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Caen et Bayeux

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PlanBelleforest

Photo Neurdein.

Plan de Belleforest.

CHAPITRE III

L’ART GOTHIQUE ET LA RENAISSANCE


LES MONUMENTS RELIGIEUX. — COUVENTS ET ÉGLISES

Caen du XIIe au XVIe siècle. — Les couvents. — Les paroisses des faubourgs. — Saint-Jean. — Saint-Etienne-Ie-Vieux. — Saint-Pierre. — Notre-Dame-de-Froide-Rue. — Saint-Sauveur-du-Marché.

La ville de Guillaume acheva de se constituer sous ses fils. Au cours des luttes entre Henri Ier, roi d’Angleterre et Robert Courteheuse, duc de Normandie, celui-ci réunit par le canal Robert, les deux bras de l’Orne: la grande Orne qui passe au pied des hauteurs de Vaucelles, la petite Orne qui vient baigner Saint-Pierre. Outre les faubourgs abbatiaux, le faubourg Saint-Julien, le faubourg de Vaucelles, Caen comprit alors deux grands quartiers: le grand bourg, et l’île Saint-Jean, entourés de leurs murailles, séparés l’un de l’autre par les prairies; l’île Saint-Jean reçut une enceinte fortifiée; mais la muraille et les deux tours que l’on voit encore aujourd’hui dans l’hôpital Saint-Louis et qui vont malheureusement disparaître, datent [p. 32] du XIVe siècle et ont été élevées après 1346, comme ce qui subsiste des murailles du Grand-Bourg.

La cité, après le triomphe des Plantagenets, devient presque une capitale. Située dans le voisinage de la mer, sur la route la plus directe pour aller de la Normandie en Anjou, en Poitou et en Gascogne, Caen est peut-être le véritable centre de l’empire angevin, Rouen occupant une position trop extérieure. Henri II et Jean sans Terre y résident à différentes reprises et y accomplissent des actes politiques importants; c’est l’un des sièges de l’Echiquier qui se tient au château dont le sénéchal de Normandie a la garde. De cette époque aussi date la prospérité commerciale due en partie au grand commerce des vins. En même temps apparaît la commune qui s’installe d’abord au Châtelet Saint-Pierre sur le pont qui jadis franchissait l’Orne, à l’endroit où est aujourd’hui la place Saint-Pierre.

En 1204, la ville subit le sort de la Normandie et passe sous la domination française. Les chroniqueurs nous apportent le témoignage de l’incontestable prospérité de Caen à l’époque de la conquête française. Au XIIIe siècle, les Caennais mènent une vie paisible, mais, comme plus tard, au XVIIIe siècle, dans une autre période de calme politique et de lutte contre l’hérésie, les établissements religieux se multiplient: collégiale du Saint Sépulcre en 1226, Cordeliers ou Frères Mineurs en 1234, Jacobins ou Dominicains en 1247, Carmes en 1278, Croisiers en 1275, Béguines dans la Franche-Rue, aujourd’hui rue des Croisiers. Les historiens de Caen en ont oublié; ils ont laissé de côté les Frères du Sac qui avaient leur établissement dans la rue Neuve-Saint-Jean et qui disparurent bien vite. Ces couvents s’installèrent dans les quartiers encore peu habités de Saint-Jean ou dans les terrains non enclos du nord de la ville, dans ce qui fut plus tard le quartier universitaire.

L’église du Saint-Sépulcre qui rappelait les constructions religieuses de Terre-Sainte fut détruite pendant les guerres de religion et remplacée depuis par un édifice sans caractère qui subsiste encore aujourd’hui. Le plan de Belleforest permet de se rendre compte de son ancien aspect.

Les Cordeliers s’étaient établis près des murailles, au nord de la rue qui porte leur nom. Leur église, endommagée pendant les guerres anglaises, pillée en 1562 par les protestants, fut réédifiée vers 1577 par Abel le Prestre, le fameux maître maçon caennais de la Renaissance. Malheureusement, lorsqu’après la Révolution, les Bénédictines se transportèrent dans cet édifice, la chapelle des Cordeliers fut complètement transformée et comme noyée dans une construction nouvelle.

[p. 33] Les Jacobins étaient établis près des murs de l’île-Saint-Jean. Une rue de ce quartier porte encore leur nom. Il ne reste plus que l’entrée, ornée d’une niche qui renfermait la statue d’un saint, probablement saint Dominique.

L’église des Carmes, située près des anciens murs de l’île Saint-Jean, avait été complètement remaniée au XVIIe siècle et reçut alors des peintures assez remarquables.

Sur les confins de l’île Saint-Jean et de Vaucelles, les Augustins s’établirent à l’Hôtel-Dieu qui se développa avec de nombreuses annexes: moulins, chapelles, cimetière. On l’a attribué à la piété et à l’humanité de saint Louis qui l’enrichit, mais les descriptions que De Bras nous a laissées de son bâtiment principal nous induisent à reporter sa construction première au temps de Henri II, créateur d’établissements semblable à Angers, et qui avait doté Caen de la Maladrerie. Il ne reste plus de l’ancien Hôtel-Dieu que l’archivolte du portail recueillie au musée des Antiquaires.

