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Dictionnaire érotique moderne

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Vézon. Fille publique—dans l’argot des voleurs.

Mon père est maquereau, ma mère était vézon.
Moi j’ai reçu le jour sous les toits d’un boxon.
Louis Protat.

Viande. Femme publique.

Je vais connaître cette maison et savoir quelle viande il y a à son étal, à cette boucherie-là.

Lemercier de Neuville.

Viande de l’homme (La). Son membre, dont les femmes sont si friandes et qu’elles mettent si volontiers cuire dans leur four avec son jus.

Mais sans un bon morceau de viande,
Fille a toujours le ventre creux.
Marcillac.
Ainsi que l’a dit un grand saint,
A l’homme s’il faut du bon vin,
A la femme il faut de la viande.
A. Watripon.
Pour moi, je ne suis point friande
De tout ce gibier que l’on vend,
Ne m’importe quelle viande
Pourvu qu’elle soit du devant.
Théophile.
Tu n’ me l’ mettras pas, Nicolas,
Je n’aim’ que la viand’ fraîche.
J.-E. Aubry.

Vice (Avoir du, montrer du). Avoir l’esprit tourné vers les choses de la fouterie; avoir pratiqué l’homme quand on est femme, la femme quand on est homme.

Tout jeune, il montra bien du vice,
Quand, perdu dans une forêt,
Au lieu du sein de sa nourrice,
Il se tétait le flageolet.
Al. Pothey.

Vicieux (Être un). Ne songer qu’aux choses de la fouterie.

Qu’est-ce donc qui vous prend?... Vous êtes donc aussi un vicieux?

Tisserand.

Vierge. Fille qui n’est pas encore devenue femme, c’est-à-dire dont le vagin n’a pas encore été habité par un membre viril,—mais dont l’imagination a été hantée par mille visions lubriques.

Non, je n’appelle pas vierge une jeune fille
Qui donne des cheveux à son petit cousin,
Ou qui, chaque matin, se rencontre et babille
Avec un écolier dans le fond du jardin.
Alph. Karr.

Je veux mourir, si je me souviens d’avoir jamais été vierge!

dit Quartilla à Encolpe,—et beaucoup de femmes pourraient en dire autant.

Vieux monsieur (Le). L’homme qui entretient une femme, pour le distinguer du jeune—ou des jeunes—qu’elle entretient elle même.

C’était par un temps pluvieux,
Nos bell’s n’avaient pas leurs vieux.
A. Watripon.
Celle-là, sur un lit nonchalamment couchée,
Par un vieux cupidon était gamahuchée.
L. Protat.
A son âge, on n’a plus d’amour...
—Oui, mais on a plus d’un caprice.
Quand mon fils est par trop méchant,
Tu sais comment je le corrige,
—Eh! mais c’est ainsi, justement
Que j’entretiens le sentiment
De ce vieux monsieur qui m’oblige.
(Chanson anonyme moderne.)
Toinette, fraîche dondon,
Chantait ainsi son martyre,
Pensant à son vieux satyre...
Tout en plumant un dindon.
J. Poincloud.

Vigne. Une femme; que l’on peut planter, cultiver, pour y grappiller tout à son aise, avec les mains—et la queue.

Et dans la vigne du seigneur
Travaillant ainsi qu’on peut croire.
La Fontaine.

Violon. Membre viril,—instrument qui fait danser les femmes et les filles.

Je jouais si vivement
En c’ moment,
Qu’ fatiguant mon bras,
J’ai pour ses appas,
Tant j’ mettais d’action,
Rompu mon vi (ter) olon.
Laurent.

Vit. «La partie qui fait les empereurs et les rois, la garce et le cocu,» dit le vertueux Pierre Richelet.

En voici la description, d’après l’auteur du Noviciat d’amour:

Ce tube est le chef-d’œuvre de l’architecture divine qui l’a formé d’un corps spongieux, élastique, traversé dans tous les sens par une ramification de muscles et de vaisseaux spermatiques. Il est, à son extrémité supérieure, surmonté d’une tête rubiconde, sans yeux, sans nez, n’ayant qu’une petite ouverture et deux petites lèvres, couvert d’un prépuce, retenu par un frein délicat qui ne gêne point le mouvement d’action et de rétroaction: au bas de cet instrument précieux sont deux boules ou blocs arrondis, qui sont les réservoirs de la liqueur reproductive, qu’aspire et pompe votre partie dans le mouvement et le frottement du coït, id est, de la conjonction; ces deux boules enveloppent deux testicules, d’où elles ont pris leur nom, et sont soutenues par le ralphé; on les nomme plus généralement couilles et couillons.....

Mercier de Compiègne.

On dit de quelqu’un qui rougit de chaleur, de honte, de colère, ou pour toute autre cause: Il est rouge comme un vit de noce. (Dicton populaire.)

L’académicien dit: Mon vit.
L. Protat.
Ah! je n’y tiens plus! le cul me démange...
Qu’on m’aille chercher l’Auvergnat du coin...
Car je veux sentir le vit de cet ange
Enfoncer mon con—comme avec un coin.
(Parnasse satyrique.)
Si je quitte le rang de duchesse de Chaulne
Et le siége pompeux qu’on accorde à ce nom,
C’est que Giac a le vit long d’une aune,
Et qu’à mon cul je préfère mon con.
Collé.
De Madeleine ici gisent les os,
Qui fut des vits si friande en sa vie,
Qu’après sa mort tout bon faiseur supplie
Pour l’asperger lui pisser sur le dos.
B. Desperriers.
Quand votre vit, à jamais désossé,
Comme un chiffon pendra triste et plissé.
(Chanson d’étudiants.)

