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Nouvel atlas de poche des champignons Comestibles et Vénéneux les plus répandus. Série II (Première édition)

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CHAPITRE II
Causerie sur les Hyménomycètes.

Les champignons de ce groupe important sont déjà familiers à beaucoup de nos lecteurs, et ils n’est personne qui ne connaisse, pour les avoir maintes et maintes fois récoltés, les Agarics, les Polypores, les Hydnes, les Clavaires et même les Trémelles.

Ce qui caractérise tous ces champignons si différents d’aspect, ce qui permet de les grouper sous le même vocable d’Hyménomycètes, c’est que chez tous l’hyménium (ou partie fructifère) est établi sur un même plan.

Que l’on examine en effet au microscope une coupe mince d’un hyménium d’Agaric, de Polypore ou de Clavaire, etc., on le trouvera toujours formé de nombreuses cellules venant s’épanouir à l’extérieur comme le montre la lettre A de la fig. 3. Ces cellules sont beaucoup plus longues et plus volumineuses que celles qui constituent la masse du tissu de ces champignons. Elles ont en substance la forme d’un sac allongé rétréci à sa partie non libre qui se continue avec le tissu sous-jacent. Ces cellules, auxquelles on a donné le nom de basides, sont le siège d’une vie active, et leur intérieur est rempli d’un protoplasma abondant: à leur partie libre, ces basides sont surmontées de petites pointes très ténues auxquelles on a donné le nom de stérigmate (mot qui signifie support), elles supportent en effet les spores destinées à reproduire le champignon.

Les basides, tout en étant foncièrement bâties sur le même plan, peuvent cependant varier de forme, de dimensions, suivant qu’elles se rapportent à telle ou telle famille, et même dans un même genre, elles sont susceptibles de présenter des différences, surtout au point de vue de la forme et de la taille, aussi est-il de la plus grande utilité de noter ces différences et de les fixer par un dessin fait à la chambre claire et à un grossissement connu.

Les stérigmates, eux aussi, sont susceptibles de varier et comme nombre et comme dimensions: ainsi les Agaricinées, les Polyporées, etc., ont leurs basides surmontées de 4 stérigmates; d’autres fois, il n’y en a que deux, comme le montre la figure 3, prise dans le genre Clavaria; plus rarement même, il peut n’y en avoir qu’un seul, ou même plus de quatre.

Indépendamment des basides, on trouve sur l’hyménium des Hyménomycètes, et en assez grand nombre, d’autres cellules de deux sortes, et ayant à peu près le même aspect que les basides: les unes, en tout semblables aux basides, mais non surmontées de stérigmates; ce sont, à tout croire, des cellules arrêtées dans leur évolution et qui sont stériles; les autres attirent l’attention par des différences caractéristiques; ou elles sont beaucoup plus longues que les basides, et dépassent longuement l’hyménium, comme on peut s’en assurer en examinant la figure 3, ou bien elles s’élargissent d’une façon démesurée; on dirait qu’elles sont hypertrophiées. Ces cellules ont reçu le nom de cystides; voir la fig. 3, où sont représentées différentes formes de cystides.

Les cystides peuvent être fusiformes ou sphériques, et elles sont généralement remplies d’un protoplasma vivant et actif; d’autres fois, elles sont à peu près vides; de plus, elles sont souvent agrémentées à leur extrémité libre d’ornementations caractéristiques. (Voir fig. 3.)

Quel est le rôle des cystides? On sait peu de choses à cet égard, et il serait possible qu’elles intervinssent dans le phénomène de la fécondation des champignons. Nous avons constaté souvent que le protoplasma des cystides paraissait différer de celui des basides ou des autres cellules neutres qui les accompagnent. Leur contenu paraît plus défini, plus divisé en parties organisées, et douées d’un mouvement très vif, qui semble différer du mouvement Brownien.

Nous avons vu notamment que dans Russula expallens, les cystides étaient remplies d’un nombre incalculable de petits éléments paraissant indépendants les uns des autres et animés d’un vif mouvement. A côté, nous avons pu voir des cystides qui s’étaient ouvertes à leur extrémité et qui étaient complètement vides. Nous ne voulons pas tirer une conclusion peut-être hasardée, nous nous contentons de signaler le fait.

Les spores qui se forment à l’extrémité des stigmates commencent d’abord par être très petites, puis peu à peu elles grossissent jusqu’à ce qu’elles aient acquis les dimensions voulues.

Nous avons, dans la figure 1, représenté un certain nombre de spores, toutes au même grossissement de 825 diamètres; on verra combien elles peuvent différer et de forme et de volume; on se rendra compte aisément de l’utilité qu’il y a de les représenter toutes au même grossissement. Nous estimons qu’il est plus rationnel de les dessiner au grossissement de 1.000 diamètres, ce qui n’est pas difficile. Le grossissement de 500 diamètres est déjà quelque chose, mais il peut arriver que certains détails, certains ornements importants ne soient pas suffisamment visibles.

Les spores des champignons sont non seulement différentes de forme et de volume, mais leur contenu et leur couleur peuvent varier à l’infini. Nous savons déjà, puisqu’on en a fait la base de la classification des Agaricinées, qu’elles peuvent être blanches comme dans les Leucosporées, roses dans les Rhodosporées, ochracées comme dans les Ochrosporées, noires ou brunes-noires comme dans les Mélanosporées. Quant à leur contenu, il peut être également très différent; dans certaines spores, on ne distingue rien; le protoplasma est si réfringent ou si peu abondant qu’on ne le voit pas, la spore paraît donc comme si elle était vide; on dit alors qu’elle est hyaline. D’autres fois, on distingue dans les cellules, un, deux, trois, ou même plusieurs petits globules, qui peuvent être de nature huileuse. Leur disposition est quelquefois assez fixe pour pouvoir servir comme élément de distinction; on peut aussi y rencontrer un ou plusieurs globules plus gros qui peuvent être des vacuoles. Nous terminerons en disant que les spores montrent souvent un apicule ou saillie qui provient du point d’attache sur le stérigmate.

Tout ce que nous venons de dire est imputable en grande partie au deuxième sous-groupe des Basidiomycètes, aux Gastéromycètes, mais il y a entre ces deux sous-groupes une différence capitale. L’hyménium des Hyménomycètes est toujours en contact direct et immédiat avec l’atmosphère, en un mot, il est visible à l’extérieur du réceptacle, ce qui n’a pas lieu chez les Gastéromycètes.

Il est facile de s’en assurer en examinant les lames des Agaricinées qui sont couvertes par la couche fructifère.

Dans les Polyporées, cette couche fructifère tapisse l’intérieur des tubes, comme il est facile de s’en assurer en examinant au microscope une section transversale d’un tube de Polypore.

Dans les Hydnées, l’hyménium recouvre les pointes; dans les Téléphorées, les Clavariées, les Auriculariées (Trémellacées), ce même hyménium recouvre la plus grande partie de la surface du champignon; mais ces trois dernières familles se distingueront aisément des Agaricinées, Polyporées, Hydnées, par ce fait que l’hyménium est tourné vers le ciel, il regarde en haut; on dit alors qu’il est supère, tandis que dans les Agaricinées, les Polyporées, les Hydnées, il regarde en bas, il est infère.

Les autres caractères distinctifs des différentes familles des Hyménomycètes seront aisément saisis à l’examen du tableau II.

Les Hyménomycètes constituent un sous-groupe important et très prisé des mycologues: ce sont eux qui renferment la grande majorité des espèces comestibles, et aussi, hâtons-nous de le dire, des espèces toxiques; il importe donc de les étudier avec soin.


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