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Histoire du Consulat et de l'Empire, (Vol. 12 / 20): faisant suite à l'Histoire de la Révolution Française

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TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES
DANS LE TOME DOUZIÈME.

Avertissement de l'auteur. I à XXXIX

LIVRE TRENTE-HUITIÈME.

BLOCUS CONTINENTAL.

Situation de l'Empire après le mariage qui unit les cours de France et d'Autriche. — Napoléon veut profiter de la paix pour apaiser les esprits en Europe, et pour terminer en même temps la guerre avec l'Espagne et avec l'Angleterre. — Il se hâte de distribuer à ses alliés les territoires qui lui restent entre le Rhin et la Vistule, afin d'évacuer prochainement l'Allemagne. — Répartition des armées françaises en Illyrie, en Italie, en Westphalie, en Hollande, en Normandie, en Bretagne, dans le triple intérêt du blocus continental, de la guerre d'Espagne, et de l'économie. — Difficultés financières. — Napoléon veut faire supporter à l'Espagne une partie des dépenses dont elle est l'occasion. — Le projet de Napoléon est de forcer les Anglais à la paix par un grand revers dans la Péninsule et par le blocus continental. — État de la question maritime, et rôle difficile des Américains entre l'Angleterre et la France. — Loi américaine de l'embargo, et arrestation de tous les navigateurs de l'Union dans les ports de l'Empire. — Mesures de Napoléon pour fermer à l'Angleterre les rivages du continent. — Ses exigences à l'égard de la Hollande, des villes anséatiques, du Danemark, de la Suède, de la Russie. — Résistance de la Hollande. — Tout en se livrant à ces divers travaux, Napoléon s'occupe de mettre fin aux querelles religieuses. — Faute de quelques cardinaux à l'occasion de son mariage, et rigueurs qui en sont la suite. — Situation du clergé et du Pape. — Efforts pour créer une administration provisoire des églises, et résistance du clergé à cette administration. — Caractère et conduite du cardinal Fesch, du cardinal Maury, et de MM. Duvoisin et Émery. — Établissement que Napoléon destine à la papauté au sein du nouvel empire d'Occident. — Envoi de deux cardinaux à Savone pour négocier avec Pie VII, et, en cas de trop grandes difficultés, projet d'un concile. — Suite des affaires avec la Hollande. — Napoléon veut que la Hollande ferme tout accès au commerce britannique, et qu'elle lui prête plus efficacement le secours de ses forces navales. — Le roi Louis se refuse à tous les moyens qui pourraient assurer ce double résultat. — Ce prince songe un moment à se mettre en révolte contre son frère, et à se jeter dans les bras des Anglais. — Mieux conseillé, il y renonce, et se rend à Paris pour négocier. — Vaines tentatives d'accommodement. — Napoléon n'espérant plus rien ni de la Hollande ni de son frère, est disposé à la réunir à l'Empire, et s'en explique franchement. — Cependant arrêté par le chagrin de son frère, il imagine un plan de négociation secrète avec le cabinet britannique, consistant à proposer à ce dernier de respecter l'indépendance de la Hollande s'il consent à traiter de la paix. — M. Fouché intervient dans ces diverses affaires, et indique M. de Labouchère comme l'intermédiaire le plus propre à remplir une mission à Londres. — Voyage de M. de Labouchère en Angleterre. — Le cabinet britannique ne veut point agiter l'opinion publique par l'ouverture d'une négociation qui ne serait pas sérieuse, et renvoie M. de Labouchère avec la déclaration formelle que toute proposition équivoque restera sans réponse. — La négociation, à demi abandonnée, est reprise secrètement par M. Fouché sans la participation de Napoléon. — Le roi Louis se soumet aux volontés de son frère, et signe un traité en vertu duquel la Hollande cède à la France le Brabant septentrional jusqu'au Wahal, consent à laisser occuper ses côtes par nos troupes, abandonne le jugement des prises à l'autorité française, et s'engage à réunir une flotte au Texel pour le 1er juillet. — Retour du roi Louis en Hollande. — Voyage de Napoléon avec l'Impératrice en Flandre, en Picardie et en Normandie. — Grands travaux d'Anvers. — Napoléon découvre en route que la négociation avec l'Angleterre a été reprise en secret et à son insu par M. Fouché. — Disgrâce et destitution de ce ministre. — Conduite du roi Louis après son retour en Hollande. — Au lieu de chercher à calmer les Hollandais, il les excite par l'expression publique des sentiments les plus exagérés. — Son opposition patente à la livraison des cargaisons américaines, à l'établissement des douanes françaises, à l'occupation de la Nort-Hollande, et à la formation d'une flotte au Texel. — Fâcheux incident d'une insulte faite à l'ambassade française par le peuple d'Amsterdam. — Napoléon, irrité, ordonne au maréchal Oudinot d'entrer à Amsterdam enseignes déployées. — Le roi Louis, après avoir fait de vains efforts pour empêcher l'entrée des troupes françaises dans sa capitale, abdique la couronne en faveur de son fils, et place ce jeune prince sous la régence de la reine Hortense. — À cette nouvelle Napoléon décrète la réunion de la Hollande à l'Empire, et convertit ce royaume en sept départements français. — Ses efforts pour rétablir les finances et la marine de ce pays. — Vaste développement du système continental à la suite de la réunion de la Hollande. — Nouveau régime imaginé pour la circulation des denrées coloniales, et permission de les faire circuler accordée à tous les détenteurs moyennant un droit de 50 pour 100. — Perquisitions ordonnées pour les soumettre à ce droit. — Invitation aux États du continent d'adhérer au nouveau système. — Tous y adhèrent, excepté la Russie. — Immenses saisies en Espagne, en Italie, en Suisse, en Allemagne. — Terreur inspirée à tous les correspondants de l'Angleterre. — Rétablissement des relations avec l'Amérique à condition que celle-ci interrompra ses relations avec l'Angleterre. — Situation du commerce général à cette époque. — Efficacité et péril des mesures conçues par Napoléon. 1 à 199

LIVRE TRENTE-NEUVIÈME.

