Relation des choses de Yucatan de Diego de Landa: Texte espagnol et traduction française en regard, comprenant les signes du calendrier et de l'alphabet hiéroglyphique de la langue maya; accompagné de documents divers histori
§ XXX.—Châtiment de l’adultère, du meurtre et du vol. Education des jeunes gens. Coutume d’aplatir la tête aux enfants.
Ce peuple avait conservé de Mayapan la coutume de châtier les adultères de la manière suivante: l’instruction achevée, et le coupable ayant été convaincu, les principaux habitants se réunissaient dans la maison du seigneur. L’adultère était amené et attaché à un poteau et on le livrait au mari de sa complice. Celui-ci pouvait lui pardonner, et, dans ce cas, on le rendait à la liberté; sinon il le tuait, en lui lançant d’un lieu élevé une grande pierre sur la tête. Quant à la femme, son châtiment consistait dans son infamie, qui était grande, et d’ordinaire le mari se séparait d’elle.
La peine de l’homicide, quand bien même il ne le fût que par accident, était d’être abandonné aux piéges que lui tendaient les parents du défunt, qui le tuaient quand ils en avaient la chance, ou bien de payer pour le mort. Le voleur rendait la valeur de ce qu’il avait pris, ou bien on le réduisait à l’esclavage, quelque peu qu’il eût dérobé: c’est pour cela qu’il y avait tant d’esclaves, surtout en temps de famine, et que, nous autres, religieux, nous avons tant travaillé, au moment de les baptiser, pour qu’ils leur rendissent la liberté.
Si le voleur était un seigneur ou un homme de condition, toute la commune s’assemblait; dès qu’il était pris, on lui scarifiait le visage des deux côtés, des lèvres au front, châtiment qui était regardé comme une grande infamie.
Les jeunes gens avaient beaucoup de respect pour les vieillards: ils demandaient leurs conseils et se faisaient passer pour vieux; les vieillards, de leur côté, disaient aux jeunes gens que, puisqu’ils avaient vu plus qu’eux, leur devoir était d’ajouter foi à leurs discours, et lorsqu’ils le faisaient, ils n’en étaient que plus estimés des autres. Ils avaient une si haute opinion de la vieillesse, que les jeunes gens ne traitaient avec les anciens que quand ils ne pouvaient faire autrement, comme au moment de se marier; avec les gens mariés ils se tenaient aussi fort peu. C’est pourquoi il était d’usage dans chaque localité d’avoir une grande maison, blanchie à la chaux, mais ouverte de tous les côtés, où les jeunes gens s’assemblaient pour leurs divertissements. Ils jouaient à la balle et à une sorte de jeu de fèves, comme aux dés, ainsi qu’à beaucoup d’autres. Ils dormaient là presque toujours ensemble jusqu’au moment de se marier.
Or, comme j’ai vu qu’en d’autres endroits des Indes ils étaient adonnés à la pédérastie, dans des maisons de ce genre, je n’ai cependant jamais ouï dire que cela eût lieu ici, et je ne crois pas qu’ils en usassent, car on dit que ceux qui sont affligés de cette misère pestilentielle, ne sont pas amateurs des femmes, tandis que ceux-ci le sont. Car ils avaient la coutume d’amener dans ces endroits des femmes publiques, dont ils usaient; or, les malheureuses qui, parmi ce peuple, faisaient ce métier, encore qu’elles se fissent payer, étaient obsédées par un si grand nombre de jeunes gens, qu’elles s’en trouvaient poursuivies jusqu’à en mourir. Ceux-ci avaient la coutume de se peindre en noir jusqu’au moment de leur mariage; il y en avait peu qui se tatouassent auparavant. Dans tout le reste, ils suivaient constamment leurs parents; c’est ainsi qu’ils les servaient si bien dans leurs travaux et qu’ils devenaient de si grands adorateurs d’idoles.
Les femmes élevaient leurs petits enfants avec toute la rudesse et la nudité possibles: la faible créature était à peine venue au monde de quatre ou cinq jours, qu’elles l’étendaient sur un petit lit fabriqué de baguettes d’osier et de roseaux; là, le visage contre terre, elles lui mettaient la tête entre deux planchettes, l’une au front, l’autre à l’occiput, serrées avec force, et le tenaient dans la souffrance jusqu’à ce qu’au bout de quelques jours, la tête ainsi moulée restait à jamais aplatie suivant leurs usages. Il y avait là-dedans tant d’incommodité et de péril pour les petits enfants, que plusieurs en étaient près de mourir; l’auteur de ce livre en a vu un dont la tête s’était trouée derrière les oreilles, ce qui devait arriver à un grand nombre.
Ils étaient élevés tout nus; mais, à l’âge de quatre ou cinq ans, on leur donnait un morceau de toile pour se couvrir, en dormant, et quelques petites bandes pour cacher leur nudité, comme leurs pères; quant aux petites filles, on commençait alors à les vêtir de la ceinture en bas. Ils tétaient beaucoup; car les mères ne laissaient jamais de leur donner du lait, si longtemps qu’elles en étaient capables, quoiqu’ils eussent atteint l’âge de trois ou quatre ans; de là tant de gens forts et robustes dans ce pays. Tout jeunes encore, on les élevait à merveille beaux et forts; mais ensuite avec les bains fréquents que leur faisaient prendre leurs mères, et l’ardeur du soleil, ils devenaient plus bronzés. Durant toute leur enfance, ils étaient vifs et pétulants, toujours armés d’arcs et de flèches, et jouant les uns avec les autres: c’est ainsi qu’ils croissaient, jusqu’à ce qu’ils fussent en état d’adopter la manière de vivre des jeunes gens, et de se donner plus d’importance, en laissant les jeux de l’enfance.
§ XXXI.—Modo de vestir y de adornarse entre las indias de Yucatan.
Que los indias de Yucatan son en general de mejor dispusicion que las españolas, y mas grandes y bien hechas, ca no son de tantas renes como las negras. Precianse de hermosas las que son, y a una mano no son feas; no son blancas sino de color baço, causado mas del sol y del continuo bañarse, que de su natural; no se adoban los rostros como nuestra nacion, y esso tienen por liviandad. Tenian por costumbre acerrarse los dientes dexandolos como diente de sierra y esto tenian por galanteria, y hazian este officio viejas, limandolos con ciertas piedras y agua.
Horadavanse las narices por la ternilla que divide las ventanas por medio para ponerse en el agujero una piedra de ambar y tenianlo por gala. Horadavanse las orejas, para ponerse zarzillos al modo de sus maridos; labravanse el cuerpo de la cinta arriba, salvo los pechos por el criar, de labores mas delicadas y hermosas que los hombres. Bañavanse muy a menudo con agua fria como los hombres, y no lo hazian con sobrada honestidad, porque acaescia demudarse en cueros en el poço donde ivan por agua para ello. Acostumbravan demas de esto bañarse en aqua caliente y fuego y deste poco y por causa mas de salud que limpieza.
Acostumbravan untarse con cierta uncion de colorado como los maridos, y las que tenian possibilidad, echavan la cierta confecion de una goma olorosa y muy pegajosa, y que creo es liquidambar que en su lengua llaman iztah-te, y con esta confecion untavan cierto ladrillo como deseaban que tenian labrado galanas labores, y con aquel se untavan los pechos, y braços, espaldas y quedavan galanas y olorosas, segun les parecia, y duravales muchos dias sin se quitar segun era buena la uncion.
Traian cabelles muy largos, y hazian y hazen dellos muy galan tocado partidos en dos partes, y entrençavanselos para otro modo de tocado. A las moças por casar suelen las madres curiosas curarselos con tanto cuydado que e visto muchas indias de tan curiosos cabellos como curiosas españolas. A las mochachas hasta que son grandecitas, se los trençan en quatro quernos y en dos que les parecen bien.
Las indias de la costa y de la provincia de Bacalar y Campeche son mas honestas en su traje, porque allende de la cobertura que traian de medio abaxo se cubrian los pechos atandoselos por debaxo los sobacos con una manta doblada; las demas todas no traian mas de una vestidura como saco largo y ancho, abierto por ambas partes y metidas en el hasta los quadriles donde se les apretavan con el anchor mesmo y no tenian mas vestidura, salvo que la manta con que siempre duermen, usavan, quando ivan camino, llevar cubierta doblada o arollada, y assi andavan.
§ XXXI.—Toilette des femmes yucatèques. Leurs vêtements divers.
Les Indiennes du Yucatan sont généralement plus agréables que les Espagnoles, plus grandes et bien faites, et elles n’ont pas les hanches si grandes que les négresses. Celles qui sont belles en tirent de la vanité, et de fait elles ne sont pas laides: elles ne sont pas blanches, mais brunes de couleur, ce qui leur vient plutôt de leur exposition au soleil et de l’habitude de se baigner trop souvent, que de leur nature. Elles ne se fardent pas le visage comme les dames de notre pays; car elles regardent cet usage comme de l’immodestie. Elles avaient pour coutume de se couper les dents en forme de dents de scie, ce qu’elles considéraient comme une marque de beauté; c’étaient les vieilles femmes qui leur rendaient ce service, en leur limant les dents avec une certaine pierre et de l’eau.
Elles se perçaient le cartilage du nez entre les narines, afin d’y placer une pierre d’ambre, ce qui était encore une gentillesse à leurs yeux. Elles se perçaient aussi les oreilles pour y mettre des pendants, à l’imitation de leurs maris; elles se tatouaient de dessins plus délicats et plus élégants que les hommes, le corps de la ceinture en haut, à l’exception des seins qu’elles gardaient pour allaiter leurs enfants. Elles prenaient très-souvent des bains dans l’eau froide comme les hommes, mais sans trop de réserve; car elles se mettaient pour cela toutes nues dans les endroits où l’on allait chercher de l’eau. Elles avaient également la coutume de se baigner dans l’eau chaude et au feu[132], mais peu et plutôt pour raison de santé que de propreté.
Une autre coutume était de se oindre aussi d’une couleur rouge comme leurs maris, et celles qui en avaient les moyens y ajoutaient d’une gomme odoriférante et fort poisseuse, que je crois être le liquidambar, appelé dans leur langue iztah-té: de cette gomme elles imprégnaient une brique ornée de gracieux dessins qu’elles avaient toujours chez elles et s’en frottaient les seins, les bras et les épaules; c’est ainsi qu’elles s’embellissaient et se parfumaient à leur manière, l’odeur leur restant en proportion de la qualité du parfum employé.
Comme elles avaient les cheveux très-longs, elles en faisaient et en font encore une coiffure fort élégante, les partageant en deux tresses, dont elles se servaient encore pour une autre sorte de coiffure. Quant aux jeunes filles à marier, les mères soigneuses s’attachaient à les faire briller d’une manière si particulière, que j’ai vu beaucoup d’Indiennes portant les cheveux avec tout autant de grâce que les Espagnoles les plus distinguées sous ce rapport. Aux petites filles, jusqu’à ce qu’elles deviennent d’une certaine taille, elles les leur tressent en quatre ou deux sortes de cornes qui leur font très-bien.
