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Traité de l'administration des bibliothèques publiques

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TITRE II.
BIBLIOTHÈQUES DE L'ÉTAT.

CHAPITRE PREMIER.
BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES.

SECTION PREMIÈRE.
BIBLIOTHÈQUE NATIONALE.

§ 1er. — Organisation.

113. L'organisation actuelle de la Bibliothèque nationale, qu'un récent décret vient de modifier, remontait seulement à 1858. Jusque-là sa constitution conservait les traces du régime inauguré par le décret du 25 vendémiaire an IV: «Autant de chefs que de services divers, un administrateur sans pouvoir, ne connaissant guère les résolutions du conservatoire que pour les exécuter[216].» La police, la surveillance, la répartition du travail étaient exclusivement réservées aux conservateurs dans leurs départements respectifs et chacun restait à peu près indépendant, n'admettant «d'autorité que celle du conservatoire, c'est-à-dire de ses collègues, intéressés à ménager son indépendance pour conserver la leur[217]». Bien que tous les esprits compétents fussent depuis longtemps d'accord pour critiquer ce système, les questions de personnes avaient constamment opposé aux projets de réforme une résistance invincible. Cette situation durerait encore si, en 1857, à l'occasion des prochains travaux de reconstruction et d'agrandissement des bâtiments, une commission ayant été instituée pour étudier, après tant d'autres, les améliorations qu'il conviendrait d'introduire dans le service de la Bibliothèque[218], le ministre de l'instruction publique n'avait facilité sa tâche en prenant l'engagement de ménager les positions acquises et de procéder par voie d'extinction pour les suppressions d'emploi.

Délivrée de la crainte légitime de léser des intérêts privés, la commission proposa dans son rapport, en date du 27 mars 1858[219], un plan complet d'organisation nouvelle qui servit de base au décret du 14 juillet suivant. Quelques-uns de ses vœux cependant, notamment celui qui tendait à rattacher au Louvre le cabinet des estampes ainsi que les camées, les intailles et les antiques du département des médailles, à attribuer aux Archives de l'Empire le cabinet généalogique n'ont pas été adoptés: le ministre, M. Rouland, estima que l'immense majorité des estampes n'avait aucun caractère artistique et que, dans les innombrables productions envoyées par le dépôt légal, fort peu méritaient de figurer dans un musée, tandis que ces mêmes pièces offraient d'utiles documents pour l'histoire du costume, des mœurs ou des événements; que, d'autre part, si l'idée d'échanges avec d'autres établissements pouvait présenter des avantages, il serait profondément regrettable de démembrer certaines collections de la Bibliothèque auxquelles on avait fait des emprunts considérables au profit du cabinet généalogique.

La plupart des dispositions du décret de 1858, inspirées par la commission, ont été reproduites dans le nouveau décret organique du 17 juin 1885 que nous analyserons tout à l'heure. Le principal mérite de ce dernier a été d'élargir le rôle trop illusoire du comité consultatif, en lui attribuant l'examen des questions techniques, scientifiques et disciplinaires, et d'assurer un meilleur recrutement du personnel en exigeant des candidats certaines garanties d'aptitude.

114. La Bibliothèque nationale relève du ministère de l'instruction publique; le ministre pourvoit, par des règlements particuliers, à tous les détails du service. Elle est divisée en quatre départements:

  • 1o Les livres imprimés, les cartes et les collections géographiques[220];
  • 2o Les manuscrits, chartes et diplômes;
  • 3o Les médailles, pierres gravées et antiques;
  • 4o Les estampes.
§ 2. — Local.

115. L'hôtel de Nevers que l'abbé Bignon fit attribuer à la Bibliothèque, en 1724, n'occupait qu'une minime partie de l'emplacement que celle-ci couvre aujourd'hui. Agrandie de l'hôtel de Lambert, en 1741, et du palais Mazarin, en 1828, elle ne cessa pas d'être insuffisante, en présence des accroissements incessants qu'elle reçut, soit des dépôts littéraires pendant la Révolution, soit, depuis, du dépôt légal. La reconstruction en fut décidée au commencement du second Empire et les travaux confiés à la direction de M. Labrouste. Les départements des manuscrits et des médailles sont actuellement installés aux premier et deuxième étages. On accède à l'un par la galerie Mazarine, décorée des peintures de Romanelli et consacrée à une exposition dont nous parlerons plus loin (voir nos 185 et suiv.); la salle de travail est parallèle à la rue des Petits-Champs. L'autre remplit les galeries situées sur la rue Richelieu où il possède une entrée distincte (1865). L'entrée principale, sur la même rue, dessert les départements des imprimés, des manuscrits, des estampes et la section géographique; une troisième, rue Colbert, conduit à la salle publique. Le cabinet des estampes a été transféré, en 1854, dans la galerie basse du palais Mazarin, disposée par François Mansart pour loger les statues antiques du cardinal, accrue de deux galeries nouvelles ouvertes par M. Labrouste. Les services du département des imprimés absorbent la plus grande partie des bâtiments. L'immense salle qui sert de dépôt des livres ne comprend pas moins de cinquante kilomètres de rayons qui se développent en cinq étages de planchers de fer à jour, éclairés seulement par le haut. La salle de travail, inaugurée le 16 juin 1868, mérite une description spéciale. C'est un carré de 1,156 mètres superficiels, également éclairé par le haut et couvert par un système de neuf coupoles en faïences émaillées que soutiennent des arcs à treillis en fer appuyés sur seize colonnettes de fonte, de 10 mètres de hauteur. En face de la porte d'entrée, une annexe semi-elliptique, désignée sous le nom d'hémicycle, est élevée de trois marches au-dessus du niveau de la salle; c'est là que siègent les employés du bureau et le public n'y peut pénétrer sans une autorisation du conservateur. De chaque côté d'une large allée centrale qui va de la porte à l'hémicycle, sont alignées des tables, pourvues d'encriers, pour 344 travailleurs; quatre tables isolées servent à la communication des volumes de très grand format; les deux tables les plus rapprochées du bureau sont affectées à la lecture des périodiques et des livres de la Réserve; dix vastes casiers disposés autour de la salle contiennent un choix des ouvrages dont les lecteurs ont un besoin constant et qu'ils peuvent librement consulter sans le concours des bibliothécaires[221].

116. Cette belle salle est à peine assez vaste pour contenir le nombre des travailleurs qui s'y pressent. On en peut dire autant de la salle des manuscrits et plus encore de celle des estampes, dans laquelle il a fallu, pour recevoir le public, empiéter sur les places primitivement réservées aux employés de service. La salle de la section de géographie n'offre que cinq places. A ces considérations qui faisaient, depuis plusieurs années, prévoir le besoin prochain d'annexions nouvelles s'ajoutait la crainte d'incendie, en raison du voisinage immédiat d'établissements dangereux qui occupaient les immeubles situés à l'angle de la rue Vivienne et de la rue Colbert. Aussi la Chambre des députés a-t-elle repris, en 1878, sur la proposition de M. Lockroy, l'un de ses membres, un projet d'agrandissement et d'isolement de la Bibliothèque dont la Chambre de 1838 avait été saisie par M. Visconti, l'architecte, et que des raisons d'économie avaient fait alors écarter. La commission chargée d'étudier la question constata, dans son rapport, le danger d'incendie et l'insuffisance des locaux et conclut unanimement à l'achat des immeubles[222]. Les frais de l'expropriation, que M. Visconti évaluait, en 1838, à 900,000 francs, ont atteint 6,650,000 francs[223]. Les dernières acquisitions ont porté de 14,501 à 17,151 mètres carrés la surface de l'emplacement consacré à la Bibliothèque nationale, désormais parfaitement isolée entre les rues Richelieu, Vivienne, des Petits-Champs et Colbert.

117. Dès que l'état des travaux le permettra, la salle publique des manuscrits sera déplacée et aménagée au fond de la cour d'honneur parallèle à la rue Richelieu. Suivant un projet récemment approuvé par la commission des bâtiments civils, cette cour devrait être couverte d'une toiture de verre qui ne coûtera pas moins d'un million, privera d'air et de lumière la salle des manuscrits et aura pour seule utilité d'abriter les deux globes de dix mètres de diamètre que le géographe vénitien Coronelli construisit pour Louis XIV. On a dit avec raison que ces globes pourraient être logés ailleurs, au palais de Versailles par exemple; les habitués de la salle des manuscrits ont adressé au ministre de l'instruction publique, contre la construction de la toiture de verre, une protestation dont les motifs semblent justifiés.

§ 3. — Administration.

118. Une direction unique, responsable, préside, sous la surveillance du ministre de l'instruction publique, à la marche de tous les services. Elle est confiée à un administrateur général, nommé et révoqué par le chef de l'État, sur la proposition du ministre[224].

L'administrateur général correspond seul avec les autorités publiques et les particuliers pour toutes les questions du service. Il veille au bon entretien des bâtiments et propose les travaux à faire; aucune disposition n'est prise sans qu'il ait été consulté.

Il est tenu de résider à la Bibliothèque et ne peut s'absenter sans autorisation préalable. En cas d'absence ou d'empêchement, il est suppléé dans toutes ses attributions par un conservateur que le ministre désigne, à cet effet, sur la proposition du directeur du secrétariat.

Il présente tous les ans au ministre un rapport sur l'état des locaux, les acquisitions provenant du dépôt légal, d'achats, de dons ou d'échanges, le classement, la rédaction et l'impression des catalogues, les recherches et communications, le travail du personnel et l'emploi des crédits.

119. L'administrateur général est assisté par un comité consultatif composé des conservateurs. Les conservateurs-adjoints prennent également part aux délibérations, mais chaque département, quel que soit le nombre de ses représentants, n'a droit qu'à un suffrage exprimé à la majorité des membres présents.

Le comité est présidé par l'administrateur général, sur la convocation duquel il se réunit une fois par semaine, et plus souvent si les circonstances l'exigent. Il donne son avis sur l'admission dans les salles de travail, sur les autorisations de communications spéciales, sur la répartition des fonds entre les divers départements, sur l'achat des livres, cartes, manuscrits, médailles, estampes, etc., sur la rédaction et l'impression des catalogues, sur les travaux de classement, sur les acceptations de dons et de legs et, généralement, sur toutes les questions de service qui lui sont soumises par l'administrateur général. — Le secrétaire-trésorier, dont il va être parlé ci-après, remplit les fonctions de secrétaire du comité. Le procès-verbal de chaque séance est dressé sur un registre spécial; le président et le secrétaire le signent; une copie en est adressée au ministre.

120. Un bureau d'administration est chargé de l'expédition de la correspondance, de la conservation des archives, de la délivrance des cartes d'admission pour les salles de travail, de la tenue des registres pour les dons, les échanges, les dépôts internationaux, de l'enregistrement des remises faites par la douane, par la poste, etc.

A la tête de ce bureau est un secrétaire-trésorier auquel incombent en outre la surveillance des détails du service du matériel, la tenue de la comptabilité et de toutes les écritures qui s'y rapportent. Il tient un état détaillé du mobilier et y fait inscrire, au fur et à mesure, les acquisitions nouvelles. Il est chargé de la rédaction de tous les états de dépenses et du payement des traitements du personnel, dont il a, chaque fin de mois, à retirer le montant du Trésor public[225].

Il est logé à la Bibliothèque[226], tenu d'y résider et ne peut s'absenter sans l'autorisation préalable de l'administrateur général.

§ 4. — Personnel.

121. Le personnel de la Bibliothèque nationale comprend: un administrateur général; des conservateurs dont le nombre ne peut excéder celui des départements; des conservateurs adjoints, huit au maximum; des bibliothécaires, répartis en six classes; des sous-bibliothécaires, répartis en quatre classes; des stagiaires; des commis; des ouvriers et gagistes. — Le secrétaire-trésorier a rang de sous-bibliothécaire, de bibliothécaire ou de conservateur hors cadre.

Aucun fonctionnaire ne peut cumuler un autre emploi avec celui qu'il occupe à la Bibliothèque nationale.

122. Tous les membres du personnel, depuis les conservateurs jusqu'aux ouvriers et gagistes, sont nommés et révoqués par le ministre, sur le rapport de l'administrateur général et la proposition du directeur du secrétariat.

Nul ne peut être nommé stagiaire s'il n'est pourvu d'un diplôme de bachelier ès lettres ou ès sciences, et s'il n'a subi avec succès un examen d'admission, duquel sont exemptés les archivistes-paléographes et les élèves diplômés de l'École des langues orientales. Après avis du comité consultatif et de l'administrateur général, et sur la proposition du directeur du secrétariat, le ministre peut autoriser exceptionnellement des candidats âgés de 25 ans au moins et de 30 ans au plus, et ayant travaillé pendant trois ans au bureau du catalogue, à se présenter à l'examen pour l'emploi de stagiaire, sans être pourvus de diplôme.

Nul n'est nommé sous-bibliothécaire, s'il n'a été pendant un an, au moins, stagiaire, et s'il n'a justifié d'une aptitude spéciale dans un concours dont le programme est déterminé par le ministre. Le stage, d'ailleurs, ne confère pas le droit absolu de s'y présenter; tout stagiaire peut être congédié si ses services sont jugés insuffisants, et exclu du concours[227]. Les sous-bibliothécaires prennent rang, du jour de leur nomination, dans la 4e classe.

Les hommes de service sont choisis parmi d'anciens militaires reconnus aptes aux travaux qu'ils doivent exécuter à la Bibliothèque; ils sont divisés en deux classes et c'est exclusivement parmi ceux de la première, ayant justifié dans un examen d'une instruction suffisante, que sont recrutés les commis.

123. Un conservateur ou conservateur adjoint, choisi par le ministre, dans chacun des départements, est chargé, quel que soit son grade, d'en diriger les travaux sous l'autorité de l'administrateur général; les autres sont répartis par ce dernier suivant les besoins du service. En cas d'absence ou d'empêchement, les conservateurs peuvent être remplacés temporairement, si l'administrateur général le juge utile, par un autre conservateur ou un bibliothécaire dont il a la désignation.

Les conservateurs, dans leur département respectif, ont la police intérieure et la surveillance immédiate de leurs subordonnés; ils règlent les détails du service. Ils veillent à ce que tous les articles introduits dans leur département par le dépôt, par acquisitions, dons ou échanges, soient estampillés, inscrits sur les registres tenus à cet usage, classés où il convient et portés aux catalogues ou répertoires avec les cotes qui leur sont assignées; ces formalités s'appliquent aussi aux doubles, dont on dresse un état spécial. Ils remettent à l'administrateur, en double exemplaire, un état motivé des acquisitions ou échanges à faire, pour être, si celui-ci l'approuve, visé par lui et soumis à l'autorisation ministérielle.

Dans chaque département ou section, le bureau doit toujours être occupé par le conservateur, un conservateur adjoint ou un bibliothécaire.

124. Les sous-bibliothécaires, stagiaires et commis sont tenus de se rendre régulièrement à leur poste, tous les jours, avant l'ouverture de la séance, et d'y rester jusqu'à la fin; leur exactitude est constatée par un registre de présence clos à 10 heures précises par le conservateur ou son suppléant et immédiatement porté au cabinet de l'administrateur général.

Ils sont chargés de faire observer les règles de police intérieure prescrites dans chaque département et spécialement celles qui ont pour but la conservation des articles communiqués; après chaque séance, ils les remettent ou font remettre en place.

Ils peuvent être momentanément détachés de leur département pour être employés à un travail d'urgence dans un autre, si l'administrateur le prescrit, de concert avec les conservateurs intéressés.

Il leur est interdit de s'absenter pendant la durée de la séance, sans la permission du conservateur ou de son suppléant; et de s'occuper d'aucun travail étranger à leurs fonctions: cette dernière disposition s'applique également aux conservateurs et bibliothécaires. Aucun membre du personnel ne peut, même pendant les heures de service, se charger de copier ni de faire copier, traduire ni dessiner, à prix d'argent, les ouvrages ou objets des divers dépôts.

Nul ne doit, sans l'autorisation du conservateur ou de son représentant, pénétrer dans un département ou un service autre que celui auquel il appartient; ni introduire ailleurs que dans les salles ou galeries publiques des personnes étrangères à l'établissement, sans une permission spéciale du conservateur.

Il est interdit aux personnes attachées à la Bibliothèque de faire des collections d'objets analogues à ceux de leur département[228]; l'application de cette mesure ne saurait évidemment être rigoureuse et, dans la plupart des cas, ne comporterait même aucun contrôle.

125. La Bibliothèque nationale n'est fermée que pendant la quinzaine qui précède Pâques[229]; cette période est consacrée au nettoyage, à l'époussetage et généralement aux travaux incompatibles avec le service public. Ces soins pouvant exiger le concours ou la présence de fonctionnaires, aucun de ceux-ci ne doit s'absenter à cette date, sans une autorisation de l'administrateur général.

En dehors de cette quinzaine, les fonctionnaires ont droit à un congé annuel de trois semaines, qu'ils prennent seulement pour le temps et à l'époque fixés pour chacun d'eux par décision ministérielle, d'après un tableau de roulement des congés présenté par l'administrateur et composé par lui de concert avec le conservateur de chaque département, de manière à assurer constamment le bon fonctionnement du service. Sauf ces exceptions, tout membre du personnel, retenu par maladie ou autre empêchement légitime ou imprévu, doit en informer immédiatement l'administrateur général ou le conservateur de son département.

126. Les peines disciplinaires dont peuvent être passibles les fonctionnaires de tout rang de la Bibliothèque nationale sont:

  • 1o La réprimande par l'administrateur général;
  • 2o La privation de traitement pendant un temps qui ne peut excéder deux mois;
  • 3o La mise en disponibilité;
  • 4o La révocation.

L'application de ces trois dernières peines est prononcée par le ministre, après avis du comité consultatif, sur le rapport de l'administrateur général et la proposition du directeur du secrétariat. En attendant la décision supérieure, l'administrateur général peut prononcer l'interdiction de l'entrée de la Bibliothèque.

127. Par son instruction, sa capacité et son zèle, le personnel de la Bibliothèque nationale ne le cède en rien à celui des meilleures bibliothèques de l'étranger. Cependant, d'après le témoignage même du ministre de l'instruction publique, il n'est plus actuellement en harmonie avec le développement progressif des collections, ni avec les légitimes exigences du public. Le British Muséum, à tous égards moins riche que la Bibliothèque nationale, est desservi par un personnel infiniment plus nombreux et mieux rétribué[230].

128. Gagistes. — Un chef du service est préposé aux hommes de service et concierges. Il est logé dans l'établissement.

Les gagistes sont chargés, sous la direction du chef du service, de tous les soins et travaux relatifs à la propreté. Ils se rendent à leur poste, tous les jours, à neuf heures et demie, y demeurent jusqu'à la fin de la séance et ne s'absentent qu'avec la permission du conservateur duquel ils relèvent, et après en avoir averti le chef du service ou le bureau d'administration. Dans chaque département, ils exécutent, sous les ordres des conservateurs et bibliothécaires et sous le contrôle des sous-bibliothécaires, les mesures d'ordre intérieur et de surveillance; néanmoins, ils sont tenus de concourir indistinctement, en cas de besoin, au service général de l'établissement. Il leur est interdit de lire pendant les séances ou d'entretenir, soit entre eux, soit avec le public, des conversations étrangères au service. Après la clôture, ils effectuent les opérations de rangement, de mise en ordre et de mouvement quelconque, pendant tout le temps jugé nécessaire. Il leur est défendu de recevoir aucune gratification des personnes qui visitent ou fréquentent la Bibliothèque; toute infraction à cet égard peut être suivie de révocation. A tour de rôle, chacun d'eux passe la nuit près du cabinet des médailles et prend part au service de nuit. Les gagistes hommes et femmes peuvent obtenir de l'administrateur général un congé annuel de huit jours, pourvu que le service n'ait pas à souffrir de leur absence. Le règlement leur accorde en outre un jour de congé hebdomadaire.

129. Le chef du service est chargé de l'inspection des cours, vestibules, escaliers et autres lieux non fermés. Il veille au service de l'éclairage, du chauffage, du frottage et du balayage; surveille les réservoirs, de concert avec le poste des pompiers attaché à la Bibliothèque, et s'assure qu'ils renferment une quantité d'eau suffisante en cas d'alerte. Il est chargé des menues dépenses.

130. La Bibliothèque est ouverte, tous les jours de service, de dix à quatre heures[231]. Un portier surveille attentivement les personnes qui entrent ou sortent et, en aucun temps, ne laisse sortir ni livre, ni portefeuille, ni carton, ni aucun objet sans un laissez-passer signé soit par un conservateur, soit par un délégué de l'administrateur ou d'un conservateur. Il garde les laissez-passer et les remet le lendemain au conservateur qui les a délivrés ou fait délivrer. — Le dépôt des parapluies, ombrelles et cannes à la porterie est obligatoire, mais complètement gratuit.

131. En cas d'infraction au règlement ou de plaintes motivées portées contre eux, les ouvriers et gagistes sont passibles, selon la gravité des fautes, des mêmes peines disciplinaires que les fonctionnaires de la Bibliothèque (Voir no 126)[232].

§ 5. — Accroissement des collections.

132. Quatre sources, d'importance très diverse, contribuent à augmenter chaque année les collections de la Bibliothèque: 1o les acquisitions; 2o le dépôt légal; 3o le dépôt international; 4o les dons et legs.

133. Acquisitions. — Le crédit affecté aux acquisitions, à la reliure et à l'entretien des collections ne dépassait pas, en 1875, 114,350 francs; il a été graduellement élevé depuis au chiffre de 230,000 francs, auquel il convient d'ajouter une rente de 4,000 francs provenant de la fondation d'Otrante[233]. L'administrateur général soumet à l'approbation du ministre un projet de répartition de ces fonds entre les différents services[234].