TORRÈS-VÉDRAS.

Vicissitudes de la guerre d'Espagne pendant la fin de l'année 1809. — Retraite des Anglais après la bataille de Talavera et leur longue inaction en Estrémadure. — Déconsidération de la junte centrale et réunion des cortès espagnoles résolue pour le commencement de 1810. — Événements dans la Catalogne et l'Aragon. — Habiles manœuvres du général Saint-Cyr en Catalogne pour couvrir le siége de Girone. — Longue et héroïque défense de cette place par les Espagnols. — Disgrâce du général Saint-Cyr et son remplacement par le maréchal Augereau. — Conduite du général Suchet en Aragon depuis la prise de Saragosse. — Combats d'Alcanitz, de Maria, de Belchite. — Occupation définitive de l'Aragon et habile administration du général Suchet dans cette province. — Développement inquiétant des bandes de guérillas dans toute l'Espagne, et particulièrement dans le nord. — Au lieu de s'en tenir à ce genre de guerre, les Espagnols veulent recommencer les grandes opérations, malgré le conseil des Anglais, et s'avancent sur Madrid. — Bataille d'Ocaña livrée le 19 novembre, et dispersion de la dernière armée espagnole. — Épouvante et désordre à Séville. — Projet de la junte de se retirer à Cadix. — Commencements de l'année 1810. — Plans des Français pour cette campagne. — Emploi des nombreux renforts envoyés par Napoléon. — Situation de Joseph à Madrid. — Sa cour. — Son système politique et militaire opposé à celui de Napoléon. — Joseph veut profiter de la victoire d'Ocaña pour envahir l'Andalousie, dans l'espérance de trouver de grandes ressources dans cette province. — Malgré sa détermination de réunir toutes ses forces contre les Anglais, Napoléon consent à l'expédition d'Andalousie, dans la pensée de reporter ensuite ses troupes de l'Andalousie vers le Portugal. — Marche de Joseph sur la Sierra-Morena. — Entrée à Baylen, Cordoue, Séville, Grenade et Malaga. — La faute de ne s'être pas porté tout de suite sur Cadix permet à la junte et aux troupes espagnoles de s'y retirer. — Commencement du siége de Cadix. — Le 1er corps est destiné à ce siége; le 5e corps est envoyé en Estrémadure, le 4e à Grenade. — Fâcheuse dissémination des troupes françaises. — Pendant l'expédition d'Andalousie, Napoléon convertit les provinces de l'Èbre en gouvernements militaires, avec l'arrière-pensée de les réunir à l'Empire. — Désespoir de Joseph, et envoi à Paris de deux de ses ministres pour réclamer contre la réunion projetée. — Après de longs retards, on commence enfin les opérations de la campagne de 1810. — Tandis que le général Suchet assiége les places de l'Aragon, et que le maréchal Soult assiége Cadix et Badajoz, le maréchal Masséna doit prendre Ciudad-Rodrigo et Alméida, et marcher ensuite sur Lisbonne à la tête de 80 mille hommes. — Siége de Lerida. — Le maréchal Masséna, ayant accepté malgré lui le commandement de l'armée de Portugal, arrive de sa personne à Salamanque en mai 1810. — Triste état dans lequel il trouve les troupes destinées à agir en Portugal. — Mauvais esprit de ses lieutenants. — L'armée, qui devait être de 80 mille hommes, se réduit tout au plus à 50 mille au moment de l'entrée en campagne. — Efforts du maréchal Masséna pour suppléer à tout ce qui lui manque. — Siége et prise de Ciudad-Rodrigo et d'Alméida en juillet 1810. — Après la conquête de ces deux forteresses, le maréchal Masséna se prépare à envahir le Portugal par la vallée du Mondego. — Difficultés qu'il rencontre pour se procurer des vivres, des munitions, des moyens de transport. — Passage de la frontière le 15 septembre. — Sir Arthur Wellesley devenu lord Wellington. — Ses vues politiques et militaires sur la Péninsule. — Choix d'une position inexpugnable en avant de Lisbonne, pour résister à toutes les forces que Napoléon peut envoyer en Espagne. — Lord Wellington se prépare à s'y retirer en détruisant toutes les ressources du pays sur les pas des Français. — Retraite de l'armée anglaise sur Coimbre. — Le maréchal Masséna poursuit les Anglais dans la vallée du Mondego. — Difficultés de sa marche. — Les Anglais s'arrêtent sur la Sierra d'Alcoba. — Bataille de Busaco livrée le 26 septembre. — Les Français n'ayant pu forcer la position de Busaco parviennent à la tourner. — Retraite précipitée des Anglais sur Lisbonne. — Poursuite énergique de la part des Français. — Les Anglais entrent dans les lignes de Torrès-Védras les 9 et 10 octobre. — Description de ces lignes fameuses. — Le maréchal Masséna après en avoir fait une exacte reconnaissance désespère de les forcer. — Il se décide à les bloquer jusqu'à l'arrivée de nouveaux renforts. — En attendant il prend une solide position sur le Tage, entre Santarem et Abrantès, et s'applique à construire un équipage de pont afin de manœuvrer sur les deux rives du fleuve, et de vivre aux dépens de la riche province d'Alentejo. — Envoi du général Foy à Paris pour faire connaître à Napoléon les événements de la campagne, et pour solliciter à la fois des instructions et des secours. — État de l'armée anglaise dans les lignes de Torrès-Védras. — Démêlés de lord Wellington avec le gouvernement portugais; ses difficultés avec le cabinet britannique. — État des esprits en Angleterre. — Inquiétudes conçues sur le sort de l'armée anglaise, et tendance à la paix, surtout depuis les souffrances du blocus continental. — Avénement du prince de Galles à la régence. — Disposition de ce prince à l'égard des partis qui divisent le parlement. — Le plus léger incident peut faire pencher la balance en faveur de l'opposition, et amener la paix. — Voyage du général Foy à travers la Péninsule. — Son arrivée à Paris, et sa présentation à l'Empereur. 200 à 430

