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Relation d'un voyage dans la Marmarique, la Cyrénaïque, et les oasis d'Audjelah et de Maradèh

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[389]Lorsque le mot de la langue d’Audjelah a conservé dans sa dérivation les formes régulières de la langue arabe, j’ai écrit à côté le mot arabe tout formé ; dans les cas contraires, j’ai quelquefois préféré n’écrire que la racine.

[390]Pour زجاج, qui est moins employé dans l’arabe usuel.

[391]Le manuscrit portait même افقيقه, mais j’ai corrigé cette transposition.


FRAGMENT
D’UN VOCABULAIRE DU LANGAGE DES HABITANTS
DE
L’OASIS DE SYOUAH.

Recueilli par M. Frédéric Müller.

[Décoration]
Pain. Khobz, Rgif. خبز, رغيف
Viande. Aksoum. اكسوم
Haricots. Loubieh. لوبيا
Vin. Khamar, Laguebi. خمر, لاقبي
Lentilles. Ténifé. تنيفه
Mouton. Hhaoli. حاولي
Eau. Aman. امان
Couteau. Tekhouset. تخوصة
Plat, Assiette. Thaza. طاظا
Homme. Aogguit. اوقّيت
Pierre. Adrha. ادغا
Palmier. Tazoutat. تزوتات
Feu. Temsa. تمسه
Fusil. Tabandact. تبانداقت
Oui. Eioua. ايوا
Non. Oula. اولا
Jour. Asfa. اصفا
Aujourd’hui. Asfabidous. اصفا بيدو
Encre. Lemdad. لمداد
Plume pour écrire. Laqalam. لاقلم
Plume d’oiseau. Tericheh. تريشه
Donne-moi de l’encre. Aghat lemdad. اغاة لمداد
Herbe. Lealef. لهالف
Bled. Iarden. ياردن
Orge. Teumzen. تومذن
Désert, Montagne. Adrhar. ادغار
Maison. Abgguin. ابغين
Tabac. Tabrha. تبغا
Nuit. Ietaa. يتعا
Chameau (le). Alrhoum. الغوم
Œuf. Tébétoue. تبتوع
Le manger. Atchou. اتشو
Le boire. Tesoua. تسوه
Paille. Loum. لوم
Lait. Akhi. اخي
Fèves. Yéouawoum[392]. يوواون
Turban. Alfaf. الفاف
Couverture de Bédouin. Ahram. اهرام
Place, Endroit. Ankan. انكان
Fièvre. Tazaqt. طزقت
Long. Athouïl. اطويل
Souliers. Zarabin. زربين
Peu. Ahibba. اهيبّا
Beaucoup. Koma. كوما
Rasoir. Terhosat. تغصات
Huile. Dahan. دهان
Olivier. Azemmour. ازمّور
Raisin. Tezrhaine. تزغاين
Bois. Sarharhine. سغاغين
Dattes vertes. Ghaouene. غاوين
Dattes mures. Tena. تنا
Pied. Thar, pl. Techka. طار طشكا
Livre. Tekhtemet. تختمت
Taisez-vous. Sisem. سسم
Écoute. Sell. سلّ
Tête. Akhfi. اخفي
Cheval. Agmar. اقمار
Jument. Tegmert. تقمرت
Nouveau. Atrar. اترار
Poussière. Ejdan. ازدان
Nez. Tanezert. تنزرت
Vois, Regarde. Hommar. حمّار
Habit. Kebraouêne. كبراوين
Bras, Coudée. Fous. فوس
Œil. Thoth, pl. thaouene. طوط طاوين
Femme. Taltan. تلتان
Père, Mère. Abba, Omma. ابَّ امَّ
[Décoration]

[392]Pour la conformité des deux orthographes, il faudrait remplacer la lettre m par un n, ou le ن par un م ; mais nous n’avons rien voulu changer au manuscrit de M. Müller. Si ce Fragment eût été plus étendu, il aurait été l’objet d’un travail semblable à celui que nous devons à M. Agoub sur le Vocabulaire d’Audjelah ; il suffit de dire ici qu’il contient une vingtaine de mots arabes et que le غ y est presque toujours représenté par les lettres rh.


[Décoration]

EXPLICATION
DES
PLANCHES QUI ACCOMPAGNENT CETTE RELATION.

[Décoration]

Carte de la Marmarique et de la Cyrénaïque, comprenant les Oasis voisines de ces contrées, dressée par l’auteur, d’après ses observations astronomiques et ses itinéraires, et appuyée en plusieurs points sur les cartes et les observations les plus récentes.

Privé durant son voyage de garde-temps, l’auteur n’a pu déterminer la position des lieux en longitude, qu’en suivant les rumbs de vent de la boussole, et en supputant les heures de marche. Quant à la fixation de la latitude de ces lieux, et relativement à ceux situés dans l’intérieur des terres, il s’est servi d’un octant et d’un horizon artificiel, avec lesquels il a pu faire de fréquentes observations, mais seulement jusqu’au mois de février, c’est-à-dire, jusqu’à ce que la hauteur du soleil n’eût pas dépassé quarante-cinq degrés. Les principaux lieux observés sont :

Noms des lieux. Latitude septentrionale.
Boumnah (ruines d’un château), vallée Maréotide 30° 51′ 35″
Ghattadjiah (ruines de Marée) 30 40 50
Abousir (ruines d’) 30 57 40
Lamaïd (château), fond du golfe des Arabes 30 52 00
Abdermaïn, puits 30 45 57
Dresièh (ruines de la ville de) 30 54 00
Maktaéraï, bourgade troglodyte 30 59 00
Puits d’El-Heyf 31 9 50
Djamernèh (ruines de), bourgs d’Antiphræ 31 6 00
Mahadah (port de) 31 11 57
Zarghah-el-Ghublièh, tombeau 31 7 40
Parætonium (extrémité orientale du port de) 31 18 00
Boun-Adjoubah, ruines de l’ancienne Apis 31 20 35
Chammès, tour d’Alchemmas 31 30 35
Zemlèh, puits au-dessus du plateau de Za’rah 31 38 00
Djédid, ruines dans la vallée des Lauriers 31 45 30
Combous, ruines 31 50 00
Toubrouk (côté septentrional du port de) 32 5 30
Klekah, ruines 32 4 50
Ain-el-Gazal, source située à l’extrémité orientale du golfe de Bomba 32 10 30
Ersen ou Erasem, source située à l’extrémité orientale du plateau cyrénéen 32 31 20
Derne 32 47 30
Ghardam, ruines d’Hydrax, ancien village situé sur les confins méridionaux des terres fertiles 32 35 55
Bou-Hassan, tour 32 37 5
Koubbèh, ruines d’anciens thermes 32 46 10
Maârah, château 32 49 00
Massakhit, ruines d’une ville 32 50 5
Lameloudèh, ruines de Limniade 32 46 15
Natroun, ruines d’Erythron 32 55 00
Village au fond du golfe Naustathmus 32 54 00
Hal-Al, extrémité du promontoire Naustathmus 32 56 20
Boumnah (château de), Cyrénaïque 32 44 20
Lemlez, château 32 50 30
Téreth (Thintis) 32 46 00
El-Hôch, sanctuaire 32 49 20
Ouma-Bneib, ruines d’un village 32 51 50
Zaouani (mausolées de) 32 53 50
Ghernès, ruines d’une ville 32 46 2
Saf-Saf, ruines 32 47 30
Cyrène 32 47 30
Magharenat, magasins souterrains 32 50 00
Apollonie 32 54 25
Ptolémaïs 32 44 00
Teuchira 32 34 00
Ben-Ghazi (Bérénice) 32 8 5

Carte de la partie orientale de la Pentapole libyque, dressée par l’auteur.

La lisière blanche, qui suit les sinuosités de la côte, doit représenter la petite plaine d’un quart de lieue environ de largeur qu’on y rencontre partout, entre les bords de la mer et les premiers escarpements de la montagne, depuis Derne jusqu’au cap Phycus. Le travail topographique de la partie septentrionale donne une idée de la disposition des terrasses boisées qui s’élèvent en échelons depuis le littoral jusqu’au sommet des montagnes ; et celui de la partie méridionale représente une portion du plateau cyrénéen, ondulé en tous sens de vallées peu profondes.

Plan des ruines de Cyrène, levé en 1825.

Ce plan a été dessiné et réduit au 8000e, sous la direction de M. le chevalier Lapie, par M. Dufour, que recommandent déja plusieurs importants travaux géographiques. Le dessin répond exactement aux mesures géométriques prises à Cyrène, et explique suffisamment la disposition du petit nombre de débris qui existent encore de cette ville célèbre. Il suffit d’ajouter que la partie inférieure du plan représente le point le plus culminant du plateau cyrénéen, la plaine sur laquelle fut bâtie la ville ; et que la partie supérieure, sillonnée par les eaux de la fontaine d’Apollon, doit figurer un terrain inégal, rocailleux, couvert çà et là de quelques genévriers, qui s’étend au bas de la Nécropolis. Quant à la Nécropolis elle-même, presque totalement taillée dans le revers de la montagne, on a essayé d’en indiquer le gisement et la disposition par des ombres, selon la méthode adoptée pour la cartographie.

PLANCHE I[393].

VUE D’UN TEMPLE ANTIQUE SITUÉ A ABOUSIR.

Ces ruines se trouvent sur une crête rocailleuse, couverte de sables, à quelques pas des bords de la mer, et au nord de l’ancienne ville de Taposiris, dont elles font partie. Les dimensions générales du mur d’enceinte sont de quatre-vingts mètres de chaque côté ; celui qui forme la façade dans le dessin est tourné vers l’orient. Selon toutes les apparences, elles sont les débris d’un temple égypto-grec. MM. de Chabrol, Lanout, Faye et Lepère, qui ont visité ce monument, y ont trouvé dans l’intérieur des chapiteaux d’ordre dorique.

PLANCHE II.

Fig. 1.

Ruines d’une mosquée située aux environs du lac Maréotis.

Ce petit édifice, construit avec les débris de monuments plus anciens, est situé sur la lisière qui sépare les terres labourables de la vallée Maréotide du désert de sables. D’après une assez grande quantité de ruines parsemées aux environs de cette mosquée, et portant la plupart des signes de réédification, on pourrait croire que ce lieu offre l’emplacement de la ville de Marée, capitale du nome Maréotide.

Fig. 2.

Vue d’un ancien phare, à Abousir.

Ce monument, vulgairement appelé Tour des Arabes, sert aux marins actuels, à défaut d’autre élévation sur cette côte, à reconnaître la position d’Alexandrie. Sa situation sur une petite colline qui domine les ruines de Taposiris, plus que sa propre élévation, lui donne cette utilité qui, d’ailleurs, fut sa véritable destination dans l’antiquité. La plaine qui forme le second plan du dessin, peut donner une idée de l’aspect de la vallée Maréotide, en y ajoutant toutefois plus de végétation fruticuleuse que n’en offre la planche.

PLANCHE III.

VUE DU CHATEAU LAMAÏDE.

Ce château est situé sur les bords de la mer, au fond du golfe des Arabes, et auprès d’une dune de sables qui côtoie une grande partie du littoral de la Marmarique. Entre les frises de l’ogive en relief qui décore la façade, on voit une inscription en grands caractères sculptés en relief, par laquelle on apprend que cet édifice fut construit par le sultan Bibars, contemporain de saint Louis. (Voyez la traduction de cette inscription, par M. A. Jaubert, insérée dans la Relation, p. 12.)

PLANCHE IV.

Fig. 1.

Vue d’un édifice antique, à Kassaba-Zarghah el-Baharièh.

Ce mausolée fut construit, ainsi que le dessin l’indique, sur un petit plateau calcaire, éloigné de deux portées de fusil environ des bords de la mer. Le côté septentrional du plateau contient des excavations sépulcrales ; et sa surface, si ce n’est en totalité, du moins en partie, fut pavée en larges blocs de pierres équarris. Ces divers tombeaux faisaient infailliblement partie du cimetière de la petite ville de Zygis, dont les débris sont épars sur la plaine, couverte de flaques d’eau salée, qui sépare ces monuments des bords de la mer, et dont le port, actuellement nommé Mahadah, se retrouve aussi à peu de distance vers l’est.

Fig. 2.

Vue d’un édifice antique, à Kassaba-Zarghah el-Ghublièh.

