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Tableau historique et pittoresque de Paris depuis les Gaulois jusqu'à nos jours (Volume 3/8)

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TABLE DES MATIÈRES.
SECOND VOLUME.—PREMIÈRE PARTIE.

QUARTIER MONTMARTRE.

  •   Pages
  • Paris sous la régence de Charles, dauphin; sous Charles V et Charles VI. 1
  • Origine du quartier Montmartre. 165
  • Monastère des Capucines. 170
  • Les Nouvelles-Catholiques. 178
  • Bibliothéque du Roi. 182
  • Place des Victoires. 205
  • Les Augustins-Réformés. 214
  • L'église Saint-Joseph. 228
  • Les Filles de Saint-Thomas-d'Aquin. 229
  • Théâtre Italien. 232
  • Les Capucins de la Chaussée-d'Antin. 243
  • La chapelle Notre-Dame-de-Lorette. 247
  • La chapelle Saint-Jean-Porte-Latine. 249
  • Hôtels anciens et nouveaux. Ibid.
  • Fontaines. 260
  • Rues et places du quartier Montmartre. 262
  • Rues nouvelles. 284
  • Antiquités romaines. 286
  • Monuments nouveaux. 289

QUARTIER SAINT-EUSTACHE.

  • Origine du quartier. 296
  • L'église Saint-Eustache. 291
  • Communauté de Sainte-Agnès. 313
  • Chapelle Sainte-Marie-Égyptienne. 315
  • Collége des Bons-Enfants, et chapelle Saint-Clair. 320
  • Halle au Blé. 323
  • Hôtels. 329
  • Fontaines. 347
  • Rues et places du quartier Saint-Eustache. 348
  • Antiquités romaines. 364
  • Monuments nouveaux. 365

QUARTIER DES HALLES.

  • Paris sous Charles VII. 370
  • Les Halles. 427
  • L'église des Saint-Innocents. 440
  • Le cimetière des Saints-Innocents. 448
  • Les Charniers. 451
  • Hôtels. 459
  • Place et Fontaine des Innocents. 460
  • Rues et places du quartier des Halles. 466
  • Monuments nouveaux, etc. 478

QUARTIER SAINT-DENIS.

  • Origine du quartier. 480
  • Saint-Jacques-de-l'Hôpital. 482
  • L'hôpital de la Trinité. 491
  • L'église de Saint-Sauveur. 501
  • Hôtel-Dieu de Jean Chenart. 507
  • Hôpital de Pierre Godin. Ibid.
  • Communauté des Filles-Dieu. 508
  • Les Filles de Saint-Chaumont. 517
  • Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. 522
  • Les Filles de la Petite Union-Chrétienne. 525
  • La porte Saint-Denis. 527
  • Maison de Saint-Lazare. 531
  • Les prêtres de la Mission. 540
  • Les Filles de la Charité. 548
  • La Foire Saint-Laurent. 553
  • Chapelle Sainte-Anne. 555
  • Hôtels. 556
  • Fontaines. 560
  • Rues et places du quartier Saint-Denis. 563
  • Monuments nouveaux. 584
  • Rues nouvelles. 585

FIN DE LA TABLE DE LA 1re PARTIE DU SECOND VOLUME.

Notes

1: Elle étoit bâtie sur l'emplacement où sont la rue des Fossés-Montmartre et la place des Victoires: c'étoit la seule partie du quartier Montmartre qui existât alors.

2: Voyez t. I, p. 484, 2e partie.

3: Voyez t. I, p. 336, 1re partie.

4: Ibid. p. 489, 2e partie.

5: Voyez t. I, p. 144, 1re partie.

6: T. I, p. 62, 1re partie.

7: Hugues Capet n'eût pu diviser le royaume entre plusieurs fils, quand bien même il l'auroit voulu, puisqu'il n'en eut qu'un seul, Henri Ier; et les intrigues de Constance, femme de Robert, pour porter ce prince à donner la couronne à son fils cadet au préjudice de l'aîné, prouvent que le droit d'aînesse dans la succession au pouvoir royal n'étoit point encore, sous ce dernier prince, irrévocablement établi.

8: Louis VIII (Voyez t. I, p. 693, 2e partie). Ce ne fut que sous Philippe-le-Hardi que la loi des apanages commença d'être en vigueur, loi trop tardive, qui mit sans doute un terme aux démembrements que chaque règne apportoit au domaine de la couronne, mais qui ne put réparer le mal déjà fait, et empêcher que la propriété entière des provinces données par les prédécesseurs de ce prince à leurs fils cadets, ne se perpétuât dans les diverses branches de la famille royale, cette hérédité ayant lieu suivant la ligne directe de descendance, et sans distinction de mâles et de femelles.

L'apanage au contraire devint une espèce de majorat ou de substitution, et dut ainsi, à défaut d'héritiers, revenir au domaine de la couronne.

9: Voyez t. I, p. 685 et seqq., 2e partie.

10: Pendant long-temps on n'avoit demandé à la noblesse que le service personnel; et hors des cas où elle devoit ce service, le roi n'avoit d'autres troupes que celles qu'il pouvoit soudoyer. Ces cas où la noblesse étoit tenue de servir étant assez rares, il arrivoit que les rois, pour obtenir la prestation du service personnel, lorsqu'il ne leur étoit point dû, convoquoient des assemblées générales où ils faisoient approuver leur demande par les barons. Alors ceux-ci levoient la taille dans leurs domaines pour l'armée du roi; car ce n'étoit que dans ce cas déjà mentionné du service personnel que leurs vassaux étoient tenus de s'armer et de les suivre. Il en étoit de même pour la noblesse réunie des provinces; et lorsqu'il vouloit avoir son assistance, le roi négocioit avec elle comme avec les barons.

Or, les villes appartenantes au roi ayant aussi leurs priviléges, il falloit également négocier avec elles. Philippe-le-Bel crut bien faire en simplifiant ces opérations, et convoqua à cet effet des assemblées générales, où furent appelés les députés des villes en même temps que ceux de la noblesse. Ce fut en 1304 que se tint la première assemblée de cette espèce. Elle présenta avec les anciens parlements de la nation cette différence essentielle, que les barons et les pairs n'y formèrent point une chambre séparée où, de même que dans le conseil suprême décrit par Hincmar[10-A], se seroient préparées les propositions qui devoient être ensuite présentées à la noblesse du second ordre, et seulement aux députés de cette noblesse: car, dans cette première assemblée, ainsi que dans quelques-unes des suivantes, les députés des villes n'eurent point voix consultative, et ne furent admis qu'à représenter leurs besoins et leurs facultés. Si l'assemblée des états eût été ainsi divisée en deux chambres, les grands présidents de la cour du roi auroient eu seuls le droit d'entrer dans celle des seigneurs, et les moindres conseillers n'eussent été placés qu'au degré où il leur convenoit d'être. Mais tous les députés des différents ordres s'étant réunis dans une seule assemblée, les conseillers de la cour firent corps avec les députés des villes, ou le tiers-état; le baronnage disparut et les pairs ne comparurent pas. Ce changement dans la forme de ces assemblées générales eut, en raison du nouvel élément qu'on y avoit introduit, les plus graves conséquences. Ce n'étoit plus le parlement général de la nation; et comme de telles réunions étoient en effet composées de tous les états, il fallut donner un nom nouveau à une chose toute nouvelle, et on les nomma états-généraux.

10-A: Voyez t. I, p. 133, 1re partie.

11: Tous nos historiens disent les uns après les autres que ce fut en vertu de la loi salique que cette exclusion fut prononcée. Il eût été plus exact de dire que ce fut en vertu d'une loi commune à tous les Francs, loi qui existoit chez eux de temps immémorial, et qui, voulant qu'on fût brave, robuste, utile à la nation, pour avoir le droit de la gouverner (Voy. t. I, p. 66, 1re partie), déclaroit par cela même les femmes incapables de régner. La marque à laquelle Gontram fit connoître à Childebert qu'il l'appeloit à l'héritage de son royaume, fut de lui mettre une lance à la main: «Mes péchés ont fait, lui dit-il ensuite, qu'il ne me reste rien de ma race, si ce n'est vous, qui êtes le fils de mon frère: soyez donc mon héritier.» (Greg. Tur., lib. 7, c. 33, lib. 9, c. 20.) Gontram avoit cependant une fille; mais elle ne pouvoit manier la lance; et il se contenta de lui donner un apanage considérable. La cérémonie d'élever un prince sur le pavois ou bouclier pour lui faire prendre possession de la royauté, prouve seule que, pour être roi, il falloit être homme et guerrier.

12: Il s'étoit fait fabriquer de faux titres, entre autres un contrat de mariage de Philippe d'Artois son père, et de Blanche de Bretagne sa mère, par lequel le comte d'Artois son grand père cédoit le comté à Philippe et à ses enfants mâles, à l'exclusion des filles, en s'en réservant seulement l'usufruit.

13: Le crime de félonie ou de trahison, différent de celui de révolte ouverte, avoit été, dans tous les temps, considéré chez les Francs comme le plus grand des crimes et puni de mort: «La multiplicité des princes à qui il étoit permis de se recommander, dit du Buat, et qui possédoient comme par indivis le droit de régner sur leurs fidèles communs, fournissoit toujours des protecteurs à la révolte, et en diminuoit en quelque sorte la noirceur.»

14: Voyez t. I, p. 735, 2e partie.

15: Ce fut, dit-on, la faute de son gouverneur, qui le força, ainsi que deux de ses frères, à cette action dont le résultat fut d'indisposer contre eux tous les esprits.

16: Le dauphin n'avoit alors que dix-neuf ans, et par les lois du royaume il ne pouvoit être majeur qu'à vingt-un ans; sa minorité étoit incompatible avec la régence, à moins d'un ordre particulier du roi.

17: La noblesse étoit alors sans crédit. Écrasée à la bataille de Créci, la défaite de Poitiers avoit achevé sa ruine. Ceux qui n'y avoient point été tués ou pris étoient l'objet du mépris du peuple, qui les accusoit d'avoir abandonné le roi.

18: Entre autres Pierre de La Forest, chancelier de France, archevêque de Rouen; Simon de Bussy, premier président du parlement; Robert de Lorris, chambellan du roi; Jean Chamillart et Pierre d'Orgemont, présidents du parlement; Jean Poilvillain, souverain maître des monnoies, etc.

19: Voyez t. Ier, p. 34, 1re partie.

20: Sous le règne de Philippe-de-Valois. Le peuple de Paris s'opposa alors à ce que l'on augmentât les fortifications de la ville, parce qu'il eût fallu, pour y parvenir, abattre une certaine quantité de maisons, ce qui auroit causé du dommage à un assez grand nombre de particuliers.

21: Sur les frontières de la Picardie et du Cambrésis.

22: Larrons, meurtriers, voleurs de grands chemins, faux monnoyeurs, faussaires, coupables de viol, ravisseurs de femmes, perturbateurs du repos public, assassins, sorciers, sorcières, empoisonneurs, etc. (Trés. des ch. reg. 80, p. 268.)

23: On a cru que ce fut dans un de ces festins que le roi de Navarre trouva le moyen de faire prendre au dauphin un poison si violent, que, malgré la promptitude avec laquelle il fut secouru, il en perdit les ongles et les cheveux, et conserva toute sa vie une langueur qui en avança la fin.

24: Ce capuce ressembloit à celui que portoient les religieux. Le pers étoit une couleur d'un bleu tirant sur le vert. (Du Cange.)

25: Cette politique odieuse fut depuis imitée par le duc de Guise sous le règne de Henri III.

26: Voyez t. Ier, p. 552, 2e partie.

27: Les gouverneurs de ces places, bien informés que les ordres donnés par le dauphin pour les remettre au roi de Navarre lui avoient été extorqués, déclarèrent qu'ils n'en sortiroient point, sans un ordre signé de la main même du roi qui les leur avoit confiées.

28: C'étoit ce seigneur qui avoit arraché Perrin Macé de l'église de Saint-Jacques-de-la-Boucherie.

29: «N'ayez pas peur.»

30: Ils furent portés le soir au cimetière de Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers, où on les enterra sans solennités, avec Regnaut-d'Acy, tué le même jour.

31: Ce fut lui qui fixa depuis cette majorité à quatorze ans, comme nous le dirons ci-après.

32: Ces grandes compagnies, dont il faut chercher le principe dans cette fureur des guerres féodales, qui, armant tout seigneur d'un château contre le château de son voisin, avoit porté la noblesse françoise à se faire des auxiliaires de ses serfs et de ses manants, ces grandes compagnies étoient composées, la plupart, de soldats échappés à la bataille de Poitiers, auxquels s'étoient joints des vagabonds de tous les pays. Cette multitude, accoutumée à vivre de rapines et de pillages, s'étoit répandue dans les campagnes, où elle commettoit tous les désordres imaginables. La France ne fut entièrement délivrée de ce fléau que par le connétable Bertrand Duguesclin, qui détermina les grandes compagnies à le suivre en Espagne.

33: Ils furent poussés à cette révolte par la situation extrême à laquelle les réduisoient les partis qui désoloient la France. Les campagnes étoient devenues un séjour affreux pour leurs habitants. Également opprimés, rançonnés, dépouillés par les vainqueurs et par les vaincus, tant de maux les jetèrent dans une sorte de fureur qui fut principalement dirigée contre les nobles, dont ils avoient juré l'entière extermination. La première étincelle éclata dans le Beauvoisis; et dans un moment l'embrasement fut général. Le détail des horreurs auxquelles se livra cette multitude féroce et désespérée fait frissonner, et passe tout ce que la vengeance et la barbarie ont jamais imaginé de plus exécrable. La noblesse, épouvantée d'abord, se réunit ensuite pour arrêter ce nouveau fléau, tellement terrible qu'il suspendit un moment l'animosité des factions; et ce qui peut paroître surprenant, c'est que le roi de Navarre, qui désiroit la perte des nobles presque tous attachés au régent, contribua beaucoup à la destruction des Jacques. Ils furent anéantis dans cette même année 1358.

34: Presque tous nos historiens racontent que ce fut Maillard qui tua Marcel au moment où il alloit livrer la Bastille Saint-Antoine aux troupes du roi de Navarre; et nous avions suivi leur récit dans notre première édition. Nous ignorions alors que M. Dacier, dans un mémoire lu à l'académie des inscriptions et belles-lettres en 1778, avoit prouvé, d'après les traditions les plus authentiques, que les choses ne s'étoient point passées ainsi, et que cet honneur d'avoir frappé le traître appartenoit à un autre: nous offrons donc ici une relation nouvelle de cet événement dans laquelle les faits sont rectifiés d'après le Mémoire du savant académicien.

35: Qu'importe.

36: Ces dernières circonstances de l'événement sont racontées un peu différemment par les historiens de Paris. Nous avons préféré suivre Vély, le père Daniel, le président Hénault, etc.

37: Tandis que Philippe dévastoit les provinces avec les troupes de son frère, celui-ci conspiroit encore à Paris pour y introduire les Anglois. Le complot fut découvert par deux fidèles citoyens qu'on avoit voulu y faire entrer. Le roi de Navarre quitta alors cette ville avec précipitation, et se retira à Mantes, d'où il envoya défier le régent et ses frères.

38: Voyez t. Ier, p. 34, 1re partie.

39: On dit que dans le dépit qu'il conçut de ne pouvoir s'en emparer, Édouard envoya un défi au régent, qui eut le bon esprit de le refuser.

40: Un orage violent qu'Édouard essuya dans cet endroit, épouvanta, dit-on, si fort son armée, qu'il crut y reconnoître l'ordre du ciel de faire la paix. (Hénault.)

41: Elles s'élevoient à trois millions d'écus d'or.

42: Le Poitou, la Saintonge, l'Agénois, le Périgord, le Limousin, le Querci, le Rouergue, le pays de Tarbes, l'Angoumois, La Rochelle, Montreuil, Calais et plusieurs autres villes avec leurs dépendances, les comtés de Ponthieu et de Guines, de Bigorre, de Gavre, de Foix, d'Armagnac, les fiefs de Tours, plusieurs autres seigneuries, le tout en pleine souveraineté, et sans nulle mouvance de la couronne de France.

43: L'événement qui donna lieu à l'ordonnance du roi Jean mérite d'être cité. Ce fut un procès qui s'éleva entre le prévôt et l'évêque de Paris, Jean de Meulant. Les évêques avoient le droit de faire faire le guet autour de la cathédrale pendant toute la nuit, et d'y faire prendre et punir les malfaiteurs. Les archers du Châtelet ayant rencontré les gens de Jean de Meulant qui traversoient la ville armés, leur enlevèrent leurs armes, et les mirent en prison. Sur la plainte de l'évêque, le parlement rendit un arrêt par lequel il fut maintenu dans son droit, mais sous la condition que les officiers de sa justice seroient obligés de porter leurs armes dans des sacs jusqu'à la cour de l'évêché, et de les remporter de même.

44: Il disoit que «quand la bonne foi seroit bannie du reste du monde, elle devroit se retrouver dans la bouche des rois.»

45: Il en chassa Pierre-le-Cruel, et fit couronner à sa place Henri, comte de Transtamare, frère bâtard du roi.

46: Charles V peut être regardé comme le fondateur de la Bibliothèque royale de Paris.

47: Ce fut sous le règne de Philippe-de-Valois que le Dauphiné et le comté de Viennois entrèrent dans le domaine de la couronne de France, par la cession qu'en fit à ce prince Humbert II, dernier prince de la maison de la Tour-du-Pin qui ait possédé cette souveraineté. «On a cru mal à propos, dit le président Hénault, qu'une des conditions du traité avoit été que le titre de dauphin seroit porté par le fils aîné de nos rois. Il arriva au contraire que le premier dauphin, nommé par Humbert, fut le second fils de Philippe de Valois; mais il est vrai que cela n'eut pas lieu, et que ce titre a toujours été porté depuis par le fils aîné du roi.»

48: Voyez t. Ier, p. 263, 1re partie.

49: Ils avoient la garde et le bail de leurs enfants; ils pouvoient posséder des fiefs nobles et arrière-fiefs, user de brides d'or et autres ornements attachés à l'ordre de la chevalerie, prendre des armes de chevalier comme les nobles d'origine, etc.

