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Chroniques de J. Froissart, tome 07/13 : $b 1367-1370 (Depuis l'expédition du Prince de Galles en Espagne jusqu'à la nomination de B. Du Guesclin à la charge de Connétable de France)

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Mout fu plains et regretés messires Jehans Candos de tous les Englès, et certes ce fu bien raison, car il estoit une grande cappittainne entre yaux et sages chevaliers et vaillans durement et bons gouvernerres de gens d’armes; et mout euwireux ès fortunes avoit estet en touttes ses besoingnes. Fos 165 vo et 166.

P. 202, l. 3: rampronnes.—Ms. A 8: ramposnes. Fo 325.

P. 202, l. 8: se.—Ms. A 8: la.

P. 202, l. 9: le dessus dit.—Mss. A 7, 8: le dit escuier.

P. 202, l. 15: sallirent.—Mss. B 2 à 4, A 7, 8: salli.

P. 202, l. 27: peu.—Mss. A 7, 8: petit.

P. 202, l. 27: un peu reslet.—Ms. A 15: une petite rousée. Fo 362.

P. 202, l. 27: reslet.—Ms. A 17: resel. Fo 374.

P. 202, l. 28: s’entouella.—Ms. A 7: s’en touilla. Fo 316 vo.—Ms. A 8: s’entorteilla.

P. 202, l. 29: s’abuscha.—Ms. A 7: s’abusca.—Ms. A 8: trebucha.

P. 203, l. 8: abuschant.—Ms. A 8: trebuchant.

P. 203, l. 18: cuisses.—Ms. B 6: bras. Fo 763.

P. 204, l. 1 et 2: signeur.—Le ms. A 1 ajoute: messire Jehan Chandos. Fo 325 vo.

P. 204, l. 5: aïreement.—Ms. A 8: arreement.

P. 204, l. 8: Jakes.—Le ms. A 8 ajoute: de Saint Martin.

P. 204, l. 13: avoient veu.—Ms. A 8: savoient.

P. 205, l. 4: en sus.—Ms. A 8: arrière.

P. 205, l. 6: des nostres.—Ms. A 8: de nos gens.

P. 205, l. 20: flair.—Ms. A 8: fleur.

P. 205, l. 20: froais.—Ms. A 8: frais.

P. 206, l. 16: dolouser.—Ms. A 8: doulorer.

P. 206, l. 26 et 27: sus targes et sus pavais.—Ms. B 6: en une litière. Fo 764.

P. 206, l. 32: poursongniés.—Ms. A 8: visitez. Fo 326.

P. 207, l. 1: à Poitiers.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: Et ce firent les Anglois par desplaisance et pour contrevengier la mort d’un si vaillant homme comme monsigneur Jehan Chandos, dont ce fut mal fait. Et depuis le dit Karenlouet fist moult chierement comparer à pluseurs Anglois la mort du dit Jehan de Saint Martin, si comme vous orrez ci après en l’istoire; ne oncques il ne vint bien de traittier nul prisonnier autrement que droit d’armes ne requiert. Fo 363 vo.

§ 646. Apriès le mort.—Ms. d’Amiens: Apriès le mort de lui (Jean Chandos), demoura messires Thummas de Perssi senescaus et gouvreneres de Poito... Fo 166 ro.

D’autre part, en celle meysme saison, fu la terre de Saint Saulveur en Constentin, en le Basse Normendie, qui avoit esté de monsigneur Jehan Camdos, dounnée et acordée, à l’ordounnanche dou roy englès, à monsigneur Alain de Bouqueselle, un sien chevalier, appert homme et courtois durement, liquelx l’envoiea saisir et prendre de par lui, et en devint homs au roy d’Engleterre... Fo 167.

En ce tamps, devint messires li Chanonnes de Roberssart Englès, qui en devant avoit estet si bons Franchois et gouvreneres de le terre monsigneur de Couchy, et avoit ruet jus par pluisseurs fois des Englès; mès li dis chevaliers disoit et moustroit que il se pooit bien traire là où il lui plaisoit, sans fourfait, car il estoit haynuiers et riens ne tenoit ou royaumme de Franche. Si furent les Englès durement liés, car il estoit appers chevaliers et rades durement, et l’amèrent mout en leur compaignie. Si puet on mout bien croire et supposer que ce fu tout par le pourcach et enhort le signeur de Gommegnies, son cousin, qui estoit adonc une grande cappittainne entre les Englès et souverains de le bastide de Arde.

En ce tamps et par celle guerre renouvellée des deux roys, eschei li sires de Couchy, messires Engherans, en un dur parti; car il estoit as armes et dou plus biel de son hiretage franchois et homs feaux et d’oummaige au roy de Franche et li uns des douze pers. D’autre part, ossi il tenoit grant terre et grant revenue en Engleterre de par madamme sa femme, la fille dou roy, que il avoit pour espeuse, si comme vous avés chy dessus oy recorder. Si se doubta li sires de Couchy, qui estoit sages et percevans chevaliers durement, de escheir en le indination et malivolense de son droit seigneur naturel le roy de Franche et de son père le roy d’Engleterre. Sy s’escuza si bellement et si sagement deviers l’un roy et l’autre que il s’en contentèrent. Et dist que de ceste guerre, par le gret et congiet de l’un et de l’autre, il ne s’armeroit point, si comme il fist; mès se parti de Franche, la guerre pendant, et ordounna ses besoingnes. Et laissa madamme sa femme à Couchy et se ainsnée fille, et l’autre en Engleterre; et puis s’en alla en Lombardie deviers les signeurs de Melans, là où il fu un grant tamps, enschois qu’il retournaist en Franche... Fo 162 ro.

Si estoit li pays en grant variement, et par especial doy grant baron de Limozin estoient en ce tamps venu à Paris et y sejournoient tout quoi, en tretiet et en pourkac que d’iaux tourner franchois. Si estoient chil messires Loeys de Melval et messires Raimmons de M[a]roel ses nepveus. Quant chil doi baron sceurent le mort de monsigneur Jehan Camdos, se dissent bien, en lui complaindant, que li prinches et li Englès avoient trop perdu et que par li se pooient faire trop de belles recouvranches; il disoient verité. Enssi chil doi baron dessus noummet se tournèrent franchois, et fissent pluisseurs chevaliers et escuiers de leur pays tourner franchois et ossi depuis tamainte belle fortrèce. Encorres par leur enhort furent mandé de par le roy de Franche, sus bon sauf conduit, messires Jehans de Bourbon, comtes de le Marche, qui estoit homs feaux dou prince, et li sires de Pierebufière, marchissant en Limozin. Quant il furent venus à Paris, li roys leur fist bonne chière, et sejournèrent ung grant tamps dallés lui. Si furent en ce sejour dou consseil dou roy mout priiet et preechiet que eulx se volsissent tourner franchois; mès adonc ilz ne le fissent mies et s’en retournèrent arrierre en Limozin... Fo 166 ro.

P. 208, l. 16: anoi.—Ms. A 8: ennuy. Fo 326 vo.

P. 209, l. 3: Melans.—Ms. A 7: Melan. Fo 318.—Ms. A 8: Milan.

P. 209, l. 4: Bernabo.—Le ms. B 6 ajoute: et puis fu saudoier au pappe contre les signeurs de Mellan, et fu ensy waucrant hors de son pais cinq ans; et madamme sa femme se tenoit en se terre et faisoit ses finanches. Fo 764.

P. 209, l. 21: Melval.—Ms. A 8: Maleval.

P. 210, l. 6 et 7: prisonniers.—Le ms. A 8 ajoute: à Agen.

§ 647. P. 211, l. 32: quinzime.—Ms. A 8: cinquime. Fo 327 vo.

§ 648. P. 212, l. 3: ducainné.—Ms. A 8: duchié. Fo 327 vo.

P. 212, l. 5: Rocewart.—Ms. A 7: Rochouart. Fo 318 vo.—Ms. A 8: Rochechouart.

P. 212, l. 5 et 6: Melval.—Ms. A 8: Maleval.

P. 212, l. 6: Moruel.—Ms. A 8: Marueil.

P. 212, l. 16: Keranloet.—Mss. B 1 à 4: Caruels. Ms. B 3, fo 324.—Ms. A 7: Kaeranloet.—Ms. A 8: Carlouet.

P. 212, l. 19: eurent priès.—Ms. A 8: eussent pris.

§ 649. Li dus.—[*] En ce tamps, se parti de Paris li dus de Bourbon à grant fuisson de gens d’armes, chevaliers et escuiers, et li marescaux de Franche avoecq lui, messires Loeys de Sansoire; et s’en vinrent mettre le siège devant Belleperce, où Bernars de West, Hortingo et Chikos de la Salle se tenoient et leur compagnon en garnison, et la mère dou duc de Bourbon avoecq yaux prisonnierre. Si fissent li signeur de Franche qui là s’amanagièrent, ung très bel logeis et grant devant Belleperce, à mannierre d’une ville, bien fremmée de fossés et de palis; et jura li dus de Bourbon le siège à tenir, et dist que jammais n’en partiroit jusques à tant qu’il raroit sa fortrèce. Là estoient avoecq lui li sires de Sulli, messires Robers de Sansoire, li comtes de Saint Pol et messires Galerans ses fils, messires Jehans de Bouloingne, messires Robers et messires Huges Daufin, li sires de Montagut, d’Auvergne, li sires de Biaugeu, messires Ghodeffrois de Bouloingne, li sires de Calençon, messires Jehans de Buel, messires Jehans de Villemur, messires Rogiers de Biaufort, messires Jehans de Vianne et li marescaux de Franche et pluisseurs autres barons, chevaliers et escuiers, que li roys y avoit envoiiés en l’ayde de son serourge le ducq de Bourbon. Si estoient li Franchois bien quinze cens hommes d’armes et trois cens arbalestriers, et venoient souvent escarmucier et combattre à le barrière à chiaux dedens; et avoient fait ouvrer et drechier grans enghiens devant le fortrèce, qui y jettoient pierres de fais qui desrompoient et brisoient les combles et les couvertures dou castiel. Chils assaux des enghiens estoit une cose qui mout travilloit et esbahissoit chiaux de dedens et especiaument la damme mère au duc de Bourbon qu’il tenoient prisonnierre. Et fist la dite damme par pluisseurs fois priier et requerre à son fil le dit ducq, que il se volsist deporter de faire jetter ces enghiens, car trop le travilloient; mais li dus n’y vot oncques entendre et dist que ja ne s’en cesseroit jusques à tant que il aroit abatu le fortrèce et mis rés à rés de le terre.

[*] L’original ne précise pas le manuscrit. Ms. d’Amiens? (n. d. t.)

Quant li compaignon qui dedens estoient, virent ce, si se doubtèrent durement que maux ne leur em presist et que par force il ne fuissent concquis: si envoiièrent certains messaiges devant monsigneur Jehan d’Euvrues, senescal de Limozin, en lui priant et requerant que il volsist aller deviers le prince et son consseil, et que on leur tenist les couvens que on leur avoit proummis, quant il se departirent d’iaux et de le chevauchie de Rohergue et de Quersin.