Quoique ce petit monument, qui servit comme le précédent de tombeau, en soit éloigné d’une heure vers le sud, sa situation sur le point le plus élevé du canton, et son isolement, portent à croire qu’il fut de même construit par les habitants de Zygis, mais probablement à une époque antérieure, ce que semble attester la diversité du style de leur architecture. Les rangées de pierres disposées en forme elliptique, que l’on voit auprès de cet ancien édifice, donnent une juste idée de l’architecture de la plupart des tombeaux bédouins.

PLANCHE V.

PLANS, COUPES ET DÉTAILS DE DIVERS MONUMENTS DE LA MARMARIQUE.

Fig. 1, 2.

Places de deux grottes sépulcrales du mont Bomboa, décrit par Synésius.

Fig. 3.

Coupe et distribution du fond d’une pièce d’une des précédentes grottes sépulcrales.

Fig. 4.

Place de la mosquée, dite Ghettadjiah, située dans la vallée Maréotide.

Fig. 5.

Coupe de la façade d’un tombeau égypto-grec, nommé Kassaba el-Chammamèh, situé aux environs du golfe des Arabes.

Fig. 6.

Côté intérieur des murs de l’enceinte de la ville de Toubrouk.

PLANCHE VI.

VUE DU CÔTÉ ORIENTAL DE LA VILLE DE DERNE.

Le village qui occupe la majeure partie du dessin est Mansour-el-Tahatâni, un des cinq qui composent collectivement la ville de Derne. C’est sur la plaine qui règne au bas de ce village que se trouve le cimetière général de la ville. Il est remarquable que les habitants choisissent l’opuntia pour orner leurs tombeaux préférablement au cyprès, si commun dans le pays, et que les Orientaux ont l’habitude, comme on sait, de placer auprès de leurs sépultures. Le château, flanqué de quatre tours, qui domine, la ville, fut construit par les Américains durant le court espace de temps qu’ils furent maîtres de Derne.

PLANCHE VII.

GROTTES SÉPULCRALES, DITES KENNISSIÈH, SITUÉES AUPRÈS DE L’ANCIENNE DARNIS.

On parvient à ces grottes par des marches taillées dans les endroits les plus abrupts d’un ravin situé aux bords de la mer. Les grandes niches creusées aux côtés de l’entrée principale, et les emblêmes du christianisme qu’on y trouve dans l’intérieur, justifient le nom d’église que leur donnent les Arabes.

PLANCHE VIII.

VUE D’UN PONT, DANS LE VALLON DE DERNE.

Le principal objet de ce pont est de servir d’aquéduc au ruisseau Bou-Mansour, dont le cours actuel, à travers les petites terrasses cultivées du vallon de Derne, était interrompu par le ravin el-Brouis, représenté dans cette planche. Cet édifice a été élevé, il y a peu d’années, par les ordres et aux frais de Mohammed-el-Gharbi, envoyé des États barbaresques auprès du vice-roi d’Égypte ; ce qui peut donner une idée du goût pour la civilisation et les établissements utiles, que Mohammed Aly communique à ceux qui l’entourent, lors même qu’ils sont indépendants de son pouvoir.

PLANCHE IX.

RUINES DE KOUROUMOUS. — INTÉRIEUR DU CHATEAU EL-HARAMI.

Fig. 1.

Ce monument, situé aux confins méridionaux des terres fertiles de la Cyrénaïque, faisait partie des tombeaux de l’ancien village d’Hydrax.

Fig. 2.

Le nom de ce château sarrasin répond à l’usage auquel il servit pendant long-temps. Situé à dix lieues de Derne, et à l’extrémité des gorges étroites et boisées de Maârah et de Tarakenet qui conduisent à cette ville, il offrait aux bandits un lieu de repaire très-favorable pour dépouiller les voyageurs qui se rendaient à Derne. Les tribus des environs se sont réunies, il y a peu d’années, et en démolissant le château elles ont rendu leur contrée plus praticable.

PLANCHE X.

VUE, COUPE ET PLAN D’ANCIENS THERMES SITUÉS DANS LA VALLÉE DE KOUBBÈH.

Il paraît qu’indépendamment des différentes pièces dont ces thermes étaient subdivisés, ils contenaient un nombre considérable de cuves monolithes qui en faisaient le tour, et étaient situées sur un plan inférieur à celui du reste de l’édifice ; apparemment pour recevoir plus facilement les eaux par des rigoles. Celles de ces cuves qu’on tailla dans le roc même y existent encore à leur place ; et d’autres, formées séparément de blocs détachés, se trouvent dispersées çà et là au milieu des ruines, et servent aux Arabes d’abreuvoirs pour leurs troupeaux.

Fig. 1.

Coupe d’une galerie intérieure des thermes, adossée contre la colline, et se trouvant actuellement à découvert. En confrontant cette élévation avec la vue en perspective, on reconnaîtra les parties qui ont été restaurées.

Fig. 2.

Plan de la même galerie : la grotte que l’on voit dans le massif d’ombres est taillée autour de la source qui alimentait les thermes, et dont les eaux passaient au-dessous de la galerie par un canal souterrain.

PLANCHE XI.

Fig. 1.

Vue de deux hypogées funéraires, situés dans la vallée de Koubbèh : les niches de formes diverses qui en entourent les entrées, indiquent qu’ils ont servi aux chrétiens de la Cyrénaïque.

Fig. 2.

Plans des deux hypogées précédents : leur position sur la planche relativement au dessin de perspective, désigne l’hypogée auquel ils appartiennent.

Fig. 3.

Plan du château de Chenedirèh.

  • a. Chapelle chrétienne.
  • b. Entrées voûtées du château.
  • c. Mur de revêtement décrivant un talus, et arrondi à chaque angle.
  • d. Communications intérieures par de petites portes carrées.
  • e. Corridor.
  • f. Puits comblé.

Fig. 4.

Plan des ruines du temple de Vénus, situé auprès de l’ancienne station d’Aphrodisias.

  • a. Entrée du temple, située au sud.
  • b. Grand corridor qui paraît avoir régné tout autour de l’enceinte générale.
  • c. Porte de ce corridor formée de deux pilastres d’ordre dorique.
  • d. Colonnes accompagnées d’un mur d’entre-colonnement.
  • e. Ouverture qui conduit à un réservoir souterrain.

PLANCHE XII.

VUE DES GROTTES SÉPULCRALES DE MASSAKHIT.

Tel est l’aspect qu’offrent un grand nombre de petites Nécropolis des anciens bourgs de la Cyrénaïque : une falaise irrégulière dans laquelle sont creusées en tous sens des grottes sépulcrales. Sur le devant, comme dans celle-ci, s’étend ordinairement un beau tapis de verdure ou un champ de céréales ; et sur le sommet sont épars les débris du bourg. Le grand nombre de niches de toutes formes que l’on voit, soit dans les métopes et les entre-colonnements de la façade, soit isolément sur le mur de la falaise, appartiennent au moyen âge.

PLANCHE XIII.

PLAN ET INTÉRIEUR D’UN HYPOGÉE CHRÉTIEN, A MASSAKHIT.

Ce tombeau fait partie de la même Nécropolis. Les emblèmes chrétiens et le arabesques qu’il contient, confirment évidemment l’opinion émise relativement à l’époque à laquelle on vient d’attribuer les niches qui couvrent la falaise sépulcrale de la planche précédente.

PLANCHE XIV.

VUE D’UN CHATEAU ANTIQUE, SITUÉ DANS LA PLAINE DE CHENEDIRÈH, ENTRE LES ANCIENNES VILLES D’ERYTHRON ET DE LIMNIADE.

Tel est le coup d’œil que présentent constamment, à plus ou moins de conservation près, ces nombreux châteaux romains que l’on trouve sur chaque élévation qui avoisine la moindre bourgade de la Cyrénaïque. Les Arabes les désignent tous indistinctement par le nom de Sirèh, mot remarquable qui offre une analogie palpable avec celui de Cyré ou Cyra, que les anciens Libyens donnaient à la montagne sur laquelle fut bâtie Cyrène, et qui signifiait peut-être dans leur langage montagne ou élévation.

PLANCHE XV.

VUE DU KASSR SENNIOU. — CIMETIÈRE ANTIQUE A SAFFNÈH.

Fig. 1.

Ce château fut construit par les Sarrasins avec les débris d’un ancien monument. Le souterrain dont on aperçoit l’entrée sur la planche, contourne une partie de l’édifice, et fut destiné à contenir des tombeaux. Cette disposition se rencontre souvent dans la Cyrénaïque auprès d’autres ruines semblables à celles-ci, telles que Maârah, Chenedirèh et autres.

Fig. 2.

Ce cimetière, malgré l’ogive des voûtes, appartient à une époque antérieure à l’invasion des Sarrasins dans la Cyrénaïque. On sait d’ailleurs que les monuments sarrasins de cette période contiennent des voûtes en fer à cheval : les ruines de Ladjedabiah (Voy. Planche LXXXIX) nous en offrent des preuves, même dans cette contrée.

PLANCHES XVI, XVII, XVIII.

VUES DES MAUSOLÉES SITUÉS DANS LA PLAINE DE ZAOUANI, AUX ENVIRONS DU GOLFE NAUSTATHMUS.

Ces tombeaux, les plus élégants et les mieux conservés de tous ceux que l’on trouve dans la Cyrénaïque, joints à un grand nombre d’autres en partie détruits et à de belles grottes sépulcrales ornées de façades doriques, formaient la Nécropolis d’une ville très-considérable, inconnue des anciens géographes. Les ruines de cette ville ont même conservé chez les Arabes une désinence grecque : elles sont appelées Ghertapoulous ; on les rencontre à un quart d’heure de distance des tombeaux vers le nord, et au sommet d’un profond ravin qui correspond au fond du golfe Naustathmus. Il faut aussi faire remarquer que, de même que la plupart des ruines des villes et villages de la Cyrénaïque, celles-ci offrent des témoignages marquants du séjour qu’y ont fait les Chrétiens. On est donc en droit d’être surpris que les auteurs de cette dernière période aient, comme ceux de la haute antiquité, négligé de parler de cette ville, qui, d’après sa situation auprès de la plus belle rade de la Cyrénaïque et ses magnifiques débris, dut infailliblement jouer un rôle important dans l’histoire de cette contrée.

PLANCHE XIX.

COUPES, PLANS ET DÉTAILS DES MAUSOLÉES DE ZAOUANI.

Fig. 1.

Coupe de la façade du mausolée de la planche xvi.

  • 1. a. Plan de ce mausolée.
  • 1, b. Détail des sculptures de la façade du même monument.

Fig. 2.

Coupe de la façade du mausolée de la planche xvii.

  • 2. a. Plan de ce mausolée.
  • 2, b. Détail des sculptures de la façade.

Fig. 3.

Coupe du Mausolée, formant un carré rectangle, de la planche xviii.

L’intérieur de cet élégant édifice est subdivisé en trois cloisons, sans ouverture extérieure, et remplies chacune d’ossements d’enfants en bas âge.

PLANCHE XX.

VUE D’UN ÉDIFICE ANTIQUE NOMMÉ GHABOU-DJAUS.

Ces ruines, pittoresquement situées sur le penchant d’une belle colline, faisaient partie d’un monument plus considérable, et un des plus anciens de la Cyrénaïque parmi ceux dont il existe encore des débris, mais dont il serait difficile d’assigner la véritable destination.

PLANCHE XXI.

RUINES DU CHATEAU DIOUNIS, SITUÉ DANS LA PLAINE DE L’ANCIENNE THINTIS.

Ce château offre un exemple du système qui paraît avoir été adopté de tous temps en Cyrénaïque pour la construction des châteaux, consistant dans une double ou triple superposition de pièces voûtées. Le témoignage des ruines actuelles permet de dire que ce système fut établi par les Grecs, adopté par les Romains et imité par les Sarrasins. Les châteaux évidemment grecs de Lemschidi et de Lemlez auprès du golfe Naustathmus ; ceux de Chenedirèh, d’Ay-Thas, de Tebelbèh, de Thaoughat, de Boumnah, de l’époque romaine, caractérisée par les voûtes en plein cintre ; et enfin, ceux de Mouchedachieh, d’El-Harâmi, de Bénéghdem et de Diounis, évidemment sarrasins, offrent des preuves encore existantes de ce système de superposition adopté successivement par les divers peuples qui ont occupé la Cyrénaïque.

