Histoire Sainte; ou, Histoire des Israélites: Depuis La Création, Jusqu'a La Dernière Destruction De Jérusalem
CHAPITRE IX.
Aristobule, Alexandre Janäus, Alexandra.
Après la mort d'Hyrcan, Aristobule son fils s'empara du trône. Il traita sa mère et sa famille d'une manière très-cruelle et retint en prison trois de ses frères. Mais son règne fut de courte durée, il ne se prolongea pas au delà d'une année. Lorsque Aristobule vint à mourir, ses frères furent mis en liberté par son épouse, et Alexandre Janäus, l'aîné d'entre eux, monta sur le trône. Il étendit les bornes de son royaume; mais d'un caractère violent et emporté et professant les doctrines pernicieuses des Saducéens, il persécuta les Pharisiens qui lui suscitaient des embarras, et en fit massacrer un grand nombre. Il mourut enfin dans la vingt-septième année de son règne, des suites de son intempérance. Il remit lui-même avant sa mort les rênes de l'Etat à Alexandra son épouse, en lui conseillant la réconciliation avec les Pharisiens.
[pg 270]
Hyrcan II, ou le royaume sous l'influence des Romains.
Alexandra, suivant le conseil de son époux, se réconcilia avec les Pharisiens et régna pendant neuf ans, soutenue par cette secte puissante. Elle chargea Hyrcan son fils du pontificat. C'était un homme d'un caractère doux et souple, dévoué à la secte des Pharisiens. Lorsque Alexandra vint à mourir, Hyrcan II fut élu à Jérusalem roi d'Israël. Mais Aristobule son frère, attaché à la secte des Saducéens, fut poussé par ces derniers à s'emparer du trône. Ces deux princes à la tête de leur parti se firent bientôt la guerre. Hyrcan fut vaincu et forcé de céder au vainqueur le pontificat et le trône.
Aristobule s'était à peine emparé du royaume qu'il commença à persécuter ceux qui avaient été partisans d'Hyrcan. C'est alors, qu'un de ces derniers, nommé Antipater (Iduméen de naissance qui avait embrassé la religion israélite) persuada Hyrcan de recommencer la guerre et de ressaisir le gouvernement. Les deux frères ennemis cherchèrent, chacun de leur côté, le secours des princes étrangers. Hyrcan s'adressa à Pompée, général romain, qui se trouvait en ce moment dans l'Arabie à la tête d'une armée. Pompée vint à son aide, vainquit Aristobule, l'emmena avec lui à Rome pour relever son entrée triomphale par la présence de ce captif, et remit à Hyrcan les dignités de l'Etat et du pontificat en lui enjoignant que le gouvernement israélite fût dorénavant soumis au peuple romain et qu'il eût à lui payer un tribut annuel.
[pg 271]
Hérodes.
Après son avénement au pouvoir, Hyrcan ne se chargea que des fonctions de pontife, laissant les soins de l'Etat à Antipater son ami. Ce dernier, pour se mettre dans les bonnes grâces des Romains, ne songea qu'à se signaler par quelque service. Le peuple mécontent d'Hyrcan, de la négligence de son gouvernement, et fatigué des troubles continuels excités par Aristobule, sollicita le Romain Gabynius, proconsul de Syrie, de changer la constitution du pays. Cet homme, cédant volontiers à cette demande, confirma Hyrcan dans le pontificat, mais lui retira les dignités royales, divisa le pays en cinq districts et remit le gouvernement de chacun à un haut conseil, composé d'hommes les plus distingués du pays.
C'est de cette manière que la constitution monarchique fut changée en constitution aristocratique.
Antigonus, fils d'Aristobule, recouvra le trône quelques années plus tard; cependant, son règne ne fut que de courte durée, il en fut privé par Hérodes fils d'Antipater (l'Iduméen nommé plus haut), qui secouru par les Romains, le vainquit et le tua.
C'est ainsi que finit le règne des Machabées après une durée de cent vingt ans.
