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Comment on Prononce le Français: Traité complet de prononciation pratique avec le noms propres et les mots étrangers

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[138]

Que ne suis-je, prince ou poète,
De ces mortels à haute tête,
D’un monde à la fois base et faîte,
Que leur temps ne peut contenir!
(V. Hugo, Feuilles d’automne, VIII).

[139] Nous verrons le même phénomène dans douairière et souhaiter. Il est probable que couette suivra. Cf. plus loin moelle et poêle.

[140] De même Skobelef, Senef, Joseph, Télèphe. Où l’abbé Rousselot a-t-il constaté un e long dans greffe? (Voir son Précis, page 143.)

[141] Comme bêche, pêche, rêche et revêche; dans dépêche, empêche et prêche, il y a eu contraction de deux e.

[142] Le Dictionnaire général maintient la voyelle brève. L’e est long aussi dans Campêche, mais non dans La Flèche ou Ardèche, ni dans Fesch ou Marakesch.

[143] Les termes qui désignent des personnes, duchesse, comtesse, princesse, esse, altesse, hôtesse, etc., ont eu longtemps aussi l’e plus long que les mots abstraits, mais c’était en province plutôt qu’à Paris. Aujourd’hui encore, les noms propres en -èce, Boèce, Végèce, Lucrèce, Grèce, Lutèce, allongent volontiers l’e dans la prononciation oratoire; mais Bresse, Permesse, Gonesse, avaient déjà l’e bref au temps de Ménage. Il y faut joindre Hesse, Tcherkesses, Edesse, etc., avec Metz et Retz, quoique quelques-uns prononcent encore (cf. rez, page 53).

[144] La plupart sont des noms propres: Périclès, Bénarès, Ramsès, Agnès, etc. Les mots latins non francisés ou incomplètement francisés n’ont pas l’accent grave: facies, ad patres, do ut des, etc., mais se prononcent de la même manière. Il en est de même des noms espagnols ou portugais en -es: Rosales, Morales, Traz os Montes, Torres-Vedras, aussi bien que Cervantes, à qui nous donnons ordinairement un accent, faute de quoi beaucoup de personnes sont tentées de prononcer Cervante. Toutefois nous faisons es muet dans Buenos-Ayres.

[145] «Un beau diseur était au spectacle dans une loge, à côté de deux femmes, dont l’une était l’épouse d’un agioteur, ci-devant laquais; l’autre d’un fournisseur, ci-devant savetier. Tout à coup le jeune homme trouve sous sa main un éventail: «Madame, dit-il à la première, cet éventail est-il à vous?—Il n’est poin-z-à moi.—Est-il à vous, en le présentant à l’autre?—Il n’est pa-t-à moi.—Le beau diseur, en riant: Il n’est poin-z-à vous, il n’est pa-t-à vous, je ne sais pa-t-à-qu’est-ce. Cette plaisanterie a couru dans les cercles, et le mot est resté.»

[146] Il a l’e bref dans le Dictionnaire général: toujours l’étymologie!

[147] On allonge plus régulièrement l’e dans Thèbes, mais non dans Turnèbe, Erèbe, Eusèbe, etc., pas plus que dans Bab-el-Mandeb, Horeb ou Maghreb.

[148] De même Alfred, Manfred et parfois Auerstæd(t), Suède, Tolède, Archimède, Nicomède, Tancrède, etc., et aussi Mèdes, qu’on allonge parfois, sans qu’il y ait plus de raisons que pour les autres.

[149] De même Touareg, Gregh, don Diègue, Nimègue.

[150] De même Samuel, Rachel, Deschanel, Adèle, Philomèle, Praxitèle, Isabelle, Dardanelles, Sganarelle, Bruxelles, etc. On peut franciser, avec le même son ouvert et assez bref, les noms germaniques en el, Hegel, Schlegel, Hændel; dans ceux qui ne sont pas francisés, l’e est presque muet. A cette catégorie appartient aussi pale ale.

[151] Ressemèle ou ressemelle, grommèle ou grommelle, ficèle ou ficelle, etc., qu’importe?

[152] Bêle, fêle et vêle qui ont contracté deux e, mêle qui a perdu son s, et les adjectifs frêle et grêle, qui en avaient pris un, mais qui étaient pour fraile et graile. Il faut y ajouter Nesle, nom propre qui a gardé le sien. Naturellement, dans pêle-mêle, le premier ê est plutôt moyen, et quelquefois les deux. On allonge quelquefois l’e d’Aurèle ou Philomèle, mais c’est un peu suranné.

[153] Cette orthographe, qui fut longtemps aussi celle de boîte (boette), se maintint, grâce aux essais de réforme du XVIᵉ siècle, époque où oi se prononçait oué. La réforme n’ayant pas réussi, malheureusement, mieux eût valu unifier l’orthographe et écrire moile et poîle, comme boîte. Cela eût épargné à V. Hugo et à d’autres des rimes ridicules, comme celle-ci, où moelle a de plus trois syllabes:

Vous desséchez mes os jusque dans leur mo-elle.
Mais les saints prévaudront! Votre engeance cruelle...
Cromwell, acte I, scène 5.

Moelle rime correctement avec étoile et même avec squale. La même observation est à faire pour couette et couenne. Tous ces mots sont exposés à s’altérer dans la prononciation, comme fouet l’a fait, et ils s’altèrent journellement, grâce à l’écriture. Quant à mouette, il est bien rare qu’on le prononce moite.

[154] Blême, même, carême, saint-chrême, baptême, qui ont perdu leur s, suprême, extrême, qui ont gardé, ou plutôt repris la quantité latine, et les noms propres Bohême, Angoulême, Carême, Brême, avec Sole(s)mes.

[155] Cf. encore dème, enthymème, épichérème, monotrème, hélianthème, abstème, etc. Il en est de même des noms propres en -ème, Nicodème, Polyphème, Triptolème, Barème, etc., mais l’e est toujours bref dans Bethléem, Jérusalem, Sem, etc.

[156] Cf., page 59, ce que nous avons dit pour poète. Il est surprenant que l’abbé Rousselot ne fasse aucune différence entre sème, deuxième et stratagème, qui sont précisément à trois degrés différents. On a vu que cold-cream avait aussi la finale brève.

[157] Voir page 24. Nous reparlerons de ce phénomène au chapitre des nasales.

[158] On peut également franciser, avec le même son ouvert et assez bref, les noms germaniques en -en les plus connus: Ibsen, Mommsen, Beethoven. Quand ces mots ne se francisent pas, la finale se prononce presque comme s’il n’y avait pas d’e.

[159] Les mots chêne, pêne, rênes et frêne ont perdu un s, légitime ou non, tandis que cheve(s)ne gardait le sien; gêne a contracté deux e. Ajouter Gênes, et aussi Duche(s)ne, Duque(s)ne, qui ont gardé l’s.

[160] Cf. troène, cène, scène et obscène (mais pas dans scène IV), alène, arène, carène, sirène, murène, les mots en -gène, les mots savants et les noms propres, catéchumène, prolégomènes, ozène, ou Carthagène, Eugène, Diogène, Hélène, Célimène, Misène, Athènes, etc.

[161] Morigène échappe difficilement à l’analogie des mots en -gène.

[162] Voir ci-avant, page 62 et note 3.

[163] On prononce trop facilement Compiène pour Compiègne.

[164] C’est-à-dire e suivi de l mouillé, mais qui se prononce en réalité comme eye.

[165] Œil et les mots en -cueil et -gueil n’appartiennent pas à cette catégorie, mais à celle des mots en -euil. Rueil, au contraire, lui appartient, avec Corbeil, Corneille, Mireille, Marseille, Bazeilles, etc.

[166] Comme on l’a vu plus haut, c’est en 1878 que l’Académie a consenti à mettre l’accent grave aux mots en -ège. On peut y joindre aussi les formes interrogatives aimé-je, allé-je, etc., que Domergue voulait à toute force faire prononcer par un e fermé; mais ces formes sont aujourd’hui purement grammaticales et tout à fait inusitées. Et il y a encore des noms propres, Liège, Ariège, Barèges, Corrège, Norvège, etc.

[167] Le Dictionnaire général marque un e long; mais ceci me paraît purement théorique. Il fait de même, bien entendu, pour les finales -ègne et -eil ou -eille.

[168] De même Fier, Thiers, Reyer, Auber, Cher, etc., avec les noms bibliques, comme Abner, Eliézer ou Esther, ou anciens, comme Lucifer, Vesper, Antipater, Jupiter, etc.: voir au chapitre de l’R. On distinguait autrefois -erre et -ère, même quand -ère se fut ouvert, parce que les deux r de -erre se prononçaient, si bien qu’au XVIIᵉ siècle ces finales ne rimaient pas ensemble.

[169] Manager fait exception, quand on le francise, parce qu’il suit l’analogie des mots en -ger, et notamment celle de ménager, qui au fond est le même mot.

[170] Peut-être aussi landwehr, quoique l’e de ce mot soit long et fermé en allemand, tandis que celui de bitt(e)r s’y prononce à peine.

[171] Il en est de même de beaucoup de noms propres très connus, surtout allemands, Auer, Schopenhauer, Weber, Kléber, Blücher, Oder, Schiller, Képler, Necker, Wagner, Durer (que les poètes prononcent quelquefois dure, notamment V. Hugo), Tannhaüser, Luther, Werther, et même Meyerbeer, tellement le français répugne à fermer l’e devant une consonne, surtout un r. On peut prononcer de même Chaucer, Spencer ou Spenser, Lister, Westminster, Manchester, Vancouver, et naturellement Gulliver, et aussi Boer(s), quoique beaucoup de gens, trop bien renseignés, persistent à prononcer bour et même bours(e): pourquoi pas London ou Napoli! Quelques noms allemands en -berg sont aussi francisés en er ouvert et long, le g n’étant pas articulé: Gutenber(g), Furstember(g), Vurtember(g), Spitzber(g), et surtout Nurember(g), qui est complètement modifié, la forme allemande étant Nürnberg; les autres, gardant les deux consonnes, comme Johannisberg, n’ont qu’un e moyen.

