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L'Inquisition médiévale

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INTRODUCTION

Comment peut-on parler encore de l’Inquisition après tous ceux qui ont déjà traité cette question controversée : ennemis de l’Église dénonçant les rigueurs de l’inquisition pour ameuter les masses populaires contre un cléricalisme capable de toutes les cruautés ; apologistes leur répondant en lavant l’Inquisition de tous leurs reproches ; historiens de toutes nations multipliant, d’après de nouveaux documents, des études particulières sur ce sujet brûlant ? Ne risque-t-on pas de dire une fois de plus ce que connaissent les personnes averties, et si on veut porter un jugement sur cette institution, se classer ou, ce qui est pire, être classé malgré soi parmi ses avocats d’office ou ses détracteurs ?

Peut-on apporter une documentation nouvelle, des faits nouveaux ? et peut-on se flatter d’être objectif en pareille matière, et, dans la négative, pourquoi ajouter un numéro de plus à la bibliographie déjà si longue de l’Inquisition ?

Nous avons passé outre à ces objections, estimant que même si on a peu de documents nouveaux on peut s’efforcer de les mettre en meilleure lumière et invoquer le dicton bien connu : Non nova sed nove. Mais est-il vrai qu’il n’y ait rien de nouveau à dire ? Beaucoup d’archives qui étaient jalousement fermées ou ne s’entr’ouvraient que pour de rares privilégiés se sont largement ouvertes et ont été explorées depuis un demi-siècle ; et tout d’abord, les plus importantes qui soient pour l’histoire religieuse, les Archives du Vatican. Les érudits de toute nation qui y travaillent en ont tiré des documents et même des collections de documents qui précisent ou rectifient des solutions que l’on croyait définitives. Je n’en veux pour preuve que le Bullaire de l’Inquisition de la France au XIVe siècle, formé de bulles pour la plupart inédites que M. l’abbé Vidal a extraites des archives du Vatican. Nous avons tiré parti de ces documents pour saisir sur le vif le fonctionnement de l’Inquisition au Moyen-Age. Le même service a été rendu aux historiens par la publication que nous devons à Mgr Douais des documents sur l’histoire concernant l’Inquisition du Midi de la France.

Ces documents nouveaux permettent de réviser et parfois de corriger, sur plus d’un point, les Histoires générales de l’Inquisition au Moyen Age, qui sont à notre disposition, en particulier celle de l’Américain Lea, traduite en français par M. Salomon Reinach.

On ne saurait en contester l’érudition, mais il ne faut pas l’avoir trop longtemps maniée pour remarquer en elle deux graves défauts. On y chercherait en vain le lucidus ordo de la science française ; même après l’avoir longtemps pratiquée, il est difficile d’y retrouver ce qu’on se rappelle fort bien y avoir vu, tant elle est confuse et mal présentée. D’autre part, l’auteur en l’écrivant ne s’est pas dégagé de ces préjugés haineux contre l’Église catholique qui lui ont inspiré la plupart de ses œuvres historiques. Il s’est parfois efforcé de les dominer et nous-même nous rendons hommage aux jugements qu’il a portés sur certaines accusations lancées par ses amis et coreligionnaires contre l’Inquisition ; mais plus souvent, son récit dégénère en un réquisitoire passionné et injuste. Les nouvelles collections de textes récemment publiées permettent de distinguer dans l’œuvre de Lea ce qui est de la science et ce qui est du pamphlet.

Cependant c’est moins par la documentation que par la méthode employée que l’on peut, dans une certaine mesure, faire œuvre originale en parlant de l’Inquition. Presque toujours, ce sujet a été abordé avec des arrière-pensées étrangères et parfois contraires à l’esprit scientifique ; dès lors, plus on est objectif et plus on a de chance de le traiter avec originalité. Nous nous y sommes efforcé ; au lecteur de voir si nous y avons réussi.