Hérodes, homme rusé et intrépide, était allé à Rome se présenter devant le sénat et solliciter le trône. Sa demande lui fut accordée; et, secondé par Antoine et Octave, il réussit à se faire nommer roi d'Israël. Arrivé de cette manière au pouvoir et voyant le peuple mécontent de son [pg 272] règne, il exerça beaucoup de cruautés pour s'assurer du trône. Il fit tuer l'ex-roi Hyrcan quoiqu'il en eût épousé une des parentes nommée Mariane, et fit massacrer sans pitié tous les descendants de cette célèbre famille des Machabées. Pour gagner les bonnes grâces du peuple, il fit restaurer le temple de Jérusalem et ajouta à son ancienne magnificence. Or, toute la vie de ce roi ne fut qu'une série d'adversités et d'infortunes; souvent accablé par le malheur, il fut sur le point de se donner la mort. La cause première de ses afflictions fut la discorde et la division qui régnaient dans sa famille. Entraîné par la défiance, et sur les rapports calomnieux de sa sœur, l'infâme Salomé, il fit tuer son épouse Mariane et plusieurs de ses fils. Cinq jours seulement avant sa mort, il fit massacrer son fils aîné, Antipater, désigné dans son testament comme héritier du trône. Il mourut enfin d'une maladie chronique des plus douloureuses, à l'âge de soixante-dix ans, dans la trentième année de son règne. La postérité lui donna le nom d'Hérodes le Grand. Cependant sa grandeur ne fut qu'une profonde misère cachée sous les apparences d'une splendeur extérieure; car toutes ses actions n'eurent pour but que celui de satisfaire à son faux honneur.
Remarques générales.
On ne doit pas douter que l'établissement des synagogues pour l'exercice régulier du culte, ne soit une institution qui date d'une époque très-ancienne. L'usage de réciter dans ces lieux de prières, à certains jours de la semaine, quelques chapitres des livres de Moïse, est attribué [pg 273] à Esdras, cet infatigable restaurateur de la loi de Moïse. La grande assemblée, ordinairement appelée la grande synagogue, florissait dans le temps des derniers prophètes. C'est de cette assemblée que sont émanées nos prières journalières: principalement le Schema, une partie de la Tephila, les dix-huit bénédictions et, en outre, les grâces avant et après le repas.
Sous le règne de Simon Machabée, fut institué à Jérusalem le Sanhédrin, à qui l'on confia l'administration de la justice et l'interprétation de la loi. Le chef de cette assemblée s'appelait Nasi.
L'état des savants se divisait en trois classes. 1º Les Sopherim, qui s'occupaient de copier et de commenter l'Ecriture sainte. En leur qualité de membres de l'assemblée législative, on les appelait Chachamim (sages). 2º Les Rabbanim, qui instruisaient le peuple et prononçaient des discours publics. 3º Les Talmidim (élèves) qui, parvenus à un certain degré de science, étaient appelés Chaberim, c'est-à-dire, collègues de la société des savants.
La grande partie de la nation en Palestine et dans les environs de l'Euphrate s'occupait de l'agriculture et de l'industrie; ceux qui demeuraient dans l'Egypte, dans l'Asie Mineure et dans la Grèce faisaient pour la plupart le commerce.
C'est du temps d'Hérodes que nous trouvons les affaires intérieures du pays dans l'état le plus déplorable, première conséquence des cruautés de ce prince. Bien qu'il fît embellir le sanctuaire, il ne le fit pas administrer comme la religion l'exigeait: il disposa du pontificat à son bon plaisir, ne porta pas l'attention requise à cette grande institution des Sanhédrins, seul il fit les lois, et établit, selon sa volonté, des cours de justice.
[pg 274] Pendant ce malheureux état des choses, le peuple se divisait en trois partis. 1º Les Zélateurs, ou les défenseurs de la liberté, qui s'opposaient à tout ce qui était étranger soit à la religion, soit aux habitudes de la nation. Croyant à une restauration complète du royaume israélite, ils excitèrent la révolte et contribuèrent à la ruine du pays. 2º Ceux d'entre le peuple qui prétendaient que le Messie, tel qu'il était prédit par les prophètes, était près de venir. Ces hommes croyaient voir dès cette époque l'accomplissement d'une prophétie, qui, de nos jours encore, est loin de s'accomplir: car le temps où le royaume de Dieu sera établi sur la terre est encore bien reculé; ce temps où tous les hommes connaîtront et adoreront le seul vrai Dieu, où tous vivront entre eux en paix et en concorde. 3º La grande partie de la nation, qui était sincèrement attachée aux préceptes de la religion, se joignit aux savants interprètes de l'Ecriture sainte en professant leurs doctrines.—A la tête des écoles où étaient enseignées ces doctrines, se trouvaient deux grands hommes Hillel et Schammai, qui contribuèrent de tout leur pouvoir à développer la Loi et à relever le Rabbinisme. Cette école continua de travailler pendant quelques siècles à l'édifice du culte israélite.
