Histoire Sainte; ou, Histoire des Israélites: Depuis La Création, Jusqu'a La Dernière Destruction De Jérusalem
CHAPITRE VI.
Les deux rois.
Après cet événement Roboam revint à Jérusalem, assembla toute la tribu de Juda et la tribu de Benjamin, et vint avec cent quatre-vingt mille hommes de guerre choisis, pour combattre la maison d'Israël, et pour réduire le royaume sous son obéissance. Mais Seméia homme de Dieu lui adressa la parole de l'Eternel et lui dit: Voici ce que dit l'Eternel: Vous ne vous mettrez point en campagne, et vous ne ferez point la guerre contre les enfants d'Israël qui sont vos frères. Que chacun retourne en sa maison; car c'est moi qui ai fait ceci. Ils écoutèrent la parole de l'Eternel, et ils s'en retournèrent selon que l'Eternel le leur avait commandé. Or Jéroboam rebâtit Sichem sur la montagne d'Ephraïm, et il y établit sa demeure; et étant sorti de là, il bâtit Phanuel. Mais Jéroboam dit en lui-même: Le royaume retournera bientôt à la maison de [pg 218] David, si ce peuple va à Jérusalem pour y offrir des sacrifices en la maison de l'Eternel; le cœur de ce peuple se tournera alors vers Roboam roi de Juda; et ils me tueront et retourneront à lui. Et après y avoir bien pensé, il fit deux veaux d'or, les mit, l'un à Bethel (le sud du pays), et l'autre à Dan (le nord du pays), et dit au peuple: N'allez plus à l'avenir à Jérusalem. Israël, voici vos dieux qui vous ont tirés de l'Egypte. Il fit aussi des temples dans les hauts lieux, et il établit pour prêtres les derniers du peuple, qui n'étaient point enfants de Lévi. Il ordonna aussi qu'on célébrerait un jour solennel dans le huitième mois, qui serait le quinzième du même mois, pour répondre à la fête des Tabernacles qui se célébrait dans le septième mois en Juda. Ce culte devint un sujet de scandale et de péché; car le peuple allait jusqu'à Dan pour y adorer ce veau d'or. L'Eternel Dieu fit alors sévèrement reprimander le roi Jeroboam, et lui fit annoncer par ses prophètes des punitions et des malheurs épouvantables; cependant le méchant ne se corrigea point et ne quitta point le service des faux dieux. Sa maison fut alors tellement corrompue, qu'à la deuxième génération déjà toute la race de Jeroboam fut entièrement exterminée de la terre.—Cependant Roboam fils de Salomon régnait sur Juda; il avait quarante et un ans lorsqu'il commença à régner, et il régna dix-sept ans en la ville de Jérusalem. Et Juda fit aussi le mal devant l'Eternel, ils commirent encore plus de péchés que leurs pères. Eux aussi, ils élevèrent des autels, et se firent des statues sur toutes les collines élevées et sur tous les arbres touffus; ils commirent en général toutes les abominations de ces peuples que l'Eternel avait détruits à la vue des enfants d'Israël. Ce fut dans la cinquième année du règne de Roboam, que Sesac roi d'Egypte vint à Jérusalem, enleva [pg 219] les trésors du roi, et pilla tout. Il prit aussi les boucliers d'or que Salomon avait faits. Or il y eut toujours guerre entre Roboam et Jeroboam. Et Roboam s'endormit avec ses pères; il fut enseveli avec eux dans la ville de David, et Abiam son fils régna en sa place. Il régna trois ans dans Jérusalem, marcha dans tous les péchés de son père, et son cœur n'était point parfait avec l'Eternel son Dieu comme l'avait été le cœur de David son père. La guerre qui avait éclaté entre Roboam et Jéroboam continua encore. Mais Israël fut enfin vaincu par Juda. Jeroboam, roi d'Israël, mourut ensuite dans la vingt-deuxième année de son règne, et Nadab son fils régna en sa place.
Les deux royaumes.
(Juda.) La vingtième année de Jeroboam roi d'Israël, Asa roi de Juda commença son règne. Asa fils d'Abiam régna quarante et un ans dans Jérusalem. Et Asa fit ce qui était droit et juste aux yeux de l'Eternel, comme avait fait David son père. Il purgea Jérusalem de toutes les infamies des idoles que ses pères y avaient dressées, et il commanda à Juda de chercher l'Eternel le Dieu de leurs pères, et d'observer la loi et tout ce qui était ordonné. Il ôta aussi les autels et les temples de toutes les villes de Juda, et il régna en paix.—Un jour Zara, roi d'Éthiopie, vint l'attaquer avec une armée d'un million d'hommes et trois cents chariots de guerre, et s'avança jusqu'à Maresa. Asa marcha au-devant de lui, et rangea son armée en bataille dans la vallée de Sephata, près de Maresa; et il invoqua Dieu, et dit: Eternel, quand vous voulez secourir, le petit nombre [pg 220] et le grand nombre sont la même chose devant vous. Secourez-nous donc, Eternel; car c'est parce que nous nous confions en vous et en votre nom, que nous sommes venus contre cette multitude. Eternel, vous êtes notre Dieu, ne permettez pas que l'homme l'emporte sur vous. Ainsi l'Eternel jeta l'épouvante parmi les Ethiopiens qui étaient en présence d'Asa et de Juda; et les Ethiopiens prirent la fuite et furent défaits.—Alors Azaria fils d'Oded fut rempli de l'esprit de Dieu. Il alla au-devant d'Asa, et lui dit: Ecoutez-moi, Asa, et vous tous, peuples de Juda et de Benjamin. L'Eternel vous a assisté, parce que vous vous êtes tenus attachés à lui. Si vous le cherchez, vous le trouverez; mais si vous le quittez, il vous abandonnera. Alors Asa assembla tous ses sujets de la tribu de Juda et de Benjamin, et avec eux plusieurs étrangers des tribus d'Ephraïm, de Manassé et de Siméon; car beaucoup d'Israélites étaient venus se rendre à lui, voyant que l'Eternel son Dieu était avec lui. Et lorsqu'ils se furent rendus à Jérusalem le troisième mois, et l'an quinzième du règne d'Asa, ils offrirent des sacrifices à l'Eternel et promirent de nouveau de chercher le Dieu de leurs pères de tout leur cœur et de toute leur âme. Et il n'y eut point de guerre jusqu'à la trente-cinquième année du règne d'Asa. Mais l'an trente-sixième, Baasa roi d'Israël vint en Juda, et fortifia Rama, afin que nul du royaume d'Asa ne pût sûrement ni entrer ni sortir. Alors Asa prit l'or et l'argent qui étaient dans les trésors de la maison de l'Eternel, et dans les trésors du roi, et les envoya à Benadad roi de Syrie pour l'engager de rompre l'alliance faite avec Baasa roi d'Israël, et de l'obliger de se retirer des états de Juda. En ce même temps le prophète Hanani vint trouver le roi Asa, et lui dit: Les yeux de l'Eternel sont ouverts sur toute la terre, et ils [pg 221] inspirent de la force à ceux qui se confient en lui d'un cœur parfait. Vous avez donc agi follement en mettant votre confiance dans le roi de Syrie, et non dans l'Eternel votre Dieu; et pour cela même, il va s'allumer des guerres contre vous. Asa, s'emportant contre le prophète, commanda qu'on le mît en prison; car la remontrance de ce prophète l'avait irrité au dernier point: il opprima aussi plusieurs d'entre le peuple. Ensuite Asa tomba malade la trente-neuvième année de son règne, d'une très-violente douleur aux pieds, et cependant il n'eut point recours à l'Eternel dans son mal; mais il mit plutôt sa confiance dans la science des médecins. Et il mourut la quarante et unième année de son règne, fut enterré dans la sépulture qu'il s'était fait faire en la ville de David, et on le mit sur son lit tout rempli d'odeurs et de parfums exquis, où les parfumeurs avaient employé toute leur science; et ils les brûlèrent sur lui avec beaucoup d'appareil et de pompe.—Josaphat son fils régna en sa place, et il eut toujours l'avantage sur Israël. L'Eternel fut avec Josaphat, parce qu'il marcha dans les premières voies de David son père, et qu'il ne mit point sa confiance dans les idoles. Comme son cœur était plein de force et de zèle pour l'observation des préceptes de l'Eternel, il fit abattre dans Juda les hauts lieux et les bois consacrés aux idoles. La troisième année de son règne il envoya plusieurs hommes des premiers seigneurs de la cour, pour instruire les villes de Juda. Il joignit à ces hommes plusieurs lévites et les prêtres Elisama et Joram: et ils instruisaient tout le peuple de Juda, et portaient avec eux le livre de la loi de Dieu; ils allaient dans toutes les villes de Juda, et y enseignaient le peuple. Ainsi Dieu affermit le royaume dans la main de ce roi, de sorte que tous les royaumes qui étaient aux environs de Juda, [pg 222] n'osaient prendre les armes contre Josaphat. Les Philistins même venaient faire des présents à Josaphat, et ils lui payaient un tribut d'argent. Les Arabes lui amenaient des troupeaux de menu bétail. Et Josaphat devint puissant, et s'éleva jusqu'à un très-haut point de grandeur. Il bâtit des forteresses dans Juda en forme de tours, et fit de grandes choses dans toutes les villes de Juda.