Quant messires Jehans d’Evrues, qui se tenoit adonc en le Soteresne, entendi les nouvelles de ses compaignons et en quel parti et peril il gisoient dedens Belleperce, si monta tantost à ceval et s’en vint en Angouloime deviers le prince. Si le trouva et monsigneur Ammon son frère et le comte de Pennebrucq avoecq lui et pluisseurs chevaliers et escuiers. Si fist li dessus dis chevaliers son mesaige bien et à point, et esploita si bien que li prinches respondi qu’il seroient comforté et que il y envoieroit gens assés pour combattre les Franchois et lever le siège. Si fist tantost li prinches ungs très especial mandement en Poito et en Saintonge, et une grande assemblée de barons, de chevaliers et d’escuiers. Quant il furent tout venu, chacuns seloncq se quantité et son pooir, et assamblé, il les recarga au comte de Cantbruge son frère et au comte de Pennebruc, et leur enjoindi que il chevauçaissent deviers Belleperce et dou sourplus il en ordounnaissent à leur honneur et par bon consseil. Chil obeirent au coummandement et ordounnance dou prinche, et cheminèrent celle part à grant esploit, bien pourveu et bien garny de tout chou qu’il faut et appertient à ung host et à gens d’armes; et fissent tant par leurs journées qu’il passèrent Limozin et Auviergne et entrèrent en Bourbonnois. Si vinrent d’autre part et se logièrent deviers leur costé à l’encontre des Franchois: dont cil qui estoient en le fortrèche furent grandement resjoy, et virent bien que temprement il seroient comforté, fust par bataille ou autrement.

Quant li dus de Bourbon et li signeur de Franche qui là estoient, virent venus les Englès et qui se logoient contre yaux devant Belleperche, si se missent sus leur garde et remforchièrent leur gens et segnefièrent tout leur estat au roy de Franche. Si trestost que li roys oy ces nouvelles, il fist de recief une semonsce et un mandement de gens d’armes environ Paris où il se tenoit adonc, et tout mouvant de là jusques en Auviergne, en Biausse, en Gastinois, en Brie et en Orlenois, en Blois, en Berry; et remforcha les gages des gens d’armes et des saudoiiers, affin que plus vollentiers il se trayssent de celle part. Et meysmement messires Loeys de Sansoire, marescaux de France ou lieu de monsigneur Boucicau qui estoit nouvellement trespassés, envoiea hiraux, lettrez et priières deviers ses amis et touttes gens d’armes qui estoient tailliés d’iaux avancier et d’aller en celle chevauchie pour leur honneur, en yaux amonestant et disant que il se volsissent traire de celle part, et qu’il penssoit qu’il esploiteroient pour yaux honnerablement sour les Englès; car il gisoient assés mervilleusement. Au coummandement dou roy de Franche et à le priière et monition dou dit marescal, se partirent de leurs hostels pluisseurs signeurs, chevaliers et escuiers, et se traissent deviers Belleperce, et fu grandement leur host remforchié. En cel estat furent il plus de quinze jours l’un devant l’autre, que tous les jours on se quidoit combattre; mès li Franchois ne partoient mies de leur clos, se ce n’estoient aucun compaignon aventureux qui venoient lanchier et escarmuchier as Englès, et li Englès à yaux. Fo 166.

P. 213, l. 8: si le raroit.—Ms. A 8: jusques à ce qu’il le raroit. Fo 327 vo.

P. 214, l. 19: Quersin.—Ms. A 7: Caoursin. Fo 319.—Ms. A 8: Crecy. Fo 328.

P. 214, l. 19 et 20: en couvent.—Ms. A 8: encouvenancié.

P. 214, l. 30: enditteroit.—Ms. A 8: induiroit.

P. 215, l. 2: trouva il.—Les mss. B 2 à 4 ajoutent: le prince.

P. 215, l. 6: le captal.—Le ms. A 8 ajoute: de Beuch.

P. 215, l. 21 et 22: plus de... gens.—Ms. B 6: bien douze cens lanches, que chevaliers, que escuiers, et troi mil aultres gens. Fo 766.

P. 216, l. 13: en istance de ce que.—Ms. A 8: en entencion et. Fo 328 vo.

P. 216, l. 18: hasteement.—Mss. A 7, 8: hastivement.

P. 216, l. 21: porter.—Les mss. A 7, 8 ajoutent: grant.

P. 216, l. 21 et 22: le monicion.—Ms. A 8: l’ennortacion.

P. 216, l. 25: Donsceneue.—Mss. A 7, 8: Donsteneve.

§ 650. Quant li contes.—Ms. d’Amiens: Quant li Englès, qui estoient logiés et espars sus les camps par villages et par hamiaux et par connestablies, chacuns sires entre ses gens, virent que li dus de Bourbon et li chevalier de France ne partiroient point de leur fort ne venroient combattre, si eurent consseil que d’envoiier Camdos le hiraut par deviers yaux pour remoustrer une partie de leur entente. Adonc Camdos, emfourmés de ses mestres et avisés quel cose il devoit dire et faire, se parti d’iaux, et chevaucha tant qu’il vint ou logeis des Franchois et par especial deviers le duc de Bourbon, qui estoit ciés de ceste chevauchie et assamblée. Se li remoustra, presens pluisseurs barons et chevaliers qui là estoient de son consseil, coumment li comtes de Cantbruge et li comtes de Pennebrucq et leurs gens s’estoient là tenu à celle entente que il quidoient que ilz dewissent yssir hors de leur clos et yaux combattre; et ou cas que ilz voroient yssir et yaux traire sour les camps, li Englès estoient appareilliet d’iaux retraire arierre et livrer pièce de terre pour combattre; et, se il avoient plus chier deviers leur costé, li Englès passeroient vollentiers oultre une petite rivierre qui là estoit, et se venroient combattre à yaux. Li dus de Bourbon respondi que il ne feroit ne l’un ne l’autre, et qu’il n’estoit mies là venus ne arestés pour lui mettre en l’ordounnanche de ses ennemis, mès il fuissent tout sceur que de là ne se partiroit il jusques adonc que il aroit son castiel de Belleperce. Donc respondi li hiraux: «Monsigneur, puisque vous ne voullés faire ne l’un ne l’autre, pour che my mestre et signeur vous segnefient de par moy que, dedens trois jours, vous verres madamme vo mère, se vous voullés, partir dou castiel et mener ent Savoie: si vous avisés sour che, et le rescoués, se vous povés.» Adonc respondi li dus de Bourbon, et dist: «Camdos, dittez à vostres mestres, se il l’enmainnent, nous le rarons, quant nous porons; mès c’est grant cruaultés et mal honnerablement guerriet quant, en guerre de roys et de signeurs, les femmes sont hors de sauvegarde.» Adonc se parti li hiraux, et s’en revint arrierre à ses mestres, et racompta bien et sagement tout ce que vous avés devant oy. Fo 166 vo.

P. 217, l. 5: endittés.—Ms. A 8: induis. Fo 328 vo.

P. 217, l. 10: trop.—Ms. B 2: tous. Fo 13.

P. 217, l. 22: racquis.—Ms. A 8: conquis.

P. 217, l. 27: Issu.—Ms. A 8: issirent. Fo 329.

P. 218, l. 8 et 9: asseulée.—Ms. A 8: seule.

P. 218, l. 12: prises.—Ms. A 8: prisonnières.

P. 218, l. 19: poet.—Ms. B 8: pourra.

P. 218, l. 26: selonc ce que.—Ms. A 8: comme.

P. 218, l. 28: ennoiiet.—Ms. A 8: courrouciez.

§ 651. Quant ce vint.—Ms. d’Amiens: Si eurent li Englès consseil sour chou, et droit au jour que mis et ordounné il avoient, il s’armèrent tout et missent en arroy de bataille bien et faiticement, et levèrent leurs bannierres et leurs pennons, et fissent arouter tous leurs archiers. Et là fu fais nouviaux chevaliers et leva bannierre li sires de Pons en Poito, et le fist chevalier li comtes de Cantbruge, et un autre jone escuier de Haynnau, Jehan d’Aubrecicourt, fils à monsigneur Nicolle et nepveus à monsigneur Ustasse, dont vous avés bien oy parler en pluisseurs lieux en cest[e] histoire.

Enssi furent chil signeur d’Engleterre rengiet et ordounné par mannierre de bataille, du matin jusques à nonne ou priès, et tant que on eut tout tourssé, cargié et apresté ce que porter et mener en volloient. Et fu la dessus ditte dame montée et arée bien et deuwement, enssi que à lui appertenoit; et l’enmenèrent li dessus dit Englès, voyant tous chiaux de l’host, qui veoir le veurent... Fo 167.

P. 219, l. 5: Jehans.—Ms. B 6: Guillaumes. Fo 766.

P. 219, l. 5 et 6: Sallebrin.—Ms. B 2: Salsiberich. Fo 13 vo.—Ms. A 8: Sallebery. Fo 329.

P. 219, l. 11: arrêt.—Ms. B 2: arreet.—Ms. A 8: arreé.

P. 219, l. 17: adestroient.—Ms. A 8: adreçoient.

P. 219, l. 19: princeté.—Ms. B 2: princhauté.—Ms. A 8: prinçauté.

P. 219, l. 24: pris.—Ms. A 8: fait. Fo 329 vo.

P. 219, l. 25: tantos.—Le ms. A 8 ajoute: et sans delay.

P. 219, l. 25 et 26: le tenoient.—Ms. B 2: pour prisonnière le tenoient.—Ms. A 8: prisonnière la tenoient.

P. 219, l. 26: quel.—Mss. B 2 et A 8: quelque.

§ 652. Vous devés savoir.—Ms. d’Amiens: Or revenrons au duc de Bourbon, qui ne fu mies trop joieans quant il en vit sa mère mener des Englès; mès amender ne le peult, tant c’à celle fois. Touttesvoies, il acompli son veu et furni son sierement, car il racquist Belleperche et entra dedens, et y mist une bonne garnison de gens d’armes. Et le fist remparer, rafrescir et repourveir bien et souffissanment, et dounna à touttes mannierres de gens d’armes congiet, et ils meysme s’en revint en Franche. Si eut par traitiet, si come chy dessus est dit, madamme se mère en escange pour monsigneur Simon Burlé.

Apriès le revenue de Belleperche, li comtes de Pennebrucq s’en vint demorer à Mortaing sus mer en Poito, et les Compaingnes metoient le pays en grant tribulation. Si y avoit souvent des escarmuches des uns as autres, des yssues, des rencontres et des pugneis, car il y avoit en le Roce de Ponsoy et en le Haye en Tourainne grant garnison de Franchois. Se couroient et chevauchoient souvent li uns sus li autre, une heure perdoient et l’autre gaegnoient, enssi que en telx fais aviennent souvent les aventures de perdre et de gaegnier.

En ce tamps, passa messires Robers Canolles en Engleterre, car li roys englès l’avoit mandé qu’il venist parler à lui. Si y vint, et le rechupt li roys moult liement et le retint dalés lui et de son plus especial consseil. Fo 167.

P. 220, l. 4: remparer.—Ms. A 8: reparer. Fo 329 vo.

P. 220, l. 14: esvuidoient.—Ms. B 2: eswidoient. Fo 13 vo.—Ms. A 8: widièrent.

P. 220, l. 29 et 30: menères.—Ms. A 8: meneur.

§ 653. En ce temps.—Ms. d’Amiens: Ossi s’en revint li dus d’Ango en France veoir le roy son frère et ses autres frères. Si se tint à Paris et là environ, dou miquaresme jusques apriès Pasques; et le solempnité de le Pasques, qui fu l’an de grasce mil trois cens soissante et dix, tint li roys Carles de France mout grant court et très solempnelle; et y furent si troi frère li dus d’Ango, li dus de Berri, li dus de Bourgoingne, li dus d’Orleens, li dus de Bourbon, li comtes d’Alençon, li comtes de Bouloingne, li comtes de Saint Pol, li comtes du Perce, li comtes de Vendosme, li daufins d’Auvergne et tant de comtes, de barons et de chevaliers que sans nombre. Et les avoit li roys mandés pour solempniier le Pasque et festiier son frère le duc d’Ango, qui estoit revenus de le Langhe d’Ock et avoit durement bien esploitié ens ès marches de Toulouse et raquis sus les Englès grant fuisson de pays, de chités, de castiaux et de bonnes villes, et fait retourner franchois ossi grant plenté de seigneurs, chevaliers et escuiers de le terre don prinche: pour tant, li roys l’onnouroit et veoit plus vollentiers, car li dus d’Ango li affioit que, dedens deux ans, il n’y aroit nul Englès en le Langhe d’Ock et que tous li pays seroit raquis franchois.