StJulienPortail

Photo Neurdein.

Saint-Julien. — Le portail.

Quant aux églises paroissiales, si anciennes soient-elles, sauf Saint-Sauveur du Marché et Saint-Michel de Vaucelles, elles n’ont point gardé trace de leurs anciennes formes romanes. A la fin du XIIIe siècle, en pleine période de prospérité, on commença les travaux qui firent de Saint-Pierre une église gothique. A la même époque, appartient également la tour de Notre-Dame de Froide-Rue, aujourd’hui Saint-Sauveur [p. 34] et aussi la base de la tour Saint-Jean. Mais tous ces travaux ont été interrompus par la guerre de Cent Ans. En 1346, la ville fut prise d’assaut par les troupes d’Edouard III malgré une belle résistance des habitants, pillée et ruinée. Cependant, ses édifices n’avaient pas beaucoup souffert; seul, le premier Châtelet Saint-Pierre avait été détruit par le feu, ainsi que quelques maisons de la rue Exmoisine (rue Saint-Jean); avant 1362, il était restauré. A l’abri de ses nouvelles murailles, la ville se remit au travail; en 1417, les Anglais durent en faire le siège. Cette fois, Saint-Etienne-le-Vieux et Saint-Jean furent presque complètement détruits par les effets de l’artillerie. Après l’entrée des Anglais et un nouveau pillage, commença l’exode d’une partie de la population française que les Lancastres s’efforcèrent en vain de remplacer par une immigration anglaise. Les descendants des Plantagenets se flattaient de garder la Normandie; ils voulaient faire de Caen la capitale de cette province; ils y installèrent les principaux rouages du gouvernement des pays conquis et la dotèrent d’une Université. Peut-être ici, comme en d’autres parties de la province, entreprirent-ils d’effacer les traces matérielles de leurs ravages et commencèrent-ils à rebâtir. Mais il ne leur fut pas donné de mener à bien l’œuvre réparatrice. Les Normands d’une part, Jeanne d’Arc, de l’autre, ne leur en laissèrent point le temps. L’Anglais chassé, on vit s’ouvrir pour Caen, comme pour la Normandie tout entière, une période de relèvement. Louis XI, qui sut gré aux Caennais de n’avoir pas écouté ses adversaires, encouragea le commerce de Caen. Certes, ce fut une belle époque que cette fin du XVe siècle: les Français, libérés de leurs angoisses, fiers d’avoir recouvré tout entier le sol de la patrie, se mirent, d’un commun effort, à tirer la France de ses ruines.

Ce siècle des constructions s’étend depuis la fin des guerres civiles du temps de Louis XI jusqu’au commencement des guerres de religion, de 1468 à 1562. Après la Ligue du Bien Public, il a fallu un laps de près d’une trentaine d’années pour que la cité dépeuplée par l’émigration de 1417, ruinée par l’occupation anglaise, reprît toute son activité et aussi pour que dans la caisse des trésoriers, dans celle des confréries réorganisées, pussent s’amasser les sommes qui allaient être nécessaires à l’achèvement et à la reconstruction des églises, comme dans les bourses des bourgeois, se constituait lentement, par achat de rentes, le capital nécessaire à la construction de leurs belles maisons de pierre, hôtels et manoirs. La grande activité des chantiers ne s’est manifestée qu’avec les dernières années du siècle, pour battre tout son plein aux temps du bon roi Louis XII et de François Ier. Au début de ces constructions, le [p. 35] style flamboyant, alors dans toute sa vogue, s’est imposé à Saint-Pierre, à Saint-Etienne, à Saint-Michel de Vaucelles, à Saint-Jean et à Saint-Julien. L’art de la Renaissance est venu se greffer sur la luxuriante décoration du style flamboyant, les deux arts se sont ainsi, sinon confondus, au moins harmonisés, l’un prolongeant l’autre, et de même que l’art gothique a achevé nos églises romanes, de même nos églises gothiques ont été terminées dans le style de la Renaissance. Et puis il ne faut pas perdre de vue, lorsqu’il s’agit de dater les monuments caennais, ce fait que M. Vitry a si bien mis en lumière dans sa belle thèse sur Michel Colombe, que l’on a continué à construire des édifices dans le style ogival, lorsque déjà la Renaissance était commencée et que deux monuments appartenant à deux styles différents, peuvent parfaitement être contemporains. Quelle part a eu l’italianisme dans la Renaissance caennaise? Il se peut que les de Martigny, abbés de Saint-Etienne, aient amené avec eux des artistes italiens. Les maçons caennais qui au XVe siècle s’étaient inspirés parfois de certaines dispositions de l’architecture anglaise se sont alors tournés vers l’Italie et la mode nouvelle. Nous voudrions savoir les noms de tous les maîtres de cette époque, on n’en connaît jusqu’ici que trois: Hector Sohier, Blaise le Prestre et son fils Abel qui vécurent au XVIe siècle; Hector Sohier termina sa carrière sous Henri II. [p. 36] Blaise le Prestre sous Charles IX, Abel Le Prestre sous Henri IV 2.

