Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face: Histoire d'une âme écrite par elle-même
Quinze jours après, je la ramenai chez moi. Depuis longtemps elle a repris son travail, ne sent point de malaises, mange bien, en un mot se sent guérie.
L'abbé B., curé.
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58.
X., Turquie d'Asie, 18 octobre 1909.
Je soussigné, pour la plus grande gloire de Dieu et la glorification de ses saints, déclare ce qui suit:
Au mois de juin dernier, ma belle-sœur, se trouvant dans son cinquième mois, reçut un sérieux coup de la part de son premier enfant âgé de deux ans qui, tout en s'amusant, se précipita sur elle. Il s'ensuivit des douleurs tellement vives que le docteur, appelé en toute hâte, déclara qu'il y avait à craindre sur l'heure un terrible accident ou bien que l'enfant naîtrait estropié.
Je recommandai aussitôt la chère malade et son enfant aux prières des religieuses carmélites de cette ville, qui demandèrent à Dieu la guérison de la mère en même temps que le parfait état de l'enfant, par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, morte en odeur de sainteté au Carmel de Lisieux. En même temps, elles me remirent pour la malade un morceau de vêtement de ladite sainte.
Aussitôt que la relique fut appliquée sur le mal, les douleurs cessèrent et la mère se leva le lendemain pour reprendre ses occupations habituelles.
Depuis, tout marcha bien et jamais plus douleur ne reparut. La mère était sauvée... Restait à examiner l'état de l'enfant.
Ce fut une fillette qui vint au monde le 13 octobre, dans un parfait état de santé et nullement estropiée, au grand étonnement du docteur. En signe de reconnaissance, toute la famille a décidé à l'unanimité que l'enfant portera le nom entier de «Thérèse de l'Enfant-Jésus».
Abbé X.
Aumônier du Carmel de X.
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59.
Rome, 30 octobre 1909.
En lisant la brochure des faveurs attribuées à l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, j'ai pensé qu'un petit chapitre y manquait: celui de ma guérison spirituelle qui, à mon avis, est un grand miracle. Je vais le dire le plus brièvement possible:
Ma pauvre âme répondait en tout au portrait de ce qu'on pourrai appeler d'une manière générale, l'âme moderne: ténèbres de l'esprit et sentimentalité maladive et non moins pénible du cœur.
J'avais reçu une de ces formations si communes de nos jours, où tout est superficiel, où, comme le disait un religieux éminent, l'on croirait trouver l'élément du semi-pelligianisme. C'est une étude continuelle, énervée de soi, et un oubli complet de la grâce. Il arrive alors que les meilleures volontés succombent, se croyant seules à lutter contre la mauvaise nature.
Il faut connaître cet état par expérience, ma Révérende Mère, pour pouvoir s'en faire une idée exacte. Aujourd'hui que Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus a donné la paix à mon âme, je puis jeter un regard sur ce passé et en comprendre toutes les misères.
Ce que j'ai souffert pendant ma première année de noviciat, je renonce à vous en parler. Je crois tout dire en vous assurant que ce fut un martyre perpétuel.
Le scrupule avait formé en moi comme une seconde nature, mon esprit voyait tout en noir. C'était la nuit, nuit horrible, nuit que je sentais et que je me voyais impuissant à éviter. On ne marche pas impunément dans les ténèbres, dans un chemin composé d'une suite de précipices; aussi ma pauvre âme tomba à diverses reprises dans des abîmes de misères. Jésus le permit sans doute pour mieux manifester un jour la puissance de sa petite épouse, car le salut devait me venir par elle.
Je souffrais toujours beaucoup lorsque «l'Histoire d'une âme» arriva providentiellement dans notre monastère. Je voulus la lire à mon tour, et cette lecture produisit en mon esprit une telle impression qu'un rayon d'espérance vint éclairer les ténèbres de mon âme.
Sachant que je ne pouvais garder le livre, je m'empressai de prendre des notes car je crus voir là comme l'aurore de ma délivrance. C'était bien cela en effet. Cette petite «reine» venait d'étendre son royaume jusque dans ma pauvre âme, et elle agit en vraie souveraine dans le royaume qu'elle venait de conquérir. Elle commença en moi un travail de transformation qui, en peu de temps, allait remplacer une vie de trouble et de souffrances par une autre toute de paix et de joie sainte.
La première parole qui sortit des lèvres de mon vénéré Père Abbé, en constatant par lui-même l'action toute divine de cette élue de Dieu sur moi, fut un conseil pressant de vous le faire savoir afin que cela pût servir à la gloire de celle que j'appelle ma libératrice, la vraie mère de mon âme...
Rd P. X.
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60.
N. (Aube), 2 novembre 1909.
Le 2 août dernier, mon petit garçon, âgé de cinq ans, fut atteint d'une péritonite à la suite de la rougeole. Malgré les soins du médecin, l'enfant s'affaiblissait de jour en jour de sorte qu'on craignait pour la poitrine. Il avait une forte fièvre, un point douloureux au côté et était devenu d'une extrême maigreur.
Au bout de deux mois, le médecin ayant déclaré qu'il n'y avait ni médecin, ni médicament capable de le guérir, on eut recours à un spécialiste qui ne fit que confirmer le diagnostic du docteur, ne nous cachant pas que l'enfant était perdu, et que la seule chose à tenter était le grand air et la suralimentation. Nous comprenions qu'un miracle seul pouvait le sauver.
Madame la Supérieure du Carmel de X. nous conseilla de faire une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, dont elle avait éprouvé pour elle-même la puissante intercession.
Dieu nous a exaucés! Le huitième jour de notre neuvaine, le cher enfant se lève, l'appétit revient, et l'obstruction intestinale disparaît, c'est une véritable résurrection.
Quelle reconnaissance ne devons-nous pas à Sr Thérèse! Que Dieu nous accorde sa prompte béatification afin qu'elle soit connue et aimée de tous!
A. R.
Suit le certificat du médecin.
Rd P. X.
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61.
Carmel de V. (Espagne), 7 novembre 1909.
Pour comprendre combien je suis redevable à votre chère petite Sainte, vous devez savoir de quel mal elle m'a guérie; je vous confierai donc mon secret afin que vous rendiez grâces à Dieu qui seul peut opérer de pareils changements.
Depuis plus de six années, je souffrais d'une tentation terrible qui semblait vouloir empoisonner toute ma vie religieuse. Si heureuse pourtant dans ma vocation, je me demandais souvent si je ne m'étais pas trompée et à quoi me servirait ma vie austère de Carmélite, si je n'avais en perspective qu'une éternité de tourments, car je croyais déjà mon arrêt de damnation prononcé!... Ces suggestions entravèrent mes élans vers Dieu que je n'osais plus regarder comme mon Père, mais comme un juge terrible et irrité.
Pendant cette dernière année 1909, à cet état d'âme si pénible vinrent se joindre des souffrances physiques continuelles qui rendaient les épreuves morales encore plus insupportables. C'est alors que je commençai une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus pour obtenir ma double guérison.
Au matin du deuxième jour, je la sentis près de moi, infusant dans mon âme, avec cette paix qui surpasse tout sentiment, un ardent désir de ma sanctification, une volonté ferme de ne plus vouloir que celle de Dieu. Ma céleste libératrice opérait en moi une transformation telle que, depuis lors, l'ombre même de la défiance ne m'a plus effleurée.
Cette grâce ne peut s'exprimer.
Sr X.
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62.
S. M., Portugal, 14 novembre 1909.
Au commencement du mois de mai, mon frère s'était fait mal à la jambe et la blessure, d'abord insignifiante, devint de plus en plus grande et prit un aspect horrible: elle allait du genou au pied. Il souffrait de grandes douleurs, et tous les jours le mal devenait plus grave. Ce qui nous faisait perdre courage, c'était l'exemple de notre oncle, affligé, depuis bien des années, d'une semblable blessure qu'on n'a jamais pu guérir... Je me suis alors tournée avec confiance vers Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Nous fîmes trois neuvaines de suite, et, à la dernière, la jambe fut guérie.
J. M. de B.
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63.
D., Sénégal, 18 novembre 1909.
Vers la mi-janvier 1909, je fus pris d'un chagrin immense, d'une tristesse et d'un abattement insupportables.
J'avais perdu tout appétit, toute gaieté, je maigrissais à vue d'œil, le temps me paraissait ne pas s'écouler; et, ne prenant de plaisir absolument à rien, la neurasthénie vraiment horrible qui m'étreignait me rendait l'existence d'une amertume que pourront comprendre seuls ceux qui ont subi les effets de cette mauvaise maladie...
Je m'adressai au Sacré-Cœur de Jésus, à Notre-Dame de Lourdes, les suppliant de faire cesser cet état de découragement si profond et cette lassitude dont je ne pouvais m'affranchir.
Pendant quatre longs mois, le ciel sembla demeurer sourd à mes prières et à mes supplications, et je songeais à me faire rapatrier du Sénégal, quand, vers les premiers jours du mois de Marie, je me pris à rougir de mon manque d'énergie, je me sentis pris d'un grand courage pour réagir contre mon état mental, cause de tous les maux dont je souffrais. Les forces me revinrent avec l'appétit: la neurasthénie avait totalement disparu. La vie me réapparut pour ainsi dire belle et pleine de charmes.
Le 17 mai, je reçus de ma famille une lettre où l'on m'annonçait que l'on avait commencé et même terminé, à mon intention, une neuvaine en l'honneur de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, carmélite, morte en 1897, en odeur de sainteté, au Carmel de Lisieux.
Je dois dire que mes souffrances morales ont pris fin vers les premiers jours de mai, c'est-à-dire précisément au moment où commençait la neuvaine en l'honneur de la sainte carmélite.
Je délivre cette attestation en reconnaissance de la faveur obtenue.
O. B., officier.
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64.
N. (Alpes-Maritimes), 21 novembre 1909.
Très Révérende Mère,
Je viens accomplir un devoir bien doux que m'impose ma conscience, en vous écrivant ces quelques lignes.
Atteint depuis plus de vingt ans d'une maladie d'estomac, je croyais être au terme d'une longue durée de souffrances, car, au mois de juillet dernier, mon mal empira d'une façon inquiétante et mon docteur ne conservait qu'un bien faible espoir. Les médications n'opéraient plus et ne m'apportaient aucun adoucissement. L'appétit était nul et je n'avais plus de sommeil. Les professeurs et élèves devaient partir, vers le 8 juillet, en colonie de vacances, et j'avais depuis longtemps renoncé au plaisir de les suivre, tant j'étais épuisé, puisque mon pauvre estomac ne pouvait plus supporter la moindre nourriture, même quelques gorgées de lait.
Je reçus alors la visite d'un jeune séminariste qui me parla, en termes très émus, de la dévotion à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus; il me proposa de m'associer à une neuvaine de prières faites au Carmel pour ma guérison. Je priai avec toute la confiance que m'avait inspirée mon ami, et le 6 juillet, au soir, je demandai à la «petite reine» de pouvoir dormir jusqu'au lendemain, cinq heures.
Moi qui ne dormais plus, je ne me réveillai le lendemain qu'à l'heure fixée. Mieux encore: l'appétit était revenu, et le 8 juillet, au matin, je partis pour un long voyage.
Quinze jours après, je pus suivre une excursion et faire 40 km. à pied dans une seule journée! Bien des amis qui m'avaient vu si près de la mort témoigneraient volontiers aujourd'hui du miracle de ma guérison.
Je fais des vœux pour que Sr Thérèse soit connue, vénérée et bientôt glorifiée sur nos autels.
A. H., professeur.
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65.
A., 9 décembre 1909.
Ma Révérende Mère,
Je suis chargée par une de mes amies de vous écrire le fait suivant.
Avant de commencer, permettez-moi de vous donner quelques détails pour vous la faire connaître:
Mme X. est protestante; sa fille, mariée à un Hollandais catholique, a fait son abjuration et sa première communion depuis son mariage; ce jeune ménage habite Buenos-Ayres.
Au commencement de cette année, mon amie vous écrivit, vous demandant un livre de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, car elle voulait faire une neuvaine à cette petite sainte; elle avait appris que sa fille était malade et, en même temps, elle recevait la nouvelle que son gendre se disposait à revenir en Hollande pour recevoir un dernier adieu de son père mourant. Cette pensée était pour elle une véritable épreuve, sachant loin d'elle sa fille restée seule et malade.
Chaque jour de la neuvaine, Mme X. lisait un chapitre de la vie de Sr Thérèse. Or, un jour qu'elle venait d'achever sa lecture, après avoir senti plusieurs fois une odeur de fleurs et d'encens, elle voit tout à coup devant elle une mer bleue, sur laquelle voguait un bateau qu'elle reconnut pour être un de ceux de la Compagnie hollandaise; en même temps elle entendit comme des bruits de cloches et des voix célestes qui la ravissaient. Cela dura quelques instants, puis tout cessa... «Qu'est-ce que ceci?!...» se dit-elle.
Elle ne parla d'abord à personne de ce qui venait de lui arriver; mais au bout de quelques jours, elle dit à son mari: «Nous avons la certitude que notre gendre est en route; mais si toute la famille revient, notre gendre, notre fille, notre petit-fils, je puis te dire que mes idées religieuses seront changées: je croirai à la communion des saints, car voilà ce que, pendant ma neuvaine, j'ai vu et entendu.»
Les choses s'étant réalisées à la lettre, Mme X. a tenu sa promesse, elle croit maintenant à la communion des saints.
Elle-même veut signer cette lettre que je vous écris en son nom.
Veuillez, etc...
C. Th. de C.
Après avoir lu la lettre de mon amie, j'affirme que c'est la vérité.
D. B.-P.
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66.
L. (Calvados), 16 décembre 1909.
Voilà quinze jours, une jeune parente, âgée de vingt-deux ans, descendait chez moi pour se faire opérer d'une fistule. Je lui donne à lire les faveurs attribuées à votre petite sainte; et, profondément touchée de ces guérisons, elle se recommande elle-même avec confiance à votre chère sœur.
Nous commençons ensemble une neuvaine et, le jeudi 9 novembre, la malade voulut faire un pèlerinage sur sa tombe. A mesure que nous priions, il nous semblait qu'un petit oignon de fleurs sortait de terre; la malade le prit et, rentrée à la maison, je l'appliquai avec une grande foi sur la fistule qui était grosse comme un œuf.
Le dernier jour de la neuvaine, cette jeune fille était complètement guérie. Depuis, elle fait de longues marches sans se fatiguer et ne souffre plus du tout. Nous ne savons comment exprimer notre reconnaissance à la chère Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, si puissante auprès du bon Dieu.
V. L.
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67.
R. R. (Orne), 10 janvier 1910.
En allant à Lisieux, le 4 août dernier, accomplir un pèlerinage à la tombe de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, je passai à Caen pour consulter un oculiste renommé, car je souffrais beaucoup des yeux. Il me les trouva, en effet, très malades et me condamna à subir une opération dans le délai d'un mois.
Sur la tombe de la petite sainte je fus délivrée de doutes cruels dont je souffrais depuis plusieurs années, je retrouvai la paix de l'âme et je passai des horreurs de l'enfer aux suavités du ciel. Pendant que Sr Thérèse soulevait ainsi la montagne de ma détresse d'âme, j'eus la pensée de lui demander de guérir aussi mes yeux. Je les appuyai sur la croix de sa tombe avec confiance. Il me sembla alors qu'elle y mettait du velours et le mal disparut... Je n'ai fait aucun remède et n'ai point eu à subir d'opération. Je travaille sans fatigue à la lumière, ce que je ne pouvais plus faire.
L. A.
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68.
S. (Mayenne), Il janvier 1910.
Au mois de mai 1909, ma mère tomba très gravement malade et le médecin me dit en particulier: «Votre mère est perdue: elle est atteinte d'un ulcère à l'estomac.» J'étais désolée et ne savais à quel saint la recommander, quand une de mes amies me conseilla de faire une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.
Ma mère avait vomi plusieurs fois un sang noir et fétide; depuis 15 jours, elle ne pouvait plus digérer ni les œufs, ni le lait, et passait des nuits épouvantables.
Le premier jour de la neuvaine, je fis tremper dans l'eau une relique de la petite sainte; ma mère en but et se trouva mieux; le troisième jour elle éprouva, au moment où elle buvait l'eau, quelque chose d'anormal, comme un resserrement subit à l'estomac. Elle était guérie, et, pleine de joie et de confiance, elle se mit à manger du pain et de la viande, ce qu'elle n'avait pas fait depuis quatre mois.
Aujourd'hui, 11 janvier 1910, son parfait état de santé s'est très bien maintenu. Je garde, ainsi que toute ma famille, une profonde reconnaissance à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.
M. H., couturière.
Suit la signature de M. le Curé et de plusieurs autres personnes.
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69.
X., 17 janvier 1910.
J'étais souffrante depuis plusieurs jours d'un grand mal de tête, j'avais de plus mal aux jambes et ne pouvais me tenir debout, de sorte que ma maîtresse m'avait envoyée coucher. Bientôt je fus prise d'une sueur froide et, au bout de deux jours, me sentant de plus en plus malade, je mis la relique de votre chère petite sainte sur mon front. A l'instant même je me sentis guérie. Je me levai et je repris mon travail sans éprouver aucune fatigue.
Mais voici une autre grâce que j'estime bien autrement grande. J'ai demandé à mon confesseur si je pouvais vous la faire connaître. Il m'a répondu que non seulement je le pouvais, mais que c'était un devoir de le faire.
Depuis environ 22 ans, je n'avais pas cessé d'éprouver des doutes contre la foi. J'en étais réduite, la plupart du temps, à aimer le bon Dieu, à le servir, au cas où il existerait. En même temps, j'avais une grande soif de Dieu; de sorte que cette soif de Dieu, avec l'impossibilité de le trouver, me faisait quelquefois penser aux souffrances des damnés dans l'enfer.
Mais depuis que j'ai lu, dans la vie de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, ce qu'elle dit de l'Amour miséricordieux du Seigneur, les doutes se sont enfuis, la reconnaissance et la confiance ont pris tout mon cœur.
Pour remercier la chère petite sainte, j'ai l'intention de prélever sur mes gages ce qui me sera possible, pour aider à faire connaître sa «petite voie d'amour et d'abandon»; ce sera mon humble merci.
De la même; quelques mois plus tard.
Je viens de faire la donation complète de moi-même à votre chère petite sainte. Voici comment: je connais une âme qui, dans son enfance, s'est livrée au démon. Songeant à l'influence que celui-ci avait exercé sur elle, je me suis dit qu'en me donnant à Sr Thérèse, elle n'aurait pas moins de zèle pour ma sanctification que le diable n'en avait eu pour la perte de cette âme.
Après avoir soumis ce projet à mon confesseur qui l'a pleinement approuvé, je me suis livrée totalement et irrévocablement à ma chère sainte pour qu'elle me donne au bon Dieu.
Depuis ce jour, je ne cesse d'éprouver sa bienfaisante influence.
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70.
N. (Oise), 17 janvier 1910.
Mon petit garçon avait été pris de fièvre, points dans le dos, vomissements et violents maux de tête.
Il était ainsi depuis deux jours, quand, lui ayant posé sur la poitrine la relique de votre chère sainte, il se trouva guéri à l'instant même. Il s'est mis alors à tousser et à chanter pour me prouver qu'il n'avait plus aucun mal. Depuis, il ne s'est ressenti de rien.
L. B.
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71.
71.
Monastère de X.. Canada, 18 janvier 1910.
Je venais à peine d'achever la lecture du récit des grâces extraordinaires que Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus accorde de tous côtés, que l'occasion s'est présentée pour moi d'avoir recours à sa puissance sur le divin Cœur de Jésus.
Un de nos frères qui travaille au moulin s'était fait une blessure grave. Il venait de descendre au bas du moulin (à la turbine) lorsqu'il s'aperçoit que quelque dérangement se produisait à l'étage supérieur. Il remonte précipitamment l'escalier, quand tout à coup le couteau qu'il porte toujours suspendu à la ceinture est venu heurter le manche contre le degré de l'escalier, et la lame sur laquelle il a frappé de toute sa force est entrée profondément dans le genou, entre la rotule et le kondyle; cette lame, de 6 centimètres de long, était si fortement engagée que le pauvre frère ne pouvait la retirer. Mais le plus grand mal venait de ce que le sang, au lieu de sortir de la plaie, avait coulé à l'intérieur; le médecin, qui ne se dissimulait pas la gravité du coup, disait que la poche ou récipient à synovie était percé, et il eut grand'peine à faire sortir un peu de sang au dehors; il restait au fond du récipient, ce qui faisait craindre qu'il ne se corrompît et ne formât un abcès. Le docteur décida, que, dans quelques jours, il faudrait seringuer fortement la plaie.