LIVRE QUARANTIÈME.

FUENTÈS D'OÑORO.

Dispositions d'esprit de Napoléon au moment de l'arrivée du général Foy à Paris. — Accueil qu'il fait à ce général et longues explications avec lui. — Nécessité d'un nouvel envoi de 60 ou 80 mille hommes en Espagne, et impossibilité actuelle de disposer d'un pareil secours. — Causes récentes de cette impossibilité. — Derniers empiétements de Napoléon sur le littoral de la mer du Nord. — Réunion à l'Empire des villes anséatiques, d'une partie du Hanovre et du grand-duché d'Oldenbourg. — Mécontentement de l'empereur Alexandre en apprenant la dépossession de son oncle le grand-duc d'Oldenbourg. — Au lieu de ménager l'empereur Alexandre, Napoléon insiste d'une manière menaçante pour lui faire adopter ses nouveaux règlements en matière de commerce. — Résistance du czar et ses explications avec M. de Caulaincourt. — L'empereur Alexandre ne désire pas la guerre, mais s'y attend, et ordonne quelques ouvrages défensifs sur la Dwina et le Dniéper. — Napoléon informé de ce qui se passe à Saint-Pétersbourg se hâte d'armer lui-même, pendant que la Russie engagée en Orient ne peut répondre à ses armements par des hostilités immédiates. — Première idée d'une grande guerre au nord. — Immenses préparatifs de Napoléon. — Ne voulant distraire aucune partie de ses forces pour les envoyer dans la Péninsule, il se borne à ordonner aux généraux Dorsenne et Drouet, au maréchal Soult de secourir Masséna. — Illusions de Napoléon sur l'efficacité de ce secours. — Retour du général Foy à l'armée de Portugal. — Long séjour de cette armée sur le Tage. — Son industrie et sa sobriété. — Excellent esprit des soldats, découragement des chefs. — Ferme attitude de Masséna. — Le général Gardanne parti de la frontière de Castille avec un corps de troupes pour porter des dépêches à l'armée de Portugal, arrive presque jusqu'à ses avant-postes, et rebrousse chemin sans avoir communiqué avec elle. — Le général Drouet, dont les deux divisions composent le 9e corps, traverse la province de Beira avec la division Conroux, et arrive à Leyria. — Joie de l'armée à l'apparition du 9e corps. — Son abattement quand elle apprend que le secours qui lui est parvenu se réduit à sept mille hommes. — Arrivée du général Foy, et communication des instructions dont il est porteur. — Réunion des généraux à Golgao pour conférer sur l'exécution des ordres venus de Paris, et résolution de rester sur le Tage en essayant de passer ce fleuve pour vivre des ressources de l'Alentejo. — Divergence d'avis sur les moyens de passer le Tage. — Admirables efforts du général Éblé pour créer un équipage de pont. — On se décide à attendre pour tenter le passage que l'armée d'Andalousie vienne par la rive gauche donner la main à l'armée de Portugal. — Événements survenus dans le reste de l'Espagne pendant le séjour sur le Tage. — Suite des siéges exécutés par le général Suchet en Aragon et en Catalogne. — Investissement de Tortose à la fin de 1810, et prise de cette place en janvier 1811. — Préparatifs du siége de Tarragone. — Événements en Andalousie. — Éparpillement de l'armée d'Andalousie entre les provinces de Grenade, d'Andalousie et d'Estrémadure. — Embarras du 4e corps obligé de se partager entre les insurgés de Murcie et les insurgés des montagnes de Ronda. — Efforts du 1er corps pour commencer le siége de Cadix. — Difficultés et préparatifs de ce siége. — Opérations du 5e corps en Estrémadure. — Le maréchal Soult ne croyant pas pouvoir suffire à sa tâche avec les troupes dont il dispose, demande un secours de 25 mille hommes. — L'ordre de secourir Masséna lui étant arrivé sur ces entrefaites, il s'y refuse absolument. — Au lieu de marcher sur le Tage, il entreprend le siége de Badajoz. — Bataille de la Gevora. — Destruction de l'armée espagnole venue au secours de Badajoz. — Reprise et lenteur des travaux du siége. — Détresse de l'armée de Portugal pendant que l'armée d'Andalousie assiége Badajoz. — Misère extrême du corps de Reynier et indispensable nécessité de battre en retraite. — Masséna, ne pouvant plus s'y refuser, se décide à un mouvement rétrograde sur le Mondego, afin de s'établir à Coimbre. — Retraite commencée le 4 mars 1811. — Belle marche de l'armée et poursuite des Anglais. — Arrivé