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Photo Neurdein.

Saint-Gilles. — Le porche méridional.

Dans les édifices religieux que nous allons décrire, il y aura toujours une partie gothique de la dernière époque et une partie renaissance.

Les églises des faubourgs datent pour la plupart du XVe siècle. Alors Saint-Michel de Vaucelles a été reconstruit en partie; Saint-Julien, dans le faubourg de ce nom et Saint-Ouen, dans le Bourg-l’Abbé, l’ont été complètement.

L’église Saint-Ouen ne présente qu’un intérêt historique; elle a été fondée par Guillaume le Conquérant et par son frère l’évêque de Bayeux; l’église est dédiée à saint Ouen parce que, suivant certaines chroniques, les reliques de ce saint normand auraient été, du temps de Guillaume, exposées en ce lieu; pendant les guerres anglaises, le Bourg-l’Abbé fut deux fois ravagé, en 1358, par des bandes anglo-navarraises, en 1435 par les paysans soulevés contre les Anglais; l’église dut être reconstruite: un chœur à chevet droit comme dans beaucoup d’églises anglaises, un transept avec deux chapelles, une nef avec un seul collatéral, une tour modeste, le tout présente peu d’intérêt.

Saint-Julien est sans doute aussi une très ancienne paroisse, vraisemblablement antérieure à Guillaume, antérieure certainement en tout cas au XIIe siècle. Située tout près des fortifications, l’église fut détruite en grande partie pendant le siège de 1417 et refaite au XVe siècle. Le portail a tous les caractères de l’époque, la nef est basse, sans triforium. La tour pyramidale qui signale de loin cette petite église dont les vitraux et la chaire sont de jolis travaux du XIXe siècle, est également moderne.

C’est au XVe siècle qu’à Saint-Michel de Vaucelles fut ajouté ce joli porche occidental formant saillie, bordé de festons, très intéressant témoignage du style flamboyant à Caen et certes contemporain du portail nord de Saint-Etienne-le-Vieux. C’est également de cette époque que datent le chœur et les chapelles qui l’accompagnent. Ce chœur se termine par un chevet droit avec de grandes baies, assez semblable à celui de Saint-Etienne-le-Vieux. Au XVIe siècle, sous l’administration des deux La Longny, Pierre et Gilles, qui se succédèrent dans l’administration de la paroisse et dont on voit les armoiries à la voûte, furent exécutées les peintures du chœur. Autour de la clef de voûte de la première travée représentant la Trinité, l’artiste a disposé dans huit [p. 37] médaillons séparés les quatre évangélistes et leurs quatre attributs: le bœuf, le lion, l’aigle et l’ange. Autour de la clef de voûte de la seconde travée représentant l’archange saint Michel, il a groupé de la même manière quatorze saints et saintes, patrons des confréries de la paroisse réorganisées précisément ici, comme dans la plupart des autres paroisses de Caen, dans les dernières années du XVe siècle.

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Photo Neurdein.

Saint-Jean. — La nef et le chœur.

Saint-Gilles, construite à l’époque romane, a été réédifiée depuis au XIIIe siècle. Au XVe siècle, les collatéraux ont reçu leurs chapelles, les voûtes ont été refaites, enfin, au XVIe siècle. Blaise Le Prestre, comme l’atteste formellement le médecin Jacques de Cahaignes, l’auteur des Eloges, a élevé le petit porche occidental dont la décoration est si fouillée, [p. 38] si amenuisée: là apparaissent les médaillons et les oves. Avec certaines parties de Saint-Etienne-le-Vieux, ce porche marque la transition entre le gothique flamboyant et l’art de la Renaissance.

Dans l’intérieur de la ville, avaient été presque complètement ruinées par le siège de 1417, deux églises situées près des remparts: Saint-Jean et Saint-Etienne-le-Vieux. A Saint-Jean, les premiers travaux de reconstruction datent de la domination anglaise et de Henri V, ils se sont prolongés pendant tout le cours du XVIe siècle et ne se sont terminés qu’au XVIe siècle. Il faut entrer dans cette église par une belle matinée, quand le soleil pénètre à travers les grandes baies en tiers-point de la nef et du chœur et vient baigner de lumière le bandeau de feuillage et la galerie ajourée du premier étage. Sinon, Saint-Jean présente ce paradoxe d’une église de style flamboyant, aux larges fenêtres, qui serait triste et sombre. Les voûtes sont peu élevées, ce qui est surtout sensible dans les collatéraux quelque peu écrasés. Ajoutons que l’église, qui s’étendait autrefois au milieu d’un cimetière, est depuis la fin du XVIIIe siècle, entourée de maisons; le porche même se dégage mal. Et pourtant Saint-Jean, dont De Bras louait l’unité de style, ne manque pas de caractère. Son chœur considérable qui présente quatre travées, alors que la nef n’en a que trois, lui donne de l’élégance, presque de la grandeur. Aux vitraux d’une des chapelles du chœur se voient réunies les armes de France et de Bretagne, qui datent cette partie de l’édifice de la fin du XVe ou du commencement du XVIe siècle.

