Nouvel atlas de poche des champignons Comestibles et Vénéneux les plus répandus. Série II (Première édition)
PRÉFACE
L’accueil bienveillant qui a été fait par les mycologues à notre nouvel Atlas de Champignons nous engage à présenter aujourd’hui un second volume conçu sur le même plan, et auquel nous travaillons depuis très longtemps.
Nous avons la conviction qu’il ne sera en rien inférieur à son aîné.
En prévision de cet ouvrage, nous avons, au cours des trois dernières années, recueilli et fait peindre par notre très habile dessinateur, M. Bessin, les 77 champignons que nous représentons.
Un tel travail, lorsque l’on veut procéder comme nous l’avons fait, c’est-à-dire ne prendre pour modèles que des champignons vivants, exige toujours beaucoup de temps; on ne trouve pas tous les jours les spécimens dont on a besoin, et il faut souvent faire de nombreux déplacements pour se procurer certaines espèces.
Aujourd’hui, notre travail est terminé, nous avons pu nous procurer toutes les espèces que nous voulions décrire, et M. Bessin a mis tout son talent à les représenter exactement.
Le texte descriptif de chaque espèce est, comme dans le premier volume, en regard de la planche représentant le champignon, il est alors facile de s’assurer au fur et à mesure de la lecture, des caractères particuliers qui permettent de déterminer l’espèce.
Dans la deuxième partie du texte, nous avons à dessein donné des notions mycologiques plus approfondies que celles faisant partie du premier volume.
Nous avons dressé spécialement pour nos lecteurs des tableaux de détermination qui, quelque imparfaits qu’ils puissent être, intéresseront, nous l’espérons, les mycologues.
Nous supposons avec raison que les possesseurs de notre Atlas se sont déjà familiarisés avec les éléments de la mycologie, et que plusieurs d’entre eux possèdent un microscope.
Pour ces derniers, nous donnons un article traitant de cette question, ainsi que du dessin à la chambre claire.
Enfin, aujourd’hui que tout le monde est plus ou moins photographe, nous ne pouvions mieux faire que d’inviter les mycologues à fixer sur leurs plaques les champignons qui les intéressent, et ensuite à colorier à l’aquarelle les épreuves obtenues. Mais cela demande quelques tours de mains, que nous sommes heureux de pouvoir indiquer au cours de notre ouvrage.
Plusieurs figures sont intercalées dans le texte pour en faciliter la compréhension.
Il n’est pas jusqu’à l’Esperanto, cette langue annexe si simple et si utile, qui ne soit appelée à rendre aux mycologues des services signalés, en leur permettant de correspondre avec leurs confrères des pays les plus différents par la langue.
Aussi avons-nous voulu contribuer pour notre faible part à la diffusion de cette langue vraiment géniale, en donnant ici:
Premièrement, la traduction en esperanto d’un texte mycologique français, intitulé la Chanterelle comestible, et deuxièmement, quelques notions d’esperanto.
Paris, septembre 1911.
L’AUTEUR ET L’ÉDITEUR.
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ERRATA
Page 51, lire: Polyporus perennis, au lieu de P. perennus.
Page 60, lire: Astre hygrométrique, au lieu de A. géométrique.
PARTIE I
Description des espèces.
Amanite épaisse.—Amanita spissa.
Spores blanches.
Cette Amanite n’est pas sans avoir quelque ressemblance avec l’Amanite panthère, dont nous avons parlé à la page 5 du premier volume de notre Atlas: elle a à peu près la même taille et la même couleur, mais le chapeau de l’Amanite épaisse n’est pas strié sur les bords, tandis qu’il l’est dans l’Amanite panthère. De plus, le pied est plus ou moins marginé à la base dans la première et lisse au-dessus du collier, alors que dans l’Amanite épaisse, il ne porte que des écailles à la base et des stries au-dessus du collier.
L’Amanite épaisse a le chapeau d’abord convexe puis plan, brun ou brun gris, lisse sur les bords et tout parsemé de verrues blanchâtres ou grisâtres, parfois même de véritables plaques un peu farineuses; diamètre: 6 à 8 centimètres.
Feuillets blancs, nombreux, minces, atténués à la base, arrondis vers le bord, et légèrement décurrents par une dent.
Pied blanc, plein, long de 5 à 8 centimètres, strié au-dessus du collier et couvert au-dessous de petites squamules grisâtres. Il s’épaissit à la base et est couvert d’écailles disposées circulairement; il se termine enfin par une sorte de racine.
Chair blanche, molle, à odeur de radis.
Cette espèce d’Amanite, qui n’est pas très commune, est regardée comme comestible, mais il faut éviter de la confondre avec l’Amanite panthère, qui est vénéneuse. Elle pousse en été-automne, dans les bois.
Amanite ovoïde.—Amanita ovoidea.
Noms vulgaires: Boulé, Oronge blanche, Coucoumelle blanche.
Spores blanches.
Cette belle Amanite, la plus grosse de toutes, se trouve à peu près dans toute la France, aussi bien dans le Nord (quoique plus rarement) que dans le Midi, à l’Est qu’à l’Ouest.
Elle est dans son jeune âge complètement enveloppée par la volve, comme l’Amanite des Césars, mais cette volve est beaucoup plus friable. Lorsque le chapeau émerge, il est tout à fait sphérique, recouvert d’un épiderme blanc un peu satiné, mince et s’enlevant assez facilement: peu à peu la convexité diminue et le chapeau peut devenir presque plat: à son complet développement, il mesure de 10 à 15 centimètres; il est alors charnu au centre, mince sur les bords qui sont souvent appendiculés.
Les feuillets sont d’un blanc quelque peu grisâtre, assez nombreux, larges à la marge et libres près du pied, épais et comme frangés sur les bords et peu consistants.
Le pied est blanc, gros, cylindrique, long de 8 à 12 centimètres et un peu renflé à la base, et couvert à sa surface de nombreuses granulations floconneuses faciles à enlever. A sa partie supérieure se trouve un collier très large et si peu consistant qu’il disparaît de très bonne heure. Il porte à sa base une ample volve blanche souvent colorée en jaune par la terre qui la recouvre.
L’Amanite ovoïde pousse en juin et septembre dans les endroits bien exposés au voisinage des chênes et des sapins. Elle est comestible, mais moins fine que l’Oronge. Il faut éviter de la confondre avec l’Amanite printanière et les variétés blanches des Amanites phalloïde et citrine.
—Planche 2—
Bois, landes ensoleillées—Été, automne
Amanite ovoïde (Oronge blanche)
Amanite ovoidea
Comestible
Lépiote en crête.—Lepiota cristata.
Spores blanches.
Cette Lépiote se distingue bien de ses congénères par son odeur forte, plutôt désagréable.
C’est un champignon de taille moyenne, qui a le chapeau assez foncé lorsqu’il est jeune, mais, par suite de sa croissance, l’épiderme se rompt pour former des écailles roussâtres ou brunes assez régulièrement disposées.
Le chapeau est d’abord arrondi, nettement mamelonné, puis il s’aplatit tout en gardant le centre obtus, et de couleur brun rouge, alors que le reste du chapeau est blanc sale et couvert de nombreuses écailles brunes. Son diamètre est de 3 à 5 centimètres.
Les feuillets sont blancs, d’abord serrés puis un peu écartés, larges surtout vers la marge du chapeau; ils laissent autour du pied un espace très appréciable.
Le pied est cylindrique, égal ou un peu renflé à la base, fragile, creux à l’intérieur, blanc ou un peu roussâtre, muni à sa partie supérieure d’un collier blanc assez grand mais fugace.
Chair blanche, mince, ayant une odeur assez désagréable, que l’on a comparée à celle du raifort, et une saveur nauséeuse. C’est à cela que probablement l’on doit de déclarer que ce champignon est suspect.
On trouve la Lépiote en crête, en été, dans les champs, les bois, etc.
—Planche 3—
Prés, bois, clairières—Du printemps à l’automne
Lépiote en crête—Lepiota cristata
Suspect
Armillaire jaune verdâtre.—Armillaria luteo-virens.
Spores blanches.
Ce beau et rare champignon a une couleur toute particulière jaune verdâtre qui permettra de ne pas l’oublier lorsqu’on l’aura vu une fois.
Son chapeau est convexe, mamelonné, puis régulièrement arrondi, large de 5 à 8 centimètres, jaune, jaunâtre ou jaune verdâtre, couvert de mèches nombreuses qui saillissent sur le bord du chapeau.
Feuillets blancs ou blanchâtres, présentant parfois une légère teinte jaune, assez nombreux, devenant libres et atténués vers la marge du chapeau.
Pied robuste, cylindrique, droit, plein, égalant environ le diamètre du chapeau blanc ou jaunâtre, mais toujours beaucoup plus clair que le chapeau, un peu aminci vers le haut et couvert sur les 2/3 de sa hauteur de fibrilles écailleuses formant collier.
Chair blanche ou blanchâtre, épaisse, de saveur agréable et d’odeur nulle, comestible.
L’Armillaire jaune verdâtre se trouve dans les bois de conifères, surtout dans les montagnes.
—Planche 4—
Sous les conifères des montagnes—Automne
Armillaire jaune verdâtre—Armillaria luteo-virens
Comestible
Armillaire bulbeuse.—Armillaria bulbigera.
Spores blanches.
La forme caractéristique du pied de ce champignon ne permet pas de se tromper, car il n’y a pas, parmi les Agarics à spores blanches, de champignon ayant au pied un pareil renflement.
Son chapeau est charnu, convexe, puis plat tardivement, jaune fauve ou un peu rougeâtre, plus foncé sur le disque, nu, glabre, humide, luisant, et parfois garni sur les bords des débris du collier; son diamètre est de 5 à 7 centimètres.
Feuillets blancs ou carnés, nombreux, un peu décurrents.