[172] Qui est celle de Bædek(e)r, et fut autrefois celle de Neck(e)r, et quelque temps celle de Web(e)r; c’est celle qui convient aux noms allemands qu’on ne francise pas. D’autre part, on écrit et on prononce Dniéper et Dniester, ou mieux Dniepr et Dniestr.

[173] Aussi l’e des mots en -ève est-il à peu près aussi long que l’ê de rêve et endêve, qui ont perdu l’s, et de trêve (dont l’accent s’explique mal). De même Ève, Geneviève, Lodève, Genève, Trèves, etc., et God save. Pour la finale anglaise ew, voir au W.

[174] Il y a toujours exception pour les vers, bien entendu:

A l’heure où le soleil s’élève,
Où l’arbre sent monter la sève,
La vallée est comme un beau rêve.
V. Hugo, F. d’aut., XXXIV

[175] Pourquoi cette orthographe? Ou pourquoi les autres ne l’ont-ils pas aussi? Même quantité dans Ephèse, Borghèse, Pergolèse, Véronèse, etc., dans Suez, Rodez, Orthez, Cortez, dans Bèze, Zambèze, Corrèze, etc., et aussi dans steeple-chase.

[176] Quoique le Dictionnaire général fasse l’e long dans hièble et nèfle, et les mots en -ègle.

[177] Avec Boisdeffre, et aussi Abou-bekre, Bædek(e)r et quak(e)r. Quelques personnes font l’e long dans lèpre, et le Dictionnaire général les y autorise; on ne saurait tout de même prononcer lèpre comme vêpre, qui a perdu son s.

[178] Ni Èbre, Hèbre ou Guèbres. Le Dictionnaire général fait pourtant l’e long dans toutes les finales en -èbre et -ègre, sauf zèbre.

[179] Ou celui de don Pèdre. Celui de Phèdre, au moins celui de l’héroïne, s’allonge aussi volontiers en poésie.

[180] Quoique le Dictionnaire général fasse l’e long dans mètre, urètre et pyrètre; il le ferait tel aussi sans doute dans pénètre ou perpètre, s’il donnait la prononciation de ces mots.

[181] Mètre lui-même pourrait à la rigueur rimer avec mtre; mettre ne pourrait pas. Mais les seuls e proprement longs ici sont ceux de être, hêtre, fenêtre, empêtre, champêtre, prêtre, ancêtre et Bicêtre, qui ont perdu leur s; et ceux de guêtre et salpêtre, qui sont devenus longs sans raison évidente.

[182] Quoique le Dictionnaire général n’en fasse point.

[183] De même les noms propres Bièvre, Nièvre et Penthièvre. Les autres noms propres, Lefèvre (ou Lefebvre), Genèvre, et surtout Sèvres, ouvrent leur e plus régulièrement.

[184] Il faut donc corriger les grammaires sur ce point: l’e surmonté de l’accent grave est toujours ouvert, mais l’e surmonté de l’accent aigu n’est certainement fermé que quand il est final.

[185] Le Dictionnaire général l’ignore. L’abbé Rousselot l’exagère. On notera ici aussi que des mots comme suprématie ou extrémité n’ont jamais eu l’accent circonflexe, qui n’est sur extrême ou suprême qu’un signe de quantité arbitraire: voir page 63, note 1. Mélange et mélanger ne l’ont pas non plus, et ont l’e moyen et même bref, malgré mêle et mêler. Des mots étrangers, comme pehlvi, ont encore l’e atone fermé et long; mais il faut faire effort pour le maintenir, car la tendance est de l’ouvrir en l’abrégeant. L’e n’est non plus ni ouvert ni long dans du Gue(s)clin, Dume(s)nil, Duche(s)nois; il est même fermé dans Saint-Me(s)min; mais il est ouvert dans Champme(s).

[186] De même terrain ou terrasse, terrestre ou atterrir, malgré l’e ouvert de terrer et terreau. On peut aussi comparer serrer et ferrer: la différence est grande.

[187] La prononciation fegnan a d’ailleurs pour elle de vieilles traditions. Au XVᵉ et au XVIᵉ siècle, l’hiatus intérieur éa et surtout éan se résolvait par une diphtongue qui tantôt se réduisait à a et an, comme dans dea (oui-da) ou Jehan, tantôt conduisait à ian, comme dans léans ou Orléans. Néant fut dans ce cas, et on le voit rimer avec escient ou inconvénient; néanmoins a souvent deux syllabes à cette époque, et fainéant aussi, jusque dans Baïf.

[188] Voir page 64; on reviendra sur ce point au chapitre des nasales.

[189] Le Dictionnaire général ne connaît encore que la prononciation par a, quoique l’Académie se soit abstenue, en 1878, pour hennir. Thurot avoue qu’on prononce aujourd’hui nenni et hennir par e; mais il ajoute qu’on prononce les deux n: je n’ai jamais entendu cela. Jenny se prononce encore beaucoup par a; mais la prononciation par e se répand de plus en plus.

[190] C’est le même phénomène qui s’est produit dans fouet ou fouetter, et qui est en voie de se produire dans couenne et couette. Les adverbes en -emment sont inaltérables, à cause du voisinage constant de leurs primitifs en -ent; mais rouennerie, sinon rouennais, est mal protégé par Rouen.

[191] Michaëlis et Passy, qui admettent cette prononciation, admettent aussi qu’rir pour quérir: je me demande dans quel faubourg ils ont pris cette prononciation patoise.

[192] Alleluia, et cetera, confiteor, deleatur, libera, exeat, memento, miserere, nota bene, te deum, Unigenitus, veto, et à fortiori vade mecum et rebus, qui sont francisés. On ferait bien pourtant de fermer l’e, même non final, dans beaucoup de mots latins où il est long: credo, Remus, amant alterna Came, cedant arma togæ, delenda Carthago, experto crede Roberto, habemus confitentem reum, in extremis, ne varietur, veni vidi vici, etc.

[193] De même Œdipe, Œnone, Œta, Mœris, Ægos-Potamos, Pæstum, Lætitia, etc. Il ne faut donc pas confondre l’œ latin d’Œdipe, avec l’œ allemand de Gœthe, dont nous allons parler: édipe, et non eudipe, comme on l’entend parfois. Pour œ suivi d’u, voir eu. L’e ne doit pas se prononcer dans Co(ë)tlogon, et l’on prétend qu’il se prononce oi dans Tréville.

[194] Il y a de même un e mi-ouvert dans des noms italiens ou espagnols comme Angelo, Barberini, Bolsena, Cabrera ou Caprera, Consuelo, Montebello, Monte-Cristo, Montecuculli, Montenegro, Montevideo, Montezuma, Pontecorvo, Puebla, Serao, Torre del Greco, Calderon, Lop(e) de Vega, Venezuela, Vera Cruz, et aussi dans des noms allemands ou anglais comme Remington, Weser, ou d’autres pays comme Cameroun, Skobelef ou Tourguenef, Swedenborg, etc. On notera qu’il est généralement fermé dans les noms allemands, quand il est initial, comme dans Bebel, Ebers, Lenau, Reber, Weber.

[195] Il se prononce alors comme l’e muet (eu), mais extrêmement bref et presque insensible, encore plus faible que dans les finales en -et, -en ou -er; ainsi dans Esch(e)nbach, Fürst(e)nberg ou Fahr(e)nheit. De même dans l’anglais Syd(e)nham, ou même gard(e)n-party; sans parler de le qu’on intervertit, comme dans gentleman, prononcé djent(e)lman, ou steeple-chase, prononcé stîp(e)ltchèse, ou Castlerea(gh), etc.

[196] Ce tréma représente en effet un e primitif.

[197] Par exemple dans Frœschwiller (au contraire de Wœrth), dans Kœchlin, Rœderer, Schœffer, Schœlcher. Dans Rœderer, quelques historiens voudraient remplacer par reu, mais dans le commerce des vins, on prononce uniquement . Cette prononciation par é est encore admissible ou tolérable dans Kœnigsberg, quoiqu’on prononce plutôt keunixbergue.

[198] Comme dans Gro-ënland, ou même Féro-ë.

[199] Ainsi Gœthe, qu’on écrivait autrefois et qu’on a prononcé parfois Go-ëthe (Th. Gautier le faisait rimer régulièrement avec poète), se prononce aujourd’hui toujours gheute (comme meute): ce nom, comme celui de Shakespeare, appris par l’oreille autant que par l’œil à cause de sa grande notoriété, s’est imposé partout avec sa prononciation véritable, à peu près tout au moins, l’e final étant muet chez nous. On prononce de même eu dans d’autres noms allemands ou scandinaves, qui ne sont guère employés que par des gens instruits, comme Bjœrnstierne Bjœrnson, Bœckh, Bœcklin, Bœhm, Gœthen, Dœllinger, Gœttingue, Gœtz, Jonkœping, Kœnigsberg et autres mots commençant par Kœnigs-, Kœrner, Malmœ, Maëlstrœm, Nordenskiœld, Œlenschlager, Rœntgen, Schœnbrunn, Schœngauer, Tœpffer, Tromsœ, Wœrth, etc.