La tour du portail est ornée sur le faîte par les statues des douze apôtres. De Bras dit que la tour du transept a été commencée de son temps. Il faut évidemment entendre par là, non 1593, date de sa mort, mais l’époque de son jeune temps ou de son âge mûr. Que l’on regarde le plan de Belleforest et on verra que l’édifice a déjà exactement son aspect actuel; donc les travaux étaient interrompus avant 1575, date de ce plan, donc ils ont été commencés bien auparavant. Cette tour, très peu étudiée, mériterait de l’être. Par son premier étage, elle présente encore comme tout le transept, le caractère du gothique flamboyant avec deux grandes fenêtres aux meneaux très découpés et deux oculus, mais au second étage la Renaissance apparaît. Il est difficile de dire ce qu’eût été l’édifice terminé. Les baies du second étage sont restées inachevées, mais l’esprit les achève en plein cintre: les petits lanternons qui montent avec la tour en étages successifs n’ont rien de gothique. La composition générale rappelle la lanterne de l’hôtel [p. 39] d’Ecoville. Et si la tour n’est pas l’œuvre d’Abel le Prestre, elle pourrait bien être due au puissant génie de Blaise. Il eût doté la ville d’une œuvre grandiose de plus, si... la tour ne s’était pas affaissée à mesure qu’on l’élevait, — la tour du portail a déjà une inclinaison très sensible; — c’eût été une seconde tour de Pise bâtie sur ces terrains mouvants de l’île Saint-Jean, c’en était assez d’une, et c’est dommage: une variété de plus fût venue s’inscrire dans la belle collection des tours caennaises.

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Photo des Monuments historiques

Saint-Jean. — Les tours.

Saint-Etienne-le-Vieux est une des plus anciennes églises de Caen; il ne reste plus de l’édifice ancien auquel s’est substituée plus tard une église gothique du XIIIe siècle que quelques parties sans intérêt: le chœur et les murs qui enferment les collatéraux.

L’église en partie détruite en 1417 reçut des dons de Henri V. Une tradition veut que Girard Bureau, vicomte de Caen, puis lieutenant général du bailli et son fils Hugues qui habitaient cette paroisse — on montre encore leur riche maison de pierre dans la rue Ecuyère — aient eu une part considérable à cette reconstruction. Les actes de donation que nous avons retrouvés ont un autre sens: toutefois à la troisième clef de voûte de la grande nef, on peut constater la présence de leurs armes.

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Photo Neurdein.

Saint-Etienne-le-Vieux. — La tour.

Si on arrive au Vieux-Saint-Etienne par le parc et qu’on examine [p. 40] d’abord le chevet, l’attention est tout d’abord attirée par le cavalier assez mutilé, au manteau antique, dont le cheval en fort mauvais état foule encore quelque rebelle. Le support sur lequel il repose et qu’ornent des armoiries a tous les caractères du XVIe siècle, mais le cavalier est vraisemblablement plus ancien. Au temps de de Bras, on le distinguait mieux qu’aujourd’hui. Pourquoi il faut avoir recours à sa description: « A l’endroit du chœur, par le dehors, sont eslevez en bosse le duc Guillaume le Conquérant à cheval, comme s’il faisait son entrée en ladite ville et sous les pieds de son cheval les représentations d’un jeune homme mort et d’un autre homme et femme à genoux, comme s’ils demandoyent raison de la mort de leur enfant qui est une antiquité de grand remarque dont je ne puis donner autre certitude de l’histoire, sinon ce que les personnages en bosse représentent. » De Bras en somme n’a pas l’air très sûr de son explication. Ce qui lui aura fait faire cette hypothèse, c’est la proximité d’une des portes de Caen que l’on appelait la Porte-au-Duc. On a encore vu là un saint Martin, le cavalier fondant sur Héliodore entré dans le temple pour le dépouiller, ou le grand cavalier de l’Apocalypse. Enfin, il a semblé aux archéologues qu’ici comme dans plusieurs églises de Poitiers, Limoges, Saintes, Parthenay, nous avions une représentation du Constantin dont le triomphe symbolise celui de l’Eglise.

[p. 41] Bien des dispositions rappellent ici l’architecture anglaise. Comme il arrive souvent en Angleterre, le chevet est droit. Une immense fenêtre s’élevant jusqu’au comble le remplit.

