satisfaire la Russie par la simple promesse des Principautés.-- Caractère de l'accord qu'il veut conclure à Erfurt.--Talleyrand essaye d'attirer l'empereur d'Autriche à l'entrevue.--Départ de Napoléon et de ses ministres.--Projet de partage rédigé par M. d'Hauterive et lettre d'envoi à Talleyrand.

II.--La rencontre.--Départ d'Alexandre malgré les frayeurs de sa mère.--Sa manière de voyager.--Spéranski.--Passage à Koenigsberg.--L'empereur Alexandre et la comtesse Voss.--Le baron de Stein.--Napoléon fait communiquer au Tsar une lettre interceptée de ce ministre.--Le maréchal Lannes envoyé au-devant de l'empereur Alexandre: l'armée française en Allemagne. --Aspect d'Erfurt: une ville transformée.--Préparatifs magnifiques, affluence d'étrangers, mesures de précaution, police secrète.--Les rois de Bavière, de Saxe et de Wurtemberg; lettre éplorée du premier.--Arrivée en masse des princes allemands: leur attitude obséquieuse et servile.--Leurs suppliques.--Apparition de Napoléon.--Rencontre avec l'empereur Alexandre et entrée solennelle; spectacle incomparable.--Principaux personnages réunis à Erfurt: leur attitude extérieure et leurs sentiments intimes.--Le baron de Vincent.--Talleyrand.--Sa défection.--Il veut négocier sa paix particulière avec l'Europe: action qu'il exerce sur le Tsar.--Alexandre Ier.--Napoléon.-- Conversation significative de l'Empereur sur les affaires d'Espagne: il prépare un grand effort pour ressaisir Alexandre.

III.--La discussion.--On effleure toutes les questions.--La Prusse: exigence préalable de Napoléon.--La Pologne: promesse que le grand-duché sera évacué et ne sera pas réoccupé.--Le partage de l'Orient ajourné.-- Alexandre se contente des Principautés; travail qui s'est opéré dans son esprit.-- Démonstration à tenter auprès de l'Angleterre.--Courrier de Vienne.--L'Autriche refuse de reconnaître les rois créés par Napoléon: influence considérable de cette décision sur la marche des conférences.--L'Autriche devient l'objet principal de la discussion--Demandes de Napoléon et résistance d'Alexandre.--Erreur d'Alexandre et de Talleyrand sur les dispositions réelles de la cour de Vienne.--Scène vive entre les deux empereurs.--Alexandre se refuse à toute démarche comminatoire envers l'Autriche.--Napoléon déclare qu'il gardera les places prussiennes.--Aigre discussion.--Un accord incomplet s'opère à grand'peine.--Concorde apparente des deux souverains: splendeurs d'Erfurt.--Un mot célèbre.--L'intermède de Weimar.

IV.--L'excursion de Weimar et le séjour d'Erfurt.--Chasse dans la forêt d'Ettersberg.--La cour de Weimar.--La table des souverains.--Quand j'étais lieutenant d'artillerie.--Napoléon pendant le spectacle.-- Wieland amené d'autorité au bal.--Conversation avec Gœthe et Wieland: but politique de Napoléon.--Visite au champ de bataille d'Iéna.--Le mont Napoléon.-- Leçon d'art militaire.--Vie des deux monarques à Erfurt.--Le déjeuner de l'Empereur; une cour de beaux esprits.--L'après-midi: promenades, visites aux troupes.--Ravissement du grand-duc: ce qu'il rapporte d'Erfurt.-- Le vivat du couronnement.--Vision de Paris transformé.--Rapports avec Spéranski.--L'épée de Napoléon au musée de Saint-Pétersbourg.-- Occupations de la soirée.--La Comédie française et l'alliance russe.--Fugue de mademoiselle Georges à Saint-Pétersbourg; rôle intime qu'on lui ménage auprès d'Alexandre; ses débuts.--Pièces représentées à Erfurt.--Peu de goût des Russes pour la tragédie.--Après le spectacle.--Les salons d'Erfurt; la présidente de Recke et la princesse de la Tour et Taxis.--Épanchements intimes entre Napoléon et Alexandre.