Le travail était urgent au moulin, et personne pour remplacer notre frère meunier. J'eus alors l'inspiration de m'adresser à la chère sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus. Pendant qu'on donnait des soins au blessé, je disais intérieurement: «Puisque vous avez promis de faire descendre du ciel une pluie de roses, laissez tomber une petite feuille de rose sur ce genou.»
Tout le jour, le frère souffrit beaucoup; son estomac ne pouvait rien supporter, pas même du liquide, et il se trouvait toujours près de s'évanouir. Il m'a avoué depuis qu'il avait pensé à me demander les derniers sacrements.—Nuit sans sommeil.—Le lendemain, le bon frère me dit: «J'ai vu Sr Thérèse cette nuit, elle était vêtue de blanc et couronnée de fleurs blanches. Elle passa près de moi et me sourit...»
De fait, la plaie était fermée... plus de douleur, même à forte pression. L'obéissance seule a été capable de retenir le blessé au repos; trois jours après, il a échappé et est revenu au moulin.
Ma reconnaissance et ma confiance sont acquises pour toujours à cette âme privilégiée. Je la prie souvent, et mon grand désir serait d'avoir quelque petit objet qui lui ait appartenu.
Fr. X., prieur.
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72.
Québec, Canada, 18 janvier 1910.
Ma mère souffrait depuis longtemps de vives douleurs à un pied, tellement qu'au mois de décembre, elle n'avait plus d'espoir que dans une opération. Je pris alors une image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus que je plaçai le soir dans le bandage, et le lendemain tout mal avait disparu.
A. B.
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73.
M., Indes, 19 janvier 1910.
Un prodige de grâces s'est opéré par la lecture de la vie de votre aimable sainte.
Cette histoire est tombée entre les mains d'une dame veuve qui a passé toute la nuit à la lire... Le matin, elle était convertie! Accablée de remords, elle s'est confessée, et maintenant elle n'aspire plus qu'à la vie religieuse.
X.
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74.
E., Belgique, 19 janvier 1910.
C'est à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus que j'attribue d'être guérie d'un abcès au foie sans avoir dû subir l'opération jugée nécessaire par plusieurs docteurs. Je l'ai priée avec grande confiance, lui promettant de propager sa dévotion et de faire un pèlerinage à son tombeau si elle m'accordait la grâce demandée.
Aujourd'hui je suis mieux portante qu'avant ma maladie.
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74.
L. S., 9 février 1910.
Un petit garçon de sept ans, qui paraissait possédé du démon, était délaissé par tous les médecins, il criait nuit et jour et déchirait tout son petit corps qui n'était qu'une plaie. Après une neuvaine faite à la sainte Vierge par l'intercession de Sr Thérèse, l'enfant s'est calmé, les cris ont cessé et son corps est redevenu sain[272].
L. L.
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76.
T., Italie, 11 février 1910.
C'est la reconnaissance qui m'amène à vous, ma Révérende Mère, pour vous annoncer une nouvelle grâce reçue au milieu d'innombrables autres moins grandes, mais continuelles, par l'intercession de votre petite sainte.
Une de nos jeunes sœurs de la Maison centrale des Filles de la Charité de T. avait été frappée d'un érésipèle si violent qu'en quatre jours elle fut à toute extrémité.
Profitant d'une lueur d'intelligence au milieu de son douloureux délire, on lui fit recevoir les derniers sacrements.
Nous en étions à ce point quand je me sentis inspiré de recourir à l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Je fis commencer une neuvaine aux petites élèves de la malade et, au troisième jour, notre chère Sœur était hors de danger.
Aidez-nous, ma Révérende Mère, à remercier Sr Thérèse dont la charitable et suave mission se fait sentir au milieu des épines de notre chemin.
D., pr., Directeur de l'Œuvre de...
——
77.
Carmel de Gallipoli, Italie, 25 février 1910.
Ma Révérende Mère,
Le Cœur de Jésus a voulu se servir de moi, la plus indigne de cette communauté, pour faire éclater son infinie miséricorde.
Je vous envoie la relation du miracle accompli en notre faveur. Mais il y a à Rome un grand document signé non seulement de toutes nos Sœurs, mais encore de l'Illme Mgr l'Evêque et d'une commission de Révérends.
Dans la nuit du 16 janvier, je me trouvai très souffrante et préoccupée de graves difficultés[273]. Trois heures venaient de sonner, et, presque épuisée, je me soulevai un peu sur mon lit comme pour mieux respirer, puis je m'endormis et, en rêve, il me semble, je me sentis touchée par une main qui, faisant revenir la couverture sur mon visage, me couvrait avec tendresse. Je crus qu'une de mes Sœurs était venue me faire cette charité, et, sans ouvrir les yeux, je lui dis: «Laissez-moi, car je suis tout en sueur, et le mouvement que vous faites me donne trop d'air.» Alors une douce voix inconnue me dit: «Non, c'est une bonne chose que je fais.» Et continuant de me couvrir: «Ecoutez... le bon Dieu se sert des habitants célestes comme des terrestres pour secourir ses serviteurs. Voilà 500 francs, avec lesquels vous paierez la dette de votre Communauté.»
Je répondis que la dette de la Communauté n'était que de 300 francs. Elle reprit: «Eh bien, le reste sera en plus. Mais comme vous ne pouvez garder cet argent dans votre cellule, venez avec moi.» Comment me lever, étant tout en sueur? pensai-je. Alors la céleste vision, pénétrant dans ma pensée, ajouta souriante: «La bilocation nous viendra en aide.»
Et déjà je me trouvai hors de ma cellule, en compagnie d'une jeune Sœur carmélite dont les habits et le voile laissaient transparaître une clarté de Paradis qui servit pour nous éclairer dans notre chemin.
Elle me conduisit en bas dans l'appartement du tour, me fit ouvrir une cassette en bois où il y avait la note de la dette de la Communauté, et elle y déposa les 500 fr. Je la regardai avec une joyeuse admiration et je me prosternai pour la remercier en disant: «O ma sainte Mère!...» Mais elle, m'aidant à me relever et me caressant avec affection, reprit: «Non, je ne suis pas notre sainte Mère, je suis la servante de Dieu, sœur Thérèse de Lisieux. Aujourd'hui, au Ciel et sur la terre, on fête le Saint Nom de Jésus.» Et moi, émue, troublée, ne sachant que dire, je m'écriai plus encore avec mon cœur qu'avec mes lèvres: «O ma Mère...» mais je ne pus continuer. Alors l'angélique Sœur, après avoir posé sa main sur mon voile comme pour l'ajuster et m'avoir fait une caresse fraternelle, s'éloigna lentement. «Attendez, lui dis-je, vous pourriez vous tromper de chemin.» Mais avec un sourire céleste elle me répondit: «Non, non, MA VOIE EST SÛRE, ET JE NE ME SUIS PAS TROMPÉE EN LA SUIVANT...»
Je m'éveillai et, malgré mon épuisement, je me levai, je descendis au Chœur, et je fis la sainte Communion.
Les Sœurs me regardaient et, ne me trouvant pas comme à l'habitude, elles voulaient faire appeler le médecin. Je passai par la sacristie et les deux sacristines insistèrent beaucoup pour savoir ce que j'avais. Elles aussi voulaient absolument m'envoyer au lit et faire appeler le médecin. Pour éviter tout cela, je leur dis que l'impression d'un rêve m'avait beaucoup émue et je le leur racontai en toute simplicité.
Ces deux religieuses me pressèrent alors d'aller ouvrir la cassette, mais je répondis qu'il ne fallait pas croire aux rêves. Enfin, sur leurs instances, je fis ce qu'elles voulaient: j'allai au tour, j'ouvris la boîte et... j'y trouvai réellement la somme miraculeuse de cinq cents francs!...
Je laisse le reste, ma Révérende Mère, à votre considération.....
Nous toutes, nous nous sentons confuses d'une si immense bonté et nous appelons de nos vœux le moment de voir sur les autels la petite sœur Thérèse, notre grande protectrice.
Suor M. Carmela del Cuore di Gesu,
r. c. i.
prieure.
——
78.
De la même. Septembre 1910.
Ma Révérende Mère,
Il m'en coûte beaucoup de vous confier ce que ma chère petite Sr Thérèse a fait pour nous depuis le mois de janvier. Mais je ne peux pas résister plus longtemps à vos prières ni à ma petite sainte qui veut m'obliger à manifester les prodiges de Dieu opérés par elle.
A la fin du mois de janvier, malgré les soins avec lesquels notre sœur dépositaire, la clavière et les deux sœurs du tour tiennent leurs livres de comptes, nous avons trouvé dans la recette un surplus de 25 lires que nous n'avons pas pu nous expliquer, si ce n'est en pensant que Sr Thérèse l'avait glissé dans notre caisse. Alors Mgr notre Evêque voulut que je séparasse l'argent de la communauté d'avec les deux billets qui nous restaient des dix apportés du Ciel.
A la fin de février, de mars et d'avril, nous avons remarqué la même chose étrange; seulement la somme variait.
Au mois de mai, j'ai revu ma petite Thérèse; elle m'a d'abord parlé de choses spirituelles, et elle m'a dit ensuite: «Pour vous prouver que c'est bien moi qui vous ai apporté le surplus d'argent constaté à vos différents règlements de comptes, vous trouverez dans la cassette un billet de 50 fr.» Puis elle ajouta: «La parole de Dieu opère ce qu'elle dit.»—Vous l'avouerai-je, ma bonne Mère, pour ma grande confusion? Cette fois encore, je n'osais pas aller voir dans la cassette; mais le bon Dieu, qui voulait que je constate la nouvelle merveille, permit que l'un des jours suivants, deux sœurs vinssent par dévotion me demander à revoir les deux billets miraculeux... Et, ma Mère, que vous dirai-je? Vous devinez notre émotion: au lieu des deux billets, il y en avait trois!...
Au mois de juin, nous trouvâmes 50 fr. de la manière ordinaire.
Dans la nuit du 15 au 16 juillet, je revis ma sœur bien-aimée, elle me promit d'apporter bientôt 100 fr. Et puis elle me souhaita ma fête[274], en me donnant un billet de 5 lires. Mais moi je n'osais pas l'accepter, et alors elle le déposa au pied de la petite statue du Sacré-Cœur qui est dans notre cellule; et peu après, l'heure du réveil étant sonnée, je trouvai en effet le billet où je l'avais vue le déposer.
Quelques jours après, Mgr notre Evêque, en causant, nous dit qu'il avait perdu un billet de 100 fr. en faisant les comptes pour son clergé, et qu'il espérait que Sr Thérèse les apporterait chez nous.
Le 6 août arriva; c'était la veille de la fête de Monseigneur, qui s'appelle Gaétan. Je vis encore ma bien-aimée Sr Thérèse..... elle tenait à la main un billet de 100 fr.!!! Elle me dit alors «que la puissance de Dieu retire ou donne avec la même facilité dans les choses temporelles aussi bien que dans les choses spirituelles.» Ayant trouvé ce billet de 100 fr. dans la cassette, je me hâtai de l'envoyer à Monseigneur avec les souhaits de la communauté; mais lui me le renvoya aussitôt.
Depuis ce temps, elle ne nous a plus apporté d'argent, car notre détresse ayant été connue par toutes ces merveilles, nous avons reçu quelques aumônes.
Mais le 5 septembre, la veille de son exhumation, je l'ai revue et, après m'avoir parlé comme elle le fait toujours du bien spirituel de la communauté, elle m'a annoncé qu'on retrouverait «à peine ses ossements». Et puis elle m'a fait comprendre quelque chose des prodiges qu'elle fera dans l'avenir. Soyez sûre, ma chère Mère, que ses ossements bénis feront des miracles éclatants et seront des armes puissantes contre le démon.
Presque toutes les fois, elle s'est fait voir vers l'aurore, en quelque moment de prière particulière. Son visage est très beau, brillant; ses vêtements luisent d'une lumière comme d'argent transparent, ses paroles ont une mélodie d'ange. Elle me révèle ses grandes et occultes souffrances supportées héroïquement sur cette terre... Ma petite Thérèse a beaucoup, beaucoup souffert!!!
Que dois-je vous dire de plus? Qu'il vous suffise de savoir, ma chère Mère, que nous sentons autour de nous l'esprit de votre angélique enfant. Toutes les sœurs affirment, avec franche et tendre vénération, que, outre les grâces temporelles accordées à la communauté, chacune a reçu des grâces intimes et très grandes.
Suor M. Carmela del Cuore Gesu,
r. c. i.
prieure.
——
79.
S. (Meuse), 1er avril 1910.
Une de nos deux religieuses de la Doctrine chrétienne, Sr A., souffrait depuis longtemps d'un mal intérieur (tumeur) qui ne pouvait guérir sans une opération chirurgicale fort dangereuse. Après bien des soins inutiles et un repos prolongé, le mal ne cessait d'empirer, au point que le moment arriva où elle fut envoyée à Nancy pour y subir l'opération. Elle fut mise en observation pendant huit jours, au bout desquels devait être tentée l'opération.
Durant ce temps, une neuvaine fut commencée à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, avec promesse de répandre son culte par une distribution d'images si l'opération réussissait.
Or, le moment d'opérer étant arrivé, le docteur constata que le mal avait disparu; il ne restait plus qu'un peu de sensibilité à la place où avait été la tumeur.
Abbé F. N.
——
80.
Quimper (Finistère), 18 avril 1910.
Souffrant depuis huit ans d'un épanchement de synovie et d'une arthrite au genou gauche, et, ne trouvant aucun soulagement dans les remèdes, j'eus la pensée d'invoquer la «petite Fleur de l'Enfant Jésus» et de lui faire une neuvaine.
Dix-huit petites filles se préparant à leur première Communion s'unirent à moi.
Le huitième jour, je ressentis du mieux, et le neuvième (3 avril), la douleur avait complètement disparu. Depuis je marche très bien, ne souffre plus du tout et sors tous les jours.
Mlle M. T.
Le Docteur a promis un certificat.
——
81.
Carmel de N., avril 1910.
Ma Révérende Mère,
Je vous envoie la lettre d'une pénitente guérie au cours d'une neuvaine à Sr Thérèse.
(Lettre à une amie.)
Couvent de la Préservation, N., mars 1910.
Je suis une miraculée de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.
J'étais atteinte d'une grippe infectieuse et le docteur désespérait de me sauver. Il dit un soir en me quittant: «Madame la Supérieure, commencez une neuvaine pour que nous la tirions de là.» Je souffrais de vomissements continuels, mes lèvres étaient noires et j'avais déjà le hoquet de la mort: les infirmières apprêtaient ce qu'il fallait pour m'ensevelir; et moi, je voyais bien que j'allais mourir.
Quand notre Mère Supérieure revint me voir, elle me dit: «Charlotte, si vous voulez me promettre d'être fidèle à Dieu, je vais demander votre guérison.» Je répondis en rassemblant mes forces: «Oh! oui, Madame, je vous le promets.» Les compagnes qui entouraient mon lit me dirent: «O Charlotte! c'est une promesse sacrée!» Notre Mère Supérieure me dit encore: «Me promettez-vous que, si vous guérissez, votre vie sera pour la gloire de Dieu et pour votre salut?» Je répondis de nouveau: «Oh! oui, Madame, je vous le promets.»—«Eh bien! reprit-elle, nous allons faire une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et demain je vous apporterai une relique de cette petite sainte.»
A ce moment suprême où je voyais déjà s'entr'ouvrir ma tombe, j'ai tout oublié, même les petites austérités de la vie des pénitentes, et j'ai promis de rester toute ma vie dans la maison si je guérissais.
Une demi-heure après, j'étais mieux; je m'endormis, et quand je me réveillai le lendemain matin, j'étais complètement guérie. Tout le monde fut stupéfait dans la maison. Ma première parole à notre Mère fut celle-ci: «Je suis à vous pour toujours.»
Maintenant mes forces sont bien revenues. Ah! c'est un vrai miracle! Comment en remercierai-je assez le bon Dieu! Il voulait que je lui fasse le sacrifice de ma liberté, car, lorsque je suis tombée malade, je voulais absolument retourner dans le monde, où j'aurais sans doute repris ma vie de péchés.
C'est donc à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus que je dois la vie de l'âme et celle du corps.
Charlotte X.
(Lettre de la Supérieure.)
Préservation, N., 3 janvier 1911.
Je vous ai déjà écrit, ma Révérende Mère, que nous avions remarqué une frappante coïncidence entre la rechute de Charlotte et une infidélité à sa promesse: elle avait voulu en effet nous quitter. Le miracle que fit Sr Thérèse en lui redonnant pour si peu de temps la santé était destiné, je crois, à l'amener à faire une confession générale. La pauvre enfant a racheté son moment de faiblesse, car sa famille étant venue la voir et voulant l'emmener pour mourir à Q., elle se montra vraiment généreuse et refusa.
Jusqu'au dernier moment elle n'a cessé d'invoquer la petite sainte. Une fois, elle assura l'avoir vue à ses côtés. Voici ce que m'en a raconté son infirmière:
«C'était pendant la nuit; Charlotte m'appela pour lui ramasser un objet qu'elle avait fait tomber. Je me levai. Charlotte avait les yeux fixés sur quelque chose. J'en fus frappée et lui dis: «Vous voyez donc le ciel?» Elle me répondit: «Je vois la petite Sr Thérèse.» Alors j'eus peur et, pour cacher mon trouble, je feignis de me moquer d'elle: «Allons donc, nous voilà bien si vous avez des visions!» Mais Charlotte, les yeux toujours fixes, redit: «J'ai vu la petite Sr Thérèse!» Et comme je cherchais la relique qui avait disparu du chevet de son lit: «Elle est là, me dit-elle en la serrant fortement dans sa main.»
Pour moi, je me souviens de la consolation qu'elle me confia avoir éprouvée de cette visite de votre ange: «Je l'ai vue comme je vous vois», m'a-t-elle dit.
Pendant son agonie, elle avait toute sa connaissance et n'a cessé de prier durant les trois dernières heures. Ses compagnes pleuraient et disaient: «Quelle belle mort!»
C'était le 26 septembre.
——
82.
Carmel de X. (Espagne), mai 1910.
Je viens vous faire part de la guérison d'une de mes filles, guérison due à votre petite sainte. Voici le fait:
«La miraculée est une créole de près de 70 ans, d'une nature craintive et peu crédule de tempérament, croyant difficilement aux faits surnaturels, comme visions, guérisons, etc. Elle était atteinte depuis des années d'un affreux rhumatisme au bras droit, qui lui rendait tout travail pénible et la faisait souffrir au point qu'elle ne pouvait rester couchée, la chaleur du lit excitant le mal. Elle fit neuvaines sur neuvaines à l'Ange de Lisieux, et chaque fois qu'elle fit une neuvaine, elle fut favorisée la nuit d'une lumière argentée et merveilleuse qui éclairait sa cellule. Cette sœur, très peureuse, avoue ingénuement qu'elle fermait les yeux pour ne pas voir cette lumière qui ne ressemblait en rien à celles de la terre. Avant et après l'apparition de la lumière argentée, la cellule était plongée dans la plus profonde obscurité.
A la dernière neuvaine, la guérison survint si complète que, depuis un an passé, sans faire les remèdes prescrits (remèdes qu'on disait indispensables), la sœur n'a pas senti la moindre petite atteinte de ses anciennes douleurs, malgré l'hiver humide et pluvieux que nous venons de traverser.»
Sr X., Prieure.
——
83.
Un artiste-peintre, ami du Carmel de L. (France), mai 1910.
J'ai l'honneur de porter à votre connaissance le fait suivant:
«Ayant travaillé toute la journée au portrait de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, je rentrais le soir dans mon atelier quand, portant les yeux à la place de mon chevalet, je vis Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus dans un nuage lumineux. Je fus saisi!... Lorsque je revins de ma surprise, tout avait disparu.»
La Mère Prieure du Carmel de L. ajoute ceci:
Notre Fra Angelico a senti les parfums pendant l'exécution du portrait.
«De quelle nature étaient-ils? demandai-je.
—C'était comme des parfums d'autel!...»
——
84.
Carmel d'Oloron (Basses-Pyrénées), 4 mai 1910.
Ma Révérende Mère,
Je veux vous raconter un fait qui vous montrera une fois de plus la bienfaisante intervention de votre petite sainte.