La mission du Rabbinisme consistait à donner aux principes fondamentaux de la loi divine une enveloppe telle que cette vérité éternelle, révélée à Israël, pût braver les siècles et tous les orages qui attendaient la nation.
[pg 275]
Archelaus. Agrippa.
Après la mort d'Hérodes, Archelaus son fils lui succéda sur le trône. Ce prince mécontenta le peuple par ses actes arbitraires et par ses empiètements sur la religion. Des plaintes nombreuses ayant été portées à sa charge, il fut exilé à Vienne dans la Gaule par l'empereur Auguste. La Palestine fut alors réunie à la Syrie et administrée par des gouverneurs romains. Quoique le petit-fils d'Hérodes le Grand, Agrippa parvînt au trône quelque temps après, l'état des choses ne changea presque plus. Car le règne de ce dernier roi ne fut que de courte durée: Agrippa vint bientôt à mourir et, comme son fils était alors trop jeune pour monter sur le trône, le pays retomba de nouveau sous la domination immédiate des Romains et son administration fut confiée à leurs représentants. Ces gouverneurs étaient, pour la plupart, des hommes barbares qui opprimaient le peuple, le volaient et le traitaient tyranniquement. Il y en eut un du temps de l'empereur Néron, nommé Gesius Florus, dont la rapacité et la cruauté excitèrent le peuple à la révolte, malgré les efforts des plus sages qui voulaient arrêter l'insurrection en faisant entrevoir au peuple les tristes conséquences auxquelles ils allaient s'exposer. Ces hommes échouèrent dans leurs efforts devant les intrigants qui, placés à la tête de la révolte, savaient remuer adroitement les passions et forcer même les plus pacifiques à se ranger de leur parti. C'est ainsi que le soulèvement se répandant dans le pays fit des progrès rapides et devint enfin des plus menaçants. L'empereur Néron, pour étouffer la révolte, envoya alors une [pg 276] armée nombreuse sous les ordres de Vespasien et de Tite fils de ce dernier. Ce général rencontra souvent une résistance vigoureuse, dont il fut tellement exaspéré qu'il tua beaucoup d'Israélites, en vendit un plus grand nombre encore comme esclaves, et ravagea presque toutes les villes et tous les villages. Etant sur le point de marcher sur Jérusalem, Vespasien reçut la nouvelle de la mort de Néron et fut rappelé à Rome pour monter sur le trône. En quittant la Palestine, il remit le commandement des troupes à Tite son fils, lui enjoignant de s'emparer de Jérusalem et de ce qui restait encore à soumettre dans le pays. Lorsque Tite mit le siége devant Jérusalem, il y avait dans cette ville une grande affluence de peuple; les uns s'y étaient rendus pour chercher un refuge, les autres pour assister aux fêtes qui se célébraient à cette époque. Les Israélites se défendirent avec une grande bravoure et opposèrent aux Romains une si terrible résistance que Tite lui-même commençait à désespérer de la conquête de cette ville. Mais la dissension qui régnait parmi les différents chefs des partis, fit bientôt éclater la guerre civile dans l'intérieur de la ville. Les partis ne songèrent qu'à se nuire. Les crimes les plus atroces et les plus horribles forfaits s'y commirent alors. Les hommes les plus distingués et les plus nobles furent tués ou massacrés, toutes les munitions et provisions de bouche furent brûlées ou détruites et la famine commença à se déclarer d'une manière affreuse. Quoique épuisés par la guerre civile, exténués par la famine et par de nombreuses maladies, les Israélites ne cessèrent de se défendre avec une grande bravoure et une grande adresse; mais les Romains parvinrent enfin à escalader les murs de Jérusalem et à pénétrer dans l'intérieur de la ville où ils firent un carnage [pg 277] horrible. Le nombre de ceux qui périrent pendant le siége et lors de la prise de la ville, est porté à un million cent mille hommes, et ceux qui furent pris et vendus comme esclaves à quatre-vingt-dix-sept mille. Le temple fut réduit en cendres, le pays entièrement dépeuplé et les habitants dispersés dans toutes les parties du monde.
