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Tableau historique et pittoresque de Paris depuis les Gaulois jusqu'à nos jours (Volume 6/8)

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Notes

1: Dans le quartier Saint-André-des-Arcs.

2: Il s'assit au banc des pairs, et montrant son épée, qu'il tenoit à la main: «Elle est encore dans le fourreau, dit-il; mais il faudra qu'elle en sorte, si l'on n'accorde pas, dans l'instant, à la reine-mère un titre qui lui est dû selon l'ordre de la nature et de la justice.»

(Vie du duc d'Épernon, tom. II.)

3: Abandonné par la France, le duc de Savoie fut obligé de demander la paix au roi d'Espagne en suppliant; celui-ci, satisfait de l'avoir humilié, la lui accorda sans autres conditions. Certes, si l'on considère que le projet de ce duc étoit de s'aider du secours des François pour chasser les Espagnols du nord de l'Italie, cette conduite de Philippe II peut être citée comme un exemple de modération.

4: Elle fut destinée à porter secours, en cas de besoin, aux princes protestants d'Allemagne, qui prétendoient à la succession de Bergues et de Juliers, et aux états-généraux, qui appuyoient ces prétentions. La France ne sortoit point de cette politique qui lui faisoit ménager tous les partis.

5: La passion insensée que Henri IV avoit conçue pour Marguerite de Montmorenci sa femme, l'avoit déterminé à prendre ce parti. Il sortit précipitamment de France en 1609, emmenant la princesse avec lui, et se retira d'abord à Bruxelles, ensuite à Milan.

6: Tout le peuple parut disposé à soutenir ses intérêts; et l'on n'entendoit que ces mots dans les rues: «Nous ne reconnoissons que le roi et la reine.»

7: Dès le jour de la mort de Henri IV, il avoit commencé à se rendre odieux et suspect à la cour, en refusant opiniâtrement de venir au Louvre, malgré les invitations pressantes et même les ordres de la reine-mère, pour aller se renfermer dans la Bastille, d'où il envoya enlever tout le pain qu'il put trouver aux halles et chez les boulangers, comme s'il eût eu le dessein d'y soutenir un siége. Si l'on en croit Bassompierre de qui nous tenons cette circonstance, il fit, ce même jour, une faute encore plus grave et qui ne fut pas oubliée: ce fut d'écrire au duc de Rohan son gendre, qui étoit alors à l'armée de Champagne, de marcher droit sur Paris avec six mille Suisses qu'il commandoit en qualité de colonel-général; et celui-ci s'étoit déjà avancé d'une journée, lorsque Sully le contremanda. On se plaignoit généralement de ses manières hautaines et inciviles, de son obstination à ne suivre que ses idées particulières; et tout en reconnoissant qu'il avoit fort accru l'épargne du feu roi, (bien que ce fût plutôt par un système de parcimonie que par une économie bien entendue), on l'accusoit de malversations dans l'exercice de sa charge, et l'on en citoit pour preuve la fortune immense qu'il avoit su se faire en très-peu de temps. Il répondit à cette accusation, la plus sensible pour lui et qu'on reproduisoit le plus souvent, par un mémoire dans lequel il rendoit compte au public du commencement et des progrès de sa fortune; mais il n'en est pas moins vrai de dire que, dans l'assemblée des protestants tenue à Saumur, la proposition ayant été faite de le soutenir, le duc de Bouillon représenta au duc de Rohan, qu'il ne jugeoit pas prudent que l'assemblée se déclarât si hautement en sa faveur; et que, quelque grande que fût l'exactitude et la fidélité d'un surintendant des finances, il étoit difficile que l'on ne trouvât pas quelque chose à redire à sa conduite lorsqu'on l'examinoit à la rigueur; et que si la cour le mettoit en jugement, elle trouveroit bientôt le moyen d'obliger M. de Sully à quitter tous ses emplois, en n'usant, pour y réussir, que des voies les plus juridiques et les plus légitimes. (Mém. du duc de Rohan.) Ajoutons que dans cette même assemblée et dans celles qui suivirent, ce même Sully se montra l'un des plus factieux et des plus fanatiques parmi ceux qui vouloient la guerre civile; qu'entêté comme il l'étoit de toutes les doctrines religieuses de sa secte, il en professoit aussi toutes les doctrines politiques, ainsi qu'il le prouva en maintes occasions, et principalement lorsque la mort de Henri IV l'eût dégagé de ces liens d'affection et de reconnoissance qui l'attachoient à ce grand roi. De tout ceci nous concluons, et sans nier toutefois qu'il ne fût recommandable par plusieurs qualités estimables, que Sully est fort au-dessous de la renommée qu'on lui a faite, renommée qu'il doit en grande partie à sa qualité de chaud protestant; et que pour valoir mieux que L'Hôpital, préconisé comme lui, et pour des raisons à peu près semblables, par la tourbe de nos libres penseurs, ce n'étoit cependant ni un génie supérieur ni un véritable homme d'état.

8: Il avoit la prétention, non-seulement d'entrer dans le ministère, mais d'y avoir la première place et de mener toutes les affaires.

(D'Estrées, Mém. de la Rég., p. 89.)

9: Il est cependant très-remarquable que, dans ces états-généraux, le clergé de France, parlant en corps et non sous l'influence de la puissance séculière, proposa au roi de recevoir le concile de Trente, lui déclarant «qu'il y alloit de l'honneur de Dieu et de celui de cette monarchie très-chrétienne, qui, depuis tant d'années, avec un si grand étonnement des autres nations catholiques, portoit cette marque de DÉSUNION sur le front, etc.» (Voy. les Mémoires du clergé pour l'année 1615; l'Anti-Febronius vindicatus de Zaccaria, tom. V, Épit. II, pag. 93; et De l'Église gallicane, par M. de Maistre, p. 5.) Celui qui porta la parole en cette occasion, fut, comme nous venons de le dire, ce même évêque de Luçon, ce Richelieu, qui depuis....!

Il n'y a pas d'apparence que la demande que faisoient les évêques et archevêques, un moment rendus à leurs véritables libertés, fût favorablement accueillie par ce même pouvoir temporel qui tendoit sans cesse à accroître ses usurpations; mais elle fut d'abord violemment combattue par cette opposition politiquement calviniste, dont les parlementaires avoient depuis long-temps répandu les maximes dans le troisième ordre qu'ils dirigeoient à leur gré. Ce fut donc le tiers-état qui s'opposa surtout à l'admission de ce concile, lequel fut rejeté, quant à la discipline, et à qui l'on voulut bien faire la faveur singulière de l'admettre, quant au dogme. Quels étoient les principaux meneurs de cette opposition du tiers-état? Écoutons l'abbé Fleury parlant à l'époque où il étoit désabusé de toutes ces dangereuses doctrines: «Ce furent, dit-il, des jurisconsultes profanes ou libertins qui, tout en faisant sonner le plus haut les libertés, y ont porté de rudes atteintes en poussant les droits du roi jusqu'à l'excès; qui inclinoient aux maximes des hérétiques modernes, et en exagérant les droits du roi et ceux des juges laïques ses officiers, ont fourni l'un des motifs qui empêchèrent la réception du concile de Trente.» (Sur les libertés de l'Église gallic., Opusc., p. 81.)

10: Concini.

11: Ce prince, qui avoit le gouvernement de la Picardie, avoit voulu s'opposer à quelques travaux que le maréchal d'Ancre projetoit de faire à la citadelle de la ville d'Amiens, dont il étoit gouverneur. Il n'avoit point réussi dans cette entreprise; et ayant voulu y mettre de la violence, les officiers préposés à la garde du château avoient repoussé la force par la force, et l'avoient obligé de faire retraite.

12: Il dit que les protestants s'étoient vus forcés de prendre les armes, parce qu'ils avoient vu le roi lever des troupes sans les y admettre, ce qui leur faisoit craindre qu'elles ne fussent destinées à agir contre eux; que l'assemblée de Grenoble les avoit exhortés à se mettre en défense en cas que les députés qu'ils envoyoient au roi n'obtinssent pas de réponse favorable, et qu'en effet on n'avoit eu aucun égard aux demandes de ces députés; qu'on avoit publié en divers endroits du royaume que les mariages entre la France et l'Espagne entraîneroient la ruine de la religion protestante; que cette juste crainte étoit principalement ce qui leur avoit mis les armes à la main.

13: Les sceaux furent ôtés au chancelier de Silleri, et donnés à Du Vair, premier président du parlement de Provence; et Puisieux, fils du chancelier, qui étoit secrétaire d'état, reçut, peu de temps après, l'ordre de quitter la cour.

14: À Saint-Martin-des-Champs et dans le faubourg Saint-Germain.

15: Il nomma Barbois contrôleur des finances à la place du président Jeannin, et l'évêque de Luçon fut fait secrétaire d'état.

16: Il étoit fils naturel de Charles IX. Henri IV l'avoit fait mettre à la Bastille pour être entré dans la conspiration du duc de Biron; et il étoit condamné à y finir ses jours.

17: Dans le Perche, dans le Maine, dans le Soissonnois, dans l'Île de France, dans la Champagne, dans le Berry, dans le Nivernois.

18: Les principaux étoient du Hallier son frère, Persan son beau-frère, Bournonville, Guichaumont, et Rigaud, exempt des gardes-du-corps.

19: Vitri avoit placé un garde-du-corps à la porte du Louvre pour épier le moment où le maréchal sortiroit de la maison qu'il avoit près de ce palais, avec ordre de le venir avertir aussitôt à la porte du grand cabinet du roi, où il l'attendoit. La garde remplit exactement sa commission: Vitri partit sur-le-champ, et prit avec lui en passant tous ceux qui l'attendoient, et fit une telle diligence, qu'il arriva près du maréchal lorsque celui-ci n'étoit encore que sur le Petit-Pont, où il lisoit une lettre. Comme Vitri étoit fort vif, peut-être seroit-il passé sans le voir, si du Hallier, qui le suivoit, ne lui eût dit: «Monsieur, voilà M. le maréchal.»—«Où est-il? reprit Vitri.»—«Tenez, le voilà, lui dit Guichaumont, et en même temps celui-ci lui tira le premier coup de pistolet. Les autres tirèrent aussi; mais on a toujours cru que Guichaumont l'avoit tué, parce qu'il tomba dès qu'il l'eut frappé. D'autres disent que Vitri, s'approchant de lui, le prit d'une main par le bras, et que, levant de l'autre son bâton de commandement, il lui déclara l'ordre qu'il avoit de l'arrêter. Moi, prisonnier! reprit le maréchal en faisant un pas en arrière: et c'est alors que partirent les trois coups de pistolet. (Mém. du marq. de Fontenay-Mareuil.) Plusieurs disent que Concini, se voyant attaqué, fit mine de vouloir tirer son épée pour se défendre; mais M. de Brienne assure, dans ses Mémoires, «qu'aucun de ceux qui en pouvoient rendre témoignage, n'en étoit convenu en particulier.»

On remarque que parmi plus de trente gentilshommes qui l'accompagnoient, aucun d'eux ne mit l'épée à la main, à l'exception de Saint-Georges, qui depuis fut capitaine des gardes du cardinal de Richelieu; mais, voyant que les autres l'abandonnoient, il fut forcé de se retirer.

20: Les courtisans s'y rendoient en foule, et l'on fut obligé de mettre ce jeune prince sur un billard; afin qu'il fût plus à portée de voir ceux qui venoient lui rendre hommage, et d'en être vu.

21: Le corps du maréchal fut déposé d'abord dans la salle des portiers, ensuite dans le petit jeu de paume du Louvre. Il y resta jusqu'à neuf heures du soir, et fut porté ensuite à Saint-Germain-l'Auxerrois, où on l'enterra secrètement sous l'orgue, afin de cacher au peuple sa sépulture. Elle fut connue toutefois dès le lendemain, et quelques gens de la lie du peuple, ou dirigés par ses ennemis, ou poussés par leur propre fureur, s'attroupèrent dans l'église Saint-Germain, déterrèrent le cadavre et exercèrent sur lui mille indignités, aux cris redoublés de vive le roi. On le pendit à des potences qu'il avoit fait dresser lui-même, on lui arracha le cœur, on coupa sa chair par petits morceaux; ces mêmes potences, que l'on abattit, lui servirent de bûcher; et les cendres, ainsi que les débris de son cadavre, furent jetés dans la rivière.

Quoiqu'on ne puisse justifier ce ministre de quelques abus de pouvoir dans le haut rang où la faveur l'avoit placé, il faut bien se garder de croire que ce fût un aussi méchant homme que l'a dépeint cette multitude de libelles, de déclarations, de remontrances, publiés alors par ses ennemis. Le maréchal d'Estrées, qui s'étoit jeté dans le parti des princes, et qui sans doute prit part d'abord à toutes ces calomnies, s'étonne, dans ses mémoires, des excès auxquels on s'étoit porté contre lui, et lui rend ainsi un témoignage qui ne sauroit être suspect: «Quand je fais réflexion, dit-il, sur les circonstances de la mort du maréchal d'Ancre, je ne la puis attribuer qu'à sa mauvaise destinée, ayant été conseillée par un homme qui avoit les inclinations fort douces; et comme il étoit lui-même naturellement bienfaisant et qu'il avoit désobligé fort peu de personnes, il falloit que ce fût son étoile ou la nature des affaires qui eussent soulevé tant de monde contre lui.»

22: Dans l'arrêt qui la condamne, elle n'est point déclarée sorcière, comme plusieurs l'ont avancé, mais seulement criminelle de lèse-majesté divine et humaine, sans que son crime fût autrement spécifié. Au reste, il est certain qu'elle se défendit victorieusement sur toutes les accusations capitales qu'on éleva contre elle; et l'on ne peut s'empêcher de la considérer comme une victime immolée à la vengeance de ceux qui possédoient alors un pouvoir, dont elle et son mari avoient joui trop long-temps. Elle mourut avec un courage modeste, qui excita beaucoup de pitié et même d'attendrissement parmi tous ceux qui étoient accourus à ce triste spectacle.

23: Ces marques d'attachement qu'il n'avoit cessé de lui donner depuis sa disgrâce, l'avoient fait exiler à Avignon; et ce fut Luynes lui-même qui le tira de son exil pour l'employer dans cette affaire; Richelieu y réussit de manière à satisfaire les deux partis.

24: Mém. chron., t. I.

25: Tom. XIII, in-4o, p. 250.

26: On y faisoit dire au roi «que l'audace de ceux qui avoient abusé de son nom et de son autorité, auroient porté les choses à une entière et déplorable confusion, si Dieu ne lui eût donné la force et le courage de les châtier; qu'un des plus grands maux qu'ils eussent procuré étoit la détention du prince de Condé, qui n'avoit eu d'autre cause que les artifices et les mauvais desseins de ceux qui vouloient joindre la ruine du prince à celle de l'état, ainsi que sa majesté l'avoit reconnu, après s'être soigneusement informé de tout ce qui avoit pu servir de prétexte à son emprisonnement.» Or, c'étoit attaquer ouvertement la reine, qui avoit elle-même fait arrêter le prince de Condé.

27: On avoit été prévenu de leur projet de départ, et le premier mouvement du roi avoit été de les faire arrêter. L'avis du président Jeannin fut qu'il valoit mieux les laisser partir, parce que, mal intentionnés comme ils l'étoient pour le service du roi, leur présence à Paris ne pouvoit qu'être dangereuse, et l'empêcheroit lui-même d'en sortir. Il représenta en outre qu'ils apporteroient dans la cour de la reine plus de trouble et de confusion que de profit et d'utilité; qu'il y avoit lieu de croire que tous les mécontents s'en iroient ainsi les uns après les autres; mais aussi qu'au premier qui reviendroit, les autres ne tarderoient point à le suivre. Cet avis prévalut; et, en effet, depuis que l'on gouvernoit au nom du roi, ces mutineries des princes, bien que dangereuses encore, commençoient à être moins redoutées.

28: Il fut dit que S. M. vouloit bien leur accorder un pardon qu'ils ne méritoient pas, pourvu que, dans l'intervalle de huit jours après la paix, ils posassent les armes et rentrassent dans l'obéissance qu'ils lui devoient. On ajouta que le roi n'entendoit rendre à aucun de ces rebelles les charges et gouvernements dont il avoit disposé depuis leur révolte.

29: On y employa le maréchal de Lesdiguères, le marquis de Châtillon et Du Plessis-Mornay, qui servirent utilement la cour en cette occasion.

30: Il fut créé maréchal général des camps et armées.

31: Il ne voulut jamais consentir à faire une paix particulière pour lui et les siens, se montrant décidé à ne traiter que dans l'intérêt général de son parti. Il dit au duc de Luynes «que les guerres soutenues par les protestants avoient toujours été malheureuses dans leur commencement; mais que l'inquiétude de l'esprit françois, le mécontentement de ceux qui ne gouvernoient pas, et les secours étrangers leur avoient toujours procuré les moyens de réparer leurs disgrâces.» C'étoit mettre le doigt sur la plaie de la France; et ces paroles remarquables prouvent que les protestants connoissoient les avantages de leur position et les changements que l'esprit de secte devoit apporter dans la politique de l'Europe, beaucoup mieux que leurs ennemis n'entendoient leurs propres intérêts.

32: Ce fut lui qui le premier conçut le projet de leur enlever leurs places fortes qui faisoient toute leur sûreté; et il avoit commencé à l'exécuter.

33: Ces ministres étoient le cardinal de Retz, le comte de Schomberg et le marquis de Puisieux.

34: Rien ne prouve plus quelle étoit alors l'indocilité des grands que la conduite qu'il tint en cette occasion: non-seulement il refusa d'obéir à l'ordre du roi, prétendant que sa présence étoit absolument nécessaire dans ses gouvernements; mais il s'emporta jusqu'à maltraiter de paroles, et à plusieurs reprises, le gentilhomme qui avoit été chargé de lui faire connoître les intentions de sa majesté.

35: Bassompierre, qui en raconte plusieurs traits fort remarquables, ajoute qu'il n'avoit jamais connu d'homme plus brave que lui: «Le feu roi son père, dit-il, qui étoit dans l'estime que chacun sait, ne témoignoit pas pareille assurance.»

36: Cette guerre de l'empereur contre l'électeur palatin forme la première période de la fameuse guerre de trente ans, laquelle est désignée sous le nom de période palatine. Nous aurons bientôt occasion d'en reparler.

37: La place de surintendant des finances avoit été ôtée au comte de Schomberg et donnée au marquis de La Vieuville; les sceaux avoient été rendus au chancelier de Sillery, qui, se trouvant ainsi appuyé de son fils le marquis de Puisieux, avoit la prépondérance dans le conseil. La Vieuville souffroit impatiemment leur crédit; de là des brouilleries, des factions, des cabales et mille autres misères de cette espèce, qui leur furent également funestes à tous.

38: Henri III.

39: Voy. 1re partie de ce volume, p. 227 et Seqq.

40: Voy. 1re partie de ce volume, p. 432.