Les Indiennes de la côte et de la province de Bacalar et de Campêche sont plus modestes dans leur habillement; car, outre le jupon dont elles se couvrent de la ceinture en bas, elles se voilent la poitrine, en la renfermant dans une pièce d’étoffe doublée sous les aisselles; les autres n’avaient d’autre vêtement d’en haut qu’un sac long et large, ouvert sur les côtés, descendant jusqu’aux hanches, qu’elles y serraient sur la largeur. C’était là toute leur toilette, à l’exception de l’étoffe avec laquelle elles dorment toujours et qu’elles portaient habituellement, lorsqu’elles allaient en chemin, doublée ou roulée sur les épaules.
§ XXXII.—Castitad de las mugeres y su educacion. Sus grandes calidades, su economia, etc. Su devocion y sus partos.
Preciavanse de buenas y tenian razon, porque antes que conociessen nuestra nacion, segun los viejos aora lloran, lo eran a maravilla y desto traere dos exemplos. El capitan Alonso Lopez de Avila cuñado del adelantado Montejo prendio una moça india y bien dispuesta y gentil muger, andando en la guerra de Bacalar. Esta prometio a su marido temiendo que en la guerra no le matassen de no conocer otro si el no, y assi no basto persuasion con ella paraque no se quitasse la vida, por no quedar en peligro de ser ensuziada de otro varon, por lo qual la hizieron aperrear.
A mi se me quexo una india por baptizar de un indio baptizado, el qual andando enamorado della, ca hermosa era, aguardose ausentasse su marido, y se le fue una noche a su casa y despues de manifestarle con muchos requiebres su intento, y no bastarle, provo a dar dadivas que para ello llevava, y como no aprovechassen, intento forçarla, y con ser un giganton y travajar por ello toda la noche no saco della mas de darle enojo tan grande que se me vino a quexar a mi de la maldad del indio, y era assi lo que dezia.
Acostumbravan a volver las espaldas a los hombres, quando los topavan en alguna parte, y hazerles lugar paraque passassen, y lo mesmo quando les davan a bever, hasta que acabavan de bever. Enseñan lo que saben a sus hijas, y crianlas a su modo bien, ca las riñen y las doctrinan y hazen trabajar, y si hazen culpas las castigan, dandoles pellizcos en las orejas, y en los braços. Si las ven alçar los ojos, las riñen mucho y se los untan con su pimienta que es grave dolor, y si no son honestas, las aporrean y untan con la pimienta en otra parte por castigo y afrenta. Dizen por mucho valdon y grave reprehension a las moças mal disciplinadas que parecen mugeres criadas sin madre.
Son zelosas y algunas tanto que ponian los manos a las de quien tenian zelos, y tan colericas, enojadas, aunque harto mansas, que solian dar buelta de pelo algunas a los maridos con hazerlo ellos pocas vezes. Son grandes travajadoras y vividoras, porque dellas cuelgan los mayores y mas trabajos de la sustentacion de sus casas y educacion de sus hijos, y paga de sus tributos y con todo esso si es menester llevan algunas vezes mayor carga, labrando y sembrando sus mantenimientos. Son a maravilla grangeras, velando de noche el rato que de servir sus casas les queda, yendo a los mercados a comprar y vender sus cosillas.
Crian aves para vender de Castilla, y de las suyas y para comer. Crian paxaros para su recreacion y para las plumas para hazer sus ropas galanas, y crian otros animales domesticos de los quales dan el pecho a los corços, con lo qual los crian tan mansos que no saben irseles al monte jamas, aunque los llevan y traigan por los montes y crien en ellos.
Tienen costumbre de ayudarse unas a otras a las telas y al hilar, y paganse estos trabajos como sus maridos los de sus eredades, y en ellos tienen siempre sus chistes de mofar y contar nuevas, y a ratos un poco de murmuracion. Tienen por gran fealdad mirar a los hombres y reirseles, y por tanto que solo esto bastava para hazer qualquiera fealdad, y sin mas entremeses hazianlas ruines. Vailavan por si sus vailes y algunos con los hombres, en especial uno que llamavan Naual no muy honesto. Son muy fecundas y tempranas en parir, y grandes criaderas por dos razones, la una porque la bevida de las mañanas que beven caliente cria mucha leche y el continuo moler de su maiz y no traer los pechos apretados les haze tenerlos muy grandes donde les viene tener mucha leche.
Emborachavanse tambien ellas con los combites, aunque por si, como comian por si, y no se emborachavan tanto como los hombres. Son gente que dessea mucho hijos la que carece dellos, y que los pedian a sus idolos con dones y oraciones, y aora los piden a Dios. Son avisadas y corteses y conversables, con que se entienden, y a maravilla bien partidas. Tienen poco secreto y no son tan limpias en sus personas ni en sus cosas con quanto se lavan como los ermiños.
Eran muy devotas y santeras, y assi tenian muchas devociones con sus idolos, quemandoles de sus enciensos, ofreciendoles dones de ropa de algodon, pero con todo esso no tenian en costumbre derramar su sangre a los demonios, ni lo hazian jamas; ni tampoco las dexavan llegar a los templos a los sacrificios, salvo en cierta fiesta que admitian ciertas viejas para la celebracion della. Para sus partos acudian a las hechizeras, las quales les hazian creer de sus mentiras y les ponian debaxo de la cama un idolo de un demonio, llamado Ixchel, que dezian era la diosa de hazer las criaturas.
Nacidos los niños, los bañan luego y quando ya los avian quitado del tormento de allanarles las frentes y cabeças ivan con ellos al sacerdote para que los viesse el hado y dixesse el officio que avia de tener y pusiesse el nombre que avia de tener el tiempo de su niñez, porque acostumbravan llamar a los niños nombres differentes hasta que se baptizavan o eran grandecillos, y despues dexavan aquellos y començavan a llamarlos el de los padres, hasta que los casavan, que se llamavan el del padre y de la madre.
§ XXXII.—Chasteté des femmes yucatèques. Leur éducation; leurs grandes qualités. Economie du ménage, etc. Leur caractère dévot et leurs couches.
Elles se vantaient d’être bonnes et avec raison: car, avant qu’elles connussent notre race, au dire des vieillards qui en gémissent aujourd’hui[133], elles l’étaient merveilleusement, ce dont j’apporterai ici deux exemples. Le capitaine Alonso Lopez de Avila, beau-père de l’adelanto Montejo, avait fait prisonnière, durant la guerre de Bacalar, une jeune Indienne aussi belle que gracieuse et élégante. Craignant pour son mari le danger de la mort, elle lui avait fait la promesse de ne jamais appartenir à un autre: aussi rien ne put-il la persuader de consentir à se laisser flétrir, pas même la perte de la vie, et ainsi on la livra aux chiens qui la dévorèrent[134].
Quant à moi, j’eus occasion d’entendre les plaintes d’une Indienne catéchumène que poursuivait de ses sollicitations un Indien déjà baptisé, amoureux d’elle; car elle était belle. L’Indien ayant attendu l’absence de son mari, se présenta une nuit chez elle, et, après lui avoir témoigné ses désirs de toutes les manières, voyant qu’il n’arrivait à aucun résultat, la tenta par des présents; ne réussissant pas davantage par ce moyen, il voulut lui faire violence. Mais, avec sa grande taille et une lutte qui dura la nuit entière, il n’obtint autre chose que d’exciter la colère de cette femme; elle vint se plaindre à moi le lendemain des tentatives coupables de l’Indien, et je vérifiai effectivement l’exactitude de son récit.
Entre autres usages, les femmes avaient celui de tourner le dos aux hommes, chaque fois qu’elles venaient à rencontrer l’un ou l’autre dans le chemin, et se mettaient de côté pour les laisser passer. La même chose avait lieu, lorsqu’elles leur donnaient à boire, jusqu’à ce qu’ils eussent vidé la coupe. Elles instruisent leurs filles de ce qu’elles savent, les élèvent très-bien à leur manière, les enseignent et les grondent et les font travailler: si elles commettent quelque faute, elles les punissent, en les pinçant aux bras et aux oreilles. Si elles leur voient lever les yeux, elles les reprennent fortement et les leur frottent avec un peu de leur piment, ce qui leur cause beaucoup de souffrance; si elles sont peu honnêtes, elles les battent et leur frottent une autre partie du même piment, ce qui est à la fois un châtiment et un affront. C’est une réprimande fort sévère et un reproche très-dur que de dire aux jeunes filles désobéissantes «qu’elles ressemblent à des femmes élevées sans mère.»
Les Indiennes sont très-jalouses, et quelques-unes le sont au point qu’elles mettent les mains sur celles qu’elles soupçonnent; elles sont si colères alors et si irritables, quoique généralement d’un caractère fort doux, qu’il y en a qui arrachaient les cheveux à leurs maris, pour peu qu’ils leur fussent infidèles. Elles sont grandes travailleuses et excellentes pour l’administration intérieure: car c’est d’elles que dépendent la plupart et les principaux travaux du ménage pour le support de leurs maisons, l’éducation de leurs enfants et le payement des tributs; avec tout cela, si le besoin s’en fait sentir, ce sont elles qui souvent encore portent à dos les plus fortes charges, qui travaillent la terre et y sèment les graines dont ils se nourrissent. Elles sont merveilleusement économes, veillant de nuit, durant les instants qui leur restent après le service de la maison, allant au marché de jour pour acheter et vendre les choses qui sont à leur usage.
Elles élèvent la volaille, soit celle de Castille ou du pays, pour la vendre ou pour s’en nourrir: elles élèvent également des oiseaux pour leur amusement, comme aussi pour en retirer les plumes qui servent à leurs ornements; elles élèvent également d’autres animaux domestiques, allaitant même des chevreaux et les apprivoisant de telle sorte que, bien qu’elles les emmènent dans les bois, où souvent elles les nourrissent, ils n’y resteraient jamais sans elles.
A toutes ces coutumes elles ajoutaient celles de s’entr’aider mutuellement, quand elles filaient ou tissaient: elles s’acquittaient par ces mêmes travaux les unes envers les autres, comme leurs maris de ceux de leurs champs. Elles avaient leurs saillies et leurs bons mots pour railler et conter des aventures et par moment aussi pour murmurer de leurs maris[135]. Elles regardent comme une fort vilaine chose de fixer les yeux sur les hommes et de rire avec eux; cela seul suffisait pour amener du désordre et sans plus de cérémonie les rendre un objet de mépris. Elles dansaient entre elles des danses qui leur sont propres; quelquefois elles en avaient en commun avec les hommes, entre autres le ballet, nommé Naual qui n’est guère décent[136]. Elles sont très-fécondes et enfantent de bonne heure; elles sont excellentes nourrices et pour deux raisons: la première, parce que la boisson qu’elles prennent au matin toute chaude donne beaucoup de lait; la seconde, que l’usage où elles sont de moudre continuellement le maïs et de ne pas se tenir les mamelles serrées, les rend fort grandes et de lait très-abondantes.