(Israël.) Nadab, fils de Jeroboam, régna deux ans sur Israël. Il fit le mal devant l'Eternel, et il marcha dans les voies de son père, et dans les péchés qu'il avait fait commettre à Israël. Mais Baasa, de la tribu d'Issachar, fit une entreprise secrète contre sa personne, et le tua. Baasa étant devenu roi, tua tous ceux de la maison de Jeroboam. Il n'en laissa pas vivre un seul de sa race, jusqu'à ce qu'il l'eût exterminée entièrement, selon que l'Eternel l'avait fait prédire par Ahia Silonite son serviteur. Baasa fit aussi le mal devant l'Eternel, il marcha dans les voies de Jeroboam, et dans les péchés qu'il avait fait commettre à Israël. Or l'Eternel adressa sa parole à Jehu fils d'Hanani, contre Baasa, et lui fit dire: Parce que vous avez marché dans la voie de Jeroboam et vous avez fait pécher Israël mon peuple, je retrancherai de dessus la terre la postérité de Baasa, et je ferai de votre maison ce que j'ai fait de la maison de Jeroboam. Et Baasa mourut, fut enseveli à Thersa et Éla son fils régna en sa place, dans la vingt-sixième année d'Asa roi de Juda.—Ela régna sur Israël à Thersa, et son règne ne dura que deux ans; car Simri son serviteur, qui commandait la moitié de sa cavalerie, se révolta contre lui, et se jetant sur lui tout d'un coup, il le frappa et le tua. Et lorsqu'il fut établi roi, il extermina toute la maison de Baasa, sans épargner aucun de ses proches ou de ses amis. C'est ainsi que la maison de Baasa [pg 223] fut détruite, selon la parole que l'Eternel avait fait dire à Baasa par le prophète Jehu. Cependant, Simri ne régna à Thersa que pendant sept jours. L'armée d'Israël qui assiégeait alors Gebbethon ville des Philistins, ayant appris que lui, Simri, s'était révolté et avait tué le roi, établit roi Amri, général de l'armée, qui était alors dans le camp. Amri, quittant donc Gebbethon, marcha avec l'armée d'Israël, et vint assiéger Thersa. Simri, voyant que la ville allait être prise, entra dans le palais, où il fit mettre le feu et périt dans les flammes avec la maison royale. Alors le peuple d'Israël se divisa en deux partis. La moitié du peuple suivit Thebni fils de Gineth pour l'établir roi, et l'autre suivait Amri. Mais le parti d'Amri eut l'avantage sur celui de Thebni; et Thebni étant mort, Amri régna seul. La trente et unième année d'Asa roi de Juda, Amri régna sur Israël. Son règne dura douze ans, dont il régna six à Thersa. Il acheta alors la montagne de Samarie de Somer, et y bâtit une ville qu'il appela Samarie, du nom de Somer à qui avait été la montagne. Amri fit le mal devant l'Eternel, et les crimes qu'il commit surpassèrent encore ceux de tous ses prédécesseurs. Il marcha entièrement dans la voie de Jeroboam fils de Nabat, et dans les péchés par lesquels il avait fait pécher Israël. Et Amri mourut, fut enseveli à Samarie, et Achab son fils régna en sa place.—Ce roi fit aussi le mal devant l'Eternel, et surpassa même en impiété tous ceux qui avaient été avant lui. Il ne se contenta pas de marcher dans les péchés de Jeroboam; mais il épousa Jezabel fille du roi des Sidoniens, et il alla servir Baal, et l'adora, lui bâtit un temple à Samarie, et ajouta toujours crime sur crime. Jezabel son épouse fit tuer tous les prophètes de l'Eternel, il n'en resta que cent, qui furent cachés par Obadiahu, intendant de [pg 224] la maison d'Achab, et nourris par lui. Or l'Eternel Dieu fit annoncer au roi Achab toutes sortes de malheurs, lui envoya à différentes reprises le prophète Elie, homme plein d'amour et de ferveur pour la vérité et le culte du seul vrai Dieu. Achab fut exhorté et averti par des merveilles et des présages: cependant tout cela fut inutile. Un jour qu'il marchait accompagné de Josaphat roi de Juda, contre le roi de Syrie, Achab fut frappé par une flèche qui vint le percer entre le poumon et l'estomac et il mourut. On le porta à Samarie, où il fut enseveli.—Achasiahu son fils lui succéda sur le trône. Celui-ci marcha dans la voie de son père et de sa mère, et ne régna que deux ans sur Israël. Il mourut des suites d'une chute qu'il avait faite de la fenêtre d'une chambre haute qu'il avait à Samarie. Et, comme il n'avait point de fils, Joram son frère régna en sa place. Ce roi secouru par Josaphat roi de Juda, et par le roi d'Edom, vainquit les Moabites qui avaient refusé de lui payer leur tribut, consistant en cent mille agneaux et cent mille moutons avec leur toison.—Les Syriens étaient alors en guerre contre Israël, cependant, ils ne réussirent point, Elisée le prophète ayant toujours dénoncé leurs projets d'attaque au roi d'Israël. Un jour que les Syriens s'étaient avancés jusqu'à Samarie et assiégeaient cette ville, le bruit de l'approche des troupes auxiliaires venant de l'Egypte au secours d'Israël, les effraya tellement qu'ils s'enfuirent pendant la nuit, abandonnant leur camp et tout ce qu'ils y avaient, ne pensant qu'à sauver leur vie. Or, Joram ayant assiégé Ramoth de Galaad, qui était alors dans les mains des Syriens, y fut blessé, et bientôt après il fut tué par Jehu, son général, qui déjà avait été sacré secrètement roi d'Israël par Elisée le prophète. Jehu fit mourir ensuite tout ce qui restait de la maison d'Achab, [pg 225] tous les grands de sa cour, ses amis et les prêtres qui étaient à lui, sans qu'il restât rien de ce qui avait appartenu de près ou de loin à sa personne. Ainsi fut accompli tout ce que l'Eternel avait fait prédire par Elie son serviteur. Jehu fit aussi tuer Achasia roi de Juda, qui se trouvait en ce moment auprès de Joram roi d'Israël. Ensuite il fit exterminer par ses serviteurs tous les prêtres et les prophètes de Baal, et fit détruire le temple et la statue de Baal. Ainsi Jehu extermina Baal d'Israël; mais il ne se retira point des péchés de Jeroboam; il ne quitta point les veaux d'or qui étaient à Bethel et à Dan. Et parce qu'il n'eut pas soin de marcher de tout son cœur dans la loi de l'Eternel, le Dieu d'Israël, l'Eternel n'était pas toujours avec lui: et il arriva que déjà pendant son règne les Syriens, sous le commandement de Hazaël, se rendirent maîtres de tout le pays de Galaad.—Joachaz, qui succéda à Jehu son père, n'eut pas moins à souffrir des attaques des Syriens ses ennemis; ceux-ci lui détruisirent presque tout son royaume. Joas son fils fut plus heureux que lui: il vainquit Amasias roi de Juda, s'empara de la ville de Jérusalem et en remporta un riche butin. Encouragé par le prophète Elisée, il fit la guerre aux Syriens, les battit par trois fois, et rendit à Israël les villes qui lui avaient été prises. Joas régna pendant seize ans sur Israël, il ne se détourna point de tous les péchés de Jeroboam fils de Nabat, et fit le mal devant l'Eternel.