Quant les Pasques et les festes furent passées et que on eut festiié et jeué assés, et que li roys eut dounné grans jeuiaux nobles et rices as chevaliers estrainges et là où il le veoit le mieux emploiiet, car de ce est il mout coustumiers, il y eut grans conssaux et grans parlemens tenus enssamble à Paris entre les royaux. Si fu adonc ordounné et aresté que, en cel estet, deux chevauchies grandez et grosses se metteroient sus, dont li dus d’Ango seroit souverains de l’une, et li dus de Berri et li dus de Bourbon, de l’autre; et venroient mettre le siège devant le chité de Angouloime et assegier le prinche. Et devoit li roys de Franche remander messire Bertran de Claiequin, qui estoit en Espaingne avoecq le roy Henry... Fo 167 ro et vo.

Quant li dus d’Ango eut estet une espasse de temps dallés son frère le roy de Franche, il prist congiet et se parti de Paris, et chevaucha tant par ses journées qu’il revint arrierre en le bonne chité de Toulouze, dont il estoit partis. Assés tost apriès chou que il y fu venus, il fist une semonsce et ung très especial mandement à touttes gens d’armes, chevaliers et escuiers, que ilz venissent tous à Thoulouze ou illuecq environ, et pria au comte d’Ermignach, au seigneur de Labreth, au comte de Pierregorth, au comte de Comminge et au viscomte de Quarmaing, que chacuns s’emforçast endroit de lui de mettre sus touttez les gens d’armes qu’il poroient avoir, car il volloit faire une moult grosse chevauchie. Chacuns obey, qui semons et priés y fu. Fo 167 vo.

P. 221, l. 14: gouvreneroit.—Ms. A 8: gouverneroient. Fo 329 vo.

P. 221, l. 14: Ghiane.—Ms. A 8: Guienne.

P. 221, l. 18 à 23: Encores... France.—Ms. B 6: Ossy le duc d’Ango, qui moult amoit monsigneur Bertran de Claiquin, le pourposa adonc estre connestable de France et pour le remander en Espaigne; mais il n’en fu encores riens fait, quoyque le roy de Franche y entendesist vollentiers. Fo 767.

P. 221, l. 21: se.—Le ms. A 8 ajoute: vaillamment. Fo 330.

P. 221, l. 22: d’estre.—Mss. B 2 et A 8: qu’il volsist estre.

P. 221, l. 24: Charles.—Ms. A 8: de France.

P. 222, l. 2: tant.—Le ms. B 6 ajoute: et s’en vint par Bourgogne et par Avignon et à Montpellier et fist là son mandement de gens d’armes et de bidaus. Fo 767.

P. 222, l. 5: peut.—Mss. B 2 et A 8: pooit, povoit.

P. 222, l. 8: Ernaudon de Pans.—Ms. B 2: Naudon de Pons. Fo 14.

P. 222, l. 21: estoffeement.—Ms. A 8: efforcieement.

§ 654. Tout en tele manière.—Ms. d’Amiens: Tout en tel mannierre que li roys de Franche ordounnoit à faire ses chevauchies sour le terre dou prinche, ordounnoit li rois englès deux autres chevauchies, dont li dus de Lancastre, ses fils, devoit y estre chiés de l’une et envoiiés en Acquittainne deviers le prinche, son frère, et une quantité de gens d’armes et d’archiers; et messires Robers Canolles, chiés de l’autre, et devoit passer le mer et ariver à Calais à deux mil hommes d’armes et quatre mil archiers, et chevauchier parmy Artois, Vermendois et Pickardie et tout le royaumme de Franche, et venir devant Paris. Tout ce osoit bien messires Robers emprendre, dont li Englès avoient grant joie; et pour leur voyaige acomplir et furnir plus seurement et que leur pays ne fust ars, gastés ne essilliez des Escochois, que moult il doubtoient, entroes que ces gens d’armes seroient hors d’Engleterre, il envoiierent grans messages et sages traiteurs, l’evesque de Lincolle et l’evesque de Durem et le comte de Herfort et le signeur Latimer, au Noef Castiel sus Tin. Là eut sus marche de pays, entre Bervich et Rosebourch, grans parlemens des signeurs d’Escoche et d’yaux. Finablement, les coses furent si bellement et si sagement demenées et pourparlées, que une trieuwe fu prise, dounnée et acordée et seellée entre les deux royaummes d’Engleterre et d’Escoce et tous les converssans de dedens à durer cinq ans; et pooient li Escot, se il volloient, venir servir le roy englès, parmy lors gaiges prendant, ou les Franchois, là où le mieux il leur plaisoit à traire. Apriès ces coses faittes et acomplies, li dessus dit messaigier, qui en Escoce avoient estet envoiiet, retournèrent à Londres deviers le roy; si recordèrent coumment il avoient esploitié. De chou se tinrent à bien contens li rois et tous ses conssaux. Si regardèrent qui s’en yroit en Giane avoecq le duc de Lancastre. Si en furent esleu et nommé li sires de Ros, messires Mikieus de la Pole, messires Robers Rous et messires Jehans de Saint Lo, et furent en celle routte deux cens hommes d’armes et trois cens archiers. Si ordounnèrent et aprestèrent tout leurs besoingnes bien et à point, chevaux, armes, harnois et grant fuisson de bonne artillerie, et s’en vinrent à Hantonne et pourveyrent leurs vaissiaux de touttes pourveanches bien et largement, pour passer le mer et ariver à Bourdiaux ou là environ: telle estoit leur entente.

D’autre part furent nommé, esleu et ordounné chil qui devoient passer le mer avoecq monsigneur Robert Canolles, premierement messires Thummas de Grantson, messires Alains de Bouqueselle, li sires de Fieu Watier, messires Gillebers Griffars, messires Jehans de Boursier, messires Jehanz Mestreourde et pluisseur autre chevalier et escuier. Si ordounnèrent leurs besoingnes, leurs armures et leurs harnas, et se pourveirent bien à point pour passer environ le Saint Jehan Baptiste, que li bleds coummenchent à meurir. Or revenrons as chevauchies que li signeur de Franche missent sus et coumment et par où il entrèrent en Acquittainne, quant li dus d’Ango... Fos 167 vo et 168.

Si chevauchièrent et cheminèrent tant (les gens des Compagnies anglaises qui emmenaient prisonnière la duchesse douairière de Bourbon), par leurs journées, qu’il vinrent en Angouloime deviers le prinche qui les rechupt à grant joie. Et là fissent une requeste au dit prinche messires Jehans d’Euwrues, Hortingos, Cikos de la Salle et Bernars de Wes, qui Belleperche avoient pris et la damme tenoient pour prisonnierre, à savoir qu’il volloit qu’il fesissent de la dessus ditte damme. Li prinches de Galles, sur ceste parolle penssa un petit, et puis respondi, lui bien consilliet en soi meysmes: «Biau signeur, sans moy et mon consseil, vous le presistes: si en faittes dou sourplus ce que il vous samble que bon soit; mais je voeil, quel ordounnanche ne delivranche que vous en fachiés, que messires Simons de Burlé soit quittes de se prison et que je le raie.» Il respondirent: «Vollentiers.» Adonc empruntèrent li compaignon à monsigneur Simon de Burlée, qui estoit prisonniers à monsigneur Jehan de Buel, la tour de Broe, qui siet à quatre lieuwes de le Rocelle, et là le tinrent ung tamps bien et courtoisement, et li faisoient avoir em partie tout son estavoir. Si fu par tretiet tantost apriès ce delivrée pour le dessus dit monsigneur Simon de Burlée et six mil frans que elle paiia pour ses frès. Et si se ranchounna ossi messires Caponnés de Caponval, li chevaliers franchois qui avoit aporté l’apiel au prinche de par les seigneurs de Gascoingne, et qui fu pris et emprisonnés en Penne en Aginois. Si revint en Franche, mès li clers qui fu pris avoecq lui, mourut en prison.

Ossi se ranchounnèrent messires Loeys de Saint Juliien et Caruel, qui avoient estet pris au pont de Luzach des gens monsigneur Jehan Camdos, si comme vous avés chy dessus oy; mais li escuier Jakes de Saint Martin, qui li donna le cop de le mort, morut des playes qu’il eut, assés tost apriès en le chité de Poitiers... Fo 167 ro.

En ce tamps, estoient en grant tretiet de pais ou de gerre li rois de Franche et li rois de Navarre pour aucunnes terres que li rois de Navarre demandoit à avoir et à tenir ou royaumme de Franche. Si s’en ensonnioient, par cause de moiien, li comtes de Salebruche et messires Guillaummes de Dormans. Tant fu parlementé et allé de l’un à l’autre que on les acorda; car on remoustra au roy de Franche qu’il valloit mieux qu’il se laiast à dire et aucune [cose] aller du sien qu’il ewist gerre à son serourge le roy de Navarre, car il avoit gerre assés as Englès. Si descendi li roys de Franche à l’opinion de ses gens et pardounna au roy de Navarre son mautalent, et vint li dessus dis rois à Paris où il fu grandement festiiés.

Assés tost apriès, fu acordés li mariaiges de madammoiselle Jehanne de Franche, qui fu fille au roy Phelippe et de la roynne Blanche, serour au roy de Navarre, au fil le roy Pierre d’Aragon, et fu mout honnerablement envoiiée celle part, car elle estoit ante dou roy de Franche. Si s’en volloit li rois acquitter, ensi qu’il fist, moult grandement; mès elle trespassa sour le cemin: Dieux en ait l’anme!

Or revenrons as chevauchies que li signeur de Franche missent sus, et coumment et par où il entrèrent en Acquittainne. Fo 172 vo.

P. 223, l. 11: en ce parti.—Ms. A 8: en ce pais. Fo 330.

P. 223, l. 17: ensonniier.—Ms. A 8: embesoingnier.

P. 223, l. 18: usé.—Ms. A 8: aprins.

P. 223, l. 30: Burlé.—Ms. A 8: de Burlé.

P. 224, l. 7: s’ensonniièrent.—Ms. A 8: s’embesoingnièrent.

P. 224, l. 15: greveroient.—Mss. B 2 et A 8: greveroit. Fo 14 vo.

P. 224, l. 17: endittés et preeciés.—Ms. A 8: enduis et pressez. Fo 330 vo.

P. 224, l. 23: Vrenon.—Mss. B 2 et A 8: Vernon.

P. 225, l. 2: laiier.—Mss. B 2 et A 8: laissier.

§ 655. Vous savés.—Ms. d’Amiens: Adonc estoit remandés par grans messaiges, en Castille, dou roy de Franche et dou ducq d’Ango, messires Bertrans de Claiequin; et li prioient affectueusement et chierement qu’il presist congiet dou roy Henri et s’en revenist en Franche et se mesist en celle chevauchie dallés le duc d’Ango, car il avoient mestier de sen ayde et de son consseil. Messires Bertrans de Claiequin, qui mout aimoit le roy de Franche et le duc d’Ango et a tousjours amé, ne se veut mies escuzer, mès prist congiet dou roy Henri, liquelx li dounna assés liement ou cas qu’il s’en retournoit en France pour gueriier le prinche et les Englès. Et dounna encorres au departir monsigneur Bertran de Claiequin grant fuisson de biaux jewiaux et de riches, d’or et d’argent, de chevaux, de mules et de destriers. Ensi se parti li dis messires Bertrans dou roy Henry et s’adrecha parmi Arragon pour venir à Thoulouse deviers le duc d’Ango. Il chevaucha et esploita tant par ses journées qu’il y parvint. Si fu mout grandement festiiés et requeilliés dou duc d’Ango et de tous les barons qui estoient adonc dallés lui... Fo 168.