à Pombal, Masséna veut s'y arrêter deux jours pour donner à ses malades, à ses blessés, à ses bagages le temps de s'écouler. — Fâcheux différend avec le général Drouet. — Craintes du maréchal Ney pour son corps d'armée, et ses contestations avec Masséna sur ce sujet. — Sa retraite sur Redinha. — Beau combat de Redinha. — Le maréchal Ney évacue précipitamment Condeixa, ce qui oblige l'armée entière à se reporter sur la route de Ponte-Murcelha, et de renoncer à l'établissement à Coimbre. — Marches et contre-marches pendant la journée de Casal-Novo. — Affaire de Foz d'Arunce. — Retraite sur la Sierra de Murcelha. — Un faux mouvement du général Reynier oblige l'armée à rentrer définitivement en Vieille-Castille. — Spectacle que présente l'armée au moment de sa rentrée en Espagne. — Obstination de Masséna à recommencer immédiatement les opérations offensives, et sa résolution de revenir sur le Tage par Alcantara. — Refus d'obéissance du maréchal Ney. — Acte d'autorité du général en chef et renvoi du maréchal Ney sur les derrières de l'armée. — Difficultés qui empêchent Masséna d'exécuter son projet de marcher sur le Tage, et qui l'obligent de disperser son armée en Vieille-Castille pour lui procurer quelque repos. — Affreux dénûment de cette armée. — Vaines promesses du maréchal Bessières devenu commandant en chef des provinces du nord. — Avantageuse situation de lord Wellington depuis la retraite des Français, et triomphe du parti de la guerre dans le parlement britannique. — Lord Wellington laisse une partie de son armée devant Alméida et envoie l'autre à Badajoz pour en faire lever le siége. — Tardive arrivée de ce secours, et prise de Badajoz par le maréchal Soult. — Celui-ci, après la prise de Badajoz, se porte sur Cadix pour appuyer le maréchal Victor. — Beau combat de Barossa livré aux Anglais par le maréchal Victor. — Le maréchal Soult trouve les lignes de Cadix débarrassées des ennemis qui les menaçaient, mais il est bientôt ramené sur Badajoz par l'apparition des Anglais. — À son tour il demande du secours à l'armée de Portugal qu'il n'a pas secourue. — Les Anglais investissent Badajoz. — Cette malheureuse ville, assiégée et prise par les Français, est de nouveau assiégée par les Anglais. — Projet formé par Masséna dans cet intervalle de temps. — Quoique fort mal secondé par l'armée d'Andalousie, il médite de lui rendre un grand service en allant se jeter sur les Anglais qui bloquent Alméida. — Ce projet, retardé par les lenteurs du maréchal Bessières, ne commence à s'exécuter que le 2 mai au lieu du 24 avril. — Par suite de ce retard, lord Wellington a le temps de revenir de l'Estrémadure pour se mettre à la tête de son armée. — Bataille de Fuentès d'Oñoro livrée les 3 et 5 mai. — Grande énergie de Masséna dans cette mémorable bataille. — Ne pouvant débloquer Alméida, Masséna le fait sauter. — Héroïque évasion de la garnison d'Alméida. — Masséna rentre en Vieille-Castille. — En Estrémadure, le maréchal Soult ayant voulu venir au secours de Badajoz, livre la bataille d'Albuera, et ne peut réussir à éloigner l'armée anglaise. — Grandes pertes de part et d'autre, et continuation du siége de Badajoz. — Belle défense de la garnison. — Situation difficile des Français en Espagne. — Résumé de leurs opérations en 1810 et en 1811; causes qui ont fait échouer leurs efforts dans ces deux campagnes qui devaient décider du sort de l'Espagne et de l'Europe. — Fautes de Napoléon et de ses lieutenants. — Injuste disgrâce de Masséna. 431 à 701

FIN DE LA TABLE DU DOUZIÈME VOLUME.

GRAVURES
CONTENUES DANS LE TOME DOUZIÈME.

  •  Pages
  • 1. Le maréchal Suchet 214
  • 2. Heureuse découverte du général Montbrun 375
  • 3. Bataille de Fuentès d'Oñoro 670

Notes

1: Celui qui est au palais Pitti à Florence.

2: Les rapports de la police furent pendant plus d'un mois remplis de ces bruits.

3: Lettre de Napoléon au duc de Cadore, existant au dépôt de la secrétairerie d'État.

4: Rapport du duc de Rovigo à l'Empereur.

5: Je ne fais ici qu'analyser une suite de lettres, dont le langage est beaucoup plus énergique que celui que j'emploie pour les résumer.

6: Partie en contributions levées sur le pays, partie en une contribution de guerre stipulée par le traité de paix.