50: Cette loi, dont l'objet étoit de mettre ordre à l'abus des régences qui absorboient l'autorité royale, ne reçut son dernier perfectionnement que par une ordonnance nouvelle, rendue en 1404, laquelle régla qu'en quelque minorité qu'il pût être, le roi, à son avénement au trône, seroit réputé roi; et que le royaume seroit gouverné par lui, et en son nom par les princes les plus proches de son trône, et par les personnes les plus sages de son conseil. Nous voyons, sous la première race, que tant que l'héritier de la couronne étoit mineur, le royaume étoit réellement entre les mains des seigneurs qui le lui gardoient conjointement avec les autres rois, ses parents, s'il en avoit; et l'on en trouve une preuve assez frappante dans l'histoire tragique des fils de Clodomir. Si le prince n'avoit point de parents qui pussent le remplacer, et qu'il plût aux seigneurs régents de se démettre de leur droit en faveur d'un seul gouverneur du jeune monarque, ce gouverneur unique étoit roi: c'est ce qui arriva, sous la seconde race, pendant la minorité de Charles-le-Simple. Cette coutume se prolongea jusque sous la troisième; et quoique le régent du royaume ne portât plus alors le titre de roi, il n'en étoit pas moins la source de tout le pouvoir; il n'empruntoit point son autorité du prince mineur, et les lettres royaux étoient intitulés de son nom.

51: Voyez t. Ier, p. 160, 1re partie.

52: Cette réunion n'eut pas lieu, parce que le duc sut se défendre, et que le roi mourut peu de temps après. (Hénault.)

53: Le président Hénault se trompe: Charles V fut dans la nécessité de mettre des impôts; et ce qui le prouve, c'est que le jour même de sa mort, il supprima, par une ordonnance expresse, une partie de ceux qu'il avoit établis. Mais ces impôts étoient mis pour le bien public; et c'est ce qu'un religieux augustin, prêchant le jour de l'Ascension devant Charles VI, la reine et le duc d'Orléans, eut la hardiesse de dire, ajoutant qu'alors on connoissoit l'emploi de l'argent qu'on levoit sur les peuples; qu'il avoit servi au feu roi à chasser l'ennemi du royaume, à fortifier ses places, à reprendre celles qui lui avoient été enlevées; et que sous ce nouveau règne on ne voyoit point qu'il s'en fit un semblable usage, quoique les peuples fussent bien plus chargés, etc. (Hist. anonyme, liv. XXV, ch. 6.)

54: C'est de là que ces séditieux reçurent le nom de Maillotins.

55: Cette manière de faire mourir ceux qu'on ne vouloit pas exécuter publiquement étoit fort en usage dans ce siècle. On enfermoit les criminels qu'on vouloit faire périr ainsi dans un sac lié par en haut; on les précipitoit ordinairement sous le pont au Change ou hors de la ville, au-dessus des Célestins. L'auteur des Antiquités de Paris pense que c'est de là qu'est venue l'expression de gens de sac et de corde, employée pour désigner les scélérats. (Antiq. de Paris., t. II, liv. 10.)

56: Environ un million de notre monnoie.

57: Il fut résolu en même temps d'abattre l'ancienne porte Saint-Antoine, d'achever la Bastille, commencée sous le règne précédent, et de construire à côté du Louvre une nouvelle tour, qui seroit environnée d'un fossé rempli d'eau, et rendroit ainsi le roi maître des deux principales entrées de Paris.

58: Ce séditieux avoit déjà reçu une fois sa grâce pour avoir participé au meurtre des maréchaux massacrés sous la régence du dauphin, depuis Charles V.

59: Quoique le concile de Bâle ait décidé depuis que l'opinion de l'immaculée conception devoit être embrassée par tous les catholiques, et que le concile de Trente ait fait une déclaration qui confirme cette opinion, cependant il est de fait que l'Église ne s'est point prononcée sur cette question de manière à en faire un article de foi; et que plusieurs papes, Pie V, Grégoire XV et Alexandre VII ont défendu de traiter d'hérétiques ceux qui soutenoient la doctrine contraire.

60: Il mourut d'un accident aussi horrible que singulier. Pour ranimer ses forces épuisées par la débauche, il avoit coutume de se faire coudre dans un drap imbibé d'eau-de-vie. Le feu y ayant pris un jour par l'imprudence d'un domestique, il fut consumé par les flammes, et périt après trois jours des plus excessives souffrances. Peu de temps avant sa mort, il avoit tenté de faire empoisonner Charles VI et sa famille.

61: Il accusoit le connétable de lui avoir fait perdre les bonnes grâces de ce prince.

62: On prétend qu'un grand fantôme noir, revêtu d'une robe blanche, ayant la tête et les pieds nus, l'air égaré et le regard furieux, s'élança subitement d'entre deux arbres, et saisit la bride de son cheval, en lui criant: Roi, ne chevauche plus avant, mais retourne, car tu es trahi. Le roi, glacé d'horreur, s'arrêta en frémissant et sans pouvoir proférer une seule parole. Quelques hommes d'armes qui se trouvoient auprès de lui frappèrent sur les mains du spectre, ce qui le contraignit à lâcher les rênes. Il se retira ensuite sans que personne songeât à l'arrêter. Saint-Foix, qui juge mieux qu'à l'ordinaire de cette époque de notre histoire, croit voir, dans cet événement singulier, une nouvelle manœuvre des indignes princes qui obsédoient l'infortuné monarque; et il est difficile en effet d'en juger autrement.

63: Le roi, fatigué de tant de tentatives inutiles, ne vouloit plus absolument voir de médecins, lorsque le maréchal de Sancerre, qui commandoit en Guienne, lui envoya deux moines augustins de ce pays-là, qui passoient pour très-habiles dans la médecine et dans l'astrologie. Ces deux hommes osèrent accuser le duc d'Orléans d'avoir jeté un sort sur le roi son frère. L'accusation étoit insensée de toutes manières: ayant été interpellés d'en donner des preuves, et n'ayant pu le faire, ils furent condamnés à mort et exécutés. C'est à cette occasion que fut donnée la déclaration qui accorde des confesseurs aux criminels, ce qui auparavant ne se pratiquoit pas en France. Ce fut Pierre de Craon qui sollicita cette déclaration.

64: On soupçonnoit entre eux quelque intrigue galante; et le caractère de tous les deux rend ce soupçon très-vraisemblable.

65: Voyez p. 76.

66: Lorsqu'il ne donna plus aucun signe de vie, les assassins approchèrent un flambeau, pour voir s'il étoit mort. Alors un homme, dont le visage étoit caché sous un chaperon vermeil, sortit de l'hôtel Notre-Dame: il tenoit une massue, dont il déchargea un dernier coup sur le prince, en disant: Éteignez tout, allons-nous-en, il est mort. Étoit-ce le duc de Bourgogne? (Villaret.)

67: Les valets de pied qui l'accompagnoient s'étoient enfuis; un seul, nommé Jacob, voyant son maître renversé, se jeta sur lui, essayant de lui faire un rempart de son corps. On le trouva expirant lorsqu'on vint relever le corps du duc: Haro, monseigneur mon maître, s'écria ce fidèle et courageux serviteur, et il rendit les derniers soupirs.

68: Il fit rompre le pont de Sainte-Maxence, pour arrêter ceux qui pourroient le poursuivre; et ayant trouvé des chevaux préparés sur la route, il arriva en six heures à Bapaume. En mémoire de son heureuse délivrance, ce prince ordonna qu'on y sonneroit à perpétuité l'Angelus à une heure après midi. Ces pratiques de dévotion; mêlées aux crimes les plus exécrables sont des traits qui caractérisent ce siècle.

69: Valentine de Milan.

70: Louis II, fils du duc d'Anjou, qui, après la mort de son père, revint en France, et conserva le titre de roi, quoiqu'il n'eût pas un pouce de terrain dans le royaume dont il se prétendoit souverain.

71: Elle mourut de douleur de la fin funeste de son mari, et du regret de n'en pouvoir tirer vengeance.

72: Ce mariage ne se fit point.

73: Ce prince avoit laissé trois fils légitimes: Charles, père de Louis XII; Philippe, comte de Vertus; et Jean, comte d'Angoulême, aïeul de François Ier; il avoit un fils naturel, qui fut le célèbre comte de Dunois.

74: Il avoit la faveur du roi, de la reine et de la plupart des princes; et l'estime qu'en avoit faite avant eux Charles V, qui l'avoit élevé par degrés aux emplois les plus éminents, prouve que Jean de Montagu n'étoit pas un homme ordinaire. On le fit mettre à la question, où il avoua, dit le père Daniel, ce qui étoit et ce qui n'étoit pas; et sur ce qu'il avoit confessé, il fut condamné à avoir la tête tranchée. Ce fut le prévôt de Paris Désessarts qui présida le tribunal par lequel il fut condamné, tribunal de commissaires et non de juges, suivant l'observation naïve et profonde qu'en fit un religieux de l'abbaye de Marcoussy[74-A] à François Ier. On dit que ce prince fut si frappé de cette distinction, que, mettant la main sur l'autel, il fit serment de ne jamais faire mourir personne par commissaires.

74-A: Montagu y avoit été enterré, quelques années après son exécution.

75: Depuis Bicêtre. On le nommoit ainsi, parce qu'il avoit appartenu à Jean, évêque de Wicestre en Angleterre.

76: En faisant arrêter le seigneur de Crouy, que le duc de Bourgogne envoyoit en qualité d'ambassadeur au duc de Berri. Le duc d'Orléans le soupçonnoit d'être un des assassins de son père. Il est vrai que ces assassins avoient été exclus du traité; mais il n'étoit pas permis d'arrêter Crouy et de le faire mettre à la question sur un simple soupçon.

77: Voyez t. Ier, p. 539, 2e partie.

78: C'étoit un sobriquet qu'on lui avoit donné. Son véritable nom étoit Simon Coutelier.

79: Le boucher Goix, blessé dans ce combat, vint mourir à Paris; on lui fit des funérailles magnifiques, auxquelles le duc de Bourgogne n'eut pas honte d'assister.

80: Le duc de Bourgogne, dans un conseil secret qu'il tint avec deux de ses créatures, Jacqueville et Désessarts, leur fit part du projet qu'il avoit conçu, de profiter de l'occasion de cette assemblée pour faire égorger à la fois les ducs de Berri, d'Orléans et le comte de Vertus. Désessarts ne put dissimuler l'horreur qu'un tel projet lui inspiroit, et détermina ce méchant prince à l'abandonner. Il fit en même temps avertir le duc d'Orléans, qui vint à Auxerre escorté par deux mille hommes d'armes. Le Bourguignon sut depuis cette trahison, et ne la pardonna jamais à Désessarts.

81: Voyez la note précédente.

82: Ce fut cet Antoine Désessarts qui fit depuis élever le Saint-Christophe colossal que l'on voyoit dans l'église de Notre-Dame. (Voy. t. I, p. 323, 1re partie.)

83: Le duc de Bar, Jean de Wailly, son nouveau chancelier, les seigneurs de la Rivière, de Marcoignet, de Boissay, de Rambouillet, etc.

84: Ces seigneurs étoient Louis de Bavière, frère de la reine, l'archevêque de Bourges, le chancelier et le trésorier d'Aquitaine, etc.; les dames Baune d'Armagnac, chancelière de la reine, du Quénoy, d'Anclus, de Noviant, du Châtel, etc.

85: Nous en citerons un exemple: Jacqueville, capitaine de la milice de Paris, passant avec sa troupe près de l'hôtel Saint-Paul, où le dauphin donnoit un bal, monta brusquement à l'appartement du prince, et lui reprocha la dissolution dans laquelle il vivoit. S'adressant ensuite au seigneur de La Trémoille, il l'accabla d'invectives, l'accusant d'être le conseiller et le ministre de ces indécentes orgies. Le dauphin indigné tira sa dague, et s'élança sur Jacqueville pour l'en percer. Alors les soldats de celui-ci se jetèrent sur La Trémoille, qu'ils auroient massacré, si le duc de Bourgogne, qui survint, ne lui eût sauvé la vie.

86: Plusieurs furent punis du dernier supplice, entre autres le frère de Jean de Troyes. On trouva chez ce scélérat une liste de proscription qui dévouoit à la mort plus de quatorze cents personnes.

87: C'étoient les seigneurs de Moï, de Brimeu, de Montauban et de Croy. Ils furent arrêtés dans sa chambre, parce qu'on les soupçonnoit d'être attachés au duc de Bourgogne. Le dauphin fut si irrité de cet affront, qu'il voulut sortir pour appeler le peuple à son secours; les princes le retinrent.

88: Henri V, qui venoit de succéder à son père, mort en 1412.

89: Ces deux auteurs n'en parlent qu'à la date de 1416, et Saint-Foix prouve très-bien qu'il ne fut que renouvelé à cette époque et qu'il avoit été conclu dès l'année 1414. Dans cette transaction, le duc de Bourgogne expose que:

«Jusqu'alors, faute de bonnes informations, il avoit méconnu et ignoré les véritables droits du roi d'Angleterre et de ses héritiers à la couronne de France; qu'en ayant pris connoissance, il les reconnoît justes et légitimes; qu'il promet et s'engage en conséquence de faire une guerre mortelle à Charles VI et au dauphin, et se soumet à faire hommage-lige audit roi d'Angleterre, dès qu'il sera en possession d'une notable partie du royaume de France; reconnoissant que, quoique cet hommage soit dû dès à présent, il a été différé, pour le plus grand avantage de l'un et de l'autre;

»Que, par toutes les voies secrètes qu'il saura ou qui lui seront indiquées, il fera en sorte que ledit roi d'Angleterre soit mis en possession réelle et paisible dudit royaume;

»Que, pendant que ledit roi d'Angleterre sera occupé à poursuivre ses droits, lui, duc de Bourgogne, fera la guerre avec toutes ses forces aux ennemis que ledit roi d'Angleterre a dans le royaume de France; c'est à savoir, à A. B. C. D. et à tous leurs pays et partisans désobéissants audit roi d'Angleterre;

»Que, dans les traités d'alliance, lettres-patentes ou autrement, s'il paroît toujours tenir pour Charles VI, soi-disant roi de France et pour le dauphin, ce ne sera que par dissimulation, pour un plus grand bien et pour faire mieux réussir le projet formé entre ledit roi d'Angleterre et lui, duc de Bourgogne.»

C'est ainsi qu'un prince du sang, petit-fils du roi Jean, et premier pair du royaume, se lioit avec les ennemis naturels de sa patrie pour arracher le sceptre de sa maison, et le faire passer dans celle d'un usurpateur, d'un étranger, à qui même la couronne d'Angleterre n'appartenoit pas. (Saint-Foix.)

90: Les conjurés, dont les chefs étoient les courtisans du dauphin, devoient aller au Louvre, mettre ce prince à leur tête, s'emparer des postes les plus importants, chasser les Orléanois et massacrer ceux qui feroient résistance.

91: Depuis le Havre-de-Grâce.

92: Villaret, toujours persuadé que le traité du Bourguignon avec le roi d'Angleterre n'existoit point encore, blâme, comme impolitique, un refus très-raisonnable, et une méfiance qu'on auroit dû avoir plus tôt. Pour n'avoir point connu un point historique aussi essentiel, cet historien ne peut ici rien éclaircir, rien expliquer, et donne aux personnages des motifs, aux événements des causes entièrement opposées à la vérité.

93: Elle fut perdue par la faute du connétable d'Albret, qui y périt avec la fleur de la noblesse françoise et six princes du sang. Le duc d'Orléans y fut fait prisonnier. Cependant le vainqueur, épuisé et réduit à dix-huit mille hommes, de cinquante qu'il avoit à son arrivée, fut forcé de regagner Calais et de repasser en Angleterre. Sa victoire, dit Rapin de Thoiras, ne lui avoit pas acquis un pouce de terre; plus des deux tiers de l'armée françoise n'avoient pas donné; et rien n'eût été plus facile à réparer qu'un semblable échec dans des circonstances ordinaires.

94: Il se tenoit principalement dans la ville de Lagny, ce qui lui fit donner par les Parisiens le nom de Jean de Lagny qui n'a pas hâte.

95: Voyez t. Ier, p. 161, 1re partie.

96: On avoit fait un fonds pour le paiement des troupes; cette princesse avare voulut s'en emparer, sous prétexte de l'entretien de sa maison et des pensions qui lui étoient dues: le connétable s'y opposa, elle le menaça. Il la connoissoit, et crut devoir aller au-devant de sa vengeance.

97: Du désordre que le duc de Bourgogne causoit dans l'État, il arrivoit que les autres grands vassaux séparoient leurs intérêts de ceux de la monarchie. La reine de Sicile, duchesse du Maine et de l'Anjou, fit une trève avec Henri pour ses terres, c'est-à-dire qu'elle s'engagea à ne point fournir son contingent à la France; le duc de Bretagne en fit une pareille; la Bourgogne, la Champagne, la Picardie, l'Artois et la Flandre étoient au pouvoir du duc de Bourgogne: on peut juger dans quel embarras devoient être le connétable et le dauphin pour trouver de l'argent et des troupes. (Saint-Foix.)

98: Villaret accuse encore ici l'ambition du connétable d'Armagnac, que cette paix auroit, dit-il, dépouillé de toute sa puissance. La même erreur produit jusqu'à la fin les mêmes inconséquences dans le récit de cet historien.

99: Il s'étoit caché chez un maçon, qui n'eut pas le courage de braver un ordre par lequel il étoit défendu, sous peine de mort, de donner asile aux Armagnacs. Dès que cet ordre eut été publié, il alla lui-même dénoncer le connétable.

100: Il y eut encore, quelques jours après, de nouveaux assassinats. Les troupes qui environnoient Paris empêchant les vivres d'arriver, on persuada au peuple que c'étoient les Armagnacs qui étoient cause de la famine; sur ce bruit ses fureurs se rallumèrent; il courut aux prisons, où il massacra encore toutes les personnes arrêtées depuis la première boucherie. Capeluche, bourreau de la ville, étoit à la tête des assassins, et le duc de Bourgogne, moteur secret de ces nouvelles horreurs, eut une conférence avec lui au palais. Quelques jours après, voyant que ces excès alloient plus loin qu'il ne l'avoit voulu d'abord, il fit saisir et exécuter ce scélérat, ainsi que plusieurs autres chefs, et tout rentra dans l'ordre.