En celle saison, li dus de Lancastre, fils au roy d’Engleterre, [passa] le mer à mil lanches et deux mil archiers, et vint ariver à Callais; et quant ils et ses gens se furent là rafresci, il s’em partirent en grant arroi. Si estoit li comtes de Warvich marescaux de son ost, et entrèrent ses gens ou royaumme de Franche; et prist li dus terre et logeis sour le mont de Tournehon. Là vint deviers lui messires Robers de Namur à soissante lanches bien estoffées, et acompaigniés de chevaliers et d’escuiers. Fo 164 vo.

P. 225, l. 14: savés.—Ms. A 8: devez savoir.

P. 225, l. 16: Langue d’Ok.—Le ms. A 8 ajoute: il devoit. Fo 330 vo.

P. 225, l. 22: de Claiequin.—Ms. A 8: du Guesclin.

P. 225, l. 22: l’en.—Ms. A 8: lui en.

P. 226, l. 15: de se carge.—Ms. A 8: en sa charge. Fo 331.

P. 226, l. 16: Mikieus.—Ms. A 8: Michiel.

P. 226, l. 10 à 18: En ce temps... Warvich.—Ms. B 6: Sy party le duc de Lenclastre, environ le Saint Jehan Baptiste, à toutes ses gens d’armes, et vint monter en mer à Hantone et esploita tant qu’il vint à le Rochelle où il fu recheus à joie et toute sa compaignie. Fo 768.

§ 656. Or se departi.—Ms. d’Amiens: Apriès la revenue de monsigneur Bertran de Claiequin en Franche et qu’il se fu trais deviers le duc d’Ango, ne demoura gaires de tamps que ces deux chevauchies se missent as camps. Li dus d’Ango, d’un lés premierement, qui avoit bien douze cens lanches et quatre mil bidaus, se parti de Thoulouse et prist le chemin pour venir deviers le bonne chité d’Agens et tout premierement à Monsach. Li pays estoit si effraés de la venue dou dit ducq d’Ango, pour le grant nombre de gens qu’il menoit et qui faisoient mout de desrois, que les villes n’avoient nulle volenté d’iaux tenir ne de deffendre. En le cevaucie et en l’armée dou duc d’Ango estoient li comtes d’Ermignach, li sires de Labreth, li comtes de Pieregorth, li comtes de Cominges, li viscontes de Quarmaing, li comtes de Nerbonne, messires Bertrans de Claiequin par quel consseil tout se fesoit et entreprendoit, li viscomtes de Villemur, li sires de la Barde, messires Bertrans de Taride, li senescaux de Toulouse, li senescaux de Carcasonne et chils de Biauquaire et pluisseurs grans seigneurs des marches de le Langhedoc, qui estoient de le tenure de Franche et ossi qui s’estoient tourné. Et si avoit li dus grant fuisson de gens de Compaingnes, messire Garsis dou Castiel, messire Thonnet de Batefol, le bourcq de Breteuel, Aimenion d’Ortige, Jake de Bray, Perrot de Savoie, Janikot d’Ortème, Petit Meschin, messire Bernardet de Labreth, Lamit, le bourcq de l’Espare et pluisseurs autres. Si mettoient ces gens d’armes, ces Compaingnes et leur route, le pays en grant tribulation. Et si trestot qu’il y furent venu devant Monsach, il se rendirent et jurèrent feauté à tenir en avant au roy de Franche et au duc d’Ango, puis s’en partirent li Franchois et chevauchièrent deviers Agen. Quant il parfurent venu jusques à là, li bourgois de le chité n’eurent pas consseil d’iaux tenir ne faire guerriier: si se rendirent et tournèrent et jurèrent à estre bon et loyal Franchois. Apriès, chevauchièrent li dus d’Ango et ses routtes deviers Tounins sur Geronde, en pourssuiwant le rivierre pour trouver plus cras pays, et vinrent au Port Sainte Marie, qui se tourna tantost franchoise, et puis le ville et li castiaux de Tounins sus Geronde; et partout metoit et establissoit li dus d’Ango gens d’armes et gardes. Quant Tounins sus Geronde se fu rendue, li marescaux dou ducq chevauchièrent devant à tout trois cens armures de fier, et vinrent en Gastinois et essillant le pays jusques à une autre bonne ville qui s’appelle ossi Tounins l’Evesque. Li homme de le ville eurent consseil qu’il se renderoient; si se tournèrent franchois. Et li dus d’Ango et toutte li hos prissent le chemin de Montpesier et d’Agillon, ardant et gastant tout devant yaux, affin que li pays fuist plus effraés.

Tant chevauchièrent li Franchois qu’il vinrent devant Montpesier qui est une bonne ville et ungs fors castiaux; mès il furent si effraé des gens que li dus d’Ango menoit et qui le sieuwoient, que tantost ilz se rendirent et jurèrent à y estre bon et loyal Franchois de ce jour en avant. Puis chevaucha li dis dus oultre, et vint devant Agillon qui est ungs des fors castiaux dou monde et de bonne garde, et où jadis li roys ses pères, en ce tamps qu’il estoit dus de Normendie, sist si longement et oncques ne le peut avoir. Mès li dus d’Ango n’y fu mies à siège quatre jours quant il se rendirent, car il n’y avoit dedens nulx Englès qui ewissent pooir de le tenir maugré chiaux de le ville; et chil qui y estoient, s’em partirent sauve leurs corps et leurs biens, et s’en y eut ossi qui demorèrent et qui se tournèrent franchois. Enssi se perdoit et amenrissoit li pais dou prinche, et si n’aloit nulx au devant. Adonc estoient dedens le bonne ville de Bregerach li captaux de Beus et messires Thummas de Feleton, qui mout s’esmervilloient dou pays qui si legierement se tournoit franchois, et se n’y pooient mettre consseil ne remède, dont moult leur anoioit. Si envoiièrent tantost messages en Angouloime deviers le prinche en lui segnefiant qu’il fuist sus sa garde, car li dus d’Ango tenoit les camps et concqueroit villes et castiaux devant lui, et se rendoit li pays assés simplement; et supposoient que ces deux cevaucies, qui estoient sus les camps, dou duc d’Ango et dou ducq de Berri, devoient venir devant Anghouloime et y mettre le siège.

Or parlerons un petit de le chevauchie dou duc de Berri, si comme nous avons fait de ceste dou duc d’Ango. Li dus de Berri avoit fait sen assamblée à Montferrant en Auvergne, à Clermont et à Rion. Si estoient avoecq lui grant fuisson de signeurs dont l’en noummeray une partie: premierement li dus de Bourbon, li comtes d’Alençon, messires Robers d’Alençon, ses frerres, messires Loeis de Sanssoire, marescaux de Franche, li comtes daufins d’Auvergne, li comtes de Ventadour et de Monpensé, messires Jehans de Bouloingne, fils au comte de Bouloingne, messires Godeffrois de Bouloingne, ses oncles, messires Jehans de Villemur, li sires de Sulli, li marquis de Cavillach, messires Rogiers de Biaufort, messires Guis de la Roce, messires Rammons de Moruel, messires Loeis de Melval, chil doy baron estoit tourné franchois, li sires de Biaugeu, li sires de Villars et de Roussellon, messires Robers Daufins, li sires de Montagut, li sires de Callençon, li sires de Bari, li sires de Tournon, li sires de Montmorillon, li sires d’Achier et pluisseur autre. Et puis revint en celle chevauchie messires Guis de Blois, sires de Biaumont, à grant routte de Haynuiers. Si estoient bien douze cens lanches et troi mil armures de fier. Et là estoit ossi Ainbaus dou Plassier, uns appers homs d’armes durement, et à grant routte. Et encores revint ossi messires Jehans d’Ermignach, serourges au duc de Berri. Si chevauchièrent ces gens par deviers le marce de Poito et le terre dou prinche, gastant et essillant le pays, ne riens ne demoroit devant yaux. Et entrèrent en Limozin, dont messires Hues de Cavrelée estoit senescaux; mès il n’avoit mies gens assés pour le deffendre et garder contre les Franchois. Tant chevauchièrent li dus de Berri et li dessus dit signeur que il vinrent devant le bonne chité de Limoges, dont li evesques de Limoges avoecq les gens de le cité estoit souverains et gouvreneres de par le prinche; et y avoit li dis prinches grant fianche, car il estoit ses compères... Fos 168 vo et 169.

P. 226, l. 28, à p. 227, l. 5: Et estoient... Agen.—Ms. B 6: et bien quinze cens de gens de Compaigne, desquelz le Petit Mesquin, Amenoit, Dortigo, Jaques de Bray, Ernaudon de Paus et Pierot de Savoie, estoient capitaines. D’aultre part, y estoit le senescal de Biaukaire, le senescal de Carcasone, le senescal de Toulouse et le tresorier de Nimes; et estoient deus mil lanches et sept mil bidaus. Et là estoit messire Bertran de Claiquin qui nouvellement estoit venu de Castille pour servir le duc d’Ango, qui moult l’amoit et adonc le fist connestable de toutes ches gens d’armes, gouvreneur et conduiseur. Fos 768 et 769.

P. 227, l. 12: Montsach.—Ms. B 2: Montsac. Fo 15.—Ms. A 8: Moysach. Fo 331.

P. 227, l. 15: Tonnins.—Ms. B 2: Thaunins.—Ms. A 8: Thonnins.

P. 227, l. 23: Montpesier.—Ms. B 2: Monpansier. Fo 15 vo.—Ms. A 8: Montpellier.—Ms. B 6: Montpaissier. Fo 769.

P. 227, l. 27: se rendirent.—Le ms. A 8 ajoute: au roy de France.

P. 228, l. 4: Beus.—Ms. A 8: Beuch. Fo 331 vo.

P. 228, l. 17 et 18: Serignach.—Ms. A 8: Segnach.

P. 228, l. 18: Griffons.—Ms. A 8: Geffroy.

P. 228, l. 19: Melval.—Ms. A 8: Maleval.

P. 228, l. 22: Cousant.—Ms. B 2: Gonsaut. Fo 15 vo.

P. 228, l. 24: Ainbaus.—Ms. A 8: Ymbaut.

P. 228, l. 24: dou Peschin.—Ms. B 2: dou Plastiet.

P. 228, l. 28: garnison.—Le ms. A 8 ajoute: telz.

§ 657. Li princes de Galles.—Ms. d’Amiens: Quant li princes de Galles, qui adonc n’estoit mies bien hetiés, entendi que ses pays se perdoit enssi et que li dus d’Ango avoit là reconquis et fait tourner vers lui plus de quarante, que citez, que villes, que castiaux, et prendoient leur chemin pour venir devant Angouloime, et le savoit si de verité que par ses feaux et amés chevaliers le captal de Beus et monsigneur Thummas de Felleton, si fu mout penssieux. Nonpourquant il s’avisa qu’il se trairoit vers Congnach, qui est forte ville et fors castiaux, et y trairoit sa femme et ses enfans, et manderoit partout gens en Poito, en Saintonge, en Roerghe, en Limozin, où il les poroit avoir, et puis chevaucheroit contre les Franchois; car il ne volloit mies que il le trouvaissent enfremé, ne que si amy ne ennemy pensassent le contraire que il ne pewist encorres bien aidier. Si dist à monsigneur Richart de Pontchardon et à monsigneur Estievene de Gousenton: «Prendés de nos hommes deux cens armures de fier et chevauchiés sagement sus ce pays, et pourveés de vins, de bleds, de chars, d’avainnes et de farinnes le ville de Cougnach, car je me voeille traire de celle part et là faire mon amas de gens d’armes pour chevauchier contre le duc d’Ango qui si efforciement est entrés en mon pays.» Li dessus dit chevalier fissent tantost le coummandement dou prinche et se partirent d’Angouloime à tout deux cens armures de fier, et chevauchièrent sus le pays à destre et à senestre, et fissent amener et achariier touttes mannierres de pourveanches en le ville de Cougnach. Encorres escripsi li dis prinches au comte de Pennebrucq qui se tenoit en Mortagne sus mer en Poito, et li manda que tantost il venist deviers lui. Et envoiea li prinches son frère le comte de Cantbruge ens le ville de Bregerach pour le garder, se mestiers faisoit, contre les Franchois.

