La vie en France au moyen âge d'après quelques moralistes du temps
[753] Cf. II, 2. «On se doit mieuls amer k’autruy, c’est carités...»
[754] Cf. I, p. 68-70.
[755] jeunesse.
[756] laissera.
[757] péchés véniels.
[758] je bats ma coulpe, la main sur la poitrine, de cœur, de bouche.
[759] Cf. I, p. 104: «Ay penset, pour le siecle qui est cangiés et cange tous les jours, que li biens et le tranquilitet que je vie en men enfanche et en me jovenche de tous estas, selonc chou qu’en memore m’en venra, et au mieuls que je porrai, je le ferai registrer et escrire, par quoy les gens presens et li futur sachent le bien qui solloit iestre pour yauls corrigier...»
[760] choux.
[761] collerettes.
[762] gagnent.
[763] dispensés de travailler.
[764] Ce n’était pourtant pas faute de s’y appliquer. Les sermons du XIIIe et du XIVe siècle sont pleins de récriminations au sujet de l’attitude inconvenante des fidèles à l’église. Cf. le Mirouer du Monde (éd. F. Chavannes, p. 35): «Cil sunt fol et pechent durement qui rient et trufent devant le cors Jesus Crist et sa douce mere...». Ib., p. 71: «Il n’oent mie matines trois fois l’an, et quant il vont oïr messe, il font plus leur damage et celi d’autrui que leur preu. Car il ne se puevent coi tenir ne que singe, rient, gabent, boutent, sachent l’un l’autre, accolent les damoiselles, et, parmi tout ce, leur est la messe trop longue..... Et, quant on leur blasme leur folie, si mettent tout sus chevalerie, et disent: «Voulez-vous que nous nous fachons huer? et «que nos fachons le papelart?...»
[765] C’est la pièce très singulièrement intitulée dans le ms. et dans l’édition (I, p. 104): Li estas dou monastere Saint Martin.
[766] Ordres religieux.
[767] Cf. p. 205-206.
[768] Nous avons besoin.
[769] Aussi bien, ils s’en passent (cf. p. 191): «On s’espart sans congiés».
[770] le cœur est au marché.
[771] passés à la lessive.
[772] Cf. p. 204. Ces moines-là voudraient porter «brunettes» et «sauvagines»; ils voudraient avoir «habits estroits et courts». Ils prétendent aussi, chose nouvelle, avoir chacun son vestiaire personnel, écrins, coffres et armoire (p. 170). Ils n’acceptent plus les distributions d’habits du camérier, comme autrefois; il faut qu’on leur donne de l’argent, pour qu’ils s’équipent eux-mêmes: la constitution du pape Benoit n’a pas mis fin à cet abus.
Ces détails s’harmonisent très bien avec ceux dont les sermons de la fin du XIIIe siècle sont remplis sur le relâchement des mœurs monastiques. «On n’accepte plus les ordres des supérieurs que s’ils sont agréables; sinon, murmures. Si le supérieur dit: «Mon frère, allez à l’infirmerie», on y va; mais s’il dit: «Allez aider à la boulangerie», on répond: «Ah! monseigneur, je ne suis pas un homme à ça; non decet meam personam; mittite illum fratrem qui est de humili plebe...» (B. Hauréau, Notices et Extraits de quelques manuscrits latins, IV, p. 141).
[773] On lit dans un recueil d’anecdotes de la fin du XIIIe siècle (Bibliothèque de Tours, ms. 468, fol. 74 vº): «Raimond, évêque de Toulouse, disait que les religieux faisaient aux novices comme la vieille à la poule qu’elle achète; elle lui tond la tête et la laisse ensuite aller où elle veut. De même, il y a des religieux qui se travaillent beaucoup pour avoir des novices et qui, après les avoir tondus et vêtus, les laissent vaguer à leur gré...»
[774] verset.
[775] Ce semble, qui les entend, qu’ils vont se quereller.
[776] à l’autre côté leur verset.
[777] bandes, troupes.
[778] Comparer Rutebeuf, en son Dit de la Vie dou Monde (Œuvres, éd. elzévirienne, II, 42):
Sont sovent pelerines as saintes et as sains;
Se Dix leur en set gré, je ne suis mie certains:
S’eles fuissent bien sages, eles alassent mains.
. . . . . . . . . .
Quant ces nonnains se vont par le pays esbattre,
Les unes a Paris, les autres a Montmartre....
[779] parer.
[780] collerettes.
[781] Bien savent où il fait bon aller pour s’amuser.
[782] pourvu que.
[783] excès.
[784] citoles, espèce de sistre.
[785] danses.
[786] badinage.
[787] vieilles.
[788] supérieure.
[789] visiteur.
[790] Mêmes sous-entendus injurieux à l’endroit des béguines dans L’Art d’amors de Jacques d’Amiens (v. 2299 et suiv.) et dans Rutebeuf (Œuvres, éd. elzévirienne, I, pp. 190, 221).
[791] gagner (notre vie.)