101: Juvénal des Ursins. Il est l'auteur d'une histoire de Charles VI depuis 1380 jusqu'à 1422, et étoit fils du célèbre prévôt des marchands du même nom, qui exerça cette charge sous ce malheureux prince, et fut un de ses plus fidèles et de ses plus courageux serviteurs.

102: C'est ainsi que plusieurs historiens ont présenté cet événement.

103: Il faut remarquer, dans cette déclaration, qu'aucun des complices du meurtre de Jean-sans-Peur n'y est nommé, et que, malgré la terreur que pouvoit inspirer la présence du roi d'Angleterre, qui désiroit sans doute que le dauphin fût déclaré coupable, on n'y parle de lui, à l'occasion du meurtre, qu'en termes équivoques; ce qu'il est d'autant plus nécessaire d'observer, que tous nos historiens qui ont parlé de cet arrêt en ont parlé sans l'avoir vu, et se sont contentés de copier Monstrelet, qui, en historien téméraire, a cru que le dauphin fut cité à la table de marbre, etc., et que, n'ayant pas comparu, il fut jugé par contumace avec tous ses complices, banni à perpétuité, et déclaré incapable de succéder à la couronne, ce qui est absolument contraire à la vérité. (Rapin Thoyras, acte de Rymer.) Les pères Bénédictins s'expliquent de même. (Art de vérifier les dates.) «Ce fait, quoique attesté par Monstrelet et par tous les historiens, ne paroît pas néanmoins bien constant.» (Hénault.)

104: Les colléges de Fortet, de Reims et de Cocquerel.

105: Son ardeur pour les tournois étoit telle, qu'elle lui attira souvent des reproches dans ces temps où les tournois étoient le plus en honneur. Contre l'usage ordinaire des princes, et surtout des rois, il s'y mesuroit avec les plus braves et les plus adroits jouteurs, sans aucun examen de la disproportion du rang; et en même temps qu'il compromettoit sa dignité, il exposoit témérairement ses jours dans ces luttes imprudentes. Cette passion ne l'abandonna pas même dans les dernières années de sa vie, où sa maladie avoit presque entièrement épuisé ses forces, et, en 1414, on le voit encore paroître dans les tournois.

106: Voyez pl. 77. Nous donnons une représentation de cette ancienne porte Montmartre, d'après le plan de Paris exécuté en tapisserie sous Charles IX. Quant à la nouvelle, elle ressembloit entièrement à la porte Saint-Honoré, bâtie également sous Louis XIII.

107: Voyez t. Ier, p. 976, 2e partie.

108: Ce testament, en date du 28 janvier 1601, énonce que ce couvent doit être fondé dans la ville de Bourges; et les lettres-patentes que Henri IV accorda, au mois d'octobre 1602, pour autoriser cet établissement, portent que la fondation avoit été faite à Paris. Il paroît qu'il y eut des obstacles à l'accomplissement littéral des dernières volontés de la reine; mais aucun des historiens de Paris ne fait connoître la raison de cette discordance. On sait seulement que madame de Mercœur, qui devoit être instruite des intentions de la reine sa belle-sœur, se crut obligée de faire demander le consentement de l'archevêque et des maire et échevins de la ville de Bourges.

109: Elle éprouva d'abord quelques difficultés de la part des Capucins, qui s'opposoient à Rome à cet établissement, ne voulant en aucune manière se charger de confesser et gouverner ces religieuses; mais le pape Clément VIII le leur ayant ordonné par son bref de l'an 1603, ces religieux s'y soumirent, et les obstacles furent entièrement levés.

110: Cette maison se nommoit la Roquette, et étoit accompagnée de prés et de terres labourables. Elle a été occupée depuis par des religieuses hospitalières.

111: Les Capucins, au nombre de quatre-vingts, allèrent les chercher à leur demeure du faubourg Saint-Antoine, et les conduisirent processionnellement jusqu'à leur nouveau monastère.

112: En 1756, il fallut reprendre sous œuvre et le portail et l'église, qui étoient d'une construction peu solide; alors ces mausolées furent détruits et rétablis ensuite, mais avec négligence. C'étoit pour la troisième fois qu'on restauroit ce portail, qu'il eût mieux valu abattre dès la première. (Voyez pl. 77.)

113: Ce monastère, ainsi que tant d'autres monuments de ce genre, a été démoli depuis la révolution. Sur son emplacement on a percé une rue qui forme la traverse de la rue Neuve-des-Petits-Champs au boulevart. (Voyez l'article Monuments nouveaux.)

114: L'original, qu'avoient autrefois possédé ces religieuses, avoit été transporté dans les salles de l'académie de peinture.

115: Le corps de ce saint avoit été donné par ce seigneur aux Capucines. Ce fut le concours extraordinaire de peuple qu'attiroit sa fête, célébrée le 31 août, qui donna naissance à la foire de Saint-Ovide, tenue jusqu'en 1771 sur la place Vendôme, et transportée depuis à la place Louis XV.

116: Sur un cénotaphe en marbre blanc est couchée la statue, aussi en marbre blanc, du duc, revêtu du grand habit de l'ordre du Saint-Esprit; l'Espérance le console et lui soutient la tête, tandis qu'un génie, placé à ses pieds, semble pleurer sa mort.

117: Ce monument, également déposé au musée des Petits-Augustins, représente ce célèbre ministre à moitié couché sur un sarcophage de marbre vert antique; une femme assise à ses pieds, et tenant un livre ouvert, le regarde en pleurant; cette figure est le portrait d'Anne de Souvré de Courtanvaux son épouse. Le groupe entier est de la main de Girardon, et présente des beautés remarquables.

Au bas du sarcophage sont deux figures en bronze, l'une, du même sculpteur, offrant la Sagesse sous la forme de Minerve; l'autre, commencée par Desjardins, et terminée par Vancleve, représentant la Vigilance.

118: La maison de Créqui.

119: Quelques historiens ont avancé que c'étoit M. de Turenne qui avoit donné aux Nouvelles-Catholiques leur maison de la rue Sainte-Anne. Jaillot présente une opinion contraire; et les raisons sur lesquelles il se fonde nous ont paru assez solides. «Je ne doute point, dit-il, que M. de Turenne, qui avoit abjuré la religion protestante, n'ait été du nombre des bienfaiteurs des Nouvelles-Catholiques; mais je n'ai trouvé aucune preuve qu'il leur eût donné la maison où elles demeurent actuellement. Il n'est pas nommé dans le contrat d'acquisition, et si sa modestie l'eût engagé à cacher ses bienfaits, la reconnoissance des Nouvelles-Catholiques se seroit empressée de les publier après sa mort, ou au moins de consigner ce fait dans leurs archives.»

120: Il y avoit un second établissement de ce genre, connu sous le nom de Filles de l'Union Chrétienne, communément appelées Filles de Saint-Chaumont. Nous en parlerons en son lieu.

121: La maison des Nouvelles-Catholiques a été détruite et remplacée par des maisons particulières.

122: Voy. t. I, p. 713, 2e partie.

123: Voyez t. Ier, p. 772, 2e partie.

124: Cette ordonnance fut renouvelée par Louis XIII en 1617.

125: Elle s'empara de cette bibliothéque, sous le prétexte plus spécieux que réel qu'elle étoit un démembrement de la bibliothéque des Médicis.

126: Cet ordre ne fut exécuté qu'au mois de mai 1599.

127: Les principaux gardes de la bibliothéque, depuis cette époque jusqu'à nos jours, furent MM. Dupuy, Jérôme Bignon, Bignon fils, l'abbé Le Tellier, l'abbé Bignon; Bignon, prévôt des marchands, son neveu; Bignon, fils du précédent, etc.

128: C'est ce qu'on peut juger par l'état où elle se trouvoit en 1661. Suivant le Mémoire historique ci-dessus cité, Louis XIV y avoit joint plus de 9,000 volumes imprimés et 200 manuscrits légués par MM. Dupuy, 1923 volumes manuscrits du comte de Béthune, etc. Cependant la bibliothéque ne contenoit alors que 6088 manuscrits et 10,658 volumes imprimés. On y ajouta dans la suite et après la mort du cardinal Mazarin les manuscrits de Brienne.

129: Louis XV l'augmenta depuis plus qu'aucun de ses prédécesseurs; à la fin de son règne le nombre des livres imprimés s'élevoit déjà à plus de 100,000 volumes.

130: Ces bâtiments étoient un démembrement du palais du cardinal Mazarin, qui avoit été divisé en deux parties par ses héritiers.

131: Il y avoit sur la voûte une peinture à fresque exécutée du temps du cardinal Mazarin par un Italien nommé Pellegrini. Elle étoit tellement dégradée par le temps et l'humidité, qu'on a jugé à propos de l'effacer entièrement, lors de la restauration qu'on a faite de cet escalier.

132: On aura peine à croire que, pendant les vingt années de la révolution, cette bibliothèque se soit accrue de près de 200,000 volumes. Il n'y a cependant aucune exagération dans ce calcul, et nous pouvons affirmer, d'après les autorités les plus sûres et les renseignements les plus exacts, qu'elle contient aujourd'hui au moins 300,000 volumes. La manie de faire des livres, est une maladie épidémique qui a gagné l'Europe entière; et certes ce dépôt, tout immense qu'il est, ne contient pas la moitié des sottises, des erreurs, des folies niaises ou perverses qui s'impriment depuis la Tamise jusqu'à la Néva.

133: Ces cercles ont été exécutés par Butterfieldt, fameux ingénieur du roi, mort à Paris en 1724, âgé de 89 ans.

134: Ces deux globes furent placés en 1704 dans les deux pavillons du jardin de Marly; de là on les transporta dans une salle du Louvre, d'où Louis XV les fit tirer, en 1722, pour en orner la bibliothèque. Ce n'est qu'en 1731 que fut construit le salon dans lequel ils sont placés. Il est inutile sans doute de dire que, d'après les nouvelles découvertes faites en géographie, ces belles machines ne sont plus que des objets de pure curiosité.

135: Ces peintures sont masquées aujourd'hui par les tablettes où sont placés les manuscrits.

136: Nous ne prétendons pas dire par là que ce dessin soit excellent. Romanelli avoit les défauts communs à presque tous les peintres de son temps. Ses figures sont maniérées, et le style est loin d'en être sévère. Il n'en est pas moins vrai que cette grande machine, peinte avec franchise et vigueur, est une production très-estimable. Elle a conservé encore toute sa fraîcheur.

137: Cette collection a été, de même que celle des livres imprimés, considérablement augmentée pendant la révolution, et s'étoit élevée alors jusqu'à 70,000 volumes. Les accroissements qu'elle avoit reçus se composoient de 500 manuscrits de la bibliothéque du Vatican; de ceux de la bibliothéque de Saint-Marc à Venise; de plusieurs autres tirés de Bologne, de Milan, de Munich et autres villes d'Allemagne et d'Italie; mais surtout des riches collections de la Sorbonne, de Saint-Victor, de Saint-Germain-des-Prés[137-A], etc., etc. Nous saisissons avec plaisir cette occasion de rappeler que c'est en grande partie aux soins de M. Van-Prat, savant distingué et l'un des conservateurs actuels de la bibliothéque, qu'on doit la conservation de cette dernière collection, qui fut sur le point d'être consumée dans l'incendie des bâtiments de l'abbaye, arrivé pendant la révolution.

137-A: On a rendu, depuis la restauration, les manuscrits enlevés aux diverses bibliothéques de l'Europe.

138: François Ier plaça dans le garde-meuble environ vingt médailles d'or et une centaine d'argent. Henri II en recueillit un assez grand nombre, qu'il réunit dans sa bibliothéque avec celles de François Ier; il y joignit ensuite la collection précieuse que Catherine de Médicis avoit apportée en France. Enfin Charles IX essaya de consolider cet établissement, en assignant au Louvre une salle pour y rassembler les médailles antiques, et en créant un garde particulier pour ces objets.

139: D'autres savants parcoururent aussi, par ordre du roi, la Sicile, la Grèce, l'Égypte, la Perse, l'Asie-Mineure, et concoururent, par leurs recherches, à la splendeur de ce cabinet, entre autres MM. Demonceaux, Vaufleb, Petit de La Croix, Galland, de Nointel, ambassadeur à Constantinople, Paul Lucas, etc.

140: Ceci a été écrit en 1754. Depuis, cette collection a reçu, comme toutes les autres, de grands accroissements, et principalement jusqu'au moment de la révolution, par les soins et les recherches de M. l'abbé Barthélemi lui-même. Depuis cette époque elle avoit été presque doublée par toutes les collections enlevées à Rome et dans l'Italie. Une partie de ces richesses a été rendue à ses propriétaires.

141: M. Van-Spandonck, qui vient de mourir, étoit chargé, dès 1789, de la continuation de ce beau travail.

142: La collection de M. de Beringhem est composée de 466 volumes et de 50 porte-feuilles de cartes célestes, terrestres et hydrographiques.—Celle de M. l'Allemand de Betz, de 80 volumes.—Celle de M. de Fontette remplissoit 60 porte-feuilles.—Enfin dans celle de M. Begon est une suite d'oiseaux peints à la gouache, que l'on attribue à la célèbre Sibylle de Mérian.

143: Il faut ajouter à tant de richesses les acquisitions nombreuses faites depuis la révolution, pendant laquelle les productions de la gravure se sont multipliées plus que jamais.

144: Ce dépôt pouvoit passer pour le plus riche et le plus précieux de l'Europe, par l'ancienneté et l'originalité des titres dont il étoit composé. Les cabinets de MM. de Gaignières et d'Hozier en formèrent le premier fonds, lequel fut augmenté en 1720 par M. l'abbé Bignon de tout ce qu'il put trouver de purement généalogique dans les dépôts des manuscrits et des livres imprimés. On y joignit depuis les cabinets du chevalier Blondeau, de M. Jault; les généalogies d'André Duchesne, de Kerc-Daniel, de Scohier, etc., etc., etc.

145: La rue de la Feuillade, au bout de laquelle se prolonge la rue Neuve-des-Petits-Champs; celle des Fossés-Montmartre, et la rue Croix-des-Petits-Champs.

146: Ces ornements étoient un globe, une massue d'Hercule, une peau de lion, un casque et un bouclier.

147: Plusieurs autres inscriptions, auxquelles on a reproché avec raison d'être trop fastueuses, couvroient les diverses faces du piédestal. Nous ne rapporterons que celle qui sert de dédicace, et qui explique le sujet de tout l'ouvrage.

Ludovico Magno; Patri exercituum, et ductori semper felici.—Domitis hostibus. Protectis sociis. Adjectis imperio fortissimis populis. Extructis ad tutelam finium firmissimis arcibus. Oceano et Mediterraneo inter se junctis. Prædari vetitis toto mari piratis. Emendatis legibus. Deletâ calvinianâ impietate. Compulsis ad reverentiam nominis gentibus remotissimis, cunctisque summâ providentia et virtute domi forisque compositis.—Franciscus vice comes d'Aubusson, dux de La Feuillade, ex Franciæ paribus, et tribunis equitum unus, in Allobrogibus prorex, et Prætorianorum præfectus.—Ad memoriam posteritatis sempiternam. P. D. C. 1686.

Cette même inscription étoit répétée en françois: À Louis-le-Grand, le père et le conducteur des armées, toujours heureux.—Après avoir vaincu ses ennemis, protégé ses alliés, ajouté de très-puissants peuples à son empire, assuré les frontières par des places imprenables, joint l'Océan à la Méditerranée, chassé les pirates de toutes les mers, réformé les lois, détruit l'hérésie, porté, par le bruit de son nom, les nations les plus barbares à le venir révérer des extrémités de la terre, et réglé parfaitement toutes choses au dedans et au dehors par la grandeur de son courage et de son génie.—François, vicomte d'Aubusson, duc de La Feuillade, pair et maréchal de France, gouverneur du Dauphiné et colonel des gardes-françoises.—Pour perpétuelle mémoire à la postérité.

148: La place n'étoit pas encore entièrement finie en 1691.

149: Le duc de La Feuillade y parut à cheval, et fit trois fois le tour du monument, suivi du régiment des gardes, dont il étoit colonel; à quoi il ajouta toutes les prosternations que les Romains faisoient autrefois devant les statues de leurs empereurs. Le prévôt des marchands et les échevins assistèrent à cette cérémonie. Il y eut le soir un grand feu d'artifice devant l'Hôtel-de-Ville, et des feux de joie dans toutes les rues de Paris.

150: Cet arrêt étoit motivé sur des raisons de police si frivoles, qu'elles en sont presque ridicules: «Les habitants des maisons de cette place étoient, disoit-on, incommodés par l'attroupement des fainéants et des vagabonds qu'attiroit la lumière de ces fanaux.» On n'a pu découvrir la véritable cause d'une semblable détermination, que quelques personnes ont attribuée à ce distique assez plaisant qu'un Gascon afficha, dit-on, sur le piédestal de la statue.

La Feuillade, sandis, je crois que tu me bernes,
De placer le soleil entre quatre lanternes.

151: Les dégradations de ce monument ont commencé quelques jours avant la fédération du 14 juillet 1790. Alors les quatre figures d'esclaves furent enlevées et déposées dans la cour du Musée; on les a depuis transportées aux Invalides, où elles sont encore. Les quatre bas-reliefs avoient été déposés au Musée des monuments françois, et adaptés au soubassement d'une colonne triomphale qui ornoit le jardin de cette maison. Quant à la statue, elle fut abattue le 10 août.

La représentation que nous donnons du monument entier est d'autant plus précieuse, qu'il n'en existe, même à la bibliothèque, que des gravures grossières qui n'en peuvent donner aucune idée satisfaisante. Celle-ci a été faite sur un dessin très-exact, exécuté, d'après le monument même, par un artiste distingué.

152: Il s'étoit fait avantageusement connoître à la bataille de Rethel, en 1650; aux siéges de Mouson, de Valenciennes, d'Arras, etc. Il ne se fit pas moins remarquer au combat de Saint-Gothard contre les Turcs, en 1664, ainsi que dans la campagne du roi en Franche-Comté, où il emporta le fort Saint-Étienne l'épée à la main.