134. Dépôt légal. — Nous avons traité plus haut avec détail de la législation défectueuse et du mauvais fonctionnement de cette institution qui, mieux réglée, rendrait d'inappréciables services et dispenserait la Bibliothèque nationale d'épuiser une partie de son crédit en achats de publications françaises qu'elle devrait recevoir gratuitement. Nous n'avons à y revenir ici que pour faire connaître dans quelle mesure très variable le dépôt légal concourt à l'enrichir. Ainsi il a fourni, en 1880, 24,058 articles; 44,588 en 1882; 58,762 en 1884, non compris les publications musicales (6,000 environ par an)[235]: le plus grand nombre, sans doute, n'offrent presque aucun intérêt; trop souvent des exemplaires sont déposés en feuilles, incomplets ou maculés. Il en est de même au département des imprimés et au cabinet des estampes, les seuls susceptibles de s'accroître par cette voie, car les gravures sur médailles ou pierres fines ne sont point soumises aux exigences du dépôt; les productions de l'imagerie d'Épinal, par exemple, tiennent une place considérable dans les 20,000 estampes que reçoit annuellement la Bibliothèque (Voir suprà, nos 111 et 112). Afin d'éviter un encombrement qui menacerait de dénaturer le caractère scientifique et littéraire de la Bibliothèque, on a récemment commencé à constituer, surtout avec les réimpressions d'ouvrages liturgiques ou de piété, d'ouvrages scolaires et populaires, des séries dites éliminables qui, lorsque besoin sera, pourront, sans dommage pour personne, être emmagasinées dans une succursale plus ou moins éloignée du centre de Paris.

135. Dépôt international. — Le dépôt international, supprimé par la plupart des conventions littéraires conclues entre les puissances étrangères et la France, ne fournit que fort peu d'articles, la plupart sans réelle importance (Voir no 110).

136. Dons et legs. — De ce chef, la Bibliothèque acquiert environ de 2,500 à 3,000 volumes par an, et, le plus souvent, ces libéralités viennent combler des lacunes[236]. La progression est presque constante. Les donateurs sont tantôt des auteurs qui offrent celles de leurs publications dont le dépôt n'a pas été effectué, tantôt les établissements publics dont les documents administratifs échappent aussi trop souvent au dépôt légal, tantôt les gouvernements, les académies, sociétés savantes, et écrivains étrangers.

Les donations authentiques et les legs ne peuvent être acceptés qu'en vertu d'un décret rendu sur la proposition du ministre[237]. Les legs ne consistent pas seulement en ouvrages, médailles, etc.; c'est ainsi que, par testament du 11 décembre 1857, le duc d'Otrante institua la Bibliothèque sa légataire universelle. L'administrateur général fut délégué par le ministre à l'effet d'accepter ce titre et, en vertu d'un décret du 6 décembre 1863, autorisé à renoncer pour la Bibliothèque au droit de légataire, moyennant une rente sur l'État de 4,000 francs, grevée d'un usufruit au nom de la duchesse d'Otrante, usufruit qui s'est éteint le 25 mai 1875.

137. Réintégrations. — Nous avons vu que le nombre des vols et soustractions dont la Bibliothèque a été victime est extrêmement considérable. Elle recouvre, de temps à autre, des ouvrages ou des pièces détournés, soit par la restitution volontaire de ceux aux mains desquels ces documents sont parvenus, soit par la revendication en justice. En ce qui concerne les imprimés, la poursuite est à peu près impossible; sauf de très rares exceptions, la Bibliothèque n'a aucun moyen suffisant d'établir sa propriété sur les volumes qu'elle suppose lui avoir appartenu. Avant leur passage dans les ventes publiques, on a pris soin de gratter les cachets ou autres indices qui trahiraient leur origine frauduleuse. La recherche est d'ailleurs très difficile; les catalogues de ventes ne mentionnent que des titres et l'on ne saurait guère reconnaître en les parcourant la provenance de l'exemplaire. Ajoutons qu'à diverses reprises, au XVIIIe siècle et sous la Restauration, la Bibliothèque a été autorisée à se défaire de doubles jugés inutiles et que les ouvrages revendiqués peuvent provenir de cette source; qu'enfin, en pareille matière, la présomption ne suffit pas, qu'il faut une preuve ou un titre sérieux que l'état des anciens catalogues des imprimés permettrait rarement de fournir.

138. Il n'en est pas de même à l'égard des manuscrits. Les collections de la Bibliothèque sont très connues et ont été très exploitées; la plupart des volumes du cabinet des manuscrits ont leur histoire, surtout depuis la publication du grand ouvrage de M. L. Delisle[238]. Les catalogues sont complets. Cependant, lorsque des autographes ou des miniatures ont été enlevés de portefeuilles ou de volumes, ces pièces détachées n'ont pas toujours laissé de trace dans les inventaires de la Bibliothèque. La notoriété peut suppléer à l'absence d'autre preuve. Nous nous bornerons à renvoyer pour cette question à l'exposé de la jurisprudence en vigueur que nous avons placé plus haut, parce qu'elle intéresse au même degré toutes les bibliothèques publiques (Voir nos 80 et suiv.).

§ 6. — Reliure.

139. Un atelier de reliure, de cartonnage et d'encollage est établi dans l'intérieur de la Bibliothèque.

On confie de préférence à l'atelier intérieur les travaux urgents et délicats, notamment les réparations; sur 20,000 reliures ou cartonnages que la Bibliothèque fait exécuter annuellement, 10,000 environ sont préparés par des ouvriers du dehors. Un artiste attaché à l'établissement s'occupe spécialement de la restauration des anciennes reliures de prix.

140. La Bibliothèque ne dispose pour ses reliures que de crédits tout à fait insuffisants[239]. Depuis une vingtaine d'années, faute de fonds, un nombre considérable d'in-folio et d'in-quarto sont restés en souffrance. Cet arriéré menace de s'accroître dans une proportion effrayante et très embarrassante pour l'avenir. Il va de soi que, sauf de rares exceptions, on a renoncé depuis longtemps aux reliures pleines, telles que les demanderaient les anciennes traditions de la Bibliothèque: du moins serait-il désirable que l'on pût multiplier le nombre des demi-reliures en maroquin; mais il faut se contenter plus souvent de demi-reliures en parchemin ou même de simples cartonnages avec dos de percaline ou de papier. Il faut encore laisser à l'état de brochure, voire de paquet, une masse énorme de publications dont beaucoup mériteraient un meilleur traitement et, dans un avenir prochain, seront fatalement détériorées[240]. Néanmoins, grâce à l'éclatante supériorité dont a joui de tout temps la France dans l'art de la reliure, les collections de la Bibliothèque en possèdent les plus beaux spécimens connus; ils sont exposés, sous vitrines, dans les salles du musée installé au premier étage (Voir infrà, nos 187 et 189).

§ 7. — Classement et Catalogues.

141. Département des imprimés. — On a toujours conservé à la Bibliothèque nationale la classification bibliographique adoptée par Clément, en 1682. Moins rationnelle que celle de Brunet, elle offre cependant un cadre complet en 30 grandes divisions dans lesquelles toutes les matières ont tant bien que mal trouvé place. Quelles que soient d'ailleurs ses défectuosités, toute modification à ses dispositions essentielles aurait pour résultat d'introduire dans la Bibliothèque une confusion inextricable[241].

142. Les anciens inventaires manuscrits et même les six volumes in-folio du Catalogue des imprimés, publiés de 1739 à 1753, n'ont aujourd'hui qu'un intérêt historique. Les grands travaux de publication des catalogues qui se poursuivent actuellement à la Bibliothèque ne remontent guère qu'à trente ans. La commission de 1850, par l'organe de son rapporteur, le comte Beugnot, s'étant prononcée pour le système méthodique, il fut décidé que l'impression commencerait aussitôt que le classement d'une des sections aurait été terminé. On promettait dès lors, à bref délai, «le recueil bibliographique le plus riche et le plus utile qui eût jamais été composé». Il serait oiseux de rechercher si un catalogue alphabétique n'eût pas été préférable: le British Muséum, qui avait adopté ce système vers la même époque[242], possède aujourd'hui un catalogue complet de ses imprimés, qui forme environ 2,000 volumes autographiés[243]. Les catalogues alphabétiques engendrent nécessairement un nombre considérable de volumes et il en faudrait plus de 3,500 pour inventorier sur ce plan la Bibliothèque nationale. Il est vrai qu'on les peut tenir au courant avec plus de facilité et qu'il n'est pas besoin d'être initié à leur méthode pour y faire une recherche. Du moins, le catalogue méthodique a le privilège d'être peu volumineux. Notre histoire de France est inventoriée ainsi en treize volumes qui comprennent le cinquième environ de la totalité des imprimés. Ce catalogue dans lequel on pourrait, il est vrai, signaler de trop nombreuses imperfections, offre encore l'avantage d'être utile aux érudits, en dehors de la Bibliothèque même, à titre de bibliographie.

143. La commission avait estimé que l'ensemble du travail n'exigerait pas plus de douze ans et comporterait de 65 à 72 volumes. Sous le rapport de la durée, le mécompte a été grand. L'administrateur, M. Taschereau, a dû lutter contre de vives résistances qui ne tendaient à rien moins qu'à rendre interminable et à compliquer indéfiniment l'œuvre entreprise[244]. De vives critiques, dont plusieurs très justifiées, ont été formulées contre les catalogues publiés. Nous n'avons pas à les reproduire; l'administration actuelle de la Bibliothèque ne peut que se conformer au plan primitivement adopté, sous peine d'y introduire plus de désordre. On a commencé l'inventaire général en suivant l'ordre du classement, soit par la série A, et voici comment on a procédé dans chaque série: chaque ouvrage, pourvu d'un numéro indicatif, est représenté par une carte collée sur un registre dans l'ordre où les volumes sont placés sur les rayons. Chaque article est autographié à cinq ou six épreuves sur des bandes détachées, que l'on range, les unes alphabétiquement, les autres méthodiquement, et l'on obtient ainsi un double catalogue, par noms d'auteurs et par matières.

144. Afin de satisfaire aux pressantes réclamations du public, on avait décidé de commencer l'impression dès qu'une section serait inventoriée; système évidemment mauvais, parce qu'il supposait un classement général préalable et irréprochable, tandis que celui existant laissait fort à désirer. Les premières séries annoncées étaient les séries L (Histoire de France), N (Histoire d'Angleterre) et T (Médecine). — Il était naturel que les publications relatives à notre histoire nationale tinssent le premier rang dans cette bibliographie.

On arrêta la division suivante:

L. HISTOIRE DE FRANCE NOMBRE des sections NOMBRE des cotes principales
I. Préliminaires et généralités (L) 46 3,736
II. Histoire par époques [ou de plusieurs règnes] (La) 40 2,145
III. Histoire par règnes (Lb) 57 69,851
IV. Journaux et publications périodiques (Lc) 37 10,175
V. Histoire religieuse (Ld) 195 17,518
VI. Histoire des institutions politiques ou Histoire constitutionnelle (Le) 84 28,921
VII. Histoire administrative (Lf) 269 15,716
VIII. Histoire diplomatique (Lg) 6 1,018
IX. Histoire militaire (Lh) 9 3,327
X. Mœurs et coutumes des Français (Li) 33 2,780
XI. Archéologie française (Lj) 42 5,292
XII. Histoire locale [provinces, départements, villes, communes, colonies] (Lk) 19 40,928
XIII. Histoire de la noblesse et des classes en France (Ll) 25 860
XIV. Histoire des familles françaises [Généalogies] (Lm) 3 2,268
XV. Biographie française (Ln) 27 37,546
Total 892 242,081

Le 22 janvier 1855, M. Fortoul, ministre de l'instruction publique, présentait à l'empereur le premier volume du Catalogue de l'Histoire de France qui, aujourd'hui terminé, comprend onze volumes in-4o dans lesquels sont décrits 441,836 volumes[245]. Il y faut ajouter deux volumes de supplément, autographiés et consacrés, l'un à l'histoire locale, l'autre à l'histoire des familles françaises et aux biographies individuelles. Le tout sera complété par deux volumes de tables alphabétiques, actuellement en cours d'impression.

Au mois de septembre 1852, le ministre avait invité l'Académie de médecine à dresser le plan du catalogue des sciences médicales. Son appel étant demeuré sans réponse, il chargea de ce soin le secrétaire perpétuel de l'Académie, M. Dubois, d'Amiens, auquel revient l'honneur de la classification adoptée. Ce catalogue a fourni deux volumes (1857-1873); un dernier tome, qui sera bientôt achevé, le terminera et contiendra les tables.

145. L'expérience a surabondamment prouvé l'insuffisance des ressources pour arriver à la publication intégrale des catalogues de la Bibliothèque. Aussi l'administration a-t-elle adopté le parti plus pratique de substituer l'autographie à l'impression. Elle a ainsi établi, dans le cours des dernières années, les catalogues méthodiques de l'histoire de la Grande-Bretagne (1 vol. in-4o), de l'histoire d'Espagne (1 vol.) et les inventaires alphabétiques de l'histoire générale (6 vol. dont un réservé aux anonymes) et de l'histoire d'Italie (3 vol.). On a, de plus, publié en 1877 l'Inventaire alphabétique des livres imprimés sur vélin, complément d'un catalogue dressé par Van Praët[246], et l'Inventaire de la collection des ouvrages sur Montaigne, réunis par le docteur Payen, qui sont conservés en un fonds spécial[247]. A côté de ces travaux qui suffisent à attester le zèle du personnel, nous signalerons deux excellentes innovations: la publication, depuis 1875, d'un bulletin mensuel des ouvrages étrangers acquis dans le mois par la Bibliothèque, et, depuis 1882, d'un bulletin analogue pour les ouvrages français, cartes géographiques et livres anciens d'origine française. Les titres sont découpés et collés sur des fiches que l'on relie dans un cartonnage mobile qui permet de tenir constamment ces catalogues à jour. Les ouvrages étrangers sont classés par matières, les ouvrages français le sont par matières et par noms d'auteurs. Une mention indique la provenance des volumes: acquisition, don ou dépôt. Il suffit de rapprocher ces deux publications pour se rendre un compte exact des accroissements mensuels du département des imprimés. Les lecteurs trouvent encore, dans la salle de travail, outre tous ces catalogues, celui des ouvrages usuels mis à leur libre disposition et la liste des périodiques étrangers reçus par la Bibliothèque.

146. Département des manuscrits. — La publication du catalogue des manuscrits s'impose dans toute grande bibliothèque; ce n'est pas seulement un instrument de travail indispensable, c'est un titre de propriété et une garantie contre les vols. Mais pour cela il ne suffit pas d'indications sommaires: un catalogue de manuscrits doit spécifier, outre le nom de l'auteur, ce qui est souvent fort difficile, l'âge approximatif, la matière (papyrus, parchemin, papier, etc.), le nombre des miniatures, des pièces et même des feuillets[248].

147. Au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale comme à celui des imprimés, la classification imaginée par Clément, en 1682, a servi de base aux classements postérieurs. Les manuscrits furent alors répartis par langues et groupés par format, suivant l'ordre des matières dans chaque format: les hébraïques, de 1 à 282; les syriaques, de 283 à 309, etc.; les français et autres en langues modernes, de 6,701 à 10,542; la collection de Brienne restant à part en dehors du classement général. Jusque vers 1735, on se borna à intercaler les acquisitions au moyen de lettres et de sous-chiffres dans la série de numéros établie par Clément. En 1735, on abandonna ces cotes compliquées, sources de constantes confusions, pour ouvrir, avec un numérotage nouveau, autant de séries que l'on comptait de langues principales et l'on renonça aux intercalations dans les séries constituées; les acquisitions devaient faire l'objet d'un supplément pour chaque série. Cette excellente disposition ne fut malheureusement appliquée qu'aux manuscrits orientaux, grecs et latins, auxquels furent consacrés les quatre volumes publiés de 1739 à 1744[249].

148. La situation n'était pas changée quand, un siècle plus tard, un administrateur adjoint fut spécialement préposé à la direction des catalogues. A la fin de 1854, M. Taschereau soumit au ministre un plan de publication. Par diverses considérations, tirées tant des besoins du service que de la longueur probable des travaux préparatoires à exécuter dans les autres fonds, il proposait d'inaugurer la série des catalogues par l'impression de celui des manuscrits orientaux, et il observait que les progrès de la gravure et de la typographie imposaient à l'administration le devoir de donner les titres et les noms d'auteurs en caractères orientaux. Ce plan a été adopté: le catalogue des manuscrits hébreux et samaritains, dressé par les soins de M. Zotenberg, a été publié en 1866; celui des manuscrits syriaques et sabéens, en 1874; celui des manuscrits éthiopiens, en 1877[250].

On n'avait pas, pour le moment, à se préoccuper des manuscrits grecs. Le catalogue de 1740, où se trouvaient décrits ceux de l'ancien fonds, était continué par un supplément manuscrit qui laissait peu à désirer; une grande partie avait été rédigée sous la direction du savant M. Hase[251].

Mais le supplément latin et la totalité du fonds français exigeaient un remaniement complet. On a vu que la réforme de 1735 s'était arrêtée aux manuscrits français et en langues modernes. Ceux de l'ancien fonds qui, dans l'inventaire de Clément, occupaient les numéros 6,701 à 10,557, les avaient conservés, avec complication de sous-chiffres et lettres, par suite des intercalations. Lors de la Révolution, les acquisitions prirent un tel développement que les intercalations devinrent impossibles. On adopta le parti de laisser subsister dans leur intégrité, sans les incorporer dans le fonds français, les collections importantes, qui reçurent le nom de leur origine (fonds de Saint-Germain, de la Sorbonne, etc.), et on ouvrit en même temps une nouvelle série dite «Supplément du fonds français». Par malheur, beaucoup de ces collections isolées n'avaient pas de catalogues ou n'en avaient que d'inexacts et d'incomplets, trop sommaires pour rendre aucun service[252]. D'autres demeurèrent en liasses et en paquets: M. Taschereau constatait, en 1854, que, depuis leur entrée à la Bibliothèque, c'est-à-dire depuis 60 ans, un certain nombre de ces collections n'avaient pu être communiquées aux travailleurs et que d'autres l'étaient, quoique non estampillées. En peu d'années, il avait fallu, tant le désordre s'y introduisait vite, recommencer par deux fois le rangement de la collection Fevret de Fontette, par trois fois le rangement de la collection Moreau. Aussi dut-on procéder d'abord à de longs travaux de mise en ordre, de pagination, d'estampillage, de reliure, pour constituer en nouveaux volumes les innombrables pièces entassées pêle-mêle dans des cartons.

149. Nous ne rechercherons pas si, en rangeant à nouveau le fonds français, il n'eût pas été opportun de réunir en une seule série l'ancien fonds, le supplément et les collections détachées. L'administration, qui n'en méconnaissait pas l'utilité, a cependant adopté un autre système[253]. Elle a préféré maintenir l'ancien fonds dont les divisions sont familières aux travailleurs comme au personnel de la Bibliothèque et en publier immédiatement l'inventaire. On en a seulement distrait les volumes en langues modernes de l'Europe: aux 3,857 numéros surchargés d'additions on a appliqué une numérotation suivie qui, malgré les défalcations opérées, a fourni 6,170 articles (1860). Le premier volume du Catalogue des manuscrits français de cet ancien fonds a paru en 1868, le troisième en 1881. Les minutieux détails donnés sur chaque manuscrit, notamment l'analyse des recueils de papiers d'État, rendront ce travail beaucoup plus volumineux qu'on ne l'avait prévu d'abord. Aussi M. L. Delisle avait-il conçu l'idée de faire paraître en même temps un inventaire sommaire et méthodique qui suppléât provisoirement au catalogue en cours d'impression. Il en a donné deux volumes, comprenant 2,428 numéros de théologie, 3,805 de jurisprudence et 1,575 de sciences et arts[254]; cette publication si utile et malheureusement interrompue sera prochainement reprise.

150. A l'égard du supplément français, composé des manuscrits entrés à la Bibliothèque dans le milieu du XVIIIe siècle, on y fondit, en 1862, les parties françaises des collections isolées (Notre-Dame, La Vallière, Saint-Germain, etc.); mais en ayant soin de dresser au préalable, pour chacune, des tables de concordance qui permissent de retrouver facilement avec les anciennes cotes les cotes nouvelles correspondantes. Celles-ci commencèrent au numéro 6,171, dernier de l'ancien fonds, et se continuèrent dans l'ordre numérique rigoureux. A la même époque, on ouvrit une autre série, dite des Nouvelles acquisitions, destinée à recevoir, suivant le format et la date de l'entrée, les manuscrits ultérieurement acquis ou constitués avec des parchemins ou papiers non encore classés[255]. — L'inventaire sommaire de la collection Joly de Fleury, mise en ordre par M. Auguste Molinier, a été imprimé (1881, in-8o); il porte sur 2,555 volumes.

Les manuscrits en diverses langues européennes modernes, italiens, espagnols, allemands, etc., qui précédemment étaient incorporés dans le fonds français, en furent détachés pour former autant de fonds spéciaux que l'on comptait de langues modernes représentées. Un catalogue des manuscrits italiens, publié en 1835-38 par le docteur Antoine Marsand, a été récemment mis à jour par un supplément de M. Gaston Raynaud qui a également inséré dans le Cabinet historique un catalogue des manuscrits anglais; l'un et l'autre ont été tirés à part. Les manuscrits espagnols avaient été inventoriés et décrits, en 1844, par M. Eugène de Ochoa. M. Morel-Fatio, en 1881, en a donné un nouveau catalogue dressé avec le plus grand soin[256].

151. Les mêmes principes furent appliqués au classement des manuscrits latins. L'ancien fonds, numéroté à nouveau vers 1740, lors de la publication du catalogue, resta intact, comprenant 9,826 volumes[257]. Le supplément latin, remanié en 1862, prit la suite de cette numérotation et l'on eut soin d'y faire rentrer son appendice, le «fonds des cartulaires», série aussi peu justifiée que l'eussent été un fonds des chroniques, un fonds des romans, un fonds des coutumes, etc., puis les manuscrits latins des collections spéciales (Saint-Germain, Harlay, Saint-Victor, Sorbonne, etc.). Comme pour les manuscrits français, on créa un fonds latin des Nouvelles acquisitions[258].