[792] Il n’y avait point que des laïcs à se fâcher de l’extraordinaire multiplication des Ordres religieux. Dans les anciens Ordres plusieurs n’y voyaient rien moins que le commencement de la fin, au témoignage de Guiard de Laon, le célèbre chancelier de l’église de Paris, qui fut plus tard évêque de Cambrai: «Claustrales... novis Ordinibus invident... Unde dicere non crebescunt, imo dicunt, quod tot sunt Ordines quod totum in fine adnihilabitur» (B. Hauréau, Notices et Extraits de quelques manuscrits latins... VI, p. 227).
[793] s’enrichissent.
[794] assemblées.
[795] piocher.
[796] Est-il besoin de rappeler que la prudente modération de l’abbé Gilles à l’endroit des Mendiants contraste avec les fulminantes diatribes d’une foule de ses contemporains: Rutebeuf (Œuvres, éd. elzévirienne, I, 208), Gervais du Bus (ici-même, p. 299), Jehan de Condé (Œuvres, éd. A. Scheler, II, p. 181, 249), etc?
[797] Une longue pièce du «registre» est intitulée pourtant: «Ch’ est des papes» (I, pp. 299-342). Mais c’est une sorte de chronique «des papes qui ont esté de mon temps», de Célestin V à Clément VI. Elle se termine par des considérations très générales sur les devoirs du pape et des cardinaux, expurgées de toute critique.
[798] Je ne vois pas, mais j’entends.
[799] émeuve.
[800] manteaux.
[801] s’embarquent.
[802] tourments, souffrances.
[803] annuels.
[804] nous gagnerons de l’argent.
[805] [services] annuels.
[806] Ce singulier conseil fait penser à la maxime, non moins surprenante, des Enseignements de Robert de Ho (éd. M. V. Young):
Mes qui ne s’en puet abstenir
Ke ne li estouce mentir,
Donc deit mentir si cointement
Et si tres acemeement
K’il resemble bien verité...
[807] ensemble.
[808] Et pour bien d’autres. Voir la pièce de Jehan de Condé, Des mahommés aus grans seigneurs (Œuvres..., éd. A. Scheler, II, p. 161). Cf., du même, Li dis du seigneur de Maregni, ib., II, p. 267; et Li dis de la Torche, ib., II, p. 289.
[809] Chacun sait qu’il était d’usage, au XIIe et au XIIIe siècle, de se faire coudre les manches, et non pas de les boutonner, chaque fois que l’on s’habillait; on les décousait le soir ou, dans la journée, pour se laver. Voir les textes analysés dans La Société française au XIIIe siècle, p. 63; cf. Amanieu de Sescas qui, dans son Ensenhamen de la donzela (K. Bartsch, Provenzalisches Lesebuch, p. 141, v. 80) recommande aux femmes de chambre d’avoir toujours sur elles du fil et des aiguilles pour recoudre les manches de leurs maîtresses.—Le port des boutons fut longtemps considéré pour les hommes, et surtout pour les femmes, comme «un signe de putaige». Cf. le Mirouer du Monde (éd. F. Chavannes, p. 79), qui est probablement antérieur de trois quarts de siècle aux plaintes de l’abbé Gilles: «Tant font de curiosités et de desguisemens que c’est merveille: boutons, orfrois, cotes ridées, estroites manches, chauces detrenchiées, decolées, a bouclettes d’argent...»
[810] pelisses.
[811] La mode des cornettes, pour les femmes, qui fut durable, a été pour les moralistes de la fin du XIIIe et du XIVe siècle une source inépuisable d’invectives et de plaisanteries. Voir l’Histoire littéraire, XXIII, p. 248.
Très jolie description de la coiffure féminine par Gui de Mori, l. c., p. 269; cf. La Clef d’amors (éd. Doutrepont), v. 2273 et suivants.
[812] L’auteur du Poème moral (éd. Cloëtta) ne s’étend pas moins abondamment sur le thème de la coquetterie féminine, mais avec d’autres détails:
Acemeir lo pipet, lo sobrecil plomeir[813].
Asseiz seit hom de coi ele soi leve et froie[814], CXXIX
De quel chose rogist et dont ele blancoie.
Engardeiz grant folie! si forment lace et loie[815]
Les bras et les costeiz k’a grant paine soi ploie[816].
Le chevalier de la Tour Landry, dans son livre à ses filles [1372], blâme de même avec énergie les modes nouvelles, mais surtout chez les servantes et les femmes de condition modeste:
[813] s’arranger la bouche, se plomber les sourcils.
[814] lave et frotte.
[815] lie.
[816] plie. «Je ne parle point sur les dames ne sur les damoiselles atournées qui bien le pevent faire a leur plaisir; car sur leur estat je ne pense mie a parler chose qui leur doye desplaire...». Il reproche, lui, aux «femmes servantes et femmes de chambre, clavieres et aultres de mendre estat» de «fourrer leurs doz et leurs talons, autant penne que drap, dont vous verrez leurs pennes derriere que ilz ont crottées de boue a leurs talons, tout aussy comme le treu d’une brebis soilliée derriere... Et en esté les puces s’y mucent...» (Le Livre du chevalier de La Tour Landry, éd. A. de Montaiglon, 1854, p. 49).