C'était en automne dernier. J'étais en souffrance, et toute la maison avec moi, du manque d'eau pour nos lessives et l'arrosage du jardin. Ce n'est pas que l'eau fasse défaut dans notre grand enclos, mais les sources se sont détournées peu à peu. Comme il s'agit d'une forte réparation, on ajourne sans cesse, à cause de l'incertitude de l'avenir. Il en résulte que le besoin est pressant. Diverses fois, nous avions confié à l'angélique Thérèse nos inquiétudes, mais à elle seulement. Et quelle n'est pas notre surprise quand, en octobre dernier, une dame vient nous apporter 100 fr. à cette intention. Elle avait compris, je ne pus savoir par quelle voie, notre besoin d'eau. Je lui promis que nous emploierions son aumône aux premiers frais de la recherche des sources, je veux dire à l'examen du terrain. Notre but était de profiter d'un prêtre du Midi qui a reçu de Dieu un talent rare pour cela. Aussitôt je me procurai son adresse, qu'on ne me donna pas comme certaine, et je lui écrivis. J'eus soin de mettre dans la lettre une image de Sr Thérèse, en disant à la petite faiseuse de miracles, avec beaucoup de foi: «Sœur Thérèse, allez droit au but!» Elle y fut en effet, mais M. l'abbé X. se trouva juste parti pour l'Autriche où mon courrier alla le rejoindre, dans un monastère où il procédait aussi à une canalisation. Il y séjourna trois semaines. Le temps nous parut long, car il ne donna pas signe de vie.
De retour en France, ce bon prêtre se posa la question—lui-même me l'a dit—: «Devrai-je, oui ou non, aller au Carmel? Que me voulait-on? sans doute peu de chose, et on y aura pourvu, après un long mois.»
Dans la nuit,—il assure qu'il ne dormait pas—une religieuse se montre dans sa chambre, majestueuse dans un rayon de lumière, et lui dit: «Monsieur l'Abbé, vous oubliez les Carmélites d'Oloron qui ont besoin de vous! Allez au Carmel d'Oloron, on vous attend.»—Le prêtre reconnaît aussitôt la Carmélite qui avait accompagné ma lettre, je veux dire l'image de Sr Thérèse. Et vous le comprenez, ma Révérende Mère, il n'hésita plus, et nous arriva aussitôt. Son travail fut merveilleux, car il trouva le nœud de toutes les sources de notre enclos qui, ayant dévié de leur vrai sens, nous causent des préjudices extraordinaires par l'humidité à la chapelle, au chœur et dans presque toute la maison.
——
85.
Conversion d'un soldat d'infanterie coloniale.
M. Alfred-Marie L. vint au Carmel de Saïgon la première lois pour demander un scapulaire. En lui remettant le scapulaire demandé, je sentais qu'il voulait dire autre chose, et, pour le mettre à l'aise, je lui posai plusieurs questions. Il me dit qu'il désirait beaucoup se faire Carme après l'année de service militaire qui lui restait à faire. Puis il me raconta son histoire. Il avait perdu sa mère peu après sa première Communion: elle était pieuse et il faisait sa désolation, car il était diable et ne voulait pas travailler au collège. Il eut beaucoup de peine de la mort de sa mère. Son père ne pratiquait pas. N'ayant pas voulu travailler pour ses examens, il s'engagea comme simple soldat et vint à Saïgon où il se livrait plus librement à toutes ses passions. Les premières années de service achevées, il s'engagea de nouveau pour deux ans au grand mécontentement de son père. Enfin il tomba malade et dut aller à l'hôpital. C'est là que le bon Dieu l'attendait.
Pendant sa convalescence, on lui prêta la Vie de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Le portrait du commencement le frappa d'abord; l'air si pur de Thérèse lui disait quelque chose; à mesure qu'il lisait, il se mit à aimer la petite sainte et le dégoût lui venait de sa vie mauvaise. Rentré à la caserne, il n'était plus le même déjà; le souvenir de Thérèse le poursuivait, puis il comparait les sœurs qui l'avaient soigné avec tant de douceur et d'abnégation aux personnes vicieuses qu'il avait l'habitude de fréquenter, et il résolut d'en finir avec sa vie honteuse et coupable.
Voulant retrouver Sr Thérèse, les Sœurs et l'aumônier, il fit croire qu'il était malade, et on le renvoya à l'hôpital. C'est alors qu'il revint pour tout de bon à Dieu, et ce fut peu de temps après sa seconde sortie de l'hôpital qu'il nous demanda le scapulaire. Il fit, depuis, plusieurs visites au Carmel, et je ne puis dire combien j'étais émerveillée de voir une âme, tombée au point où en était la sienne, s'élever si rapidement et si haut dans l'intelligence des choses de Dieu. Il venait à la messe dans notre chapelle, où il communiait tous les dimanches, à moins d'impossibilité, et souvent il emmenait ses camarades auprès desquels il commençait un véritable apostolat, les entraînant avec lui dans le bien comme autrefois il les avait entraînés dans le mal. «Comme je suis grand et fort, me racontait-il, ils me craignaient tous, ils avaient peur de mes poings; ceux qui me fâchaient, je les roulais par terre.»
Quand il se convertit on n'osa rien lui dire d'abord, mais ensuite en le voyant doux et tout changé, quelques-uns de la chambrée commencèrent à le taquiner. Il me dit un jour avec beaucoup de confusion que, s'étant senti bouillonner devant les grossièretés d'un de ses camarades, il avait eu la tentation de lui jeter son balai à la tête et de le «rouler», mais qu'il s'était souvenu de Nôtre-Seigneur essuyant les affronts des soldats et qu'alors il n'avait plus éprouvé que de la joie. Que de traits de ce genre j'ai oubliés!
Au commencement du mois de mai 1900, il voulut s'imposer un sacrifice en l'honneur de la sainte Vierge: il trouva que de ne plus fumer serait ce qui lui coûterait le plus, et il s'en abstint pour le reste de sa vie. Je lui demandais un jour s'il pensait souvent au bon Dieu à la caserne. Il parut un peu étonné de ma question et me répondit: «Mais j'y pense tout le temps! comment pourrais-je ne pas penser à Lui?»
Vers la fin du mois de juin, son régiment reçut l'ordre de se tenir prêt à partir pour la guerre de Chine qui commençait. Le départ devait avoir lieu le samedi matin. Le jeudi il vint me voir, disant qu'il désirait bien communier encore une fois avant de partir, mais qu'il craignait de ne pouvoir sortir vendredi matin. Il me demanda de prier notre Père Aumônier de lui donner la sainte Communion quand il pourrait venir. Il fut convenu ainsi. Le lendemain, à 7 heures du soir, il arrivait à jeun: il n'avait pu s'échapper plus tôt de la caserne. Il se confessa et reçut la sainte Communion avec une ferveur touchante. Je lui remis une petite mèche des cheveux de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. «Demandez que je meure là-bas si je ne dois pas être Carme à mon retour», dit-il en me quittant. Il a été exaucé, car, peu avant d'arriver à Tientsin, il est mort d'une insolation à bord, assisté de M. l'Aumônier. Frappé le soir sur le pont, il eut la fièvre toute la nuit. Dans son délire, il parlait du Carmel et d'une lettre à nous remettre. Son âme s'envola avec celle de Sr Thérèse qui l'avait tant protégé.
On peut voir par ses lettres combien il l'aimait. Je vous en envoie quelques passages.
Sr X., prieure, 31 mai 1910.
Lettres de M. Alfred-Marie L., soldat d'infanterie coloniale (converti par Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus), adressées à la Rde Mère X., Prieure du Carmel de Saïgon:
6 mai 1900.—Samedi matin nous faisions la pose durant une manœuvre, et, comme il était 6 h. 10, ma pensée était dans la chapelle du Carmel, car c'était l'heure de la messe et je désirais ardemment recevoir mon Dieu. J'étais un peu triste en pensant à la longue année qu'il me faut encore passer dans la dissipation forcée, quand, levant machinalement la tête, j'aperçus la grande croix du cimetière d'Han-Hoï et, sans recherche aucune de ma part, cette pensée me vint que je ne devais pas envier le bonheur que vous avez de communier tous les jours, car moi aussi je le puis à chaque instant, sinon en recevant le Corps adorable de notre Sauveur, du moins en embrassant avec amour les croix qu'il sème sous mes pas et en coopérant en quelque sorte avec lui à l'œuvre de la Rédemption.
Si Dieu veut bien commencer à me faire comprendre qu'il accepte la donation que je lui ai faite de moi-même, il a exaucé, je crois, ma prière et n'a pas voulu permettre que je l'offense volontairement depuis ma conversion. Grâces lui soient rendues! J'éprouve le besoin de m'entretenir de nouveau avec Sr Thérèse et de lui demander de m'enseigner par son exemple la simplicité et l'humilité. Je voudrais la revoir au pied de la croix, dans le jardin du monastère. C'est là qu'elle m'a dit d'aimer... J'espère que vous pourrez me prêter ce livre, ma sœur; c'est elle qui me donnera la confiance qui me manque.
19 juin 1900.—Tout à l'heure je feuilletais, au hasard, la Vie de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et je me laissais aller à la tristesse en comparant sa jeunesse avec la mienne. Quand, brusquement, un passage fixa mon attention; c'est celui où elle raconte qu'il lui fut révélé intérieurement que sa gloire consisterait à devenir une grande sainte: «Ce désir pourrait sembler téméraire si l'on considère combien j'étais imparfaite et le suis encore après tant d'années passées en religion; cependant je me sens toujours la même confiance audacieuse de devenir une grande sainte. Je ne compte pas sur mes mérites, n'en ayant aucun, mais j'espère en Celui qui est la Vertu, la Sainteté même...» Cela m'a suffi et, j'ose à peine le dire tellement c'est insensé, humainement parlant, si je considère ma vie passée, cependant je sens en moi, non pas le même désir, mais la même conviction. Avoir cette pensée, il y a quelques heures, m'eût semblé une insulte à Dieu. Mais n'est-il pas le Tout-Puissant et ne peut-il pas, en une minute, faire du plus grand pécheur un saint? Bien que je ne le mérite nullement, ma sœur, conjurez Marie Immaculée de me livrer totalement à l'amour du Cœur de Jésus, mais comme l'entendait Sr Thérèse, pour souffrir et expier pour les autres et obtenir la grâce d'une conversion sincère aux pécheurs, pour consoler ce Cœur adorable et le faire aimer. Vendredi prochain, en union avec ma sœur du Ciel, je réciterai son acte d'offrande à l'Amour miséricordieux.
24 juin 1900.—C'est à 6 heures ce matin que nous quitterons la caserne pour embarquer le «Vaucan»; je ne sais ce qui arrivera, mais je pars bien en paix et bien résolu à tout. Que Dieu est bon pour moi! Il va au-devant de tous mes désirs! J'avais l'intention d'écrire au Carmel de Lisieux pour solliciter un morceau du vêtement de Sr Thérèse. Je ne vous avais pas fait part de ce désir, et voilà que vous me donnez une mèche de ses cheveux!
Je ne puis vous dire ma reconnaissance. Demandez pour moi à notre petite sœur la grâce de mourir sur le champ de bataille plutôt que d'être infidèle. Et si je ne dois jamais revoir Saïgon, au revoir au Carmel des Cieux! Je vais préparer une lettre à votre adresse que je porterai sur moi; j'en ai averti le camarade qui marchera à mes côtés, il se charge de vous la faire parvenir en cas de malheur. Cette lettre contiendra la précieuse mèche de cheveux que, pour rien au monde, je ne voudrais perdre, ni laisser tomber aux mains des Chinois.
A.-M. L.,
Corps expéditionnaire de Chine.
——
86.
Couvent de N.-D. de la Compassion, M. (France),
20 mai 1910.
J'avais reçu une éducation chrétienne chez les religieuses de la Compassion à X., près M.—Mais, rentrée dans le monde, j'eus vite oublié tout et j'abandonnai bientôt les saintes pratiques de notre religion. Je revins, quelques années après, pensionnaire au même couvent, et je puis dire, à ma confusion, que les sentiments chrétiens s'étaient complètement éteints en moi.
Cependant, on me prêta la Vie de la «petite fleur de Jésus». Machinalement,—car je n'avais aucun attrait pour tout ce qui était religieux—je lus ce livre; je l'avais fini le même jour. Mes sentiments, durant cette lecture, ne changèrent pas; mais pourtant je me sentis attirée vers cette âme si pure et si sainte; le soir, lorsque j'eus fini, un quelque chose d'indéfinissable s'emparait de mon âme; la petite sainte commençait son œuvre.
Le lendemain, 15 juillet 1909, mon esprit était encore plus fortement préoccupé par le même objet; en même temps, le regret de mes fautes passées entrait dans mon cœur et l'appel divin se faisait entendre. Alors il s'engagea en moi une lutte acharnée entre la nature et la grâce. Le monde m'appelait en me montrant tous ses charmes, et Jésus m'invitait à le suivre en me faisant voir sa croix et son amour. Je ne pourrai jamais exprimer ce qui se passa dans mon âme en cette inoubliable journée!...
Enfin, vaincue par la grâce, j'allai confier mon bonheur à une religieuse qui tient auprès de moi la place de ma mère. Je lui racontai le miracle que Sr Thérèse venait d'opérer, je lui dis le désir que j'avais de me donner entièrement à Nôtre-Seigneur. Puis j'allai trouver mon confesseur à qui je fis une confession générale de ma vie passée..... C'était bien fini, la «petite Reine» venait d'effeuiller sa rose sur mon âme, et désormais j'appartenais à Jésus!.....
Et aujourd'hui, ma Révérende Mère, que j'ai revêtu le saint Habit, j'attends de notre grande sainte de voir se lever pour moi l'aurore du beau jour de ma profession. Quelle reconnaissance et quel amour j'ai pour elle! Ah! remerciez-la avec moi pour le miracle opéré en ma faveur!...
——
87.
Couvent du Sacré-Cœur, W. (Angleterre). 24 juin 1910.
Au mois d'août dernier, j'ai dû subir une sérieuse opération qui avait très bien réussi; mais, quelques mois plus tard, un autre mal ayant fait son apparition, une nouvelle opération fort critique devint urgente; je (?)us administrée, il semblait ne plus y avoir d'espoir. Cependant, pour des raisons à Lui seul connues, Nôtre-Seigneur ne m'appela pas encore; mais ma santé restait des plus précaires.
Au mois d'avril, j'eus une terrible crise de foie, et cette partie de l'organisme restait sérieusement atteinte.
Quand je reçus la Vie de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, je me sentis alors vivement pressée de lui faire une neuvaine. Avec la permission de ma Supérieure, je vous priai d'avoir la bonté de m'envoyer une relique de votre chère petite sainte et, dimanche dernier, je commençai la neuvaine.
La journée, depuis mon lever, fut très mauvaise; j'éprouvais de telles douleurs, que je me demandais si je pourrais me tenir sur les jambes jusqu'à la fin du jour. Quand, au moment de la Bénédiction du Saint Sacrement, toutes douleurs disparurent, et depuis je ne m'en ressens plus. Je vais très bien, et les forces reviennent à vue d'œil.
Que Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus m'aide à faire un bon usage de cette santé que je lui dois, après Dieu!
Sr X.
——
88.
L. (Calvados), 20 juin 1910.
Je ne puis passer sous silence le miracle que notre chère Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus vient de faire.
Notre lessiveuse, Mme G..., avait des plaies variqueuses depuis des années; sa jambe faisait peur, tant les plaies étaient profondes. Elle fut examinée par plusieurs médecins. Quand l'un d'eux, qui avait déjà guéri des malades atteints de cette infirmité, examina sa jambe, il fut surpris de voir de pareilles plaies; il lui ordonna un grand repos et d'aller deux fois la semaine se faire panser au dispensaire, ce qu'elle fit; et après des mois, sa jambe était toujours très mal. Il lui eût fallu le repos complet au lit, mais cela était impossible à cette pauvre femme qui vit uniquement de son travail. Elle souffrait donc atrocement, surtout la nuit. Emue de pitié, je lui conseillai une neuvaine à notre chère petite sainte et lui donnai aussi une relique pour la poser sur sa jambe. A la fin de la seconde neuvaine, toutes les plaies étaient fermées.
Sr X.,
religieuse garde-malade.
Suit le certificat du docteur.
——
89.
S. (Alsace), juin 1910.
Les personnes les plus réfractaires à la piété—personnes du monde et jetées dans le tourbillon des œuvres matérielles—se sont trouvées conquises d'emblée à la vie d'union au Sacré-Cœur, à la communion, au pur esprit de l'Evangile par quelques mots à peine sur la chère petite sainte, par quelques pages, que dis-je? quelques lignes de ses écrits pétris d'amour de Dieu et d'onction du Saint-Esprit. Elles suivent, depuis, allègrement la voie des aigles et étonnent leur entourage... A leur tour, elles sont apôtres et des intimes de leur amie du ciel.
Un autre groupe d'âmes, maintenant parues devant Dieu, a consolé mon ministère—grâce à l'œuvre et à la voie de Sr Thérèse—: les agonisants! Oh! que de transformations intimes obtenues par elle à ces minutes dernières où le soleil couchant de la grâce se hâte de mûrir ses élus pour la récolte, dans la gloire! Ici, les traits sont innombrables et ravissants...
Rd P. H.
——
90.
Couvent de X. (Espagne), 3 juillet 1910.
Guérison de Sœur M.
Il y avait huit ans que notre chère Sr M***, Converse de ce Couvent, souffrait d'une maladie d'estomac. Plusieurs médecins, à diverses reprises, dirent que ce pouvait être un cancer ou un ulcère; mais ils ne l'affirmèrent pas, la maladie n'étant pas arrivée à son dernier degré, où les vomissements de sang ne laissent plus de doute.
Pendant ce long espace de temps, la malade eut des intervalles de mieux, elle pouvait alors travailler et suivre en partie la communauté, non pour la nourriture, car elle était à un régime spécial. Les crises violentes arrivaient ensuite; alors elle ne pouvait prendre que du lait et en petite quantité, la morphine seule la calmait dans ce cas. Ces derniers six mois, les crises se succédèrent très rapprochées; la malade, d'une maigreur extrême, était très faible. On comprenait que le mal progressait, et à grands pas; déjà la morphine ne lui produisait plus l'effet ordinaire. Notre chère sœur souffrait avec une patience angélique, elle était contente de souffrir pour expier ses péchés, faire son purgatoire ici-bas et convertir les pécheurs, à l'exemple de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, à laquelle elle était très dévote, ayant déjà reçu d'elle, il y a quelques mois, une grande grâce qu'elle estimait davantage que sa guérison. Les choses en étaient là, lorsqu'une des Mères françaises exilées, qui venait de lire la dernière édition de la grande Vie de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et les nouveaux miracles qu'elle raconte, parla à la malade de ces guérisons, surtout de celles de quatre ulcères à l'estomac, et l'engagea à faire une neuvaine. La sœur s'y refusa absolument: «Non, dit-elle, car je sais que je guérirais, et je veux souffrir pour aller au ciel, ou plutôt je ne veux pas demander la santé, parce que je ne veux que la volonté de Dieu.» Mais le soir, la Révérende Mère Supérieure visitant la malade, celle-ci lui raconta l'offre de la Mère française: «Oui, dit la Supérieure, vous devez faire la neuvaine et demander la santé, car vous savez que la communauté a besoin de sujets.»
En vraie fille d'obéissance, la sœur, voyant là l'ordre du ciel, commença dès le lendemain, dimanche 12 juin, une neuvaine très fervente ayant la conviction intime qu'elle allait guérir. Elle plaça sur son estomac une relique de «Térésita», rendit tous les médicaments à l'infirmière, disant: «A présent, j'attends Térésita, c'est elle qui doit me guérir.»
Les premiers jours de la neuvaine furent pénibles, surtout de nuit où la malade ne pouvait trouver aucun repos (depuis longtemps d'ailleurs). De jour, elle travaillait tant qu'elle pouvait à son emploi de cordonnière, trop même, et comme une des sœurs qui faisait la neuvaine avec elle l'en reprenait, disant qu'elle gâterait l'œuvre de Sr Thérèse: «Laissez-moi, répondit la vaillante sœur, quand Térésita verra que je n'en puis plus, elle viendra, je l'attends, je l'attends!»
Sa grande foi fut récompensée. Le soir du 18, elle se coucha comme à l'ordinaire, ne pouvant trouver de position reposante dans son lit. Un peu avant minuit, elle s'assoupit; alors il lui sembla qu'elle sentait près d'elle une personne qui voulait la guérir. Comprenant que c'était Térésita, la malade lui dit: «Non, non, je ne veux pas guérir, si ce n'est pour la plus grande gloire de Dieu.» Mais Sr Thérèse, sans faire cas de ces paroles, ou plutôt accomplissant la volonté divine, soulevait les couvertures et passait doucement sa main sur l'estomac de la sœur. «Alors, dit celle-ci, je sentis comme une rosée céleste qui tombait goutte à goutte dans tout mon intérieur et le rafraîchissait d'une manière qui ne se peut dire. Le bien-être surnaturel que j'éprouvais m'éveilla et je me dis à moi-même: «Mon Dieu! serait-ce vrai? suis-je guérie?...»