Il leur arrivait aussi de s’enivrer dans les festins, mais toutes seules; car elles mangeaient à part et, d’ailleurs, elles s’enivraient rarement autant que les hommes. Ces femmes yucatèques tiennent beaucoup à avoir des enfants: celle qui n’en avait pas, les demandait avec de grandes supplications et des présents aux idoles; aujourd’hui elles les demandent à Dieu. Elles sont prudentes, polies, de très-bonne conversation, quand on les comprend, et extrêmement généreuses[137]. Elles gardent difficilement un secret et ne sont pas sur leurs personnes et dans leurs maisons aussi propres qu’elles devraient l’être, en se baignant comme des hermines.
Elles étaient fort dévotes et affectionnées à leurs idoles: aussi avaient-elles à leur égard une foule de pratiques, leur brûlant de l’encens, leur offrant des présents d’étoffes de coton; elles n’avaient, néanmoins, pas la coutume de se tirer du sang en leur honneur, et jamais elles ne le faisaient. Du reste, on ne leur permettait point d’assister aux sacrifices dans les temples, à l’exception d’une fête spéciale où l’on admettait certaines vieilles que demandait la circonstance. Au temps de leurs couches, elles avaient recours à des sorcières qui leur faisaient accroire toute sorte de mensonges et leur mettaient sous le lit une idole appelée Ixchel, qu’on disait être la déesse fécondatrice des enfants[138].
Dès que ceux-ci étaient venus au monde, on s’empressait de les laver: quand elles avaient fini de les tourmenter avec les planchettes où on leur déprimait le front et la tête, elles allaient trouver le prêtre, afin qu’il consultât leur horoscope et leur désignât leur future profession. Il devait en même temps leur imposer le nom qu’ils devaient porter durant leur enfance; car ils donnaient aux enfants des noms différents, sous lesquels on les désignait jusqu’à ce qu’ils eussent été baptisés ou qu’ils devinssent plus grands; à cette époque seulement, ils les laissaient pour prendre celui de leur père qu’ils gardaient jusqu’à leur mariage, et alors ils prenaient conjointement ceux de leur père et de leur mère.
§ XXXIII.—Duelo para los muertos en Yucatan. Entierro de los sacerdotes. Estatuas con las cenizas de los señores. Reverencia para ellas. Su gloria e infierno.
Que esta gente tenia mucho temor y excessivo a la muerte, y esto muestravan en que todos los servicios que a sus dioses hazian no eran por otro fin ni para otra cosa sino para que les diessen salud y vida y mantenimientos. Pero ya que venian a morir, era cosa de ver las lastimas y llantos que por sus difuntos hazian, y la tristeza general que les causavan. Lloravanlos de dia en silencio, y de noche a altos y muy dolorosos gritos que lastima era oirlos. Andavan a maravilla tristes muchos dias: hazian abstinencias y ayunos por el difunto, especial el marido a la muger, y dezian se lo avia llevado el diablo porque del pensavan les venian los males todos y especial la muerte.
Muertos los amortajavan hinchandoles la boca del maiz molido que es su comida y bevida que llaman koyem, y con ello algunas piedras de las que tienen por moneda, para que en la otra vida no les faltasse de comer. Enterravanlos dentro en sus casas o a las espaldas dellas, echandoles en la sepultura algunos de sus idolos, y si era sacerdote algunos de sus libros, y si hechizero de sus piedras de hechizos y peltrechos. Comunmente desamparavan la casa y la dexavan yerma despues de enterrados, sino era quando avia en ella mucha gente con cuya compañia perdian algo de miedo que les quedava de la muerte.
A los señores y gente de mucha valia quemavan los cuerpos y ponian las cenizas en vasijas grandes y edificavan templos sobre ellos como muestran aver antiguamente hecho los que en Yzamal se hallaron. Aora en este tiempo se hallo que echavan las cenizas en estatuas hechas huecas de barro, quando eran muy señores.
La demas gente principal hazian a sus padres estatuas de madera a las quales dexavan hueco el colodrillo, y quemavan alguna parte de su cuerpo, y echavan alli las cenizas y tapavanlo, y despues desollavan al defunto el cuero del colodrillo y pegavanselo alli, y enterrando lo residuo como tenian de costumbre guardavan estas estatuas con mucha reverencia entre sus idolos. A los señores antiguos de Cocom avian cortado las cabeças, quando murieron, y cozidas las limpiaron de la carne y despues aserraron la mitad de la coronilla para tras dexando lo de adelante con las quixadas y dientes, a estas medias calaveras suplieron lo que de carne les faltava de cierto betun y les dieron la perfeccion muy al propio de cuyos eran, y las tenian con las estatuas de las cenizas, lo qual todo tenian en los oratorios de sus casas con sus idolos en muy gran reverencia y acatamiento, y todos los dias de sus fiestas y regozijos les hazian ofrendas de sus comidas para que no les faltassen en la otra vida donde pensavan descanzavan sus almas y les aprovechavan sus dones.
Que esta gente an siempre creido la immortalidad del alma mas que otras muchas naciones, aunque no ayan sido en tanta policia, porque creian que avia despues de la muerte otra vida mas excellente de la qual gozava el alma, en apartandose del cuerpo. Esta vida futura dezian que se dividia en buena y mala vida, en penosa y llena de descansos. La mala y penosa dezian era para los viziosos, y la buena y delectable para los que uviessen vivido bien en su manera de vivir; los descansos que dezian avian de alcanzar si eran buenos eran ir a un lugar muy delectable donde ninguna cosa les diesse pena y donde uviesse abundancia de comidas de mucha dulçura, y un arbol que alla llaman Yaxché muy fresco, y de gran sombra que es zeyva, debaxo de cuyas ramas y sombra descansassen y holgassen todos siempre.
Las penas de la mala vida que dezian avian de tener los malos eran ir a un lugar mas baxo que el otro que llaman Mitnal que quiere dezir infierno, y en el ser atormentados de los demonios y de grandes necessidades de hambre y frio y cansancio y tristeza. Tenian avia en este lugar un demonio principe de todos los demonios al qual obedecian todos y llamanle en su lengua Hunhau, y dezian no tenian estas vidas mala y buena fin, por no lo tener el alma. Dezian tambien, y tenian por muy cierto ivan a esta su gloria los que se ahorcavan, y assi avia muchos que con pequeñas occasiones de tristezas, travajos o enfermedades se ahorcavan para salir dellas, y ir a descançar a su gloria, donde dezian los venia a llevar la diosa de la horca que llamavan Ixtab. No tenian memoria de la resureccion de los cuerpos, y de que ayan avido noticia desta su gloria y infierno no dan razon.
§ XXXIII.—Deuil chez les Yucatèques. Enterrement des morts, des prêtres, etc. Statues renfermant les cendres des princes. Vénération qu’ils avaient pour elles. Idées de leur paradis et de leur enfer.
Les Yucatèques avaient une crainte excessive de la mort: aussi reconnaît-on que dans tous les services qu’ils célébraient en l’honneur de leurs dieux, ils n’avaient d’autre fin que d’en obtenir la santé et la vie, ainsi que le pain quotidien. Aussi, dès que l’un d’eux venait à mourir, fallait-il voir la douleur et les gémissements dont les défunts étaient l’occasion et la tristesse générale qui se montrait au moment où ils cessaient de vivre. Le jour ils pleuraient en silence; mais la nuit c’étaient des cris douloureux et perçants à briser le cœur de ceux qui les entendaient. Ils portaient pendant longtemps les marques d’une profonde tristesse, observant des abstinences et des jeûnes pour le défunt, spécialement le mari pour la femme, ajoutant que c’était le mauvais esprit qui avait enlevé le défunt; car ils s’imaginaient que c’était de lui que venaient tous les maux, et en particulier la mort.
Une fois morts, ils les ensevelissaient, leur remplissant la bouche du même maïs moulu qui leur sert à boire et à manger, et qu’ils appellent koyem: avec cela ils leur mettaient quelques-unes des petites pierres qui leur servaient de monnaie, afin qu’ils eussent de quoi manger dans l’autre vie. Ils les enterraient en dedans de leurs maisons ou sur les derrières, renfermant avec eux dans la tombe quelques-unes de leurs idoles, et, si c’était un prêtre, quelques-uns de ses livres[139]; si c’était un sorcier, quelques objets servant à la divination et des babioles mêlées d’étaim. D’ordinaire alors ils abandonnaient la maison et la laissaient déserte après l’enterrement, à moins qu’il ne s’y trouvât beaucoup de monde, habitant ensemble, de manière à ce que ceux qui restaient pussent se rassurer les uns par les autres contre la peur de la mort.
Quant aux seigneurs et aux gens de condition supérieure, ils brûlaient leurs cadavres et déposaient leurs cendres dans de grandes urnes: ils édifiaient ensuite des temples au-dessus, comme on voit qu’on le faisait anciennement d’après ceux qu’on trouva à Izamal[140]. On a découvert de notre temps que, lorsque c’étaient des princes de haute catégorie, on renfermait leurs cendres dans des statues creuses en terre cuite[141].
Le reste des gens de condition fabriquaient pour leurs parents des statues en bois, dont l’occiput seul était creux: ils brûlaient une partie du cadavre, en déposaient les cendres dans ce vide, et le bouchaient, après quoi ils enlevaient au défunt la peau de l’occiput qu’ils y appliquaient. Ils enterraient le reste comme de coutume et conservaient les statues avec beaucoup de vénération entre leurs idoles. Concernant les princes de l’ancienne maison de Cocom, on leur avait coupé la tête après leur mort: on les avait fait cuire pour en enlever la chair; et on en avait scié la partie de derrière, laissant celle de devant avec les mâchoires et les dents. On avait ensuite remplacé sur ces demi-têtes de mort la chair qui leur manquait, à l’aide d’un mastic particulier, leur rendant en perfection l’apparence qu’elles avaient de leur vivant: ils avaient ces images entre les statues aux cendres, ainsi que leurs idoles, dans les oratoires de leurs maisons, où ils les gardaient avec une tendresse mêlée de révérence. Aux jours de fête et aux réjouissances de toute sorte, ils leur faisaient des offrandes de mets, afin qu’il ne leur manquât rien dans l’autre vie, où ils croyaient que reposaient leurs âmes, tout en profitant des dons qui leur étaient offerts.
Ce peuple a cru toujours à l’immortalité de l’âme, bien plus que beaucoup d’autres nations, quoiqu’il n’ait pas eu une aussi grande civilisation. Car ils croyaient à l’existence d’une autre vie, meilleure après la mort et dont l’âme jouissait en se séparant du corps: ils disaient que cette vie future se partageait en bonne ou en mauvaise vie, la première pénible et la seconde remplie de délices. La mauvaise et la pénible, disaient-ils, était pour les gens vicieux; la bonne, la délectable, pour ceux qui auraient bien vécu, suivant leurs idées. Les délices qu’ils attendaient, au cas qu’ils eussent été bons, consistaient à vivre dans un endroit délicieux, où ils n’auraient à souffrir de rien, où il y aurait en abondance de quoi boire et manger les choses les plus savoureuses. Là se trouvait un arbre qu’ils appelaient Yaxché, d’une admirable fraîcheur, aux branches ombreuses comme le ceyba[142], sous lequel ils jouiraient d’une volupté et d’un repos éternels.