Viticulture. Culture des vits. Expression mise en usage par les jardinières à-matrices.—Ces dames, se basant sur ce que horticulture signifierait: culture des orties, ont créé la viticulture. Elles s’y livrent, non-seulement sans crainte, mais encore avec le désir ardent d’être souvent piquées. Que la récolte soit bonne ou mauvaise, elles s’aident entre elles, et se prêtent volontiers la main—pour l’amour de l’art.

Voir. Faire l’acte vénérien.

Vous languissez quelquefois
A la cour plus de trois mois,
Sans que l’heure se présente,
Et moi, bienheureux, je vois,
Quand il me plaît ma servante.
(Cabinet satyrique.)

Vous avez été pour le moins six mois à la voir journellement.

Ch. Sorel.
Il dit que si je la vois
En un mois plus d’une fois,
Il m’en coûtera la vie.
Saint-Pavin.

Le dernier homme que voit Fulvia, c’est toujours celui qu’elle croit destiné par le ciel à perpétuer sa race.

Diderot.

Voix (Avoir ou n’avoir pas de). Bien ou mal chanter sa partie dans le duo de la fouterie.

Vous avez la courte-haleine:
Parler d’amour une fois,
C’est me donner la migraine!
Monsieur n’a donc pas de voix?
Collé.
Avec moi que de fois
Il a manqué de voix.
Béranger.

Volaille. Femme plus que légère, et même un peu putain.

... Eh bien, canaille!
Va donc la retrouver, et que cette volaille
(C’est mon plus cher désir) cède à ta passion.
L. Protat.
Ma danseus’ m’a traité d’ pochard,
Moi j’ l’ai traité’ d’ volaille.
J. Moinaux.

Volupté. Jouissance suprême obtenue, soit par la masturbation personnelle, soit par le coït.

Et ce manége-là, plusieurs fois répété,
Au suprême degré porte la volupté.
L. Protat.

Voué au blanc (Être). Vaurien qui ne sera jamais qu’un mangeur de blanc: un maquereau.

Voyage à Cythère (Faire un). Baiser, l’acte copulatif se faisant d’une ou plusieurs traites, selon la vigueur des deux voyageurs.

Le marquis, qui croit qu’il s’agit d’un petit voyage à Cythère...

Jean Du Boys.

Wagon. Femme de mauvaise vie,—de dernière classe.

Il y a aussi des wagons de première, réservés aux gandins riches.

X. 23e lettre de l’alphabet.—Sert ordinairement de masque et de pseudonyme aux dames ou demoiselles X..., lorsque MM. les chroniqueurs redoutent les procès ou les coups de canne.

Yeux blancs (Faire les). Se pâmer sous l’influence de la jouissance vénéréique.

La grisette, qui commence à faire ses yeux blancs...

H. Monnier.

Yeux de carpe (Faire des). Montrer le blanc des yeux, se pâmer dans l’acte copulatif.

Zèbre. (Zef, zeb ou zif). Vit arabe, long, pointu et mince... «comme bouriquot...»

«Dit le Turco
Bono.»
Leila, tu le dis faible et ce grand point j’ignore
Je connais le moyen de rendre un zèbr’ hardi.
Em. Delorme. (Chanson arabe.)

Zon (Faire). Foutre.

Vous avez l’œil fripon,
Ma charmante voisine;
Si vous ne faites zon...
Vous en avez la mine...
Et zon zon zon, etc.
Lattaignant.

FIN

— Note de transcription détaillée —

Les accents manquants dans les entrées, écrites en petite majuscules, ont été ajoutés. La ponctuation manquante dans les attributions a été ajoutée (parenthèses, guillemets, points).

En plus des corrections des erreurs évidentes introduites par le typographe, les corrections suivantes ont été apportées:

  • p. 7, «ex haurire» corrigé en «exhaurire»;
  • p. 9, «plait» corrigé en «plaît» («Qui se plaît à l’affaire»);
  • p. 10, «cor» corrigé en «cœur» («cœur étant mis là pour cunnus»);
  • p. 30, «bon» corrigé en «bons» («de bons greniers»);
  • p. 37 «cheveux» corrigé en «cheveu» («Avoir un cheveu»);
  • p. 57, «conservation» corrigé en «conversation» («dans la conversation»);
  • p. 88, «de» corrigé en «des» («La Comédie des chansons.»);
  • p. 101, «Le» corrigé en «Ce» («Ce damoiseau»);
  • p. 119, «oublirai» corrigé en «oublierai» («Mais j’oublierai cette folle»);
  • p. 121, «La Fizelière.» corrigé en «De la Fizelière.»;
  • p. 168, «jeux» corrigé en «jeu» («Ce doux jeu»);
  • p. 187, «veux» corrigé en «veut» («Et veut que chaqu’ jour»);
  • p. 195, «neufs» corrigé en «neuf» («Foutre des neuf»);
  • p. 195, «aiselle» corrigé en «aisselle» («en aisselle»);
  • p. 205, «Bienne» corrigé en «Bien» («Bien arranger un homme»);
  • p. 230, «vos» corrigé en «nos» («A ceux qui dans nos bras»);
  • p. 243, «pudibon» corrigé en «pudibonds» («des gens pudibonds»);
  • p. 267, «Dhautel» corrigé en «d’Hautel»;
  • p. 285, «refuses» corrigé en «refuse» («Ne refuse pas votre bien»);
  • p. 344, «Parce» ajouté dans «Parce qu’enfin, voyez-vous,»;
  • p. 366, «laissez» corrigé en «laisser» («Se laisser dépuceler»).

Il manque vraisemblablement un mot dans la définition de «Entrée en danse», en page 154: «...les agréments y [étants] attachés.»

Le livre numérisé utilisé comme source est disponible auprès de Galica: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50519s.

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