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Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face: Histoire d'une âme écrite par elle-même

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SI VOUS CONNAISSIEZ LE DON DE DIEU!  Fresque composée et peinte par Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus  autour du Tabernacle de l'Oratoire intérieur du Carmel. SI VOUS CONNAISSIEZ LE DON DE DIEU!
Fresque composée et peinte par Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus
autour du Tabernacle de l'Oratoire intérieur du Carmel.

Vous tremblerez, habitants de la terre;
Vous tremblerez à votre dernier jour!
Ne pouvant plus soutenir la colère
De cet Enfant, aujourd'hui Dieu d'amour.
Pour vous, mortels, il choisit la souffrance,
Ne réclamant que votre faible cœur;
Au jugement vous verrez sa puissance,
Vous tremblerez devant le Dieu vengeur.

Tous les Anges, à l'exception de l'Ange du jugement dernier.

Air: O Cœur de notre aimable Mère.

Oh! daigne écouter la prière
De tes Anges, divin Jésus!
Toi qui viens racheter la terre,
Prends la défense des élus.

De ta main, ah! brise ce glaive,
Apaise cet Ange en courroux!
Bel Enfant, que ta voix s'élève
Pour sauver le cœur humble et doux.

L'Enfant-Jésus.

Air: Petit oiseau, dis, où vas-tu?

Consolez-vous, Anges fidèles;
Vous seuls, pour la première fois,
Loin des collines éternelles,
Du Verbe, écouterez la voix:

Je vous chéris, ô pures flammes!
Anges du céleste séjour!
Mais, comme vous, j'aime les âmes,
Je les aime d'un grand amour.

Je les ai faites pour moi-même,
J'ai fait leurs désirs infinis;
La plus petite âme qui m'aime
Devient pour moi le paradis.

L'Ange de l'Enfant-Jésus lui demande de cueillir sur la terre une abondante moisson d'âmes innocentes, avant qu'elles soient ternies par le souffle impur du péché.

Réponse de l'Enfant-Jésus.

O bel Ange de mon enfance!
J'exaucerai tes vœux ardents:
Je saurai garder l'innocence
En l'âme des petits enfants.

Je les cueillerai dès l'aurore,
Charmants boutons, pleins de fraîcheur;
Au ciel tu les verras éclore
Sous les purs rayons de mon Cœur.

Leur belle corolle argentée,
Plus brillante que mille feux,
Formera la route lactée
De l'azur étoilé des cieux.

Je veux des lis pour ma couronne,
Moi, Jésus, le beau Lis des champs,
Et je veux, pour former mon trône,
Une gerbe de lis brillants.

L'Ange de la Sainte Face demande le pardon des pécheurs.

Réponse de l'Enfant-Jésus.

Toi qui contemples mon Visage
Dans un ravissement d'amour,
Et qui, pour garder mon image,
Quittas le céleste séjour,

Je veux exaucer ta prière:
Toute âme obtiendra son pardon,
Je la remplirai de lumière,
Dès qu'elle invoquera mon Nom.

O toi qui voulus sur la terre
Honorer ma croix, ma douleur;
Bel Ange, écoute ce mystère:
Toute âme qui souffre est ta sœur.

Au ciel, l'éclat de sa souffrance
Sur ton front viendra rejaillir;
Et le rayon de ton essence
Illuminera le martyr.

L'Ange de l'Eucharistie demande ce qu'il pourra faire pour le consoler de l'ingratitude des hommes.

Réponse de l'Enfant-Jésus.

Ange de mon Eucharistie,
C'est toi qui charmeras mon Cœur;
Oui, c'est ta douce mélodie
Qui consolera ma douleur.

J'ai soif de me donner aux âmes;
Mais bien des cœurs sont languissants:
Séraphin, donne-leur tes flammes,
Attire-les par tes doux chants.

Je voudrais que l'âme du prêtre
Ressemblât à l'Ange du ciel!
Ah! je voudrais qu'il pût renaître
Avant de monter à l'autel.

Afin d'opérer ce miracle,
Il faut que, brûlantes d'amour,
Des âmes, près du Tabernacle,
S'immolent la nuit et le jour.

L'Ange de la Résurrection demande ce que deviendront les pauvres exilés de la terre, quand le Sauveur sera monté aux cieux.

Réponse de l'Enfant-Jésus.

Je remonterai vers mon Père,
Afin d'attirer mes élus;
Après l'exil de cette terre,
Dans mon Cœur ils seront reçus.

Quand sonnera la dernière heure,
Je rassemblerai mon troupeau;
Et, dans la céleste demeure,
Je lui servirai de flambeau.

L'Ange du jugement dernier.

Oublieras-tu, Jésus, bonté suprême,
Que le pécheur doit être enfin puni?
Oublieras-tu, dans ton amour extrême,
Que, des ingrats, le nombre est infini?
Au jugement je châtierai le crime,
Et ma fureur saura se décharger.
Mon glaive est prêt!... Jésus, douce Victime,
Mon glaive est prêt; je viendrai te venger!

L'Enfant-Jésus.

O bel Ange, abaisse ton glaive,
Ce n'est pas à toi de juger
La nature que je relève:
De la paix, je suis Messager.

Celui qui jugera le monde:
C'est moi... que l'on nomme Jésus!
De mon sang, la source féconde
Purifiera tous mes élus.

Sais-tu que les âmes fidèles
Me consoleront chaque jour
Des blasphèmes des infidèles,
Par un simple regard d'amour?

Aussi, dans la sainte patrie,
Mes élus seront glorieux;
Et, leur communiquant ma vie,
J'en ferai comme autant de dieux.

L'Ange du jugement dernier.

Air: Dieu de paix et d'amour.

Devant toi, doux Enfant, le Chérubin s'incline: Il admire, éperdu, ton ineffable amour, Il voudrait, comme toi, sur la sombre colline Pouvoir mourir un jour!

