← Retour

Œuvres de P. Corneille, Tome 01

16px
100%

[460] Var. Un seul de ses regards l'étouffe et le dissipe,
Un seul de ses regards me séduit et me pipe. (1633-57)

[461] Var. Et d'un tel ascendant maîtrise ma raison
Que je chéris mon mal et fuis ma guérison. (1633)

[462] Var. N'est rien qu'un vent qui souffle et rallume ma flamme. (1633)
Var. N'est rien qu'un imposteur qui rallume ma flamme. (1644-57)
Var. N'est qu'un doux imposteur qui rallume ma flamme. (1660)

[463] Var. Et reculant toujours ce qu'il semble m'offrir. (1633-60)

[464] Var. Ne t'imagine pas que dessus ta parole. (1633-57)

[465] Var. Ses dédains sont cachés, encor que continus,
Et d'autant plus cruels que moins ils sont connus. (1633)
Var. Ses dédains sont cachés, bien que continuels,
Et moins ils sont connus, et plus ils sont cruels. (1644-57)

[466] Var. Puisqu'étant inconnus, on n'y peut compatir. (1660)

[467] Var. [Ne me fait pas trouver mon martyre plus doux:]
Sa hantise me perd, mon mal en devient pire,
Vu que loin d'obtenir le bonheur où j'aspire,
Parler de mariage à ce cœur de rocher. (1633-57)

[468] Var. Arrêtent en un lieu si peu considérable
D'une chaste moitié le choix invariable. (1633-60)

[469] Var. Tu serois incivil, la voyant chaque jour,
De ne lui tenir pas quelques propos d'amour. (1663 et 64)

[470] Var. Et ne lui tenir pas quelques propos d'amour. (1633-57 et 68)
Var. Et ne lui tenir pas quelque propos d'amour. (1660)

[471] Var. Où de meilleurs partis.... (1633-54)
Var. Où des meilleurs partis.... (1657)

[472] Var. D'avoir à prendre avis d'une sale[472-a] avarice;
Je ne sache point d'or capable de mes vœux
Que celui dont Nature a paré ses cheveux. (1633-57)

[472-a] L'édition de 1657 donne, par erreur sans doute, seule, au lieu de sale.

[473] Var. C'est là qu'un jeune oiseau doit s'apprendre à parler. (1633-57)

[474] Var. Il faut feindre du mal, demander guérison. (1633-64)

[475] Var. Passe pour des beautés qui soient dans le commun. (1633-60)

[476] Var. Que le souverain bien gît à la posséder. (1633-60)

[477] Var. Le jour qu'elle naquit, Vénus, quoiqu'immortelle. (1633-64)

[478] Var. Les Grâces au séjour qu'elles faisoient aux cieux
Préférèrent l'honneur d'accompagner ses yeux. (1633)
Var. Les Grâces aussitôt descendirent des cieux. (1644-57)

[479] Var. Voulut à tout le moins loger sur son visage.
Tirs.[479-a] Te voilà bien en train; si je veux t'écouter,
Sur ce même ton-là tu m'en vas bien conter.
[Pauvre amant, je te plains, qui ne sais pas encore.] (1633-57)

[479-a] Il y a Tirsis, au lieu de Tircis, dans toutes les éditions antérieures à 1660.

[480] Var. Tel au bout de ce temps la souhaite bien loin. (1633-57)

[481] Var. La beauté n'y sert plus que d'un fantasque soin. (1633-54)
Var. La beauté ne sert plus que d'un fantasque soin. (1657)

[482] Var. A troubler le repos de qui se formalise. (1633)
Var. A troubler le repos de qui se scandalise. (1644-57)

[483] Var. S'il advient qu'à ses yeux quelqu'un la galantise. (1633-57)

[484] Var. Ce n'est plus lors qu'un aide à faire un favori. (1633-60)

[485] Corneille ne distingue pas l'orthographe appât (appâts) et appas, dont nous faisons deux mots. Il écrit appas dans tous les sens, tant au singulier qu'au pluriel.

[486] Var. S'attacher pour jamais au côté[486-a] d'une femme. (1633-54)

[486-a] Dans l'édition de 1657: «aux côté d'une femme.» La faute est-elle à l'article ou au nom, et faut-il lire au côté ou aux côtés?

[487] Var. Quand leur nombre importun accable la maison. (1633-57)

[488] Var. C'est en vain que l'on fuit, tôt ou tard on s'y brûle. (1633-57)

[489] Var. Toi-même qui fais tant du cheval échappé. (1660-63)

[490] Var. Un jour nous te verrons songer au mariage. (1633-60)

[491]

Var. La beauté, les attraits, le port, la bonne mine,
Échauffent bien les draps, mais non pas la cuisine. (1633)

[492] Var. Pour quelques bonnes nuits, a bien de mauvais jours. (1633-57)

[493] Var. [Dessus des fondements de si peu de durée.]
C'est assez qu'une femme ait un peu d'entregent,
La laideur est trop belle étant teinte en argent. (1633)

[494] L'or même à la laideur donne un teint de beauté, a dit plus tard Boileau dans sa VIIIe satire.

[495] En marge, dans l'édition de 1633: Mélite paroît.

[496] Var. Tant de charmants appas, tant de divins attraits. (1633-57)

[497] Var. Que tu seras contraint d'avouer à ta honte,
Que si je suis un fou, je le suis à bon conte[497-a]. (1633)

[497-a] Conte, compte. C'est l'orthographe constante de Corneille (voyez p. 9, note 1). Nous la conservons à la rime.

[498] Var. Ne me saura tourner contre la vérité. (1633-57)

[499] Var. Au péril de vous faire une histoire importune,
Je viens vous raconter ma mauvaise fortune:
Ce jeune cavalier, autant qu'il m'est ami,
Autant est-il d'Amour implacable ennemi,
Et pour moi, qui depuis que je vous ai servie
Ne l'ai pas moins prisé qu'une seconde vie,
Jugez si nos esprits, se rapportant si peu,
Pouvoient tomber d'accord et parler de son feu.
[Je me suis donc piqué contre sa médisance.] (1633-57)

[500] Var. Entre nos deux esprits ait semé le discord. (1660-64)

[501] Var. Que les droits de l'amour, bien que pleins d'équité. (1633-57)

[502] Var. Et je l'amène à vous, n'ayant plus que répondre. (1633)

[503] Var. Et ne fait de l'amour une meilleure estime. (1633-57)

[504] Var. Ce reproche sans cause, inopiné, m'étonne. (1633-57)

[505] Peut-être Molière se rappelait-il ce passage lorsqu'il faisait dire à Agnès:

Mes yeux ont-ils du mal pour en donner au monde?
(L'École des Femmes, acte II, sc. VI.)

[506] Var. A pervertir son cours pour croître mon supplice. (1633-64)

[507] Var. D'ordinaire on n'a pas avec si bon visage. (1633-57)

[508] Var. Ni l'âme ni le cœur en un tel équipage. (1633)
Var. Ni l'âme ni le cœur en si triste équipage. (1644-57)

[509] Var. Votre divin aspect suspendant mes douleurs. (1633-60)

[510] Var. Et vous n'en conservez qu'à faute de vous voir. (1633-44 et 52-57)

[511] Var. Ce qu'Amour dans les cœurs peut lui seul imprimer. (1633-63)

[512] Var. Encor cette légère et foible connoissance. (1633-60)

[513] Var. Vous mettra hors de pair de toutes les beautés. (1657 et 60)

[514] Var. Mais plutôt son secours fait voir qu'il s'en défie. (1633-57)

[515] Les éditions de 1668 et de 1682 donnent d'avec. Nous n'avons pas hésité à y substituer avec, qui est la leçon de toutes les autres éditions.