Pénétrons par le grand portail occidental, il offre encore un bel ensemble: pilastres géminés avec leurs voussures vides de statues, surmontés de ces dais à pinacles qui donnent un cachet particulier à cette église; au-dessus, une belle rosace très admirée qu’il est permis de trouver un peu petite et de tracé un peu lourd.

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Photo Neurdein.

Saint-Etienne-le-Vieux. — Le grand portail.

Si on s’arrête sous le portail, l’ensemble de la nef, si délabrée soit-elle, est encore saisissant. C’est, avec ses cinq travées qui s’appuient sur des piliers cylindriques flanqués de quatre colonnettes, une belle nef gothique. Les remaniements qu’a subis l’Eglise, la difficulté de l’agrandir sans empiéter sur la rue Saint-Etienne, aujourd’hui rue de Caumont, expliquent peut-être la déviation du chevet sur l’axe de la nef; et ceci confirmerait la théorie récemment émise par M. de Lasteyrie qui s’est efforcé de démontrer, à propos de ces églises désaxées, qu’il n’y avait point là un symbole représentant l’inclinaison de la tête du Christ mourant sur la croix, mais simplement un hasard dû à des circonstances particulières: raccords mal faits entre des travaux de périodes différentes, nécessité de s’accommoder au terrain. Admirons les galeries dont les [p. 42] balustrades sont formées de rinceaux s’épanouissant et se nouant tour à tour. Il y a là un abus de l’arc en accolade un peu lourd et appuyé, un peu écrasé du sommet. Aux voûtes de la grande nef, quelques clefs sont dignes d’intérêt; l’une présente tous les instruments de la Passion: la croix, la couronne d’épines, le marteau, les clous, les tenailles, l’échelle, la lance, le denier de Judas. Les autres renferment des blasons.

Au milieu du transept, quatre piliers formés de faisceaux de colonnettes portent la tour octogonale qui se voit de toute la ville, surtout du cours Bertrand et qui forme une lanterne d’une belle hardiesse: huit fenêtres ogivales à lancettes éclairent ici l’édifice.

Les dispositions les plus jolies, les plus originales, nous allons les trouver dans l’un des collatéraux. Le collatéral du sud renferme cinq chapelles, celui du nord n’en a que quatre, la cinquième est remplacée par un porche d’un caractère tout particulier. A l’intérieur de ce porche, se trouvent deux séries de niches, huit de chaque côté, abritées de dais, niches peu profondes qui ne semblent point destinées à des statues. Il n’y a de comparable à ceci que la chapelle Tudor du chœur de Henri VII à Westminster. Niches, dais, culs-de-lampe sont fouillés comme toute la sculpture des Tudors. La voûte de ce porche est presque plane, effet produit par le dédoublement des nervures qui constituent le système d’armature de toute voûte gothique; c’est le premier essai de ces plafonds fermés, combinaison des caissons de la Renaissance italienne avec les pendentifs du flamboyant, qui semble être l’apport caennais dans l’art de la Renaissance.

Au dehors, nous nous trouvons en présence d’un portail qu’il est difficile de bien voir, faute du recul nécessaire. Un arc en plein cintre est surmonté d’un arc en accolade très élancé; entre eux le tympan représente le martyre de saint Etienne. Des deux côtés, sont de riches clochetons de style flamboyant. Ce porche nord de l’église Saint-Etienne marque très vraisemblablement les débuts de la Renaissance à Caen, et si elle n’apparaît pas encore ici avec toute la débauche luxuriante de sa décoration, elle nous offre quelque chose d’infiniment curieux et neuf.

Saint-Pierre, comme le Vieux-Saint-Etienne, est une église fort ancienne; une tradition en fait remonter l’origine et la fondation jusqu’à saint Regnobert. Mais de l’église primitive il ne reste rien. Dans les fondations d’un des piliers de la tour, on a retrouvé des traces de substructions se succédant du XIe au XIVe siècle. Telle que nous l’avons sous les yeux, l’église date du XIIIe, du XIVe, du XVe, du XVIe et même sur un point — portail méridional — du XVIIe siècle, 1608. Chose remarquable, [p. 43] elle peut presque partout être datée avec une certaine précision. La partie inférieure de la nef vers le chœur a été construite au XIIIe siècle pour être remaniée au XVe. Au XIVe siècle, peut-être à la fin du XIIIe, appartient la tour, De Bras la date de 1308; il reproduit une inscription relative au trésorier qui l’avait fait élever, Me Nicolle Langlois qui mourut en juillet 1317.

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Photo Neurdein.

Saint-Pierre. — La tour et le portail.

