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Nouvel atlas de poche des champignons Comestibles et Vénéneux les plus répandus. Série II (Première édition)

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CHAPITRE III
Causerie sur les Gastéromycètes.

Nous nous sommes étendus assez longuement sur les Hyménomycètes, et une partie de ce que nous avons dit sur ce sous-groupe sera applicable aux Gastéromycètes.

Egalement ici, les spores se développent sur des basides qui peuvent varier de forme et de dimension, mais elles n’offrent pas la variété que l’on trouve dans les Hyménomycètes. Elles sont souvent très petites, rondes ou elliptiques, lisses ou rugueuses, de couleur claire ou très foncées, surtout à la maturité. Leur enveloppe est généralement plus épaisse que celle des Hyménomycètes.

Dans la famille des Nidulariées (que l’on nomme aussi champignons nids d’oiseaux), les spores sont réunies sous la forme de petites masses auxquelles on a donné les noms de péridioles ou sporangioles. Ces sporangioles, qui peuvent être lenticulaires ou sphéroïdes, reposent dans l’intérieur de la coupe du champignon, comme des œufs d’oiseau dans un nid, et quelquefois, particularité curieuse, ces petits organes sont reliés à la cupule par un filament ténu, comme dans les Nidulaires et les Crucibulum.

Si les spores ne nous offrent pas en elles-mêmes une très grande diversité, les autres parties de ces champignons sont intéressantes à étudier.

Lorsque, par exemple, on examine un œuf de Phallus ou de Clathrus, on ne peut s’empêcher d’être surpris de le voir fendre son enveloppe et donner issue très rapidement à un ensemble beaucoup plus gros que n’est l’œuf lui-même.

Les Phallus ont une tête sporifère placée à l’extrémité d’un grand pédicule creux et tout parsemé de cavités qui le rendent d’une extrême légèreté, tout en étant très résistant. Le chapeau ou réceptacle qui coiffe l’extrémité supérieure du pédicule, est recouvert d’une pulpe brunâtre ou verdâtre d’odeur repoussante pour certaines espèces et renfermant des myriades de spores. Les mouches attirées par cette odeur viennent se poser sur la tête du Phallus, et en s’en allant emportent un grand nombre de spores, soit dans leur intestin, soit sur leur corps, et elles concourent ainsi inconsciemment à propager l’espèce en déposant ces spores dans d’autres endroits.

Les Clathrus sont encore plus curieux, s’il est possible; l’œuf qui les renferme laisse voir, lorsqu’il s’ouvre, un magnifique réseau à mailles polygonales d’un rouge très vif. Ici, la pulpe sporifère se trouve, non plus à l’extérieur, mais bien à l’intérieur des mailles.

Les espèces exotiques ont, si cela est possible, des formes encore plus bizarres et véritablement étranges, car il faut dire que dans nos pays tempérés, elles sont peu nombreuses, et au contraire, très bien représentées dans les pays chauds.

Avec les Nidulariées, autre sujet de surprise; nous ne sommes plus ici en présence de champignons charnus, mais bien coriaces, fermes, et ayant la forme de petites urnes, d’abord fermées, puis s’ouvrant à la maturité pour donner issue aux spores. On a donné à ces champignons le nom de champignons nids d’oiseaux.

Les Lycoperdacées nous sont plus familières, et il n’est personne qui n’ait rencontré ou même ramassé dans les bois, les prairies, ces masses blanchâtres généralement rondes, sessiles ou pédicellées, et ne les ait même foulées du pied. D’autres ont pu se trouver en présence d’une énorme boule blanche revêtue d’une enveloppe satinée, que l’on croirait avoir été amenée dans les jardins ou les pâtures par quelque sorcière en quête de magie.

Cette production a, comme tous les champignons, une origine toute naturelle; elle se développe sur un mycélium blanc né d’une spore infiniment petite; elle est d’abord minuscule, mais croît très rapidement, et finit par atteindre un volume considérable, jusqu’à 1 m. 10 de tour et le poids de 5 à 6 kilos. On nomme ce champignon la vesse-loup des bouviers, ou vesse-loup gigantesque, Lycoperdon giganteum.

D’autres Lycoperdacées, comme les Sclérodermes, ont une enveloppe très épaisse et sont dépourvues de pied; d’autres, comme les Geaster, ont la propriété de fendre leur enveloppe extérieure en plusieurs parties qui se recourbent à l’extérieur pour laisser libre la partie sporifère; à cet état, ils représentent assez bien une étoile sur laquelle on aurait placé une sphère.

Enfin, il peut arriver que le réceptacle sporifère soit, comme dans les Phalloïdées, placé au sommet d’un pédicule, c’est ce qui a lieu dans les Tulostoma. Mais chez les Lycoperdacées, le réceptacle fructifère (le péridium) s’ouvre à un moment donné pour donner passage aux spores; les Lycoperdacées sont de couleurs peu vives, souvent blanchâtres ou jaunâtres.

Les Hyménogastrées se distinguent à première vue des autres Gastéromycètes, parce qu’ils poussent sous terre (ils sont hypogés): ils ont le plus souvent la forme de petits tubercules arrondis, irréguliers et presque toujours recouverts de filaments mycéliens. Ils sont de couleur jaunâtre ou grisâtre, et au premier abord, on serait tenté de les prendre pour des champignons analogues à certaines Truffes, mais un simple examen microscopique permettra d’éviter cette erreur, car dans les Tubéracées il y a des thèques, ce qui n’est pas le cas ici, puisque les spores sont portées sur des basides.


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