7: C'est lui-même qui le raconte dans le tome III, p. 156 et 157 de ses Documents historiques sur le gouvernement de la Hollande.

8: Ces lettres sont nombreuses, surtout celles du roi Louis et de Napoléon. Elles ont été conservées, et c'est d'après leur infaillible témoignage que je trace ce récit.

9: Ces plans existent, et j'en ai vu le manuscrit dans les archives secrètes de la secrétairerie d'État.

10: Nous citons ici une dépêche de Napoléon qui prouve son état d'exaspération, mais dont il ne faut pas prendre toutes les expressions au pied de la lettre, car dans ses colères, sincères à un certain degré et au delà calculées, il menaçait de plus de mal qu'il n'en voulait faire.

«Au ministre de la police.

»Paris, le 3 mars 1810.

»Je vous prie de lire cette lettre (lettre de M. de Larochefoucauld annonçant l'intention des habitants d'Amsterdam de se défendre contre les Français) et de vous rendre chez le roi de Hollande, auquel vous en donnerez connaissance. Ce prince est-il devenu tout à fait fou? S'il n'y avait que la lettre de M. Larochefoucauld j'en rirais, et je me contenterais de trouver la chose absurde; mais je n'en puis dire autant après la réponse du ministre hollandais. Vous lui direz qu'il a voulu perdre son royaume, et que je ne ferai jamais d'arrangements qui feraient croire à ces gens-là qu'ils m'ont imposé. Vous lui demanderez si c'est par son ordre que ses ministres ont agi, ou si c'est de leur chef, et vous lui déclarerez que si c'est de leur chef, je les ferai arrêter et leur ferai couper la tête à tous. S'ils ont agi par ordre du roi, que dois-je penser de ce prince? et comment après cela peut-il vouloir commander mes troupes, puisqu'il parjure ses serments? Vous appellerez MM. Roell et Verhuel, afin qu'ils soient présents à ce que vous direz au roi. Vous aurez soin de ne pas vous dessaisir de ces pièces, et de vous rendre chez moi à l'issue de cette conférence.»

11: Je raconte ces affaires si compliquées de la Hollande, de la négociation avec l'Angleterre, de l'intervention de M. Fouché dans cette négociation, d'après des documents authentiques, qui me permettront, je l'espère, d'éclaircir des événements restés jusqu'ici fort obscurs. Ces documents sont les lettres de Napoléon, du roi Louis, du ministre Champagny, de M. de Labouchère, de M. Fouché, et enfin les interrogatoires qu'on fit subir depuis à tous les personnages compromis dans la négociation. J'ai lu et relu tous ces originaux, et je n'avance pas un fait sans en avoir eu sous les yeux la preuve matérielle.

12: Il est peu de sujets sur lesquels les auteurs de mémoires aient débité plus de fables que sur celui-ci. On a prétendu notamment que M. Fouché fut disgracié pour avoir refusé de rendre les lettres de Napoléon, et des lettres fort compromettantes. Il n'y a rien de vrai dans cette assertion. Les lettres de Napoléon à M. Fouché étaient peu nombreuses, et pas plus compromettantes que celles qu'il écrivait à tous ses agents, et dans lesquelles, se livrant à son impétuosité naturelle, il disait souvent: Je ferai couper la tête à tel ou tel, sans songer à le faire. Il se souciait d'ailleurs fort peu de ce qu'il avait écrit, et ne songeait guère à en rougir, étant déjà si peu embarrassé de ce qu'il avait fait, même de la mort du duc d'Enghien. La vérité est qu'il s'était fort échauffé l'esprit sur l'envoi de M. Fagan à Londres, et qu'il croyait avoir été plus compromis qu'il ne l'était véritablement. Ses ordres et sa correspondance prouvent que la seconde et la plus éclatante disgrâce de M. Fouché fut motivée par le refus de livrer des pièces que celui-ci n'avait plus, relativement à la mission de M. Fagan. Mais le public aimant les mystères, surtout les mystères sinistres, crut, et beaucoup d'écrivains aussi puérils que le public répétèrent qu'il y avait là d'affreuses lettres, dont Napoléon voulait obtenir la restitution, et dont le refus provoqua un nouvel éclat de sa part. Il n'en est rien, et il n'y a de vrai dans toutes ces suppositions que ce que nous venons de rapporter.

13: Ce rapport existe aux archives des affaires étrangères, avec la date du 6 juillet, jour même où M. de Caraman, porteur de la nouvelle de l'abdication, arrivait à Paris. Il avait donc été ordonné, et avait dû être rédigé avant que l'on connût l'abdication de Louis. Une phrase de ce rapport, d'ailleurs, prouve qu'il est antérieur à la connaissance de l'abdication; elle dit que S. M. I. est résolue à rappeler auprès d'Elle le prince auguste qu'Elle avait pris dans sa famille pour le donner à la Hollande. Il est donc certain que, décidé par ce qui se passait, Napoléon allait réunir la Hollande à la France, lorsque son frère prit la résolution d'abdiquer. Le fait n'a pas grande importance, assurément; il faut cependant le constater dans l'intérêt de la vérité, qu'on doit chercher avant tout en histoire, indépendamment de toutes les conclusions qu'on peut en tirer.

14: Cette tolérance, dans laquelle consistait toute la combinaison, fut formellement autorisée par la correspondance des douanes, laquelle existe encore aujourd'hui dans les archives de cette administration.