C'est depuis lors qu'Israël a perdu toute nationalité, qu'il a cessé d'être un seul peuple. Dix-huit siècles presque se sont écoulés, et pendant ce long espace de temps, Israël vit encore dispersé parmi les différentes nations de la terre, participant à leur histoire et partageant avec elles un sort commun. Bien qu'il eût beaucoup à souffrir au milieu de toutes ces nations; que la tyrannie, l'ignorance et le fanatisme lui attirassent beaucoup de maux; que l'injustice prolongeât son règne pendant de longues années et se soutînt de siècle en siècle: grâce à la providence divine, cette oppression honteuse, ce mépris des droits de l'homme a cessé à l'approche de la vraie connaissance de Dieu, aux approches d'une civilisation éclairée. C'est au dernier siècle surtout, qu'il fut réservé de faire triompher la raison sur la prévention, et la justice sur l'aveugle arbitraire. A l'heure qu'il est, une grande partie des nations ont commencé à avouer leurs torts et se hâtent de réparer leurs fautes. Confondu et assimilé à la société humaine, Israël n'a donc plus qu'une seule tâche à remplir sur la terre, savoir: de conserver son indépendance religieuse; de ne jamais cesser d'entretenir la pureté de sa croyance révélée à Sinaï; de la nourrir au sein de ses familles, afin qu'il continue d'être le dépositaire de la Loi divine, un prêtre de Dieu, placé à tous les coins de la terre pour enseigner et pour répandre la connaissance de l'Eternel, du vrai, seul et unique Dieu, et alors seront accomplies ces paroles divines à Abraham: [pg 278] «Toutes les familles de la terre seront bénies en toi.» Qu'Israël continue à remplir cette mission sainte et glorieuse, jusqu'à l'entier accomplissement de la parole du prophète et alors arrivera le jour dont il est dit: «Dans les derniers temps, la montagne de la maison de l'Eternel sera fondée sur le haut des monts, et s'élèvera au-dessus des collines: les peuples y accourront, et les nations se hâteront d'y venir en foule, en disant: Allons à la montagne de l'Eternel, à la maison du Dieu de Jacob; il nous enseignera ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers; parce que la Loi sortira de Sion; et la parole de l'Eternel de Jérusalem.»
Notes
| [1] | Le but de ce récit semble être: l'invention des instruments métalliques (le couteau, le poignard, le glaive) rendait alors le meurtre plus facile et plus fréquent, de sorte qu'on commençait à craindre d'être massacré par le premier venu. Tel est le sens de ce passage: Lemech en rassurant ses femmes s'écrie: N'ayez pas peur, quiconque voudra nous tuer je l'assommerai; et certes je n'aurai pas alors à craindre la punition de Dieu, car, si Caïn, entraîné au meurtre par l'envie, la jalousie et la fureur, ne devait cependant pas être tué impunément, à plus forte raison ne le serai-je pas moi qui n'aurai commis un meurtre qu'en défendant notre vie. |
| [2] | En considérant la longue suite d'années que les patriarches ont vécu, on peut aisément conclure que dans les premiers temps, les révélations divines furent exactement communiquées et transmises de génération en génération. |
| [3] | Car Isaac, ce tendre père, ne pouvait s'imaginer qu'Ésaü son fils bien aimé eût agi d'une manière si méprisable à l'égard du droit d'aînesse, et qu'il l'eût vendu pour un plat de lentilles. |
| [4] | Jacob a pu croire qu'il pouvait se permettre ce mensonge officieux pour ne pas affliger son vieux père en lui avouant la vérité et en lui disant: «Moi en effet je suis Jacob, toutefois je réclame la bénédiction comme fils aîné, parce qu'Ésaü m'a vendu le droit de primogéniture. |
| [5] | Il est impossible que les différentes manières par lesquelles Dieu annonçait autrefois sa volonté et révélait souvent à ses saints ce qu'il voulait accomplir dans les temps les plus reculés, fussent inconnues à Joseph, cet homme pieux et vertueux, élevé et grandi dans l'amour paternel sous les yeux de Jacob. Joseph, le fils bien-aimé de son père, avait sans doute appris de Jacob comment l'Éternel lui avait déjà apparu bien des fois à lui-même et à ses pères, tantôt dans une vision et tantôt dans un rêve: c'est ainsi que, dans son propre songe, Joseph reconnut à l'instant l'intention divine. Il pouvait donc, à coup sûr, distinguer assez