[200] Qu’il me soit permis de dire ici, en passant, que le pluriel, de lied, puisque lied est francisé, doit être lieds et non lieder, auquel s’obstinent les musiciens. C’est en général un travers assez pédantesque que d’aller chercher le pluriel des mots dans la langue d’où ils sont tirés. Lieder a pour excuse qu’il est peut-être plus employé que le singulier, au moins en musique, où il sert de titre à beaucoup d’œuvres très importantes; aussi est-il sans doute moins ridicule que sanatoria, mais il est de même ordre. Pourquoi pas des harmonia ou des pensa? Tel journaliste, qui s’est par hasard égaré en Algérie, nous apprend que Touareg est un pluriel, et qu’au singulier il faut dire Targui; et que le pluriel de chérif est chorfa! Félicitons-le bien sincèrement de sa science toute fraîche, mais les gens qui parlent simplement français n’hésiteront pas à dire: un Touareg, des Touaregs, puisque c’est le pluriel ici qui est francisé, et des chérifs, et aussi un li(e)d, des li(e)ds, le singulier étant suffisamment connu. On peut évidemment établir une différence entre le sens musical et le sens littéraire; mais vraiment est-il admissible que ce mot ait deux pluriels, lieds quand on parle de Gœthe, et lieder quand on parle de Schubert?

Les autres mots où l’e allonge l’i sont des noms propres: Bjœrnsti(e)rne, Di(e)z, Elzevi(e)r, écrit aussi Elzévir, Fi(e)lding, Fri(e)dlingen, Gri(e)g, Ki(e)l, Li(e)bknecht, Ni(e)belung, Ni(e)buhr, Ni(e)dermeyer, Ni(e)tzche, Ki(e)pert, Ri(e)sener, Schli(e)mann, Si(e)gfried, Si(e)gmund, Spi(e)lberg, Ti(e)ck, Wi(e)land, Wi(e)sbaden, Zi(e)m, etc., et tous les noms anglais terminés en -field. Il est pourtant difficile de ne pas admettre ou tolérer Fri-ed-land, en trois syllabes: en tout cas la plupart des Parisiens ne connaissent que l’Avenue de Fri-ed-land. L’e se prononce aussi, à tort ou à raison, dans Van Swieten, Liebig et Brienz; plus correctement dans Sienkiewicz, Mickiewicz, Sobieski, Sien-Reap, et aussi dans Nield et Dierx, à fortiori. Il se prononce également dans les noms des langues romanes, comme Fieschi (et Fiesque), Fiesole, Tiepolo, Oviedo, etc.

[201] Peer Gynt, Scheele, Seeland, Steen, Van der Meer; Pourtant Beethoven n’a plus en français qu’un e bref mi-ouvert.

[202] Et dans Aberdeen, Beecher Stowe, Flamsteed, Gretna Green, Greenwich, Leeds, Queensland, Queenstown, Seeley, Tennessee, etc.; mais on admet é dans Dundee.

[203] L’oe flamand se prononcerait correctement ou dans des mots comme Boers, Boerhaave, Goes, Moers, Woevre, mais cette prononciation est trop éloignée de l’usage français, et nous prononçons généralement Bo-ers, Bo-erhaave, etc. Nous germanisons même Bloemfontein en Bleumfontaïn. Mais Woëvre se prononce surtout Voivre, et s’écrit même de cette façon.

A côté de l’o avec trémas (eu), l’allemand a aussi un a avec tréma, que nous transcrivons également tantôt par æ liés, tantôt par , et qui se prononce comme è ouvert moyen ou même bref: Auerstæd(t), Bædek(e)r, Hæckel, Hændel, Hænsel et Gretel, Lænsberg, Mælzel, etc. Toutefois Lænsberg se prononce encore lansber. D’autre part se prononce comme a long dans Mstricht et Mlstrœm, Ruysdl, Mᵐᵉ de Stl et Gevrt; Jordns et Saint-Sns se prononcent par an: voir aux nasales.

L’e est distinct de l’a dans Laënnec, Gaëte, Paër, etc., et même sans tréma, dans Laeken ou Maes, et peut-être Paesiello. Maeterlinck (et non ) doit se prononcer ma et non .

[204] Si ce livre était un livre de phonétique, nous aurions traité le groupe ai ou ei avec l’e, car ils ne font qu’un: ai ou ei, jadis diphtongues, comme oi, ne sont plus que des graphies surannées, qui disparaîtraient, s’il y avait quelque logique dans l’orthographe. On écrit bien effet et préfet: pourquoi pas aussi bien parfet ou satisfet, puisque l’étymologie est la même, ou à peu près, et la prononciation identique? Pratiquement, et l’orthographe étant ce qu’elle est, il a paru préférable de maintenir la distinction.

[205] Cette prononciation est naturellement celle de Victor Hugo:

....... L’univers disloqué,
Mal sorti du chaos, penche et se cogne au quai.
Religion et Religions, I, 4.
Il était si crûment dans les excès plon
Qu’il était dénoncé par la caille et le geai.
Lég. des Siècles, le Satyre.

Pourtant, V. Hugo lui-même a fait rimer quais au pluriel avec laquais (voir Lég., la Colère du bronze) et avec expliquais:

Je l’aimais, je l’avais acheté sur les quais,
Et parfois aux marmots pensifs je l’expliquais.
Art d’être grand-père, VI, 8.

Aujourd’hui on fera mieux de faire rimer quai avec expliquait, même au singulier, ou geai avec plongeait ou même projet. On ne saurait toutefois approuver cette rime de Mᵐᵉ de Noailles:

La poussière dorée au plafond voltigeait:
Je t’expliquais parfois cette peine que j’ai.
Ombre des jours, V, l’Adolescence.

J’ai est encore fermé aujourd’hui à peu près partout.

[206] Les poètes, toujours traditionnalistes, font encore rimer parfois mai avec aimé; mais cela ne rime plus.

[207] On le trouve encore dans V. Hugo, où il surprend déjà:

Tout ce que je sais,
C’est que des peuples noirs devant moi sont passés.
Le Petit Roi de Galice, VIII.

[208] Voir Banville Diane au bois, acte I, scène 1:

Le bon tour! O doux vin par le soleil moiré,
Sois tranquille, je t’ai volé, je te boirai!

Cette rime fut excellente, mais ne s’impose plus du tout.

[209] On devrait aussi écrire ponet, puisque ce mot a pris un féminin, qui est ponette.

Ay final n’existe plus en français que dans les noms propres, où il a le même son que ai; ainsi, dans Belley ou Du Bellay, ey et ay sont plus ouverts que l’e qui précède: on prononçait bèlé, on prononce bélè et aussi belè. De même Seignelay, Epernay, Sarcey, etc., et aussi Bombay, Macaulay, Berkeley, Stanley, Bidpay ou Pilpay, comme Jokai ou Tokay. Briey se prononce aussi Bri-yi. Dans certaines localités méridionales, comme Hay, Tournay et Espoey, l’y grec se prononce à part, comme si la finale était a-ye ou e-ye. Quant à Pompéi, on le francise encore le plus souvent en lui donnant trois syllabes: Pompé-ï; mais la vraie prononciation est en deux, étant en réalité une diphtongue qui se prononce comme dans paye; cette prononciation, adoptée par les voyageurs qui ont vu le pays, a des chances de se répandre, depuis que des noms tels que Tolstoï nous ont habitués à ce genre de finales. On peut en dire autant de Mafféi. Véies aussi vaut mieux prononcé comme veille, que Vé-ies, en deux syllabes.

[210]

J’étais l’Arioste et l’Homère
D’un poème éclos d’un seul jet;
Pendant que je parlais, leur mère
Les regardait rire, et songeait.
V. Hugo, Contempl., IV, 9.

[211] Voir ce qui est dit page 56, à l’occasion des finales en ée. En tout cas -aie ne saurait être moins ouvert que -ai; par suite, dans La Fresnaye (car les noms propres ont gardé l’y), c’est la dernière syllabe qui est la plus ouverte, et l’e long de frêne (fresne) se ferme ici à moitié: prononcez énè plutôt que èné.

[212] On peut même dire que parfaite rime mieux avec estafette qu’avec fte, et même prophète. Il en est de même de vous faites, que les poètes seuls prennent la liberté d’allonger:

Mais songez à ce que vous faites!
Hélas! cet ange au front si beau,
Quand vous m’appelez à vos fêtes,
Peut-être a froid dans son tombeau.
V. Hugo, Contempl., IV, 9.

[213] Qui devrait aussi s’écrire sèche (sépia); ces mots sont à distinguer de frche et lche, qui ont perdu l’s, et auraient pu aussi bien s’écrire frêche et lêche: toutes ces orthographes sont absolument arbitraires.

[214] Ce mot est méridional, et les gens du Nord n’ont pas le droit de l’altérer, comme fait le Dictionnaire général, en faisant ai long.

[215]

Je ne daigne plus même, en ma sombre paresse,
Répondre à l’envieux dont la bouche me nuit.
O Seigneur! ouvrez-moi les portes de la nuit,
Afin que je m’en aille et que je disparaisse.
V. Hugo, Contempl., IV, 14.

[216] Ai est encore long dans Alais, qui se prononce comme les mots en -ès, et s’écrit du reste, maintenant, Alès.

[217] De même Leyde et Mayne-Reid, que nous francisons. Au contraire Thomas Reid se prononce Rîd. Voir page 47 ce que nous avons dit de roide.

[218] Tandis que La Haye, Saint-Germain-en-Laye, La Fresnaye, Houssaye, etc., n’ont que le son è, comme les mots en -aie. Ne pas confondre ces noms avec ceux où l’a reste séparé de l’y, comme Bla-ye: voir plus loin, aux semi-voyelles.

[219] Pour aigne prononcé agne, voir plus loin.