REFRAIN

Chanté par tous les Anges.

Qu'il est grand le bonheur de l'humble créature! Le Séraphin voudrait, dans son ravissement, Délaisser, ô Jésus, l'angélique nature, Et devenir enfant...

Noël 1894.

La fuite en Egypte.

Récréation pieuse (Fragment).

L'Ange avertit saint Joseph.

Air: La folle de la plage.

Vers l'Egypte, bien vite,
Il faut prendre la fuite!...
Joseph, dès cette nuit,
Eloigne-toi sans bruit.

Hérode, en sa furie,
Cherche le Roi nouveau:
A ce divin Agneau
Il veut ôter la vie.
Prends la Mère et l'Enfant,
Fuyez rapidement!

Chant des Anges accompagnant la sainte Famille.
Air: Les gondolières vénitiennes.

Ineffable mystère!
Jésus, le Roi du ciel,
Exilé sur la terre,
Fuit devant un mortel!
A ce Dieu dans les langes,
Offrons tout notre amour;
Que nos blanches phalanges
Viennent former sa cour.

Couvrons-le de nos ailes
Et des fleurs les plus belles;
Far nos concerts joyeux,
Berçons le Roi des cieux.
Pour consoler sa Mère,
Chantons avec mystère
Les charmes du Sauveur,
Sa grâce et sa douceur!

Ah! quittons ce rivage,
Bien loin de l'orage,
Fuyons cette nuit,
Loin de tout bruit.

La Vierge sous son voile
Cache notre étoile:
L'astre des élus,
L'Enfant-Jésus.

Le Roi du ciel
Fuit devant un mortel!...

L'Ange du désert.
Air: du Credo d'Herculanum.

Je viens chanter, de la sainte Famille,
L'éclat divin qui m'attire en ces lieux;
Dans le désert, cette étoile qui brille
Me charme plus que la gloire des cieux.
Ah! qui pourra comprendre ce mystère:
Parmi les siens, Jésus est rejeté!
Il est errant, voyageur sur la terre,
Et nul ne sait découvrir sa beauté.

Mais, si les grands redoutent votre empire,
O Roi du ciel, Astre mystérieux!
Depuis longtemps plus d'un cœur vous désire,
C'est vous l'espoir de tous les malheureux.
Verbe éternel, ô Sagesse profonde!
Vous répandez vos ineffables dons
Sur les petits, les faibles de ce monde:
Et dans le ciel vous écrivez leurs noms.

Si vous donnez la sagesse en partage
A l'ignorant, s'il est humble de cœur,
C'est que toute âme est faite à votre image.
Vous appelez, vous sauvez le pécheur!
Un jour viendra qu'en la même prairie,
L'agneau paîtra doucement près du lion;
Et le désert, votre unique patrie,
Plus d'une fois entendra votre Nom.

O Dieu caché! des âmes virginales,
Brûlant de zèle au foyer de l'amour,
S'élanceront sur vos traces royales,
Et les déserts se peupleront un jour.
Ces cœurs ardents, ces âmes séraphiques
Réjouiront tous les Anges des cieux,
Et l'humble accent de leurs divins cantiques
Fera trembler l'abîme ténébreux.

Dans sa fureur, sa basse jalousie,
Satan voudra dépeupler les déserts;
Il ne sait pas la puissance infinie
Du faible Enfant qu'ignore l'univers.
Il ne sait pas que la vierge fervente
Trouve toujours le repos en son cœur;
Il ne sait pas combien elle est puissante
Cette âme unie à son divin Sauveur!

Peut-être un jour vos épouses chéries
Partageront votre exil, ô mon Dieu!
Mais les pécheurs qui les auront bannies,
De leur amour n'éteindront pas le feu.
Du monde impur la haine sacrilège
N'atteindra pas les vierges du Seigneur
Jusqu'à souiller leur vêtement de neige,
Jusqu'à ternir leur céleste blancheur.

O monde ingrat, déjà ton règne expire;
Ne vois-tu pas que ce petit Enfant
Cueille joyeux la palme du martyre,
La rose d'or, le lis éblouissant?
Ne vois-tu pas que ses vierges fidèles
Tiennent en main la lampe de l'amour?
Ne vois-tu pas les portes éternelles,
Qui, pour les saints, doivent s'ouvrir un jour?

Heureux instant! ô bonheur sans mélange,
Quand les élus, paraissant glorieux,
De leur amour recevront en échange
L'éternité pour aimer dans les cieux!
Après l'exil, plus jamais de souffrance,
Mais le repos du céleste séjour;
Après l'exil, plus de foi, d'espérance,
Rien que la paix, l'extase de l'amour!

21 janvier 1896.

Jésus à Béthanie.

Récréation pieuse.

Air: L'Ange et l'aveugle.

Marie-Madeleine.

O Dieu, mon divin Maître,
Jésus, mon seul amour!
A vos pieds je veux être,
J'y fixe mon séjour.
En vain sur cette terre
J'ai cherché le bonheur.
Une tristesse amère
Seule a rempli mon cœur...

Jésus.

Marie, ô Madeleine!
Je suis ton doux Sauveur!
Oubliant toute peine,
Jouis de ton bonheur.
Tes regrets sont extrêmes,
Et mon Cœur te redit:
Je sais bien que tu m'aimes.
Ton amour me suffit!

Marie-Madeleine.

C'en est trop, mon bon Maître,
Je me sens défaillir...
Que ne puis-je renaître
En ce jour, ou mourir!
Comprenez mes alarmes,
O Jésus, mon Sauveur!
J'ai fait couler vos larmes:
Quelle immense douleur!

Jésus.