Les peines de la vie mauvaise consistaient à aller dans un lieu plus bas que l’autre et qu’ils nommaient Mitnal, ce qui veut dire enfer[143]; d’y être tourmentés par les démons, souffrant tous les tourments de la faim, du froid, de la fatigue et de la tristesse. Ils ajoutaient qu’en ce lieu commandait un démon, chef de tous les autres, qui lui obéissaient, et que dans leur langue ils appellent Han-hau[144]. Cette vie, bonne et mauvaise, disaient-ils, n’avait point de fin, l’âme n’en ayant point. Ils prétendaient encore et tenaient pour une chose fort certaine que ceux qui se pendaient allaient dans leur paradis: aussi y avait-il bien des gens qui, pour une légère contrariété, un chagrin ou une maladie, se donnaient la mort de cette manière, afin d’en finir et d’aller jouir des joies du repos éternel, où la déesse des pendus, appelée Ixtab, venait les recevoir. Ils n’avaient aucune idée de la résurrection des corps et ne pouvaient donner raison de ceux qui leur avaient apporté les notions relatives à leur paradis et à leur enfer.
§ XXXIV.—Cuenta del año yucateco. Caracteres de los dias. Agueros de los años. Los cuatro Bacabes y sus nombres. Dioses de los dias aciagos.
No se esconde ni aparte tanto el sol desta tierra de Yucatan que vengan las noches jamas a ser mayores que los dias, y quando mayores vienen a ser, suelen ser iguales desde St Andres a Sta Lucia, que comiençan los dias a crecer. Regian de noche para conocer la hora que era por el luzero y las cabrillas y los artilejos. De dia por el medio dia, y desde el al oriente y poniente tenian puestos a pedaços nombres con los quales se entendian y para sus travajos se regian.
Tienen su año perfecto como el nuestro de CCC y LXV dias y VI horas. Dividenlo en dos maneras de meses, los unos de a XXX dias que se llaman U, que quiere dezir luna, la qual contavan desde que salia nueva hasta que no parecia.
Otra manera de meses tenian de a XX dias, a los quales llaman Uinal-Hun-Ekeh: destos tenia el año entero XVIII, y mas los cinco dias y seis horas. Destas seis horas se hazian cada quatro años un dia, y assi tenian de quatro en quatro años el año de CCCLXVI dias. Para estos CCCLX dias tienen XX letras o carateres con que los nombran, dexando de poner nombre a los demas cinco, porque los tenian por aciagos y malos. Las letras son las que siguen y llevara cada una su nombre en cima, porque se entienda con los nuestros.
| Kan. | Chicchan. | Cimi. | Manik. | Lamat. |
| Muluc. | Oc. | Chuen. | Eb. | Ben. |
| Ix. | Men. | Cib. | Caban. | Ezanab. |
| Cauac. | Ahau. | Ymix. | Ik. | Akbal. |
Ya e dicho que el modo de contar de los indios es de cinco en cinco, y de quatro cincos hazen veinte; assi en estos sus carateres que son XX sacan los primeros de los quatro cincos de los XX y estos sirven cada uno dellos un año de lo que nos sirven a nosotros nuestras letras dominicales para començar todos los primeros dias de los meses de a XX dias.
| Kan. | Muluc. | Ix. | Cauac. |
Entre la muchedumbre de dioses que esta gente adorava, adoravan quatro llamados Bacab cada uno dellos. Estos dezian eran quatro hermanos a los quales puso Dios quando crio el mundo a las quatro partes del, sustentando el cielo no se cayesse. Dezian tambien destos Bacabes que escaparon quando el mundo fue del diluvio destruido. Ponen a cada uno destos otros nombres y señalanle con ellos a la parte del mundo que Dios le tenia puesto, tiniendo el cielo y apropianle una de las quatro letras dominicales a el y a la parte que esta; y tienen señaladas las miserias o felices successos que dezian avian de succeder en el año de cada uno destos, y de las letras con ellos.
Y el demonio que en esto, como en las demas cosas los engañava, les señalo los servicios y offrendas que para evadirse de las miserias le avian de hazer. Y assi si no les venian dezian era por los servicios que le hazian y si venian hazian entender y creer al pueblo los sacerdotes era por alguna culpa o falta de los servicios o los que los hazian.
La primera pues de las letras dominicales es Kan.
El año que esta letra servia era el aguero
del Bacab que por otros nombres llaman
Hobnil, Kanal Bacab, Kan-pauahtun,
Kan-xibchac. A este señalavan a la parte de medio
dia. La segunda letra es Muluc
señalavanle al oriente, su año era aguero el Bacab que
llaman Canzienal, Chacal Bacab, Chac
pauahtun, Chac-xib-chac. La tercera letra es Yx.
Su año era aguero el Bacab que llaman
Zaczini-Zacal-Bacab, Zac-pauahtun Zac-xibchac,
señalavanle a la parte del norte.
La quarta letra es Cauac:
su año era aguero
el Bacab que llaman Hozanek, Ekel-Bacab,
Ek-pauahtun, Ekxibchac; a este señalavan
a la parte del poniente.
En qualquiera fiesta o solemnidad que esta gente hazian a sus dioses, començavan siempre del echar de si al demonio para mejor la hazer. Y el echarle unas vezes eran con oraciones y bendiciones que para ello tenian, otras con servicios y offrendas y sacrificios que le hazian por esta razon. Para celebrar la solemnidad de su año nuevo esta gente con mas regocijo y mas dignamente, segun su desventurada opinion, tomavan los cinco dias aciagos que ellos tenian por tales antes del primero dia de su año nuevo y en ellos hazian muy grandes servicios a los Bacabes de arriba y al demonio que llamavan por otros quatro nombres como a ellos, es a saber Kan-u-Uayeyab, Chac-u-Uayeyab, Zac-u-Uayeyab, Ek-u-Uayeyab. Y estos servicios y fiestas acabadas y alançado de si, como veremos, el demonio, començavan su año nuevo.
§ XXXIV.—Computation de l’année yucatèque. Signes qui président aux années et aux jours. Les quatre Bacab et leurs noms divers. Dieux des jours néfastes.
Le soleil ne se cache et ne s’éloigne jamais assez de cette terre de Yucatan, pour que les nuits viennent à être plus longues que les jours, et lorsqu’elles s’allongent, c’est pour être égales de la Saint-André à la Sainte-Lucie[145], où les jours commencent à croître. Pour connaître les heures durant la nuit, les Yucatèques se guidaient sur l’étoile du matin, sur les Pléiades et les Gémeaux. De jour, ils se réglaient sur le midi, et, du levant au couchant, ils avaient donné des noms aux différentes parties de la journée, au moyen desquels ils s’entendaient et d’après lesquels ils conduisaient leurs travaux.
Ils ont leur année parfaite, comme la nôtre, de trois cent soixante-cinq jours et six heures: ils la divisent en mois de deux manières, les uns sont de trente jours qu’ils appellent U, ce qui veut dire lune, et ils la comptaient depuis le moment où sortait la nouvelle lune, jusqu’à l’instant où elle ne se montrait plus[146].
Les autres étaient de vingt jours qu’ils nommaient Uinal-Hun-Ekeh: de ces mois, il en fallait dix-huit pour faire l’année entière, plus cinq jours et six heures. De ces heures, ils faisaient tous les quatre ans un jour, ce qui donnait, de quatre en quatre ans, une année de trois cent soixante-six jours. Pour ces trois cent soixante-six jours, ils ont vingt lettres ou caractères, sous les noms desquels ils les connaissent, omettant toutefois de donner un nom aux cinq supplémentaires[147]; car ils les regardaient comme sinistres et de mauvais augure. Ces lettres sont les suivantes; chacune d’elles montrera son nom au-dessus, afin qu’on comprenne leur corrélation avec les nôtres:
Kan, Chicchan, Cimi, Manik, Lamat, Muluc, Oc, Chuen, Eb, Ben, Yx, Men, Cib, Caban, Ezanab, Cauac, Ahau, Ymix, Yk, Akbal[148].
J’ai déjà remarqué que la manière de compter de ces Indiens est de cinq en cinq, et de quatre fois cinq ils font vingt; ainsi de ces caractères qui sont au nombre de vingt, ils ôtent les premiers de chaque quint entre les vingt, lesquels servent tour à tour durant un an, de la même manière que les lettres dominicales nous servent à nous, afin de désigner le premier de chacun des mois de vingt jours.
Kan, Muluc, Yx, Cauac.
Entre la multitude de dieux que cette nation adorait, il y en avait quatre auxquels on donnait le nom de Bacab. C’étaient, disait-on, quatre frères que Dieu avait placés aux quatre coins du monde, en le créant, pour soutenir le ciel et l’empêcher de tomber. On disait également de ces Bacab qu’ils étaient de ceux qui s’étaient sauvés, lorsque le monde fut détruit par le déluge[149]. A chacun d’eux on donne d’autres noms, avec lesquels on les met chacun à la section du monde que Dieu leur avait attribuée, portant le ciel et signalé par une de leurs quatre lettres dominicales du côté où il se trouve: ils signalent ainsi les événements heureux ou malheureux qui doivent arriver durant leur année, qui est celle du caractère qui accompagne chacun d’eux.
Le démon, qui les trompait en ceci comme en tout le reste, leur avait fait connaître les cérémonies et les offrandes au moyen desquelles ils pouvaient échapper à ces misères: aussi les prêtres disaient-ils, quand il ne survenait aucune calamité, que c’était à cause des sacrifices qu’ils avaient offerts, et, en cas de malheur, ils faisaient accroire au peuple que c’était le châtiment de quelque péché ou d’un défaut dans la manière dont ils s’étaient acquittés de leur devoir.
La première de ces lettres dominicales est Kan.
L’année dont ce caractère était le principe
avait pour présage le Bacab, dont les autres
noms étaient Hobnil, Kanal-Bacab, Kan-Pauah-Tun,
Kan-Xib-Chac. On plaçait celui-ci du
côté du midi. La seconde lettre est Muluc
qu’on mettait du côté du levant, et son année
avait pour présage le Bacab, qu’ils appellent
Canzicnal, Chacal-Bacab, Chac-Pauah-Tun,
Chac-Xib-Chac. La troisième de ces lettres est Yx.
Le présage durant son année était le Bacab,
qu’ils nomment Zac-Zini, Zacal-Bacab,
Zac-Pauah-Tun, Zac-Xic-Chac, et on
lui signalait le côté du nord. La quatrième lettre est Cauac.