15: C'est après avoir lu toute la correspondance des douanes, du ministre de l'intérieur, des ministres des finances et du trésor, enfin de nos consuls à l'étranger, que je suis parvenu à tracer ce tableau des combinaisons et des effets du blocus continental. Je crois donc pouvoir affirmer la parfaite exactitude de tous les détails dans lesquels je suis entré, et qui m'ont semblé utiles à la connaissance des temps dont je raconte l'histoire.

16: Je parle ici d'après la correspondance authentique des généraux et du ministre de la guerre, et je n'ajoute rien aux tristes couleurs de ce tableau.

17: On possède en Angleterre une partie de la correspondance privée de Joseph, particulièrement avec la reine son épouse, qui était restée à Paris, et lui racontait avec le plus grand détail tout ce qui l'intéressait, en cherchant du reste à le calmer plutôt qu'à l'irriter. Il existe aussi à nos archives la correspondance autographe de Joseph avec Napoléon, celle de l'ambassadeur de France, M. de Laforest, celle d'un chef de la police française en Espagne, homme spirituel et modéré, M. de Lagarde, celle enfin du général Belliard, gouverneur de Madrid, et c'est dans ces documents authentiques, souvent contradictoires, mais faciles à mettre d'accord quand on sait démêler la vérité à travers les passions contemporaines, que je puise les détails rapportés ici, et dont je garantis la rigoureuse exactitude. Suivant ma coutume, j'adoucis les couleurs pour être plus vrai, car les couleurs du temps sont toujours exagérées, et je ne veux fonder mes récits que sur la partie incontestable des documents que j'emploie.

18: Je rapporte ici le récit du maréchal Jourdan dans ses mémoires manuscrits. Le maréchal s'appuie sur le témoignage de plusieurs généraux qui étaient présents, et sur une lettre fort précise du roi Joseph, qui expose lui-même avec détail les circonstances du conseil de guerre tenu à Carmona.

19: On est souvent exposé, lorsqu'on veut entrer dans de pareilles particularités, à ne donner que des détails imaginaires. Heureusement on peut ici rendre avec exactitude les scènes qui se sont passées entre le général en chef et ses lieutenants, parce qu'indépendamment de la correspondance de plusieurs officiers, il y a celle de l'intendant général de la police de Portugal, dont j'ai déjà parlé, lequel était un homme spirituel, bienveillant, étranger à tous les partis qui divisaient l'armée, très-intéressé au succès de l'expédition, n'en voulant qu'à ceux qui le compromettaient, et mettant un prix infini à dire la vérité à Napoléon, sous les yeux duquel sa correspondance était placée directement par le duc de Rovigo. Cette correspondance très-détaillée peint toutes les phases de la campagne avec une vérité frappante, et une sincérité qui saisit à la première lecture. Grâce à cette correspondance, j'ai pu reproduire certaines particularités précieuses, sans prêter à l'histoire des couleurs de fantaisie, comme on est exposé à en employer lorsqu'on veut faire agir ou parler avec trop de détail des personnages qui ne sont plus, et qui ont emporté dans la tombe le souvenir de ce qui s'est fait ou dit en leur présence.

20: La pensée du duc de Wellington à l'égard de la guerre de la Péninsule est parfaitement connue depuis la publication de sa correspondance. On la trouve consignée à toutes les pages de cette correspondance, et elle fait le plus grand honneur à sa sagacité et à la sûreté de son esprit.

21: Le duc de Wellington, dans sa correspondance si sensée et en général si impartiale, blâme beaucoup le maréchal Masséna d'avoir adopté la route de Viseu. Il prétend que c'est la plus mauvaise que le maréchal pût choisir, et il n'en donne aucune raison valable. Puisqu'on ne partait point de la Galice, ainsi qu'on l'avait fait sans succès dans la campagne précédente, puisqu'on ne descendait pas jusqu'en Estrémadure, ce qui eût entraîné un long détour pour gagner l'Alentejo, il ne restait à suivre que la vallée du Mondego, située au nord de l'Estrella; et, dans la vallée du Mondego, la rive droite comme plus fertile était évidemment préférable, et n'offrait pas plus que la gauche des positions favorables au génie défensif des Anglais. Il est vrai qu'on aurait pu passer par le versant sud de l'Estrella, au lieu de passer par le versant nord; mais on y aurait trouvé la route de Castel-Branco, sur laquelle Junot avait failli périr trois années auparavant. Masséna n'avait donc pas une autre route à suivre que celle de Viseu, et on a droit de s'étonner d'une critique qui est souvent répétée dans la correspondance imprimée du duc de Wellington, sans l'appui d'aucune bonne raison. On peut dire qu'elle n'est pas digne de la justesse et de la justice ordinaire de ses jugements, et on regrette que l'illustre général britannique n'ait pas été plus équitable envers un rival non moins illustre que lui. Il est vrai que les dépêches du noble duc étaient destinées à son gouvernement, dictées pour le moment présent, et que plus tard, jugeant son rival avec l'élévation qui convenait à sa gloire, il rendait une éclatante justice au maréchal Masséna, particulièrement pour cette campagne.

