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Les guêpes ­— séries 1 & 2

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Fragments d’une belle réponse de l’auteur des Guêpes à un homme étonné.—Les philanthropes.—Les prisons.—Les fêtes.—Question des hannetons.—M. Basin de Rocou.—Quelques citations de M. de Lamennais.—Une singulière oraison funèbre.—Les médailles de baptême.—De M. Dugabé et d’un nouveau théâtre.—Un mot du roi.—Véritable histoire de l’infante.—Comme quoi un jeune Polonais est devenu neveu de la reine de France.—Des cheveux roux.—M. Villemain.—Mademoiselle Fitzjames.—On oublie M. Molé.—Humbles remontrances à monseigneur l’archevêque de Paris.—Question sérieuse traitée de la façon la moins ennuyeuse qu’il a été possible à l’auteur.—M. Duchâtel.—Économies de M. Auguis.—Le parti des pharmaciens.—L’inconvénient d’avoir un frère célèbre.—Un danseur de l’Opéra au couvent.—Repos du roi.—M. Thorn.—Un parapluie vert.—Un voisin de campagne.—De quelques carrés de papier.

image d’une guêpe FÊTES DE MAI.—Comme je quittais Paris, le dernier jour du mois d’avril, un homme de ma connaissance me rencontra qui parut m’examiner avec étonnement.—«Comment, mon cher, me dit-il, les gros souliers et les guêtres de cuir! Vous quittez Paris—la veille des fêtes de mai?—Est-ce que vous comptez n’en pas parler dans votre volume du mois prochain?»

Je fis alors à cet homme une réponse si belle, que j’eus regret quand elle fut finie,—ce qui n’eut pas lieu tout de suite,—de ne pas l’avoir réservée pour un auditoire plus distingué et surtout plus nombreux,—et qu’aujourd’hui encore je ne puis me résigner à la voir perdue pour mes contemporains et pour la postérité,—ce qui fait que je vais m’efforcer de m’en rappeler quelques fragments,—sauf à prétendre, si on ne partage pas l’admiration qu’elle m’a inspirée, que j’en ai oublié les morceaux les plus saillants.

image d’une guêpe Mon bon ami, lui dis-je,—les philanthropes,—qu’à une époque d’injustice et de passion on avait appelés filous en troupe,—ont amélioré bien des choses.

Ils ont inventé deux manières de compatir à l’infortune des prisonniers:

PREMIÈRE MANIÈRE.—Pour ceux qui ont commis de grands crimes,—tels que d’avoir assassiné leur père à coups de hache,—coupé leur sœur en petits morceaux,—empoisonné leur mère—ou noyé leur cousin,—et qui ont eu le malheur de rencontrer des jurés assez indulgents pour voir là des circonstances atténuantes et ne les faire condamner qu’à la prison,—les philanthropes les ont jugés d’autant plus à plaindre qu’ils étaient plus criminels; et, pensant qu’ils avaient besoin de grandes consolations,—ils se sont occupés de leur rendre la vie agréable;—ils ont amélioré leur potage,—assaini leurs prisons, planté leurs jardins d’arbres d’agrément,—en un mot, convaincus de l’âpreté de leurs remords, ils ont fait en sorte qu’ils n’en pussent être distraits par aucun autre chagrin et qu’ils y fussent livrés tout entiers.

image d’une guêpe DEUXIÈME MANIÈRE.—Mais pour ceux qui se sont laissé aveugler par la lecture de certains carrés de papier, où on répète les saugrenuités emphatiques que le gouvernement actuel disait contre son prédécesseur, alors qu’il n’était pas encore gouvernement,—pour ceux qui ont tenté sans succès contre ledit gouvernement actuel ce qui a si bien réussi audit gouvernement actuel en juillet 1830.

Les philanthropes ont arbitré—qu’il était difficile d’être plus sévère contre eux qu’un père, ancien mauvais sujet, ne l’est pour son fils, à l’égard des fautes qu’il a commises autrefois, jusqu’à ce que l’âge soit venu lui apprendre à traiter de vices les plaisirs qu’il ne peut plus prendre, et à ériger en vertus les infirmités qui lui arrivent;

Que le monde n’attache aucune idée de déshonneur aux crimes politiques;

Qu’en un mot, les condamnés politiques étant moins malheureux que les autres,—on peut sans scrupule faire sur eux des essais philanthropiques variés, tels que le régime cellulaire,—l’isolement,—et une foule de tortures morales,—par suite de quoi la plupart de ces pauvres diables—meurent furieux ou vivent fous et idiots.

image d’une guêpe Les philanthropes,—pendant longtemps,—ne s’occupèrent de l’homme qu’à son entrée en prison,—ne faisant pas la moindre attention à lui tant qu’il n’est que misérable et dans la longue route de privations, d’abstinence et de douleurs qu’il parcourt avant d’arriver au crime.

Ils ont craint, un moment, de voir manquer les occasions de s’attendrir,—et, perfectionnant leur industrie,—ils ont imaginé de donner aux enfants une éducation toute littéraire et républicaine,—éducation qui, sous le premier point de vue, les détourne des métiers utiles et productifs, et, sous le second, les élève dans l’admiration d’une foule de vertus d’une autre époque, vertus toutes prévues par le Code pénal,—et dont la moindre envoie celui qui la pratique faire, à Brest ou à Toulon, un voyage de cinq ou six années.

image d’une guêpe D’où vient que pas un de ces braves philanthropes,—aujourd’hui que plusieurs d’entre eux sont fort bien vus au château,—n’a imaginé de rendre un peu plus amusantes les fêtes que l’on donne au peuple à certains anniversaires?

D’où vient que pas un des grands poëtes,—des romanciers distingués,—des dramaturges célèbres,—des écrivains de tous genres, qui depuis dix ans se sont succédé au pouvoir,—n’a trouvé dans sa cervelle la moindre variété à apporter aux quatre orchestres de danse du carré Marigny,—aux mâts de cocagne, etc., etc.?

Quelque chose,—il faut le dire,—car, si je vaux un peu, c’est par mon impartialité, qui vient de mon indifférence—quelque chose a été tenté à l’égard du feu d’artifice:—on l’a fait tirer sur le pont Louis XV,—au lieu du rond-point des Champs-Élysées,—mais cela avait déjà été osé par le gouvernement de la Restauration,—ce qui ne l’a pas empêché d’être renversé.

image d’une guêpe J’ai vu quelques-unes de ces fêtes quand j’étais enfant,—depuis j’ai lu le récit de beaucoup d’autres dans les journaux.—Quand une succession naturelle, une invasion, une restauration, une révolution,—ou toute autre cause, nous a amené un nouveau gouvernement, je me suis dit chaque fois:—«Ah! on va peut-être donner d’autres fêtes.»—Sous ce rapport-là, comme sous beaucoup d’autres, je ne me suis pas aperçu que les changements de gouvernement aient apporté rien de nouveau.—Depuis une trentaine d’années que je suis spectateur des choses que font les autres,—j’ai vu les partis tour à tour vaincus et triomphants, se fusiller,—se guillotiner,—s’emprisonner,—s’exiler,—etc.

image d’une guêpe Mais aucun n’a osé changer ni la forme des ifs des illuminations publiques, ni ces ifs eux-mêmes, qui ont porté tour à tour le suif officiel, que le peuple a le droit de voir brûler à certaines époques pour augmenter la joie qu’il est censé ressentir des naissances, fêtes ou avénements variés.

Aussi m’a-t-il semblé voir—que, dans ce cas, le peuple n’accepte de tout cela qu’un jour de loisir, et se donne à lui-même le choix de ses divertissements,—lesquels ne sont pas non plus très-variés, et consistent à aller boire aux barrières le petit vin, que si bêtement et si odieusement on lui charge dans la ville d’impôts égaux à ceux que payent les vins fins qui se servent sur la table des gens riches.

Il n’y a moyen de distinguer ces fêtes les unes des autres que par le nombre des accidents qui y arrivent;—il n’y a eu cette fois qu’un cuirassier de tué;—la précédente avait coûté la vie à deux hommes.

image d’une guêpe QUESTION DES HANNETONS.—De toutes les parties de la France—on écrit: «Les arbres sont dépouillés par les hannetons, que depuis bien longtemps on n’avait vus en nombre aussi formidable.»—Suivent les lamentations.

En effet,—en plein mois de mai,—on voit des arbres aussi dépouillés de feuilles que l’hiver. Le soir, les hannetons volent en si grande quantité, que le bruit de leur vol force d’élever la voix pour causer.

Certains arbres en sont tellement couverts,—ils s’y pendent si pressés en forme de feuillage brun, qu’un homme étranger à la campagne, au lieu de dire: «C’est un prunier, c’est un hêtre,—c’est un chêne,»—dirait: «C’est un hannetonnier.»

image d’une guêpe me rappelle un pauvre diable que l’on mit une fois en route pour l’Italie.—Après lui avoir persuadé que la végétation était sur cette terre bénie toute différente de ce qu’elle est dans les autres pays, que les arbres y produisent naturellement une foule d’objets qui ne naissent en France qu’à force de travail et de main-d’œuvre: «Tu y verras, lui disait-on,—le saucissonnier, c’est-à-dire l’arbre qui produit des saucissons,—la variété à l’ail est fort rare;—tu y verras le bretellier, c’est-à-dire l’arbre à bretelles, elles sont mûres vers la fin de septembre,—tu m’en rapporteras une paire;—mais ne va pas prendre des bretelles sauvages qui ne durent rien.»

—Toujours est-il qu’il en devint fou.

image d’une guêpe N’ai-je pas quelque part déjà fait cette remarque qu’une branche de commerce s’est perdue en France?

Je me rappelle avoir vu des enfants déguenillés courir les rues, ayant à la main des hannetons pleins un bas bleu,—et sur l’épaule une branche d’orme femelle,—et ameutant autour d’eux de jeunes chalands empressés au cri de «V’là d’zhann’tons, d’zhann’tons pour un yard.»