[516] Var. J'ai reconnu mon tort auprès de vos appas. (1633)

[517] Var.Ainsi ma prophétie
Est, à ce que je vois, de tout point réussie.
TIRS. Si tu pouvois produire en elle un même effet. (1633-63)

[518] Var. Mais outre qu'il m'est doux de m'entendre flatter,
Ma mère qui m'attend m'oblige à vous quitter. (1633-57)

[519] Var. De qui seule dépend et mon aise et ma peine. (1633-57)

[520] Var. Mais ta muse du moins s'en lairra suborner;
N'est-il pas vrai, Tirsis, déjà tu la disposes
A de puissants efforts pour de si belles choses? (1663-57)

[521] Var. Garde aussi que tes feux n'outre-passent la rime. (1633-57)

[522] Var. Si jamais ce penser entre dans mon courage! (1633-57)

[523] Var. [Ton crime officieux porteroit son excuse;]
Mais n'importe, sachons. PHIL.Ton bel œil vainqueur. (1633-57)

[524] Var. Je recherche par où tu me pourras déplaire. (1633-57)

[525] Var. Mais je n'en puis trouver un seul qui ne me plaise.
CLOR. Et moi dans mes défauts encor suis-je bien aise
Qu'ainsi tes sens trompés te forcent désormais
A chérir ta Cloris et ne changer jamais. (1633-57)

[526] Var. De quoi rendre constant l'homme le plus volage. (1633-68)

[527] Var. Tu m'en vas tant conter de ma perfection,
Qu'à la fin j'en aurai trop de présomption.
PHIL. S'il est permis d'en prendre à l'égal du mérite,
Tu n'en saurois avoir qui ne soit trop petite.
CLOR. Mon mérite est si peu.... PHIL.Tout beau, mon cher souci;
C'est me désobliger que de parler ainsi[527-a].
Nous devons vivre ensemble avec plus de franchise:
Ce refus obstiné d'une louange acquise
M'accuseroit enfin de peu de jugement,
D'avoir tant pris de peine et souffert de tourment,
Pour qui ne valoit pas l'offre de mon service[527-b].
CLOR. A travers tes discours si remplis d'artifice
Je découvre le but de ton intention:
C'est que, te défiant de mon affection,
Tu la veux acquérir par une flatterie.
Philandre, ces propos sentent la moquerie. (1633-57)

[527-a] Vois que c'est m'offenser que de parler ainsi. (1648)

[527-b] Pour qui ne vaudroit pas l'offre de mon service. (1648)

[528] Var. Épargne-moi, de grâce, et songe, plus discret,
Qu'étant belle à tes yeux, plus outre je n'aspire. (1633-68)

[529] Var. Que tu sais dextrement adoucir mon martyre! (1633-63)

[530] Var. A peine mon esprit ose croire à mes sens. (1633-57)

[531] Var. On peut voir quelque chose aussi beau comme toi. (1633-64)

[532] Var. Que ceux qu'il a reçus de ton divin portrait. (1633-60)

[533] Var. Et qui tout aussitôt que tu te fais paroître,
Afin de te mieux voir se met à la fenêtre. (1648)

[534] Var. Dois-je prendre ceci pour de l'argent comptant?
Oui, Philandre, et mes yeux t'en vont montrer autant. (1633-57)

[535] Var. Nos brasiers tous pareils ont mêmes étincelles.(1633-64)

[536] Var. Cependant un baiser accordé par avance
Soulageroit beaucoup ma pénible souffrance.
CLOR. Prends-le sans demander, poltron, pour un baiser[536-a]
Crois-tu que ta Cloris te voulût refuser?

SCÈNE V.
TIRSIS, PHILANDRE, CLORIS.

TIRS.[536-b] Voilà traiter l'amour justement bouche à bouche;
C'est par où vous alliez commencer l'escarmouche?
Encore n'est-ce pas trop mal passé son temps.
[PHIL. Que t'en semble, Tirsis?] (1633-57)

[536-a] Le pourrai-je obtenir?
CLOR. Pour si peu qu'un baiser. (1644-57)

[536-b] En marge, dans l'édition de 1633: Il les surprend sur ce baiser.

[537] Var. Je pense ne pouvoir vous être qu'importun,
Vous feriez mieux un tiers que d'en accepter un. (1633)

[538] Var. [Te désoblige fort de ce qu'elle n'arrive.]
Cette légère amorce, irritant tes desirs,
Fait que l'illusion d'autres meilleurs plaisirs
Vient la nuit chatouiller ton espérance avide,
Mal satisfaite après de tant mâcher à vide.
[CLOR. Ta belle humeur te tient, mon frère.] (1633)

[539] Var. Le cœur t'en dit ailleurs. (1657 et 63-68)

[540] Var.Dis-le, je t'en conjure. (1633-57)
Var.Dis tôt, je t'en conjure. (1660)

[541] Var. Trouve encore après moi qui le puisse surprendre. (1657)

[542] Expression proverbiale, qui vient de ce que les duellistes ne gardaient que leur pourpoint lorsqu'ils se battaient. «Quelquefois même ils mettoient pourpoint bas, dit Furetière dans son Dictionnaire, pour montrer qu'ils se battoient sans supercherie.» Voyez la première variante de la page 195. [651]

[543] Var. Continuez les jeux que j'ai....
CLOR. Tout beau, gausseur,
Ne t'imagine point de contraindre une sœur,
N'importe qui l'éclaire en ces chastes caresses;
Et pour te faire voir des preuves plus expresses
Qu'elle ne craint en rien ta langue, ni tes yeux[543-a],
Philandre, d'un baiser scelle encor tes adieux.
PHIL. Ainsi vienne bientôt cette heureuse journée,
Qui nous donne le reste en faveur d'Hyménée.
TIRS. Sa nuit est bien plutôt ce que vous attendez,
Pour vous récompenser du temps que vous perdez[543-b]. (1633-57)

[543-a] Qu'elle ne craint ici ta langue, ni tes yeux. (1644-57)

[543-b] L'acte finit ici dans les éditions indiquées.

[544] Var. Retenant Cloris. (1660)

[545] Var. Je l'avois bien prévu que cette âme infidèle. (1633-57)

[546] Var. Même dès leur abord, je lus sur son visage. (1633-57)

[547] Var. [Me donna les avis de ce que j'ai perdu;]
Mais hélas! qui pourroit gauchir sa destinée[547-a]?
Son immuable loi dans le ciel burinée
Nous fait si bien courir après notre malheur,
Que j'ai donné moi-même accès à ce voleur:
Le perfide qu'il est me doit sa connoissance;
C'est moi qui l'ai conduit et mis en sa puissance;
C'est moi qui l'engageant à ce froid compliment,
Ai jeté de mes maux le premier fondement.
[Depuis, cette volage évite ma rencontre.] (1633-57)

[547-a] Mais il faut que chacun suive sa destinée. (1644-57)

[548] Var. Presques à tous moments le ramène en lui-même. (1633-68)

[549] Var. Que les moins avisés verroient ses passions. (1633-60)

[550] Var. Cependant chaque jour au babil attachés. (1633-57)
Var. Cependant chaque jour aux discours attachés. (1660-68)

[551] Var. Sus donc, perds tout respect et tout soin de lui plaire,
Et rends dessus le champ ta vengeance exemplaire.
Non, il vaut mieux s'en rire, et pour dernier effort. (1633-57)

[552] Var. De laisser perdre ainsi la belle occasion. (1648)

[553] Var. Vous savez que son âme en est trop dépourvue. (1657)

[554] Var. [Toutefois, ce dit-on, depuis qu'il vous a vue,]
Ses chemins par ici s'adressent tous les jours,
Et ses plus grands plaisirs ne sont qu'en vos discours.
MÉL. Et ce n'est pas aussi sans cause qu'il les prise,
Puisqu'outre que l'amour comme lui je méprise,
Sa froideur, que redouble un si lourd entretien. (1633-57)

[555] Var. Il ne tardera guère à changer de langage. (1633-57)

[556] Var. Vraiment, c'est bien à vous que j'en dois rendre conte[556-a].
ÉR. Aussi j'ai seulement pour vous un peu de honte. (1633-57)

[556-a] Voyez la note [497] relative à la première variante de la page 150.

[557] Var. Qu'on murmure partout du trop de privauté. (1633-60)

[558] Var. C'est là donc ce qu'enfin me gardoit ta malice. (1633-57)
Var. C'est là donc ce qu'enfin me gardoit mon caprice. (1660)

[559] Var. Tu me préfères donc un traître qui te flatte?
Inconstante beauté, lâche, perfide, ingrate,
De qui le choix brutal se porte au plus mal fait;
Tu l'estimes à faux, tu verras à l'effet,
Par le peu de rapport que nous avons ensemble,
Qu'un honnête homme et lui n'ont rien qui se ressemble
Que dis-je, tu verras? Il vaut autant que mort:
Ma valeur, mon dépit, ma flamme en sont d'accord.
Il suffit; les destins bandés à me déplaire
Ne l'arracheroient pas à ma juste colère.
Tu démordras, parjure, et ta déloyauté
Maudira mille fois sa fatale beauté.
Si tu peux te résoudre à mourir en brave homme,
Dès demain un cartel l'heure et le lieu te nomme.
Insensé que je suis! hélas, où me réduit
Ce mouvement bouillant dont l'ardeur me séduit?
Quel transport déréglé! Quelle étrange échappée!
Avec un affronteur mesurer mon épée!
C'est bien contre un brigand qu'il me faut hasarder,
Contre un traître qu'à peine on devroit regarder!
Lui faisant trop d'honneur, moi-même je m'abuse;
C'est contre lui qu'il faut n'employer que la ruse:
[Il fut toujours permis de tirer sa raison
D'une infidélité par une trahison.]
Vis doncques, déloyal, vis, mais en assurance
Que tout va désormais tromper ton espérance,
Que tes meilleurs amis s'armeront contre toi,
Et te rendront encor plus malheureux que moi.
J'en sais l'invention, qu'un voisin de Mélite
Exécutera trop aussitôt que prescrite.
Pour n'être qu'un maraud, il est assez subtil.