Pied plein rarement creux, blanchâtre ou de couleur plus claire que le chapeau, cylindrique mais terminé à sa base par un large bulbe, comme on en voit chez certains cortinaires, couverts de filaments formant cortine et long de 4 à 6 centimètres.
Chair blanche, agréable, comestible.
Ce champignon pousse en colonies sous les arbres verts pendant l’été et l’automne: mais, à première vue, on peut très bien le prendre pour un Hebeloma crustuluniformis, Hébélôme échaudé, il en a un peu la couleur et la forme, mais il suffira de regarder son pied pour être fixé. Au reste, l’Hébélôme échaudé a les spores ochracées et sa chair sent la rave.
—Planche 5—
| Bois d’arbres verts | Sur les chênes, hêtres, etc. |
| Été, automne | Automne |
| Armillaire bulbeuse | Pleurote des écorces |
| Armillaria bulbigera | Pleurotus corticatus |
| Comestibles | |
Tricholôme sinistre.—Tricholoma sævum.
Spores blanches.
Nous avons, dans le premier volume, décrit et figuré un champignon appelé Tricholome nu, Tricholoma nudum, connu sous le nom de pied bleu. Aujourd’hui, nous allons nous occuper d’un proche parent du pied bleu: il y a en effet plusieurs champignons du genre Tricholôme qui sont voisins les uns des autres, et qui revêtent plus ou moins cette teinte violacée ou bleue.
Le Tricholoma sævum est un champignon trapu plus massif que le pied bleu; son chapeau est charnu, compact, régulièrement bombé, avec les bords recourbés en dessous. Il mesure de 6 à 8 centimètres et est recouvert d’un épiderme lisse, difficile à enlever, de couleur violacée passant aisément au fauve pâle. Il est doux au toucher, humide, et recouvre une chair épaisse, fine, blanche ou régulièrement violacée.
Les feuillets sont nombreux, assez étroits, arrondis et libres à la base, aigus vers la marge, blanchâtres ou fauvâtres.
Le pied est long de 6 à 7 centimètres, épais, cylindrique, plein, puis creux tardivement, et légèrement teinté de violet ou de rose lilacé à l’extérieur. Il n’est pas en général recouvert à sa base de filaments cotonneux lilacés comme le pied bleu.
On trouve le Tricholoma sævum principalement à l’automne, dans les prés, les pâturages humides, où il forme des groupes.
Quélet décrit, sous le nom de Tricholôme améthyste, un champignon qui paraît très voisin de celui-ci.
Malgré son nom de sinistre, ce champignon est un excellent comestible auquel on ne pourrait que reprocher de ne pas être assez répandu.
Tricholôme gonflé.—Tricholoma tumidum.
Spores blanches.
Le Tricholôme gonflé est un champignon d’assez grande dimension; son chapeau mesure 8 à 9 centimètres; il est charnu, d’abord arrondi puis convexe et plan, ondulé et difforme, avec les bords minces, irréguliers, fendillés, lobés; il est gris cendré ou gris brunâtre, un peu luisant et plus pâle à la circonférence.
Les feuillets sont assez nombreux, émarginés, épais, larges, blanchâtres ou un peu teintés de roussâtre.
Pied plein, gros, robuste, s’élargissant vers la base, blanc ou blanchâtre, un peu strié, long de 5 à 7 centimètres et plus; il se termine inférieurement par une sorte de prolongement radiqueux.
Chair blanche, assez ferme, d’odeur et de saveur agréables. Non indiqué comme comestible.
On trouve ce champignon en été-automne, dans les bois surtout résineux.
Tricholôme couleur de vache.
Tricholoma vaccinum.
Spores blanches.
Si tous les champignons avaient un aspect aussi caractéristique que le Tricholôme écailleux, on serait beaucoup moins embarrassé qu’on ne l’est généralement dans une foule de cas.
Figurez-vous un champignon assez grand, brun ou roussâtre, dont le chapeau et même le pied sont revêtus, surtout le chapeau, d’une ample toison formée d’écailles fibrilleuses.
Lorsqu’il est à peu près développé, le Tricholoma vaccinum nous montre un chapeau de 5 à 8 centimètres, arrondi, puis étalé et mamelonné avec les bords plus ou moins recourbés.
Il est entièrement recouvert de fibrilles rousses plus ou moins appliquées ou relevées qui forment comme un revêtement laineux.
Les feuillets sont assez peu nombreux, larges, sinués à la base, blanchâtres et ayant la propriété de se maculer de roussâtre lorsque le champignon prend de l’âge.
Le pied est robuste, droit ou courbé, renflé à la base et terminé par une sorte de racine. Il est plein, puis creux, plus clair que le chapeau et plus ou moins fibrilleux; quelquefois même ces fibrilles forment comme un léger collier. Comestible quoique peu délicat. Ce champignon se plaît surtout dans les bois d’arbres verts à sous-sol humide.
Le Tricholôme imbriqué, Tricholoma imbricatum, est très voisin de notre champignon; il a le même aspect, vient dans les mêmes endroits, mais sa toison est beaucoup moins fournie: il est du reste également comestible.
—Planche 8—
Sous les conifères—Été, automne
Tricholôme couleur de vache—Tricholoma vaccinum
Comestible
Tricholôme couleur de soufre.
Tricholoma sulfureum.
Spores blanches.
Comme l’indique son nom, le Tricholôme couleur de soufre est tout jaune, ce caractère suffira à lui seul pour attirer l’attention sur ce champignon et le faire reconnaître, car il n’y a pas beaucoup de Tricholômes jaunes.
C’est un champignon assez élancé, ayant un chapeau jaune assez peu charnu, d’abord un peu conique, puis arrondi avec un léger mamelon au centre; assez tardivement il devient plat. L’épiderme est adhérent, un peu cotonneux, puis glabre; il recouvre une chair mince, jaune, présentant une odeur particulière assez prononcée qui n’est pas sans analogie avec celle de l’iode.
Les feuillets sont peu nombreux, épais, jaune de soufre, comme tout le champignon, sinués à la base et décurrents par une petite dent.
Le pied est beaucoup plus long que le diamètre du chapeau, puisqu’il mesure de 6 à 8 centimètres, quelquefois plus: il est ferme, cylindrique, parfois un peu irrégulier et aminci vers la base, glabre à l’extérieur, fibreux et jaune intérieurement.
On trouve ce champignon dans les bois un peu frais depuis le commencement de l’été jusqu’à l’automne. On le considère comme vénéneux, sans que l’on puisse lui reprocher un méfait quelconque, mais son odeur et sa saveur le rendent impropre à l’alimentation et cela suffit pour le proscrire.
—Planche 9—
Bois mêlés—Été, automne
Tricholoma couleur de soufre—Tricholoma sulfureum
Non comestible
Tricholôme acerbe.—Tricholoma acerbum.
Spores blanches.
Le Tricholôme acerbe est un champignon assez volumineux qui n’est pas rare dans les grands bois à l’arrière-saison. Son chapeau, d’abord arrondi, devient ensuite convexe, puis étalé avec les bords fortement repliés en dessous et fortement sillonnés; ce n’est que très tardivement qu’ils se relèvent. Il mesure 8 à 10 centimètres de diamètre et est blanc jaunâtre ou fauve.
Les feuillets sont nombreux, minces, arrondis à la base, étroits vers la marge du chapeau; ils sont jaunâtres ou pâles, et quand on les froisse, ils prennent une légère teinte rougeâtre.
Le pied est épais, cylindrique, ferme, un peu renflé à la base, blanc jaunâtre et parsemé de petites écailles au sommet; il est long de 5 à 6 centimètres.
Chair blanche, ferme, épaisse, mais de saveur un peu âpre, d’où le nom qui lui a été donné.
On trouve ce champignon en été-automne, dans les bois, surtout en bordure, où il pousse isolé ou en colonies. Bien que de saveur peu agréable, on donne ce champignon comme comestible.
—Planche 10—
Bois mêlés, taillis, futaies—Été, automne
Tricholôme acerbe—Tricholoma acerbum
Comestible
Tricholôme blanc.—Tricholoma album.
Spores blanches.
Les champignons tout blancs sont assez fréquents; il faut donc, lorsqu’on se trouve en présence d’un champignon de cette sorte, faire bien attention à ses caractères particuliers, puisque la couleur ne peut en rien nous aider.
Le Tricholôme blanc est un champignon de grandeur moyenne dont le chapeau, une fois développé, mesure de 5 à 7 centimètres de diamètre. Il est d’abord arrondi, assez régulier, puis il devient plan, et même un peu déprimé: il est lisse, glabre, blanc, mais dans la vieillesse le centre devient un peu jaunâtre.
Les feuillets sont blancs, assez nombreux, larges, arrondis à la base et adhérents au pied par une dent.
Le pied est souvent plus long que le diamètre du chapeau et mesure, en moyenne, de 6 à 8 centimètres; il est plein, ferme, fibreux, élastique, droit ou un peu courbé et même flexueux.
Chair blanche, ferme, d’odeur peu accentuée mais de saveur amère.
On le trouve communément à l’automne dans les bois où il forme des colonies nombreuses.
Ce champignon qui, au premier abord, est d’un aspect engageant, est considéré comme comestible par les uns, et comme suspect par d’autres; mais en raison de son amertume, il n’est pas à recommander.
Tricholôme argouane.—Tricholoma panœolum.
Nom vulgaire: Argouane des prairies.
Spores blanches.
Cet excellent champignon est tout d’abord arrondi, régulier, puis à peu près plan avec les bords un peu recourbés en dessous, ensuite il se déprime et nous montre des bords minces capricieusement ondulés et relevés. Sa couleur est grise ou cendrée avec un certain reflet rougeâtre, le tout parfois couvert d’une sorte de pruine: il mesure de 4 à 6 centimètres.