Elle se leva, fit plusieurs mouvements qu'avant cette guérison miraculeuse elle ne pouvait absolument se permettre sans beaucoup souffrir; plus rien... aucune douleur! elle se sentait bien, très bien.
Au même instant, minuit sonna: «Oui, pensa la malade, c'est vrai, Thérèse de l'Enfant-Jésus est descendue à l'heure de la naissance de l'Enfant-Dieu», et, profondément émue, elle pleura. Puis, elle récita le Te Deum et la prière à la sainte Trinité, si en honneur en Espagne, et passa le reste de la nuit en actions de grâces. A 4 heures, elle se leva comme la communauté et courut chez la Mère Supérieure: «Ma Mère, je suis guérie; Térésita est venue!» La prudente Prieure demanda à la miraculée une épreuve de quinze jours avant de rien publier de ce fait merveilleux.
Pendant cette quinzaine, Sr Marie a repris toute la vie commune: lever, nourriture, travail. Elle a mangé exprès les choses les plus indigestes et dont elle était privée depuis des années, elle a bu du vin... et tout a été trouvé excellent, rien ne lui a fait mal. Les premiers jours il lui restait une grande faiblesse, dans les jambes surtout, mais peu à peu les forces sont revenues avec l'alimentation. Aujourd'hui, sa santé est excellente et elle semble rajeunie. Son visage, très souvent enflammé autrefois par l'ardeur intérieure qui lui dévorait l'estomac, a repris une teinte naturelle. Enfin, tout prouve que Thérèse est «descendue» et que, voyant du bien à faire sur ce petit coin de terre, elle a laissé tomber du ciel un pétale de rose ou plutôt une rosée bienfaisante qui a rendu la santé à sa privilégiée.
Nous l'appelons ainsi, puisque voilà deux fois qu'elle reçoit de Sr Thérèse des preuves de son affection.
Sr X.
——
91.
Couvent de la Providence, X., 14 juillet 1910.
Ma sœur et son mari étaient un sujet de mauvais exemple pour leur nombreuse famille de sept enfants. Aucun moyen n'avait été épargné pour les rappeler à leurs devoirs. Ne sachant plus à quel saint me recommander, j'abandonnai à la bonne Providence le soin d'intérêts si chers et si sacrés.
Cependant, sur les instances réitérées d'une de nos sœurs, je me décidai, quoique avec un peu d'hésitation, à prier Sr Thérèse, et je demandai à la chère petite sainte qu'elle me fit savoir par un signe manifeste, le 2 janvier, qu'elle s'occupait de ma requête. Ce jour même, au matin, sans que rien pût le faire pressentir, sans que j'aie fait aucune démarche nouvelle, ma sœur et mon beau-frère venaient me témoigner leurs regrets et me faire des promesses pour l'avenir.
Toute saisie de ce résultat inespéré, je le fus bien davantage au récit qu'ils me firent. Ne pensant nullement la veille à faire ce voyage, ils s'étaient sentis comme poussés par une force surnaturelle et s'étaient décidés, presque malgré eux, à venir vers moi.
Vous pensez, ma Révérende Mère, que non seulement j'étais ébranlée, mais convaincue de la puissance de Sr Thérèse au ciel!
Après avoir fait connaître la petite sainte à ces pauvres égarés et glissé son image dans leur foyer, je lui demandai instamment d'achever son œuvre en ramenant aux pratiques de la vie chrétienne cette famille d'infidèles baptisés. Elle n'a pas fait les choses à demi. J'ai eu dernièrement le bonheur de voir mon beau-frère et ma sœur s'approcher du tribunal sacré et de la Table sainte avec une foi et une simplicité vraiment édifiantes.
Sr B.
——
92.
Trouville-sur-Mer (Calvados), 16 juillet 1910.
Je soussignée, Mme M., demeurant à Trouville-sur-Mer, certifie l'exactitude absolue des faits ci-dessous relatés et en autorise la publication pour la plus grande gloire de Dieu et de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.
Ma fille aînée, Thérèse, née le 6 octobre 1898, se trouva prise, 14 jours avant la première Communion de l'année dernière, fixée au 6 juin, d'une entérite aiguë telle qu'elle ne pouvait plus rien prendre que de l'eau bouillie. Un remède donné imprudemment à dose trop forte l'avait affaiblie à ce point que, trois jours avant la première Communion, le jeudi dans l'après-midi, quand elle voulut se lever pour essayer ses habits de première communiante, elle s'évanouit et dut aussitôt se remettre au lit. Le docteur, qui la voyait tous les jours, déclara qu'il était impossible de songer à ce qu'elle prît part à la cérémonie du dimanche.
Le lendemain vendredi, découragée, j'allai assister à la Messe. Je rencontrai M. l'abbé L., il me parla de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et m'engagea à l'invoquer pour la guérison de ma fille. Je le fis aussitôt, et quels ne furent pas mon étonnement et ma joie en rentrant quand je constatai une amélioration subite et considérable! Le docteur, revenu dans la matinée, m'autorisa à lever l'enfant une heure, et, si le mieux continuait le lendemain samedi, à la faire confesser dans son lit, et à la faire assister à la Messe de communion le dimanche matin, à condition qu'elle se recoucherait aussitôt et se reposerait toute la journée.
Le lendemain, le mieux s'était confirmé et même augmenté. Thérèse alla se confesser à l'église et prit part à tous les exercices de retraite de l'après-midi. Le dimanche, levée dès 5 heures du matin, elle assista, non seulement à la Messe de communion, mais encore à la grand'Messe, aux Vêpres et à la procession extérieure, sans aucune fatigue. Le lendemain, elle assista à la Messe d'actions de grâces, et le surlendemain, au pèlerinage de Notre-Dame de Grâce, à Honfleur.
Depuis, elle n'a jamais été malade, si bien que je suis heureuse de pouvoir la compter au nombre de ceux qui ont manifestement éprouvé la bienfaisante protection de la petite Sr Thérèse dont elle porte le nom.
En foi de quoi j'ai signé la présente attestation.
Mme M.
——
93.
X. (Loire-Inférieure), 20 juillet 1910.
Le 2 janvier, une de nos élèves, âgée de onze ans, enfant de complexion délicate, est prise de la fièvre; on la soigne pour un point de côté.
Quinze jours plus tard, la fillette se lève et constate que les jambes lui font mal, qu'elle a beaucoup de peine à marcher. Le médecin attribue ses souffrances à la faiblesse, ordonne des fortifiants et fait frictionner les jambes; mais notre petite malade ne peut souffrir qu'on y touche sans pousser des cris, tant les douleurs sont vives et le mal fait des progrès.
Un second médecin consulté déclare de la métrifrictrique et veut forcer l'enfant à marcher; celle-ci ne peut plus faire un pas seule et sans grandes douleurs, les frictions deviennent intolérables.
Désolés de voir tant souffrir leur fillette sans qu'aucun remède puisse enrayer le mal, les parents font appel à un autre médecin, qui la soigne pour de la coxalgie. Après un mois de nouveaux traitements, la maladie, loin de céder, s'accentue toujours. Ce ne sont plus les jambes seules qui, en lui refusant service, la font souffrir; les reins sont aussi attaqués, les os se disjoignent, une bosse se forme. Le médecin veut mettre sa malade dans une gouttière, mais il fait d'abord consulter un spécialiste qui croit que l'enfant est atteinte de paralysie de la moelle épinière. «Essayons l'électricité, dit le praticien, peut-être obtiendrons-nous un peu d'amélioration, peut-être marchera-t-elle dans un an.»
Notre petite élève s'attristait beaucoup, car l'époque de la première Communion approchait et elle comprenait qu'elle serait hors d'état de la faire avec ses compagnes.
Voyant que la science humaine était impuissante, nous eûmes la pensée de lui faire connaître Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus dont nous lisions la Vie, et nous l'engageâmes à lui demander sa guérison.
Cette pensée mit la joie dans son âme, elle s'écria: «La petite Fleur de Jésus me guérira! je marcherai pour ma première Communion!» Depuis ce jour, elle l'invoquait sans cesse. Ses parents s'unissaient à elle matin et soir, nos enfants priaient aussi avec confiance; mais la «petite Fleur» semblait sourde à nos supplications. Trois semaines avant la première Communion, l'enfant allait plus mal. Tout espoir de guérison était perdu. Suivant l'avis du dernier docteur, elle avait été électrisée deux fois sans succès; n'avait-il pas dit: «Peut-être marchera-t-elle dans un an!»
Or, dans la nuit du mercredi au jeudi de Pâques (il y avait toujours de la lumière dans la chambre, l'enfant étant devenue très peureuse et dormant très peu), en ouvrant les yeux elle vit, selon son expression, «une jolie petite figure» qui lui souriait. Elle fut légèrement effrayée et fit un signe de croix. L'apparition sourit davantage, sembla se rapprocher d'elle et lui dit: «Tu marcheras dans peu de temps..... aujourd'hui même!» Puis elle resta quelques instants, toujours souriante, à contempler sa petite protégée, tout à fait rassurée, et disparut.....
Le matin, l'heureuse voyante dit à ses parents: «Je vais marcher aujourd'hui; j'ai vu cette nuit ma «petite Fleur» qui me l'a dit.» Elle n'avait jamais vu de photographie de Sr Thérèse, mais son cœur lui disait que cette angélique vision ne pouvait être que la petite sainte qu'elle invoquait avec tant de confiance.
Vers 3 heures de l'après-midi, une voix suave et douce, qu'elle reconnaît bien, se fait entendre à son oreille: «Marche!» dit-elle. La malade se lève aussitôt et elle court se jeter dans les bras de sa mère, qui ne peut croire à tant de bonheur...
Il y avait trois mois que l'enfant ne marchait plus.
Quelques jours plus tard, l'heureuse privilégiée vint nous voir et nous lui mîmes dans les mains l'Histoire d'une âme. Lorsqu'elle fut en face de la première gravure, l'enfant s'écria: «C'est bien elle que j'ai vue, je la reconnais!» puis elle ajouta: «Elle était en religieuse, cependant je n'avais pas remarqué le voile, sa figure seule s'est gravée dans mon âme.»
Sa physionomie en porte l'empreinte... La petite sainte lui a inspiré des pensées sérieuses pendant sa maladie; elle nous l'a rendue, je pourrais dire convertie!
A partir du jeudi de Pâques, 31 mars, notre petite élève marcha très bien. Elle a eu le grand bonheur, grâce à Sr Thérèse, de faire sa première Communion et d'être confirmée avec ses compagnes.
Mlle X., directrice de l'école libre.
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94.
Saint-Jean-de-Luz (Basses-Pyrénées), 23 juillet 1910.
Ma Révérende Mère,
Je vous adresse enfin sous ce pli la relation de la guérison vraiment merveilleuse de ma vue. J'ai laissé au temps le loisir d'imprimer à cette guérison le cachet de la réalité et de la persévérance. Si, immédiatement après la première amélioration et même à la suite des progrès plus étonnants encore de ma vue, j'avais publié ce merveilleux bienfait, on se serait avec raison demandé ce que, tout d'abord, je me suis demandé moi-même: «N'est-ce pas une de ces facilités de voir, momentanées et purement accidentelles, qui, parfois, se produisent chez des vieillards de mon âge (je suis dans ma 76e année), lueurs passagères qui ne prouvent rien?»
Voici le fait, en toute simplicité et vérité:
Au printemps 1900, M. le Dr X., de C., que je consultais au sujet d'une anémie, me regardant incidemment dans les yeux, me dit: «Savez-vous que vous êtes menacé d'une cataracte?»—«D'une cataracte, moi? lui répliquai-je; mais je vois encore assez bien pour mon âge, et jamais personne de ma famille n'a été affligé de ce mal.»—«Dites tout ce que vous voulez, insista-t-il, vous avez un commencement de cataracte bien caractérisée.»
Je crus à une erreur de la part du médecin. Cependant, me trouvant en septembre suivant à Paris, je suis allé consulter le distingué oculiste Abadie, du boulevard Saint-Germain. Je fus reçu par l'un de ses aides: «Je ne vois rien, me dit celui-ci, mais venez...» Et il m'introduisit dans la chambre noire. Là, il m'examina minutieusement les yeux, à la lumière électrique. «Oui, convint-il alors, vous avez un commencement de cataracte; mais que cela ne vous inquiète pas, ça vous viendra plus tard... et dans une dizaine d'années, quand elle sera mûre, vous viendrez nous trouver et l'on vous fera l'opération gratuitement.»
«La belle fiche de consolation! pensai-je en m'en allant: vivre dix ans dans la perspective d'avoir les yeux gratuitement charcutés! Et quel en sera le résultat?»
Depuis lors, je n'ai plus consulté aucun oculiste ni aucun médecin au sujet de mes yeux, ni employé aucun remède. J'attendais que la cataracte fût «mûre».
Cependant le pronostic de l'aide de M. Abadie ne tarda pas à se réaliser. Faible d'abord, le trouble de ma vue devint petit à petit tel que, dès l'année 1906, je ne pouvais plus que difficilement lire et écrire, même avec de fortes lunettes. J'avais comme un voile sur les yeux, et ce voile s'épaississait de plus en plus les années suivantes.
A partir du commencement de 1908, je ne pouvais plus reconnaître à douze pas mes meilleurs amis. Le crépuscule venu, je n'osais plus me hasarder dehors de peur de heurter les passants, de manquer le trottoir et de me faire écraser par les voitures.
En mai 1909, un opticien de passage ici, voulant me vendre des lunettes, me fit avec ses instruments lire, à des distances variées, des imprimés à caractères gradués, tour à tour des deux yeux et de chaque œil à part. Il finit par me déclarer «l'œil droit complètement éteint et l'autre œil bien malade».
Il avait quelque peu exagéré, car d'une personne placée à deux pas de moi je voyais encore, de ce seul œil droit, la silhouette, mais une silhouette vague, imprécise, informe, dont je n'aurais pas pu dire si elle était d'homme ou de quoi. La vision de l'œil gauche était devenue si faible que le dimanche des Rameaux 1909, je suis tombé en bas des degrés du chœur que je ne distinguais plus, et cela devant toute la paroisse. Depuis lors, je tremblais de descendre les marches de l'autel, que j'étais obligé de chercher au tâtonnement du pied.
Bref, j'étais menacé de cécité complète à prochaine échéance, et me sentais à la veille de ne pouvoir plus ni réciter mon bréviaire, ni dire la sainte Messe.
J'envisageais déjà avec angoisse le voyage à Paris pour la fameuse opération gratuite, opération en elle-même scabreuse et de chance douteuse. Mais la divine Providence, qui dispose toutes choses avec suavité, m'avait, à mon insu, mis en relation avec les consœurs d'une «oculiste» qui sait rendre la vue aux aveugles, sans onguent ni scalpel chirurgical.
Au printemps dernier, la Rde Mère Prieure du Carmel de Bordeaux, exilé à Zaraüz, Espagne, fit appel à mon talent d'apiculteur, et je dus lui exposer le triste état de ma vue qui me rendait incapable d'accéder à son désir. Alors elle, avec sa robuste foi de Carmélite, me répondit: «Puisque la prière est toute-puissante, nous allons faire violence au bon Dieu, et il sera bien obligé de vous rendre la vue.»
Quelques jours après, je fus tout étonné de la facilité avec laquelle je pouvais lire et distinguer à mes pieds les marches de l'autel.
Je me rendis donc au Carmel de Zaraüz, et là, j'appris que la communauté avait fait une neuvaine pour obtenir la guérison de ma vue, par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, dont jusqu'alors j'avais ignoré l'existence.
C'est donc à un prêtre qui ne la connaissait pas, qui ne lui avait—lui personnellement—rien demandé, que votre angélique sœur avait obtenu de son divin Epoux une insigne amélioration de sa vue. Je dis «amélioration», car, pour grand et surprenant que fût ce changement en mieux, je n'avais pas recouvré la vision claire et pleine. Nous convînmes donc, la Rde Mère et moi, de faire une seconde neuvaine, et elle me remit une image-relique de celle que des lors j'appelais «ma céleste oculiste», me recommandant de l'appliquer sur mes yeux chaque soir de la neuvaine. Or, cette neuvaine n'était pas finie que déjà je pouvais lire aisément les «Décrets de la Sacrée Congrégation des Rites» qui se trouvent imprimés en caractères très fins en tête du Bréviaire Romain de Tournai (édition de 1902, de la Société de Saint-Jean l'Evangéliste) et qui, auparavant, ne présentaient à mes yeux qu'une page maculée, indéchiffrable. Bien plus, je reconnais depuis lors les personnes à plus de cent pas.
Nous avions commencé cette neuvaine dans l'octave de la Pentecôte (19 mai). Vers la mi-juin, je suis retourné en Espagne pour mettre ordre aux ruchées du Carmel. Nous décidâmes alors de faire une troisième neuvaine, en action de grâces celle-là, et en même temps pour obtenir une plus parfaite lucidité de vue. Et, cette fois encore, ma céleste oculiste exauça nos prières!
Ayant recouvré la vue, je voulais redevenir apiculteur. J'achète donc une colonie d'abeilles; quelques jours après, je visite ma ruchée et j'y trouve plusieurs cellules royales, dont les unes contenaient des larves déjà écloses et d'autres de simples œufs.
Oh! la vue de ces minimes œufs d'abeille, pareils a de petits bouts de ténu fil à coudre d'un blanc bleuâtre! Depuis des années, il m'avait été impossible de les apercevoir, même avec de puissantes lunettes, et maintenant je les voyais de nouveau a l'œil nu! Aussi avec quelle reconnaissance mes yeux se sont instantanément levés vers le ciel où ma céleste oculiste venait de réaliser en ma faveur sa résolution de faire du bien sur la terre.
Il n'y a donc plus de doute possible: la guérison de ma vue est réelle et persévérante. Et cette guérison, incontestablement merveilleuse puisqu'elle est obtenue sans l'intervention d'aucun secours ni remède humains, je la dois évidemment à l'intercession de celle que nous avions invoquée: Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, morte en 1897, au Carmel de Lisieux.
Gloire à Dieu! et reconnaissance à ma céleste oculiste!
Abbé Ch. Wéber, prêtre habitué.
——
95.
Alençon (Orne), 25 juillet 1910.
En lisant l'Histoire d'une âme, j'éprouvai une émotion profonde, et, voyant que Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus voulait employer sa vie du ciel à convertir les pécheurs, je la priai d'avoir pitié de moi car j'étais du nombre de ces derniers... Je lui demandai d'être ma médiatrice près du bon Dieu, d'être mon guide; chaque jour, matin et soir, je répétais cette prière.
Mais bientôt je désirai un signe évident de sa protection et je me disais: «Oh! si je pouvais la voir, je serais certain alors qu'elle veut bien être ma protectrice et mon guide!» Puis je me repentis de ce désir que je trouvai présomptueux, et je n'y pensai plus.
Or, à quelque temps de là, vers 3 h. 1/2 du matin (c'était en été et, par conséquent, au moment de l'aurore) alors que je dormais si profondément que je n'avais plus conscience de l'existence, j'eus tout à coup une vision en esprit. J'aperçus au fond de ma chambre une nuée lumineuse et j'entendis un appel. Je me dirigeai donc en esprit vers cet être mystérieux, et comme j'approchais, la nuée s'ouvrit et je me trouvai en présence d'une jeune religieuse toute brillante de lumière et couronnée d'un nimbe d'or. Ses traits et ses vêtements étaient ceux des portraits de Sr Thérèse; son regard était très vif et son visage étincelant; une lumière argentée baignait l'ensemble de l'apparition. Elle s'avança vers moi jusqu'au milieu de l'appartement et me dit: «Monsieur, suivez-moi!» Puis elle disparut et, peu après, la lumière argentée qui l'enveloppait s'évanouit à son tour.
Je m'éveillai très ému et réfléchis à la signification de cette vision. «Suivez-moi», m'avait dit Sœur Thérèse; c'était la réponse à ma prière quotidienne: «Soyez mon guide, conduisez-moi à Dieu».
J'ai fait part à mon confesseur de cette faveur insigne et des sentiments qu'elle m'avait inspirés; il m'a dit qu'il fallait y croire.
Et maintenant je comprends mieux que jamais que, pour aller au ciel, je dois suivre Sœur Thérèse dans sa voie d'humilité, de confiance et d'amour.