SCÈNE IV.
ÉRASTE, CLITON.

ÉR. Holà! hau! vieil ami. CLIT. Monsieur, que vous plaît-il?
ÉR. Me voudrois-tu servir en quelque bonne affaire?
CLIT. Dans un empêchement fort extraordinaire,
Je ne puis m'éloigner un seul moment d'ici.
ÉR. Va, tu n'y perdras rien, et d'avance voici
Une part des effets qui suivent mes paroles.
CLIT. Allons, malaisément gagne-t-on dix pistoles[559-a]! (1633-57)

[559-a] Après ce vers commence, sous le titre de scène V, notre scène IV, entre Tircis et Cloris.

[560] Ce mot est toujours écrit ainsi par Corneille, qui ne fait en cela que se conformer à l'usage général de son temps. Voyez le Lexique.

[561] Ce sonnet, composé, d'après Thomas Corneille, avant la comédie elle-même (voyez ci-dessus, p. 126), a été imprimé pour la première fois en 1632, à la page 147 des Meslanges poetiques qui suivent Clitandre. Ce texte primitif ne présente qu'une variante sans importance; le vers 487 commence ainsi:

Et quoiqu'elle ait, etc.

[562] Var. De la langue, des yeux, n'importe qui t'accuse. (1657 et 60)

[563] C'est-à-dire qui t'avait captivé. Franchise, dans le sens de liberté. Voyez le Lexique.

[564] Var. Dedans cette maîtresse aucun embrasement. (1633-60)

[565] Var. Qu'Éraste m'en retire et s'oppose à Mélite. (1633)

[566] Var. Mais ce n'est pas ainsi qu'on m'en baille à garder. (1633-57)

[567] Var. C'est seulement alors qu'il n'y a rien du nôtre[567-a]. (1657-63)

[567-a] Au sujet de cette leçon, qui figure, comme on le voit, dans plusieurs éditions, on lit dans les Fautes notables survenues pendant l'impression (édit. de 1663, tome I, p. LX): «Qu'il n'y a rien,» lisez: «qu'il n'y va rien.»

[568] Var. Un chacun à soi-même est son meilleur ami. (1633-57)

[569] Var. En dépit de tes feux n'emporte ta maîtresse. (1633)

[570] Var. Vaine frayeur pourtant dont je veux te guérir.
TIRS. M'en guérir!
CLOR. Laisse faire: Éraste sert Mélite,
Non pas? mais depuis quand[570-a]?
TIRS. Depuis qu'il la visite
Deux ans se sont passés. CLOR. Mais dedans ses discours
Parle-t-il d'épouser?TIRS. Oui, presque tous les jours.
CLOR. Donc, sans l'appréhender, poursuis ton[570-b] entreprise;
Avecque tout son bien Mélite le méprise.
[Puisqu'on voit sans effet deux ans d'affection]. (1633-57)
Var. Ce sont vaines frayeurs dont je te veux guérir. (1660)

[570-a] Mais sais-tu depuis quand? (1654)

[570-b] Son pour ton, dans l'édition de 1657, est évidemment une faute.

[571] Var. On prend au premier bond les hommes de sa sorte[571-a].
De crainte qu'à la longue ils n'éteignent leur feu[571-b].
TIRS. Mais il faut redouter une mère. CLOR. Aussi peu.
TIRS. Sa puissance pourtant sur elle est absolue.

[571-a] On prend au premier bond les hommes de la sorte. (1652-57)
On prend soudain au mot les hommes de la sorte. (1660)

[571-b] De peur qu'avec le temps ils n'éteignent leur feu. (1644-57)
CLOR. Oui, mais déjà l'affaire en seroit résolue,
Et ton rival auroit de quoi se contenter. (1633-57)

[572] Var. Pour de si bons avis il faut que je te baise. (1633)

[573] Var. Moi, je m'en vais dans le logis attendre. (1633-57)

[574] Var. Un baiser refusé lui fera souvenir. (1633-48)
Var. Un moment de froideur le fera souvenir. (1663 et 64)

[575] Var. Il baille une lettre à Cliton. (1633, en marge.)—Il lui donne une lettre. (1663, en marge.)

[576] Var. Cours vite chez Philandre, et dis-lui que Mélite
A dedans ce papier sa passion décrite. (1633-57)

[577] Var. Un feu qui la consomme et qu'elle tient si cher. (1633 et 48-57)

[578] Var. Mais avec ton message
Tâche si dextrement de tourner son courage. (1633-64)

[579] Var. Ma tête sur ce point me servira de plége[579-a]. (1657)

[579-a] De caution, de gage. Voyez le Lexique.

[580] En marge, dans l'édition de 1633: Cliton rentre.

[581] Var. Ces âmes du commun font tout pour de l'argent,
Et sans prendre intérêt au dessein de personne,
Leur service et leur foi sont à qui plus leur donne.
Quand ils sont éblouis de ce traître métal,
Ils ne distinguent plus le bien d'avec le mal;
Le seul espoir du gain règle leur conscience.
Mais tu reviens bientôt, est-ce fait? CLIT. Patience,
Monsieur; en vous donnant un moment de loisir,
Il ne tiendra qu'à vous d'en avoir le plaisir. (1633-57)

[582] En marge, dans l'édition de 1633: Cliton ressort brusquement.

[583] Var. Monsieur; il ne vous faut qu'un moment de loisir. (1660-68)

[584] En marge, dans l'édition de 1633: Philandre paroît et Éraste se cache.

[585] Ces mots manquent dans les éditions de 1633, de 1644 et de 1652-60; ils sont remplacés, dans celle de 1648, par ceux-ci: cependant qu'Éraste est caché.

[586] Var. Ce qu'un homme jamais ne s'oseroit promettre;
Ouvrez-la seulement. PHIL. Tu n'es rien qu'un conteur. (1633-57)

[587] Ainsi dans les éditions de 1633-48, de 1657 et de 1682; aye dans celles de 1652, de 1654 et de 1660-68.—Voyez plus haut, p. 109, note [406].

[588] Var. Cependant que Philandre lit, Éraste s'approche par derrière, et feignant d'avoir lu par-dessus son épaule, il lui saisit la main encore pleine de la lettre toute déployée. (1633, en marge.)—Il feint d'avoir lu la lettre par-dessus l'épaule de Philandre. (1663, en marge.)

[589] Var. Portoit nos deux esprits à s'entre-négliger,
Si bien que je cherchois par où m'en dégager. (1633-57)

[590] Var. Si ton feu commence à te lasser. (1633)
Var. Si ton feu commence à se lasser. (1644-57)

[591] Var. Pour un si bon ami tu peux y renoncer. (1633-57)
Var. Tu peux le retirer pour un si bon ami. (1660-64)

[592] Var. Tout ce que je puis faire à son brasier naissant. (1633-68)

[593] Var. C'est de le revancher par un zèle impuissant. (1633-57)

[594] Var. De tourner ce qu'elle a de flamme vers son frère. (1633-57)

[595] Var. Mais la peux-tu juger à l'autre comparable?
PHIL. Soit comparable ou non, je n'examine pas. (1633-57)

[596] Var. J'ai promis d'aimer l'une, et c'est où je m'arrête.
ÉR. Avise toutefois, le prétexte est honnête. (1633-57)

[597] Var.Ce mieux gît en richesse.
PHIL. O le sale motif à changer de maîtresse!
ÉR. En amour.PHIL. Ma Cloris m'aime si chèrement
Qu'un plus parfait amour ne se voit nullement.
ÉR. Tu le verras assez, si tu veux prendre garde. (1633-57)

[598] A l'insu. Voyez le Lexique.

[599] Var. N'ont rien qui soit bastant d'ébranler ma constance. (1633)

[600] Var. Il dit ce dernier vers comme à l'oreille de Cliton, et rentre, tous deux chacun de leur côté. (1633, en marge.)—A Cliton, tout bas. (1644-60)

[601] A la place du mot seul ou seule, après le nom d'un personnage, on lit constamment, en marge, dans l'édition de 1663: Il est seul, elle est seule. Nous n'avons remarqué qu'une exception à cet usage. La première fois que cette indication se trouve dans Mélite, c'est-à-dire à la fin de la scène III du Ier acte, l'édition de 1663 ne porte en marge que le mot même du texte: seul.

[602] Var. Ce sonnet que pour toi je promis d'entreprendre. (1633-60)

[603] Var. Elle paroît au travers d'une jalousie, et dit ces vers cependant qu'Éraste lit le sonnet tout bas. (1633, en marge.)—Elle les regarde à travers une jalousie cependant qu'Éraste lit le sonnet. (1663, en marge.)

[604] En marge, dans l'édition de 1633: Il montre du doigt la fin de son sonnet à Éraste.

[605] Var. A ce divin objet dont ton âme est blessée. (1633-57)

[606] Var. Feignant de lui rendre son sonnet, il le fait choir et Tirsis le ramasse. (1633, en marge.) Il lui rend le sonnet. (1663, en marge.)

