Tableau historique et pittoresque de Paris depuis les Gaulois jusqu'à nos jours (Volume 6/8)
CURIOSITÉS DE LA CHAPELLE.
TABLEAUX.
Sur le maître-autel, Notre Seigneur bénissant des petits enfants; par Hallé.
Sur la porte de la sacristie, la Résurrection du fils de la veuve de Naïm; par Simon Vouet.
Vis-à-vis, le Départ de Tobie; par Lebrun.
Le collége des Grassins étoit de plein exercice.
Écoles de droit (place Sainte-Geneviève).
On sait que les Francs, devenus maîtres de cette partie des Gaules à laquelle ils ont donné leur nom, continuèrent de s'y gouverner par leurs lois et leurs coutumes, laissant aux peuples conquis les lois sous lesquelles ils avoient vécu depuis la conquête de Jules-César.
C'est un préjugé généralement reçu que tous ces peuples vivoient sous la loi romaine: cependant nous apprenons, d'un écrivain presque contemporain[428], qu'il y avoit alors dans les Gaules bien d'autres codes, et que la multiplicité des lois et des priviléges personnels y étoit telle, que ce n'étoit pas seulement une région ou une cité qui se partageoit en plusieurs législations, mais que, dans l'intérieur même d'une maison, il ne se trouvoit pas souvent deux personnes qui vécussent sous la même loi. Il n'est pas besoin de dire qu'il s'agit ici, non des lois politiques qui établissent la forme du gouvernement, mais de ces lois purement civiles qui règlent la possession des biens, la manière de les acquérir et de les perdre, la forme des procédures, la grandeur relative des crimes, les moyens de les réparer et de les punir, la capacité ou l'incapacité des personnes pour remplir telles ou telles fonctions, l'âge auquel on commençoit à jouir de ses droits comme membre de la société, la nature des alliances, etc.
Toutefois au milieu de ces lois conservées aux vaincus, celles que l'empereur Théodose avoit rassemblées au cinquième siècle, et qui se composoient de toutes les ordonnances portées par ses prédécesseurs, étoient en effet les plus généralement répandues; et nous apprenons de Grégoire de Tours que l'on faisoit étudier trois choses aux enfants de qualité, Virgile, l'arithmétique, et les lois Théodosiennes[429].
Quant aux conquérants, ils vivoient sous le régime de leurs propres lois, lois également très-nombreuses et très-variées, mais qui néanmoins, sous les noms divers de Salique, Gombette, ou Ripuaire, présentent toutes ce caractère commun à la jurisprudence de ces peuples barbares, qu'il y a composition pour toute espèce de violation de la loi, c'est-à-dire que tout délit, de quelque nature qu'il puisse être, y est évalué et amendable en argent.
Charlemagne n'osa point toucher à ce code que les Francs considéroient comme le titre le plus précieux de leur noblesse et la sauve-garde de leurs libertés. Tous ses efforts tendirent seulement à le rendre moins imparfait; et tel fut l'objet de ses fameux capitulaires, qui ne présentent point, ainsi que plusieurs l'ont pensé, une législation nouvelle, les premiers n'étant en grande partie que des recueils d'interprétations des anciennes lois, et, comme s'exprime l'archevêque Hincmar, d'arrêts rendus sur contestations en matières de lois. On y trouve aussi des explications et des répétitions de lois déjà établies, des réglements de police, des dispositions temporaires sur l'administration de l'état, etc. Ce n'est que dans le dernier que l'on voit enfin paroître des lois nouvelles et la réformation de celles qui les avoient précédées.
Toutefois, il ne faut pas croire que le monarque promulguât ces lois nouvelles de sa propre et seule volonté, et selon son bon plaisir: ce n'étoit que dans le plaid général et du consentement de tous que se faisoient ces capitules, et qu'ils acquéroient force de loi[430]. Louis-le-Débonnaire et Charles-le-Chauve, qui y firent de nombreuses additions, y observèrent ces mêmes formalités, qui en étoient la sanction nécessaire et sans laquelle ils eussent été de nul effet. La noblesse françoise vécut sous cette législation, jusqu'à l'époque où, le vasselage dégénérant de sa première institution, on vit commencer l'anarchie féodale et la souveraineté usurpée des grands et des petits vassaux.
Cependant les lois Théodosiennes, promulguées en 438, avoient été augmentées dans le siècle suivant par Justinien Ier. Il y joignit d'abord, en 534, les décisions des jurisconsultes sur diverses matières de législation; en 541, il y ajouta les nouvelles constitutions publiées sous son règne; et cette compilation nouvelle, devenue la loi écrite de tous les peuples soumis à son autorité, fut connue sous le nom de Pandectes ou Digeste.
Cette collection, négligée dans l'Orient même, aussitôt après la mort de Justinien[431], perdue dans la suite des temps, et entièrement oubliée, fut retrouvée en 1133, au siége de la ville d'Amalfi par l'empereur Lothaire II. Les Pisans, qui avoient concouru à la prise de cette ville, demandèrent ce manuscrit pour toute récompense des services qu'ils avoient rendus: ils l'obtinrent; et les Pandectes, revues et mises en ordre par un savant jurisconsulte allemand[432], furent, peu de temps après, enseignées publiquement à Ravenne et à Boulogne. De ces écoles fameuses la connoissance s'en répandit bientôt dans l'Europe entière; et l'on peut fixer au milieu du douzième siècle l'époque à laquelle elles s'introduisirent parmi nous.
Ce n'est point ici le lieu d'examiner si ce fut un bien ou un mal pour la chrétienté que l'adoption qui s'y fit des maximes de cette jurisprudence romaine, née au sein du paganisme, développée et perfectionnée sous le despotisme militaire d'empereurs, dont ceux-là même qui étoient chrétiens entendoient mal l'esprit et la politique du christianisme: nous dirons seulement que l'enthousiasme fut grand en France pour le code Justinien; on s'empressa de l'étudier, et cette étude du droit civil romain devint si générale, que l'Université en conçut des alarmes. Ainsi que nous l'avons déjà dit, les ecclésiastiques étant presque les seuls qui, dans le moyen âge, s'adonnassent aux lettres, et eussent quelque teinture des sciences, on craignit que cette étude, plus recherchée et par conséquent plus lucrative, ne les détournât de celle du droit canon, que cette compagnie considéroit avec raison comme beaucoup plus importante; et, pour en arrêter les progrès, elle crut nécessaire de réclamer l'autorité des papes et des conciles. Celui de Tours, tenu en 1163, se contenta d'interdire cette étude aux gens d'église; mais Honorius III alla plus loin, et défendit d'enseigner le droit civil à qui que ce fût, sous les peines civiles et canoniques les plus sévères.
Si l'on en croit Rigord, les défenses de ce pape ne furent pas exactement observées. Du reste, quoiqu'elles ne s'étendissent point sur le droit canon, et que ses professeurs fussent dès-lors agrégés à l'Université, on ne trouve point qu'ils eussent encore de lieu affecté pour donner leurs leçons. Ce n'est que vers la fin du quatorzième siècle qu'il est fait mention d'écoles de droit situées rue Saint-Jean-de-Beauvais. Sauval dit qu'elles furent établies, en 1384, par Gilbert et Philippe-Ponce, au lieu même où depuis logea Robert Étienne. Si cette anecdote est vraie, il en faut conclure que ces écoles ont été transportées depuis de l'autre côté de la rue: car la maison qu'elles occupoient encore dans le siècle dernier étoit située vis-à-vis celle de ce célèbre imprimeur. Du Breul s'est contenté de dire qu'il y avoit de grandes et de petites écoles, et qu'en 1464 le bâtiment fut réparé de bonnes murailles, dont la toise ne coûtoit que 16 sous. Jaillot ajoute qu'en 1495 il avoit été augmenté de deux masures et d'un jardin, qu'on acheta du chapitre Saint-Benoît.