Les feuillets sont nombreux, d’abord émarginés puis comme décurrents par suite du relèvement des bords du chapeau; d’abord blancs ou blanchâtres, ils prennent ensuite une teinte analogue à celle du chapeau. Comme tous les tricholômes, ils se recouvrent de spores blanches.
Le pied est assez robuste, plein, fragile, strié et comme un peu velouté, grisâtre ou de la couleur du chapeau, mais plus clair.
Chair blanchâtre ou un peu grise, ayant une bonne odeur de farine mouillée.
On trouve quelquefois une variété de champignon, dont le chapeau est marqué de macules plus grandes.
L’Argouane constitue un comestible très apprécié et vendu sur les marchés dans l’Ouest de la France; on peut le récolter à l’automne dans les prairies, les bois clairsemés, où il forme des cercles plus ou moins étendus.
Tricholôme rutilant.—Tricholoma rutilans.
Spores blanches.
Bien nommé, ce nous semble, ce champignon dont le chapeau est d’un rouge de feu ou rouge cinabre.
C’est toujours au pied des conifères malades, ou sur la souche de l’un d’eux restée en terre que l’on trouve ce beau champignon.
Son chapeau sensiblement rond ne tarde pas à s’épanouir et à devenir presque plat, tout en gardant à son centre une proéminence assez marquée. Longtemps il garde son aspect majestueux et régulier et ce n’est que très tard qu’il se déforme. Si l’on examine à la loupe la surface du chapeau du Tricholôme rutilant, on remarque que sa couleur est due surtout à un revêtement tomenteux formé de petites écailles purpurines, et que le tissu sous-jacent est jaune; son diamètre est de 5 à 10 centimètres.
Les feuillets sont nombreux, fermes, adhérents, d’un jaune doré et garnis sur l’arête de villosités floconneuses. Le pied est robuste, arrondi, renflé vers le milieu, plein et fibreux, jaune et couvert comme le chapeau de flocons rouges mais moins abondants, il est long de 6 à 8 centimètres.
La chair du chapeau et celle du pied est jaune, sans odeur ni saveur. Il pousse en automne dans les bois de conifères. On le regarde comme vénéneux?
—Planche 13—
Sur les souches d’arbres verts—Été, automne
Tricholôme rutilant—Tricholoma rutilans
Non comestible
Clitocybe retourné.—Clitocybe inversa.
Spores blanches.
Au premier coup d’œil on reconnaîtra sans peine dans ce champignon un Clitocybe, à ses feuillets fortement décurrents; il n’en est pas toujours ainsi, et bien souvent on hésite à placer un champignon dans ce genre ou un genre voisin.
Le Clitocybe retourné est peu charnu; son chapeau d’abord arrondi ne tarde pas à devenir plan, puis à prendre la forme d’un entonnoir, il mesure alors de 5 à 8 centimètres. Il est glabre, jaune fauve, ou couleur de tan pâle, très mince sur les bords qui finissent par devenir irréguliers.
Les feuillets sont nombreux, étroits, très décurrents et beaucoup plus pâles que le chapeau.
Le pied est plutôt court (4 centimètres environ), plein, puis creux, ferme, un peu plus pâle que le chapeau, blanchâtre à la base qui est souvent renflée et courbée.
La chair est blanche, mince, continue avec celle du pied, sans odeur marquée et un peu acidule.
On donne ce champignon comme suspect, mais nous pensons avec M. Bataille qu’il est, sinon un bon comestible, tout au moins inoffensif.
On trouve ce champignon, de l’été à l’automne, surtout dans les bois de conifères où il se montre souvent en touffes de plusieurs individus.
Une espèce voisine, le Clitocybe flaccida, paraît n’en différer que par la teinte; elle pousse dans les mêmes endroits et jouit des mêmes propriétés.
—Planche 14—
Surtout sous les arbres verts—Été, automne
Clitocybe retourné—Clitocybe inversa
Comestible?
Clitocybe géotrope.—Clitocybe geotropa.
Spores blanches.
Le Clitocybe géotrope est un champignon assez volumineux qui appelle l’attention de l’amateur aussi bien que du mycologue par sa couleur pâle et son aspect trapu.
Il montre d’abord un petit chapeau presque plat, avec le centre proéminent et les bords repliés, placé sur un pied relativement gros et bien droit.
Son chapeau s’élargit peu à peu, relève ses bords, tout en gardant au centre un fort mamelon; il mesure alors de 7 à 10 centimètres, avec un bord mince ondulé et une couleur blanc rougeâtre tirant sur le fauve.
Les feuillets sont nombreux, étroits, aigus aux deux extrémités, décurrents et blanchâtres.
Le pied est cylindrique ou un peu renflé vers la base, long de 8 à 10 centimètres sur une épaisseur d’environ 2 centimètres; il est plein, fibreux, blanchâtre ou fauvâtre, cotonneux à la base.
La chair du champignon est blanche ou pâle, assez épaisse au centre, ferme et sans odeur.
Le Clitocybe géotrope est comestible, on le récolte en été-automne dans les bois un peu frais, où il forme quelquefois des cercles de nombreux individus.
Deux espèces voisines, les Clitocybe géant (Clitocybe gigantea) et Clitocybe très grand (Clitocybe maxima) ont beaucoup d’analogie avec le Clitocybe géotrope, se trouvent dans les mêmes endroits et sont également comestibles.
—Planche 15—
Bois, pâturages, sapinières—Été, automne
Clitocybe géotrope—Clitocybe geotropa
Comestible
Clitocybe infundibuliforme.
Clitocybe infundibuliformis.
Spores blanches.
Bien plus grêle que le Clitocybe géotrope, dont nous venons de parler, le Clitocybe infundibuliforme en a un peu l’aspect, la forme et la couleur.
Il a le chapeau mince, peu charnu, plat d’abord puis profondément déprimé avec un léger mamelon au centre; il mesure de 4 à 8 centimètres et est de couleur jaune pâle, légèrement teintée de fauve, d’abord régulier puis sensiblement ondulé ou festonné sur les bords.
Les feuillets sont blancs, nombreux, étroits, terminés en pointe aux extrémités, décurrents sur le pied.
Le pied est cylindrique ou épaissi vers la base, bien plus grêle que dans Clitocybe géotrope, blanchâtre ou jaunâtre, et couvert près du sol d’un duvet blanchâtre; sa longueur peut varier de 4 à 6 centimètres.
Chair blanche, molle, peu épaisse, d’odeur agréable.
Ce champignon, qui est comestible, pousse à l’automne dans les bois frais, sur les feuilles auxquelles il adhère par son duvet blanchâtre. Il est solitaire ou groupé et souvent on trouve deux individus soudés ensemble.
Comme il est très peu charnu, on peut le dessécher facilement.
Collybie (enracinée) radiqueuse.
Collybia radicata.
Spores blanches.
Le nom qui a été donné à ce champignon lui vient de la faculté qu’il a d’émettre dans le sol une très longue racine, que l’on ne remarque pas toujours lorsqu’on arrache brusquement le champignon, car la racine se casse, et l’on n’en voit qu’une faible partie.
Indépendamment de sa racine, le pied lui-même est beaucoup plus long que le diamètre du chapeau, puisqu’il mesure de 10 à 15 centimètres; il est raide, luisant, sillonné, aminci vers le haut et sensiblement renflé vers la base, blanc, blanchâtre ou grisâtre.
Les feuillets sont blancs, peu nombreux, assez larges et adhérents.
Le chapeau est peu charnu, mince, convexe, puis plan, portant à son centre un petit mamelon. Il mesure de 5 à 8 centimètres et est revêtu d’un épiderme assez épais, un peu ridé, glabre, visqueux surtout par les temps humides, brun gris plus ou moins foncé.
Chair très mince, sans odeur ni saveur.
Ce champignon pousse isolément ou en petit nombre en été-automne, au voisinage des vieux troncs, dans les bois un peu frais. Il importe pour l’avoir avec sa racine de le déterrer avec précaution, car le pied est assez fragile et se brise facilement.
Il est comestible, mais si peu charnu qu’on le délaisse souvent.
Mycène pure.—Mycena pura.
Spores blanches.
Les Mycènes sont des champignons généralement grêles et fragiles, mais l’espèce dont nous allons parler est relativement grande, et facilement reconnaissable à sa couleur.
Son chapeau est régulier, campanulé, puis plan et légèrement mamelonné, très peu charnu, glabre, et un peu strié à la marge qui est parfois légèrement duveteuse. Il mesure de 2 à 5 centimètres de large et sa couleur varie beaucoup: le plus ordinairement il est plus ou moins rose, mais on le trouve aussi presque blanc ou plus ou moins teinté de violet.
Les feuillets sont peu nombreux, larges au centre, atténués aux extrémités, de la couleur du chapeau ou plus pâles.
Le pied est droit, fragile, plus long que le diamètre du chapeau, cylindrique, un peu renflé à la base, creux, glabre ou seulement fibrilleux vers le bas, blanchâtre.
Chair blanche, mince, à odeur de rave.
On trouve le Mycena pura dans les bois au milieu des feuilles mortes auxquelles il adhère par des fibrilles; il vient isolé ou en groupe. En raison de sa taille et de son odeur de radis on ne fait pas usage de ce champignon.
Mycène des fougères—Mycena epipterygia.
Spores blanches.
Chapeau membraneux, campanulé, de 2 à 4 centimètres, strié, grisâtre ou blanc jaunâtre.
Feuillets peu nombreux, décurrents par une dent, blanchâtres, serrulés sur la tranche.
Pied grêle, jaunâtre ou grisâtre, long de 8 à 10 centimètres, visqueux, fibrilleux et radicant à la base.
On le trouve communément, en été-automne, sur les feuilles, les troncs; non comestible en raison de son peu d’épaisseur.
—Planche 18—
| Sur les troncs, feuilles, etc. | Sur les feuilles mortes |
| Automne | Été, automne |
| Mycène des fougères | Mycène pure |
| Mycena epipterygia | Mycena pura |
| Non comestibles | |
Chanterelle orangée.—Cantharellus aurantiacus.