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Israël en captivité dans l'Assyrie.
Sous le règne de tous ces rois que nous venons de voir, ainsi que sous les rois qui se succédèrent depuis, Israël fut toujours entraîné vers le mal. Suivant les exemples de leurs princes idolâtres ils quittèrent tous la voie de Dieu. Ils adoraient des abominations, contre la défense expresse que l'Eternel leur en avait faite par tous ses prophètes. Ils avaient abandonné toutes les ordonnances, toutes les lois de l'Eternel leur Dieu. Ils sacrifiaient leurs fils et leurs filles et les faisaient passer par le feu (Moloch, idole des Ammonites). Ils s'attachaient aux divinations et aux augures, et s'abandonnaient à des actions criminelles, qu'ils commettaient devant l'Eternel. C'est pourquoi à peine quelques rois se furent-ils succédé que le moment de la juste punition de l'Eternel arriva.
Jeroboam II, fils de Joas, succéda à son père, et régna quarante et un ans à Samarie. Il fit le mal devant l'Eternel, et s'endormit avec les rois d'Israël ses pères. Zacharias son fils régna en sa place. Il fit le mal, comme avaient fait ses pères. Dans le sixième mois de son règne Sallum fils de Jabès forma une conspiration contre lui, le tua publiquement et régna en sa place. Sallum régna un mois seulement à Samarie; car Manahem fils de Gadi étant venu de Thersa à Samarie, attaqua Sallum, le tua dans la même ville, et régna en sa place. Manahem fit le mal devant l'Eternel, et pendant tout son règne il ne se retira point des péchés de Jeroboam fils de Nabat, qui avait fait pécher Israël. Phul roi des Assyriens étant venu dans la terre [pg 227] d'Israël, Manahem lui donna mille talents d'argent, afin qu'il le secourût, et qu'il affermît son règne. Manahem leva cet argent dans Israël sur toutes les personnes puissantes et riches, qu'il taxa à cinquante sicles d'argent par tête. Le roi d'Assyrie retourna alors dans son pays. Manahem mourut après avoir régné dix ans sur Israël, et Phaceïa (Pekachia) son fils régna en sa place. Il régna deux ans sur Israël, fit le mal devant l'Eternel, et ne se retira point des péchés de Jeroboam fils de Nabat. Alors Phacée (Pekach) fils de Romelie, général de ses troupes, fit une conspiration contre lui; il l'attaqua à Samarie dans la tour de la maison royale, le tua et régna en sa place. Phacée régna dans Israël à Samarie pendant vingt ans, et fit le mal devant l'Eternel.
Theglath-Phalasar, roi des Assyriens, vint alors en Israël, et prit Aion, Abel-Beth-Maacha, Janoé, Cedès, Asor, Galaad, la Galilée, et tout le pays de Nephthali, et en transporta tous les habitants en Assyrie.
Or Osée (Hoschéa) fils d'Ela, forma une conspiration contre Phacée pour le surprendre; il l'attaqua, le tua, et régna en sa place. Il fit le mal devant l'Eternel, mais non comme les rois d'Israël qui avaient été avant lui. Salmanasar, roi des Assyriens, marcha contre lui, et Osée fut asservi à Salmanasar et lui payait tribut. Mais le roi des Assyriens ayant découvert qu'Osée pensait à se révolter contre lui, et que pour s'affranchir du tribut qu'il lui payait tous les ans, il avait envoyé des ambassadeurs à Sua roi d'Egypte, il l'assiégea; et l'ayant pris, il le chargea de chaînes et l'envoya en prison. Salmanasar fit d'abord des courses par tout le pays; et étant venu ensuite à Samarie, il la tint assiégée pendant trois ans. La neuvième année d'Osée, le roi des Assyriens prit Samarie, [pg 228] transféra les Israélites au pays des Assyriens, et les fit demeurer dans Hala et dans Habor près du fleuve de Gozan et dans les villes des Mèdes (l'an 3205). Or le roi des Assyriens fit venir des habitants de Babylone, de Cutha, d'Avah, d'Emath et de Sepharvaïm, et les établit dans les villes de Samarie en la place des enfants d'Israël. Ces peuples possédèrent Samarie, et habitèrent dans ses villes.
Origine de la secte des Samaritains.
Ces nations étrangères s'étant établies peu à peu dans le pays dépeuplé de Samarie, furent souvent inquiétées par des lions qui dévoraient beaucoup de monde. Ces nations en attribuaient la cause à ce qu'on avait déplacé le culte du pays, et firent dire au roi des Assyriens: Les peuples que vous avez transférés en Samarie, ignorent la manière dont le dieu de ce pays-là veut être adoré; et ce dieu a envoyé contre eux des lions qui les tuent, parce qu'ils ne savent pas la manière dont le dieu de cette terre veut être adoré. Alors le roi des Assyriens donna cet ordre: Envoyez en Samarie l'un des prêtres que vous en avez emmenés captifs, qu'il y retourne, et demeure avec ces peuples, afin qu'il leur apprenne le culte qui doit être rendu au dieu du pays. Ainsi l'un des prêtres qui avaient été emmenés captifs de la province de Samarie, y étant revenu, demeura à Bethel, et il leur apprenait la manière dont ils devaient honorer l'Eternel. Ensuite chacun de ces peuples, quoiqu'il adorât l'Eternel, servait en même temps ses dieux, selon la coutume des nations du milieu desquelles ils avaient été transférés en Samarie. La religion de ces nouveaux [pg 229] habitants du pays ne cessait donc pas d'être celle de l'idolâtrie. Les sectateurs en sont ordinairement appelés Samaritains, quelquefois aussi Cuthéens.
Le royaume de Juda.
Ce royaume aussi tombe de plus en plus dans les péchés et les crimes, et la fin en est la même.
Captivité de Babylone.
Après la mort de Josaphat, Joram son fils monta sur le trône, et régna huit ans dans Jérusalem. Il marcha dans les voies des rois d'Israël, comme la maison d'Achab y avait marché, parce que sa femme était fille d'Achab; et il fit le mal devant l'Eternel. Pendant le temps de son règne, Edom secoua le joug de Juda pour ne lui être plus assujetti, et il s'établit un roi. En ce même temps Lobna se retira aussi de la domination de Juda.