M. L. Delisle a publié, de 1863 à 1874, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, l'inventaire sommaire des 9,974 manuscrits faisant suite à ceux décrits dans le catalogue de 1744 et complétant avec eux, au 1er janvier 1874, l'ensemble du fonds latin[259]. Quelques services que rende ce travail, qui a été tiré à part en six fascicules, il ne saurait tenir lieu du catalogue détaillé dont on attend la publication.

M. Taschereau, dans son rapport de 1874[260], en établissait ainsi le plan général:

Écriture sainte 1 volume.
Liturgie 1 ——
Pères de l'Église et divers ouvrages théologiques 2 ——
Droit 1 ——
Histoire générale et Histoire de divers pays autres que la France 1 ——
Histoire de France 2 ——
Sciences 1 ——
Littérature 1 ——

Ce catalogue latin comprendrait donc, en y ajoutant des tables alphabétiques générales et des concordances, 11 volumes environ. L'insuffisance des ressources de la Bibliothèque ne permet pas d'espérer que la publication en soit prochainement entreprise.

152. En dehors des deux grands fonds latin et français, on a dû créer une classe spéciale des nombreuses collections manuscrites «dont chacune forme un tout complet et indivisible, soit qu'elle représente le travail d'un individu ou d'une association, soit qu'elle consiste en documents plus ou moins systématiquement réunis sur une matière déterminée», parce que ces collections se composent de pièces écrites en différentes langues et qu'on ne pouvait les rattacher à aucun fonds, sous peine d'introduire dans le fonds français beaucoup de manuscrits latins ou réciproquement.

153. En résumé, la classification par langues est aujourd'hui la base fondamentale du rangement des manuscrits et les cotes se succèdent régulièrement, sans omission de numéros, ni répétitions, ni surcharges.

Le département comprend les sept grandes divisions suivantes:

I. Fonds orientaux 18,700  volumes.
II. Fonds grec 4,540  ——
III. Fonds latin 19,913  ——
IV. Fonds français 29,456  ——
V. Fonds en diverses langues modernes 2,790  ——
VI. Collections de manuscrits écrits en langues différentes 12,581  ——
VII. Cabinet des titres 3,710  ——
Total 91,700[261] ——

154. Département des estampes. — Pour le classement des estampes, on a adopté, en l'améliorant et en l'élargissant, le cadre proposé par Heinecke dans son Idée générale d'une collection complète d'estampes[262]. Au lieu des 12 sections qu'il comporte, on en a établi 24, correspondant chacune à une lettre de l'alphabet et on a compris, «sous l'étiquette collective d'une même lettre, toutes les œuvres analogues par la nature des idées ou des objets qu'elles représentent, par leurs origines pittoresques ou leur destination scientifique»[263]. Des sous-lettres ajoutées à la lettre de série générale subdivisent celle-ci en autant de séries partielles que la diversité des sujets le demande. Ainsi tous les recueils de costumes sont rangés sous la lettre O; la sous-lettre a désigne les costumes de la France et un chiffre indique la place du volume dans ceux de sa série, par exemple: O a 60. Les acquisitions nouvelles ne sont pas placées à la suite, mais intercalées à leur rang logique dans les séries constituées: une seconde sous-lettre mise après le chiffre les distingue des numéros déjà existants; on aura donc: O a 60 a, O a 60 b, etc. On ne peut nier que cette numérotation soit compliquée; elle rappelle les errements en usage au département des manuscrits dans la première moitié du XVIIIe siècle. Sous peine d'aboutir à des additions indéfinies il faudra tôt ou tard l'abandonner pour revenir à une méthode plus simple.

La série des portraits a été récemment remaniée et classée dans l'ordre alphabétique, en 700 volumes contenant, depuis A jusqu'à Z, plus de 120,000 pièces de tous formats, gravées, lithographiées ou dessinées; on n'en a excepté que les portraits composant en tout ou en partie l'œuvre d'un maître et certains recueils formant un corps d'ouvrage qu'il eût fallu démembrer[264].

155. Les pièces les plus rares et les plus belles que possède le cabinet des estampes sont exposées dans la salle de travail. Toutes les écoles y sont brillamment représentées: l'italienne par Finiguerra et Marc-Antoine, l'allemande par le Maître de 1466 et Albert Durer, la hollandaise par Lucas de Leyde et Rembrandt, la flamande par Gérard Edelinck, l'espagnole par Ribéra, l'anglaise par Strange et Woollett, la française par Jacques Callot, Nanteuil, Gérard Audran, Géricault, Henriquel; nous ne citons que les plus illustres. M. Delaborde a donné à la suite de son livre sur le Département des estampes un excellent catalogue raisonné de ces épreuves qui, toutes, à des titres divers, offrent pour l'histoire de l'art un intérêt considérable. D'autre part, M. Georges Duplessis a publié, de 1877 à 1885, en 5 volumes in-8o, l'Inventaire de la collection Hennin, relative à l'histoire de France.

156. Département des médailles et antiques. — Dans ce département plus que dans tout autre, un inventaire est indispensable, tant à cause du prix des objets que de la minutieuse conservation et surveillance qu'ils exigent et de l'impossibilité de les frapper d'une estampille établissant la propriété de l'État; et l'on ne peut se borner à un relevé sommaire, il faut décrire avec précision les monuments. Or le cabinet de la Bibliothèque nationale comprend environ 160,000 pièces, classées dans l'ordre chronologique, par pays et par métal. Ce sont 50,000 médailles et monnaies grecques, 40,000 romaines, 10,500 gauloises, 10,500 françaises, royales ou féodales, 8,000 françaises modernes, 3,000 médailles de particuliers, 12,000 jetons, 10,000 monnaies et médailles étrangères, 10,000 orientales, arabes et chinoises. Le cabinet possède en outre 3,000 intailles et camées, et plus de 7,000 antiques ou objets d'art. Il est installé, depuis 1865, aux premier et second étages des vastes galeries qui longent la rue Richelieu. Dans une vitrine centrale sont exposés le grand Camée de France, l'Apothéose d'Auguste, la coupe de Ptolémée, celle de Chosroès, celle de Rennes, une gondole en onyx et un buste de Constantin en agate; puis la riche découverte faite à Bernay du trésor d'un temple de Mercure, composé de 77 vases d'argent dédiés à ce dieu. Trois mille types, choisis dans toutes les séries monétaires, sont exposés sous d'autres vitrines; les collections elles-mêmes sont rangées dans plus de 4,000 tiroirs.

157. Les travaux de catalogue, bien que facilités par le grand ouvrage du numismate Mionnet où sont décrites la plupart des médailles des anciennes séries, et par les soins apportés, surtout depuis 1830, à la tenue des registres d'entrée[265], n'ont cependant été poussés avec quelque activité que depuis 1872. Un arrêté de M. Jules Simon, ministre de l'instruction publique, prescrivit alors de dresser l'inventaire général des collections du département. M. Chabouillet, conservateur, avait déjà publié en 1858 un Catalogue général et raisonné des camées et pierres gravées, et M. Wattemare, en 1861, un Catalogue de la collection des monnaies et médailles de l'Amérique du Nord, de 1652 à 1858, offerte par lui à la Bibliothèque. La plupart des séries sont aujourd'hui inventoriées. Conformément à l'avis émis par une commission instituée le 10 décembre 1875[266], on a commencé simultanément, en 1876, l'impression du Catalogue des monnaies gauloises, et du Catalogue des monnaies orientales, préparés, le premier par M. Muret, le second par M. Henri Lavoix. Une autre publication du même genre a été consacrée par M. Ledrain aux monuments égyptiens[267].

158. Les pouvoirs publics votent annuellement, à titre extraordinaire, un crédit de 50,000 francs pour la publication des catalogues.

§ 8. — Service public.

159. Dispositions générales. — Le service public de la Bibliothèque nationale comprend:

  • 1o La salle publique de lecture du département des imprimés;
  • 2o Les salles de travail des divers départements;
  • 3o Les communications par la photographie;
  • 4o Le prêt au dehors;
  • 5o La visite des objets exposés.

Il n'est interrompu que pendant le temps compris entre le dimanche de la Passion et le lundi de Pâques inclusivement[268]; cette quinzaine est consacrée aux travaux de nettoyage. On a vu que les congés des fonctionnaires et employés sont fixés par un tableau de roulement dressé de manière à assurer la continuité du service.

La durée des séances a été portée à six heures, de dix à quatre heures, par le décret de 1858, et prolongée, durant l'été, jusqu'à six heures, par le décret du 17 juin 1885[269]. Chacun des départements est pourvu d'une salle de travail ainsi ouverte tous les jours, excepté les dimanches et fêtes. Toutefois, l'administrateur général peut prescrire la clôture des salles lorsque le jour est insuffisant. — Les dernières communications doivent être demandées une heure au moins avant la fermeture.

160. Jusqu'en 1858, l'entrée de la Bibliothèque était absolument libre. Cette facilité d'accès offrait de graves inconvénients. Un grand nombre de visiteurs n'avaient d'autre but que de passer le temps dans une salle chauffée et les bulletins de demande dénotaient la plus profonde ignorance; l'un désirait le Roland furieux d'Aristote, un autre l'Annulaire de la noblesse, un troisième les Milles de Jean Jac (sic), etc. De tels lecteurs, bruyants et grossiers, incommodaient les travailleurs sérieux. On décida, pour satisfaire aux légitimes plaintes de ces derniers sans porter atteinte au principe de la publicité de la Bibliothèque, d'annexer au département des imprimés une salle de lecture absolument publique pour toute personne âgée de seize ans accomplis, distincte de la salle de travail réservée aux personnes dûment autorisées. La salle de lecture forme ainsi une véritable bibliothèque, d'environ 20,000 volumes, dans lesquels les belles-lettres et l'histoire occupent la plus large place[270].

161. Les personnes qui désirent fréquenter l'une des salles de travail doivent demander une carte d'admission par lettre signée, adressée à l'administrateur général, en indiquant la nature de leurs travaux et en justifiant de leurs noms, profession et domicile. Les étrangers sont invités à joindre à cette demande une recommandation de leur ambassadeur ou celle d'une personne honorable, connue de l'administration. Les conservateurs, dans chaque département, peuvent, s'il y a urgence, dispenser temporairement de ces formalités. Il est statué sur les demandes régulières d'admission en comité consultatif, sauf recours du demandeur au ministre, en cas de refus.

Chaque carte d'entrée est signée par le titulaire. Elle doit être représentée à toute réquisition et est rigoureusement personnelle. Le prêt d'une carte en entraînerait l'annulation et il n'en pourrait être accordé une nouvelle au prêteur.

162. Il n'est donné de communication que dans les salles de travail et de lecture. Dans tous les départements, on tient à la disposition des travailleurs la liste des catalogues qu'ils peuvent librement consulter: afin de n'en priver personne, ils ne doivent jamais les emporter à leur place. Les autres catalogues ou répertoires ne leur sont communiqués que sur une autorisation spéciale du conservateur et avec les précautions que celui-ci juge convenables. Il est interdit aux travailleurs de se servir eux-mêmes, si ce n'est en prenant les ouvrages usuels placés exprès à leur portée.

Les hommes de service chargés de la surveillance veillent particulièrement à ce que personne ne pose, en écrivant, son papier sur un manuscrit, un livre ou un portefeuille communiqué.

163. Nul ne sort de la Bibliothèque avec livres, papiers, portefeuilles ou objets quelconques sans s'être muni d'un laissez-passer qu'on délivre à chacun au moment de sa sortie. Le fonctionnaire qui le délivre doit être mis à même de vérifier que les objets à lui présentés ne renferment rien qui appartienne à l'établissement. Les fonctionnaires de la Bibliothèque sont astreints, comme le public, à la formalité du laissez-passer.

164. Département des imprimés. — Toute personne entrant dans la salle de travail reçoit un bulletin personnel sur lequel elle inscrit seulement son nom, son adresse et le numéro de la place qu'elle choisit. Deux fonctionnaires siègent au bureau des bibliothécaires: ils fournissent les renseignements bibliographiques et délivrent des bulletins de demande que le lecteur remplit, en indiquant, outre le numéro de sa place, ses nom et adresse, le nom de l'auteur, le titre, la date de publication et le format de l'ouvrage qu'il désire. Ces bulletins sont verts ou blancs, ce qui permet de savoir immédiatement par quel fonctionnaire ils ont été émis. On n'y mentionne qu'un seul ouvrage et il n'en peut être exigé que deux à la fois, à moins d'une autorisation spéciale du conservateur. Le nombre des ouvrages communiqués successivement pendant une séance ne doit pas dépasser dix.

On remet le bulletin de demande au bibliothécaire qui l'a délivré: celui-ci le vise et fait pratiquer la recherche sur les rayons. Au moment de communiquer les volumes demandés, un des surveillants de service dans la salle vient chercher aux mains du lecteur son bulletin personnel qu'il remet à d'autres surveillants assis au bureau, à la droite des bibliothécaires, et spécialement chargés d'y inscrire le titre, le nombre de volumes et le format de l'ouvrage communiqué; ils le font ensuite porter au demandeur. Après son travail, ce dernier rapporte l'ouvrage au bureau des employés inscripteurs qui apposent sur son bulletin une estampille portant le mot: Rendu. En sortant, il devra rendre ce bulletin personnel, muni d'autant de timbres qu'il a été communiqué d'ouvrages, au surveillant placé à la porte, qui le lui a donné à son entrée.

En cas de refus de communication d'un livre quelconque, on peut adresser une réclamation au conservateur du département et, si besoin est, à l'administrateur général. Il est de règle, afin d'éviter que le public ne transforme la salle de travail en cabinet de lecture, de ne communiquer les romans et les pièces de théâtre modernes que pour des travaux sérieux dont il est justifié au conservateur. Quant aux ouvrages licencieux, il en faut adresser la demande à l'administrateur général qui la soumet à l'appréciation du comité consultatif.

Les ouvrages en livraisons, à l'exception des périodiques qui sont exposés sur une table à cet usage où les lecteurs doivent les venir consulter sans les emporter jamais à leur place, ne sont communiqués qu'après que les livraisons ont pu être réunies en volume et reliées.

165. Quatre tables sont exclusivement affectées à la lecture des grands livres à figures. L'usage de l'encre y est interdit; les extraits de texte ou les copies de gravures ne s'y font qu'à la mine de plomb.

Les ouvrages rares ou précieux, qui forment la Réserve et sont au nombre approximatif de 54,000, sont également communiqués à une table particulière placée sous une surveillance spéciale. Les préposés à ce service les inscrivent seuls sur le bulletin personnel du lecteur qui doit les leur remettre à eux-mêmes. C'est à cette table que doit se transporter le travailleur qui veut prendre un calque et en a obtenu du conservateur l'autorisation, expressément restreinte aux pièces pour lesquelles elle a été accordée. Il n'est permis d'user pour ces calques que d'un crayon à la mine de plomb très tendre et de n'employer que du papier végétal, à la gélatine ou de glace, et non du papier gras ou huilé. — Il est interdit de placer le compas sur les volumes, les plans et les cartes géographiques.

166. Tous les catalogues publiés par l'administration, les bulletins mensuels consacrés aux acquisitions courantes de la Bibliothèque sont à la disposition des travailleurs, qui ne les doivent pas déplacer. Tout autour de la salle, également à leur portée, sont rangés plus de 4,000 volumes de dictionnaires des langues savantes et étrangères, de biographies générales, d'encyclopédies, de grandes collections académiques ou autres et des principaux ouvrages usuels que les hommes d'étude ont constamment besoin de consulter. Le catalogue imprimé de ces ouvrages est déposé sur la table des périodiques.

167. Chaque lecteur peut garder les livres qui lui ont été communiqués pendant toute la séance, si ses travaux l'exigent. Fort souvent, il en aura besoin plusieurs jours de suite. Aussi, pour éviter des déplacements et une perte de temps inutiles, il lui suffit d'informer le bibliothécaire qu'il reviendra les consulter le lendemain. Les volumes, au lieu d'être renvoyés en place, sont alors déposés dans une armoire à cet effet. Le lecteur doit, en ce cas, avoir soin de les rapporter dix minutes au moins avant la fermeture de la salle, avec un fichet sur lequel il a inscrit son nom et la date du jour. S'il ne se représente pas le lendemain, les ouvrages, dès le jour suivant, sont réintégrés sur les rayons[271].

La salle de travail fréquentée, en 1869, par 46,336 lecteurs, en a reçu 71,932 en 1884; dans la même période, le nombre des volumes communiqués a passé de 171,712 à 274,211. En réunissant les deux salles de lecture et de travail, on trouve qu'en 1869, 81,000 lecteurs ont consulté 229,000 volumes; en 1884, 131,000 lecteurs ont reçu 368,000 communications, et cet énorme surcroît de travail a été obtenu sans augmentation de personnel.

168. Département des manuscrits. — Toute demande de manuscrit est faite sur un bulletin que l'on remet à l'un des fonctionnaires présents dans la salle. Les manuscrits de la Réserve ne sont communiqués que sous la surveillance d'un employé et après autorisation de l'administrateur général auquel il en faut adresser la demande par écrit. Pour les plus précieux, dont la conservation exige des précautions particulières et dont la liste a été arrêtée par décision ministérielle, la communication en est subordonnée à l'avis du comité consultatif. Quant aux pièces généalogiques, par une réserve de haute convenance, elles ne sont communiquées qu'aux familles qu'elles concernent directement, et après constatation d'identité, ou à leurs fondés de pouvoirs, ayant fourni les justifications nécessaires. Il est permis de faire le dessin ou le croquis des miniatures à la mine de plomb, mais il est interdit d'en prendre le calque; la reproduction en couleurs est autorisée, sous la condition que le manuscrit soit à l'abri de tout accident et, si le conservateur le juge nécessaire, renfermé dans une vitrine. A moins qu'il ne s'agisse de volumes consécutifs d'une même collection, il n'en peut être demandé plus de trois à la fois, ni communiqué plus de dix dans une séance, sauf permission spéciale du conservateur.

169. On a vu que l'État s'est réservé sur les manuscrits les droits assurés aux propriétaires d'ouvrages posthumes. Nul, en conséquence, ne peut copier, publier ni faire imprimer aucun des manuscrits de la Bibliothèque, sans l'assentiment exprès du gouvernement. La demande doit être présentée à l'administrateur général qui la transmet au ministre avec son avis, et l'autorisation entraîne pour celui qui l'obtient l'obligation de faire remettre à la Bibliothèque deux exemplaires du travail imprimé, sans préjudice du dépôt légal à la charge de l'imprimeur[272].

170. Département des estampes. — Aucune collection de gravures n'est communiquée avant d'avoir été assemblée et reliée. Le crayon à la mine de plomb est le seul moyen de reproduction toléré; l'usage de l'encre et des couleurs est proscrit et il est expressément interdit de calquer.

Le nombre des recueils que l'on peut consulter dans une séance n'est pas limité. Toutefois, en cas d'examen trop rapide ou de demandes trop multipliées de la part d'une même personne, les employés peuvent en référer au conservateur, qui décide s'il y a lieu d'y satisfaire. Les demandes de pièces de la Réserve lui sont également soumises, et il détermine le jour et le mode de communication.

Tout recueil communiqué au public doit être remis en place: par les employés, lorsque la personne qui l'a consulté demande à voir immédiatement soit les volumes suivants de la même collection, soit une autre collection de pièces; par les hommes de service, lorsque les volumes définitivement consultés sont laissés sur les tables par le travailleur qui s'en va, dans le cours de la séance ou à l'heure de la clôture. — A la fin de chaque séance, les bulletins de demande sont classés pour être conservés.

171. Département des médailles. — Par une exception que justifie la disposition du local provisoirement affecté à ce cabinet, le public n'y est admis que de dix heures et demie à trois heures et demie; il n'est fait aucune communication de médailles ou d'autres monuments quelconques les mardis et vendredis, jours où le département est ouvert aux visiteurs. La nature et la valeur des pièces exigent une surveillance rigoureuse. Aussi ne communique-t-on à la fois à chaque travailleur qu'une seule tablette de médailles et, autant que possible, qu'un seul des autres objets de la collection, le tout en la présence et sous l'inspection d'un fonctionnaire[273]. Un registre-journal contient, jour par jour, les noms des personnes qui ont fréquenté le département des médailles, avec l'indication des séries consultées par elles.

172. Il est interdit aux travailleurs d'apporter avec eux des médailles afin d'éviter tout risque de confusion entre leur propriété et celle de l'État. Cependant ils peuvent être exceptionnellement autorisés à faire des comparaisons entre leurs médailles et celles du cabinet, mais à la condition qu'ils en aient annoncé l'intention dès leur entrée et qu'à cet effet ils aient remis leurs pièces entre les mains du conservateur ou de son suppléant.

173. Les moulages et estampages ne peuvent être pratiqués qu'avec l'autorisation du conservateur, et celui-ci ne l'accorde qu'après en avoir reconnu l'absolue innocuité, et seulement pour un nombre restreint d'articles; lorsqu'il s'agit d'une série entière, il en réfère à l'administrateur général. — Pour les médailles, on prend les empreintes en cire ou au moyen de minces feuilles de plomb, mais jamais en plâtre. Pour les autres objets, le conservateur est juge des procédés à employer.