Spores blanches.
La Chanterelle orangée est proche parente de la Chanterelle comestible que tout le monde connaît, mais elle est plus grêle et sa couleur plus foncée.
Le chapeau de ce champignon est assez peu charnu, d’abord arrondi, puis plan et bientôt déprimé, régulier ou irrégulier, mince et un peu enroulé sur les bords, un peu cotonneux ou tomenteux, jaune souci ou orangé fauve; son diamètre est de 2 à 6 centimètres.
Les feuillets sont nombreux, étroits, minces, un peu ramifiés, de la même couleur que le chapeau, ou un peu plus foncés et longuement décurrents sur le pied qui est cylindrique, plein, assez grêle, droit ou courbé, rougeâtre en haut, plus pâle dans le bas. Chair molle, jaunâtre, sans odeur ni saveur. On trouve une variété toute blanche, et une autre présentant un pied noir à la base.
La Chanterelle orangée est l’hôte habituel des bois résineux; elle pousse à l’automne.
C’est bien à tort que l’on a regardé cette espèce comme suspecte, elle est parfaitement comestible comme l’ont montré des expériences faites récemment.
—Planche 19—
Sous les Conifères—Été, automne
Chanterelle orangée—Cantharellus aurantiacus
Suspect pour les uns, comestible pour nous
Chanterelle en tube.—Cantharellus tubæformis.
Spores blanches.
A voir ses feuillets décurrents sur le pied et ramifiés, on se rend bien compte que l’on est en présence d’une espèce du genre Cantharellus; mais, comme teinte, cette espèce diffère complètement des Chanterelles orangée et comestible.
Très jeunes encore les Chanterelles en tube portent sur le chapeau un enfoncement caractéristique qui semble se continuer avec le pied de façon à simuler une sorte de cornet ou de trompe.
Le chapeau de convexe qu’il était devient plat et légèrement replié sur le bord. Il est membraneux, de couleur fauve, jaunâtre ou grisâtre, pelucheux ou couvert d’écailles plus foncées.
Les feuillets sont décurrents, peu nombreux, ramifiés, assez saillants et réunis entre eux par des rides ou veines, gris jaunâtres ou de couleur un peu fuligineuse.
Le pied est allongé, lisse, jaune cannelle, souvent sillonné ou comprimé, fistuleux, plus long que le diamètre du chapeau.
Ce champignon, que l’on trouve de l’été à l’automne dans les bois feuillus et résineux, est comestible.
Dans les mêmes endroits on peut rencontrer une espèce voisine qui offre les mêmes caractères de forme, de couleur et de taille: elle porte le nom de Chanterelle infundibuliforme, Cantharellus infundibuliformis. Certains mycologues pensent que cette espèce n’est pas différente de celle dont nous venons de parler.
—Planche 20—
Bois de conifères—Été, automne
Chanterelle en tube—Cantharellus tubæformis
Regardé comme suspect
Lactaire scrobiculé.—Lactarius scrobiculatus.
Spores blanches.
Le Lactarius scrobiculatus tire son nom de la présence sur le pied de petites dépressions ou fossettes, auxquelles on a donné le nom de scrobicules. Ce caractère, qui est peu fréquent, servira utilement à faire reconnaître ce champignon.
Son chapeau d’abord arrondi, devient ensuite plan, puis nettement déprimé, recourbé à la marge qui est un peu laineuse dans le jeune âge. Il est jaune pâle ou jaune ochracé, plus ou moins foncé, marqué parfois de quelques zones et large de 8 à 10 centimètres.
Les feuillets sont nombreux, assez étroits, presque décurrents, blanchâtres ou pâles.
Pied court, épais d’abord, plein, puis creux, terminé en pointe à sa base, de la couleur du chapeau, mais plus pâle et couvert de nombreuses dépressions ovales, plus foncées, qui, à elles seules, peuvent servir à caractériser l’espèce.
La chair du scrobiculé est âcre, d’abord blanche, et elle laisse écouler, comme toutes les espèces du genre, un lait d’abord blanc, âcre, qui ne tarde pas, au contact de l’air, à devenir jaune de soufre.
On trouve le Lactaire scrobiculé en été et à l’automne, dans les bois; il n’est pas comestible.
Hygrophore conique.—Hygrophorus conicus.
Spores blanches.
L’Hygrophore conique est une petite espèce que l’on trouve souvent sur l’herbe des chemins, dans les prairies et les clairières.
Son chapeau qui est de couleur orangée, rougeâtre ou rouge minium, est d’abord conique, d’où le nom qui lui a été donné; il devient ensuite presque plat, avec le centre proéminent; puis les bords se relèvent plus ou moins, se fendillent, de même que l’épiderme du chapeau, et laisse voir une chair mince, fragile, blanchâtre ou un peu jaunâtre. Par les temps humides le chapeau est légèrement visqueux.
Les feuillets sont peu nombreux, épais, larges vers la marge, étroits et presque libres vers la base, de couleur jaune, devenant verdâtres ou noirâtres quand on les froisse, comme du reste toutes les autres parties du champignon.
Le pied est plus long que le diamètre du chapeau, et mesure 4 à 6 centimètres de hauteur. Il est rouge, jaunâtre dans le bas, cylindrique, arrondi à la base et très fragile.
Pousse pendant une partie de l’année dans l’herbe des prairies et sur les chemins verts.
On n’est pas fixé sur ses qualités alimentaires, mais cependant on ne le consomme pas, cela tient peut-être à ce que, aussitôt cueilli, il prend un aspect noirâtre, peu engageant.
Hygrophore blanc d’ivoire.—Hygrophorus eburneus.
Spores blanches.
L’Hygrophore blanc d’ivoire est un champignon de taille moyenne, tout blanc: son chapeau est assez charnu, arrondi, mamelonné, puis plan et même un peu déprimé; large de 3 à 5 centimètres, visqueux au sommet, glabre sur le disque, un peu velu sur les bords qui sont repliés.
Feuillets décurrents peu nombreux, épais, entiers, blancs, réunis par des veines à la base.
Pied plein, ferme, droit ou un peu courbé, atténué à la base, long de 5 à 6 centimètres; il est blanc, glabre, plein, puis creux, couvert au sommet de granulations visqueuses.
Chair blanche, ferme, de saveur agréable et d’odeur nulle.
Ce champignon, qui est comestible, n’est pas rare dans les bois, de l’été à l’automne.
Une espèce très voisine mais un peu plus rare est l’Hygrophorus cossus, également blanc dans toutes ses parties, mais il s’en distingue à son odeur particulière, qui rappelle celle de la larve du papillon appelé Cossus. Cette dernière espèce est regardée comme suspecte.
—Planche 23—
Dans les bois frais—Été, automne
Hygrophore blanc d’ivoire
Hygrophorus eburneus
Comestible
Russule jaunâtre.—Russula ochroleuca.
Spores blanches
Il y a dans toutes les Russules un faciès particulier qui permet de reconnaître le genre au premier coup d’œil; la Russule jaunâtre, comme ses congénères, a un aspect raide et des feuillets absolument droits qui ne permettent pas de s’y tromper.
Il est plus difficile de différencier les espèces.
Ici, nous sommes en présence d’une espèce dont le chapeau est jaune pâle ou un peu roussâtre surtout au centre. Il est d’abord arrondi puis plan ou un peu déprimé au milieu, humide ou même visqueux en temps de pluie, lisse ou légèrement strié sur les bords; diamètre: 4 à 8 centimètres.
Feuillets blancs assez nombreux, simples, larges, arrondis à la base et droits.
Pied ferme, cylindrique, long de 5 à 6 centimètres, blanc et couvert de stries grisâtres, spongieux à l’intérieur.
Chair blanche, ferme et cassante, de saveur âcre, mais d’odeur non désagréable.
On considère cette Russule comme suspecte, probablement en raison de sa saveur âcre.
La Russule jaunâtre se trouve de la fin de l’été à l’automne dans les bois un peu humides.
Russule sevrée.—Russula delica.
Spores blanches.
Il ne faudrait pas croire que le nom de delica donné à ce champignon implique l’idée d’un champignon excellent à consommer; le mot delica doit vouloir dire sevré; au reste, cette espèce bien qu’elle soit comestible est loin d’être délicate. C’est elle que dans certaines localités on consomme en assez grande quantité sous le nom de Prevet.
Le chapeau de la Russule sevrée est d’abord convexe puis plan et enfin déprimé avec les bords un peu repliés. Il est blanc comme tout le champignon, mais souvent sali par la terre qu’il soulève; il mesure de 6 à 8 centimètres, avec un épiderme adhérent, glabre ou un peu pruineux.
Les feuillets sont peu nombreux, épais, amincis aux deux extrémités, décurrents, blancs, avec une légère teinte verte qui se remarque surtout à l’insertion des feuillets sur le pied.
Le pied est blanc, plein, plus court que le diamètre du chapeau, puisqu’il mesure seulement 3 à 4 centimètres sur une épaisseur de 2 centimètres environ.
La chair est blanche, épaisse, très ferme, d’odeur un peu vireuse et de saveur douce, puis un peu âcre.
La Russule sevrée est comestible et elle se rencontre dans les bois en été et automne.
Ce champignon ressemble beaucoup à certaines Lactaires blanches, mais il n’a pas de lait.
Russule rouge.—Russula rubra.
Spores blanches.
Les Russules ne sont pas faciles à distinguer les unes des autres, surtout les rouges qui sont assez nombreuses. La Russule rouge, Russula rubra, de Fries, est une espèce que quelques mycologues voudraient rayer de la nomenclature, sous le prétexte que l’on ne sait pas au juste à quel champignon de ce genre il faut appliquer ce qualificatif.