Joram s'endormit, fut enseveli dans la ville de David, et son fils Ochozias (Achasia) régna en sa place, dans la douzième année de Joram fils d'Achab, roi d'Israël. Ochozias régna un an dans Jérusalem; il marcha dans les voies de la maison d'Achab et fit le mal devant l'Eternel, comme la maison d'Achab, parce qu'il en était parent. Il marcha aussi avec Joram fils d'Achab, pour combattre contre Hazaël roi de Syrie. Joram fut alors blessé par les Syriens, et revint à Jezrahel pour se faire traiter de sa blessure. Et [pg 230] lorsque Ochozias roi de Juda y vint pour voir Joram, qui était malade, il fut frappé par les serviteurs de Jehu et mourut. Il fut porté à Jérusalem et enseveli avec ses pères dans la ville de David.—Athalie fille d'Amri roi d'Israël, mère d'Ochozias, voyant son fils mort, s'éleva contre les princes de la race royale, et les fit tous tuer. Mais Josaba fille du roi Joram, sœur d'Ochozias, prit Joas fils d'Ochozias avec sa nourrice, qu'elle fit sortir de sa chambre, et le déroba du milieu des enfants du roi lorsqu'on les tuait, et lui sauva la vie, le tenant caché sans qu'Athalie pût le savoir. Il fut six ans caché avec sa nourrice dans la maison de l'Eternel. Et Athalie cependant régnait sur la terre de Juda. La septième année le prêtre Joïada envoya querir les centeniers et les soldats. Il les fit entrer dans le temple de l'Eternel, et fit un traité avec eux, leur fit prêter le serment de fidélité en leur montrant le fils du roi. Il leur donna ensuite les lances et les armes du roi David, qui étaient dans la maison de l'Eternel. Ils se tinrent donc tous rangés auprès du roi, les armes à la main. Joïada leur présenta le fils du roi, mit sur sa tête le diadème et le livre de la loi. Ils l'établirent roi, le sacrèrent, et ils crièrent: Vive le roi! Athalie entendit ce bruit, et entrant parmi la foule dans le temple de l'Eternel, elle vit le roi assis sur son trône. Alors elle déchira ses vêtements, et s'écria: Trahison, trahison! En même temps Joïada la fit emmener hors du temple, afin qu'on ne la tuât pas dans le temple de l'Eternel, et les soldats la tuèrent auprès du palais. Joïada fit alors une alliance entre l'Eternel, le roi et le peuple, afin qu'il fût désormais le peuple de l'Eternel. Tout le peuple entra ensuite dans le temple de Baal, ils renversèrent ses autels, brisèrent ses images et tuèrent Mathan prêtre de Baal devant l'autel.—Joas avait sept ans lorsqu'il [pg 231] commença à régner, et il fit ce qui était juste devant l'Eternel tant qu'il fut conduit par le prêtre Joïada. Il ne supprima pas néanmoins les hauts lieux, et le peuple y offrait ses offrandes. Or, c'est sous son règne, et par ses ordres qu'il fut statué: que les prêtres prendraient tout l'argent consacré et apporté dans le temple pour l'employer aux réparations de la maison de l'Eternel. Cependant, les prêtres n'ayant point fait ces réparations du temple jusqu'à la vingt-troisième année du règne de Joas, le roi les fit venir, et leur dit: Pourquoi ne faites-vous point les réparations du temple? N'en recevez donc plus l'argent selon l'ordre de votre ministère; mais rendez celui que vous avez reçu, afin qu'on l'emploie aux réparations du temple. Alors le prêtre Joïada prit un tronc, le mit auprès de l'autel, et les prêtres qui gardaient les portes, y mettaient tout l'argent qui s'apportait au temple de l'Eternel. Et cet argent était employé pour tout ce qui était nécessaire aux réparations et au rétablissement du temple.—Alors Hazaël roi de Syrie vint mettre le siége devant Geth, la prit, puis se détourna pour marcher vers Jérusalem. C'est pourquoi Joas roi de Juda prit tout l'argent consacré, que Josaphat, Joram et Ochozias ses pères, et lui-même, avaient offert au temple, et tout ce qui put se trouver d'argent dans les trésors du temple et dans le palais du roi, et il l'envoya à Hazaël roi de Syrie, qui se retira de Jérusalem. Dans la quarantième année du règne de Joas, ses officiers firent une conspiration entre eux, se soulevèrent contre lui et le tuèrent en Beth-Mello. Il fut enseveli dans la ville de David, et Amasias son fils régna en sa place. Ce roi fit ce qui était juste devant l'Éternel, mais non comme David; il se conduisit en tout comme Joas son père s'était conduit. Lorsqu'il eut affermi son règne, il fit mourir ceux de ses officiers [pg 232] qui avaient tué le roi son père; mais il ne fit point mourir les enfants de ces meurtriers, selon ce qui est écrit au livre de la loi de Moïse, et selon cette ordonnance de l'Eternel: Les pères ne mourront pas pour les fils, et les fils ne mourront point pour les pères, mais chacun mourra dans son péché. Ce fut lui qui battit dix mille Iduméens dans la vallée des Salines, et qui prit d'assaut une forteresse qu'il appela Jectehel.—Alors Amasias envoya des ambassadeurs vers Joas roi d'Israël, et lui fit dire: Venez, et voyons-nous l'un l'autre (c'est-à-dire combattons-nous). Mais Joas lui fit répondre: Le chardon du Liban envoya vers le cèdre qui est au Liban, et lui fit dire: Donnez votre fille pour épouse à mon fils. Mais les bêtes de la forêt du Liban passèrent et foulèrent aux pieds le chardon... Parce que vous avez eu l'avantage sur les Iduméens et que vous les avez battus, votre cœur s'est gonflé d'orgueil. Soyez content de votre gloire, et demeurez en repos dans votre maison. Pourquoi cherchez-vous votre malheur, pour périr vous-même et faire périr Juda avec vous? Mais Amasias ne voulut point écouter cette remontrance, et Joas roi d'Israël marcha contre lui; l'armée de Juda fut taillée en pièces par celle d'Israël, Amasias fut pris par Joas qui l'emmena à Jérusalem. Joas fit une brèche à la muraille de Jérusalem de quatre cents coudées de long. Il emporta tout l'or et l'argent, et tous les vases qui se trouvèrent dans la maison de l'Eternel et dans tous les trésors du roi; il prit des otages, et retourna à Samarie. Amasias régna encore quinze ans après la mort de Joas roi d'Israël, et dans la vingt-neuvième année de son règne, il se fit une conjuration contre lui à Jérusalem, qui l'obligea de s'enfuir à Lachis. Mais ils envoyèrent après lui à Lachis, et ils le tuèrent en ce même lieu. Son corps fut alors transporté à Jérusalem et enseveli en la ville de [pg 233] David. Tout le peuple de Juda prit ensuite Azarias (nommé aussi Ozias) âgé de seize ans, qui fut établi roi en la place de son père Amasias.—Azarias régna cinquante-deux ans dans Jérusalem, il fit ce qui était agréable à l'Eternel, et se conduisit en tout comme Amasias son père. Il ne ruina pas néanmoins les hauts lieux, et le peuple y sacrifiait ses offrandes. Dieu frappa ce roi, qui demeura lépreux jusqu'au jour de sa mort. Il vivait à part dans une maison écartée; cependant Joatham son fils était grand maître du palais, et jugeait le peuple. Et Azarias s'endormit avec ses pères, il fut enseveli dans la ville de David, et Joatham son fils régna en sa place. Ce roi fit ce qui était agréable à l'Éternel, et se conduisit en tout comme avait fait Ozias son père. Il ne détruisit pas néanmoins les hauts lieux; car le peuple y sacrifiait encore. Ce fut lui qui bâtit la plus haute porte de la maison de l'Éternel. En ce même temps l'Éternel commença à envoyer en Juda Rasin roi de Syrie, et Phacée roi d'Israël. Joatham, après avoir régné pendant seize ans dans Jérusalem, s'endormit avec ses pères, fut enseveli avec eux dans la ville de David, et Achaz son fils régna en sa place.