41: Sous les deux premières races, et particulièrement vers le déclin de la seconde, le désordre politique étoit aussi grand, plus grand peut-être qu'à aucune autre époque de la monarchie; et il y eut un moment où la dissolution de toutes les parties du corps social sembla être arrivée à son dernier période, et ne plus laisser aucun espoir. Quelle fut la puissance qui rendit tout à coup à cette monarchie, qui périssoit pour ainsi dire au sortir de l'enfance, cette vie prête à s'éteindre, et la lui rendit pour une longue suite de siècles? La religion, encore un coup, seul principe vital des sociétés, et dont la nation entière étoit en quelque sorte imprégnée. Ce fut elle qui, après avoir défendu les peuples contre les excès du pouvoir temporel, rendit à ce pouvoir lui-même l'énergie dont il avoit besoin, le préserva de ses propres fureurs, et lui indiqua les bornes dans lesquelles il eût dû se renfermer pour se maintenir, se fortifier, et tout coordonner autour de lui. Séparé depuis de l'autorité spirituelle, nous le voyons, sous la troisième race, décliner de nouveau, et plusieurs circonstances, dont la cause est encore dans cette même religion, rendent sa chute moins rapide et moins sensible; mais cette fois-ci il tombe pour ne se plus relever.

42: En abattant les grands, il détruisit, dit-on, l'opposition aristocratique en France, et renversa ainsi la dernière barrière qui s'élevoit encore contre le despotisme de la cour. On se trompe: cette opposition de la noblesse s'étant faite toute matérielle, et ne pouvant plus être ni dirigée ni contenue par le principe religieux à qui seul il appartient de légitimer et coordonner toute puissance, soit qu'elle commande, soit qu'elle résiste, étoit devenue elle-même un principe d'anarchie, et par conséquent de destruction. Les faits le prouvent mieux que tous les raisonnements. Or, qui ne sait que, lorsque la société est arrivée à ce degré de corruption, l'anarchie ne peut être vaincue et comprimée que par le despotisme? Et sans doute, des deux maux celui-ci est le moindre, puisque tant qu'il a le pouvoir, le despote conserve l'état, par cela seul qu'il veut se conserver lui-même. Si Richelieu, devenu maître absolu sur les débris de tant de résistances purement anarchiques, eût cherché à modérer le pouvoir sans bornes qu'il avoit conquis, en adoptant une politique chrétienne dans un royaume chrétien, il n'est point de bons effets qu'il n'eût pu produire et d'éloges qu'on ne dût lui donner.

43: Première partie, ch. I.

44: Test. polit. Première partie, ch. I.

45: Gaston, duc d'Anjou et frère du roi, refusoit obstinément d'épouser mademoiselle de Montpensier. Le roi et la reine-mère s'étoient déclarés pour ce mariage; et le cardinal, dans l'intention de plaire à tous deux, en pressoit vivement la conclusion. Alors les diverses cabales de la cour, quoique divisées entre elles, attentives à tout ce qui pouvoit les faire sortir de l'état de dépendance où Richelieu avoit résolu de les réduire, se rassemblent, délibèrent, forment des complots; et dans ces complots il n'étoit question de rien moins que d'assassiner le ministre, de détrôner le roi, de l'enfermer dans un couvent comme imbécile, et de mettre à sa place son frère, à qui l'on auroit fait épouser la jeune reine Anne d'Autriche.

46: Entre autres le duc de Vendôme et son frère le grand prieur; le comte de Soissons n'évita la prison qu'en sortant précipitamment du royaume. Le maréchal d'Ornano fut renfermé à Vincennes, où il mourut; ce qui lui évita l'échafaud, où il auroit indubitablement suivi le prince de Chalais.

47: Il consentit à épouser mademoiselle de Montpensier; et ce fut à l'occasion de ce mariage qu'il prit le titre de duc d'Orléans, ayant reçu en apanage l'Orléanois et le pays Chartrain; et cet apanage fut un piége qu'on lui tendit pour le déterminer à sacrifier tous ceux qui l'avoient servi, ce qu'il fit sans la moindre difficulté.

48: C'est alors qu'il acheva d'exécuter le projet hardi et profondément conçu par Luynes, de faire démolir, non-seulement toutes les places fortes des protestants, mais encore d'abattre dans l'intérieur de la France toutes les fortifications qui y existoient encore. Ce fut là le coup mortel porté à la ligue protestante et à celle de la haute noblesse, toujours subsistante et toujours prête à de nouveaux attentats.

49: L'empereur, le roi d'Espagne, le duc de Savoie et presque toute l'Italie s'étoient déclarés contre le duc de Nevers, Charles de Gonzague, héritier légitime du duché de Mantoue vacant par la mort du dernier duc, Vincent, mort en 1627. Le cardinal détermina le roi à soutenir les droits du nouveau duc, et à se mettre lui-même à la tête de l'armée qu'il destinoit à l'établir dans la souveraineté dont vouloient l'exclure tant et de si puissants princes. Il y réussit complétement.

50: Richelieu le fit juger par des commissaires qui lui étoient entièrement dévoués, repoussant avec hauteur et même avec violence toutes les démarches que fit le parlement pour attirer à lui cette grande affaire. Le maréchal fut condamné à mort pour concussion: il ne fut en effet que trop prouvé que, sous ce rapport, il étoit loin d'être sans reproche; mais bien d'autres étoient coupables du même délit, que l'on ne songeoit point à inquiéter, et les agents qui l'avoient aidé dans les malversations qu'on lui reprochoit ne furent pas même décrétés. Sa mort excita la compassion des uns, l'indignation des autres; et il n'étoit personne alors qui ne fût persuadé que le jugement étoit inique et que le maréchal avoit été sacrifié à la haine et à la politique du premier ministre.

51: Dans les brouilleries qui s'élevèrent entre la France et l'Espagne, au sujet de l'affaire de Mantoue, le duc de Savoie chargea son envoyé à Paris «de conférer en particulier avec M. le cardinal de Bérulle, en l'absence de M. le cardinal de Richelieu, et de lui remontrer combien il convenoit au service de Dieu, à la foi catholique et au bien de la France, de maintenir l'union des couronnes de France et d'Espagne, pour conduire à une heureuse fin les entreprises commencées avec tant de prospérité et de gloire.» (Mercure franc., t. XV, p. 504.) Il vouloit parler de la destruction de l'hérésie. On a de nombreux témoignages que cette opinion qu'énonçoit un prince chrétien, étoit alors partagée par tout ce qu'il y avoit d'honnêtes gens en France et dans la chrétienté.

52: Les Grisons, qui étoient protestants, réclamoient la souveraineté de la Valteline, alors au pouvoir de l'Espagne, et dont les habitants étoient catholiques. La France exigeoit que ce pays fût restitué à ceux qu'elle appeloit ses légitimes souverains. Le roi d'Espagne et le pape objectoient avec juste raison que c'étoit en exposer la population entière à devenir hérétique, et proposoient tout autre parti plutôt que de les remettre sous la domination de leurs anciens maîtres. Richelieu ne voulut rien entendre, opposant toujours ce qu'il appeloit la justice et le droit des gens à l'intérêt de la religion, si visiblement menacée par une semblable restitution. Ébranlé par tout ce qu'il entendoit dire contre la résolution de son ministre, et peut-être aussi par le murmure de sa conscience, le roi convoqua à Fontainebleau, le 29 septembre 1625, une assemblée de prélats, de magistrats, de seigneurs de sa cour, afin de s'éclairer de leurs lumières sur le parti à prendre dans une affaire aussi importante et aussi délicate. L'opinion contraire y fut soutenue avec beaucoup de chaleur et de force; mais le cardinal mit plus d'opiniâtreté encore à soutenir la sienne, séparant sans cesse dans son discours les affaires d'état de celles de la religion; et ce fut son avis qui l'emporta, au grand scandale de tous les opposants.

53: Ce prince, aidé de la ligue catholique, dont le chef étoit le duc de Bavière, venoit de reconquérir la Bohème sur l'électeur palatin, qui avoit eu l'audace de profiter de la révolte de ses habitants pour s'en emparer et s'en faire déclarer roi. Ce fut là, ainsi que nous l'avons déjà dit (pag. 52), la première période de la guerre de trente ans, dite période palatine, laquelle, commencée en 1618, finit en 1625. L'électeur palatin, qui s'étoit sauvé en Hollande, fut mis au ban de l'empire, et Tilly acheva d'écraser les princes protestants qui combattoient encore pour lui, même après sa retraite, dans un combat qu'il leur livra en 1623, près de Stadlo, dans l'évêché de Munster. La dignité d'électeur palatin fut alors donnée au duc de Bavière, et le Palatinat partagé entre lui et les Espagnols. Tout sembloit devoir être fini; mais l'empereur, enhardi par le succès, conçut des projets plus vastes: ses troupes se répandirent dans toute l'Allemagne; il fit des coups d'autorité qui inquiétèrent la ligue protestante; et la liberté du corps germanique parut menacée. Aussitôt il se forma une confédération nouvelle pour la défendre, à la tête de laquelle parut le roi de Danemarck. C'est la seconde période de cette même guerre, connue sous le nom de période danoise, qui commence en 1625 et finit en 1630. L'empereur y remporte des succès encore plus brillants et plus décisifs; et c'est alors que le fameux Walstein (ou Vallenstein) se montre, à la tête de ses armées, le plus habile et le plus heureux capitaine de l'Europe. Vainqueur une seconde fois, et plus puissant alors qu'il n'avoit jamais été, Ferdinand exerça quelque temps en Allemagne un pouvoir absolu, dont les princes protestants ressentirent seuls les atteintes, mais qui commença néanmoins à déplaire aux princes catholiques. Tant qu'il conserva réunies les forces imposantes qu'il avoit sur pied, ce mécontentement général n'osa point éclater: à peine les eut-il divisées, que la diète électorale, qu'il avoit rassemblée à Ratisbonne en 1630 pour obtenir d'elle l'élection de son fils à la dignité de roi des Romains, s'éleva contre lui, et le força par ses plaintes, et, même par ses menaces, à réformer une grande partie de ses troupes et à renvoyer leur général. Brulart de Léon, ambassadeur du roi de France, et le fameux père Joseph, capucin, envoyés à la diète par le cardinal de Richelieu, aidèrent les électeurs à obtenir ce triomphe sur l'empereur; et ainsi se préparèrent les voies qui devoient bientôt introduire le roi de Suède dans le sein de l'empire.

54: Voyez la note de la page précédente.

55: Les habitants de Magdebourg, comptant sur l'assistance du roi de Suède, n'avoient voulu écouter aucune des sommations que leur avoit faites le général de l'empereur. La ville ayant été emportée d'assaut le 10 mai 1631, Tilly l'abandonna à la fureur des soldats, qui passèrent presque tous les habitants au fil de l'épée. Tout y fut détruit de fond en comble, et il ne resta debout que la cathédrale et quelques cabanes de pêcheurs.

56: Tilly y reçut une blessure, dont il mourut trois jours après.

57: Le ministre suédois Oxenstirn fut si effrayé de cette défection générale de la ligue protestante, qu'il entra lui-même en négociation pour tâcher de faire comprendre la Suède dans le traité. Mais l'empereur ayant refusé d'avoir aucune communication directe avec le cabinet de Suède, et l'électeur ne faisant que des propositions peu acceptables, Oxenstirn rompit lui-même les conférences, jugeant plus avantageux aux intérêts de la Suède et à sa dignité, de voir son armée chassée de l'empire que de subir les conditions d'une paix déshonorante.

58: Richelieu trouvoit mauvais qu'un prince catholique ne demeurât pas spectateur indifférent d'une lutte qui s'élevoit entre le chef de l'empire et un prince protestant. La cour de France étoit en outre irritée contre lui, à cause du mariage secret de la princesse Marguerite, sa sœur, avec le duc d'Orléans, mais fort injustement sans doute, puisqu'il offroit de consentir à la dissolution de ce mariage. Il s'engageoit en même temps à donner des garanties suffisantes de sa fidélité, demandant seulement que le roi n'exigeât point qu'il remît entre ses mains Nancy, capitale de ses états, ce qu'il ne pouvoit faire sans renoncer en même temps au titre de prince souverain. Richelieu ne voulut rien entendre; la ville fut assiégée et prise, moitié par force, moitié par artifice; et le duc se vit momentanément dépouillé de ses états.

59: Ce traité fut signé à Rivoli, en Piémont, le 11 juillet 1635. Le principal commandement étoit donné au duc de Savoie; et des articles secrets régloient le partage du duché de Milan entre les ducs de Savoie et de Mantoue. Le roi de France se réservoit quelques places et districts du côté du Piémont.

60: La prise de Corbie (en 1635) y excita une telle frayeur, que l'on enrôla tous les laquais en état de porter les armes. Chaque propriétaire ou principal locataire de maison eut ordre de fournir un homme; tous les gentilshommes, maîtres d'hôtel et officiers servants du roi, furent cités pour se faire inscrire dans les vingt-quatre heures. Tout à Paris, de gré ou de force, devint soldat, comme si l'ennemi eût déjà été à ses portes; mais cette terreur ne dura qu'un moment.

61: Les Espagnols en furent chassés en 1640, et l'on proclama roi de Portugal, Jean IV, de la maison de Bragance. Le traité par lequel le nouveau roi fit alliance avec la France, fut signé à Paris, le premier juin 1641.

62: Avant sa mort, Tilly, Walstein, Gustave roi de Suède, le duc de Saxe Weymar, Jean Banier, Gustave Horn, Mercy, Jean de Werth, le maréchal d'Harcourt, le maréchal de Guébriant, etc.; après sa mort, Turenne, Merci, le duc d'Enghien, Piccolomini, Torstenson, Wrangel, Kœnigsmarck, etc.

63: La guerre de trente ans ne finit qu'en 1648, sous le ministère du cardinal Mazarin. C'est le 24 octobre de cette année que fut signé à Munster et à Osnabruck le fameux traité de Westphalie, tant vanté par l'école de nos modernes diplomates. Nous aurons bientôt occasion d'en parler, et nous ferons voir que ce fut une paix aussi funeste que la guerre qui l'avoit précédée: on négocia comme on avoit combattu, pour le matériel de la société. Cette paix ne fut point générale, et la guerre continua entre la France et l'Espagne jusqu'à la paix des Pyrénées, conclue en 1659.

64: Schiller.

65: L'auteur n'entend parler ici que des états protestants.

66: Voici comment s'exprime le duc d'Olivarès dans une de ces lettres, au moment où les armées françoises s'apprêtoient à entrer dans la Catalogne: «Si la nécessité d'une juste défense et l'intérêt de la religion permettent quelquefois la vente des calices et des vases sacrés, pourquoi ne feroit-on pas des choses moins extraordinaires dans une occasion si pressante? il est constant que partout où les François mettent le pied, la secte de Calvin y entre avec eux; puisque l'État et la Religion sont également menacés, je dois parler sans déguisement, etc.» (Recueil d'Aubert, t. II, p. 365.)

67: La France, pendant le cours de cette guerre, eut presque toujours quatre armées en campagne; en 1638, elle en eut jusqu'à sept, sans compter sa flotte et ses galères.

68: L'opinion de tout ce qu'il y avoit en France d'honnête et d'éclairé, étoit que «Le cardinal n'avoit allumé la guerre en Europe que pour se rendre nécessaire et pour satisfaire son ambition, et que le roi rendroit compte à Dieu de tout le sang humain dont les villes et les provinces étoient inondées. On gémissoit sur le malheur des peuples; on étoit scandalisé des alliances contractées avec les puissances hérétiques; on déploroit le pillage des églises et l'oppression des catholiques d'Allemagne, etc.» (Continuat. du P. Daniel. T. XV, in-4o, p. 17.)

69: Le pape le considéroit, avec juste raison, comme le seul auteur de cette guerre qui désoloit la chrétienté, et voyoit avec douleur et ressentiment, sa médiation sans cesse rejetée par un prince de l'Église qui sembloit s'être fait le plus grand ennemi du saint-siége et de la religion. Celui-ci prenoit avec le saint Père, tour à tour, ou des manières soumises ou un ton menaçant, selon qu'il vouloit le tromper ou l'effrayer. Mazarin, qu'Urbain VIII avoit envoyé en France pour travailler à une paix si ardemment désirée, et dont Richelieu avoit su reconnoître la souplesse et l'habileté, lorsqu'il n'étoit encore que simple officier dans les troupes du pape, aidoit ce ministre dans toutes ces manœuvres auprès de sa cour: ce fut là l'origine de sa fortune.

70: Il est remarquable que toute personne qui avoit su obtenir la confiance de Louis XIII dans l'intimité de la vie privée, parvenoit très-facilement à l'aigrir contre le cardinal. Il sembloit même qu'il n'attendît que de semblables occasions pour manifester l'impatience avec laquelle il supportoit un joug qu'il lui étoit impossible de briser. Richelieu, maître absolu de la France, ne vivoit auprès de son maître que d'alarmes et d'inquiétudes, et étoit obligé d'employer plus de soins et d'habileté pour venir à bout d'un favori, que pour tenir tête à tous les cabinets de l'Europe. Mlle de la Fayette et le P. Caussin, confesseur du roi, furent sur le point de renverser sa fortune; et si celui-ci eût été aussi expérimenté en intrigues de cour, qu'il avoit de droiture de cœur et d'esprit, il est probable qu'il seroit venu à bout du dessein qu'il avoit formé de délivrer la chrétienté de la tyrannie de Richelieu. Il ne s'agissoit que de présenter au roi une personne qu'il jugeât capable de succéder à ce ministre: «Mais, dit un écrivain du temps (Vittorio Siri), il n'y avoit seulement pas pensé, tant il étoit peu propre à mener une affaire de cette importance.» Ce qui fit qu'il succomba.

71: Il résulte des entretiens secrets et confidentiels qu'eut le roi avec le P. Caussin, que ce prince étoit persuadé que la guerre qu'il faisoit à l'Espagne étoit juste et nécessaire; que les sollicitations du pape devoient être comptées pour rien dans une affaire de cette nature; que la reine sa femme étoit stérile et n'avoit aucune affection pour lui; que la reine sa mère vouloit le détrôner pour mettre la couronne sur la tête de Monsieur; que la plupart des grands du royaume et des seigneurs de sa cour ne lui étoient point attachés; que plusieurs étoient disposés à le trahir pour secouer le joug de l'autorité royale qui leur étoit insupportable; qu'ils soulevoient le peuple contre lui, et que, sans le cardinal, il auroit peine à se maintenir sur le trône; qu'enfin son peuple n'étoit pas aussi malheureux, ni aussi surchargé d'impôts que les gens mal intentionnés pour le gouvernement affectoient de le publier; qu'après tout l'on n'étoit ni plus riche ni plus heureux dans les autres États de l'Europe, et qu'il y avoit même du danger à laisser le peuple dans une trop grande abondance. (Mém. Man. revu par le P. Caussin.) Le cardinal avoit même trouvé des théologiens et des canonistes en nombre suffisant pour tranquilliser sa conscience sur des alliances avec des princes protestants contre des princes catholiques, et lui persuader que de telles alliances n'étoient point contraires à la loi de Dieu, surtout après les précautions que l'on avoit prises pour maintenir partout l'exercice public et tranquille de la véritable religion. (Contin. du P. Daniel, tom. XV, in-4o, pag. 117.) Il pensoit aussi et déclare formellement dans son testament politique que «Le roi auroit pu accepter avec justice l'alliance des Turcs qui lui avoit été plusieurs fois offerte.»