Voici ce qu’en dit Fries: «Ce champignon a une saveur âcre, le chapeau convexe, plan ou déprimé, et poli lisse; marge obtuse, droite, non striée. Les feuillets adnés, blancs, devenant un peu jaunâtres et souvent rouges sur la tranche; ils sont assez nombreux, dimidiés ou fourchus.»
D’après le même, la couleur du chapeau serait rouge minium, un peu brillant, mais susceptible de pâlir ou de se modifier.
On trouve la Russule rouge dans les bois feuillus plutôt que sous les conifères.
Le pied est robuste, ferme, blanc ou teinté de rose.
Parmi les espèces ayant une couleur rouge, nous dirons que Russula sanguinea est d’un rouge moins foncé, blanchâtre à la marge, «tout à fait différent de Russula rubra par sa chair ferme, par ses feuillets adnés, décurrents, étroits, acuminés, comme dit Fries».
Russula Linnæi a la chair douce.
Russula Queletii vient sous les conifères.
Russule noircissante.—Russula nigricans.
Spores blanches.
La Russule noircissante est le type d’un petit groupe de Russules qui ont pour caractère principal de prendre, en vieillissant, une couleur noire plus ou moins foncée. Leur chair aussi devient, à la cassure, d’une couleur rougeâtre sale que l’on ne constate pas dans les autres espèces du genre.
Le chapeau de cette Russule est ferme, presque dur, arrondi, puis plan et déprimé, d’abord régulier puis sinueux, glabre et non strié, avec les bords infléchis. Il commence par être blanc ou blanc sale, puis, peu à peu, il prend une teinte marron fuligineuse, plus ou moins accentuée pour devenir presque noir; son diamètre est en moyenne de 8 à 10 centimètres.
Les feuillets, qui prennent un peu la couleur du chapeau, sont peu nombreux, épais, assez larges au milieu, rétrécis aux extrémités, et quand on les froisse, surtout dans le jeune âge, ils prennent une teinte rouge lie de vin.
Pied à peu près cylindrique, épais, ferme, long de 4 à 6 centimètres, d’abord blanc, puis de la couleur du chapeau, plein, puis creux, mais rigide malgré tout.
Chair ferme, dure, granuleuse, normalement blanche, mais prenant à l’air une teinte rougeâtre, puis devenant noire à la fin; saveur légèrement âcre.
La Russule noircissante n’est pas comestible, on la trouve fréquemment pendant la belle saison dans presque tous les bois.
—Planche 27—
Commune dans les bois—Été, automne
Russule noircissante
Russula nigricans
Non comestible
Schizophylle commun.—Schizophyllum commune.
Spores blanches.
Joli champignon blanc cotonneux, en forme de coquille renversée, commensal attitré des bois morts, encore revêtus de leur écorce.
Le mot schizophylle signifie que les feuillets sont fendus.
C’est le plus souvent un assemblage de chapeaux adhérents au support par un léger pédoncule, qui manque quelquefois: il est légèrement bombé ou plan orbiculaire, recourbé sur les bords qui sont sinués, lobés ou incisés. Sa surface est blanchâtre, cotonneuse ou laineuse, puis grisâtre et parfois rougeâtre. Son diamètre est de 2 à 4 centimètres, mais il paraît souvent davantage, parce que plusieurs se soudent ensemble. Sous le chapeau, se trouvent des feuillets rameux disposés en éventail, qui offrent cette particularité qu’ils sont creusés en sillon, formant comme une sorte de gouttière.
Ce champignon est membraneux, coriace, sans aucune apparence de chair; il persiste toute l’année sur les troncs morts.
Panus styptique.—Panus stypticus.
Les Panus sont des champignons à spores blanches qui vivent sur les arbres: ils ont un pied latéral ou excentrique, et comme ils sont coriaces, on peut les conserver facilement.
Le Panus stypticus nous montre un chapeau arrondi en forme de rein, régulier ou lobé, et à bords légèrement recourbés en dessous. Il est jaune fauve ou fauve grisâtre, un peu sillonné et couvert d’une poussière squameuse facile à enlever.
Feuillets nombreux, étroits, minces, se terminant tous sur une même ligne circulaire.
Pied latéral court, assez large à l’insertion des feuillets, plus étroit à sa base.
Saveur fade, puis très âcre; non comestible.
Pousse en groupes imbriqués sur les souches d’arbres encore vivants pendant l’automne et l’hiver.
—Planche 28—
| Sur les troncs morts | Sur les souches coupées |
| Toute l’année | Toute l’année |
| Schizophylle commun | Panus styptique |
| Schizophyllum commune | Panus stypticus |
| Non comestibles | |
Volvaire élégante.—Volvaria speciosa.
Spores roses.
On a beau dire, c’est un champignon qui porte bien son nom, mais malheur à l’imprudent qui se laisse prendre à sa bonne mine, il cache, paraît-il, sous des dehors séduisants, une âme bien noire, mortelle, dit-on.
On regarde les Volvaires comme des Amanites à spores roses, rien n’est plus vrai, puisqu’on y trouve toujours l’attribut de ces dernières, la volve; quant au collier, il peut manquer comme aussi dans certaines Amanites.
Au début, il est renfermé dans une volve blanche, d’où il sort sous forme d’une boule qui s’élargit peu à peu, jusqu’à devenir presque plate: son chapeau peut atteindre alors 6 à 8 centimètres; il est assez charnu, blanchâtre, puis grisâtre, surtout sur le disque; il est, de plus, mou et un peu visqueux.
Feuillets nombreux, larges, ventrus, laissant autour du pied un espace annulaire bien visible; ils sont d’abord blancs ou blanchâtres, puis roses par les spores qui les recouvrent.
Le pied est droit, régulier, un peu épaissi à la base, plus long que le diamètre du chapeau, blanchâtre, puis un peu roussâtre, surtout à la base, qui est légèrement pubescente et garni d’une volve blanche divisée en 2 ou 3 lobes.
Chair blanche nauséeuse.
On trouve la Volvaire élégante en automne et hiver, dans les terrains fumés, les décombres et surtout autour des meules où la paille a longtemps séjourné à terre.
—Planche 29—
Terrains fumés, décombres—Automne, hiver
Volvaire remarquable—Volvaria speciosa
Vénéneux
Pluteus des cerfs.—Pluteus cervinus.
Spores roses.
Le Pluteus cervinus est un champignon assez grand, qui, en raison de ses spores rougeâtres, fait partie du groupe des Rhodosporées (champignons à spores roses).
Son chapeau est assez charnu, d’abord campanulé, puis convexe, plan, avec le centre proéminent. Sa couleur est assez variable, puisqu’on peut le trouver d’un brun plus ou moins foncé, bistré ou même blanchâtre, mais sa couleur la plus habituelle est brune. Par les temps humides, il est généralement visqueux, nu ou couvert de fibrilles écailleuses; diamètre très variable de 4 à 12 centimètres.
Les feuillets sont nombreux, larges, libres autour du pied, d’abord blancs, puis rosés, par les spores qui les recouvrent.
Le pied est plus long que le diamètre du chapeau; il est plein, puis creux, cylindrique, blanc ou blanchâtre et couvert de fibrilles plus foncées.
La chair est assez épaisse, molle, blanche, odorante.
Longtemps, on a considéré le Pluteus cervinus comme suspect, mais il est parfaitement comestible. On le trouve principalement sur les troncs pourris, dans les bois, les haies, et souvent aussi sur la sciure de bois; alors il pousse en touffe et prend des dimensions beaucoup plus grandes et s’éloigne du type normal.
Les Pluteus poussent toujours sur du bois plus ou moins décomposé, et non sur la terre proprement dite.
—Planche 30—
Troncs pourris, sciure de bois—Été, automne
Pluteus des cerfs—Pluteus cervinus
Comestible
Cortinaire bleuâtre.—Cortinarius cœrulescens.
Spores ochracées.
Il y a, certes, parmi les Cortinaires que l’on connait, de belles espèces, mais celui-ci est malgré tout un des plus remarquables, tant par sa couleur fraîche et vive que par son port élégant.
Son chapeau est charnu, convexe, à bords recourbés, puis plan et un peu déprimé dans la vieillesse, où il prend des formes plus ou moins tourmentées; il mesure de 4 à 8 centimètres. Tout jeune, il est d’un bleu lilacé très vif, mais ensuite il devient roussâtre, au moins par place, et il faut l’avoir vu jeune pour se faire une idée de la fraîcheur de son coloris. Son épiderme est un peu fibrilleux ou légèrement visqueux par les temps humides.
Les feuillets sont nombreux, d’un beau bleu pâle, puis de couleur rouillée, due aux spores qui mûrissent.
Le pied est plein, gros, cylindrique, long de 4 à 5 centimètres et terminé à sa partie inférieure par un gros bulbe marginé couvert d’un léger coton bleuâtre.
La cortine qui, primitivement, reliait le chapeau au pied est blanc bleuâtre, puis ochracée et fugace.
Chair épaisse, ferme, lilacée, puis blanche, de saveur agréable. Ce champignon est comestible, mais assez rare. On le récolte en été-automne, dans les bois ombragés.
Cortinaire de Berkeley.—Cortinarius Berkeleyi.
Spores ochracées.
Nous allons parler d’un Cortinaire qui, probablement, est le géant du genre et peut-être même de tous les Agarics: avec un seul spécimen, on peut faire un plat.
Le Cortinaire de Berkeley, nom du mycologue qui le premier l’a séparé des espèces voisines, nous paraît devoir se rapporter aux Cortinarius torvus de Fries, et præstans de Cordier. Il commence par montrer au-dessus du sol une tête sphérique, de la grosseur d’un petit œuf, mais, rapidement, le développement a lieu, et nous nous trouvons alors en présence d’un volumineux champignon à chapeau régulièrement arrondi recourbé sur les bords, mesurant plus de 20 centimètres de diamètre. Normalement, il est de couleur ochracée plus ou moins foncée, lisse, humide ou même visqueux et couvert surtout sur les bords de macules glutineuses blanches. Plus tard, il se ride du centre à la circonférence.