Comme les actes qui font mention de ces écoles ne disent point positivement qu'on y enseignât le droit civil, il est probable que la défense faite par le Saint-Siége continuoit d'y être observée, et qu'on n'y enseignoit que le droit canon. Toutefois cette défense n'étoit que pour la ville de Paris seulement; et les élèves, après avoir pris dans cette ville leurs degrés dans cette dernière science, alloient étudier le droit civil dans les provinces, où cette étude étoit sinon autorisée, du moins tolérée. En 1563 et 1568, on voit le parlement permettre de professer à Paris le droit civil, et cette permission cesser dès 1572; enfin Louis XIV, par son édit du mois d'avril 1679, ordonna que les leçons publiques du droit romain seroient rétablies, et l'année suivante, ce monarque voulut qu'à l'avenir il y eût un professeur en droit françois dans chaque université.
Cette faculté, la seconde de l'Université, étoit composée de six professeurs en droit civil et canonique, d'un professeur en droit françois et de douze docteurs agrégés. Ils continuèrent à occuper les écoles de la rue Saint-Jean-de-Beauvais jusque vers la fin du dix-huitième siècle; mais ces écoles, qui d'ailleurs étoient très-incommodes, menaçant ruine de toutes parts, on prit la résolution d'en construire de nouvelles, et sur un plan plus digne d'une si grande institution. Elles furent élevées au côté gauche de la grande place ouverte devant la nouvelle église Sainte-Geneviève, et sur les dessins de Soufflot. C'est un grand bâtiment de très-belle apparence, dont la façade est ornée de quatre colonnes ioniques, qui soutiennent un fronton triangulaire, portant dans son tympan les armes du roi. L'architecte, par une innovation qui ne doit pas sembler heureuse, a jugé à propos de donner la forme d'une courbe rentrée à toute la façade de ce monument.
Après une messe solennelle, célébrée à Sainte-Geneviève le 24 novembre 1772, et un discours public prononcé par l'un des professeurs, la faculté des droits, ayant à sa tête le doyen d'honneur et les docteurs honoraires, prit possession de ces nouvelles écoles, dans lesquelles elle commença dès le lendemain tous ses exercices[433].
CURIOSITÉS DES ÉCOLES DE DROIT.
TABLEAUX.
Dans la grand'salle, au premier, le portrait en pied de Louis XV, revêtu de ses habits royaux.
Dans la salle des examens, le grand plan de Paris; par l'abbé de La Grive.
SCULPTURES.
Le buste en marbre de M. de Trudaine, et les portraits de plusieurs autres magistrats.
Le séminaire des Clercs irlandois (rue du Cheval-Vert).
Jean Lée, prêtre irlandois échappé à la persécution de la reine Élisabeth, étant venu se réfugier à Paris avec six écoliers de sa nation, fut reçu avec eux au collége de Montaigu; ceci arriva en 1578. Le nombre de ces réfugiés s'étant bientôt augmenté, on les transféra au collége de Navarre, qu'ils quittèrent encore pour aller occuper une maison qu'avoit louée pour eux, au faubourg Saint-Germain, le président l'Escalopier. Nous avons dit comment, en 1677, ils furent établis avec les prêtres irlandois au collége des Lombards, où ils restèrent jusqu'en 1776, époque à laquelle ils vinrent occuper, rue du Cheval-Vert, une maison plus commode, qu'ils durent au zèle et à la libéralité de leur supérieur, M. l'abbé Kelly.
Le but de cet établissement étoit de former à l'état ecclésiastique de jeunes Irlandois, pour les mettre en état de faire ensuite des missions dans leur pays.
La chapelle, bâtie sur les dessins de M. Bellanger, architecte, est d'une grande simplicité. Au-dessus une grande salle servoit de bibliothèque[434].
La communauté des Eudistes (rue des Postes).
La plupart de nos historiens de Paris ont oublié de parler de cette communauté, dont l'existence n'est pas même indiquée sur la plus grande partie des plans. C'étoit une congrégation de prêtres séculiers instituée sous le nom de Jésus et de Marie par le P. Eudes, dont nous avons déjà parlé. Il en avoit puisé l'esprit et conçu le dessein dans la congrégation de l'Oratoire, dont il étoit membre, et destina ces prêtres à diriger les séminaires et à faire des missions. Son projet reçut sa première exécution à Caen, où il fut autorisé par des lettres-patentes données en 1643.
La double utilité de cet institut engagea quelques personnes pieuses à appeler les Eudistes à Paris; et M. de Harlai approuva, en 1651, la donation qu'on leur fit de la moitié d'une maison située près de l'église Saint-Josse qu'ils desservirent pendant quelque temps, et dont l'un d'eux fut même nommé curé. Mais cette maison ayant été vendue, ils acquirent en 1703 celle dont nous parlons, et dans laquelle ils demeurèrent jusque dans les derniers temps. Toutefois leur intention ne fut d'abord que de s'en servir comme d'un hospice: car on les voit, depuis cette époque, établis dans la cour du palais, et chargés de desservir la basse Sainte-Chapelle.
Ce ne fut qu'en 1727 qu'ils vinrent habiter la rue des Postes, et que le concours des deux puissances leur procura enfin un établissement permanent. Un décret de l'archevêque de Paris du 28 juillet 1773 les y maintint sous le titre de communauté et de séminaire pour les jeunes gens de cette congrégation; et il leur fut permis en conséquence d'acquérir jusqu'à 6,000 livres de rente.
Le maître-autel de la chapelle étoit décoré d'un Christ; sans nom d'auteur.
Ce séminaire fut établi en 1684 par quelques prêtres anglois, sous le nom et l'invocation de saint Grégoire-le-Grand. Les lettres-patentes données à cet effet par Louis XIV sont datées de cette année, et portent la permission d'établir une communauté d'ecclésiastiques séculiers anglois. L'archevêque de Paris y joignit son consentement en 1685.
La chapelle de ce séminaire, extrêmement petite, n'offroit rien de remarquable.
Séminaire du Saint-Esprit et de l'Immaculée Conception (même rue).
Cet institut doit son existence à M. Claude-François Poullart des Places, prêtre du diocèse de Rennes. Convaincu que le manque de ressources empêchoit souvent de jeunes étudiants d'entrer dans les séminaires, et de suivre leur vocation, ce pieux ecclésiastique en aida d'abord quelques-uns, et conçut ensuite le projet de les réunir en communauté. Cet établissement, dont la charité et l'humilité étoient la base, et auquel plusieurs personnes respectables s'empressèrent de coopérer, fut formé en 1703 rue Neuve-Sainte-Geneviève. M. Poullart voulut qu'on ne reçût dans son séminaire que des jeunes gens capables d'étudier en philosophie ou en théologie; et qu'après le temps destiné à cette étude ils pussent encore résider deux ans dans cette maison, pour se préparer complètement aux fonctions du sacerdoce. Du reste il exigea qu'ils ne prissent aucun degré, qu'ils renonçassent à l'espoir des dignités ecclésiastiques, qu'ils se bornassent à servir dans les pauvres paroisses, dans les postes déserts ou abandonnés, pour lesquels les évêques ne trouvoient presque point de sujets, enfin à faire des missions tant dans le royaume que dans nos colonies.