72: Il étoit persuadé qu'une négociation n'est jamais stérile, et que si elle ne produit aucun effet présent, on en retire toujours un avantage certain pour l'avenir. Aussi ne furent-elles jamais aussi fréquentes que sous son ministère. Il n'y avoit point de cour en Europe dont il ne connût parfaitement les intérêts, et à laquelle il ne fît faire sans cesse quelque proposition nouvelle pour en recueillir quelque fruit. À ses amis, il montroit la route qu'il falloit suivre, et se servoit habilement de leurs forces pour augmenter les siennes; à l'égard de ses ennemis, il leur tendoit à tous moment des piéges pour affoiblir leur puissance. On peut dire qu'au moyen de ces continuels artifices, il étoit devenu en quelque sorte le ministre de toutes les cours de l'Europe. (Voyez Test. Polit., 2e. part., chap. VI.)

73: Ayant su le projet ambitieux qu'avoit formé Walstein de quitter le service de l'empereur et de se faire roi de Bohème, il envoya auprès de lui un officier nommé Duhamel, pour lui offrir le secours et la protection du roi de France dans cette coupable entreprise.

74: Il se justifie, dans son testament politique, d'avoir excité le soulèvement des Catalans contre l'Espagne. Le fait est si odieux en lui-même, qu'il lui étoit impossible d'en convenir; mais comment croire qu'il n'ait pas été complice de ces rebelles, lorsqu'on le voit leur porter secours et négocier avec eux?

75: M. de Brienne ne peut s'empêcher d'en convenir, et ne le disculpe qu'en faisant remarquer «que les choses allèrent bien plus loin que le cardinal ne l'avoit prévu, et qu'il ne l'eût souhaité.»

76: Gaston, qui, jusqu'à la naissance du Dauphin, depuis Louis XIV, causa de si grands embarras au cardinal, à cause de l'importance que lui donnoit sa qualité d'héritier présomptif de la couronne, n'obtint cependant d'autres résultats de tant de cabales qu'il forma contre lui et de tant de projets mal conçus, que de sacrifier inutilement ceux qui avoient été assez imprudents pour se dévouer à sa passion et à ses intérêts. On sait quelle fut la catastrophe sanglante du duc de Montmorenci, dernier rejeton de son illustre race: bien d'autres, dans cette fatale apparition du prince en Languedoc, eussent partagé son sort, si la fuite ne les eût mis à couvert. Telle étoit la haine qu'on portoit à ce redoutable ministre, que, malgré la terreur dont il s'environnoit et dont il sembloit en quelque sorte se faire une sauvegarde, on ne cessa pas un seul instant, et jusqu'à ses derniers moments, de conspirer contre lui. Dans un complot de ce genre, très-profondément combiné, l'irrésolution de Gaston, qui, au moment de l'exécution, n'osa pas faire le geste que l'on attendoit comme signal, sauva seule Richelieu d'une mort qui sembloit inévitable. Si le comte de Soissons n'eût pas été tué à la bataille de la Marfée, la partie étoit liée à Paris avec un grand nombre de personnes à qui sa tyrannie étoit devenue insupportable[76-A]: sur la première nouvelle que l'on auroit eue des succès de l'armée espagnole, succès que l'on croyoit immanquables, on devoit s'emparer de la Bastille, où l'on avoit des intelligences, forcer le parlement à rendre un arrêt en faveur du prince; enlever à la fois tous les postes jusqu'au palais cardinal, établir des barricades dans les parties de la ville où le peuple se montreroit le plus échauffé, parvenir ainsi jusqu'au ministre que l'on auroit enlevé ou poignardé. Il arriva au contraire, par la mort du comte de Soissons, que MM. de Guise et de Bouillon, qui avoient pris parti pour lui, furent obligés, l'un de se soumettre aux conditions qu'on voulut lui imposer, l'autre d'aller chercher un refuge à Bruxelles. La conspiration de Cinqmars, la dernière qui ait menacé sa fortune et sa vie, sembloit plus dangereuse encore, puisqu'on ne peut guère douter que le roi lui-même ne fût d'accord avec les conspirateurs, c'est-à-dire qu'il n'eût donné une sorte de consentement à ce qu'on le délivrât de son ministre, même par les moyens les plus violents[76-B]. Cependant elle finit comme les autres par le supplice, l'exil ou l'emprisonnement des conjurés[76-C]. Le cardinal étoit alors mourant, et suivit de près ses dernières victimes dans la tombe.

76-A: L'abbé de Gondi, que nous verrons bientôt jouer un si grand rôle dans la guerre de la fronde, étoit entré dans cette conspiration.

76-B: Il n'y donna pas son consentement formel; mais, si l'on en croit Monglat, l'un des conjurés, il souffroit qu'on parlât devant lui du projet d'assassiner le cardinal, qu'on lui proposât même de l'approuver, et n'en témoignoit à son favori ni moins de confiance ni moins d'affection. Sans le traité que les chefs de ce complot avoient eu l'imprudence de signer avec l'Espagne, il est probable qu'ils auroient réussi. Ce fut la découverte de cette pièce qui les perdit. Louis XIII, dès qu'il en eut connoissance, les abandonna à Richelieu.

76-C: Le duc de Bouillon, qui s'y trouvoit encore impliqué, perdit cette fois sa principauté de Sedan, qu'il étoit parvenu à conserver dans la conspiration précédente.

77: Soit que, par mesures financières, il lui plût de créer de nouveaux offices, ou qu'il fît présenter des édits bursaux à l'enregistrement; soit qu'il jugeât à propos de faire juger par commissaires des accusés que cette cour de justice réclamoit comme appartenant à sa jurisdiction, ainsi qu'il arriva dans les affaires du maréchal de Marillac et du duc de la Valette, la moindre résistance qu'elle osoit lui opposer, lui attiroit à l'instant même les traitements les plus durs et les plus humiliants. Ses arrêts étoient cassés comme de juges incompétents, interdits et sans pouvoirs; ses députés étoient mandés au Louvre, où le roi, endoctriné par son ministre, ne les recevoit que la menace à la bouche, ne leur laissant d'autre parti que celui d'obéir à l'instant même, pour éviter qu'il ne se portât contre leur compagnie aux dernières extrémités; ce qui n'empêchoit que des lettres de cachets ne fussent très-souvent envoyées à ceux de ses membres qui s'étoient montrés les plus ardents dans la délibération, et qu'à la suite de ces appels ou de ces remontrances, il n'y en eût presque toujours quelques-uns de punis par l'exil ou par la prison.

78: Le parlement ayant déclaré nul le mariage de Gaston avec la princesse de Lorraine, ce prince en appela au pape, qui décida, sans s'arrêter aux subtilités qu'on lui opposoit touchant les irrégularités du contrat civil, que les lois particulières de la France ne pouvoient influer en aucune manière sur le sacrement, lequel dépendoit uniquement de l'institution de J. C. et des lois de l'Église; et que ce mariage, ayant été contracté selon toutes les règles prescrites par le concile de Trente, avoit tous les caractères qui le rendoient indissoluble. Le clergé de France en pensa autrement; et, dans une assemblée générale qu'il tint l'année suivante (en 1635), il fut établi que la coutume ancienne de France, relativement aux mariages des princes, devoit l'emporter sur une décision du pape en matière de sacrements, qu'un mariage qu'il avoit déclaré valide, ne l'étoit pas; et cet avis prévalut. Mais dans une autre assemblée de ce même clergé, que le cardinal convoqua à Mantes, en 1641, pour en obtenir un secours extraordinaire en raison des besoins extrêmes de l'état, les deux présidents et quelques évêques ayant opiné à ne pas accorder la somme entière qui étoit demandée, un commissaire du roi entra dans l'assemblée, et signifia aux opposants des lettres de cachet qui leur ordonnoient d'en sortir à l'instant même, et de se rendre incontinent dans leurs diocèses sans passer par Paris. On vota alors le subside tel que le ministre l'avoit réglé; et les orateurs du clergé admis à lui présenter leurs hommages, après avoir harangué le roi, épuisèrent pour le louer toutes les formules de l'adulation.

79: Pour lui plaire et réussir dans ce que l'on sollicitoit auprès de lui, il ne suffisoit point de se montrer dévoué au bien de l'état et de se dire le serviteur du roi, il falloit lui persuader que l'on étoit surtout son serviteur et entièrement dévoué à sa personne. C'étoit là ce que recommandoient par-dessus tout ses affidés à ceux à qui ils vouloient du bien.

80: Voilà au fond à quoi se réduisoit cette correspondance d'Anne d'Autriche avec l'Espagne, correspondance dont le cardinal fit tant de bruit, et à l'occasion de laquelle on procéda à l'égard de la reine de France comme on auroit pu le faire envers une personne coupable de haute trahison. Ses papiers furent saisis au Val-de-Grâce; on la menaça de faire mettre ses domestiques à la question, et elle fut obligée de s'avouer, par écrit, coupable envers son époux, d'intelligences avec les ennemis de l'état.

81: C'étoient quatre officiers des gardes qu'il prétendoit être entrés dans le complot de Cinqmars. Louis XIII, qui leur étoit fort attaché, refusa d'abord, et même avec emportement, d'accorder au cardinal leur renvoi et leur exil. Celui-ci insista avec plus de hauteur encore que son maître, et le roi céda. Tous reçurent en s'éloignant des témoignages de sa bienveillance. Trevelles, l'un d'eux, étoit à peine parti, qu'il lui envoya un gentilhomme lui dire de sa part qu'il n'avoit pu refuser son éloignement aux instances réitérées du cardinal, mais qu'il lui conservoit toujours la même amitié; qu'au reste son exil ne seroit pas long (Richelieu mourut quelques semaines après cet événement); puis, n'osant pas montrer à son ministre à quel point il étoit affecté du sacrifice qu'il l'avoit forcé de lui faire, il fit tomber tout son ressentiment sur Chavigni, qui n'avoit été auprès de lui que le porteur de la demande de Richelieu.

82: Il est remarquable en effet que ce sont ordinairement les plus grands partisans de toutes les fausses libertés qui se montrent les plus grands enthousiastes des tyrans et des despotes, et nous en avons de notre temps des exemples qui sont faits pour étonner. C'est que ces hommes, qui ne craignent point de remuer la société jusque dans ses fondements pour réaliser les chimères de leur orgueil, effrayés bientôt des conséquences terribles de leurs entreprises et des orages qu'ils ont amassés sur leurs têtes, sentent le besoin du pouvoir, et l'appellent à leur secours. Il reparoît alors, mais autre qu'il n'avoit été, et s'en fait applaudir jusque dans ses plus grandes violences, parce que, s'il n'étoit violent, il ne pourroit les sauver des périls où les ont jetés leurs propres fureurs.

83: L'un des hommes à qui les grandes renommées en imposoient le moins, l'illustre comte de Maistre appelle Richelieu, «L'un des plus grands génies qui aient jamais veillé près d'un trône;» et lui donne ce magnifique éloge dans un livre où il peint, en traits aussi vifs qu'énergiques, le ravage qu'avoit fait en France la doctrine qui a séparé le pouvoir politique du pouvoir religieux. (De l'Égl. Gallic., p. 298.) Ceci ne prouve autre chose sinon que le génie même le plus vaste ne peut pas tout embrasser, et que l'œil le plus pénétrant ne peut pas tout voir.

84: Les deux autres secrétaires d'état étoient MM. de Brienne et de la Vrillière.

85: Desnoyers en fit bientôt la triste expérience, et fut renvoyé pour avoir voulu imiter le cardinal de Richelieu et essayé de conduire son maître.

86: «Ah! mon pauvre peuple, s'écria-t-il au lit de la mort, je lui ai bien fait du mal à raison des grandes et importantes affaires que je me suis vues sur les bras, et je n'en ai pas eu toujours toute la pitié que je devois, et telle que je l'ai depuis deux ans, ayant été partout en personne et vu de mes yeux toutes ses misères; mais, si Dieu veut que je vive encore, ce que je n'ai pas grand sujet de croire et beaucoup moins de souhaiter, la vie n'ayant rien qui me semble aimable, j'espère qu'en deux autres années je le pourrai mettre à son aise.» (Mém. de madame de Motteville, tom. I.)

87: La naissance de Louis XIV est due à un événement singulier. On sait l'éloignement, ou pour mieux dire l'espèce d'aversion que Louis XIII avoit conçue pour la reine: étant parti un jour de Versailles pour aller coucher à Saint-Maur, et passant par Paris, il lui plut de s'arrêter au couvent de la Visitation pour y rendre visite à Mlle. de la Fayette. Pendant cette visite, il survint un orage violent qui se prolongea jusqu'à la nuit, de manière que le roi se trouva embarrassé, voyant de la difficulté à continuer son voyage, et son appartement n'étant point tendu au Louvre. Guitaut, capitaine aux gardes, lui fit entendre que chez la reine il trouveroit un souper et un appartement tout préparé. Louis rejeta d'abord cette proposition; mais l'orage redoublant, il finit par l'accepter. Anne d'Autriche, mariée depuis vingt-deux ans, accoucha neuf mois après de son premier fils: elle n'en fut ni plus aimée, ni plus considérée de son mari.

88: Elle fut excitée par la mort du duc de Mayenne, tué en 1621 au siége de Montauban. Le peuple de Paris, qui chérissoit ce prince, attaqua les religionnaires à leur retour de Charenton, où ils avoient un prêche, ce qui, depuis long-temps, étoit vu de très-mauvais œil par la multitude. Ils furent assaillis en rentrant dans la ville, à coups de pierres; et l'on en tua plusieurs. Une troupe de ces furieux se porta ensuite à Charenton, où elle mit le feu au temple, et pilla les marchands qui étoient dans la cour. Ce tumulte, commencé à la porte Saint-Antoine, continua plusieurs jours dans l'enceinte même de Paris.

89: Le palais fut presque entièrement brûlé; plusieurs ponts s'écroulèrent par le même accident. La Sainte-Chapelle manqua aussi d'être consumée par les flammes.

90: Ces voleurs, auxquels on donna le nom de filous, étoient en si grand nombre, qu'ils repoussèrent plus d'une fois, et avec perte, les archers du guet. On ne parvint à les détruire qu'en ordonnant à tous les soldats, ouvriers et mendiants valides qui se trouvoient alors sans occupation, de sortir en vingt-quatre heures de la ville.

91: Voyez pag. 69. Il étoit toujours persuadé qu'elle avoit désiré sa mort pour épouser son frère le duc d'Anjou, et ne revint pas, même au lit de la mort, de cette funeste prévention.

92: Les autres membres dont ce conseil étoit composé étoient les sieurs Séguier, chancelier de France; Bouthillier, surintendant des finances, et son fils Chavigni, secrétaire-d'état.

93: Il s'étoit montré assez dévoué à ses intérêts pour aimer mieux sortir de France que de faire au cardinal un aveu contraire aux intérêts de cette princesse. À son retour, la reine lui donna publiquement des marques très-vives de confiance et d'affection.

94: Quoiqu'il eût eu soin de l'instruire, avant la mort de Louis XIII, de tout ce qui se passoit dans le cabinet, prévoyant le temps où il pourroit avoir besoin de sa faveur, elle le considéroit néanmoins comme l'un des auteurs de la déclaration du roi au sujet de la régence. Dans cette circonstance il céda avec tant de facilité et de si bonne grâce les droits que cette déclaration pouvoit lui donner, que ce petit nuage fut bientôt dissipé. Il sut même persuader à la reine que cette déclaration, qui l'avoit si fort blessée, étoit au fond ce qui avoit pu être fait de plus avantageux pour son service: car, dans les dispositions où le roi étoit à son égard, il étoit probable qu'il eût pris, pour l'exclure du gouvernement, des mesures plus difficiles à rompre, si celles-ci n'eussent pas été adoptées.

95: Voyez tom. I, 2e part., p. 872.

96: Voltaire.

97: «C'étoit, disoit le maréchal d'Estrées, qui l'avoit connu à Rome, l'homme du monde le plus agréable; il avoit l'art d'enchanter les hommes, et de se faire aimer par ceux à qui la fortune le soumettoit. Sa conversation étoit enjouée et abondante; il paroissoit sans prétention, et il faisoit semblant, fort habilement, de n'être pas habile.» (Mém. de M. de Mottev., tom. I.)

98: La duchesse de Chevreuse, impliquée dans l'affaire de la correspondance secrète de la reine avec l'Espagne, avoit été forcée de sortir précipitamment de France pour n'être pas arrêtée. Châteauneuf, qui étoit garde des sceaux en 1633, eut l'imprudence, Richelieu étant dangereusement malade, de laisser éclater le désir de le remplacer, et même la hardiesse d'y travailler. Instruit de ce qui s'étoit passé, le ministre le fit renfermer au château d'Angoulême, d'où il ne sortit qu'à la mort de son inexorable ennemi.

99: Il fit entendre à la reine que ces deux exilés se vantoient hautement de la gouverner et de conduire les affaires; qu'il distribuoient à l'avance les grâces, les emplois et les dignités. Anne d'Autriche, très-susceptible sur cet article, écrivit à Châteauneuf, qui s'en revenoit triomphant à la cour, qu'il eût à rester, jusqu'à nouvel ordre, dans sa maison de Mont-Rouge, près Paris.

100: Elle vouloit qu'on reprît au maréchal de la Meilleraie le gouvernement de Bretagne, qui lui avoit été donné après l'affaire de Chalais, et qu'on le rendît au duc de Vendôme; qu'on ôtât l'amirauté à la maison de Brézé pour en gratifier le duc de Beaufort; enfin, que le jeune duc de Richelieu fût dépouillé du gouvernement du Hâvre, qu'elle demandoit pour le prince de Marsillac, depuis duc de la Rochefoucauld.

101: Elle ne pouvoit lui pardonner d'avoir présidé à la condamnation du duc de Montmorenci son frère.

102: Elle avoit épousé le père de la duchesse de Chevreuse, et étoit à peu près du même âge que sa belle-fille.

103: La jeune princesse se retirant un jour d'une assemblée, il arriva que des lettres galantes furent trouvées sous ses pas. Ces lettres furent lues et commentées d'une manière très injurieuse pour elle; et, comme on la soupçonnoit d'un commerce secret avec Coligni, depuis duc de Châtillon, madame de Montbazon prononça, sans hésiter, que ces lettres étoient d'elle et de lui.