Nous n’avons prétendu poser aucune thèse a priori ; et voilà pourquoi nous n’avons pas abordé la question de savoir si l’Église avait ou non le droit de réprimer par la force l’hérésie. Nous ne contestons pas l’importance de ce problème au point de vue théologique et canonique et même historique ; mais nous aimons mieux qu’il soit mis sous les yeux des lecteurs moins par un syllogisme scolastique que par le simple exposé des faits. C’est pour la même raison que nous nous sommes abstenus le plus possible de porter des jugements sur les hommes et les institutions, ne le faisant que lorsque nos conclusions n’étaient que le résumé de faits déjà racontés. En laissant ainsi la parole aux textes, nous avons voulu éviter les deux écueils d’une pareille étude, l’apologie ou le dénigrement du catholicisme ou de ses adversaires, de l’Inquisition ou de l’hérésie. Avant tout, nous nous sommes efforcé de faire œuvre d’historien.

C’est le seul moyen de connaître l’Inquisition et de la comprendre.

L’apologiste et l’accusateur risquent de n’apercevoir que certains aspects du sujet ; le premier ne verra dans les sentences de l’Inquisition que des jugements dictés par un intérêt surnaturel, et rendus en vertu d’un pouvoir transcendant, intérêt et pouvoir que les fautes et les erreurs individuelles ne sauraient dénaturer. L’accusateur ne verra que des actes de tyrannie et des crimes d’autant plus révoltants qu’ils étouffaient dans les supplices et le feu la liberté de l’esprit et la voix de la conscience en invoquant l’autorité divine.

L’historien, au contraire, groupe les faits pour en dégager ensuite les points de vue les plus divers, et réunissant ces aspects variés en une vue générale il fait fonctionner l’Inquisition sous les yeux du lecteur, la montrant non pas telle que se la figurent ses détracteurs et ses apologistes, pas même comme l’avaient conçue ses auteurs, mais telle qu’elle fut en réalité, et non pas seulement à un moment déterminé mais dans le cours sans cesse en mouvement de son évolution.

L’Inquisition était avant tout un tribunal ; or un tribunal c’est des accusés en face de juges et ces deux groupes sont en fonction l’un de l’autre. Les séparer, étudier les uns et négliger les autres, c’est altérer gravement l’institution que l’on prétend décrire, et risquer de ne la point saisir ; car les accusés font comprendre les juges et les juges les accusés.

Aussi nous sommes-nous efforcés de décrire en même temps l’Inquisition et les hérésies qu’elle réprimait, les doctrines des accusés et leur répression par les juges. Parlant de l’Inquisition du Midi de la France, nous avons exposé les prédications théologiques, morales, politiques et sociales des Cathares et de leurs adhérents, leur organisation et leur action, en même temps que nous montrions le tribunal qui allait les poursuivre. C’est d’après la même méthode que nous avons exposé la doctrine et l’action des Vaudois, des Spirituels, des fraticelli, et des lollards, des sorciers et des juifs, telles que la voyaient les juges du Saint-Office qui les poursuivaient. Un tel exposé fait comprendre les raisons d’ordre religieux, politique et social qui ont ainsi dressé l’une contre l’autre l’hérésie et l’Inquisition ; or l’historien ne doit pas se contenter de décrire les institutions, il doit encore les faire comprendre et leurs raisons d’être il doit les demander non pas à ses idées a priori mais aux faits eux-mêmes.

L’Inquisition est un tribunal ; mais les jugements de tout tribunal supposent, d’une part, une des lois d’une formule absolue et, de l’autre, des sentences en faisant une application adaptée à chaque cas particulier que le texte juridique ne peut pas prévoir ; une législation rigide et une jurisprudence essentiellement variable. C’est donner une idée tout à fait fausse de l’Inquisition que d’aligner les constitutions pontificales et les canons de conciles qui définissaient sa procédure et son code pénal. Si on veut serrer de plus près les faits, il faut aussi voir comment, en fait, le Saint Office fonctionnait et dans quelle mesure il s’en tenait à la lettre de la loi ou l’interprétait soit en l’élargissant soit en la restreignant dans l’application.

On nous dit, par exemple, que la procédure inquisitoriale refusait aux accusés le ministère d’un avocat et les ennemis de l’Église en tirent prétexte pour l’accuser d’avoir ainsi méconnu le droit de défense de l’accusé pour le livrer pieds et poings liés à la cruauté de juges fanatiques ; et certains apologistes de l’Église — tel Mgr d’Hulst, dans la chaire de Notre-Dame, — ont déclaré que le catholicisme doit jeter par-dessus bord l’Inquisition parce que, sur ce point capital, elle n’est pas défendable.