Ensuite fut sans doute construit le grand portail; car en 1334, on rappelait le portail neuf. De Bras nous donne la date des collatéraux. Parlant des « ailes ou costez », il dit « celui devers le carrefour fut faict [p. 44] bastir viron l’an 1410. Et l’autre devers la poissonnerie quelque temps depuis, comme il peut apparoir par la date escript aux vitres ». Mais l’église étant en pleine voie de reconstruction, survint le siège de 1417 et la domination anglaise. Il semble bien que les travaux n’aient été repris que sous le règne de Louis XI, un demi-siècle après. Une fenêtre flamboyante du collatéral, celles du chœur datent de cette époque. En 1473, l’église est arrêtée au niveau même où le chœur prend aujourd’hui le caractère de la Renaissance: elle ne peut s’étendre vers l’est sans empiéter sur le cimetière qui l’entoure; au delà du cimetière se trouve le chemin du Roi qui court le long de la muraille de la ville depuis le Châtelet jusqu’à la tour Guillaume-le-Roy. Par les lettres patentes du 16 août 1473, Louis XI permet d’étendre le cimetière du côté de la poissonnerie. En 1478, on avait enfoncé des pilotis dans l’Orne pour soutenir les travaux de l’abside. L’église a d’abord été terminée par un chevet droit percé d’une fenêtre puisque, dit de Bras, « le coup de vent qui s’éleva l’an 1519, le vendredi dix-neufvième jour de mars, jetta la grande vitre du cœur Saint-Pierre de Caen qui contenait toute la largeur de l’église en la rivière ». De 1518 à 1545, — ces dates se lisent sur la galerie extérieure de deux des fenêtres du déambulatoire — on construisit tout le déambulatoire et on reconstruisit l’abside. La chapelle terminale, celle de la Vierge, porte sur un cartouche la date de 1530. Les remaniements qu’a subis cette partie de l’édifice, la difficulté d’un tracé parfaitement symétrique, puisque l’on travaillait en partie sur la berge et que l’on bâtissait jusque dans le lit de la rivière, peuvent expliquer la déviation de l’église où l’on a vu une application de l’inclinato capite.

A l’intérieur, Saint-Pierre, disent les croyants, n’inspire point le sentiment d’émotion religieuse que donnent tant d’autres églises. Au point de vue esthétique, reconnaissons que c’est trop joli pour être grand. A Saint-Pierre, c’est le détail qui attire et non l’ensemble qui s’impose. L’œil va tout de suite aux voûtes de la seconde partie de la nef et du chœur, aux clefs de voûtes pendantes; amusé il découvre ce Saint-Pierre si singulièrement niché dans l’une d’elles.

Dans les chapelles du déambulatoire, les nervures des arcs doubleaux se séparent et viennent se résoudre en de multiples et inquiétants pendentifs encadrant des caissons ingénieusement ornés. Là, on peut voir, dit M. Joly 3 « à côté d’un David luttant contre le lion, qu’on a pris pour [p. 45] un Milon (le nom de David est écrit sur le piédestal), à côté d’un Aaron ou Moïse barbu, les cheveux au vent, tenant en main un bâton où s’enroule un serpent, une Cérès, un Ganymède (la tête est brisée, mais un aigle est à son côté), une Déjanire enlevée par Nessus, et qui est d’un réalisme des moins édifiants, un Hercule vu de dos, une figure nue debout à côté d’une enclume, les bras levés et brisés, qui peut être un Tubal Caïn ou un Vulcain ».

Accusera-t-on la Renaissance d’avoir fait entrer le paganisme, la mythologie et l’histoire littéraire de l’antiquité dans l’église? Ce serait oublier le chapiteau du XIVe siècle qui se trouve à un des piliers du bas de la nef: il montre que bien auparavant la statuaire avait puisé à ces sources. Parmi les scènes sculptées ici, les unes représentent et symbolisent l’Amour divin. Le Phénix au milieu des flammes, c’est le symbole du Christ qui ressuscite, amour divin qui renaît toujours, qui triomphe de tout. Le Pélican qui déchire sa poitrine, c’est le Christ qui a souffert pour nous, c’est aussi l’amour divin propre à inspirer tous les sacrifices. L’Unicorne poursuivi par le chasseur, c’est encore le Christ, qui se réfugie auprès d’une Vierge, c’est aussi l’amour divin qui trouvera son siège dans un cœur chaste. Dans les autres scènes on lui oppose l’amour [p. 46] humain qui compromet les plus vaillants, abêtit les plus intelligents. Lancelot du Lac, le brave chevalier, pour l’amour de la reine Genièvre, traverse la rivière sur une épée et va se jeter dans la gueule du lion; Lancelot du Lac encore ou le vaillant Gauvain, dans le lit « aventureux » est menacé par une lance. Virgile reste suspendu dans la corbeille d’osier entre le sol et le sommet de la tour où se moque de lui la fille de l’empereur; et que dire d’Aristote qu’une femme a transformé en coursier?

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Photo Neurdein.

Saint-Pierre. — Le collatéral méridional.