104: Un vieil édit de 1548 défendoit de prolonger les faubourgs de Paris au-delà de certaines limites: Emery imagina de le tirer de la poussière, de faire toiser les constructions faites au-delà de ces limites, et de mettre à l'amende les délinquants. La Paulette étoit un droit au moyen duquel, en payant chaque année un soixantième du prix d'achat, chaque magistrat laissoit à sa famille la propriété de sa charge; c'étoit une concession que le roi avoit faite à la magistrature par un bail qui se renouveloit tous les neuf ans: ce bail expirant, il exigea des cours souveraines, le parlement excepté, quatre années de leurs gages à titre de prêt. Il établit des charges nouvelles dont les noms n'étoient pas moins ridicules que les attributions: c'étoient des conseillers du roi, contrôleurs des bois de chauffage, des jurés crieurs de vin, des jurés vendeurs de foin, etc.

105: Les conseillers, le Comte et Gueslin; les présidents, Gaïan et Barillon.

106: Mazarin, qui n'avoit jamais bien pu prononcer le françois, ayant dit que cet arrêt d'Ognon étoit attentatoire, ce seul mot le rendit ridicule; et, comme on ne cède jamais à ceux que l'on méprise, le parlement en devint plus entreprenant. (Voltaire.)

107: Turgot et d'Argonges, conseillers au grand conseil.

108: En voici l'origine la plus vraisemblable: dans les premiers démêlés du parlement avec la cour, le duc d'Orléans assistoit souvent aux assemblées de cette compagnie, et sa présence et son esprit conciliateur y calmoient l'effervescence des opinions; mais ce calme ne duroit qu'un moment, et la chaleur revenoit dès qu'il étoit parti. Bachaumont[108-A], fils du président Lecogneux, plaisantant à ce sujet, dit un jour que «le parlement, se contenant ainsi à l'aspect du duc d'Orléans, ne ressembloit pas mal aux écoliers qui, rassemblés pour jouer à la fronde dans les fossés de la ville, se séparoient dès qu'ils voyoient le lieutenant civil ou les archers, et se réunissoient pour fronder de nouveau aussitôt qu'ils étoient partis.» Il ajouta que, «maintenant que le duc étoit parti, il alloit bien fronder l'opinion de son père.» L'allusion parut heureuse; le mot fût adopté, et ne tarda pas à devenir un signe de ralliement.

108-A: L'auteur du Voyage ingénieux, fait en communauté avec Chapelle, et qui les a immortalisés tous les deux à si peu de frais.

109: Le président de Blancmesnil en vouloit au cardinal à cause de la disgrâce de l'évêque de Beauvais qu'il avoit supplanté; Longueil étoit piqué de ce qu'il ne pouvoit obtenir pour son frère une place de président, et pour lui-même celle de chancelier de la reine, qu'il sollicitoit; Viole épousoit la querelle de son ami Chavigny; Charton étoit un esprit turbulent et séditieux, qui détestoit les ministres par la seule raison qu'ils avoient le pouvoir. C'étoit, au reste, un homme très-médiocre. Il étoit connu par le sobriquet de président je dis ça, parce qu'il ouvroit et concluoit toujours ses avis par ces mots.

110: On assure que la cour auroit pu le gagner en donnant à son fils une compagnie aux gardes qu'il demandoit pour lui.

111: Le prince de Condé, son père, étoit mort le 26 décembre 1646.

112: Il avoue lui-même, dans ses mémoires, que depuis le 28 mars jusqu'au 25 août, il dépensa trente mille écus, qui faisoient alors une somme considérable, pour se créer des partisans. Il ajoute, qu'afin de s'attirer l'estime et la confiance du public, il voyoit souvent les curés de Paris, les invitoit à sa table, et les consultoit sur le gouvernement de son diocèse; montrant un grand zèle pour la décence du culte, la pompe des cérémonies, les saluts, les processions, assistant à tout, officiant souvent lui-même, et prêchant dans la cathédrale, les couvents et les paroisses. Sous ce rapport il est difficile de pousser plus loin le cynisme des aveux que ne le fait ce scandaleux prélat.

113: La voiture qui l'enlevoit fut arrêtée et brisée par la populace, malgré la garde nombreuse qui l'environnoit. Broussel, jeté dans un autre carrosse que l'on rencontra par hasard, fut sur le point d'en être arraché par cette multitude, qui s'attachoit sans cesse à ses traces. Ce second carrosse se rompit encore, et le prisonnier eût été enlevé, si Guitaut, capitaine des gardes de la reine, n'eût envoyé le sien, dans lequel on le força d'entrer, et qui parvint enfin à gagner un relais placé près des Tuileries.

114: Le coadjuteur dit, dans ses mémoires, qu'il n'eut pas beaucoup de peine à adoucir cette multitude, parce que l'heure du souper approchoit. «Cette circonstance, ajoute-t-il, paroîtra ridicule; mais elle est fondée, et j'ai observé qu'à Paris, dans les émotions populaires, les plus échauffés ne veulent pas ce qu'ils appellent se désheurer

115: On n'a jamais su précisément ce qui avoit été agité dans ce conseil; les uns disent qu'Anne d'Autriche vouloit casser tout ce qui avoit été fait dans le parlement, depuis les assemblées de la chambre de St. Louis; d'autres, qu'elle prétendoit casser le parlement lui-même, ou l'interdire et l'exiler. Il paroît certain du moins que tous ses desseins, quels qu'ils fussent, étoient violents.

116: Il s'étoit jeté dans un petit cabinet, où, livré aux plus mortelles angoisses, il se confessoit à son frère, et se préparoit à la mort. Le lieu paroissant extrêmement abandonné, les mutins se contentèrent de frapper plusieurs coups contre la cloison, et d'écouter s'ils n'entendroient pas quelque bruit. Ils allèrent ensuite visiter d'autres appartements.

117: Ses émissaires, et il en avoit une armée, répandoient partout que la reine avoit toujours le dessein d'assiéger Paris, et que les troupes qui devoient être employées à cette expédition, étoient déjà dans les environs; on assuroit que, parmi ces troupes, il y avoit des Flamands et des Suisses, qu'elle destinoit à faire une seconde St. Barthélemi; l'on faisoit en même temps circuler mystérieusement des prophéties qui annonçoient tous ces malheurs, et de plus, des maladies, des inondations, des fléaux de toute espèce, comme un juste châtiment du ciel, qu'attiroit aux peuples la corruption de son gouvernement; des colporteurs distribuoient sous le manteau, des libelles, des vers, des chansons, où la prévention d'Anne d'Autriche pour son ministre étoit présentée sous les couleurs les plus odieuses. Ainsi s'échauffoient les têtes, et plus peut-être que Gondi n'auroit voulu.

118: Les choses en vinrent au point que l'on osa lui manquer de respect dans les promenades publiques, faire retentir à ses oreilles les chansons faites contre elle, et la poursuivre dans les rues avec des huées.

119: Cet arrêt étoit renfermé dans les fameuses remontrances dont nous avons parlé à la page 18.

120: Cet article par lequel on prétendoit borner l'exercice du pouvoir absolu sur la liberté des citoyens, étoit un résultat du mécontentement qu'avoient produit les emprisonnements faits depuis le commencement des troubles, et notamment celui de Chavigni. Le parlement demandoit qu'il ne fût pas permis de garder personne en prison plus de vingt-quatre heures, sans l'interroger. La cour opposoit de solides raisons à une demande qui ne prouvoit que le peu d'expérience de ceux qui le faisoient en affaires d'état; elle résista long-temps, et obtint enfin, avec beaucoup de peine, que ce terme seroit prolongé jusqu'à trois jours. Toutefois, la régente ne voulut jamais consentir à ce que cette restriction au pouvoir absolu, fût insérée dans la déclaration: elle dit que sa parole devoit suffire. Le prince de Condé fut d'avis que le parlement devoit s'en contenter; et depuis il eut lieu de s'en repentir.

121: Quatresous, conseiller aux enquêtes.

122: Depuis duc de La Rochefoucauld, l'auteur des Maximes.

123: «La nuit de Noël devoit être éclairée par des feux aussi affreux que ceux de la Saint-Barthélemi; la reine avoit résolu de marquer ce saint temps par l'exécution la plus injuste et la plus sanglante; la ville seroit livrée au meurtre et au pillage; la vengeance des barricades et des autres révoltes feroit à jamais trembler la postérité.»

124: Carpentier de Marigni, fils du seigneur d'un village de ce nom, près de Nevers, fameux par son esprit satirique et mordant, et par le ton piquant de ses vaudevilles, genre de poésie dans lequel il n'avoit point alors d'égal.

125: Le roi y déclaroit vaguement qu'il n'étoit sorti de Paris que sur la connoissance qu'il avoit eue des complots de quelques membres du parlement contre sa personne, et de leurs intelligences avec les ennemis. Il exhortoit les bourgeois à embrasser sa cause, et à l'aider dans sa vengeance contre les rebelles.

126: Le marquis de la Boulaye, que l'on croit avoir été de tout temps vendu au cardinal, et dont nous aurons occasion de parler par la suite.

127: Ils restèrent très-long-temps à la porte Saint-Honoré, où ils étoient arrivés au milieu de la nuit; il fallut que le coadjuteur et Broussel allassent haranguer les bourgeois pour les déterminer à les laisser entrer, ce qu'ils ne firent qu'avec de grandes difficultés, et lorsque le jour commençoit déjà à paroître.

128: Cette forteresse, qui auroit pu servir à inquiéter et à contenir la ville, avoit été laissée sans pain, sans munitions et avec une garnison de vingt-deux soldats, suffisante pour garder des prisonniers, mais non pour soutenir un siége. Du Tremblay, frère du célèbre père Joseph, qui en étoit gouverneur, la rendit après une première décharge de six canons qu'on avoit placés dans le jardin de l'arsenal, et priva ainsi du plaisir de voir un siége les dames de Paris, qui s'étoient fait apporter des chaises dans ce jardin pour assister à ce spectacle.

129: Le prince s'étoit d'abord emparé de ce poste, et l'avoit ensuite abandonné. Les frondeurs, qui le jugèrent utile pour favoriser l'arrivée de leurs convois, le fortifièrent, et y jetèrent trois mille hommes de leurs moins mauvaises troupes, sous les ordres du marquis de Chanleu. Il fut tué dans l'attaque, après s'être défendu jusqu'à la dernière extrémité, et avoir refusé quartier.

130: Il disoit que toute cette guerre ne méritoit d'être écrite qu'en vers burlesques; il l'appeloit aussi la guerre des pots de chambre.

131: Cette chambre, presque toute composée de jeunes conseillers, étoit celle qui renfermoit le plus grand nombre de frondeurs.

132: Il fut long-temps à chercher comment on pourroit s'y prendre pour ne pas le recevoir, sans manquer de respect au roi; enfin, après y avoir long-temps rêvé, il trouva un moyen, et le fit présenter par Broussel. Celui-ci prétendit que l'envoi de ce héraut étoit un piége tendu par Mazarin, ces sortes de formalités ne s'observant qu'à l'égard des ennemis, et que le recevoir, c'étoit se déclarer ennemis du roi. Ce beau raisonnement parut sans réplique.

133: Il y fut entraîné par les suggestions du duc de Bouillon, son frère aîné, qui ne cessoit de lui représenter les affronts que leur maison avoit essuyés, et le délabrement causé dans leur fortune par la cession qu'ils avoient été forcés de faire de leur principauté de Sedan. Son armée, composée de ces braves Veymariens, long-temps l'effroi des Espagnols, séduite par l'argent que Mazarin sut répandre à propos au milieu d'elle, l'abandonna si complétement, qu'il se vit forcé de se sauver, lui sixième, d'abord chez la landgrave de Hesse, sa parente, ensuite en Hollande.

134: C'est-à-dire qu'on se trouvoit quitte avec les Espagnols, s'ils ne se disposoient pas à la paix générale; qu'on pouvoit suivre à son gré les mouvements du parlement pour la paix particulière, ou rejeter cette paix, sous prétexte qu'elle ne devoit se faire qu'avec la paix générale, etc.

135: Il recueillit les voix avec le plus grand sang-froid. On ne vit nul mouvement sur son visage, on n'aperçut aucune altération dans sa voix; et il prononça l'arrêt avec la même fermeté qu'il l'auroit fait dans une audience ordinaire. Comme la fureur de la populace sembloit devenir, de moment en moment, plus violente, malgré les efforts que Gondi, Beaufort et le président Novion avoient pu faire pour l'apaiser, on proposa au premier président, dont la vie étoit évidemment menacée, de s'échapper par le greffe; il s'y refusa constamment: «La cour, dit-il, ne se cache jamais; si j'étois assuré de périr, je ne commettrois pas cette lâcheté, qui ne serviroit d'ailleurs qu'à donner de la hardiesse aux séditieux: ils me trouveroient bien dans ma maison, s'ils imaginoient que je les eusse redoutés ici.» Il sortit donc au milieu de cette populace déchaînée, marchant d'un pas ferme et assuré. Un forcené lui ayant appuyé son pistolet sur le visage: «Quand vous m'aurez tué, lui dit-il sans s'émouvoir, il ne me faudra que six pieds de terre.» Il avoit même conservé en sortant assez de présence d'esprit pour adresser un mot piquant et railleur au coadjuteur, qui joignoit ses instances à celles de tout le parlement, et qui ne vit enfin d'autre moyen de le sauver que de le tenir embrassé, et de traverser ainsi avec lui les flots de la populace, tandis que le duc de Beaufort jouoit le même rôle auprès du président de Mesmes, dont la frayeur étoit aussi naïve et aussi forte, que le courage de Molé étoit extraordinaire et sublime.

136: Dans le premier traité, il avoit été dit que le parlement ne s'assembleroit point pendant l'année 1649. Cette défense fut supprimée, avec une promesse tacite du parlement de l'observer.

137: Ils s'étoient avancés jusqu'à Pont-à-Vere, près de Rheims, et de là s'étoient approchés de Guise, que même ils avoient fait investir.

138: Il demandoit la surintendance des mers, que Condé ambitionnoit aussi de son côté.

139: On n'a point oublié que cette dame avoit été exilée au commencement de cette régence, pour être entrée dans les intrigues du duc de Beaufort; elle s'étoit retirée à Bruxelles, où elle avoit servi d'intermédiaire aux négociations des frondeurs avec l'Espagne. Gondi étoit amoureux de mademoiselle de Chevreuse sa fille, très-belle personne, qui, si on l'en croit, ne lui étoit point cruelle. Telles étoient les mœurs de ce prélat; et ce n'étoit point assez pour lui qu'elles fussent mauvaises, il a voulu en publiant ses mémoires, qu'elles devinssent scandaleuses.

140: C'est alors qu'arriva l'aventure de Jarsay, dont nous avons parlé dans le premier volume de cet ouvrage, 2e. partie, p. 947.

141: Il n'étoit sorte de mortifications qu'il ne se plût à lui faire essuyer. Un jour que le ministre soutenoit, avec plus de chaleur que de coutume, les droits de la couronne, qu'il prétendoit attaqués par Condé, celui-ci, lui passant la main sous le menton avec un sourire insultant, le quitta en lui disant, adieu, Mars. Après un souper, où ce prince et Gaston l'avoient accablé des plus sanglantes railleries, ils lui envoyèrent une lettre avec cette adresse: À l'illustrissimo signor Faquino.

142: Il lui laissoit entrevoir l'espérance du chapeau de cardinal. Tous les mémoires du temps s'accordent à peindre cet abbé de la Rivière, comme un des plus vils caractères de cette époque, ce qui n'est pas peu dire.

143: Ces conditions étoient telles que la nécessité seule pouvoit les faire accepter par la reine et par son ministre, jusqu'à ce qu'ils trouvassent l'occasion favorable de s'en dégager. Entre autres clauses, toutes très-dures et très-impérieuses, la reine s'obligeoit à ne disposer d'aucune charge, d'aucun bénéfice, à ne point lever d'armées, ni nommer de général, sans le consentement du prince.

144: Il s'agissoit des honneurs du tabouret accordés trop facilement à mesdames de Pons et de Marsillac. Cette faveur excita l'envie, et fit naître une nuée de prétendants.

145: Lorsqu'il fut cardinal de Retz. Ce Joly a écrit des mémoires dont Voltaire a dit justement qu'ils étoient à ceux de Gondi ce que le domestique est au maître.

146: Dans la maison où l'amiral Coligni avoit été assassiné, rue Béthisi.

147: Ce fut le marquis de La Boulaye, que nous avons déjà vu paroitre dans le premier siége de Paris, qui fut chargé par Mazarin, auquel il étoit secrètement vendu, de soulever la dernière populace, de se mettre à sa tête, et de pousser les choses au point de forcer le prince à déployer contre les mutins une force militaire. On ajoute, ce qui seroit horrible à croire, que cet agent avoit reçu l'ordre secret d'essayer de faire tuer Condé dans la mêlée; mais cette assertion n'est point suffisamment prouvée, et une telle atrocité n'étoit point dans le caractère du ministre. Quoi qu'il en soit, La Boulaye ne réussit point, et les chefs des frondeurs, qui reconnurent le piége, ne voulurent point le seconder.

148: Broussel y fut aussi compris.

149: Sous prétexte qu'il n'y avoit pas sûreté pour sa vie, Condé ne se rendoit au parlement qu'avec un cortége d'environ mille personnes, tant gentilshommes qu'officiers du roi. De son côté, le coadjuteur avoit fait venir de la province beaucoup de militaires et d'autres gentilshommes, qui, réunis aux frondeurs de Paris, lui formoient une escorte tout aussi redoutable. Les deux partis étoient confondus dans les salles du parlement. De tous ceux qui s'y rendoient, conseillers, ecclésiastiques ou laïcs, il n'en étoit presque pas un seul qui ne cachât sous sa robe un poignard ou une baïonnette; et cinq ou six fois par jour on les voyoit sur le point de s'égorger, quoiqu'ils s'accablassent de politesses. Ce fut à une de ces séances que, le coadjuteur s'étant muni comme les autres d'un poignard si maladroitement caché qu'on en voyoit passer le manche, quelqu'un s'écria plaisamment: Voilà le bréviaire de monsieur le coadjuteur.

150: Il osa lui tenir tête en plusieurs rencontres, et surtout à l'occasion du mariage du jeune duc de Richelieu qu'elle désapprouvoit. Jarsay ayant osé devenir amoureux de la reine, il trouva mauvais qu'elle en eût été offensée, et le prit ouvertement sous sa protection.

151: Comme ce prince ne cachoit rien à madame de Montbason, dont il étoit l'amant, on craignoit qu'elle n'allât redire ce qu'il lui auroit confié à Vigneul, attaché à la maison du prince de Condé, et qui étoit encore mieux avec elle que Beaufort.

152: Mazarin lui fit signer à lui-même l'ordre de son arrestation, en lui disant qu'un certain Descoutures, témoin décisif dans son affaire contre les rentiers, venoit d'être arrêté hors de Paris; mais qu'il étoit à craindre que, lorsqu'on l'y amèneroit, il ne fut enlevé. Condé consentit à la demande que lui faisoit le ministre d'envoyer des troupes à sa rencontre, et signa l'ordre aux gendarmes et aux chevau-légers de conduire au château de Vincennes le prisonnier qu'on leur remettroit.