174. Reproductions photographiques. — La photographie permet d'obtenir la reproduction la plus fidèle de documents précieux ou uniques qui peuvent être anéantis et dont des fac-similés parfaits assurent en quelque sorte la survivance. A cet intérêt général s'ajoutent des intérêts commerciaux et privés. En 1877[274], pour répondre à un vœu fréquemment formulé, le ministre de l'instruction publique chargea une commission d'étudier les moyens de reproduire par la photographie, sans frais pour l'État, les documents conservés dans les collections publiques et la création d'un atelier central de photographie au ministère. Conformément aux conclusions du rapport, l'emploi de la photographie fut autorisé dans les établissements scientifiques et littéraires ressortissant au département de l'instruction publique et réglementé par un arrêté du 1er juin 1877; il devait être procédé au préalable à l'aménagement de salles de pose dans ceux des établissements où le besoin en aurait été reconnu. Les dispositions qui suivent s'étendent donc à toutes les bibliothèques publiques; en fait, elles n'ont reçu d'application suivie qu'à la Bibliothèque nationale; c'est pourquoi nous avons cru devoir en traiter dans le chapitre consacré à cet établissement[275].

175. Toute demande d'autorisation doit être adressée par écrit à l'administrateur général (ou, ailleurs, au chef de l'établissement) et mentionner: 1o Les objets dont on désire prendre ou faire prendre les clichés;

  • 2o Le caractère et la destination du travail;
  • 3o Le nom et l'adresse des opérateurs;
  • 4o La durée présumée des opérations;
  • 5o L'engagement par le demandeur de se conformer aux règlements de l'établissement;
  • 6o La déclaration par le même qu'il assume absolument les responsabilités de toute nature que pourrait entraîner la reproduction.

176. L'administrateur général statue sur la demande, sauf faculté de recours au ministre en cas de refus. Il n'accorde pas l'autorisation, si l'opération lui semble pouvoir compromettre la conservation des objets ou blesser des convenances, c'est-à-dire des intérêts que l'administration a le devoir de sauvegarder. Ainsi, lorsqu'une pièce a été gratuitement offerte par un artiste pour compléter son œuvre, il serait peu convenable de la laisser reproduire sans l'assentiment du donateur; il le serait moins encore d'autoriser des reproductions susceptibles d'occasionner un scandale ou de porter atteinte à l'honneur des familles. D'autre part, il n'y a pas lieu d'accueillir les demandes relatives à des pièces que l'on peut se procurer dans le commerce. En aucun cas, l'autorisation ne crée un monopole en faveur de celui qui l'a obtenue, et l'administration reste toujours libre d'en accorder autant de nouvelles, pour le même objet, qu'elle le jugera opportun.

177. L'administrateur général fixe les jours et heures d'ouverture des salles de pose et l'ordre dans lequel sont admis les opérateurs. Le travail de ces derniers ne se fait qu'en présence d'un fonctionnaire de la Bibliothèque, qui veille à prescrire les mesures de préservation utiles pour éviter la détérioration des objets; il peut notamment s'opposer à les laisser toucher par les opérateurs et exiger qu'ils soient protégés par une glace pendant la durée de l'opération.

Il est interdit aux opérateurs d'introduire du feu, des substances inflammables ou explosibles. Ils ne doivent employer que des surfaces sensibles, préparées d'avance par un procédé sec, et se bornent à prendre des clichés; le tirage des épreuves et toutes autres manipulations ne se font qu'au dehors.

L'opérateur qui enfreint les règlements ou compromet la bonne conservation des objets est exclu de la salle, sans préjudice de l'action en responsabilité qui peut être exercée contre qui de droit.

178. Le tirage effectué, le demandeur est tenu de déposer au ministère de l'instruction publique un bon cliché de chaque objet photographié, signé par l'opérateur, et de faire parvenir à la Bibliothèque deux exemplaires du tirage, indépendamment de ceux exigés pour le dépôt légal. Les clichés déposés deviennent la propriété de l'État qui demeure libre d'en faire usage pour des travaux d'ordre administratif ou privé, c'est-à-dire de les prêter, au lieu des originaux, à des savants qui demanderaient communication d'objets ainsi reproduits: l'État conserve ainsi, en cas de destruction des originaux, un moyen parfait et certain de reproduction.

179. Par un arrêté en date du 10 juillet 1877, le ministre de l'instruction publique a nommé une commission consultative et permanente, chargée de donner son avis sur toutes les questions qui lui sont soumises, concernant l'emploi de la photographie dans les dépôts publics, et notamment: l'aménagement des salles de pose; les autorisations à accorder aux établissements français ou étrangers et aux particuliers; les mesures à prendre à l'égard des contrefacteurs et en cas d'infraction au règlement; la répartition des épreuves remises par les photographes; la réception et le classement des clichés; la désignation des opérations qui doivent être effectuées dans le laboratoire central et celles qu'il y a lieu d'exécuter en vue des publications dirigées par le comité des travaux historiques ou pour les besoins du ministère.

180. Prêt au dehors. — Le prêt n'est pratiqué à la Bibliothèque nationale que dans les départements des imprimés et des manuscrits; il est interdit dans ceux des médailles et des estampes et dans la section de géographie.

L'autorisation d'emprunter peut être accordée aux auteurs, domiciliés à Paris, qui ont publié des ouvrages utiles et d'une honorable notoriété. Ils la doivent demander à l'administrateur par lettre signée, faisant connaître leurs nom, profession, domicile et les titres de leurs ouvrages. Les travailleurs des départements et de l'étranger sont également admis au prêt, sur l'autorisation du ministre de l'instruction publique, mais seulement pour les manuscrits. Les premiers adressent leur demande au ministre qui se charge, s'il y a lieu de l'accueillir, de leur faire parvenir les volumes. Les étrangers recourent à l'intermédiaire du représentant de leur pays, ambassadeur, ministre ou consul; celui-ci se porte garant de la bonne conservation et de la restitution exacte des manuscrits prêtés qui, à l'aller comme au retour, sont déposés dans le portefeuille du courrier des affaires étrangères[276].

181. Le comité consultatif statue sur les demandes d'autorisation au prêt, ce qu'il faut entendre de l'admission sur la liste des personnes susceptibles d'emprunter et non de chacune des demandes que ces personnes feront par la suite, et sur les réclamations auxquelles peut donner lieu ce service, sauf recours au ministre en dernier ressort. Les personnes autorisées reçoivent, avec une lettre d'avis, les instructions sur la marche à suivre pour obtenir sans perte de temps les livres imprimés ou manuscrits qui pourront leur être confiés.

182. Les seuls ouvrages que prête le département des imprimés sont les doubles non classés dans la Réserve, et l'on en excepte encore les livres précieux, dictionnaires, journaux, morceaux ou partitions de musique, les volumes appartenant à de grandes collections ou contenant des figures hors texte, enfin les romans, pièces de théâtre modernes et ouvrages de littérature frivole. Quant aux manuscrits, on ne prête jamais ceux auxquels leur rareté, leur antiquité, les autographes ou miniatures qu'ils contiennent donnent un prix particulier. Les conservateurs, dans leurs départements respectifs, sont les premiers juges de l'opportunité des prêts. Il ne doit pas être prêté à la fois à une même personne plus de cinq ouvrages imprimés, ni plus de trois volumes manuscrits.

183. Le chef du service du prêt inscrit les livres prêtés sur un registre qu'il fait émarger par les emprunteurs ou leurs fondés de pouvoirs; il tient de ce registre un double répertoire renvoyant aux titres des ouvrages et aux noms des emprunteurs. Il y mentionne le délai accordé pour la restitution, délai qui ne peut excéder trois mois. Les conservateurs ont toujours le droit, dans l'intérêt du service, de faire rapporter les volumes avant la date convenue, et quiconque ne satisferait pas immédiatement à leur réquisition serait rayé de la liste du prêt. Tout emprunteur qui s'absente de Paris est tenu de rendre, avant son départ, les livres qui lui sont confiés; s'il change de demeure, il doit faire connaître sa nouvelle adresse à l'administration.

Les emprunteurs sont responsables de la perte ou de la détérioration des volumes et, s'il y a lieu, sont astreints à les remplacer à leurs frais, ou, si le remplacement n'est pas possible, à réparer le tort causé à la Bibliothèque, suivant l'estimation faite en comité consultatif et approuvée par le ministre.

184. Tous les membres du personnel de la Bibliothèque sont soumis, pour les conditions du prêt, aux mêmes règles que les étrangers, et il leur est rigoureusement défendu, sous peine d'être déférés au ministre, d'emporter chez eux un livre quelconque sans qu'il ait été inscrit au registre dans les formes ordinaires.

185. Visite des salles d'exposition. — L'administration de la Bibliothèque nationale a organisé, il y a quelques années, un musée permanent de ses monuments les plus admirables dans tous les genres; elle a imité en cela l'excellent exemple donné par la direction des Archives nationales. Depuis le dernier aménagement des cabinets des médailles et des estampes, les types les plus rares de la numismatique, les plus précieux camées et antiques, les plus belles épreuves de la gravure étaient exposés, dans les salles respectives de ces départements, sous des vitrines ou dans des cadres (Voir nos 174 et 175). En 1875, lors de l'Exposition internationale et du Congrès de géographie au pavillon de Flore, en 1878, lors de l'Exposition universelle, la Bibliothèque étendit à la section de géographie, si riche en cartes anciennes et modernes, puis aux départements des manuscrits et des imprimés, l'usage existant pour ses collections de médailles et d'estampes. Les travaux intérieurs ont, depuis, nécessité la fermeture provisoire de la galerie des cartes; mais l'exposition des imprimés et des manuscrits, réunis dans la galerie Mazarine, offre un ensemble incomparable pour l'histoire de l'écriture, de la typographie et de la reliure.

186. L'exposition des imprimés comprend environ 380 volumes pour la typographie et 300 volumes pour la reliure. Ce sont d'abord les impressions xylographiques à la presse ou au frotton, puis les ouvrages sortis des ateliers de Gutenberg, Fust et Schæffer à Mayenne, de Pfister à Bamberg, de Mentelin à Strasbourg. Les divers pays d'Europe sont représentés par les plus belles productions de leurs imprimeurs célèbres: l'Italie par Philippe Junte, de Florence, et Alde Manuce, de Venise; la Belgique et la Hollande par Plantin, d'Anvers, et les Elzeviers, d'Amsterdam; l'Espagne par Palmart, de Valence, et Ibarra, de Madrid. Plusieurs vitrines sont affectées aux impressions des villes de France. Paris y occupe le premier rang par les éditions d'Ulric Gering, de Vascosan, d'Antoine Vérard et les impressions grecques des Estienne. Les livres à figures, groupés ensemble, sans distinction de provenance, permettent d'apprécier à quel degré de perfection fut portée, dès la fin du XVe siècle, la gravure sur bois et en taille-douce. Les derniers numéros sont consacrés aux anciens ouvrages sur l'Amérique et aux livres annotés, parmi lesquels la rarissime Christianismi restitutio de Servet, exemplaire échappé à l'autodafé de l'édition entière. On y a joint des manuscrits originaux de musique de Rousseau et la partition autographe de l'Alceste, de Gluck, léguée à la Bibliothèque par Mlle Pelletan.

187. La reliure est un art éminemment français: les noms de Geoffroy Tory, Le Gascon, Padeloup, Du Seuil, suffisent à attester en ce genre notre supériorité que les Trantz, les Bozérian, les Lortic et d'autres ont maintenue jusqu'à nos jours. La série des modèles qu'expose la Bibliothèque se distingue par le goût et l'élégance comme par le fini de l'exécution. Ce sont des reliures en mosaïque, ou à compartiments, ou plus souvent timbrées sur les plats des armes, chiffres ou emblèmes de leurs possesseurs, rois et reines, principalement du XVIe siècle, ou bibliophiles illustres tels que Grolier, Diane de Poitiers, de Thou, Séguier, Gaston d'Orléans, Richelieu, etc.

188. Pour les manuscrits, une armoire est consacrée aux plus précieux débris des librairies de Jean le Bon, de Charles V, des ducs de Berry, d'Orléans, de Bourgogne et des comtes d'Angoulême; une, aux manuscrits et xylographes orientaux et américains; plusieurs, à la paléographie grecque et latine depuis l'antiquité, à la paléographie des États européens, de Charlemagne à la fin du moyen âge, c'est-à-dire depuis le palimpseste dit de Saint-Éphrem et le Tite-Live de Corbie en onciales du Ve siècle, le Prudence en capitales du VIe, jusqu'au double procès de Jeanne d'Arc. Les visiteurs peuvent comparer les types les plus variés d'écritures: onciale, lombardique, wisigothique, saxonne, notes tironiennes, etc., sur papyrus, parchemin, vélin ou papier. A côté sont les manuscrits enluminés et ornés de ravissantes peintures dont le dessin est aussi fin que le coloris est éclatant. Tous mériteraient une mention; nous n'en citerons qu'un seul, la Bible de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, qui contient 5,000 de ces tableaux. Plus loin, des lettres et manuscrits autographes au nombre desquels des sermons de Bossuet, le Télémaque, de Fénelon, les Pensées, de Pascal. Enfin des documents diplomatiques: papyrus égyptiens, grecs et latins; diplômes mérovingiens et carlovingiens; des chartes royales, les originaux des traités d'Arras, de 1435, et de Cambrai (1516); des bulles pontificales de Silvestre II, Léon IX et Léon X; des chartes d'Angleterre, d'Écosse, de Flandre et de Bourgogne.

189. Les reliures anciennes des manuscrits, d'une exécution souvent moins artistique que celles des imprimés, offrent cependant un intérêt égal en raison de la richesse et de la variété des matières précieuses que l'on employait au moyen âge pour la couverture des livres: plaques d'or, d'argent ou de cuivre gravées, ivoire sculpté, écaille incrustée, soie ou velours brodés, ornements d'orfévrerie, pierres fines ou fausses, cristaux, émaux cloisonnés d'Orient, etc.[277].

Sur les feuillets auxquels les livres et manuscrits sont ouverts, on a placé une feuille de papier transparent qui préserve l'encre et les couleurs de l'action de l'air.

§ 9. — Mesures de sûreté.

190. Nul ne peut introduire ailleurs que dans les salles ou galeries publiques des personnes étrangères, sans une autorisation spéciale du conservateur.

Le chef du service fait trois rondes par jour, aux heures fixées par l'administration, pour s'assurer que tout est dans l'ordre, que les portes sont bien closes et que rien ne fait craindre pour la sûreté de l'établissement. — Il est interdit, sous peine d'exclusion immédiate, de fumer dans l'intérieur de la Bibliothèque.

191. On a organisé, en 1878, un service de nuit, confié à un préposé adjoint au chef du service, ayant sous ses ordres quatre hommes. Il est fait, chaque nuit, quatre rondes dans toutes les parties de l'établissement, soit par deux hommes de service, soit par le préposé et un homme de service. Les rondes sont divisées par séries, suivant un tableau affiché dans la salle de garde. Chaque jour, le préposé fixe la série de la nuit suivante, après s'en être entendu avec le chef du service et avoir pris les ordres de l'administration. Les hommes commandés pour le service de la nuit ne doivent quitter leur poste sous aucun prétexte. En cas d'alerte ou de danger, ils ont à prévenir immédiatement le préposé ou le chef du service. Un veilleur demeure en permanence dans la salle de garde.

Le préposé est spécialement chargé du service des eaux. Il s'assure du bon état des conduites, des réservoirs, appareils à incendie, etc. Il vérifie les contrôles et signale les négligences à l'administration, s'il y a lieu; tous les matins, il fait son rapport. Indépendamment de son service de nuit, le préposé exerce, le dimanche, une surveillance de jour dans toute la Bibliothèque.

§ 10. — Comptabilité.

192. Les dépenses de la Bibliothèque nationale, supportées par l'État[278], sont votées dans le budget du ministère de l'instruction publique. Elles s'élèvent, pour 1885, à un total de 660,000 francs (contre 674,073 francs en 1884), comprenant 390,000 francs pour le personnel, 220,000 francs pour les acquisitions et reliures, 39,600 francs pour le matériel et l'entretien, 400 francs pour les frais du cours d'archéologie. Il y faut joindre l'allocation annuelle de 50,000 francs, exclusivement destinée à la confection des catalogues, et le revenu de 4,000 francs, provenant d'un legs du duc d'Otrante.

193. Dans la première séance de chaque année, le comité consultatif dresse un projet de répartition des crédits votés par les pouvoirs publics entre les divers départements et fixe la somme à mettre en réserve pour parer aux besoins imprévus. Ces propositions sont soumises à l'approbation du ministre[279].

Le 10 de chaque mois, l'administrateur général transmet au ministre les demandes d'acquisitions ou d'autres dépenses émanées des conservateurs pour leurs départements respectifs; après autorisation, il en fait remettre un état aux conservateurs intéressés et un double au secrétaire-trésorier. Le 5 de chaque mois, il envoie au ministre les états des dépenses faites, approuvés par les conservateurs et visés par lui, pour en obtenir l'ordonnancement.

SECTION II.
BIBLIOTHÈQUE MAZARINE.

194. Trois des plus grands ministres qu'ait eus la France moderne eurent le même goût pour les livres: des trois bibliothèques formées par eux, une seule, celle de Mazarin, nous est parvenue dans son intégrité; la bibliothèque de Richelieu, échue à la Sorbonne, a été dispersée pendant la Révolution; celle de Colbert fut vendue aux enchères et ses manuscrits seulement passèrent dans la Bibliothèque du roi[280].

En 1640, Mazarin avait acheté l'hôtel Tubeuf, entre les rues Vivienne et Richelieu; il le fit transformer par Mansart et magnifiquement décorer par Romanelli et Grimaldi. A la mort de Richelieu, il s'attacha son bibliothécaire, le savant Gabriel Naudé, qui lui constitua en une année une bibliothèque de 12,000 volumes imprimés et de 400 manuscrits in-folio. Mazarin en ouvrit immédiatement les portes au public, «à tous ceux qui y vouloient estudier», tous les jeudis de 8 à 11 heures du matin et de 2 à 5 heures du soir, bienfait inconnu jusque-là en France et inappréciable pour les savants, si l'on songe à la cherté des livres d'alors et à la rareté des bibliothèques importantes. L'innovation eut un succès énorme. Dès l'origine, on y put voir «plus de quatre-vingts ou cent personnes qui y estudioient toutes ensemble», et ces travailleurs étaient les Gassendi, les Colletet, les Grotius, les d'Ablancourt, etc.

195. De même que Richelieu avait envoyé Gaffarel en Italie et Tileman Stella en Allemagne pour y ramasser les meilleurs livres et les plus précieux manuscrits, Mazarin envoya Naudé en Flandre et en Italie, d'où il rapporta 14,000 volumes. Naudé achetait tout, sans se préoccuper des titres; il entrait, une toise à la main, chez les libraires, mesurait les tablettes, fixait le prix d'après leur dimension et marchandait si bien qu'à force de discussions il concluait d'excellents marchés. Il visita aussi l'Allemagne, en 1647, et enfin l'Angleterre. Ces achats, ainsi que les dons faits à Mazarin par les princes étrangers et les ambassadeurs qui connaissaient et flattaient son goût, rendirent bientôt l'hôtel Tubeuf trop étroit. On y adjoignit de vastes galeries sur l'emplacement occupé aujourd'hui par le département des imprimés de la Bibliothèque nationale. A la fin de 1647, les collections du cardinal étaient rangées dans les salles nouvelles. De belles boiseries, qui, depuis, ont été transférées à la bibliothèque Mazarine, décoraient la grande galerie destinée au public. Lorsque la Fronde éclata, la bibliothèque comptait 45,000 volumes dont 12,000 in-folio, et les reliures, timbrées aux armes du cardinal, étaient aussi riches que soignées. On sait au milieu de quels troubles le Parlement prononça la confiscation des biens de Mazarin. Par son arrêt du 29 décembre 1651, «l'un des actes les plus honteux qu'ait jamais commis aucune assemblée», dit M. Henri Martin, il ordonnait de procéder à la vente de sa bibliothèque et de ses meubles sur le produit desquels 150,000 livres seraient données à «celuy ou ceux qui représenteroient ledit cardinal à justice mort ou vif, ou à leurs héritiers». En dépit des injonctions du roi, transmises au Parlement par le procureur général Fouquet et d'un arrêt du Conseil, la vente commença le 6 janvier 1652 et se poursuivit jusqu'à l'époque de la rentrée du roi à Paris, pendant le second exil du cardinal. La bibliothèque était déjà presque anéantie[281]. Mazarin revint tout-puissant, le 21 février 1653. Les restitutions volontaires des ex-frondeurs devenus courtisans, celles moins spontanées des libraires, l'aidèrent à reconstituer sa bibliothèque: les armoiries des reliures dénonçaient d'ailleurs la provenance des volumes. Naudé mourut sur ces entrefaites; Mazarin acheta sa collection personnelle et les pertes se trouvèrent presque entièrement réparées.

Le ministre mourut lui-même le 9 mars 1661. A son lit de mort, il avait dicté l'acte de fondation du Collège Mazarin ou des Quatre-Nations et ordonné d'y joindre sa bibliothèque, dont il régla lui-même le service; elle devait être ouverte deux fois par semaine «à tous les gens de lettres». Ce fut la vraie institution de la Bibliothèque Mazarine, qui fut confirmée par lettres patentes de juin 1665. Les travaux commencèrent, en cette année, sur l'emplacement de l'Institut.

196. Colbert qui, depuis 1661, avait fait préparer l'inventaire des livres de Mazarin, avait une prédilection marquée pour la Bibliothèque du roi. Par un arrêt du Conseil du 12 janvier 1668, il fit décider l'échange des ouvrages qu'elle possédait en double contre des manuscrits et des livres de la collection Mazarine. Un échange eut effectivement lieu, et, en vertu d'un autre arrêt, tous les manuscrits de Mazarin furent achetés par la Bibliothèque royale pour la somme de 17,248 livres[282]. Lorsque les travaux de construction, les aménagements intérieurs et la rédaction de l'inventaire furent terminés, c'est-à-dire seulement en 1691, on ouvrit la bibliothèque au public les lundis et jeudis de chaque semaine[283].