clairement la différence essentielle qu'il y a entre les songes naturels et les surnaturels. Les songes naturels ne sont sans doute autre chose qu'un jeu du hasard, résultat de l'agitation du sang et de ce qu'on a ordinairement et le plus souvent pensé et fait auparavant, et ce serait un péché d'y avoir confiance. Mais quant aux songes surnaturels, ils étaient, particulièrement à cette époque, de véritables inspirations divines et de circonstance. L'Éternel ne s'était-il pas, dès le commencement de la création, révélé aux hommes de la manière la plus merveilleuse et ne leur avait-il pas assuré en même temps que cette révélation émanait de lui!... C'est ainsi que Joseph, doué de cet esprit profond, interpréta les songes de ces deux officiers et celui de Pharaon. |
| [6] | C'est de cette manière qu'Éphraim et Manassé prennent la place de Joseph leur père dont, par conséquent, le nom ne se trouve mentionné nulle part dans l'exposé des tribus. Il y avait donc, en réalité, treize tribus; mais on n'en comptait cependant que douze, parce que celle de Lévi (l'administrateur du culte) n'avait pas d'héritage formé d'un seul tout. Les descendants de Lévi avaient leurs habitations dans les principales villes du royaume, pour qu'il se trouvât partout des hommes en état de surveiller le culte du vrai et unique Dieu; des hommes aptes à donner l'instruction religieuse et l'enseignement dans la loi de Moïse. |
| [7] | La fête de la législation ou la Pentecôte.—En mémoire de ce grand évènement, il est d'usage en Israël de célébrer le sixième et le septième jour du troisième mois (Siwan) par des fêtes solennelles. Ces fêtes s'appellent encore celles des semaines (Schebouoth) par rapport aux temps où le peuple israélite représentait encore une nation et habitait le pays de ses pères. Alors à la fin de la récolte du froment, qui avait lieu pendant les sept semaines de Pâque à Pentecôte, les prémices des blés étaient apportées le cinquantième jour, au temple à Jérusalem, et une fête de moisson était célébrée en l'honneur de l'Éternel. |
| [8] | Le tabernacle était destiné à des assemblées religieuses jusqu'au temps où il y aurait un temple dans un lieu déterminé à cet effet. Il était construit en tente portative de la forme d'un carré oblong, ayant trente coudées de longueur et dix de largeur. Le tout était divisé en deux parties: le saint, accessible seulement aux prêtres; le saint des saints, où le pontife seul pouvait pénétrer le jour des expiations, le dixième du septième mois (Tischri). Le tabernacle était entouré d'une enceinte qui avait cent coudées de longueur et cinquante de largeur, destiné à tout le peuple. C'est là qu'étaient placés l'autel des holocaustes et le bassin pour les prêtres. Dans le saint du côté du septentrion se trouvaient la table avec le pain de proposition et différents vases; du côté du midi le chandelier d'or avec ses lampes; et au milieu l'autel des parfums. L'arche d'alliance se trouvait placée dans le saint des saints. Ce n'est que devant le tabernacle qu'il était permis de sacrifier. |
| [9] | C'est le seizième du mois de Nisan, le deuxième jour de la Pâque. |
| [10] | Voyez plus haut: fête de la législation. |
| [11] | Cette fête est appelée celle du nouvel an parce que d'après l'ère ordinaire, qui commence par la création, le mois de Tischri est le premier de l'année. C'est par cette même raison que ce mois est quelquefois appelé le mois des anciens, c'est-à-dire, le premier mois de ceux qui ont vécu avant Moïse. Les deux premiers jours de ce mois sont célébrés d'une manière très-solennelle; beaucoup de prières ont lieu dans la synagogue et des hymnes sacrées y sont chantées. Cette fête se distingue encore de toute autre par le Schofar (trompette) qui est sonné dans la synagogue. La signification de cet usage est: 1º hommage de fidélité au Créateur notre Dieu dont nous reconnaissons le règne éternel, et auquel nous promettons notre soumission, par une marque de joie (selon Ps. 98, 6); 2º rappel de la révélation divine sur le mont Sinaï, où le son du Schofar se fit également entendre et où nos pères firent cette promesse: «Tout ce que l'Éternel a dit, nous le ferons» (II livre de Moïse 19); 3º exhortation à la repentance et à l'amendement, selon l'expression du prophète (Amos 3, 6). |