[607] En marge, dans l'édition de 1633: Mélite se retire de la jalousie et descend.

[608] Var. Hélas! et le moyen de lui pouvoir parler. (1633-57)

[609] Var. Que d'un petit coup d'œil l'aise m'est cher vendue! (1633-57)

[610] Var. Ses regards pleins de feux s'entendent avec moi. (1633-68)

[611] Dans les éditions antérieures à 1660, cette scène et la précédente n'en forment qu'une.

[612] Dans certains exemplaires de l'édition de 1633, notamment dans celui de la Bibliothèque impériale qui est marqué Y 3801 +A   , ce vers est dit par Mélite et non par Tircis, dont le couplet ne commence qu'au vers suivant.

[613] Var. Et c'est de là que vient cette fuite impourvue. (1633)

[614] C'est-à-dire, suivant le sens étymologique du mot, ne détournerait pas. Voyez le Lexique.

[615] Var. Bien que ce soit un heur où prétendre je n'ose. (1633-57)

[616] Volontés sujettes, volontés soumises à une mère. La réponse de Mélite éclaircit parfaitement ce que cette expression pourrait avoir d'obscur.

[617] Var. Consultez seulement avecque vos appas. (1633-57)
Var. Consultez en vous-même un moment vos appas. (1660)

[618] Var. Avoir sur tout le monde un pouvoir si suprême. (1633-57)

[619] Var. Je m'en voudrois remettre à son commandement. (1633-60)

[620] Var. [Dispensent mon devoir de ces formalités.]
TIRS. Souffre donc qu'un baiser cueilli dessus ta bouche
M'assure entièrement que mon amour te touche.
MÉL. Ma parole suffit.
TIRS. Ah! j'entends bien que c'est:
Un peu de violence en t'excusant te plaît.
MÉL. Folâtre, j'aime mieux abandonner la place,
Car tu sais dérober avec si bonne grâce
Que bien que ton larcin me fâche infiniment,
Je ne puis rien donner à mon ressentiment.
TIRS. Auparavant l'adieu reçois de ma constance
Dedans ce peu de vers l'éternelle assurance.
MÉL. Garde bien ton papier, et pense qu'aujourd'hui. (1633-48)

[621] Var. [Mélite veut te croire autant et plus que lui][621-a].
TIRSIS. Il lui coule le sonnet dans le sein, comme elle se dérobe[621-b].
Par ce refus mignard qui porte un sens contraire,
Ton feu m'instruit assez de ce que je dois faire.
O ciel! je ne crois pas que sous ton large tour
Un mortel eut jamais tant d'heur ni tant d'amour. (1633-48)

[621-a] Mélite te veut croire autant et plus que lui. (1652-64)

[621-b] TIRSIS, lui coulant le sonnet dans le bras. (1644 et 48)

[622] Var. TIRCIS, seul. (1652-60)

[623] Var. Tu l'as gagné, Mélite; il ne m'est plus possible
D'être à tant de faveurs désormais insensible. (1633-57)

[624] Var. Ont charmé tous mes sens de leurs douces promesses. (1633-60)

[625] Var. Un portrait que je veux tellement effacer. (1660)

[626] Var. [Qu'elle puisse gagner au change autant que moi.]
Dites-lui de ma part que depuis que le monde
Du milieu du chaos tira sa forme ronde,
C'est la première fois que ces vieux ennemis,
Le change et la raison, sont devenus amis;
[Dites-lui que Mélite, ainsi qu'une Déesse.] (1633)

[627] Var. Tu me fais trop d'honneur en cette confidence. (1633-60)

[628] Var. [Si l'on peut par tes yeux lire dans ton courage,]
Je ne croirai jamais qu'à force de rêver
Au sujet de ta joie, on le puisse trouver:
[Rien n'atteint, ce me semble, aux signes qu'ils en donnent.] (1633-57)

[629] Var. Belle, honnête, gentille, et dont l'esprit charmant. (1633-57)

[630] Var. Je ne crains pas cela du côté de Mélite. (1633-57)

[631] Var. Dont le feu, gourmandé par une adroite feinte. (1633)

[632] Qui se laisse prendre à.... tromper par....

[633] Var. Fussent d'intelligence avecque le visage. (1633-60)

[634] Peut-être cette prononciation était-elle en usage lorsque la pièce fut représentée pour la première fois, mais elle était certainement abandonnée lorsque Corneille publiait les dernières éditions de son théâtre. Voyez le Lexique.

[635] Var. Doncques, si ta raison ne se trouve déçue. (1633-57)

[636] Var. Et qui te fait juger son amour si parfaite.
TIRS. Une parfaite amour a trop de truchements. (1633-57)

[637] Var. Un clin d'œil, un soupir.... (1633)

[638] Var. Ces choses ridicules
Ne servent qu'à piper des âmes trop crédules. (1633-57)

[639] Var. Les douceurs que la belle, à tout autre[639-a] farouche,
T'a laissé dérober sur ses yeux, sur sa bouche,
Sur sa gorge, où, que sais-je? TIRS. Ah! ne présume pas
Que ma témérité profane ses appas,
Et quand bien j'aurois eu tant d'heur, ou d'insolence,
Ce secret, étouffé dans la nuit du silence,
N'échapperoit jamais à ma discrétion.
PHIL. Quelques lettres du moins pleines d'affection
Témoignent son ardeur? TIRS. Ces foibles témoignages
D'une vraie amitié sont d'inutiles gages;
Je n'en veux et n'en ai point d'autre que sa foi[639-b].
PHIL. Je sais donc bien quelqu'un plus avancé que toi.
TIRS. Plus avancé que moi? j'entends qui tu veux dire,
Mais il n'a garde d'être en état de me nuire:
Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'Éraste a son congé.
PHIL. Celui dont je te parle est bien mieux partagé.
TIRS. Je ne sache que lui qui soupire pour elle. (1633-57)

[639-a] On lit dans toutes les éditions indiquées: toute autre, pour tout autre.

[639-b] Je n'en veux et n'en ai point d'autres que sa foi. (1644-57)

[640] Var. J'en connois donc quelqu'un plus avancé que toi. (1663)

[641] Tenir en cervelle, inquiéter, tenir dans l'inquiétude. Voyez le Lexique.

[642] Var. Aussi la pauvre Mélite ne la croit posséder que par faveur. (1633-57)

[643] Affronter, tromper avec audace.

[644] Var. Et par un gentil trait il t'a pris pour moi-même,
D'autant que ce n'est qu'un de deux parfaits amis. (1633-57)

[645] Var. Et pour ton intérêt dextrement te méprendre. (1633-57)

[646] Var. C'est par là qu'il t'en plaît? oui-da; j'en ai reçu
Encore une, qu'il faut que je te restitue.
TIRS. Dépêche, ta longueur importune me tue. (1633-57)

[647] Var. Crois-tu que celle-là s'adresse encore à toi? (1633-57)

[648] Var. Qu'à tes suasions Mélite osant manquer
A ce qu'elle a promis, ne s'en fait que moquer?
Qu'oubliant tes serments, déloyal tu subornes
[Un amour qui pour moi devoit être sans bornes?] (1633-57)

[649] Suborner, séduire, appliqué ainsi aux passions, aux sentiments, est fréquent dans Corneille. Voyez le Lexique.

[650] Var. Avise à te défendre; un affront si cruel
Ne peut se réparer à moins que d'un duel:
[Il faut que pour tous deux ta tête me réponde.] (1633-57)

[651] Var. [Quant à moi, ton trépas me coûteroit trop cher:]
Il me faudroit après, par une prompte fuite,
Éloigner trop longtemps les beaux yeux de Mélite.
TIRS. Ce discours de bouffon ne me satisfait pas:
Nous sommes seuls ici; dépêchons, pourpoint bas[651-a].
PHIL. Vivons plutôt amis, et parlons d'autre chose.
TIRS. Tu n'oserois, je pense. PHIL.Il est tout vrai, je n'ose
Ni mon sang ni ma vie en péril exposer.
Ils ne sont plus à moi: je n'en puis disposer.
Adieu: celle qui veut qu'à présent je la serve
Mérite que pour elle ainsi je me conserve.

SCÈNE III.
TIRSIS.

Quoi! tu t'enfuis, perfide, et ta légèreté. (1633-57)

[651-a] Voyez p. 161, note [542].