197. Elle contenait encore 30,000 volumes. Conformément aux instructions de Mazarin, elle fut administrée par un bibliothécaire assisté d'un sous-bibliothécaire et de deux serviteurs, aux appointements de 1,100, 500 et 150 livres, plus la table et le logement, dispositions qui furent maintenues jusqu'en 1781. Elle était ouverte depuis la Toussaint jusqu'au 1er août, les lundis et jeudis, de 8 heures à 10 heures et demie du matin, et de 2 à 4 heures du soir. Vers le milieu du XVIIIe siècle, Desmarais entreprit et mena à terme le catalogue alphabétique propemodum incogitabile opus, chef-d'œuvre de patience et d'exactitude, qui remplit 38 volumes in-folio et suffit encore aujourd'hui pour la partie ancienne à toutes les exigences du service[284].

198. Un revenu de 1,800 livres était affecté aux achats de livres; on en comptait 60,000 en 1787. A la fin de 1794, quand les dépôts littéraires constitués à Paris pour recevoir les bibliothèques des couvents et des émigrés furent ouverts aux bibliothécaires avec faculté d'y puiser à leur gré, l'abbé Leblond, bibliothécaire de la Mazarine, y recueillit 50,000 volumes environ: la liste en existe encore; elle forme 30 liasses in-folio et chaque volume y porte l'indication de son origine, avec le nom du propriétaire dépouillé. Leblond s'empara aussi de tables, de bustes en bronze et en marbre, de lustres, voire même de commodes provenant pour la plupart des appartements de Louis XVI à Versailles.

199. En 1799, la bibliothèque Mazarine fut ouverte tous les jours de midi à 2 heures excepté les quintidis et décadis; à partir de 1801, le jeudi seul fut réservé aux travaux intérieurs. L'ordonnance du 22 novembre 1830 ouvrit au public, tous les jours, de 10 à 3 heures, les quatre grandes bibliothèques de Paris. Sur la proposition de l'administrateur et des conservateurs de la Mazarine, en 1865, la durée des séances y a été prolongée jusqu'à 4 heures; enfin, depuis 1880, cette bibliothèque est ouverte de 11 à 5 heures, du 1er février au 15 novembre, et seulement jusqu'à 4 heures, du 15 novembre au 1er février[285]. En dehors des jours fériés, elle est fermée du 14 juillet au 1er septembre[286].

200. On sait que l'Institut, créé le 3 brumaire an V, fut, dès l'origine, installé dans les bâtiments de l'ex-collège des Quatre-Nations. Il prit pour sa bibliothèque les locaux aménagés pour recevoir les accroissements de la Mazarine, bientôt dédommagée elle-même par d'autres agrandissements. Les deux bibliothèques étant côte à côte dans le même palais, leur voisinage inspira l'idée de les réunir. Ce fut l'objet de l'ordonnance du 16 décembre 1819, en vertu de laquelle la bibliothèque Mazarine absorbait celle de l'Institut, mais devait être régie par la commission administrative de l'Institut et, sous sa direction, par un conseil composé des bibliothécaires et conservateurs. Des discussions assez vives s'élevèrent entre le conseil et la commission, au sujet de la rédaction du règlement, et l'ordonnance de 1819 fut rapportée[287]. Sans envisager la question de l'économie insignifiante réalisée par la réduction du personnel, sans nous arrêter à ces susceptibilités privées qui ne sont que passagères et d'un intérêt secondaire, nous regrettons la réunion des deux services. En réservant aux membres de l'Institut une salle de travail spéciale, en leur attribuant dans le conseil administratif une part d'influence convenable, leurs droits seraient suffisamment sauvegardés et leurs belles collections seraient, comme celles de la Mazarine, librement accessibles au public.

201. La bibliothèque Mazarine possède aujourd'hui plus de 200,000 volumes et 4,432 manuscrits; ces derniers proviennent, pour la plupart, des dépôts littéraires, l'ancienne collection ayant été vendue, comme nous l'avons dit, en 1668, à la Bibliothèque royale[288]. Elle a conservé le caractère que lui avait imprimé son fondateur. C'est une bibliothèque d'érudition: la théologie et la médecine y dominent; on y trouve aussi les grands recueils de science et d'histoire, et c'est d'après ces traditions que se règlent encore les acquisitions nouvelles. Le dépôt légal lui fournit spécialement les publications locales d'archéologie et d'histoire. Les langues étrangères y sont richement représentées, l'italienne, grâce aux achats de Naudé; les langues du Nord, suédoise, hollandaise, danoise et allemande, grâce à une généreuse donation faite par M. Ampère, en 1851. La collection de médecine ne s'étend avec grands détails que jusqu'au milieu du XVIIe siècle, mais aucune collection publique ni privée, sans excepter celles de la Faculté et de l'Académie de médecine, n'y saurait être comparée; elle comprend les ouvrages les plus rares et les plus précieux publiés par les médecins grecs, latins, arabes, français, allemands, italiens et espagnols. Nous devons citer enfin une très remarquable collection de modèles et de monuments pélasgiques, due aux découvertes du savant Petit-Radel, qui fut longtemps administrateur de la bibliothèque.

202. Le personnel se compose actuellement d'un administrateur à 4,000 francs, un administrateur adjoint et deux conservateurs à 3,000, un conservateur adjoint à 2,900, trois sous-bibliothécaires, dont deux à 1,800 et un à 1,500 francs, et deux surnuméraires non payés[289]. Pour faire ressortir l'insuffisance de ces traitements et montrer l'indifférence fâcheuse des pouvoirs publics à l'égard du personnel des bibliothèques, il suffit de nous reporter à quarante ans en arrière. L'ordonnance du 22 février 1839, qui régit encore pour tout le reste les bibliothèques publiques, fixait le traitement de l'administrateur à 5,000 francs (aujourd'hui 4,000), celui des conservateurs à 3,600 (aujourd'hui 3,000), etc. Il est presque inutile de faire remarquer que, d'autre part, la valeur vénale de l'argent a sensiblement baissé depuis 1839. Ajoutons qu'à cette époque tous les fonctionnaires de la Mazarine n'étaient astreints qu'à un jour de présence par semaine, de dix à trois heures, quel que fût leur grade; ils doivent aujourd'hui trois séances, de onze à cinq heures. Ils n'avaient presque aucun visiteur et travaillaient dans un cabinet à part, la salle publique n'étant pas chauffée. On n'achetait que peu de livres, on épuisait les crédits en ouvrages rares et coûteux, on n'avait, par suite, que peu à faire pour enregistrer les acquisitions. Aujourd'hui la Mazarine reçoit 10,000 lecteurs par an et le dépôt légal, à lui seul, lui verse plus de 3,000 volumes[290]. Le travail a donc triplé et les traitements seuls ont été diminués: pour le même personnel, en quarante ans, ils sont tombés de 25,800 à 21,000 francs. Quant au surnumérariat, s'il est entièrement gratuit, en compensation sa durée est illimitée: M. Asselineau, un littérateur distingué, fut douze ans surnuméraire; M. Franklin, l'administrateur actuel, l'historien bien connu des bibliothèques parisiennes, l'a été seize ans.

203. L'administrateur et les conservateurs sont nommés par décret, sur la présentation du ministre de l'instruction publique; les autres fonctionnaires sont nommés par arrêté ministériel, sur la présentation de l'administrateur[291].

L'administrateur convoque et préside le comité consultatif, composé des quatre fonctionnaires les plus élevés en grade et du fonctionnaire chargé de la comptabilité, ce dernier en qualité de secrétaire. Le procès-verbal de chaque séance est consigné sur un registre spécial, signé par l'administrateur et le secrétaire; une copie en est adressée au ministre.

Les fonctionnaires sont astreints à un service de trois séances entières par semaine; à leur arrivée, ils inscrivent leur nom sur une feuille de présence qui est portée au cabinet de l'administrateur dès que l'heure de l'ouverture a sonné; quand, trois fois en trente jours, un fonctionnaire n'a pas signé la feuille de présence, avis en est donné au ministre.

La séance est présidée par le fonctionnaire du grade le plus élevé présent dans la salle, et, à égalité de rang, par le plus ancien en grade. Le président est responsable, vis-à-vis de l'administrateur, de la stricte observation du règlement par les fonctionnaires et les gens de service. Les fonctionnaires ne peuvent, durant la séance, s'occuper d'un travail personnel; ils ne doivent pas s'absenter sans la permission du président, et ils ne quittent la salle publique qu'après le départ du dernier lecteur. En cas de maladie ou d'empêchement légitime et imprévu, ils sont tenus d'en informer immédiatement l'administrateur. Après chaque séance, le président avise l'administrateur, par un rapport sommaire, des incidents qui ont pu se produire; il transmet notamment tout bulletin de demande d'un ouvrage porté au catalogue et non trouvé en place, avec ses observations.

204. Les gens de service sont placés sous l'autorité du commis d'ordre. Pendant les séances et même en dehors, ils travaillent aux opérations de rangement ou autres et exercent la surveillance tout le temps jugé nécessaire par l'administrateur. Si le président les autorise à s'absenter, il en doit aviser l'administrateur après la séance. — Pendant les vacances, l'administrateur peut accorder aux hommes de service et au commis d'ordre jusqu'à quinze jours de congé.

205. Il n'est pas inutile d'entrer dans quelques détails sur l'organisation et les travaux du service intérieur. La bibliothèque Mazarine peut, à ce point de vue, être proposée en exemple aux autres bibliothèques publiques. On y applique à la bibliographie le principe industriel de la division du travail[292]. Ainsi tout volume, avant d'arriver à son rayon, a passé par onze mains différentes; toute carte, avant d'être classée, a subi l'examen de cinq employés qui l'ont successivement complétée en se contrôlant les uns les autres. Voici la filière: un employé inscrit le volume sur le registre d'entrée; un gardien le timbre d'une estampille qui reproduit le numéro d'entrée et indique la provenance du livre (don ou acquisition); cinq autres timbres sont frappés sur les marges à des endroits déterminés; le volume est alors remis aux employés chargés du catalogue, au nombre de cinq, toujours de service ensemble. L'un, commis au classement des doubles, vérifie si la bibliothèque possède déjà le volume; dans ce cas, il lui donne le numéro de l'exemplaire catalogué et l'envoie prendre rang dans la salle des doubles, sinon, il le remet à un autre qui rédige une première carte portant le nom d'auteur suivi du titre et des mentions bibliographiques ordinaires, adresse, date de publication, format. Le conservateur reçoit la carte accompagnée du volume, vérifie l'une et classe l'autre suivant son format, dans les in-folio, in-quarto ou in-octavo, et lui attribue, dans sa série, le premier numéro libre à la suite[293]. Cette carte indique l'ordre alphabétique du nom de l'auteur; un autre employé fait les cartes de renvoi en aussi grand nombre que peut en réclamer le classement méthodique le plus détaillé; de la sorte, on peut satisfaire les demandes les plus incomplètes, le lecteur eût-il oublié le nom d'auteur et le titre. Ces cartes de renvoi, très sommaires, sont fondues dans celles des noms d'auteurs, de manière à ne former qu'un seul catalogue, à la fois alphabétique et méthodique. De plus, les cartes de renvoi sont, de temps en temps, refondues, et l'on crée des cartes d'ensemble contenant parfois jusqu'à quarante ouvrages sur la même matière. Au point de vue bibliographique, ce système serait sujet à critique, et un tel catalogue n'est pas fait pour l'impression; mais il est éminemment pratique et rend les recherches plus rapides qu'elles ne le sont dans aucune autre bibliothèque de Paris, si ce n'est celle de la Ville. Grâce à la fusion immédiate des cartes de renvoi avec celles des noms d'auteurs, l'ouvrage catalogué peut être communiqué dès le surlendemain de son entrée, la journée du lendemain étant consacrée aux cinq dernières formalités, que se partagent les gardiens: inscription à l'inventaire, inscription du numéro sur l'étiquette, collage de l'étiquette sur le dos du volume, coupe des pages et mise en place.

206. Nous n'avons parlé jusqu'ici que des acquisitions nouvelles. En dehors du catalogue sur fiches mobiles sur lequel sont inscrits les ouvrages récemment entrés dans la bibliothèque depuis le commencement du siècle et qu'on appelle, à cause de son format in-4o, le petit catalogue, la Mazarine possède un catalogue d'incunables formant un volume in-folio, le catalogue de l'ancien fonds, alphabétique, rédigé par Desmarais, en 38 volumes in-folio, tenu à jour après lui et continué aujourd'hui par le petit catalogue, un catalogue de l'ancien fonds, méthodique, en 13 volumes in-folio, et un catalogue du nouveau fonds, c'est-à-dire des ouvrages puisés par Leblond dans les dépôts littéraires, en 7 volumes in-folio. On a commencé à refondre ce dernier dans le petit catalogue, destiné à devenir, dans un délai plus ou moins éloigné, le catalogue général. Quant aux manuscrits, M. Aug. Molinier en a établi le catalogue raisonné qui, imprimé, comprendra au moins 3 volumes; le tome premier vient de paraître.

En 1881, sur l'avis du comité central, le ministre a prescrit de procéder au récolement général des bibliothèques de Paris. Le conservateur chargé de ce travail à la Mazarine le poursuit depuis lors et en a fait l'objet de plusieurs rapports à l'administrateur.

207. On a mis très récemment, dans la salle de lecture, à la disposition du public, une collection de 860 volumes, dictionnaires, encyclopédies, manuels, et 25 revues périodiques: la liste en est imprimée et répandue à profusion sur les tables. On avait essayé de faire imprimer et distribuer de même un catalogue périodique des principales acquisitions; il n'a pas été donné suite à cette tentative trop coûteuse. En dehors des ouvrages placés à leur portée, les lecteurs ne doivent jamais prendre eux-mêmes ceux qu'ils désirent. Ils ne peuvent consulter le catalogue que sur une autorisation spéciale du président de la séance. Cette mesure s'explique peut-être par la disposition des catalogues, dressés selon l'ordre alphabétique; sans doute, le président ne refuse que rarement l'autorisation, mais il est toujours regrettable pour les travailleurs de n'avoir pas sous la main les catalogues d'une bibliothèque. C'est surtout en les feuilletant qu'ils découvrent des pièces dont ils ignoraient l'existence et qu'ils n'auraient pu demander; des catalogues ne servent pas seulement à retrouver les livres sur les rayons, ils sont par eux-mêmes de véritables instruments de travail.

208. Les demandes de communication d'ouvrages sont inscrites sur des bulletins spéciaux portant les nom et adresse du demandeur et la date de la demande; toute indication reconnue fausse entraîne l'exclusion de la bibliothèque et avis de cette mesure est aussitôt transmis au ministre. Les lecteurs ne peuvent exiger communication de plus de dix volumes pendant une séance et, sauf autorisation spéciale du président, on ne communique pas à la même personne plus de cinq volumes à la fois.

La demande d'autorisation à publier un manuscrit doit être adressée à l'administrateur qui la transmet au ministre avec son avis; l'autorisation entraîne l'obligation de faire déposer à la bibliothèque deux exemplaires du travail imprimé.

209. Le prêt des ouvrages de la bibliothèque peut être accordé aux auteurs domiciliés à Paris, qui ont publié des ouvrages utiles et d'une honorable notoriété. Les demandes d'admission au prêt sont adressées par lettre à l'administrateur, avec indication des nom, profession, domicile du demandeur et des ouvrages qu'il a publiés. L'administrateur les transmet au comité consultatif qui statue, sauf recours au ministre, en cas de refus. Chaque personne autorisée à emprunter reçoit, avec une lettre d'avis, un extrait du règlement, comprenant le titre relatif au prêt[294].

Les manuscrits ne sont prêtés que sur une autorisation spéciale de l'administrateur; pour ceux à miniatures et ceux d'un grand prix, l'autorisation est réservée au ministre. Les érudits des départements peuvent être admis à emprunter des manuscrits; on ne les leur adresse, toutefois, que sur la demande et par l'intermédiaire du ministre. On les envoie également à l'étranger, sur autorisation ministérielle, mais par la voie diplomatique.

210. Sont exceptés du prêt: les livres particulièrement précieux;

  • Les ouvrages souvent demandés par le public;
  • Les dictionnaires;
  • Les journaux;
  • Les volumes formant collection, contenant des figures hors texte ou faisant partie d'œuvres complètes;
  • Les périodiques;
  • Les ouvrages faisant partie de la réserve.

Le prêt et la restitution des livres se font exclusivement les mercredis et les vendredis de 1 à 5 heures, et les samedis de 11 à 3 heures[295]. La même personne ne peut emprunter plus de dix volumes à la fois.

Les prêts sont inscrits sur un registre qu'émargent les emprunteurs ou leurs fondés de pouvoirs; un double répertoire l'envoie aux titres des livres prêtés et aux noms des emprunteurs. On mentionne sur le registre le délai fixé pour la restitution, lequel ne peut excéder trois mois. L'administrateur a toujours le droit, dans l'intérêt du service, de réclamer les livres avant l'expiration du terme accordé et celui qui n'en effectuerait pas immédiatement la restitution serait rayé de la liste du prêt.

Serait de même exclu du prêt tout emprunteur convaincu d'avoir remis à un tiers les volumes à lui confiés.

L'emprunteur qui s'absente de Paris est tenu de rapporter avant son départ les livres qu'il a empruntés. Celui qui change de domicile doit faire connaître sa nouvelle adresse à l'administrateur.

La perte ou la détérioration des livres imposent à l'emprunteur l'obligation de les remplacer à ses frais, quand le remplacement est possible. Dans le cas contraire, elles donnent lieu à une indemnité fixée suivant estimation en comité consultatif et approuvée par le ministre. Il en est de même dans toutes les bibliothèques de l'État.

211. Les fonctionnaires et employés de la bibliothèque sont soumis aux règles du prêt. Il leur est expressément interdit d'emporter chez eux un livre quelconque sans qu'il ait été inscrit au registre dans les formes ordinaires, ou de prêter à d'autres des livres empruntés pour eux; les infractions à cette prescription seraient dénoncées au ministre.

212. Bibliothèque des Sociétés savantes. — La bibliothèque des Sociétés savantes qui, depuis 1879, a été transférée du ministère de l'instruction publique dans un local dépendant de la Mazarine, peut être regardée comme une annexe de cette bibliothèque[296]. Elle est soumise à la surveillance générale de l'administrateur de la Mazarine, mais demeure placée sous le contrôle immédiat du chef du bureau des travaux historiques et sous la garde d'un conservateur spécial[297]. Les ouvrages généraux, les publications relatives à l'histoire et à l'archéologie locales, les monographies, tirages à part, qu'elle possédait en assez grand nombre, ont été attribués à la Mazarine et elle a seulement conservé: 1o Les collections des mémoires, bulletins et publications de toute sorte des sociétés savantes de Paris et des départements;

  • 2o La collection des annuaires et des revues historiques ou archéologiques publiées dans les départements;
  • 3o La collection des mémoires des académies et sociétés savantes des pays étrangers[298].

Ces trois collections forment la propriété exclusive du ministère de l'instruction publique; elles sont communiquées au public dans la salle de lecture de la bibliothèque Mazarine.

On en a commencé le catalogue qui, en vue d'une fusion éventuelle, très désirable d'ailleurs, avec la Mazarine, est dressé dans les mêmes conditions matérielles et sur le même plan que le catalogue de celle-ci.

213. La bibliothèque des Sociétés savantes n'a aucun budget; elle est alimentée par les faibles subsides que la Mazarine peut prélever sur le sien, déjà insuffisant pour elle seule. Son long séjour au ministère ne lui a pas été profitable. Bien entretenue, elle eût offert aux érudits une mine inépuisable de documents sur l'histoire locale et, telle qu'elle est, elle comble encore une lacune des grandes bibliothèques de Paris; mais ses collections si nombreuses sont plus ou moins dépareillées et deux seulement sont absolument complètes.

SECTION III.
BIBLIOTHÈQUE DE L'ARSENAL.

214. Vers 1765, le marquis de Paulmy, bailli d'épée, s'était formé à l'Arsenal où il demeurait, dans les anciens bâtiments des grands maîtres de l'artillerie, une bibliothèque qui devint bientôt assez considérable et surtout remarquable par la valeur et la rareté des ouvrages. Il la vendit, en 1785, tout en s'en réservant la jouissance, sa vie durant, au comte d'Artois, depuis Charles X, qui s'empressa d'y réunir une partie de sa bibliothèque de Versailles. Le comte d'Artois acheta, l'année suivante, la seconde partie de la célèbre collection du duc de La Vallière[299], et en 1789, celle du prince de Soubise, qui comprenait l'ancienne bibliothèque des de Thou, en majorité composée d'exemplaires de choix, admirablement reliés. La bibliothèque du comte d'Artois fut saisie, l'une des premières, parmi les bibliothèques d'émigrés. Elle fut mise sous séquestre en vertu des décrets de 1791 et 1792, et l'on y réunit une part notable des collections que le prince possédait encore au Temple et à Versailles[300]. Elle contenait alors environ 120,000 volumes, qui furent officiellement inventoriés, du 1er mai 1793 au 4 floréal an III (23 avril 1795), et un arrêté du comité d'instruction publique, rendu sur la proposition de la commission temporaire des arts, l'érigea en «dépôt national littéraire de l'Arsenal».