153: La princesse douairière, mère du prince, et la princesse de Condé, son épouse. Elles emmenèrent avec elles son fils, le duc d'Enghien, encore enfant.

154: Il étoit gouverneur de Bourgogne, et aussitôt après la paix de Ruel, il avoit fait un voyage dans ce gouvernement, où il avoit gagné tous les esprits par ses caresses et ses libéralités. Toutefois la province fut conservée au roi par la fidélité et le courage de l'avocat général Millotet.

155: Il voulut modifier l'amnistie accordée dans les dernières conférences à tous ceux qui avoient participé aux désordres commis depuis la paix; il chercha à brouiller Gondi avec les rentiers en suspendant leurs paiements, et en cherchant à faire regarder le prélat comme l'auteur de cette suspension.

156: Il avoit été procureur au parlement de Dijon avant de s'attacher au prince. C'étoit un homme plein d'audace et de ressources, qui joua au siége de Bordeaux un rôle presque aussi remarquable que Gondi au siége de Paris. Il a laissé des mémoires où l'on trouve des détails curieux et qui lui appartiennent.

157: Elle se retira à Châtillon-sur-Loing, près de la duchesse de Châtillon, et y mourut le 2 décembre de la même année.

158: Toutefois le parlement, d'accord avec la haute bourgeoisie, refusa d'abord l'entrée de la ville à ceux-ci, à moins qu'ils ne congédiassent un gros corps de noblesse et de troupes réglées dont ils étoient accompagnés, craignant, avec juste raison, que, s'ils admettoient dans leur ville un parti armé, ils n'en fussent bientôt maîtrisés et menés plus loin qu'ils ne voudroient. La Rochefoucauld et Bouillon furent donc forcés de se loger dans les faubourgs; mais, comme ils entroient tous les jours dans la ville, sous prétexte d'aller faire leur cour à la princesse, leurs intrigues soutenues par celles de Lénet furent conduites si habilement, qu'ils finirent par s'y faire recevoir avec leurs troupes.

159: Comme ils craignoient que leur entrée en France ne soulevât les peuples contre eux, ils étoient revenus à ce projet de paix générale déjà mis en avant pendant le siége de Paris, tant pour couvrir leurs desseins que pour brouiller ensemble les frondeurs et Mazarin. Ils ne réussirent qu'en partie, parce que, contre leur attente, les conférences qu'ils avoient proposées furent acceptées, ce qui les força à lever le masque.

160: Ses troupes s'avancèrent jusqu'à dix lieues de Paris: il avoit dans cette ville des intelligences avec le duc de Nemours et le comte de Tavannes; et si ses ordres eussent-été ponctuellement exécutés, il n'est pas douteux qu'il eût enlevé les princes.

161: Anne de Gonzague de Clèves, princesse de Mantoue et de Montferrat, comtesse Palatine du Rhin, également fameuse par ses intrigues politiques, sa galanterie, sa conversion et les austérités de sa pénitence.

162: Cette cabale de Condé, composée de ce que la cour avoit de plus brillant en jeunes gens de qualité, avoit reçu le nom de cabale des Petits-maîtres, mot qui est resté dans la langue françoise, comme ceux de Frondeurs et d'Importants.

163: On stipuloit, dans ces traités, le mariage de mademoiselle d'Orléans, fille de Gaston, avec le jeune duc d'Enghien, en même temps qu'on rappeloit le mariage déjà projeté de mademoiselle de Chevreuse avec le prince de Conti. On promettoit de faire revivre, en faveur du duc d'Orléans, l'office de connétable de France. Gondi devoit avoir le chapeau de cardinal, etc.

164: La cour, dans sa défense, fit courir le bruit que ce prétendu assassinat n'étoit qu'une Joliade renforcée.

165: Le 2 décembre.

166: On y désignoit particulièrement Turenne et la duchesse de Longueville.

167: Lionne et le maréchal de Grammont; mais Gaston savoit très-bien qu'ils étoient partis sans aucunes propositions, et simplement avec l'assurance qu'on les enverroit par le courrier suivant.

168: Surintendant des finances, l'un des plénipotentiaires de la paix de Munster.

169: La cour le trompoit également en lui persuadant, pour le faire agir, qu'elle étoit prête à donner la liberté aux princes. Il le dit formellement au parlement, et se vit ensuite désavoué, après le mauvais succès de l'accusation élevée contre Gondi.

170: Cet habile factieux savoit que rien ne donne un air d'autorité comme une citation faite à propos, parce qu'elle offre sur-le-champ à l'esprit un point de comparaison qui fixe ses incertitudes; et cet effet doit être surtout très-grand au milieu des opinions flottantes d'une assemblée qui délibère. Voici ce passage, qu'il composa, dit-il, du latin le plus pur qu'il lui fut possible d'imaginer: In difficillimis reipublicæ temporibus urbem non deserui; in prosperis nihil de publico delibavi; in desperatis nihil timui.

171: À Brest, dont le gouverneur étoit entièrement à sa disposition.

172: Les frondeurs n'avoient pu leur en sauver une extrêmement désagréable, laquelle étoit de ne rentrer dans leurs gouvernements qu'à la majorité du roi.

173: La Rochefoucauld devoit avoir le gouvernement de Blayes, avec la lieutenance générale de la Guienne.

174: Le cardinal de Retz pense que ces négociations étoient faites de bonne foi: cela pouvoit être de la part de la reine, qui suivoit aveuglément tous les conseils de Mazarin; mais en examinant la suite des événements, il est impossible de croire que, dès le commencement, ce ministre n'ait pas voulu tromper Condé.

175: On ne peut s'empêcher de dire que la manière dont il la trompa étoit indigne non seulement d'un prince, mais d'un homme qui auroit eu le moindre sentiment de probité. Elle avoit remis, de confiance, à la princesse Palatine une obligation de cent mille écus que Condé avoit souscrite à son profit lorsqu'il avoit été question d'obtenir, pour sa délivrance, la signature de Beaufort. Celle-ci la donna au prince, qui la déchira, et se moqua ensuite de madame de Montbason.

176: Il étoit odieux à toute sa maison, pour avoir présidé, ainsi que nous l'avons déjà dit, à la condamnation de Montmorenci, frère de la princesse, lequel avoit été décapité sous le règne précédent, pour crime de haute trahison.

177: En effet la cour commença aussitôt à faire naître des difficultés pour gagner du temps, et bien établir l'intrigue qu'on venoit de former pour sa perte.

178: On prétend que ce fut la reine qui, par le conseil du coadjuteur, lui fit donner elle-même cet avis, parce qu'elle ne vouloit effectivement que le pousser à sortir de Paris.

179: L'action de Champlâtreux étoit d'autant plus digne d'éloges, qu'il avoit été de tout temps l'ennemi de Gondi et l'ami de Condé. Du reste, on est forcé de convenir que l'auteur des Maximes commit ici une action atroce, qu'aucun ressentiment ne peut justifier.

180: Le coadjuteur se plaignit de ce que La Rochefoucauld avoit voulu le faire assassiner. «Traître, répondit celui-ci, je me soucie peu de ce que tu deviennes.»—«Tout beau! La Franchise, notre ami, repartit le prélat; vous êtes un poltron; et je suis un prêtre: le duel nous est défendu.» La Franchise étoit le nom de guerre que l'on donnoit, dans la fronde, au duc de La Rochefoucauld; et Gondi avoue que ce fut à tort qu'il l'appela poltron. «Je mentis, dit-il, car il est assurément fort brave.» Ce qui n'empêche pas que ce qu'il avoit fait ne fût fort lâche.

181: Cette défense, à laquelle Molé prit part, sans savoir que Gondi la désirât, lui valut de la part de celui-ci de très-vifs remerciements, dont le premier président fut touché. Ce fut là le commencement d'une amitié mutuelle que la belle action de Champlâtreux avoit déjà préparée, et qui, de part et d'autre, se maintint constamment et sans la moindre altération.

182: Châteauneuf, qu'il détestoit, fut nommé premier ministre, comme il avoit été convenu entre la reine et le coadjuteur; on rendit les sceaux à Molé; La Vieuville fut mis à la tête des finances, et l'on éloigna du conseil Chavigni, qui étoit dévoué au prince.

183: Voltaire prétend que ce fut la reine qui envoya ce courrier, et qu'il se trompa sans dessein. C'est une erreur que démentent la plupart des mémoires du temps.

184: Il n'avoit encore que la nomination de France à cette place éminente, nomination qui pouvoit être révoquée.

185: Il avoit pensé à former un tiers-parti en provoquant l'union des parlements et des grandes villes, et en mettant Gaston à leur tête. Il est hors de doute qu'il se fût ainsi rendu formidable, et que c'eût été alors une nécessité de satisfaire son ambition. Mais Gaston fut épouvanté de l'audace d'un tel projet; et Gondi dit que lui-même en eut quelque scrupule, pensant au bouleversement horrible qu'il pouvoit amener dans le royaume: preuve nouvelle qu'il n'y avoit plus réellement dans l'état que deux puissances, le peuple et le roi.

186: Cet homme, également remarquable par son audace et par ses talents, qui, de simple valet de chambre du duc de La Rochefoucauld, étoit devenu l'ami, le confident et l'un des agents les plus nécessaires de Condé, avoit formé, quelque temps auparavant, de concert avec son maître, le projet hardi et dangereux d'enlever Gondi, pour soustraire Gaston à son invincible influence. Il forma son plan, et le conduisit avec autant de prudence que d'habileté. Gondi devoit être saisi et entraîné hors de Paris en sortant de chez madame de Chevreuse, qui habitoit l'hôtel de Longueville, rue Saint-Thomas-du-Louvre. Ce fut un hasard presque miraculeux qui le sauva.

187: Charles IV, chassé deux fois de ses états, alors envahis par les François, erroit dans l'Europe, à la tête d'une armée de dix mille hommes, seul reste de sa première grandeur, et dont il trafiquoit avec tous les souverains, combattant tour à tour pour les partis les plus opposés; suivant qu'il étoit plus ou moins payé.

188: Ce maréchal est le même qui, servant le parti des frondeurs pendant le siége de Paris, écrivoit à madame de Montbason ce billet fameux: Péronne est à la belle des belles. Par un retour qui n'est que trop commun dans cette guerre singulière, il montroit alors à la cour le plus entier dévouement; et dans cette circonstance, il poussa la flatterie envers Mazarin jusqu'à faire prendre à ses troupes l'écharpe verte, qui étoit la livrée de ce ministre. Chaque chef avoit alors ses couleurs et sa livrée: les troupes de Condé portoient l'isabelle; celles de Gaston le bleu; celles d'Espagne, qui vinrent après, le rouge; les royalistes portoient l'écharpe blanche.

189: Le prélat avoit été chargé lui-même de les arrêter; mais, n'ayant pu se résoudre à trahir à ce point l'amitié, il les fit avertir secrètement de sa commission, et leur laissa le temps de sortir de Paris. Gaston, à qui il eut la confiance de l'avouer quelques jours après, ne lui en sut aucun mauvais gré.

190: Cette proscription fut calquée sur celle de l'amiral Coligni. L'histoire du président de Thou ayant appris qu'elle avoit été portée à la somme de 50,000 écus, la tête de Mazarin fut mise au même prix; et il fut ordonné qu'on prélèveroit cette somme sur la vente de sa bibliothèque. Toutefois le peuple sembla ne point partager ici la passion violente de ses magistrats. L'arrêt fut tourné en ridicule, et Marigni fit afficher dans Paris une répartition des 150,000 livres; tant pour qui couperoit le nez au cardinal, tant pour une oreille, tant pour un œil, tant pour qui le feroit eunuque, etc.

191: Gondi reprochant un jour ces contradictions au procureur-général Talon: «Que voulez-vous, répondit celui-ci, nous ne savons plus ce que nous faisons; nous sommes hors des grandes règles.» Mot dont il ne sentoit pas lui-même toute la force: car il y avoit long-temps qu'on s'étoit mis en France hors des grandes règles d'une société chrétienne; et le despotisme du règne qui venoit de finir, et l'anarchie qui signaloit les commencements du nouveau règne, étoient des conséquences de ce long égarement.

192: Voy. pag. 268.

193: Le cérémonial romain défendoit aux cardinaux de se trouver à aucune cérémonie publique jusqu'à ce qu'ils eussent reçu le bonnet; d'ailleurs cette dignité ne donnant aucun rang dans le parlement que lorsqu'on y suivoit le roi, Retz n'auroit pu y siéger qu'en qualité de coadjuteur, et n'y avoit place qu'au-dessous des ducs et pairs, ce qui n'étoit pas compatible avec les prétentions des membres du sacré collége.

194: Lorsque cette armée, composée d'environ 12000 hommes, entra en France, il s'éleva un cri dans le parlement contre une alliance aussi manifeste avec les ennemis de l'état. Gaston soutint en pleine assemblée que ces troupes étoient allemandes et non espagnoles, et qu'elles étoient à sa solde: «Je voulus, dit Gondi, lui faire honte d'une manière de parler si contraire aux vérités les plus connues. Il répondit en se moquant de moi: Le monde veut être trompé.»

195: On lui représentoit qu'après tout ce qu'il avoit fait, après avoir traité avec Condé et avec les ennemis de l'état, outragé la reine et son ministre, il n'y avoit plus à délibérer. «Nous autres princes, disoit-il à Gondi, nous comptons les paroles pour rien; mais nous n'oublions jamais les actions. La reine ne se souviendroit pas demain à midi de toutes mes déclamations contre le cardinal, si je voulois le souffrir demain matin; mais si mes troupes tirent un coup de mousquet, elle ne me le pardonnera jamais.»

196: On lui avoit persuadé que, si elle rendoit quelque service important au prince de Condé, jamais il ne feroit la paix, qu'il n'y mît pour condition son mariage avec le roi. Elle partit de Paris habillée en amazone, et accompagnée de mesdames de Fiesque et de Fronténac, qu'on appeloit ses maréchales-de-camp. Son père, qui connoissoit le tour romanesque de son esprit, dit en la voyant partir: «Cette chevalière seroit bien ridicule, si le bon sens de mesdames de Fiesque et de Fronténac ne la soutenoit.»

197: «Un prétendu démenti, que M. de Beaufort prétendit, assez légèrement, avoir reçu, produisit, dit le coadjuteur, un prétendu soufflet que M. de Nemours ne reçut aussi, au dire de bien des gens, qu'en imagination. C'étoit au moins, ajoute-t-il, un de ces soufflets problématiques, dont il est parlé dans les petites lettres de Port-Royal.» Celui-ci fondit sur l'autre l'épée à la main, et l'on eut beaucoup de peine à les séparer. Toutefois les excuses et les larmes de Beaufort parurent l'apaiser; mais il garda de cette aventure un ressentiment profond, qui éclata peu de temps après, comme nous aurons bientôt occasion de le dire.

198: Cette attaque du pont de Gergeau avoit eu lieu pendant la marche de l'armée royale au-dessus d'Orléans; Turenne soutint, lui seizième, tout l'effort de quatre bataillons du régiment de l'Altesse, tandis que ses travailleurs élevoient derrière lui une barricade. Beaufort, qui commandoit cette attaque à l'insu de Nemours, et qui y fit marcher toute son armée, fut forcé de se retirer avec une très-grande perte. De là l'explication entre les deux beaux-frères, qui eut des suites si outrageantes et depuis si funestes.

199: Il les laissa sous les ordres de Tavannes, Valon et Clinchamp; mais, quels que fussent les talents de ces officiers, ils ne pouvoient le remplacer que bien imparfaitement, et ce fut une faute très-grande d'avoir quitté son armée dans des circonstances qui pouvoient lui devenir si favorables.

200: Ils sollicitèrent une assemblée de l'hôtel-de-ville, qui députa ensuite vers Gaston, pour lui dire «qu'il paroissoit contre l'ordre que M. le prince entrât dans la ville avant de s'être justifié sur la déclaration enregistrée contre lui au parlement.» Gaston répondit dans le sens de la députation, et rétracta sa réponse, lorsqu'il eut vu les mouvements de la populace ameutée par Chavigni.

201: Les campagnes, ravagées par les soldats, n'offroient, dans tous les lieux où avoient passé les armées, que le spectacle d'une entière destruction. La cessation absolue du paiement des impôts avoit réduit la cour elle-même à une indigence qui semble à peine croyable, et souvent le roi manquoit des choses les plus nécessaires à la vie. Les troupes étoient dénuées de tout, et ne vivoient que de pillage; les blessés mouroient souvent faute de soins et de nourriture.

202: Il ne semble pas que, dans l'invasion de ses états, on se fût conduit envers lui avec plus de justice et de probité. Dans un système de politique extérieure commencé par Richelieu et continué par son élève Mazarin, on n'avoit pas le droit de reprocher à qui que ce fût de n'avoir ni foi ni loi.

203: La populace étoit pour Condé, mais la plupart des colonels de quartiers suivoient le parti de la cour; il y eut même, dit-on, un projet formé par Guénegaud, trésorier de l'épargne, pour livrer la porte du Temple à l'armée royale.

204: Pour se défendre du brigandage des Lorrains.

205: Les rues de Charonne, de Charenton et du faubourg Saint-Antoine.

206: Mazarin, le voyant ainsi balancer, craignit que cette incertitude ne fût le fruit de quelque intelligence secrète avec le prince, et lui envoya l'ordre exprès d'attaquer, «comme si, dit Turenne lui-même, il n'y avoit qu'à avancer pour défaire les ennemis.»

207: Le duc de Nemours y reçut treize coups de feu dans ses armes, et La Rochefoucauld un coup au-dessus des yeux, qui lui fit perdre la vue pendant quelque temps.

208: Parmi les personnages de distinction qui furent tués, tant d'un côté que de l'autre, dans cette sanglante affaire, on compte Saint-Maigrin, Mancini, neveu du cardinal, Flamarens, La Roche-Griffard; les comtes de Castries et de Bossut, Tauresse, du nom de Montmorenci, etc. Guitaut, Jarsay, Valon, Clinchamp, Coigny, Melun, de Foix et une foule d'autres furent blessés.

209: À la dernière volée, le cardinal, faisant allusion à la passion démesurée qu'avoit la princesse d'épouser le roi, dit en riant: «Voilà un boulet de canon qui vient de tuer son mari.» Le président Hénault a raison de dire que, pour hasarder cette action plus que hardie, elle avoit obtenu un ordre de Gaston, conservé dans la bibliothèque du roi; mais il faut avouer en même temps qu'elle avoit sollicité cet ordre, et qu'elle contribua plus que personne à le faire exécuter.

210: Ses louanges retentissoient partout, et jusque dans le camp ennemi. «Ah! madame, dit Turenne à la reine, vous ne m'aviez envoyé que contre un prince de Condé, et j'en ai trouvé mille; je n'avois pas besoin de le chercher, je le trouvois toujours à ma rencontre.»