Cet établissement parut si utile, qu'il ne tarda pas à obtenir de puissantes protections: le clergé, assemblé en 1723, lui assigna une pension. Il en obtint une autre du roi en 1726, avec des lettres de confirmation. Placé d'abord, comme nous venons de le dire, rue Neuve-Sainte-Geneviève, il fut transféré en 1731 dans la rue des Postes, au moyen d'un legs de 40,000 livres que M. Charles Le Baigue, prêtre habitué de Saint-Médard, avoit fait à ce séminaire par son testament du 17 septembre 1723. Avec cette somme ils achetèrent d'abord une maison à laquelle ils firent depuis des réparations et des augmentations considérables. La première pierre des bâtiments neufs fut posée en 1769 par M. de Sartine.
La façade de ces bâtiments avoit été construite sur les dessins de M. Chalgrin; il étoit aussi l'architecte de la chapelle, dont l'intérieur étoit décoré d'un ordre ionique[435].
CURIOSITÉS DE LA CHAPELLE.
SCULPTURES.
Sur la porte extérieure, un bas-relief représentant des missionnaires qui instruisent des nègres; par Duret.
Dans l'intérieur, deux autres bas-reliefs; par le même.
Dans la salle des exercices, une Assomption; par Adam cadet.
Une salle pratiquée au-dessus de la nef contenoit la bibliothèque.
Cette maison étoit chargée de fournir les missionnaires des colonies de Cayenne et du Sénégal.
Collége de Pharmacie et jardin des Apothicaires, (rue de l'Arbalète).
Nous avons fait mention, dans le quartier précédent, d'un hôpital institué par le sieur Houel, dans la maison connue sous le nom de Sainte-Valère, et des événements qui en changèrent peu à peu la destination; on a vu que le jardin qu'il avoit formé vis-à-vis cet établissement et destiné à la culture des plantes médicinales, avoit été conservé: les apothicaires et les épiciers, qui, dans le dix-septième siècle, ne formoient encore qu'une seule communauté, acquirent, en 1626, la propriété de ce jardin, et le 2 décembre de la même année achetèrent la maison située rue de l'Arbalète, ce qui leur procura les moyens d'ouvrir leur entrée principale sur cette rue, et d'y faire construire le bâtiment qui existe encore aujourd'hui. Les pharmaciens devinrent ensuite les seuls maîtres de l'établissement, qui fut érigé en collége. Une inscription en lettres d'or sur une table de marbre noir apprenoit que cette érection avoit été faite en 1777.
Il y avoit dans ce collége six professeurs, qui, pendant les trois mois d'été, y donnoient des leçons publiques sur la chimie, la botanique et l'histoire naturelle; et tous les ans le lieutenant général de police y distribuoit solennellement des médailles[436] aux élèves qui s'étoient le plus distingués dans ces études.
Cette maison possédoit un très-joli cabinet d'histoire naturelle, un laboratoire de chimie, une bibliothèque, etc. Elle étoit aussi décorée de sculptures et de tableaux. Dans le jardin, les plantes étoient distribuées suivant la méthode de Tournefort[437].
CURIOSITÉS.
TABLEAUX.
Dans la grande salle, au-dessus de la porte, Louis XIV donnant le poids marchand au corps des épiciers; sans nom d'auteur.
Sur la cheminée, Hélène et Ménélas arrivant en Égypte; et recevant du roi de cette contrée plusieurs plantes médicinales; par Vouet.
Les portraits en médaillons de MM. Rouelle frères, chimistes renommés.
Au pourtour de la salle, les portraits des anciens gardes de la communauté des épiciers et apothicaires.
SCULPTURES.
Entre deux croisées de la même salle, le buste de M. Le Noir.
École des Savoyards (rue Saint-Étienne-des-Grès).
Cette école de charité, établie en 1732, étoit due au zèle et à la charité de M. l'abbé de Pontbriand. S'étant avisé un jour d'interroger sur la religion un Savoyard déjà avancé en âge, qui venoit de lui rendre quelque service, il le trouva d'une ignorance si profonde des vérités les plus importantes, qu'il résolut aussitôt de travailler à l'instruction de ces pauvres gens. Plusieurs personnes charitables auxquelles il communiqua son projet l'approuvèrent, et voulurent y prendre part. Ils se partagèrent aussitôt les divers faubourgs où étoient établies les chambrées des Savoyards[438], leur annoncèrent les bonnes dispositions où l'on étoit pour eux, et trouvèrent dans ces malheureux tant de docilité et de reconnoissance, que l'on put commencer aussitôt les catéchismes que l'on vouloit instituer. Les premiers se firent à Saint-Benoît; et bientôt, vu le grand éloignement des différents quartiers où les Savoyards étoient logés, on en établit de nouveaux dans plusieurs paroisses de Paris; à Saint-Merri, pour les Savoyards du Marais; au séminaire des Missions-Étrangères, pour ceux du faubourg Saint-Germain; à Saint-Sauveur, pour le faubourg Saint-Laurent, la place des Victoires et la porte Saint-Martin.
À ces leçons, les charitables instituteurs voulurent bien ajouter des prix pour entretenir l'émulation. La première distribution s'en fit rue Saint-Étienne-des-Grès, dans la chapelle de l'ancien collége de Lisieux. La charité des gens de bien qui habitoient ces divers quartiers fournissoit abondamment à ces dépenses. Bientôt on jugea qu'il étoit possible d'étendre les bienfaits de cette institution sur les pauvres enfants des diverses provinces du royaume; on y reçut des Auvergnats, des Limousins, des Normands, des Gascons, etc., etc., ce qui rendit les catéchismes plus nombreux, et donna lieu d'établir une nouvelle école dans la paroisse de la Magdeleine au faubourg Saint-Honoré.
HÔTELS.
Hôtel de Bourgogne (rue des Sept-Voies).
Cet hôtel, dont la plus grande partie servit à former le collége de Reims, appartenoit, dans le treizième siècle, aux ducs de Bourgogne. Il fut uni à la couronne, ainsi que leur duché, sous le règne du roi Jean; mais ce prince jugea à propos de se réserver l'hôtel, lors de l'investiture qu'il donna à son fils Philippe-le-Hardi des domaines et de la souveraineté de ce duché. Charles V son frère lui rendit cette habitation en 1364. On trouve que dix ans auparavant elle étoit occupée par les religieuses de Poissi, que la guerre avoit obligées de venir chercher un asile à Paris. En 1402, Philippe donna cet hôtel à son troisième fils Philippe, comte de Nevers et de Rhétel, qui le vendit aux écoliers de Reims en 1412.
Hôtel d'Albret (même rue).
Cet hôtel, dont une très-petite portion fit le collége de la Merci, appartenoit anciennement aux comtes de Blois. Il subsiste encore à côté du collége de la Merci une partie de cette maison, laquelle a retenu le nom de cour d'Albret.
Petit-Bourbon (rue du Faubourg-Saint-Jacques).
Nous avons dit à l'article du Val-de-Grâce qu'on en transféra les religieuses dans une maison appelée le Petit-Bourbon. Elle se nommoit auparavant le fief ou le séjour de Valois, nom qu'elle devoit à Charles de Valois, fils de Philippe-le-Hardi, auquel elle appartenoit au commencement du quatorzième siècle. Depuis elle passa dans la maison de Bourbon; et au seizième siècle elle faisoit partie des propriétés du connétable de Bourbon, sur lequel elle fut confisquée, avec tous ses autres biens. Louise de Savoie, ayant obtenu la permission d'aliéner ces biens jusqu'à la concurrence de 12,000 livres de rente, donna, en 1528, le séjour de Bourbon à Jean Chapelain, son médecin. Ses descendants le vendirent aux religieuses du Val-de-Grâce.