Il est vrai, sur ton âme
J'ai répandu des pleurs;
Mais d'un seul trait de flamme,
Te puis changer les cœurs.
Ton âme, rajeunie
Par mon regard divin,
Dans l'éternelle vie
Me bénira sans fin!

Marie-Madeleine.

Jésus, votre amour même
Vient déchirer mon cœur,
Votre bonté suprême
Augmente ma douleur;
J'ai méconnu vos charmes
Et, dans mon repentir,
Je n'ai plus que des larmes,
Seigneur, à vous offrir!

Jésus.

Ces larmes précieuses
Brillent plus à mes yeux
Que les perles nombreuses
Qui scintillent aux Cieux.
A l'étoile charmante
Rayonnant dans l'azur,
Je préfère l'amante
Au cœur devenu pur.

Marie-Madeleine.

Quel étonnant mystère!
O mon divin Sauveur,
N'est-il rien sur la terre
Qui charme votre Cœur?
Les lointaines montagnes,
Le blanc et doux agneau,
Les fleurs de nos campagnes,
Est-il rien de plus beau?


Jésus.

Tu vois la fleur éclose
Et son éclat charmant;
Pour moi, je vois la rose
De ton amour ardent.
Cette rose empourprée
A su ravir mon cœur;
Elle est ma préférée
Entre toute autre fleur.

Marie-Madeleine.

L'oiseau, de sa voix pure,
Chante votre grandeur;
Le ruisseau qui murmure
Vous donne sa fraîcheur;
Le lis de la vallée
Vous offre son trésor:
Sa blancheur étoilée
De fines perles d'or.

Jésus.

Salomon, dans sa gloire,
Était moins bien paré
Sur son trône d'ivoire
Que ce beau lis nacré;
Les simples pâquerettes
Surpassent le grand roi,
Et toutes ces fleurettes
N'éclosent que pour toi.

Marie-Madeleine.

Du virginal cortège
Vous offrant son amour,
Le blanc manteau de neige
Brillera sans retour...
Moi, d'une triste vie,
Je vous offre la fin;
Hélas! je l'ai flétrie
Encore à son matin!...

Jésus.

Si j'aime, de l'aurore,
Les purs et brillants feux:
Marie... ah! j'aime encore
Un beau soir radieux.
Ma bonté sans égale
Placera le pécheur
Et l'âme virginale
Ensemble sur mon Cœur!


Marie-Madeleine.

N'avez-vous pas vos Anges,
Aux sublimes ardeurs?
Sur leurs blanches phalanges
Répandez vos faveurs!
Moi, pauvre pécheresse,
Je n'ai pas mérité
L'ineffable tendresse
De votre intimité.


Jésus.

Bien plus haut que les Anges
Tu monteras un jour;
Ils diront tes louanges,
Enviant ton amour!
Mais il faut sur la terre,
Pour tes frères pécheurs,
Que, vivant solitaire,
Tu m'attires leurs cœurs.


Marie-Madeleine.

Seigneur, d'un zèle extrême
Je sens brûler mon cœur;
Et votre voix que j'aime
En redouble l'ardeur.
Mais, pour être un apôtre,
Bien trop faible est ce cœur;
Ah! prêtez-moi le vôtre,
Jésus, mon doux Sauveur!

Marthe.

Considérez ma sœur, bon Maître, elle s'oublie:
Voyez: tout mon travail ne l'inquiète pas.
Dites-lui donc, Seigneur, ah! je vous en supplie,
Dites-lui de m'aider à servir le repas.


Jésus.

Marthe! ma charitable hôtesse,
Pourquoi voudriez-vous blâmer
Votre sœur qui toujours s'empresse
Vers Celui qui sait la charmer?


Marthe.

Mais, ô divin Sauveur, voilà ce qui m'étonne:
Ne devrait-elle pas détourner un instant
Ses regards de Celui qui chaque jour lui donne,
Et songer à donner aussi quelque présent?


Jésus.

O Marthe, je vous le confie:
Si votre amour est généreux,
Celui de votre sœur Marie
M'est infiniment précieux!


Marthe.

Vos paroles, Seigneur, sont pour moi des mystères,
Et je ne puis encor m'empêcher de penser
Qu'il vaut mieux travailler que dire des prières;
Moi, je sens mon amour qui veut se dépenser.


Jésus.

Le travail est bien nécessaire,
Je viens moi-même l'honorer;
Mais, au moyen de la prière,
Vous devez le transfigurer.


Marthe.

Je savais bien, Seigneur, que, restant inactive,
Je ne pouvais avoir de charmes à vos yeux;
C'est pourquoi je m'empresse, adorable Convive,
A préparer pour vous des mets délicieux.

Jésus.

Votre âme est généreuse et pure,
Votre travail peut le prouver;
Mais savez-vous la nourriture
Que je désirerais trouver?

Un seul ouvrage est nécessaire:
Si votre sœur reste à l'écart
Dans une amoureuse prière,
Elle a choisi la bonne part!

Oui, cette part est la meilleure,
Je le proclame dès ce jour;
O Marthe! venez à cette heure
Partager ce repos d'amour...

Marthe.

Je le comprends enfin, Jésus, bonté suprême!
Votre divin regard a pénétré mon cœur.
Tous mes dons sont trop peu: c'est mon âme elle-même
Que je dois vous offrir, ô très aimant Sauveur!

Jésus.

Oui, c'est votre cœur que j'envie.
Jusqu'à lui, je viens m'abaisser:
Les cieux et leur gloire infinie,
Pour lui, j'ai voulu délaisser.

Marthe.

Pourquoi, divin Sauveur, avez-vous, de Marie,
Fait un si grand éloge à Simon le lépreux?
Il me semble pourtant, que, dans toute sa vie,
Vous auriez dû compter plus d'un jour orageux...

Jésus.

J'ai su comprendre le langage,
D'un cœur par l'amour entraîné;
Celui-là chérit davantage
A qui l'on a plus pardonné...