[652] Var. [Peux-tu m'abandonner ses faveurs sans mourir?]
Si de les plus garder ton peu d'esprit se lasse,
Viens me dire du moins ce qu'il faut que j'en fasse.
Ne t'en veux-tu servir qu'à me désabuser?
N'ont-elles point d'effet qui soit plus à priser?
[O lettres, ô faveurs indignement placées.] (1633)

[653] Var. Je ne sais qui des trois vous diffamez le plus,
De moi, de ce perfide, ou bien de sa maîtresse;
Car vous nous apprenez qu'elle est une traîtresse,
Son amant un poltron, et moi sans jugement,
De n'avoir rien prévu de son déguisement.
Mais que par ses transports ma raison est surprise!
Pour ce manque de cœur qu'à tort je le méprise!
(Hélas! à mes dépens je le puis bien savoir)
Quand on a vu Mélite on n'en peut plus avoir[653-a].
Fuis donc, homme sans cœur, va dire à ta volage
Combien sur ton rival ta fuite a d'avantage,
Et que ton pied léger ne laisse à ma valeur
Que les vains mouvements d'une juste douleur.
Ce lâche naturel qu'elle fait reconnoître
Ne t'aimera pas moins étant poltron que traître.
Traître et poltron! voilà les belles qualités
Qui retiennent les sens de Mélite enchantés.
Aussi le falloit-il que cette âme infidèle,
[Changeant d'affection, prît un traître comme elle,]
Et la jeune rusée a bien su rechercher[653-b]
Un qui n'eût sur ce point rien à lui reprocher,
Cependant que, leurré d'une fausse apparence,
Je repaissois de vent ma frivole espérance.
Mais je le méritois, et ma facilité
Tentoit trop puissamment son infidélité[653-c].
Je croyois à ses yeux, à sa mine embrasée[653-d],
A ces petits larcins pris d'une force aisée.
Hélas! et se peut-il que ces marques d'amour
Fussent de la partie en un si lâche tour?
Auroit-on jamais vu tant de supercherie,
Que tout l'extérieur ne fût que piperie?
[Non, non, il n'en est rien: une telle beauté.] (1633-57)

[653-a] Ces quatre vers: «Mais que par, etc.,» ne sont que dans l'édition de 1633.

[653-b] Et cette humeur légère a bien su rechercher. (1644-57)

[653-c] Ces quatre vers: «Cependant que, leurré, etc.,» ne sont que dans l'édition de 1633.

[653-d] Cependant je croyois à sa mine embrasée. (1644-57)

[654] Var. Son oracle reçu, je m'en tins assuré. (1633)

[655] Var. Vous voulez me trahir, vous voulez m'abuser: J'ai sa parole en gage et de plus un baiser. (1633-57)

[656] Var. C'est en vain que mon feu ces doutes me suggère. (1633-57)

[657] Var. Je vois très-clairement qu'elle est la plus légère. (1648-57)

[658] Var. Les serments que j'en ai s'en vont au vent jetés,
Et ces traits de sa plume ici me sont restés,
Qui dépeignant au vif son perfide courage,
Remplissent de bonheur Philandre, et moi de rage. (1633-57)

[659] Var. Et ces traits de sa plume, osant encor parler,
Laissent entre mes mains une honteuse image. (1660)

[660] Var. Oui, j'enrage, je crève, et tous mes sens troublés. (1633)

[661] Var. D'un excès de douleur succombent accablés. (1633-60)

[662] Var. [Que je ne puis plus vivre avec un tel martyre:]
Aussi ma prompte mort le va bientôt finir;
Déjà mon cœur outré ne cherchant qu'à bannir
Cet amour qui l'a fait si lourdement méprendre,
Pour lui donner passage, est tout prêt de se fendre[662-a];
Mon âme par dépit tâche d'abandonner
Un corps que sa raison sut si mal gouverner.
Mes yeux, jusqu'à présent couverts de mille nues,
S'en vont les distiller en larmes continues,
Larmes qui donneront pour juste châtiment
A leur aveugle erreur un autre aveuglement;
Et mes pieds, qui savoient sans eux, sans leur conduite,
Comme insensiblement me porter chez Mélite,
Me porteront sans eux en quelque lieu désert,
En quelque lieu sauvage à peine découvert,
Où ma main, d'un poignard, achèvera le reste,
Où pour suivre l'arrêt de mon destin funeste,
Je répandrai mon sang, et j'aurai pour le moins
Ce foible et vain soulas en mourant sans témoins,
Que mon trépas secret fera que l'infidèle
Ne pourra se vanter que je sois mort pour elle. (1633-57)

[662-a] Ces quatre vers: «Aussi ma prompte mort, etc.,» ne sont que dans l'édition de 1633.

[663] Var. Tu manques à la fois de poumon et d'haleine. (1633-60)

[664] Var. Quel accident nouveau te brouille ainsi les sens? (1633-57)

[665] Var. En nos chastes amours de nous deux on se moque. (1633-60)

[666] Var. Adieu, ma sœur, adieu; je ne peux plus parler. (1633)

[667] Var. Lis, puis, si tu le peux, tâche à te consoler. (1633-57)

[668] Var. Non, non, quand j'aurai su ce qui te fait mourir,
Si bon me semble alors, je te lairrai courir. (1633-57)

[669] Var. Elle lit les lettres que Tirsis lui avoit données. (1633, en marge.)—Elle lit les lettres qu'il lui a données. (1663, en marge.)

[670] Var. Apprends que les discours des filles mieux sensées. (1633-60)

[671] Qui vaille la servir, qui vaille qu'on la serve.

[672] Var. Tant d'autres te sauront en sa place ravir,
Avec trop plus d'attraits que cette écervelée. (1633-57)

[673] Var. Par les premiers venus qui flattant ses beautés. (1633-57)

[674] Var. Ainsi Damon lui plut, Aristandre, et Géronte;
Éraste après deux ans n'en a pas meilleur conte. (1633-57)

[675] Voyez ci-dessus, p. 150, la note [497] relative à la première variante.

[676] Var. Et peut-être demain (tant elle aime le change!). (1633-57)

[677] Var. Ce n'est qu'une coquette, une tête à l'évent,
Dont la langue et le cœur s'accordent peu souvent,
A qui les trahisons deviennent ordinaires,
Et dont tous les appas sont tellement vulgaires. (1633-57)

[678] Var. Penses-tu, m'amusant avecque des sottises,
Par tes détractions rompre mes entreprises?
Non, non, ces traits de langue épandus vainement
Ne m'arrêteroient pas encore un seul moment. (1633-57)

[679]

Var. C'est toujours témoigner que leur vaine inconstance
Est pour nous émouvoir de trop peu d'importance.
Aussi ne veux-je pas le retenir d'aller,
Et si d'autres que moi ne le vont rappeler,
Il usera ses jours à courtiser Mélite;
Outre que l'infidèle a si peu de mérite,
Que l'amour qui pour lui m'éprit si follement. (1633-57)

[680] Var. Dans la même sottise une autre embarrassée. (1633-57)

[681] Var. Je meure, s'il n'est vrai que la plupart du monde. (1633)

[682] Var. Elle verra bientôt, quoi qu'elle se propose,
Qu'elle n'a pas gagné, ni moi perdu grand'chose.
Ma perte me console, et m'égaye à l'instant. (1633-57)

[683] Voyez au Complément des variantes, p. 251.

[684] Var. Je les viens de surprendre, et j'y pourrois encore. (1660)

[685] Var. Mais tu n'as pas loisir. Toutefois si tu veux. (1660-64)

[686] Var. Il reconnoît les lettres. (1663, en marge.)[686-a]

[686-a] Voyez plus loin, p. 252 et p. 253, quelle est la variante de ce jeu de scène dans l'édition de 1633, et celle du jeu de scène suivant dans les éditions de 1644-57.

[687] Var. Elle les resserre. (1663, en marge.)

[688] Telle est l'orthographe de ce mot dans toutes les éditions publiées du vivant de Corneille. Voyez le Lexique.

[689] Un des personnages de la Veuve (acte III, sc. III, note [1443]) parle de la comédie de Mélite et mentionne

Le discours de Cloris quand Philandre la quitte.

[690] Var. [M'accuse injustement d'être trop peu discrète.]
MÉL. Vraiment tu me poursuis avec trop de rigueur:
Que te puis-je conter, n'ayant rien sur le cœur?
LA NOURR. Un chacun fait à l'œil des remarques aisées,
Qu'Éraste, abandonnant ses premières brisées,
Pour te mieux témoigner son refroidissement,
Cherche sa guérison dans un bannissement.
Tu m'en veux cependant ôter la connoissance;
Mais si jamais sur toi j'eus aucune puissance,
Par ce que tous les jours en tes affections
Tu reçois de profit de mes instructions[690-a],
Apprends-moi ce que c'est. MÉL. Et que sais-je, Nourrice,
Des fantasques ressorts qui meuvent son caprice?
Ennuyé d'un esprit si grossier que le mien,
[Il cherche ailleurs peut-être un meilleur entretien.] (1633-57)

[690-a] Dans l'édition de 1657, probablement par erreur:

Parce que tous les jours, en tes affections,
Tu reçois du profit de mes instructions.

[691] Var. Rembrase assez souvent une âme dégagée. (1633-57)

[692] Dispenser à.... accorder la dispense, la permission nécessaire pour faire quelque chose, autoriser à....