Le présage de son année est le Bacab,
qu’ils appellent Hozan-Ek, Ekel-Bacab,
Ec-Pauah-Tun, Ek-Xib-Chac, à qui ils
assignaient le côté du couchant.[150]
Quelle que fût la fête ou la solennité que les Yucatèques célébrassent en l’honneur de leurs dieux, ils commençaient toujours par chasser le mauvais esprit, afin d’y arriver d’une manière plus convenable. Ces exorcismes se faisaient tantôt par des prières et des bénédictions, dont ils avaient les formules toutes préparées, tantôt par des sacrifices et des oblations qu’ils offraient à cet effet. Pour célébrer chez cette nation la solennité du nouvel an avec plus d’allégresse et de dignité, dans leur malheureuse idée, ils profitaient des cinq jours supplémentaires, regardés par eux comme néfastes, pour faire de grandes fêtes aux Bacab, dont on a parlé plus haut, et au dieu qu’ils désignaient, ainsi que ces derniers, sous quatre noms différents qui sont Kan-u-Uayeyab, Chac-u-Uayeyab, Zac-u-Uayeyab et Ek-u-Uayeyab[151]; ces fêtes et cérémonies terminées, et le mauvais esprit chassé de chez eux, comme nous verrons, ils commençaient l’année nouvelle.
§ XXXV.—Fiestas de los dias aciagos. Sacrificios del principio del año nuevo en la letra de Kan.
Uso era en todos los pueblos de Yucatan tener hecho dos montones de piedra, uno en frente de otro, á la entrada del pueblo, por todas las quatro partes del pueblo, es a saber a oriente, poniente, septentrion y medio dia, para la celebracion de las dos fiestas de los dias aciagos los quales hazian desta manera cada año.
El año que la letra dominical era de Kan era el aguero Hobnil, y segun ellos dezian, reynavan ambos a la parte del medio dia. Este año pues hazian una imagen o figura hueca de barro del demonio que llamavan Kan-u-Uayeyab, y llevavanla a los montones de piedra seca que tenian hechos a la parte de medio dia. Elegian un principe del pueblo, en cuya casa se celebrava estos dias esta fiesta, y para celebrarla hazian una estatua de un demonio que llamavan Bolon-Zacab, al qual ponian en casa del principal, adereçado en un lugar publico y que todos pudiessen llegar.
Esto hecho se juntavan los señores y el sacerdote y el pueblo de los hombres, y teniendo limpio y con arcos y frescuras adereçado el camino hasta el lugar de los montones de piedra donde estava la estatua, ivan todos juntos por ella con mucha de su devocion: llegados la sahumava el sacerdote con quarenta y nueve granos de maiz molidos con su encienso y ellos lo repartian en el brasero del demonio y le saumavan. Llamavan al maiz molido solo zacah, y a lo de los señores chahalté. Sahumavan la imagen, degollavan una gallina y se la presentavan o offrecian.
Esto hecho metian la imagen en un palo llamado Kanté, y puniendole acuestas un angel en señal de agua y que este año avia de ser bueno, y estos angeles pintavan y hazian espantables; y assi la llevavan con mucho regocijo y vailes a la casa del principal donde estava la otra estatua de Bolonzacab. Sacavan de casa deste principal a los señores y al sacerdote al camino una bevida hecha de CCCC y XV granos de maiz tostados que llaman Picula Kakla y bevian todos della; llegados a la casa del principal, ponian esta imagen en frente de la estatua del demonio que alli tenian, y assi le hazian muchas offrendas de comidas y bevidas de carne y pescado, y estas offrendas repartian a los estrangeros que alli se hallavan y davan al sacerdote una pierna de venado.
Otros derramavan sangre, cortandose las orejas, y untando con ella una piedra que alli tenian de un demonio Kanal-Acantun. Hazian un corazon de pan, y otro pan con pepitas de calabaças y offrecianlos a la imagen del demonio Kan-u-Uayeyab. Tenianse assi esta estatua y imagen estos dias aciagos, y sahumavanla con su encienso y con los maizes molidos con encienso. Tenian creido si no hazian estas cerimonias avian de tener ciertas enfermedades que ellos tienen en este año. Passados estos dias aciagos llevavan la estatua del demonio Bolonzacab al templo y la imagen a la parte del oriente para ir alli otro año por ella, y echavan la ay, y ivanse a sus casas a entender en lo que les dava a cada uno que hazer para la celebracion del año nuevo.
Dexando con las cerimonias hechas, echado el demonio, segun su engaño, este año tenian por bueno, porque reynava con la letra Kan el Bacab-Hobnil, del qual dezian no avia peccado como sus hermanos y por esso no les venian miserias en el. Pero porque muchas vezes las avia, proveyo el demonio de que le hiziessen servicios paraque assi quando las uviesse, hechassen la culpa a los servicios o servidores y quedassen siempre engañados y ciegos.
Mandavales pues hiziessen un idolo que llamavan Yzamna-Kauil y que la pusiessen en su templo, y que le quemassen en el patio del templo tres pelotas de una leche o resina que llaman kik y que le sacrificassen un perro o un nombre, lo qual ellos hazian, guardando la orden que en el capitulo ciento dixe, tenian con los que sacrificavan, salvo que el modo de sacrificar en esta fiesta era diferente, porque hazian en el patio del templo un gran monton de piedras y ponian al hombre o perro que avian de sacrificar en alguna cosa mas alta que el, y echando atado al patiente de lo alto a las piedras le arrebatavan aquellos officiales y con gran presteza le sacavan el corazon y lo llevavan al nuevo idolo y se le ofrecian entre dos platos. Ofrecian otros dones de comidas y en esta fiesta vailavan las viejas del pueblo que para esto tenian elegidas, vestidas de ciertas vestiduras. Dezian que descendia un angel y recibia este sacrificio.
§ XXXV.—Fêtes des jours supplémentaires. Sacrifices du commencement de l’année nouvelle au signe Kan.
L’usage, dans toutes les villes du Yucatan, était qu’il y eût, à chacune des quatre entrées de la localité, c’est-à-dire à l’orient, au couchant, au nord et au midi, deux massifs de pierre, en face l’un de l’autre, destinés à la célébration des deux fêtes des jours néfastes; ces fêtes avaient lieu de la manière suivante.
L’année dont la lettre dominicale était Kan, le présage était Hobnil, et, suivant ce que les Yucatèques disaient, ils dominaient tous les deux dans la région du midi. Cette année-là donc ils fabriquaient une image ou figure de terre cuite creuse de l’idole qu’ils appelaient Kan-u-Uayeyab et la portaient aux massifs de pierre sèche qu’ils avaient faits du côté du midi. Ils choisissaient un chef de la ville, dans la maison duquel ils célébraient ces jours-là la fête; à cet effet, ils façonnaient aussi la statue d’un autre dieu nommé Bolon-Zacab[152], qu’ils plaçaient dans la maison du chef élu, exposé dans un endroit où tout le monde pût arriver.
Cela fait, les nobles, le prêtre, et les hommes de la population se réunissaient tous ensemble; ils se rendaient par un chemin balayé et orné d’arcs et de verdure, aux deux massifs de pierre où se trouvait la statue, autour de laquelle ils se rassemblaient avec beaucoup de dévotion. Le prêtre alors l’encensait avec quarante-neuf grains de maïs moulu, mêlés avec de l’encens; les nobles mettaient ensuite leur encens dans la cassolette de l’idole et l’encensaient à leur tour. Le maïs avec l’encens du prêtre s’appelait zacah, et celui que les nobles présentaient chahalté. Ayant encensé l’image, ils coupaient le cou à une poule et la lui présentaient.
Cela terminé, ils plaçaient la statue sur un brancard, appelé Kanté[153], et, sur ses épaules, un ange, comme signe de l’eau et de la bonne année qu’on devrait avoir; quant à ces anges, ils les figuraient épouvantables à voir. Ils emportaient ensuite la statue en dansant avec beaucoup d’allégresse, à la maison du chef, où se trouvait l’autre statue de Bolon-Zacab: pendant qu’ils étaient en chemin, on en apportait aux nobles et au prêtre un breuvage fait de quatre cent vingt-cinq grains de maïs grillé, qu’ils appellent Picula-Kakla, dont tous aussitôt buvaient. Arrivés à la demeure du chef, ils plaçaient l’image qu’ils apportaient vis-à-vis de la statue qui s’y trouvait déjà, et lui faisaient beaucoup d’offrandes de boissons et de mets, de viande, de poisson; ces offrandes étaient partagées, après cela, entre les étrangers qui étaient présents et on ne donnait au prêtre qu’un gigot de daim.
D’autres se tiraient du sang, scarifiant leurs oreilles, et en oignaient une pierre qu’il y avait là, idole nommée Kanal-Acantun. Ils modelaient un cœur de la pâte de leur pain, ainsi qu’un autre pain de graines de calebasses qu’ils présentaient à l’idole de Kan-u-Uayeyab. C’est ainsi qu’ils gardaient cette statue et l’autre durant les jours néfastes, les enfumant de leur encens et d’encens mêlé de grains de maïs moulu. Ils tenaient pour certain que s’ils négligeaient ces cérémonies, ils seraient sujets à des maladies qui étaient du ressort de cette année. Les jours malheureux passés, ils portaient la statue du dieu Bolon-Zacab au temple et l’image de l’autre à la sortie orientale de la ville, afin de l’y aller prendre l’année suivante: ils l’y laissaient et s’en retournaient chez eux, chacun s’occupant de ce qu’il pouvait avoir à faire pour la célébration du nouvel an.
Une fois les cérémonies terminées et le mauvais esprit chassé, dans leur fausse manière de voir, ils tenaient cette année pour bonne, parce qu’avec le signe Kan dominait le Bacab-Hobnil, qui, à ce qu’ils disaient, n’avait pas péché comme ses frères, et c’était à cause de cela qu’il ne leur en venait aucune calamité. Mais comme il arrivait fréquemment d’y en avoir également, le démon s’était arrangé à leur faire établir des cérémonies, de façon à ce qu’en cas de malheur, ils en attribuassent la faute à leurs cérémonies et à ceux qui en étaient les serviteurs, et qu’ainsi ils demeurassent toujours dans l’erreur et dans l’aveuglement.
A son instigation, donc, ils fabriquaient une idole, nommée Yzamna-Cauil[154], qu’ils plaçaient dans son temple, et lui brûlaient dans la cour trois pelotes d’un lait ou résine qu’ils appelaient kik: ils lui sacrifiaient un chien ou un homme, ce qui se faisait avec l’apparat dont il a été parlé au chapitre cent[155] au sujet de ces victimes. Il y avait toutefois quelque différence dans la manière d’offrir ce sacrifice: on établissait dans la cour du temple un grand massif de pierre, et l’homme ou l’animal qui devait être sacrifié était attaché à une sorte d’échafaud plus élevé d’où ils le lançaient sur le massif: les officiers aussitôt le saisissaient et lui arrachaient avec prestesse le cœur, qu’ils portaient à la nouvelle idole, en le lui offrant entre deux plats. On faisait encore d’autres offrandes de comestibles. Dans cette fête, des vieilles femmes, choisies à cet effet, dansaient revêtues d’habillements particuliers. On ajoutait qu’un ange descendait alors et recevait le sacrifice.
§ XXXVI.—Sacrificios del año nuevo de la letra Muluc. Bailes de los Zancos. Otro de las viejas con perros de barro.