Cela vient de ce qu’il n’y a plus d’enfants.—A l’âge où on faisait voler des hannetons avec un fil à la patte, au son de cette romance que nous avons peut-être chantée les derniers: «Hanneton, vole, vole, vole!» à cet âge aujourd’hui—on fume, on a une canne,—on lit le journal,—on boit de l’eau-de-vie,—et on demande au Palais-Royal—les pièces où mademoiselle Déjazet joue les rôles les plus voisins de la nudité absolue.

image d’une guêpe AUTRES CONSIDÉRATIONS SUR LES HANNETONS.—Il y a quelques années, M. Romieu—préfet de la Dordogne—songea à détruire, du moins en partie, ce terrible coléoptère,—et donna une somme par chaque boisseau de hannetons.—C’était une mesure sage dans l’intérêt de l’agriculture; car chaque hanneton tué aurait produit plusieurs centaines de vers blancs ou mans, qui, l’année d’après, métamorphosés en hannetons, auraient donné quelques milliers de vers blancs.

On plaisanta fort M. Romieu à ce sujet,—on en fit plusieurs caricatures—la peinture et la sculpture ont laissé des monuments de la façon dont fut appréciée cette mesure utile.

Et beaucoup de gens—de cette classe si nombreuse—qui aiment trouver de l’esprit tout fait, et qui répètent avec une charmante naïveté ce qu’ils ont entendu donner comme plaisant,—quand même, pour leur part, ils n’y comprennent absolument rien,—beaucoup de ces braves gens, s’ils entendaient nommer M. Romieu, s’écrieraient: «Ah! oui, Romieu—hannetons—hi, hi, hi,—hé, hé, hé!»—sans savoir à quel propos le nom de M. Romieu s’est trouve accolé aux hannetons:—et leurs auditeurs se mettraient à rire, sans comprendre plus qu’eux, et s’empresseraient à la première occasion de répéter la plaisanterie, qui ne manquerait pas d’avoir encore le même succès.

image d’une guêpe UNE ILLUSTRATION.—Je trouve dans le Moniteur un sujet de se féliciter pour ceux qui aiment la gloire de leur pays:—le roi vient de nommer chevalier de l’ordre royal de la Légion d’honneur—M. BASIN DE ROCOUhomme de lettres. Cette distinction nous révèle un écrivain sans contredit supérieur à mon ex-ami M. de Balzac—puisque celui-ci n’est pas encore décoré, sans quoi il faudrait douter de la sagesse du roi en fait de littérature et de décorations.—Je ne sais seulement par quelle fatalité, humiliante pour moi, je me trouve ne rien connaître absolument de M. Basin de Rocou—si ce n’est qu’il vient d’être nommé par le roi chevalier de l’ordre royal de la Légion d’honneur.

image d’une guêpe M. DE LAMENNAIS.—J’ai déjà reçu beaucoup d’injures et de menaces à propos de M. de Lamennais.—On sait le cas que je fais des unes et des autres.—Je me permettrai donc encore cette fois de citer ces paroles d’un prêtre chrétien que je trouve dans un nouveau livre de M. de Lamennais.

Après une appréciation dure,—exagérée, ridiculement emphatique des hommes aujourd’hui au pouvoir,—appréciation cependant juste sous quelques rapports, il s’écrie:

«Et le peuple livré à cette race d’hommes,—le peuple qui la souffre, qu’en dire?

»M. de Bonald parle beaucoup de résistance passive, il ne permet que celle-là.—La résistance passive est la résistance du cou à la hache qui tombe dessus.

»Peut-être l’emploi de la force est-il nécessaire aujourd’hui, car on ne doit pas la laisser à jamais du côté du mal.»

Puis, quand il a jeté ces paroles provocantes, ces paroles d’insurrection, de haine et de sang,—à une époque agitée comme celle-ci, à une époque où tout cela germe si vite et si cruellement dans les cerveaux qui, faisant leur éducation politique dans les estaminets, arrosent chaque pensée de ce genre d’une gorgée de café et d’eau-de-vie, il ajoute avec une hypocrisie jésuitique:

«Mais il faut que ce soit la miséricorde qui tienne l’épée.»

J’ai trouvé dans ce livre, entre autres choses contre lesquelles j’aurais un blâme bien plus sévère encore, si M. de Lamennais, ce prêtre qui n’est ni catholique ni chrétien, n’était pas en prison,—une pensée juste et bien exprimée que voici:

«Il y a des esprits si stériles, qu’il n’y pousse pas même de bêtises;—il s’y en trouve cependant, mais elles y ont été transplantées.»

En voici une autre assez belle,—si ce n’est qu’elle devient un non-sens, appliquée à l’époque d’aujourd’hui, où il n’y a plus de pouvoir et où le prêtre écrit des livres pareils à ceux de M. de Lamennais:

«L’histoire, qu’est-ce? le long procès-verbal du supplice de l’humanité:—le pouvoir tient la hache, et le prêtre exhorte le patient.»

Disons encore à ce sujet que, s’il est une chose bêtement immorale,—c’est le prestige dont on entoure de ce temps-ci tout homme qui subit les rigueurs de la justice, dès l’instant qu’on peut donner à sa condamnation une couleur quelque peu politique.

On envoie des adresses à M. Lamennais, et M. Lamennais répond: «La prison m’était due pour avoir défendu les cœurs justes.—J’y suis entré avec une grande joie.»

Je lis dans le Siècle un éloge funèbre ainsi conçu: «M. Jules Olivier, juge au tribunal de Grenoble, vient de mourir dans un âge peu avancé. M. Jules Olivier avait été tout récemment en butte aux rigueurs du gouvernement.»

On ne se donne même plus la peine d’arguer lesdites rigueurs d’injustice;—non, il suffit pour la gloire d’un homme qu’il ait été en prison.

Que pensez-vous qu’il arrive de cette glorification de la prison?

image d’une guêpe STEEPLE-CHASES—Voici quelques phrases que je copie dans un journal français, relativement à une course faite en France et par des chevaux appartenant à des Français:—«New betting room stakes.—Two years old stakes.—Les sportmen—le stud-book.—Les gentlemen riders turf—sport—STEEPLE-CHASE

Tout homme qui a un cheval, un tiers de cheval,—car il y a des gens qui ont un tiers de cheval de course, comme un tiers de charge d’agent de change,—tout homme qui parie, tout homme qui veut faire semblant d’avoir un cheval, tout homme qui veut faire semblant de parier, s’efforce de ne parler qu’anglais.—C’est un ridicule qui passera comme passent les ridicules,—quand il sera détrôné par un autre.

image d’une guêpe MM. LES DÉPUTÉS.—A propos du baptême du comte de Paris,—déjà flagorné et insulté par les journaux selon leur couleur,—le ministre de l’intérieur a fait frapper des médailles: quelques-unes en or pour la famille royale; d’autres en argent pour quelques hauts dignitaires.—Celles de MM. les députés étaient en bronze, économie suffisamment expliquée par leur nombre de plus de quatre cent cinquante.

Beaucoup d’entre eux,—considérant que la médaille en argent, qui coûte au ministère vingt-cinq francs, pouvait avoir une valeur intrinsèque d’une dizaine de francs,—se sont agités jusqu’à ce qu’on leur ait donné une médaille d’argent.

image d’une guêpe Du reste, la session est finie de fait, et MM. les députés assiégent les ministères de demandes de toutes sortes; et on se tromperait fort si on croyait que les députés des oppositions sont les moins âpres à cette curée.

image d’une guêpe Voici, à ce sujet, une petite anecdote:

M. Dugabé est gendre de madame..., propriétaire de la cité Berryer, passage situé à côté de l’église de la Madeleine. Madame..., pour donner un peu de mouvement à sa cité, a pensé qu’il serait excellent d’y construire un théâtre.—Elle a fait demander le privilége avec beaucoup d’instances par M. Dugabé, se contentant, dit-on, du bénéfice apporté à son quartier, et abandonnant à son gendre le produit du théâtre, qu’on devait louer quinze mille francs.—On assure que M. Berryer en a dit quelques mots, et que l’importance du pétitionnaire avait rendu tout d’abord le ministre très-favorable à la demande;—mais on a ensuite pensé que, lors de l’ouverture de l’église, le curé ne manquerait pas de trouver inconvenant le voisinage aussi proche d’un théâtre, et que, si on s’avisait alors de supprimer le théâtre, on crierait au jésuitisme, au parti prêtre, etc.; c’est pourquoi on a refusé le privilége, c’est pourquoi—M. Dugabé a prononcé à la Chambre deux discours contre l’administration.

image d’une guêpe UN MOT DU ROI.—Voici un mot du roi Louis-Philippe, qui est plus juste que constitutionnel:—«MM. les députés sont quatre cent cinquante;—mais j’ai pour moi l’unité.»

image d’une guêpe VÉRITABLE HISTOIRE DE L’INFANTE ISABELLE.Comme quoi un jeune Polonais est devenu neveu de la reine de France et de la reine Christine.—On a souvent plaisanté amèrement dans plusieurs journaux légitimistes et républicains sur les difficultés que rencontrait le roi Louis-Philippe pour l’établissement de sa nombreuse famille. Voici cependant une nouvelle alliance qui s’est faite et conclue non-seulement sans qu’il se soit donné pour cela aucune peine, mais encore à peu près malgré lui.

M. le comte....ski,—j’espère que ces trois lettres sont fort discrètes, attendu qu’elles appartiennent aux deux tiers des Polonais,—était connu dans le monde comme un assez joli homme, élégant et comme il faut, et ami de M. le marquis de C***. Rien jusque-là n’avait fait présager qu’il dût devenir aussi prochainement neveu de deux reines, d’autant qu’il passait pour avoir peu de penchant au mariage.