PLANCHE XXII.

VUE DES RUINES DE DIABORAH.

Le mur d’enceinte dessiné sur le premier plan de cette planche appartient à un vaste édifice funéraire, le seul de ce genre que l’on trouve dans la Cyrénaïque. Les tombeaux qui l’entourent sont la plupart taillés dans le roc vif, et peuvent donner une idée de l’aspect qu’offrent en Cyrénaïque un grand nombre de petites Nécropolis dépendant des villes ou des villages situés dans les plaines, dépourvues d’élévations suffisantes pour y creuser des grottes sépulcrales.

PLANCHE XXIII.

VUE DE LA PARTIE SEPTENTRIONALE DES RUINES DE GHERNÈS.

Le principal édifice que renferme cette planche paraît être d’anciens thermes, dont les voûtes en plein cintre indiquent l’époque romaine. Les petits soupiraux que l’on voit à la partie supérieure des voûtes, offrent une analogie marquante avec la disposition des bains actuels de l’Orient.

PLANCHE XXIV.

VUE D’UN TOMBEAU CIRCULAIRE, SITUÉ SUR UNE COLLINE AUPRÈS DE GHERNÈS.

Les mausolées de forme circulaire sont très-rares dans la Cyrénaïque ; et il est à remarquer qu’ils furent ordinairement construits sur des élévations et presque toujours isolément, de manière qu’on pût les apercevoir de très-loin. La grande excavation que l’on voit au-dessous de ce mausolée fut destinée à servir également de tombeau : l’avenue taillée dans le roc qui en précède l’entrée se retrouve auprès de toutes les grottes sépulcrales, toutes les fois que les localités l’ont permis.

PLANCHE XXV.

PLANS ET COUPES DE DIVERS MONUMENTS DE LA CYRÉNAÏQUE ET DE L’OASIS D’AUGILES.

Fig. 1.

Plan des bains de Ghernès.

  • 1, a. Mur construit par les habitants actuels, qui ont métamorphosé cette partie des bains en tombeaux.

Fig. 2.

Plan du tombeau circulaire situé auprès de Ghernès.

  • 2, a. Coupe du même tombeau.

Fig. 3.

Coupe de la porte d’un édifice de la ville de Ghernès.

Fig. 4.

Plan d’un souterrain de la ville de Limniade.

  • a. Entrée et descente par un escalier taillé dans le roc.
  • b. Extrémité comblée du souterrain.

Fig. 5.

Plan d’un réservoir de la ville de Limniade.

Fig. 6.

Monuments trouvés à l’Oasis d’Augiles, et appartenant probablement au culte funéraire des anciens Augilites.

PLANCHE XXVI.

VUE DE MARSAH-SOUZA, ANCIEN PORT DE CYRÈNE.

Le massif de ruines attenant au premier plan de ce dessin est un rocher subdivisé intérieurement en plusieurs salles sépulcrales envahies par la mer ; il se trouve à l’extrémité occidentale du port. Les deux îlots que l’on voit aussi dans cette planche sont couronnés de débris d’anciennes fortifications, et durent, dans l’antiquité, former l’entrée du port de Cyrène.

PLANCHE XXVII.

COLONNES ET CHAPITEAUX DE DIVERS TEMPLES DE LA CYRÉNAÏQUE.

Fig. 1.

Colonne de marbre pentélique faisant partie des ruines d’un temple d’Apollonie.

Fig. 2.

Colonne de marbre blanc appartenant à une église d’Apollonie. Le socle quadrangulaire, orné d’une croix sculptée en relief, qui est placé dans la planche au bas de cette colonne, fait partie des ruines du même édifice.

Fig. 3, 4.

Chapiteaux de marbre blanc trouvés parmi les ruines de Beit-Tamer, ancien temple de Vénus, situé auprès de la station d’Aphrodisias.

Fig. 5.

Chapiteaux faisant partie des ruines du temple de Ptolémaïs.

Fig. 6.

Chapiteau d’un édifice de Teuchira.

Nota. On a oublié de mettre sur cette planche l’échelle de proportion des monuments qu’elle contient. La colonne de la fig. 1 a 6 mètres 2 décimètres de hauteur, y compris la base et le chapiteau ; le diamètre du fût est de 7 décimètres. On peut se servir de cette donnée pour connaître comparativement les dimensions et proportions de l’autre colonne et des divers chapiteaux contenus dans cette planche : ils ont été dessinés sur une échelle commune.

PLANCHE XXVIII.

RUINES DU QUAI D’APOLLONIE.

Ce quai, dont il ne reste à peu près que les trois quarts, fut construit en demi-cercle composé de trente à quarante marches ; il formait par conséquent un vaste et magnifique amphithéâtre, sur les gradins duquel on montait les marchandises pour les introduire dans la ville. La situation d’Apollonie sur des rochers taillés en falaises motiva cette belle construction, qui devait dans l’antiquité présenter un coup d’œil fort agréable. Les édifices, qui entouraient le quai et le quart au moins de ses propres gradins, se sont écroulés à ses pieds et ont comblé le bassin semi-circulaire autrefois occupé par les eaux, dont il ne reste plus que de petites flaques. Les figures placées, dans la planche, au sommet de cet édifice, peuvent servir d’échelle comparative pour en connaître les dimensions.

PLANCHE XXIX.

GROUPE D’HYPOGÉES, SITUÉS ENTRE CYRÈNE ET APOLLONIE.

Cette façade est remarquable en ce qu’elle offre une disposition architectonique qu’on ne retrouve point ailleurs en Cyrénaïque, même parmi la Nécropolis de Cyrène. Cette disposition consiste dans une série de cadres monolithes, ornés de pilastres et d’une frise en triglyphes, placés chacun au-dessus de l’entrée d’un caveau sépulcral, et figurant ensemble un grand entablement. Ces cadres, dont il ne reste qu’un seul debout, étaient destinés à contenir des inscriptions relatives aux personnes ensevelies dans le caveau qu’ils surmontaient ; quelques lettres très-frustes s’aperçoivent encore sur ceux de ces cadres qui sont renversés au-devant du monument.

PLANCHES XXX, XXXII, XXXIII, XXXV, XXXVII, XL, XLII, XLIII.

VUES DES GROTTES DE LA NÉCROPOLIS DE CYRÈNE.

Ces dessins offrent collectivement la réunion des divers styles d’architecture employés successivement par les habitants de Cyrène à orner leurs tombeaux. Le dorique en forme le type principal, et l’imitation de l’architecture égyptienne s’y rencontre souvent, mais toujours dans les détails et jamais dans l’ensemble du monument. Le style propre à chacune des façades dessinées dans ces planches se trouve exactement répété, dans cette belle et vaste Nécropolis, sur une infinité d’autres façades de grottes sépulcrales plus ou moins détruites : il a paru suffisant de dessiner séparément les mieux conservées.

PLANCHES XXXI, XXXIV, XXXVI, XXXVIII, XLI, XLIV.

COUPES ET DÉTAILS DES FAÇADES DES GROTTES DE LA NÉCROPOLIS DE CYRÈNE.

Ces coupes, ainsi que les profils d’architecture qui les accompagnent, correspondent aux dessins en perspective des planches précédentes. Leur titre indique suffisamment celles des grottes auxquelles ils appartiennent, pour rendre toute autre explication superflue.

PLANCHES XXXIX, XLIII.

COUPES DE QUELQUES AUTRES FAÇADES DES GROTTES DE LA NÉCROPOLIS DE CYRÈNE.

Quoique ces façades soient d’un style différent de celles des planches précédentes, et qu’elles en complètent même la série, il a paru suffisant d’en donner un simple dessin au linéament, sans augmenter le nombre des vues en perspective qui offrent entre elles, dans cette Nécropolis, trop de monotonie de situation.

PLANCHE XLV.

VUE D’UN TOMBEAU, SITUÉ A L’EXTRÉMITÉ EST DE LA NÉCROPOLIS DE CYRÈNE.

Même observation que pour la XXXIXe et la XLVIIe planche.

PLANCHE XLVI.

1. Coupe du tombeau situé à l’extrémité orientale de la Nécropolis de Cyrène.

2. Façade d’un autre tombeau.

PLANCHE XLVII.

Voir à la XXXIXe.

PLANCHE XLVIII.

Plans de diverses grottes de la Nécropolis de Cyrène.

PLANCHE XLIX ET L.

PEINTURE TROUVÉE DANS L’INTÉRIEUR D’UNE GROTTE DE LA NÉCROPOLIS DE CYRÈNE.

Elle est taillée dans le flanc d’un ravin de la Nécropolis de Cyrène ; elle offre plus de richesses monumentales à elle seule que toutes les autres ensemble. Cette grotte, sans niches ni sarcophages, contient au milieu un puits sépulcral, et ses quatre parois sont couvertes de peintures qui paraissent représenter des jeux funéraires. La mieux conservée, comme la plus remarquable, est celle-ci : elle occupe toute la longueur d’une paroi : elle est composée d’une série de figures dont les unes, revêtues de riches costumes, exécutent une marche solennelle, et les autres, divisées en plusieurs groupes et couvertes d’une simple draperie, donnent l’idée du peuple de Cyrène qui assiste à la cérémonie et s’attroupe auprès des principaux personnages. En tête du tableau est une espèce de meuble, auprès duquel des jeunes gens sont occupés à préparer des mets, emblème sans doute des repas qui suivaient, dans l’antiquité, les fêtes populaires ; une table couverte de couronnes et de palmes le termine. Là se trouvent trois personnages mitrés, debout chacun sur un piédestal. L’un d’entre eux est appuyé sur une massue, l’autre paraît consacrer les palmes et les couronnes, et le troisième, dans l’attitude d’orateur, semble attirer l’attention du peuple groupé auprès de lui.

Tel est l’effet, qu’indépendamment de toute induction scientifique, produit au premier coup d’œil cette peinture intéressante.

PLANCHE LI.

PEINTURE TROUVÉE DANS L’INTÉRIEUR D’UNE GROTTE DE LA NÉCROPOLIS DE CYRÈNE.

Un berger y est représenté la houlette à la main, entouré d’un troupeau, et portant un mouton sur les épaules. On reconnaît bien là le bon pasteur de la chrétienté, d’autant plus que la roideur des draperies et le mauvais goût du dessin indiquent le moyen âge, époque de la décadence des arts. Mais voici encore autour du tableau des poissons de différentes espèces posés en offrande, intention tellement évidente, qu’ils sont trois fois au moins plus grands que les moutons et le berger, et que l’artiste les a détachés du fond du tableau par une forte ombre, comme s’il avait voulu les y représenter suspendus en ex-voto.

PLANCHE LII.

PEINTURES TROUVÉES DANS L’INTÉRIEUR D’UNE GROTTE DE LA NÉCROPOLIS DE CYRÈNE. 1 Paroi D ; 2 Paroi DX.

Elle représente une chasse et un cirque. La première surprend au premier aspect, à cause du cerf qui en forme le principal sujet, et contre lequel un chasseur anime le soulouc, qu’il retient d’une main par un lien, et de l’autre agite un fouet pour stimuler son ardeur. Or, le cerf, comme Hérodote a pris soin de l’affirmer, et malgré l’erreur commise par les Maronites dans la géographie nubienne, ne se trouve nulle part en Afrique. Il fut donc apporté par les Grecs dans la Pentapole libyque ; cette peinture semble l’attester, de même que la cause de la naturalisation dans cette contrée peut être expliquée par d’autres monuments. Il faut sans contredit l’attribuer au culte de Diane, une des principales divinités des Cyrénéens.

La seconde est fort bizarre, en ce qu’on y voit confondus des animaux féroces, tels que le lion, le léopard s’élançant sur un taureau, avec un bouc, des gazelles et des chiens lévriers, que l’on reconnaît de suite pour les souloucs indigènes de l’Afrique septentrionale.

PLANCHE LIII.

PEINTURES TROUVÉES DANS L’INTÉRIEUR D’UNE GROTTE DE LA NÉCROPOLIS DE CYRÈNE. 1 Paroi c ; 2 Paroi a.