—Achaz régna aussi seize ans à Jérusalem; mais il ne fit point ce qui était agréable à l'Éternel, comme David son père; il marcha dans la voie des rois d'Israël, et consacra même son fils, le faisant passer par le feu, suivant l'idolâtrie des nations que l'Éternel avait détruites à l'entrée des enfants d'Israël. Alors Rasin roi de Syrie, et Phacée roi d'Israël, vinrent mettre le siége devant Jérusalem, et tenant Achaz assiégé, ils ne purent néanmoins le prendre. En ce même temps Rasin roi de Syrie reconquit Elath et en chassa les Judéens. Phacée roi d'Israël tua cent vingt mille hommes de Juda en un seul jour, et en emmena captifs deux cent mille, tant femmes que [pg 234] garçons et filles, avec un butin infini. D'après le conseil du prophète Oded, on renvoya ensuite les captifs et on leur rendit tout ce dont ils avaient besoin. Alors Achaz amassa l'or et l'argent qui se trouva dans le temple et dans les trésors du roi, il en fit des présents au roi des Assyriens, qui se nommait Theglath-Phalasar, et lui fit dire: Venez me sauver des mains du roi de Syrie et des mains du roi d'Israël, qui se sont ligués contre moi. Le roi des Assyriens s'étant rendu à ce qu'il désirait de lui, vint à Damas, ruina la ville, en transféra les habitants à Cyrène, et tua Rasin. Alors le roi Achaz alla à Damas au-devant de Theglath-Phalasar, et ayant vu l'autel qui était à Damas, il en envoya au prêtre Urie un modèle qui en présentait exactement tout l'ouvrage. Urie reçut l'ordre de faire bâtir le même autel à Jérusalem, et Achaz, revenu de Damas, y offrit des sacrifices. Il transféra l'autel d'airain consacré à l'Eternel, et ordonna au prêtre de sacrifier sur le nouvel autel. Le roi Achaz fit en outre beaucoup de ravages dans l'intérieur du temple, et fit dresser des autels dans toutes les places de Jérusalem et dans toutes les villes de Juda. Enfin il mourut et fut enseveli dans la ville de Jérusalem; mais on ne le mit pas dans les tombeaux des rois d'Israël. Ézéchias son fils régna en sa place.—Ezéchias régna vingt-neuf ans dans Jérusalem, fit ce qui était bon et agréable à l'Eternel, selon tout ce qu'avait fait David son père. Il détruisit les hauts lieux, brisa les statues et fit mettre en pièces le serpent d'airain (que Moïse avait fait en mémoire d'un malheureux événement), parce que le peuple lui avait offert des sacrifices jusqu'alors, et il rétablit le culte de l'Eternel. C'est pourquoi l'Eternel était avec lui, et ce prince se conduisait avec sagesse dans toutes ses entreprises. Il secoua aussi le joug du roi des Assyriens, battit les [pg 235] Philistins et ruina leurs terres. La quatorzième année du roi Ezéchias (huit ans après qu'Israël eut été transféré en Assyrie), Sennacherib roi des Assyriens vint attaquer toutes les villes fortes de Juda et les prit. Alors Ezéchias lui envoya des ambassadeurs à Lachis, et lui fit dire: Si vous vous retirez de dessus mes terres, je souffrirai tout ce que vous m'imposerez. Le roi des Assyriens ordonna à Ezéchias de lui donner trois cents talents d'argent et trente talents d'or. Ezéchias amassa donc tout l'argent qui se trouva dans le temple et dans les trésors du roi, détacha même les lames d'or des battants des portes du temple, et les donna au roi des Assyriens. Le roi des Assyriens revint néanmoins avec une grande armée et fit assiéger Jérusalem. Le roi Ezéchias en fut alarmé, et pria l'Eternel de le sauver des mains de Sennacherib. Le prophète Isaïe le consola, lui inspira de la confiance et ranima son esprit en Dieu. Et en effet, bientôt après l'armée ennemie fut forcée de se retirer: la peste se déclara dans ses rangs, et en consuma une très-grande partie. Sennacherib retourna alors avec le reste de son armée, et se retira en son pays.—Quelque temps après Merodach-Baladan, roi des Babyloniens, envoya des ambassadeurs à Ezéchias pour le féliciter de son rétablissement d'une grave maladie (et peut-être dans l'intention de se lier avec lui contre les attaques des Assyriens). Ezéchias eut la vanité et l'imprévoyance de montrer aux ambassadeurs du roi de Babylone tous ses trésors et toutes ses richesses. Le prophète Isaïe lui en fit alors de vifs reproches, en lui disant: Il viendra un temps où tout ce qui est dans votre maison, et tout ce que vos pères y ont amassé jusqu'à ce jour, sera transporté à Babylone, sans qu'il en demeure rien. Le prophète ajouta: Vos enfants même que vous aurez engendrés, seront pris alors [pg 236] pour être serviteurs dans le palais du roi de Babylone. Prédiction qui fut bientôt accomplie.
Après la mort d'Ezéchias, son fils Manassé monta sur le trône de Juda. Manassé avait alors douze ans. Il régna cinquante-cinq ans dans Jérusalem, fit le mal devant l'Eternel, et adora des idoles. Il rebâtit les hauts lieux que son père Ezéchias avait détruits, il dressa des autels à Baal, fit passer son fils par le feu, aima les divinations, observa les augures, institua ceux qu'on appelle pythons, et séduisit ainsi le peuple, de sorte qu'il commit le mal aux yeux de l'Eternel. Les prophètes de l'Eternel dirent alors en son nom: Parce que Manassé roi de Juda a commis ces abominations, et qu'il a fait pécher Juda par ses infamies, je vais faire fondre de tels maux sur Jérusalem et sur Juda, que les oreilles en seront étourdies à quiconque les entendra. J'étendrai sur Jérusalem le cordeau de Samarie et le poids de la maison d'Achab. J'abandonnerai les restes de mon héritage, et je les livrerai entre les mains de leurs ennemis; et tous ceux qui les haïssent les pilleront et les ravageront. Manassé répandit des ruisseaux de sang innocent, jusqu'à en remplir toute la ville de Jérusalem. C'est pourquoi Dieu fit venir sur lui les généraux de l'armée du roi des Assyriens, qui après avoir pris Manassé, lui mirent les fers aux pieds et aux mains, et l'emmenèrent à Babylone. Manassé réduit à cette grande extrémité pria l'Eternel son Dieu, et il conçut un très-vif repentir en la présence du Dieu de ses pères. Il lui adressa ses gémissements et ses instantes supplications: et l'Éternel exauça sa prière, et le ramena à Jérusalem dans son royaume. Manassé reconnut alors que l'Éternel était le vrai Dieu, il ôta les dieux étrangers et l'idole de la maison de l'Eternel, détruisit les autels, et fit jeter tout hors de la ville. Il rétablit aussi [pg 237] l'autel de l'Eternel, et il ordonna à tout le peuple de Juda de servir l'Eternel le Dieu d'Israël. Cependant le peuple sacrifiait encore sur les hauts lieux. Manassé mourut ensuite, fut enseveli dans le jardin de sa maison; et Amon son fils régna en sa place.—Amon fit le mal devant l'Eternel, abandonna le Dieu de ses pères, et ne marcha point dans la voie de l'Eternel. Il ne régna que deux ans dans Jérusalem. Ses serviteurs lui dressèrent alors des embûches, le tuèrent dans sa maison, et le peuple établit Josias son fils pour régner en sa place.