153: Il étoit prieur commendataire de ce bénéfice, situé dans le diocèse de Grenoble, non loin de Mont-Meillan.

154: L'emplacement cédé par la reine Marguerite consistoit en un terrain précédemment occupé par les frères de la Charité, et une portion du petit pré aux Clercs, contenant six arpents, qu'elle avoit pris à cens et à rentes de l'université; ce qui formoit en partie cet espace que nous voyons environné du quai Malaquais et des rues des Petits-Augustins, Jacob et des Saints-Pères, emplacement qu'elle avoit d'abord destiné à faire les jardins de son hôtel, situé rue de Seine.

155: Saint-Foix, qui a fait de ses Essais sur Paris un recueil d'épigrammes, dit à ce sujet: Assurément ces pères n'aimoient pas la musique, car ils s'obstinèrent à ne vouloir que psalmodier. On voit combien cette froide plaisanterie porte à faux. Mais ce qui est réellement plaisant, c'est de voir avec quelle complaisance tous les auteurs de Manuels, de Voyages, de Promenades, de Miroirs, et autres ouvrages de ce genre sur Paris, ont servilement répété ce quolibet de Saint-Foix, et mille autres qui, pour la plupart, n'ont pas de fondement plus solide que celui que nous relevons ici.

156: L'abbé Lebeuf place ce retour en 1623, les historiens de Paris en 1629; mais ces dates ne conviennent ni à leur premier établissement à Paris en 1608, ni à ceux qu'ils ont eus depuis, soit à Paris, soit aux environs. Sauval s'est encore trompé en disant qu'ils avoient été établis avant cette époque dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye, puisque le roi ne leur donna la chapelle des Loges, située dans cette forêt, qu'en 1626; que la reine Anne d'Autriche ne fit bâtir leur église qu'en 1644; et qu'enfin elle ne s'en déclara la fondatrice que par ses lettres-patentes du mois de février 1648. C'est également sans fondement que l'abbé Lebeuf place au même endroit des ermites de Saint-Augustin, dans le seizième siècle.

157: Elle a servi, pendant les premières années de la révolution, de salle d'assemblée pour la municipalité, les élections, etc. Elle fut depuis la Bourse provisoire de la ville de Paris; et les bâtiments du couvent formoient une des douze maisons municipales de cette ville. Depuis cette église a été rendue au culte.

158: Voyez pl. 77.

159: Il y avoit dans l'église des Augustins une confrérie de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs; si l'on en croit Baillet, la dévotion à la Vierge, sous cette dénomination, est la plus ancienne de toutes; elle commença en orient, et passa en occident du temps des croisades. Elle consiste à honorer Marie affligée au pied de la croix. Ce fut la reine Anne d'Autriche qui établit cette confrérie dans l'église de ces religieux; elle fut approuvée par Alexandre VII, qui donna un bref d'indulgences le 26 mai 1656; des lettres-patentes du 20 décembre de la même année l'autorisèrent; la reine s'en déclara la protectrice; et, le 24 mars de l'année suivante, elle vint dans cette église, où elle fut reçue en cette qualité. Les princesses et autres dames qui l'accompagnoient se firent inscrire en même temps dans cette sainte association.

160: On avoit déjà accordé une semblable permission en 1560.

161: On a fait de l'église un marché, qui conserve le nom de Saint-Joseph. L'emplacement du cimetière ayant été couvert de maisons, les cendres de ces deux grands écrivains en furent retirées, renfermées dans des sarcophages, et déposées dans le jardin du Musée des monuments françois.

162: Cette partie de la rue Neuve-Saint-Augustin prit, quelque temps après, le nom de rue des Filles-Saint-Thomas.

163: Par une bulle datée du 5 octobre 1625.

164: Plusieurs historiens, entre autres Sauval, l'abbé Lebeuf, La Caille, Labarre et Piganiol ne placent cette translation qu'en 1652. Nous avons suivi Jaillot, qui, ordinairement très-exact dans ses recherches, assure avoir vu des plans publiés en 1641 et en 1647, lesquels indiquent ce couvent comme existant déjà dans la rue Neuve-Saint-Augustin.

165: Ce monastère a été détruit. Ses jardins, qui occupoient un vaste emplacement depuis la rue Notre-Dame-des-Victoires jusqu'à une petite distance de celle de Richelieu, furent en partie dénaturés dès les premières années de la révolution. On y construisit dès-lors un passage[165-A], une rue nouvelle et un théâtre.

Sur ce qui reste de ce terrain on a élevé un vaste et magnifique monument qui sert de Bourse à la ville de Paris. Voyez l'article Monuments nouveaux.

165-A: Le passage Feydeau.

166: Les Jaloux. Ce nom doit s'entendre ici dans le sens de jaloux ou ambitieux de plaire.

167: Rue Mauconseil.

168: L'arlequin, le pantalon, le docteur, le scapin, le beltrame, le capitan, le scaramouche, le giangurgolo, le mezzetin, le tartaglia, le polichinelle et le pierrot. Les quatre premiers sont ceux qui furent conservés.

169: Baron, qui parloit au nom des comédiens françois, ayant exposé les griefs de sa troupe, le roi ordonna à Dominique de parler à son tour: Sire, dit-il, comment parlerai-je?—Parle comme tu voudras, lui répondit le roi.—Il ne m'en faut pas davantage, reprit Dominique, j'ai gagné ma cause; et en effet ce jeu de mots la lui fit gagner.

170: On les accusa d'avoir voulu peindre le caractère de madame de Maintenon dans une comédie intitulée la Fausse prude, qu'ils étoient sur le point de donner. Ce fut cette accusation vraie ou fausse qui décida leur perte.

171: À leurs canevas italiens ils joignirent alors des parodies, des intermèdes, des ballets héroïques ou pantomimes, et jusqu'à des feux d'artifice.

172: Ces cartons étoient roulés; chaque acteur en avoit dans une de ses poches le nombre qui lui étoit nécessaire pour son rôle. Il tiroit le carton dont il avoit besoin, le dérouloit et le mettoit ensuite dans la poche opposée. Ce moyen bizarre n'amusa pas long-temps.

173: Voyez pl. 75.

174: Dans ces restaurations faites en 1797, l'architecte, M. Bienaimé, a jugé à propos de changer les dispositions intérieures de la salle, à laquelle il a donné une forme sphéroïdale; il a aussi donné une nouvelle distribution aux loges, et un aspect nouveau à la décoration générale. Tous ces changements ont paru de bon goût.

175: On y a établi un collége de l'université.

176: Voy. pl. 77.

177: Voy. pl. 76.

178: Elle a été détruite. Il n'en reste plus que la façade à demi ruinée; et son intérieur forme maintenant un cul-de-sac où l'on a construit des baraques.

179: Voyez p. 241.

180: Voyez p. 206.

181: Trois rues ont été percées, et deux théâtres ont été bâtis, depuis la révolution, sur le terrain de cet hôtel. (Voyez les articles Rues nouvelles et Monuments nouveaux.)

182: Pour bien apprécier un luxe aussi prodigieux, il faut se rappeler qu'à cette époque la bibliothèque du roi en contenoit à peine sept mille.

183: Cet hôtel n'a point changé de destination, et depuis la révolution, n'a point cessé d'être habité par le ministre des finances.

184: Cet hôtel sert encore de magasin pour toutes les décorations et machines de l'Opéra.

185: Cet hôtel, qui conserve toujours la même destination, est connu maintenant sous le nom de Conservatoire de Musique.

186: Sur les divers changements qu'a éprouvés cet hôtel, Voy. l'article Monuments nouveaux.

187: Les deux statues attribuées à Michel-Ange ont été transportées au Muséum, et placées pendant quelque temps à l'entrée de la grande galerie des tableaux.

Les jardins de l'hôtel de Richelieu, qui s'étendoient jusqu'au boulevard, où ils étoient terminés par un joli pavillon nommé pavillon d'Hanovre, ont été considérablement diminués depuis la révolution; une rue nouvelle a été ouverte, et beaucoup de maisons ont été bâties sur la partie qu'on en a détachée.

188: L'hôtel d'Uzès est actuellement occupé par l'administration des douanes.

189: Cet hôtel est maintenant occupé par le ministre des affaires étrangères.

190: Elle fut nommée alors rue Helvétius. Elle a repris, depuis 1815, son ancien nom.

191: Pendant la révolution, elle a porté le nom de Cérutti. Depuis 1814 cette rue a repris son premier nom.

192: On a changé son nom en celui de rue de la Tour des Dames; elle se trouve fermée par un mur élevé dans la rue de la Rochefoucault, où elle vient finir aujourd'hui.

193: Cette rue a pris, dans la révolution, le nom de rue Joubert.

194: Cette rue a reçu, dans la révolution, le nom de rue de Mirabeau et celui de rue du Montblanc.

195: Les Porcherons étoient autrefois une espèce de bourg séparé du quartier Montmartre, et situé un peu au-dessus des barrières. Ce lieu étoit rempli de cabarets, où le peuple se rendoit en foule le dimanche, parce que le vin s'y vendoit à meilleur marché. Depuis que les Porcherons ont été compris dans l'enceinte de Paris, ils ont cessé d'être fréquentés, et c'est principalement à Belleville que se font maintenant ces sortes de rassemblements. Il y avoit et il y a encore aux environs de Paris un assez grand nombre d'endroits de cette espèce, que l'on désigne sous la dénomination générale de Guinguettes, tels que la Nouvelle-France, la Petite-Pologne (auprès des Porcherons), la plaine des Sablons, et celle de Grenelle, le moulin de Javelle, Vaugirard, le Grand et le Petit-Chantilly, la Rapée, le Grand et le Petit-Charonne, Ménil-Montant, la Haute-Borne, la Courtille, le Gros-Caillou, le Port-à-l'Anglais.

196: Arch. de l'archev.

197: Arch. de l'archev.

198: Arch. de l'archev.

199: Arch. de l'archev.

200: On a percé, dans cette rue, un chemin qui aboutit aux murs de Paris, et qu'on a nommé ruelle Beauregard.

201: À côté de cette rue, et sur les jardins de l'hôtel de Richelieu, on a percé une rue nouvelle qui donne dans celle de Louis-le-Grand, et se nomme rue du Port-Mahon.

202: L'église et l'abbaye de Montmartre, étant situées hors des murs de Paris, se trouvent naturellement rejetées de notre plan. Cependant la célébrité du lieu est tel, que, sans en faire l'histoire, nous croyons devoir du moins lui consacrer une note. Il y avoit, dès la fin du septième siècle ou au commencement du suivant, une église consacrée sur cette montagne à Saint-Denis, et une petite chapelle, ædicula, parva ecclesia, où l'on conservoit les reliques de plusieurs autres martyrs dont les noms ne sont pas parvenus jusqu'à nous. En 1096, ces deux églises furent données, avec quelques terres qui en dépendoient, aux moines de Saint-Martin-des-Champs. Ces religieux les cédèrent, en 1133, au roi Louis-le-Gros, en échange de Saint-Denis-de-la-Chartre[202-A]; et, l'année suivante, ce prince et Alix de Savoie, sa femme, y fondèrent l'abbaye de Bénédictines, qui en jouissoit encore dans les derniers temps de la monarchie. Le couvent qu'on y voyoit occupoit la place de la chapelle: il fut d'abord érigé en prieuré dépendant de l'abbaye située sur le sommet de la montagne; mais depuis il avoit été réuni. Les religieuses, ayant fait ensuite bâtir des lieux réguliers et une église, laissèrent l'ancienne église pour le service de la paroisse.

202-A: Voyez t. Ier, p. 271, 1re partie.

203: Cette rue a été nommée, depuis la révolution, rue Pigalle, parce que ce sculpteur y avoit une maison. On y a percé à droite une rue transversale qu'on a appelée rue de Laval.

204: Les religieuses de Saint-Thomas avoient ensuite renfermé cette partie de rue dans l'enceinte de leur monastère.

205: Recueil d'antiq., t. II, p. 373, et suivantes.

206: «En 1628, un jardinier, fouillant la terre dans l'endroit de cette rue où se tenoit la Bourse, y trouva neuf cuirasses qui avoient été faites pour des femmes; on n'en pouvoit douter à la façon dont elles étoient relevées en bosse, et arrondies sur l'un et l'autre côté de l'estomac. Quelles étoient ces héroïnes, et dans quel siècle vivoient-elles? c'est ce que je n'ai pu découvrir; j'ai seulement trouvé dans Mézerai, année 1147, à l'article de la croisade prêchée par saint Bernard, que plusieurs femmes ne se contentèrent pas de prendre la croix, mais qu'elles prirent aussi les armes pour la défendre, et composèrent des escadrons de leur sexe, rendant croyable tout ce qu'on a dit des prouesses des Amazones.» (Saint-foix.)

207: Antiquités, etc., t. III.

208: Voyez l'article Opéra, dans la description du quartier Saint-Martin, 2e partie de ce volume.

209: Voyez le plan de Paris sous Louis-le-Jeune.

210: Hist. de Par., t. I, p. 348.

211: Ibid.

212: Cart. S. Germ. Autiss.

213: Hist. de Par., t. I, p. 92.—T. III, p. 97.

214: Cart. S. Germ. Autiss.Gall. Christ., t. VII, col. 257. Car. Livriac.

215: Vie de S. Eustase, 1569.

216: Les chapellenies, dont nous avons déjà parlé plus d'une fois, étoient des espèces de bénéfices auxquels étoient attachés certains revenus provenant d'un capital ou d'un immeuble cédé par le fondateur, à la charge par celui qui en jouissoit de dire des messes ou autres prières dans une chapelle érigée ou désignée à cet effet parmi celles qui existoient dans l'église. Comme les immeubles légués avoient quelquefois une certaine étendue, ils acquirent, dans la suite des temps, de l'importance, à raison de l'accroissement du quartier où ils se trouvoient situés. Ainsi nous voyons que les chapelains de Saint-Eustache avoient, au commencement du quatorzième siècle, droit de basse-justice, et des amendes jusqu'à soixante sous en trois rues, hors des murs de la ville et dans le quartier Saint-Eustache. En conséquence ils préposoient des officiers pour rendre la justice dans les lieux soumis à leur juridiction. Ces droits, qui furent confirmés à différentes époques par des arrêts du parlement, avoient fait de ces chapellenies de très-bons bénéfices. Aussi les trouve-t-on qualifiées, dans les anciennes chartes, d'optimæ capelleniæ.

217: Rech. sur Paris, t. II, quart. S. Eust., p. 29.—Cart. de l'évêché. A. 5185, fol. 67.

218: Pet. Cart., charte 378.—Hist. Eccles. Paris, t. II, p. 634.

219: Hist. du dioc. de Par., t. II, p. 634.

220: On prit à cet effet un terrain considérable du côté de la rue du Jour. Il paroît qu'il y avoit anciennement, entre l'église et cette rue, une autre rue parallèle. Jaillot pense que ce pouvoit être la rue de la Croix-Neuve, désignée sur d'anciens plans.

221: Voyez pl. 80.

222: Voyez pl. 83.

223: Piganiol dit 40,000 liv.; nous avons suivi Jaillot, qui est toujours plus exact.

224: Voy. pl. 79. Au côté méridional de cette église est un autre portail construit en même temps que le corps du bâtiment; et bien qu'il offre un mélange de plusieurs genres d'architecture, il est cependant fort supérieur à celui-ci et pour l'élégance des formes et pour le mérite de l'exécution. (Voy. pl. 83.)

225: Elle fut employée à bâtir une maison, rue Traînée, pour le logement du curé et des prêtres attachés au service de cette paroisse.

226: Cet artiste avoit imaginé de donner à la figure de saint Louis la ressemblance de Louis XIII; celle de la Vierge étoit le portrait d'Anne d'Autriche, et le petit Jésus qu'elle tenoit entre ses bras ressembloit à Louis XIV encore enfant.

227: Au bas de ce tombeau, du côté de la chapelle qui lui étoit adossée, on lisoit l'épitaphe suivante:

D. O. M.

Præclarâ ac pernobili stipite equitum Colbertorum, qui anno Domini 1285 ex Scotiâ in Galliam transmigrarunt, ortus est vir magnus, Joannes Baptista Colbertus, marchio de Seignelai, etc., regi administer, œrarii rationes in certum et facilem statum redegit. Rem navalem instauravit. Promovit commercium. Bonarum artium studia fovit. Summa regni negotia pari sapentiâ et æquitate gessit. Fidus, integer, providus, Ludovico Magno placuit. Obiit Parisiis, anno Domini 1683, ætatis 64.

Nota. L'auteur qui rapporte cette épitaphe ajoute qu'elle étoit très-peu apparente et presque cachée, ce qu'il attribue à la crainte que le public ne remarquât avec malignité que l'on faisoit descendre Colbert d'une famille noble d'Écosse, tandis que réellement il étoit d'une origine françoise fort commune.

228: Ce monument, vanté comme un chef-d'œuvre de noblesse et de correction par tous les historiens, avoit été déposé au Musée des monuments françois. On ne peut nier qu'il n'y ait de la vérité dans la figure de Colbert; mais les deux statues allégoriques de l'Abondance et de la Religion manquent de caractère et d'expression, et présentent, dans le jet de leurs draperies, l'affectation et le mauvais goût qui entraînoient déjà l'École vers cette dégradation totale où elle est tombée sous le règne de Louis XV. La figure de l'ange a été détruite pendant la révolution.

229: Il ne put obtenir de bulles, et fut obligé de renoncer à cet évêché.

230: Cette épitaphe, écrite en françois, mérite d'être rapportée:

«François de Chevert, gouverneur de Givet et de Charlemont, lieutenant-général des armées du roi: sans aïeux, sans fortune, sans appui, orphelin dès l'enfance, il entra au service à l'âge de XI ans; il s'éleva, malgré l'envie, à force de mérite, et chaque grade fut le prix d'une action d'éclat. Le titre seul de maréchal de France a manqué, non pas à sa gloire, mais à l'exemple de ceux qui le prendront pour modèle. Il étoit né à Verdun-sur-Meuse, le 2 février 1693; il mourut à Paris le 24 janvier 1769.»

