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L'Illustration, No. 3739, 31 Octobre 1914

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LA CHUTE D'ANVERS
Dessins de R. Caton Woodville et de H. W. Koekkoek,
d'après les croquis de G. Lynch et de H. C. Seppings Wright.

Un des combats qui ont précédé la chute d'Anvers: le fort de Bornhem (au centre) bombardé par l'artillerie allemande de gros calibre. Aux premiers plans, artillerie de campagne belge et infanterie dans les tranchées, défendant l'intervalle entre le fort et l'Escaut.

D'après des récits de témoins et des croquis, des artistes anglais ont reconstitué des épisodes de la lutte ardente qui a précédé la chute d'Anvers.

C'est, d'une part, la suprême résistance du fort de Bornhem. Ce fort était du même type que tous ceux qui entouraient Anvers, pas très impressionnant à voir, sans doute, anodin d'aspect en temps de paix, mais redoutable dans le combat alors que ses tourelles cuirassées échangeaient leurs lourds obus avec les gros canons de siège allemands. Les lignes de tranchées se développaient tout autour, sous la protection de l'artillerie de campagne, dissimulée selon un artifice courant, sous des branchages qui rendent chaque pièce pareille à un gros buisson.

La nuit terrible d'Anvers, sous les obus et dans les flammes de l'incendie.

Malheureusement, ces défenses ne pouvaient absolument pas préserver Anvers d'un sort fatal. Sa dernière nuit héroïque fut d'une sinistre beauté. Toutes les puissances destructrices semblaient liguées contre la cité illustre des Rubens, des Van Dyck, des Plautus, et le fameux siège de 1832 apparaît, auprès de ces horreurs, comme un simulacre, un tableau des grandes manœuvres. A l'horizon, la lueur rouge de l'incendie des réservoirs de pétrole, auxquels les Belges avaient mis le feu. Au ciel ardent, les mouvants faisceaux de lumière pâle des projecteurs électriques. Dans l'Escaut, de hautes colonnes d'eau soulevées par la chute des obus. Et, dominant ce spectacle de dévastation, la svelte tour de Notre-Dame, dressée comme un hautain défi aux pires sauvageries qu'ait vues l'histoire...

Notre dernière gravure représente le duel d'artillerie qui précéda la reprise de Malines par les Allemands, avec un épisode assez curieux: la destruction, par un obus belge, de l'un des deux ballons d'où les Allemands observaient et dirigeaient le combat, et qu'on voit, à gauche, retourné comme un gros hanneton qui se serait brûlé les ailes sur la lampe.

Mortiers belges (à gauche) répondant, par-dessus la ville de Malines, au tir de la grosse artillerie allemande. Au loin, à gauche, ballons captifs allemands: au premier plan, ambulancière de la Croix-Rouge relevant les blessés pour les emmener en automobiles.
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