Or parlerons dou duc d’Ango, qui chevauchoit toudis avant en concquerant le pays. Apriès chou que li ville et li castiaux de Aguillon se furent rendu as Franchois et qu’il l’eurent concquis à peu de painne, car il n’y avoit mies dedens si bonnes gens d’armes que quant li comtes de Pennebrucq et messires Gautiers de Mauni et messires Jehans de Noefville et messires Thummas Kok et messires Franck de Halle l’aidièrent de jadis à garder contre le ducq de Normendie, si comme il est contenu ichy par devant en ceste histoire, li dus d’Ango et ses routtes chevauchièrent deviers Le Linde, une bonne ville et forte sus le rivierre de Dourdonne et à une liewe de Bregerach. Si chevauchoient li Franchois tout aisiement et en grant reviel, car li pays fremissoit tout devant yaux. Si se logièrent leurs hos et leurs compaignies sour le rivierre de Dourdonne en ces biaux marès et en ces biaux plains, et envoiièrent leurs gens fourer de tous costés. Quant chil de Linde sentirent les Franchois venir si efforciement, si furent tout esbahi. Nonpourquant il estoient en ville forte et bien fremée et de bonne garde, mès que il ewissent vollenté d’iaux tenir et dou deffendre, et si avoient leurs voisins prochains chiaux de Bregerach, le comte de Cantbruge, le captal, monsigneur Thummas de Felleton et bien trois cens armures de fier, dont il pooient estre sus une heure recomforté; mès il estoient si enclin à estre franchois que tout cil qui bonnement se pooient ou osoient retourner franchois, il le faisoient. Dont il avint que messires Thonnés de Batefol, neveux à messire Seghin de Batefol qui jadis fu une très aperte armure de fier et uns grans chiés de Compaingnes, traita à chiaus de Linde tellement que il li devoient et à ses gens ouvrir de nuit le porte, et ils y devoient entrer comme villain.

Or ne say coumment ce peut y estre, car chils traitiés et pourkas ne peut oncques si bellement ne si quoiement y estre pourparlés ne acouvenenchiés que il ne fuist sceus en le ville de Bregerach, et en furent li chevalier que là estoient, emfourmé et avisé. Dont se partirent messires li captaux de Beus et messires Thummas de Felleton tout de nuit que chils rendaiges se devoit faire, à cent armures de fier en leur compaignie, et cevaucièrent couvertement et vinrent à Le Linde et esvillièrent les gardes de le porte qui gardoient à ce lés par où il entrèrent et qui riens ne savoient de ce couvenant. Sitost que li doi chevalier et leurs gens furent en le ville, il se traissent deviers le porte par où li Franchois devoient entrer en le ville. Si y vinrent si à point que elle estoit ja toutte ouverte et entrèrent ens deux et deux, trois et trois et enssi l’un apriès l’autre, armé couvertement et dessus leurs armures vestis de cottes de villains. Adonc li captaux et messires Thummas de Felleton, sans plus atendre, qui bien savoient la besoingne coumment elle aloit, sachièrent leurs espées et vinrent au devant en escriant: «Ha! des mauvais traitours qui nous quident decepvoir!» Si feri li captaux de sen espée auques des premiers che messire Thonnet de Batefol qui entroit et estoit desoubs le porte, un cop si grant et par tel ayr en lanchant des deux mains, qu’il li percha touttes ses armurez et li bouta ou corps si parfont qu’il li fist seuer à l’autre lés et l’abati mort. Quant li autre virent leur cappittainne morir et perchurent le cappital et les Englès, si furent tous esbahis, car bien congnurent qu’il avoient falli à leur entente. Si se retraissent au plus tost qu’il peurent, mès il ne revinrent mies tout, car il furent cachiet et pourssuiwoit: si en y eut des mors et des mehaignés grant fuisson. Ensi fu la ville de La Linde à ce donc gardée et destournée d’estre prise, par le sens et appertise des deux chevalliers dessus nommés. Fos 168 vo et 169.

P. 229, l. 11 et 12: imaginatis.—Ms. B 2: ymaginans. Fo 15 vo.

P. 229, l. 20: se presist priès de.—Ms. A 8: s’apprestast pour.

P. 229, l. 28: le Linde.—Ms. A 8: la Linde. Fo 332.

P. 230, l. 1: Tonnés.—Mss. B 2, 4: Thumas. Fo 16.—Ms. B 6: Thomas. Fo 770.

P. 230, l. 2: Batefol.—Les mss. B 2, 4 ajoutent: nepveu jadis à monsigneur Seghin de Batefol.

P. 230, l. 11: captaus.—Le ms. A 8 ajoute: de Beuch.

P. 230, l. 21: preeciés.—Ms. A 8: pressez.

P. 230, l. 25: matinée.—Ms. A 8: matine.

P. 231, l. 13: cesti.—Ms. B 6: ceste cy.

P. 231, l. 15: embara.—Ms. A 8: embrasa. Fo 332.

P. 231, l. 15: sever.—Ms. A 8: saillir.—Ms. B 2: sevrer.

P. 231, l. 32: chemin.—Le ms. B 6 ajoute: Et puis s’en retourna (le captal de Buch) devers Bregerach et là trouva venu le conte de Cantbruge et le conte de Pennebourcq et messire Thomas de Felleton à deux cens lanches. Sy se partirent les Franchois de devant le Linde et chevauchèrent vers Roergue pour trouver les gens du duc de Berry qui estoient à grant puissanche entrés en Limosin et conqueroient villes et chastiaus, et ossy faisoit le signeur, et se tournoient vers luy et devenoient franchois. Fo 771.

§ 658. Ançois que.—Ms. d’Amiens: Or vous lairons nous à parler un petit dou duc d’Ango, dou duc de Berri et dou prinche, et parlerons de monsigneur Robert Canolles qui estoit, en ce meysme tamps que ces chevauchies dessus dites se faissoient, arivés à Calais, et estoient touttes ses pourveanches passées, gens d’armes, chevaux, harnas, charois et toutte mannierre d’artillerie.

Che fu, environ le Madelaine l’an mil trois cens soissante et dix, que messires Robers Canolles se parti de Calais, qui representoit le personne dou roy d’Engleterre. Et l’avoit li dis roys ordounné et fait chief de toutte ceste armée et chevauchie, et coummandé à tous chevaliers et escuiers qui avoecquez lui estoient, et à touttes autres mannierres de gens, que il obeyssent à lui en touttes ses ordounnanches et affaires; et qui en seroit rebelle, c’estoit sus à estre en le indignation de li et à perdre le royaumme d’Engleterre. Enssi estoit creés messires Robers Canolles chief de ceste chevauchie qui se fist si comme je vous diray enssuiwant; mès je vous noummeray aucuns chevaliers qui estoient de se yssue: premierement messire Thummas de Grantson, messire Alains de Bouqueselle, messire Gillebiert Griffart, le seigneur de Fil Watier, messire Jehans de Boursier, messire Jehans Mestreourde et pluisseurs autres. Si estoient bien doi mil hommes d’armes et quatre mil archiers et cinq mil hommes à piet, parmy les Gallois qui sieuwoient l’ost; et y avoit environ cent lanches de Escochois qui servoient les Englès à leurs saus et à leurs gaiges. Et avoient bien mil kars, kariaus et tous atelés, et leurs pourveanches sus, et dou sourplus très bien ordounné de quanqu’il leur couvenoit.

Si se partirent de Calais mout areement et passèrent devant Ghinnes et puis devant Arde, et envoiièrent leurs coureurs qui coururent jusques ens ès fourbours de Saint Omer et en ardirent une partie, et puis revinrent à leur ost qui estoit logiés assés priès de Tiereuanne. Et estoient li aucun de leurs compaignons à le escarmuche as barrierres, mais riens n’y avoient fait, car il avoient trouvé mout à qui respondre. Si se deslogièrent de là et s’acheminèrent deviers le chité d’Arras, ardant et essillant le pays; et tant esploitièrent que il vinrent en l’abbeie dou Mont Saint Eloy, à deux petites lieuwes d’Arras. Là se logièrent messires Robers et aucuns des chevaliers englès avoeeq lui, et li remannans ens ès villaiges d’environ. Si envoiièrent de leurs gens courir et escarmucier jusques à Arras, mès la ville estoit bien gardée et pourvueue de tout ce que il appertenoit pour le deffendre; si y firent chil qui de premiers y vinrent, mout petit. Quant messires Robers Canolles et ses gens eurent sejourné au Mont Saint Eloy que là environ par le tierme de quatre jours, et qu’il se furent bien rafreschi et leurs cevaux, car il trouvoient bien de quoy, le pays d’Artois plains et gras de bleds, d’avainnes et de fouraiges, car c’estoit à l’entrée d’aoust, il se deslogièrent et ranchounnèrent la dessus dite abbeie à non ardoir à trois cens frans et à six tonniaux de vin et sept muis de pain tout quit, et puis chevauchièrent oultre en costiant Arras pour venir vers Bapaummes et vers Peronne en Vermendois. Enssi que il passoient au dehors d’Arras par le porte qui oevre deviers Cambresis, li marescal de l’ost ne se peurent tenir qu’il ne venissent veoir uns grans fourbours qui là sont. Si chevauchièrent à grant esploit yaux et leurs routtes et vinrent, pour yaux aventurer et faire aucune appertisse d’armes, escarmucher jusques as bailles de le ville. Là trouvèrent il bien à qui parler, car il y avoit par dedens les bailles grant fuisson d’arbalestriers et d’autres gens deffendables qui leur vinrent au devant. Là eut trait et lanchiet mout longuement et pluisseurs navrés des uns et des autres. Au retour que li Englès fissent, il trouvèrent ens ces fourbours une mout belle eglise des Cordeliers. Si le violèrent et boutèrent le feu dedens et l’ardirent et ossi les grans fourbours qui là estoient où il y avoit grant fuisson de bons hostels, et puis s’en revinrent à leur host qui estoit logiés seloncq une petite rivierre qui vient d’amont deviers Aluelz en Pailluel à Arras.

A l’endemain, se deslogièrent li Englès et cevaucièrent deviers Bapaummes, ardant et essillant le pais, et ranchounnant les abbeies et les aucunes fortes maisons que ils ewissent bien eu d’assaut, se ils y volsissent avoir presse; mès il en avoient plus chier à prendre les florins que yaux travillier et trop sejourner. Et ossi il tiroient à venir à Paris et là environ, pour veoir se il seroient point combatu; car, si comme il disoient et moustroient, il ne desiroient autre cose que le bataille. Fo 169 vo.