On y remarque une scène représentant la lutte et le pugilat. Certes voilà des formes athlétiques bien prononcées, et exposées dans tout leur jour : pas même une simple feuille de vigne ! D’une part les efforts, et de l’autre l’aplomb, sont assez bien indiqués. Le sang coule des blessures et rougit le sol ; une des malheureuses victimes gît étendue sur l’arène ; du moins c’est là l’intention de l’artiste ; car, bien que l’athlète soit peint au-dessus du tableau comme s’il nageait dans les airs, il est censé placé sur un plan horizontal ; mais cette inexpérience de perspective est trop connue dans les peintures antiques, pour que nous soyons surpris de la retrouver ici. La même réflexion s’applique à la position aérienne de deux vases contenant l’huile et les pinceaux qui servaient à oindre le corps : ces détails n’offrent aussi rien que de très-connu. Il n’en est pas de même d’un scorpion suspendu à une main isolée, et ainsi représenté à côté du tableau. J’ignore si ce reptile dépourvu de venin peut devenir, comme tant d’autres, l’antidote du mal ; mais il est remarquable que les habitants actuels de la Cyrénaïque se servent, disent-ils, du scorpion pour arrêter la putréfaction des blessures.

La paroi suivant celle décrite plus haut était entièrement occupée par un combat de gladiateurs dont il ne reste malheureusement qu’un fragment. Les combattants, couverts de cuirasses, ont la figure garantie par un masque, et la tête ornée de grands panaches de diverses couleurs. Cette dernière particularité est remarquable en ce qu’elle n’existe, que je sache, dans aucun des sujets antiques analogues à celui-ci ; ce qui permet de croire que cet usage était local. Un homme à tête découverte, sans armure, et ayant seulement une baguette à la main, arrête le vainqueur ; tout porte à croire que ce personnage représente un héraut du camp. Quant aux détails de cette peinture relatifs aux diverses parties de l’armure et des gladiateurs, ils n’offrent rien qui ne soit connu par d’autres monuments anciens funéraires de l’antiquité, et notamment par les sculptures du tombeau de Scaurus, découvert aux ruines de Pompéi.

PLANCHE LIV.

PEINTURES TROUVÉES SUR LA FRISE D’UN TOMBEAU, A Cyrène.

Ces peintures sont dans une petite salle dont les parois, très-unies et peintes d’un vert tendre, lui donnaient plutôt l’air d’un riant cabinet aérien que d’une excavation sépulcrale. Le fond de cette jolie grotte en rappelle seul la destination ; il est occupé par un sarcophage creusé dans le roc, et couronné d’une frise en triglyphes, contenant dans chaque métope une peinture élégamment miniée, et d’une conservation parfaite. Mais ce qui augmente la surprise, c’est de reconnaître dans la série de ces petits tableaux les principales phases, ou les diverses occupations de la vie d’une esclave noire ; du moins telle est l’induction que j’ai tirée de ces charmantes peintures. J’ai cru y distinguer successivement les entretiens de l’amitié, l’éducation de jeune fille, l’ambition de la parure, les délassements figurés par l’exercice de la balançoire, le bain si nécessaire dans la brûlante Libye, et enfin le triste lit de mort sur lequel la négresse est étendue, les yeux éteints, et paraît être regrettée de son maître, le blanc Cyrénéen, que l’on voit à côté d’elle dans une attitude de douleur.

La coiffure et le costume de ces miniatures ne sont pas moins remarquables, tant par la forme que par la couleur. Les longues robes bleues sans agrafes, et les schalls rouges entrelacés avec les cheveux, ou couvrant la tête en guise de turban, offrent une analogie frappante avec l’habillement des modernes Africaines, et principalement avec celles qui habitent le Fezzan.

PLANCHE LV.

INTÉRIEUR D’UNE GROTTE SÉPULCRALE CHRÉTIENNE : NÉCROPOLIS DE CYRÈNE.

Lors même que les peintures qui en couvrent les parois n’offriraient pas le témoignage certain de cette époque religieuse, une inscription cursive, précédée de la croix, la prouverait irrécusablement. Mais il convient de donner auparavant une idée de l’architecture et de la distribution de ce nouvel hypogée. Le fond a un aspect vraiment monumental : un sarcophage s’y trouve creusé avec un art infini dans la paroi ; il est orné de guirlandes et de têtes de bouc, et couronné d’une petite voûte en plein cintre, sculptée en coquille : latéralement au sarcophage sont deux niches décorées chacune d’un vase d’une forme très-élégante. Les autres côtés de l’hypogée qui forment angle droit avec celui du fond, contiennent aussi des sarcophages et des cintres, dont les uns sont couverts de peintures, et les autres offrent les mêmes détails que le précédent. Ces irrégularités qui choquent dans la description, ne déplaisent pas à la vue du monument, puisqu’elles en varient l’aspect, et qu’elles correspondent d’ailleurs symétriquement entre elles. Quant aux peintures qui le bariolent bien plus qu’elles ne l’embellissent, voici quels en sont les emblèmes.

Celui qu’on y a le plus souvent reproduit est la vigne du Seigneur ; mais ce symbole des premières époques de la chrétienté, n’imite pas mal ici, par sa disposition, le thyrse de Bacchus. La voilà avec ses longues lianes, ses grappes pourprées, et ses larges feuilles grimpant autour de longs bâtons placés à côté des sarcophages. Autre part elle couvre des treillages figurés dans l’intérieur des cintres, ou bien elle forme une frise de festons tout autour du monument. Après cet emblème, le paon, accompagné de poissons, est celui qui frappe plusieurs fois les yeux. Dans d’autres grottes de la Nécropolis, je l’ai rencontré quelquefois peint isolément au-dessus de sarcophages, et je le vois ici formant le sujet principal d’un tableau qui occupe toute l’étendue d’un cintre. Il est placé dans un panier à anses, déployant circulairement la queue au milieu de bouquets de fleurs, parmi lesquelles il n’est point superflu de nommer des soucis et des pensées, qu’on aperçoit parmi des touffes de roses. L’oiseau de Cérès est sans doute représenté dans ces lieux funèbres en guise d’offrande ; j’en ignore la cause allégorique.

PLANCHE LVI.

VUE D’UN SARCOPHAGE, DANS L’INTÉRIEUR D’UNE GROTTE A CYRÈNE.

Elle est située à l’ouest de la Nécropolis de Cyrène ; le sarcophage qui s’y trouve est magnifique, il est en marbre blanc avec son couvercle. Cette grotte, dont l’entrée et l’intérieur sont très-détériorés, formait une pièce ayant trois subdivisions, dont deux latérales à l’entrée, et la troisième au fond. Elles contenaient chacune un sarcophage en marbre de styles différents. Celui-ci est le seul conservé ; il a sur sa façade quatre cariatides, dont deux figures de filles et deux de garçons. Ces figures, ainsi que tous les autres dessins, sont sculptées en bas-relief ; elles soutiennent des guirlandes composées de feuilles de différentes espèces, de fleurs et de fruits. Au milieu et entre la guirlande soutenue par les figures de filles, est une tête de grandeur naturelle ; au milieu du cou est un nœud avec deux ganses. Entre les deux autres guirlandes, soutenues de chaque côté par deux cariatides de deux sexes, sont des têtes d’enfant. Les figures sont d’un bon style ; les draperies sont bien ménagées, et nouées à la grecque au-dessous du sein. Des trous ont été pratiqués en différents endroits sur cette façade, par les Arabes, dans le but de connaître ce que contenait le sarcophage avant qu’ils aient pu remuer le couvercle, qui se trouve maintenant un peu détourné. Aux deux côtés qui forment les extrémités du sarcophage est un simple réseau, au milieu d’une guirlande de même nature que celles de la façade, mais le dessin est brut. Il a sept pieds cinq pouces de long sur trois pieds huit pouces de large ; la hauteur de la caisse est de trois pieds trois pouces, et celle du couvercle d’un pied trois pouces.

PLANCHE LVII.

FRAGMENTS DE SARCOPHAGES EN MARBRE.

Dans une chambre voisine de celle où j’ai trouvé le sarcophage décrit plus haut, je fis déblayer différents blocs de marbre ; un beau fragment m’offrit un guerrier armé de sa cuirasse, paraissant prêt à immoler une mère dont le fils est étendu à ses pieds. Ce même fragment, qui est la base mutilée du sarcophage, offre à son grand côté des restes d’une scène de même nature, des chevaux et des chiens pêle-mêle, fuyant précipitamment. Ce bas-relief permet de croire que le sarcophage a dû contenir un guerrier, ou une victime des fureurs de la guerre.

PLANCHE LVIII.

SARCOPHAGE SITUÉ DANS L’INTÉRIEUR D’UNE GROTTE, PRÈS DE LA FONTAINE D’APOLLON, A CYRÈNE.

Il est en marbre blanc, ayant deux griffons sur un des grands côtés en bas-relief. Ils appuient une pate sur une espèce de vase long ou candelabre, d’où sort de la flamme ; les trois autres côtés du même dessin ont une frise en guirlandes, au sommet, suspendue à des têtes de bouc ; à leur base est une autre guirlande, et au fond un dessin en lignes contournées en S.

PLANCHE LIX.

TORSE COLOSSAL EN MARBRE, PARMI LES RUINES DE CYRÈNE.

Il se trouve à soixante et dix mètres, vers l’ouest, du temple de César. Il est d’une grandeur colossale, en marbre blanc, représentant un guerrier. La cuirasse, enrichie de sculptures d’un travail fini, est d’une belle conservation ; on y distingue les emblèmes suivants : au milieu du poitrail une figure de femme ailée, la tête couverte d’un casque, et tenant d’une main un glaive, et de l’autre un bouclier, se tient debout sur une louve : il est presque inutile de dire que c’est là l’emblème de Rome la guerrière, portée par l’animal qui allaita son premier roi. Deux autres figures également ailées, sculptées latéralement à la précédente, paraissent représenter les génies qui présidaient aux destins de la ville héroïque. Les écailles semi-sphériques de la cuirasse, qui couvrent les bandelettes libyennes, contiennent aussi chacune des sculptures en relief, disposées symétriquement, parmi lesquelles on remarque des dauphins, les têtes de Mercure et d’Apollon, les aigles de Rome, et autres symboles qui contribuent à orner ce beau torse sans trop le charger.

Si l’on se rappelle maintenant la situation de ce précieux monument, si l’on observe ses dimensions colossales et le fini du travail, il est hors de doute qu’on ne manquera pas de reconnaître en lui la statue de l’empereur César, que les Barbares, en dépit de son apothéose, ont chassée de la superbe enceinte, et fait rouler dans ce champ avec les colonnes et les voûtes qui en relevaient autrefois l’éclat.

PLANCHE LIX.

(Portant par erreur le no LIX à double.)

Fig. 1.

Plan des ruines d’un temple situé à Ptolémaïs.

a. Pronaos qui contient encore trois colonnes debout avec leurs chapiteaux (Voyez pl. LXVIII).

b. Ouvertures qui communiquent à un souterrain voûté, divisé en neuf corridors, et destiné probablement à contenir de l’eau, usage qu’il offre encore maintenant.

Fig. 2.

Plan d’une ancienne caserne de la même ville.

a. Côté du mur où se trouve le rescrit d’Anastase Ier. Voyez Relat., page 179.

b. Pièce contenant encore les anciens fourneaux de la caserne.

c. Escalier pratiqué dans l’intérieur du mur et tout le long de l’enceinte.

d. Entrées voûtées.

e. Soupirail.

Fig. 3.

Plan d’un château sarrasin, situé sur la route qui conduit de Cyrène à Ptolémaïs.

PLANCHE LX.

BAS-RELIEF ET TÊTES EN MARBRE, PARMI LES RUINES DE CYRÈNE.

Parmi les débris du temple d’Apollon, on trouve ce bas-relief en marbre, représentant une jeune femme nue jusqu’à la ceinture, sans attribut de déesse, et paraissant couronner un buste dont il manque la tête.

Ces deux têtes ont été trouvées parmi les ruines de Cyrène ; elles sont de marbre blanc. L’une est d’une dimension colossale, et l’autre de grandeur naturelle.

PLANCHE LXI.

PLAN D’UN HYPOGÉE, DIT KENNISSÈH (LES ÉGLISES) FAISANT PARTIE DE LA NÉCROPOLIS DE CYRÈNE.

C’est au fond de cet hypogée que se trouvent les deux grottes de la planche XXXIX. Il est situé à peu près au milieu de la Nécropolis de l’Est, et est le plus remarquable de tous par sa grandeur et ses distributions.