231: Son Histoire de France depuis Pharamond jusqu'à la mort de Charles VIII est le premier recueil de ce genre qu'on ait composé en françois; mais les erreurs innombrables dont elle est remplie, et la barbarie du style, l'ont fait reléguer dans la poussière des bibliothéques.

232: On lisoit sur sa tombe l'épitaphe suivante:

«Maria Gornacensis, quam Montanus ille filiam, Justus Lipsius adeòque omnes docti sororem agnoverunt, vixit annos 80, devixit 13 Jul. an. 1685. Umbra æternùm victura».

233: L'église de Saint-Eustache, rendue au culte, est aujourd'hui l'une des paroisses de Paris.

234: Sauval, t. I, p. 650.

235: Cette institution n'existe plus. Ses bâtiments sont maintenant occupés par des particuliers.

236: Dubreuil, p. 550.—Hist. de Par., t. I, p. 331.

237: T. I, p. 105. Cette chapelle est désignée dans quelques titres sous le nom de Sainte-Marie-l'Égyptienne-de-Blois.

238: Pet. Cart. de l'évêché, fol. 128, chart. 158.

239: Rech. sur Par., quart. S. Eust., p. 33.

240: Paris étoit alors au pouvoir des Anglois. La populace ignorante et crédule de cette malheureuse ville reçut, comme des gens inspirés, ces étrangers qui la bercèrent des contes les plus ridicules. Ils débitèrent que, nés dans la Basse-Égypte, ils avoient d'abord abjuré leur fausse religion pour embrasser la religion catholique; mais qu'étant ensuite retombés dans leurs premières erreurs, ils n'avoient pu en obtenir l'absolution du pape que sous la condition de courir le monde pendant sept ans. Ils arrivèrent d'abord au nombre de douze, dont l'un se disoit duc et l'autre comte; les dix autres passoient pour des gens de leur suite, et les traitoient avec une apparence de respect. Le reste de la troupe les suivit de près; mais comme ils étoient environ cent vingt, hommes, femmes, vieillards et enfants, ils reçurent l'ordre de s'arrêter au village de la Chapelle, entre Paris et Saint-Denis. Ce fut là que les Parisiens, et surtout les femmes, allèrent consulter ces vagabonds, qui abusèrent bien étrangement de leur simplicité. Ils disoient aux femmes: ton mari t'a fait cousse; aux hommes: ta femme t'a fait coux. Ces oracles impertinents produisirent un tel désordre dans les ménages, que l'évêque fut obligé, pour les faire cesser, de se rendre lui-même au village de la Chapelle; là un religieux prêcha avec force contre les diseurs de bonne aventure, et excommunia, par son ordre, tous ceux qui leur avoient montré leurs mains et avoient ajouté foi à leurs prédictions. Cette cérémonie effraya tellement les esprits, que, dès le jour même, le village de la Chapelle fut désert, et que les Bohémiens, n'y trouvant plus de pratiques, allèrent chercher fortune ailleurs.

241: Cette chapelle a été détruite dans la révolution, et remplacée par une maison particulière.

242: Cette dénomination des Bons Enfants étoit autrefois commune à tous les colléges de France; mais ces établissements s'étant multipliés, on s'accoutuma à les distinguer par le nom de leurs fondateurs.

243: Hist. univ. Par., t. III, p. 45.

244: Manusc. de Saint-Germ.-des-Prés, c. 453, fol. 252.

245: Dans cette chapelle avoit été inhumé Geoffroi Cœur ou Cueur, maître-d'hôtel du roi Louis XI, et fils de Jacques Cœur, trésorier du roi Charles VII. Cette circonstance a fait croire à quelques-uns qu'il étoit l'un des fondateurs de cette chapelle et du collége, ce qui ne pouvoit être, puisqu'il mourut en 1478, ainsi que le portoit son épitaphe. On ne peut le regarder que comme un bienfaiteur qui aura contribué à leur rétablissement.

246: Le projet de démolir l'hôtel de Soissons avoit été conçu dès le règne de Louis XIV, et M. de Colbert avoit résolu de faire de ce grand espace une des plus belles places monumentales de Paris. On eût vu au sommet d'un rocher très-élevé et dont la base eût été assise au milieu d'un immense bassin, la statue en bronze de Louis XIV foulant aux pieds la Discorde et l'Hérésie. Quatre fleuves, également en bronze, et d'une proportion colossale, auroient versé de larges nappes d'eau dans le bassin entouré d'une balustrade de marbre; là se seroient rendues les eaux de l'aquéduc d'Arcueil, pour être ensuite distribuées par des canaux dans différents quartiers de la ville. Tout étoit disposé pour l'exécution de ce grand dessein, lorsque la mort du ministre le fit avorter. Le modèle du monument, déjà exécuté en petit par Girardon, a long-temps orné le cabinet de ce sculpteur.

247: Ces planches n'avoient qu'un pied de largeur, un pouce d'épaisseur et quatre pieds de longueur.

248: Voyez pl. 81. Cette coupole ayant été incendiée en 1802, par la négligence d'un plombier, a été reconstruite depuis dans la même forme, mais en matières incombustibles; et, l'on y a fait une heureuse application de l'appareil en fer fondu que l'on avoit employé dans la construction des ponts de l'Arsenal et des Arts.

249: Sur le mur de face intérieure on voyoit trois médaillons en bas-relief, exécutés par M. Roland, représentant les portraits de Louis XV, de M. Le Noir, lieutenant de police, et de Philibert Delorme. Les deux premiers ont été détruits.

250: Cet escalier est orné de bas-reliefs qui représentent des trophées, des couronnes, des C et des H entrelacés, des miroirs cassés, et des lacs d'amour déchirés, emblèmes du veuvage et de la douleur de cette princesse.

251: M. Louis Petit de Bachaumont, le même qui nous a laissé trente volumes d'anecdotes et de nouvelles. On alloit la démolir avec le reste de l'hôtel lorsqu'il en fit l'acquisition moyennant 800 liv., et la céda ensuite à la ville, sous la condition qu'elle seroit conservée.

252: Sauval, t. I, p. 509.—Hist. de Par., préf.

253: Il en existe encore une partie assez considérable dans la rue d'Orléans.

254: Sauval, t. II, p. 121.

255: Arch. de l'archev.

256: Voyez l'article de la chapelle Sainte-Marie-Égyptienne, page 317.

257: Cet espace comprenoit tout ce que nous voyons aujourd'hui entre les rues de la Jussienne, Montmartre, des Vieux-Augustins et Pagevin.

258: Cette tête se voit maintenant au cabinet des antiques de la Bibliothéque du roi.

259: Il y avoit à Paris deux hôtels de Nesle: celui dont il est fait mention ici, et le fameux hôtel dont nous avons déjà parlé plusieurs fois, lequel étoit situé de l'autre côté de la rivière, et près de la porte du même nom. Quelques auteurs ont avancé que ce fut ce dernier qui fut donné à saint Louis et à sa mère; mais plusieurs titres authentiques prouvent d'une manière évidente que l'hôtel en question étoit dans la censive de l'évêque de Paris. L'hôtel de Nesle, situé sur la rive méridionale, étoit dans la seigneurie de l'abbé de Saint-Germain; d'où il s'ensuit nécessairement que ce devoit être celui dont nous parlons ici.

260: Voyez t. I, p. 584, 2e partie.

261: Voy. pl. 82.

262: Dans les mémoires du temps, on voit qu'en 1591 la duchesse de Nemours et sa fille y demeuroient, ainsi que le duc de Mayenne son fils. Cet hôtel étoit alors nommé l'hôtel des Princesses.

263: On peut remarquer qu'en 1604 Charles de Soissons acheta cet hôtel en entier 90,300 liv., et que cent cinquante ans après, en 1755, la ville de Paris acheta l'emplacement seul 2,800,367 liv.

264: 3e liv. des Chartes, fol. 10.

265: Voyez dans la liste des rues, la rue du Jour.

266: Il est depuis long-temps habité par des particuliers. Avant la révolution, le rez-de-chaussée avoit déjà été converti en salles de vente, où l'on faisoit surtout des expositions de tableaux.—Il continue d'être employé au même usage.

267: Elle n'a point changé depuis la révolution.

268: Cet hôtel est maintenant occupé par l'administration de la Banque de France. Voyez l'article Monuments nouveaux.

269: Reg. des Ensaisin. du chap. S. Honoré, fol. 373, verso. Lorsque les Augustins quittèrent ce quartier en 1293, leur manoir passa à Robert, comte de Nevers, qui le donna à son fils en 1296. (Grand cart. de l'évêché, fol. 90, verso; cart. 137.) Il appartint depuis aux évêques de Paris: car on a trouvé qu'en 1315 Guillaume Baufet, qui tenoit alors le siége épiscopal de cette ville, donna ce terrain à cens à Jean de Clamart. (Arch. de l'archev.)

270: Voyez p. 228.

271: Cens. de l'évêché.

272: C'étoit la cinquième à droite en entrant par la rue Montmartre.

273: Depuis rue de la Fayette, autrefois rue du Contrat-Social.

274: Fol. 273, cart. 437.

275: Côté 5185:B.

276: Traité de la Pol., t. I, p. 76.

277: Cens. de l'évêché.—Cart. de S. Germ. l'Aux.—Compte des annivers., 1482.

278: C'est par altération que ce pressoir est nommé du Bret; il faut dire d'Albret, la maison du connétable d'Albret étant située entre ces trois rues.

279: Voyez t. Ier, p. 436, 1re partie.

280: T. I, p. 584.

281: Cens. de 1489, fol. 47; verso.

282: Cens. de 1372, 1489 et 1573.

283: L'usage des étuves étoit anciennement aussi commun en France, même parmi le peuple, qu'il l'est et l'a toujours été dans la Grèce et dans l'Asie; on y alloit presque tous les jours. Saint Rigobert avoit fait bâtir des bains pour les chanoines de son église, et leur fournissoit le bois pour chauffer l'eau. Grégoire de Tours parle de religieuses qui avoient quitté leur couvent, parce qu'on s'y comportoit dans le bain avec peu de modestie. Le pape Adrien Ier recommandoit au clergé de chaque paroisse d'aller se baigner processionnellement tous les jeudis, en chantant des psaumes.

Il paroît que les personnes que l'on prioit à dîner ou à souper étoient en même temps invitées à se baigner. «Le roi et la reine, dit la Chronique de Louis XI, firent de grandes chères dans plusieurs hôtels de leurs serviteurs et officiers de Paris; entre autres, le dixième de septembre mil quatre cent soixante-sept, la reine, accompagnée de madame de Bourbon, de mademoiselle Bonne de Savoie sa sœur, et de plusieurs autres dames, soupa en l'hôtel de maître Jean Dauvet, premier président en parlement, où elles furent reçues et festoyées très-noblement, et on y fit quatre beaux bains richement ornés, croyant que la reine s'y baigneroit, ce qu'elle ne fit pas, se sentant un peu mal disposée, et aussi parce que le temps étoit dangereux; et en l'un desdits bains se baignèrent madame de Bourbon et mademoiselle de Savoie; et dans l'autre bain à côté se baignèrent madame de Monglat et Perrette de Châlon, bourgeoise de Paris..... Le mois suivant, le roi soupa à l'hôtel de sire Denis Hesselin, son panetier, où il fit grande chère, et y trouva trois beaux bains richement tendus, pour y prendre son plaisir de se baigner, ce qu'il ne fit pas, parce qu'il étoit enrhumé, et qu'aussi le temps étoit dangereux.» (Saint-Foix.)

284: Arch. de l'archev.

285: Temporalité de N. D.—Bibl. du roi, côté B., no 5181.

286: Pet. cart. de l'évêché, fol. 140 et 163.

287: Past. A, fol. 675 et 681.

288: Cens. de l'évêché, 1489.

289: Arch. de l'archev.

290: Cens. de l'évêché.

291: Arch. de l'archev.

292: Arch. de l'archev.

293: Ibid.

294: Role de Taxe de 1313.—Cens. de l'évêché, 1372.

295: En 1476, Alphonse V, roi de Portugal, vint à Paris pour y solliciter des secours contre Ferdinand, fils du roi d'Aragon, qui lui avoit enlevé la Castille. Louis XI, disent les historiens, lui fit rendre de grands honneurs, et tâcha de lui procurer tous les agréments possibles. On le logea rue des Prouvaires, chez un épicier nommé Laurent Herbelot. On le mena au Palais, où il eut le plaisir d'entendre plaider une belle cause. Le lendemain il alla à l'évêché, où l'on procéda en sa présence à la réception d'un docteur en théologie; et, le dimanche suivant, premier décembre, on ordonna une procession de l'université qui passa sous ses fenêtres. Tels étoient les amusements d'alors.

296: Cens. de l'évêché.

297: Ibid.

298: Cart. de S. Magl.

299: Nécrol. de N. D.

300: Voyez p. 344.

301: Voyez p. 332.

302: Antiquités, etc., t. II, p. 379.

303: Voici quelle étoit la position respective des deux partis: Les Anglois, maîtres de Paris, possédoient la Normandie, l'Île-de-France, la Brie, la Champagne, la Picardie, le Ponthieu, le Boulonois, le Calaisis jusqu'aux frontières de Flandre; la partie la plus considérable de l'Aquitaine jusqu'aux Pyrénées et à l'Océan; ils disposoient, par leur alliance avec le duc de Bourgogne, du duché de ce nom et des provinces de Flandre et d'Artois.

Charles étoit réduit à la province de Languedoc, arrachée avec peine au comte de Foix, à celles du Dauphiné, de l'Auvergne, du Bourbonnais, du Berry, du Poitou, de la Saintonge, de la Touraine et de l'Orléanois. Il pouvoit aussi compter sur quelques parties de l'Anjou et du Maine, qui jusque là n'avoient point été entamées. La Bretagne, incertaine encore entre les deux partis, sembloit attendre les événements.

304: Ils se formèrent depuis dans les combats innombrables qu'il leur fallut livrer pour rétablir leur maître sur son trône; et en effet l'expérience n'a que trop prouvé que, dans la guerre surtout, la théorie n'est rien sans une pratique continuelle. Mais, à cette époque, Xaintrailles, La Hire, La Fayette, Narbonne, le duc d'Alençon, etc., etc., n'étoient encore que de braves guerriers, tandis que Salisbury, Warwick, Arundel, Sommerset, Suffolk, Talbot, étaient des généraux aussi habiles que courageux.

305: Henri VI, nommé pendant près de vingt ans roi de France et d'Angleterre, et depuis chassé du premier royaume et dépouillé du second, n'étoit alors qu'un enfant de neuf mois; mais l'intrépidité et les lumières de Henri V sembloient revivre dans son frère, le duc de Bedfort, qu'il avoit nommé, en mourant, régent de France.

306: Petite ville située sur le ruisseau de l'Oudon, entre les rivières du Maine et de la Villaine.

307: Ce fut alors que les Anglois, enorgueillis de tant de succès, lui donnèrent le nom de roi de Bourges.

Les Anglois, avec leurs croix rouges,
Voyant lors sa confusion,
L'appelèrent le roi de Bourges
Par forme de dérision.

(Vigiles de Charles VII.)

308: Voyez p. 144.

309: Il lui avoit refusé le commandement des troupes.

310: Entre autres le président Louvet, Davaugour, Frottier, et le prévôt Tanneguy du Châtel. Les trois premiers avoient trempé dans la conjuration des Penthièvre contre le duc de Bretagne, et le dernier étoit toujours soupçonné d'être le principal auteur de la mort de Jean-sans-Peur.

311: Le comte dauphin d'Auvergne fut tué en plein conseil, aux yeux mêmes du roi, par Tanneguy du Châtel.

312: Quoique beaucoup plus puissants que le parti de Charles, ils n'avoient pas alors dix mille hommes de troupes effectives.

313: Elle fut ainsi nommée, parce que le général anglois conduisoit un convoi composé principalement de barils remplis de cette espèce de poisson. Le but du comte de Clermont étoit d'enlever ce convoi.

314: On présuma qu'ils en avoient reçu secrètement l'ordre du duc de Bourgogne.

315: Les généraux qui commandoient dans cette place, ayant perdu l'espoir de la défendre encore long-temps, avoient offert de la mettre en séquestre entre les mains du duc de Bourgogne, et ce prince avoit agréé leur proposition; mais le duc de Bedfort la rejeta avec une hauteur et des réflexions offensantes qui blessèrent Philippe jusqu'au fond du cœur.

316: À neuf lieues de Paris.

317: Quelques jours auparavant, le duc d'Alençon et les autres généraux avoient trouvé le moyen de faire semer dans Paris plusieurs écrits, par lesquels ils exhortoient les citoyens à reconnoître leur souverain légitime, et à seconder les efforts qu'il alloit faire pour les délivrer de l'oppression sous laquelle ils gémissoient. Pour effacer l'impression que ces lettres auroient pu produire, les Anglois firent courir le bruit que le roi, plus irrité que jamais contre les Parisiens, avoit juré leur entière destruction; que son projet étoit d'abord de livrer la ville au pillage et à la brutalité de ses soldats, ensuite de tout exterminer sans distinction de sexe ni d'âge, de renverser de fond en comble les édifices, et de faire passer la charrue sur le sol qu'ils occupoient. Ces fables grossières firent alors peu d'impression[317-A], et ont été employées depuis avec plus de succès dans des siècles où l'on a prétendu avoir plus de raison et de lumières.

317-A: Les registres du parlement disent positivement que ce projet ne paroissoit pas vraisemblable.

318: Elle reçut cette blessure pour s'être obstinée à rester sur le bord du fossé, criant qu'on lui apportât des fascines pour le combler, lorsque l'armée avoit déjà commencé sa retraite. Forcée, par la douleur et par le sang qu'elle perdoit, de se coucher derrière le revers d'une petite éminence, elle y resta jusqu'au soir, que le duc d'Alençon vint enfin la chercher, et la fit transporter à Saint-Denis. L'indifférence avec laquelle elle avoit été traitée dans cette circonstance lui fit renouveler avec plus d'instances que jamais ses sollicitations auprès du roi pour obtenir enfin la liberté de quitter la cour; mais Charles persista toujours à lui refuser son congé.