Autres hôtels.
Dans ce même quartier étoient situés les hôtels suivants, qui tous ont été détruits, et sur lesquels nous n'avons pu nous procurer aucun détail.
| Hôtel des évêques de Nevers, rue des Amandiers. | ||
| —— des abbés de Pontigni, rue des Anglois. | ||
| —— de Jean Gannai, chancelier de France, rue de l'Arbalète. | ||
| —— des abbés de Saint-Benoît-sur-Loire, rue de la Grande et de la Petite-Bretonnerie. | ||
| —— de Vezelai, du Mont Saint-Michel[439], | rue des Cholets. | |
| —— des évêques d'Auxerre, de Coutances, du Mans, de Senlis, de Langres, de Châlons[440]. | ||
| —— des abbés de Saint-Jean-des-Vignes, rue Saint-Jacques, près la chapelle Saint-Yves. | ||
| —— des évêques de Nevers en 1380, rue Judas. | ||
| —— de Marli-le-Châtel, rue des Sept-Voies. | ||
FONTAINES.
Fontaine Saint-Benoît ou de la place Cambray.
Cette fontaine, située à l'entrée de la place Cambray et vis-à-vis l'église Saint-Benoît, a été construite vers l'an 1624.
Fontaine de Sainte-Geneviève.
Cette fontaine est située dans la partie la plus élevée de la montagne.
Fontaine du Pot-de-Fer.
Elle s'élève au coin de la rue Moufetard et de celle dont elle a pris le nom.
Fontaine des Carmélites.
Elle a été construite dans la rue du Faubourg-Saint-Jacques et à l'entrée du couvent dont elle porte le nom.
Ces quatre fontaines reçoivent leurs eaux de l'aqueduc d'Arcueil.
Porte Saint-Jacques.
Cette porte étoit située à l'extrémité de la rue du même nom, près du carrefour auquel aboutissent les rues du Faubourg-Saint-Jacques, Saint-Hyacinthe et des Fossés-Saint-Jacques.
Elle fut construite lors de l'enceinte de Philippe-Auguste, et abattue en 1684[441].
BARRIÈRES.
Il n'y a que deux barrières dans toute l'étendue de ce quartier:
| La barrière de la Santé. |
| La barrière Saint-Jacques[442]. |
RUES ET PLACES DU QUARTIER SAINT-BENOÎT.
Rue des Amandiers. Elle aboutit d'un côté à la rue des Sept-Voies, et de l'autre à celle de la Montagne-Sainte-Geneviève; dès le treizième siècle elle portoit ce nom, dont on n'a pu découvrir l'étymologie. On disoit également rue des Almandiers, de l'Allemandier et des Amandiers.
Rue des Anglois. Elle traverse de la rue Galande dans celle des Noyers, et étoit connue sous ce nom dès le treizième siècle. Sauval insinue qu'il lui a été donné à cause du long séjour que les Anglois ont fait à Paris[443]. Jaillot prouve qu'une telle opinion ne peut être admise, parce que cette rue étoit ainsi nommée plus de deux siècles avant le règne de Charles VI. Sans prétendre en donner la véritable étymologie, il pense qu'il seroit plus vraisemblable de l'attribuer aux Anglois que la célébrité de l'Université de Paris engageoit à venir faire leurs études dans cette ville, et dont le nombre étoit en effet si considérable, qu'ils formèrent une des quatre nations dont ce grand corps étoit composé.
Rue de l'Arbalète. Elle aboutit d'un côté à la rue Moufetard, de l'autre, à celle des Charbonniers. On lit dans les titres de Saint-Geneviève qu'au quatorzième siècle elle s'appeloit rue des Sept-Voies[444], et qu'au milieu du seizième on la nommoit rue de la Porte de l'Arbalète, autrement des Sept-Voies. Il y avoit dans cette rue une maison dite de l'Arbalète, qui faisoit le coin de la rue des Sept-Voies, et c'est là qu'il faut chercher sans doute l'étymologie de ces diverses dénominations.
Rue du Cimetière-Saint-Benoît. Elle aboutit d'un côté à la rue Saint-Jacques, de l'autre à la rue Fromentel, et doit son nom au cimetière Saint-Benoît, auquel elle conduisoit en 1615. On agrandit ce cimetière en même temps qu'on en supprima un autre qui occupoit une partie de la place Cambrai. Quelques nomenclateurs donnent à cette rue la dénomination de rue Breneuse; un autre dit qu'elle s'appeloit de l'Oseroie en 1300. Guillot en indique effectivement une sous ce nom, et l'abbé Lebeuf pense aussi qu'elle est représentée par celle-ci[445]. Jaillot produit plusieurs titres qui lui font croire qu'anciennement cette rue n'étoit point distinguée de celle de Fromentel, dont elle fait la continuation; et celle-ci se prolongeoit alors sous le même nom jusqu'à la rue Saint-Jacques. Quant à la rue de l'Oseroie, il conjecture que ce pouvoit être une ruelle comprise dans l'église Saint-Benoît, et sur l'emplacement de laquelle ont été construites les chapelles de la nef[446].
Rue de Biron. Cette rue, qui donne d'un côté rue du Faubourg-Saint-Jacques, de l'autre dans celle de la Santé, étoit encore sans nom en 1772. Elle a pris depuis celui qu'elle porte aujourd'hui.
Rue des Bourguignons. Cette rue, qui donne d'un bout dans la rue du Faubourg-Saint-Jacques, et de l'autre dans celle de Lourcine, étoit anciennement nommée rue de Bourgogne. Sur plusieurs plans on ne la fait commencer qu'au coin de la rue de la Santé, ou, pour mieux dire, au bout du carrefour où étoit autrefois placée la croix de la sainte Hostie[447]; et toute la partie antérieure jusqu'à la rue Saint-Jacques y est nommée rue des Capucins. C'étoit par cette rue ou chemin, et le long des murs du Val-de-Grâce, que devoit passer le boulevard ou cours planté d'arbres dont on avoit résolu en 1704, d'environner la ville, et qui depuis a été tracé et exécuté à une assez grande distance de ce premier emplacement[448].
Rue de la Grande et de la Petite-Bretonnerie. Ces deux rues parallèles se réunissoient l'une à l'autre, et avoient leur entrée par la rue Saint-Jacques; c'étoit, à proprement parler, une rue qui tournoit autour de plusieurs maisons. Sauval dit qu'anciennement elle se nommoit rue du Puits[449]; et Jaillot la trouve, au commencement du quinzième siècle, sous le nom de rue aux Bretons; mais, dès le seizième, elle est désignée sous la double dénomination qui lui est restée. Ces deux rues avoient été ouvertes sur un fief qui appartenoit aux religieuses de Long-Champs; et l'on trouve qu'en 1661 le roi permit aux filles de la congrégation de Charonne, dont il vouloit favoriser l'établissement, de former un marché dans cet endroit[450].
Rue de la Bûcherie. Elle commence à la rue du Petit-Pont, et finit à celle du Pavé-de-la-Place-Maubert. Sauval dit qu'elle devoit son nom à un port aux bûches qu'il y avoit auprès en 1415[451]. Jaillot prouve que ce port existoit en cet endroit bien des siècles avant cette époque; et, sans nier que le nom de cette rue en tire son étymologie, il pense qu'elle pourroit bien aussi avoir reçu cette dénomination de quelques boucheries établies anciennement en ce lieu. Au reste ces deux étymologies sont également constatées par des titres de Sainte-Geneviève du treizième siècle, dans lesquels on lit: Vicus de Boucharia et Buscharia, etc. Cette rue avoit été ouverte au bas d'un clos fort étendu qu'on appeloit le clos Mauvoisin, dont nous aurons bientôt occasion de parler; et, dès le sixième siècle, elle étoit couverte de maisons jusqu'à la rue du Fouare seulement. En 1202 le clos Mauvoisin ayant été donné à cens, sous la condition d'y bâtir, la rue fut successivement continuée jusqu'à son extrémité, opération qui cependant n'étoit pas encore terminée à la fin du siècle suivant[452].