A. V.
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96.
Tours (Indre-et-Loire), 28 juillet 1910.
Vous recevrez, à la fin de cette semaine ou au commencement de l'autre, un ex-voto que j'offre avec une pieuse reconnaissance à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Voici dans quelle circonstance j'avais fait cette promesse:
Il y a environ douze jours, une de mes tantes faisait une malheureuse chute dans la rue et se cassait la cuisse. L'os sortant fit plaie, et le mal s'aggrava tellement qu'au bout de quelques jours tout espoir était perdu. Je ne quittais guère ma pauvre blessée car une angoisse me torturait: je savais ma tante très incroyante, et je ne voulais pas la voir partir ainsi pour l'au delà.
Cependant le 22 juillet arriva, apportant une nouvelle aggravation du mal et aucune amélioration morale. La gangrène s'était déclarée et faisait de terribles progrès. La Sœur garde-malade me demanda s'il fallait parler. Je crus que le moment était venu. Alors ce fut une lutte terrible: la mort approchait, ma pauvre tante ne voulait pas recevoir le prêtre, elle ne voulait pas prier, elle nous repoussait même avec violence et en blasphémant. Ce fut bientôt une question de minutes...
Malgré toute mon angoisse, je ne désespérais pas et répétais sans cesse: «Cœur sacré de Jésus, j'ai confiance en vous!» Quand, tout à coup, poussée par une impulsion irrésistible, je fis mentalement cette prière: «Mon Jésus, glorifiez votre petite servante Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus; si ma tante consent à se confesser et si elle le peut faire en pleine connaissance, je lui enverrai un ex-voto au Carmel de Lisieux.»
A peine avais-je terminé que je me penchai sur la mourante et lui demandai si elle voulait baiser ma médaille du Sacré-Cœur: elle fit un signe d'acquiescement et l'embrassa; puis, je lui demandai si elle me permettait d'amener un prêtre: elle dit «oui» deux fois, et fermement.
L'aumônier, découragé, était parti; personne à la cathédrale, personne à l'archevêché; enfin je ramenai un prêtre. Je pus en quelques mots le mettre au courant; ma tante se confessa en pleine lucidité et, à peine l'absolution donnée, elle perdait connaissance et expirait.
Au ressouvenir de cette grâce inespérée, mon âme s'est émue d'une reconnaissance sans nom, et c'est avec une joie profonde que je viens exécuter ma promesse.
Mlle M. V.
——
97.
(Calvados), 31 juillet 1910.
Le mardi 5 avril 1910, vers 4 h. 1/2 du soir, passant devant le monument funèbre de M. le comte de Colbert-Laplace, qui se trouve en face du cimetière de Lisieux, je fus poussée à invoquer Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus pour lui demander la guérison de Mme G...
La manière dont j'avais été attirée à la prier me causa une vive impression et me donna une certaine assurance d'être exaucée. Cinquante mètres plus loin, je trouvai une personne qui était chargée, de la part de Mr G..., de me demander de passer la nuit près de sa femme presque agonisante.
Vers 8 h. j'arrivai chez la malade que je voyais pour la première fois, ce ménage n'étant installé dans notre paroisse de Saint-J. de M. que depuis le 28 décembre 1909. Je la trouvai très mal, éprouvant des étouffements terribles et de vives douleurs dans le côté gauche, répandant d'abondantes sueurs froides. Elle me fit remarquer l'enflure de l'abdomen et de l'estomac; tout faisait prévoir une mort prochaine. Il faut dire que cette pauvre femme, affaiblie par une pleurésie qui avait exigé dix vésicatoires, était de plus épuisée par la venue d'un enfant qu'elle avait porté en ce triste état. Cet enfant, le douzième, était né six jours avant, le 30 mars 1910.
J'exhortai la malade à la confiance et je lui suggérai d'invoquer la petite Sr Thérèse dont elle n'avait jamais, me dit-elle, entendu parler. Ensuite je lui dis de dormir... que je me chargeais du reste.
Dans la soirée, vers 8 h. 3/4, le docteur vint et parut réfléchir longuement avant de rédiger son ordonnance. Il fut reconduit jusqu'à la barrière de la cour par le mari et lui dit: «Mon pauvre homme, qu'allez-vous devenir? Votre femme peut mourir à l'instant; et, si elle passe la nuit, elle ne passera pas la journée de demain.» Puis il le fit se tourner et lui traça sur le dos un carré: «Tout cela est creux comme une lanterne, dit-il, et le poumon gauche est complètement pourri.»
Pendant la nuit, la malade n'eut aucun repos. Entre 5 h. 1/4 et 5 h. 1/2 du matin, alors que j'étais dans la cuisine contiguë à la chambre, elle se sentit plus mal et appela son mari; un instant après, ses yeux se portèrent sur un tableau de Jésus en croix qui était près de son lit et elle s'écria: «Oh! que c'est beau! que c'est beau!» puis elle se mit à rire et à pleurer.
A ce bruit qui me parut étrange, je me rendis près d'elle; aussitôt elle me dit: «O ma Sœur, que c'était beau! J'ai vu le ciel ouvert, puis j'ai entendu distinctement à mon oreille une petite voix si douce qui m'a dit: «Aie confiance! tu guériras...» Mais, ma Sœur, criez donc au miracle! je suis guérie, je ne souffre plus du tout, je ne suis plus enflée, je marcherais bien, je veux me lever!»
On ne le lui permit pas. A ce moment je ne pensais nullement au miracle, mais simplement à un délire qui annonçait la mort prochaine. Alors elle dit à son mari, à sa mère et à moi: «Otez toute cette pharmacie qui est là devant moi; retirez-vous, fermez la porte, que je sois seule pour penser aux belles choses que j'ai vues!...»
Dans la journée le médecin revint et dit au mari: «Je suis stupéfait, je n'y comprends plus rien!» et à la femme: «Je ne sais pas d'où vous revenez, vous êtes ressuscitée!...»—«Cette guérison est un miracle», dit-il encore à d'autres.
Le miracle était bien réel, car voilà plusieurs mois que Mme G... jouit d'une parfaite santé et peut donner elle-même à sa nombreuse famille tous les soins qu'elle réclame.
Sr St-J.
La guérison s'est parfaitement maintenue jusqu'à ce jour.
2 janvier 1911.
——
98.
(Loire-Inférieure), 17 août 1910.
Une pauvre vieille femme infirme, Mme V., âgée de 84 ans, ne peut marcher. Elle demeure seule toute la journée. Sa vie toute de privation était bien triste avant qu'elle connût Sr Thérèse. Mais un jour je lui portai une image de la petite sainte. Ce fut alors le bonheur qui entra dans sa maison; sa tristesse a disparu, elle ne s'ennuie plus et quand, le matin, je la quitte pour aller à mes autres pauvres et malades, elle me dit en souriant: «Vous me quittez, ma Sœur, mais je ne suis plus seule, je cause avec la petite sainte qui me garde et ne me quitte pas.» Le soir, je la trouve à la même note. La chère sainte a apporté avec elle dans ce pauvre réduit la paix de l'âme, la joie du cœur, elle y a comblé toutes les absences.
Tous mes malades auxquels j'ai pu donner son portrait ont éprouvé de sa présence un bien-être évident que je constate avec reconnaissance.
Sr St-P.,
religieuse garde-malade.
——
99.
N., Belgique, 30 août 1910.
Je soussigné, F. F., avocat, me fais un devoir d'attester l'exactitude des faits suivants:
Je souffrais depuis plusieurs années d'eczéma étendu et permanent à la partie inférieure des jambes, depuis la cheville jusqu'au genou. Fréquemment il se produisait des poussées inflammatoires douloureuses, quelquefois des abcès ou furoncles. Cette affection cutanée ne paraissait guère laisser d'espoir de guérison, et le traitement consistait uniquement dans l'emploi de simples palliatifs: enveloppements humides, compresses, poudres adoucissantes telles que talc ou autres du même genre.
Aucune amélioration ne se produisait, lorsque, dans mon entourage, on eut la pieuse pensée de recourir à l'intercession de la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, envers qui ma femme et ma fille professaient une dévotion particulière.
Aux bandages qui entouraient la partie malade, on attacha une relique provenant d'objets ayant appartenu à cette sainte religieuse, et des neuvaines de prières eurent lieu pour obtenir ma guérison.
Bientôt l'inflammation disparut avec les rougeurs, rugosités, pustules et tous les phénomènes douloureux ou pénibles par lesquels le mal n'avait cessé de s'accuser depuis des années. La peau a repris complètement son aspect normal, et il ne reste aucune trace, soit externe, soit interne, des désordres passés. Il en est ainsi depuis un an environ et, à en juger par les apparences, il n'y a, semble-t-il, aucune raison de supposer que la guérison, qui est complète, n'ait pas le caractère d'une guérison durable et définitive.
Je fais la présente déclaration pour rendre hommage à la vérité, et je serais heureux si l'autorité compétente pouvait un jour en faire état, en vue de la glorification de la pieuse carmélite à l'intercession de laquelle nous avons eu, en famille, la confiance d'avoir recours[275].
F. F., avocat.
Signature légalisée à l'Evêché de N...
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100.
C. (Angleterre), 16 septembre 1910.
Un mal de gorge persistant me faisait craindre de ne plus pouvoir remplir les obligations de mon saint ministère.
Après une courte instruction d'un quart d'heure que j'avais faite avec beaucoup de peine, je rentrais triste à la maison, quand un sentiment de confiance envers Sr Thérèse ranima mon courage. Avec son portrait je traçai le signe de la croix sur ma gorge. Immédiatement je remarquai un parfum exquis de violettes qui s'exhalait de l'image, et dès le lendemain j'étais complètement guéri.
Rd Père Ed. J.
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101.
X., septembre 1910.
Etant allée rendre visite à Mme X., je la trouvai dans une très grande affliction. Son mari, âgé de 35 ans, était bien malade depuis 7 mois, perdu au dire des médecins... Je lui conseillai de lire la vie de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la prier, ce qu'elle fit.
Le 15 mars, le malade ayant reçu une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, une neuvaine fut commencée à la petite sainte. Il se trouvait alors à toute extrémité, et ce que sa femme demandait, ce n'était plus sa guérison mais sa conversion: depuis l'âge de 20 ans, il avait laissé toute pratique religieuse!
Le 19 mars, cinquième jour de la neuvaine, il était mourant, dans le coma, il râlait; son corps était tout noir par la décomposition et sentait comme un mort de trois jours.
Sa femme, au désespoir, priait tout haut: «Mon Dieu! disait-elle, et dire qu'il meurt sans s'être converti!... pourtant j'ai tant prié!...»
Tout à coup, le mourant ouvre les yeux, s'assied sur son lit, reste un moment comme en contemplation et dit: «C'est elle... oui... c'est bien elle!... Je suis guéri!»
Il demande un prêtre, se confesse et communie à la grande édification de chacun. Il était radicalement converti.
«Commençons une neuvaine pour remercier Sr Thérèse, dit-il, elle m'a guéri... Ah! je n'ai plus qu'un désir: c'est de vivre en bon chrétien, c'est de réparer tant d'années passées loin de Dieu!»
Il ne souffrait plus et avait repris toutes les fonctions de la vie; c'était une guérison bien réelle, il ne lui restait plus qu'une grande faiblesse.
Mais cette guérison, ou plutôt ce retour à la vie ne lui avait été accordé qu'afin de lui permettre de revenir à Dieu avec toute sa lucidité d'esprit et toute la force de sa volonté; quinze jours plus tard, les crises le reprenaient. Sa femme et les religieuses rappelées en toute hâte, craignirent pour sa foi, mais elle n'en reçut aucune atteinte; au contraire, de converti qu'il était pendant les quinze jours de retour à la santé, il devint un saint dans sa maladie qui devait durer six semaines encore. Alors, il donna les plus beaux exemples de patience et de résignation, craignant de prendre ce qui pouvait le soulager. Pour n'en citer qu'un exemple: «J'ai tant à expier, disait-il à la religieuse qui voulait lui faire une piqûre pour calmer d'extrêmes douleurs, ne serait-ce pas mieux de souffrir?...»
Un mois après l'événement, sa femme lui ayant demandé s'il avait vu la petite sainte: «Non, dit-il, je ne l'ai pas vue; mais elle était là, je la sentais, je ne saurais expliquer comment...» Et après une hésitation: «J'ai vu, ajouta-t-il, la sainte Face de Nôtre-Seigneur.» Plus tard lorsqu'on lui montra une image de la sainte Face, peinte au Carmel de Lisieux: «C'est ainsi que je l'ai vue», dit-il. Les religieuses m'ont dit qu'il avait dû la revoir plusieurs fois. Quelques jours avant sa mort, comme il venait de dicter ses dernières volontés et qu'il voyait tous les visages attristés: «Pourquoi tant vous désoler?» dit-il. Puis, après avoir hésité un moment... «Il faut que je vous fasse une confidence: Je sais que je vais au Ciel.» Alors il demanda qu'on mît avec lui sa relique et recommanda à la religieuse de prier bien haut quand il ne pourrait plus parler, afin qu'il pût s'y unir. Il fit de tout cœur le sacrifice de sa vie, disant «qu'il n'avait désiré vivre qu'afin de pouvoir réparer». Le matin de sa mort, il s'efforçait encore de s'unir aux prières.
Sept personnes de la famille et le valet de chambre se convertirent et firent leurs Pâques, tant cette conversion les avait touchés.
Sr X.
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101.
Strasbourg (Alsace), 17 septembre 1910.
Notre petit garçon, François, âgé de 5 ans, languissait depuis deux jours lorsque le médecin nous déclara, dans la nuit du 13 au 14 août 1910, qu'il était atteint d'une broncho-pneumonie; il avait à ce moment une très forte fièvre. Dans la journée du 14, ma tante, Mme K., me remit une petite relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus afin que je la mette à l'enfant. Je le fis avec une grande confiance; aussi deux heures après, la fièvre qui, le matin, était encore de 38°5, tomba à 37°4, et le soir, quand le médecin revint, le thermomètre ne marquait plus que 37°3.
Le médecin, qui venait trois fois par jour, tant il jugeait le cas grave, me dit alors: «Ce n'est pas possible que le thermomètre ne marque que 37°3, vous vous êtes trompée.» A son tour il vérifia, c'était bien cela. Il n'en revenait pas et ajoutait: «Ne vous faites pas illusion, c'est une nouvelle crise qui se prépare...» Moi, j'étais sûre de la guérison miraculeuse, et je ne m'étais pas trompée. La fièvre ne revint plus: notre petit était sauvé! L'enfant qui avait perdu tout appétit et trouvait tout amer, a commencé, le 15 déjà, à bien manger; le poumon était dégagé, et la toux diminuait. Dès ce jour, il était tout à fait remis.
Ce qu'il y a d'extraordinaire dans les faits que je vous relate, c'est que le mal a été coupé pour ainsi dire instantanément, qu'il n'y a pas eu un mieux progressif, mais subit.
Mme N.
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103.
Carmel de X. (Alsace), 29 septembre 1910.
Il y a un lien très fort entre mon âme et Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Dans des affaires personnelles, elle m'a exaucée d'une manière sensible et je l'ai même vue une fois passer devant moi en souriant. Une autre fois, il y a 6 ans, alors que tout était à redouter pour notre pauvre France, je me vis transportée, en un songe mystérieux que je n'oublierai jamais, dans une sorte d'oratoire où se trouvait un grand Christ et à ses pieds une religieuse plongée dans la prière. Elle pleurait et, à mesure que ses larmes tombaient à terre, je les voyais se transformer en diamants...
M'approchant alors, je pus voir le doux visage de la sainte et je reconnus Sr Thérèse: «C'est pour la France, n'est-ce pas?» lui demandai-je. Elle leva vers moi son regard plein de larmes: «Oui, dit-elle, Jésus ne veut plus attendre, il va sévir». Elle se remit à prier, et je pleurai et priai avec elle. Soudain elle se releva et dit d'un accent que je n'oublierai jamais: «Jésus m'a promis de ne pas punir encore.»
Je le répète, cette vision a laissé dans mon âme un inoubliable souvenir.
Sr X.
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104.
Carmel de St-Ch. (France), 3 octobre 1910.
Mme X., après une maladie dont elle se croyait à peu près remise, eut une de ses jambes qui enfla démesurément et devint noire comme du charbon. Pendant vingt-quatre heures, elle en souffrit atrocement. Ne trouvant de soulagement en aucun des moyens essayés, elle mit sur sa jambe malade une image-vêtement de notre vénérée Sœur. Aussitôt enflure et douleur disparurent.
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105.
Congrégation des Sœurs de Ste-Marie. T. (M.-et-L.),
5 octobre 1910.
Depuis treize ou quatorze ans, je souffrais d'ulcères de l'intestin avec entérite membraneuse. Les douleurs, plus ou moins vives, étaient presque continuelles. Je ne pouvais supporter aucune fatigue sérieuse sans être obligée de me mettre au lit. J'avais parfois des crises aiguës qui duraient trois ou quatre semaines, quelquefois plus.
Tous les remèdes et traitements ne m'ont jamais procuré qu'un soulagement momentané; aussi, ces deux dernières années, je n'en faisais plus aucun, je me contentais de prendre des calmants quand les douleurs devenaient plus fortes.
Depuis que notre Rde Mère Supérieure nous a fait connaître Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, je me suis sentie attirée vers elle... Et, voyant un jour une petite plante prise sur sa tombe, il m'a semblé qu'elle m'apportait ma guérison.
Aussi le dimanche de la Passion, 28 mars 1909, me sentant prise de douleurs aiguës, j'en appliquai une feuille sur la partie malade, et je commençai avec grande confiance une neuvaine à Sr Thérèse. Au cours de la neuvaine je me trouvai mieux; mais le dernier jour, lundi des Rameaux, je fus reprise, pendant la Messe, de douleurs si vives que je me demandais si je pourrais aller faire la sainte Communion.
Je priai alors Sr Thérèse avec plus d'insistance et de confiance que jamais, et aussitôt les douleurs disparurent pour ne plus revenir. J'étais complètement guérie!
Depuis dix-huit mois, j'ai pu supporter la marche et le travail sans fatigue.
J'ai reçu en même temps de Sr Thérèse des faveurs spirituelles que je n'estime pas moindres que ma guérison miraculeuse.
Sr M.
Suivent les signatures de la Supérieure et de plusieurs religieuses.
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106.
Paris, 9 octobre 1910.
Depuis un an, mon fils âgé de 9 ans 1/2 souffrait de violents maux de tête. Le samedi matin, 28 mai, il se plaignit d'une douleur dans l'oreille gauche; malgré cela, je l'envoyai à l'école comme d'habitude. En revenant à midi, il souffrait horriblement, il avait le délire et, pendant trois jours, il ne fit que crier, appelant le petit Jésus à son secours. Alors, le docteur me dit qu'il fallait voir un spécialiste.
Je conduisis mon enfant à l'hôpital le 31 mai; les docteurs déclarèrent qu'il avait une mastoïdite double,—le mal avait gagné l'autre oreille et il ne pouvait plus poser sa tête sur l'oreiller—qu'une intervention chirurgicale était nécessaire et qu'il fallait le trépaner.
Ah! ma Révérende Mère, comment vous dire notre désespoir! Ce petit enfant, c'est notre seul bonheur, nous n'avons plus que lui, le bon Dieu nous a déjà repris deux petits anges; allait-il encore nous prendre celui-ci?... Je courus à l'église Sainte-Marie des Batignolles; un prêtre était de garde; je lui dis ma peine, mon désespoir. Alors ce bon prêtre, que je ne connaissais pas, me réconforta en me disant de demander avec confiance à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus la guérison de mon petit Edmond. Tous les jours, à sept heures, j'assistais à la Messe, et avec quelle confiance je priais Sr Thérèse!... puis j'allais voir mon enfant.
De jour en jour, l'opération a été remise; le dépôt qu'il avait dans la tête s'écoula de lui-même par les oreilles, et le 10 juin, j'avais le bonheur de ramener chez nous mon fils entièrement guéri.
Mme G.
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107.
Lisieux, 21 octobre 1910.
Notre enfant, âgé aujourd'hui de dix ans et demi, était malade depuis l'âge de sept ans, d'une coxalgie tuberculeuse. Pendant que nous habitions Lisieux, il reçut les soins de docteurs dévoués, qui furent obligés de constater leur impuissance; l'un d'eux nous conseilla d'aller à Paris chez un spécialiste, lequel, après consultation de l'enfant, ne nous cacha pas ses craintes. Il nous dit que le cas était très grave et qu'il en voyait rarement de pareils. Le petit avait des douleurs si aiguës qu'il ne faisait que crier, ce que le docteur n'avait pas encore vu jusque-là.
