Histoire du Bas-Empire. Tome 02
[127] Οἷς ταυτὸν εἰς ἡδονὴν χιών τε καὶ ἂνθη. Liban, orat. 10, tom. 2, p. 298, ed. Morel.—S.-M.
[128] Καὶ γὰρ ἐκείνοις νόμος, νικᾶν ἢ πίπτειν. Liban. orat. 10, t. 2, p. 278, ed. Morel.—S.-M.
[129] Ἐκείνους μὲν οὖν ὁ λαβών βασιλεὺς δῶρα τε ὠνόμαζεν καὶ τοῖς αὐτοῦ λόχοις ἀνέμιξε, πύργους τινὰς σφίσιν ἐγκαταμιγνύναι πιστεύων. Ibid.—S.-M.
LI. Julien soulage les peuples.
Amm. l. 17, c. 3.
Jul. misop. p. 340 et 341 et epist. ad Orib. p. 384, ed. Spanh.
Julien vint passer l'hiver à Paris. Il aimait cette ville, dont il a fait lui-même une description fort agréable. Renfermée dans l'île qu'on nomme encore la Cité, elle était environnée de murailles. On y entrait de deux côtés par deux ponts de bois. Julien loue la pureté et la bonté de ses eaux, la température de son climat, et la culture de son territoire. L'hiver y fut cette année plus rude que de coutume. Comme il le passait sans feu, selon son usage, le froid devenant excessif, il permit seulement de porter le soir dans sa chambre quelques charbons allumés. Ce soulagement pensa lui coûter la vie. Il fut tellement saisi de la vapeur, qu'il en aurait été étouffé, si on ne l'eût promptement emporté dehors. Il en fut quitte pour rendre le peu de nourriture qu'il venait de prendre; et comme sa sobriété ne se démentit jamais, ce fut la seule fois de sa vie qu'il fut obligé de soulager son estomac. Il travailla le lendemain à son ordinaire. Il s'occupait alors du soin de diminuer les taxes. Florentius, préfet du prétoire, prétendait que, le produit de la capitation ne pouvant suffire aux dépenses de la guerre, il y fallait suppléer par une subvention extraordinaire. Julien qui savait que tous ces expédients de finance causaient aux provinces des maux souvent incurables, et plus mortels que la guerre même, protestait qu'il perdrait la vie plutôt que de permettre cette surcharge. Comme le préfet faisait grand bruit de ce que le César se défiait d'un homme de son rang, sur qui l'empereur se reposait de toute l'administration civile, Julien, sans sortir du ton de la raison et de la douceur, lui démontra par un calcul exact que le montant de la capitation était plus que suffisant pour fournir à tous les frais. Florentius, convaincu sans être persuadé, revint à la charge quelque temps après, et lui fit présenter un ordre à signer pour une imposition nouvelle. Julien, sans en vouloir souffrir la lecture, le jeta par terre, en disant: Assurément, le préfet changera d'avis; la chose est trop criante. Sur les plaintes du préfet, l'empereur écrivit à Julien une lettre de reproches, et lui recommanda de s'en rapporter à Florentius. Mais le César répondit qu'on devait se tenir fort heureux, que l'habitant de la province, pillé par les Barbares et par les gens d'affaires, acquittât les taxes ordinaires, sans l'écraser par des augmentations que les traitements les plus durs ne pouvaient arracher à l'indigence: ainsi la fermeté de Julien affranchit la Gaule de toute injuste vexation. Pour combattre ce préjugé inhumain, que les peuples ne paient jamais mieux que quand ils sont plus accablés, il voulut bien se charger lui-même du soin de recouvrer les tailles de la seconde Belgique, province alors dévastée et réduite à une extrême misère; mais à condition qu'aucun sergent du préfet ni du président[130] ne mettrait le pied dans le pays. Cette humanité qui sauvait aux habitants les frais des recouvrements, fit plus d'effet que toutes les contraintes. Ils payèrent sans attendre de sommation, et même avant le terme; parce qu'ils ne craignaient pas qu'on les fît repentir de leur promptitude à satisfaire, en leur imposant pour la suite un plus lourd fardeau.
[130] Nec præfectianus, nec præsidialis apparitor.—S.-M.
LII. Salluste rappelé.
Jul. ad Ath. p. 282. et or. 8, p. 240.
Liban. or. 10, t. 2, p. 281.
Zos. l. 3, c. 5.
Florentius, dont il dérangeait les opérations, s'en vengea sur Salluste dont les conseils n'inspiraient à Julien que bonté et que justice. Son argent et ses intrigues gagnèrent à la cour Paul et Gaudentius, qui étaient les canaux ordinaires par où la calomnie passait aux oreilles de l'empereur. Ceux-ci persuadèrent à Constance que Salluste était un conseiller dangereux auprès d'un jeune prince capable de tout oser. Cet homme de bien fut rappelé[131]. On prit pour prétexte le besoin que l'on avait de lui en Thrace, et l'on promit de le renvoyer ensuite dans la Gaule, où nous le revoyons en effet trois ans après. Le départ de Salluste fut très-sensible à Julien. Il l'honorait comme son père; il lui fit ses adieux par un discours qui renferme un grand éloge de cet illustre ami, digne de servir de modèle aux confidents des princes. Cette séparation enleva à Julien la plus grande douceur de sa vie, sans altérer son humeur et sans ralentir son zèle, du moins en apparence. Il était trop maître de ses mouvements, pour laisser éclater un ressentiment prématuré; et trop habile pour se nuire à lui-même, en se vengeant, aux dépens de l'empire, des injustices qu'il essuyait de la part de l'empereur.
[131] Julien nous apprend qu'il fut remplacé par un nommé Lucien.—S.-M.