Place Cambrai. Elle fut ouverte, au commencement du dix-septième siècle, sur une partie de la rue Saint-Jean-de-Latran, qui s'étendoit jusqu'à la rue Saint-Jacques, et sur un terrain qui servoit anciennement de cimetière. On le nommoit le Grand Cimetière, le Cimetière de Cambrai, le Cimetière de l'Acacias; le Cimetière du Corps-de-garde. Ces différents noms venoient de la terre de Cambrai, ainsi appelée parce que la maison de l'évêque de Cambrai, convertie depuis en collége, y étoit située; d'un acacia qu'on y avoit planté, et d'un corps-de-garde voisin.
Rue des Capucins[453]. Ce n'étoit, au siècle dernier, qu'un chemin qui conduisait de la rue du Faubourg-Saint-Jacques à celle de la Santé. On la nommoit ainsi parce qu'elle régnoit le long de l'enclos des Capucins.
Rue des Carmes. Elle aboutit d'un côté à la rue des Noyers, et de l'autre à celle du mont Saint-Hilaire. Comme elle a été ouverte, ainsi que celle de Saint-Jean-de-Beauvais, sur le clos Bruneau, on lui en a souvent donné le nom. Elle portoit aussi celui de Saint-Hilaire, parce qu'elle aboutissoit à cette église, et c'est ainsi qu'elle est dénommée dans des actes de 1317 et 1372. Son dernier nom lui vient du couvent des Carmes qui y étoit situé.
Rue du Carneau. C'est une ruelle qui descend de la rue de la Bûcherie à la rivière, et que presque tous nos plans ont figurée sans lui donner aucun nom. Jaillot prétend cependant que, dès le treizième siècle, elle étoit connue sous celui de la Poissonnerie, puis de la Place au Poisson dans le dix-septième; plus anciennement elle s'appeloit rue des Porées. C'est ainsi qu'elle est indiquée dans le rôle des taxes de 1313, et dans un compte de 1398, rapporté par Sauval[454].
Rue des Charbonniers. Elle fait la continuation de la rue de l'Arbalète, et aboutit à celle des Bourguignons. Son nom lui vient d'un lieu voisin dit les Charbonniers, dont il est question plusieurs fois dans le terrier du roi de 1540.
Rue Chartière. Elle aboutissoit d'un côté à la rue du Puits-Certain, de l'autre à celle de Reims. Sauval dit qu'en 1300 elle s'appeloit de la Charretière[455]. Guillot écrit de la Chareterie, et l'on trouve dans d'autres titres de la Charrière[456], de la Chartrière et des Charettes.
Rue du Cheval-Vert[457]. Elle traverse de la rue des Postes à celle de la Vieille-Estrapade. Si l'on en excepte un seul plan, celui de Nolin, publié en 1699, où elle est appelée rue du Chevalier, on trouve le premier nom dans tous les actes, et notamment dans les censiers de Sainte-Geneviève, qui en font mention dès 1603. Elle fut fermée en 1646, sans qu'on en sache les raisons, et rouverte depuis, sans que l'époque de cette ouverture soit désignée. Son nom lui vient probablement de quelque enseigne.
Rue des Chiens. Elle aboutit d'un côté à la rue des Sept-Voies, et de l'autre à celle des Cholets. Sauval[458] et ses copistes prétendent que le bas peuple avoit changé les deux dernières lettres du nom de cette rue, parce qu'elle étoit solitaire et malpropre. Jaillot pense au contraire que cette dénomination ordurière étoit la plus ancienne, et fut changée en celle des Chiens, qu'elle portoit déjà avant le milieu du dix-septième siècle. Guillot indique dans sa nomenclature une rue du Moine, que l'abbé Lebeuf croit être celle-ci; Jaillot, qui en doute, entame à ce sujet une longue discussion, qui n'éclaircit nullement cette question si peu importante[459].
Rue des Cholets. Cette rue donne d'un côté dans la rue Saint-Étienne-des-Grés, de l'autre dans celle de Reims, et doit son nom au collége qu'on y a bâti. Auparavant on la nommoit Saint-Symphorien et Saint-Symphorien-des-Vignes. Cette dernière dénomination venoit de ce que le carré que forme cette rue avec celle de Reims, des Sept-Voies et de Saint-Étienne-des-Grés, étoit un clos planté de vignes. On la trouve aussi indiquée sous les noms de petite rue Sainte-Barbe et de rue des Vignes.
Rue d'Écosse. Elle aboutit d'un côté à la rue du Mont-Saint-Hilaire, et de l'autre à celle du Four. Guillot n'en fait point mention, quoiqu'elle existât déjà de son temps. En 1313 on la nommoit rue au Chauderon, de l'enseigne d'une maison qui subsistoit encore en 1636; mais, dès le seizième siècle, on l'appeloit rue d'Écosse. Robert dit qu'elle a porté le nom de rue des Trois-Crémaillères.
Rue Saint-Étienne-des-Grés. Elle donne d'un bout dans la rue Saint-Jacques, de l'autre sur la Place-Sainte-Geneviève. Dès 1230, elle est désignée sous ce nom dont nous avons fait connoître l'étymologie en parlant de l'église qui le lui a donné.
Rue de la Vieille-Estrapade. Elle est située entre la Place-de-Fourci et celle de l'Estrapade; et cette dernière place qui lui a donné ce nom, l'avoit reçu parce que, pendant long-temps, on y avoit fait subir aux soldats le supplice de l'estrapade, dont l'appareil fut depuis transporté au marché aux chevaux. Avant cette époque, cette rue se nommoit rue des Fossés-Saint-Marceau, ayant été ouverte sur les fossés de la ville.
Rue du Fouare. Elle aboutit d'un côté à la rue Galande, de l'autre à celle de la Bûcherie. Ce nom est une altération de celui de feurre, c'est-à-dire de paille, dans notre ancien langage; aussi, dans tous les vieux titres, cette rue est-elle appelée vicus Straminis, vicus Straminum, via Straminea. On voit dans un cartulaire de Sainte-Geneviève[460] qu'en 1202 Matthieu de Montmorenci, seigneur de Marli, et Mathilde de Garlande sa femme, donnèrent leur vigne appelée le clos Mauvoisin (c'est le même que celui de Garlande), à cens, à plusieurs particuliers, à la charge d'y bâtir. Ainsi se formèrent les rues Galande, du Fouare et autres qui se trouvent entre la rue de la Bûcherie et la Place-Maubert. Nous avons déjà dit comment, sous Philippe-Auguste, il s'établit de nouvelles écoles dans celle dont nous parlons. Elle reçut le nom qu'elle porte encore aujourd'hui, parce que les écoliers, suivant l'usage qui s'observoit alors, étoient, par respect pour leurs maîtres, assis par terre sur de la paille, dont on jonchoit les écoles.
Les anciens titres prouvent que la rue du Fouare étoit fermée à ses deux extrémités; et l'on croit que c'étoit pour empêcher le passage des voitures, dont le bruit auroit pu incommoder et distraire les étudiants.