P. 232, l. 11: aherdans.—Ms. A 8: adherans. Fo 332 vo.

P. 232, l. 18 et 19: darrainnement.—Ms. A 8: derrenierement.

P. 232, l. 21: Stanbourne.—Mss. B 2 et A 8: de Stambourne.

P. 232, l. 22: cinq.—Ms. B 6: quinze. Fo 772.

P. 232, l. 27 et 28: quinze... Gallois.—Ms. B 6: deux mil hommes d’armes et quatre mil arciers tout paiiet, pour demi an, de leurs gaiges. Fo 772.

P. 233, l. 10: rechevoir.—Mss. B 2 et A 8: recoellir.

P. 233, l. 14 à 16: passèrent... Tieruane.—Ms. B 6: chevauchèrent devant Ghines et devant Ardre et vinrent courir devant Saint Omer, et puis prirent leur chemin devers Terouane. Fo 772.

P. 233, l. 16: Tieruane.—Ms. B 2: Thierouwane. Fo 16 vo.—Ms. A 8: Therouenne. Fo 332 vo.

P. 233, l. 17 et 18: car... painne.—Ms. B 6: car le conte de Saint Pol estoit dedens à tout deux cens lanches qui se mirent tantost à moustre pour deffendre le chité. Fo 772.

P. 233, l. 25: d’Arras.—Les mss. B 2, 4 et A ajoutent: Et se logièrent li seigneur et li capitaine en l’abeye dou Mont Saint Eloy, assés près d’Arras. Fo 16 vo.—Le ms. A 8 ajoute: et leurs gens là environ qui couroient et pilloient tout le pais, si long qu’ilz s’osoient estendre. Fo 332 vo.—Le ms. B 6 ajoute: Et s’en vinrent logier au Mont Saint Eloy et là furent deus jours. Et renchonna le dit messire Robert l’abeie du Mont Saint Eloy à non ardoir, parmy cent frans et deus quarées de vin et otant de pain. Fo 772.

P. 234, l. 9: bailles.—Ms. A 8: barrières. Fo 333.

P. 234, l. 25 à 31: Apriès... Saint Quentin.—Ms. B 6: Et prirent le chemin de Bray sur Somme et tant firent que il y vinrent. Là ot grant assault, mais riens n’y firent, car la ville estoit bien pourveue de gens d’armes qui bien se deffendirent. Sy passèrent li Englès oultre vers Peronne en Vermendois, mais riens n’y firent, et puis s’en retournèrent vers Saint Quentin. Fo 773.

P. 235, l. 1: granges.—Ms. A 8: granches.

P. 235, l. 9 et 10: en deniers appareilliés.—Ms. A 8: en purs deniers.

P. 235, l. 12: composoient.—Ms. A 8: composoit.

P. 235, l. 22: ne qui desist.—Ms. A 8: mais qu’il deist.

§ 659. Tant esploitièrent.—Ms. d’Amiens: Si chevaucièrent et cheminèrent tant (les Anglais) parmy che plain pays de Vermendois que il vinrent assés priès de le chité de Noyon qui estoit bien pourveue de lui deffendre, se mestier faissoit. Si se logièrent en l’abbeie d’Eskans et là environ, sus celle rivierre d’Oize. Entroes qu’il se tenoient à Eskans, vinrent aucuns des leurs veoir Noyon et l’aprochièrent de si priès que, à le porte deviers le Pont l’Evesque, il y eut une mout grant escarmuche, car dedens Noyon y avoit des bons chevaliers de là environ, messires Drues de Roye, messires Flammens de Roie, li sires de Turote et pluisseurs autres que li roys de Franche y avoit establi pour garder le cité. Siques li Englès n’y porent riens faire, mès il y eut ung chevalier des leurs, qui y fist une grant appertise d’armes, car il se lança entre les bailles tous armés que il estoit, et s’en vint combattre as chevaliers franchois qui là estoient, et fu en cel estat mout longement, lanchans à yaux et eux à lui; et depuis s’em parti sans damage, dont li Franchois meysmes le tinrent à grant vasselaige. Tant demourèrent li routte des Englès à l’escarmuche devant Noion que lor ost desloga d’Eskans et de là environ et ceminèrent plus avant. Fo 169 vo.

P. 236, l. 6: volenté.—Ms. B 2: talent. Fo 17.

P. 236, l. 12: Asneton.—Ms. B 2: Asueton. Fo 17 vo.—Ms. A 8: Assueton. Fo 333 vo.

P. 236, l. 46: à terre.—Les mss. B 2 et A 8 ajoutent: jus.

P. 236, l. 18: s’escueilla.—Ms. A 8: se escueilli.

P. 237, l. 5: vosissent.—Ms. A 8: eussent voulu.

§ 660. Messires Robers.—Ms. d’Amiens: Che seurent bien li chevalier et li escuier qui dedens Noyon se tenoient. Si se partirent et pourssuiwirent chiaux qui les avoient escarmuchiés: si se boutèrent entre iaux au passer le riviere d’Oize au Pont l’Evesque. Si en y eut des abatus, des navrés, des pris et des mehaignés, et des chevaux et dou harnas concquis sus yaux, et puis s’en retournèrent tout souef dedens Noion.

Ces nouvelles vinrent en l’ost que li Franchois avoient rencontré leurs gens et porté dammage: si en furent durement courouchiés, et retournèrent bien deux cens lanches et trois cens archiers, qui quidièrent trouver les Franchois au Pont l’Evesque, mès ils en estoient parti et ja retret dedens Noyon: dont chil Englès, par despit et pour yaux contrevengier, boutèrent le feu en le ville dou Pont l’Evesque et l’ardirent toute, dont ce fu dammaiges, car il y avoit grant fuisson de bons hostelx et de biaux.

Et quant il eurent fait leur emprise, il retournèrent deviers leur ost qui tenoit le chemin de Soissons, ardant et essillant le pays, excepté la terre monsigneur de Couchi; mès à ceste ne fissent il oncques mal, ne à homme ne à femme qui fust de la terre du dessus dit signeur.

Que vous feroie je loing record de le cevauchie monsigneur Robert Canolles, qu’il fist adonc en Franche, car il chevaucha enssi parmy le pays, gastant et essillant les marches et les contrées où il venoit, et ranchounnant villes, castiaux, abbeies et maisons; et y concquist en son voiaige si grant avoir que sans nombre, tant par le raenchon de chiaux qu’il et ses gens prendoient, que par le redemption des villes et des pays qui se rachatoient à estre non ars. Autrement, il avint en ce voiaige as Englès petit de fais d’armes qui à racompter facent, se che ne fu sus le fin de leur chevauchie, si comme vous orés recorder chy apriès. Mès nous lairons un petit à parler de lui et de se routte, et parlerons des avenues qui avinrent en Limozin en ce tamps qu’il chevauchoient en Franche.... Fos 169 vo et 170.

En ce meysme tamps, revint en Auvignon li papes Urbains Ve et tout si cardinal qui s’estoient tenus quatre ans à Romme. Fo 169 vo.

P. 237, l. 27: vuidièrent.—Ms. A 8: vindrent. Fo 333 vo.

P. 238, l. 4: rescousent.—Ms. A 8: rescouirent.

P. 238, l. 7: dix.—Mss. B 2 et A 8: quinze. Fo 17 vo.

P. 238, l. 14: poursievoit et costiiet.—Ms. B 2: poursievis et costiiet.—Ms. A 8: poursuivis et costoiez. Fo 334.

P. 238, l. 18: Jehan.—Ms. A 8: Guillaume.

P. 238, l. 21: freoient.—Ms. A 8: feroient.

P. 239, l. 8: ensonniier.—Ms. A 8: embesoingnier.

P. 239, l. 11: en istance de ce que.—Ms. A 8: en esperance comment.

§ 661. Vous avés.—Ms. d’Amiens: En ce tamps que ces assamblées et ordounnanches se faisoient et ces chevaucies dou duc d’Ango en le terre dou prinche, ariva li dus de Lancastre et sen armée à Bourdiaux sus le Geronde, dont chil de Bourdiaux furent tout resjoy, et ossi fu li prinches ses frères, quant il en sceut le nouvelle: che fu bien raisons.

Sitost que li dus Jehans de Lancastre fu arrivés ou havene de Bourdiaux et touttes ses gens, il traissent hors lors cevaux et tout leur harnas, et demandèrent dou prinche où il estoit. On leur dist que il se tenoit à Cougnach. Donc ne fissent il mies depuis loing sejour; mès, au plus tost qu’il peurent esploitier, li dus s’en vint celle part. Se li fist li prinches grant feste, et ossi fist la princesse; et entendirent mout vistement à leurs besoingnes et pour mettre une grosse chevauchie sus, pour venir contre leurs ennemis.... Fo 168 vo.

Vous avez chy dessus bien oy recorder coumment li dus d’Ango, d’un lés, et li dus de Berri, d’un autre lés, estoient efforciement entré en le terre dou prince et l’avoient ars et essillié en pluisseurs lieux et pris et fait tourner deviers yaux villes, chités et castiaux à grant fuisson. Et encorres avoit li dus de Berri assegiet le bonne chité de Limoges, et disoit qu’il ne s’empartiroit jusques à tant qu’il l’aroit concquis. Là estoient au siège avoecq lui messires li dus de Bourbon, messires Guis de Blois, li sirez de Sulli, messires Jehans de Bouloingne, messire Jehans de Villemur, messire Rogiers de Biaufort, messires Huges Daufins, messires Griffons de Montagut et li marescaux de Franche messires Loeis de Sansoire, et grant fuisson de chevalerie que je ne puis mies toutte noummer. Tant furent à ce siège devant la dite chité et si le constraindirent par assaus et par enghiens que chil de Limoges se coummencièrent à esbahir, car il ne veoient nul comfort qui leur apparust, dont il n’estoient pas plus aise. Fo 170.

P. 239, l. 29: o.—Ms. B 2: à tout. Fo 18.—Ms. A 8: et. Fo 334.

P. 239, l. 30: qu’il.—Le ms. B 2 ajoute: tenoient et.

P. 240, l. 5: Congnach.—Ms. A 8: Cognac.

P. 240, l. 14: prince.—Le ms. B 6 ajoute: Quant il furent tout venut, sy en y eult grant foison, et estoient bien douze cens lanches et quatre mil d’autres gens. Fo 774.

P. 240, l. 31: estat.—Ms. A 8: point. Fo 334 vo.

P. 241, l. 11: Pieregorth.—Les mss. B 2 à 4 et A ajoutent: le seigneur de Labreth. Fo 18 vo.

P. 241, l. 15 à 29: si se departirent... tenoient.—Ms. B 6: Et envoia (le duc d’Anjou) messire Bertran de Claiquin et tous les Bretons en Limosin, car le duc son frère seoit devant Limoges, et puis se retrait le duc d’Ango devers Toulouse. Et messire Bertran esploita tant qu’il vint à Limoges au siège que les Franchois y tenoient. Si fu là rechut des signeurs à grant joie. Fo 774.

§ 662. Quant messires.—Ms. d’Amiens: Che siège pendant, y sourvint messires Bertrans de Claiequin que li dus d’Ango y envoia à bien six vint lanches, siques il aida à faire le traitiet et le pourkach entre ces signeurs et chiaux de le cité de Limoges; et se rendirent par le consentement de l’evesque qui s’i acorda, au ducq de Berry, et devinrent franchois parmy tant que yeux, leurs corps et leurs biens devoient y estre tout aseguré. Enssi eurent li signeur dessus noummé le possession et saisine de le chité de Limoges, et y entrèrent à grant joie; et fist li evesques de ce que il appertenoit à lui feauté et hoummaige au ducq de Berri comme au roy de Franche, et ossi fissent tout li homme et li bourgois de la cité.