PLANCHES LXII et LXIII.

INSCRIPTIONS TROUVÉES A CYRÈNE.

PLANCHE LXIV.

INSCRIPTIONS TROUVÉES DANS L’INTÉRIEUR D’UN SANCTUAIRE, A CYRÈNE.

PLANCHES LXV et LXVI.

INSCRIPTIONS TROUVÉES A CYRÈNE.

PLANCHE LXVII.

VUE DU CHATEAU DE BÉNÉGDEM, SITUÉ SUR LA ROUTE DE CYRÈNE A PTOLÉMAÏS.

Il est situé à l’ouest de Cyrène, et à une journée de chameau de la mer ; il a vingt-deux mètres et vingt centimètres de longueur, sur quarante-trois mètres quatre-vingt-cinq centimètres de largeur, formant un carré oblong. Sa longueur est de l’Est à l’Ouest. Ses deux grands côtés ont au milieu de leur longueur une tour carrée de six mètres quarante-cinq centimètres de largeur. Ces tours attenantes au mur d’enceinte forment deux ailes au monument, se projetant en dehors ; elles ont chacune une pièce voûtée ; le tout construit en dalles calcaires, liées entre elles par du ciment.

PLANCHE LXVIII.

VUE DES RUINES D’UN TEMPLE A PTOLÉMAÏS.

Le premier plan de cette vue représente le parvis du temple, formé par une espèce de stuc, dans lequel sont enchâssés des cailloux roulés. Plusieurs ouvertures sont pratiquées sur la surface du parvis, qui en quelques endroits conserve encore des restes d’une mosaïque grossière, dont il était généralement revêtu. Les trois colonnes encore debout sont probablement le reste du propylée. On voit sur le massif de construction qui leur sert de base générale, deux inscriptions grecques dont une est renversée.

PLANCHE LXVIII.

(Portant par erreur le no LXVIII à double.)

VUE DES RUINES DE LA PORTE OCCIDENTALE DE PTOLÉMAÏS.

Deux grands massifs d’une égale dimension, ayant à leur côté Est une ouverture carrée à mi-distance de leur hauteur, portent à croire qu’ils peuvent être les restes de l’ancienne porte de Ptolémaïs, à l’extrémité Ouest de laquelle ils se trouvent. Les ruines du temple, qui est l’objet de la vue précédente, se voient à l’Est.

PLANCHE LXX.

VUE DES MONUMENTS FUNÉRAIRES, SITUÉS A L’OUEST DES RUINES DE PTOLEMAÏS.

Le principal de ces tombeaux est construit sur un rocher taillé carrément. Il est orné à son sommet d’une frise du même style que celles que nous avons observées dans la Nécropolis de Cyrène. Il forme intérieurement une galerie, ayant de chaque côté cinq caisses ou caveaux dont les entrées sont ornées de frises simples, mais d’un bon goût. Au-dessus des caveaux est un second étage divisé en plusieurs pièces. Les autres tombeaux ou masses carrées que l’on aperçoit auprès de celui dont nous venons de parler, sont formés par des rochers isolés, dans l’intérieur desquels on a taillé une ou plusieurs chambres. L’extérieur est taillé à peu près en carré d’une manière assez grossière.

PLANCHE LXXI.

PLAN, COUPE INTÉRIEURE ET DÉTAILS DU GRAND TOMBEAU, SITUÉ A L’OUEST DE PTOLÉMAÏS.

Voyez Relation, pages 180 et 181.

PLANCHE LXXIII.

INSCRIPTION GRAVÉE SUR UNE CASERNE ANTIQUE A PTOLÉMAÏS.

PLANCHES LXXIV, LXXV, LXXVI, LXXVII, LXXVIII.

(Cette dernière porte par erreur le no LXXIX.)

INSCRIPTIONS DE PTOLÉMAÏS.

PLANCHE LXXIX.

INSCRIPTIONS GRAVÉES SUR LES TOMBEAUX DE PTOLÉMAÏS.

PLANCHES LXXX, LXXXI, LXXXII, LXXXIII, LXXXIV, LXXXV, LXXXVI.

INSCRIPTIONS TROUVÉES A TEUCHIRA.

PLANCHE LXXXVII.

ENCEINTE DE L’ANCIENNE VILLE DE TEUCHIRA.

Les ruines de cette ville sont entourées d’une muraille d’enceinte, formant un carré irrégulier de deux milles environ de circonférence. Cette muraille, d’une belle conservation, et flanquée de tours à ses angles, a été redressée avec des matériaux d’édifices anciens.

a. Bassins taillés dans la roche et creusés à leurs parois en grottes sépulcrales.

b. Grande tour au centre de laquelle est un puits.

c. Tours quadrangulaires qui servaient à défendre la ville.

d. Côté de l’enceinte qui côtoie les bords de la mer ; il est presque totalement détruit.

PLANCHE LXXXVIII.

VUE D’UNE GROTTE SÉPULCRALE, APPARTENANT AU MOYEN AGE, ET FAISANT PARTIE DE LA NÉCROPOLIS DE CYRÈNE.

PLANCHE LXXXIX.

RUINES D’UN GRAND MONUMENT SARRASIN A LADJEDABIAH.

PLANCHE XC.

VUE D’UN CHATEAU SARRASIN A LADJEDABIAH.

On trouve ces ruines à treize lieues du cap Carcora, à trois des bords de la mer. Voyez Relation, pages 268 et 269.

PLANCHE XCI.

VUE D’UN VILLAGE EN BRANCHES DE PALMIERS, A L’OASIS DE MARADÈH.

A peu près au centre de Maradèh proprement dite est un rocher sur lequel sont les ruines d’un village, ayant un mur d’enceinte, et construit en pierres et terre : de ce point, on aperçoit toute l’étendue de l’Oasis au Nord de ces ruines ; derrière une petite chaîne de monticules ou rochers, qui divisent cette Oasis en deux parties, sont les ruines d’un autre hameau construit de la même manière que le précédent, ayant au milieu une espèce de tour carrée, comblée maintenant, et qui a dû servir de lieu de défense aux anciens habitants. Les nomades des environs de la Syrte viennent chaque année y recueillir les dattes ; mais n’osant résider dans les villages ruinés, livrés au pouvoir des esprits, ils se sont construit séparément des habitations en branches de palmiers.

PLANCHE XCII.

VUE DE L’OASIS DE LECHKERRÈH, VOISINE D’AUGILES.

Dans cette Oasis, de même qu’à Maradèh, il n’y a point de village bâti, ce sont des huttes en branches de palmiers, entourées d’une enceinte de même nature. Les Arabes de Barcah y viennent séjourner en été avec leurs bestiaux, y sèment un peu d’orge, et recueillent les dattes, pour lesquelles ils paient un tribut au pacha de Tripoli. Je n’y ai trouvé qu’une dixaine d’hommes qui y sont domiciliés, et dont les ressources consistent en quelques chèvres. Ces habitants sont loin d’offrir l’aspect malheureux de ceux de Maradèh. On voit à Lechkerrèh un grand carré, ou enceinte fermée par un mur peu élevé, construit en pierres et terre, et ayant intérieurement à chaque angle une espèce de tour dont l’entrée est au-dessus du niveau du sol. Cette bâtisse et une autre d’une moins grande dimension qui est à côté, quoique toutes les deux fort ruinées, m’ont paru avoir été faites par les Arabes.

PLANCHE XCIII.

NÉGRESSE DU SOUDAN.

Cette planche représente un groupe de jeunes négresses du Soudan, contrée de l’Afrique intérieure, avec lesquelles j’ai eu l’occasion de traverser des zones de sable : la régularité de leurs traits, la douceur animée de leurs grands yeux noirs, et la svelte souplesse de leur taille sont loin de présenter ces difformités du nez et des lèvres qui caractérisent la plupart des africaines.

PLANCHE XCIV.

DROMADAIRE BICHARIÈH, AVEC SES HARNAIS NUBIENS.

PLANCHE XCV.

Céraste.

PLANCHE XCVI.

Geranium uniflorum (n. s.).

Ornithogalum sessile.

PLANCHE XCVII.

Senecio orientalis.

Echium cyrenaïcum.

PLANCHE XCVIII.

Stachis latifolia.

Euphrasia cyrenaïca.

PLANCHE XCIX.

Ranunculus asiaticus.

PLANCHE C.

Nouveau genre de la famille des cyprès ; il croît auprès de la fontaine d’Apollon.

FIN DE L’EXPLICATION DES PLANCHES.

[393]L’auteur de la Relation n’a d’autre mérite, pour la plupart des planches, que d’avoir pris sur les lieux, aussi fidèlement qu’il lui a été possible, les croquis qui ont servi, sous sa direction, à MM. Courtin et Adam fils à faire les dessins qui composent cet Atlas.


NOTES
SUR
LES INSCRIPTIONS DE LA CYRÉNAÏQUE,

PAR M. LETRONNE.

[Décoration]

Parmi les inscriptions rapportées par M. Pacho, il n’en est qu’un petit nombre qui présentent de l’intérêt sous le rapport de l’histoire ou de la langue. Le reste n’offre que des noms propres. Un travail assez étendu sur ces inscriptions, que j’avais remis à M. Pacho, quelque temps avant sa mort, ne s’est point retrouvé. Dans les instans de trouble et d’égarement d’esprit qui ont précédé cette horrible catastrophe, cet infortuné voyageur a brûlé indistinctement, à ce qu’il paraît, un grand nombre de papiers, et mon manuscrit y a passé avec d’autres choses sans doute plus importantes. N’en ayant pas gardé de copie, je devrais le recommencer ; mais le temps me manque. On ne trouvera donc ici que le fragment que j’en avais détaché et publié dans le Journal des Savans, mars et mai 1828, et qui heureusement concerne les plus intéressantes de ces inscriptions. Pour les autres, comme elles ne renferment le plus souvent que des noms propres, on voudra bien se contenter d’une indication sommaire. Il en est même que je passerai tout-à-fait sous silence, parce que les copies de M. Pacho m’ont paru pouvoir suffire au lecteur instruit : on aura donc à peu près tout ce que mon travail pouvait offrir de réellement utile ; on ne perdra que quelques rapprochemens paléographiques ou chronologiques d’un médiocre intérêt.

CYRÈNE.

PL. LXII.

No 1. Cette inscription est la seule qui soit en vers ; c’est une épitaphe en vers élégiaques qui, par son sujet et son mérite, peut enrichir l’anthologie grecque.

En voici le texte restitué et la traduction[394] :

L. ΚΘ. Τῖτος Πετρώνιος

Καπίτων, ἐτῶν ΔΚ.

Βαιόν σοι τὸ μεταξὺ βίου θανάτοιό τ’ ἔθηκε

καὶ τύμβου, Καπίτων, καὶ θαλάμοιο, Τύχη,

Νύκτα μίαν ψεύϛιν, καὶ ἀνηλέα, τὴν ἄνις αὐλῶν,

τὴν δίχα σοι παϛῶν, τὴν ἄτερ εἰλαπίνης·

Αἲ, Αἲ τὴν ἐπὶ πέπλα, καὶ εἰς ἀμύριϛα πεσοῦσαν

ϛέμματα, καὶ βίβλους σεῖο, πρόμοιρε, τέφρην.

Οἲ θρήνοισι βοητὸν ὑμήναον· οἲ προκελεύθους

λαμπάδας ὑϛατίου καὶ κενεοῖο λέχους.

L’an XXIX. Titus Petronius Capiton, âgé de 24 ans.

La Fortune, Capiton, n’a mis pour toi, entre la vie et la mort, entre l’hymen et la tombe, que l’intervalle d’une seule nuit, trompeuse, impitoyable, sans instrumens de fête, pour toi sans lit nuptial, sans festin. Infortuné jeune homme ! La poussière est tombée sur tes vêtemens de noce, tes bandelettes non encore parfumées, tes couronnes de biblus. Ah ! des gémissemens ont été ton chant d’hyménée ! Ah ! Hélas ! les flambeaux t’ont conduit à la couche dernière, que personne ne doit partager.

Selon l’usage des inscriptions funéraires qu’on trouve en Cyrénaïque, on a exprimé la date de la mort en années du règne du prince, mais sans indiquer le nom de ce prince. Cet usage singulier, et dont je ne puis m’expliquer le but, jette beaucoup d’obscurité sur l’époque de ces monumens. Ici, il n’y a point d’incertitude ; les noms Titus Petronius annoncent l’époque romaine, et l’année 29 ne peut convenir qu’à Auguste, puisque le règne d’aucun autre empereur n’a duré 29 ans. Le monument est donc de l’an 3 de notre ère.