—Josias avait huit ans lorsqu'il commença à régner, et il régna trente et un ans à Jérusalem. Il fit ce qui était agréable à l'Eternel, et marcha dans toutes les voies de David son père, sans se détourner ni à droite ni à gauche. La dix-huitième année de son règne il envoya Saphan, le secrétaire du temple, vers le prêtre Helcias avec l'ordre d'amasser tout l'argent qui avait été porté au temple, et d'y faire toutes les réparations et tout ce qui était nécessaire pour rétablir la maison de l'Eternel. Alors le prêtre Helcias dit à Saphan: J'ai trouvé un livre de la loi dans le temple de l'Eternel. Et il donna ce livre à Saphan qui le lut. Saphan revint ensuite trouver le roi pour lui rendre compte de ce qu'il lui avait commandé, et lui dit encore: Le prêtre Helcias m'a donné un livre. Et il le lut devant le roi. Le roi ayant entendu ces paroles du livre de la loi de l'Eternel, déchira ses vêtements, et dit à Helcias, à Saphan et à ses serviteurs: Allez, consultez sur les paroles de ce livre. Ils allèrent alors trouver Holda la prophétesse, femme de Sellum, et lui parlèrent selon l'ordre du roi. Holda leur répondit: Dites à l'homme qui vous a envoyé vers moi: Voici ce que dit l'Eternel: Je vais faire tomber sur ce lieu et sur ses habitants tous les maux que le roi de Juda a lus dans ce livre [pg 238] de la loi; parce qu'ils m'ont abandonné et qu'ils ont sacrifié à des dieux étrangers. Mais pour le roi de Juda, qui vous a envoyé me consulter, vous lui direz: Parce que vous avez écouté les paroles de ce livre, que votre cœur en a été épouvanté, que vous vous êtes humilié devant l'Eternel, après avoir appris les maux dont il menace cette ville et ses habitants, j'ai écouté votre prière, dit l'Eternel. C'est pourquoi je vous ferai reposer avec vos pères, et vous serez enseveli en paix, afin que vos yeux ne voient point les maux que je dois faire tomber sur cet endroit. Alors le roi fit assembler tout le peuple de Juda, alla avec lui au temple, et on lut devant lui toutes les paroles de ce livre de l'alliance, qui avait été trouvé dans la maison de l'Eternel. Le roi se tint debout sur un lieu élevé, et fit alliance avec l'Eternel, afin que ses sujets marchassent dans la voie de l'Eternel, qu'ils observassent ses préceptes et ses ordonnances de tout leur cœur et de toute leur âme, et qu'ils accomplissent toutes les paroles de l'alliance qui étaient écrites dans ce livre. Et le peuple consentit à cet accord. Le roi ordonna alors au pontife Helcias, aux prêtres du second ordre et aux portiers, de jeter hors du temple tous les vaisseaux qui avaient servi à Baal, et il les brûla hors de Jérusalem dans la vallée de Cedron, et en emporta la poussière à Bethel. Il extermina aussi tous les prêtres qui sacrifiaient à Baal, au soleil, à la lune, aux douze signes et à toutes les étoiles du ciel. Le roi souilla et profana pareillement le lieu de Topheth, qui est dans la vallée des fils d'Ennom, afin que personne ne sacrifiât son fils ou sa fille à Moloch, en les faisant passer par le feu. Outre tout cela Josias détruisit tous les temples des hauts lieux qui étaient dans les villes de Samarie, et que les rois d'Israël avaient bâtis pour le service des faux dieux. Josias dit ensuite à [pg 239] tout le peuple: Célébrez la Pâque en l'honneur de l'Eternel votre Dieu, en la manière qui est écrite dans ce livre de l'alliance. Josias extermina aussi les pythons, les devins et les figures des idoles, les impuretés et les abominations des pays de Juda et de Jérusalem, pour accomplir les paroles de la loi qui étaient écrites dans ce livre que Helcias pontife avait trouvé dans le temple de l'Eternel. Il n'y avait point eu avant Josias de roi qui lui fût semblable, et qui fût retourné comme lui à l'Eternel de tout son cœur et de toute son âme, selon tout ce qui est écrit dans la loi de Moïse, et il n'y en a point eu non plus après lui.—Cependant la ruine de Juda était décidée par l'Eternel, et bientôt cette parole de l'Eternel fut accomplie: Je rejetterai aussi Juda de devant ma face, comme j'ai rejeté Israël, et j'abandonnerai Jérusalem.—En ce temps-là Pharaon Nechao roi d'Egypte marcha contre le roi des Assyriens vers le fleuve d'Euphrate; et Josias marcha pour s'opposer à lui. Pharaon lui fit dire: Qu'avez-vous à démêler avec moi, roi de Juda? Ce n'est pas contre vous que je viens aujourd'hui. Cependant Josias ne voulut point s'en retourner; mais il continua sa marche pour lui livrer bataille dans le champ de Magedo; il y fut blessé et mourut. Ses serviteurs le rapportèrent mort à Jérusalem, et l'ensevelirent dans son sépulcre; et tout Juda et Jérusalem le pleurèrent, particulièrement le prophète Jérémie, dont les lamentations sur la mort de Josias se chantèrent bien longtemps dans le pays, car cette coutume était comme une espèce de loi établie dans Israël. Le peuple fit alors sacrer Joachaz fils de Josias, et l'établit roi en la place de son père. Il fit le mal devant l'Eternel et commit tous les mêmes crimes que ses pères. Il ne régna que pendant trois mois dans Jérusalem, lorsque Pharaon Nechao y étant venu, le déposa, et condamna le pays à [pg 240] lui donner cent talents d'argent et un talent d'or. Nechao établis en même temps Joakim l'autre fils de Josias, roi sur Juda, et emmena Joachaz avec lui en Egypte où il mourut.—Joakim régna onze ans à Jérusalem, mais il fit le mal devant l'Eternel son Dieu. Nabuchodonosor (Nebukadnezar) roi de Babylone marcha alors contre Juda, et Joakim lui fut assujetti pendant trois ans; et après cela il ne voulut plus lui obéir. Nabuchodonosor revint donc, le chargea de chaînes et l'emmena à Babylone, où il transporta aussi les vases du temple de l'Eternel, et les mit dans son temple.—Joachin fils de Joakim monta sur le trône de Juda. Il régna trois mois et dix jours dans Jérusalem, et il commit le mal en présence de l'Eternel. En ce temps-là Nabuchodonosor revint assiéger Jérusalem. Joachin sortit de la ville, et vint se rendre au roi de Babylone, qui le transporta à Babylone avec les principaux de Jérusalem, tous les princes et tous les vaillants de l'armée, au nombre de dix mille captifs: il emmena aussi tous les artisans, et ne laissa que les plus pauvres d'entre le peuple. (Au nombre de ces captifs se trouva aussi le prophète Ezéchiel.)
Or Nabuchodonosor roi de Babylone établit roi en la place de Joachin, Mathanias son oncle; et il l'appela Sedecias (c'est-à-dire justice divine). Celui-ci régna onze ans à Jérusalem, et fit le mal devant l'Éternel. C'est pourquoi l'Eternel Dieu rejeta enfin Juda et Jérusalem de devant sa face et tout le royaume fut détruit: Sedecias se révolta contre le roi Nabuchodonosor, et méprisa les remontrances du prophète Jérémie, qui lui parlait de la part de l'Eternel. Le roi Nabuchodonosor revint donc en Juda, marcha avec toute son armée contre Jérusalem, mit le siége devant la ville, le dixième jour du dixième mois [pg 241] (Tebath16), y fit la brèche le neuvième jour du quatrième mois (Tamus16), et, après avoir assiégé la ville si longtemps, il y pénétra enfin le septième jour du cinquième mois (Ab16). Sedecias s'enfuit, mais l'ennemi le poursuivit et le prit. Les enfants de Sedecias furent tués aux yeux de leur père; et quant à lui, on lui creva les yeux, le chargea de chaînes, et l'emmena à Babylone. Or Nabuzardan, général du roi de Babylone, vint à Jérusalem, brûla le temple de l'Eternel et le palais du roi, consuma tout ce qu'il y avait de maisons dans Jérusalem et en abattit les murailles (l'an 3338). Ensuite il transporta à Babylone tout le reste du peuple, qui était demeuré dans la ville, les transfuges qui étaient allés se rendre au roi de Babylone, et le reste de la populace. Il laissa seulement les plus pauvres du pays pour labourer les vignes et pour cultiver les champs. Après cela Nabuchodonosor donna le commandement du peuple qui était demeuré au pays de Juda, à Godolias fils d'Achicam. Or Ismahel fils de Nathanie de la race royale, (jaloux de cette préférence que le roi de Babylone avait accordée à Godolias), vint quelque temps après (le septième mois, appelé Tischri16) accompagné de dix hommes, attaqua Godolias, le tua avec ses gens et les Chaldéens qui étaient [pg 242] avec lui. Et tout le peuple depuis le plus grand jusqu'au plus petit, avec les officiers de guerre, appréhendant les Chaldéens, sortirent de Juda, s'en allèrent en Egypte et forcèrent le prophète Jérémie d'aller avec eux.