22: J'ai reproduit ici avec une exactitude scrupuleuse les conversations d'Alexandre contenues en cent dépêches, et je dois dire qu'on est frappé, en les lisant, de la connaissance des affaires que ce prince avait acquise à cette époque. Le plus habile des conseillers d'État français ou russes n'aurait pas mieux exposé les raisons que le czar tirait des traités et de la législation pour soutenir la thèse qu'il avait adoptée, et qui était de son point de vue finement et solidement raisonnée.

23: Cette célèbre campagne de Portugal a donné lieu naturellement à de vives controverses. Les écrivains militaires se sont partagés en sens divers. Récemment un habile défenseur du maréchal Masséna, M. le général Koch, dans un ouvrage remarquable, a reproché au général Drouet, d'ailleurs avec vérité, d'avoir fort accru les embarras de tout genre qui vinrent assaillir le maréchal Masséna pendant cette déplorable campagne. Si le général Koch avait connu la correspondance de Napoléon, il aurait vu que le tort n'était pas au général Drouet, mais bien à Napoléon lui-même, qui, tout rempli d'illusions, se figurant que le soin des communications pouvait et devait être en Portugal ce qu'il était en Allemagne, lui donnait l'ordre étrange de secourir Masséna sur le Tage, et de conserver en même temps ses communications vers Alméida. Nous citons les propres lettres de Napoléon, lesquelles, sans détruire les allégations du général Koch relativement aux embarras causés à Masséna par le général Drouet, font voir cependant à qui doit remonter le reproche adressé au général Drouet. Ce n'est pas du reste au génie de Napoléon qu'il faut s'en prendre ici, car si quelqu'un au monde était capable de donner des instructions, c'était lui, mais à sa politique, qui le réduisait, pour suffire à toutes ses entreprises, à donner des ordres indignes de lui, indignes de sa haute prévoyance. Voici, au surplus, le texte même des lettres dont il s'agit.

«Au major général.

»Fontainebleau, 3 novembre 1810.

»Je reçois la lettre du général Drouet du 22 octobre, de Valladolid.

»Les dispositions qu'il fait pour rouvrir les communications avec le Portugal ne me paraissent pas satisfaisantes. Réitérez-lui l'instruction d'aller à Alméida, et de réunir des forces considérables, pour pouvoir être utile au prince d'Essling et aider à ouvrir ses communications.

»Il faudrait qu'il donnât au général Gardanne ou à tout autre général une force de 6 mille hommes avec 6 pièces de canon pour rouvrir la communication, et qu'un autre corps de même force se trouvât à Alméida pour correspondre avec lui. Enfin il est important que les communications de l'armée de Portugal soient rétablies, afin que pendant tout le temps que les Anglais ne se seront pas rembarqués, il puisse assurer les derrières du prince d'Essling.

»Envoyez-lui le Moniteur d'aujourd'hui, où il y a des nouvelles de Portugal venues de Londres.

»Aussitôt que les Anglais seront rembarqués, il portera son quartier général à Ciudad-Rodrigo, mon intention n'étant pas que le 9e corps s'engage dans le Portugal, à moins que les Anglais ne tiennent encore, et même le 9e corps ne doit jamais se laisser couper d'Alméida, mais il doit manœuvrer entre Alméida et Coimbre.

»Écrivez au général Drouet qu'il me tarde fort d'avoir des nouvelles de Portugal; que cela est important sous tous les points de vue, et qu'il faut que les communications soient rétablies de manière à avoir des nouvelles, sinon tous les jours, au moins tous les huit jours.

»Demandez-lui l'état des troupes laissées sur les derrières, de la division Seras, de ce qu'a laissé le prince d'Essling, cavalerie, infanterie, artillerie, enfin de ce qui est dans le 6e gouvernement.»

«Au major général.

»Paris, le 20 novembre 1810.

»Vous trouverez ci-joint l'extrait des derniers journaux anglais. Vous sentirez l'importance d'expédier un officier d'état-major au général Drouet pour lui faire connaître qu'au 1er novembre il n'y avait pas encore eu de bataille; que l'armée française avait sa gauche à Villa-Franca et sa droite à Torrès-Védras, et que l'armée anglaise était à quatre lieues de Lisbonne; que 10 mille hommes de milices occupent Coimbre et interceptent la route, que la cavalerie n'est presque d'aucun usage; qu'il est donc important qu'il ne fasse point de petits paquets et qu'il rouvre les communications avec le prince d'Essling avec un fort corps; que je compte du reste sur sa prudence pour ne pas se laisser couper d'Alméida.

»Il paraîtrait par les journaux anglais que la garnison de Coimbre se serait laissé surprendre du 10 au 15 octobre et aurait laissé prendre 1,500 malades qui se trouvaient dans cette place.

»Réitérez les ordres aux généraux Caffarelli, Dorsenne et Reille pour l'exécution des mouvements que j'ai ordonnés précédemment, c'est-à-dire que la garde se réunisse à Burgos; que tout ce qui appartient au général Drouet lui soit envoyé. Recommandez au général Kellermann de ne pas retenir la division Conroux et de la laisser filer sur Salamanque.

»Quand les fusiliers de la garde arrivent-ils à Bayonne? Vous donnerez l'ordre qu'ils se reposent deux jours à Bayonne. Les détachements qui se trouvent au camp de Marac joindront leurs compagnies.

»Écrivez au duc de Dalmatie pour lui faire connaître ce que disent les Anglais de l'armée de Portugal, et lui faire comprendre l'importance de faire une diversion en faveur de cette armée.»