Et voilà que le procès de Jeanne d’Arc — qui est un procès d’inquisition — nous montre des inquisiteurs demandant à l’accusée si elle a fait choix de ses avocats ; et les comptes d’autres procès mentionnent les honoraires qui ont été versés pour les avocats des justiciables du Saint-Office ; preuve évidente que l’Inquisition admettait les avocats de la défense et que, dès lors, il faut distinguer la lettre de la loi qui, en effet, a parfois interdit le ministère des avocats et la jurisprudence, l’usage et la coutume qui le permettaient. On voit par cet exemple combien il est indispensable d’examiner en même temps le droit et le fait. C’est ce que nous nous sommes efforcé de faire en étudiant l’Inquisition non seulement d’après son code, mais aussi et surtout d’après son fonctionnement réel.

Enfin, l’Inquisition a été une institution humaine, et comme tout ce qui est humain, elle a évolué. Or l’erreur de presque tous ceux qui la condamnent et aussi de la plupart de ceux qui la défendent est de croire qu’elle fut toujours la même et qu’on peut porter sur elle un jugement d’ensemble, favorable ou défavorable. Tout au plus voit-on quelque différence entre l’Inquisition espagnole, celle de Torquemada, et l’Inquisition du Moyen-Age, celle qu’ils identifient avec saint Dominique et ses Prêcheurs. De là des appréciations qui laissent inexplicables certains contrastes comme celui-ci.

Si une institution, à ses origines, a été papale, c’est bien l’Inquisition médiévale. Ses premiers règlements lui ont été donnés, à Toulouse, au nom du Saint-Siège par un légat du pape, le cardinal Romain de Saint-Ange. Les inquisiteurs agissaient au nom du pape dont ils tenaient leurs fonctions, auctoritate apostolica ; et ils ne dépendaient que de lui, dans l’exercice de leurs fonctions. Mais alors comment expliquer que dans le procès des Templiers qui s’est poursuivi moins de cent ans après l’établissement de l’Inquisition, ce tribunal papal ait visiblement agi à l’encontre du pape Clément V et dans l’intérêt du roi de France Philippe le Bel ? Évidemment parce que, en moins d’un siècle, l’Inquisition avait tellement évolué que de tribunal papal défendant la foi contre l’hérésie, negotium fidei, elle était progressivement devenue, en réalité, sans que les apparences eussent changé, un tribunal de plus en plus politique, subissant l’influence du roi beaucoup plus que celle du pape. S’il en est ainsi, les appréciations que l’histoire porte sur elle et sur son action s’éclairent de jours bien différents et qui, en tout cas, doivent être singulièrement nuancés.

Une autre vue simpliste de l’histoire fait attribuer à l’Église seule l’institution de l’Inquisition et par conséquent tout l’odieux de ses jugements et de ses autodafés. Une étude plus approfondie des textes montre au contraire que plusieurs puissances ont concouru à la répression de l’hérésie au Moyen-Age.

Les ancêtres reculés des Cathares contre lesquels fut établie l’Inquisition du XIIIe siècle, les Manichéens, furent poursuivis, avec la plus grande rigueur, par l’empereur Dioclétien ; persécuteur encore plus cruel du christianisme, on ne saurait imaginer un instant que son bras ait été armé contre ces infidèles par l’Église. Sept siècles plus tard, les Néo-Manichéens d’Orléans furent frappés de sentences de mort ; et ce fut par le roi Robert et non par une juridiction ecclésiastique. Au XIIe siècle, des actes pontificaux édictèrent des peines sévères contre les hérétiques de France, d’Angleterre, d’Italie, d’Allemagne ; mais ces interventions des papes avaient été réclamées avec insistance par les rois de France et d’Angleterre et par les empereurs germaniques ; et au XIIIe siècle, nous sommes en présence de décisions prises contre les hérétiques, en même temps par les principes séculiers, les évêques et les papes. De ces faits étudiés sans arrière-pensée, à la simple lumière des textes, que faut-il conclure ? Mais que l’Inquisition, c’est-à-dire la recherche des hérétiques et leur répression par des mesures pénales souvent rigoureuses ne fut pas l’œuvre exclusive de l’Église ; que l’autorité civile concourut à ces poursuites autant qu’elle et même la devança dans la personne d’un empereur païen, persécuteur par ailleurs du christianisme.