[220] Mais non pas -ail prononcé à l’anglaise, dans rail (rèl), cock-tail et mail-coach. Bayle et Beyle sont douteux, mais plutôt brefs. Il va sans dire que les poètes ne se gênent pas pour allonger les finales en elle afin de rimer avec aile:

Comme un géant en sentinelle,
Couvrant la ville de mon aile,
Dans une attitude éternelle
De génie et de majesté!
V. Hugo, Feuilles d’aut., VIII.

[221]

L’air est plein d’un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines,
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés.
V. Hugo, Orient., les Djinns.

Chaîne est pour chaeine; mais faîne et traîne auraient pu se passer de l’accent. Ai(s)ne a gardé son s, comme Duche(s)ne ou Duque(s)ne.

[222] Et aussi Sedaine, tandis que les autres, Verlaine ou Madeleine, Maine ou Germaine, Lorraine ou Touraine, Seine ou Bazaine, Taine, Aquitaine, La Fontaine, tendent à allonger leur finale.

[223] Et aussi les noms propres, Le Caire, Beaucaire, Baudelaire, Bélisaire, etc., avec Buenos-Ayres, que nous francisons; Nicaise, La Chaise, Falaise, Vaise, etc.

[224] Voir ci-dessus, page 64, et note 1, et plus loin, page 131.

[225] L’orthographe de treize et seize est tout à fait arbitraire.

[226] Ce sont mtre, ntre, ptre, partre et trtre qui ont perdu leur s; rtre aussi, mais ce mot, qui venait de l’allemand reiter, n’avait d’s que par analogie avec les autres.

[227] Il est même fermé, comme on l’a vu plus haut, pour ceux qui prononcent gai fermé.

[228] Il n’est pas rare à Paris d’entendre l’e fermé jusque dans maison ou raison; mais cette prononciation me paraît purement faubourienne.

Les groupes ay et ey, conservés à l’intérieur des noms propres devant une consonne, se prononcent aussi è, plus ou moins bref ou long, suivant les cas, dans les noms français: Aveyron, Aymon, Caylus, Dalayrac, Feydeau, Freycinet, Gleyre, Raynal, etc., et même Taygète, comme Reiset ou Meissonnier. Mais Talleyrand se prononce Tal’ran. Dans le Midi, au contraire, ey se prononce eye dans Eymet, Seyne, Peyr(eh)orade, etc.

[229] Voir plus haut, page 45. L’abbé Rousselot accueille encore doirière.

[230] Voir plus haut, page 48.

[231] C’est pour les noms propres surtout qu’il y a eu longtemps hésitation. Ainsi le nom de Montaigne était à l’origine le même mot que montagne et se prononçait de même; mais tandis que monta-igne, nom commun, perdait son i, Monta-igne, nom propre, gardait le sien, parce que les noms de personnes conservent mieux que les autres mots leur orthographe ancienne: nous en verrons de nombreux exemples; néanmoins sa prononciation s’est longtemps maintenue, grâce sans doute au voisinage du nom commun: par exemple, Delille non seulement prononce, mais écrit partout Montagne, notamment à la rime; mais la prononciation du nom a tout de même fini par s’altérer au cours du XIXᵉ siècle: aujourd’hui tout le monde ou à peu près prononce Montaigne, comme il est écrit; la prononciation par a est considérée comme surannée et serait à peine comprise. Champagne, au contraire, nom à demi commun, a perdu son i, comme Bretagne, sauf parfois dans Philippe de Champaigne, qu’on est tenté d’altérer; mais pourquoi ne pas écrire toujours Philippe de Champagne? cela supprimerait toute difficulté. Sardaigne, moins commun en France que Bretagne ou Champagne, a gardé son i: aussi prononce-t-on ai. De même aujourd’hui dans Cavaignac. Toutefois, dans Saint-Aignan, les diverses prononciations locales sont généralement agnan.

[232] On prononce également par e mi-ouvert l’anglais Reynolds, Seymour, Taylor ou Ceylan, Fairfax ou Ralei(gh), ou encore Leicester, qui est souvent germanisé à tort en . On prononce encore de même Aureng-Zeyb, Beyrouth, Buenos-Ayres, Bayreuth, Laybach et aussi Valparaiso, et même Meinam. En revanche, on prononce l’i (ou y) à part, mais en diphtongue naturellement, dans Héphaistos ou Poséidôn, prononcés à la grecque, dans Maimonide, Kaisarieh ou Kaiserslautern et Baylen, dans Almeida, Peixota, Zeila, etc., et même Leitha, parce qu’allemand. Dans Ha-ydée ou Ha-ydn, on sépare les voyelles. Au contraire Sgon devrait s’écrire Saigon, puisque tous les Européens du pays ont adopté, à tort ou à raison, la prononciation ségon.

[233] Quelques noms propres francisent ei en e ouvert: Henri Heine, Eiffel, Schneider, Leibniz, Leipzig, Reischoffen, et aussi Eylau, van Eyck, Dreyfus; la plupart gardent le son allemand: Eisenach, Eisleben, Fahrenheit, Freia, Freischütz, Geibel, Geissler, Heidelberg, Kleist, Meiningen, Meister et Meistersinger (les personnes qui ne savent pas l’allemand feront mieux de dire Maîtres chanteurs), Reicha, Reichstadt, Reisebilder, Schleiermacher, Schweinfurth et les mots en -ein et -eim, et aussi, avec un y, Freytag, Heyse, Van der Heyden, Van der Weyden, et tous les noms moins connus.

[234] Avec la manie de diérèse qui est la plaie de notre versification, V. Hugo a fait geyser et kayser de trois syllabes l’un et l’autre, dans l’un de ses poèmes les plus fameux, Eviradnus (VI et XVI):

Des ge-ysers du pôle aux cités transalpines...
Que Joss fût ka-yser et que Zèno fût roi...

Il en fait d’ailleurs autant pour Heidelberg et pour bairam (Ane, V, et Quatre Vents de l’Esprit, III, 2)... sans parler de Shylock, écrit et prononcé Sha-ï-lock. Il faut bien se garder de décomposer ces diphtongues.

[235] Ce groupe, d’abord diphtongue, n’a achevé qu’au XVIᵉ siècle de devenir voyelle simple.

Eu s’écrit assez sottement œu, sous prétexte d’étymologie dans vœu, œuvre, etc.; il se réduit à œ dans œil et ses dérivés; il s’intervertit même en ue dans les mots en -cueil et -gueil.

[236] Il y a aussi des noms propres: Boïeldieu, Richelieu, Chaulieu, Montesquieu, Saint-Leu, etc. Pour les mots en eue, voir plus haut, page 56.

[237] Et les noms propres Andrieux, Des Grieux, Dreux, Évreux, auxquels on peut joindre Saint-Brieu(c) et Yseu(lt).

[238] C’est ainsi qu’on disait correctement, naguère encore, un œu(f) frais, un œu(f) dur, un œu(f) rouge, avec eu fermé, comme on dit encore aujourd’hui Neu(f)château, Neu(f)-Brisach, etc.

[239] Pour plus de détails sur l’f final, voir à la lettre F.

[240] Voir sur ce point le chapitre de l’R. Cette prononciation n’avait d’ailleurs rien de si extraordinaire: aujourd’hui c’est dans les mots en -er et -ier qu’on n’entend plus l’r: aime(r), premie(r). Nous allons revenir sur les mots en eur.

[241] Y compris Meuse, Creuse, Greuze, Chevreuse, etc.

[242] Eun, sans e muet final, est nasal dans à j(e)un et Jean de M(e)un(g).

[243] Ajoutez les noms propres Eudes, Pentateuque, Maubeuge, Reuss, Bayreuth (cf. Gœthe ou Bœhm), et surtout les noms grecs en -eus, Zeus, Orpheus, Prométheus, et même basileus. Quand ces noms en -eus commencèrent à être introduits dans la littérature, initiative qui revient à Leconte de Lisle, Victor Hugo voulut suivre le mouvement, comme d’habitude; mais comme il savait fort peu de grec, il crut voir dans ces mots la finale latine us, et il fit de Zeus deux syllabes:

Zéus Jupiter vint, la main d’éclairs chargée,
Et lui cria: Sois pierre, ô monstre! Et le géant
Vit Zéus, devint roche et s’arrêta béant.
La Fin de Satan, strophe troisième.

On trouve la même prosodie dans Religion et Religions et dans l’Ane. Pourtant V. Hugo a fait Zeus monosyllabe dans Dieu.

[244] Et les noms propres en -beuf: Babeuf, Brébeuf, Rutebeuf, Elbeuf, Marbeuf.

[245] Avec Chevreul, Saint-Acheul. Malgré Michaëlis et Passy, on ne saurait fermer gueule; tout au plus gueulard, quoique ce soit bien trivial.

[246] Sans parler de heurte, Meurthe et meurtre, et même Leuctres et Polyeucte, suivant le principe général: voir page 38; mais la prononciation savante ferme parfois eu dans ces deux mots.

[247] Au XVIᵉ siècle, on écrivait non seulement ueil pour œil, mais dueil, fueille, etc. A Verneuil, Montreuil, Auteuil, etc., on ajoutera Arcueil, Argueil, Bourgueil, Longueil, Montorgueil, etc., et Bueil, tandis que Rueil appartient à une autre catégorie. Santeul a aussi la finale mouillée, et Choiseul l’a eue.

[248] Veux-je serait peut-être long en même temps qu’ouvert, mais la vérité est qu’on ne l’emploie pas. Nous avons dit que Maubeuge avait eu fermé.

[249] Ainsi que Eure et Soleure, Feurs et Mercœur, etc.

[250] Faucheux n’est aussi qu’un doublet de faucheur. Inversement le peuple dit volontiers au lieur de, pour au lieu de.

[251] Avec Sainte-Beuve, Villeneuve, Terre-Neuve, etc.