L’infante dont on a tant parlé par ces derniers temps—est fille de don François de Paule, infant d’Espagne, domicilié à Paris, hôtel Galiffet;—et, par suite d’une généalogie aussi longue que celle de la Genèse, nièce de la reine Amélie de France, et de la reine Christine d’Espagne.—Aussitôt l’enlèvement connu, on mit à la poursuite de la princesse le gouverneur des infants, qui rejoignit le couple à Namur, où il trouva l’appui des autorités prévenues par le télégraphe.—On laissa, ou plutôt on fit échapper le comte...ski;—et le gouverneur annonça à l’infante qu’il allait la ramener à Paris.

—Monsieur, lui dit-elle avec beaucoup de calme et d’autorité, je ne pense pas que vous ayez l’intention de porter la main sur moi.—Eh bien! je ne vous suivrai qu’après que vous m’aurez donné votre parole d’honneur de respecter une condition que je mets à mon obéissance.

—Quelle est cette condition, mademoiselle?

—Monsieur, je suis comtesse....ski;—ma condition est celle-ci: vous me reconduirez directement chez mon père,—et vous ne me renverrez pas au couvent.

—Je vous le promets.

—C’est bien, partons.

On part, on arrive; l’infant refuse de recevoir sa fille.

—Que faire? Si vous vouliez retourner au couvent?

—Non, monsieur, je ne retournerai pas au couvent.

—Mais où voulez-vous aller?

—Cela m’est égal, pourvu que ce ne soit pas au couvent.

—Je suis fort inquiet.

—Moi, je suis fort tranquille, j’ai votre parole que vous ne me renverrez pas au couvent.

—Ma foi, je ne vois qu’une chose: c’est de vous conduire au ministère de l’intérieur, puisque c’est du ministère de l’intérieur qu’est venu l’ordre de vous arrêter.

—Comme vous voudrez.

On arrive au ministère de l’intérieur.—M. Duchâtel est à Chantilly—ou ailleurs;—le sous-secrétaire d’État est également absent;—il n’y a absolument que M. Mallac, secrétaire particulier de M. Duchâtel. Le gouverneur lui expose son embarras.

M. Mallac n’est pas moins embarrassé.

—Que voulez-vous que je fasse de l’infante? dit-il au gouverneur.

—C’est justement la question que je viens vous faire pour mon compte, répond le gouverneur.

—Il faut que vous retourniez près de don François de Paule.

—Je le veux bien.

M. Mallac fait ouvrir à l’infante les appartements de madame Duchâtel, qui est à la campagne avec son mari, et la confie aux soins de mademoiselle ***, amie de pension de madame Duchâtel, qui l’a gardée auprès d’elle, se réservant ceux de faire fermer les portes et les fenêtres. Le gouverneur revient avec un nouveau refus de l’infant.

—Allons,—allons,—dit M. Mallac, il faut la décider à retourner au couvent.

—Mademoiselle, lui dit-il, votre père refuse de vous recevoir;—dans cette situation, vous n’avez d’autre asile convenable que le couvent.

—Vous vous trompez, monsieur, répondit l’infante avec dignité, j’ai un asile sûr et honorable auprès de mon mari,—M. le comte....ski.

—Mais, mademoiselle, vous savez bien que votre mariage...

—Monsieur, quelques heures après mon évasion, nous avons trouvé, dans un village, un prêtre qui nous a mariés.

—Ce mariage manque de toutes les formalités, mademoiselle.

—Monsieur, je suis au moins mariée devant Dieu;—Je suis comtesse....ski, et vous m’obligerez en m’appelant ainsi.—On a beaucoup parlé de mon aventure, n’est-ce pas?

—Je ne vous cache pas, madame...

—Je le savais, il y a eu du scandale; j’en suis désolée, mais c’était le seul moyen d’arriver à mon but;—ma mère savait que j’aimais M. le comte....ski,—je le dis sans rougir, parce que je suis sa femme maintenant.—C’est pour cela qu’elle m’a mise dans cet affreux couvent, d’où j’ai risqué ma vie pour m’échapper, car j’ai descendu d’une fenêtre de trente pieds de haut avec des draps et des serviettes;—je n’y retournerai pas, parce que j’y mourrais.—Qu’y a-t-il de nouveau en Espagne, monsieur?

—Madame, Espartero est régent.

—Cela va désoler ma mère; elle avait rêvé la régence pour mon père;—pauvre femme! elle s’aveuglait, cela lui irait si peu.—Ma tante Amélie a dû être bien fâchée contre moi?

—On dit qu’elle a été fort triste de ce qui est arrivé.

—J’en suis désolée. Et ma tante Christine?

—Elle est arrivée à Paris.

—Monsieur, faites-moi, je vous prie, donner un mouchoir. M. Mallac s’empresse d’obéir à l’infante.

—Savez-vous, monsieur, ce qui m’a trahie et ce qui m’a fait reconnaître?—rien autre chose que mes maudits cheveux roux;—si je pouvais au moins en accuser quelque chose de moins laid;—n’est-ce pas que c’est affreux?

M. Mallac cita Rubens, qui aimait à donner cette nuance aux cheveux de ses héroïnes, et la plupart des peintres, qui, plus justes appréciateurs de la beauté que le vulgaire, ont pour les cheveux ardents une affection particulière.

Sur ces entrefaites, M. Duchâtel arrive;—on demande M. Mallac;—M. Mallac va lui raconter la chose.

—Il faut la décider à retourner au couvent.

—C’est impossible.

—Il faut la renvoyer chez le père.

On envoie encore le précepteur, plus que jamais dans l’embarras.

Il revient avec un nouveau refus de recevoir l’infante, mais avec un consentement formel à son mariage avec le comte....ski.

—L’infante, à cette nouvelle, saute de joie.

—Je vais donc être rendue à mon mari.—Allons, monsieur, donnez-moi mes passe-ports—et demandez des chevaux.

Mais il n’y a point de passe-ports au ministère de l’intérieur; on va prendre les ordres du roi; le roi répond: «Donnez-lui ses passe-ports,—mais je ne veux pas qu’ils partent du ministère de l’intérieur: j’aurais l’air d’avoir donné mon approbation à ce singulier mariage; envoyez le passe-port chez don François, c’est lui qui le fera donner à sa fille.»

L’infante s’est mise en route.

La reine Amélie a dit, dans sa naïveté de femme simple, honnête et bonne qu’elle est: «Ce qui me console, c’est qu’il y avait deux lits dans la chambre où on les a arrêtés.»

image d’une guêpe Dans ce roman réel,—si rare dans la vie, où les romans n’ont qu’un premier volume,—ce n’est pas le Polonais qui est mon héros.—Tout mon intérêt se porte sur la jeune femme animée d’une passion si vraie et si profonde, d’une croyance si absolue; si forte de son amour.—Et je songe avec tristesse que tout cela doit finir par un cruel désillusionnement.—Don François n’est pas riche, et d’ailleurs ne paraît pas disposé à négliger un des plus magnifiques prétextes que puisse trouver un père pour marier sa fille sans dot. On pense que le comte....ski va aller offrir à Espartero les services du neveu de la reine Christine et de la reine Amélie.

image d’une guêpe La question adressée à M. Mallac par l’infante d’Espagne me rappelle une mésaventure arrivée à un dramaturge obscur à propos d’une cantatrice de second ordre, qui a les cheveux roux,—mais qui n’en convient pas.—Le pauvre diable avait fait laborieusement un éloge des cheveux roux.

«Apollon,—dit-il dans sa lettre,—avait les cheveux roux comme Jésus-Christ et comme sainte Magdeleine.—La nature avare, qui a caché les pierreries dans le sein de la terre et les perles au fond des mers, a rendu rares les plus belles choses.—La rareté des cheveux roux en signale le mérite.—Il n’y a que deux couleurs de cheveux:—le noir et le roux.—Le blond est au roux ce que le châtain est au noir; le blond est un roux incomplet et manqué.

»Le roux est de la couleur de l’or et du feu,—de l’or, le plus précieux des métaux;—du feu, le plus puissant des éléments,» etc., etc.

Il y en avait sept ou huit pages, que je veux bien vous épargner.

La dame répondit: «Il est possible, monsieur, que votre lettre soit spirituelle et qu’elle soit agréable à quelque femme, si vous en connaissez qui ait les cheveux de la couleur que vous préconisez si fort. ***»

«P. S. Je ne pourrai me trouver au souper auquel vous m’aviez invitée,—j’ai ma migraine.»

image d’une guêpe M. VILLEMAIN.—«Que l’on est donc méchant dans le monde! disait l’autre jour M. Villemain: voilà déjà que l’on veut nuire à mes pauvres petites filles: on répand le bruit qu’elles me ressemblent.»

image d’une guêpe MADEMOISELLE FITZJAMES.—Mademoiselle Fitzjames est une danseuse très-maigre, qui a une plus grande influence politique qu’on ne le croit généralement.—L’autre soir, en la voyant danser avec une écharpe de gaze,—quelqu’un a dit: «On dirait une araignée qui danse avec sa toile.»

image d’une guêpe M. MOLÉ.—Le jour du grand dîner de trois cents couverts donné pour le baptême du comte de Paris,—on a oublié d’inviter M. Molé,—qui a cependant donné à dîner au roi, à Champlâtreux.

image d’une guêpe HUMBLES REMONTRANCES A MONSEIGNEUR DE PARIS.—C’est une bizarre chose aujourd’hui qu’une promenade du roi au travers de ce peuple qui a laissé dire pendant tant de temps à ses poëtes qu’il adorait ses rois. L’art militaire n’a pas d’études, la stratégie n’a pas de secrets qu’on n’emploie pour protéger la rentrée et la sortie de Louis-Philippe;—les sentinelles avancées, les marches, les contre-marches, toutes les ruses de guerre sont mises en usage pour faire prendre l’air à Sa Majesté.—Je ne sais si Turenne ou Napoléon, s’ils étaient encore de ce monde, deux hommes qui en leur temps passaient pour entendre quelque chose à l’art de la guerre,—j’en parle par ouï-dire, je ne m’y connais pas;—je ne sais s’ils se chargeraient sur leur tête de faire, sans danger, promener le roi de France pendant une heure au milieu de son peuple. Quand le roi doit sortir, on fait maintenant une haie de soldats du côté opposé à celui qu’il doit prendre, puis on change brusquement de route.