211: Dans cette lettre, le roi déclarant aux officiers municipaux qu'il étoit content de leur conduite, parce qu'il savoit que l'armée rebelle avoit été introduite dans Paris malgré eux (ce qui étoit vrai), les exhortoit à persévérer dans ces sentiments de fidélité, et à remettre l'assemblée à huitaine.

212: Le moindre pain valoit huit sous la livre; il n'y avoit plus ni police, ni frein, ni subordination. Enhardi par l'exemple des soldats qui pilloient les environs de la ville et qui vendoient publiquement leur butin, le peuple sembloit épier l'occasion de commencer un pillage dans Paris même; ceux qui auroient pu le contenir, bons bourgeois ou magistrats, se cachoient ou trouvoient le moyen de s'échapper, malgré les gardes que l'on avoit mis aux portes pour empêcher de sortir de la ville.

213: Il plaça des soldats dans l'archevêché et dans les maisons voisines; il fit des amas de vivres, de munitions, et garnit de grenades les tours de la cathédrale.

214: Le parlement refusoit d'obéir aux ordres du roi, parce qu'il le disoit prisonnier de Mazarin; et en même temps il lui demandoit, pour rentrer sous son obéissance, de renvoyer le ministre qui le tenoit en captivité.

215: On a prétendu que la véritable cause de ce duel étoit une rivalité d'amour dont madame de Châtillon[215-A] étoit l'objet. On peut croire aussi que le ressentiment de l'outrage qu'il avoit essuyé à Orléans n'étoit point encore éteint dans le cœur de Nemours. Ils se battirent derrière l'hôtel Vendôme, cinq contre cinq. Nemours apporta lui-même les épées et les pistolets, et chargea ceux-ci de sa propre main. Quand il en présenta un à Beaufort, celui-ci fit encore un dernier effort pour l'arrêter: «Ah! mon frère! lui cria-t-il affectueusement, qu'allons-nous faire? pourquoi nous égorger? quelle honte! Oublions le passé et vivons bons amis.—Ah! coquin, répondit Nemours, tu trembles! Il faut que l'un de nous deux reste sur la place.» Beaufort, après avoir reçu son feu, le tua roide de trois balles, qui le percèrent au-dessus de la mamelle, au moment même où, jetant son pistolet, ce furieux se précipitoit sur lui l'épée à la main. Le marquis de Villars, l'un des seconds de Nemours, tua son adversaire Héricourt, qu'il n'avoit jamais vu auparavant.

215-A: Elle partageoit depuis long-temps ses faveurs entre Nemours et Condé. Ce dernier en étoit passionnément amoureux.

216: Plusieurs disent au contraire que ce fut le comte de Rieux qui, dans la chaleur de la dispute, osa faire le premier un geste menaçant que le duc d'Orléans punit seulement par quelques jours de prison, et dont, dans tout autre temps, Condé eût tiré une vengeance plus éclatante.

217: Il étoit alors parvenu auprès de la reine à une faveur assez grande pour donner à Mazarin de véritables inquiétudes.

218: Il imagina d'écrire de Sedan au duc de Lorraine une lettre tournée en forme de réponse, comme s'il y avoit eu entre eux un commencement de négociation. Il y discutoit des propositions d'accommodements, accordoit celle-ci, refusoit celle-là, et finissoit par dire que si Charles s'opiniâtroit à refuser les offres de la cour, elle sera forcée de traiter avec Condé, trouvant moins fâcheux pour elle de se livrer à un prince du sang que d'exposer le royaume à une invasion. Le courrier, porteur de cette dépêche, eut ordre de se laisser prendre par les Espagnols. Fuensaldagne, l'ayant lue, en conclut qu'il seroit impolitique de rendre Condé trop redoutable à la reine; et complétement dupe de cette ruse, au lieu de joindre le duc de Lorraine, il se contenta de lui envoyer quelque cavalerie et ramena son armée en Flandres.

219: Trompée par les artifices de Charles, qui négocioit toujours en avançant vers Paris, la reine avoit ordonné à Turenne de ne point l'inquiéter dans sa marche. Celui-ci, dont le coup d'œil étoit plus pénétrant, aima mieux désobéir et courir les dangers de sa désobéissance, que de risquer de tout perdre. Il continua à serrer de près l'armée du duc; et n'ayant pu empêcher la jonction de ses troupes avec celles des princes qui avoient pris ensemble leur campement sur les bords de la Seine et de la Marne, près d'Albon, il se plaça devant elles, dans une position avantageuse, près de Villeneuve-Saint-George, derrière un bois, et dans l'angle que forme la rivière d'Yères à son confluent avec la Seine. Les deux armées restèrent en présence tout le mois de septembre, tandis que l'on continuoit de négocier. Turenne les tint ainsi en échec tant qu'il le crut nécessaire, et jusqu'à ce qu'il eût rempli son objet, qui étoit de fatiguer les Parisiens par le séjour au milieu d'eux de ces soldats étrangers, pillards et indisciplinés, d'amuser les princes par ces négociations que l'on traînoit en longueur, de les discréditer, et d'achever d'en détacher le peuple et ses chefs. Quand il vit les choses arrivées au point où il les vouloit, il décampa sans livrer bataille, ce qui étoit l'objet de tous les vœux du prince de Condé, et le laissa étonné et désespéré de sa retraite.

220: Il reçut alors le chapeau des mains du roi; sans cette cérémonie, si long-temps et si prudemment différée, qui seule l'établissoit réellement cardinal françois, il se seroit déclaré, dit-on, pour Condé, qu'il ne combattoit que contre son gré, et dont le parti vainqueur eût pu le conduire au ministère.

221: Elle lui offrit l'ambassade de Rome, cent mille écus pour payer ses dettes, une pension de cinquante mille écus, et une pareille somme pour former ses équipages.

222: La mort de son oncle l'ayant rendu, pendant sa prison, archevêque de Paris, on lui demanda sa démission pour prix de sa liberté; il la donna, ou feignit de la donner. En attendant qu'elle eût été ratifiée à Rome, il fut transféré au château de Nantes, d'où il se sauva. Il erra ensuite en Espagne, en Flandres, à Rome, en Allemagne, tandis que ses partisans, et particulièrement un curé de la Magdelaine qu'il avoit fait son grand-vicaire, soutenoient ses droits avec autant de talent que d'intrépidité. Si Gondi les eût secondés par une conduite régulière et par plus de persévérance, il est probable qu'il seroit rentré en France encore archevêque de Paris; mais il se lassa de l'exil et transigea. On lui donna de grosses abbayes en échange de son archevêché; il fixa sa demeure en Lorraine, paya ses dettes à la longue par de strictes économies; obtint, sur la fin de sa vie, la permission de revenir à Paris, y passa ses derniers jours dans un petit cercle d'amis qui charmoient la douceur de son commerce et l'agrément de sa conversation; et y mourut dans les sentiments de piété les plus édifiants.

223: Ce qui avoit indisposé les Hollandois contre la France, c'est que, dans une négociation entamée en 1646 avec l'Espagne, Mazarin avoit proposé l'échange des Pays-Bas catholiques et de la Franche-Comté contre la Catalogne et le Roussillon[223-A]. Ce projet étoit de nature à les inquiéter; ils considéroient avec raison le voisinage de la France comme beaucoup plus redoutable pour eux que celui des Espagnols; et en effet, les Pays-Bas, sous la domination d'une puissance éloignée et que tant de guerres avoient fatiguée et épuisée, devenoient pour eux une barrière contre la prépondérance naissante de la France, et déjà visible à tous les yeux.

223-A: Voyez les art. 3 et 4 de ce traité dans le P. Bougeant. (Hist. des guerres et des négociat., t. II, p. 368.)

224: C'étoit Claude de Mesmes, comte d'Avaux, et Abel Servien, comte de la Roche-des-Aubiers: celui-ci étoit l'homme de confiance de Mazarin. Des dissensions s'étant élevées entre ces deux plénipotentiaires, la cour se décida à envoyer au congrès, en 1645, un premier plénipotentiaire, dans la personne d'un prince du sang: ce fut Henri d'Orléans, duc de Longueville, que nous avons vu jouer depuis un des premiers rôles dans la guerre de la fronde.

225: En 1645.

226: Au sujet de la cession de cette province, il fut question de savoir si elle seroit cédée en toute propriété au roi de France et en la détachant de l'empire germanique, ou s'il devoit consentir à la tenir à titre de fief, avec voix et séance à la diète. Les plénipotentiaires françois discutèrent dans un Mémoire qu'ils envoyèrent en cour, les avantages de l'un et de l'autre mode de posséder, et parurent pencher pour le second, vu qu'ils y voyoient pour leur souverain la possibilité d'être un jour élevé à la dignité impériale; et ces mêmes hommes ne manquoient point, à toute occasion, de crier contre l'ambition de la maison d'Autriche et contre sa tendance à la monarchie universelle.

227: L'électeur de Brandebourg prétendoit à l'entière possession de cette province, en vertu des traités de confraternité passés entre ses prédécesseurs et les anciens ducs de Poméranie, dont la maison venoit de s'éteindre en 1637, par la mort du dernier d'entre eux, Bogislas XIV. On lui accorda un dédommagement pour la partie de cette province que l'on donnoit à la Suède.

228: Ce que l'on remarqua le plus en ce genre, furent les avantages faits à la landgrave douairière de Hesse-Cassel, qui s'étoit montrée la plus acharnée contre le parti catholique, et dont les troupes n'avoient pas manqué une seule occasion d'exercer leurs fureurs contre les possessions du clergé. Elle fit monter très-haut ses prétentions, et le comte d'Avaux lui-même les jugea exorbitantes. Mais elle rencontra un zélé protecteur dans le duc de Longueville, qui trouva très-bon qu'on sécularisât pour cette princesse hérétique un grand nombre d'évêchés, et répondit à l'évêque d'Osnabruck, qui lui représentoit ce qu'il y avoit de scandaleux dans de semblables concessions, qui d'ailleurs étoient fort au-delà des droits qu'elle pouvoit légitimement faire valoir: «Il faut faire beaucoup en faveur d'une dame aussi vertueuse que madame la landgrave; pourquoi, Messieurs, surmontez-vous vous-mêmes, et donnez toute satisfaction à Madame en ce qu'elle désire.» (Trait. de paix, t. I, p. 160.)

229: Ceux qui n'avoient eu, pendant l'année décrétoire, l'exercice ni public ni privé de leur religion, n'obtinrent qu'une tolérance purement civile; c'est-à-dire qu'il leur fut libre de vaquer aux devoirs de leur religion dans l'intérieur de leurs familles et de leurs maisons. En quoi la dévotion privée différa de l'exercice privé, qui renfermoit l'idée d'une assemblée ou d'une réunion de plusieurs familles pour assister ensemble aux pratiques du culte.

230: Hist. de Paris, t. I, p. 3.

231: Ibid., p. 265.

232: Ibid., p. 467.

233: Chron. manusc. de Du bruel, fol. 15, Vo.

234: Voy. pl. 150.

235: Dans un tarif fait par saint Louis, dit Saint-Foix, pour régler les droits de péage qui étoient dus à l'entrée de Paris sous le Petit-Châtelet, on lit que le marchand qui apportera un singe pour le vendre paiera quatre deniers; que si le singe appartient à un joculateur, cet homme, en le faisant jouer et danser devant le péager, sera quitte du péage, tant dudit singe que de tout ce qu'il aura apporté pour son usage. De là vient le proverbe, payer en monnoie de singe, en gambades. Un autre article porte que les jongleurs seront aussi quittes de tout péage en chantant un couplet de chanson devant le péager.

236: Page 293.

237: Mart. Rom., p. 108 et 109.

238: Reg. de la ville, fol. 519.

239: Lib. VI, cap. 17; et lib. IX, cap. 6.

240: Hist. univ., t. I, pag. 402.

241: Cart. Longip., fol. 110.

242: Étienne de Vitri et Hugues de Munteler.

243: L'église de Saint-Julien-le-Pauvre a été démolie pendant la révolution.

244: Outre la confrérie établie dans cette chapelle, l'église de Saint-Julien-le-Pauvre étoit le lieu de rassemblement de celles de Notre-Dame-des-Vertus, des couvreurs, des marchands papetiers, des fondeurs; et l'on y faisoit les catéchismes et retraites des Savoyards, fondés par l'abbé de Pontbriand.

245: Du Breul, p. 586.

246: Cette chapelle a été entièrement démolie.

247: Ces ermites s'étoient, dès le principe, revêtus d'un costume uniforme composé d'une robe brune, par-dessus laquelle ils portoient un manteau blanc; mais comme ce manteau étoit la marque distinctive des seigneurs sarrasins, ils se virent forcés d'y faire des changements, et le mélangèrent de noir et de blanc. Cette bigarrure, que conservèrent ceux que saint Louis amena à Paris, leur fit donner le nom de Barrés; nom qu'ils communiquèrent à une rue du quartier Saint-Paul, qui le porte encore aujourd'hui.

248: Papebroch. 8 avril, p. 778 et 786.

249: Voy. t. II, 2e part., p. 935.

250: Plusieurs historiens ont prétendu qu'il y avoit en cet endroit une chapelle de Notre-Dame, antérieure à la translation de ces religieux. Cette opinion est dépourvue de toute autorité; il n'est point fait mention de cette chapelle dans les chartes de Philippe-le-Bel et de Philippe-le-Long; et si elle eût existé, ces religieux ne se fussent point adressés au pape Jean XXII pour obtenir la permission de construire une église ou oratoire, ainsi que les autres bâtiments réguliers.

251: Cette princesse, par son testament fait en 1349, laissa et donna, pour l'œuvre du Moustier de Notre-Dame du couvent des Carmelistes, sa couronne, la fleur de lis qu'elle eut à ses noces, sa ceinture et ses tressons d'orfévrerie. Ces joyaux étoient garnis d'une grande quantité de perles, de diamants et d'autres pierres précieuses. À ce don elle ajouta celui de 1500 florins d'or à l'écu, et voulut que ses pierreries fussent vendues, pour que le prix en fût appliqué sur-le-champ aux bâtiments et ornements de l'église.

252: Ce tombeau a été détruit. On a rendu les portraits des deux époux à la famille.

253: L'église des Carmes a servi, pendant plusieurs années, d'atelier pour une manufacture d'armes: depuis elle a été détruite, et sur son emplacement on a élevé un marché. Voy. à la fin du quartier, l'article monuments nouveaux.

254: T. I, p. 236.

255: L'église de Saint-Jean-de-Latran, qui existoit encore il y a quelques années, est aujourd'hui à moitié démolie, et l'on travaille en ce moment à achever cette démolition; les bâtiments sont occupés par des particuliers.

256: Le Commandeur est représenté nu dans la partie supérieure du corps, et à moitié couché sur son tombeau. Il s'appuie, du bras gauche, sur un fragment de rocher; l'autre bras est soutenu par un génie en pleurs. Son casque, sa cuirasse et le reste de son armure sont déposés à ses pieds. L'exécution de ces figures manque de vigueur et de sentiment, les formes en sont dépourvues de caractère, les draperies sont lourdes; au total c'est de la sculpture extrêmement médiocre[256-A].

256-A: Ce monument, déposé aux Petits-Augustins, y étoit soutenu par deux cariatides qui appartenoient au tombeau du président de Thou. Nous aurons occasion d'en parler.

257: Voy. 1re part. de ce vol., p. 622 et t. II, 1re part., p. 458.

258: Du Breul, p. 257.—Sauval, t. I, p. 410. Chronol. hist. des curés de Saint-Benoît, p. 4.

259: De Basil. Paris, p. 480 et 482.

260: Bibliot. du Roi, manusc. 5185, cc.

261: T. I, p. 212.

262: Il n'est pas douteux que, par les mots capellarius, presbyter, capicerius, sacerdos ecclesiæ N, on a toujours entendu le curé.

263: Cartul. S. Genev. et Sorbon., fol. 57.

264: Voy. pl. 151.

265: Ce monument, dont aucun historien de Paris n'avoit fait mention, a été déposé aux Petits-Augustins.

266: Il n'existe point au Musée des Petits-Augustins.

267: T. I, p. 206.

268: L'église de Saint-Hilaire a été détruite.

269: Corrozet place cette fondation en 499; Du Breul, Sauval, Delamarre, le P. Daniel, l'abbé Fleuri en 500; les historiens de Paris en 509; les auteurs du Gallia christiana un peu avant 511, etc.

270: Aim. lib. 1, cap. 10; Gesta franc. Roric. lib. 4; Fredeg. schol. epit. cap. 25.

271: Greg. Tur. lib. III. cap. 18, et lib. IV. cap. 1.—Ibid. lib. II, cap. 43, etc.

272: Ubi religio monastici ordinis vigeret. Telles sont les propres expressions d'un passage de la vie de sainte Bathilde, où l'on parle de la fondation faite par la reine Clotilde de la basilique de Saint-Pierre.

273: Outre le doyen, elle avoit encore deux autres dignitaires, dont l'un étoit le préchantre et l'autre le chancelier. Sous Louis-le-Gros, on y comptoit au moins vingt prébendes, dont plusieurs étoient possédées par des ecclésiastiques très-qualifiés. La considération dont jouissoit le chapitre de Sainte-Geneviève étoit telle, que, pendant plus d'un siècle, nos rois furent dans l'usage de connoître par eux-mêmes des causes et affaires de tous les chanoines en particulier. Mais ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que dès-lors ce chapitre, à l'imitation de la cathédrale, avoit ses écoles, où les lettres florissoient, et que son chancelier y avoit les mêmes attributions que celui de Notre-Dame. Il en résulta que lorsque l'Université se fut étendue jusque sur le territoire de cette église, ce chancelier eut naturellement sur les écoliers la même inspection que l'autre avoit sur eux, hors de la terre de Sainte-Geneviève.

274: Le pape étant allé à la basilique des SS. Apôtres pour y célébrer la messe, il arriva qu'après qu'il se fut retiré dans la sacristie, ses officiers voulurent s'emparer d'un riche tapis que les chanoines avoient étendu sous les pieds du pontife. Ils prétendoient qu'un ancien usage leur donnoit le droit de l'enlever. Les domestiques de l'abbaye voulurent aussi l'avoir. Les deux partis commencèrent par s'arracher le tapis des mains, avec des injures et des cris; ils en vinrent bientôt aux coups, et le tumulte fut si grand, que le roi, qui n'étoit pas encore sorti de l'église, ayant cru devoir se présenter pour rétablir l'ordre, fut lui-même frappé dans la foule par les domestiques de l'abbaye.

275: Annal. manusc. de Sainte-Geneviève, fol. 275.

276: Dans les premiers temps, suivant l'auteur de la vie de sainte Geneviève, cette église n'avoit qu'un seul portique, où étoient simplement peintes les histoires des patriarches, des prophètes, des martyrs et des confesseurs. La sculpture ne fut employée que long-temps après pour ces sortes de représentations, et lorsqu'en élargissant les églises on jugea à propos d'élargir aussi et d'exhausser les portiques.