L’épitaphe suit l’énoncé de la date. Les lettres numérales ΔΚ sont placées en sens inverse, comme dans les inscriptions de Syrie. J’en ai vu plusieurs exemples parmi celles de la Cyrénaïque ; je n’en connais pas un seul sur les monumens de l’Égypte. Si j’en ai bien compris les détails, Titus Petronius Capiton est mort la nuit même qui devait être celle de ses noces. De là une opposition assez touchante entre les cérémonies nuptiales et les cérémonies funèbres. Il y a dans l’Anthologie une épigramme de Méléagre sur une jeune fille, morte aussi la veille de son mariage[395] ; elle l’emporte en grace et en correction ; mais je ne sais si l’inscription de Cyrène n’est pas d’une tournure plus ingénieuse.

Il n’y eut qu’une seule nuit (νὺξ μία), faible intervalle (βαιὸν τὸ μεταξὺ) entre l’hymen et la tombe (θαλάμου καὶ τύμβου) : les épithètes ψεύϛιν [trompeuse] et ἀνηλέα [impitoyable] semblent convenir mieux à la fortune, auteur du mal, qu’à la nuit, qui n’en a été que le témoin. La forme ψεῦϛις, pour le féminin de ψεύϛης, n’est pas connue ; on ne trouve que ψεύϛρια ou ψεύϛειρα. Cette nuit malheureuse fut ἄνις αὐλῶν sine tibiis, c’est-à-dire, qu’on n’entendit pas retentir le son des flûtes (αὔλημα τὸ γαμήλιον) qui accompagnait la marche des jeunes époux le jour de la noce[396] ; aussi la veille de ce jour s’appelait-elle προαύλια[397] ; et c’est pour cela que Philippe de Thessalonique dit de Vénus qu’elle aime λιγυρῶν αὐλῶν ἡδυμελεῖς χάριτας[398].

Τὴν δίχα σοι παϛῶν. Le παϛὸς était proprement l’alcôve du lit, ou l’ensemble des rideaux qui l’enveloppaient[399] ; ce mot est ici pris comme synonyme de θάλαμος ; et δίχα παϛῶν est pour δίχα παϛοῦ : le pluriel est commun en ce cas. Ainsi, Méléagre, dans son épigramme déja citée : καὶ θαλάμων ἐπλαταγεῦντο θύραι[400] ; dans une adespote, on lit : πρόσθεν ἐμῶν θαλάμων[401] ; dans une de Persès : ὡραίους ἤγαγεν εἰς θαλάμους[402] ; ailleurs les deux mots sont réunis : ἐκ δ’ ἐμὲ παϛῶν νύμφην κἀκ θαλάμων ἥρπασ’ ἄφνως Ἀΐδας[403] ; enfin, dans une épigramme d’Agathias le scholastique : οὐδ’ ἐπὶ παϛοὺς ἠγάγετο[404]. C’est ce vers qui montre que Capiton était mort avant d’avoir conduit sa nouvelle épouse au domicile conjugal où se donnait le banquet de noces.

Αἲ, αἲ τὴν... τέφρην. Ainsi Méléagre : Αἲ, αἲ τὰς μαϛῶν ψευδομένας χάριτας[405] ; et Philippe de Thessalonique : αἲ, αἲ πέτρον ἐκεῖνον[406]. Les leçons πεσοῦσαν et βίβλους pour βίβλου me semblent certaines ; et le pronom σεῖο se rapporte aux mots qui précèdent, et non pas à τέφρην.

Voilà pour la syntaxe de ces deux vers ; mais les mots et le sens présentent plus d’une difficulté. Qu’est-ce que la cendre tombée sur ses voiles, ses bandelettes ou guirlandes, etc. Cela se rapporte-t-il à quelque usage inconnu ! Je ne le pense pas. Il n’y a là, je crois, qu’une impropriété d’expression.

D’abord, il me semble que πέπλα, ϛέμματα et βίβλοι σεῖο, désignent les vêtemens et les ornemens que portait Capiton. Nous voyons dans Chariton[407], que Callirhoé, nouvelle mariée, fut mise dans la tombe, couverte de toute sa parure de noce et de la couronne qui avait orné son front le jour de son mariage ; ce qui rappelle l’usage encore subsistant en Épire, où les époux sont parés, le jour de l’enterrement, de leurs couronnes nuptiales, quand ils n’ont pas changé de lien[408]. C’est, je pense, la parure de noce de Capiton que désignent les mots πέπλα, ϛέμματα et βίβλοι. Le premier désigne, par une expression spécifique, le vêtement en général, la ϛολὴ ou ἐσθὴς νυμφικὴ de Chariton, la γαμικὴ χλανὶς d’Aristophane[409], la robe préparée pour la noce, et que Chariton n’avait pu revêtir. Admète, dans Euripide, emploie le même mot, quand, après les funérailles d’Alceste, il rentre seule dans son palais : il compare les habits de deuil, μέλανες ϛολμοὶ, qu’il porte maintenant, aux vêtemens blancs, λευκὰ πέπλα, qui le paraient le jour qu’il y conduisit son épouse chérie[410]. Les ϛέμματα pourraient être des guirlandes ; je crois plutôt que ce sont les bandelettes (λημνίσκοι, infulæ coronarum) des couronnes qui devaient parer la tête de Capiton ; et βίβλοι doit désigner ces couronnes elles-mêmes : les mots ταινίαι et ϛέφανοι se trouvent souvent ensemble[411]. Il y avait une espèce de biblus appelée ϛεφανωτρὶς, dont on tressait des couronnes. Agésilas, en Égypte, s’en était servi au témoignage de Théopompe[412] ; et Appien dit de Pharnace : βίβλον τις πλατεῖαν φέρων ἐξ ἱεροῦ ἐϛεφάνωσεν αὐτὸν ἀντὶ διαδήματος[413]. La fleur du biblus était-elle, en Cyrénaïque, employée spécialement aux couronnes nuptiales ? je l’ignore. Βίβλοι signifie donc ϛέφανοι ἐκ βίβλου, comme λωτοὶ, dans Méléagre[414], signifie des flûtes, αὐλοὶ ἐκ λωτοῦ, parce qu’on faisait avec le lotus une espèce de flûtes qu’Euripide appelle λίβυς λωτὸς[415], et qu’il nomme ailleurs λίβυς αὐλός[416]. L’épithète ἀμύριϛα jointe à ϛέμματα annonce qu’on n’avait pas eu le temps de parfumer ni les bandelettes, ni les couronnes ; ce qui s’explique par un passage d’Aristophane, où l’on voit qu’on ne les parfumait qu’au moment de conduire la mariée.... οὔτε μύροισιν μυρίσαι ϛακτοῖς ὁπόταν νύμφην ἀγάγησθον[417].

Maintenant que signifie : « Hélas ! la cendre tombée sur les vêtemens, les bandelettes, etc. ! » Cela ferait-il allusion à quelque usage inconnu, pour nous, de jeter de la cendre sur le linceul et les ornemens du mort ! L’expression πεσοῦσα me fait croire que τέφρη, cendre, par une impropriété d’expression peu surprenante dans cette épitaphe, a le sens de κόνις, employé souvent pour γῆ ou χθών. Ainsi : κούφη τοι γὰρ ἐμοὶ πέλεται κόνις[418] ; et ἀλλὰ τὰ [sc. ὀϛέα] μὲν κεύθει μικρὰ κόνις ἀμφιχυθεῖσα[419]. Le mot κόνις étant un synonyme de τέφρη, dans l’acception de cendre, le poète a cru que τέφρη pouvait se prendre pour un synonyme de κόνις dans le sens de poussière. Si τέφρη est pris ici pour κόνις, on voit que ἡ ἐπὶ πέπλα πεσοῦσα τέφρη revient à ἡ ἐπὶ π. πεσ. χθὼν ou γῆ et se rapporte à la terre, à la poussière qui tombe, que l’on jette sur le cadavre du mort, ce qui est exactement analogue à l’expression d’Euripide : κούφα σοι | χθὼν ἐπάνω ΠΈΣΕΙΕ, γύναι[420] ; et à cet autre du même : κακοῖς δ’ ἔφ’ ἔρμα ϛερεὸν ῈΜΒΆΛΛΟΥΣΙ γῆς[421]. Je crois que c’est là le sens que notre poète a donné à ces deux vers.

Οἲ θρήνοισι βοητὸν ὑμήναον : le poète, ayant besoin d’un dactyle, a suivi ; pour ce mot, une orthographe singulière, en écrivant ὑμήναον au lieu de ὑμέναιον. On peut citer, pour son excuse, un passage de Sapho, cité par Héphestion, où de bons critiques ont laissé ὑμήναον[422]. On ne connaît que les composés ἀμφιβόητος, διαβόητος, ἐπιβόητος, περιβόητος et ἀβόητος[423]. Le simple βοητὸς ne s’est encore trouvé nulle part ; mais il n’a rien d’illégitime. L’expression rappelle le βοάσατ’ εὖ τὸν ὑμέναιον, ὦ, | μακαρίαις ἀοιδαῖς | ἰακχαῖς τε νύμφαν d’Euripide[424]. Quant à la pensée, on en retrouve l’équivalent dans le θρῆνος ὀ ὑμέναιος d’Achilles Tatius[425], le εἰς δὲ γόους ὑμέναιος ἐπαύσατο de Parménion[426] et le θρῆνος δ’ εἰς ὑμέναιον ἐκώμασεν de Philippe[427]. Mais ici la tournure est plus vive et plus expressive. L’hyménée se chantait surtout après le festin de noce, lorsque les deux époux étaient conduits dans l’appartement conjugal[428] ; et de là, cette ingénieuse expression, dans l’épitaphe d’une jeune fille : οὐ δ’ ὑμέναιον | ᾖσέ τις οἰνοχαρὴς πρόσθεν ἐμῶν θαλάμων[429]. Capiton, conduit, non pas au lit nuptial, mais à la tombe, a eu des gémissemens pour chant d’hyménée.

Il y a encore dans la dernière phrase une dilogie ingénieuse qui repose sur ce que la marche des jeunes époux, comme le cortége funéraire, était précédée par des flambeaux, désignés ici d’une manière pittoresque par les mots προκέλευθοι λαμπάδες λέχους. Les flambeaux d’hymen conduisaient au lit nuptial ; les flambeaux funèbres, à la couche dernière, idée exprimée dans l’épigramme de Méléagre : αἱ δ’ αὐταὶ καὶ φέγγος ἐδᾳδούχουν παρὰ παϛῷ | πεῦκαι, καὶ φθιμένᾳ νέρθεν ἔφαινον ὁδόν.

Il se pourrait que κενὸν (λέχος) signifiât simplement vain, inutile, stérile, comme κενεαὶ ὠδῖνες dans Méléagre[430], et κενεὸς τάφος dans Grégoire le théologien[431]. Mais je crois que l’auteur lui a donné le sens propre de vide, désert, solitaire ; Euripide fait dire à Admète : πέμπουσί μ’ ἔσο λέκτρων κοίτας ἐς ἐρήμους[432] ; et à la place du mot ἔρημος, il emploie κενὸς, un peu plus bas, γυναικὸς εὐνὰς εὖτ’ ἂν εἰσίδω κενάς[433]. Au lieu d’être conduit au lit nuptial, où devait se trouver la jeune mariée, Capiton est porté au lit funèbre qu’il occupe tout seul. D’ailleurs, s’il avait été marié, ce lit funèbre aurait été partagé un jour par sa femme, parce que la femme et le mari étaient le plus souvent renfermés dans le même tombeau : mais la couche dernière de Capiton est et sera toujours solitaire. C’est ce double sens qui me paraît compris dans le mot κενός.

No 2. C’est la seule peut-être de toute la collection qui soit antérieure aux Lagides ; elle ne contient malheureusement que des noms propres, sans même qu’on sache à quelle affaire ils se trouvent liés, et quel est l’objet du monument.

PL. LXIII.

No 1. Fragment d’inscription latine destinée, à ce qu’il paraît, à mentionner la dédicace ou l’érection d’un portique faisant partie d’un Cesareum, ou monument consacré à Jules César : l’inscription doit être du règne d’Auguste. (V. le voyage, p. 219 et suiv.)