L’extérieur de Saint-Pierre suscite l’admiration par sa tour tant de fois décrite et comparée par les archéologues anglais à celle de Salisbury, la plus célèbre des tours anglaises. Entre toutes les descriptions, prenons celle du vieux de Bras: « Ce qui est le plus singulier, c’est la tour ou pyramide, laquelle est d’une admirable hauteur fondée sur quatre moyens piliers de si subtil artifice qu’on ne voit et ne s’aperçoit-on du fondement, soit en entrant à l’Église par-dessous cette tour, ou à l’opposite par l’une des ailes. Puis est au-dessus élevée la pyramide d’une émerveillable hauteur qui est percée par quarante-huit grandes étoiles vides, où soufflent et coulent les vents qui empêchent d’endommager cette pyramide qui n’est que de quatre doigts d’épaisseur et en sont les pierres jointes les unes aux autres par crampons de fer et cimentées par le dedans. » De Bras a vu les tours de Paris, Rouen, Toulouse, Avignon, Narbonne, Montpellier, Lyon, Amiens, Chartres, Angers, Bayeux, Coutances, mais à ses yeux « cette tour de Saint-Pierre excède toutes les autres ».

Le grand portail a encore de la grandeur sous son gâble élevé. Au tympan était représentée la vie de saint Pierre qui a disparu. A été également mutilé le portail nord du XIVe siècle. On peut à peine distinguer sur le tympan un bas-relief représentant Jésus-Christ et une scène du Jugement dernier dont la figuration au portail des églises était traditionnelle.

Les contreforts et arcs-boutants qui par-dessus les collatéraux viennent appuyer la retombée de la voûte sont d’un tracé très ferme. Mais c’est surtout vers l’abside que se portera l’admiration. La haute église du XVe siècle avec ses fenêtres flamboyantes émerge encore au-dessus de la forêt de candélabres, de pinacles qui marquent les arcs-boutants de l’abside. L’œil n’est pas moins charmé par la composition des fenêtres d’Hector Sohier: substitution de l’arc en plein cintre à l’arc en tiers-point; suppression des meneaux, nécessaire pour éclairer le détail des caissons intérieurs; oculus qui éclairent au-dessus de la balustrade la chapelle de la Vierge, mais surtout, à mesure que l’on s’éloigne du sol, luxe et profusion de la décoration, luxe qui ne choque point l’œil, tant [p. 47] il y a de sûreté d’exécution dans la frise au-dessus des fenêtres et dans celle des balustrades où on aperçoit des enfants, génies ou anges, un saint Jean, des têtes de femme, des masques, des têtes d’animaux, des objets mobiliers, qu’enlacent, enroulent des arabesques infinies. On ne songe pas à critiquer les « légers et hardis clochetons qui, suivant la fine remarque de M. Joly, semblent l’œuvre d’un sculpteur sur bois, d’un tourneur, autant que d’un maître de la matière ». Ces pinacles évasés par le bas vont culminer jusqu’au-dessus de la balustrade du chœur, magnifiques candélabres disposés autour du pavillon octogonal, diadème qui [p. 48] couronne la chapelle de la Vierge. Si c’est un symbole, c’est bien tout ce que l’inspiration religieuse a apporté ici. Et sans doute, l’effet était plus saisissant encore, lorsque l’abside venait baigner dans la rivière par ses parties basses presque dénuées de décoration et qui n’apparaissaient pas alors aussi crûment.

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Photo Neurdein.

Saint-Pierre. — La nef.

Une tour gothique, une abside Renaissance, nous allons retrouver tout cela dans l’église Notre-Dame-de-Froide-Rue, aujourd’hui Saint-Sauveur, d’ailleurs très différente à d’autres égards de Saint-Pierre et de presque toutes les églises. Il y a là des dispositions très originales dues au hasard du développement de l’édifice, nous nous trouvons en présence d’une des paroisses les plus anciennes de Caen, fondée par saint Regnobert au VIIe siècle. De cette église, est-il besoin de dire qu’il ne reste rien, ni de celle qui la remplaça, ni de celles qui se succédèrent jusqu’au XIVe siècle?

Au XIVe siècle ou à la fin du XIIIe fut construite la tour, pyramide qui paraît une sœur jumelle de Saint-Pierre, plus massive, moins élégante, moins élancée, peut-être antérieure, mais de plan à peu près semblable. Vue de l’Université avec ses longues baies, sa balustrade, ses huit clochetons, ses huit fillettes, elle a vraiment grand air.

Quel est l’âge des deux nefs? Celle qui, à cause de son abside Renaissance, semble la plus récente est en réalité la plus ancienne. Les colonnettes qui garnissent les piliers des deux tiers de l’église appartiennent au XIVe siècle. Sans doute, il y a eu une église assez étroite et à nef unique complètement englobée dans des maisons.