277: Voy. pl. 152. Le tonnerre étoit tombé sur l'abbaye, et y avoit causé de grands dommages; le clocher avoit été renversé, les cloches avoient été fondues, et plusieurs endroits de la maison endommagés.

278: Ces figures, de la proportion seulement de quinze à dix-huit pouces, ont été déposées au Musée des Petits-Augustins.

279: Deux cents ans avant l'invasion des Normands, et lorsque le corps de la sainte étoit encore dans son tombeau, saint Éloi avoit effectivement orné ce monument d'ouvrages d'orfévrerie, c'est-à-dire de quelques rinceaux d'or et d'argent qui formoient au-dessus une espèce de petit édifice. Il fallut les enlever pour ouvrir ce tombeau; et les précieuses reliques, transportées dans un coffre de bois, y restèrent jusqu'au treizième siècle, sans autres décorations que quelques feuilles d'argent dont on imagina de le couvrir. Enfin, en 1240, un particulier nommé Godfroy donna une somme pour la construction d'une nouvelle châsse; son exemple fut imité par d'autres, et c'est alors que l'on construisit ce précieux ouvrage, dans lequel il entra, dit-on, cent quatre-vingt-treize marcs d'argent et sept marcs et demi d'or. L'orfèvre qui l'avoit fait se nommoit Bonard. La translation du corps de la sainte s'y fit le 22 octobre 1242.

280: Le cardinal y est représenté à genoux sur un coussin, les mains jointes. Un génie, sur lequel Saint-Foix s'est fort égayé, soutient la queue de son manteau, et l'on ne peut s'empêcher de convenir que c'est là en effet une imagination fort ridicule. L'exécution de ces figures est froide et sèche; le dessin en est pauvre, et d'une grande incorrection; c'est de la sculpture très-médiocre. (Déposé aux Petits-Augustins.)

281: Cette figure passoit pour avoir été exécutée par Germain Pilon. Elle n'existe point aux Petits-Augustins.

282: Ces constructions ayant occasionné des fouilles dans les terres du préau, on y trouva un très-grand nombre de cercueils de pierre qui contenoient encore des squelettes, mais pas une seule inscription.

283: La bibliothèque de Sainte-Geneviève existe encore et continue d'être ouverte au public.

284: Cette procession fut faite, pour la première fois, en 1229, à l'occasion de la maladie des Ardents. (Voy. t. I, prem. part., pag. 288.)

285: Lib. V, cap. 18. Il fut encore tenu deux autres conciles dans cette église, en 573 et 615.

286: Prudence, huitième évêque de Paris, y fut enterré en 400.

287: T. II, p. 381.

288: Dans ses notes sur l'histoire de la prise de Constantinople par les François en 1204, écrite par Geoffroi de Villehardouin: «Portæ aureæ, dit-il, dictæ, in majoribus civitatibus, portæ præcipuæ per quas solemnes ingressus vel processus fieri solebant

289: La paroisse en prit le nom, et le changea en celui de Saint-Jean, nom que prit aussi la chapelle. On l'appeloit vulgairement paroisse du Mont.

290: L'évêque soumit à la paroisse du Mont tous ceux qui feroient bâtir dans le clos Bruneau et dans le clos Mauvoisin. L'abbé et les chanoines cédèrent à l'évêque la chapelle Sainte-Geneviève dans la Cité, et abandonnèrent la prébende et la vicairie qu'ils avoient à Notre-Dame.

291: Voy. pl. 153 et 154.

292: Ces vitraux sont déposés au Musée des Petits-Augustins.

293: Ces ouvrages de Germain Pilon n'ont point été déposés aux Petits-Augustins.

294: Cette belle chaire est encore dans l'église, où elle est toujours restée.

295: Ce monument n'est point aux Petits-Augustins.

296: Les cendres de ce grand poëte ont été respectées, et sont restées à Saint-Étienne.

297: On a également laissé le corps de cet homme célèbre dans son sépulcre; son épitaphe est au Musée des Petits-Augustins.

298: L'église Saint-Étienne-du-Mont est encore aujourd'hui une des paroisses de Paris.

299: Les bâtiments de cette communauté sont occupés par des particuliers.

300: On y trouva des puits au nombre de plus de cent cinquante, dont plusieurs avoient jusqu'à quatre-vingts pieds de profondeur. On présuma qu'ils avoient été creusés, dans des temps très-reculés, par des potiers de terre qui habitoient ce quartier, et qui trouvoient en cet endroit les matières avec lesquelles ils faisoient de très-belles poteries, dont on a découvert en même temps de nombreux fragments.

301: Voy. pl. 167.

302: La hauteur, depuis le pavé jusqu'au cadre de la lunette pratiquée dans le milieu de la voûte, est de cent soixante-dix pieds. La châsse de Sainte-Geneviève devoit être placée au centre de ce dôme, de manière à être aperçue de tous les points de l'église.

303: Voy. pl. 156.

304: On y avoit employé jusqu'à deux cents ouvriers à la fois, ce qui avoit pu imprimer une sorte de mouvement et d'accélération de chute à cette masse suspendue sur des points d'appui trop légers, et vicieux dans le mode de leur construction.

305: Ce péristyle est composé de vingt-deux colonnes d'ordre corinthien, de cinq pieds et demi de diamètre, de cinquante-huit pieds de hauteur, y compris base et chapiteaux. Voy. pl. 155.

306: Il a cent vingt pieds de base sur environ vingt-quatre pieds de haut.

307: Feu M. Legrand.

308: La destination de ce monument fut changée pendant la révolution: on le consacra, sous le nom de Panthéon françois, à la sépulture des Grands Hommes, et l'on sait quels hommes y furent alors enterrés. (Voy. l'article monuments nouveaux.)

309: Hist. univ., t. III, p. 105.

310: T. I, p. 410.

311: Livre Rouge de l'hôtel-de-Ville, fol. 112, vo. Ces maisons sont celles qui étoient contiguës au collége de Cluni, et celles qui donnoient sur la rue Saint-Jacques, touchant à la voûte Saint-Quentin, où est aujourd'hui l'entrée de ce côté-là.

(Jaillot.)

312: Ce lieu, destiné aux assemblées des officiers municipaux, est appelé, dans des lettres du roi Jean de 1350, Parlamentum, seu Parlatorium Burgensium (Livre Rouge de l'Hôtel-de-Ville, fol. 17, vo). Quant à la ruelle, nommée Coupe-Gorge, à cause des accidents fréquents qui y arrivoient, Sauval et d'autres l'ont confondue avec la rue de Coupe-Gueule, située entre la rue de Sorbonne et celle des Maçons.

313: Ce tableau avoit été transporté, vers les derniers temps, dans la salle des exercices, connue sous le nom d'Écoles de Saint-Thomas.

314: Cette statue, en pierre de liais, se voit aux Petits-Augustins; le masque est en albâtre.

315: Il se consacra à Dieu après la mort de son fils, qui s'étoit noyé dans l'Isère; céda ses états à Philippe VI; entra dans l'ordre de Saint-Dominique; fut successivement prêtre, patriarche d'Alexandrie, et administrateur perpétuel de l'évêché de Reims. Après sa mort son corps fut transporté à son couvent de Paris, et enterré auprès de Clémence, reine de France, et sœur de sa mère. Sa tombe étoit composée de quatre grandes plaques de cuivre jetées en moule. Il y étoit représenté revêtu des habits de son ordre, la chape plus courte que sa robe. Il avoit la mitre, les gants, le pallium qui descendoît jusqu'à ses pieds, et tenoit sous son bras gauche le bâton de la croix patriarcale.

316: Les bustes de ces deux personnages accompagnoient leurs monuments.

317: La dévotion à la confrérie du Rosaire attiroit dans cette église un grand concours de peuple, tous les premiers dimanches du mois. La reine Anne d'Autriche engagea Louis XIII à y entrer, et y fit inscrire Louis XIV, son fils, encore au berceau. Depuis cette époque la coutume s'étoit introduite d'y faire inscrire les enfants de France peu de temps après leur naissance.

318: La statue de ce prélat avoit été déposée aux Petits-Augustins.

319: Les bâtiments des Jacobins ont été détruits en grande partie: l'église, qui existe encore, sert de magasin.

320: T. I, p. 226.

321: T. I, p. 223.

322: Pastor. A, p. 596; B, p. 93; D. 56; Gall. christ., t. VII; Instrum., col. 31.

323: Voy. t. I, prem. part., p. 361.

324: Pastor. A, p. 654.

325: Voy. pl. 157.

326: C'est-à-dire qu'elle pouvoit être lue également de gauche à droite et de droite à gauche.

327: L'église Saint-Étienne-des-Grès a été détruite.

328: Voy. t. II, 2e part., p. 1249.

329: Voy. pl. 158. Elle a été rendue au culte.

330: Hist. des Ordr. rel., t. II, p. 280.

331: L'abbé Lebeuf, t. I, p. 246.

332: L'abbé Lebeuf, t. I, p. 247.

333: Voy. tom. I, 2e part., p. 583.

334: Dès 1480 l'abbaye Saint-Magloire étoit possédée en commande. Catherine de Médicis, long-temps avant la translation, avoit demandé la suppression du titre et de la dignité abbatiale, et l'union des revenus à l'évêché de Paris, ce qui fut accordé par une bulle de Pie IV en 1564, et confirmé, en 1575, par une autre bulle de Grégoire XIII.

335: Ce séminaire est maintenant occupé par l'institution des Sourds-Muets.

336: Voy. pl. 159. Cette église a été rendue au culte.

337: Ce fut, dit-on, ce tableau qui commença la réputation de cet habile peintre.

338: Sauval, t. I, p. 658 et 714.

339: Son mérite et ses talents le firent choisir depuis pour être sous-précepteur des enfants de France.

340: Les bâtiments de cette communauté sont occupés maintenant par une pension.

341: T. II, p. 418.

342: Entre autres, M. Cabou, conseiller au grand conseil, et mademoiselle Ferret.

343: Cette maison est occupée maintenant par une communauté de dames de Charité.

344: Sauval, t. II, p. 706.

345: T. I, p. 661.

346: Les bâtiments de cette communauté sont occupés par une pension.

347: Voy. t. II, 2e part., p. 709.

348: Cette maison est maintenant habitée par des particuliers.

349: Les bâtiments des Ursulines ont été démolis.

350: Les bâtiments de cette maison servent d'atelier à une manufacture de coton.

351: Voy. pl. 167.

352: Les bâtiments de cette communauté sont en partie détruits, en partie habités par des particuliers.

353: On a établi une fonderie dans cette maison.

354: Nous avons déjà dit plusieurs fois que sa statue se plaçoit ordinairement dans les cimetières, et que dans la plupart il y avoit un oratoire sous son nom. L'abbé Lebeuf ayant trouvé en cet endroit un moulin qui subsistoit encore à la fin du siècle dernier, et qu'on nommoit le moulin de la Tombe-Isoire (t. I, p. 230), en a conclu que ce nom ne signifioit, par corruption, qu'un assemblage de tombes. Jaillot ne trouve aucun titre qui puisse faire penser qu'on ait jamais employé le mot de Tombe-isoire pour désigner un cimetière, et sans daigner s'arrêter à réfuter la fable d'un géant nommé Isore, que l'on supposoit enterré en ce lieu, il rapporte plusieurs actes dans lesquels il a lu apud tumbam Ysore, et prouve que c'étoit le nom d'une famille encore connue au seizième siècle, et qui occupoit une grande maison aboutissant à la place Maubert. (Cens. de Sainte-Geneviève, de 1540, fol. 15.)

355: Cart. B. M. de Campis, fol. 34.

356: On assuroit, par tradition, dans le couvent des Carmélites, qu'il y avoit sous cette crypte, située au fond de l'église, une autre cave encore plus basse; ce qui sembleroit indiquer des restes de sépulcres romains. Peut-être est-ce en ce lieu souterrain que saint Denis rassembloit les fidèles. Son image ou celle de saint Martin de Tours étoit sculptée sur le trumeau de la grande porte; et les six grandes statues placées aux deux côtés du portique représentoient sensiblement Moïse, Aaron, David, Salomon et deux autres prophètes.

(Lebeuf.)

357: Voy. pl. 167.

358: Ce tableau, maintenant déposé, ainsi que plusieurs autres de cette église, dans le Musée du roi, a été à la fois l'objet d'éloges outrés et de contes ridicules. C'est encore un préjugé assez généralement répandu qu'il offre l'image de madame de La Vallière, et que jamais Le Brun n'a rien fait de plus beau. Cependant il n'y a pas, dans cette figure, le moindre rapport de ressemblance avec les portraits bien authentiques de cette dame célèbre; et du reste, ce tableau, loin d'être un des meilleurs de l'artiste, peut être justement mis au rang de ses plus médiocres. L'expression manque de vérité; l'attitude est maniérée et théâtrale; il y a de l'exagération dans la couleur. Du reste, c'est ainsi que l'on a long-temps jugé, parmi nous, les productions des beaux-arts, sans goût, sans méthode, sans aucunes connoissances positives.

359: Cette décoration, ainsi que les peintures de la voûte, étoit due aux libéralités de la reine Marie de Médicis.

360: On y exposoit, une ou deux fois par an, un grand soleil enrichi de pierreries du plus grand prix.

361: Le cardinal est représenté à genoux, les mains croisées sur sa poitrine, et dans l'attitude de la prière. L'exécution de cette figure est lourde et molle dans toutes ses parties. Les bas-reliefs sont au nombre de trois, dont deux sur les faces latérales représentent les sacrifices de l'ancienne et de la nouvelle loi; l'autre, sur le devant de la plinthe, offre les armes du cardinal. Ils nous ont paru d'un meilleur style, et plusieurs parties en sont même traitées avec une sorte de délicatesse. (Déposé aux Petits-Augustins.)

362: Tous les embellissements de cette chapelle avoient été faits par les libéralités de l'abbé Le Camus.

363: L'épitaphe de ce savant homme, trop longue pour être rapportée ici, avoit été composée par Rollin.

364: Gall. Christ., t. VII, inst. col. 196.

365: Dans cette pierre fut encastrée une médaille d'or de trois pouces et demi de diamètre, pesant un marc trois onces, sur laquelle est d'un côté le portrait de Louis XIV, porté par la reine sa mère, avec cette inscription: Anna, Dei gratiâ, Francorum et Navarræ regina regens, mater Ludovici XIV, Dei gratiâ, Franciæ et Navarræ regis christianissimi. Au revers sont gravés le portail et la façade de l'église, et autour est écrit: Ob gratiam diù desiderati regii et secundi partûs. Au bas sont marqués le jour et l'année de la naissance de Louis XIV. Quinto septembris 1638.

366: Piqué du traitement qu'il venoit d'éprouver, Mansard, pour s'en venger, engagea M. Henri du Plessis Guénégaud, secrétaire d'état, à faire bâtir, dans son château de Frêne, à sept lieues de Paris, une chapelle, dans laquelle cet architecte exécuta en petit le dessin qu'il avoit conçu pour le Val-de-Grâce. Les historiens de Paris, accoutumés à juger les objets d'arts sur parole, et d'après les réputations bien ou mal fondées, n'ont pas manqué de dire que c'étoit le chef-d'œuvre de l'architecture françoise. La vérité est que ce monument, dont la partie la plus remarquable est un dôme sur pendentifs, n'offre rien d'extraordinaire que la singularité de l'exécution sur une si petite échelle: il n'a que dix-huit pieds de diamètre. Le plan n'en est pas même très-heureux.

367: Voy. pl. 160.

368: Cette chapelle, placée derrière le chevet du dôme de l'église, étoit enfermée dans une enceinte particulière par des murs de clôture de neuf pieds de hauteur, et destinée uniquement aux religieuses. Le grand autel élevé entre cette chapelle et la nef étoit double, et disposé de manière que ces filles pouvoient y recevoir la communion et adorer le Saint-Sacrement sans être vues des personnes du dehors.

369: Voy. pl. 161.

370: Le premier qui y fut déposé fut celui de madame Anne-Élisabeth de France, première fille de Louis XIV, morte en 1662; Anne d'Autriche voulut aussi donner le sien aux religieuses du Val-de-Grâce, comme une dernière marque de son affection; et depuis, cet usage a toujours subsisté pour tous les princes et princesses de la maison royale. On disposa en conséquence un caveau au-dessous de cette chapelle; il fut revêtu de marbre, et au milieu de la chapelle, tendue en velours noir rehaussé d'armoiries d'argent, on éleva une estrade surmontée d'un dais, où ces portions de leurs dépouilles mortelles furent long-temps exposées avant d'être inhumées dans le caveau. Le 17 janvier 1696, un ordre du roi les y fit descendre, à l'exception de ceux d'Anne d'Autriche et du duc d'Orléans, qui restèrent dans la chapelle.

371: La voûte de la chapelle offre, dans six médaillons, les têtes de la sainte Vierge, de saint Joseph, de sainte Anne, de saint Joachim, de sainte Élisabeth, de saint Zacharie. On y voit en outre des figures d'anges chargés de cartels, avec des inscriptions et des hiéroglyphes relatifs à ces divers personnages.

Aux quatre angles du dôme, dans quatre médaillons, sont les quatre Évangélistes, accompagnés d'anges portant également des inscriptions dans des cartels. Sur les arcades des neuf chapelles, dont trois sont sous le dôme et six dans la nef, des figures allégoriques présentent les divers attributs de la Vierge, tels que la Patience, la Pauvreté, l'Humilité, l'Innocence, la Virginité, la Prudence, la Justice, la Piété, etc., etc.

372: Dans la partie la plus élevée de la composition on voit un ange qui tient ouvert le livre des sceaux, où sont écrits les noms des élus. De côté et d'autre, des saints distribués par groupes, patriarches, apôtres, martyrs, vierges, confesseurs, etc., sont abîmés dans la contemplation de la majesté divine, etc.

Dans la partie inférieure, la reine Anne d'Autriche est représentée conduite par sainte Anne et par saint Louis au pied du trône de l'Éternel, et lui offrant le plan du dôme qu'elle vient de construire. Vers le point le plus élevé de la voûte la vue se perd dans les espaces infinis des cieux.

373: L'église du Val-de-Grâce est une de celles qui ont le moins souffert de la révolution, quoique sa destination ait changé: car le couvent est maintenant un hôpital militaire, et l'église un dépôt d'effets destinés à ce genre d'hôpitaux. Toutefois des mesures ont été prises pour la conservation du pavement en marbre et de l'architecture, au moyen d'un plancher superposé et de cloisons qui les préservent. L'autel principal et son riche baldaquin sont également garantis et conservés.

374: Son attachement pour elles étoit si grand, qu'elle se fit faire, dans la clôture de leur monastère, un appartement et un oratoire, où elle se retiroit très-souvent, surtout dans les grandes fêtes de l'année. On compte que, depuis le commencement de sa régence jusqu'à sa mort, elle y passa cent quarante-six nuits.