[252] Veuve fermé, admis par Michaëlis et Passy, est absolument incorrect, malgré l’analogie de neuf heures.

[253] Voir au chapitre du G.

[254] C’est le même e, inutile aujourd’hui, qu’on trouve dans asseoir (à côté de choir pour cheoir), ou dans Jean et Jeanne.

[255] Michaëlis et Passy enregistrent aussi, et admettent par conséquent eu fermé dans breuvage et dans pleurer: c’est une prononciation qu’on ne doit pas entendre souvent.

[256] Ainsi l’eu de jne, déjà moins long dans jner et encore moins dans déjeuner, qui n’a plus d’accent, y devient si bref dans certaines provinces, qu’on l’y traite comme un e muet: déj’né; mais ceci est vraiment excessif, quoique enregistré encore par Michaëlis et Passy.

[257] Il faut excepter Europe et européen, et naturellement Eure-et-Loir; mais eu est fermé malgré l’r, dans les noms anciens, à prononciation savante, dans Euripide, Eurotas, Euryanthe, Euryclée, Eurydice, Eurysthée, aussi bien que dans Eubée, Eucharis, Euclide, Eudoxie, Eudore, Euler, Eumée, Euménides, Eumolpe, Eupatoria, Eupatride, Euphrate, Eupolis, Eusèbe, Eustache, Euterpe, Eutrope, Eutychès, etc. Il tend à s’ouvrir dans les plus connus de ces mots, comme Euphrate ou Eustache, et il est moins fermé dans Eugène que dans Eugénie, parce que, dans Eugène, il tend à s’abréger par le voisinage de la tonique longue, comme dans peut-être. D’autre part, les faubourgs disent volontiers Ugène, Ugénie, Ulalie, et cette prononciation, qui fut correcte, comme Ustache, Urope, hureux, et beaucoup d’autres, le serait encore, comme celle de vu pour veü, ou simplement comme celle de j’ai (e)u, sans l’influence de l’écriture qui a prévalu: ainsi Eure rime avec nature et avec structure, dans la Henriade, VIII, 55-56, et IX, 125-126. Cf. bleu et bluet, heure et lurette, leurre et délu, meute et mutin. Mimeure même, paraît-il, se prononce encore par u.

[258] De même dans Beuchot, Beu, Beudant et Beugnot, Ceuta, Deucalion, Feuchère, La Feuillade, Feuillet et Feuquières, Meurice (malgré l’r), Neubourg, Neuilly, Manteuffel et Teutatès. Mais eu est ouvert dans Beurnonville, moins ouvert dans Fleurus ou Fleury.

[259] On devrait le faire un peu plus long dans Vanlo(o) et Waterlo(o), puisqu’il en représente deux, mais nos finales ne comportent pas ces distinctions. L’o final italien s’est souvent francisé en e, comme dans Guido, devenu Guide, ou est tombé purement et simplement comme dans Perugino, devenu Pérugin; il s’est maintenu dans André del Sarto, mais le plus souvent on ne le prononce pas.

[260] Ceux-là se prononcent exactement comme clôt, dépôt (avec entrepôt, impôt et suppôt), rôt, tôt et prévôt, qui ont perdu l’s, et Prévo(s)t, qui l’a gardé.

[261] Et même Goths, ainsi que beaucoup d’autres noms propres: Didot, Renaudot, Carnot, Guizot, etc. Les poètes ne font pas ces distinctions, et les mots en -ot ou -ots riment tous aujourd’hui couramment avec les mots en -eau:

Le faubourg Saint-Antoine accourant en sabots,
Et ce grand peuple, ainsi qu’un spectre des tombeaux,
Sortant tout effaré de son antique opprobre.
V. Hugo, Contempl., V. 3.

[262] Il en est exactement de même dans telles expressions toutes faites, comme aller au trot, ou dans tel nom propre, comme Renaudot.

[263] Avec palinod et quelques noms propres en -od, comme Pernod et Gounod.

[264] Le français avait autrefois la finale muette oe (Pirithoe, redevenu Pirithoüs, coe devenu queue, ou roe devenu roue), et sans doute elle était longue. L’o est la seule voyelle fermée qui ait perdu sa finale féminine (cf. -ie, -ue, -oue, -ée, -eue); mais nous la retrouvons dans quelques noms anglais: voir plus haut, page 53. L’o final suédois, avec tréma, se prononce eu, et s’écrit d’ordinaire œ, comme dans les mots allemands: voir page 76.

[265] C’était sans doute pour empêcher qu’on ne s’y trompât, que Fabre d’Églantine, d’origine méridionale, a cru devoir mettre un accent circonflexe aux jolis mots qu’il inventa pour le calendrier: pluviôse, ventôse et nivôse; un homme du Nord n’en aurait pas eu l’idée.

[266] Nous ne parlons pas non plus ici des finales dont il est question page 38: docte et dogme, golfe et révolte, absorbe, écorche et informe, morne, morse et morte, paradoxe, etc., ont toujours l’o bref ou moyen.

[267] De même Maroc, Enoch, Bankok, Shylock, Locke ou Archiloque; Eliot, Scott, Naboth, Hérodote, don Quichotte, La Mothe; Ésope; Romanof, Malakoff, Christophe; Antioche; Thanatos, Cappadoce, Écosse.

Côte, hôte et ôte ont perdu un s, ainsi que Pentecôte, qu’on a longtemps ouvert, mais qu’il vaut mieux fermer.

[268] En revanche, chez le boucher, on dit volontiers des os avec o ouvert, comme au singulier, et de même désosser, la distinction étant trop délicate. Sans aller jusque-là, il est assez naturel de dire un paquet d’os (o fermé) plutôt que un paquet d’o(s).

[269] Le Dictionnaire général l’ouvre (à volonté dans albinos), mais cela, c’est peut-être la théorie plutôt que la pratique. Michaëlis et Passy l’ouvrent aussi, mais en le faisant long: cette fois je ne comprends plus. L’o est fermé également dans les noms de cigares, trabucos, crapulos, etc., et dans les accusatifs latins, intra muros, benedicat vos, et par conséquent salvanos; également dans Calvados, Burgos, don Carlos, Cornélius Népos et Hyesos.

[270] Il en est de même pour les noms propres. Beaucoup d’entre eux ont remplacé simplement la forme latinisée en -us, seule usitée autrefois, comme Laïos, Danaos ou Phœbos. Pour ceux-là, l’o doit être et est toujours ouvert et bref. Pour les autres, c’est encore l’étymologie qui devrait déterminer la prononciation, puisque ces mots appartiennent uniquement à la science ou à l’érudition. On devrait donc fermer l’o seulement chez ceux qui en grec ont un oméga, Eos, Cos, Argos, Minos, Eros, Athos (réservant Athos avec o ouvert pour l’ami de Porthos et de d’Artagnan). Or ceux-là sont le petit nombre; et on devrait ouvrir l’o chez les autres, Lesbos, Ténédos, Paphos, Délos, Samos, Pathmos, Lemnos, Claros, Paros, Naxos, etc. Malheureusement ceux qui ferment l’o de pathos ne manquent pas de fermer celui de Lesbos, Pathmos ou Paros.

[271] Cependant alco-olisme garde les o séparés, comme Bo-oz ou zo-ologie, qui ne sont pas des mots populaires.

[272] Suivant son principe, le Dictionnaire général fait o ouvert, mais long, dans les finales -oge, -ove et -ogne. L’accent circonflexe s’est mis dans geôle et enjôle, dans môle, pôle, rôle et contrôle, drôle, frôle, trôle et tôle, ainsi que dans rôde et alcôve: ce fut arbitraire et pas toujours justifié. En tout cas cela est, et si Corneille a pu, en son temps, faire rimer rôle et pôle, qui n’avaient point d’accent, avec parole, ces rimes sont détestables dans V. Hugo.

Kohl a aussi l’o fermé, à cause de l’h. Doge a été longtemps long et fermé, ainsi que globe et lobe, qui étaient d’abord des mots savants: tous ont suivi depuis l’analogie des autres. L’o est également ouvert et suffisamment bref dans Jacob ou Déiphobe, Nemrod ou Hérode, Magog ou La Hogue, Tirol ou Arcole, Norodom, Rome et Somme, Edison, Bonn, Antigone et Lisbonne et même Limoges. Il est un peu plus long dans Laure de Noves ou Dordogne. Vo(s)ges, qui a gardé son s, a l’o long et fermé.

[273] On y joignait généralement Rome, qui pour ce motif s’est longtemps écrit avec deux m.

[274] De même Deutéronome, Chrysostome et Sodome, à côté de Rome, qui gardait seul l’o ouvert.

[275] S’ajoutant à diplôme et symptôme, qui auraient pu s’en passer aussi bien qu’idiome et axiome. L’accent est encore dans chôme (par confusion sans doute, car on écrivait chomme bref à l’origine), dans le mot populaire môme, dans fantôme, qui a perdu son s, et dans Côme, Pacôme, Puy-de-Dôme, Vendôme, Jérôme, Drôme, Brantôme.

[276] Sauf peut-être sur majordome. Le Dictionnaire général fait aussi l’o ouvert dans prodrome et hippodrome, tome et atome, et Deutéronome; mais c’est manifestement l’étymologie qui le guide, car ces mots sont encore loin d’être indiscutés.

[277] Le Dictionnaire général fait l’o fermé dans amome et ouvert dans cardamome et cinnamome. L’opinion a pu changer au cours de l’impression.

[278] Il y a encore quelques termes de médecine qui ferment l’o, comme sarcome, fibrome, etc. Mais il faut bien que chrome suive polychrome, et il entraînera avec lui brome et bromure, à qui le Dictionnaire général donne déjà un o ouvert. L’o n’est plus fermé à peu près régulièrement que dans Chrysostome, sans raison d’ailleurs.