319: Charles attachoit une si grande importance à l'alliance de Philippe, que, dès qu'il sut qu'il vouloit attaquer Compiègne, il donna des ordres qu'on remît cette ville entre ses mains, et que le gouverneur fût puni pour l'avoir défendue et conservée malgré lui.

320: Aux environs de Châlons en Champagne.

321: Il n'y avoit pas long-temps qu'on avoit imaginé ces sortes de pantomimes; jusque là les mystères avoient été des espèces de drames, où l'acteur parloit et gesticuloit à la fois. Nous aurons occasion d'en parler plus longuement par la suite.

322: Les historiens racontent que ce prince, passant devant l'hôtel Saint-Paul, qui n'étoit séparé du palais des Tournelles que par la rue Saint-Antoine, on lui fit remarquer, à une des fenêtres, la reine son aïeule, qu'il salua en abaissant son chaperon. La malheureuse Isabelle ne put soutenir un spectacle qui lui rappeloit le souvenir de ses crimes; elle rendit le salut, laissa échapper quelques larmes, et courut renfermer au fond de son palais sa honte et ses remords.

323: Il fut enlevé à Chinon, à l'insu du roi, chargé de fers et conduit au château de Montrésor. Charles d'Anjou, comte du Maine, et la reine de Sicile, étoient, en apparence, à la tête de ce complot, dont Richemont, quoique absent, étoit l'âme.

324: On lui érigea depuis un tombeau en marbre, que l'on a vu déposé au Musée des monuments françois, avec ceux de Charles VI, du duc d'Orléans son frère, de Valentine de Milan, de Tanneguy du Châtel, etc. Tous ces personnages y sont représentés, suivant l'usage du temps, revêtus de leurs habits, et couchés sur leur tombe.

325: Il mourut à Rouen.

326: Les évêques de Thérouanne, de Beauvais et de Paris.

327: Les autres se nommoient Jean de La Fontaine, Michel de Lancrais, Thomas Pigache, Nicolas de Louvier et Jacques de Bergières.

328: Le roi le recomposa, cette année même, avec les magistrats qui l'avoient suivi à Poitiers; mais ceux qui étoient restés à Paris furent conservés, ce qui prouve qu'on trouva, dans le malheur du temps, des raisons suffisantes pour excuser leur apparente infidélité. Toutefois il convient de remarquer ici, et nous aurons occasion d'en parler par la suite avec de plus grands développements, que c'est à cette époque de discordes civiles et de malheurs publics que le parlement commença à donner quelques signes d'indépendance, et à se mettre, sinon ouvertement, du moins par une marche systématique et savamment combinée selon les temps et les circonstances, à la tête du parti populaire, et en opposition avec le monarque et les autres ordres de l'État.

329: Jusque là elle n'avoit connu, en matière de discipline, que l'autorité du souverain pontife; sous ce règne elle se vit forcée de recevoir de la puissance séculière des règles de mœurs et de conduite.

330: Il se précipita le premier dans le fossé, le traversa ayant de l'eau jusqu'à la ceinture, planta lui-même une échelle, et, l'épée à la main, parvint au haut des murs à travers une grêle de traits.

331: Pothon de Xaintrailles.

332: Voici quelle étoit la forme de cet ancien usage introduit par la piété de nos monarques: «Le jour de sa première entrée dans la capitale, le roi, accompagné des princes de son sang, des seigneurs et de toute sa cour, se rend dans le parvis de la cathédrale, dont les portes sont fermées; l'évêque, revêtu de ses habits pontificaux et escorté de son clergé, les fait ouvrir, et vient au devant du souverain avec la croix, l'encensoir et le livre des Évangiles. Il lui adresse ces paroles: Seigneur, avant que vous entriez dans cette église, vous devez et êtes tenu de prêter le serment, à l'exemple de vos prédécesseurs rois de France, à leur nouvel et joyeux avénement. Le prince adore la croix, baise le livre des Évangiles; un ecclésiastique présente la formule du serment conçu en ces termes: Suivant les anciennes concessions qui nous ont été accordées par vos prédécesseurs, nous vous demandons que vous conserviez à chacun de nous, et aux églises qui nous sont confiées, le privilége canonique, le bénéfice de la loi, la justice et la protection, ainsi qu'un roi y est obligé envers chaque évêque et l'église dont il a l'administration. Le monarque s'oblige dans les mêmes termes au maintien des priviléges, et confirme son serment par ces mots: Ainsi je le veux et le promets.» (Extrait et traduit par Villaret des manuscrits de M. de Brienne, vol. 268, fol. 1).

333: Cette entrée offre à peu près les mêmes particularités que celle de Henri VI; et ces deux récits suffisent pour donner une idée de celles qui les ont précédées, lesquelles ne diffèrent de celles-ci que par quelques circonstances de peu d'importance, principalement en ce qu'on n'y représenta point de mystères, ce genre de spectacle n'ayant été introduit à Paris que sous Charles VI.

334: Ambroise de Lore, prévôt de Paris, Adam de Cambrai, premier président, et Simon Charles, président de la chambre des comptes.

335: Louis XI.

336: Ils furent occasionnés par un voyage mystérieux que fit à Paris Antoine, bâtard du duc de Bourgogne; le roi s'imagina qu'il se tramoit encore quelque nouvelle ligue entre le duc de Bourgogne et les Parisiens; et ses inquiétudes le portèrent même à envoyer des officiers pour y faire une enquête, dont le résultat le rassura entièrement sur la fidélité de sa capitale.

337: Il avoit passé sept à huit jours sans manger.

338: Voyez p. 328.

339: L'existence de ce marché à la place de Grève est prouvée par une charte de Louis VII de l'an 1141; et ce fut sans doute parce que Louis-le-Gros en avoit établi un aux Champeaux, que Louis VII consentit, moyennant soixante-dix livres, que la place de Grève restât à perpétuité libre et sans édifice.

340: Le chapitre de Notre-Dame y possédoit aussi quelque chose. On voit dans ses registres que Louis-le-Gros lui donna locum in suburbio Paris., qui dicitur Campellus, et ejusdem loci fossatum. Ces lettres sont datées de l'an 29 de son règne, et 4 de Louis son fils.

341: Voyez t. Ier, p. 349, 1re partie.

342: Telle est l'origine de la tierce-semaine de l'évêque dont il est parlé dans une foule d'actes, et des juridictions opposées du For-le-Roi, et du For-l'Évêque. Ce droit de l'évêque subsistoit encore dans le dix-septième siècle; mais comme il survenoit fréquemment des contestations entre les préposés des deux parties pour la perception, le roi jugea à propos, en 1664, de le racheter; et par différents arrêts on liquida à 25,882 liv. ce qui pouvoit revenir à ce prélat, tant pour son droit de tierce-semaine que pour l'indemnité de ses justices supprimées et réunies au Châtelet en 1674.

343: Cet écrivain tombe ici dans une erreur assez grave, car il ajoute que, dans les dixième et douzième siècles, le prieuré de Saint-Martin-des-Champs devoit en faire partie; c'est la conséquence qu'il tire de la dénomination de S. Martinus de Campellis, qui se trouve, dit-il, dans les bulles de Benoit VI et d'Alexandre III, et dans les lettres de Louis VII. Une simple réflexion pouvoit lui suffire pour éviter ces anachronismes et ces méprises; il auroit vu 1o qu'il ne pouvoit être question du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, qui n'existoit plus au dixième siècle, et qui n'a été rebâti que vers 1060, par conséquent plus de quatre-vingts ans après le pontificat de Benoit VI, mort en 974; 2o ce n'est pas Benoit VI, mais son successeur immédiat Benoit VII, qui a donné une bulle dans laquelle il est fait mention de Saint-Martin in Campellis: or, cette bulle sans date, qu'on peut fixer, avec les auteurs du Gallia Christiana, vers 980, confirme à Élysiard, évêque de Paris, la possession de cette église comme une dépendance ou appartenance de son évêché. Ce pape est mort en 984, et Élysiard en 988, par conséquent plus de douze ans avant que Saint-Martin-des-Champs fût rebâti. La bulle d'Innocent II, dont Alexandre III a adopté tous les termes, indique seulement Ecclesiam in Campellis; mais ce n'est qu'une confirmation en faveur de l'église de Paris de toutes les dépendances qui lui appartenoient alors; or Sauval n'ignoroit pas que jamais l'évêque de Paris n'a eu de droit sur l'abbaye du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, et que dans les actes qu'il cite il n'en est pas question, mais de la petite abbaye ou église de Saint-Martin-de-Champeaux en Brie, qui véritablement dépendoit de l'église de Paris.

À l'égard des lettres de Louis VII de l'an 1137, que cite Sauval, il ne les avoit pas sans doute lues, car dans deux endroits cette église est nommée S. Martinus de Campanis, ainsi que dans les diplômes de Henri Ier et de Philippe Ier, et dans les bulles des papes. Depuis 1060, on lit toujours S. Martinus ad Campos ou de Campis. (Jaillot.)

344: Hist. S. Mart., p. 157.

345: Ibid., p. 28.

346: La boucherie de Beauvais, qui existoit encore pendant les premières années de la révolution, devoit son nom à cette halle qu'on prit en partie, en 1416, pour y établir vingt-huit étaux de bouchers. Les habitants de Beauvais y renoncèrent entièrement en 1474; et l'on perça en 1553 le passage par lequel on alloit de la rue de la Féronnerie à cette boucherie. (Mémor. O, fol. 153.)

347: On lit dans Sauval des détails de cette exécution, qui sont curieux et propres à faire connoître les usages de ces temps.

«On sait que Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, eut la tête tranchée en 1477, sous le règne de Louis XI. Cet infortuné seigneur fut conduit de la Bastille aux halles, monté sur un cheval caparaçonné de noir. Étant arrivé, il fut mené aux chambres de la halle aux poissons lesquelles on avoit exprès tendues en noir; on les avoit aussi arrosées de vinaigre, et parfumées avec deux sommes de cheval de bourrée de genièvre, qu'on y avoit fait brûler pour ôter le goût de la marée que lesdites chambres et greniers sentoient. Ce fut là que le duc de Nemours se confessa; et pendant cet acte de religion, on servit une collation composée de douze pintes de vin, du pain blanc et des poires, pour messieurs du parlement et officiers du roi étant lesdits greniers. Pour cette collation on donna douze sous parisis à celui qui l'avoit fournie. Le duc de Nemours, s'étant confessé, fut conduit à l'échafaud par une galerie de charpente qu'on avoit pratiquée depuis lesdites chambres et greniers jusqu'à l'échafaud du pilori, où il fut exécuté.»

348: Les plus fameux étymologistes du dix-septième siècle, tels que Borel, Spelman, Ducange, Ménage, ont cherché l'étymologie du mot pilori, et aucun d'eux n'a pu en trouver une satisfaisante. Sauval dit que ce nom a été donné à ce gibet par altération, parce qu'il y avoit en cet endroit un puits qu'un contrat de l'année 1295 appelle Puteus dictus Lori, et que le puits Lori, ou de Lori, a fait donner le nom au gibet qui a été bâti aux environs, trois cents ans après. Cette étymologie est assez ingénieuse et paroît d'abord assez vraisemblable; mais Jaillot la combat par des raisons si solides, qu'il est impossible de l'admettre. Il établit, 1o que pilori est un mot générique qui signifie un poteau ou pilier du seigneur, au haut duquel sont ses armes, et qui porte au milieu des chaînes ou carcans, marques de sa haute justice; que ces poteaux étoient connus à Paris et dans les provinces sous le nom de pilori, quoiqu'il n'y eût ni puits ni voisins qui s'appelassent Lori; 2o que Sauval, qui dit que ce pilori n'a été élevé qu'en 1542, en fait mention en plusieurs autres endroits avant l'époque qu'il lui donne ici, et qu'il ne pouvoit ignorer qu'il en existoit de semblables dans le quatorzième siècle aux carrefours des rues de Bussy, du Four et des Boucheries; 3o enfin un tableau conservé à Saint-Germain-des-Prés, que dom Bouillart a fait graver, et a inséré dans l'histoire de cette abbaye, représente le pilori qu'elle avoit en 1368, à peu près semblable à celui des halles.

349: Voyez pl. 88.

350: On lit dans un état des biens de cette maison, imprimé en 1651, que le revenu casuel de la moitié de ce fief consistoit alors dans le droit de deux deniers sur chaque charrette de marée venant aux halles, et qu'il produisoit deux cents livres, année commune.

Le marché de la marée s'étend maintenant le long de la rue du Marché-aux-Poirées (ci-devant de la Fromagerie), jusqu'à la seconde entrée de la halle à la viande.

351: La destination de cette maison a été changée; elle est habitée par des particuliers, et le marché au poisson d'eau douce se tient maintenant au bout de la rue de la Cossonnerie, vis-à-vis les piliers des potiers d'étain.

352: Elle a été transportée depuis sur la place qui servoit autrefois de halle au blé, et qui porte maintenant le nom de halle à la viande. On vend aussi de la volaille sur cette même place, mais seulement dans la partie située au nord.

353: Le marché aux fruits se tient maintenant le matin sur la place des Innocents, le long de la rue aux Fers. D'un côté de la fontaine se vendent les fruits rouges, et de l'autre les fruits à pepin.

354: Ce marché n'a point changé de place.

355: Il se tient maintenant, partie dans cette rue et partie sur la place des Innocents.

356: Ces denrées se vendent encore, le mardi, dans le même emplacement, et les autres jours, sous les piliers des potiers d'étain. (Voyez pour les mutations nouvelles qui ont pu être faites à ces divers marchés, l'article Monuments nouveaux).

357: Elle fait le fond de la place des Innocents du côté des piliers des Halles. (Voyez la vue de cette place, pl. 87.)

358: Fol. 37, ex Bibl. Reg., no 5414.

359: Des chartes de Louis VII, publiées en 1625, par Gosset, chevecier de cette église, paroissent supposer qu'en vertu d'un traité fait entre Louis-le-Gros et l'évêque de Paris, une partie du territoire de Champeaux, sur lequel étoit bâtie l'église des Innocents, appartenoit au clergé de Sainte-Opportune.

360: Sauval a commis plusieurs anachronismes en parlant de cette église. Il dit qu'en 1380 le pape Clément VIII unit cette cure au chapitre de Saint-Opportune: c'étoit alors Urbain VI qui occupoit le siége de l'Église, Clément VIII n'ayant été élu pape que le 30 janvier 1591. Il n'est pas mieux fondé à dire que cette union fut cassée par une bulle de Calixte III, du 1er septembre 1457: car il est certain que la cure des Saints-Innocents dépendoit du chapitre de Sainte-Opportune plus de quatre cents ans avant cette dernière époque.

361: Dubreul et Piganiol se sont trompés en disant que ce fut dans le cimetière que cette relique fut déposée, et que par-dessus on éleva une tombe de la hauteur de trois pieds. Rigord, auteur contemporain, dit formellement que ce fut dans l'église, le lieu saint convenant certainement mieux au dépôt du corps d'un martyr qu'on vouloit exposer à la vénération des fidèles.

362: Voyez pl. 85. Les constructions faites par ordre de ce prince existoient encore à l'époque où cette église a été détruite. La tour, dont le haut fut refait dans le dix-huitième siècle, et les galeries qui entouroient cet édifice, annonçoient bien, par leur style, l'époque de Philippe-Auguste. Il faut en excepter cependant cette seconde aile méridionale, laquelle sembloit être un peu plus moderne.

363: C'étoit aussi une coutume de bâtir dans les cimetières une chapelle sous le vocable de cet archange.

364: Selon l'abbé Lebeuf, l'église de Notre-Dame n'a pas encore été dédiée.

365: Les Recluses étoient des femmes qui, par un zèle extrême de dévotion, faisoient vœu de se renfermer à perpétuité dans des cellules pratiquées auprès de quelque église. Ces cellules, dont la porte étoit murée dès qu'elles y étoient entrées, avoient deux ouvertures étroites et grillées, l'une du côté de l'église, par laquelle la recluse entendoit le service divin, l'autre du côté opposé, par laquelle elle recevoit ses aliments. La cellule des Saints-Innocents étoit la plus célèbre. Alix La Burgote y vécut quarante-six ans, ainsi que le portoit son épitaphe; avant elle, une autre femme, nommée Jeanne La Vodrière, y avoit été renfermée, et l'on en compte encore plusieurs autres dans le courant du même siècle.

366: Les autres cimetières avoient été placés primitivement sur la montagne de Sainte-Geneviève, hors de l'enceinte, du côté du midi. Il y avoit aussi un cimetière aux environs de Saint-Gervais.

367: Dubreul, p. 783 et 830.

368: Arch. de l'archevêché.

369: Voyez pl. 86.

370: La cinquième du côté de la rue de la Lingerie avoit été bâtie par Nicolas Boulard, bourgeois de Paris, qui y avoit fait graver son écusson. On a conservé aussi une inscription placée sur une de ces voûtes, et conçue en ces termes: L'an de grâce 1397 fut fondé ce charnier, et le fit faire Pierre Potier, pelletier et bourgeois de Paris, en l'honneur de Dieu et de la vierge Marie, et tous les benoîts saints et saintes du paradis, pour mettre les ossements des trépassés. Priez Dieu pour lui et pour les trépassés. On devoit aussi plusieurs de ces arcades au maréchal de Boucicault, mort au commencement du quinzième siècle.

371: Voyez t. Ier, p. 552, 2e partie.

372: Cette sculpture représentoit le Père éternel soutenu par deux anges jouant des instruments; trois autres anges environnoient sa tête, et portoient des rouleaux sur lesquels étoient gravés des passages de l'Écriture et des sentences dévotes. À droite et à gauche on voyoit Flamel et Pernelle présentés à Dieu par saint Pierre et saint Paul; au-dessus, dans de petits cartels, étoient sculptés des animaux symboliques, etc. Il n'y a rien dans tout cela d'extraordinaire, ni qui sorte du goût de dévotion en usage dans ce temps-là.

Au-dessus du cintre qui contenoit ce bas-relief, on lisoit en gros caractères gothiques:

Nicolas Flamel et Pernelle sa femme.