On lit dans les journaux:

«Après la cérémonie, vers midi et demi, au moment du retour, les gardes municipaux et les sergents de ville ont ouvert le passage sur le quai aux Fleurs, le pont au Change et les quais de la rive droite, en forçant la foule à reculer. Le public, pensant alors que le cortége suivait ce chemin, s’est porté de ce côté; mais alors le cortége a passé devant la Morgue; il a suivi le quai des Orfèvres, le pont Neuf, les quais de la Monnaie et Malaquais, le pont du Carrousel et le quai des Tuileries. A une heure, le roi était rentré au château.»

On a remarqué que la voiture du roi n’était traînée que par deux chevaux.

image d’une guêpe C’est ce moment que monseigneur l’archevêque de Paris a pris pour prononcer un discours, qui aurait été fort convenable adressé à Louis XIV, mais qui a l’air aujourd’hui d’une sanglante ironie:—«Sire, a dit monseigneur Affre,—Jésus-Christ, par le premier de ses sacrements, impose le même caractère au descendant des rois et au fils du citoyen le plus obscur.»

Vraiment, monsieur Affre,—vous n’y pensez pas,—de venir ainsi, comme Bossuet, rappeler les rois au souvenir de la condition humaine, la même pour tous—de leur rappeler par des paroles sévères qu’ils ne doivent pas se laisser éblouir par la splendeur de leur rang, ni enivrer par l’encens qu’on leur prodigue;

De les prier ainsi de se souvenir des autres hommes, et de les vouloir prendre en compassion et en miséricorde.

O saint homme! qui traversez ainsi la vie, les yeux sur la pointe de vos souliers, sans regarder ni devant vous, ni à droite ni à gauche,—et ne vous apercevant, dans votre pieuse contemplation, de rien de ce qui se passe, de rien de ce qui s’est passé depuis cinquante ans.

Ce n’est plus le temps où les rois étaient adorés, et où La Bruyère lui-même,—ce moraliste frondeur, disait de Louis XIV: «Le roi n’a pas dédaigné d’être beau, afin de réunir en lui toutes les perfections.»

Votre discours, monseigneur, ressemble singulièrement à un vieux cantique à la Vierge que chantent encore aujourd’hui les marins de nos côtes de Normandie:

Quelqu’effort que le Turc fasse,
Nous nous moquerons de lui,
Et braverons son audace
Par votre invincible appui.

Vous n’avez donc pas compris,—monseigneur,—cet abaissement où est tombée la royauté aujourd’hui, tel que vous auriez dû retourner vos paroles,—et recommander les rois à la clémence et à la merci des peuples.

Est-il un homme qui chaque jour soit aussi cruellement et aussi impunément insulté que le roi de France?—ne savez-vous pas qu’au moment où vous parliez on jugeait le quatrième assassin du roi?—et l’enfant que vous baptisiez, tandis que quelques journaux le traitaient assez ridiculement de monseigneur, presque tous ne lui donnaient-ils pas déjà aussi comme un baptême de railleries et d’invectives?

Demandez à vos vicaires moins distraits, monseigneur, et ils vous diront que la royauté est aujourd’hui la royauté insultante dont on aggrava le supplice de Jésus-Christ,—une couronne d’épines sur la tête,—un roseau pour sceptre,—et des soufflets sur le visage.

Il faut absolument, monseigneur, faire aujourd’hui soi-même ses discours;—et, quelque beaux que soient les modèles de l’éloquence de la chaire, il les faut abandonner, car ils parlaient de choses qui ne sont plus.

Les temps sont accomplis,—monseigneur;—les opprimés ont escompté les consolations de l’Évangile: les derniers sont devenus les premiers, sans attendre pour cela la vie future;—et les pauvres d’esprit, auxquels on avait promis le royaume du ciel, l’ont vendu—comme Ésaü son droit d’aînesse pour un plat de lentilles,—et se sont emparés des royaumes de la terre, où ils s’en donnent à cœur joie.

image d’une guêpe LES LIVRES.—La longue plaisanterie du gouvernement représentatif suit toujours son cours.—Les fortifications votées sont en pleine activité.—M. Thiers, qui ne trouvait rien de si facile que de nourrir Paris assiégé avec le double de sa population ordinaire,—devrait bien se charger en ce moment de résoudre une question de quelque gravité, sur laquelle M. de Lespinasse et un ou deux de ses collègues ont essayé inutilement d’attirer l’attention de la Chambre.

Depuis plusieurs années, la consommation de la viande diminue à Paris dans une proportion d’autant plus remarquable, que la population a, au contraire, considérablement augmenté.—La viande est arrivée à un prix tellement exorbitant, que les ouvriers qui, plus que personne, auraient besoin d’une nourriture forte et substantielle,—sont obligés de s’en abstenir presque entièrement, et qu’il a été découvert qu’il se mangeait à Paris une horrible quantité de viande de cheval.

Je suis peu indulgent pour les prétentions sottement encouragées par une partie de la presse,—qui pousse les ouvriers à demander des droits politiques ou d’injustes augmentations de salaires:—mais j’ai toujours élevé la voix plus haut qu’aucun de ces estimables carrés de papier—quand il s’est agi de souffrances réelles.

image d’une guêpe Sous prétexte d’encourager et de soutenir l’agriculture en France,—on grève de droits si énormes les blés et les bestiaux étrangers,—qu’il n’y en peut entrer, parce que, dit-on, les éleveurs et les cultivateurs français ne pourraient soutenir la concurrence.—J’ai entendu M. Bugeaud, agriculteur distingué, dire à la Chambre des députés: «J’aimerais mieux voir entrer en France une armée de Cosaques qu’un troupeau de bœufs étrangers.»—Et personne n’a dit à M. Bugeaud:—«Parce que c’est à la fois pour vous un métier profitable, et d’aller vous battre contre les Cosaques, et de vendre cher les bœufs de vos prairies de la Dordogne!»

image d’une guêpe Je comprendrais,—à la rigueur,—s’il s’agissait de quelque industrie dans l’enfance, que l’on voudrait acclimater dans le pays, que l’on pût, pendant un nombre d’années limité, protéger les efforts encore incertains de cette industrie, jusqu’à ce que nos compatriotes eussent acquis l’expérience et l’habileté nécessaires pour produire avec les mêmes avantages que les étrangers.—Mais, le temps fixé écoulé, il faudrait dire aux gens:—«Le pays ne peut pas prolonger davantage ses sacrifices;—si vous n’êtes pas arrivés au même degré que vos concurrents de l’étranger, tant pis pour vous:—c’est que vous avez manqué d’intelligence ou d’activité,—ou que le pays manque des éléments nécessaires.»

Mais l’agriculture n’est pas, que je sache, une invention nouvelle,—pas plus que la viande n’est une nourriture récemment découverte.

Si nos éleveurs ne peuvent donner leurs produits au même prix que les étrangers,—on ne peut sacrifier, non pas seulement les intérêts, mais la santé de toute la classe ouvrière et de toute la classe pauvre, aux intérêts des éleveurs.

Cette protection, qui consiste à payer plus cher les produits du pays qu’on ne payerait ceux de l’étranger, et à ne pas profiter de ceux-ci,—n’a de prétexte qu’autant que cela ne durerait que pendant un temps limité,—et que cela aurait pour but d’arriver à pouvoir donner les produits indigènes à un prix inférieur à celui des produits exotiques;—car, si le prix n’était qu’égal, on serait en perte de tout ce qu’on aurait payé de trop pendant tout le temps de l’apprentissage de l’industrie protégée.

Et peut-être, dans ce cas-là,—serait-il plus sage et plus honnête de donner aux éleveurs des encouragements en argent pris sur d’autres impôts, pour compenser la perte momentanée qu’ils éprouveraient en donnant leurs produits aux mêmes prix que ceux des étrangers.

Mais quand cette situation devient permanente; quand il faut payer dix sous de plus par livre la gloire de manger le bœuf de sa patrie, au lieu de manger le bœuf de l’étranger;—quand, surtout, plusieurs générations d’ouvriers et de pauvres doivent ne pas manger de viande, s’étioler et souffrir, et n’avoir pour consolation que la pensée que leurs compatriotes plus riches mangent de la viande française,—je trouve cela un fricot médiocre, et je ne puis m’empêcher de dire que ce système de protection est une monstrueuse sottise et une niaiserie infâme.

image d’une guêpe Mais les choses seront ainsi, ou pis encore, tant qu’on n’aura pas compris que les impôts devraient peser, non pas sur les choses de première nécessité, mais sur tous les luxes, quels qu’ils soient;—que le pain,—la viande,—les vins du peuple, devraient en être exempts,—et qu’on devrait en grever les vins fins,—les voitures,—les chevaux de luxe,—que ce serait un impôt raisonnable que celui qui s’établirait sur les gants, sur certaines étoffes,—sur les chapeaux, etc.

Je sais qu’il y a eu autrefois en Angleterre,—et je ne sais si cela existe encore,—un impôt sur la poudre à poudrer, qui était d’un assez grand produit, parce qu’on tirait à vanité de faire poudrer les domestiques.

Une loi qui établirait qu’on peut porter gratuitement une veste,—mais que, si on y ajoute derrière deux pans pour en faire un habit, on sera soumis à un impôt de tant par année,—suffirait pour remplir les coffres de l’État.