[279] De même que dans Babylone, Dodone et Pomone, Bellone et Suétone.

[280] Pas davantage dans Antigone, Tisiphone ou Gorgone, qui longtemps eurent l’o long, comme Barcelone.

[281] Tous ces mots ont l’o ouvert dans le Dictionnaire général, ainsi qu’ozone, pour lequel Michaëlis et Passy admettent quatre prononciations différentes.

[282] Outre prône et trône, l’accent s’est mis sur cône et pylône, qui avaient l’o long; quant à aumône qui a perdu son s, son o s’était néanmoins ouvert, mais il est plutôt fermé aujourd’hui. L’o est bref aujourd’hui dans tous les noms propres en -one, même anglais, comme Gladstone ou Folkestone. Corneille ou Racine avaient le droit et le devoir de faire rimer Antigone ou Babylone avec trône; mais dans V. Hugo cela ne rime plus; et sans doute il se croyait autorisé par l’exemple des classiques, en quoi il se trompait radicalement. D’ailleurs il ne distingue pas, et fait constamment rimer trône avec couronne:

Quand il eut bien fait voir l’héritier de ses trônes
Aux vieilles nations comme aux vieilles couronnes,...

rime détestable, qu’on chercherait en vain chez les classiques, et qu’aucune prononciation ne saurait pallier.

Le seul nom propre en -one où l’o soit peut être long sans accent, c’est Hippone, qui est savant. Il est naturellement long dans Bône, Ancône, Rhône et Saône, avec Co(s)ne et Sain-Jean-de-Lo(s)ne, et aussi khitôn et Poseidôn. En revanche, beaucoup de personnes abrègent et ouvrent l’o même dans Mendelssohn, ce qui est encore une erreur, à cause de l’h.

[283] Dans les noms anciens ou étrangers l’o est ouvert: Booz, Badajoz. En France, la finale -oz, comme la finale -az, est assez fréquente dans les noms propres de l’antique pays des Allobroges, Dauphiné, Savoie, Valais. Mais la prononciation locale met plutôt l’accent sur la précédente, ou même la pénultième, selon la règle latine, et la dernière devient à peu près muette. Ainsi Berlioz se prononce berl mouillé (berlye en une syllabe). Le français ne saurait évidemment accepter cette accentuation, et dans le pays même on prononce aussi Berlio, sans articuler le z, et par suite avec o fermé. Cette prononciation aurait dû suffire; mais l’orthographe a réagi sur elle, comme d’habitude, et le z est passé définitivement dans l’usage; seulement le z amène beaucoup de gens à ouvrir l’o, comme dans Booz, malgré le son bien connu des finales en -ose.

[284] De même Médor, Cahors, Niort, Chambord, etc.

[285] Notre et votre ne sont que la forme atone de nôtre et vôtre, qui ont perdu leur s, ainsi qu’apôtre et patenôtre. L’o est également ouvert dans Thémistocle ou Locres, Constantinople ou Christofle, mais fermé dans Le Nôtre.

[286] De même Grenoble et Hanovre, dont l’o s’est également ouvert (comme partout devant v), quoi qu’en disent Michaëlis et Passy. Et c’est tant pis pour les poètes, car pauvre n’a plus de rime, sauf à Marseille.

[287] On notera ici aussi que des mots comme conique ou conifère, drolatique, polaire, diplomate et ses dérivés, ou symptomatique, n’ont pas conservé l’accent circonflexe du simple, qui n’est qu’un signe arbitraire de quantité; aussi n’ont-ils pas l’o fermé: voir ci-dessus, page 33, et page 73, note 1.

[288] L’o fermé qu’indiqué le Dictionnaire général est-il là pour l’accent circonflexe, ou est-il dû à une faute d’impression? En revanche Michaëlis-Passy et Ch. Nyrop veulent qu’hôtel ait l’o ouvert, ainsi que tous ses dérivés: je pense que cette prononciation, qui a été fort répandue, tend à disparaître, sans doute à cause de l’orthographe. De même pour prévôtal.

[289] Mais non dans osseux, ossuaire, ossifier, où les deux s se prononcent le plus souvent, et oss(e)let, où l’e est suivi de sl, pour l’oreille.

[290] Mais, malgré Michaëlis et Passy, il est plus souvent ouvert dans fossette, toujours dans fos-sile, surtout si l’on prononce les deux s, généralement dans fossoyer et fossoyeur.

[291] Beaucoup moins régulièrement, ou même rarement, malgré rosier, dans rosace, rosat, roséole, rosaire, roseau, rosette, et même rosière, si bien que rosier lui-même tend à s’ouvrir, ainsi qu’osier. O est encore long et fermé dans Boson ou Spinosa; mais il n’est guère fermé dans Joseph ou Joséphine, sauf à Paris.

[292] Et dans Phocion, et plus sûrement encore dans Procyon, comme dans Momus. Il est douteux dans Salomon. Il est fermé dans Ohnet ou Frohsdorf, par l’effet de l’h, mais il est ouvert dans Rothschild, par l’effet des deux consonnes tch; il est aussi à peu près ouvert aujourd’hui dans Cobourg, tout à fait dans Roland, Rollin ou Rollon.

[293] Michaëlis et Passy croient qu’on peut fermer l’o dans poney, et aussi dans toast, et même dans diagnostic! Il en résulte que pour eux poney a, comme ozone, quatre prononciations: pôné, pônè, poné, ponè: je ne connais pour ma part que la quatrième qui soit usitée.

[294] Et même dans gratis pro Deo, et encore, à cause de l’r sans doute, dans ad honores, ad valorem, coram populo, ou ad majorem Dei gloriam. On fera bien cependant de fermer quelques o latins, qui sont longs: donec eris felix, ex ungue leonem, finis coronat opus, in utroque jure, odi profanum vulgus, o tempora o mores, ore rotundo, proprio motu, quousque tandem, væ soli; en revanche il faudra faire bref et ouvert l’o de tu quoque, qu’on ferme souvent, très mal à propos.

[295] Cf. maman, page 39. Le Dictionnaire général ouvre le premier o de ces mots (les deux premiers dans rococo).

[296] Voir plus loin, à la fin du chapitre des semi-voyelles, page 199 et la note.

[297] Et dans quelques noms propres anciens, comme Bo-oz, et aussi bien Démopho-on ou Laoco-on, qui autrefois se contractaient.

[298] L’o tend vers eu ouvert et très bref dans les noms propres en -son et -ton, non francisés, comme Addis(o)n, Emers(o)n, Palmerst(o)n, et aussi bien Beac(o)nsfield; on peut cependant le prononcer un peu plus en français qu’en anglais.

[299] De même dans Atwood, Booth, Brooklyn, Cook, Cooper, Robin Hood, Lammermoor, Liverpool, Longwood, Moore, Rangoon, Woolwich, etc.

[300] Et dans Berg-op-Zoom, Cloots, Loos, Roosevelt, Roosebeke, aussi bien que dans Vanloo et Waterloo: où a-t-on vu qu’il fallait dire la prise de Berg-op-Zoum? Il en est de même dans le basque Puyoo. Le breton Broons se prononce Bron nasal, par contraction de bro-on. Pour ow, voir au W.

[301] Au est encore diphtongue au XVIᵉ siècle, et eau parfois triphtongue. Depuis le XVIIᵉ siècle, ce n’est plus qu’une voyelle simple.

[302] De même dans Beauveau ou Boileau, Regnaud, Escaut, Géricault ou La Rochefoucauld, Despréaux, Chenonceaux ou Roncevaux.

La finale eaue a aussi existé jadis (cf., p. 100) dans le substantif eaue, qui a précédé eau; elle a disparu depuis le XVIᵉ siècle.

[303] Au est de même fermé dans les noms propres: Aube, Claude, Gaule ou Beaune. Mais on ouvre toujours Paul, qui devrait s’écrire Pol. On ouvre même Népaul. Il est vrai que Paule est plus souvent fermé; mais il y a là quelque affectation. On ouvre aussi fatalement Faust, à cause des deux consonnes, mais ce n’est pas nécessaire. On ouvre également Auch dans le Midi: prononciation locale qui s’impose difficilement au Nord.

[304] Cf. l’espagnol toro ou torero. On sait que la diphtongue latine au devient régulièrement o en français, transformation qu’on trouvait déjà dans le bas latin. Or cet o a pu rester fermé devant s ou v: alose, chose, los, oser, clôture (pour closture), et aussi povre et pose, devenus pauvre et pause par réaction étymologique; mais devant r il s’est ouvert, témoin or, oriflamme, oripeau et dorer (qui tous se rattachent au latin aurum), ou encore oreille et ses dérivés (auricula) ou orage (aura), ou clore (claudere).

[305] On l’ouvre aussi en majorité dans Maures, qui s’écrit aussi Mores, et dans Faure, Dufaure, Laure, Roquelaure, Saint-Maur. Les érudits le ferment encore volontiers dans la plupart de ces mots, ainsi que dans Bucentaure, et dans Epidaure, Montmaur, Isaure, Lavaur, Métaure, qui sont moins populaires; mais ces mots eux-mêmes sont touchés. Ne faut-il pas d’ailleurs aider le poète à rimer?

Fatal oracle d’Épidaure,
Tu m’as dit: Les feuilles des bois
A tes yeux jauniront encore,
Mais c’est pour la dernière fois.

Ne pouvant fermer encore, il faut bien ouvrir Épidaure.

[306] Mais non dans ceux de valoir, malgré Michaëlis et Passy.

[307] Le Dictionnaire général ferme partout au initial, même dans aurore et augmenter! C’est évidemment l’étymologie et non l’expérience qui en a décidé.