215. Nous avons dit ailleurs comment l'Institut, en quête de bibliothèque, se fit attribuer celle de l'Arsenal, par un arrêté directorial du 1er messidor an IV (19 juin 1796) et comment ce fut la bibliothèque de la «Commune», c'est-à-dire de la Ville de Paris, qui passa à l'Institut. Le bibliothécaire de la Commune, Ameilhon, devint conservateur de l'Arsenal, définitivement proclamé par l'arrêté du 9 floréal an V (28 avril 1797) «bibliothèque nationale et publique». Quoique provenant de confiscation, elle traversa sans dommage la période révolutionnaire et ne fut pas soumise aux visites intéressées qui dépeuplèrent les dépôts littéraires. Au contraire, devenue bibliothèque publique, elle fut admise, comme la Nationale et la Mazarine, à y puiser le complément de ses collections. Ameilhon, qui, mieux que personne, connaissait les ressources des dépôts pour en avoir été l'organisateur, usa largement de l'autorisation et enrichit l'Arsenal de près de 30,000 volumes de choix. La bibliothèque reçut en outre[301] les papiers de la Bastille dont le classement, commencé en 1791, aux frais de la Commune de Paris, continué officieusement sous la Restauration par M. de Montmerqué et officiellement, depuis 1841, par M. Fr. Ravaisson, fournira plus de 1,500 volumes. Elle s'accrut depuis, en 1810, des restes de la bibliothèque du Tribunal[302]; en 1811, du dépôt Chabrillant, résidu des dépôts littéraires; en 1812, des doubles de l'École polytechnique; en 1831, du fonds Grégoire, légué par le fameux conventionnel; du cabinet saint-simonien d'Enfantin; en 1872, d'une collection de 600 volumes et 4,000 brochures relatifs au second Empire, au concile du Vatican, à la guerre franco-allemande et à la Commune[303]; en 1875, des épaves laissées après les incendies de 1871 dans les palais du Louvre, de Meudon et de Saint-Cloud, environ 15,000 volumes; et, chaque année, des dons que lui attribue le ministre dans la répartition du dépôt légal. Ces dons sont, autant que possible, combinés de manière à laisser aux grandes bibliothèques leur caractère original. L'Arsenal, plus particulièrement politique et littéraire, reçoit les romans, les pièces de théâtre et toutes les publications ayant trait à la politique. Depuis 1880, on y a créé une section nouvelle, celle des journaux politiques, comprenant tous les périodiques politiques contemporains, illustrés ou autres, quotidiens, hebdomadaires ou mensuels, et publiés à Paris. C'est encore le dépôt légal qui alimente cette collection, appelée à devenir la mine la plus riche en documents sur l'histoire contemporaine[304]. — En résumé, l'Arsenal possède approximativement 300,000 volumes, sans compter les brochures, et 8,000 manuscrits; c'est, sans contredit, après la Bibliothèque nationale, la plus importante de Paris.

216. Restituée au comte d'Artois, à la Restauration[305], la bibliothèque de l'Arsenal ne cessa pas d'être publique. Elle est régie, comme toutes les bibliothèques publiques, par l'ordonnance du 22 février 1839, ouverte aux lecteurs, tous les jours non fériés, de 10 à 3 heures, conformément aux dispositions d'un règlement intérieur arrêté le 24 mars 1882[306]. Les vacances s'étendent du 15 août au 1er octobre[307].

Le personnel comprend seize membres, savoir: un administrateur, trois conservateurs, trois conservateurs adjoints, six bibliothécaires, trois sous-bibliothécaires, dont deux étaient encore, en 1883, au traitement dérisoire de 700 francs[308].

217. La bibliothèque est classée selon les cinq grandes divisions du système de Brunet. Chaque division a donné lieu à un numérotage spécial poursuivi sans tenir compte des différences de formats, quoique, sur les rayons, les volumes fussent répartis en trois classes, in-fol., in-4o, in-8o. On intercalait par ordre de matières les acquisitions nouvelles. L'expérience a depuis longtemps démontré les défectuosités de ce système. Le classement méthodique n'est nécessaire que sur le catalogue; sur les rayons, il impose les intercalations et un numérotage multiple, double source de désordre permanent. Il est d'ailleurs préférable d'adopter le numérotage par format, le seul qui permette de constater immédiatement les lacunes. L'administration de l'Arsenal a récemment rompu avec les vieux errements. Sans toucher à l'ancien fonds, parce qu'un remaniement du numérotage eût entraîné une refonte du catalogue, c'est-à-dire exigé un temps considérable, on a formé des acquisitions nouvelles comme une seconde bibliothèque à numérotation continue, chaque livre prenant rang sur les rayons par ordre d'entrée, dans la classe de son format et ce système dispense à jamais des intercalations et des surcharges de cotes.

218. La Réserve de l'Arsenal n'a été faite que pour la section des belles-lettres et pour les reliures de grand luxe; ces dernières, placées sous vitrines, peuvent, sans désavantage, quoique en nombre plus restreint, être comparées aux riches spécimens de la Bibliothèque nationale. La collection des estampes mérite aussi une mention à part, quoiqu'elle ait eu à souffrir des échanges imposés à l'Arsenal au profit de la Bibliothèque nationale, par l'arrêté du 15 novembre 1860[309].

Elle est d'ailleurs bien classée et cataloguée sur cartes; elle formerait près de 500 portefeuilles,... si les ressources de la bibliothèque permettaient d'acquérir les portefeuilles nécessaires.

219. Les catalogues remontent à Dom Poirier, c'est-à-dire au commencement du siècle, et l'on n'a fait depuis que les tenir au courant de façon plus ou moins complète.

Le catalogue alphabétique de l'ancien fonds comprend 40 volumes in-folio et le catalogue méthodique, qui n'embrasse que la théologie et la jurisprudence, 14 volumes in-4o. Le catalogue du nouveau fonds forme déjà 18 registres, celui des brochures et plaquettes dressé par M. Larchey en compte 24, celui du cabinet Enfantin, classé à part, 10; la collection relative à la guerre franco-allemande a fait l'objet d'un catalogue spécial[310]. L'inventaire sommaire des manuscrits a été publié, en 1881, par M. Ul. Robert, dans le Cabinet historique, d'après le travail communiqué par le personnel de la bibliothèque. C'est une reproduction de celui de Dom Poirier, publié par Hænel, en 1828[311]; on y a fait des additions considérables, mis des dates approximatives à chaque manuscrit et on a conservé l'ordre des matières. Un catalogue plus détaillé des manuscrits de l'Arsenal est actuellement en préparation et le premier volume doit incessamment paraître.

SECTION IV.
BIBLIOTHÈQUE SAINTE-GENEVIÈVE.

220. Cette bibliothèque continue l'ancienne collection formée par les Génovéfains. M. Franklin a constaté son existence dès le XIIe siècle au moins, mais, jusqu'au XVIe, il n'a trouvé que fort peu de renseignements sur son histoire. Ce qui est certain, c'est qu'à cette époque le désordre s'y était introduit et l'abbé Benjamin de Brichanteau poussa l'indifférence jusqu'à en tolérer la dispersion; les manuscrits furent vendus au poids à des libraires et remplacés par des livres de chant. Quand, en 1619, sur l'ordre de Louis XIII, le cardinal François de La Rochefoucault entreprit la tâche de réformer l'abbaye, la bibliothèque ne possédait pas un ouvrage. Il fit prendre dans sa bibliothèque personnelle cinq ou six cents volumes qui formèrent le noyau de la collection actuelle. Les PP. Fronteau et Lallemant, qui y furent successivement préposés, apportèrent toute leur sollicitude à l'accroître: sous la direction de ces savants chanoines qui, l'un et l'autre, devinrent chanceliers de l'Université, la bibliothèque, en moins de quarante ans, se trouva portée à 8,000 volumes parmi lesquels sans doute la théologie occupait une grande place. Après eux vint Du Molinet qui installa la bibliothèque sous les combles du cloître, dans une grande galerie de trente toises de long sur quatre de large, bien éclairée, ornée d'armoires sculptées et de trente-six bustes d'écrivains. C'est à son administration que remonte la création d'un cabinet d'estampes, de médailles et d'antiquités égyptiennes, étrusques, grecques et romaines, dont il a donné la description[312]. En 1710, une donation magnifique doubla l'importance de la bibliothèque. Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, fils du chancelier, légua ses manuscrits à la Bibliothèque du roi et ses imprimés, plus de 16,000 volumes «presque tous rares et recherchés» à l'abbaye de Sainte-Geneviève, dont la collection est dès lors citée par les contemporains comme «la meilleure, la plus nombreuse et la plus complète» après celle du roi[313]. Il fallut agrandir la galerie devenue insuffisante: on la fit traverser par une nouvelle salle qui donna à l'ensemble du vaisseau la forme d'une croix; au point d'intersection on éleva un dôme vitré qui répandait partout la lumière. Cette rotonde fut ornée de remarquables peintures de Restout, la salle décorée d'armoires en chêne sculpté et soixante-dix nouveaux bustes sculptés par Caffieri, Girardon, Coysevox, Coustou, etc., s'ajoutèrent à ceux dont nous avons parlé.

221. La bibliothèque Sainte-Geneviève, sans être officiellement publique, fut, de bonne heure, facilement accessible. «Le bibliothéquaire est fort affable, dit le Guide dans Paris, de 1716, et en permet volontiers l'entrée aux honnêtes gens qui la lui demandent.» On y prêtait même des livres, mais seulement ceux in-folio et in-quarto, dont on estimait la soustraction moins facile. A partir de 1759, nous la trouvons régulièrement ouverte trois fois par semaine au public, les lundis, mercredis et vendredis, de deux à cinq heures, sauf les jours de fête et le temps des vacances (15 août-11 novembre). Le cabinet d'antiquités que le duc d'Orléans, retiré et mort à l'abbaye, avait enrichi du legs de son médaillier et de ses pierres gravées, était contigu à la bibliothèque et ouvert les lundis et mercredis.

222. La bibliothèque devint, en 1790, propriété nationale sous le nom de Bibliothèque du Panthéon, et l'inventaire alors dressé accuse 58,000 volumes et 2,000 manuscrits[314]. Le cabinet d'antiquités, qui ne comprenait pas moins de 17,000 pièces, fut transféré à la Bibliothèque nationale en l'an V, sur la demande du professeur d'archéologie, Millin, qui devait faire alternativement son cours dans l'un et l'autre établissement et trouvait ces déplacements incommodes.

Le service ne paraît pas avoir été sérieusement interrompu durant la période révolutionnaire. Daunou, nommé administrateur en 1797[315], puisa dans les dépôts littéraires et surtout dans celui des Cordeliers, environ 20,000 volumes. Délégué par le Directoire avec Monge et Florent pour organiser la République romaine, il dépouilla la bibliothèque de Pie VI au profit de la Bibliothèque nationale et aussi de la bibliothèque Sainte-Geneviève. On sait que les livres échus à la première furent justement revendiqués et restitués en 1815, mais on oublia la part faite à la bibliothèque Sainte-Geneviève, qui conserve encore, de cette origine plus que suspecte, de superbes éditions de Sweynheym, de Pannartz, de grands ouvrages à gravures sur le musée Clémentin, la colonne Trajane, etc.; le plus grand nombre de ces volumes sont encore reliés aux armes du pape Pie VI.

223. Les bâtiments de l'abbaye furent affectés, sous l'Empire, à l'établissement du lycée Napoléon, depuis collège Henri IV. La bibliothèque y demeurait indépendante; mais, sous prétexte d'un délabrement plus ou moins réel qui menaçait les dortoirs situés au-dessous, le lycée poursuivit avec une remarquable ténacité l'expulsion de la bibliothèque dont il convoitait surtout les galeries. Il obtint de l'Empereur un décret portant translation de la bibliothèque au Luxembourg, palais du Sénat[316]. Il est vraisemblable que de hautes influences s'interposèrent alors et arrêtèrent l'exécution de la mesure. Mais la lutte continua entre la bibliothèque et le collège. Ce dernier en sortit vainqueur. Une ordonnance du 22 juin 1842, motivée par les mêmes prétendues craintes, déposséda enfin la bibliothèque et ordonna sa translation provisoire dans la partie des bâtiments de l'ancien collège de Montaigu faisant face à la place du Panthéon. Après de vives discussions, les Chambres votèrent un crédit de 1,775,000 fr. pour la construction d'une nouvelle bibliothèque[317] dans laquelle les collections ont été définitivement aménagées en 1850.

224. Une ordonnance du 27 mars 1828 avait créé à la bibliothèque Sainte-Geneviève un dépôt particulier pour recevoir l'exemplaire des livres du dépôt légal destinés au ministère de l'intérieur[318]. Chaque année, le ministre y faisait un choix des ouvrages à répartir entre les bibliothèques du royaume, suivant leurs besoins et leur importance. L'ordonnance du 30 juillet 1835 supprima ce service à la bibliothèque Sainte-Geneviève et le rattacha au ministère de l'instruction publique.

225. L'ancien cabinet d'estampes a été démembré par l'arrêté ministériel du 15 novembre 1860, pris sur le rapport de la commission des échanges dont nous avons déjà parlé. La Bibliothèque nationale en a retiré tous les dessins, ainsi que les états d'estampes et gravures qui lui manquaient: les doubles qu'elle a donnés en compensation n'ont qu'une valeur insignifiante. Mais, depuis cette époque, la bibliothèque Sainte-Geneviève a reçu, en 1868, de M. de la Roquette, ancien consul de France à Christiania, le legs d'une collection sur l'histoire et la littérature des langues scandinave, danoise et islandaise, la plus riche peut-être de ce genre qui existe à Paris[319]. D'autre part, en 1874, le cabinet des estampes a été sensiblement accru par le don que lui a fait M. Guénebault de ses dessins et gravures; cette collection, intéressante surtout pour la topographie de la France et l'iconographie sacrée, n'a pas été répartie dans le fonds général et reste maintenue dans son intégrité[320]. Depuis trois ans, on a créé à la bibliothèque Sainte-Geneviève un fonds des périodiques français et étrangers, revues hebdomadaires ou mensuelles, qui complète heureusement la création du fonds des journaux politiques de l'Arsenal. Ce service est presque entièrement alimenté par les versements du dépôt légal qui sont, au demeurant, la principale source des accroissements de la bibliothèque dans toutes les branches. En résumé, la bibliothèque Sainte-Geneviève qui, suivant la statistique de M. Petit-Radel, comptait 110,000 volumes en 1819, atteint actuellement près de 200,000, avec 4,000 manuscrits. La Réserve, installée au rez-de-chaussée comme la salle des manuscrits, dépasse 15,000 ouvrages, incunables ou éditions princeps, livres à gravures ou à reliures de luxe[321].

226. Depuis 1830, la bibliothèque est ouverte tous les jours au public, de dix à trois heures, et, de plus, depuis le 1er janvier 1838, de six à dix heures du soir; les vacances vont du 1er septembre au 15 octobre[322]. Le mouvement des lecteurs est considérable: on ne l'évalue pas à moins de sept à huit cents par jour. Malgré cette affluence, et bien que l'on n'impose pas au public l'ennuyeuse formalité du laissez-passer, les vols sont fort rares. Au début des séances du soir, qui sont le plus fréquentées et pendant lesquelles la surveillance est moins facile, on constata quelques soustractions; les délinquants furent poursuivis, et l'affichage, à la porte de la bibliothèque, des condamnations prononcées contre eux suffit à éviter le retour de semblables tentatives. Cependant, par mesure de prudence, on ne communique, le soir, ni les manuscrits, ni les ouvrages de la Réserve.

227. L'examen des bulletins de demande permet de constater depuis plusieurs années un retour sensible vers les études et les lectures sérieuses. Cette fréquentation exceptionnelle assigne à la bibliothèque Sainte-Geneviève un rang à part dans les grandes bibliothèques de Paris, et nécessite un personnel très nombreux: vingt fonctionnaires, savoir un administrateur, un administrateur-adjoint, deux conservateurs, quatre conservateurs-adjoints, six bibliothécaires, deux sous-bibliothécaires, un employé et deux surnuméraires; plus, dix-neuf garçons de salle[323].

228. Le classement, qui remonte à Daunou, comporte les cinq grandes divisions de Brunet, subdivisées en séries désignées par des lettres[324].

Les ouvrages de chaque série portent la même lettre sur une étiquette, au dos et au commencement du ou des volumes. Cette lettre est suivie d'un numéro particulier.

L'ordre des séries n'est pas toujours absolument logique, et le numérotage est fort compliqué. Non seulement chaque série donne lieu à un numérotage indépendant, qui va de 1 à x, mais, dans la série, chaque format a son numérotage. Ainsi, l'on a 28 nos 1: A 1, B 1, BB 1, etc.; et l'on a encore A 1 in-fol., A 1 in-4o, A 1 in-8o. Dans quelques séries, il est vrai, le numérotage est suivi: le no 395 étant le dernier in-fol., le no 396 est le premier in-4o; cette singularité devient une seconde complication. Jusqu'à ces dernières années, on rangeait par intercalation les acquisitions nouvelles: depuis deux ou trois ans, on y a renoncé pour commencer un supplément. Malheureusement, on a renouvelé de tous points les errements anciens; le supplément compte autant de séries que le vieux fonds, ce qui contraint de laisser sur les rayons, pour chaque série, des vides assez considérables en vue des entrées ultérieures, et, comme il est impossible d'en prévoir exactement l'importance, dès qu'une lacune est comblée, il faut procéder à un refoulement général. Enfin, on comprend, sous le nom d'Omnium, une catégorie de 5 à 6,000 volumes presque constamment demandés, qui sont rangés dans des travées spéciales, toujours selon l'ordre et le numérotage indiqués. C'est comme une autre bibliothèque dans la bibliothèque, et il en existe un catalogue spécial sur fiches.

Toute cette disposition est aussi défectueuse que possible; il est fort regrettable qu'elle ait été maintenue dans le supplément en voie de formation. Le sujet mériterait d'appeler l'attention du comité central des bibliothèques; et il serait temps encore d'y remédier. Il convient d'ajouter que le catalogue est assez bien tenu et les fonctionnaires et gens de service assez habitués à cette classification pour qu'elle ne nuise pas aux recherches; mais si la communication des volumes se fait avec la rapidité désirable, ce n'est pas à l'organisation, c'est à l'intelligence et au zèle du personnel qu'on le doit.

229. La bibliothèque Sainte-Geneviève possède un assez grand nombre de volumes de catalogues. Le P. Pingré, vers 1754, en avait dressé un en 9 volumes in-folio. Celui dont on se sert actuellement a été établi sous la direction de Daunou, dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs et forme 32 volumes in-folio. Nous retrouvons ici une nouvelle trace des complications bizarres que le savant historien s'est plu à introduire dans le classement de la bibliothèque comme dans celui des Archives nationales. Le catalogue est double: une partie est affectée aux in-folio et aux in-quarto, une autre aux formats inférieurs; d'où la nécessité de faire double recherche lorsque l'on ignore le format du volume demandé. Il existe encore plusieurs catalogues méthodiques spéciaux, dont l'un, pour la littérature dramatique avec table des noms d'auteurs et de pièces, est dû à Daunou; d'autres, pour l'histoire, les sciences et arts, les sciences mathématiques; mais ils ne sont pas tenus au courant. On se sert, pour les manuscrits, d'un catalogue fait à la fin du XVIIIe siècle, avec classement par langues et par formats. Hænel en a publié la liste dans son Catalogus manuscriptorum, et M. Ulysse Robert en prépare un nouvel inventaire sommaire, dressé sur le même plan que celui des manuscrits de l'Arsenal[325].

SECTION V.
BIBLIOTHÈQUES DES PALAIS NATIONAUX.

230. On désigne sous ce nom les bibliothèques de l'ancienne liste civile, conservées dans les palais de Fontainebleau, de Compiègne et au château de Pau. Celle du palais de Versailles a été supprimée et, en partie, réunie à celle de Compiègne; celles de Saint-Cloud, du Louvre, des Tuileries ont été complètement détruites par les incendies de 1870-1871.

Ces bibliothèques successivement rattachées, en 1848, au département de l'instruction publique[326] et, en 1852, au ministère d'État[327], ont été replacées, en 1870, dans les attributions du ministre de l'instruction publique[328]. Elles sont peu considérables; toutefois celle de Fontainebleau possède une collection de pièces rares, pamphlets, brochures, plaquettes sur l'histoire des guerres de religion[329].

231. Elles sont administrées chacune par un conservateur, et sont ouvertes au public, pour le prêt des livres, les 1er et 15 de chacun des mois de mai à octobre inclusivement, et le 1er seulement de chaque mois pendant le reste de l'année; cette dernière restriction n'est pas applicable à la bibliothèque du château de Pau[330].

232. Sont autorisés à emprunter les livres: les membres de l'Université, les officiers, les professeurs et élèves de l'École spéciale militaire de Fontainebleau, les fonctionnaires de l'État en résidence dans la ville, ainsi que les personnes jouissant d'une honorable notoriété, qui adressent aux bibliothécaires une demande signée, faisant connaître leurs nom, profession et domicile. Les bibliothécaires, qui sont responsables de la conservation des ouvrages, peuvent toujours refuser le prêt des livres à gravures, à riches reliures, ou appartenant à de grandes collections. La même personne ne peut emprunter plus de trois ouvrages à la fois: la durée du prêt est fixée à un mois, avec faculté de renouvellement, à condition que les volumes soient représentés aux bibliothécaires. Ceux-ci ont toujours le droit, dans l'intérêt du service, de faire rapporter les livres avant l'expiration du délai, et le refus de satisfaire à cette réquisition suffirait à justifier leur radiation de la liste du prêt. Les emprunts sont inscrits sur un registre émargé par les emprunteurs ou leurs fondés de pouvoirs, qui se reconnaissent par là responsables, en cas de dégradation ou de perte des volumes. Si le remplacement n'est pas possible, ils doivent réparer le tort causé à la bibliothèque suivant l'estimation faite par le bibliothécaire et approuvée par le ministre[331].

[216] Rapport du ministre de l'Instruction publique à l'Empereur, du 14 juillet 1858. Bull. du minist., 1858, p. 133.

[217] Rapp. de M. Mérimée au ministre, du 27 mars 1858, Ibid., p. 147.

[218] Arr. min. du 19 décembre 1857.

[219] Bull. du min. I. P., 1858, p. 143-170.

[220] La section de géographie avait été érigée en un département distinct, pour la première fois, en 1828 (Ord. 2 novembre); réunie au cabinet des estampes (Ord. 14 novembre 1832), puis reconstituée isolément (Ord. 22 février 1839), et encore rattachée aux estampes (Ord. 2 juillet 1839), elle en a été définitivement distraite par le décret du 31 août 1854.