375: Cette union fut autorisée et confirmée par le roi, à la charge de recevoir gratuitement douze demoiselles; nombre qui fut depuis réduit à six.

376: Sauval, t. I, p. 649.

377: Voy. t. I, 2e part., p. 992.

378: Cette maison sert maintenant d'hôpital pour les maladies vénériennes.

379: Voy. pl. 162. Cette maison, maintenant connue sous le nom d'hospice Cochin, a été rendue à sa première destination.

380: Voy. pl. 163 et 166.

381: Hist. univ. Paris., t. II, p. 572.

382: Les auteurs du Dictionnaire de Trévoux.

383: Jaillot n'adopte point l'opinion, avancée par plusieurs, qu'on enseignoit alors la médecine dans les écoles de la cathédrale, et même à l'entrée de l'église. «On a pu, dit-il, s'assembler et prendre des décisions près le bénitier, ad cupam B. M. inter duas cupas, sans qu'on doive en conclure qu'on y donnoit des leçons. Il en est de même de l'église de Sainte-Geneviève-la-Petite (des Ardents), de Saint-Éloi, de Saint-Julien-le-Pauvre, des Bernardins, des Mathurins, de Saint-Yves, etc. Tous ces endroits ne me paroissent point devoir être considérés comme des écoles, mais comme des lieux d'assemblée de la faculté, ou pour traiter des affaires de son corps, ou pour faire des actes de religion.»

384: En 1678, la plus grande partie des bâtiments avoit été refaite ou réparée par les bienfaits de M. Lemasle des Roches, chantre et chanoine de l'église de Paris.

385: Le doyen de la faculté de médecine étoit élu tous les ans, le premier samedi d'après la Toussaint; mais on le continuoit ordinairement deux années dans sa charge. C'étoit lui qui indiquoit les assemblées, qui présidoit et concluoit à la pluralité des voix. Il avoit sa place au tribunal du recteur de l'Université, et y donnoit sa voix au nom de sa faculté. L'érection des professeurs se faisoit le même jour que celle des doyens.

386: Voy. Jaillot, quart. Saint-Benoît, p. 193.

387: Hist. de Paris, t. III, p. 490.

388: L'un des nouveaux boursiers devoit être prêtre, et avoir 6 sous par semaine; les autres 4 sous, comme ceux de la première fondation.

389: Du Breul, pag. 692.—Hist. de Par., t. I, pag. 592.

390: Le nom de Torchi étoit celui d'une terre appartenant à cette famille.

391: Sauval fait mention d'un collége établi dans cette rue, et qui existoit encore en 1410; on le nommoit collége de Suesse, c'est-à-dire de Danemarck. Jaillot pense que ce pouvoit être celui de Dace, dont nous avons parlé à l'article du collége de Laon.

Il y avoit encore dans cette même rue, et près de Saint-Jean-de-Latran, un autre collége nommé le collége de Tonnerre. Un acte de 1406 nous apprend qu'il avoit été fondé par l'abbé et par les religieux de Saint-Jean-en-Vallée. Quant à son nom, il le devoit à l'abbé lui-même, lequel se nommoit Richard de Tonnerre. On ignore en quel temps ce collége a cessé d'exister.

La chapelle existe encore, ainsi que les bâtiments; ils sont occupés par des particuliers.

392: Hist. de Par., t. III, p. 427.

393: Guillaume Postel professa autrefois dans le collége des Lombards, et avec tant de célébrité, qu'on raconte que la grand'salle de cette maison, ne pouvant contenir la foule de ceux qui venoient l'entendre, il étoit obligé de les faire descendre dans la cour, et de leur donner leçon par une des fenêtres.

394: Ce collége est maintenant habité par des particuliers: la chapelle sert de magasin.

395: Deux de ces statues avoient été déposées au Musée des Petits-Augustins.

396: Voy. prem. part. de ce volume, p. 600.

397: Hist. de Par., t. III, p. 431.

398: Le committimus étoit un droit que le roi accordoit aux officiers de sa maison et à qui il lui plaisoit, de plaider en première instance aux requêtes du palais ou de l'hôtel, dans les matières personnelles, possessoires ou mixtes, et d'y faire envoyer ou évoquer celles où ils avoient intérêt.

399: Les commensaux étoient les officiers des maisons du roi, de la reine, des enfants de France, des princes du sang. Au droit de committimus, ils joignoient celui d'être exempts de corvée, de guet et de garde. Ils avoient droit de préséance sur les juges des seigneurs, droits honorifiques dans les églises avant les marguilliers, etc., etc.

400: Voy. pl. 164 et 166.

401: La bulle de confirmation donnée par le pape Jean XXII n'est que du 30 juillet 1322; mais Jaillot a prouvé que le collége existoit avant cette époque, et dès 1317.

402: Il affecta vingt bourses aux artiens, dix aux philosophes, et dix aux théologiens ou étudiants en droit canon. Les petites bourses étoient fixées à 2 sous par semaine, celles des philosophes à 4 sous, et celles des théologiens à 6 sous. Le fondateur établit en même temps trois chapelains, dont les bourses étoient les mêmes que celles des théologiens, et le maître ou principal eut 8 sous par semaine.

403: Jaillot, quart. S. Ben., p. 115.

404: On sait qu'il se nommoit du Plessis-Richelieu.

405: Il sert maintenant de logement à des professeurs de la nouvelle Université.

406: Il étoit ainsi nommé parce qu'il avoit appartenu à Bernard de La Tour, évêque de Langres.

407: Il fit donner à cet effet la somme de 53,156 livres.

408: La translation du collége de Lisieux y avoit déjà été ordonnée en 1762; celle du collége de Beauvais le fut en 1763. Voici les noms des autres colléges réunis à celui de Louis-le-Grand:

  • Le collége de Notre-Dame, dit des Dix-Huit.
  • ———— des Bons-Enfants.
  • ———— du Trésorier.
  • ———— des Cholets.
  • ———— de Bayeux.
  • ———— de Laon.
  • ———— de Presle.
  • ———— de Narbonne.
  • ———— de Cornouaille.
  • ———— d'Arras.
  • ———— de Tréguier.
  • ———— de Bourgogne.
  • ———— de l'Ave-Maria.
  • ———— d'Autun.
  • ———— de Cambrai.
  • ———— de Justice.
  • ———— de Roissi.
  • ———— de Maître-Gervais.
  • ———— de Dainville.
  • ———— de Fortet.
  • ———— de Chanac.
  • ———— de Reims.
  • ———— de Séez.
  • ———— du Mans.
  • ———— de Sainte-Barbe.
  • ———— de Grand-Mont.

409: Le collége de Louis-le-Grand est maintenant un des cinq colléges royaux de Paris.

410: Ce collége, dont il reste encore des parties, offre sur sa façade des sculptures gothiques qui n'ont point encore été remarquées, et qui sont au nombre des plus élégantes et des plus délicates qu'il y ait à Paris. Ses portes, tellement basses qu'elles excèdent à peine la hauteur d'un homme, présentent encore une singularité très-remarquable[410-A].

410-A: Voy. pl. 166.

411: Hist. de Paris, t. II, pag. 1047.

412: Ce territoire, d'abord planté de vignes, avoit depuis été occupé par l'hôtel et les jardins des évêques de Châlons, et par un hôtel contigu appelé le Château-Fêtu.

413: Elle fut construite en 1694, et bénite la même année.

414: Liv. II, p. 732.

415: Le testament du sieur Coqueret est de 1463, et le collége de Sainte-Barbe ne fut fondé qu'en 1556.

416: Il périt malheureusement à Voltri, en allant au concile de Pise, le 8 juin de cette même année.

417: À la tête de leurs noms on lit celui du fameux Jean Gerson, chancelier de l'Université.

418: Hist. univ., t. VI, p. 72.

419: Voy. t. II, 2e part., p. 993.

420: Quatre devoient être d'Aurillac, sa patrie, ou du diocèse de Saint-Flour; et quatre de la ville de Paris.

421: C'est dans le collége de Fortet que furent tenues les premières assemblées de la Ligue. (Voy. prem. part. de ce volume, pag. 271.)

422: Les bâtiments de ce collége forment maintenant plusieurs maisons particulières.

423: Pierre étoit entré dans l'ordre de Saint-Benoît, et Gilles étoit alors employé dans des négociations importantes.

424: M. Crévier.

425: Voy. t. II, 2e part., pag. 907.

426: Ce collége est maintenant changé en maison d'arrêt.

427: Ce collége, dont la chapelle existe encore, est maintenant habité par des particuliers.

428: Agobard. lib. adv. Gundob. legem., cap. 4.

429: Hist., lib. IV, cap. 42.—C'est lorsque l'on examine avec attention le récit des historiens contemporains, et ces divers codes sous lesquels étoient régis tous ces peuples et conquis et conquérants qui habitoient les Gaules, que l'on est en quelque sorte confondu de cet excès d'ignorance ou de mauvaise foi qui a fait naître depuis peu à quelques pédants politiques l'idée bizarre de les diviser en deux castes, séparées l'une de l'autre par des barrières à jamais insurmontables, dont l'une, sous le nom de Francs, se composoit de maîtres ou plutôt de tyrans orgueilleux et cruels; l'autre, sous celui de Gaulois, d'esclaves ou plutôt d'ilotes réduits à peu près à la condition des bêtes de somme. Or, il est remarquable que, dans tout ce qui concernoit la police générale et surtout dans les choses que l'état de civilisation plus avancé des Gaulois rendoit nouvelles pour les Francs, ceux-ci eurent le plus souvent recours aux lois et à la police des Romains: c'est ce qu'atteste un écrivain qui vivoit cent ans après la conquête[429-A].

Ce seroit encore une grande erreur de croire que la loi romaine ne fit que des bourgeois, des prêtres et des plébéïens. Elle faisoit aussi des familles nobles, puisque, par diverses dispositions de son code, elle faisoit des familles militaires, et que ces dispositions ne furent point abrogées. Mais comme les circonstances n'étoient plus les mêmes, que la situation des peuples avoit plus de fixité et de tranquillité que dans ces temps désastreux, où l'empire penchant vers sa ruine et se trouvant entamé et déchiré de toutes parts, tous grands et petits étoient indistinctement forcés de prendre les armes; ceux qui n'appartenoient pas aux familles militaires rentrèrent naturellement dans l'ordre civil d'où ils étoient momentanément sortis, et ces familles, les seules où l'on eût le privilége d'être soldat en naissant, continuèrent seules de suivre leur ancienne profession et furent aussi les seules qui transmirent ce droit et cette obligation à leurs enfants.

Ainsi ces soldats romains qui, au rapport de Procope, se donnèrent, avec leurs drapeaux et les pays qu'ils gardoient, aux Armoriques et aux Germains, conservèrent les mœurs, l'habillement et les lois de leur pays; mais ne cessèrent point d'être soldats. Le récit de Procope prouve au contraire qu'ils continuèrent de l'être, et qu'ils conservèrent et léguèrent à leurs descendants les avantages et les honneurs qui étoient attachés à la condition militaire[429-B]. Ainsi s'explique le passage de Grégoire de Tours, déjà cité; c'est de la jeune noblesse romaine qu'il veut parler, lorsqu'il dit que l'étude des lois Théodosiennes étoit une des parties principales de son éducation. Certes les barbares n'étudioient point les codes romains dont ils n'avoient que faire; les ridicules doctrinaires que nous venons de signaler n'oseroient le soutenir et reculeroient eux-mêmes devant une pareille absurdité.

429-A: Agathias. Voy. encore t. I, prem. part., p. 55 et 56.

429-B: Voy. t. II, 2e part, p. 801.

430: Cap. excerp. ex Leg. Longip., cap. 49.—Charlemagne répondit à un comte qui l'avoit consulté sur une loi dont l'interprétation sembloit lui offrir quelques difficultés «Si vos doutes portent sur la loi Salique, adressez-vous à notre plaid général

431: L'empereur Basile et ses successeurs firent une autre compilation de lois sous le nom de Basiliques. Dans l'Occident, et particulièrement dans la partie des Gaules où l'on suivoit le droit écrit, on ne connoissoit que le Code Théodosien, les Institutes de Caïus et l'Édit perpétuel.

432: Irnerius.

433: Ce monument n'a point changé de destination.

434: Cette maison est encore occupée par des prêtres de cette nation.

435: Cette communauté a été rétablie; les bâtiments des deux établissements précédents sont occupés maintenant par des pensions ou par des particuliers.

436: Ces prix avoient été fondés par M. Le Noir, dernier lieutenant de police.

437: Cet établissement n'a point changé de destination.

438: Ils habitoient les faubourgs. Ceux de l'évêché de Genève, qui étoient les plus nombreux, logeoient dans le faubourg Saint-Marceau; ceux de Saint-Jean-de-Maurienne, dans le faubourg Saint-Laurent; ceux de l'archevêché de Moutier en Tarentaise, dans le Marais, etc. Ils étoient distribués par chambrées, dont chacune, composée de huit à dix Savoyards, étoit conduite par un chef, qui remplissoit auprès de ces enfants les fonctions d'économe et de tuteur. Chacun d'eux avoit sa place marquée dans Paris, où il se rendoit de grand matin; et le soir en rentrant, ce qui avoit été gagné dans la journée étoit mis dans une boîte commune nommée tirelire, que l'on n'ouvroit que lorsque la somme étoit assez considérable pour être employée utilement aux besoins de la petite société. Cette police des Savoyards s'est maintenue pendant la révolution, et subsiste encore aujourd'hui.

439: Ces deux hôtels sont compris aujourd'hui dans le collége de Montaigu.

440: Le collége de Sainte-Barbe a été bâti sur l'emplacement de cet hôtel.

441: Voy. pl. 147.

442: Cette dernière se nomme maintenant barrière d'Arcueil.

443: T. I, p. 109.

444: Cens. de 1380.

445: T. II, p. 569.

446: Chronol. hist. des cur. de S. Ben., p. 26 et 27.

447: Cette croix fut érigée en 1668, en réparation d'un sacrilége commis dans l'église Saint-Martin, cloître Saint-Marcel. Au mois de juillet, trois voleurs s'étant introduits dans cette église rompirent le tabernacle, emportèrent le saint ciboire, et dispersèrent les hosties. Ils furent arrêtés, et déclarèrent qu'ils avoient enveloppé une de ces hosties dans un linge, et l'avoient jetée près des murs du Val-de-Grâce. Elle y fut heureusement trouvée, et levée avec les cérémonies requises, à la suite desquelles M. l'archevêque ordonna une procession solennelle et expiatoire, où il assista nu-pieds et l'étole derrière le dos. On éleva ensuite la croix dont nous parlons, et tous les ans le clergé de la paroisse s'y rendoit processionnellement.

448: Il y a dans cette rue un cul-de-sac nommé d'Hautefort. C'est l'ouverture d'une rue projetée en 1724 et non continuée, laquelle devoit traverser de celle des Bourguignons dans la rue des Lyonnois.

449: T. I, p. 121.

450: Ces rues ont été depuis supprimées, pour faciliter l'entrée de la place Sainte-Geneviève.

451: T. I, p. 121.

452: Plusieurs titres de l'archevêché font mention d'une ruelle qui donnoit dans cette rue, et qu'on nommoit, en 1490, ruelle du Lion-Pugnais, et en 1508, du Trou-Punais. Ce dernier nom étoit commun aux fossés ou cloaques où se perdoient les eaux et les immondices, qui de là étoient portées à la rivière. Jaillot pense que cette ruelle est la descente vis-à-vis la rue des Rats, qu'on appeloit les Petits-Degrés.

453: Cette rue est maintenant nommée rue Méchin, dans une de ses parties. Celle qui va du faubourg Saint-Jacques au Champ-des-Capucins a conservé son ancien nom.

454: T. III, p. 263.

455: T. I, p. 124.

456: Hist. de Par., t. III, p. 392.

457: On la nomme maintenant rue des Irlandois.

458: T. I, p. 125.

459: On la nomme aujourd'hui rue Jean-Hubert.

460: Fol. 190.

461: Au coin de cette rue est une maison dont quelques historiens ont parlé, à cause de la statue de Henri IV qu'on y voyoit encore à la fin du siècle dernier. L'abbé Lebeuf dit (t. I, p. 208) que «la tradition est que Gabrielle d'Estrées, duchesse de Beaufort, y a logé, et y a reçu quelquefois ce prince.» Il adopte cette tradition, et critique Piganiol, qui place l'hôtel de cette duchesse dans la rue Fromenteau, près le Louvre. Jaillot croit devoir le combattre, parce qu'il ne trouve rien qui puisse autoriser une semblable opinion. «Il est plus vraisemblable, dit-il, que l'hôtel de la duchesse de Beaufort étoit dans la rue Fromenteau, près le Louvre, que dans la rue Fromentel, près Saint-Hilaire, cette dernière maison n'annonçant rien, par sa structure ni par son étendue, qui puisse faire présumer qu'elle ait été occupée par Gabrielle d'Estrées; d'ailleurs je n'ai trouvé aucun titre où la rue Fromentel soit appelée Fromenteau, quoique celle-ci ait porté le nom de la première.»

462: Gall. christ., t. VII, inst. col. 225.

463: Pigan., t. VI, p. 108.

464: Voy. t. I, prem. part., p. 280.

465: Past. A, fol. 583; B, 873; D, 206 et 306.

466: Il y avoit autrefois trois ruelles dans cette rue: la première n'est désignée par aucun nom, à moins que ce ne soit celle qu'on trouve dans les titres sous celui de ruelle Chartière. Les deux autres se nommoient, l'une, rue Sainte-Apolline, l'autre, ruelle de la Sphère. C'est sur cette dernière et sur la partie d'un jeu de paume qui portoit le même nom, que fut bâtie la maison des Filles de Sainte-Aure.

467: Cens. de S. Genev. de 1540.

468: À côté de ce cul-de-sac étoit une ruelle descendante de la boucherie de Gloriette-en-Seine, telle est sa seule désignation dans un acte de 1492. Le terrier du roi de 1540 l'appelle ruelle des Étuves.

469: Dans cette rue est un cul-de-sac appelé Bouvard: c'étoit, dans l'origine, un chemin qui descendoit de la Montagne dans la rue des Noyers, et qui coupoit le clos Bruneau en deux parties. Quoi qu'en dise l'abbé Lebeuf (t. I, p. 206), il paroît que cette ruelle n'existoit pas dans le treizième siècle, Guillot et le rôle des taxes de ce temps-là n'en parlent pas. Dans les siècles suivants on la trouve désignée d'abord sous le nom de Longue-Allée, ensuite sous ceux de Josselin, Jousselin, Jusseline, Saint-Hilaire. Jaillot pense que son dernier nom de Bouvard, ainsi, que celui de la cour des Bœufs, qui n'en est pas très-éloigné, est dû aux bouchers de la Montagne, qui mettoient leurs bœufs dans ces deux endroits. (Ce cul-de-sac est aujourd'hui fermé.)

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