À l'entour étoient plusieurs tables en pierre, qui contenoient les vers suivants:

Les pauvres âmes trépassées,
Qui de leurs oirs sont oubliées,
Requièrent des passants par cy,
Qu'ils prient à Dieu que mercy
Veuille avoir d'elles, et leur fasse
Pardon, et à vous doint sa grace.
L'église et les lieux de céans
Sont à Paris bien moult séans,
Car toute pauvre créature
Y est reçue à sépulture,
Et qui bien y fera, soit mis
En paradis et ses amis.
Qui céans vient dévotement
Tous les lundis ou autrement,
Et de son pouvoir y fait dons,
A indulgence et pardons,
Écrits céans en plusieurs tables,
Moult nécessaires et profitables.
Nul ne sait que tels pardons vaillent
Qui durent quand d'autres bons faillent.
De mon paradis,
Pour mes bons amis,
Descendu jadis,
Pour être en croix mis[372-A].

372-A: Pour exécuter un projet de construction, les marguilliers de la paroisse des Saints-Innocents voulurent faire abattre ce monument; mais ceux de Saint-Jacques-de-la-Boucherie s'y opposèrent, en qualité d'exécuteurs testamentaires de Nicolas Flamel, et leur opposition força les autres de renoncer à leur projet.

373: Voyez pl. 85.

374: Voyez pl 85. Nous croyons que ce monument est actuellement dans une maison de campagne aux environs de Paris.

375: Voyez pl. 85.

376: Voyez pl. 88.

377: On rapporte qu'en 1365, sous Charles V, Raymond du Temple, architecte de ce prince, faisant, par son ordre, des réparations dans le Louvre, et manquant de pierres pour ce travail, fut obligé d'en prendre dans le cimetière des Innocents. Il acheta, le 27 septembre de cette même année 1365, dix tombes, qu'il paya 14 sols parisis la pièce, à Thibaud de La Nasse, marguillier de la paroisse des Saints Innocents.

En 1484, les Anglois, maîtres de Paris, choisirent ce cimetière pour en faire le théâtre d'une fête, qu'ils donnèrent en réjouissance de la bataille de Verneuil. Ce fut un spectacle anglois dans toute la force du terme: des personnages des deux sexes, de tout âge et de toutes conditions, y passèrent en revue et exécutèrent diverses danses, ayant la mort pour coryphée. Cette triste et dégoûtante allégorie s'appeloit la danse Macabrée. Villaret prétend en trouver l'étymologie dans les mots anglois to make, faire, et to breack, briser; mais cet historien n'explique point le rapport qu'il peut y avoir entre ces deux mots et une pareille danse. Nous serions tout aussi embarrassés que lui de le faire.

378: Ces catacombes existent encore, et l'entrée en est ouverte au public.

379: Jacques François Blondel.

380: On a introduit depuis peu dans cette fontaine un très-grand volume d'eau, qui, se répandant en nappes et en gerbes dans les bassins, contribue à augmenter le bel effet de sa masse. (Voyez pl. 88.)

381: Sur les restaurations faites à cette fontaine, voyez l'article Monuments nouveaux.

382: Cart. S.-Magl., fol. 181.

383: Ibid., fol. 58.

384: Reg. Cap. 3, p. 206 et 246. Dès 1459 il y avoit dans cette rue une maison appelée l'hôtel de la marchandise du poisson de mer. Cette maison, destinée pour y faire dessaler le poisson, fut transportée depuis dans la rue de la Cossonnerie.

385: L'abbé Lebeuf, dans ses notes sur le dit des rues de Paris par Guillot, avance, et d'autres ont répété d'après lui, que cette rue s'appeloit, en 1253, rue de la Savaterie; en 1300, au Comte d'Artois, de Bourgogne, Nicolas Arode, et de la porte à la Comtesse au quinzième siècle. On ne trouve aucun acte où cette rue soit appelée de la Savaterie, non plus que de Bourgogne; à l'égard de la rue Nicolas Arode, l'abbé Lebeuf, qui croit la reconnoître dans la rue Comtesse-d'Artois, avoit oublié qu'il en avoit indiqué une de ce nom dans le quartier Saint-Martin-des-Champs; d'où l'on pourroit supposer, ou qu'il y en avoit deux du même nom, ce qu'on ne trouve nulle part, ou que cette rue portoit ce nom avant qu'on lui eût donné celui de Comtesse d'Artois, ce qui ne peut se concilier avec l'énoncé du rôle de 1313. Voici ce qu'il porte: «La première Queullette de la paroisse de Saint-Huystace se commence de la porte feu Nicolas Arode jusqu'à la pointe Saint-Huystace, d'illec jusqu'à la porte de Montmartre...... La troisième Queullette, de la porte au comte d'Artois jusqu'au coin devant le Pilori.» D'où il est facile de concevoir que la rue Nicolas Arode devoit être celle que nous nommons rue de la Pointe-Saint-Eustache, et non la rue de la Comtesse-d'Artois, laquelle commençoit où l'autre finissoit.

386: Ce n'est que par syncope que ceux qui font et vendent des souliers sont nommés cordonniers, car originairement on les appeloit cordouanniers, parce que le premier cuir dont les François se servirent pour leurs souliers venoit de Cordoue, et en conséquence étoit appelé du Cordouan.

387: T. I, p. 128.

388: Lebeuf, t. II, p. 586.

389: On la nomme maintenant place de la pointe Saint-Eustache.

390: T. I, p. 134.

391: La petite rue de la Friperie est indiquée sur quelques plans sous le nom de la Chausseterie. On donnoit anciennement ce nom à la rue Saint-Honoré, depuis les piliers des halles jusqu'à la rue des Prouvaires.

392: Sauval, t. I, p. 137.

393: Il y avoit encore, à la fin du siècle dernier, une petite rue qui formoit une partie circulaire, laquelle sortoit de la rue Jean-de-Beausse et y rentroit. Cette rue, qu'on nommoit du Petit-Saint-Martin, s'appeloit, au quinzième siècle, suivant Jaillot, ruelle ou rue du Four-Saint-Martin. Cette opinion est fondée sur des actes qui prouvent que, dès 1119, le prieuré de Saint-Martin-des-Champs jouissoit d'un four aux halles. Ce four, dont il est fait mention dans une bulle de Calixte II, est désigné dans tous les titres de cette abbaye sous le nom de fief de la Rapée (au marché aux Poirées), in vico qui dicitur Judæorum. Or, cette rue des Juifs, le même auteur la croit remplacée par la grande rue de la Friperie, qui aboutissoit à celle du Petit-Saint-Martin. Il ne reste plus aucun vestige de cette dernière, dont l'emplacement est entièrement couvert par des maisons. On a également fermé un cul-de-sac ou passage qui donnoit dans cette rue, et qui existoit encore avant la révolution. On l'avoit alors partagé en deux parties qui formoient des cours, et on l'appeloit rue Grosnière. Ce nom, dont nous ignorons l'origine, a beaucoup varié, et l'on trouve ce même passage sous ceux de l'Engronnerie, l'Angrognerie, de la Grongnerie. On l'a aussi nommé petite rue Saint-Martin.

394: L'ancienne boucherie de Beauvais étoit placée en face de cette rue, et en faisoit la continuation. C'est maintenant un cul-de-sac, nommé, comme la rue, cul-de-sac au Lard.

395: Ils s'étoient engagés à les construire avec des arcades de pierres et quatre étages au-dessus, ce qui ne fut pas entièrement exécuté.

396: T. I, p. 151.

397: T. II, p. 587.

398: Rec. de Blondeau, t. XXVIII, 1er cahier.

399: On la nomme aujourd'hui rue des Piliers des Potiers d'Étain.

400: T. I, p. 159.

401: Cart. S. Magl., fol. 40.

402: Ibid., fol 38.

403: On trouve un Jean Bigue échevin de Paris en 1281.

404: Molière naquit, dit-on, dans une maison de cette rue, laquelle subsiste encore: c'est la seconde du côté de la rue Saint-Honoré, sous les piliers. On y a placé son buste, avec une inscription qui rappelle cet événement. Depuis quelques années ce petit fait a été contesté.

405: Voyez t. Ier, p. 436, 1re partie.

406: Ce puits, qui ne subsiste plus, se trouvoit à la pointe de la grande et de la petite Truanderie. Il fut, dit-on, ainsi nommé à cause de la fin tragique d'une jeune fille qui s'y précipita et s'y noya, se voyant trompée et abandonnée par son amant. Environ trois cents ans après cette aventure, un jeune homme, réduit au désespoir par les rigueurs de sa maîtresse, choisit le même puits pour terminer sa vie et ses tourments; mais le résultat en fut bien différent: il s'y jeta avec tant de bonheur, qu'il ne fut pas même blessé, et que sa maîtresse, touchée de cette preuve d'amour, consentit ensuite à l'épouser. L'heureux époux, voulant marquer sa reconnoissance envers ce puits, le fit refaire à neuf, et fit graver sur la margelle ces deux vers, qu'on y lisoit encore, dit Sauval, vers la fin du seizième siècle.

L'amour m'a refait,
En 1525, tout-à-fait.

Cependant Piganiol n'a aucun égard à ces anecdotes, et prétend que le puits d'amour n'a reçu ce nom que parce qu'il servoit de rendez-vous aux valets et aux servantes, qui, sous prétexte de venir puiser de l'eau, y venaient faire l'amour. (T. III, p. 311.) Jaillot trouve cette nouvelle explication suspecte, ainsi que celle de puy ou podium, nom qui, selon le même auteur, signifie un carrefour ou une petite éminence, et qu'il suppose avoir été donné anciennement à cet endroit à cause de sa situation. Toutefois ce critique ne paroît pas adopter davantage l'autre étymologie, et pense que ce nom vient du propriétaire ou de l'enseigne de la maison à laquelle le puits étoit adossé.

407: Vulgairement aux Ours.

408: Voyez le deuxième plan de Paris, et successivement les autres plans.

409: Voyez pl. 91.

410: Fauchet, Corrozet, Belleforest, Duchesne, Lemaire, les auteurs du Dictionnaire historique.

411: Hist. de Par., t. I, p. 546; et t. III, p. 328.

412: Cette bulle fut adressée à l'évêque de Beauvais, et non à celui de Paris, sans qu'on puisse en connoître la raison. La même année 1322, Charles-le-Bel avoit donné des lettres-patentes pour autoriser cet établissement. (Dubreul, p. 985.)

413: Il avoit aussi été réglé, vers la fin du quinzième siècle, qu'on pourroit admettre au nombre des confrères des fidèles qui n'auroient pas fait le voyage de Saint-Jacques en Galice, sous la condition qu'ils constateroient en avoir été empêchés par quelque incommodité, et qu'ils donneroient à l'hôpital une somme égale à celle que le voyage auroit coûté. Aux quinzième et seizième siècles, on admit encore dans cette société les confrères de deux autres célèbres pélerinages, savoir, celui de Saint-Claude en Franche-Comté, et celui de Saint-Nicolas de Varengeville, connu autrement sous le nom de Saint-Nicolas en Lorraine.

414: Les historiens varient beaucoup sur la personne qui posa la première pierre de cette église. Dubreul et dom Félibien prétendent qu'elle fut posée par la reine Jeanne d'Évreux, assistée de sa mère, de ses filles et autres princes et princesses. Mais le premier entend par là Jeanne, reine de France et de Navarre, femme de Philippe-le-Bel, laquelle mourut en 1304; le second, Jeanne d'Évreux, troisième femme de Charles-le-Bel, qui ne fut mariée qu'en 1325. Piganiol et Lemaire ont cru faire une découverte en y voyant Jeanne de France, fille de Louis Hutin; mais cette princesse, qui, à la vérité, a été reine de Navarre, et mariée à Philippe, comte d'Évreux, n'a jamais été reine de France, n'a point eu de sœur, et Marguerite de Bourgogne sa mère étoit morte dès 1315. Enfin Jaillot pense que la reine qui fit cette cérémonie étoit Jeanne de Bourgogne, femme de Philippe-le-Long. Ce sentiment paroît en effet plus probable: sa mère Mahaut, comtesse d'Artois, vivoit encore; et la reine, alors veuve, avoit elle-même trois filles.

415: Les bâtiments de cette collégiale ne sont point entièrement détruits, et servent de magasins à divers particuliers; le cloître, qui existe encore, est devenu un passage public, qui a trois issues sur les rues Mauconseil et du Cygne. La représentation que nous donnons de l'église est gravée, pour la première fois, d'après un dessin fait dans le dix-septième siècle. (Voyez pl. 92.)

416: Fol. 18, verso.

417: Cart. S. Germ. Autiss., folio 18, verso.

418: Cart. S. Germ. Autiss., fol. 19, verso.

419: L'abbé Lebeuf dit, en parlant de cet hôpital (t. I, p. 116), qu'en 1348 on en prit le cimetière pour inhumer les pestiférés, et qu'au seizième siècle cela se pratiquoit encore. Ce fait, dont il n'apporte aucune preuve, manque tout-à-fait de vraisemblance. Le cimetière de la Trinité ne devoit pas être fort vaste; et comme, suivant les historiens de Paris, la maladie épidémique qui régnoit alors emportoit, à l'Hôtel-Dieu seulement, plus de cinq cents personnes par jour, et que d'ailleurs on avoit été obligé de fermer le cimetière des Innocents, il n'est pas croyable que celui de cet hôpital pût contenir tant de morts. Il est probable que l'abbé Lebeuf a anticipé sur l'époque, et qu'il a voulu parler d'un acte de 1353, dont il est fait mention dans un manuscrit de la bibliothéque de Saint-Germain-des-Prés (Manusc. de l'abbé d'Estrées, fol. 6), par lequel les religieux qui étoient à la Trinité cédèrent à la ville une partie de leur jardin pour y faire un cimetière commun, et se chargèrent de l'entretenir, moyennant 18 deniers par fosse ordinaire, et 6 deniers pour celles des enfants.

420: Cette abbaye étoit située sur les bords de la Marne, à deux lieues de Paris.

421: Hist. de Par., t. II, p. 726.

422: Le procureur-général fut par la suite chef des administrateurs.

423: Comme ces enfants étoient vêtus d'étoffe bleue, ils étoient vulgairement connus sous le nom d'Enfants bleus.

424: Voyez pl. 91. Cette église sert maintenant de magasin à un marchand de liqueurs; du reste, tous les bâtiments de l'hôpital ont été dénaturés, divisés entre plusieurs particuliers; et la cour est devenue un passage public.

425: Gall. christ., t. VII, p. 257.

426: On a pu remarquer que cette origine est commune au plus grand nombre des paroisses de Paris.

427: Voyez pl. 92.

428: Ce sont des bains publics qui occupent aujourd'hui cet emplacement.

429: Ces trois personnages sont fameux dans l'ancienne histoire du théâtre françois, et excelloient effectivement dans les farces qui précédèrent chez nous la renaissance de la bonne comédie. Nous aurons occasion d'en reparler.

430: Hist. de Par., t. I, p. 349.

431: Cet établissement éprouva d'abord quelques obstacles de la part des prieur et religieux de Saint-Martin-des-Champs et du curé de Saint-Laurent, sur le territoire et paroisse desquels cette maison avoit été bâtie; mais ils furent entièrement levés au mois d'avril de l'année 1226, par un accord qui fut passé entre ces pauvres femmes nouvellement converties, les religieux de Saint-Martin et le curé de Saint-Laurent. Par cet acte il fut convenu que la maison seroit érigée en hôpital, qu'elle ne pourroit servir à un autre usage sans le consentement des parties contractantes; que le curé de Saint-Laurent seroit indemnisé des droits curiaux arbitrés à 20 sous de rente annuelle; que les chapelains seroient à la nomination du prieur de Saint-Martin; que ces femmes auroient un cimetière, des fonts et deux cloches, et qu'elles pourroient acquérir jusqu'à treize arpents de terrain. (Hist. de Par., t. V, p. 602.)

432: Elles furent dès lors connues sous le nom de Filles-Dieu, sans qu'on sache pour quelle raison et par qui elles furent autorisées à s'appeler ainsi. Cependant Sauval dit qu'elles ne prirent le nom de Filles-Dieu qu'en 1232, et que jusque là on les appela Filles nouvellement converties.

433: Dubreul, p. 885.

434: Le titre de cette fondation ne se trouve pas; mais le nombre des religieuses et le revenu qui leur fut affecté sont connus par les lettres du roi Jean du mois de novembre 1350, rapportées tout au long dans l'Histoire de Paris de dom Félibien et Lobineau, t. III, p. 116 et suiv.

435: Voyez t. I, p. 37, 1re partie, et dans ce vol. p. 32.

436: On n'a aucun renseignement précis sur la règle que suivoient ces religieuses, ni sur la couleur et la forme de leur vêtement; mais il paroît qu'elles étoient particulièrement soumises à l'évêque de Paris, qui nommoit, pour gouverner le spirituel et le temporel de ce monastère, un prêtre sous le titre de maître-proviseur et gouverneur de la maison des Filles-Dieu.

437: Personne n'ignore que toute l'autorité, dans l'ordre de Fontevrault, résidoit dans l'abbesse, dont les religieux mêmes dépendoient immédiatement.

438: On les avoit tirées du monastère de la Magdeleine, près d'Orléans, et de celui de Fontaine, près de Meaux.

439: Les nombreux historiens de Paris, dont aucun ne s'est montré difficile sur le mérite des ouvrages de l'art, conviennent tous cependant que le dessin de cette figure étoit très-mauvais; mais on ne peut s'empêcher de trouver quelque chose de risible dans l'emphase avec laquelle ils parlent de la corde qui l'attachoit à la colonne. «L'exécution en étoit si vraie, disent-ils, que les cordiers eux-mêmes y étoient trompés.» On sait aujourd'hui apprécier à leur juste valeur les prestiges d'une imitation aussi puérile, prestiges tellement faciles à produire dans ces minces accessoires, que les grands artistes les négligent presque toujours, et que ces minuties font ordinairement tout le mérite de ceux qui n'en ont aucun.