Et au moins une partie du peuple cesserait de payer sa part d’impôts en abstinence, en jeûne et en maigreur.

image d’une guêpe Cette question, la plus grave, sans contredit, de la session,—n’a pas obtenu un quart d’heure d’attention;—le ministère a dit: «Nous verrons plus tard,»—et tout a été fini.

Il n’y a de questions réellement graves à la Chambre que celles qui peuvent ramener ou renverser un ministère.

Mais nos représentants ne sont occupés en ce moment que de retourner dans leurs foyers, suffisamment munis des bureaux de tabac,—des ponts,—des routes,—des bourses dans les colléges,—des priviléges de toutes sortes que leurs électeurs leur ont fait promettre pour prix de leur voix,—et tout en leur recommandant l’indépendance et l’incorruptibilité.

image d’une guêpe Et la question si importante de la subsistance est ajournée;—tout ce que MM. les députés vont faire pour le peuple en cette occurrence—sera de bien boire et de bien manger dans divers gueuletons dits patriotiques, et de porter des toasts à son affranchissement et à l’extension de nos droits politiques.—Je voudrais bien qu’on y comprît le droit de manger—autrement que par représentants.

image d’une guêpe LES JOURNAUX.—M. Duchâtel a dit à la Chambre:—«Tout le monde convient que le gouvernement a besoin d’un journal.»

Je suis, à ce sujet, parfaitement de l’avis de M. Duchâtel; seulement, je crains bien que nous n’entendions pas ce besoin tout à fait de la même manière.

Outre la faveur qui s’attache en France à tout ce qui est contre le pouvoir,—outre l’esprit fanfaron du plus grand nombre des gens qui se croient braves et audacieux de lire sans danger, au coin du feu, un journal qui attaque le gouvernement,—la presse systématiquement opposante et dissolvante se répand sous toutes les formes, se glisse dans les masses par le bon marché.

Pendant ce temps, le gouvernement actuel, inventé par le journalisme et perpétuellement menacé dans son existence par celui qui l’a créé,—sent le besoin d’avoir un journal;—il en a trois:—le Moniteur,—le Journal des Débats et le Messager.—L’un des trois est le plus cher et le moins répandu de tous les journaux;—les deux autres sont entre les plus chers après lui et les moins répandus.

Ces trois journaux ne sont lus que par des gens qui, par leurs idées, leur position et leurs intérêts, appartiennent au gouvernement.—Ils ne parlent qu’à des gens d’avance convaincus;—ils y lisent les réponses à des attaques contre le gouvernement, qu’ils n’avaient pas lues et qu’ils apprennent par là;—tandis que ceux qui ont lu ces attaques dans les journaux de l’opposition ne lisent jamais une ligne des journaux du gouvernement.

Cela fait un jeu peu divertissant et ressemblant beaucoup à ce qui arrive aux gens qui mangent de ces bonbons appelés demandes et réponses,—que l’on vend au poids et au hasard,—de telle sorte qu’une personne a quelquefois toutes les demandes, et que c’est une autre qui a toutes les réponses.

Certes, le gouvernement, au lieu de payer clandestinement certaines plumes et certains journaux plus ou moins indépendants, pourrait avoir un journal à lui, un journal le plus riche, le plus répandu, le plus recherché de tous, avec les sommes qu’il jette honteusement dans la presse.—On a vu le succès de la presse à bon marché: les journaux à quarante francs se partagent plus d’un million de lecteurs. Pourquoi le journal du gouvernement n’est-il pas à vingt francs?—pourquoi n’attache-t-on pas par des liens avoués et honorables à sa rédaction les écrivains les plus habiles et les plus aimés du public?

Tout cela serait facile,—mais quos vult perdere Jupiter dementat.

image d’une guêpe Ainsi, dans l’affaire des lettres attribuées au roi—tous les journaux en ont produit des extraits;—des brochures de toutes sortes ont circulé en grand nombre dans les départements;—la défense du roi a été mise—dans un des deux journaux que personne ne lit.

A la Chambre, on avait annoncé que M. Guizot parlerait des fameuses lettres;—il a parlé à côté.

Le bon M. Auguis—a principalement séduit ses électeurs par la simplicité qui préside habituellement à sa toilette—et ils l’envoient à la Chambre pour appliquer au gouvernement de la France l’économie qu’il apporte dans son extérieur. La session presque finie, il a cru devoir faire son examen de conscience et s’est demandé à lui-même contre quel luxe abusif il s’était élevé;—il a alors songé à son embarras quand ses électeurs, à l’époque des gueuletons représentatifs, l’appelleraient comme Dieu appela Adam après sa faute,—Adam, ubi es?—et lui demanderaient compte des économies qu’ils l’ont envoyé faire à la Chambre basse.

Il a vu avec terreur qu’il avait laissé passer les meilleures occasions; et cependant, décidé à demander une économie sur n’importe quoi, il est monté à la tribune et a déclaré à la face de la France que les animaux du Jardin des Plantes mangeaient trop.

Il a demandé positivement qu’on les fît empailler, par économie,—attendu que c’est une dépense une fois faite. Dans sa farouche indépendance, M. Auguis a déjà bien des fois attaqué l’existence d’autres hôtes du Jardin des Plantes, et on n’a pas oublié ses violentes philippiques contre les singes et contre leur palais.

image d’une guêpe Voici le dénombrement des partis qui existent en Espagne: parti libéral,—parti carliste,—parti exalté,—modéré,—progressiste,—rétrograde,—monarchiste,—républicain,—catholique,—fanatique,—sanguinaire,—constitutionnel soi-disant,—unitaire,—trinitaire,—chaussé,—déchaussé,—absolutiste illustré,—absolutiste ténébreux,—etc.

Il faut y joindre encore le parti des apothicaires; car, dans la Chambre des députés de Madrid, sur deux cent quarante membres, on compte quatorze pharmaciens.

image d’une guêpe Je suppose que vous avez un frère illustre par ses vertus, par ses talents, ou sans qu’on sache pourquoi.—Comme beaucoup d’autres,—ce frère s’appelle François Tartempiou. Vous vous nommez Alfred ou Edgard Tartempiou.

Vous vous présentez ou l’on vous présente dans une maison.

On annonce M. Tartempiou. A ce nom européen de Tartempiou, tout le monde se retourne;—le quadrille commencé s’arrête; un beau danseur manque son cavalier seul.—On murmure le nom de Tartempiou. «Ah! Tartempiou vient ici?» Les femmes jettent un regard de côté dans une glace.

Mais un monsieur dit:

—Ce n’est pas là Tartempiou. Je le connais beaucoup.—J’ai dîné avec lui avant-hier.—On a cependant annoncé M. Tartempiou.

—Oui, mais c’est son frère!

—Ah! ce n’est que son frère?

—Ce n’est rien, c’est son frère.

Et tout le monde est déjà mal disposé pour vous.—Il semble que vous les avez attrapés.—Ils vous siffleraient volontiers.

image d’une guêpe Le public est irrité comme celui d’un théâtre de province sur les portes duquel on avait affiché: «La Dame blanche, opéra en trois actes; paroles de M. Scribe, musique de Boieldieu.»

On entre en foule. On lève le rideau. Un acteur s’avance et dit: «Que les cors se fassent entendre! Chez les montagnards écossais on donne volontiers l’hospitalité.»

Un peu après, un autre personnage dit: «C’est réellement un état fort agréable que l’état militaire.»

—Ah ça! dit un spectateur qui avait entendu la pièce à Paris, il y avait des couplets: «Ah! quel plaisir! ah! quel plaisir d’être soldat!»

La remarque circule; on siffle, on crie, on hurle, on demande le régisseur. Le régisseur s’avance, fait ses trois saluts et dit:

—Que veulent ces messieurs?

—La musique!

—Pardon, vous n’avez pas lu l’affiche; elle porte ceci, en caractères un peu fins, il est vrai: «Un dialogue vif et spirituel remplacera la musique, qui nuit à l’action.»

image d’une guêpe Le public du salon où vous entrez est trompé: il croyait avoir un personnage illustre, et ce n’est que son nom, ce n’est que vous.

Un peu décontenancé d’abord, vous vous remettez cependant bientôt; vous invitez une femme à danser, vous dansez de votre mieux; elle vous dit:

—Votre frère ne danse pas, n’est-ce pas?

—Non, madame.

—J’en étais sûre: les hommes supérieurs n’aiment pas la danse.

La contrariété vous anime, vous êtes plus spirituel que d’ordinaire, vous trouvez des mots heureux, vous les dites sans en trop rire vous-même: vous croyez vous être réhabilité.—La maîtresse de la maison vous dit:

—Ah! monsieur; monsieur votre frère a bien de l’esprit. Il n’a donc pas pu venir?

—Non, madame.

—Je comprends,—ses moments sont précieux; il n’a pas voulu venir s’ennuyer ici.

—Eh bien! et moi,—pensez-vous,—et mes moments donc: ils ne sont donc pas précieux?—Ce qui ennuierait mon frère est donc trop bon pour moi?

Vous prenez un fiacre, le cocher vous rançonne.

Vous raisonnez, il vous bat; vous prenez son numéro, le citez chez un commissaire;—le commissaire demande le nom du plaignant.

—Tartempiou.

Le commissaire sourit et s’incline.

—Ah! ah! le grand Tartempiou!—donnez-vous la p....

Il avance un siége.

—Non, monsieur; son frère.

—Ah! très-bien!

Et il retire son siége. Le cocher réclame cinq francs.

—Monsieur, je ne serais pas venu ici pour cinq francs; mais il faut cependant punir ces gens-là; c’est cinq francs qu’il veut me voler.