[221] Le catalogue alphabétique de ces ouvrages, suivi d'un plan de la salle, est imprimé et placé sur la table des périodiques.

[222] Journ. off. du 19 juin 1878. — Cf. Arr. min. du 20 mars 1878.

[223] L. du 28 décembre 1880 et du 15 juillet 1882. — Cf. le décret du 22 août 1881, les arrêtés préfectoraux des 24 mars, 29 septembre et 15 novembre 1881.

[224] Le titre d'administrateur général a été relevé par l'ordonnance du 2 septembre 1847.

[225] Ord. du 22 février 1839 et du 2 septembre 1847.

[226] Le développement des services n'a pas permis de maintenir le même privilège aux conservateurs ou employés de la Bibliothèque nationale, moins favorisés en cela que leurs collègues des autres bibliothèques publiques (Déc. des 15 décembre 1856 et 17 août 1857).

[227] Ces conditions d'admission ne sont pas exigées pour la nomination du secrétaire-trésorier. — Le grade de sous-bibliothécaire à la Bibliothèque nationale est une des meilleures innovations du décret du 17 juin 1885. Jusque-là il était remplacé par le titre d'employé de 1re, 2e ou 3e classe, qualification fâcheuse, susceptible d'éveiller dans l'esprit du public l'idée d'une situation sociale inférieure et qui ne correspondait nullement au mérite et au rang réel des fonctionnaires auxquels on l'appliquait.

Voici les programmes des examens nouvellement institués pour l'admission aux titres de stagiaire et de bibliothécaire; ils varient avec les départements:

DÉPARTEMENT DES IMPRIMÉS.

I. Candidats au titre de stagiaire.

1o Cataloguer une vingtaine d'ouvrages ou pièces, parmi lesquels des incunables, des livres imprimés en grec, en latin, et dans les principales langues européennes, notamment en allemand;

2o Dégager des titres de ces ouvrages les mots caractéristiques qui peuvent entrer dans un répertoire alphabétique par noms de matières. Ce répertoire sera établi d'après les principes suivis pour la table par noms de matières des ouvrages portés au Bulletin des publications françaises que la Bibliothèque fait imprimer chaque mois. Tous les noms à mettre en rubrique seront ramenés aux formes françaises;

3o Analyser une préface écrite en latin ou dans une langue étrangère vivante, pour rendre un compte sommaire des circonstances indiquées dans cette préface sur la composition et la publication de l'ouvrage;

4o Répondre par écrit à des questions posées sur le plan et l'usage des principaux ouvrages de bibliographie ancienne et moderne, française et étrangère.

II. Au titre de sous-bibliothécaire.

1o Cataloguer une dizaine d'ouvrages ou de pièces parmi lesquels des incunables, des livres imprimés en grec, en latin, et dans les principales langues européennes, notamment en allemand. Indiquer la division bibliographique à laquelle chacun de ces articles doit être rattaché, suivant les usages admis à la Bibliothèque;

2o Trouver à l'aide des bibliographies et des différents répertoires du département des imprimés une dizaine d'ouvrages demandés d'une façon plus ou moins régulière par des lecteurs fréquentant la salle de travail;

3o Répondre par écrit à des questions posées pour s'assurer que le candidat connaît les systèmes de classement employés à la Bibliothèque nationale, qu'il est familier avec les principaux ouvrages bibliographiques, qu'il a des notions sur l'histoire de l'Imprimerie, qu'il sait apprécier les particularités importantes à remarquer dans un livre (condition exceptionnelle des exemplaires, reliure, ex libris, annotations manuscrites).

DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS.

I. Candidats au titre de stagiaire.

1o Copier quelques textes manuscrits;

2o Rédiger la notice de quatre ou cinq manuscrits;

3o Répondre à des questions de chronologie et de diplomatique;

4o Résumer une notice ou dissertation écrite en latin ou dans une langue vivante étrangère et portant sur un point de paléographie ou d'histoire littéraire.

II. Au titre de sous-bibliothécaire.

1o Rédiger la notice de quatre ou cinq manuscrits;

2o Répondre par écrit à des questions posées sur des points de paléographie, de bibliographie des manuscrits et d'histoire des bibliothèques;

3o Montrer qu'on est familier avec les systèmes de classement et les catalogues employés à la Bibliothèque depuis le XVIIe siècle et dans les principaux établissements dont la Bibliothèque a recueilli les manuscrits.

DÉPARTEMENT DES ESTAMPES.

I. Candidats au titre de stagiaire.

1o Répondre à des questions élémentaires sur l'histoire des arts et des artistes depuis le XVe siècle;

2o Justifier de connaissances élémentaires sur les divers procédés de reproduction, tels que gravure, lithographie, photographie, etc.;

3o Expliquer succinctement le sujet et les légendes de quelques gravures.

II. Au titre de sous-bibliothécaire.

1o Décrire une ou plusieurs gravures anciennes;

2o Répondre à des questions dont la solution suppose la connaissance des ouvrages relatifs à l'histoire des arts en général et à celle de la gravure en particulier, à l'œuvre des principaux maîtres, à la composition des plus célèbres collections publiques;

3o Montrer qu'on est familier avec les systèmes de classement suivis au département des estampes et qu'on est en état d'y faire les communications habituellement demandées par le public.

DÉPARTEMENT DES MÉDAILLES ET ANTIQUES.

I. Candidats au titre de stagiaire.

1o Répondre à des questions de mythologie, d'histoire et de géographie, ancienne et moderne;

2o Justifier de connaissances élémentaires sur l'épigraphie, la numismatique et l'archéologie;

3o Analyser un mémoire numismatique publié en latin ou dans une langue étrangère vivante.

II. Au titre de sous-bibliothécaire.

1o Déchiffrer quelques monnaies et quelques inscriptions;

2o Montrer qu'on est familier avec la bibliographie numismatique et avec les systèmes de classement suivis à la Bibliothèque, de façon à pouvoir y faire les communications habituellement demandées par le public (Bull. du min. I. P., 1885, no 669).

[228] Règl. int., art. 37.

[229] Déc. du 21 avril 1875, art. 4.

[230] Tableaux respectifs du personnel des deux établissements:

Bibliothèque nationale.     Administration Imprimés Section de géographie Manuscrits Médailles Estampes Total
Administrat. général 1           1
Secrétaire-trésorier 1           1
Conservateurs   1   1 1 1 4
Conservat. adjoints   3 1 1 1 1 7
Bibliothécaires   10 2 4   1 17
Sous-bibliothécaires 4 17   2 2 3 28
Stagiaires   4         4
Commis   19 1 1 1   22
Total[B] 6 54 4 9 5 6 84

[B] A ce total on peut ajouter 9 attachés au bureau du catalogue, non commissionnés et payés à la séance. — Les hommes et femmes de service sont au nombre de 50, les ouvriers et ouvrières au nombre de 17.

 
British Muséum.     Administration Imprimés Section de géographie Manuscrits Médailles Estampes Total
Principal librarian 1           1
Secretary 1           1
Treasury 1           1
Keepers   1 1 2 1 1 6
Assistant keepers   4   1 1   6
Assistants[C] 9 35 2 10 3 2 61
Attendants 1 82 3 12   3 101
Total 13 122 6 25 5 6 177

[C] Les assistants se divisent en senior assistants et junior assistants.

La comparaison des traitements n'est pas moins intéressante. Bibliothèque nationale: Administrateur général, 15,000 fr.; conservateurs, 10,000; conservateurs-adjoints, 7,000; bibliothécaires, 3,600 à 6,000 (1re cl. 6,000; 2e cl., 5,500; 3e cl., 5,000; 4e cl., 4,500; 5e cl., 4,000; 6e cl., 3,600); sous-bibliothécaires, 2,400 à 3,300 (1re cl., 3,300; 2e cl., 3,000; 3e cl., 2,700; 4e cl., 2,400); stagiaires, 1,800; commis, 1,500 à 2,400.

British Muséum: Principal librarian, 30,000 fr.; keepers, 18,750 fr., assistant keepers, 12,500 à 15,000; senior assistants, 6,250 à 11,250; junior assistants, 3,750 à 10,250; attendants (répartis en deux classes), 1,500 à 3,000.

[231] Un arrêté du 14 avril 1885, donnant satisfaction à un désir souvent exprimé, a décidé que la Bibliothèque serait ouverte jusqu'à 6 heures du soir, du 1er mai au 15 septembre.

[232] Traitements des gagistes: chef du service, 1,500 à 1,800 fr.; hommes de service de 1re classe, 1,300 à 1,400; de 2e classe, 1,100 à 1,200; concierges-femmes et femmes de service, 500 à 600 francs.

[233] Déc. du 6 décembre 1863.

[234] Le crédit des acquisitions seules, en 1885, est de 181,200 francs ainsi répartis: Imprimés, 86,200 fr.; Manuscrits, 28,500; Médailles, 40,500; Estampes, 26,000; ces chiffres sont susceptibles de varier chaque année suivant les besoins des départements. «Dans les ventes publiques, écrivait le ministre en 1860 (Rapp. à l'Emper., du 31 mars 1860), la Bibliothèque ne peut soutenir le concours des enchères et se retire impuissante des luttes que sa pauvreté semble lui interdire désormais. Il lui faut renoncer à acquérir les plus indispensables compléments de ses collections. Lorsqu'elle a épuisé sa maigre allocation, elle a beau désirer ce qui lui manque en livres anciens, manuscrits précieux, médailles rares, ouvrages nouveaux publiés à l'étranger, l'opulence des particuliers ou la libéralité des autres gouvernements écrasent ses tentatives d'acquisition et elle laisse, avec un amer regret, échapper ce qui devrait appartenir à sa renommée et à sa supériorité.» Depuis, il est vrai, l'allocation a été doublée, mais le développement énorme de la production littéraire à l'étranger, l'élévation progressive des prix des publications nouvelles et de ceux atteints dans les ventes publiques ont empêché que l'amélioration apparente donnât des résultats sérieux. «Il est impossible avec le crédit actuel, écrivait le ministre en 1883, de placer dans notre grand établissement scientifique les livres rares indispensables à sa mission, tels que les séries d'incunables, de romans gothiques et d'éditions originales. Les fonds alloués sont absorbés très légitimement par les achats des publications nouvelles, etc.» La situation n'a donc pas changé. Alors que notre Bibliothèque nationale reçoit pour ses acquisitions et reliures une somme totale de 230,000 fr., le British Muséum, qu'il faut encore citer en exemple, toucha, pour ce double objet, un crédit de 655,000 fr., sans parler des subventions exceptionnelles qui lui sont assez fréquemment accordées (Proj. de budg. de 1883, p. 1604). Depuis lors, les crédits, loin d'être relevés, ont subi une légère réduction. — D'après les documents contenus dans le rapport de M. L. Delisle, du 3 juin 1885, le chiffre total des acquisitions, de 1847 à 1884, s'élève à 63,800 articles: soit, de 1847 à 1870, une moyenne de 1,215 par an; de 1876 à 1883, une moyenne de 3,630; et, en 1884, 5,609 (Bull. des bibl. et arch., 1885, p. 27). Ces accroissements portent à peu près uniquement sur des publications modernes.

[235] De 1810 à 1884, la Bibliothèque a reçu par la voie du dépôt légal 1,656,921 articles: de 1810 à 1829, 139,889, en moyenne 6,994 par an; de 1830 à 1847, 393,613, en moyenne 21,867; de 1848 à 1870, 654,971 (dont 294,234 provenant de Paris et 360,737 des départements), en moyenne 28,477; de 1871 à 1884, 468,448 (dont 138,645 provenant de Paris, 329,803 des départements), en moyenne 33,460; ce chiffre est considérablement dépassé depuis trois ans.

[236] D'après le rapport précité de M. Delisle, le total des dons reçus de 1847 à 1884 est de 38,513: soit, de 1847 à 1870, une moyenne annuelle de 449 articles; de 1876 à 1883, une moyenne de 2,474; en 1884, 4,049. Il s'agit ici d'ouvrages distincts et non des volumes. Dans les 3,031 articles donnés en 1883, figurait une collection de près de 2,000 ouvrages principalement consacrés à l'esclavage et offerts par M. Schœlcher (Ibid., 1884 et 1885, p. 23).

[237] Ord. des 3 décembre 1830, 30 août 1831, 26 février et 2 juillet 1838, 6 juillet 1846; Déc. des 16 août 1851, 30 novembre 1862, 6 décembre 1863, 20 août 1865, 30 octobre 1879, etc.

[238] Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale, 1867-1879; 4 vol. in-4o dont un de pl.

[239] Les reliures se décomposent ainsi au budget des dépenses de 1885: pour les imprimés, y compris la section géographique, 31,300 fr.; pour les manuscrits, 12,000; pour les estampes, 5,500; total 48,800 fr. Il y faut joindre les frais de personnel et de matériel: pour l'atelier de reliure, 23,900 fr.; pour l'atelier de collage, 4,200 fr. — Les traitements du personnel des ateliers ont été fixés par le décret du 17 juin 1885: chef, 1,800 à 2,200 fr.; relieurs, 1,300 à 2,000; relieuses, 800 à 1,200; colleurs de l'atelier d'estampes, 1,100 à 1,600 fr.

[240] L. Delisle, Rapp. préc., p. 28.

[241] Voici ce cadre avec l'indication des ouvrages contenus dans chaque série et de la longueur de tablettes qu'ils occupent sur les rayons, soit du fonds ordinaire soit de la Réserve. Il est à noter que les chiffres des cotes n'ont pas tous la même signification. Tantôt, et c'est le cas des divisions récemment inventoriées, l'unité représente un volume ou une pièce susceptible d'être reliée isolément; tantôt l'unité répond à un ouvrage, quel que soit le nombre des volumes (ainsi dans les divisions de la théologie et du droit canonique inventoriées avant 1876); ailleurs enfin, dans les divisions cataloguées et classées méthodiquement, l'unité comprend toutes les éditions d'un même ouvrage: on l'appelle alors cote principale. Pour connaître approximativement le nombre des volumes, il faut majorer le chiffre des cotes dans des proportions très variables. Nous citons, à la suite de la colonne des cotes employées, le total obtenu par la majoration que propose M. L. Delisle. On conçoit tout ce qu'une telle évaluation a de relatif. Quoiqu'elle produise un total de 1,923,562 volumes, M. Delisle estime que ce chiffre peut, sans exagération, être porté à 2,200,000.

Lettres des séries. CADRE DE CLASSEMENT
de la Bibliothèque nationale.
COTES
employées.
ÉVALUATION
en volumes.
LONGUEUR
des tablettes.
Fonds ordinaire. Réserve.
  THÉOLOGIE.     m m
A Écriture sainte 17,088 22,784 626 121
B Liturgie et Conciles 26,083 34,777 682 72
C Pères de l'Église 4,585 6,113 189 74
D Théologie catholique 68,741 91,654 3,679 190
D2 Théologie non catholique 15,704 20,938 317 12
  Total des divisions de la Théologie 132,201 176,266 5,493 469
  JURISPRUDENCE.        
E Droit canonique 8,129 10,832 207 33
*E Droit de la nature et des gens 6,723 6,842 185 14
F Droit civil 117,381 120,135 1,571 69
  Total des divisions de la Jurisprudence 132,233 137,809 1,963 116
  HISTOIRE.        
G Géographie et Histoire générale 35,941 36,974 911 80
H Histoire ecclésiastique 31,977 32,450 658 62
J Histoire ancienne (Grecs, Byzantins, Turcs, Romains, Antiquités) 27,910 28,505 583 84
K Histoire d'Italie 16,713 17,212 395 24
L Histoire de France 242,082 363,123 3,962 293
M Histoire d'Allemagne, des Pays-Bas, des pays du nord et de l'est de l'Europe 45,261 46,894 1,080 26
N Histoire de la Grande-Bretagne 12,957 19,435 650 27
O Histoire d'Espagne et de Portugal (Espagne, 5,547; Portugal, 1,317) 6,864 10,296 220 18
O2 Histoire d'Asie 5,810 8,715 207 15
O3 Histoire d'Afrique 2,756 4,134 68 4
P Histoire d'Amérique 6,469 9,703 336 3
P2 Histoire d'Océanie 270 405 11 »
Q Bibliographie 39,049 39,461 663 35
  Total des divisions de l'Histoire 474,079 617,307 9,744 671
R Sciences philosophiques, politiques, économiques, morales et physiques 81,230 84,792 1,620 77
S Sciences naturelles 59,456 61,196 1,179 41
T Sciences médicales (y compris environ 25,000 thèses) 51,173 93,230 1,456 38
V Mathématiques, sciences et arts 115,200 119,009 2,028 67
Vm Musique 18,828 204,000 631 11
  Total des divisions des Sciences et arts 325,887 562,227 6,914 234
X Linguistique et rhétorique 48,781 50,467 887 86
Y Poésie et théâtre 158,208 158,908 1,542 279
Y2 Romans 95,327 100,232 1,777 74
Z Polygraphie et collections diverses 90,353 120,346 2,025 343
  Total des divisions des Belles-lettres et de la Polygraphie 392,669 429,953 6,231 782
  Total général 1457,069 1923,562 30,345 2,252

«Sur ces 30 divisions, il y en a 8 dont les livres ont été classés méthodiquement dans les trente dernières années, sans qu'il soit resté trace des rangements antérieurs. Ce sont les divisions L, N, O, O2, O3, P, P2 et T. Chacune de ces divisions comporte un nombre plus ou moins considérable de subdivisions, à la fin de chacune desquelles trouvent place les livres de même nature dont s'enrichit la Bibliothèque. (Ainsi l'histoire de France, L, forme 15 chapitres subdivisés en 892 sections; les chapitres sont désignés par des sous-lettres La, Lb, etc., que l'on surcharge de chiffres pour indiquer les sections: La1 — La16, Lb1 — Lb57, etc.)

«Dans les 22 autres divisions il faut distinguer trois fonds: 1o l'ancien fonds ou fonds porté, comprenant les livres portés sur les anciens catalogues méthodiques; ces livres sont cotés et rangés suivant l'ordre de ces catalogues; 2o le fonds intermédiaire ou fonds non porté, comprenant les livres qui ne figurent pas aux anciens catalogues et qui sont rangés suivant l'ordre alphabétique des noms d'auteurs ou, pour les ouvrages anonymes, suivant l'ordre alphabétique des premiers mots des titres; 3o le fonds nouveau, où, depuis un certain nombre d'années, généralement depuis 1876, viennent se placer, suivant l'ordre d'arrivée, les volumes qui entrent journellement à la Bibliothèque.

«L'ancien fonds des divisions A, B, C, D, D2, E, *E, X, Y, Y2 et Z est coté et rangé suivant l'ordre de classement employé dans les volumes du catalogue imprimé au XVIIIe siècle et dans les suppléments manuscrits de ce catalogue.

«L'ancien fonds des divisions F, G, H, J, K, M, Q, R, S et V est coté et rangé suivant l'ordre du catalogue dressé par Clément à partir de l'année 1688 et continué par différents bibliothécaires du XVIIIe et du XIXe siècle.

«Le fonds intermédiaire a reçu, dans l'ordre alphabétique indiqué ci-dessus, la plupart des livres entrés à la Bibliothèque depuis la Révolution jusqu'en 1860 ou environ pour les divisions A, B, C, D, D2, et E, — jusqu'en 1875 inclusivement pour les divisions *E, F, G, H, J, K, M, Q, R, S, V, X, Y2 et Z, — jusqu'en 1881 inclusivement pour la division Y.

«Les volumes et les pièces du fonds ancien et du fonds intermédiaire, dans les divisions A, B, C, D, D2, E, *E, G, J (en partie), K, V (en partie) et X (en partie), ont été soumis à un nouveau numérotage, qui repose uniquement sur l'ordre dans lequel les volumes et les pièces se trouvaient sur les rayons au moment où l'opération a été entreprise. Ce nouveau système de cotes n'a apporté aucun trouble à l'état antérieur, et l'on peut, aujourd'hui comme par le passé, trouver un article désigné par la cote ancienne ou faire une recherche en s'aidant du rangement méthodique des anciens fonds et du rangement alphabétique des fonds intermédiaires.

«Pour les divisions A, B, C, D, D2 et E, les volumes et les pièces du nouveau fonds ont pu être englobés dans la même série numérique que les volumes et les pièces du fonds ancien et du fonds intermédiaire. Dans les autres divisions, où le numérotage du fonds ancien et du fonds intermédiaire n'était pas arrêté, il a fallu ouvrir des séries distinctes pour les volumes et les pièces du fonds nouveau.

«Dans chacune des grandes divisions, on a mis à part les articles qui, en raison de l'ancienneté, de la beauté ou de la rareté des éditions, de la condition des exemplaires, du luxe ou de l'élégance des reliures, de la célébrité des anciens possesseurs et de la valeur des annotations manuscrites, demandent des soins plus délicats et ne sauraient être communiqués sans des précautions particulières. C'est ce qui constitue la Réserve: les volumes de la Réserve portent pour signe caractéristique une lettre de classement dont les traits sont à jour, tandis que, sur les autres volumes, les traits de la même lettre sont pleins. Les cotes des livres de la Réserve ne forment pas des séries distinctes dans les divisions récemment soumises à un classement méthodique (L, N, O, O2, O3, P, P2 et T), ni dans les divisions A-E. Il en est ou il en sera autrement dans les divisions *E, F, G, H, J, K, M, Q, R, S, V, X, Y, Y2 et Z.»

[242] Report of the commissioners appointed to enquire into the constitution and government of the British Museum; London, 1850.