[693] Var. D'un bien dont un dédain fait mieux savoir le prix. (1633-57)

[694] Var. Faire qu'aux vœux de tous son visage réponde. (1633-57)

[695] Var. Leur faire bonne mine, et souffrir leur discours. (1633, 44 et 52-57)
Var. Leur montrer bonne mine, et souffrir leur discours.

[696]
Var. [Et paroissent ensemble entrer en concurrence:]
Ainsi lorsque plusieurs te parlent à la fois,
En répondant à l'un, serre à l'autre les doigts,
Et si l'un te dérobe un baiser par surprise,
Qu'à l'autre incontinent il soit en belle prise;
Que l'un et l'autre juge, à ton visage égal,
Que tu caches ta flamme aux yeux de son rival.
Partage bien les tiens, et surtout sache feindre,
De sorte que pas un n'ait sujet de se plaindre. (1633-57)

[697] Var. Tiens bon, et cède enfin, puisqu'il faut que tu cèdes,
A qui paiera le mieux le bien que tu possèdes. (1633-57)

[698] Var. [Promptement le motif de cette maladie.]
MÉL. Tirsis est ce motif. LA NOURR. Ce jeune cavalier!
Son ami plus intime et son plus familier!
[N'a-ce pas été lui qui te l'a fait connoître?] (1633-57)

[699] Var. Et si dans ce jourd'hui je l'avois écarté,
Tu verrois dès demain Éraste à mon côté.
LA NOURR. J'ai regret que tu sois la pomme de discorde. (1633-57)

[700] Var. Auprès de sa splendeur toute autre est trop petite. (1633-57)

[701] On lit dans l'édition de 1633: tu te places, pour tu le places; mais c'est évidemment une faute d'impression.

[702] L'édition de 1633 porte, mais ce doit être aussi une faute:

Et d'un riche honteux la richesse suivie.

[703] Var.Qu'avecque tout son bien
Un jaloux dessus moi n'obtiendra jamais rien.(1633-60)

[704] Var. [Et rentre, que je parle à la sœur de Tirsis:]
Je la vois qui de loin me fait signe et m'appelle.
[LA NOURR. Peut-être elle t'en veut dire quelque nouvelle.]
MÉL. [Rentre, sans t'informer de ce qu'elle prétend.] (1633-57)

[705] Mettre en cervelle, inquiéter. Voyez plus haut, p. 192, note [641].

[706] Var. Qu'aux fourbes qu'on leur fait je ne puis consentir. (1633-57)

[707] Var. Mais pour m'en repentir j'ai fait un trop beau choix. (1633-60)

[708] La leçon de 1657:

C'est l'homme qui de tous l'a mérité le moins,

est certainement une faute d'impression.

[709] Var. Mais je m'étonne fort que vous l'osez blâmer,
Vu que pour votre honneur vous devez l'estimer. (1633-57)

[710] Var. Après cela jugez si je le peux haïr. (1633)
Var. Jugez après cela si je le puis haïr. (1644-57)

[711] Var. Puisque sa trahison m'est un grand témoignage. (1633-57)

[712] Var. Vraiment c'est un pouvoir dont vous usez fort mal,
Le poussant à me faire un tour si déloyal. (1633-57)

[713] Var. Quoi! son devoir l'oblige à l'infidélité!
CLOR. N'allons point rechercher tant de subtilité. (1633-57)

[714] Var. Sur un serment commun d'être un jour sa moitié. (1633-57)

[715] Var. Doncques, pour me railler. (1633-57)

[716] Var. Doncques, pour m'éblouir, une âme déloyale. (1633-57)

[717] Voyez plus haut, p. 194, note [649].

[718] L'édition de 1664 donne: vous croiriez, pour vous croirez, ce qui est sans doute une faute d'impression.

[719] Var. Vous en voulez bien croire au moins votre écriture. (1633-57)

[720] Var. Veut savoir par avant le nom de l'imposteur,
Afin que cet affront retombe sur l'auteur.
CLOR. Vous voulez m'affiner; mais c'est peine perdue:
Mélite, que vous sert de faire l'entendue?
La chose étant si claire, à quoi bon la nier? (1633-57)

[721] Var. C'est le brave Lisis, qui tout triste et pensif,
A ce qu'on peut juger, montre un deuil excessif. (1633-57)

[722] Var. Pouvez-vous demeurer auprès d'une personne
Digne pour ses forfaits que chacun l'abandonne?
Quittez cette infidèle, et venez avec moi. (1633-57)

[723] Var. Dedans ce désespoir a rendu sa belle âme.
MÉL. Hélas! soutenez-moi; je n'en puis plus, je pâme. (1633-57)

[724] Les mots: à Lisis, manquent dans les éditions de 1633-60.

[725] Var. Si proche du logis, il vaut mieux l'y porter. (1657)

[726] On lit en marge, dans l'exemplaire de l'édition de 1633 dont il a été parlé à la note [612] de la page 183: Cliton et la Nourrice emportent Mélite pâmée en son logis, où Cloris les suit, appuyée sur Lisis.

[727] Var. CLORIS, à Lisis. (1633, dans l'exemplaire de la Bibliothèque impériale, cité à la note [726] précédente, et 1644-60.)

[728] Var. Mais à quelle raison leurs âmes désunies. (1633-63)

[729] Var. Fuyez de mon penser, inutiles remords;
J'en ai trop de sujet de leur être contraire:
Cloris m'offense trop, étant sœur d'un tel frère. (1633-57)

[730] Var. [N'a que la peine due à sa crédulité.]
Allons donc sans scrupule, allons voir cette belle;
Faisons tous nos efforts à nous rapprocher d'elle,
Et tâchons de rentrer en son affection,
Avant qu'elle ait rien su de notre invention[730-a].
Cliton sort de chez elle.

SCÈNE VI.
ÉRASTE, CLITON.

ÉR. Eh bien! que fait Mélite?
[CLIT. Monsieur, tout est perdu: votre fourbe maudite.] (1633-57)

[730-a] Avant qu'elle ait rien su de notre intention. (1654)

[731] Var. Monsieur, il est tout vrai: le moment déplorable. (1633-60)

[732] Var. Ce pair d'amants sans pair est sous la sépulture. (1633-57)
Var. Ces malheureux amants treuvent la sépulture. (1660)

[733] Var. Tu m'oses donc flatter, et ta sottise estim
M'obliger en taisant la moitié de mon crime? (1633-57)

[734] Var. Achève tout d'un trait: dis que maîtresse, ami. (1633-57)

[735] Var. Par ma fraude a perdu la lumière des cieux. (1633-57)

[736] Var. [Falsifié, trahi, séduit, assassiné,]
Que j'ai toute une ville en larmes convertie:
[Tu n'en diras encor que la moindre partie.]
Mais quel ressentiment! quel puissant déplaisir!
Grands Dieux! et peuvent-ils jusque-là nous saisir,
Qu'un pauvre amant en meure, et qu'une âpre tristesse
Réduise au même point après lui sa maîtresse?
CLIT. Tous ces discours ne font.... ÉR. Laisse agir ma douleur,
Traître, si tu ne veux attirer ton malheur:
Interrompre son cours, c'est n'aimer pas ta vie.
La mort de son Tirsis me l'a doncques ravie!
[Je ne l'avois pas su, Parques, jusqu'à ce jour.] (1633-57)

[737] Var. [Il vous pût commander d'unir aussi leurs trames;]
J'ignorois que, pour être exemptes de ses coups,
Vous souffrissiez qu'il prît un tel pouvoir sur vous.
[Vous en relevez donc, et vos ciseaux barbares]
Tranchent comme il lui plaît les choses les plus rares!
Vous en relevez donc, et pour le flatter mieux
Vous voulez comme lui ne vous servir point d'yeux!
Mais je m'en prends à vous, et ma funeste ruse,
Vous imputant ces maux, se bâtit une excuse;
J'ose vous en charger, et j'en suis l'inventeur,
Et seul de ces malheurs[737-a] le détestable auteur.
Mon courage, au besoin se trouvant trop timide
Pour attaquer Tirsis autrement qu'en perfide,
Je fis à mon défaut combattre son ennui,
Son deuil, son désespoir, sa rage, contre lui.
Hélas! et falloit-il que ma supercherie
Tournât si lâchement son amour en furie?
Falloit-il, l'aveuglant d'une indiscrète erreur,
Contre une âme innocente allumer sa fureur?
Falloit-il le forcer à dépeindre Mélite
Des infâmes couleurs d'une fille hypocrite[737-b]?
[Inutiles regrets, repentirs superflus.] (1633-57)

[737-a] Les éditions de 1633 et de 1644 donnent, mais par erreur sans doute: «ses malheurs,» pour «ces malheurs.»

[737-b] Les quatre derniers vers, depuis: «Falloit-il, l'aveuglant, etc.,» ne sont que dans l'édition de 1633.