—Ah! monsieur, dit le commissaire, pour cinq francs, vous ne voudrez pas compromettre le beau nom que vous portez; donnez, donnez cinq francs, et n’en parlons plus.

Un matin, votre frère daigne arriver chez vous.

—Ah! te voilà!

—Oui, monsieur.

—Oh! monsieur... qu’est-ce qu’il y a?

—Il y a que vous me déshonorez.

—Moi!

—Oui... vous avez accompagné au théâtre une femme...

—Parbleu, oui; c’est ma maîtresse.

—On vous a vu.

—Je ne me cachais pas; elle est charmante.

—On a dit et répété votre nom, mon nom.

—Ah!

—Croyez-vous que cela me soit agréable?

—Mais, mon frère, cela me l’est beaucoup à moi.

—Ne plaisantons pas. Quand on est porteur d’un nom honorable, il faut l’honorer; il ne faut plus qu’on vous voie avec cette femme.

—Tu es fou! c’est ma maîtresse, elle est jolie; je l’aime.

—Alors vous m’obligerez de ne plus venir chez moi.

Un autre jour, votre frère revient.

—Eh bien! j’en apprends de belles. Vous allez prendre une boutique?

—Ma foi, mon frère, c’est ma seule ressource: la famille a tout dépensé pour toi, personne ne m’a aidé, je veux essayer de l’industrie.

—Fi!

—Fi plutôt de la misère et de la faim! Si tu veux me donner de l’argent, je ne me ferai pas boutiquier.

—Je n’en ai pas.

—Alors laisse-moi en gagner,—ou plutôt aide-moi;—si tu veux, en me recommandant à M...., tu peux faire presque ma fortune.

—Du tout, je n’avouerai pas que j’ai un frère qui porte mon nom, un frère boutiquier, fi!

Ce nom, ce terrible nom,—illustré quelquefois par un faquin adroit et intrigant,—c’est pour vous la robe de Nessus;—ou plutôt c’est comme un habit qu’un ami vous aurait prêté;—l’ami est derrière vous qui vous dit à chaque instant:

«Prends garde, tu vas verser du punch sur ton habit.

»Ne lève donc pas les bras comme cela,—tu vas faire craquer les entournures de l’habit.

»Je t’avais dit de ne pas le boutonner,—tu vas déformer mon habit.

»Ne mets donc pas la main dedans pour te poser à la Chateaubriand,—tu vas m’arracher un bouton.

»N’oublie pas de prendre une voiture,—il pleut, tu gâterais mon habit.»

Vous finissez par dire à l’ami: «Eh bien! reprends ton habit.»

De même, un matin, vous dites à votre illustre frère—«O mon illustre frère! tu m’ennuies considérablement avec ton nom de Tartempiou; tu seras désormais le seul Tartempiou, tu porteras uniquement ce nom devenu trop grand et trop lourd pour moi: je ne m’appelle plus Tartempiou, je puis faire ce que je veux.—Je m’appelle Tartempioux; l’x me rend la liberté et mon bonheur, et de nous sortiront deux races distinctes: les Tartempiou dont tu seras l’origine, et les Tartempioux dont je serai la souche; et si, dans cinq mille ans d’ici, ces deux races, devenues ennemies, s’entre-déchirent; si nos neveux, oubliant qu’ils sont cousins, s’avisent de se manger à des sauces variées, sur toi seul en retombera le crime. Vade retro, Tartempiou! Tartempioux n’a plus rien de commun avec toi.

image d’une guêpe Un égoïste de nos amis,—qui se croit à la fois le centre, le but et la cause de tout ce qui est et de tout ce qui arrive, disait avant-hier:

—Il n’y a qu’à moi qu’il arrive de ces choses-là!

—Qu’avez-vous donc?

—Vous voyez bien, il pleut.

image d’une guêpe Dernièrement le danseur Barré a été mandé au couvent des Augustins, où il a été introduit chez la supérieure, où il a appris pourquoi on le faisait venir.

On venait de renvoyer le maître de danse de la maison,—parce qu’il n’avait pas su montrer aux jeunes élèves,—demoiselles comme il faut,—la danse à la mode aujourd’hui parmi les femmes élégantes,—le cancan;—et on priait Barré de vouloir bien le remplacer.

Il faut avouer qu’aujourd’hui l’éducation des femmes est étrangement perfectionnée, et que les femmes savantes de Molière auraient beaucoup à apprendre auprès des petites pensionnaires d’aujourd’hui.

image d’une guêpe Depuis que le roi Louis-Philippe a obtenu ses fortifications tant désirées,—il ne prend plus aucune part aux affaires et ne s’occupe de rien: il est comme un académicien qui a enfin attrapé son fauteuil et qui s’y repose.

image d’une guêpe Aux fêtes de Chantilly, les légitimistes ont pris parti avec fureur contre les chevaux du duc d’Orléans engagés sous le nom de M. de Cambis;—ils applaudissaient avec frénésie quand le prix était gagné par un cheval de lord Seymour—ou de tout autre,—et restaient tristement silencieux quand le vainqueur appartenait au prince royal.

image d’une guêpe La lutte établie contre les fêtes de Chantilly par le parti légitimiste n’a pas été heureuse.—Le soin de paraître s’amuser plus que les invités du château a beaucoup nui au plaisir qu’on a éprouvé réellement.

image d’une guêpe On a répandu le bruit que les fêtes de M. Thorn sont le résultat d’une souscription mystérieuse du faubourg Saint-Germain, qui se cotise pour avoir une sorte de club dansant.—C’est fort bête, mais cela fâche beaucoup M. Thorn.

image d’une guêpe On rencontre souvent par les rues—un dragon ou un cuirassier au grand trot.—Les fers de son cheval font jaillir du pavé des milliers d’étincelles.—Son sabre résonne dans le fourreau.—On se range en toute hâte sur son passage.—Les mères se serrent contre les murailles avec leurs enfants.

Où vas-tu, guerrier?—Où s’arrêtera ton coursier écumant? Vas-tu sur un champ de bataille, rejoindre ton drapeau,—donner ou recevoir la mort?

Ou, simple messager, apportes-tu la nouvelle d’une victoire ou d’une défaite?—Demain les cloches des églises appelleront-elles les hommes pieux et les hommes curieux à un De profundis ou à un Te Deum?

Quelque malheur public va-t-il réjouir les employés, les ouvriers et les lycéens, en fermant les bureaux, les ateliers et les classes pour vingt-quatre heures?—En te voyant passer si rapidement on s’interroge, et plus d’une portière songe à retirer son argent de la caisse d’épargne.

Où vas-tu, guerrier, et d’où viens-tu?

Es-tu un messager de crainte ou d’espérance, de joie ou de deuil?

Non, le guerrier est une estafette envoyée du ministère des finances à la rue de la Tour-d’Auvergne, par mon ami***, employé audit établissement, pour me demander s’il n’aurait pas par hasard laissé chez moi un parapluie vert.

image d’une guêpe Darmès,—qui a tiré sur le roi, vient d’être, par la Cour des pairs, condamné à la peine des parricides,—c’est-à-dire à être conduit sur le lieu du supplice et à avoir le poing coupé, puis la tête tranchée.

MM. les pairs ont, en cette circonstance, un peu agi comme les architectes qui, sachant qu’on leur diminuera un quart ou un cinquième en réglant leur mémoire, mettent sur ledit mémoire un cinquième ou un quart de plus qu’ils ne veulent avoir.

Darmès a été exécuté deux jours après son jugement.

Le roi a, dit-on, fait grâce des accessoires, c’est-à-dire de la chemise blanche et du poing.

image d’une guêpe UN VOISIN DE CAMPAGNE.—Le roi Louis-Philippe avait près de Neuilly un voisin fort incommode. C’était un citoyen ennemi des rois en général, et du roi de Juillet en particulier,—qui offrait à la patrie toutes les tribulations qu’il trouvait moyen de faire subir au malheureux monarque.

Sa propriété, contiguë à celle du roi, consistait en un petit terrain, sur lequel il se plaisait à rassembler tous les chiens morts repêchés dans la rivière, et en général tout ce qui pouvait offenser l’odorat.—Le roi s’en plaignit à M. de Montalivet, qui prit sur lui de délivrer le parc de Neuilly de cet inconvénient;—il alla trouver le voisin, et lui demanda s’il voudrait vendre son petit terrain.

—Non, répondit le voisin.

—Parce que?

—Parce que j’aime mieux le garder.

—Mais si on vous en offrait un bon prix?

—Je ne le donnerais pas.

—Le double, le triple de sa valeur?

—Nullement.

M. de Montalivet revint tristement rendre compte au roi du mauvais succès de sa démarche.—Le roi n’osait employer contre son voisin les moyens judiciaires qui eussent servi au dernier de ses sujets.—Il fit venir M. Legrand, directeur des ponts et chaussées, et lui fit part de son embarras.—M. Legrand y rêva un peu et trouva le projet d’une route royale que l’on fit passer au milieu du carré de terre du voisin, que l’on expropria pour cause d’utilité publique,—ce qui força le roi d’abandonner, de son côté, à la route, un petit coin de terre.

image d’une guêpe On lisait, ces jours derniers, dans le National, dans le Journal du Peuple, etc., etc., un article ainsi conçu:

«Avant nous, M. Alphonse Karr, ami du château, qui fait appeler par le roi des choses assez singulières les choses contenues dans les lettres de 1808 et 1809, avait inséré dans ses Guêpes que «si le roi avait écrit les lettres qu’on lui impute, il n’aurait plus qu’à s’en aller

Il a paru à quelques personnes assez bizarre que ces estimables carrés de papier prissent précisément, pour m’intituler ami du château, le moment où, selon eux,—je les ai prévenus, eux, qui sont les ennemis du château, dans leur appréciation des lettres attribuées au roi.