Apriès le prise et le concquès de Limoges, si comme vous avés oy, et que li signeur de France y eurent sejourné environ cinq jours et qu’il s’i furent rafrechy, il regardèrent qu’il avoient ad ce coummenchement moult bien esploitiet, quant il avoient pris et concquis par fait d’armes une telle chité comme est Limoges. Si ordounnèrent li doy ducq qui là estoient, li dus de Berry et li dus de Bourbon, qu’il se partiroient de celui pays et s’en retrairoient en Berri et en Bourbonnois, car il entendoient que messires Robiers Canolles et li Englès chevauchoient et avoient empris de chevauchier en princhipauté parmy leurs terres. Si s’avisèrent que il leur venroient au devant et tenroient le frontière contre les Englez, [et] que milleur esploit ne pooient il faire que de garder leur pays contre lors ennemis. Si se partirent de Limoges et i laissièrent grant fuisson de gens en garnisson à le requeste de l’evesque et de ceux de le ville, et en fissent souverains et cappittainnes monsigneur Jehan de Villemur, monsigneur Huge de le Roche et Rogier [de Biaufort], et estoient bien de bonnes gens cent hommes d’armes. Encoires ordounnèrent ilz que messires Bertrans de Claiequin demour[r]oit ens ou pays et y feroit guerre au mieux qu’il poroit. Enssi se defist leur emprise et chevauchie, car li dus d’Ango se retraist ossi devers le chité de Chaours; et li doi duch dessus noummé se retraissisent chacun en son pays, li uns en Berri et li autres en Bourbenois. Si se departirent leurs gens, et s’en revinrent en France devers le roy messires Loeis de Sansoire, marescaus de France, et messires Guis de Blois et messires Jehans de Bouloingne et aucun autre chevalier, car li roys faisoit son mandement à estre à Paris pour chevauchier contre messire Robert Canolles. Fo 170.

P. 242, l. 1 à 22: Tantost... françois.—Ms. B 6: Pour le tamps de lors, estoient chil de Limoges en traitiet pour rendre la cité, et y metoit l’evesques du lieu grant paine. Si aida le dit messire Bertran à faire et passer che traitiet, et se tourna la chité de Limoges franchoise. Et tantost apriès che que le duc de Berry eult pris le posession, il se retrait vers Berry à tout ses gens, car enfourmés fu de messire Robert Canolle qui volloit venir en Auvergne. Et pour che le duc de Berry et le duc de Bourbon se retrairent en leur pais pour garnir villes et chastiaus. Fo 775.

P. 242, l. 22: Melval.—Ms. A 8: Maleval. Fo 335.

§ 663. Quant les nouvelles.—Ms. d’Amiens: Bien estoit li prinches de Galles qui se tenoit à Cougnach, enfourmés de ces chevauchies des seigneurs de Franche et quel chemin il tenoient et avoient tenu et coumment li sièges estoit devant Limoges: dont il faisoit son amas et sen asamblée de gens d’armes pour venir celle part et lever le siège et combattre les Franchois. Et quant les nouvelles li vinrent que la cités de Limoges estoit rendue et tournée franchoise, si fu durement courrouchiés, car on li dist que li evesques de la cité, qui estoit ses compères, y avoit grant coupe et que par li em partie s’estoit fès li tretiés. Donc se hasta plus li prinches que devant, et se parti de Cougnach à grant fuisson de gens d’armes, le duc de Lancastre et le comte de Cantbruge, ses deux frères, avoecq lui, et le comte de Pennebruc, le captal de Beus, monsigneur Thummas de Felleton, monsigneur Hue de Cavrelée, monsigneur Gautier Huet, monsigneur Guichart d’Angle, le signeur de Duras, le signeur de Pummiers, le signeur de Rosem, le signeur de Longerem, monsigneur Aimeri de Tarse, le signeur de Condon, le signeur de Ross, le signeur de Puiane, le signeur de Tannaibouton, monsigneur Loeis de Halcourt, le signeur de Partenay, le signeur de Pont et tamaint autres banereth et chevaliers; et estoient bien douze cens hommes d’armes et quatre mil autres hommes parmy les archiers, et très donc ne pooit li princes chevauchier, mès se faisoit menner en litière. Si chevauchièrent tant chil signeur avoecques leurs gens qu’il vinrent devant le chité de Limoges: si le trouvèrent fremmée et remparée bien et à point, et garnie et pourvueue de bonnes gens d’armes et de toute artillerie, et les chevaliers franchois qui dedens estoient, et chacun à se garde bien et faiticement. Quant li doy marescal dou prinche, messires Guichars d’Angle et messires Estievenes de Gousentonne, eurent aviset et ymaginet le mannierre de chiaux de dedens, il fissent logier leurs gens tout environ et ordounner et edeffier loges, feuillies et maisons pour yaux et pour lors chevaux. Et affin que il pewissent plus tost venir à leur entente, il missent en oevre grant fuisson de mineurs, dont il estoient pourvueu, liquel entrèrent tantost en leur minne et coummenchièrent à minner et à entrer dedens terre à l’endroit des murs pour les faire reversser. Enssi se tint li sièges devant Limoges, ne li Englès n’y faisoient nul autre assaut. Bien sentoient li bourgois et li homme de Limoges que li prinches faisoit fouir et miner desoubz terre contre yaux pour mieux avoir le chité et le ville à sen aise. Si s’en doubtoient durement et se repentoient grandement de çou qu’il s’estoient retourné franchois et ewissent vollentiers fait traitiés et composition devers le prinche, se ilz les volsist avoir eus ne repris à merchy; mais il n’y volloit entendre et disoit qu’il estoient mauvais traiteur et que jammais n’y aroit fiance et que tous les meteroit à l’espée, mais qu’il en pewist venir au dessus: dont chil de Limoges, parmy ces manaches, estoient durement esbahi, car il ne s’en pooient partir ne aller, qu’il ne fuissent sceu ne aperceu. Si leur couvenoit là tous atendre l’aventure. Fo 170.

P. 243, l. 8: l’ame de son père.—Les mss. B 2 à 4 et A 8 ajoutent: que onques ne parjura. Fo 19.

P. 243, l. 11 et 12: et s’en aroit fait... fourfet.—Mss. B 2 à 4 et A 8: et aroit fait as traitres chierement comparer leur fourfait.

P. 243, l. 30: Tarste.—Ms. B 2: Tharse.

P. 244, l. 6: d’Agorises.—Ms. B 2: d’Agoriset.—Ms. A 8: d’Agonse. Fo 335.

P. 244, l. 17: mener.—Le ms. A 8 ajoute: et charrier.

P. 245, l. 12: efforciement.—Les mss. B 2 à 4 et A 8 ajoutent: et à faire leur ouvraige. Fo 19 vo.

§ 664. Messires Robers.—Ms. d’Amiens: Le siège pendant devant le chité de Limoges, chevauchoit en Franche messires Robers Canolles et se routte, qui ardoit et essilloit et ranchounnoit le pays. Si passa le rivierre de Oize et puis le rivierre d’Esne, et apriès, deseure Chaalons en Campaigne, le rivierre de Marne; et passa parmy Campaigne, tout gastant le pays, et vint à Bar le Duch, et passa le rivierre d’Aube. Et puis, environ Meri sus Sainne, il passa Sainne, et puis se ravalla deviers Troies et deviers Aucherrois, et revint em Brie et en Gastinois. Et fist tant par ses journées qu’il vint assés priès de Paris, et se loga à trois lieuwes de Paris; et vinrent si coureur courir jusques as bailles de Paris. Et là perdirent un chevalier bon homme d’armes et aventureus durement que chils de Paris ocirent assés priès de Saint Germain ès Prés. Et quant il eurent fait leur emprise et leur voiaige et que nus ne venoit contre yaux, il se partirent d’environ Paris où il s’estoient logiet deux jours, et prissent le chemin d’Estampes et de Chartres, et entrèrent en ce biau et plain pays de Biausse où il fissent moult de meschiés. Fo 170 vo.

P. 245, l. 17 à 26: Messires... nuis.—Ms. B 6: En che tamps, chevauchoit en France messire Robert Canolle tout ensy qu’il volloit, car nulz ne ly deffendoit ne aloit au devant. Et passa toutes les rivières qu’il couvenoit passer pour venir devant Paris au lés devers Gastinois, est à savoir le rivière de Somme premierement et puis Oise, Aisne, Marne, Aube, Saine et Gesne, et fu logiet devant Paris jour et demi. Et manda au roy de Franche et à chiaus de Paris que, se on le volloit combattre, que on le trouveroit tout apparilliet sus les camps. Fo 776.

P. 245, l. 19: royaume.—Les mss. B 2 à 4 et A 8 ajoutent: de France. Si chevauchoit à petites journées et à grans frais parmi le royaume. Fo 19 vo.

P. 245, l. 29: fumières.—Ms. A 8: fumées. Fo 335 vo.

P. 246, l. 6: Chastiel Villain.—Ms. A 8: Chastel Julien.

P. 246, l. 9: deffendoit.—Le ms. B 6 ajoute: Dont se desloga le dit messire Robert de devant Paris, et prist le chemin d’Orliens et de Gastinois pour aller sieuvant chelle bonne rivière de Loire et le bon cras pais; et dist, se il plaisoit à Dieu, il iroit veoir le bon pais d’Ango et du Maine. Fo 777.

P. 246, l. 14: sancier.—Ms. B 2: sanchier.—Ms. A 8: fouler.

P. 246, l. 25: as bailles de le porte.—Ms. A 8: aux barrières de sa lance. Fo 336.

P. 247, l. 13: boucier.—Mss. B 2 et A 8: bouchier. Fo 20.

P. 247, l. 17: maleois.—Ms. A 8: vaillant. Fo 336.

P. 247, l. 21: visbus.—Ms. A 8: chief fort.

P. 247, l. 24: si.—Ms. A 8: cil escuier.

P. 247, l. 30: kieute.—Ms. B 2: quieute pointe.—Ms. A 8: enclume.

P. 248, l. 1: là mors.—Le ms. B 6 ajoute: dont che fu damaige, car je croy bien que amours ly avoient fait faire celle haulte emprise. Fo 777.

P. 248, l. 2: ensepelir.—Ms. B 2: ensevelir.—Ms. A 8: enterrer.

§ 665. Entrues.—Ms. d’Amiens: Or revenons à monsigneur Bertran de Claiequin qui se tenoit sus les marches de Limozin, en le visconté de Limoges, et avoit chevauchiet sus le terre dou prinche à tout grant gens d’armes depuis le departement dou duc de Berri, dou duc de Bourbon et de monsigneur Gui de Blois et des signeurs de Franche qui s’estoient retrait en Franche, par l’ordounnanche dou roy, pour chevauchier contre monsigneur Robert Canolle et ses routtes. Li dessus dis messires Bertrans, le siège pendant devant Limoges, s’en vint devant une fortrèce, en Limozin, et une bonne ville, que on appelle Saint Iriet, qui se tenoit de monsigneur Jehan de Montfort, ducq de Bretaigne. Ils tantost, comme chevaliers et saudoiiers à madamme femme qui fu monsigneur Carlon de Blois, fist guerre à le dite ville et l’assailli vistement et aigrement. Chil de Saint Iriet se doubtèrent de plus à perdre: se se rendirent à monsigneur Bertran, pour le cause de la dessus dite damme qui ne pooit amer celui qui son marit avoit mort, ja fust il ses cousins germains, et qui ses enffans faisoit tenir prisonniers en Engleterre, Jehan et Ghui. Apriès chou que chil de Saint Yriet se furent rendut, chevaucha messires Bertrans devant une autre fortrèce que on appelle Brendomme, et l’asailli un jour tout entier; et l’endemain il se rendirent en le mannierre que chil de Saint Yriet avoient fait. Encorres chevaucha messires Bertrans plus avant en le viscomté de Limoges, et prist pluisseurs villes et castiaux pour le cause de le damme. Fo 170 vo.