Marthe.

Oh! qu'il en soit ainsi, je m'en étonne encore:
Car vous m'avez, Seigneur, épargné le danger;
Je vous dois mon amour, puisque dès mon aurore
Vous avez bien voulu me suivre et protéger.

Jésus.

Il est bien vrai qu'une âme pure,
Le chef-d'œuvre de mon amour,
Devrait, sans aucune mesure,
M'aimer, me bénir sans retour.

Vous m'avez charmé dès l'enfance
Par votre grande pureté;
Mais, si vous avez l'innocence,
Madeleine a l'humilité.

Marthe.

Jésus, pour vous ravir, je veux toute ma vie
Mépriser les honneurs, la gloire des humains;
En travaillant pour vous, j'imiterai Marie,
Ne recherchant jamais que vos regards divins.

Jésus.

Ainsi vous sauverez les âmes,
Et les attirerez vers moi;
Bien loin, vous porterez mes flammes
Avec le flambeau de la foi.

Marthe et Marie-Madeleine.

Votre voix, doux Jésus, est une mélodie
Qui nous ravit d'amour, enflammant notre cœur.
Restez donc avec nous pour charmer notre vie;
Restez ici toujours, aimable Rédempteur!


Jésus.

Je suis heureux à Béthanie,
Je m'y reposerai souvent;
Et votre Dieu, dans la patrie,
Se montrera reconnaissant...

Vous avez compris le mystère
Qui m'a fait descendre en ces lieux:
L'âme intérieure m'est chère,
Bien plus que la gloire des cieux.

Cette gloire, un jour, sera vôtre,
Et tous mes biens seront à vous:
Honneur comparable à nul autre:
Vous m'appellerez votre Epoux!

Ici-bas, fidèles amies,
Vous vous chargez de me nourrir;
Au festin des noces bénies,
Je me ceindrai pour vous servir.

29 juillet 1895.

Prière de l'enfant d'un Saint.

A son bon Père, rappelé à Dieu le 29 juillet 1894.

——

Rappelle-toi qu'autrefois sur la terre
Ton seul bonheur était de nous chérir:
De tes enfants exauce la prière,
Protège-nous, daigne encor nous bénir!
Tu retrouves là-haut notre mère chérie,
Depuis longtemps déjà dans la sainte patrie;
Maintenant, dans les cieux,
Vous régnez tous les deux...
Veillez sur nous!

Rappelle-toi ton ardente Marie,
Celle qui fut la plus chère à ton cœur;
Rappelle-toi qu'elle remplit ta vie,
Par son amour, de charme et de bonheur.
Pour Dieu, tu renonças à sa douce présence,
Et tu bénis la main qui t'offrait la souffrance.
De ton beau «diamant
[266]»
Toujours plus scintillant,
Oh! souviens-toi!

Rappelle-toi ta belle «perle fine»,
Que tu connus faible et timide agneau;
Vois-la, comptant sur la force divine,
Et du Carmel conduisant le troupeau.
De tes autres enfants elle est aujourd'hui mère,
Viens guider ici-bas celle qui t'est si chère;
Et sans quitter le ciel,
De ton petit Carmel,
Oh! souviens-toi...

Rappelle-toi cette ardente prière
Que tu formas pour ta troisième enfant.
Dieu l'entendit!... elle estime la terre
Un lieu d'exil et de bannissement.
La Visitation la cache aux yeux du monde,
Elle aime le Seigneur, sa douce paix l'inonde;
De ses brûlants soupirs,
De ses ardents désirs,
Oh! souviens-toi...

Rappelle-toi ta fidèle Céline
Qui fut pour toi comme un ange des cieux,
Lorsqu'un regard de la Face divine
Vint t'éprouver par un choix glorieux.
Tu règnes dans le ciel... sa tâche est accomplie;
Maintenant à Jésus elle donne sa vie...
Protège ton enfant
Qui redit bien souvent:
Rappelle-toi!...

Oh! souviens-toi de ta «petite reine»,
Du tendre amour dont son cœur déborda...
Rappelle-toi que sa marche incertaine
Ce fut toujours ta main qui la guida.
Papa, rappelle-toi qu'aux jours de son enfance
Tu voulus pour Dieu seul garder son innocence.
Ses boucles de cheveux
Qui ravissaient tes yeux,
Rappelle-toi!

Rappelle-toi que dans le belvédère,
Tu l'asseyais souvent sur tes genoux,
Et, murmurant alors une prière,
Tu la berçais par ton refrain si doux!
Elle voyait du ciel un reflet sur ta face,
Quand ton regard profond se plongeait dans l'espace...
Et de l'éternité
Tu chantais la beauté,
Rappelle-toi!

Rappelle-toi ce radieux dimanche
Où, la pressant sur ton cœur paternel,
Tu lui donnas une fleurette blanche,
Et lui permis de voler au Carmel.
O père, souviens-toi qu'en ses grandes épreuves,
Du plus sincère amour tu lui donnas des preuves;
A Rome après Bayeux
Tu lui montras les cieux;
Rappelle-toi!

Rappelle-toi que la main du Saint-Père,
Au Vatican, sur ton front se posa;
Mais tu ne pus comprendre le mystère
Du sceau divin qui sur toi s'imprima.
Maintenant tes enfants t'adressent leur prière;
Ils bénissent ta croix et ta douleur amère!
Sur ton front glorieux
Rayonnent dans les cieux
Neuf lis en fleurs!

Août 1894.

Ce que j'aimais...

Composé à la demande de sa sœur Céline pendant son noviciat.

Air: Combien j'ai douce souvenance.