Cela me rappelle une mésaventure arrivée, en une autre circonstance, à un autre carré de papier appelé le Pilote du Calvados;—ledit carré de papier s’était donné plusieurs fois la distraction innocente de me dénoncer comme vendu au pouvoir,—ce qui avait fait rire assez fort les gens qui avaient l’extrême bonté de nous lire tous les deux.

Un jour, je ne sais comment il se fit que le carré de papier en question imagina de transcrire dans ses colonnes un article que j’avais fait pour blâmer avec quelque sévérité une mesure du gouvernement. Mon carré de papier du Calvados est saisi à la requête du procureur du roi du département,—moins indulgent que celui du parquet de Paris,—et on lui fait tranquillement un bon petit procès par suite duquel il est condamné à une bonne petite amende et à trois bons petits mois de prison.

La probité, l’impartialité et l’indépendance sont donc des choses bien étranges en ce temps-ci, qu’on n’y croie pas, même en les voyant,—et que leur apparition soit passée à l’état de miracles contestés par les esprits forts!

Faut-il donc que je fasse remarquer aujourd’hui à mes lecteurs, après bientôt deux ans que je cause avec eux, que je dis à chacun son fait dans l’occasion,—que je n’appartiens à aucun parti ni à aucune coterie,—que je ne suis ami que du juste, du vrai, de l’honnête et du grand,—que je ne suis l’ennemi que de l’injustice, de l’hypocrisie, de l’absurdité, de la sottise et des platitudes.

Je n’ai gagné guère à cela que d’être fort mal vu de tous les partis et de toutes les coteries,—de n’avoir l’appui de personne et de combattre seul dans la mêlée.

Je suis bien heureux, vraiment, de mon indifférence pour les clapotements que font dans les coins obscurs quelques langues contre quelques palais.—Voici, maintenant, qu’on dit et qu’on imprime que j’ai amassé des sommes énormes, que j’ai acheté un château, et que je cesse de publier les Guêpes.

D’ordinaire, je demeure assez sur les chemins, n’ayant pas grand’chose à faire à Paris, que je n’aime guère.—Avant cette invention, chaque fois que je quittais Paris, on racontait que j’étais en prison pour dettes.—En vain, quelque ami disait:—«Mais il est à Étretat, je l’ai mis en voiture.—Bah! répondait-on, vous ne nous en ferez pas accroire, on sait où il est.

—Mais voilà une lettre que je reçois de lui avec le timbre de Montivilliers, qui est le bureau de poste d’Étretat.

—Allons donc, on connaît ces ruses-là.

—Mais il revient demain.

—Tarare!»

Cette fois, tout cela est changé.—Quand je m’absente, c’est pour aller acheter un château ou une terre.—Je joue le rôle du marquis de Carabas,—et j’éblouis les gens par une fortune scandaleuse.

Tout ceci n’empêchera pas les Guêpes de continuer à prendre leur vol chaque mois, qu’elles sortent des roses de mon jardin de la rue de la Tour-d’Auvergne, ou des joncs qui couvrent d’un tapis d’or les côtes d’Étretat et de Sainte-Adresse.

 

FIN DU DEUXIÈME VOLUME.


TABLE DES MATIERES

 
1840
 

AOUT.—Les tailleurs abandonnent Paris.—Les feuilles de vigne.—Une fourmi aux guêpes.—On prend l’auteur en flagrant délit d’ignorance.—Il se défend assez mal.—M. Orfila.—Les banquets.—M. Desmortiers.—M. Plougoulm.—Situation impossible du gouvernement de Juillet.—Le peuple veut se représenter lui-même.—M. de Rémusat.—Danton.—Les cordonniers.—Les boulangers.—M. Arnal.—M. Bouffé.—M. Rubini.—M. Samson.—M. Simon.—M. Alcide Tousez.—M. Mathieu de la Redorte et le coiffeur Armand.—La presse vertueuse et la presse corrompue.—M. Thiers.—Le duc d’Orléans.—M. E. Leroy.—Le cheval de Tata.—Un bourreau.—M. Baudin.—M. Mackau.—Le Mapah.—M. V. Hugo.—M. Jules Sandeau.—Les bains de Dieppe.—Mme *** et la douane.—M. Coraly prévu par Racine.—M. Conte.—M. Cousin et M. Molé.—Une fournée.—Mademoiselle Taglioni et M. V. de Lapelouze.—Coups de bourse.—M. de Pontois.—Plusieurs noms barbares.—M. de Woulvère.—M. de Ségur.—Naïveté des journaux ministériels.—Un ministère vertueux et parlementaire.—Chagrins d’icelui.—M. Chambolle s’en va-t-en guerre.—MM. Jay et de Lapelouze le suivent.—Situation.—Am Rauchen.

1

SEPTEMBRE.—Prohibition de l’amour.—Le pain et les boulangers.—Injustices de la justice.—La paix et la guerre.—La feuille de chou de M. Villemain.—Le roi sans-culotte.—M. Cousin.—M. de Sainte-Beuve.—La pauvreté est le plus grand des crimes.—Les circonstances atténuantes et le jury.—La morale du théâtre.—M. Scribe.—La distribution des prix à la Sorbonne.—L’éducation en France.—Naïvetés de M. Cousin.—M. Aug. Nisard.—Ce que M. Thiers laisse au roi.—M. Hugo.—Monseigneur Affre.—M. Roosman.—M. Gerain.—Les voleurs avec ou sans effraction.—Le roi et les douaniers.—Un chiffre à deux fins.—Comme quoi c’est une dot d’être le gendre d’un homme vertueux.—M. Renauld de Barbarin.—M. Gisquet et ses Mémoires.—M. de Montalivet.—M. de Lamartine.—M. Étienne.—La Bourse.—M. Dosne.—M. Thiers.—La vérité sur la Bourse.—Une petite querelle aux femmes.—Un malheur arrivé à M. Chambolle.—Aphorisme.—Coquetterie des Débats.—Mot de M. Thiers.—La curée au chenil.

28

OCTOBRE.—Mort de Samson.—M. Joubert.—M. Gannal veut empailler les cendres de l’empereur.—M. Ganneron économise une croix.—Une belle action.—Une vieille flatterie.—M. de Balzac et M. Roger de Beauvoir.—Madame Decaze au Luxembourg.—Contre les voyages.—Une guêpe exécutée au Jockey-Club.—Un mot de mademoiselle ***.—Les ouvriers, le gouvernement et les journaux.—A propos de l’Académie française.—M. Cousin.—M.-Révoil.—Notes de quelques inspecteurs généraux sur quelques officiers.—M. Desmortiers placé sous la surveillance de Grimalkin.—Attentat contre le papier blanc.—M. Michel (de Bourges).—M. Thiers.—M. Arago.—M. Chambolle.—M. de Rémusat.—Question d’Orient.—De l’homme considéré comme engrais.—M. Delessert.—M. Méry.—Lettres anonymes.—On découvre que l’auteur des Guêpes est vendu à M. Thiers.—L’auteur en prison.—M. Richard.—Avis aux prisonniers.—M. Jacqueminot.—Aux amoureux de madame Laffarge.—Les jurés limousins.—M. Orfila.—M. Raspail.—Le petit Martin et M. Martinet.—On abuse de Napoléon.—Idée singulière d’un Sportman.

48

NOVEMBRE.—Les Guêpes.—Un tombeau.—La justice.—Ugolin, Agamemnon, Jephté et M. Alphonse Karr.—Le nouveau ministère.—M. Soult.—M. Martin (du Nord).—M. Guizot.—M. Duchâtel.—M. Cunin-Gridaine—M. Teste.—M. Villemain.—M. Duperré.—M. Humann.—L’auteur se livre à un légitime sentiment d’orgueil.—Départ de M. Thiers.—Madame Dosne.—M. Dosne.—M. Roussin.—M. de Cubières.—M. Pelet (de la Lozère).—M. Vivien.—Lettres de grâce.—M. Marrast.—M. Buloz.—M. de Rambuteau.—M. de Bondy.—M. Jaubert.—M. Lavenay.—M. de Rémusat.—M. Delavergne.—Le sergent de ville Petit.—Le garde municipal Lafontaine.—Darmès.—Mademoiselle Albertine et Fénélon.—M. Célestin Nanteuil.—M. Giraud.—M. Gouin et les falaises du Havre.—M. de Mornay.—La prison de Chartres.—Nouvel usage du poivre.—La Marseillaise.—La guerre.—Un réfractaire.—M. Chalander.—Les soldats de plomb.—Un bal au profit des pauvres.—Les fortifications de Paris.—Les pistolets du grand homme.—M. Mathieu de la Redorte.—M. Boilay.—M. et madame Jacques Coste.—M. et madame Léon Faucher.—M. et madame Léon Pillet.—Madame la comtesse de Flahaut.—Madame la comtesse d’Argout.—On continue à demander ce qu’est devenue la fameuse enquête sur les affaires de la Bourse.—M. Dosne se livre à de nouveaux exercices.—M. de Balzac.—Une gageure proposée au préfet de police.—M. Berlioz.—M. Barbier.—M. L. de Vailly.—M. de Vigny.—M. Armand Bertin.—M. Habeneck.—Le Journal des Débats porte bonheur.—Richesses des pauvres.—Subvention que je reçois.—On demande l’adresse des oreilles de M. E. Bouchereau.