Les Prophètes, leur Vocation, en quel lieu ils ont vécu et à quelle époque.
Dieu voulant conserver la vraie croyance et la répandre parmi toutes les nations de la terre, par l'entremise du peuple israélite, quoiqu'il retombât si souvent dans l'idolâtrie, dut faire paraître des hommes saints, nommés Prophètes qui, dans ces temps de superstition et de corruption générale, fussent des gardiens fidèles de la vraie croyance. Ces hommes qu'on nommait aussi Voyants, à cause de leur habitude de prédire l'avenir, s'élevaient par le zèle le plus sain, par la ferveur la plus pure contre l'idolâtrie et le vice. Le but de leurs efforts tendait à présenter la croyance d'un seul et unique Dieu de la manière la plus pure et la plus claire; ils prêchaient la pénitence et l'amendement en public et en particulier; ils annonçaient la bénédiction et la malédiction à raison de la fidélité ou de l'infidélité envers Dieu; et ils encourageaient les affligés par la prédiction d'un temps plus heureux.
C'est sous le règne d'Achab et d'Ochozias que s'éleva le prophète Élie de Thesbé. Il blâma avec une hardiesse peu commune, à la cour même, la défection du vrai Dieu d'Israël. Élisée son disciple, son compagnon, et son successeur, fut moins sévère et par cela même eut plus d'influence; il vivait sous le règne de Joram, Jehu, Joachaz et Joas, rois d'Israël.—Parmi les prophètes qui se [pg 243] distinguèrent pendant les règnes d'Azarias, roi de Juda, et de Jeroboam II roi d'Israël, nous connaissons principalement Amos, Joël et Osée (Hochea). Le premier était pasteur; dans sa sainte inspiration il se rendit à Bethel, endroit où les Israélites qui voulaient sacrifier avaient coutume de s'assembler. C'était là qu'il prêchait avec énergie contre la corruption et l'injustice alors si générales en Juda et en Israël, à Damas et à Gaza, à Tyr et dans le pays d'Edom, de Moab et d'Ammon; or en faisant comprendre que la décadence de tous ces peuples étrangers était la suite de leur démoralisation et de l'abjection des mœurs, il annonçait le même sort à sa patrie, dont les crimes étaient d'autant plus impardonnables qu'ils avaient des prophètes inspirés de Dieu, pour leur montrer continuellement la bonne voie.—Joël prêchait encore avec plus d'éloquence et d'élévation d'esprit. La grande affliction provoquée par un fléau de sauterelles et par une sécheresse universelle lui fournit l'occasion d'exhorter son peuple à la pénitence. Cette pénitence aura non-seulement pour effet de ramener l'ancienne affluence de biens, mais encore d'accélérer le siècle d'or, où tous les peuples limitrophes respecteront de nouveau le nom du peuple israélite.—Osée s'éleva avec énergie contre l'idolâtrie, contre le luxe des princes, l'immoralité du peuple et contre quelques autres vices et fautes particulières. Il prévit déjà que l'alliance avec l'Egypte et l'Assyrie finirait par la ruine du règne d'Israël.—Le prophète Isaïe l'emportait encore sur tous ces hommes éclairés. Il exerça l'influence la plus salutaire pendant les règnes des rois Ozias, Joatham, Achaz et Ézéchias; tantôt il blâmait la démoralisation du peuple, tantôt il exhortait à la pénitence qui devait se manifester non pas dans la pratique des usages inutiles et insensés, mais dans l'exercise [pg 244] de la vérité, de la vertu et de la justice; tantôt il critiquait les voies et moyens, les mesures pernicieuses des princes. Il annonçait aux méchants des punitions sévères, et par contre il annonçait des temps heureux et pleins de salut aux hommes justes.—Le prophète Michée était contemporain d'Isaïe. Il prédisait de grands événements qui étaient sur le point d'arriver en Israël et en Juda. Il parlait des exactions des grands, de la bassesse des faux prophètes, de l'injustice des juges et des mauvais prêtres. Il prophétisait la ruine de la patrie, la destruction de Jérusalem et du temple comme la juste punition de leurs crimes et de leurs forfaits: mais ces jours d'adversité et de malheur étant passés, il leur présentait l'avenir sous l'aspect le plus heureux.—Le prophète Nahum (Nachum) vivait quelque temps après la captivité des dix tribus d'Israël. Cet homme menaçait d'une ruine complète et la ville de Ninive, résidence des rois de l'Assyrie, et l'Assyrie tout entière, dont les habitants maltraitaient impitoyablement le peuple israélite.—C'était au commencement du règne de Josias, fils d'Amon, que le prophète Sophonie (Zephania) annonçait la ruine de la ville de Jérusalem, et prédisait en même temps le rétablissement de la patrie après que le peuple se serait corrigé.—Habacuc vivait peu de temps avant la captivité de Babylone. Dans son esprit élevé, il prévoyait déjà les horreurs que les Chaldéens exerceraient plus tard par leur force brutale dans le pays de Juda, et il pressentait en même temps le châtiment que s'attirerait cet ennemi.—Le prophète Jérémie fut témoin de la destruction de Jérusalem. Dans son zèle il ne se laissait arrêter ni par les dérisions les plus grandes, ni par les mauvais traitements. Il déplorait avec amertume l'iniquité du peuple, la défection de la loi de Dieu et la fausse politique des princes. [pg 245] Il annonçait la destruction de Jérusalem et la ruine de l'État à moins que le peuple ne se corrigeât et ne changeât totalement de vie. Cependant ses discours ne produisant pas d'effet salutaire, le malheur qu'il prédit arriva.—Ézéchiel, qui se trouvait au nombre des captifs emmenés pour la Chaldée avec le roi Joachin, débuta la septième année avant la destruction de Jérusalem. Il faisait des prédictions à ses frères en Chaldée, vers la même époque que Jérémie prophétisait en Palestine. C'est aussi à Ézéchiel que Dieu a révélé figurativement, dans une vision, la résurrection des morts.—Plus tard lors du retour dans la patrie, c'étaient les prophètes Aggée (Chaggai), Zacharie et Malachie qui instruisaient le peuple dans la loi. Le premier prophétisait lors de la deuxième année de Darius roi de Perse. Il encourageait à la reconstruction du temple en annonçant que le second temple serait encore plus illustre que le premier.—Zacharie était le contemporain d'Aggée. Ses prophéties sont tantôt des discours instructifs et exhortatifs, tantôt des descriptions sur la position future et heureuse du peuple israélite.—Malachie, qui fut le dernier prophète d'Israël, était contemporain de Néhémias. Il prophétisait après la reconstruction du temple. Ses discours sont des exhortations au peuple pour l'engager à se contenter de sa position; ils renferment et des réprimandes au peuple, et des instructions pour les prêtres. Voici quelques-unes de ses exhortations: «Que le fils honore son père et le serviteur révère son seigneur; si je suis votre père, où est l'honneur que vous me rendez? Et si je suis votre seigneur, où est la crainte respectueuse que vous me rendez? dit l'Eternel. Je m'adresse à vous, ô prêtres, qui méprisez mon nom! Les lèvres du prêtre doivent être les dépositaires de la science; et c'est de sa [pg 246] bouche que l'on cherche la connaissance de la loi, car il est l'ange de l'Eternel.» En parlant au nom de Dieu il finit en ces termes: «Souvenez-vous de la loi que j'ai donnée à Moïse mon serviteur, sur la montagne d'Horeb, afin qu'il portât à tout le peuple d'Israël mes préceptes et mes ordonnances. Je vous enverrai le prophète Elie, avant que le grand et épouvantable jour de l'Eternel arrive: et il réunira le cœur des pères à celui de leurs enfants, et le cœur des enfants à celui de leurs pères; de peur qu'en venant je ne frappe la terre d'anathème.»