Après l'avoir endormi pour lui redresser le côté, car il avait une déviation de la colonne vertébrale, il lui mit un appareil en nous disant de revenir tous les quatre mois, car il fallait cette durée pour que le docteur se prononçât.
A cause des inondations de Paris, nous ne retournâmes qu'au mois de février cette année 1910, voir ce spécialiste. L'enfant s'était encore affaibli et était maigre comme un squelette, et il lui était survenu une entérite aiguë qui aggravait beaucoup son état. Il souffrait de plus en plus et ne pouvait prendre que très peu de nourriture et difficilement. Sa respiration était si faible et il était d'une telle pâleur, que souvent, la nuit, je me levais pour m'assurer, quand il dormait, s'il vivait encore; mais son sommeil était rare, car cet appareil de plâtre le faisait beaucoup souffrir.
Cela dura jusqu'au mois d'avril; ayant entendu parler des miracles obtenus par votre petite sainte, j'en entretins M. l'abbé X., vicaire de St-J., lorsqu'il vint voir notre petit Ernest, et il nous conseilla de l'invoquer pour obtenir la guérison de notre enfant. Puis il dit à celui-ci: «Prie bien la petite sainte du Carmel, elle opère beaucoup de miracles, et même elle apparaît quelquefois pour guérir les petits enfants malades comme toi, qui ont confiance en elle.» Et mon petit Ernest se mit à la prier de tout son cœur. Seulement il s'étonnait de ne pas la voir apparaître et il dit à M. l'abbé: «J'ai prié la petite sainte pour qu'elle vienne me guérir, mais je ne l'ai pas encore vue.»
Le 25 avril, malgré que je sois moi-même très souffrante et obligée de garder le lit, je me sentis poussée d'aller au cimetière; mon mari voulait s'y opposer, ayant peur que je fasse une imprudence; mais je partis quand même, et là, sur la tombe de Sr Thérèse, je la suppliai de bien vouloir m'obtenir, avec l'aide de Notre-Dame de Lourdes, la guérison de notre enfant si malheureux. Je rapportai deux fleurs que je fis baiser au petit malade. Nous priions tous en famille la chère petite sainte. L'enfant souffrait toujours, on ne pouvait le toucher pour le mettre sur la chaise longue sans qu'il jette des cris. Mais, voilà que le 15 mai, jour de la Pentecôte, après avoir soupé, il s'écria devant plusieurs personnes qui étaient là avec nous: «Oh! comme j'ai chaud!» Sa tante lui dit: «Découvre-toi, mon petit Ernest», mais il répondit: «Non, je vais me lever car je ne souffre plus, ça ne me fait plus mal». Alors il se leva et vint nous trouver, et fit le tour de la table.
O ma Mère! je ne croyais pas à un tel bonheur et aussitôt je dis devant tout le monde: «Oh! Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus m'a exaucée, mon petit Ernest est guéri!...» Tous étaient stupéfaits de le voir se tenir debout, lui qui, le matin, criait encore. A partir de ce moment il se levait tous les jours, marchant comme il pouvait avec son lourd appareil et descendant même l'escalier.
Mais votre petite sainte ne voulait pas seulement la guérison de notre enfant, elle voulait aussi la guérison de nos âmes, et cela fut obtenu à la fin d'une neuvaine que nous faisions à Sr Thérèse pour qu'elle affermisse la guérison de notre enfant.
En lisant quelques traits de la vie de cette véritable sainte, une transformation s'opéra en nous, et après quatorze ans d'oubli de Dieu, mon mari et moi nous approchâmes du sacrement de Pénitence la veille de la Fête-Dieu, ainsi que de la sainte Table, en suppliant Notre-Seigneur, par l'intercession de sa petite épouse, que notre enfant fût bien guéri et bien fort pour que lui aussi puisse faire sa première Communion.
Le docteur X., émerveillé de ce qui était arrivé à notre petit Ernest, ne voulut pas se charger de retirer son appareil; il préféra me renvoyer pour cela au spécialiste de Paris, afin qu'il pût, lui aussi, constater la guérison. Je ne pus y aller qu'au mois de juin, mais ce docteur ne voulut pas croire mon enfant guéri et refusa d'enlever l'appareil, disant qu'il lui fallait le porter encore plusieurs années, si, toutefois, il arrivait à le guérir. Je lui dis: «Vous voyez bien, docteur, que mon enfant est guéri puisqu'il marche.» Alors, devant la clinique entière, il me dit: «Cet enfant n'est pas guéri, il en est loin et je ne retire pas l'appareil, ou alors je ne réponds pas des suites fâcheuses qui en résulteront.» Le petit, intimidé et effaré, ne voulait plus qu'on le touche et pleurait. Voyant tout cela, je dis au docteur que je voulais lui parler seule. Je sortis de la salle avec lui et, une fois dans son cabinet de consultation, je lui avouai, bien émue, ce que j'avais fait, comment cette guérison avait été obtenue par la prière et comment mon mari et moi étions revenus à Dieu. Ce docteur, qui est pratiquant, me crut alors et me dit: «Cela est autre chose!» Et, rentrant dans la salle, il dit à ses aides: «Messieurs, coupez l'appareil!» Puis, se tournant vers moi, il me dit: «L'enfant marche avec son appareil, maïs je ne serais pas surpris qu'il y ait un abcès, et certainement il y en a un; nous allons voir.»
Certes, je n'en croyais rien, puisque l'enfant ne souffrait pas depuis ce jour béni de la Pentecôte!... Enfin, un interne coupa le plâtre après m'avoir dit: «Vous avez tort.»
Le côté et la jambe de mon fils apparurent très beaux, tandis qu'au mois de février la peau était toute tuméfiée. Alors le docteur dit: «Oui, il y a un abcès, et un très grave»; et il fit une ponction pour vider l'abcès qui s'était formé et qui était la preuve de la coxalgie tuberculeuse. Il retira deux seringues de pus en me disant: «C'était mortel. Vous avez bien fait de venir et d'insister pour faire enlever l'appareil; cet abcès profond serait venu à la peau et aurait causé un ulcère qu'on n'aurait pu guérir; mais, à présent, il faut de toute nécessite remettre un nouvel appareil».
Aussitôt je m'écriai: «Non, non, je ne veux pas d'appareil, je suis certaine que mon enfant est guéri.—Eh bien, allez, dit le docteur d'un air mécontent; mais votre enfant va endurer de si cruelles souffrances que d'ici deux jours vous reviendrez, s'il n'est rien survenu avant.»
Il voulait dire: «Si votre enfant n'est pas mort», car il pensait, nous a dit la sœur directrice de la clinique, qu'il ne ferait pas le voyage.
L'enfant avait le côté sensible, c'est vrai, mais l'avoir eu si longtemps immobilisé, ce n'était pas extraordinaire!
Je ne dis rien et partis en gardant toute ma confiance. Je me rendis chez une tante, ma seconde mère, qui est femme de chambre au Luxembourg. La dame de la maison fit donner à mon petit Ernest un consommé de bouillon, une aile de poulet, une tartine de confiture, un gâteau et deux verres de vin qu'il trouva excellents.
Le voyage de Paris à Lisieux se fit sans qu'il ressentît aucune douleur; il dormit paisiblement dans le wagon, ce que le docteur apprenant, il n'en revenait pas; car il croyait bien apprendre sa mort ou qu'il avait souffert d'une manière épouvantable, plutôt qu'une chose aussi miraculeuse!
Au mois d'août nous retournâmes à Paris, et le docteur trouva à peine une demi-seringue de pus dans l'abcès qui s'était formé sans occasionner la moindre souffrance. «C'est vraiment merveilleux, dit-il, un cas pareil! en si peu de temps, s'asseoir et se mettre à genoux! Cela me surpasse!»
Nous y retournâmes encore fin septembre et, après examen de quatre docteurs, on ne trouva plus rien: ni abcès, ni ankylose; l'articulation de la hanche se faisait très bien; ces messieurs étaient stupéfaits: «Mais, où tout cela est-il passé en si peu de temps?» disaient-ils; ils ne trouvaient même plus la place de l'ancien abcès.
Or, ma bonne Mère, dans l'état où était le petit, il fallait compter au moins six ans, si toutefois on avait pu le guérir.
Encore un fait que je dois vous dire. D'abord il faut que vous sachiez qu'Ernest n'osait pas se risquer à marcher sans deux petits bâtons. Le 15 août, en rentrant de la grand'messe, il se mit tout à coup à fixer un objet invisible; sa figure était illuminée. Puis il se mit à marcher sans bâtons, très droit, pendant cinq minutes; on aurait cru que quelqu'un le tenait par les épaules; mon mari et moi, nous nous demandions ce qu'il avait. Il nous dit: «C'est ma petite Mère Thérèse qui me tient comme cela et qui me fait marcher sans m'appuyer; je ne la vois pas, mais je la sens derrière moi.» Et comme i! fixait toujours le mur, les yeux comme éclairés d'une céleste vision, nous lui dîmes: «Mais, que vois-tu, mon petit Ernest?» Il s'écria: «Oh! ma petite Mère est partie!» En effet, tout était fini... Mais que nous étions heureux!.....
A partir de ce jour béni, il marcha sans se tenir et beaucoup mieux; l'appétit revint tout à fait; maintenant il mange très bien et dort de même, marche sans appui et va tous les jours à l'école. Sa jambe encore bien faible le fait boiter, mais j'ai confiance en la petite Sr Thérèse pour lui enlever cette faiblesse. L'autre jour, en jouant, il est tombé et ne s'est aperçu de rien, malgré que le docteur nous ait prévenus qu'il fallait éviter la moindre chute qui, pour lui, serait très grave.
Voilà, ma révérende Mère, comment Sr Thérèse protège son petit enfant. Aussi est-ce avec une profonde reconnaissance que nous vous adressons, mon mari et moi, cette relation et que nous serions heureux si elle pouvait aider à glorifier Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face. C'est là notre plus grand désir!
Suivent les signatures de la mère, du père et de l'enfant, avec l'attestation d'un des médecins.
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108.
24 octobre 1910.
Ma Révérende Mère,
Le récit que vous avez bien voulu m'envoyer m'a prouvé encore davantage que Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus est au ciel pour nous, et m'a rappelé une de ses visites, quelques mois avant mon départ de Trinidad. Elle ne vint pas pour me faire des caresses, mais pour m'adresser un reproche fraternel, car, dans la journée, j'avais manqué à la charité.
J'avais, à la procure, un petit bout de crayon que je regardais comme une relique, car il venait de mon pauvre père. Un jour, ce crayon disparaît et, intérieurement, j'accuse une de nos sœurs qui se servait parfois des plumes et crayons à notre usage. Pendant plusieurs jours j'oubliai le crayon, lorsqu'un matin l'attachement a cette relique se fit de nouveau sentir. En récréation, je demande à la sœur d'un ton un peu fâché si le crayon en question ne se trouve pas à l'externat. La bonne sœur me dit que, pour le moment, elle ne se souvient pas de ce larcin, mais qu'elle est bien capable d'oublier de me rendre un objet prêté. Peu satisfaite, je vais dans l'après-midi chez la Mère Prieure lui exposer ma peine et lui dire que certainement le crayon était à l'externat. Une bonne leçon de détachement fut la consolation que me donna la Mère Prieure.
Dans la nuit, je vois en rêve Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus qui, d'un air doux mais un peu mécontent, me dit: «Vous avez, manqué à la charité en accusant injustement Sr X. d'avoir pris votre crayon. Le crayon que vous cherchez est dans le tiroir du bureau de la procure entre le bois et le papier que vous avez mis pour le préserver.» En même temps, je vois le tiroir s'ouvrir et j'aperçois le crayon à la place indiquée. Après m'avoir encore recommandé la charité, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus disparaît et l'Angélus sonne. Pendant l'oraison, la messe et même l'action de grâces, je ne voyais que ma céleste visiteuse me reprochant mon manquement à la charité et m'indiquant la place du crayon. Vous comprenez, ma Mère, qu'au premier moment libre j'allai à la procure, j'ouvris le tiroir, et ce n'est pas sans émotion que je trouvai le crayon exactement à la place où je l'avais vu la nuit. Alors, en hâte, je le portai à la Mère Prieure qui, émue elle aussi des attentions de Sr Thérèse, me recommanda d'être bien fidèle à suivre les conseils du second ange gardien que le bon Dieu m'avait donné.
Sr X., religieuse dominicaine.
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109.
Lisieux (Calvados), novembre 1910.
Il y a quatorze ans, mon fils aîné fit sa première Communion. Ce jour-là, le prêtre chargé du catéchisme nous prit à part, son père et moi, et nous dit: «Je vous plains de n'avoir que cet enfant; il a de mauvaises dispositions, et vous aurez beaucoup à en souffrir plus tard.»
Cette déclaration laissa mon mari tout pensif. Pour moi, je me mis à prier de tout mon cœur pour obtenir de Dieu un autre enfant que je promis de lui consacrer.
Dix mois après naissait mon second fils.
A cette époque, notre aine commençait déjà à se perdre, et bientôt il nous quitta tout à fait et ne nous donna plus de ses nouvelles qu'à de rares intervalles.
Le cadet, à peine âgé de 7 ans, disait qu'il voulait être prêtre, et il entra au petit Séminaire. Je le donnai avec joie au bon Dieu, mais il n'en était pas de même de mon mari qui, à plusieurs reprises, voulut le retirer du Séminaire pour lui faire apprendre un métier. Cette année 1910, à Pâques, l'enfant tomba malade, et un jour, pendant sa maladie, son père lui raconta un rêve mystérieux qu'il avait fait la nuit précédente: «J'ai vu, dit-il, Sr Thérèse avec son manteau blanc; elle paraissait triste...» Le petit, regardant son père, lui dit: «Papa, c'est parce que tu ne veux pas que je sois prêtre. Je t'en supplie, va la prier sur sa tombe pour ma guérison.»
Ce jour-là même, mon mari alla deux fois au cimetière; et peu de temps après, notre fils pouvait reprendre ses études. Mais quand il fut rentré à la maison pendant les vacances, son père recommença à dire qu'il ne consentirait jamais à le laisser suivre sa vocation. Puis il déclara qu'il ne s'approcherait pas des Sacrements pour la fête de l'Assomption.
Dans la nuit du dimanche 14 au lundi 15 août, il vit en songe le prêtre (mort depuis plusieurs années) qui s'était occupé de notre fils aîné pour sa première Communion. Ce prêtre lui serra la main en lui rappelant ses paroles d'autrefois. Comme il y restait indifférent, il leva les yeux et vit Sr Thérèse; en même temps, il entendit ces paroles prononcées d'un ton solennel: «Souvenez-vous de ce qui vous a été prédit, il y a quatorze ans, sur votre fils aîné. Rappelez-vous encore que le second ne vous a été donné que pour répondre au pieux désir de sa mère.»
Il s'éveilla très ému et me raconta ce qui lui était arrivé, ajoutant: «Je me confesserai et communierai aujourd'hui.»
Le dimanche 4 septembre, je me rendis au cimetière avec mon fils. Chemin faisant, je me mis à lui parler, avec douleur, de son frère aîné, et l'enfant me répondit avec animation: «Maman, puisque Sr Thérèse t'a accordé toutes les grâces que tu lui as demandées pour moi, je t'en prie, laisse-moi de côté maintenant et prions ensemble pour la conversion de mon frère.»
Arrivé sur la tombe, l'enfant se mit à réciter avec ferveur un Ave Maria pour son frère. A peine avait-il commencé sa prière qu'il sentit un parfum délicieux et inconnu. Au retour, en descendant le chemin du cimetière, au moment où je lui parlais de l'exhumation de Sr Thérèse qui devait avoir lieu deux jours après, nous sentîmes passer à côté de nous comme un être céleste que je ne saurais pas définir, c'était comme un souffle chaud et embaumé. Ce passage fut très rapide.
Nous restâmes tout impressionnés, et le petit me dit: «C'est la petite Sr Thérèse! Je suis sûr qu'en ce moment mon frère a une bonne inspiration et qu'il vient d'obtenir une grande grâce. Sr Thérèse vient nous dire que nous sommes exaucés.»
L'enfant ne s'était pas trompé. Le matin du 8 septembre, comme nous sortions de la Messe, le facteur vint à nous en souriant pour nous dire qu'une lettre nous attendait à la maison.
Cette lettre, datée du 4 septembre, était de mon malheureux enfant. Ce nouveau prodigue avait obtenu la grâce du repentir au jour et à l'heure même où nous accomplissions pour lui notre pèlerinage à la tombe de la «petite sainte», et il nous demandait de l'aider à quitter sa vie coupable et à mettre fin à sa situation irrégulière.
X.
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110.
B. (Belgique), 9 novembre 1910.
Intimement persuadé que le bon Dieu s'est servi de l'intermédiaire de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus pour m'accorder la plus grande des grâces, je crois de mon devoir d'en marquer ici l'expression de ma profonde reconnaissance.
Bien qu'ayant reçu une éducation profondément chrétienne, j'étais, hélas! comme Augustin, la victime de toutes les séductions, et sauf un naturel instinct de révolte contre toute intolérance sectaire, tout en moi démentait les pieuses ardeurs de ma jeunesse. Je lisais cependant parfois des vies de saints, mais je n'y cherchais que de curieux problèmes de psychologie; j'étais un dilettante, et je ne trouvais dans ces lectures que l'amusement d'un instant.
C'est ainsi qu'un jour,—je dirais par hasard, si tout ici n'était providentiel—disons: sans motif humainement plausible, le samedi 23 juillet 1904 (je n'oublierai jamais cette date!) j'achetai l'Histoire d'une âme. J'en entamai la lecture, je la poursuivis toute la nuit et, remué jusqu'aux fibres les plus intimes de l'être, je ne cessai de sangloter comme un enfant. J'avais à cette date 36 ans. Le surlendemain, je me confessai. L'année suivante, j'étais tertiaire du Carmel. Je suis loin d'être un saint, et Sr Thérèse a en moi un bien triste client; mais enfin, ce que je puis avoir de bon, c'est à coup sûr à elle que je le dois.
Inutile de vous dire, ma révérende Mère, que depuis lors je professe pour sa mémoire un véritable culte. Le Père Jésuite auquel je me suis confessé—vous pouvez avoir son témoignage si vous le désirez—estimait que j'étais l'objet d'une grâce extraordinaire.
Je vous autorise, ma révérende Mère, à faire de cette communication l'usage que vous jugerez bon pour la gloire de ma céleste bienfaitrice.
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111.
Hospice de Lisieux (Calvados), 18 novembre 1910.
Je suis heureuse d'ajouter aux témoignages de reconnaissance déjà si nombreux pour Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, celui de ma profonde et vive gratitude, car elle a exaucé mes prières en m'obtenant la guérison d'une tumeur que le chirurgien jugeait inopérable, et notre docteur ne pouvait même plus me soulager.
Il y a six ans (j'en ai 70), je commençai à éprouver de vives douleurs dans un côté de l'abdomen; mais depuis quatre ans, les souffrances étaient devenues plus vives et continuelles.
Cette tumeur[276], dont le docteur me disait atteinte, gênait plusieurs organes intérieurs, ce qui augmentait et multipliait les souffrances.
Au mois d'août 1910, je fis une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. J'avais d'abord reçu une relique de la petite Sœur; puis un jour, on me donna de la terre et des fleurs de sa tombe, je les mis sur moi, et je les portai et les porte encore avec respect et vénération.
Pendant cette neuvaine, j'éprouvai des douleurs terribles. Un jour même, en descendant l'escalier, elles redoublèrent de violence et je sentis quelque chose qui me torturait les membres à tel point que je tombai sur les degrés. Le docteur, appelé par notre Mère, ne put en aucune façon me soulager. Cependant je continuais à prier, ayant toujours confiance que, si c'était la volonté de Dieu, Sr Thérèse m'obtiendrait ma guérison.
Mon espoir si grand ne fut pas trompé, car le 23 août, dernier jour de la neuvaine, je me sentis tout à coup complètement guérie et débarrassée de mon mal. Je pus faire un voyage et passer quelques jours chez ma nièce. Là, je me nourris de tout ce que l'on me présenta; entre autres, je mangeai des tripes et du canard que je digérai très bien, tandis qu'auparavant je ne pouvais prendre que du lait, quelques potages, et l'estomac ne les digérait pas toujours.