440: Les bâtiments des Filles-Dieu ont été en partie détruits; et sur l'emplacement qu'occupoient ces constructions a été percée une rue qui établit une communication nouvelle entre la rue Bourbon-Villeneuve et celle de Saint-Denis. La portion conservée a changé de forme: c'est maintenant un passage garni de boutiques, que l'on nomme Foire du Caire. (Voyez l'article Monuments nouveaux.)

441: Ces bâtiments existent encore, et sont occupés par des marchands et des particuliers.

442: Piganiol et ceux qui l'ont copié se sont trompés en disant que cette dédicace n'eut lieu qu'après la reconstruction de cette chapelle. (L'abbé Lebeuf, p. 491.)

443: L'abbé Lebeuf, p. 491.

444: Louis-Antoine de Noailles, évêque de Châlons; la duchesse de Noailles sa mère; mademoiselle de Lamoignon; mademoiselle Mallet, etc.

445: La maison, qui existe encore, est maintenant habitée par des particuliers.

446: La porte Saint-Martin.

447: Ces portes avoient été faites, dans l'origine de ce bâtiment, pour le passage des gens de pied. L'intérieur de chaque passage, voûté en cintre bombé, sert de communication à un escalier qui monte à des entresols pris au-dessus les uns des autres dans l'épaisseur des piles. L'un de ces escaliers, contenant cent cinquante marches, s'élève depuis le rez-de-chaussée jusqu'à la plate-forme.

Du reste ce fut contre son gré que Blondel fit ces ouvertures, et il se plaint avec juste raison, dans un de ses ouvrages, de la nécessité de pratiquer de telles percées dans les piédestaux et sous les pyramides qui semblent avoir besoin d'un soubassement de la plus grande solidité.

448: Blondel dit qu'il a imaginé ces figures au bas des pyramides, «à l'exemple des médailles que nous avons d'Auguste et de Titus, où l'on voit des figures de femmes assises au pied des trophées et des palmiers, qui marquoient ou la conquête de l'Égypte par Auguste, ou celle de la Judée par Titus.»

449: Sur des tables placées sous les piédestaux des pyramides étoient quatre inscriptions, composées par Blondel lui-même, aussi bon littérateur que grand architecte, savoir:

À droite du côté de la ville:

Quod diebus vix sexaginta Rhenum, Vahalim, Mosam, Isalam superavit. Subegit provincias tres. Cepit urbes munitas quadraginta.

À gauche, du même côté:

Emendatâ malè memori Batavorum gente. Præf. et Ædil. Poni C. C. anno R. S. M. DC. LXXII.

À droite, sur la façade en regard du faubourg:

Præf. et Ædil. Poni C. C. anno R. S. M. DC. LXXIII.

À gauche, sur la même façade:

Quod Trajectum ad Mosam XIII diebus cepit.

À côté de ces inscriptions, et sur le retour supérieur des piédroits des portes, sont des trophées d'armes en bas-relief, dans le goût de ceux du piédestal de la colonne Trajane.

450: Lib. VI, cap. 9.

451: T. II, p. 67.

452: T. VII, Col. 1045.

453: Traité de la Pol., t. I, p. 607.

454: Odo de Diogilo, Hist. Ecc. Par., t. II, p. 456.

455: Nous apprenons d'une charte de Louis-le-Jeune, de l'an 1147, que les lépreux de Saint-Lazare avoient droit de faire choisir dans les caves de Paris, où étoit le vin du roi, dix muids de vin par an, et qu'ensuite on leur donna en échange la pièce de bœuf royal avec six pains et quelques bouteilles de vin.

456: Les historiens modernes ont souvent confondu les léproseries avec les hôpitaux, en les appelant maladeries, qui est le nom de ces derniers, au lieu de maladreries, qui ne convient qu'aux léproseries.

457: Hist. de Par., t. V, p. 602, 603.—Hist. eccles. Par., t. II, p. 454, 455.

458: Past. A. p. 712, B. p. 307, D. p. 285. La maison de Saint-Lazare étoit assujettie à une redevance envers le clergé et les marguilliers de Notre-Dame de Paris, dont un manuscrit de l'an 1490 parle en ces termes: «Les marguilliers ont toujours pris, le lundi avant l'Ascension, quand la procession est retournée de Montmartre à Saint-Ladre, XXI sistreuses de vin (chaque sistreuse contenant trois chopines) par les mains des sergents du chapitre; lequel vin les frères Saint-Ladre payent et livrent auxdits sergents.»

459: Les frères Donnés, Donati, Condonati, étoient différents de ceux qu'on appeloit Oblats, oblati. On entendoit, par les premiers, des personnes qui se dévouoient à des monastères, auxquels elles donnoient leur bien en tout ou en partie, pour y être vêtues, nourries et logées. C'étoient des personnes libres qui prenoient ce parti par dévotion, et pour éviter les dangers que l'on court dans le monde. Cette classe étoit composée d'ecclésiastiques et de séculiers. Les Oblati, au contraire, étoient des gens d'une condition basse, qui s'agrégeoient à un monastère pour y rendre les services les plus vils. Ils étoient astreints les uns et les autres à l'obéissance envers l'abbé ou les supérieurs; mais il y avoit une différence marquée dans leur dévouement et dans leurs fonctions: les uns ne se donnoient aux monastères que pour s'y sanctifier, et y mener une vie douce et tranquille; un contrat solennel déposé sur l'autel formoit leur engagement. Les autres, au contraire, sembloient contracter une sorte de servitude; ils se passoient autour du cou la corde des cloches, et se mettoient sur la tête trois ou quatre deniers, qu'ils déposoient ensuite sur l'autel en signe d'esclavage.

460: La bulle d'érection portoit que les ecclésiastiques qui voudroient y entrer s'obligeroient à ne jamais prêcher dans les villes où il y a archevêché, évêché ou présidial. Cette congrégation étoit du corps du clergé séculier; on y faisoit cependant les quatre vœux simples, dont on ne pouvoit être relevé que par le pape ou le supérieur général.

461: Il s'y faisoit en outre des retraites pour les ecclésiastiques à chaque ordination; on y recevoit également des laïques qui vouloient faire des exercices spirituels, et particulièrement des jeunes gens dérangés que leurs parents y faisoient renfermer: ce qui s'exécutoit sur un ordre du roi.

462: Nous donnons une vue de cette église telle qu'elle étoit avant la construction du corps-de-logis qui fait la façade du bâtiment. (Voyez pl. 92.)

463: Cet enclos, planté d'arbres, existe encore en entier. Il est seulement bordé de maisons du côté du faubourg Poissonnière. Il paroît qu'on y fera passer une branche du canal de l'Ourcq.

464: Vers la fin du dix-huitième siècle, ces entrées commencèrent à se faire par la porte Saint-Antoine.

465: Voici ce qu'on lit dans le récit de la pompe funèbre de Charles VIII: «Marchoient les vingt-quatre porteurs de sel de la ville, qu'on nomme hannouars; lesquels disoient que, par privilége, ils devoient porter le corps dudit seigneur roi[465-A], depuis Paris jusqu'à la Croix-Pendante, près de Saint-Denis; mais il fut dit que les gentilshommes de la chambre le porteroient, sans préjudice du privilége que disoient avoir lesdits hannouars.»

«Sur quel motif, dit Saint-Foix, pouvoit être fondé ce privilége? Voici ce que j'imagine: On avoit perdu l'art d'embaumer les corps; on les coupoit par pièces, qu'on saloit après les avoir fait bouillir dans de l'eau pour séparer les os de la chair. Apparemment que les porteurs de sel étoient chargés de ces grossières et barbares opérations, et qu'ils obtinrent l'honneur de porter ces tristes restes, etc.[465-B]»

465-A: Ils avoient porté les corps de Charles VI et de Charles VII, et portèrent celui de Henri IV. (De Thou, liv. III, chap. 25.)

465-B: Henri V, roi d'Angleterre, étant mort à Vincennes en 1422, «son corps fut mis par pièces et bouilli dans un chaudron, tellement que la chair se sépara des os; l'eau fut jetée dans un cimetière, et les os avec la chair furent mis dans un coffre de plomb, avec plusieurs espèces d'épices et de choses odoriférantes et sentant bon.»

466: La maison de Saint-Lazare est actuellement destinée à la réclusion des femmes condamnées par jugement du tribunal criminel. Elles y sont occupées aux différents travaux convenables à leur sexe.

467: Les Sœurs de la Charité ont été rétablies par les révolutionnaires eux-mêmes, forcés ainsi de rendre à la religion un hommage involontaire, et de reconnoître qu'il est des choses qu'il n'appartient qu'à elle de commander et d'opérer. Le chef-lieu de cette sainte et admirable institution est maintenant rue du Bac, faubourg Saint-Germain.

468: Le bâtiment de cette communauté a été détruit en partie, et en partie changé en maisons particulières. Sur son emplacement on a percé une rue nouvelle qui conduit à l'église Saint-Laurent.

469: L'enclos de la foire Saint-Laurent, presque entièrement abandonné, n'est maintenant rempli que de masures, dans lesquelles cependant on trouve encore quelque trace de l'ancienne disposition des bâtiments.

470: Sauval rapporte que Jean-sans-Peur, assassin du duc d'Orléans, y avoit fait construire une chambre toute en pierres de taille, avec tous les accessoires nécessaires pour s'y défendre, et que c'étoit là qu'il couchoit toutes les nuits. Ces terreurs dont il étoit agité ont été, dans tous les temps, la première punition des grands crimes, et jamais surnom ne convint moins à un scélérat et à un tyran que celui de sans Peur qu'on lui avoit donné.

471: Ils avoient fait sculpter sur l'une des portes (celle qui donnoit sur la rue Françoise), les instruments de la Passion; mais c'est à tort que Piganiol a prétendu que ce fut pour marquer que leur théâtre étoit uniquement destiné à la représentation des choses saintes, puisque l'arrêt de 1548 le leur défendoit expressément. Ils vouloient seulement indiquer, par cet emblème, le droit de propriété qu'ils avoient sur cet hôtel.

472: Voy. p. 241.

473: Depuis la révolution, le nombre des maisons élégantes bâties dans cette partie de la ville s'est prodigieusement augmenté.

474: Voyez p. 206.

475: Voyez l'article Monuments Nouveaux.

476: Depuis barrière Poissonnière, aujourd'hui du Télégraphe.

477: Cette barrière a été fermée.

478: Fol. 162, verso, cart. 219.—Fol. 80, verso, cart. 3.

479: Parv. cart., fol. 117, recto.—Cart. 185.

480: Pendant la révolution elle a porté le nom de rue d'Aboukir. Les bâtiments de cette rue n'étoient pas encore entièrement achevés au commencement du dix-huitième siècle.

481: T. I, p. 115.

482: Traité de la Pol., t. I, p. 139.

483: Il y avoit autrefois dans cette rue deux culs-de-sacs. Le premier s'appeloit de la Corderie. Il forme aujourd'hui l'entrée de la rue Thévenot et le cul-de-sac de l'Étoile.

Le second a porté différents noms; en 1622 on l'appeloit ruelle du Crucifix, et il le portoit encore en 1646. Suivant les censiers de l'archevêché, de Chuyes et Valleyre le nomment cul-de-sac du Petit-Jésus; et sur plusieurs plans on le trouve sous la dénomination de cul-de-sac de Saint-Claude. Ces différents noms viennent des enseignes qu'on a substituées les unes aux autres. Il avoit repris son nom du Crucifix au milieu du dix-septième siècle, et il est encore énoncé ainsi dans un arrêt du conseil du 9 août 1768, et dans les lettres-patentes expédiées en conséquence le 1er septembre suivant, en vertu desquelles, de l'avis du prévôt des marchands et des échevins, donné le 7 mars précédent, il est permis au sieur Pierre Leprieur de le supprimer et d'employer le terrain à son profit, moyennant 3 deniers de cens par toise, et une redevance annuelle de 30 livres au domaine.

484: Reg. des ensaisin. de l'archev., 1666.

485: On le nomme maintenant cul-de-sac Mauconseil.

486: Arch. de l'archev.

487: Sur l'emplacement qu'il occupoit on a élevé une maison particulière.

488: Pendant la révolution elle avoit pris le nom de rue de Mably.

489: Cette entrée et la cour de cet hôpital forment maintenant un passage qui donne de la rue Greneta dans celle de Saint-Denis, vis-à-vis l'ancien emplacement de Saint-Sauveur. Il se nomme passage de la Trinité.

C'étoit à l'origine de la rue Grenata qu'étoit placée la porte aux Peintres, bâtie du temps de Catherine de Médicis.

490: Arch. de S. Martin des Champs.

491: Arch. de l'archev.

492: Cart. de S. Magl., fol. 75, 76, 369, etc.

493: Arch. de l'archev.

494: Cart. S.-Magl., fol. 42.

495: T. I, p. 298.

496: On l'appelle aujourd'hui indistinctement faubourg Saint-Denis. On comptoit dans cette rue trois casernes des Gardes-Françoises.

497: Reg. des Chartres.

498: T. I, p. 147.

499: Compt. des confisc. 1421, p. 36.

500: T. I, p. 150.

501: Arch. de l'archev.

502: Cart. de Saint-Martin-des-Champs.

503: Au milieu de cette rue, et au coin qui la joint à la rue Salle-au-Comte, étoit autrefois une statue de la Vierge, enfermée dans une grille de fer, et connue vulgairement sous le nom de Notre-Dame de la Carole. Il n'est aucun historien de Paris qui ait omis de parler d'un attentat sacrilége commis sur cette statue par un soldat, le 3 juillet 1418. On rapporte que ce malheureux, sortant désespéré d'un cabaret où il avoit perdu tout son argent, frappa cette figure de plusieurs coups de couteau, qui, ajoute-t-on, en firent sortir du sang. Ayant été pris et conduit devant le chancelier de Marle, son procès lui fut fait, et il subit le dernier supplice. Toutes ces circonstances étoient représentées dans un tableau qu'on voyoit à Saint-Martin-des-Champs, dans la chapelle de la Vierge, derrière le chœur. Les uns ajoutent qu'après cet attentat la statue fut portée dans cette église, et qu'il est vraisemblable que c'étoit elle qu'on voyoit posée dans la nef sur un autel, où elle étoit révérée sous le nom de Notre-Dame de Carole, parce que cet événement arriva, disent-ils, sous le règne de Charles VI: d'autres prétendent qu'elle fut laissée à sa place, et que c'étoit la même qu'on voyoit encore dans la rue au moment de la révolution.

Quelques auteurs judicieux, entre autres Jaillot, ont manifesté des doutes sur la réalité du fait qui a donné lieu à cette dévotion et à tout ce qui s'est pratiqué depuis à ce sujet. Voici les motifs sur lesquels ils se fondent pour ne pas adopter légèrement cette histoire, d'après une tradition incertaine.

1o. Le journal de Charles VI, l'histoire de ce prince par Jean Juvénal des Ursins, la continuation de celle de Le Laboureur, par Jean Lefèvre, de même que nos meilleurs historiens, ne parlent point de ce fait.

2o. En le supposant vrai, on ne peut pas dire que le coupable ait été traduit devant le chancelier de Marle, puisque ce magistrat, victime de la faction de Bourgogne, avoit été massacré le 12 juin précédent.

3o. Les registres du parlement portent que le 29 mai, avant l'aurore, le duc de Bourgogne étant entré dans Paris, le parlement suspendit ses fonctions, et ne les reprit que le 25 juillet suivant.

4o. La chapelle de Notre-Dame de la Carole, qui étoit au rond-point ou chevet de l'église de Saint-Martin-des-Champs, et la statue qu'on y voyoit, existoient sous ce nom avant le règne de Charles VII; enfin, ce n'est que sur la tradition de l'événement dont il s'agit qu'on plaça à l'entrée de cette chapelle un tableau qui en représentoit les diverses circonstances.

Quoi qu'il en soit, il y avoit un grand concours de peuple dans cette rue le 3 juillet de chaque année; le soir on y allumoit un feu d'artifice, et l'on brûloit ensuite une figure d'osier revêtue de l'habit des Suisses. Cette nation réclama contre un usage qui lui étoit injurieux, et dont elle avoit d'autant plus lieu de se plaindre qu'il n'y avoit point de Suisses en France à l'époque où l'on suppose que cet événement arriva. Sous le règne de Louis XV, le gouvernement fit cesser ces justes plaintes; et l'on supprima d'abord le feu d'artifice, qui d'ailleurs, dans un endroit si resserré, pouvoit occasionner des incendies. Toutefois la coutume de promener le même jour dans Paris une figure gigantesque et ridicule, qui n'étoit propre qu'à effrayer les femmes enceintes et les enfants, subsista encore quelque temps, et ne fut abolie que peu d'années avant la fin de la monarchie.

504: Cart. S. Germ. Autiss., fol. 44.

505: Arch. de l'archev.

506: La Nouvelle-France étoit autrefois une des guinguettes de Paris.

507: Cette division avoit été adoptée dans ces derniers temps; mais, dans la dernière nomenclature, la rue entière étoit désignée sous le nom de rue du Ponceau.

508: Dans cette rue est la cour des Miracles. Ce nom étoit commun à tous les endroits où se retiroient autrefois les gueux, les vagabonds et gens sans aveu, et celui-ci étoit un des plus considérables. Cette cour consistoit en une place assez vaste et un très-grand cul-de-sac[508-A]. On assure qu'avant qu'on enfermât les mendiants dans l'Hôpital-Général, à Bicêtre, etc., on y comptoit plus de cinq cents familles entassées les unes sur les autres.

Ce fut par antiphrase que l'on donna aux lieux qui étoient habités par de pareilles gens, le nom de cour des miracles, parce que ces gueux, qui pendant la journée erroient dans la ville, contrefaisant les malades et les estropiés, trouvoient, sans miracle, en rentrant le soir dans leur repaire, la santé la plus parfaite et le libre usage de leurs membres.

Dans les années qui précédèrent la révolution, on avoit établi dans cette cour, et du côté de la rue Bourbon-Villeneuve, une halle au poisson qui n'existe plus.

508-A: La disposition des lieux est changée. La cour des Miracles offre actuellement un passage qui communique par trois ouvertures à différentes rues. Voyez l'art. Rues nouvelles.

509: Cependant, d'après ce récit évidemment faux, la rue a reçu, depuis quelques années, la dénomination de rue de Marie Stuart.

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