El año en que la letra dominical era Muluc era el aguero Canzienal. Y a su tiempo elegian los señores y el sacerdote un principal para hazer la fiesta, el qual elegido hazian la imagen del demonio como la del año passado, a la qual llamavan Chac-u-Uayeyab y llevavanla a los montones de piedra de hazia la parte del oriente donde avian echado la passada. Hazian una estatua al demonio llamado Kinch-Ahau, y ponianla en casa del principal en lugar conveniente y desde alli, teniendo muy limpio y adereçado el camino, ivan todos juntos con su acostumbrada devocion por la imagen del demonio Chac-u-Uayeyab.
Llegados la sahumava el sacerdote con LIII granos de maiz molidos y con su encienso, a lo qual llaman zacah. Dava el sacerdote a los señores que pusiessen en el brasero mas encienso de lo que llamamos chahalté, y despues degollavanle la gallina, como al passado, y tomando la imagen en un palo llamado Chacté, la llevavan accompañandola todos con devocion y vailando unos vailes de guerra que llaman Holcan-Okot, Batel-Okot. Sacavan al camino a los señores y principales su bevida de CCC y LXXX maizes tostados como la de atras.
Llegados a casa del principal ponian esta imagen en frente de la estatua de Kinch-Ahau y hazianle todas sus ofrendas, las quales repartian como las demas. Ofrecian a la imagen pan hecho como yemas de uevos, y otros como coraçones de venados, y otro hecho con su pimienta desleida. Avia muchos que derramavan sangre, cortandose las orejas, y untando con la sangre la piedra que alli tenian del demonio que llamavan Chacan-cantun. Aqui tomavan mochachos y les sacavan sangre por fuerça de las orejas, dandoles en ellas cuchilladas. Tenian esta estatua y imagen hasta passados los dias aciagos, y entre tanto quemavanle sus enciensos. Passados los dias, llevavan la imagen a echar a la parte del norte por ay donde otro año la avian de salir a recibir, y la otra al templo, y despues ivanse a sus casas a entender en el aparejo de su año nuevo. Avian de temer, si no hazian, las cosas dichas, mucho mal de ojositos.
Este año en que la letra Muluc era dominical y el Bacab Canziemal reynava, tenian por buen año, ca dezian que era este el mejor y mayor destos dioses Bacabes; y ansi le ponian en sus oraciones el primero. Pero con todo eso, les hazia el demonio hiziessen un idolo llamado Yax-Coc-Ahmut, y que lo pusiessen en el templo y quitassen las imagenes antiguas, y hiziessen en el patio de delante del templo un bulto de piedra en el qual quemassen de su encienso, y una pelota de la resina o leche kik, haziendo alli oracion al idolo, y pidiendole remedio para las miserias que aquel año tenian; las quales eran poca agua, y echar los maizes muchos hijos y cosas desta manera; para cuyo remedio, les mandava el demonio ofrecerle hardillas y un paramento sin labores; el qual texessen las viejas que tienen por officio el bailar en el templo para aplacar a Yax-Coc-Ahmut.
Tenian otras muchas miserias y malos señales, aunque era bueno el año, sino hazian los servicios que el demonio les mandava; lo qual era hazer una fiesta y en ella vailar un vaile en muy altos zancos y ofrecerle cabeças de pavos y pan y bevidas de maiz; avian de ofrescerle perros hechos de barro con pan en las espaldas, y avian de vailar con ellos en las manos las viejas y sacrificarle un perrito que tuviesse las espaldas negras y fuesse virgen, y los devotos dellos avian de derramar su sangre y untar la piedra de Chacacantun demonio con ella. Este servicio y sacrificio tenian por agradable a su dios Yax-Coc-Ahmut.
§ XXXVI.—Sacrifices de l’année nouvelle au signe de Muluc. Danse des Échasses. Danse des vieilles femmes aux chiens de terre cuite.
L’année dont la lettre dominicale était Muluc avait pour présage Canzienal. Quand le temps en était venu, les nobles et le prêtre élisaient le chef qui devait célébrer la fête. Cela fait, ils moulaient, comme l’année précédente, l’image de l’idole, appelée Chac-u-Uayeyab, et la portaient aux massifs de pierre vers la partie de l’orient où ils avaient laissé celle de l’année d’avant. Ils fabriquaient une statue du dieu, nommé Kinch-Ahau[156], qu’ils plaçaient en lieu convenable dans la maison du chef: puis, de là, s’acheminant par une rue proprement balayée et ornée, ils se rendaient tous ensemble, avec leur dévotion accoutumée, à l’endroit de la statue de Chac-u-Uayeyab.
En arrivant, le prêtre l’encensait avec son encens et ses quarante-trois[157] grains de maïs moulu, qu’ils nomment Zacah: il donnait aux nobles de l’encens appelé Chahalté pour le mettre dans l’encensoir, après quoi ils coupaient le cou à une poule, comme l’autre fois. Ils enlevaient ensuite la statue sur le brancard, nommé Chacté, et l’emportaient avec dévotion, tandis que la foule exécutait à l’entour quelques danses de guerre, appelées Holcan-Okot, Batel-Okot[158]. On apportait en même temps aux seigneurs et aux principaux habitants leur boisson composée de trois cent quatre-vingts grains de maïs grillés, comme auparavant[159].
Arrivés à la maison du chef, ils plaçaient la statue en face de celle de Kinch-Ahau et lui faisaient les oblations accoutumées, qu’ils partageaient ensuite comme la dernière fois. Ils lui offraient du pain fait en forme de jaunes d’œuf et d’autres comme des cœurs de cerf et un autre composé avec du piment délayé. Il y avait, comme d’ordinaire, bien des gens qui se tiraient du sang, en se scarifiant les oreilles, et en oignaient la pierre de l’idole appelée Chacan-Cantun[160]. Ici ils prenaient des petits garçons et leur tiraient par force du sang des oreilles, en leur faisant des incisions avec des couteaux. Ils gardaient cette statue jusqu’à la fin des jours néfastes et entre temps lui brûlaient de leur encens. Ces jours passés, ils la portaient au côté du nord où ils devaient aller la prendre l’année suivante, et déposaient l’autre dans son temple, après quoi ils retournaient chez eux, pour se préparer aux solennités de l’an nouveau. Ils tenaient pour certain que s’ils négligeaient de célébrer les cérémonies susdites, ils seraient exposés à avoir de grands maux d’yeux.
Cette année, dont la lettre dominicale était Muluc et dans laquelle dominait Bacab-Canziemal[161], ils la regardaient comme bonne; car ils disaient que celui-ci était le plus grand et le meilleur de ces dieux Bacab; aussi le mettaient-ils le premier dans leurs prières. Avec tout cela, cependant, le démon leur avait inspiré de fabriquer une idole nommée Yax-Coc-Ahmut[162], qu’ils plaçaient dans le temple, après en avoir enlevé les anciennes statues: ils érigeaient dans la cour qui est au-devant du temple un massif en pierre sur lequel ils brûlaient de l’encens avec une pelote de la résine ou lait kik, invoquant l’idole et lui demandant de les secourir contre les misères de l’année courante. Ces misères devaient être la rareté de l’eau, l’abondance des rejetons dans le maïs et autres choses du même genre; pour avoir un remède à ces maux, le démon leur commandait d’offrir des écureuils et un parement sans broderies, tissé par les vieilles, dont l’office était de danser dans le temple, afin d’apaiser le dieu Yax-Coc-Ahmut.
On les menaçait encore d’une foule d’autres misères et de mauvais signes relativement à cette année, bien qu’elle fût réputée bonne, s’ils n’accomplissaient les devoirs que le démon leur imposait: l’un entre autres était une fête, avec un ballet qu’ils exécutaient montés sur de très-hautes échasses, et un sacrifice où ils offraient des têtes de dindons, du pain et des boissons de maïs. Il leur était imposé de présenter également des chiens en terre cuite, portant du pain sur le dos: les vieilles étaient obligées de danser, ces chiens entre les mains, et de sacrifier au dieu un petit chien aux épaules noires, et qui fût encore vierge; ceux qui étaient les plus dévots à cette cérémonie devaient tirer le sang de l’animal et en frotter la pierre du dieu Chac-Acantun. Ces rites et ce sacrifice passaient pour être fort agréables au dieu Yax-Coc-Ahmut.
§ XXXVII.—Sacrificios del año nuevo de la letra Yx. Pronosticos malos y modo de remediar sus efectos.
El año en que la letra dominical era Yx y el aguero Zacciui, hecha la eleccion del principal que celebrasse la fiesta, hazian la imagen del demonio, llamado Zacu-Uayeyab, y llevavanla a los montones de piedra de la parte del norte, donde el año passado la avian echado. Hazian una estatua al demonio Yzamna y ponianla en casa del principal, y todos juntos, y el camino adereçado, ivan devotamente por la imagen de Zac-u-Uayeyab. Llegados la sahumavan como lo solian hazer, y degollavan la gallina y puesta la imagen en un palo llamado Zachia, la trayan con su devocion y bailes los quales llaman Alcabtan-Kamahau. Traian les la bevida acostumbrada al camino, y llegados a casa ponian esta imagen delante la estatua de Yzamna, y alli le offrecian todas sus offrendas, y las repartian, y a la estatua de Zac-u-Uayeyab ofrescian una cabeça de un pavo, y empanados de codornices y otras cosas y su bevida.
Otros se sacavan sangre y untavan con ella la piedra del demonio Zac-Acantun y tenianse assi los idolos los dias que avia hasta el año nuevo, y saumavanlos con sus saumerios hasta que llegado el dia postrero llevavan a Yzamna al templo y a Zac-u-Uayeyab a la parte del poniente a echarle por ay para recibirla otro año.
Las miserias que tenian este año si eran negligentes en estos sus servicios eran desmayos y amortecimientos y mal de ojos. Tenianle por ruyn año de pan, y bueno de algodon. Este año en que la letra dominical era Yx, y el Bacab Zacciui reynava, tenian por ruyn año, porque dezian avian de tener en el miserias muchas, ca dezian avian de tener gran falta de agua, y muchos soles, los quales avian de secar los maizales, de que se les seguiria gran hambre, y de la hambre hurtos, de hurtos esclavos, y vender a los que los hiziessen. Desto se les avian de seguir discordias y guerras entre si propios o con otros pueblos. Dezian tambien avia de aver mudança en el mando de los señores o de los sacerdotes, por razon de las guerras y discordias.
Tenian tambien un pronostico de que alguños de los que quisiessen ser señores no prevalescerian. Dezian ternian tambien langosta, y que se despoblarian muchos de sus pueblos de hambre. Lo que el demonio les mandava hazer para remedio destas miserias las quales todas o algunas dellas entendian les vernian, era hazer un idolo que llamavan Cinch-Ahau Yzamna, y ponerle en el templo, donde le hazian muchos saumerios y muchas ofrendas y oraciones, y derramamientos de su sangre, con la qual untavan la piedra de Zac-Acantun demonio. Hazian muchos vailes, y vailavan las viejas como solian, y en esta fiesta hazian de nuevo un oratorio pequeño al demonio, o le renovavan, y en el se juntavan a hazer sacrificios y offrendas al demonio, y a hazer una solemne borachera todos; ca era fiesta general y obligatoria. Avia algunos santones que de su voluntad, y por su devocion hazian otro idolo como el de arriba y le ponian en otros templos, donde se hazian ofrendas y borachera. Estas boracheras y sacrificios tenian por muy gratos a sus idolos, y por remedios para librarse de las miserias del pronostico.