Je ne cesse de remercier chaque jour ma chère petite sainte car, en plus de ma guérison, elle m'a obtenu de très grandes grâces spirituelles. Aussitôt que je me sentis guérie, j'éprouvai un bonheur inexprimable, une sorte de faim de prière. Il me semblait m'entendre dire: «Prie, prie sans cesse.» J'aurais voulu, je voudrais encore pouvoir le faire jour et nuit et être retirée dans un cloître afin de prier avec plus de recueillement.
Comment après cela, ma révérende Mère, vous dire mon affection et ma reconnaissance pour Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus?... Je voudrais faire connaître partout la bonté et la puissance de ma céleste bienfaitrice et répéter sans cesse des paroles à sa louange. Si j'entendais dire quelque chose contre elle, jamais je ne pourrais le supporter.
Sr M.-J., religieuse converse.
Suivent les signatures de la Mère Supérieure, de M. l'Aumônier de l'établissement et le certificat du docteur X.
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112.
R., France, 27 novembre 1910.
M.-M. L., dont les parents demeurent à P. (Côtes-du-Nord), était, il y a trois ans, chez les Sœurs Franciscaines de R., comme aide garde-malade.
Certain jour elle venait de la cuisine portant à bout de bras un grand plateau contenant le repas des malades, quand, à la descente d'un escalier de ciment dont les marches sont bordées de fer, elle glissa, tomba en arrière et se blessa grièvement aux reins et à la hanche droite.—Souffrant beaucoup de ces deux blessures, elle continua très courageusement son travail pendant cinq mois environ.
Elle rentra ensuite chez elle, à P..., pour aider sa mère chargée d'enfants. De plus en plus malade, elle fit ce qu'elle put, s'arrêtant ou marchant, selon le répit laissé par les crises. A ce moment on s'aperçut d'un commencement de claudication. Dix mois environ se passèrent en pareille alternative.
Alors il y eut aggravation du mal par une enflure de la hanche, par «une poussée du corps vers la gauche», comme dit la malade; enfin par un plus sensible rapetissement de la jambe droite.
N'y tenant plus, elle revint à R... le 24 juillet 1910. Malgré les soins des religieuses, la malade dut s'aliter le 3 août suivant, tant les souffrances lui rendaient la marche intolérable. Le 3 août, visite du médecin ordinaire de la communauté, le docteur B., qui diagnostiqua une coxalgie. Le 20 août, il ordonna la mise en gouttière. Les souffrances de la malade étaient passées entre temps à l'état si aigu qu'elle ne pouvait supporter, sans crier, qu'on la touchât aux parties malades: la hanche, les reins et le genou.
C'est à cette époque de douleurs intenses que lui vint l'idée de faire une neuvaine à la «petite sainte de Lisieux»; cette neuvaine commença le 17 septembre 1910, pendant laquelle elle appliqua sur le mal une petite relique. Le 26 septembre, jour final de la neuvaine, aucun changement sensible. On décida de continuer les prières avec application de la relique.
Le lundi 3 octobre, commencement d'une nouvelle neuvaine. Le soir la malade est réveillée subitement par des douleurs atroces qui durèrent sans répit depuis 11 h. jusqu'à 3 h. du matin. A 3 h. elle croit entendre une sorte de craquement dans sa hanche; la souffrance disparaît, elle s'endort. A son réveil, elle assure à la garde-malade qu'elle est guérie; celle-ci ne veut pas le croire; alors la miraculée se lève et se jette dans ses bras.
La Sœur ne peut retenir ses larmes en voyant la réalité du prodige.
La malade était en effet complètement guérie.
(Récit de l'aumônier complété par la miraculée à son pèlerinage d'action de grâces au tombeau de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.)
Suit le certificat du docteur légalisé à la mairie de R.
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113.
St-D. (Seine), 29 novembre 1910.
L'une de nos jeunes Sœurs novices était atteinte d'entérite muco-membraneuse, occasionnant de continuelles souffrances augmentées par des crises aiguës très fréquentes que le docteur déclarait être des crises appendiculaires. Les médecins, après avoir songé à une intervention chirurgicale, jugèrent plus prudent de ne pas la tenter à cause de la faiblesse du tempérament et prescrivirent un régime alimentaire très sévère qui débilitait la malade sans amener l'amélioration désirée. Elle y était condamnée depuis dix mois et ne pouvait d'ailleurs s'en écarter, ni se livrer à une occupation quelque peu fatigante, sans souffrir extrêmement.
La pauvre enfant se désolait dans la crainte fondée de n'être pas admise à la profession et de se trouver obligée de rentrer dans le monde, malgré son désir ardent de se consacrer à Nôtre-Seigneur. Lors du pèlerinage national à Lourdes, au mois d'août dernier, elle avait demandé et obtenu l'autorisation d'aller solliciter sa guérison sur la terre privilégiée de la sainte Vierge. Mais notre petite malade nous était revenue dans un état de souffrance qu'aggravait la fatigue du voyage.
Alors tout le noviciat implora avec une ferveur persévérante l'intervention de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, dont la vie offre naturellement à ces petites âmes désireuses d'aimer Nôtre-Seigneur un idéal bien capable de les attirer.
Jusqu'au 15 octobre, rien ne changea dans la situation de la malade. Ce jour-là, à 4 h. de l'après-midi, elle ressentit tout à coup de vives douleurs et crut qu'une crise plus violente que les précédentes s'annonçait. Mais après quelques minutes, dit la jeune Sœur, une sorte de secousse intérieure se produisit, et instantanément toute douleur disparut. Croyant à peine à son bonheur, elle le fit connaître discrètement autour d'elle et, le soir même, elle put prendre un repas plus substantiel sans éprouver aucune souffrance. Convaincue de sa guérison radicale, elle désirait se mettre immédiatement au régime commun; nous ne l'y autorisâmes que peu à peu. Maintenant elle suit, sans aucune exception, la vie de communauté, elle prend sa part de travail et ne ressent aucun retour du mal qui a disparu avec toutes ses conséquences.
Cette guérison instantanée ne nous laisse aucun doute sur la douce et puissante intervention qui nous l'a obtenue.
Après une attente de plus de six semaines, nous regardons comme un devoir sacré de faire connaître cette faveur, selon le très vif désir de l'heureuse novice qui craint déjà de se montrer ingrate envers sa sainte protectrice.
Sr St-V.,
Supérieure générale des religieuses de N.-D. de la Compassion.
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114.
L. (Hautes-Pyrénées), novembre 1910.
Notre fillette, âgée de trois ans, tomba malade après avoir mangé des mûres où se trouvait probablement quelque insecte venimeux. Elle fut prise d'un tel délire qu'elle ne nous reconnaissait plus. Elle avait le ventre enflé et dur comme une pierre; elle reposait très peu et ne pouvait supporter qu'on la touche sans pousser de grands cris, tant la souffrance était atroce. Ses violentes crises la laissaient épuisée et mourante; à peine pouvait-elle prendre quelques gouttes de lait. Le médecin était très inquiet.
Le 24 octobre, une personne pieuse, touchée de notre douleur, donna à la grand'mère qui soignait notre pauvre petite, une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et l'engagea à commencer une neuvaine à cette sainte religieuse. De retour à la maison, notre mère profita d'un moment très court où la petite s'était assoupie—car elle criait lorsqu'on s'approchait d'elle, craignant qu'on ne la touche—pour poser la relique sur la partie douloureuse. Un instant après, l'enfant se réveillait en souriant. Emue et pleine de confiance, la grand'mère se mit alors à genoux, reprit dans ses mains la relique et demanda avec ferveur à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus la guérison de sa petite-fille. Immédiatement elle se sentit enveloppée d'un parfum délicieux qui l'embauma pendant plusieurs minutes. A partir de ce moment, sans recourir à aucun remède humain, l'enfant alla de mieux en mieux, et le dernier jour de la neuvaine, qui était celui de la Toussaint, elle était complètement guérie.
Suit la signature des parents.
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115.
A., Belgique, 2 décembre 1910.
Le soussigné E. T., vicaire de Saint-Augustin à A., atteste que Mlle Marie V., âgée de 74 ans, portait depuis quatre à cinq ans sur la joue droite une espèce de durillon bien vilain. Ce mal, tout petit dans les commencements de son apparition, se développait peu à peu et prenait dans ces derniers temps des proportions inquiétantes, à tel point qu'on songea à le faire enlever par une opération chirurgicale; mais on craignait un résultat désastreux, surtout pour une personne d'un âge si avancé. En un mot, il s'agissait d'un cancer.
Au mois de novembre dernier, une religieuse du Carmel de M... envoya à l'intéressée une petite relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, avec conseil d'appliquer la relique sur la partie malade et d'invoquer avec confiance la petite sainte. Il fut fait ainsi; et, dés le premier jour de la neuvaine, après qu'on eut appliqué la relique, le durillon commença à diminuer progressivement.—Il noircit, blanchit, enfin se détacha et disparut.
Les membres de la famille et les connaissances de Mlle V. sont unanimes à exprimer leur grand étonnement au sujet de cette disparition merveilleuse, disparition coïncidant d'une façon surprenante avec l'application de la relique ainsi qu'avec les prières de la neuvaine.
Le soussigné déclare avoir suivi les différentes phases du développement et surtout de la disparition rapide et extraordinaire de ce mal si inquiétant.
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116.
Carmel de Tulle (Corrèze), novembre 1910.
Ma Révérende Mère,
En même temps que je vous demandais des prières pour la guérison de Mme X., j'écrivis à une personne de notre connaissance pour lui demander de faire la neuvaine avec vous. A peine cette dame recevait-elle ma lettre et l'image de Sr Thérèse qu'elle posa celle-ci sur son front et se trouva complètement guérie, car elle était très malade elle-même.
Il n'est pas étonnant que notre bien-aimée Sœur se soit penchée vers elle; âgée, malade et accablée de grandes peines, elle était bien digne d'attirer sa compassion.
Relation de la personne guérie.
Nîmes (Gard), 13 décembre 1910.
Souffrante depuis 25 ou 30 ans (j'ai 80 ans), je passais une partie de l'année au lit, ne pouvant prendre d'autre nourriture qu'un peu de lait ou presque rien.
Vers l'époque de la fête de sainte Thérèse, j'endurais des douleurs très vives dans le cerveau, dans les yeux et dans les oreilles; ma vue était troublée, mes idées semblaient m'abandonner; je ne pouvais rester debout sans me trouver mal.
Le 15 octobre, j'eus la pensée d'écrire au Carmel de Tulle afin qu'on intercède pour moi auprès de la grande sainte Thérèse.
Le jour même, on m'écrivait de ce Carmel en m'envoyant l'image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et me disant de la prier.
Je reçus cette lettre le 16 octobre; je pris l'image bénie et la posai sur mon front en invoquant Sr Thérèse. Immédiatement toute souffrance disparut; je ne ressentis plus les douleurs qui me venaient du cœur, du foie, des rhumatismes et de l'albumine; ma vue devint claire, je pus lire et travailler sans éprouver aucune fatigue. En outre, depuis ce jour, je mange avec appétit, je dors bien, et j'assiste à la Messe tous les matins, à 7 h., ce qui fait l'admiration de tout le monde. On m'appelle la ressuscitée. Je suis toute transformée.
Ma fille et ma petite-fille, qui sont venues passer les fêtes de la Toussaint chez la grand'mère paternelle, n'en pouvaient croire leurs yeux. Elles ont répandu la grâce obtenue. Les malades viennent chez moi prier devant la sainte image qui m'a guérie et la baiser.
Gloire à Dieu et remerciements à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus! Sa Vie est un festin délicieux pour mon âme; elle me ravit tellement que je suis continuellement absorbée dans sa pensée.
V** Roumieux.
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117.
Fours (Nièvre), 10 décembre 1910.
Je venais de m'offrir en victime à Nôtre-Seigneur quand je reçus le livre de la petite Sr Thérèse. Je l'ouvris par hasard le 6 août, jour de la Transfiguration, et aussitôt je me sentis envahi, comme je ne l'avais jamais été, par les ardeurs de l'amour divin. Au même instant où je commençais à lire, je sentis—oh! mais intensément—la présence à côté de moi de la petite Sr Thérèse.
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118.
29 décembre 1910.
Relation de la Rde Mère Prieure du Carmel de X.
En février 1909, Sr X. fut atteinte d'un gros rhume, accompagné d'une toux fatigante. Le 1er mars, elle eut une hémorragie, suivie de fortes douleurs à la poitrine et au dos, et sa faiblesse devint grande. Les hémorragies se renouvelèrent, presque chaque jour, jusqu'au 1er avril. Ce jour-là, le médecin déclara que les poumons étaient sérieusement atteints.
En avril et en mai, le mal empira, et elle fut condamnée par le docteur qui exigea qu'elle fût séparée du reste de la communauté à cause de la contagion. Je remis alors à la malade une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et je fis avec les Sœurs deux neuvaines à la chère petite sainte que nous vénérons beaucoup ici et qui nous a obtenu de grandes grâces.
A la fin de la deuxième neuvaine (le 2 juillet 1909), la malade était guérie. Il y a de cela dix-huit mois et elle continue à jouir d'une santé parfaite.
Relation du docteur.
J'ai soigné la Sr X. au cours d'une maladie très prolongée qui s'était annoncée par tous les symptômes de l'influenza aiguë et qui, s'étendant aux deux poumons, présenta ensuite les symptômes d'une consomption aiguë. Il y avait expectoration abondante, muco-purulente; une fièvre hectique d'un caractère très prononcé; un pouls extrêmement rapide et très faible, des sueurs abondantes la nuit, et un dépérissement tel que la malade fut presque réduite à l'état de squelette.
Les remèdes habituels: inhalations de formol, absorptions de créosote furent employés sans succès et je m'attendais tous les jours à recevoir la nouvelle de sa mort. Alors les religieuses de sa communauté eurent recours à la prière et, à mon grand étonnement, je l'avoue, une amélioration rapide se manifesta, et bientôt eut lieu la guérison complète. Le cas de la malade était cependant désespéré et rien moins qu'un miracle ne pouvait la sauver de la mort.
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119.
Belgique, décembre 1910.
Quelques jours après avoir subi ma douloureuse opération, le 9 décembre, Dieu me fit la grâce de comprendre et de sentir que je n'étais pas inutile à la Cause de Sr Thérèse et que ma vie de souffrances, offerte dans ce but, l'aiderait à accomplir sa mission. Depuis cette lumière, mon âme est dans un ineffable abandon, dans un état d'acquiescement complet à tout ce que Dieu voudra pour aider l'œuvre de la chère petite sainte.
Celle-ci a voulu me montrer, par une vision symbolique, jusqu'où elle pourrait m'entraîner dans cette voie; elle m'a fait entrevoir le calice de Jésus avec ses amertumes.
Il me semble, ma Mère, que le démon serait intéressé à ce que je ne parle pas de cette faveur, car le jour où je fus engagée à vous en faire la confidence et au moment même où je m'y décidai, je fus torturée pendant un quart d'heure par une puissance infernale qui voulait m'empêcher de parler.
Je dois dire d'abord que, depuis mon opération, je reçois chaque jour Nôtre-Seigneur dans ma chambre. La religieuse qui me soigne me fait boire, après l'action de grâces, l'eau des ablutions.
Le lundi 12 décembre 1910, je faisais comme d'ordinaire mon action de grâces, les yeux fermés, quand une religieuse s'approcha de moi, ayant à la main un petit verre dont le contenu un peu trouble, comme laiteux, me frappa. Je bus une longue gorgée du liquide qui m'était présenté; aussitôt une amertume affreuse se répandit dans ma bouche; je pensais au fiel qui abreuva Nôtre-Seigneur et j'hésitais à achever disant: «O ma Sœur, comme c'est amer! j'en ai pris assez, je vous assure, et n'en pourrais prendre davantage.» Mais la religieuse, me le présentant de nouveau, me dit: «Buvez, buvez encore, car au fond c'est Jésus!» J'achevai avec effort de boire l'amer breuvage et repris mon action de grâces. Un moment après survint mon infirmière apportant le verre d'eau habituel. Je lui dis avec simplicité: «Pourquoi m'en donner deux aujourd'hui, vous venez de me l'offrir déjà tout à l'heure?»—«Mais non, répondit-elle en riant, à quoi donc pensez-vous?»
Alors je commençai à comprendre qui m'avait apporté le premier verre à la mystérieuse amertume!
Dans la même matinée, Dieu acheva de m'éclairer. Il permit qu'une personne de mon entourage ayant vu, dans mon état, des symptômes alarmants qui ne m'auraient pas inquiétée à cause de mon inexpérience, eut la maladresse de me dire que je ne guérirais pas et qu'il me faudrait deux opérations successives et des plus graves. A cette épreuve s'en ajoutèrent, en même temps, d'autres plus intimes et non moins crucifiantes.
C'était bien Sr Thérèse qui était venue me présenter le calice de ma passion! Depuis elle continue de m'abreuver divinement; chaque jour amène sa goutte d'amertume, goutte délicieuse puisque la chère sainte est là pour m'aider à la boire et à l'offrir à Jésus.
Dans les sacrifices plus grands qui m'attendent encore, c'est Jésus que je vois; Thérèse me l'a dit, et ce mot d'elle a suffi pour jeter sur ma vie entière cette lumière pénétrante qui réduit tout en joie.
X.
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120.
Hospice de Cl. (Seine), 30 décembre 1910.
Nous avons été témoin de la guérison d'une jeune fille de 17 ans, atteinte d'hydrarthrose du genou droit, en traitement ici depuis quatre mois, sans aucune amélioration, et qui devait, d'après l'avis du docteur, subir une grave opération.
Malade depuis l'enfance, elle a déjà été opérée plusieurs fois et a été longtemps traitée dans les hôpitaux pour des humeurs froides.
Dans l'attente de son admission à l'hôpital Necker (Paris), nous eûmes la pensée de vous écrire pour demander des reliques de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. A leur arrivée, la pauvre malade pleine de confiance commença pieusement une neuvaine avec son infirmière, et nous appliquâmes sur le genou un sachet contenant un morceau du rideau du lit d'infirmerie de la petite sainte.
Dès le premier jour, qui était le 10 décembre 1910, la malade fut prise de vomissements violents, ce qui nous parut étrange, car elle a un très bon estomac et montrait d'habitude un excellent appétit. Les vomissements durèrent ainsi jusqu'au 13. La pauvre enfant souffrait beaucoup aussi d'un violent point de côté. Chaque jour l'infirmière lui lisait, pour l'encourager, quelques guérisons dues à l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Alors sa confiance se ranimait; elle voulait être toute seule et priait continuellement l'angélique sainte. Elle affirme que, dans la nuit du 13 au 14, Sr Thérèse lui dit en songe: «Je te guérirai» (la malade ordinairement ne rêvait jamais).
La journée du 14 fut fort pénible; les douleurs s'accentuèrent. Pas de changement le 15. Le vendredi 16 décembre 1910, septième jour de la neuvaine, le calme se fit, la malade sentit un grand mieux et, pleine de joie, se mit à chanter. Le samedi matin, au réveil, ne ressentant plus aucune douleur, elle sauta hors de son lit en s'écriant: «Je suis guérie!»
Nous examinâmes son genou: tout avait disparu. A midi, elle mangea sans aucun malaise. Le médecin arriva le lendemain, il regarda le genou, le tâta et s'écria: «C'est renversant! plus rien! Elle est guérie! renvoyez-la chez elle.»
Depuis, la miraculée se porte parfaitement et marche sans aucune fatigue.
Sr Th., supérieure.
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121.
Asile des Petites Sœurs des Pauvres, Lisieux, 30 décembre 1910.
Guérison d'un cancer à la langue.
Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus a exaucé la prière d'un de nos bons vieillards (car bien qu'âgé de 60 ans seulement, il paraissait en avoir 80) qui lui demandait sa guérison.
Ferdinand Aubry—c'est le nom du privilégié de la petite Sainte—est entré dans notre asile au mois de mai 1910. Dès ce moment nous avons remarqué sur sa langue des taches qui nous firent craindre pour plus tard un cancer. Il commençait déjà à souffrir un peu. Aux mois d'août et septembre, les douleurs augmentèrent; il ne pouvait plus manger de viande ni prendre d'aliments chauds.
Le 22 septembre, la langue se trouvait très envenimée; le lendemain 23, la Sœur infirmière s'aperçut que le mal commençait à ronger les chairs. Le 24, M. le docteur V. vint le voir. Il trouva en effet la langue dans un état très grave. Selon notre conviction il était atteint, soit de gangrène, soit d'un cancer; mais nous pensions plutôt que c'était un cancer, à cause des taches que nous avions constatées à son entrée à l'asile.