P. 248, l. 12: avoit espoir.—Ms. A 8: povoit avoir. Fo 336.

P. 248, l. 12 et 13: chevauçoient à l’un des corons.—Ms. A 8: chevauchoit à l’un des costez.

P. 248, l. 16: de.—Ms. A 8: lesquelles estoient à.

P. 249, l. 14 et 15: Or.... Galles.—Cette phrase manque dans le ms. B 2, fo 20 vo.

§ 666. Environ un mois.—Ms. d’Amiens: Or revenrons au siège de Limoges. Quant li prinches de Galles et d’Acquittainne eut estet asis devant le chité de Limoges par l’espasse de trois sepmainnes et que nus n’apari pour li lever de là, car li dus d’Ango estoit retrès deviers Toulouse et li dus de Berri en son pais, si comme chy dessus est dist, si mineur eurent leur minne tellement appareillie que il dissent au prince que il feroient cheoir ung grant pan dez murs, quant il li plairoit. Li prinches respondi que cez nouvelles li estoient belles. Dont fist une matinée armer tout son ost, et ja estoit li feux boutés en le minne, pour ardoir les estanchons sour quoy li minne se portoit. Quant il furent tout ars, si comme li mineur avoient deviset, li murs reverssa bien soissante toises de large, par quoy on pooit tout aisiement entrer à cheval et à piet dedens le chité de Limoges. Quant li chevalier franchois et li homme de le chité virent le grant meschief qui leur estoit si prochains, si furent tout esbahy et perdirent avis et contenance et se missent à le fuite pour yaux sauver; mès li prinches et se bannierre, li dus de Lancastre et se bannierre, li comtes de Cantbruge et se bannierre, li comtes de Pennebrucq et se bannierre, et ensi tout li autre baron, chevalier et escuier et toutte mannierres d’autres gens entrèrent ens, car li une des portes fu tantost ouverte et jettée par terre. Là veist on grant pité des hommes et des femmes et des enfans de le ville, car ilz se jettoient en genous devant le prinche et crioient merchy; mès nuls n’y estoit pris, car sans pité et sans misericorde on les ochioit enssi que on les trouvoit et encontroit, tant estoient li prinches et li Englès escauffet sus yaux en grant fellonnie et aïr. Bien est voirs que li evesques de Limoges [fu pris et] amenés devant le prinche qui mout courouciez estoit sour lui. Et ossi li escuier et chevalier, qui là estoient en saudées de par le roy, se requeillièrent et missent à deffensce, et se retraissent deviers un fort hostel et se rengièrent contre un mur, et là se deffendirent ce qu’il peurent, et y fissent maintes belles appertisses d’armes; mès li dus de Lancastre et messires Ammons ses frères et leurs gens vinrent celle part, si les assaillirent fierement. Là se combati moult vaillamment messires Jehans de Villemur main à main au duc de Lancastre, car il estoit fors chevaliers, hardis et appers, et Rogiers de Beaufort au comte de Cantbruge, et messires Huges de la Roche au comte de Pennebrucq; et enssi chacuns chevaliers d’Engleterre prendoit le sien, et escarmuchoient de leurs espées, enssi que gens d’armes et bon combatant doient faire, qui se treuvent en tel parti. Là veist on tamaint tour et bien appert dez espées dounner et rendre, et ne demoura mies qu’il n’en n’y ewist des navrés et mehaignés. Et se tinrent contre che mur li Franchois, chevalier et escuier, assés honnerablement; mès finablement forche leur sourvint, et furent pris et fianchiés prison. Fo 170 vo.

P. 249, l. 16: un mois.—Ms. B 6: trois sepmaines. Fo 778.

P. 249, l. 16: sist.—Ms. A 8: fut. Fo 336 vo.

P. 249, l. 18: songnoit.—Ms. B 2: bien songnier. Fo 20 vo.—Ms. A 8: embesoingnier.

P. 249, l. 23: tout à fait que.—Ms. A 8: tout ainsy comme.

P. 249, l. 23 et 24: estançonnoient.—Ms. A 8: estanchoient.

P. 249, l. 25: reverser.—Ms. A 8: renverser.

P. 249, l. 26: ens ès.—Ms. A 8: dedens les.

P. 249, l. 27: ens.—Ms. A 8: dedens la cité.

P. 249, l. 31: cil.—Ms. A 8: ces mineurs.

P. 250, l. 9: bailles.—Ms. A 8: barrières.

P. 250, l. 10: evous.—Ms. A 8: et puis vecy.

P. 250, l. 14: ens.—Le ms. B 6 ajoute: la banière du prinche et chelle des marisaus tout devant. Fo 778.

P. 250, l. 20: d’air.—Ms. A 8: d’ardeur.

P. 250, l. 30: deviiet.—Ms. A 8: delivrez. Fo 337.

P. 252, l. 4: Biaufort.—Mss. B 2 à 4: qui estoit adonc escuiers. Fo 21.—Ms. A 8: qui estoit lors escuier.

P. 252, l. 8 et 9: et y rafrena et radouci.—Ms. A 8: et se rapaisa et adouci.

P. 252, l. 11: rendant.—Ms. A 8: regardant.

P. 252, l. 15: retenons.—Mss. B 2 et A 8: recepvons.

§ 667. On ne se cessa.—Ms. d’Amiens: Endementroes que li chevalier d’Engleterre avoient entendu à combattre les dessus dis et lors gens, li autre Englès, gens de Compaingnes, estoient espars parmy Limoges et y faisoient le plus grant violense du monde, car nuls n’estoit pris à merchy. De quel eage que ce fuist, jones ou viés, hommes, femmez et enfans, tout missent li Englès à l’espée, et sans deport fu la chité toutte gastée et robée et une grant partie arse et destruite. Et quant li ocisson fu passée et qu’il en eurent acompli leur desirier et que li pilleur l’eurent toutte pillie et robée, dont bien sachiés qu’il y eut grant avoir, car elle estoit riche et bien pourvueue, il s’em partirent, et n’eurent mies consseil ne vollenté dou tenir, et laissièrent en cel estat vaghe. En yaux retrayant, li Englès ardirent une partie de le terre le signeur de Malval en Limozin et ossi le terre de monsigneur Raimmon de Maruel, pour tant qu’il s’estoient tourné franchois.

Si vous di que li evesques de Limoges fu en grant peril d’estre decollés, tant estoit li prinches courouciés sour lui, pour tant qu’il estoit ses compères, et si avoit fait et aidiet à faire retourner Limoges. Si le dounna li prinches au ducq de Lancastre qui ne l’amoit mies pour celle cause trop grant plenté, et l’ewist fait morir sans nul deport; mès pappes Urbains Ves, qui estoit nouvellement revenus de Romme en Auvignon, quant il en seut le verité et le peril où li dis evesques estoit, il le requist et pria mout chierement au duch de Lancastre qu’il li volsist dounner. Li dus descendi à le priière dou Saint Père, parmy le bon consseil qu’il eut, et li acorda le dessus dit evesque et li envoiea en Auvignon, dont li pappes l’en seut grant gret. Enssi fu sauvés et delivrés de mort li evesques de Limoges. Fos 170 vo et 171.

P. 252, l. 20: destruction.—Le ms. B 6 ajoute: Et chou douze bourgois de la ville avoient tout fait qui point ne le comparèrent. Fo 779.

P. 252, l. 23: estoit.—Le ms. B 6 ajoute: et ses filz Richart. Fo 779.

P. 252, l. 28: Limoges.—Le ms. B 6 ajoute: qui compère estoit du prinche. Fo 778.

P. 252, l. 30: rouva.—Ms. A 8: demanda. Fo 337 vo.

P. 253, l. 3: Avignon.—Le ms. B 6 ajoute: entendy le destruxcion de Limoges et le prise de son cousin l’evesque et comment le prinche le manechoit. Fo 779.

§ 668. Si fu enfourmés.—Ms. d’Amiens: Entroes qu’il (Bertrand du Guesclin) estoit en cel esploit et qu’il cevauchoit enssi pour la dessus ditte damme, l’envoiea li rois de Franche requerre, et li manda especialment et expressement qu’il revenist en Franche. Messires Bertrans vot obeir au mandement dou roy et s’en revint quoitousement avoecq touttes ses gens d’armes à Paris. Si fu li très bien venus, mout festiiés et conjoïs dou roy et de tous les barons, et fu tantos fais et creés connestables de Franche, car chilx offisces vaghoit adonc de par monsigneur Moroel de Fiennes qui de se vollenté s’en estoit ostés et desmis. De l’estat et ordounnance de le connestablie de France emprist adonc messires Bertrans mout envis, et s’en excusza de premiers par pluisseurs voies en disant et remoustrant que il estoit ungs chevaliers de petite generation et venue, et, se Dieux avoit conssenti que aucunnes fortunes d’armes li fuissent avenues à se honneur, se n’estoit il mies dignes ne tailliés ne saiges pour faire un tel offisce ne excercer, que la connestablie de France est. Toutteffois, excuzanches qu’il fesist ne moustrast, ne vallirent riens; il fu tant priiés et tant requis dou roy et des barons de Franche qu’il i entra, et fu fais et noummés connestables: dont tous li royaummes de France eut grant joie, et especialment chevaliers et escuiers qui sieuvoient et amoient les armes.

En ce tamps, estoit li sires de Clichon dallés le roy de Franche et si bien de son consseil et de lui qu’il volloit, et tant l’amoit et creoit li rois que il ne faisoit à painnes riens sans son consseil et especialment des guerres as Englès. Fo 171.

P. 253, l. 18 à 20: car.... l’offisce.—Ms. A 17: car monseigneur Morel de Fiennes ne povoit plus exercer l’offisce par vieillesce. Fo 363 vo.

P. 253, l. 25 à 28: pour le plus.... de France.—Mss. A 15 à 17: comme le plus vertueux et fortuné en toutes ses besongnes qui alors fust. Ms. A 17, fo 363 vo.

P. 253, l. 26: sage.—Mss. B 2 à 4 et A 8: ydosne, ydoine. Fo 21 vo.

P. 253, l. 27: ewireus.—Ms. B 2: heureux.—Ms. A 8: vertueux. Fo 337 vo.

P. 254, l. 4: Brandome.—Ms. B 2: Braindouve.—Ms. A 8: Brandomme.

P. 254, l. 18: seigneurs.—Le ms. A 8 ajoute: de son hostel et.

P. 254, l. 24: que c’estoit.—Ms. A 8: qu’il estoit. Fo 338.

P. 254, l. 26: un petit.—Mss. B 2 et A 8: ung pau, un peu.

P. 255, l. 13: l’emprende.—Ms. A 8: le prenra.

P. 255, l. 19: perceveroit.—Ms. A 8: appercevroit.

P. 255, l. 23: l’ordenance.—Mss. B 2 et A 8: l’opinion.

P. 255, l. 26: de France.—Le ms. A 17 ajoute: et prist congié du roy et s’en vint en Limozin où il conquist maint chastiel et mainte forteresce. Fo 363 vo.

P. 255, l. 26: exaucier.—Ms. B 2: essauchier. Fo 22.—Ms. A 8: avancier.

P. 255, l. 28 à 30: en ce jour.... son hoir.—Mss. A: avecques l’office pluseurs beaux dons et grans terres et revenues en heritage pour lui et pour ses hoirs.

FIN DES VARIANTES DU TOME SIXIÈME.

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