← Retour

Le second enfer d'Etienne Dolet: Suivi de sa traduction des deux dialogues platoniciens l'Axiochus et l'Hipparchus; notice bio-bibliographique par un bibliophile

16px
100%

A SES AMYS

Bon cueur, bon cueur, c’est à ce coup
Que Fortune a faict son effort
Pour me dresser du mal beaucoup ;
Mais tousiours ie suis le plus fort,
Car combien qu’elle tasche fort
De ruiner ce peu de bien
Que i’auoys quis par bon moyen,
Toutesfois l’esprit me demeure.
Parquoy oster ne me peult rien
Que ne recouure en bien peu d’heure.
C’est assez que l’esprit s’asseure,
Et qu’il ne perd point sa constance :
Victeur sera (c’est chose seure)
Du monstre armé à toute oultrance.
O que Vertu a de puissance !
O que Fortune est imbecille !
O comme Vertu la mutille,
Quand elle prend le frein aux dents !
Vertu n’est iamais inutille :
Les effects en sont euidents.
Ne plaignez doncq’ mes accidents,
Amys : doulcement ie les porte,
Et me ry de ces incidents ;
Car Vertu tousiours me conforte
Tant, que i’espere faire en sorte
Que Fortune à moy attachée,
La premiere en sera faschée,
Et que du mal bien me viendra.
Ce ne sera chose cachée :
Ie suys certain qu’il aduiendra.

FIN DE L’ENFER.

Chargement de la publicité...