§ XXXVII.—Sacrifices de l’année nouvelle au signe d’Yx. Pronostics sinistres; comment on en conjurait les effets.
L’année dont la lettre dominicale était Yx et le présage Zac-Ciui, l’élection du chef qui célébrait la fête étant terminée, ils fabriquaient l’image du dieu appelé Zac-u-Uayeyab et la portaient aux massifs de pierre où ils avaient laissé l’autre, l’année d’avant. Ils modelaient une statue du dieu Yzamna et la plaçaient dans la maison du chef, après quoi, par une rue ornée, suivant la coutume, ils se rendaient dévotement à l’image de Zac-u-Uayeyab. A leur arrivée, ils l’encensaient comme l’autre fois et y coupaient le cou à une poule; l’image ayant été mise ensuite sur un brancard, appelé Zachia, ils l’emportaient dévotement, l’accompagnant de danses nommées Alcabtan-Kam-Ahau. On leur portait la boisson accoutumée dans le chemin, et, en arrivant à la maison, ils colloquaient l’image devant celle d’Yzamna et lui faisaient leurs oblations, pour les partager ensuite: à la statue de Zac-u-Uayeyab, ils présentaient une tête de dindon, des pâtés de cailles, des boissons diverses, etc.
Comme toujours, il y en avait parmi les spectateurs qui se tiraient du sang, dont ils oignaient la pierre du dieu Zac-Acantun. De cette manière, ils gardaient les idoles durant les jours précédant l’année nouvelle, et les encensaient suivant leurs coutumes jusqu’au dernier: alors ils portaient Yzamna au temple et Zac-u-Uayeyab à l’orient de la ville, l’y laissant jusqu’à l’année suivante.
Les misères auxquelles ils étaient exposés cette année, s’ils venaient à négliger ces diverses cérémonies, étaient des défaillances, des pamoisons et des maux d’yeux. Ils la tenaient pour une année mauvaise quant au pain, mais abondante en coton. C’était celle qu’ils signalaient avec le caractère Yx et où dominait le Bacab Zac-Ciui[163], qui n’annonçait rien de bien bon: suivant leur manière de voir, l’année devait entraîner des calamités de toute espèce, un grand manque d’eau, des jours où le soleil serait d’une ardeur excessive, qui dessécherait les champs de maïs; la conséquence en serait la famine; de la famine naîtraient les vols et des vols l’esclavage pour ceux qui s’en rendraient coupables. Tout cela, naturellement, devait être la source de discordes et de guerres intestines entre les citoyens et entre les villes. Ils ajoutaient qu’en l’année, marquée par ce signe, il arrivait d’ordinaire aussi des changements dans les princes ou les prêtres, par suite des guerres et des discordes.
Un autre pronostic qu’ils avaient également, c’est que quelques-uns de ceux qui recherchaient le commandement, n’arriveraient pas à leurs fins. Cette année était signalée parfois aussi par une irruption de sauterelles, dont la conséquence serait la famine et la dépopulation d’un grand nombre de localités. Pour remédier à ces calamités, qu’ils craignaient du tout ou en partie, ils fabriquaient, à l’instigation du démon, la statue d’une idole nommée Kinch-Ahau-Yzamna; ils la plaçaient dans le temple où ils lui offraient toutes sortes d’encens et d’oblations, se tirant du sang dont ils frottaient la pierre du dieu Zac-Acantun. Ils exécutaient diverses danses, les vieilles dansant comme de coutume: dans cette fête ils faisaient à neuf un petit oratoire au démon; ils s’y réunissaient pour lui offrir des sacrifices et lui faire des présents, et terminaient par une orgie solennelle où tout le monde s’enivrait; car cette fête était générale et obligatoire. Il y avait également quelques fanatiques qui, de leur propre volonté et par dévotion, fabriquaient une autre idole, comme celle dont il est parlé plus haut, qu’ils portaient dans d’autres temples, lui faisant des offrandes et s’enivrant en son honneur. Ils regardaient ces orgies et ces sacrifices comme très-agréables à leurs idoles et comme des préservatifs capables de conjurer les calamités dont ils se croyaient menacés.
§ XXXVIII.—Sacrificios del año nuevo en la letra Cauac. Pronosticos malos y su remedio en el baile del fuego.
El año que la letra dominical era Cauac y el aguero Hozanek, hecha la elecion del principal, para celebrar la fiesta hazian la imagen del demonio llamado Ekuvayeyab, y llevavanla a los montones de piedra de la parte del poniente, donde el año passado la avian echado. Hazian tambien una estatua a un demonio llamado Uacmitun-Ahau, y ponianla en casa del principal en lugar conveniente, y desde alli ivan todos juntos al lugar donde la imagen de Ekuvayeyab estava, y tenian el camino para ello muy adereçado; llegados a ella saumavanla el sacerdote y los señores, como solian y degollavanle la gallina. Esto hecho, tomavan la imagen en un palo que llamavan Yaxek, y ponianle acuestas a la imagen una calabera y un hombre muerto y en cima un paxaro cenicero llamado kuch, en señal de mortandad grande, ca por muy mal año tenian este.
Llevavanla despues desta manera, con su sentimiento y devocion, y bailando algunos vailes, entre los quales vailavan uno como cazcarientas y assi le llamavan ellos Xibalba-Okot, que quiere dezir baile del demonio. Llegavan al camino los escancianos con la bevida de los señores, la qual bevida llevavan al lugar de la estatua Uacmitun-Ahau, y ponianle alli en frente la imagen que traian. Luego començavan sus ofrendas, saumerios y oraciones, y muchos derramavan la sangre de muchas partes de su cuerpo, y con ella untavan la piedra del demonio llamado Ekel-Acantun, y assi passavan estos dias aciagos, los quales passados, llevavan a Uacmitun-Ahau al templo, y a Ekuvayeyab a la parte de medio dia, para recibirla otro año.
Este año en que la letra era Cauac y reynava el Bacab-Hozanek tenian, allende de la pronosticada mortandad, por ruyn, por que dezian les avian los muchos soles de matar los maizales, y comer las muchas hormigas lo que sembrassen y los paxaros, y porque esto no seria en todas partes avria en algunos comida, la qual avrian con gran trabajo. Haziales el demonio para remedio destas miserias hazer quatro demonios llamados Chichac-Chob, Ek-Balam-Chac, Ahcan-Uolcab, Ahbuluc-Balam, y ponerlos en el templo donde los saumavan con sus saumerios, y les ofrecian dos pellas de una leche o resina de un arbol que llaman kik, para quemar y ciertas iguanas y pan y una mitra y un manojo de flores, y una piedra preciosa de las suyas. Demas desto, para la celebracion desta fiesta, hazian en el patio una grande boveda de madera, y henchianla de lena por lo alto y por los lados, dexandole en ellos puertas para poder entrar y salir. Tomavan despues los mas hombres de hecho sendos manojos de unas varillas muy secas y largas atadas, y puesto en lo alto de la leña un cantor, cantava y hazia son con un atambor de los suyos, vailavan los de abaxo todos con mucho concierto y devocion, entrando y saliendo por las puertas de aquella boveda de madera, y assi vailavan hasta la tarde, que dexando alli cada uno su manojo, se ivan a sus casas a descansar y comer.
En anocheciendo volvian y con ellos mucha gente, porque entre ellos esta cerimonia era muy estimada y tomando cada uno su hacho lo encendian y con ellos cada uno por su parte pegavan fuego a la leña, la qual ardia mucho y se quemava presto. Despues de hecho toda braza, la allanavan y tendian muy tendida y juntos los que avian bailado, avia algunos que se ponian a passar descalços y desnudos como ellos andavan por encima de aquella braza de una parte a otra y passavan algunos sin lesion, otros abraçados, y otros medio quemados, y en esto creian estava el remedio de sus miserias y malos agueros, y pensavan era este su servicio muy agradable a sus dioses. Esto hecho se ivan a bever y hazerse cestos, ca assi lo pedia la costumbre de la fiesta, y el calor del fuego.
§ XXXVIII.—Sacrifices de l’année nouvelle au signe de Cauac. Pronostics sinistres, conjurés par la danse du feu.
L’année dont la lettre dominicale était Cauac et le présage Hozanek, après qu’on avait élu le chef de la fête, on fabriquait pour la célébrer l’image du dieu nommé Ek-u-Uayeyab: on la portait aux massifs de pierre du côté du couchant, où on l’avait laissée l’année d’avant. On moulait en même temps la statue d’un dieu appelé Uac-Mitun-Ahau, que l’on plaçait, comme d’ordinaire, dans le lieu le plus convenable de la maison du chef. De là ils se dirigeaient tous ensemble à l’endroit où se trouvait l’image d’Ek-u-Uayeyab, ayant soin préalablement d’orner le chemin: en arrivant, les seigneurs et le prêtre l’encensaient, suivant l’usage, et coupaient le cou à une poule. Cela fini, ils prenaient la statue sur un brancard nommé Yaxek[164], en lui mettant sur les épaules une calebasse avec un homme mort, et par-dessus un oiseau cendré, qu’ils appelaient Kuch[165], en signe de grande mortalité; car cette année était tenue pour fort mauvaise.
Ils l’emportaient ensuite de cette manière, avec une dévotion mêlée de tristesse, en exécutant quelques danses, entre lesquelles il y en avait une qui était comme les crottées[166], qu’ils appelaient Xibalba-Okot, ce qui signifie danse des démons[167]. Dans l’intervalle, les échansons arrivaient avec la boisson des seigneurs, que ceux-ci buvaient au lieu où était la statue de Uac-Mitun-Ahau et mettaient vis-à-vis d’elle l’image dont ils étaient chargés. Aussitôt commençaient les oblations, les encensements et les prières; un grand nombre se tiraient du sang de diverses parties du corps et en oignaient la pierre de l’idole, appelée Ekel-Acantun. Ainsi passaient les jours néfastes, à la suite desquels on portait Uac-Mitun-Ahau au temple et Ek-u-Uayeyab du côté du midi, où on devait le retrouver l’année suivante.
Cette année, signalée par le caractère Cauac et où dominait le Bacab-Hozanek, outre la mortalité dont elle était menacée, était particulièrement regardée comme fatale: on disait que les ardeurs extrêmes du soleil détruiraient les plantations de maïs, sans compter la multiplication des fourmis et des oiseaux qui allaient dévorer le reste des semailles; cependant, ajoutait-on, ces calamités ne devant pas être tout à fait générales, il y aurait quelques endroits où l’on trouverait des subsistances, quoique avec un grand travail. Pour conjurer ces fléaux, ils faisaient, à l’instigation du démon, quatre idoles nommées Chichac-Chob, Ekbalam-Chac, Ahcan-Uolcab et Ahbuluc-Balam[168]: après les avoir colloquées dans le temple, où ils les encensaient, comme de coutume, ils leur présentaient deux pelotes de la résine nommée kik, afin de les brûler, quelques iguanes, du pain et une mitre, avec un bouquet de fleurs et une pierre dont ils faisaient grand cas. En outre, ils élevaient, pour la célébration de cette fête, une grande voûte de bois dans la cour, la remplissant de bois à brûler en haut et sur les côtes, en y laissant toutefois des issues pour pouvoir entrer et sortir. La plupart des hommes prenaient ensuite, chacun en particulier, des faisceaux de longues baguettes fort sèches, et, tandis qu’un musicien, monté au sommet du bûcher, chantait en battant du tambour, tous dansaient avec beaucoup d’ordre et de dévotion, entrant et sortant l’un après l’autre de dessous le bûcher; ils continuaient ainsi à danser jusqu’au soir que, laissant leurs faisceaux, ils rentraient chez eux pour se reposer et manger.