[243] Le British Muséum a commencé, en 1875, l'impression de son catalogue. A la fin de l'année dernière, 74 volumes avaient paru, dont 30 dans la seule année 1884. L'ouvrage est mis en vente; tout souscripteur d'une somme annuelle de 3 liv. 10 sh. (88 francs) a droit à ce qui paraît dans l'année. Les exemplaires livrés au commerce sont sur deux colonnes, mais ceux destinés au service sont imprimés d'un seul côté sur des bandes de papier que l'on colle sur des feuilles de papier fort parchemin, reliées à leur tour en volumes. On obtient ainsi de larges marges pour les insertions postérieures. De plus, les volumes ont été pourvus d'onglets permettant de les interfolier. Par ces précautions on s'est réservé assez de place pour ajouter dix-huit millions de titres, c'est-à-dire pour suffire aux besoins de deux ou trois siècles! — En outre, pour la commodité du public, on a tiré à part et mis en vente à bas prix certains articles tels que Amérique, Byron, Virgile, etc., qui forment des bibliographies très utiles aux travailleurs (La Bibliophilie, 1885, p. 550).

[244] Voir son rapport au ministre, en date du 25 août 1852, inséré au Moniteur.

[245] Le tome XI a paru en 1879.

[246] Cat. des livr. impr. sur vélin de la Biblioth. du roi, 1822-23, 6 tom. en 5 vol. in-8o.

[247] Téchener, 1878, in-8o.

[248] Voir, pour plus de détails sur ce sujet, les recommandations officielles adressées aux bibliothécaires, no 438 note 619. — M. Omont a fait, cette année même, à la Bibliothèque nationale, une série de conférences pratiques sur la rédaction des catalogues de manuscrits.

[249] Catalogus codicum manuscriptorum Bibliothecæ regiæ, 4 vol. in-fol.

[250] Entre ces travaux contemporains et celui de 1740, avaient paru: un Catalogue des manuscrits sanskrits de la Bibliothèque du roi, par Hamilton et Langlès (1807, in-8o); un Mémoire sur les livres chinois de la Biblioth. du roi, par Abel Rémusat (1818, in-8o); et A catalogue of the ethiopic biblical manuscripts in the royal Library of Paris, by Thomas Pell Plat, (London, 1823, in-4o), publications auxquelles l'administration était demeurée étrangère.

[251] M. Henri Omont vient de publier l'Inventaire-sommaire des manuscrits du supplément grec (1883, in-8o). En même temps, M. Henri Bordier a commencé de faire paraître la Description des peintures et ornements contenus dans les manuscrits grecs de la Bibliothèque nationale [au nombre de 1,540 (1883, in-4o)], travail actuellement terminé. — Cf. le rapport de M. Omont à l'administrateur général, de novembre 1883, duquel il ressort que le fonds grec comprend 4,589 volumes en 4,527 numéros [ancien fonds 3,117 numéros; fonds Coislin, 400; supplément, 1010 (aujourd'hui 1,044)]. Les autres bibliothèques de Paris ne possèdent ensemble que 54 manuscrits grecs, et celles des départements, que 88.

[252] Exemples: Catalogue du Saint-Germain français; 1009, Recueil de plusieurs pièces d'État et autres matières de remarque; 1580, Collection de divers sujets d'histoire et de dévotion, prose et vers. (Ce dernier n'est autre qu'une Crónica de España desde la guerra de Grenada hasta el año de 1538, par Sancho Cota, chronique entremêlée de pièces de vers en l'honneur des princes et princesses d'Espagne.) Voir le rapport de M. Taschereau, du 25 décembre 1854 (Bull. du min. de l'instr. publ., 1855, p. 12-20). Cf. L. Delisle, Le Cab. des mss., t. II, p. 319 et suiv.

[253] Les raisons en sont exposées dans le rapport de M. Taschereau, du 27 juin 1868, placé en tête du tome Ier du Catalogue des manuscrits français.

[254] Invent. génér. et méthod. des mss. franç. de la Biblioth. nat., 1876-78, 2 vol. in-8o.

[255] Les numéros 1-1,450 furent réservés au moyen format (0,27 à 0,37 cent.); 1,451 à 1,500, au très grand format (plus de 0,50 cent.); 1,501-2,000 et 4,001-5,000, au petit format (moins de 0,27 cent.); 2,001-4,000, au grand format (de 0,37 à 0,50 cent.).

[256] Manoscritti italiani della regia Bibliotheca parigina, ecc., descritti ed illustrati; 2 vol. in-4o. — Catalogo razonado de los manuscritos españoles esistentes en la Bibliotheca real de Paris; in-4o. — Invent. des mss. italiens de la Bibl. nat. qui ne figurent pas dans le catalogue de Marsand, par M. G. Raynaud, 1882, in-8o. — Catal. des mss. anglais de la Biblioth. nat., par le même; 1883, in-8o. — Catal. des mss. espagnols de la Bibl. nat., par M. Morel-Fatio; in-4o. — Les mss. slaves de la Bibliothèque impériale, par le P. Martinof; 1858, in-8o.

[257] Moins 40, perdus ou volés antérieurement à 1848.

[258] On réserva au petit format les numéros 1-1,000; les numéros 1,001-2,000 au moyen format; 2,001-2,500 au grand format; 2,501 et suiv. au très grand format.

[259] Il a également publié la Bibliotheca Bigotiana manuscripta, catalogue annoté des manuscrits rassemblés au XVIIe siècle par les Bigot, aujourd'hui conservés à la Bibliothèque nationale (Rouen, in-4o), l'Inventaire des manuscrits du fonds de Cluny (1884, in-8o), et Les Collections de Bastard d'Estang à la Bibliothèque nationale, catalogue analytique (1885, in-8o). — Les Manuscrits français de la Bibliothèque du roi, leur histoire, etc., avaient encore, de 1836 à 1848, fait l'objet d'une importante publication de M. Paulin Paris, restée inachevée; 7 volumes ont paru, contenant la description d'environ 1,000 manuscrits français et d'un certain nombre de manuscrits en langues étrangères.

[260] Journ. off. du 26 juillet 1874.

[261] Ces chiffres, empruntés à l'Inventaire de M. Delisle, indiquent l'état du département au 1er mai 1876. Les acquisitions ultérieures ne les ont pas très sensiblement modifiés. — Cf. L. Delisle, op. cit., t. II, p. 334.

[262] Leipzig, 1771, in-8o.

[263] «L'A fut affecté aux reproductions, à l'état de recueils des tableaux, des dessins ou des morceaux de sculpture conservés dans les galeries publiques ou particulières. Le B et les deux lettres suivantes devinrent la marque des volumes renfermant chacun l'œuvre personnel d'un peintre, placé à son rang chronologique dans l'école à laquelle il appartient. L'E fut consacré aux œuvres des graveurs, et ainsi de suite pour tout ce qui tient aux beaux-arts proprement dits. Les autres lettres de l'alphabet — sauf la lettre H consacrée à l'architecture — servirent, dans leur ordre successif, à désigner les différentes matières ou, si l'on veut, les différents groupes de documents sur des sujets intéressant l'histoire sacrée ou profane, les sciences naturelles ou mathématiques, les variations des mœurs ou les conditions physiques des pays, — depuis le G qui comprend les pièces relatives à l'antiquité, jusqu'au V et à l'X, auxquels se rattachent les suites topographiques et les atlas de géographie. Enfin, sous une dernière lettre, l'Y, sont rangés tous les livres concernant la théorie ou l'histoire de l'art, la biographie des artistes ou la nomenclature de leurs travaux, ainsi que les catalogues des principales ventes de tableaux ou d'estampes ayant eu lieu dans le XVIIe siècle.» (Delaborde, Le Départ. des est., p. 124.)

[264] Delaborde, p. 153. — On a adopté pour les recueils factices un système de reliure mobile qui se prête à toutes les intercalations de pièces. (Ibid., p. 158.)

[265] Rapp. de la commission au ministre, du 27 mars 1858. (Bull. du min. I. P., 1858, p. 164.)

[266] Bull. du min. I. P., 1875, p. 814.

[267] Les monuments égyptiens de la Bibliothèque nationale; 1879, in-4o.

[268] Déc. du 21 avril 1875, art. 4. — Avant cette époque, la Bibliothèque était fermée durant la quinzaine de Pâques, au préjudice des professeurs de Paris et des départements, qui ne pouvaient mettre à profit leurs vacances de Pâques pour y venir travailler.

[269] Cf. Ord. du 22 novembre 1830, art. 1er. — Depuis les récents perfectionnements apportés à l'éclairage par la lumière électrique, le public a plusieurs fois réclamé l'ouverture de séances du soir. S'il semble assez facile d'éclairer sans danger une salle de travail, il n'en est pas de même des dépôts des livres. La question, mise à l'étude, n'a pu recevoir encore une solution satisfaisante.

[270] On y entre par la rue Colbert, d'où elle a pris le nom de Salle Colbert, et elle est ouverte même le dimanche. Le nombre des lecteurs qui, en 1869, était de 34,472, s'est élevé, en 1884, à 59,131 auxquels ont été communiqués 93,782 volumes. — Cf. les rapports de M. Chéron bibliothécaire. (Journ. off. du 21 février 1876; Bull. min. I. P., 1877, p. 396; Bull. des bibl. et arch., 1885, p. 29.)

[271] La même facilité est offerte aux travailleurs du département des manuscrits.

[272] La publication des manuscrits est soumise aux mêmes formalités dans toutes les bibliothèques publiques.

[273] Les hommes de service du département des médailles ne vaquent eux-mêmes à leurs travaux qu'en présence d'un fonctionnaire du cabinet.

[274] Arr. min. du 7 février 1877.

[275] L'arrêté précité du 1er juin 1877 a institué près le ministère un laboratoire central de photographie, destiné:

1o A conserver les clichés des reproductions;

2o A exécuter les travaux photographiques ordonnés par l'administration, tels que les reproductions faites par l'État pour les villes de province ou de l'étranger qui, à titre gratuit, onéreux, ou par réciprocité, demandent à faire photographier des objets de nos établissements; les planches faites pour les publications du ministère (Documents inédits, Revue des sociétés savantes, Archives des missions), etc.;

3o A exercer aux opérations photographiques les personnes désignées par le ministre pour remplir des missions scientifiques;

4o A vérifier avant le départ l'état des appareils et des produits emportés par ces missionnaires.

[276] Journ. off. du 26 janvier 1872.

[277] Le catalogue raisonné des objets exposés par les départements des imprimés, des manuscrits et des estampes, a été publié par les soins de l'administration (1881, in-8o).

[278] L. 11 frimaire an VII (1er décembre 1798), art. 2.

[279] Voir, pour la proportion adoptée en 1885, les nos 133 et 140, notes 234 et 239.

[280] Histoire de la Bibliothèque Mazarine par Alfr. Franklin, 1860, in-8o. — Cf. du même, les Anciennes bibliothèques de Paris, t. III, p. 37-160.

[281] Voir, sur la vente de cette bibliothèque, outre l'ouvrage précité de M. A. Franklin, deux articles de M. Kaulek, dans le Bulletin de la Société de l'histoire de Paris, nos de sept.-oct. 1881 et de mai-juin 1882.

[282] Arr. du Conseil du 25 juin 1668.

[283] Les bâtiments du collège furent achevés en 1674, mais l'ouverture des classes ne se fit qu'en 1688, quatre ans après la translation du corps de Mazarin, demeuré jusque-là dans l'église du château de Vincennes. L'inventaire avait été dressé en quatre volumes in-folio et parafé par Piques, depuis bibliothécaire, le 9 décembre 1690.

[284] Franklin, loc. cit.

[285] Arr. min. I. P., du 1er février 1865 et du 22 avril 1880.

[286] Arr. min. du 16 juillet 1872, qui a fixé définitivement les dates des vacances des bibliothèques Mazarine, Sainte-Geneviève et de l'Arsenal. Jusque-là, ces dates étaient déterminées par des arrêtés annuels. — Cf. arr. min. du 21 mars 1882.

[287] Ord. du 26 décembre 1821.

[288] Ces manuscrits, cotés en 3,317 articles, se divisent en deux séries distinctes; la 1re} (n{os 1 à 1358) comprend les manuscrits anciens c'est-à-dire antérieurs à 1500; la 2e (nos 1359 à 3,288), les manuscrits plus récents; presque tous sont latins ou français.

[289] En y comprenant les gagistes, le traitement du personnel atteint 26,400 fr.; 8,800 fr. sont affectés aux achats et reliures, 7,400 aux dépenses de chauffage, matériel et entretien, ce qui porte à 42,600 fr. le total du budget de la bibliothèque Mazarine, en 1885 (46,600 en 1884).

[290] Bull. des bibl. et arch., 1884; rapp. de M. A. Franklin.

[291] Dispositions en vigueur pour toutes les bibliothèques publiques de l'État. — Cf. Déc. du 9 mars 1852, art. 1 et 3.

[292] Bull. des bibl. et archiv., 1884, p. 24. — On a reçu, en 1883, 12,206 lecteurs et communiqué 14,761 volumes. (Rapp. de l'admin.)

[293] Les numéros 1 à 10,000 sont affectés aux in-fol., 10,000 à 30,000 aux in-4o, 30,000 à 100,000 aux in-8o. Si une série est épuisée, on en recommence une nouvelle que l'on fait précéder d'une lettre: A10,001, A10,002, etc. — Les cartes sont de format in-4o et réunies dans une reliure mobile qui permet les intercalations illimitées.

[294] Tit. IV de l'arr. min. du 24 mars 1882. — Les représentants étrangers transmettent les demandes de leurs nationaux. (Voir no 180.)

[295] Ordre de service de l'administrateur, du 25 mars 1882.

[296] Arr. min. I. P. du 30 octobre 1879.

[297] Arr. min. I. P. du 25 juin 1881.

[298] En vertu de l'arrêté du 30 octobre 1879, les cartes, plans et dessins ont été versés à la Bibliothèque nationale.

[299] Celle qui fait l'objet du Catalogue Nyon, en 5 vol. in-8o.

[300] Les divers éléments dont elle se composait n'avaient pas été confondus. La bibliothèque de M. de Paulmy occupait l'ancienne galerie et le cabinet de Sully, la galerie de la chapelle et le salon des Célestins démolis en 1818. La bibliothèque La Vallière était presque tout entière dans la galerie neuve des Célestins construite en 1778 et démolie en 1832. Les pièces du grand bâtiment ayant vue sur la rivière renfermaient les bibliothèques de Versailles et du Temple et enfin, les pièces à gauche du grand escalier contenaient les 3,590 volumes achetés en 1789 à la vente du prince de Soubise. — Labiche, Not. sur les dép. litt., p. 27.

[301] Arr. du Directoire, du 9 ventôse an VI (27 mars 1798).

[302] Déc. min. du 18 septembre 1810. — Le tribunal de la Seine, la Cour des comptes et l'archevêché en avaient recueilli la plus belle part.

[303] Journ. off. du 25 juillet 1872.

[304] Journ. off. du 1er novembre 1880. Ce sont 40,000 à 50,000 numéros provenant de 679 journaux qu'il faut trier, classer et faire relier chaque année. — Voir au Bull. des bibl. et arch., 1884, p. 188-248, la liste des 1739 journaux et revues conservés à l'Arsenal; beaucoup ont été éphémères et sont devenus absolument introuvables ailleurs. — Cf. Ibid., 1885, p. 65-68, une liste supplémentaire de 84 autres périodiques révolutionnaires, récemment acquis.

[305] Ord. du 25 avril 1816.

[306] Ce règlement est à peu près identique à celui de la bibliothèque Mazarine que nous avons analysé (nos 203 et suiv.).

[307] Arr. min. du 16 juillet 1872 et du 24 mars 1882.

[308] Le budget de l'Arsenal, pour 1885, est de 55,814 francs: 36,700 pour le personnel; 15,200 pour les acquisitions, abonnements et reliures; 3,914 pour le chauffage et l'entretien.

[309] Cet arrêté attribua les médailles, dessins, manuscrits orientaux et livres chinois de l'Arsenal à la Bibliothèque nationale qui fut, de plus, autorisée à y prendre toutes les estampes et gravures et tous les états d'estampes et gravures qui manquaient à son cabinet.

[310] Rapp. de M. Éd. Thierry, admin. gén., du 30 décembre 1884. — Bull. des bibl. et arch., 1884, p. 174-184.

[311] Catalogus librorum mss. qui in bibliothecis Galliæ, Helvetiæ, etc. asservantur: Lipsiæ, 1828, in-4o.

[312] Le cabinet de la bibliothèque Sainte-Geneviève. — Paris, 1692, in-fol.

[313] Nicolas Clément en a publié le catalogue en un volume in-folio.

[314] Selon M. de Bougy (Histoire de la bibliothèque Sainte-Geneviève, p. 128), elle devait contenir 80,000 volumes et 2,000 ou 3,000 manuscrits. — Les scellés y furent apposés le 14 août 1792.

[315] Arr. du Direct., du 6 mai 1797.

[316] Déc. du 21 mars 1812.

[317] L. du 5 juillet 1843; Moniteur du 7 juin précédent. — Cf. Ord. du 21 septembre 1843.

[318] En vertu de l'ord. du 9 janvier 1828.

[319] Elle a fait l'objet d'un intéressant rapport de M. Mongin, sous-bibliothécaire. — Journ. off. des 16 et 17 septembre 1873.

[320] Voir, sur cette collection, le rapport de M. Chalamel, bibliothécaire chargé des estampes. (Bull. du min. I. P., 1874, p. 297-304.) — M. Guénebault a légué en même temps ses manuscrits à la bibliothèque des Beaux-Arts.

[321] Le budget qui, en 1793, était de 13,620 francs s'élève, pour 1886, à 116,000, ainsi répartis: personnel, 78,000; achats, abonnements, reliures, 16,440; chauffage, éclairage, etc., 22,746.

[322] Ord. des 22 novembre 1830 et 28 juillet 1838. — Au sujet de l'institution des séances du soir, voir au Moniteur les séances de la Chambre des pairs, des 3 et 7 juillet 1838. — Cf. Arr. min. du 16 juillet 1872 et du 24 mars 1882. — Un curieux arrêté du ministre de l'intérieur, en date du 1er avril 1806, interdisait d'admettre à la bibliothèque «aucun homme au-dessous de dix-huit ans, s'il n'était accompagné d'un homme plus âgé, directeur de ses études, ou s'il n'était porteur d'une carte d'entrée donnée par les conservateurs», carte qui n'était délivrée aux élèves des établissements publics que sur la demande de leurs directeurs.

[323] Le traitement de l'administrateur est de 6,000 francs; celui de l'administrateur-adjoint, de 4,000. Fonctionnaires et employés sont astreints à un service de trois séances par semaine. On a organisé, en outre, un système de séances supplémentaires et facultatives dont la rémunération varie suivant les grades et se règle par trimestres; système bizarre et peu digne du personnel, dont nous ne connaissons pas d'autre exemple. Il serait préférable, si les besoins l'exigent, d'imposer aux fonctionnaires un service de quatre séances par semaine et d'élever les traitements en conséquence.

[324] Cadre de classement.

Théologie  
  • A. Bible.
  • B. Explications de la Bible.
  • BB. Liturgie.
  • C. Conciles.
  • CC. Théologiens des douze premiers siècles ou Pères de l'Église.
  • D. Théologiens des six derniers siècles.
Jurisprudence  
  • E. Droit canon.
  • F. Droit civil (actes et traités, droit romain, droit étranger, droit français).
Les actes et traités sont marqués d'une astérisque (F*).
Histoire  
  • G. Préliminaires de l'histoire et appendices, géographie et voyages, chronologie, histoire universelle, généalogie, blason et dictionnaires historiques.
  • H. Histoire ecclésiastique.
  • I. Histoire ancienne, grecque, romaine, byzantine.
  • K. Histoire moderne de l'Italie (Savoie, Piémont, etc.).
  • L. Histoire de France.
  • M. Histoire d'Allemagne, Suisse, Belgique, Hollande.
  • N. Histoire du nord de l'Europe, Danemark, Suède, Norvège, Russie, etc.
  • O. Histoire d'Angleterre, Écosse, Irlande.
  • P. Histoire d'Espagne et Portugal.
  • PP. Histoire moderne d'Asie, d'Afrique, d'Amérique.
  • Q. Histoire littéraire.
Sciences et Arts  
  • R. Philosophie. Philosophie générale, idéologie, logique, métaphysique, psychologie, magie, sciences morales et politiques.
  • S. Histoire naturelle.
  • T. Médecine, chimie.
  • V. Mathématiques, arts.
Belles-lettres  
  • X. Grammaire et rhétorique.
  • Y. Poésie.
  • Z. Philologues et polygraphes.

Trois séries, trop considérables pour rester à leur division naturelle, ont fourni les appendices suivants:

  • ZZ. Antiquités (détachées de l'Histoire).
  • W. Gravures (détachées des Arts).
  • Bibliographie (détachée de l'Histoire littéraire et numérotée sans lettre).

[325] Le règlement intérieur de la bibliothèque Sainte-Geneviève a été arrêté le 24 mars 1882, comme ceux de la Mazarine et de l'Arsenal, dont il reproduit presque identiquement les dispositions (Voir nos 180 et suiv.)

[326] Arr. de la commission du pouvoir exécutif, du 30 mai 1848.

[327] Déc. du 27 mars 1852.

[328] Déc. du 26 septembre 1870.

[329] Voir au Journ. off. du 19 septembre 1873 un rapport de M. L. Larchey. — Cf. Arr. min. du 16 juillet 1873.

[330] Le budget des bibliothèques des palais nationaux a été ramené, pour 1885, de 33,900 à 25,100 francs, y compris le service de la bibliothèque musée d'Alger. Traitements: Fontainebleau, 3,000 fr.; Compiègne, 2,400; la bibliothèque-musée d'Alger absorbe 15,700 francs. — Le conservateur de la bibliothèque du château de Pau a été récemment admis à la retraite et n'a pas été remplacé. Le gouvernement a mis la bibliothèque à la disposition de la ville, à charge pour celle-ci d'en assurer le service comme par le passé. Ce soin a été confié au bibliothécaire de la bibliothèque municipale (Arr. min. du 25 février 1885).

[331] Arr. min. I. P., du 2 septembre 1873.


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