J'ai en mon Bien-Aimé les montagnes.
Les vallées solitaires et boisées,
Les îles étrangères,
Les fleuves retentissants,
Le murmure des zéphyrs amoureux.
    . . . . . . . . . .
La nuit paisible,
Pareille au lever de l'aurore;
La musique silencieuse,
La solitude harmonieuse,
Le souper qui charme et qui accroît l'amour.
(Saint Jean de la Croix.)

Oh! que j'aime la souvenance
Des jours bénis de mon enfance!
Pour garder la fleur de mon innocence,
Le Seigneur m'entoura toujours
D'amour.

Aussi, malgré ma petitesse,
A Dieu je donnai ma tendresse;
Et de mon cœur s'échappa la promesse
D'épouser le Roi des élus,
Jésus.

J'aimais, au printemps de ma vie,
Saint Joseph, la Vierge Marie;
Déjà mon âme se plongeait ravie
Quand se reflétaient dans mes yeux
Les cieux!

J'aimais les champs de blé, la plaine,
J'aimais la colline lointaine;
Dans mon bonheur, je respirais à peine.
En moissonnant avec mes sœurs,
Les fleurs.

J'aimais à cueillir les herbettes,
Les bluets, toutes les fleurettes;
Je trouvais le parfum des violettes
Et surtout celui des coucous
Bien doux.

J'aimais la pâquerette blanche,
Les promenades du dimanche,
L'oiseau léger gazouillant sur la branche,
Et l'azur toujours radieux
Des cieux.

J'aimais à poser chaque année
Mon soulier dans la cheminée;
Accourant dès que j'étais éveillée,
Je chantais la fête du ciel:
Noël!

De maman, j'aimais le sourire,
Son regard profond semblait dire:
«L'éternité me ravit et m'attire,
«Je vais aller dans le ciel bleu
«Voir Dieu!

«Je vais trouver dans la patrie
«Mes anges, la Vierge Marie.
«De mes enfants que je laisse en la vie,
«A Jésus j'offrirai les pleurs,
«Les cœurs!»

Oh! que j'aimais Jésus-Hostie
Qui vint, au matin de ma vie,
Se fiancer à mon âme ravie!
Oh! que j'ouvris avec bonheur
Mon cœur!

J'aimais encore, au belvédère
Inondé de vive lumière,
A recevoir les doux baisers d'un père,
A caresser ses blancs cheveux
Neigeux.

Sur ses genoux, étant placée
Avec Thérèse, à la veillée,
Je m'en souviens, j'étais longtemps bercée.
J'entends encor, de son doux chant,
L'accent.

O souvenir! tu me reposes.
Tu me rappelles bien des choses...
Les repas du soir, le parfum des roses,
Les Buissonnets pleins de gaîté
L'été.

A l'heure où tout vain bruit s'apaise,
J'aimais à confondre à mon aise
Mon âme avec celle de ma Thérèse;
Je ne formais avec ma sœur
Qu'un cœur!

Alors nos voix étaient mêlées,
Nos mains, l'une à l'autre enchaînées;
Ensemble, chantant les noces sacrées,
Déjà nous rêvions le Carmel,
Le ciel!

De la Suisse et de l'Italie,
Ciel bleu, fruits d'or m'avaient ravie.
J'aimai surtout le regard plein de vie
Du saint Vieillard, Pontife-Roi,
Sur moi.

Avec amour je t'ai baisée,
Terre sainte du Colysée!
Des Catacombes la voûte sacrée
A répété bien doucement
Mon chant.

Mon bonheur fut suivi de larmes;
Bien grandes furent mes alarmes!
De mon Epoux je revêtis les armes,
Et sa croix devint mon soutien,
Mon bien.

Alors j'aimais, fuyant le monde,
Que l'Echo lointain me réponde;
En la vallée ombragée et féconde
Je cueillais, à travers mes pleurs,
Les fleurs.

J'aimais, de la lointaine église,
Entendre la cloche indécise.
Pour écouter les soupirs de la brise,
Dans les champs j'aimais à m'asseoir
Le soir.

J'aimais le vol des hirondelles,
Le chant plaintif des tourterelles;
Avec plaisir j'entendais le bruit d'ailes
De l'insecte au bourdonnement
Bruyant.

J'aimais la perle matinale
Ornant la rose de Bengale;
J'aimais à voir l'abeille virginale
Préparer sous les feux du ciel
Le miel.

J'aimais à cueillir la bruyère;
Courant sur la mousse légère,
Je prenais, voltigeant sur la fougère,
Les papillons au reflet pur
D'azur.

J'aimais le ver luisant dans l'ombre,
J'aimais les étoiles sans nombre...
Surtout j'aimais l'éclat, en la nuit sombre,
De la lune au disque d'argent
Brillant.

A mon père, dans sa vieillesse,
J'offrais l'appui de ma jeunesse...
Il m'était tout: bonheur, enfant, richesse.
Ah! je l'embrassais tendrement
Souvent.

Nous aimions le doux bruit de l'onde,
L'éclat de l'orage qui gronde;
Le soir, en la solitude profonde,
Du rossignol au fond du bois
La voix.

Mais un matin son beau visage
Du Crucifix chercha l'image.....
De son amour il me laissa le gage,
Me donnant son dernier regard:
Ma part!...

Et de Jésus la main divine
Prit le seul trésor de Céline,
Et, l'emportant bien loin de la colline,
Le plaça près de l'Eternel,
Au ciel!

. . . . . . . . . . . . . . .

Maintenant je suis prisonnière,
J'ai fui les bosquets de la terre,
J'ai vu que tout en elle est éphémère,
J'ai vu tout mon bonheur finir,
Mourir!

Sous mes pas l'herbe s'est meurtrie,
La fleur en mes mains s'est flétrie...
Jésus, je veux courir en ta prairie,
Sur elle ne marqueront pas
Mes pas.