La seconde nef a tous les caractères du gothique flamboyant; elle n’était pas encore construite en 1492, elle date des dernières années du XVe ou des premières années du XVIe siècle. On était gêné par les maisons de la Grande-Rue et par le voisinage de la Froide-Rue, d’où l’aspect bizarre et la ligne sinueuse de l’édifice; un arceau d’apparence hardie fait communiquer les deux nefs.

Où menait cet élégant escalier que l’on aperçoit de la Froide-Rue? Serait-ce à une tribune réservée à quelque riche fidèle, comme dans certaine église de Bruges, à un oratoire où se recueillait le prêtre avant de prêcher comme à Saint-Jacques de Dieppe ou à une chaire extérieure comme à Saint-Lô? Toutes ces hypothèses pouvaient être faites; mais en réalité c’est une monstrance destinée à recevoir ce reliquaire que l’on appelait du nom de son donateur « le Verdun ». Elle a été élevée après 1492, en même temps que la seconde nef dans laquelle elle est enchâssée 4.

[p. 49] Quant aux deux absides, elles se font bien valoir l’une par l’autre. M. Joly les compare à « deux sœurs coquettes qui se plairaient à se montrer l’une près de l’autre pour faire admirer par le contraste deux beautés différentes; l’abside ogivale, en toute sa fleur, avec ses trois fenêtres si sveltes, si élancées et bordées d’une si riche dentelle, avec sa balustrade élégante et la jolie décoration qui couvre toutes les parties pleines de la muraille, l’abside de la Renaissance avec sa riche et délicate ornementation s’offrent à nous réunies, faciles à embrasser d’un coup d œil, diverses, et cependant en bon accord, formant le plus piquant et le plus pittoresque ensemble ».

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Photo Neurdein.

Saint-Pierre. — L’abside.

[p. 50] Ne quittons pas Notre-Dame-de-Froide-Rue sans remarquer les peintures murales qui représentent saint Ambroise et saint Augustin. Saint Ambroise tient un livre, saint Augustin une figuration de la Trinité: le Père en Pape, avec tiare à la triple couronne, le Saint-Esprit, colombe, descend de la bouche du Père sur le Fils attaché à la croix.

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Photo Neurdein.

Saint-Sauveur (Notre-Dame-de-Froide-Rue). — L’abside gothique.

Ces peintures paraissent être un don d’un grand armateur caennais, Duval de Mondrainville, grand fondateur de donations pour les églises et les communautés religieuses, restaurateur du Palinod dont une inscription placée dans la chapelle rappelle la devise: En salut d’envie.

Notre-Dame-de-Froide-Rue a pris son nom à Saint-Sauveur du Marché, église fondée par saint Regnobert. aujourd’hui désaffectée et [p. 51] transformée en halle au beurre; le transept et la tour carrée semblent remonter au XIIe siècle. La nef du XVe s’ouvrait jadis sur la place par un joli portail de la même époque. Un dessin pris par Ducarel au XVIIIe siècle avant qu’on ne lui substituât le portail moderne d’un goût si déplorable, permet encore de s’en faire une idée; il présentait tous les caractères du gothique flamboyant. A l’intérieur de l’édifice, on remarque le chapiteau d’un pilier de la tour, où un mendiant d’un réalisme saisissant se traîne à genoux, appuyé sur sa béquille, et tend sa sébile. Au XVIe siècle appartiennent le chœur et les contreforts de l’abside. Le chœur, d’après l’abbé de la Rue, aurait été commencé en 1530 et achevé en 1546. Un document inédit de 1616 nous dit en effet qu’ « en ce temps, décembre 1546, furent faits le chœur et la chapelle de la Magdeleine ». Lorsqu’en 1836, on abattit la flèche élevée au XVIIe siècle, les clefs de voûte furent transportées au Musée des Antiquaires. Ici, comme au vieux Saint-Etienne, on retrouve sur l’une d’elles tous les instruments de la Passion. Quatre autres portent un blason qui, d’après Raymond Bordeaux, indique une famille récemment anoblie. L’acte de 1616 nous fait connaître les noms des fondateurs de la chapelle: un bourgeois nommé Jacques Poulain et son fils Sébastien. Est-ce Jacques Poulain que nous apercevons de la rue Saint-Sauveur dans un médaillon qui orne un contrefort de l’abside? Il porte la barbe et la fraise à la Henri II. Au-dessus du médaillon, deux jeunes enfants s’ébattent comme de jeunes poulains. On a cru reconnaître dans toute cette partie de l’édifice la marque du génie d’Hector Sohier. Ce sont bien en effet de grands contreforts à pilastres assez semblables à ceux de Saint-Pierre qui soutiennent les arcs-boutants de l’abside. Mais ce médaillon fait songer à la manière des Le Prestre, ainsi qu’un autre médaillon à triple face que nous retrouverons à la tour des Gendarmes.

Dans les édifices civils, dans les beaux hôtels du XVIe siècle, nous allons admirer le génie des Le Prestre: à la tour des Gendarmes, à l’hôtel d’Ecoville et à la maison de la rue de Geôle.


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