Et cette constatation nous conduit sur la nature même de l’Inquisition à des conclusions complexes que nous développons à la fin de ce livre. Qu’il nous suffise, pour le moment, d’opposer aux affirmations simplistes de certains historiens de l’Inquisition, les aspects très variés de la question et de leur rappeler que les ignorer ou les dissimuler c’est ne donner de la réalité qu’une image mutilée et dès lors inexacte. C’est le reproche que l’on peut adresser à la plupart de ceux qui ont écrit sur l’Inquisition, et c’est pourquoi ce sujet si souvent traité peut être renouvelé pour l’emploi de nouvelles méthodes : non nova sed nove.


Ce n’est pas une raison pour faire table rase de tout ce qui a été écrit jusqu’à ce jour sur l’Inquisition. Pour notre part, nous devons beaucoup à nos devanciers. Quelques soient les réserves que nous avons faites sur l’Histoire de l’Inquisition au Moyen-Age de Lea, nous l’avons lue et consultée maintes fois avec profit et nous en dirons autant de celle de M. de Cauzons, pseudonyme qui cache un prêtre qui, par désir d’impartialité, s’est montré d’une sévérité excessive à l’égard du Saint-Office. Nous avons aussi utilisé le volume de M. l’abbé Vacandard sur l’Inquisition, où se retrouvent cette documentation sérieuse et cette modération dans les jugements qui distinguent les écrits de cet historien.

Sur la procédure inquisitoriale on ne saurait se dispenser de consulter l’ouvrage de M. Tanon, sur l’Histoire des tribunaux de l’Inquisition en France et les études de M. Charles Molinus sur l’Inquisition toulousaine ; mais il faut les compléter et parfois les corriger par l’étude de Mgr Douais sur l’Inquisition et encore plus par les Documents qui ont été publiés par ce savant prélat dans la Collection de la Société de l’Histoire de France, pour servir à l’Histoire de l’Inquisition dans le Languedoc.

Ce dernier ouvrage nous a été particulièrement utile, parce que, publiant des sentences d’inquisiteurs, il évoquait à nos yeux leur procédure, non pas celle qui était édictée par les textes législatifs, mais celle qu’ils suivaient dans la pratique, et qui souvent différait de la première. Le Bullaire de l’Inquisition en France au XIVe siècle, réuni et commenté par M. Vidal, nous a rendu les mêmes services, parce qu’il nous a fait assister à la marche de plus d’un procès inquisitorial.

En même temps que l’Inquisition, nous avons étudié les hérétiques qu’elle poursuivait, avec leurs doctrines, leurs pratiques, et leur organisation.

Au XIIIe siècle, elle a surtout lutté contre les Cathares néo-manichéens, non seulement en Languedoc, mais encore dans le reste de la France, en Italie, dans la péninsule ibérique et en Allemagne. Pour faire connaître les Cathares du Midi de la France, plus connus sous le nom d’Albigeois, j’ai tout simplement résumé la longue étude que j’ai publiée moi-même, il y a une quinzaine d’années sur l’Albigéisme languedocien au XIIe siècle.

M’appuyant sur les Manuels des inquisiteurs et dépouillant les Registres de l’Inquisition qui pour la plupart ont disparu mais dont la collection Doat conserve des copies authentiques, je me suis efforcé, d’après les déclarations mêmes des hérétiques, de reconstituer les doctrines métaphysiques, théologiques, morales et sociales des Albigeois, leur organisation, leurs pratiques et leurs rites, et la place considérable qu’ils occupaient, avant l’établissement de l’Inquisition dans toutes les classes de la société et à tous les degrés de la hiérarchie sociale.

En d’autres pays, des études originales ou des collections de documents nous ont fait connaître, de la même manière, les Cathares et leurs adhérents : tel par exemple la publication du savant professeur de la Faculté de théologie de Munich qui devint, après 1870, l’un des chefs des Vieux-Catholiques, Dœllinger, publication qui a pour titre Beitraege zur Sektengeschichte des Mittelalters[1].