Rue du Four. Elle donne d'un côté dans la rue des Sept-Voies, de l'autre dans celle d'Écosse, dont elle n'est pas même distinguée sur les anciens plans. Cependant le cartulaire de Sainte-Geneviève de 1248 en fait mention sous le nom de Vicus et de ruella Furni; Guillot la nomme du Petit-Four, qu'on appelle le Petit-Four-Saint-Ylaire. On lui avoit donné ce nom parce que le four banal, qui appartenoit à l'église Saint-Hilaire, y étoit situé.
Rue et place de Fourci. Elles sont situées entre la rue de la Vieille-Estrapade et celle des Fossés-Saint-Victor. Sur la plupart de nos plans cette rue n'est pas distinguée de celle des Fossés-Saint-Marceau ou Vieille-Estrapade. Elle doit son nom à M. Henri de Fourci, président aux enquêtes et prévôt des marchands, qui, en exécution d'un arrêt du conseil du 17 avril 1685, fit combler les fossés et aplanir le terrain, beaucoup plus escarpé alors qu'il ne l'est aujourd'hui.
Rue Fromentel. Elle aboutit d'un côté à la rue du Mont-Saint-Hilaire, vis-à-vis le Puits-Certain, et de l'autre à celle du Cimetière-Saint-Benoît. Ce nom est une abréviation de celui de Froid-Mantel, ainsi qu'il est indiqué dans le cartulaire de Sainte-Geneviève de 1243: vicus qui dicitur Frigidum-Mantellum. On trouve dans celui de Sorbonne, en 1250, vicus Frigidi-Mantelli; Fretmantel, aliàs Brunel en 1313. Dans tous les actes des siècles suivants on lit Fresmantel, Froit-Mantel et Fromentel[461].
Rue Galande. Elle commence au carrefour Saint-Séverin, et aboutit à la place Maubert. Ce nom est visiblement une altération de celui de Garlande, que portoit une famille très-connue au onzième siècle. Le clos Mauvoisin, comme nous l'avons dit plus haut, faisoit partie de la seigneurie de Garlande; le cartulaire de Sainte-Geneviève renfermoit une transaction de l'an 1225, qui nous apprenoit que c'est sur le terrain de ce clos qu'au commencement du treizième siècle furent percées les rues Galande, des Trois-Portes, des Rats et du Fouare, en vertu d'un accensement fait en 1202 par Matthieu de Montmorenci et Mathilde de Garlande sa femme[462]. Ce clos appartenoit dans le principe à l'abbaye Sainte-Geneviève, qui[463] l'avoit donné en fief à ce seigneur, à la charge que ceux qui y bâtiroient seroient de la paroisse du Mont. Nous avons déjà remarqué qu'en 1118 Étienne de Garlande avoit donné une partie des vignes de ce clos pour la dotation de la chapelle Saint-Agnan[464]: il faut ajouter qu'en 1134 Louis-le-Gros approuva cette donation, sous la réserve de 18 den. de cens[465], d'où il faut conclure que ce clos étoit en partie dans la directe du roi et en partie dans celle de Sainte-Geneviève.
Carré Sainte-Geneviève. On appelle ainsi la place qui étoit devant les églises de Sainte-Geneviève et de-Saint-Étienne-du-Mont. Elle avoit été formée d'une partie de l'ancien cloître, qui fut donnée à cens en 1355 pour y bâtir les maisons qu'on y voit aujourd'hui. Ce cloître étoit fermé par des portes au bout des rues des Sept-Voies, des Amandiers et des Prêtres.
Place Sainte-Geneviève. La construction de la nouvelle église Sainte-Geneviève a donné naissance à cette nouvelle place, formée de la destruction des rues de la Grande et de la Petite-Bretonnerie, et de la démolition de plusieurs édifices.
Rue Neuve-Sainte-Geneviève. Elle aboutit d'un côté à la place de Fourci, de l'autre à la rue des Postes. Elle doit ce nom au clos de Sainte-Geneviève, sur lequel elle a été ouverte[466].
Rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Nous avons déjà parlé de cette rue au quartier de la place Maubert. La petite partie qui dépend de celui-ci étoit comprise dans le cloître Sainte-Geneviève, qui, de ce côté, commençoit au bout de la rue des Amandiers. Dans ce petit espace se trouvoit une ruelle sans bout, ou cul-de-sac, dont il restoit encore des vestiges dans le siècle dernier[467].
Cul-de-sac Gloriette. Il dépendoit de ce quartier, quoiqu'il fût situé à l'extrémité de la rue de la Huchette, comprise dans le quartier Saint-André-des-Arcs. Ce cul-de-sac doit son nom au fief Gloriette, sur lequel il avoit été percé, et qui l'avoit communiqué également à la boucherie établie en cet endroit au quinzième siècle. Sa situation sur le bord de la rivière, qui le rendoit propre à l'écoulement du sang des animaux, lui fit donner le nom de Trou-Punets ou Punais, qu'il porte dans plusieurs actes de ce temps-là. Le lieu qu'y occupoit la boucherie, laquelle existoit encore dans le siècle dernier, étoit une maison qui servoit auparavant de bureau pour recevoir le péage du Petit-Pont. En 1382 on en prit une partie pour faire une nouvelle tour au Petit-Châtelet[468].
Rue du Mont-Saint-Hilaire ou du Puits-Certain. Cette rue donne d'un côté dans les rues Saint-Jean-de-Beauvais et Chartière, de l'autre dans celles des Carmes et des Sept-Voies. Elle n'étoit d'abord désignée le plus souvent que sous le nom général de clos Bruneau: c'étoit celui du territoire sur lequel elle est située; mais dès le treizième siècle on lui donnoit déjà le nom qu'elle porte aujourd'hui. On l'appelle aussi vulgairement rue du Puits-Certain, à cause du puits public situé à l'entrée de cette rue, lequel fut construit par les soins et aux dépens de Robert Certain, curé de Saint-Hilaire. Du reste cette rue doit son dernier nom à l'église paroissiale qu'on y avoit élevée[469].
Rue Jacinthe. Elle traverse de la rue Galande dans celle des Trois-Portes. Elle a même été long-temps confondue avec cette dernière sur les plans et dans les censiers de Sainte-Geneviève. On l'a aussi appelée ruelle Augustin.
Rue Saint-Jacques. Elle commence au coin des rues Saint-Séverin et Galande, et finit à l'ancienne porte, au coin des rues Saint-Hyacinthe et des Fossés-Saint-Jacques. Au douzième siècle cette rue n'avoit point de nom particulier: on l'appeloit simplement vicus Magnus, Major vicus, major vicus parvi Pontis. Dans le siècle suivant, une chapelle de Saint-Jacques lui fit prendre le nom de cet apôtre, et le donna également aux religieux qui s'y établirent. Elle reçut aussi dans ses diverses parties les noms des églises qui en étoient les plus voisines. On trouve en 1263[470]: Magnus vicus Sancti Jacobi Prædicatorum; en 1250, 1258 et 1268, Magnus vicus Sancti Stephani de Gressibus; en 1273, magnus vicus prope Sanctum Benedictum le Bestournet; en 1298, Magnus vicus ad caput ecclesiæ Sancti Severini; grant rue, grant rue outre le Petit-Pont, grant rue vers Saint-Mathelin, grant rue Saint-Benoît, etc.; enfin grand rue Saint-Jacques.
Rue du Faubourg-Saint-Jacques. Elle fait la continuation de la rue Saint-Jacques depuis les rues Saint-Hyacinthe et des Fossés-Saint-Jacques jusqu'à la barrière et au nouveau boulevard[471].