État du peuple pendant le temps de l'exil.
La plus grande partie des habitants de Juda qui allèrent alors en captivité, s'établirent dans les environs de l'Euphrate, où se trouvaient déjà en exil un grand nombre d'Israëlites. Les restes de Juda et d'Israël formèrent de nouveau un seul peuple. C'est là que Jérémie adressa aux Israélites, au nom de l'Eternel, ces paroles remarquables: «Voici ce que dit l'Eternel, le Dieu d'Israël, à tous les captifs que j'ai transférés de Jérusalem à Babylone: Bâtissez-vous des maisons, et habitez-les; plantez des jardins, et nourrissez-vous de leurs fruits. Recherchez la paix de la ville dans laquelle je vous ai transférés, et priez l'Eternel pour elle parce que votre paix se trouve dans la sienne.» Les Israélites obéissaient à ces paroles, et beaucoup d'entre eux se distinguèrent par l'observance religieuse des lois de Moïse.
Il y avait parmi les exilés quatre jeunes gens d'une éducation distinguée qui se nommaient Daniel, Ananias, [pg 247] Misaël et Azarias. Le roi leur fit donner l'instruction dans toutes les sciences et dans tous les arts, et ordonna qu'on leur servît chaque jour des viandes qu'on servait devant lui, et du vin dont il buvait lui-même; mais ne voulant pas prendre de nourriture défendue par la loi de Moïse, ils se contentaient de légumes, et quoique ces aliments ne fussent guère nourrissants, ils s'en trouvaient toujours très-bien; du reste ils remplissaient leurs devoirs avec fidélité. Ces hommes se distinguèrent autant par leur savoir que par leur beauté et furent élevés aux charges les plus éminentes de l'État. Mais dans leur position distinguée ils purent sans préjudice pour leurs devoirs envers le souverain, rester toujours fidèlement et sincèrement attachés à la religion de leurs pères. L'insolent Nabuchodonosor se fit un jour dresser une statue d'or et ordonna que chacun se prosternât devant lui et l'adorât, et que celui qui s'y refuserait fût jeté au milieu des flammes d'une fournaise. Ces trois hommes, Ananias, Misaël et Azarias fidèles à leurs croyances ne voulurent point rendre les honneurs divins à une idole et furent jetés par l'ordre du roi dans les flammes de la fournaise. Mais Dieu le Tout-Puissant protégea ses serviteurs, ils restèrent intacts au milieu des flammes et le feu ne les dévora point. Nabuchodonosor reconnut alors la puissance de l'Eternel et défendit, sous peine de mort, de diffamer la religion des Israélites.—Aussi Daniel observait-il toujours les préceptes de sa croyance, au risque même de ses jours. Il était le favori de Darius, roi des Mèdes et conquérant de Babylone. Les courtisans en devinrent jaloux, lui portèrent envie et tâchèrent de le perdre. Comme il leur était impossible de découvrir quelque faute dans les affaires de son administration, ils cherchèrent les moyens de le conduire [pg 248] à sa perte. Son attachement à la religion de ses pères les favorisa dans leur dessein. D'après leurs instigations le roi ordonna que tout homme qui, durant l'espace de trente jours, demanderait quoi que ce fût à quelque dieu ou à quelque homme que ce put être sinon au roi seul, fût jeté dans la fosse aux lions. Or, Daniel ayant appris la promulgation de cette loi, entra dans sa maison, et ouvrant les fenêtres de sa chambre du côté de Jérusalem, il fléchit les genoux et adora son Dieu, lui rendit ses actions de grâces, comme il le faisait auparavant, et continua d'agir ainsi pendant quelques jours à trois différentes heures de la journée. Ces hommes donc, qui épiaient avec grand soin toutes les actions de Daniel, le trouvèrent priant et adorant son Dieu, et en firent rapport au roi. Le roi ne pouvant révoquer en faveur de Daniel l'édit publié, se vit forcé de faire exécuter l'arrêt, et Daniel fut jeté dans la fosse aux lions. Le lendemain matin lorsque le roi se rendit à la fosse, il le trouva encore sain et sauf et ordonna qu'on le retirât. Il commanda en même temps qu'on fît venir ceux qui l'avaient accusé, et qu'on les jetât dans la même fosse. Depuis cet événement Daniel fut toujours en dignité et élevé successivement aux plus grands honneurs. Il mourut enfin après une vie longue et heureuse. (Daniel était prophète; il explique le songe du roi, et prouve en différentes circonstances qu'il est inspiré par l'esprit de l'Eternel.)
La position du peuple israélite en Babylonie, à en juger par ces faits, n'était donc nullement triste et malheureuse. Il y en avait même, parmi les exilés, qui vivaient dans l'aisance et possédaient des biens-fonds. Les Israélites y exerçaient leur culte en toute liberté, ils conservaient leur constitution primitive et, comme nous venons de le voir, les esprits capables parmi eux pouvaient même parvenir [pg 249] aux plus grandes dignités de l'Etat.—C'est là, dans la captivité, qu'Israël commença par réfléchir mûrement sur sa destinée et qu'il reconnut l'absurdité de l'idolâtrie. Il regretta alors sa défection, qu'il devait regarder comme l'unique cause de son exil. La connaissance de Dieu et l'idée de le servir d'une manière plus digne ne tardèrent pas à se faire jour et à se développer de plus en plus. Des assemblées générales, ayant pour but d'adorer l'Eternel par des prières ferventes, se multipliaient.
Nabuchodonosor vint enfin à mourir dans la quarante-troisième année de son règne. Évilmerodach, son successeur, mit en liberté le roi Joachin et lui rendit les honneurs dus à son rang.—La Babylonie devint alors la proie de Darius le Mède. Sous son règne et pendant la durée du royaume Médo-Perse les Israélites en général ne subissaient pas plus de vexations particulières. Cependant c'est sous le règne de Cyaxares, père d'Astyages (selon d'autres, dans les temps de Xercès) que l'événement raconté dans le livre d'Esther se passa: tout Israël se trouvait alors en danger d'être massacré. Un des ministres du roi nommé Aman (Haman), alors irrité contre un Israélite appelé Mardochée dont il se croyait insulté, résolut de se venger non-seulement de cet homme, mais même de tout le peuple israélite. Il se procura, à cet effet, une ordonnance royale qui fut envoyée dans toutes les provinces du royaume, afin qu'on tuât et qu'on exterminât tous les Israélites depuis les plus jeunes jusqu'aux plus vieux, jusqu'aux femmes et aux petits enfants, en un même jour, c'est-à-dire, le treizième jour du douzième mois appelé Adar, et qu'on pillât tous leurs biens. Mais la reine nommée Esther, qui était elle-même israélite et parente de Mardochée, faisait de son côté des instances [pg 250] près du roi, son époux, et le peuple israélite fut sauvé d'une mort imminente. Le tyran Aman fut attaché à la même potence qu'il avait préparée à Mardochée. En mémoire de cet événement tous les Israélites s'obligèrent, eux et leurs enfants d'en faire chaque année dans toute la postérité une fête solennelle appelée Purim (c'est-à-dire, les sorts)17.
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