Feuillets nombreux, minces, étroits, non décurrents, d’abord bleu pâle lilacé, puis devenant ochracés par les pores qui les recouvrent.
Le pied est gros, ferme, plein, renflé à la base surtout dans le jeune âge, long de 10 à 20 centimètres et épais de plus de 3 centimètres. Il est blanc et couvert de squames nombreuses, et relié au chapeau dans les premiers temps par une abondante cortine formée de filaments blancs ou violacés.
Chair épaisse, fine, blanchâtre, de saveur agréable.
On trouve ce beau et bon champignon en automne dans les forêts, où il forme de grands cercles, de 15 à 20 individus.
Cortinaire à bracelets.—Cortinarius armillatus.
Spores ochracées
Ce champignon mesure de 8 à 10 centimètres au chapeau, avec un pied plus long que le diamètre du chapeau; il offre un caractère qui aidera à le faire reconnaître, il est marqué sur le pied de 2 à 4 zones circulaires irrégulières d’un rouge brique.
Au début, son chapeau est arrondi, puis convexe, un peu mamelonné au centre et enfin presque plat, avec les bords un peu relevés. Il est de couleur rouge brique ou un peu brunâtre, fibrilleux ou écailleux.
Feuillets peu nombreux, larges, arrondis et un peu adhérents au pied, amincis à la marge, pâles, puis rouillés ou bruns.
Pied plus long que le diamètre du chapeau, mince en haut, insensiblement renflé vers le bas, plein, blanchâtre ou fauve pâle et marqué vers le milieu de 3 ou 4 impressions irrégulières d’un rouge cinabre. La cortine est très fugace.
On trouve le Cortinaire à bracelets en été-automne, dans les bois.
Ce champignon, indiqué comme comestible, est de qualité inférieure.
Une espèce voisine, que l’on trouve dans les mêmes endroits, est le Cortinarius hæmatochælis, qui n’offre qu’une zone rouge et est de dimensions moindres.
Cortinaire couleur de brique.
Cortinarius bolaris.
Spores ochracées.
Le Cortinaire couleur de brique est de taille moyenne, et il se caractérise surtout par sa teinte d’un rouge tout particulier.
Son chapeau est peu charnu, convexe, puis plan et un peu déprimé à la fin, il mesure de 4 à 5 centimètres de diamètre. Il est entièrement couvert de petites écailles d’un rouge safrané entre lesquelles on aperçoit le tissu pâle du champignon.
Les feuillets sont peu nombreux, étroits, amincis aux deux extrémités, blanchâtres ou un peu jaunâtres, puis orangés.
Le pied est plus grand que le diamètre du chapeau, plein, puis creux, égal, de la couleur du chapeau et un peu écailleux.
Chair blanche, peu épaisse, un peu âcre.
On trouve ce champignon, qui est probablement comestible, dans les bois, en été-automne.
Cortinaire rouge cinabre.
Cortinarius cinnabarinus.
Spores ochracées.
Encore un Cortinaire de petite dimension; il mesure de 3 à 5 centimètres, mais sa couleur rouge est très belle.
Son chapeau est peu charnu, campanulé, puis plan, d’un beau rouge vif, rappelant la couleur du cinabre; il est d’abord un peu soyeux puis glabre.
Les feuillets sont peu nombreux, assez larges et de la couleur du chapeau.
Le pied est long de 4 à 5 centimètres, plein, régulier ou un peu épaissi à la base, rouge plus clair que le chapeau et muni d’une cortine également rouge.
Chair peu épaisse, rouge, avec une légère odeur de radis.
Il n’est pas d’usage de consommer ce champignon que l’on trouve en été-automne, dans les bois sablonneux.
—Planche 34—
Dans les bois—Été, automne
| Cortinaire couleur de brique |
Cortinaire rouge cinabre |
| Cortinarius bolaris | Cortinarius cinnabarinus |
| Probablement comestible | Douteux |
Hébélôme échaudé.—Hebeloma crustuluniformis.
Spores ochracées.
Les Hebeloma correspondent dans les Ochrosporées, aux Tricholoma des Leucosporées, c’est-à-dire qu’ils ont les feuillets sinués et le pied charnu.
L’Hébélôme échaudé a le chapeau d’abord arrondi, puis plan, avec les bords minces un peu irréguliers: il est glabre, humide ou un peu visqueux, jaune pâle ou roussâtre, surtout au centre.
Les feuillets sont nombreux, minces, roussâtres, pâles et souvent tachetés, denticulés sur la tranche, et montrant en temps humide des gouttelettes de liquide.
Le pied est plein, puis creux, un peu bulbeux à la base, plus clair que le chapeau, glabre en bas et ponctué au sommet de granulations écailleuses.
Chair blanche, épaisse, à odeur de radis.
Ce champignon est fréquent en été-automne, dans les bois, les prairies: comestible peu estimé.
Collybie à pied velu.—Collybia velutipes.
On trouve ce champignon à la fin de l’automne et pendant l’hiver sur les arbres languissants où il forme de petites touffes agréables à voir.
Le chapeau est peu charnu, mince, jaune orangé ou brunâtre, glabre et un peu visqueux, convexe, puis plan, large de 2 à 5 centimètres.
Les feuillets sont peu nombreux, assez larges, arrondis vers le pied, aigus vers la marge.
Pied jaune, roussâtre en haut et couvert ailleurs d’un tomentum brun ou noir, long de 4 à 6 centimètres; chair blanche ou blanchâtre de saveur mucilagineuse: comestible peu estimé.
—Planche 35—
Dans les bois—Été, automne
| Hébélôme échaudé | Collybie à pied velu |
| Hebeloma crustuluniformis | Collybia velutipes |
| Comestibles peu estimés | |
Paxille noir-tomenteux.—Paxillus atro-tomentosus.
Spores ochracées.
Les Paxilles, peu nombreux en espèces, ont pour caractères principaux d’avoir les spores ochracées et les feuillets décurrents susceptibles de se séparer en masse de la chair du champignon. Nous avons, dans le premier volume, décrit et figuré le Paxille enroulé, qui est d’une couleur fauve uniforme, ce qui n’est pas le cas pour celui qui nous occupe.
Le Paxille noir-tomenteux a un chapeau souvent irrégulier, d’abord convexe, puis en entonnoir, avec les bords recourbés, surtout dans le jeune âge: il est pubescent, brun bistré plus ou moins intense, et mesure de 10 à 15 centimètres et même davantage.
Les feuillets sont nombreux, étroits, décurrents, anastomosés, fauves ochracés et pouvant, comme nous l’avons dit plus haut, se séparer par parties de la chair.
Pied court, trapu, plein, souvent excentrique, ordinairement couvert d’un revêtement brunâtre et comme duveteux.
La chair est assez épaisse, ferme, blanchâtre.
On trouve ce champignon surtout dans les bois d’arbres verts, où il acquiert des formes souvent curieuses, et des dimensions très grandes.
On l’indique comme comestible, mais il a, une fois cuit, une saveur franchement désagréable.
—Planche 36—
Bois d’arbres verts—Été, automne
Paxille noir-tomenteux—Paxillus atro-tomentosus
Comestible peu délicat
Pholiote radiqueuse.—Pholiota radicosa.
Spores ochracées.
Les Pholiotes, on le sait, sont des champignons munis d’un collier assez résistant et ayant des spores ochracées.
La Pholiote radiqueuse, ainsi nommée parce que son pied s’enfonce dans le sol, d’une assez grande longueur, est un champignon dont le chapeau, d’abord arrondi, s’élargit peu à peu en forme de dôme; il est rare qu’il devienne tout à fait plat. Il est charnu, ferme, blanchâtre ou jaunâtre fauve, plus ou moins parsemé de mèches appliquées de couleur plus foncée; son diamètre est de 6 à 10 centimètres, et l’épiderme du chapeau déborde légèrement sur les feuillets.
Feuillets nombreux, pâles, puis roussâtres, ferrugineux par les spores qui les recouvrent.
Pied robuste, plein, cylindrique, droit ou un peu courbé, plus long que le diamètre du chapeau et s’enfonçant dans le sol, d’une quantité parfois égale à sa longueur, sous forme de racine fusiforme; il est blanc ou blanchâtre, farineux au-dessus du collier et garni en dessous de nombreuses écailles un peu brunes. Collier large, membraneux, persistant.
Chair ferme, blanche, à odeur d’amande.
La Pholiote radiqueuse se trouve surtout au voisinage des souches pourrissantes, où le pied peut se développer librement dans un sol approprié. Lorsqu’on arrache ce champignon sans précaution, on brise sa racine et l’on n’obtient qu’un échantillon imparfait qui ne peut donner une idée de l’espèce.
—Planche 37—
Au pied des arbres—Été, automne
Pholiote radiqueuse—Pholiota radicosa
Peut-être comestible
Pholiote squarreuse.—Pholiota squarrosa.
Spores ochracées.
Encore une Pholiote qui est bien nommée, puisque squarrosa signifie couvert de pustules, ou écailles; et en effet, il est, dans la jeunesse, complètement hérissé de mèches retroussées.
La Pholiote squarreuse débute par un long pied généralement courbé et surmonté à sa partie supérieure par un léger renflement sphérique, le tout complètement recouvert de nombreuses squames brunâtres.
Peu à peu, le chapeau s’épanouit tout en restant convexe, il peut alors avoir de 5 à 10 centimètres. Il est charnu, jaune clair ou safrané, mais les nombreuses écailles qui le recouvrent sont brunâtres.
Les feuillets sont nombreux, étroits, jaune pâle, puis ferrugineux, arrondis à la base et aigus au sommet.
Le pied est plein, ferme, un peu courbé, long de 6 à 10 centimètres, jaune et garni de nombreuses écailles brunes, lisse au-dessus du collier qui est très consistant.
