Les nouvelles leçons d'amour dans un parc
PRÉFACE
Voici une petite suite à celui de mes livres qui m’a fait le plus grand tort. Je la crois d’autant moins destinée à l’atténuer qu’elle est écrite et publiée vingt-deux ans après le coupable ouvrage, et conçue dans le même esprit : exemple d’entêtement dans l’impénitence.
Dans ce livre-ci comme dans celui qu’il complète — sans l’achever, j’espère — comme dans tous les autres que j’ai rendus publics, je n’ai jamais considéré l’opportunité. J’ai donné mes fruits comme un pommier ses pommes et avec la même placide insouciance. Ils se sont nui entre eux et ils ont nui à l’arbre, parce qu’ils sont au premier aspect, très différents les uns des autres. Si celui-ci me fut plus néfaste qu’aucun de ses frères, c’est qu’un hasard a voulu qu’il plût mieux qu’eux, et probablement par son impertinence. Beaucoup n’ont lu que lui parce qu’il se trouvait être le plus répandu. Qu’ils aient arrêté, d’après lui, leur jugement sur l’auteur, c’est un fait psychologique bien ordinaire et qui ne me choque pas plus que ne m’émeut l’opinion qui taxe ce livre d’immoralité. C’est un accident trop ordinaire mais que je dois déplorer au nom de tous les écrivains qui ont des goûts divers à satisfaire et qui les satisfont coûte que coûte. J’ai le goût de moraliser sous la forme du badinage et j’ai le goût non moins vif de le faire sous la forme la plus grave : sous ces deux aspects différents un lecteur un peu fin aurait tôt fait de reconnaître le même homme. En attendant ce lecteur, je continue à m’habiller de sombre ou de clair, selon la couleur du temps.