[738] Var. Et que par ma main propre un juste sacrifice
De mon coupable chef venge mon artifice[738-a].
Avançons donc, allons sur cet aimable corps
Éprouver, s'il se peut, à la fois mille morts.
D'où vient qu'au premier pas je tremble, je chancelle?
Mon pied, qui me dédit, contre moi se rebelle.
[Quel murmure confus! et qu'entends-je hurler?] (1633-57)

[738-a] Ces deux vers, ainsi que les vers 1301 et 1302 du texte, manquent dans les éditions de 1644-57.

[739] Var. Et dont les neuf remplis ceignent ces tristes lieux,
Ne te colère point contre mon insolence,
[Si j'ose avec mes cris violer ton silence.]
Ce n'est pas que je veuille, en buvant de ton eau,
Avec mon souvenir étouffer mon bourreau;
Non, je ne prétends pas une faveur si grande;
Réponds-moi seulement, réponds à ma demande:
As-tu vu ces amants? Tirsis est-il passé?
Mélite est-elle ici? Mais que dis-je? insensé!
Le père de l'oubli, dessous cette onde noire,
Pourroit-il conserver tant soit peu de mémoire?
Mais de rechef que dis-je? Imprudent! je confonds
Le Léthé pêle-mêle et ces gouffres profonds;
Le Styx, de qui l'oubli ne prit jamais naissance,
De tout ce qui se passe a tant de connoissance,
Que les Dieux n'oseroient vers lui s'être mépris.
Mais le traître se tait, et tenant ces esprits
Pour le plus grand trésor de son funeste empire,
De crainte de les perdre, il n'en ose rien dire.
Vous donc, esprits légers, qui, faute de tombeaux. (1633-57)

[740] Var. Dites, et je promets d'employer mon crédit. (1633-60)

[741] Var. Monsieur, que faites-vous? Votre raison s'égare:
Voyez qu'il n'est ici de Styx ni de Ténare;
Revenez à vous-même. [ÉR. Ah! te voilà, Charon.] (1633-57)

[742] Var. Monsieur, rentrez en vous, contemplez mon visage. (1633-57)

[743] Fondre, aller au fond, s'engloutir.

[744] Var. [Il n'en aura que trop d'Éraste et de ses crimes][744-a].
CLIT. Il vaut mieux esquiver, car avecque des fous[744-b]
Souvent on ne rencontre à gagner que des coups:
Si jamais un amant fut dans l'extravagance,
Il s'en peut bien vanter avec toute assurance.
ÉRASTE, se jetant sur ses épaules[744-c].
Tu veux donc échapper à l'autre bord sans moi?
[Si faut-il qu'à ton cou je passe malgré toi.] (1633-57)

[744-a] Il n'en aura que trop d'Éraste, de ses crimes. (1657)

[744-b] Il vaut mieux se tirer, car avecque des fous. (1644-57)

[744-c] Il se jette sur les épaules de Cliton, qui l'emporte du théâtre. (1633, en marge.)

[745] Ce jeu de scène est omis dans l'édition de 1660; dans celle de 1664, il est placé entre les deux derniers vers de la scène. Voyez note [744-c].

[746] Var. Rival injurieux, dont l'absence importune. (1633-57)

[747] Var. [Retarde le succès de ma bonne fortune,]
Et qui, sachant combien m'importe ton retour,
De peur de m'obliger n'oserois voir le jour,
As-tu sitôt perdu cette ombre de courage
Que te prêtoient jadis les transports de ta rage?
Ce brusque mouvement d'un esprit forcené
Relâche-t-il sitôt ton cœur efféminé?
[Que devient à présent cette bouillante envie.] (1633)

[748] On lit dans l'édition de 1654: «Il ne tient plus à toi,» pour «qu'à toi.» C'est évidemment une faute, ainsi qu'à la page suivante, la leçon de 1657 v. 1359: «Détachez Ixion;» et au vers 1360 le singulier mégère, pour mégères, dans les éditions de 1660-64.

[749] Var. Ai-je, prenant le front de cet audacieux. (1633-57)
Var. Ai-je, prenant le front de cet ambitieux. (1660-64)

[750] Var. Vous travaillez en vain, bourrelles Euménides. (1633-60)

[751] Var. Il semble à ces discours qu'il ait perdu le sens. (1633-57)

[752] Var. Car des lettres qu'il a de la part de Mélite,
Autre que cette main n'en a pas une écrite. (1633-57)

[753] Var. Je te laisse impuni, perfide, tes remords. (1633)
Var. Je te laisse impuni, traître, car tes remords. (1644-57)
Var. Je te laisse impuni, de si cuisants remords. (1660)

[754] Bien que Claveret ne conteste pas à Corneille l'invention de la frénésie d'Éraste (voyez plus haut, p. 128), on pourrait être tenté de croire que notre poëte en a pris l'idée dans la Climène de C. S. sieur de la Croix, représentée, suivant les frères Parfait, en 1628 (Histoire du théâtre françois, tome IV, p. 401). Le berger Liridas, pensant que Climène est morte, devient fou de chagrin; dans son délire, il veut obliger un magicien, qu'il prend pour Pluton, à rendre la vie à son amante, et lui dit:

Toi seul dedans ces lieux sentiras les tourments,
Sans pouvoir prendre part à nos contentements;
J'épouserai Climène, et pour ma concubine
Je prendrai, s'il me plaît, ta femme Proserpine.

[755] Var. N'en doute aucunement, ton frère n'est point mort. (1633-57)

[756] Var. Si ce cœur, recevant quelque légère atteinte. (1633)

[757] Var. Dont les plus furieux et plus rudes assauts
Avoient bien de la peine à m'émouvoir à faux. (1633-57)

[758] Var. Qu'à cause que j'étois parfaitement honteuse. (1633-57)

[759] Var. Qu'un autre[759-a] en témoignât plus de ressentiment. (1633-60)

[759-a] Il y a plus loin un semblable emploi du masculin dans le vers 1387 p. 437 de Clitandre. Voyez le Lexique; voyez aussi la première variante de la p. 241 (note [796]) et la huitième de la p. 365 (note [1214]).

[760] Var. Mais avec tout cela confesse franchement. (1633-57)

[761] Var. D'aller vite d'un mot ranimer sa maîtresse;
Autrement je saurois te rendre ton paquet.
LIS. Et moi pareillement rabattre ton caquet. (1633-57)

[762] Var. Derrière la tapisserie. (1633-57)—Il est derrière le théâtre. (1663 en marge.)

[763] Var. Et moi, quand je devrois passer pour Proserpine. (1633-63)

[764] Var. Adieu; soûle à ton dam ton curieux desir. (1633-57)

[765] Var. ÉRASTE, l'épée au poing. (1633-57)—L'épée à la main. (1660)

[766] Var. La honte et le devoir leur parle de m'attendre. (1657)

[767] Var. La peur renverse tout, et dans ce désarroi
Elle saisit si bien les ombres et leur roi. (1633-57)

[768] Var. De leurs flambeaux puants ont éteint la lumière.
Et tiré de leur chef les serpents d'alentour,
De crainte que leurs yeux fissent quelque faux jour,
Dont la foible lueur, éclairant ma poursuite,
A travers ces horreurs me pût trahir leur fuite.
Éaque épouvanté se croit trop en danger,
Et fuit son criminel au lieu de le juger;
Clothon même et ses sœurs, à l'aspect de ma lame,
De peur de tarder trop n'osant couper ma trame,
A peine ont eu loisir d'emporter leurs fuseaux,
Si bien qu'en ce désordre oubliant leurs ciseaux. (1633-57)

[769] Var. D'où vient qu'après Éraste il n'a passé personne. (1633-60)

[770] Var. Le déplorable coup du malheur advenu. (1633-60)

[771] Var. Aux dépens de vos jours aggrave mon supplice. (1633-57)

[772] Var. [Sans le triste secours de ce dur souvenir.]
Souvenir rigoureux de qui l'âpre torture
Devient plus violente et croît plus on l'endure,
Implacable bourreau, tu vas seul étouffer
Celui dont le courage a dompté tout l'enfer.
Qu'il m'eût bien mieux valu céder à ses furies!
Qu'il m'eût bien mieux valu souffrir ses barbaries,
Et de gré me soumettre, en acceptant sa loi,
A tout ce que sa rage eût ordonné de moi!
Tout ce qu'il a de fers, de feux, de fouets, de chaînes,
Ne sont auprès de toi que de légères peines. (1633)

[773] Var. Oui, ce qu'ont les enfers, de feux, de fouets, de chaînes. (1644-63)

[774] Var. De grâce, un peu de trêve, un moment, un moment. (1633)

[775] Var. Il montre son épée. (1633, en marge.)—Ce jeu de scène n'est point indiqué dans les éditions de 1644-60.