Chair jaune, d’odeur prononcée, comestible peu estimé.
Pousse en touffe de plusieurs individus au pied des arbres malades.
—Planche 38—
Sur les arbres malades—Automne
Pholiote squarreuse—Pholiota squarrosa
Comestible peu recommandable
Gomphide visqueux.—Gomphidius viscidus.
Spores noires.
Les Gomphidius sont peu nombreux en espèces, 3 ou 4 au plus; ils ont un chapeau assez caractéristique, en forme de toupie; leurs spores sont noires et très allongées comme celles des Bolets.
Le Gomphide visqueux montre d’abord un chapeau conique à bords repliés en dessous et reliés au pied par des filaments soyeux très fins, qui représentent une cortine. Plus tard, le chapeau s’aplatit tout en restant mamelonné au centre, l’épiderme est glabre, lisse, puis roussâtre ou roux fauve, puis un peu noirâtre, visqueux, et d’un diamètre de 3 à 5 centimètres.
Les feuillets sont épais, peu nombreux, droits, blancs grisâtres, puis cendrés et enfin noirs.
Le pied est plein, ferme, plus long que le diamètre du chapeau, cylindrique et atténué à la base, droit ou flexueux, jaune roussâtre, puis foncé dans le haut, présentant au sommet une sorte de cortine un peu visqueuse.
Chair jaunâtre, élastique, de saveur mucilagineuse et d’odeur assez désagréable.
On trouve ce champignon pendant une partie de l’année, presque exclusivement dans les sapinières.
C’est un comestible peu apprécié.
— Planche 39—
Sous les sapins—Été, automne
Gomphide visqueux—Gomphidius viscidus
Comestible peu délicat
Strophaire érugineux.—Stropharia œruginosa.
Spores brunes noirâtres.
Les Strophaires sont des champignons à couleurs assez vives et de formes plutôt gracieuses, mais ils ont une bien mauvaise habitude, ils ont une préférence pour les matières excrémentielles, et l’un d’eux porte le nom mal odorant de merdaria.
Celui dont nous nous occupons tire son nom de sa couleur verte. Il se compose d’un chapeau pouvant mesurer 4 à 6 centimètres de diamètre, assez charnu, arrondi, puis plan convexe ou plan, et toujours muni d’un mamelon apparent; il est jaune verdâtre ou bleuâtre et couvert d’une épaisse couche visqueuse. Sous l’influence de la lumière, il blanchit sensiblement, et parfois on le trouve couvert de squames peu adhérentes blanches, lesquelles se voient surtout au bord du chapeau. L’épiderme s’enlève facilement.
Les feuillets sont assez nombreux, étroits aux extrémités, larges au milieu, gris, verdâtres, puis brunâtres.
Le pied est plus long que le diamètre du chapeau, droit ou courbe, cylindrique ou un peu plus gros à la base, creux à l’intérieur, verdâtre ou un peu azuré comme le chapeau, visqueux et couvert de squames blanches, plus abondantes au haut du pied où elles forment un collier fugace.
Chair molle, blanche ou blanchâtre de saveur désagréable.
On trouve ce champignon dans les bois, sous les feuilles, l’humus ou les matières décomposées. On le regarde comme suspect.
Bolet à chair jaune.—Boletus chrysenteron.
C’est un Bolet qui est généralement de taille moyenne; son chapeau est convexe, aplati sur le tard et souvent plus ou moins irrégulier, il mesure de 4 à 6 centimètres et est de couleur terne, fauve ou brun pâle, quelquefois un peu rougeâtre, légèrement tomenteux, fendillé ou divisé en petits compartiments isolés comme le montre la figure de droite; on aperçoit alors la chair qui se colore en rouge.
Les bords du chapeau sont obtus.
Les tubes sont jaunes, peu ou pas déprimés autour du pied, terminés par des pores assez grands, inégaux, anguleux et verdissant par le frottement.
Pied robuste, long de 4 à 5 centimètres, égal ou un peu renflé à la base, souvent courbé ou flexueux, jauni, mais couvert de nombreuses stries rouges, sauf au sommet ou à la base.
Chair molle, jaune, rouge sous l’épiderme, sans odeur ni saveur appréciable.
Ce champignon pousse un peu partout isolément, dans les bois mêlés; on le regarde comme suspect, probablement à tort.
Une espèce voisine, le Boletus subtomentosus, se distingue du Chrysenteron, par sa chair qui est jaune sous l’épiderme du chapeau, tandis qu’elle est rouge dans le Chrysenteron.
Bolet parasite.—Boletus parasiticus.
Au numéro 60 de notre nouvel Atlas, nous avons décrit le Scléroderme vulgaire, que l’on trouve si communément dans les terrains maigres, au bord des chemins: eh bien, ce Scléroderme a le singulier privilège d’héberger un Bolet, qui, de ce fait, a reçu le nom de Bolet parasite. C’est bien aux dépens du Scléroderme que vit ce champignon: il suffit, pour s’en convaincre, d’examiner avec un peu d’attention les relations qui existent entre les deux plantes.
Vers la base du Scléroderme, partent deux ou plusieurs mamelons qui grandissent peu à peu; ils portent à leur sommet un chapeau plus ou moins arrondi, puis sensiblement plat et mesurant 3 à 5 centimètres.
Assez régulièrement hémisphérique, le chapeau du Bolet parasite ne tarde pas à modifier sa forme, soit parce que les chapeaux se touchent ou qu’ils se trouvent en contact avec le Scléroderme lui-même. L’épiderme du chapeau est lisse, uni, fauve ou roussâtre, parfois grisâtre et fendillé. Les pores sont d’un jaune sale, assez grands, d’abord arrondis, puis anguleux; ils adhèrent au pédicule, mais par suite du développement du chapeau, ils paraissent un peu décurrents. Le pied est cylindrique, un peu atténué et toujours courbé à la base, qui est en contact intime avec la chair du Scléroderme. Chair jaune.
Le Bolet parasite se développe sur les Scleroderma vulgare et verrucosum. Il n’est pas donné comme comestible.
Bolet pomme de pin.—Boletus strobilaceus.
Quiconque a vu une seule fois ce Bolet ne l’oubliera pas.
Figurez-vous un chapeau arrondi, brunâtre ou noirâtre, tout couvert d’écailles ou de squames floconneuses régulièrement disposées, épaisses et dépassant les bords du chapeau, lequel mesure de 4 à 8 centimètres.
Les tubes sont assez longs, anguleux, blanchâtres, puis gris rougeâtres ou bistrés avec des pores amples de même couleur.
Pied plus long que le diamètre du chapeau, égal ou un peu renflé à la base, fibreux, charnu, blanchâtre ou grisâtre et couvert de nombreuses mèches soyeuses.
Chair blanche, puis rosée et devenant brune.
Ce champignon est comestible, mais peu délicat; on le trouve assez rarement dans les bois ombragés.
Bolet des bouviers.—Boletus bovinus.
Comme plusieurs de ses congénères, le Bolet des bouviers affectionne les arbres verts.
Son chapeau est d’abord arrondi, puis plan, glabre et visqueux en temps humide, fauve ou roux ferrugineux, et d’un diamètre de 5 à 8 centimètres.
Les tubes sont décurrents sur le pied, assez courts, jaunâtres, verdâtres ou ferrugineux, avec des pores amples et composés.
Le pied est cylindrique, égal ou un peu renflé à la base, de la couleur du chapeau ou teinté de rougeâtre et long de 3 à 4 centimètres.
Chair blanche, devenant un peu verdâtre et de saveur agréable.
On trouve ce champignon en automne, dans les bois d’arbres verts; il est comestible.
—Planche 43—
Dans les bois—Été, automne
| Bolet pomme-de-pin | Bolet des bouviers |
| Boletus strobilaceus | Boletus bovinus |
| Comestibles | |
Bolet varié.—Boletus variegatus.
Le Bolet varié se plaît, lui aussi, au voisinage des conifères; on le reconnaîtra à son chapeau d’abord arrondi, puis plan, roussâtre ou jaune olivâtre, couvert sur une partie de sa surface d’une multitude de petites écailles plus foncées; son diamètre est de 6 à 8 centimètres.
Tubes verdâtres touchant le pied, terminés par des pores assez grands, anguleux, olivâtres ou bistrés, ferrugineux.
Pied cylindrique ou un peu renflé à la base, ferme, jaune ou de la couleur du chapeau, avec parfois des stries plus foncées.
Chair assez épaisse, jaune ou prenant une légère teinte bleuâtre; celle du pied est plus jaune et souvent un peu rougeâtre à la base.
On trouve ce champignon dans les bois de pins, où il est souvent très abondant.
Il est comestible.
Polypore du bouleau.—Polyporus betulinus.
Ce champignon est bien reconnaissable à sa forme régulière, sa couleur fauve et sa surface absolument unie; de plus, il ne pousse que sur les bouleaux.
Si l’on veut bien prendre la peine d’examiner un bouleau mort, qu’il soit sur pied ou couché à terre, on y trouvera presque à coup sûr un ou plusieurs Polypores du bouleau.
Il se montre d’abord sous la forme d’une petite masse ronde excavée en dessous, et si jeune qu’il soit, on reconnaît à peu près la forme de l’adulte.
Finalement, il mesure 12 à 15 centimètres de diamètre, son chapeau est circulaire, se terminant à l’arrière par un pied court un peu courbé; il est d’un brun roussâtre uniforme, uni, non zoné, à marge épaisse un peu repliée en dessous.
Il porte à sa partie inférieure des tubes courts munis de pores très petits, blancs.
La chair est blanche, fine, coriace ou même subéreuse. On pourrait, paraît-il, en faire des cuirs à rasoir.
Non comestible à cause de la résistance de sa chair.
