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Le second enfer d'Etienne Dolet: Suivi de sa traduction des deux dialogues platoniciens l'Axiochus et l'Hipparchus; notice bio-bibliographique par un bibliophile

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A
LA ROYNE DE NAVARRE,
La seule Minerue de France.

Le reconfort que nos peres antiques
Auoient iadis aux gouffres Plutoniques,
C’estoit que quand le Messias viendroit
En ces bas lieux, tout bien leur aduiendroit,
Et que bien tost sortiroient de souffrance :
Pareillement ma totale esperance
A esté telle en ce mien accident,
Que reconfort i’auroys tout euident
(Quoy reconfort ?) mais pleine deliurance
De mon malheur, si tu venois en France.
Or y es tu auecques ce grand Roy,
(Le Roy ton frere) en beau et noble arroy,
Non sans grand’ioye et grand contentement
De tout esprit et bon entendement ;
Car ie suis seur que toute ame bien née
Languissoit fort, te voyant eslongnée
De ce Royaulme, où tant bien tu conuiens.
Mais au propos de mon faict ie reuiens.
C’est toy en qui mon espoir total gist,
Apres celluy qui les hault cieulx regist ;
C’est toy, par qui liberté puis auoir ;
C’est toy, sans qui ne la puis recepuoir ;
C’est toy, pour vray, qui tousiours as tasché
Que nul ne fust contre le droict fasché.
Seray ie doncq’ de ta bonté forclus ?
Seray ie seul de ta faueur exclus ?
Pas ne le croy, et pas il n’aduiendra,
Car certain suis qu’à toy il ne tiendra
Que liberté ne me soit tost rendue,
Veu que sans crime et forfaict l’ay perdue.
Doncques suiuant ta bonté singuliere,
Il te plaira au Roy faire priere
Qu’en mon estat premier il me remette,
Et de la peine où ie suis il me iette.
Ce qu’il faira, si vng coup l’en requiers,
Comme d’vng cas que tout ton cueur quiers,
Car est il rien, tant soit grand ou exquis,
Que si le veulx, et qu’il en soit requis,
Il ne t’accorde aussi ioyeusement
Que l’en prieras affectueusement ?

FIN.

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