No 2. Cette inscription est placée au-dessus d’une fontaine d’Apollon ; il faut la lire :

L. ΙΓ Διονύσιος Σώτα, ἱερειτεύων[434] τὰν κράναν ἐπεσκεύασε. « L’an XIII. Dionysius, fils de Sotas, exerçant la prêtrise, a réparé la fontaine. »

Cette fontaine est tout près de ruines considérables qui ont appartenu à un temple. Ce sont la fontaine et le temple d’Apollon, si célèbres à Cyrène[435] ; les doutes à cet égard sont levés par le fragment de dédicace impériale. (no 10 de cette même pl.) M. Pacho l’a copié d’après sur une bande de marbre blanc, courbée comme l’arc d’un hémicycle et dont il occupe la courbe intérieure. Je soupçonne que ce bloc faisait partie du dossier d’un exèdre qui a dû être fort grand ; car le bloc qui a deux pieds de long, est très-légèrement courbé. Cet édifice fut élevé en face du temple d’Apollon, avec l’argent fourni par les prêtres, comme le dit l’inscription dont il ne reste que ceci.

ΤΩ ΣΕΒΑΣΤΩ ΑΡΧΙΕΡΕΩΣ ΣΩΤΕΡΙΑΣ ΚΟΙΝΤΟΣ ΛΟΥΚΑΝΙΟ
ΤΟ ΣΕΚΤΑΣΙΩΝ ΤΩ ΑΠΟΛΛΩΝΟΣ ΙΕΡΕΩΝ ΕΠΙΔΟΣΙΟ
ΑΝΕΘΗΚΕΝ.

Les mots ΤΩ ΣΕΒΑΣΤΩ ΑΡΧΙΕΡΕΟΣ qui commencent la seconde ligne annoncent qu’il s’agit d’Auguste. La place du mot ἀνέθηκεν qui a dû correspondre au milieu de l’inscription indique qu’il manque aux deux lignes précédentes trente-deux à trente-quatre lettres. Ces indications suffisent pour rétablir la première ligne ; quant à la seconde, cela est tout-à-fait impossible, puisque la lacune a dû être remplie par les titres de Quintus Lucanus qu’on ignore, et par le nom de l’édifice qu’on ne connaît pas davantage. Voici la lecture de ce qui existe encore, et la restitution de ce qu’il est possible de rétablir sans arbitraire.

Ὑπὲρ τῆς αὐτοκράτορος Καίσαρος, θεῶ ὑ ιῶ, Σεβαϛῶ, ἀρχιερέως, σωτηρίας, Κόϊντος Λουκάνιος
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ἐκ τᾶς τῶν Ἀπόλλωνος ἱερέων ἐπιδόσιος
ἀνέθηκεν.

« Pour le salut de l’empereur César, fils du dieu [César], Auguste, grand pontife, Quintus Lucanius [. . . . . . . . a élevé ce . . . . . . . .], avec la contribution fournie par les prêtres d’Apollon. »

Le seul changement que je me sois permis, c’est de faire un ι du τ au commencement de la première ligne, pour avoir la fin du mot υἱῶ (dor. pour υἱοῦ). Le mot ἐπίδοσις a le sens de erogatio publicè facta.

No 3. Κλαυδία Βενόστα Κλαυδίου Καρτισθένους Μελίορος θυγάτηρ τὰν Κόραν καὶ τὸν ναὸν ἐκ τῶν ἰδίων ou bien ἐκ τῶν ἰδίων καὶ τὸν ναόν. « Claudia Venusta, fille de Claude Cartisthène Melior, [a élevé] à ses frais [la statue de] Proserpine en ce temple. »

Inscription du temps de l’empereur Claude ou de Néron. L’expression τὰν Κόραν pour τὸ τᾶς Κόρας ἄγαλμα a été expliquée ailleurs[436]. Claudia Venusta avait fait élever à ses frais et la statue et le temple. Ainsi dans une inscription de Syrie[437] ... τὸν ναὸν καὶ τὸ ἄγαλμα ἐκ τῶν ἰδίων ἀνέθηκεν. Ce qui distingue celle de Cyrène, c’est que le verbe manque, sans qu’il en résulte la moindre équivoque.

La même observation s’applique à celle du No 4, qui constate que la même Claudia Venusta avait élevé une statue et un temple à Bacchus. Κλαυδία Βενόστα Κλαυδίου Καρτισθένους Μελίορος θυγάτηρ Διόνυσον ἐκ τῶν ἰδίων σὺν τῷ ναῷ.

Νo 5. Κλαυδίαν Ἀρατὰν Φιλίσκω θυγατέρα, φύσει δὲ Εὐφάνους, ματέρα Κλαυδίας Ὀλυμπιάδος, αἰωνίω γυμνασιαρχίδος, ἀρετᾶς ἕνεκα, Κυραναῖοι. « Les Cyréneens [ont honoré par ce monument], à cause de sa vertu, Claudia Arété, fille de Philiscus par adoption, d’Euphanès par nature, mère de Claudia Olympias gymnasiarque perpétuelle. »

Cette inscription est du même temps que les deux précédentes. Ἀρατὰ pour Ἀρετή, dorisme comme Ἄρταμις, τράχω, ἅτερος pour Ἄρτεμις, τρέχω, ἕτερος.

Φύσει δὲ, par nature, ce qui indique que Philiscus n’était que père adoptif. La même formule se lit ailleurs[438]. D’autres fois, on nommait le premier le père naturel, comme ἐπὶ ἱερέως Μέμονος τοῦ Ὀρεστείδου, κατὰ δὲ ποίησιν Εὐωνύμου[439].

La fonction de gymnasiarque était aussi exercée par les femmes[440] ; mais la forme γυμνασίαρχος sert ordinairement pour les deux genres.

No 7. Le nom propre est estropié : il paraît être celui d’une femme, Σαλυΐα, Salvia. L’inscription n’est remarquable que par le monogramme qu’on pourrait prendre pour celui du Christ, puisqu’il offre réellement les lettres ΧΡ, ce qui, avec les trois autres lettres ΑΙΝ, donne le mot χάριν (εὐνοίας). C’est le seul exemple que j’en connaisse.

No 8. Fragment de l’inscription funéraire de Lucius Vibius Cattabus, fils de Lucius (Vibius Cattabus) ; il paraît y avoir eu [faciendum] coeravit (pour curavit) : la même inscription était répétée en grec au bas. Il paraît y avoir Λεύκιος ὁ ὑὸς Λευκίου Κάτταβος... ὃς ἐποίησε. Ce n’est pas la seule fois que faciendum curavit a été rendu par ἐποίησε.

No 9. Inscription chrétienne d’un bas temps, pleine de fautes d’orthographe : κῖτε pour κεῖται, est fréquent dans les monuments de cette époque, de même que κὲ pour καὶ, τέθικαν pour τέθεικαν, iotacisme ; θεῶ pour θεοῦ, reste de dorisme.

Διμιτρία θυγάτηρ Γαίου τοῦ ὠνησαμένου τὸ μνῆμα τοῦτο ἐνθάδε κῖτε μετὰ τοῦ υἱοῦ αὐτῆς θεῶ δούλου· οὗτοι ἐτελεύτησαν ἐπὶ.... Μαξίμου γενομένου· τέθικαν αὐτοῖς Κάλλιππος ὁ ἀνὴρ αὐτῆς κὲ υἱὸς αὐτοῦ Γαῖος κὲ γαμβρὸς αὐτοῦ Πανύβουλος καὶ μνήθητο αὐτῶν· ἐντὸς πηχῶν.

Démétria, fille de Gaius, qui a acheté ce monument, repose ici, avec son fils, serviteur de Dieu.

Ils sont morts sous . . . . ., Maxime . . . . . et y ont été déposés par Callippe, son mari ; par Caïus, fils de ce dernier, et Panybule, son gendre. Accordez-leur un souvenir . . . . . coudées en dedans.

PL. LXIV.

No 1. Tombeau avec deux noms propres estropiés ; il semble que ce soit Κοῖρος ou Κοῖτος Ἀριϛοκλίδα. « Cœrus ou Cœtus, fils d’Aristoclide. »

Au-dessous Ἰάσονος τόπος. « Lieu de sépulture de Jason. »

No 2. Ces inscriptions, trouvées dans un sanctuaire, ont été écrites par les gens qui venaient le visiter : ce sont des noms, ou tout seuls, ou suivis de ἥκω ou de ἦλθε.

Διοσκουρίδης.
Δίων ἥκω.
Ἕλεξ ἥκω.
Πρόθυμος ἥκω.
Ἴασος (?) ἥκω.
Ἀγαθοκλέα. Ἀγαθοκλῆ.
Σωσιϛρατίου. Ἀγαθοκλέους.
Ἰδουμαῖος.
ἦλ θε.

D’autres Iduméens y ont écrit leurs noms, probablement à la même époque ; ce sont :

Κοσβάρακος (?) puis........
Μαλίχου[441]. Κράτερος.
Ἰδουμαῖος. et Σύμμαχος.
Ἰδουμαῖος.

On lit dans une autre : Τιβέριος Κλαύδιος Ἴϛρος τοῖς θεοῖς ἀπέδωκε θυσίαν. « Tibère Claude a fait un sacrifice aux dieux [adorés dans ce sanctuaire]. »

On pourrait à la rigueur lire : πρὸς τοῖς θεοῖς, et entendre ici πρὸς dans le sens de παρὰ, si fréquemment employé dans ces sortes de locutions προσκύνημα παρὰ τῷ θεῷ ἐποίησε. Mais il manque un nom après Tibère Claude ; je ne doute pas que M. Pacho n’ait passé deux lettres, et qu’il faille lire : Ἴστρος.

PL. LXV.

Inscriptions sans intérêt, ne renfermant que des noms propres.

Le No 3 est un fragment de dédicace romaine ; on y distingue PONT. MAX. TRIB. [POTEST.]

Le No 9 seul mérite quelque attention.

Καλῇ τύχῃ. L.  Ν. à la bonne fortune. L’an LV. (καλῇ τύχῃ, pour ἀγαθῇ τύχῃ).

Πυραμαῖος Πυραμαίου, Pyramée, fils de Pyramée. Ἰλῖνε καλοκαγαθὲ Σέκονδε..... Adieu, vertueux..... Ilinus secondus.

La même un peu plus haut.

Ἀριϛοτέλης Σώσιος Ίαρεὺς Ἀπόλλωνος· μηθένα ἐντίθῃ.

« Aristote, fils de Sosis, prêtre d’Apollon. Qu’on ne mette personne [dans ce tombeau]. »

La formule μηθένα ἐντίθη est elliptique : il faut entendre sans doute la défense, si souvent répétée, d’enterrer dans le tombeau une autre personne qu’Aristote fils de Sosis. ΤΑΡΕΥΣ doit être ΙΑΡΕΥΣ pour ΙΕΡΕΥΣ, dorisme, comme ἱαρὸς pour ἱερὸς dans les tables d’Héraclée, et Ἱάρων pour Ἱέρων dans l’inscription du Casque trouvé à Olympie.

PL. LXVI.

Noms propres.

PTOLÉMAÏS.

PL. LXXIII.

Cette inscription qui commence par ces mots : Αὐτοκράτωρ Καῖσαρ Ἀναϛάσιος ἀνίκητος..... σεβαστὸς Αὔγουστος[442], est un rescript de l’empereur Anastase relatif au service militaire. Ce rescript mérite d’occuper les loisirs d’un philologue exercé : mais la restitution en est bien difficile. (voir le voyage, page 178.)

PL. LXXIV.

Il n’y a sur cette planche que trois inscriptions qui offrent de l’intérêt et méritent quelque attention.

Les deux premières sont intéressantes surtout par la place qu’elles occupent. En effet, les pierres sur lesquelles elles sont gravées font partie du soubassement d’un temple ; l’une d’elles est même dans une situation renversée, et même tronquée, pour donner à la pierre les dimensions dont on avait besoin. Il est évident que ces pierres ont servi comme matériaux dans la construction de l’édifice. Avant de connaître cette particularité, et à la seule vue du dessin représentant les ruines de ce temple (Pl. LXVIII.) j’avais dit à M. Pacho que cet édifice n’était pas antérieur à la domination romaine. La présence de ces inscriptions met le fait hors de doute, comme on va le voir.