V.--Propos de mariage.--Bruit répandu du divorce de l'Empereur et de son mariage avec une princesse russe.--Après Tilsit, Napoléon songe à se séparer de Joséphine.--Intrigues de cour; rivalité de la reine Hortense et de la grande-duchesse de Berg.--Fouché met en circulation la nouvelle du divorce.--Émotion à Saint-Pétersbourg.--Les grandes-duchesses Catherine et Anne: leur portrait par Joseph de Maistre.--Les on dit de Pétersbourg.- -Droit de veto reconnu a l'impératrice mère.--Lettre anxieuse de Roumiantsof.--Démarche de Fouché auprès de Joséphine: première explication entre l'Empereur et l'Impératrice; l'accord s'opère aux dépens du ministre de la police.- -Seconde crise: rapport de Tolstoï sur la scène des Tuileries.--Efforts de l'impératrice mère pour marier sa fille Catherine.--Le prince royal de Bavière, le duc d'Oldenbourg.--À Erfurt, Napoléon voudrait que l'empereur de Russie mît l'une des grandes-duchesses à sa disposition pour l'avenir.--Comment il fait entamer la question par Caulaincourt et Talleyrand.--Alexandre consent à parler.--Caractère des propos qui s'échangent entre les deux empereurs.--Réticences réciproques: inconvénients et dangers de cette ouverture.

VI.--La convention.--Établissement graduel des clauses de la convention: rôle respectif des souverains et des ministres.--Articles concernant l'Angleterre, l'Espagne, la Finlande, les Principautés.--Napoléon voudrait que la Russie ne réclamât pas la cession des Principautés à Constantinople avant que l'on connût le résultat des pourparlers avec l'Angleterre; motifs dont il s'inspire.--Avidité impatiente et défiance des Russes.--Arrière-pensées qu'ils prêtent à Napoléon.--Grave divergence de vues.--Transaction.--Article concernant l'Autriche.--La Turquie mise sous séquestre.--Nouvelles difficultés; on se décide enfin à signer.--Lettre au roi d'Angleterre.--Différences essentielles dans le langage tenu par Napoléon et par Alexandre au baron de Vincent.--Encore la reconnaissance des nouveaux rois: lettre particulière d'Alexandre.--Napoléon essaye de rassurer et de raisonner la cour de Vienne.--Supplications de la Prusse.--Napoléon lui fait remise de vingt millions.--Fin des conférences; séparation des deux empereurs.--Lettre d'Alexandre à sa mère.--Tristesse de Napoléon.--Résultats d'Erfurt.--Disparition de toute cause immédiate de conflit entre la France et la Russie.--Napoléon désirait avec passion que la paix générale sortit de l'entrevue: comment ce but se trouve manqué.--Étapes successivement parcourues par Alexandre dans la voie du désenchantement et de la défiance.--En laissant planer un doute sur ses intentions, ce monarque encourage les visées belliqueuses de l'Autriche.--Talleyrand livre à Metternich le secret des dispositions d'Alexandre.--Effet de cette communication.--La guerre résolue à Vienne.--Influence funeste qu'une nouvelle crise continentale doit nécessairement exercer sur les rapports de la France et de la Russie.--Comparaison entre Tilsit et Erfurt.

APPENDICE

I. Actes signés à Tilsit le 7 juillet 1807 entre la France et la Russie.

1° Traité de paix.

2° Articles séparés et secrets.

3° Traité d'alliance.

II. Instruction pour M. de Caulaincourt.

III. Note par laquelle l'empereur Alexandre accepte une entrevue à Erfurt sans conditions.




PARIS

TYPOGRAPHIE DE E. PLON, NOURRIT ET Cie

Rue Garancière, 8




Chargement de la publicité...