Ces lettres, comme on le voit, sont toutes antérieures d'un mois ou deux à la situation que nous décrivons; mais elles contiennent expressément le principe de toutes les instructions données depuis par le ministère de la guerre au général Drouet, et expliquent la position ambiguë de ce général, qui, partagé entre le désir de secourir Masséna et celui de ne pas perdre ses communications, fut pour l'armée de Portugal plus embarrassant qu'utile.

24: Le même qui a publié un excellent ouvrage sur les siéges soutenus par les Espagnols et les Français dans Badajoz.

25: Dans son ouvrage sur les divers siéges de Badajoz, le général Lamare exprime l'opinion suivante:

«Parmi les beaux faits des assiégeants, nous ne laissons pas que de trouver aussi des fautes, et la franchise avec laquelle nous allons les exposer justifiera les éloges que nous venons de leur donner.

»Nous n'avons cependant pas le dessein d'entrer dans un examen détaillé de toutes celles qui ont été commises, car, pour y parvenir, il faudrait suivre les attaques jour par jour, et rédiger pour ainsi dire une nouvelle relation; nous nous bornerons donc à signaler celles qui nous paraissent les plus graves.

»Voici en peu de mots leur exposé: D'abord la cause principale qui a autant prolongé la durée du siége vient de ce que le premier point d'attaque des assiégeants, celui du centre, fut mal choisi. Le général Léry aurait dû profiter de l'avantage que lui offrait la position saillante du bastion dont le revêtement, vu en partie de la campagne, n'était protégé alors que par un simple chemin couvert, diriger rapidement sur ce bastion une vigoureuse attaque et cheminer en capitale jusqu'aux glacis, de manière à couronner le chemin couvert en moins de huit jours. Pendant cette opération, une seconde attaque aurait été conduite également vers Pardaleras, pour éteindre les feux de ce fort et l'enlever de vive force.

»Dans cette hypothèse, les règles du métier lui faisaient une loi d'ouvrir la première parallèle à 5 ou 600 mètres des fronts (1, 2, 2, 3) et du fort Pardaleras, en appuyant fortement, par de bonnes redoutes, la gauche de la parallèle à la Guadiana, et la droite au Calamon.

»On conçoit que ce plan d'attaque eût été préférable à celui qui fut adopté, et qu'on aurait vraisemblablement épargné beaucoup de temps et de pertes en hommes et en munitions de guerre, si l'on eût su profiter des avantages qu'il présentait.

»Bien que la défense des Espagnols ait été courageuse, que la rigueur de la saison, les pluies continuelles, les inondations qui submergeaient nos tranchées, le manque de vivres, les sorties multipliées, l'arrivée de Mendizabal, la bataille de la Gevora, et le petit nombre de travailleurs, aient contrarié et retardé les opérations du siége, nous devons cependant dire qu'outre les fautes commises dans la direction des attaques, soit de la part du génie, soit de la part de l'artillerie, le siége de Badajoz a été mené avec lenteur, et que l'armée a perdu au moins huit jours devant cette place; temps précieux qui aurait peut-être permis au duc de Dalmatie d'approcher des rives du Tage, et de changer la série des malheurs qui suivirent la retraite de l'armée de Portugal.»

(Relation des siéges et défenses de Badajoz, d'Olivença et de Campo-Mayor, en 1811 et 1812, par les troupes françaises de l'armée du Midi en Espagne, sous les ordres de M. le maréchal duc de Dalmatie, par le général Lamare. Paris, 1837. Pages 82 et 83.)

L'opinion de Napoléon est différente, quoique dans le même sens, et il croyait qu'on aurait pu s'emparer de Badajoz dès le mois de janvier. Il est vrai que c'était en prenant les opérations de plus haut, et en supposant que le maréchal Soult serait parti beaucoup plus tôt de Séville pour se porter en Estrémadure.

Voici la lettre qu'il écrivait à ce sujet:

«Au major général.

»Paris, 5 février 1811.

»..... Écrivez au duc d'Istrie pour lui annoncer, en lui envoyant le Moniteur, qu'il trouvera là les dernières nouvelles que nous avons du Portugal, qui paraissent être du 13; que tout paraît prendre une couleur avantageuse: que si Badajoz a été pris dans le courant de janvier, le duc de Dalmatie a pu se porter sur le Tage, et faciliter la construction du pont au prince d'Essling.

»Il devient donc très-important de faire les dispositions que j'ai ordonnées afin que le général Drouet, avec ses deux divisions, puisse être tout entier à la disposition du prince d'Essling.

»Écrivez en même temps au duc de Dalmatie pour lui faire connaître la situation du duc d'Istrie, et pour lui réitérer l'ordre de favoriser le prince d'Essling dans son passage du Tage; que j'espère que Badajoz aura été pris dans le courant de janvier, et que la jonction avec le prince d'Essling sur le Tage aura eu lieu avant le 20 janvier; que si cela est nécessaire, il peut retirer des troupes du 4e corps; qu'enfin tout est sur le Tage.»

26: Caldiéro en 1805.

Notes au lecteur de ce fichier numérique:

Seules les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées. L'orthographe de l'auteur a été conservée.

Autres corrections effectuées:

—Page 15: "l'Inviertel" remplacé par "l'Innviertel".

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