[817] A l’époque où écrivait le chevalier de la Tour-Landry, la mode des coiffes cornues pour les femmes et des habits courts et collants pour les hommes persistait. Le chevalier rapporte (éd. A. de Montaiglon, p. 98) le sermon d’un «saint homme evesque» sur ce sujet: «Il dist que les femmes qui estoient ainsi cornues faisoient les cornes aux hommes cours vestus, qui monstroient leurs c... et leurs brayes.»
[818] Éd.: faut.
[819] qu’ils ont raison.
[820] assemblées, réunions, syndicats.
[821] Il l’a traitée à trois reprises, dans trois pièces destinées, peut-être, à être ultérieurement fondues, sous le titre: «Li estas des seculiers»: II, 70-125; II, 152-169; II, 244-246. Voir aussi la pièce intitulée: «Dou siecle qui court a present» (II, 247-255), rédigée après que l’auteur eût recouvré la vue.
[822] Il est revenu sur ce sujet (II, 156). Tous ceux qui ont des rentes sont perdus, si ça dure; les changeurs et les monnayeurs vont se substituer à eux. Cette question des monnaies est très obscure:
Quant on quide waignier, on troeve le contraire.
Monnoyer des monnoies sevent k’on en poet traire;
L’or et l’argent ne poeent li signeur mieuls atraire.
Tant qu’on gagnera bien, le «commun» se taira; mais gare, au cas contraire! Car il dépense à mesure (II, 278).
[823] Ce qui suit, sur le malheur d’avoir des domestiques à gages, est à rapprocher de la rubrique «Sur l’estat des mercenaires (valets et servantes)» dans le Livre de Mandevie, daté de 1340 (Bibl. nat., fr. 1002, fol. 95); et du chapitre: «De choisir varlets, aides et chamberieres» dans le Ménagier de Paris, écrit entre 1392 et 1394 (Éd. de 1846, II, p. 53 et suiv.). Se méfier, dit le Ménagier, des serviteurs «repliquans, arrogans, haultains, raffardeurs ou de laides responses...»
Aucune allusion à un pareil état de choses dans les Ensenhamens provençaux du XIIe et du XIIIe siècle à l’usage des serviteurs, mais des serviteurs nobles. Voir J. Bathe, Die moralischen Ensenhamens im Altprovenzalischen (Warburg, Pâques 1906).
[824] L’abbé revient plus loin (II, 154) sur les valets, bergers, charruyers, etc. Ils n’acceptent plus de porter, comme c’était l’usage autrefois, les vieux habits de leurs maîtres; il leur faut des «dras nouviaus»; et ils se moquent, par dessus le marché, des patrons:
Et se font les signeurs par derriere la loupe.
[825] changer de domestiques.
[826] il faut leur.
[827] flatter, caresser.
[828] Cf. II, 155. C’est, hélas, qu’il est toujours de plus en plus difficile, de nos jours, de trouver à se faire servir:
On les soloit jadis assayer, esprouver;
Or n’en poet on mais nul, se petit non, trouver.
[829] servantes.
[830] Cf. II, 154. Les valets demandent maintenant des «loyers» exagérés; jadis, ils ne recevaient pas de quoi mettre tant d’argent «en depos» (de côté).
[831] faire le paresseux.
[832] enfer.
[833] folie.
[834] paresseux.
[835] Cf. p. 114, str. 1.—Dans sa seconde pièce «Des seculers» (II, 168), il ajoute que l’on se vante maintenant de ce dont on était blâmé jadis. «Luxurieux» est devenu un compliment: «On dist que ch’est pour chou k’on est li mieuls amet.»
[836] concubinage.
[837] Ni, non plus, la famine de 1316 (II, p. 249), plus cruelle encore (pour les pauvres), car «espée nulle n’est si trençans que famine».
[838] Monsieur l’abbé.
[839] Monsieur l’abbé.
[840] bruyamment joyeux.
[841] parleront.
[842] aillent.
[843] souliers.
[844] Malheureuses, il vous faudra nourrir vos bâtards.
[845] au service militaire.
[846] Les compagnons «de la Gale». «Il y avait à Tournay, dit M. Kervyn, de bons et joyeux compagnons qui, aussi bien que les plus braves chevaliers de Froissart, s’honoraient d’être surnommés les Galois, car ils aimaient à rire et à plaisanter.» Cf. le chapitre VIXXIIe du Livre du chevalier de la Tour Landry (éd. A. de Montaiglon, 1854), p. 241: «Cy parle des Galois et des Galoises».
[847] «Loenge a Dieu... de chou que li veue li est recouvrée, qui avoit estet aveules trois ans et plus... Se fu aidiés par un maistre nommet Jehan de Meence, qui ouvra en ses yeuls d’un instrument d’argent a maniere d’aguille... Et fu faite cheste cure, et vey des deus yeuls selonc son eage souffisçaument, l’an de grace MCCCLI, environ le fieste saint Remi...» (II, 230).
[848] On a retrouvé trace aux archives de Tournai d’un «maistre Campion», connétable des paroisses de St Piat et de Ste Catherine en cette ville, membre du collège des prévôts et jurés au milieu du XIVe siècle.
[849] peuple.