Comme un cerf, en sa soif ardente,
Soupire après l'eau jaillissante,
O Jésus, vers toi j'accours défaillante:
Il faut, pour calmer mes ardeurs,
Tes pleurs...

C'est ton seul amour qui m'entraîne;
«Mon troupeau je laisse en la plaine,
«De le garder je ne prends pas la peine»;
Je veux plaire à mon seul Agneau
Nouveau.

Jésus, c'est toi l'Agneau que j'aime;
Tu me suffis, ô Bien suprême!
En toi j'ai tout: la terre et le ciel même:
La fleur que je cueille, ô mon Roi,
C'est toi!

Jésus, beau lis de la vallée,
Ton doux parfum m'a captivée.
Bouquet de myrrhe, ô corolle embaumée,
Sur mon cœur je veux te garder,
T'aimer!

Toujours ton amour m'accompagne;
En toi j'ai les bois, la campagne,
J'ai les roseaux, la lointaine montagne,
La pluie et les flocons neigeux
Des cieux.

En toi, Jésus, j'ai toutes choses,
J'ai les blés, les fleurs demi-closes,
Myosotis, boutons d'or, belles roses;
Du blanc muguet, j'ai la fraîcheur,
L'odeur.

J'ai la lyre mélodieuse,
La solitude harmonieuse,
Fleuves, rochers, cascade gracieuse,
Le doux murmure du ruisseau,
L'oiseau.

J'ai l'arc-en-ciel, j'ai l'aube pure,
Le vaste horizon, la verdure;
J'ai l'île étrangère et la moisson mûre,
Les papillons, le gai printemps,
Les champs.

En ton amour je trouve encore
Les palmiers que le soleil dore,
La nuit pareille au lever de l'aurore;
En toi je trouve pour jamais
La paix!

J'ai les grappes délicieuses,
Les libellules gracieuses,
La forêt vierge aux fleurs mystérieuses;
J'ai tous les blonds petits enfants,
Leurs chants.

En toi j'ai sources et collines,
Lianes, pervenche, aubépines,
Frais nénuphars, chèvrefeuille, églantines,
Le frisilis du peuplier
Léger.

J'ai l'avoine folle et tremblante,
Des vents la voix grave et puissante,
Le fil de la Vierge et la flamme ardente,
Le zéphir, les buissons fleuris,
Les nids.

En toi j'ai la colombe pure;
En toi, sous ma robe de bure,
Je trouve joyaux et riche parure,
Colliers, bagues et diamants
Brillants.

J'ai le beau lac, j'ai la vallée
Solitaire et toute boisée;
De l'Océan j'ai la vague argentée,
Perles, corail, trésors divers
Des mers.

J'ai le vaisseau fuyant la plage,
Le sillon d'or et le rivage;
J'ai, du soleil festonnant le nuage
Alors qu'il disparaît des cieux,
Les feux.

En toi j'ai la brillante étoile;
Souvent ton amour se dévoile,
Et j'aperçois comme à travers un voile,
Quand le jour est sur son déclin,
Ta main!

O toi qui soutiens tous les mondes!
Qui plantes les forêts profondes;
D'un seul coup d'œil, toi qui les rends fécondes,
Tu me suis d'un regard d'amour
Toujours!

J'ai ton Cœur, ta Face adorée,
De ta flèche je suis blessée...
J'ai le baiser de ta bouche sacrée,
Je t'aime et ne veux rien de plus,
Jésus!

J'irai chanter avec les Anges
De l'amour sacré les louanges...
Fais-moi voler bientôt en leurs phalanges.
O Jésus, que je meure un jour
D'amour!

Attiré par sa transparence,
Vers le feu l'insecte s'élance;
Ainsi ton amour est mon espérance,
C'est en lui que je veux voler,
Brûler...

Je l'entends déjà qui s'apprête,
Mon Dieu, ton éternelle fête!
Aux saules, prenant ma harpe muette,
Sur tes genoux je vais m'asseoir,
Te voir!

Près de toi, je vais voir Marie,
Les Saints, ma famille chérie;
Je vais, après l'exil de cette vie,
Retrouver le toit paternel
Au ciel...

28 avril 1895.



Je chanterai éternellement les miséricordes du Seigneur.

Armoiries de Jésus et de Thérèse[267].

Naissance: 2 janvier 1873.—Baptême: 4 janvier 1873.—Sourire de la sainte Vierge: 10 mai 1883.—Première Communion: 8 mai 1884.—Confirmation: 14 juin 1884.—Conversion: 25 décembre 1886.—Audience de Léon XIII: 20 novembre 1887.—Entrée au Carmel: 9 avril 1888.—Prise d'Habit: 10 janvier 1889.—Profession: 8 septembre 1890.—Prise de Voile: 24 septembre 1890.—Offrande de moi-même à l'Amour: 9 juin 1895.



EXPLICATION DES ARMOIRIES

——

Le blason J.H.S. est celui que Jésus a daigné apporter en dot à sa pauvre petite épouse, l'appelant Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face. Ce sont là ses titres de noblesse, sa richesse et son espérance.—La vigne qui sépare le blason est encore la figure de Celui qui daigna nous dire: «Je suis la vigne et vous êtes les branches; je veux que vous me rapportiez beaucoup de fruit[268].» Les deux rameaux, entourant l'un la Sainte Face, l'autre le petit Jésus, sont l'image de Thérèse qui n'a qu'un désir ici-bas, celui de s'offrir comme une petite grappe de raisin pour rafraîchir Jésus-Enfant, l'amuser, se laisser presser par lui au gré de ses caprices... et puis étancher aussi la soif ardente qu'il ressentit pendant sa Passion. La harpe représente encore Thérèse qui veut chanter sans cesse à Jésus des mélodies d'amour.