Celle qui est dans une situation renversée est disposée ainsi :

[Inscription]
ΒΑΣΙΛΙΣΣΑΝ ΑΡΣΙΝΟΗΝΘΕΑ
ΤΗΝ ΠΤΟΛΕΜΑΙΟΥ ΚΑΙ ΒΕΡΕΝΙΚΗΣ
  ΗΠΟΛΙΣ

Il est facile de voir que les deux premières lignes ont été tronquées, par le motif indiqué plus haut : il serait impossible de les rétablir si l’on ne pouvait savoir quelle a été leur longueur. Heureusement cette circonstance capitale se déduit de la position des mots Η ΠΟΛΙΣ qui forment à eux seuls la troisième leçon, puisqu’on ne peut douter qu’ils n’occupassent à très-peu près le milieu de l’inscription. On en conclut avec certitude qu’il manque seulement de huit à dix lettres aux deux lignes tronquées.

Maintenant, si nous cherchons, dans la série des princes lagides, quelle est la reine Arsinoë, fille de Ptolémée et de Bérénice, nous ne trouverons que la seconde femme de Ptolémée Philadelphe, et sa sœur, fille de Ptolémée Soter et de Bérénice. L’inscription entière était donc :

Βασιλίσσαν Αρσινόην, θεὰ ν Ἀδελφὴν
τὴν Πτολεμαίου καὶ Βερενίκης θεῶν Σωτήρων
ἡ πόλις.

« La ville [de Ptolémaïs honore par ce monument] la reine Arsinoë, déesse sœur, fille de Ptolémée et de Bérénice, dieux sauveurs. » C’est une dédicace qui fut probablement placée entière sur la base d’une statue, érigée peut-être à l’époque et à l’occasion du mariage d’Arsinoë avec son frère, en 276 avant J. C.

L’autre inscription est entière, sauf quelques erreurs de copie faciles à corriger. La voici :

ΒΑΣΙΛΕΑ ΠΤΟΛΕΜΑΙΟΝ ΤΟΝ ΒΑΣ...Ε. Σ
ΠΤΟΛΕΜΑΙΟΥ ΚΑΙ ΒΑΣΙΛΙΣΣΗΣΚ.. ΕΟ
ΠΑΤΡΑΣ ΑΔΕΛΦΟΝ,ΘΕΟΝ ΟΙΛΟΜΗΤΟΡΑ
ΗΠΟΛΙΣ
Βασιλέα Πτολεμαῖον, τὸν βασιλέως
Πτολεμαίου καὶ βασιλίσσης Κλεο
πάτρας ἀδελφὸν, θεὸν φιλομήτορα
ἡ πόλις.

« La ville [de Ptolémaïs honore par ce monument] le roi Ptolémée frère de Ptolémée et de la reine Cléopatre, dieux Philométor. »

C’est la première fois, à ma connaissance, qu’un roi lagide est désigné, dans une inscription, par les mots frère de tel et de telle, au lieu de fils de tel roi et de telle reine. Mais cette désignation s’explique facilement, ce me semble, et sert à donner la date précise de l’inscription.

Le roi dont Philométor est ici qualifié le frère, est Évergète II, fils comme lui de Ptolémée Épiphane. La reine Cléopâtre ne peut être que la Cléopâtre, sœur de tous les deux, d’abord femme de Philométor, et qui, après la mort de son premier mari, en 147, fut épousée, en 146, par son autre frère Évergète II, et partagea le trône avec lui. Il est donc certain que l’inscription est postérieure à la mort de Philométor, en 146. Mais comme on est également sûr que, l’année suivante, Évergète II répudia cette sœur Cléopâtre, pour épouser la fille de cette princesse et de son frère[443], on a l’année précise de la dédicace, c’est-à-dire, l’an 145 avant notre ère. Cette dédicace est donc un hommage rendu à Philométor par les habitants de Ptolémaïs, peu de temps après la mort de ce prince. Sans doute la ville lui avait décrété une statue de son vivant : mais sa mort étant survenue avant qu’elle ne fût terminée, on dut le désigner nécessairement par le titre de roi, de dieu Philométor, en y ajoutant celui de frère des deux princes qui occupaient alors le trône.

Il est clair que des statues en l’honneur d’Arsinoë Philadelphe et de Ptolémée Philométor n’ont pas été détruites tant qu’a duré la dynastie des Lagides. Ce ne peut être qu’après leur domination que ces statues, ainsi que les dédicaces qui contenaient le nom des princes, ont pu être renversées, et les fragments des piédestaux employés dans la construction d’un édifice. Cette observation, indépendamment du caractère de l’architecture, prouve donc que le temple de Ptolémaïs dont M. Pacho a dessiné les ruines, appartient au temps de la domination romaine.

La troisième est un fragment gravé sur une pierre encastrée dans le mur de Kasr-el-Askar à Ptolémaïs :

ΕΒΑΣΤΟΣ ΑΝΤΟΝΙΑΚΑΛΥ
ΚΑΙΣΑΡΟΣΘΜ

Ce fragment n’est que le milieu d’une inscription en deux lignes. Il s’agit d’en retrouver le commencement et la fin ; quelque hardie que puisse paraître la restitution que je vais hasarder, je crois cependant que, comme elle satisfait aux conditions qu’exige l’état du monument, elle porte un assez grand caractère de certitude.

D’après ce qui a été dit plus haut, la petite ligne qui commence par ΚΑΙΣΑΡΟΣΘΜ a dû se trouver au milieu de la grande ; c’est la principale condition que devra remplir la restitution de l’une et de l’autre.

Et d’abord, le mot ΚΑΙΣΑΡΟΣ, dans les inscriptions impériales, est toujours suivi du mot ΣΕΒΑΣΤΟΥ, à moins qu’il ne s’agisse d’Auguste, le seul empereur qui ait été désigné par le simple mot ΚΑΙΣΑΡ : or, les lettres ΘΜ qui viennent après prouvent que le mot ΣΕΒΑΣΤΟΣ n’a pu le suivre. Cette dédicace appartient donc certainement au règne d’Auguste.

Il devient vraisemblable que le nom ΑΝΤΩΝΙΑ qu’on lit à la première ligne, désigne Antonia, nièce d’Auguste, mère de Germanicus et de Claude, épouse de Drusus l’Ancien. S’il en est ainsi, son nom a dû être suivi de ceux de Claude Drusus, et en effet les lettres ΚΛΑΥ paraissent bien appartenir à ΚΛΑΥ [ΔΙΟΥ], nom qui était suivi de ΝΕΡΩΝΟΣ ΔΡΟΥΣΟΥ..... ΓΥΝΗ ou ΓΥΝΑΙΚΙ. Les noms de ce prince se présentent ordinairement dans un autre ordre (Nero Claudius Drusus) ; mais cette différence ne peut nous arrêter : bien des exemples de ce genre la justifieraient au besoin.

En troisième lieu, les lettres ΕΒΑΣΤΟΣ, qui précèdent et qui proviennent évidemment de ΣΕΒΑΣΤΟΣ, ne peuvent cependant désigner Auguste ; car le nominatif en un tel endroit serait inexplicable. On peut encore regarder comme à peu près certain que c’est le reste du titre de φιλοσέβαστος, titre analogue à celui de φιλορώμαιος, que prennent souvent des particuliers et des villes, comme ceux de Carrhes, sur les médailles, et surtout à ceux de φιλοκαῖσαρ[444], φιλοτιβέριος, φιλοκλαύδιος[445], etc., épithètes de flatterie qui se trouvent sur des monuments écrits de différents genres. Ici φιλοσέβαστος désigne, dans le même sens, le dévouement du peuple de Ptolémaïs envers l’empereur Auguste. Il y avait donc, avant le mot Ἀντωνίᾳ, les mots Πτολεμαιέων ὁ δῆμος ὁ φιλοσέβαστος.

Le mot ΚΑΙΣΑΡΟΣ, de la troisième ligne, doit dépendre de la date exprimée ἔτους ou Γ., selon l’usage : dans ce cas les lettres ΘΜ ne pouvaient être guère autre chose que le commencement d’un des mois égyptiens, les seuls qu’on trouve dans les inscriptions grecques de la Cyrénaïque : ces lettres ne conviennent à aucun autre mieux qu’à ΦΑΜΕΝΩΘ. Ainsi la date était exprimée comme dans ces inscriptions d’Égypte et de Nubie, ἔτους ΛΑ Καίσαρος, Θωϋθ[446], ou bien ἔτους ΛΒ Καίσαρος, φαωφὶ[447], ou enfin L. ΛΑ Καίσαρος Παῦνι ΙΒ[448].

Il est impossible de savoir si le quatrième du mois a suivi le nom φαμενὼθ, ce qui importe peu, puisqu’il ne s’agit que d’une seule lettre ou deux au plus. Les mots Καίσαρος φαμενὼθ devant correspondre au milieu de la première ligne, il doit se trouver autant de lettres avant celle qui correspond à la première de Καίσαρος, ou des deux lettres numériques qui ont pu suivre ce mot, c’est-à-dire, après celle qui est au-dessus de la dernière de φαμενὼθ ; or, cette condition importante est exactement remplie par la restitution suivante fondée sur les observations qui précèdent.

Πτολεμαιέων ὁ δῆμος ὁ φιλοσ έβαϛος Ἀντωνίᾳ, Κλαυ δίου Νέρωνος Δρούσου Γερμανικοῦ γυναικὶ. L..
Καίσαρος φα μενὼθ...

« Le peuple philosébaste de Ptolémaïs, à Antonia, femme de Claude Néron Drusus Germanicus. L’an... de César, au mois de phaménoth. »

PL. LXXV.

Inscriptions funéraires sans intérêt.

Contentons-nous de citer : Ἰουλία Πρόκλα, ἐπόησεν ἑαυτῇ καὶ τοῖς αὑτῆς.

PL. LXXVI.

Même observation que ci-dessus. On ne peut remarquer que celle-ci.

Γ. Ἰούλιος Στέφανος ἐπόησεν ἐξ ἀρχιδίων τὸν σηκὸν καὶ τὰν ἐξέδραν καὶ τὸν περίβολον ἐξ ἰδιᾶν δαπανᾶν, ἑαυτῷ καὶ τοῖς τέκνοις.

Caius-Julius-Stéphanus a fait construire des fondements ; le sécos, l’exèdre et l’enceinte à ses frais pour lui et ses enfants.

Ἐξ ἀρχιδίων, locution inconnue, doit avoir le sens de ἐξ ἀρχῆς, ἐκ θεμελίων : elle annonce la corruption de la langue.

PL. LXXVII.

Même observation.

PL. LXXIX (bis).

Tombeau où l’on distingue les mots L ΙΒ Φαρμουθὶ Δ  Πραξαγόρα Θεανοῦς. « An XII, 4 de Pharmuti [tombeau] de Praxagoras fils de Théano. »

On remarquera la ligature qui, dans le mot Φαρμουθὶ, représente les deux lettres Φ Α.

Autre tombeau, sur la base duquel on lit cette inscription d’un style qui décèle un très-bas temps.

Κλα. Γαιανῷ καὶ συμβίῳ μου. Ἀπαγορεύω δὲ ἕτερόν τινα μὴ ἀνύξαι, μηδὲ θάψαι, ἐκτὸς εἰ μὴ παιδὶ αὐτοῦ· εἰ δ’ οὐ ἐκτείσει τῷ ταμείῳ Χ Α Φ.

« A Claude Gaïanus et à mon épouse [ce tombeau appartient] : je fais défense à personne d’ouvrir ce tombeau, ni d’y enterrer quelqu’un, excepté mon fils : si non, il paiera au trésor 1500 deniers. »

Ἀνύξαι, pour ἀνοίξαι. On remarquera la faute ἐκτὸς εἰ μὴ, et le solécisme παιδὶ pour παῖδα. ϹΙΔΟΥΝ ne peut être que εἰ δ’ οὐ : le Ν est une faute du graveur.

No 1. Σήστιος Κάρπος καὶ Σηστία...... υνις ἐποίησαν ἑαυτοῖς καὶ τοῖς ἰδίοις τέκνοις.

« Sestius Carpus et Sestia.... ynis ont fait [ce tombeau] pour eux et leurs enfants. »

No 2. Tombeau d’une jeune fille de deux ans.

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