A la nuit tombante, ils retournaient accompagnés de beaucoup de monde; car cette cérémonie était tenue en grande estime parmi eux. Chacun, prenant alors son faisceau, l’allumait et mettait le feu au bûcher, qui prenait aussitôt et brûlait rapidement[169]. Du moment qu’il n’y avait plus qu’un brasier, ils l’étendaient au large, et ceux qui avaient dansé se réunissaient à l’entour: les uns se mettaient à passer pieds nus sur la braise ardente, les autres à courir d’un bord à l’autre, plusieurs réussissant à faire la traverse sans aucun mal, plusieurs se brûlant en partie ou en totalité, s’imaginant ainsi conjurer les fléaux qu’ils redoutaient et détourner l’effet des pronostics sinistres de l’année, dans la persuasion que rien ne pouvait être plus agréable à leurs dieux que cette sorte de sacrifice. Cela fini, ils s’en allaient chez eux pour boire et s’enivrer; car ainsi l’exigeaient à la fois et la coutume de la fête et l’ardeur du feu.
§ XXXIX.—Esplica el autor varias cosas del calendario. Su intento al dar estas noticias.
Con las letras de los indios puestas atras en el capitulo CX, ponian a los dias de sus meses nombres, y de todos juntos los meses hazian un modo de calendario, con el qual se reglan assi para sus fiestas como para sus cuentas y tratos y negocios, como nosotros nos regimos con el nuestro, salvo que no començavan el primero dia de su calendario en el primero dia de su año, sino muy adelante; lo qual hazian por la dificultad con que contavan los dias de los meses todos juntos, como se vera en el proprio kalendario que aqui porne; porque aunque las letras y dias para sus meses son XX, tienen en costumbre de contarlas desde una hasta XIII. Tornan a començar de una despues de las XIII, y assi reparten los dias del año en XXVII trezes y IX dias sin los aciagos.
Con estos retruecanos y embaraçosa cuenta es cosa
de ver la liberalidad con que los que saben cuentan
y se entienden, y mucho de notar que salga siempre
la letra que es dominical en el primero dia de su año,
sin errar ni faltar, ni venir a salir otra de las XX alli.
Usavan tambien deste modo de contar para sacar destas
letras cierto modo de contar que tenian para las
edades y otras cosas que aunque son para ellos curiosas,
no nos hazen aqui mucho al proposito; y por
esso se quedaran con dezir que el caracter o letra de
que començava su cuenta de los dias o kalendario, se
llama Hun-Ymix y es este
el qual no tiene dia
cierto ni señalado en que caiga. Porque cada
uno le muda la propia cuenta y contado
esso no falta el salir la letra que viene por dominical
el primero del año que se sigue.
El primer dia del año desta gente era siempre a XVI dias de nuestro mes de julio, y primero de su mes de Popp, y no es de maravillar que esta gente, aunque simple que en otras cosas les emos hallado curiosidad en esta la tuviessen tambien, y opinion como la an otras naciones tenido; ca segun la glossa sobre Ezechiel henero es segun los Romanos el principio del año, segun los Hebreos abril, segun los Griegos março y segun los Orientales octubre. Pero aunque ellos comiençan su año en julio, yo no porne aqui su Kalendario sino por la orden del nuestro y junto con el nuestro, de manera que iran señaladas nuestras letras y las suyas, nuestros meses y los suyos, y su cuenta de los trezes sobre dichos, puesta en cuenta de guarismo.
Y porque no aya necessidad de poner en una parte el calendario y en otra las fiestas, porne en cada uno de sus meses sus fiestas, y las observancias y cerimonias, con que las celebravan, y con esto cumplire lo que en algunas partes atras e dicho que hare su calendario, y en el dire de sus ayunos y de las cerimonias con que hazian los idolos de madera y otras cosas, las quales todas y las demas que desta gente e aqui tratado no es mi entento sirvan de mas de materia de alabar a la bondad divina que tal ha sufrido y tal ha tenido por bien de remediar en nuestros tiempos; para que advirtiendolo con entrañas christianas le suplique mas por su conservacion y aprovechamiento en buena christiandad, y los que a cargo lo tienen, lo favorescan y ayuden, porque, por sus peccados desta gente o los nuestros no les falte el ayuda, o ellos no falten en lo començado, y assi buelvan a sus miserias y gomitos de hierros; y les acaescan las cosas peores que las primeras, tornando los demonios a las casas de sus almas, de donde con trabajoso cuidado hemos procurado echarlos, limpiandoselas y barriendolas de sus vicios y malas costumbres passadas. Y esto no es mucho temerlo, viendo la perdicion que tantos años ay en toda la grande y muy christiana Asia, y en la buena y catholica y augustissima Africa, y las miserias y calamidades que el dia de oy passan en nuestra Europa, y en una nacion y casas por lo qual podriamos dezir se nos an cumplido las evangelicas prophecias sobre Iherusalem, de que la cercarian sus enemigos y ensangostarian y apretarian tanto que la derrocassen por tierra. Y esto ya lo avria Dios permittido segun somos, sino que no puede faltar su yglesia ni lo que della dixo: Nisi Dominus reliquisset semen, sicut Sodoma fuissemus.
§ XXXIX.—Explications de l’auteur sur le calendrier yucatèque. Son dessein, en écrivant ces diverses notices.
Avec les caractères de ces Indiens, placés plus bas au chapitre CX[170], ils imposaient aux jours de leurs mois des noms, et de tous les mois réunis ils formaient une sorte de calendrier, à l’aide duquel ils se réglaient tant pour leurs fêtes que pour leurs comptes, contrats et affaires, ainsi que nous le faisons avec le nôtre. Il y avait toutefois cette différence que le premier jour de leur année ne s’accordait pas avec le premier du calendrier, qu’ils laissaient bien en arrière[171]. Elle provenait de la difficulté avec laquelle ils comptaient les jours de leurs mois tous ensemble, comme on le verra dans le calendrier que je joindrai ici: car, encore que les caractères et jours de leurs mois soient au nombre de vingt, ils ont la coutume de ne les compter que de un à treize; ils recommencent ensuite à compter après ces treize, partageant ainsi les jours de l’année en vingt-sept trezaines et neuf jours, sans compter les supplémentaires.
Malgré ces retours périodiques et cette computation
embarrassante, c’est une chose merveilleuse
de voir avec quelle rapidité ceux qui sont au courant
savent compter et s’entendre; ce n’est pas
une chose moins notable, que la lettre qui est la
dominicale est toujours celle qui sort avec le premier
jour de leur année, sans manque ni erreur,
et sans qu’il en vienne aucune autre des vingt dont
se compose le mois[172]. Ils se servaient aussi de
cette manière de compter, pour établir une sorte de
computation des cycles et d’autres choses qui, bien
qu’intéressantes pour eux, ne le sont pas pour notre
sujet: nous nous bornerons donc à dire que la lettre
ou le caractère avec laquelle commençait leur computation
des jours ou calendrier, s’appelle Hun-Ymix,
qui est celui-ci:
il n’y a du reste aucun jour
particulièrement signalé où il doive tomber[173];
car chacun modifie son propre
compte, et, avec tout cela, la lettre qui doit être la
dominicale ne manque jamais de venir pour la première
de l’année à suivre.
Le premier de l’année, chez les Yucatèques, était invariablement le seizième jour de notre mois de juillet, premier de leur mois Popp: il n’y a pas de quoi s’étonner que cette nation, chez qui nous avons trouvé, malgré sa simplicité, des connaissances de diverse nature, ait possédé également celle-là, puisque nous voyons que d’autres peuples l’ont eue; car, selon la glose sur Ezéchiel[174], janvier est, suivant les Romains, le commencement de l’année; suivant les Hébreux, c’est avril; suivant les Grecs, mars, et selon les Orientaux, octobre. Mais, quoique ceux de ce pays commencent leur année en juillet, je ne mettrai toutefois ici leur calendrier que suivant l’ordre du nôtre, auquel je le joindrai, de manière à ce que nos lettres et les leurs soient signalées ensemble, nos mois et les leurs, ainsi que leur compte de treizaines, dans l’ordre de leur progression[175].
Mais, comme il n’y a aucune nécessité de placer en un endroit le calendrier et dans un autre les fêtes, je joindrai celles-ci à chacun de leurs mois, avec les observances et cérémonies qui en accompagnaient la célébration, gardant ainsi la promesse que j’ai faite ailleurs de donner leur calendrier: je dirai avec quels jeûnes et quels rites ils fabriquaient leurs idoles de bois, ainsi que d’autres choses; bien entendu que toutes ces notions, ainsi que celles que j’ai déjà données sur ce pays, n’ont d’autre fin, dans mon esprit, que de rendre grâces à la bonté divine qui les a tolérées et a tenu à bien d’y remédier en notre temps. C’est pour cela qu’y portant notre attention avec des entrailles chrétiennes, nous la supplions pour ces peuples, pour leur conservation et leur avancement dans la bonne doctrine du christianisme, et pour que ceux qui ont la charge de leurs âmes, les favorisent et les aident, afin que, pour leurs propres péchés ou les nôtres, le secours ne vienne pas à leur manquer, ou qu’ils ne tombent pas dans la voie, après avoir commencé à y marcher, et qu’ainsi ils ne retournent point aux misères et aux vomissements de leurs erreurs; que leur condition ne soit pas pire qu’auparavant, par le retour des démons aux maisons de leurs âmes, d’où nous avons travaillé si péniblement à les chasser, les purifiant de leurs vices et de leurs mauvaises coutumes passées. Et ce n’est certes pas trop nous avancer que d’exprimer une telle crainte, quand nous voyons la perdition qu’il y a depuis tant d’années dans la grande et chrétienne Asie, ainsi que dans la bonne, catholique et très-auguste Afrique, les misères et calamités qui aujourd’hui affligent notre Europe, dans une nation et des maisons, dont nous pourrions dire en effet que se sont accomplies à notre égard les prophéties évangéliques sur Jérusalem[176]; que ses ennemis l’environneraient de toutes parts et la presseraient jusqu’à ce qu’elle tombât par terre. Or, tout cela Dieu l’aurait déjà permis, sinon que son Église ne peut manquer, non plus que ce qui est dit d’elle: Nisi Dominus reliquisset semen, sicut Sodoma fuissemus.