Le blason FMT est celui de Marie-Françoise-Thérèse, la petite fleur de la sainte Vierge; aussi cette petite fleur est-elle représentée recevant les rayons bienfaisants de la douce Etoile du matin.—La terre verdoyante, c'est la famille bénie au sein de laquelle la fleurette a grandi. Plus loin se voit la montagne du Carmel, où Thérèse figure en ses armoiries le dard enflammé de l'amour qui doit lui mériter la palme du martyre. Mais elle n'oublie pas qu'elle n'est qu'un faible roseau; aussi l'a-t-elle placé sur son blason. Le triangle lumineux représente l'adorable Trinité qui ne cesse de répandre ses dons inestimables sur l'âme de la petite Thérèse; aussi, dans sa reconnaissance, n'oubliera-t-elle jamais cette devise:

«L'amour ne se paie que par l'amour.»

Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face.

QUELQUES-UNES

Des Grâces et Guérisons

ATTRIBUÉES A L'INTERCESSION

DE LA SERVANTE DE DIEU

THÉRÈSE DE L'ENFANT-JÉSUS

ET DE LA SAINTE FACE

————
Récit de son exhumation.

Bayeux, le 4 janvier 1911.

Nous, Evêque de Bayeux, sur le rapport qui Nous a été fait, autorisons d'imprimer en appendice à la Vie de Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus écrite par elle-même, la relation des grâces et guérisons attribuées à l'intercession de la Servante de Dieu et publiée sous le titre: Pluie de Roses.

Nous autorisons pareillement l'adjonction du récit qui Nous a été soumis de l'exhumation des restes de la Servante de Dieu, au cimetière de Lisieux.

Thomas, Ev. de Bayeux et Lisieux.

AVERTISSEMENT

——

Ces pages ne sont pas destinées à publier tous les bienfaits de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, mais seulement à en désigner quelques-uns à l'attention du pieux lecteur.

Les faveurs de tout genre attribuées à son intercession se multiplient d'une manière toujours plus rapide et plus universelle, comme on le verra dans ce premier recueil et dans un second opuscule: Pluie de Roses, II.

Ce second opuscule, contrairement à celui-ci, ne peut trouver place à la fin de l'«Histoire d'une ame».


Il ne sera parlé qu'incidemment des parfums. Les personnes qui ont été favorisées de ces émanations mystérieuses sont en très grand nombre. Il ne se passe guère de jour sans qu'il en soit question dans le volumineux courrier concernant la Servante de Dieu. Sur sa tombe et dans l'intérieur de son monastère les mêmes manifestations ne cessent de se produire.

Pluie de Roses.

I

Je veux passer mon Ciel a faire du bien sur la terre.
Après ma mort, je ferai tomber une pluie de roses.

(Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.)

1.

Monastère des Carmes Déchaussés, Wadourie,
        Autriche (Gallicie), 9 octobre 1902.

Réparation.

Très Révérende Mère,

L'inscription placée en tête de cette lettre indique mon devoir de réparer une faute commise par moi envers votre petite sainte, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Il y a deux ou trois ans, quand on me présenta le manuscrit, avec traduction en langue polonaise de la vie de cette petite fleur du Carmel, je me suis permis de faire la remarque que la langue de notre pays ne sied aucunement au style de l'original, et que la lecture ne causerait que du dégoût. C'était comme mettre un frein à l'apostolat de cette élue de Dieu. Elle a dû prendre cela à cœur; et, en revanche, non seulement a su agir de manière que la dite traduction fût mise au jour, mais, de plus, s'est prise directement à ma personne.

Il y a une huitaine de jours, je suis rentré à la cellule, l'âme toute ballottée par les flots d'une mer orageuse de peines intérieures, et ne sachant où trouver refuge pour s'abriter. Voilà que mon regard s'arrête sur le livre français de la vie de la sœur vengeresse... Je l'ouvre, et je tombe sur la poésie: «Vivre d'amour

Soudain, l'orage s'apaise, le calme revient, quelque chose d'ineffable envahit tout mon être et me transforme de fond en comble. Ce cantique fut donc pour moi la barque de sauvetage: l'aimable sœur s'étant offerte pour pilote.

Je dois donc constater aujourd'hui que la promesse: «Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre... Après ma mort, je ferai tomber une pluie de roses», s'est réalisée en vérité.

Fr. Raphael de St-Joseph, Carm. Déch.,
Vicaire-Provincial
.

(Le R. P. Raphaël Kalinowski mourut en odeur de sainteté, en l'année 1907. Sa cause de béatification est soumise à la sainte Eglise.)


2.

Marnes-la-Coquette (Seine-et-Oise), 10 novembre 1902.

Mme Héloïse Debossu, habitant à Reims, actuellement 9, rue Luiquet, et précédemment 5, avenue de Laon, souffrait depuis une dizaine d'années d'une tumeur fibreuse, située du côté gauche, un peu au-dessous des côtes. De nombreux médecins consultés réclamaient avec instance une opération, devenant chaque jour plus urgente. La malade ne voulut jamais y consentir. En désespoir de cause, elle fut soumise à divers traitements de massage et d'électricité qui ne lui procurèrent qu'un soulagement très passager. Au mois de janvier 1901, son état s'aggrava tellement qu'elle dut garder la chambre et même le lit à peu près continuellement. La maigreur et les souffrances étaient devenues effrayantes. Au mois de septembre, une péritonite venait même de se déclarer. C'est alors que, désespérant du côté de la terre, j'envoyai à la pauvre malade un sachet de cheveux de la chère et vénérée petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, en l'engageant à s'unir à une neuvaine que j'allais demander à votre Carmel. Le résultat ne se fit pas attendre. Le dernier jour de la neuvaine, la malade, guérie de sa tumeur, pouvait se rendre à sa paroisse et y faire la sainte communion en action de grâces. Depuis, ses forces n'ont fait qu'aller en augmentant. Sa figure annonce une santé parfaite, et sa maigreur a fait place à un embonpoint et à une fraîcheur de teint qui ne laissent aucun doute sur sa guérison. Tous ceux qui connaissent cette personne, qui l'ont vue si malade et si désespérée, s'accordent à proclamer la chère petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus comme l'agent merveilleux de sa guérison.