Le docteur ordonna de l'envoyer à l'hôpital, car, disait-il, nous n'avions pas ici les tubes et ce qu'il fallait pour le soulager dans les horribles souffrances qui l'attendaient; il voulait en même temps nous épargner le spectacle de sa mort qu'il prévoyait devoir être affreuse. Nous pensions bien, nous aussi, qu'elle serait cruelle, car nous avions soigné déjà un vieillard atteint de cette maladie. En attendant son transfert, le docteur approuva que nous prenions des précautions sérieuses, comme celle de laver son linge à part. Il aurait voulu que nous l'isolions des autres vieillards à cause de l'odeur infecte qu'il exhalait. Il nous conseilla aussi de lui procurer sans tarder la sainte Communion afin qu'il pût la faire encore une fois avant de mourir, car le mal faisait des progrès rapides; il jugea même prudent de dire à Monsieur l'Aumônier de ne lui donner qu'une parcelle de la sainte hostie.
Dès le lendemain 25, on fit communier le malade. Quelques instants plus tard, nous lui donnâmes une image et une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus en lui disant d'avoir confiance en elle, et de lui faire une neuvaine pour obtenir sa guérison.
Nous avions confiance nous-mêmes, car cette petite Sainte si pure aime les pécheurs, et nous savions que les antécédents de ce pauvre homme n'empêcheraient pas sa céleste charité de s'exercer sur lui. Il avait vécu de longues années loin du bon Dieu, adonné au vice abrutissant de l'ivrognerie. A son arrivée ici, nous avions agi avec lui selon notre coutume en pareil cas, ne le sevrant pas tout à coup, mais l'habituant peu à peu à la sobriété; et, sa bonne volonté et son courage aidant, il avait fini par se corriger tout à fait.
Quand je lui fis connaître la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, je lui lus le passage de sa vie où elle parle d'un pauvre vieillard à qui elle porta l'aumône et qui lui inspira une si vive compassion qu'elle se souvint de lui le jour de sa première Communion. Le bon Ferdinand en fut touché; cette petite Sainte qui aimait les pauvres et les vieillards l'avait conquis. Aussi fit-il sa neuvaine, selon son expression, «avec deux cœurs». Tous les vieillards, émus d'une vive pitié, s'unirent à sa neuvaine en récitant la «prière pour demander la béatification de Sr Thérèse».
Ce même jour, 25 septembre 1910, deux Petites Sœurs allèrent en pèlerinage à la tombe de la Servante de Dieu, à la même intention; et, le lendemain, M. l'Aumônier offrit le saint sacrifice de la Messe pour demander à Dieu la béatification de l'angélique Sr Thérèse et, par son intercession, la guérison de notre malade.
Le lendemain, lundi 26, l'infirmière, en pansant le pauvre homme, arracha avec un linge un lambeau de chair pourrie qui pendait de la langue. Elle en fut très impressionnée, car le mal parut encore plus visible; le bout de la langue avait disparu, et le reste continuait à se ronger. Le cou était très enflé. A chaque pansement, on voyait les progrès du mal. L'infirmière déclara plusieurs fois qu'il était impossible, à moins d'un miracle, que le malheureux guérisse.
Le mercredi 28, nous allâmes au Carmel demander un pétale de roses avec lesquelles Sr Thérèse avait embaumé et caressé son crucifix sur son lit de mort. Au retour, nous posâmes la relique auprès du malade. Revenant un instant après, nous fûmes surprises de ne rien retrouver dans le petit sachet authentiqué; nous lui demandâmes ce qu'il avait fait du précieux pétale: «Mais, ma Sœur, je l'ai mangé!» répondit-il d'un ton résolu et qui révélait sa foi profonde.
A partir de ce moment nous constatâmes une légère amélioration. Pour lui il ne disait rien, mais il ne souffrait plus. Nous l'apprîmes le 2 octobre lorsque, à notre grande surprise, il nous déclara tout à coup: «Je suis guéri!—Mais depuis quand?—Depuis trois ou quatre jours!»
Le lendemain, 3 octobre 1910, dernier jour de la neuvaine, nous priâmes notre docteur de venir voir notre miraculé. Nous le prévînmes de la guérison, mais il crut que nous nous trompions. Lorsqu'il arriva près du bon Ferdinand, celui-ci tout heureux ouvrit la bouche, et le docteur s'écria: «Il est guéri, sa langue est cicatrisée!»
Alors, d'une voix rendue à peine intelligible à cause de l'absence du morceau de langue que la gangrène avait fait disparaître, le vieillard demanda: «Ma langue va-t-elle repousser?—Oh! pour ça non, mon ami; n'y comptez pas, c'est bien impossible!» lui répondit le docteur étonné de cette foi naïve.
Mais la petite Sainte ne voulut pas se contenter d'avoir miraculeusement guéri son vieux protégé, elle lui obtint encore la merveille extraordinaire qu'il désirait; sa langue se mit aussitôt à repousser, et, à la fin d'octobre, elle avait repris l'aspect normal d'une langue parfaitement saine.
Notre vieillard était atteint de paralysie; aussi en lui faisant demander la guérison de sa langue, l'avions-nous engagé à demander en même temps celle de son autre maladie. Mais il ne l'avait pas voulu, disant que, pourvu qu'il ne meure pas de son cancer, tout le reste lui était égal. Il ne tenait pas à la vie et préférait même mourir dans les bonnes dispositions où il était.
Après être resté quelque temps dans un état stationnaire qui permit à de nombreux témoins d'admirer en lui la puissance d'intercession de la petite Sainte du Carmel, il s'affaiblit graduellement. Il put cependant encore, le 8 décembre, aller en voiture jusqu'au cimetière pour remercier sa céleste bienfaitrice; mais ce fut sa dernière sortie. Quelques jours plus tard, le 18 décembre 1910, il rendait doucement son âme à Dieu après avoir reçu les derniers sacrements avec une grande piété.—Il était dans une parfaite tranquillité d'âme. Un des soirs qui précéda sa mort, il dit: «Je suis si faible, je crois que je vais mourir cette nuit; pour ne pas déranger Monsieur l'Aumônier, on pourrait me donner tout de suite l'Extrême-Onction.»
Pendant son agonie, on l'encourageait par la pensée d'aller voir au ciel son angélique protectrice; alors il demanda dans une pensée d'humilité: «Mais, vais-je pouvoir entrer dans l'«appartement» où elle est?»
La nuit de sa mort, à onze heures et demie, l'infirmière voulut lui donner de l'eau bénite. Le malade lui prit la main et fit un geste qui indiquait son désir d'être aidé à faire le signe de la croix; il fixait en même temps avec attention le portrait de Sr Thérèse attaché au bénitier et paraissait ne pouvoir en détacher les yeux. On l'exhortait à avoir confiance en Dieu, lui promettant l'assistance de sa céleste bienfaitrice au moment de sa mort. En entendant le nom de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, il eut comme un tressaillement d'allégresse; son regard mourant s'illumina tout à coup et se dirigea en haut vers un certain point de la chambre. Il y avait dans ce regard comme une assurance de salut!!!
Encore une remarque sur l'organe guéri: avant de mettre le corps dans le cercueil, un docteur voulut examiner la langue, et nous pûmes voir avec lui qu'elle était restée belle et saine.
Puisse-t-elle chanter maintenant les miséricordes du Seigneur!
Sr X., supérieure.
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122.
X., France, janvier 1911.
A la suite d'une fièvre typhoïde je fus prise, vers la fin de 1908, de vives douleurs au bras gauche qui annonçaient la carie des os. Une large plaie suppurante s'était formée au poignet et un jour, en baignant mon bras, je vis avec frayeur un petit fragment d'os s'en détacher.
Le médecin déclara l'urgence d'une opération: il s'agissait de mettre l'os à nu et de nettoyer la partie atteinte afin d'arrêter—si c'était possible—les progrès du mal.
Un retard forcé me permit d'aller, le 15 avril 1909, me recommander aux prières du Carmel de X. Là on m'engagea à prier Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et on me remit une de ses reliques. Je l'appliquai sur mon mal et elle y resta pendant la neuvaine que je commençai dès le lendemain, 16 avril, en union avec le Carmel.
Au jour fixé pour l'opération, le médecin arrive avec ses instruments de chirurgie, il stérilise la lancette qui doit fouiller mon pauvre bras tandis que je le débande. J'entre dans la salle d'opération, le docteur s'approche, regarde ma plaie: elle est cicatrisée; il s'écrie: «Mais c'est guéri, il n'y a pas besoin d'opération!» En effet je ne souffrais plus!
Près de deux ans se sont écoulés depuis et jamais la moindre douleur n'a reparu.
X.
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123.
N.-D. de la Miséricorde de Lisieux, 2 janvier 1911.
Louise Lamy a été atteinte de grosseurs le long de la jambe droite en 1900. Il s'est formé du pus et une plaie. Avec les soins le mal a cédé, mais pour reparaître les années suivantes, et, à deux reprises surtout, a été très difficile à enrayer.
La malade ne pouvait rester couchée sur le côté droit sans être réveillée par les douleurs, et souffrait en marchant.
En 1907, le mal fit de tels progrès que, le 28 janvier, Louise dut entrer à l'infirmerie. Le médecin constata une nécrose à la cuisse droite. Il s'y forma trois trous sur une superficie de 15 à 20 centimètres. Le pus sortait en telle abondance qu'il fallait passer des drains pour l'écoulement, la plaie était pansée plusieurs fois par jour, et des paquets de linge étaient employés à chaque fois.
Les plaies et l'état général donnaient des craintes si sérieuses que le docteur commençait à désespérer de la guérison.
La malade ne pouvait supporter le moindre pansement sans souffrir d'atroces douleurs; elle ne pouvait s'appuyer aucunement sur la jambe, l'appétit avait disparu ainsi que le sommeil, et on s'attendait à un dénouement prochain.
Notre chère malade, qui aimait beaucoup Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, eut l'idée de lui faire une neuvaine. Elle la commença avec une grande confiance. Pendant cette neuvaine elle souffrit davantage. On lui conseilla d'en recommencer une seconde, puis, pour les pansements, on se servit d'une goutte d'huile bénite de la Sainte Face, pour laquelle Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus avait tant de dévotion. Vers le milieu de la neuvaine, Jeudi Saint, 28 mars, notre malade, qui avait passé une bonne nuit, sentit en s'éveillant qu'elle pouvait remuer la jambe et dit à la Mère infirmière qui se disposait à faire le pansement matinal: «Vous pouvez aller à la Messe sans me changer, je suis mieux.»
En effet, il restait de petits trous, mais qui ne la faisaient pas souffrir. La suppuration avait cessé. Les plaies mirent deux ou trois jours à se fermer. La malade s'était levée vers neuf heures. Le docteur venu pour la voir ne pouvait en croire ses yeux. «Je suis guérie, lui dit-elle, je ne souffre plus.»
L'après-midi, elle descendit à la cuisine et remonta les escaliers sans souffrance.
Le jour de Pâques, 31 mars, elle fut à la Messe à la chapelle, et s'agenouilla à la sainte Table, comme ses compagnes. Le docteur ne pouvait revenir d'un tel changement, car il ne voyait pas de remède à ce mal affreux.
L'année suivante, novembre 1908, ce même docteur demande à voir sa malade. Il est frappé de sa mine de santé; puis, après examen sérieux, ne trouvant aucune trace de l'horrible plaie, il se retire persuadé de l'intervention de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.
Depuis, aucune rechute, la santé est excellente.
Sr X.
Supérieure.
Suit le certificat du médecin.
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124.
Trouville-s.-Mer (Calvados), 2 janvier 1911.
J'avais, depuis l'enfance, une grosseur sous l'aisselle droite, semblable à une bille mobile placée entre cuir et chair. Elle se sentait très nettement à la palper, mais n'était pas visible à l'extérieur. Je n'en souffrais nullement.
Il y a quatre ans, elle augmenta de volume et devint douloureuse. Je consultai alors un médecin de Bernay qui l'appela «ganglion tubéreux» et me conseilla une opération pour plus tard.
Souffrant davantage, je consultai durant l'été 1905 un médecin de Trouville qui me fit subir un traitement continu, pendant trois mois et dix-sept jours. Il appela mon mal «kyste néogéne» et me l'ouvrit très souvent, c'est-à-dire plusieurs fois chaque semaine. Il en extrayait alors, à l'aide de pinces, de petits cheveux enroulés en forme de limaçon. Après ce traitement je souffris un peu moins, mais je n'étais nullement guéri.
Au printemps 1910, je fus repris plus violemment et incapable de travailler. La douleur se faisait sentir non pas seulement sous le bras qui me semblait comme rongé intérieurement, mais encore dans tout le côté du corps et de la tête, si bien que mon caractère avait complètement changé et que j'étais devenu, par la persistance du mal, d'humeur chagrine et irascible.
Une opération fut donc décidée par le docteur X. et le jour fixé à l'un des derniers samedis de mai, je ne sais plus lequel.—Par une coïncidence providentielle, une personne pieuse engagea ma femme à faire une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus pour ma guérison. C'était la première fois que nous entendions parler de cette Sœur; nous nous empressâmes quand même de suivre le conseil.
Or, chaque jour de la neuvaine, nous constations que le kyste diminuait de grosseur et de dureté, si bien que le samedi, jour de clôture de la neuvaine et jour fixé pour mon entrée à la clinique, où l'opération devait avoir lieu le surlendemain lundi, la grosseur avait complètement disparu. J'hésitai à me rendre à la consultation; sur les instances de ma femme, je m'y décidai. Je trouvai le docteur X. en compagnie d'un autre chirurgien qu'il me demanda de faire assister à l'opération, à titre de témoin, car, disait-il, mon cas était intéressant et rare. Je lui répondis en souriant—car j'avais repris ma gaieté d'autrefois—que la présence d'un autre docteur ne me gênait nullement... puis je découvris l'épaule et le bras, et le docteur parut stupéfait quand, après avoir examiné et palpé de toutes façons le siège du mal, il constata qu'il n'y avait plus rien, que j'étais complètement guéri. Il me demanda si j'avais employé des remèdes nouveaux et lesquels; et, sur ma réponse négative, il me renvoya en disant: «C'est étrange! Enfin, si le mal vous reprend, je suis toujours là: vous viendrez me retrouver.»
Depuis cette époque, fin mai 1910, je n'ai plus jamais senti la moindre trace de cette grosseur, ni éprouvé la moindre douleur à l'endroit jadis malade; et pourtant, je me suis livré aux plus pénibles travaux.
En foi de quoi j'ai signé de plein cœur la présente attestation, attribuant ma guérison uniquement à la puissante intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus dont je n'ai jamais cessé depuis lors de porter les reliques et d'implorer la bienfaisante protection.
X.
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125.
X., 2 janvier 1911.
Parmi les faveurs que l'on nous signale des cinq parties du monde, citons enfin celle-ci:
Ma Révérende Mère,
Vous vous souvenez de mon pèlerinage à Lisieux, vous vous rappelez dans quel état de découragement je me présentai à vous. Vous m'avez promis alors de prier pour moi, et vous l'avez fait certainement car le même jour, sur la tombe de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, tandis que je sanglotais le front appuyé sur la croix, subitement le calme, la paix, l'abandon succédèrent à une angoisse mortelle; quand je dis paix, je veux parler d'un état de quiétude que je n'ai jamais ressenti, même aux heures divines de mes ordinations, et qui, depuis lors, ne m'a jamais quitté.
En même temps, une lumière subite inonda mon âme et la transforma. Sr Thérèse me faisait comprendre et m'obtenait la force de vouloir suivre la voie du renoncement total et continu. Ce fut un vrai miracle.
A cette même heure, ma mère, restée dans ma paroisse, reçut cette inspiration: «Inutile de te préoccuper, ton fils est guéri.» Elle ouvrit alors au hasard un livre de piété qu'elle tenait à la main, et ce fut le portrait de Thérèse qui s'offrit à ses regards. Elle le couvrit de larmes de joie.
Depuis lors, je suis comme sur un rivage béni, en possession d'une paix inexprimable.
Mais tout cela, ma Révérende Mère, n'est que le prélude des faveurs admirables dont je suis l'objet de la part de notre angélique Sœur. Je sens à tout moment l'assistance de quelqu'un qui féconde et conduit merveilleusement mon ministère et mes labeurs, et me fait demeurer avec Notre-Seigneur dans une ineffable intimité. Mes plus grosses difficultés sont réduites à néant comme par enchantement. Malgré l'opposition humainement insurmontable des méchants, le bien s'accentue tous les jours davantage.
Parfois, au moment de monter en chaire, je change subitement mon sujet d'instruction, une force mystérieuse m'inspire et me dicte des paroles que je trouve étranges; il me serait souvent impossible de me les rappeler ensuite pour les mettre par écrit. Et après, l'on me fait cette réflexion: «Mais ce que vous nous avez dit, c'est divin!»
Enfin, ma Révérende Mère, je dois vous avouer que non seulement je sens la présence de Sr Thérèse, mais aussi que je l'ai vue—sous les traits de sa photographie, celle qui se trouve au commencement de l'Histoire d'une âme.
La première fois, j'étais dans une grande tentation de découragement; l'angoisse dont elle me délivra sur sa tombe me revenait. Je disais le bréviaire dans mon jardin; tout à coup, à bout de forces, je m'arrêtai et m'écriai tout haut: «Thérèse! Thérèse!»..... Et je la vis apparaître devant moi; elle souriait et me dit avec une autorité toute céleste: «Confiance!» et elle disparut, ayant mis fin par ce seul mot à mon tourment intime.
La seconde fois, je revenais de visiter un confrère; chemin faisant, je songeais aux mille obstacles que l'impiété fait surgir contre moi dans mon ministère paroissial, et le découragement me saisit de nouveau avec une telle violence que je fus tenté de rebrousser chemin. Alors, avec la simplicité et l'insistance d'un enfant, j'appelle ma libératrice... Que vois-je? Comme un ange elle plane dans les airs, étendant son blanc manteau sur ma paroisse, tandis que j'entends ces paroles: «Ce n'est pas vous seulement que je protège, je protège aussi votre peuple. Soyez, en paix, je dirigerai tout, je serai votre bouclier.»
Confus des tendresses du Ciel, je me mis à pleurer et rentrai chez moi l'âme inondée de joie et de confiance.
Dans une autre circonstance, l'appelant à mon secours, je la vis se précipiter sur le démon et le terrasser, puis elle me couvrit de son manteau avec une sollicitude de mère. A ce moment, j'avais l'intelligence de la grandeur du prêtre. Oui, cette âme privilégiée est terrible aux démons «comme une armée rangée en bataille».
Lorsqu'elle est auprès de moi, je perds conscience des personnes et des choses, je ne vois plus les objets qui m'environnent, je ne vois qu'elle, toute baignée de lumière, la physionomie rayonnante de grâce divine, de tendresse et de force. Ces visions très rapides ne durent que le temps de faire naître un sentiment profitable à mon âme et glorieux à Dieu.
Depuis quelque temps, au commencement du saint Sacrifice, je lui demande de me suivre dans l'oblation divine, et, ô merveille! elle m'apparaît avec une dignité et une majesté célestes. Elle me fait alors comprendre l'amour infini de Jésus pour l'homme pécheur, et je me sens pénétré de tendresse pour les âmes.
Ah! ma Révérende Mère, vous le voyez, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus s'est chargée de moi. Au ciel seulement on saura tout ce que je lui dois. Elle m'a donné l'attrait de la vie cachée et oubliée, elle me fait vivre dans la pratique constante du renoncement absolu; elle m'a révélé le vrai sens de l'humilité du cœur; maintenant détaché de tout, je comprends que je suis l'instrument indigne entre les mains de Dieu, et j'ose dire que mon amour pour Jésus est devenu un feu qui me consume.
Je supplie à genoux mes confrères, qui ne me connaîtront jamais, de mettre toute leur confiance en cette élue de Dieu. Qu'ils me croient: Sr Thérèse aime les prêtres comme elle aimait Jésus sur ta terre. Le prêtre, n'est-ce pas Jésus avec son autorité et sa miséricorde? ON NE CONNAÎT PAS ASSEZ LA PUISSANCE ET LE ZÈLE DE CETTE SAINTE CARMÉLITE POUR LA SANCTIFICATION DES PRÊTRES. Elle a daigné me le faire comprendre, non seulement par sa sollicitude à mon égard, mais par une vision spéciale où elle me montrait le Ciel, m'excitant à travailler avec elle à la sanctification de mes frères dans le sacerdoce.
Oui, Sr Thérèse sera le salut des prêtres. C'est la mission qui lui a été confiée par le Seigneur!
La main sur le saint Evangile, je jure que tout ce que j'ai dit dans cette relation est conforme à la vérité.
X., curé.
Suivent les attestations du directeur et du confesseur de ce prêtre.
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