Rue des Fossés-Saint-Jacques. Cette rue, qui commence à l'endroit où étoit l'ancienne porte qui sépare la ville des faubourgs, aboutit à l'Estrapade. Son nom vient des fossés sur lesquels elle a été bâtie.
Rue Jean-de-Beauvais. Elle aboutit d'un côté à la rue des Noyers, de l'autre à celles de Saint-Jean-de-Latran et du Mont-Saint-Hilaire. Sans nous arrêter à relever l'erreur de Sauval[472], qui la confond avec la rue de Beauvais située près du Louvre, nous dirons qu'elle prit d'abord le nom d'un ancien clos de vignes appelé dans les titres clausum Brunelli, clos Burniau, Brunel et Bruneau, au travers duquel elle fut percée, et qu'elle le portoit encore au milieu du quinzième siècle; celui de Beauvais n'est pas si ancien, et a excité de longues discussions parmi les antiquaires. Les uns veulent qu'il vienne de la chapelle de Beauvais, dédiée sous l'invocation de saint Jean-Baptiste; l'autre d'un libraire nommé Jean de Beauvais, dont la maison étoit située au coin de cette rue. Cette question est si peu importante, que nous ne voulons ni exposer les raisons alléguées pour et contre, ni faire un choix dans ces deux opinions[473].
Rue Saint-Jean-de-Latran. Elle aboutissoit d'un côté au haut de la rue Saint-Jean-de-Beauvais, de l'autre à la place Cambrai. On l'appeloit anciennement rue de l'Hôpital, à cause des Hospitaliers qui s'y établirent au douzième siècle. C'est par la même raison qu'au quatorzième elle étoit désignée sous les noms de rue Saint-Jean-de-l'Hôpital, Saint-Jean-de-Jérusalem et enfin Saint-Jean-de-Latran.
Rue Judas. Elle traverse de la rue des Carmes à celle de la Montagne-Sainte-Geneviève. Ce nom est ancien; les cartulaires de Sainte-Geneviève de 1243 et 1248 indiquent déjà cette rue, vicus Jude. On peut présumer qu'il y demeuroit des Juifs au douzième siècle.
Rue-Saint-Julien-le-Pauvre. Elle aboutit d'un côté à la rue Galande, de l'autre à celle de la Bûcherie. Ce seroit une des plus anciennes de Paris, si, dès l'origine, on avoit donné ce nom au chemin qui conduisoit à l'église Saint-Julien; mais il n'y avoit, dans ces temps reculés, que quelques maisons éparses de ce côté, qui depuis, s'étant multipliées et rapprochées, ont enfin formé la rue dont nous parlons.
Rue des Lavandières. Cette rue donne d'un côté dans la rue des Noyers, et aboutit de l'autre à la place Maubert. Elle devoit son nom aux lavandières que la proximité de la rivière avoit engagées à se placer dans ce quartier. Les titres en font mention, dans le treizième siècle, sous les noms de vicus et ruella Lotricum[474]. Guillot et le rôle des taxes de 1313 l'appellent rue à Lavandières et aux Lavandières. Ce nom n'a pas varié.
Rue des Lionnois. Elle aboutit d'un côté à la rue des Charbonniers, et de l'autre à celle de Lourcine. Cette rue fut percée au commencement du dix-septième siècle.
Rue Maillet[475]. Cette rue, ouverte depuis 1780, donne d'un côté dans la rue du Faubourg-Saint-Jacques, de l'autre dans celle d'Enfer.
Rue des Noyers. Elle aboutit d'un côté à la rue Saint-Jacques, de l'autre à la place Maubert. Le nom qu'elle porte lui fut donné à cause de quelques noyers plantés au bas du clos Bruneau, dans l'endroit où elle est située. Sauval[476] prétend qu'elle a porté le nom de Saint-Yves, et n'en donne aucune preuve: on la trouve, au contraire, dans tous les titres sous sa première dénomination, qu'elle paroît avoir toujours conservée. Elle est appelée successivement, dès le treizième siècle, vicus de Nuceriis et Nucum; vicus Nucium; vicus de Nucibus[477].
Rue de l'Observatoire[478]. Elle règne le long de l'enceinte dans laquelle on a construit le monument auquel elle doit sa dénomination. Ce n'étoit encore, au siècle dernier, qu'un chemin sans nom: ce n'est que depuis peu d'années qu'on a enfin inscrit à ses extrémités celui qu'elle porte aujourd'hui.
Rue du Plâtre. Elle aboutit d'un côté à la rue Saint-Jacques, de l'autre à celle des Anglois, et doit son nom à une plâtrière qu'on y avoit ouverte dès le treizième siècle. Il n'a varié jusqu'à présent que dans la manière de l'écrire, et non dans sa signification. En 1247 et 1254 on trouve vicus Plastrariorium... Domus Radulphi Plastrarii; vicus Plastrariorium et Plasteriorum en 1250; rue de la Platrière, en 1300; à Plastriers et des Plastriers au même siècle; enfin rue du Plastre au quinzième et depuis[479].
Rue du Petit-Pont. Elle commence au Petit-Châtelet, et finit au bout des rues Galande et Saint-Séverin. Quoiqu'elle portât très-anciennement ce nom, et que, dans tous les actes des douzième et treizième siècles qui la concernent, on lise vicus Parvi Pontis, Jaillot cependant la trouve désignée, en 1230, sous celui de rue Neuve, vicus Novus[480].
Rue des Trois-Portes. Elle aboutit d'un côté à la rue des Rats, de l'autre à celle du Pavé-de-la-Place-Maubert. Elle portoit ce nom dès le treizième siècle; on lui donna depuis celui d'Augustin, et le censier de Sainte-Geneviève l'indique ainsi: Ruelle Augustin, dite des Trois-Portes. L'abbé Lebeuf a donné de ce dernier nom une étymologie qui ne semble pas juste; Jaillot qui la combat, prouve que la véritable origine de cette dénomination vient de ce qu'il n'y avoit que trois maisons dans cette rue, et par conséquent trois portes. Les autorités qu'il cite à ce sujet paraissent sans réplique[481].
Rue des Postes. Elle commence à l'Estrapade, et finit à la rue de l'Arbalète. Son premier nom étoit rue des Poteries; et l'étymologie de ce nom, qui a fort exercé les antiquaires, nous semble avoir été heureusement expliquée par Jaillot[482]. «Dans tous les titres de Sainte-Geneviève, dit-il, l'endroit où cette rue est située est nommé le clos des Poteries, le clos-des-Métairies. Il étoit planté en vignes qui avoient été baillées, à la charge de payer le tiers-pot en vendange de redevance seigneuriale.» Voilà donc la véritable origine du nom de clos des Poteries. On le lui donnoit encore, quoique les vignes eussent été arrachées, et qu'on y eût bâti des maisons. Les terres labourées qu'on substitua aux vignes lui firent donner celui de clos des Métairies. Quant à la rue, dès le seizième siècle son nom primitif étoit altéré, car, dans le terrier du roi de 1540, elle est appelée rue des Poteries, et maintenant des Postes[483].
Rue du Pot-de-Fer. Elle traverse de la rue des Postes dans la rue Moufetard. Le terrier de Sainte-Geneviève de 1603 l'appelle rue du Bon Puits, à présent dite du Pot-de-Fer. Plus anciennement elle se nommoit rue des Prêtres. Son dernier nom lui vient d'une enseigne. Sauval et d'autres disent qu'elle s'appeloit autrefois rue du Bon-Qutto[484]; c'est sans doute une faute d'impression.