[308] De même pour les noms propres: on ferme correctement Aurillac, malgré l’r, aussi bien que Auber, Audran, Augias, Auguste, Aulis, Aumale, Australie, Auteuil, Auvergne, Auxerre ou Saint-Aulaire; et Calaurie, Lauraguais, Laurent, Laurium, Maurepas, Maurice, Mauritanie, Maury, etc., aussi bien que Baudelaire, Baudin, Baudry, Beauvais, Caucase, Cauchy, Caudebec, Caulaincourt, Lausanne, Paulin, Pauline, Pourceaugnac, etc., ou même Chaucer. Notons en passant qu’au XVIIᵉ siècle les gens instruits prononçaient aftomate et même aftographe, sous prétexte d’étymologie grecque!

[309] De même dans Auerbach, Auerstædt, Augsbourg, Austerlitz, Eylau, Gauss, Glauber, Haguenau, Haussmann, Nassau, Naundorff, Rantzau, Rauch, Schopenhauer, Strauss, Zwickau. Autrement il se prononce ao, comme dans: Donau (Danube), ou aou, comme dans: Jungfrau, Hauptmann, Hohenstaufen, Kaufmann, Kaulbach, Kaunitz, Lenau, Münchausen, et les noms moins connus. L’anglais fait entendre un o ouvert dans Connau(gh)t.

[310] On avouera, d’ailleurs, que la différence qu’il peut y avoir entre les deux i de midi n’intéresse que la science, et n’a guère d’utilité pratique, si ce n’est pour les étrangers, et encore! Quant à i, u, ou, semi-voyelles, on en parlera dans un chapitre spécial.

[311] Le peuple dit volontiers et pis pour et puis.

[312] Corneille, Le Cid, acte III, scène 4.

[313] Castries se prononce Castre.

[314] Michaëlis et Passy trouvent qu’i est long dans les mots en is.

[315] Ce qui n’a pas empêché H. de Régnier de faire ri-i-ons de trois syllabes:

Nous ri-i-ons en regardant la parodie.
Jeux rustiques, la Grotte.

Il est vrai que dans le même volume il fait aussi naufrage-ri-ons de cinq syllabes (ibid., Péroraison).

Ici encore on ferait bien d’appuyer sur quelques i latins: ad vitam æternam, mirabile visu, in fine, in vino veritas.

[316] De même on sépare l’i dans des mots français ou francisés, comme Achae, Isae, A-ï, Sina-ï, Adona-ï, et aussi Godo-y. Shang-Haï n’est pas dans le même cas, et doit se prononcer uniquement en deux syllabes, l’i mouillant l’a, ou plutôt faisant fonction de semi-voyelle. De même Angelo Maï, Moulaï-Hafid, Ouadaï, Bosna-Seraï, et aussi Hokousaï, et d’autre part Hanoï ou Tolstoï, avec Croÿ, qui se prononce Crou-y. Le cas est exactement le même que celui de Pompéi et Véies, où l’accent aigu permet de ne pas employer le tréma: voir page 81, note de la page 80.

[317] On rattache souvent ce mot au fleurette français, dont les Anglais auraient jadis tiré leur flirt. Cette étymologie est plus que douteuse, et fleureter, qu’on lit quelquefois au lieu de flirter, est inutile autant que discutable.

[318] De même dans Bri(gh)t et Bri(gh)ton, Childe-Harold, Fife, United States, Wi(gh)t ou (W)ri(gh)t, et aussi Shylock et Wyoming. Girl se prononce gheurle.

[319] Pour baby, voir page 43, note 4. On prononce nécessairement i dans Cantorbéry, qui est la forme française de Canterbury (beuré); généralement aussi dans Salisbury, et très souvent dans Byron, prononciation très ancienne, et toujours parfaitement admissible pour ceux qui ne savent pas l’anglais. On hésite entre i et pour Carlyle; on prononce de préférence dans Hyde Park, Dryden, Clyde, et surtout Shylock; dans Byron, si l’on veut. Quant à Van Dyck, qui n’est pas anglais, c’est à tort qu’on le prononce souvent van’ daïc: ce serait plutôt van’ dèïc; mais le plus simple est de le franciser en i, comme on fait pour Zuiderzée.

[320] Et dans fût substantif et fût verbe, dans dû, mû, crû, et affût, comme dans (a)oût, ct, gt, dégt, ragt, mt et sal. Pour -ue et -oue, voir ce qui est dit page 56.

[321] Moins dans sur préposition, qui est proclitique, à moins qu’on ne dise, par exemple, j’aime mieux sous que sur.

[322] Il ne faut pas confondre les finales latines en -us, qui sont moyennes, avec les finales grecques en -eus: voir page 92, note 2.

[323] La Noue, auteur, bien avant Richelet, d’un excellent «Dictionnaire des Rimes» (1596), distinguait déjà fouille long et farfouille bref, et cette distinction n’a pas entièrement disparu.

[324] L’accent n’est pas plus sensible dans les prétérits en -ûmes et -ûtes que dans les autres. Il ne l’est guère dans bûche et embûche. Il ne peut pas l’être non plus dans mûr, mûre et sûr, puisque -ur est déjà long sans accent, ni dans piqûre, orthographe conventionnelle destinée à éviter le double u de piqu-ure.

[325] Il serait bon de faire longs quelques u latins: ab uno disce omnes, audaces fortuna juvat, dura lex sed lex, in utroque jure, nec pluribus impar.

[326] Il faut éviter avec le plus grand soin d’élider l’u de tu devant un verbe: cette prononciation révèle une éducation insuffisante. Il en est de même de aujord’hui pour aujourd’hui, et s’coupe pour soucoupe, qui s’entendent fréquemment dans le peuple. Dans la conversation très rapide et familière, on supprime souvent ou dans vous devant une voyelle: si v(ou)s avez, ainsi que dans t(ou)t à fait ou t(ou)t à l’heure, après une voyelle; ce n’est point à encourager.

[327] La finale -um était autrefois francisée en on nasal; par exemple, te Deum se prononçait tédéon. Cela dura jusqu’à la fin du XVIIIᵉ siècle, et l’on écrivait aussi bien on que um: on trouve matrimonion dans le Dépit amoureux, et Voltaire fait encore rimer palladium avec Ilion. Nous avons conservé quelques traces de cette prononciation. Si factotum, longtemps écrit factoton, a repris définitivement le son om, si factum ne se prononce plus facton, comme le voulait encore Mᵐᵉ Dupuis, en revanche, dictum, rogatum et totum sont devenus définitivement dicton, rogaton et toton. Aliboron est aussi pour Aliborum, dont l’origine est inconnue. Que dis-je? péplon, pour peplum, est encore dans le Dictionnaire général, mais en vérité on ne l’emploie plus.

[328] Ou en latin devant un autre m: consum-matum est, sum-mum jus, sum-ma injuria; mais num-mulite, et num-mulaire ont pris le son u.

[329] On prononce naturellement -um par o dans les noms propres latins: Latium, Herculanum, Pæstum, etc.; mais on prononce par u Vertumne, Dum-norix et Mum-mius. En Suisse romande, on dit même alboum, foroum, etc., comme en Suisse allemande ou italienne, suivant la véritable prononciation du latin.

[330] On vient d’en voir des exemples. L’u scandinave ou hollandais se prononce toutefois comme le nôtre: Uléa, Uméa, Utrecht.

[331] Ad libitum, qui s’emploie aussi en musique, ainsi que les mots précédants, n’est pas italien, mais latin, et se prononce par o, suivant la manière française de prononcer le latin.

[332] Nous francisons surtout une infinité de noms propres qu’il serait impossible d’énumérer, italiens ou espagnols aussi bien qu’allemands ou anglais. Même dans un nom comme Gervinus, il arrive qu’on prononce ghe à l’allemande et nus à la française. On hésite pour quelques-uns, comme Ur, Estramadure, Cherubini, Gluck, Kurdistan, Vera-Cruz, Yukon. On prononce toujours ou de préférence ou dans Abatucci, Carducci, Ciudad-Réal, Pulci et Yuste; dans John Bull et British Museum; dans Bochum, Carlsruhe, Fuchs, Gmund, Humperdinck, Jungfrau, Kotzebue, Krupp, Metzu, Munkaczy, Niebelung, Niebuhr, Rigikulm, Rubinstein, Ruhmkorff, Schubert (quoique on ne prononce pas le t), Schulhoff, Schumann, Siegmund, Suppé, Thun, Tugendbund, Uhland, Unterwalden, Wundt et Zug, et tous les noms en -burg; dans Bukovine, Lule-Bourgas et Uskub, dans Yusuf et Hammurabi, dans Pégu (écrit aussi Pégou), Bégum, Thugs, Chemulpo, Shoguns et Fusi-Yama, et à fortiori les noms moins connus. En France même, Banyuls se prononce par ou dans la région, ainsi que le golfe Juan. L’u ne se prononce pas dans l’italien buona, pas plus dans B(u)onaparte que dans B(u)onarotti, malgré les efforts des émigrés, ni dans e pur si m(u)ove ou galant(u)omo.

On remarquera que le cas de Schuber(t) est un admirable exemple de demi-francisation. Mais le cas de Gluck est bien particulier. Ce mot fut sans doute francisé au XVIIIᵉ siècle. Au XIXᵉ siècle, on s’imagina que gluc, prononciation courante, était aussi la prononciation allemande, et on se mit à écrire Glück, avec le tréma qui, en allemand, sert à distinguer u de ou. Mais jamais les Allemands n’ont écrit ni prononcé Glück. S’ensuit-il qu’il faille nécessairement prononcer glouc, comme font les spécialistes? En aucune façon, car on n’a pas affaire ici à une tradition établie, comme pour Schubert et Schumann. On a donc le choix; mais de quelque façon qu’on prononce, il faut écrire Gluck uniquement. Mais dans la prononciation de Kluck, il n’y a pas le choix. Beaucoup disent et écrivent: le général allemand von Klück, avec le tréma. C’est une faute. Et l’on doit prononcer Klouck.