[1] J’ai donné des bibliographies détaillées du Catharisme à la fin de mon étude sur l’Albigéisme languedocien au XIIe siècle, p. CCCXLII et dans mes articles sur l’Inquisition et les Albigeois parus le premier dans le Dictionnaire d’apologétique de la foi catholique, le second dans le Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques.

Quoique beaucoup d’hérétiques aient été arrêtés sous la double inculpation de catharisme et de vaudoisie, ces deux doctrines sont distinctes, comme le démontrait déjà en 1834 une thèse présentée devant l’Université de Leyde sous ce titre : Disputatio academica de Valdensium secta ab Albigensibus bene distinguenda par Jas. Cette distinction était marquée, dès le XIIIe et le XIVe siècle par les Manuels des Inquisiteurs, en particulier ceux de Moneta et de Bernard Gui ; et c’est sur leur témoignage autorisé que la secte vaudoise nous a été décrite par M. Comba dans son Histoire des Vaudois et plus récemment, par M. Marx dans son étude sur l’Inquisition en Dauphiné.

Au XIVe siècle et au XVe le Saint-Office poursuivit avec une persévérance inlassable tous les hérétiques Spirituels, Fraticelli, Bizocchi et Béguins qui voulurent imposer au peuple chrétien tout entier la pratique de la stricte pauvreté et annonçaient le prochain avènement de l’Esprit-Saint, venant compléter, en l’absorbant, l’œuvre du Christ. Ces doctrines ayant inspiré un grand nombre de controverses, au sein de l’ordre franciscain, d’une part, et de l’autre, entre catholiques et hérétiques, la bibliographie de ce sujet serait tellement considérable qu’elle réclamerait à elle seule un volume. Nous signalons à ceux qui s’intéresseraient particulièrement à cette question les études qui ont été consacrées aux défenseurs et aux propagateurs de ces doctrines, celles de M. Édouard Jordan sur Joachim de Flore dans le Dictionnaire de théologie catholique, du P. Callaey sur Ubertin de Casal, de Hauréau sur Bernard Délicieux et l’Inquisition albigeoise, les nombreux travaux d’ensemble qui ont été publiés sur l’ordre franciscain et les controverses qui le divisèrent si profondément au XIIIe siècle et dont le plus récent et l’un des meilleurs est le volume du P. Gratien sur l’Histoire de la fondation et de l’évolution de l’Ordre des Frères Mineurs au XIIIe siècle. Le cardinal Ehrle a consacré de nombreuses études aux Spirituels et aux Fraticelli. Signalons enfin l’ouvrage d’ensemble de Tocco sur l’hérésie au Moyen-Age (l’eresia nel medio evo) et la collection de textes sur les hérésies que publia, au XVIIIe siècle, du Plessis d’Argentré sous le titre de Collectio judiciorum de novis erroribus et qui mérite toujours d’être consultée.

Nous nous en sommes servis pour résumer les doctrines de Wicklef et de son disciple Jean Huss.

Pour montrer qu’à partir de Philippe le Bel l’Inquisition subit de plus en plus l’influence du pouvoir civil, en France et hors de France, nous avons donné un rapide aperçu de plusieurs procès inquisitoriaux qui furent inspirés et conduits plus par la politique que par le souci de l’orthodoxie, par exemple ceux de Templiers et de Jeanne d’Arc.

Pour le premier on peut se reporter aux actes mêmes du procès qui furent édités par Michelet puis plusieurs fois réédités, et on lira avec intérêt les biographies qui ont été consacrées dans l’Histoire littéraire de la France aux trois personnages qui en prirent la direction, au nom de Philippe le Bel, celle de Guillaume de Nogaret par Renan, celle du cardinal Bérenger Frédol et celle de l’inquisiteur de France Guillaume de Paris, par Lajard.

Quant au procès de Jeanne d’Arc, ses procès-verbaux ont été plusieurs fois édités et encore dans ces derniers temps par M. Pierre Champion et il a été longuement étudié par les auteurs de ces éditions et les nombreuses Histoires de Jeanne d’Arc qui ont été écrites dans ces cinquante dernières années.

Dans les pages qui vont suivre, dépourvues à dessein de tout apparat critique pouvant en gêner la lecture, on reconnaîtra facilement les textes et les livres que l’auteur a mis à contribution.

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