Rue des Poules. Elle aboutit à la Vieille-Estrapade et à la rue du Puits-qui-Parle. Elle fut nommée ainsi en 1605[485]; auparavant on l'appeloit rue du Châtaignier. C'étoit dans cette rue que les protestants avoient autrefois leur cimetière. Un contrat passé en 1635 l'indique sous le nom de rue du Mûrier, dite des Poules.
Rue des Prêtres. Elle traverse de la rue Bordet au carré Sainte-Geneviève. En 1248 on l'appeloit vicus Monasterii. Guillot la nomme petite ruellette Saint-Geneviève. On la trouve aussi sous le nom de rue du Moutier. Enfin on l'a nommée rue des Prêtres, et ces deux noms sont relatifs à l'église où elle conduit, et aux prêtres qui s'y sont logés.
Rue du Puits-qui-Parle. Elle aboutit d'un côté à la rue Neuve-Sainte-Geneviève, et de l'autre à celle des Postes. On lui a donné le nom qu'elle porte à cause du puits d'une maison qui fait le coin de cette rue et de celle des Poules, lequel formoit un écho. Les censiers de Sainte-Geneviève l'indiquent sous ce nom dès 1588. Rien ne prouve qu'anciennement elle ait été appelée rue des Rosiers, comme l'avancent Sauval et quelques autres[486].
Rue-du-Puits-de-la-Ville. Elle est depuis long-temps fermée à ses deux extrémités. Nous venons de dire que c'étoit la continuation de la rue de la Poterie et de celle des Vignes. Elle devoit ce nom à un regard pour les eaux qu'on y avoit pratiqué.
Rue des Rats. Cette rue donne d'un côté dans la rue Galande, de l'autre dans celle de la Bûcherie. Guillot la désigne sous le nom de rue d'Arras; et le plus ancien censier de Sainte-Geneviève, sous celui des Rats. Ainsi elle est antérieure au règne de Charles VI, sous lequel Sauval prétend qu'elle fut ouverte[487]. Son dernier nom lui vient d'une enseigne.
Rue de Reims. Elle aboutit d'un côté à la rue des Sept-Voies, de l'autre à celle des Cholets. On l'appeloit, au commencement du treizième siècle, rue au duc de Bourgogne; et on la trouve encore désignée sous le même titre dans le censier de Sainte-Geneviève de 1540.
Rue de la Santé. Elle commence au champ des Capucins, et aboutit à la barrière. On ne la connoissoit autrefois que sous le nom de chemin de Gentilli. Elle doit celui qu'elle porte aujourd'hui à l'hôpital qui y étoit situé.
Rue des Sept-Voies. Cette rue donne d'un côté dans la rue Saint-Étienne-des-Grés, et de l'autre dans celle du Mont-Saint-Hilaire; dès le douzième siècle on la nommoit ainsi: apud Septem vias[488]. On trouve en effet sept rues qui aboutissent au milieu ou aux extrémités de celle-ci. Guillot l'appelle rue de Savoie; c'est sans doute pour la rime, car on ne trouve aucun titre qui fasse mention d'un hôtel ou de quelque autre propriété des ducs de Savoie en cet endroit[489].
MONUMENTS NOUVEAUX
Et réparations faites aux anciens monuments depuis 1789.
Église Sainte-Geneviève. Ce monument sacré, dont les révolutionnaires avoient fait le temple de la déesse Raison et les catacombes de leurs grands hommes, vient enfin d'être rendu à sa destination primitive. Les emblèmes hideux dont ses murs étoient couverts ont été effacés; la croix brille sur le sommet de son dôme et décore son fronton.
Dans l'intérieur elle ne présente encore que des murs entièrement nus et des autels dépouillés d'ornements: espérons qu'on reconnoîtra qu'il est impossible de la laisser long-temps encore dans un tel état sans manquer à toutes les convenances. Cette église est maintenant desservie par les prêtres des missions de France.
Église Saint-Étienne-du-Mont. Cette église a été décorée de deux nouveaux tableaux: la lapidation de saint Étienne, par M. Abel Pujol, très-beau morceau, qui a commencé sa réputation; un tableau de M. Grenier, représentant un des actes de la vie de sainte Geneviève. L'un et l'autre ont été donnés par la ville à cette église, en 1819.
Le Séminaire Saint-Magloire. On a démoli l'église, augmenté les bâtiments destinés aux sourds-muets, et élargi le passage qui communique avec la rue d'Enfer, pour y pratiquer une rue nouvelle.
Saint-Jacques-du-Haut-Pas. Cette église a obtenu de la munificence de la ville un nouveau tableau représentant un Christ au tombeau. Le dessin en est médiocre; mais la manière dont il est peint rappelle la grande école des peintres italiens, que son auteur paroît vouloir imiter. Ce tableau a été donné en 1819.
L'Observatoire. En avant de ce bâtiment, ont été construits deux pavillons qui servent de logement au concierge. De l'un à l'autre de ces pavillons règne une grille de fer qui sert d'entrée; et une avenue plantée d'arbres se prolonge depuis cette grille jusqu'à celle du jardin du Luxembourg.
Collége de Henri IV. Il a été placé dans les bâtiments de Sainte-Geneviève, auxquels on a ajouté de nouvelles constructions, principalement du côté de la rue Clovis.
Filles de la Présentation de Notre-Dame. Les bâtiments de cette communauté qui, depuis quelques années, ont été considérablement augmentés, sont occupés par le nouveau collége de Sainte-Barbe, aujourd'hui l'un des plus florissants de l'Université.
Marché des Carmes. Sur le terrain qu'occupoient l'église et le couvent de ces religieux, on a élevé un nouveau marché destiné à remplacer l'ancien marché de la place Maubert.
Ce monument forme un carré long, percé de grandes arcades, dont trois sont ouvertes sur chaque face, et servent d'entrée. On en compte extérieurement treize sur les grands côtés, onze sur les petits; intérieurement sept sur cinq, formant également un carré long qui sert de cour, et au milieu duquel on a élevé une fontaine. La composition en est simple: un bassin circulaire reçoit l'eau d'un socle carré sur lequel on a sculpté en creux deux navires antiques, deux cornes d'abondance, des guirlandes de fruits, des caducées. Sur l'une des faces est écrit le mot Abondance, sur l'autre le mot Commerce. Un double Hermès offrant deux têtes qui supportent un panier de fruits, couronne cette composition.
Au-dessus des arcades ont été pratiquées des ouvertures carrées-longues pour aérer le bâtiment. Le toit, qui a peu d'élévation, est couvert de tuiles rondes; l'ensemble de cette construction a le caractère qu'il doit avoir: c'est un très-beau morceau d'architecture.
RUES NOUVELLES.
Rue Cassini. Voyez rue Maillet.
Rue Clovis. Elle est percée sur une partie du terrain qu'occupoit l'ancienne église Sainte-Geneviève.
Rue Jean-Hubert. Voyez rue des Chiens.
Rue Leclerc. Voyez rue de l'Observatoire.
Rue Méchin. Voyez rue des Capucins.
Rue d'Ulm. Elle commence à la rue de la Vieille-Estrapade, et aboutit à celle des Ursulines.
Rue des Ursulines. Elle a été formée de l'ancien cul-de-sac qui portoit le même nom; et s'ouvrant sur la rue du Faubourg Saint-Jacques, elle vient aboutir à la rue d'Ulm, avec laquelle elle forme un équerre.
Rue du Val-de-Grâce. Elle est percée en face du portail de l'église de ce couvent, et communique de la rue du Faubourg-Saint-Jacques à la rue d'Enfer.