On pourra remarquer que toujours le chapeau du Polypore du bouleau est orienté parallèlement au sol, c’est-à-dire qu’il est horizontal: mais si, par aventure ou par accident, l’arbre, de perpendiculaire qu’il était vient à se coucher sur le sol, le chapeau modifie sa position première de façon à devenir de nouveau horizontal. Le même phénomène se produit chez les autres polypores ligneux.
Polypore gigantesque.
Polyporus (Merisma) giganteus.
Le Polyporus giganteus, appelé aussi Merisma giganteus, se distingue des Polypores vrais, en ce qu’il offre des chapeaux multiples provenant de la même souche, tandis que dans les premiers il n’y a qu’un ou deux chapeaux, rarement davantage. On l’a aussi appelé Polypore acanthoïde, parce que par ses nombreux chapeaux découpés, il a quelque ressemblance avec les feuilles de l’acanthe. Il est surtout remarquable par les dimensions considérables et le poids qu’il peut atteindre (10 et 15 kilos).
Il est formé de nombreux chapeaux dimidiés, dilatés, aplatis, irrégulièrement lobés et diversement contournés. Ces chapeaux sont très peu charnus, veloutés ou finement granuleux, ou encore sillonnés, ridés, jaunâtres, brunâtres ou grisâtres, ou même un peu ferrugineux et plus foncés vers la base. Ils sont imbriqués et garnis à leur partie inférieure de tubes courts blancs ou pâles terminés par des pores également blancs, petits, difformes ou lacérés, se prolongeant sur des pédicules peu distincts, le tout formant une grosse souche tuberculeuse, qui s’insère le plus souvent sur le tronc d’un arbre coupé, où il s’étale de manière à couvrir une grande surface.
On ne trouve ce champignon que dans les grands bois où existent de très vieux arbres, aussi est-il assez rare. Il est comestible.
Polypore squameux.—Polyporus squamosus.
Le Polypore squameux, appelé souvent Polypore du noyer, ressemble assez bien à un éventail. Il est formé d’un large chapeau plus ou moins arrondi, aplati, un peu déprimé à l’arrière, mince et un peu recourbé sur les bords. Il est jaunâtre et couvert de nombreuses écailles plus foncées et appliquées, il mesure jusqu’à 20 centimètres et plus. Les pores sont blanchâtres ou un peu jaunâtres, petits, puis amples, anguleux et lacérés, descendant longuement sur le pied.
Pied court, excentrique ou latéral, épais, blanchâtre et brun noirâtre à la base.
Chair blanche, ferme, même un peu coriace, d’odeur forte de champignon.
On trouve communément ce champignon sur les arbres malades, sur les souches de différents arbres, mais du noyer surtout; il pousse souvent plusieurs sujets en même temps.
L’Oreille de noyer ou d’orme est évidemment comestible, mais il faut la prendre très jeune, sans quoi elle est trop coriace.
—Planche 47—
Sur les troncs d’arbres—Été, automne
Polypore squameux—Polyporus squamosus
Comestible (jeune)
Polypore soufré.—Polyporus sulfureus.
Notre grand mycologue Bulliard appelait ce champignon, Bolet sulfurin; mais nous savons que les Bolets ont un chapeau et un pied distincts et que ce pied est central. Ici, pas de pied proprement dit, et en tout cas, pas de pied central.
Pour certains mycologues, le Polypore soufré fait partie du genre Merisma, qui est caractérisé par ce fait que plusieurs chapeaux partent du même point.
En effet, il forme toujours une touffe comprenant plusieurs chapeaux plus ou moins superposés et ayant plus ou moins l’aspect d’une lame circulaire épaisse de 1 à 3 centimètres, sur une largeur de 10 à 12 centimètres. Ces chapeaux sont sessiles ou un peu rétrécis à la base, aplatis ou convexes, ondulés, festonnés sur les bords. Ils sont d’abord pubescents, puis glabres, jaune rougeâtre ou couleur saumon.
Tubes courts, terminés par des pores petits, entiers, puis lacérés, de couleur jaune de soufre.
Chair blanche, molle, laissant écouler des gouttelettes d’eau jaune, puis sèche, grenue, cassante et de saveur acide. Ce champignon acquiert parfois des dimensions considérables.
On pourrait, paraît-il, manger ce champignon, mais alors il faut le prendre très jeune.
On trouve le Polypore soufré sur les arbres languissants ou morts, et aussi sur les bois d’industrie.
—Planche 48—
Arbres malades, bois ouvrés—Toute l’année
Polypore soufré—Polyporus sulfureus
Non comestible
Polypore amadouvier.—Polyporus fomentarius.
Ce champignon, que l’on nomme Bolet à amadou, Agaric de chêne, Agaric femelle ou encore Agaric des chirurgiens (bien qu’il n’ait aucune ressemblance avec les Agarics), fait élection de domicile sur les vieux arbres, principalement sur le chêne et sur le hêtre.
Il commence par donner un mamelon qui fait saillie à la surface de l’arbre envahi, puis ce mamelon s’accroît, s’organise et se différencie en une partie inférieure qui montre des pores et une partie supérieure qui forme le chapeau proprement dit.
Ce chapeau peut acquérir de grandes dimensions et mesurer de 30 à 50 centimètres de largeur, sur une épaisseur de 10 à 20 centimètres.
Il adhère à l’arbre nourricier par une large surface et prolonge ses filaments mycéliens très loin dans le tissu du support. Assez souvent, il a la forme d’un sabot de cheval ou d’une console semi-orbiculaire, avec les pores toujours tournés en bas, petits, fauves ou ferrugineux, et disposés en plusieurs couches visibles sur la section du champignon. Cette disposition est caractéristique des Fomes, aussi nomme-t-on ce champignon Fomes fomentarius.
La cuticule forme des bourrelets concentriques plus ou moins nombreux, grisâtres, fuligineux ou noirâtres.
Sous la cuticule, on trouve une chair molle, brune ou ferrugineuse, qui peut servir à préparer l’amadou.
—Planche 49—
Sous les vieux arbres—Toute l’année
Polypore amadouvier
Polyporus fomentarius
Non comestible
Polypore luisant.—Polyporus lucidus.
Ce Polypore, que Bulliard appelait Bolet oblique, est bien bizarre, avec son chapeau disposé sur le côté et son revêtement luisant: on dirait un champignon laqué.
Quand il débute, c’est un simple pied noirâtre qui sort de terre et qui se termine par une sommité pointue, puis survient un tout petit chapeau blanchâtre, dont le développement continue à se faire seulement sur un côté, en sorte qu’il devient excentrique, et de blanchâtre qu’il était, il prend une teinte rouge acajou vive et brillante, comme vernie. La surface du chapeau est plus ou moins zonée et de teinte plus claire sur le bord.
Sous le chapeau se trouvent des tubes assez longs blancs ou blanchâtres à orifices petits.
Le pied est beaucoup plus long que le diamètre du chapeau, irrégulièrement arrondi et bosselé, brun noirâtre brillant ou encore rouge brun, mais plus foncé que le chapeau.
Chair coriace, blanchâtre, un peu acide.
Pousse dans les endroits humides, sur les souches de divers arbres.
Polypore blanc-noirâtre.—Polyporus leucomelas.
Ce Polypore, appelé aussi Pied de mouton noir, est un champignon trapu, à chapeau charnu, fragile, arrondi, entier ou lobé, irrégulier, assez épais, mince sur les bords qui sont enroulés. Il est brun noirâtre ou bistré noir, à surface douce, unie, puis rugueuse et fendillée. Il mesure de 6 à 10 centimètres. Il porte sous le chapeau des tubes très courts à orifices blancs ou blanchâtres se prolongeant sur le pied.
Pied robuste difforme, plus court que le chapeau et de teinte analogue ou fuligineuse.
Chair blanche, puis rosée, fragile, agréable, sauf celle du pied, qui serait un peu amère.
Ce champignon est comestible; on le trouve en été-automne, dans les sapinières.
Polypore pérennant.—Polyporus perennis.
C’est un champignon fort élégant avec son chapeau mince, circulaire, déprimé et agréablement zoné de jaune et de fauve; mais il est coriace, ligneux, et par conséquent non comestible.
Sous le chapeau, on remarque des pores très petits arrondis puis lacérés, d’abord blancs et ensuite de couleur cannelle.
Pied droit, ferme, résistant, velouté, mince ou assez fortement épaissi, et de la couleur du chapeau.
Ces champignons poussent dans les endroits siliceux, ils se soudent fréquemment les uns aux autres; parfois, les bords du chapeau sont fortement laciniés.
—Planche 51—
| Sur la terre—Automne | Sur les charbonnières |
| Polypore blanc-noirâtre | Polypore pérennant |
| Polyporus leucomelas | Polyporus perennis |
| Comestible | Non comestible |
Dédalée du chêne.— Dædalea quercina.
Les Dédalées sont des champignons ligneux, caractérisés par la disposition sinueuse des pores, qui forment un vrai labyrinthe, d’où le nom qui leur a été imposé. Ils ont aussi un autre caractère commun avec les Tramètes, qui les distingue nettement des Polypores. C’est que, dans les polypores ligneux, la chair et les tubes sont séparés par une ligne de démarcation bien nette, tandis que dans les Dédalées et les Tramètes, la trame des pores et de la chair se confondent et font corps intime.
L’espèce qui nous occupe et que l’on trouve souvent sur les arbres malades, surtout sur les chênes et jusque dans nos maisons, peut atteindre un volume assez considérable.
La forme en est très variable, tantôt elle est plate comme une lame, d’autres fois prend la forme d’un coussinet large à sa surface et diminuant progressivement vers sa partie inférieure; sa surface est plate ou irrégulièrement bosselée ou tuberculeuse et marquée de zones plus ou moins visibles.
Les tubes représentent plutôt des lames épaisses anastomosées de la même couleur que le chapeau, qui finissent par former de grands pores labyrinthiformes. Tout le champignon a une consistance qui tient le milieu entre celle du bois et du liège.