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DÉCEMBRE.—Rançon et retour des Guêpes.—Le cheval Ibrahim.—Un mot de M. Vivien.—Mot de M. Pelet (de la Lozère).—M. Griel.—M. Dosne considéré comme péripatéticien.—La mare d’Auteuil.—Comment se fait le discours du roi.—Un mot de M. Énouf.—Les échecs.—Un mot de M. Lherbette.—M. Barrot.—M. Guizot.—M. de Rémusat.—M. Jaubert.—Les vaudevilles de M. Duvergier de Hauraune.—Deux lanternes.—Le roi et M. de Cormenin.—Naissance du duc de Chartres.—M. de Chateaubriand.—La reine Christine.—Le général d’Houdetot.—Bureau de l’esprit public.—M. Malacq et mademoiselle Rachel.—M. Lerminier et M. Villemain.—Une guêpe de la Malouine.—M. A. Dumas.—Forts non détachés.—Mot de M. Barrot revendiqué par les Guêpes.—M. Cochelet.—M. Drovetti.—M. Marochetti.—Une messe d’occasion.—Obolum Belisario.—MM. Hugo,—de Saint-Aulaire,—Berryer,—Casimir Bonjour.—M. Legrand (de l’Oise).—M. Jourdan.—Un logogriphe de M. Delessert.—Dénonciation contre les conservateurs du musée.—M. Ganneron mécontent.—M. E. Sue et monseigneur Affre.—Les fourreurs de Paris et les marchands de rubans de Saint-Étienne.—M. Bouchereau paraît.—Les inondations.—Le maire de Saint-Christophe.

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1841
 

JANVIER.—Sur Paris.—La neige et le préfet de police.—Il manque vingt-neuf mille deux cent cinquante tombereaux.—Deux classes de portiers.—Le timbre et les Guêpes.—Le gouvernement sauvé par lesdits insectes.—M. Thiers et M. Humann.—M. le directeur du Timbre.—Une question des fortifications.—Saint-Simon et M. Thiers.—Vauban, Napoléon et Louis XIV.—Les forts détachés et l’enceinte continue.—Retour de l’empereur.—Le ver du tombeau et les vers de M. Delavigne.—Indépendance du Constitutionnel.—Un écheveau de fil en fureur.—Napoléon à la pompe à feu.—Le maréchal Soult.—M. Guizot.—M. Villemain.—La gloire.—Les hommes sérieux.—M. de Montholon.—Le prince de Joinville et lady ***.—M. Cavé.—Vivent la joie et les pommes de terre!—Les vaudevillistes invalides.—M. de Rémusat.—M. Étienne.—M. Salverte.—M. Duvergier de Hauranne.—M. Empis.—M. Mazère.—De M. Gabrie, maire de Meulan, et de Denys, le tyran de Syracuse.—Le charpentier.—Doré en cuivre.—Le cheval de bataille.—M. ***.—M. le duc de Vicence.—Le roi Louis-Philippe a un cheval de l’empereur tué sous lui.—M. Kausmann.—Aboukir.—M. le général Saint-Michel.—Le cheval blanc et les vieilles filles.—Quatre Anglais.—M. Dejean.—L’Académie.—Le parti Joconde.—M. de Saint-Aulaire.—M. Ancelot.—M. Bonjour veut triompher en fuyant.—Chances du maréchal Sébastiani.—Réception de M. Molé.—M. Dupin, ancêtre.—Mot du prince de L***.—Mot de M. Royer-Collard.—M. de Quélen.—Le National.—Mot de M. de Pongerville.—Histoire des ouvrages de M. Empis.—Le dogue d’un mort.— MM. Baude et Audry de Puyraveau.—M. de Montalivet.—Le roi considéré comme propriétaire.—M. Vedel.—M. Buloz.—Un vice-président de la vertu.—La Favorite.—Un bal à Notre-Dame.—École de danses inconvenantes.—M. D*** et le pape.—M. Adam.—M. Sauzet.—J. J.—Les receveurs de Rouen.—La princesse Czartoriska.—Madame Lebon.—Madame Hugo.—Madame Friand.—Madame de Remy et mademoiselle Dangeville.—Madame de Radepont.—Lettre de M. Ganneron.—M. Albert, député de la Charente.—M. Séguier.—Les vertus privées.—La garde nationale de Carcassonne.—Le général Bugeaud.—Correspondance.—Fureurs d’un monsieur de Mulhouse.

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FÉVRIER.—Nouveau canard.—L’auteur des Guêpes est mort.—Les Parisiens à la Bastille.—Scène de haut comique.—Les fortifications.—M. Thiers.—M. Dufaure.—M. Barrot.—Influence des synonymes.—Les soldats de lettres.—Le lieutenant général Ganneron.—Tous ces messieurs sont prévus par Molière.—Chodruc-Duclos.—Alcide Tousez.—Madame Deshoulières.—M. de Lamartine.—M. Garnier-Pagès.—Les fortifications et les fraises.—Ceux qui se battront.—Ceux qui ne se battront pas.—Invasion des avocats.—Les hauts barons du mètre.—Les gentilshommes et les vilains hommes.—Cassandre aux Cassandres.—La tour de Babel.—Avénement de messeigneurs les marchands bonnetiers.—Le bal de l’ancienne liste civile.—Costume exact de mesdames Martin (du Nord), Lebœuf et Barthe.—Costume de MM. Gentil,—de Rambuteau,—Gouin,—Roger (du Nord), etc., et autres talons rouges.—Méhémet-Ali.—Le bal au profit des inondés de Lyon.—On apporte de la neige rue Laffitte.—M. Batta.—M. Artot.—Relations de madame Chevet et d’un employé de la liste civile.—M. de Lamartine et les nouvelles mesures.—La protection de madame Adélaïde.—Les lettres du roi.—M. A. Karr bâtonné par la livrée de M. Thiers.—Envoi à S. M. Louis-Philippe.

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MARS.—L’auteur au Havre.—La ville en belle humeur.—Popularité de M. Fulchiron.—Ressemblance dudit avec Racine.—La Chambre des pairs.—Le duc d’Orléans.—Le roi et M. Pasquier.—M. Bourgogne et madame Trubert.—Les femmes gênées dans leurs corsets par la liberté de la presse.—M. Sauzet invente un mot.—M. Mermilliod en imagine un autre.—Les masques.—Lord Seymour.—Mésaventure du préfet de police.—Histoire de François.—Sur les dîners.—La liste civile fait tout ce qui concerne l’état des autres.—A M. le comte de Montalivet.—Le roi jardinier et maraîcher.—Plaintes de ses confrères.—Les Guêpes n’ont pas de couleur.—Un poëme épique.—Un bienfaiteur à bon marché.—Une croix d’honneur.—La propriété littéraire.—Une prétention nouvelle du peuple français.—M. Lacordaire et mademoiselle Georges.—Les princes et les sergents de ville.—Une anecdote du général Clary.—M. Taschereau.—M. Molé.—M. Mounier.—M. de la Riboissière.—M. Tirlet.—M. Ancelot.—M. de Chateaubriand.

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AVRIL.—Histoire d’un monsieur auquel il manquait trente-quatre sous.—Sur la propriété littéraire.—M. Berville.—M. Chaix d’Est-Ange.—M. Lherbette.—M. Durand de Romorantin.—M. Hugo.—M. de Lamartine.—Histoire de M. M*** et d’un commissaire de police.—Un mot d’ami sur M. Villemain.—De la valse à deux temps.—Des miracles du puits de Grenelle.—Une histoire d’un voleur.—Sur les fortifications.—A quoi tient un vote.—M. Thorn.—Les fleurs des critiques et des romanciers, et, en particulier, de quelques fleurs de M. Eugène Sue.—Un œillet.—Un mot d’amie.—Un distique sur un avocat.—De la tyrannie et de l’inviolabilité de MM. les comédiens.—La vérité sur mademoiselle Elssler aux États-Unis.—Le timbre, les Guêpes et les cachemires.—De l’éloquence du palais.—M. Léon Bertrand.—Deux nouvelles étoffes.—L’exposition de peinture.

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MAI.—Les lettres attribuées au roi.—M. Partarrieu-Lafosse patauge.—Me Berryer.—Embarras où me met le verdict du jury.—Opinion de saint Paul sur ce sujet.—La Contemporaine.—Une heureuse idée de M. Gabriel Delessert.—Sangfroid de M. Soumet.—M. Passy (Hippolyte-Philibert).—Un mot de l’archevêque de Paris.—Le faubourg Saint-Germain et un employé de la préfecture de la Seine.—De M. Grandin, député, et de son magnifique discours.—J’ai la douleur de n’être pas de son avis.—M. Hortensius de Saint-Albin.—Deux petites filles.—Une singularité du roi.—Réalisation du rêve d’Henry Monnier.—Paris malade.—Vertus parlementaires.—A mes lecteurs.—Une église par la diligence.—Récompense honnête.—Récompense moins honnête.—Pensées diverses de M. C.-M.-A. Dugrivel.—Les concerts.—De M. S*** improprement appelé Sedlitz.—Steeple-chase.—Choses diverses.—M. Lebon.—Les gants jaunes.—Des amis.—Un proverbe.

255

JUIN.—Fragments d’une belle réponse de l’auteur des Guêpes à un homme étonné.—Les philanthropes.—Les prisons.—Les fêtes.—Question des hannetons.—M. Bazin de Rocou.—Quelques citations de M. de Lamennais.—Une singulière oraison funèbre.—Les médailles de baptême.—De M. Dugabé et d’un nouveau théâtre.—Un mot du roi.—Véritable histoire de l’infante.—Comme quoi un jeune Polonais est devenu neveu de la reine de France.—Des cheveux roux.—M. Villemain.—Mademoiselle Fitzjames.—On oublie M. Molé.—Humbles remontrances à monseigneur l’archevêque de Paris.—Question sérieuse traitée de la façon la moins ennuyeuse qu’il a été possible à l’auteur.—M. Duchâtel.—Économies de M. Auguis.—Le parti des pharmaciens.—L’inconvénient d’avoir un frère célèbre.—Un danseur de l’Opéra au couvent.—Repos du roi.—M. Thorn.—Un parapluie vert.—Un voisin de campagne.—De quelques carrés de papier.

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FIN DE LA TABLE DU DEUXIÈME VOLUME.

      Paris.—Typ. de A. WITTERSHEIM, 8, rue Montmorency.      


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