[776] Var. Nourrice, et qui t'amène en ces lieux pleins d'effroi? (1633-60)

[777] Var. Cliton la vit pâmer, et se troubla de sorte. (1660)

[778] Var. Cet enfer, ces combats, ne sont qu'illusion.
ÉR. Je ne m'abuse point; j'ai vu sans fiction
Ces monstres terrassés se sauver à la fuite. (1633-57)

[779] Var. [De vrai, ce que tu dis a beaucoup d'apparence.]
Depuis ce que j'ai su de Mélite et Tirsis,
Je sens que tout à coup mes regrets adoucis
Laissent en liberté les ressorts de mon âme;
Ma raison par ta bouche a reçu son dictame.
Nourrice, prends le soin d'un esprit égaré,
Qui s'est d'avecque moi si longtemps séparé:
[Ma guérison dépend de parler à Mélite.] (1633-57)

[780] Var. [Donnez-vous le loisir de changer de visage;]
Nous pourvoirons après au reste en sa saison.
ÉR. Viens donc m'accompagner jusques en ma maison;
Car si je te perdois un seul moment de vue,
Ma raison, aussitôt de guide dépourvue,
M'échapperoit encor. LA NOURR. Allons, je ne veux pas. (1533-57)

[781] Var. Je ne veux point d'un cœur qu'un billet aposté
Peut résoudre aussitôt à la déloyauté. (1633)

[782] Var. Ma maîtresse, mon heur, mon souci, ma chère âme. (1633-57)

[783] Var. [Par ces feux qui voloient de vos yeux dans les miens,]
Par mes flammes jadis si bien récompensées,
Par ces mains si souvent dans les miennes pressées,
Par ces chastes baisers qu'un amour vertueux
Accordoit au desir d'un cœur respectueux,
[Par ce que votre foi me permettoit d'attendre....] (1633-57)

[784] Var. Aucun jusqu'à ce point n'est encor parvenu;
Mais je te changerai pour le premier venu.
PHIL. Tes dédains outrageux épuisent ma souffrance. (1633-57)

[785] Var. Adieu: Mélite et moi nous avons de quoi rire. (1644-64)

[786] Var. Ce que c'est que d'aigrir un homme de courage.
CLOR. Sois sûr de ton côté que ta fougue et ta rage,
Et tout ce que jamais nous entendrons de toi,
Fournira de risée, elle, mon frère et moi[786-a]. (1633-57)

[786-a] C'est la fin de la scène III dans les éditions indiquées.

[787] Var. Que par le souvenir de nos travaux passés,
Chassons-le, ma chère âme, à force de caresses;
Ne parlons plus d'ennuis, de tourments, de tristesses
Et changeons en baisers ces traits d'œil langoureux
Qui ne font qu'irriter nos desirs amoureux.
[Adorables regards, fidèles interprètes
Par qui nous expliquions nos passions secrètes,]
Je ne puis plus chérir votre foible entretien:
Plus heureux, je soupire après un plus grand bien.
Vous étiez bons jadis, quand nos flammes naissantes
Prisoient, faute de mieux, vos douceurs impuissantes;
Mais au point où je suis, ce ne sont que rêveurs
Qui vous peuvent tenir pour exquises faveurs:
Il faut un aliment plus solide à nos flammes,
Par où nous unissions nos bouches et nos âmes.
[Mais tu ne me dis mot, ma vie; et quels soucis.] (1633-57)

[788] Var. Fit dessus tous mes sens un véritable effort. (1633-57)

[789] Var. De revivre avec toi je pris aussi l'envie. (1633-57)

[790] Var. Lui faisant consentir notre heureux hyménée. (1633-57)

[791] Var. Nous trouve toutes deux à sa dévotion;
Et cependant l'abord[791-a] des lettres d'un faussaire. (1633-57)
Var. Ne trouve plus d'obstacle à ta prétention;
Et le premier aspect des lettres d'un faussaire. (1660)

[791-a] L'édition de 1657 donne, par erreur, d'abord, pour l'abord.

[792] Var. Furieux, enragé, tu partis de ce lieu.
TIRS. Mon cœur, j'en suis honteux, mais songe que possible,
Si j'eusse moins aimé, j'eusse été moins sensible. (1633-57)

[793] Var. La voix de la raison qui vient pour le dompter. (1633-57)

[794] Var. Foible excuse pourtant, n'étoit que ma bonté. (1633-57)

[795] Var. MÉL. Mais apprends-moi l'auteur de cette perfidie.
TIRS. Je ne sais quelle main pût être assez hardie. (1633-57)

[796] Var. [L'amour a fait au sang un peu de trahison;]
Mais deux ou trois baisers t'en feront la raison.
Que ce soit toutefois, mon cœur, sans te déplaire.
CLOR. Les baisers d'une sœur satisfont mal un frère:
Adresse mieux les tiens vers l'objet que je voi[796-a].
TIRS. De la part de ma sœur reçois donc ce renvoi.
MÉL. Recevoir le refus d'un autre[796-b]! à Dieu ne plaise!
TIRS. Refus d'un autre, ou non, il faut que je te baise,
Et que dessus ta bouche un prompt redoublement
Me venge des longueurs de ce retardement.
CLOR. A force de baiser vous m'en feriez envie:
Trêve. TIRS. Si notre exemple à baiser te convie,
Va trouver ton Philandre, avec qui tu prendras
De ces chastes plaisirs autant que tu voudras.
CLOR. A propos, je venois pour vous en faire un conte.
Sachez donc que, sitôt qu'il a vu son méconte,
[L'infidèle m'a fait tant de nouveaux serments.] (1633-57)

[796-a] Dans les éditions de 1644-57; le morceau qui suit remplace les douze vers précédents: «Adresse mieux les tiens, etc.,» qui ne sont que dans celle de 1633:

TIRS. Autant que ceux d'un frère une sœur, et je croi
Que tu baiserois mieux ton Philandre que moi.
CLOR. Mon Philandre, il se trouve assez loin de son conte.
TIRS. Un change si soudain lui donne un peu de honte,
[CLOR. L'infidèle m'a fait tant de nouveaux serments.] (1644-57)

[796-b] Il y a le masculin: d'un autre, à ce vers et au suivant, dans l'édition de 1633, qui seule donne ces deux vers. Voyez la variante (note [759]) du vers 1425 de Mélite.

[797] Var. Au moins tous ses discours n'ont encor rien gagné. (1633-57)

[798] Var. Qu'inférez-vous par-là? [CLOR. Que son humeur volage] (1633-57)

[799] Var. Paravant que l'hymen, d'un joug inséparable. (1633)
Var. Avant que de l'hymen le joug inséparable. (1644-57)

[800] Var. Me soumettant à lui, me rendit misérable.
Qu'il cherche femme ailleurs, et pour moi, de ma part. (1633-57)

[801] Var. Si vous veux-je pourtant remettre bien ensemble. (1633-57)

[802] Var. Ne l'entreprenez pas, possible qu'après tout. (1633-44 et 52-57)

[803] Il y a NOURRICE, sans article, dans les éditions de 1633-52.

[804] En marge, dans l'édition de 1633: La Nourrice paroît à l'autre bout du théâtre, avec Éraste, l'épée nue à la main, et ayant parlé à lui quelque temps à l'oreille, elle le laisse à quartier (voyez p. 93, note [382]), et s'avance vers Tirsis.

[805] Var. Tous nos pensers sont dus à ces chastes délices
Dont le ciel se prépare à borner nos supplices:
Le terme en est si proche, il n'attend que la nuit.
Vois qu'en notre faveur déjà le jour s'enfuit,
Que déjà le soleil, en cédant à la brune,
Dérobe tant qu'il peut sa lumière importune,
Et que pour lui donner mêmes contentements
Thétis court au-devant de ses embrassements.
LA NOURR. Vois toi-même un rival qui, la main à l'épée,
Vient quereller sa place à faux titre occupée,
Et ne peut endurer qu'on enlève son bien,
Sans l'acheter au prix de son sang ou du tien.
MÉL. Retirons-nous, mon cœur. TIRS. Es-tu lassé de vivre?
CLOR. Mon frère, arrêtez-vous. TIRS. Voici qui t'en délivre:
Parle, tu n'as qu'à dire. ÉRASTE, à Mélite. Un pauvre criminel,
[A qui l'âpre rigueur d'un remords éternel.] (1633-57)

[806] Var. LA NOURRICE, montrant Éraste. (1644-57)

[807] Var. De sortir de torture en sortant de la vie,
Vous apporte aujourd'hui sa tête à l'abandon,
Souhaitant le trépas à l'égal du pardon.
Tenez donc, vengez-vous de ce traître adversaire,
Vengez-vous de celui dont la plume faussaire
Désunit d'un seul trait Mélite de Tirsis,
Cloris d'avec Philandre. MÉLITE, à Tirsis. A ce compte, éclaircis
Du principal sujet qui nous mettoit en doute,
Qu'es-tu d'avis, mon cœur, de lui répondre? (1633-57)

[808] A quartier, à l'écart: voyez la note [612] de la p. 93.

[809] Var. Vite, dépêchez-vous d'abréger mon supplice. (1633)

[810] Toutes les éditions portent: «Nous nous sommes rendus.» Voyez l'introduction du Lexique.

Chargement de la publicité...