| [12] | Ce jour est célébré dans tout Israël comme le jour le plus saint de toute l'année. Il est entièrement consacré à la dévotion et à l'amendement. L'indulgence divine et sa miséricorde sont annoncées à tous ceux qui, en ce jour, reconnaissent d'un cœur repentant leurs péchés devant Dieu, lui promettent amendement sincère, renoncent à tout sentiment de haine envers le prochain et tâchent de réparer les injustices exercées à son égard. (Voyez Isaïe, 58, qui est lu en ce jour dans la synagogue.) Le but de cette fête solennelle est donc: réconciliation de l'homme avec Dieu, et réconciliation de l'homme avec l'homme. |
| [13] | Les pratiques de cette fête ont pour but principal de nous rappeler l'obligation de ne pas trop nous attacher aux biens de la terre, fragiles et inconstants qu'ils sont; mais de mettre toute notre confiance en Dieu notre protecteur. L'Israélite doit, pour ainsi dire, quitter sa maison remplie alors de tous les fruits de la récolte; il doit prendre pour demeure une chétive cabane, pour déclarer par cet acte qu'il est pénétré de reconnaissance envers son bienfaiteur céleste et qu'il est prêt, si Dieu l'exige, à abandonner tout ce qu'il possède sur la terre, en se souvenant de ces jours où nos pères ont tous demeuré dans des tentes, comblés des bienfaits de Dieu. «Vous vous souviendrez de tout le chemin par où l'Éternel votre Dieu vous a conduits dans le désert pendant quarante ans; il vous a donné pour nourriture la manne qui était inconnue à vous et à vos pères, pour vous faire voir que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.» (5. M. chap. 8.) |
| [14] | Quelques-uns de nos sages voient dans les quatre différents fruits, le symbole de la concorde et de la bonne intelligence. Selon d'autres ces sortes de fruits sont des symboles pour nous indiquer les principaux membres du corps humain: le cœur, l'épine du dos avec les côtes, les yeux et les lèvres qui tous doivent célébrer la gloire de Dieu. Le neuvième et dernier jour de cette fête est appelé Simchath-torah, c'est-à-dire la joie de la loi, parce qu'on finit annuellement, en ce jour, la lecture du Pentateuque. |
| [15] | Sichem, l'endroit où Josué avait assemblé le peuple, se trouve près de Silo où le sanctuaire était alors déposé. |
| [16] | (1, 2, 3, 4) Ce sont les quatre jours de jeûne qu'Israël a établis en mémoire de ces malheureux événements. Ainsi qu'il est écrit dans le prophète Zacharie: «Voici ce que dit l'Éternel: Les jeûnes du quatrième, du cinquième, du septième et du dixième mois, seront changés, pour la maison de Juda, en des jours de joie et d'allégresse, et en des fêtes éclatantes et solennelles, si vous aimez la vérité et la paix.» Remarque. Le jour de jeûne du quatrième mois est observé le dix-septième jour de ce mois, parce que c'est le jour où les Romains se sont emparés de Jérusalem, au temps du second temple. Le jour de jeûne du cinquième mois est observé le neuvième jour de ce mois, parce que c'est le jour où le premier et le second temple ont été détruits et réduits en cendres. Le jeûne en mémoire de Godolias, est observé le troisième jour du septième mois (Tischri). |
| [17] | La célébration de cette fête se fait de la manière suivante: le treizième jour du mois d'Adar est un jour de jeûne; le but en est de nous rappeler le jeûne de la reine Esther et des Israélites qui se trouvaient alors à Suse, capitale de l'empire. Le jour suivant (le quatorzième) est consacré à la joie. Le livre d'Esther est lu dans la synagogue le soir et le matin. Des festins de famille et d'autres réjouissances ont ordinairement lieu; mais c'est principalement dans la distribution des aumônes et dans d'autres œuvres de charité que consiste la solennité du jour. |
| [18] | Cette fête commence le vingt-cinquième du neuvième mois (Chislow.) Elle est célébrée pendant huit jours par une espèce d'illumination qui a lieu chaque soir dans la synagogue et dans les maisons et qui est accompagnée de cantiques en actions de grâces et à la louange de Dieu. |
| [19] | C'est par ses vertus et ses exploits que Juda Machabée a mérité de donner son nom à toute cette famille, à laquelle le peuple d'Israël dut ses derniers jours de gloire et de prospérité. |
[pg 279]