[333] De même Burne Jones, Burns, les mots en -burn et -burne, Burton, Churchill, Ruskin, Russel, et les mots en -bury, encore que Salisbury puisse très bien être francisé par les personnes qui ne savent pas l’anglais. U initial se prononce iou dans David Hume, et dans United States (ce qui fait iounaïted).

[334] Avec quelques noms propres: Decamps, Fécamp, Longchamp, Deschamps, Colomb. De même Paimbeuf ou Gambetta. Cet m n’est en réalité qu’un n modifié, soit en latin, soit en français, pour s’accommoder à b, p, ou m, par exemple dans les composés de en: embarquer, emporter, emmener. L’m de triumvir ou décemvir n’étant pas dans ce cas, il n’y a point de nasale dans ces mots, qui gardent le son latin.

[335] On trouve aussi l’m exceptionnellement dans quelques noms propres: Chamfort et Chamlay, Domfront, Damrémont et Damville, et Samson, qui ont tous le son nasal, ainsi que Dommartin, où les éléments composants, dom et Martin, restent distincts, comme dans Maisonneuve.

[336] Avec Adam. Autrefois les finales en -am et -em, sauf l’interjection hem, étaient toutes nasalisées (même dans la prononciation du latin), aussi bien que les finales en -um: Abraham, Balaam, Roboam, rimaient avec océan, Jérusalem avec élan, comme Te Deum avec odéon.

Ce n’est qu’à partir du XVIIᵉ siècle qu’on commence à séparer l’m dans les finales en -am et -em; mais Voltaire fait encore rimer Balaam avec Canaan dans la Pucelle. De cette prononciation nasale, il est resté, comme on voit, peu de traces. On ne prononce plus guère quidam comme au temps de La Fontaine (kidan):

Ils allaient de leur œuf manger chacun sa part,
Quand un quidam parut...

Ce mot avait même alors un féminin, qui était quidane et non quidame; aujourd’hui on prononcerait plutôt kidame ou kuidame, à la manière dont nous prononçons le latin; mais le mot n’est plus guère employé. De même dam, que La Fontaine fait rimer avec clabaudant dans la fable du Renard anglais, n’appartient plus guère qu’au vocabulaire théologique: la peine du dam. Adam est, en définitive, le seul mot usuel en am qui ait gardé la finale nasale: il était trop populaire pour que sa prononciation pût être altérée, je veux dire défrancisée, comme l’a été celle d’Abraham, par exemple: il en est ainsi de tous les mots qui s’apprennent par l’oreille et non par l’œil. Macadam vient, il est vrai, de l’anglais Mac-Adam; mais Adam n’est pas nasal en anglais, et macadam, en qualité d’étranger, s’est francisé, sans nasaliser sa finale. On connaît l’anecdote de quanquam, autrefois prononcé kankan, comme quisquis était prononcé kiskis: la réforme de cette prononciation est due au fameux Ramus. Mais comme cette réforme avait été faite en dehors de la Sorbonne, les docteurs de Sorbonne menacèrent de la censure ecclésiastique ceux qui adopteraient la nouvelle prononciation. Aussi, un jeune prêtre, ayant négligé de prononcer kankan dans une thèse publique, vit la Sorbonne déclarer vacant un bénéfice considérable qu’il possédait. La question fut portée au Parlement, et il fallut l’intervention des professeurs du Collège Royal, Ramus en tête, pour prouver le ridicule de ce procès. On sait par ailleurs que c’est le grand usage du mot quanquam dans les discussions de l’école qui a donné naissance au mot cancan.

Les suffixes hem et hen, qui terminent beaucoup de noms de lieu dans le nord de la France, nasalisent en an ou in: Elinehem, Tournehem font: Elinan, Tournan.

[337] Ces mots s’écrivaient par un n au moyen âge, et c’est la réaction étymologique qui leur a rendu un m; mais le féminin de daim est toujours daine, et même dine (formé du son din). Ne pas confondre étaim avec étain. Il faut ajouter ici Joachim, dont nous reparlerons.

[338] Ajouter Riom, Billom, Condom.

[339] Pour les finales latines en -um, voir page 123.

[340] Plus souvent encore des noms propres: Priam, Islam, Wagram, Sem, Château-Yquem, etc.

[341] Voir pages 48, 64 et 74; de même dans dam-ne et autom-ne.

[342] C’est la prononciation du temps qui justifie le calembour involontaire de Martine, dans les Femmes savantes:

—Veux-tu toute ta vie offenser la gram-maire?
—Qui parle d’offenser grand-père ni grand-mère?

[343] Savamment est en effet pour savant-ment, et fréquemment pour fréquent-ment.

[344] C’est le même phénomène que nous avons vu tout à l’heure dans rouennerie: voir page 75, note 1. Nous reparlerons encore de la décomposition de la nasale à propos des liaisons.

[345] Ennui a longtemps oscillé entre an-nui et a-nui: de même en-noblir se confondait avec a-noblir. Les mots savants em-ménagogue ou en-néagone n’appartiennent pas à cette catégorie et n’ont pas le son nasal.

[346] Ils peuvent subir aussi l’analogie de mots comme enhardir, où l’h, étant aspiré, fait fonction de consonne, ce qui n’est pas le cas d’enharmonique, malgré Michaëlis et Passy. Je laisse de côté des mots plus rares encore, comme enarbrer ou enarrher, qui gardent aussi le son nasal.

[347] Ils sont probablement exposés à subir le sort de donavant, qui est pour d’ore en avant; toutefois en initial doit résister mieux.

[348] Quoique Mᵐᵉ Dupuis recommandât déjà énorgueillir!

[349] Ces mots eurent jadis deux syllabes, puis une diphtongue; mais la diphtongue elle-même s’est résolue depuis longtemps, et dès le XVIᵉ siècle on écrivait sans difficulté fan, et parfois pan, qui manifestement auraient dû s’imposer. Que l’o se soit conservé dans les noms propres, comme La(o)n, Cra(o)n, Ra(o)n-l’Étape, Tha(o)n, etc., qui se prononcent aussi par an, cela même n’était déjà pas indispensable; mais dans des noms communs, cela est parfaitement absurde: on écrit bien flan, qui est aussi pour flaon. Écrit-on paeur, veu, ou cheoir? Il est vrai qu’on écrit asseoir, et c’est inepte. On écrit aussi Jean et Jeanne, mais ce sont encore des noms propres; et d’ailleurs eux aussi pourraient bien se passer de leur e, aussi bien que à jeun.

C’est encore par an que se prononcent deux mots français que nous retrouverons, C(a)en et Saint-S(a)ëns, avec Jord(a)ens; mais on sépare Lyca-on, Pha-on, Phara-on, etc., mots anciens et savants. Saint-L(a)on se prononce par on.

[350] De même La(on)nais, Cra(on)nais ou Ca(en)nais, et aussi Cra(on)ne, le tout avec un a simple.

[351] La finale est presque toujours nasale aussi dans les noms propres en -an, étrangers aussi bien que français: Aldébaran, Buridan, Ceylan, Coran, Éridan, Érivan, Haïnan, Léman, Magellan, Michigan, Iran, Kazan, Lockman, Man, Nichan, Osman, Othman, San-(pour Saint), Turkestan, Tuyen-Quan, Wotan (sauf dans Wagner), Yucatan, Yunnan, Zurbaran, et la particule flamande Van, du moins devant une consonne: Van Dick. Nous ne nasalisons pourtant ni Ahriman, ni Flaxman, Wiseman ou Wouverman, ni bien entendu les noms en -mann.

[352] On nasalise la finale -and ou -ant dans Covenant, Rembrandt, et tous les noms géographiques en -land, qu’on y prononce le d ou non: voir au chapitre du D. De plus, et sans parler des noms anciens, comme Samson, Pamphylie ou Zante, ni des noms à forme française, comme Mozambique, Pampelune ou Zanzibar, on nasalise aussi an intérieur dans Andersen, Angelico, Bamberg (malgré le g qui sonne), Cambridge, Campanella, Campo-Formio, Campo-Santo, Campra, Chandos (malgré l’s qui se prononce), Cranmer, Exelmans, Gérando, Kandahar, Kansas, Kant, Mancini, Mantegna, Manzoni, Oubanghi, Rancke, Sandwich, San-Francisco, Sangrado, Santa- (pour Sainte-), Santander, Santiago, Sanzio, Servandoni, Southampton (malgré la finale sonore), Stamboul, Stamboulof, Standard, Taganrog, Tanganyika, Travancore, Vambéry, Vancouver, Zampa, Zampieri, etc. On ne nasalise pas Evans, Kilima-n’djaro, Manteuffel, Stanley, fort peu Uhland ou Wieland, et les noms moins connus, ni am suivi d’une consonne autre que b ou p. Toutefois, dans Salammbô, on nasalise am, comme dans Samson, tout en prononçant le second m.

[353] Bienfaisant, bienséant, bientôt, bienvenu, etc. (bi-ennal n’en est pas), chiendent et vaurien. Notons en passant que dans la conversation très familière, eh bien se réduit souvent à eh ben, et même à ben tout court, toujours avec le son in.

[354] De même tous les noms propres anciens, Aché-ens, Phocé-ens, etc., Claudien, Julien, Justinien, Valérien, Lucien, Vespasien, etc., avec Éduens; et aussi les noms modernes, Gien, Tallien, le Titien, avec Engh(i)en, quoique ce mot perde son i (anghin).

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