Voilà, ma Révérende Mère, simplement, sans phrases et sans exagération, l'entière et sincère vérité. Aussi, impossible de vous dire la reconnaissance de Mme Debossu pour son incomparable bienfaitrice.

Cinq ans après: 23 février 1907.

Je soussigné certifie que Mme Héloïse Debossu, née Dauphinot, qui fut guérie à la suite d'une neuvaine faite à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face, décédée au Carmel de Lisieux en 1897, a continué depuis 1902 à jouir d'une excellente santé et qu'elle demeure convaincue que sa guérison, aussi prompte que complète, est due entièrement et uniquement à l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face. Les médecins l'avaient condamnée et, même avec une opération, ne répondaient pas de sa guérison. Elle n'a pas été opérée et, à la fin de la neuvaine, elle qui gardait le lit depuis de longs mois, elle allait à pied communier à l'église de sa paroisse.

En foi de quoi, je signe la présente attestation.

L'abbé D. Petit,
Ancien directeur du Séminaire de Versailles,
actuellement curé de Marnes-la-Coquette
[269].


3.

Marnes-la-Coquette (Seine-et-Oise), 23 janvier 1903.

Une dame Jouanne, mariée à un jardinier, et mère de deux enfants dont l'aîné a dix ans, eut à subir, il y a plus d'un an, une opération pour une double hernie étranglée. Elle faillit y laisser la vie. Depuis elle pouvait à peine se traîner, et sa maigreur était extrême. Il y a trois semaines environ, cette femme est retombée gravement malade d'une appendicite compliquée d'une péritonite complète. Les médecins déclarent qu'elle est perdue. Un matin de la semaine dernière, le mari se précipite chez moi: «Venez vite, Monsieur le Curé, elle se meurt.» Un grand chirurgien de Paris, celui-là même qui précédemment l'avait opérée de sa double hernie, appelé par son confrère de Ville-d'Avray, était venu la veille pour tenter une opération. La malade avait été endormie. On lui ouvre le ventre, mais on se trouve en présence de tels abcès et de pus répandu, que vite on renonce à toute opération et qu'après quelques points de suture, pour rejoindre tant bien que mal les bords de la plaie, on déclare qu'elle n'a plus que quelques heures à vivre, un jour ou deux tout au plus.

J'arrive promptement. La malade ne pouvait plus parler, avait le teint cadavérique, était glacée et semblait ne plus avoir qu'un souffle. Elle gardait cependant sa connaissance. Je lui adresse du fond du cœur quelques mots, je lui recommande de se mettre intérieurement sous la protection de notre bien-aimée petite Thérèse, puis je lui donne l'absolution et l'indulgence de la bonne mort. J'avais oublié les Saintes Huiles, peut-être par une permission de Dieu.

La religieuse qui était près d'elle déclarait qu'elle baissait de minute en minute. Alors je glisse, en la prévenant, sous le traversin de la malade, un sachet renfermant des feuilles de roses dont Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus avait caressé son crucifix.

Le même jour, les vomissements, qui depuis six jours étaient continuels, cessaient entièrement; le surlendemain, les médecins déclaraient qu'elle était hors de danger et lui permettaient des aliments. Cinq jours après, le mari venait me dire et la joie de la malade et toute sa reconnaissance pour la chère petite sainte.

Vous le voyez, ma Révérende Mère, un rien qu'a touché cet ange a une valeur et une vertu inexprimables...


Du même, 23 juillet 1907.

M{me} Jouanne, femme du jardinier, guérie miraculeusement, il y a près de cinq ans, par S{r} Thérèse de l'Enfant-Jésus, n'habite plus depuis longtemps déjà ma paroisse; elle demeure actuellement à Versailles. Je l'ai revue plusieurs fois en parfaite santé; elle conserve pour notre chère petite sainte la plus vive et la plus durable reconnaissance. Comme moi, elle attribue uniquement sa guérison si surprenante, si éclatante et si subite à la relique de S{r} Thérèse. Tous les détails que je vous ai donnés au moment de sa guérison sont de la plus exacte vérité et je les confirme de nouveau en son nom et au mien par la présente.

L'abbé D. Petit,
Curé de Marnes-la-Coquette.


4.

T. (Morbihan), 28 mai 1903.

Que je l'aime, cette petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus! Combien de fois n'est-elle pas venue à mon secours dans les luttes acharnées, et pour ainsi dire corps à corps, que me livre l'enfer contre la sainte vertu! Je ne puis les nombrer. Hélas! ma bonne Mère, depuis trente ans, je subis ce martyre. J'ai soixante ans passés, et l'ennemi est toujours sur la brèche. La mort me serait préférable mille fois à ces luttes journalières. Mon auxiliaire de tous les jours, de tous les instants a été notre bonne Mère du Ciel. Mais depuis cinq ou six mois, la Très Sainte Vierge m'a confié à votre chère sainte que j'aime autant et plus que si j'étais son frère. Et le bien qu'elle m'a fait, je serais prêt à en rendre témoignage 'devant quelque tribunal que ce soit, quand viendra le moment où l'Eglise s'occupera d'elle.

Je ne puis que vous engager, ma bonne Mère, à exhorter les âmes que vous sauriez soumises à cette épreuve humiliante de s'adresser à cette chère petite bienheureuse.

R. P. Eugène (décédé).

——

5.

N. (Meurthe-et-Moselle), 7 mai 1905.

Une jeune fille de dix-neuf ans, très chère à ma famille, était atteinte de l'appendicite. Quand les médecins s'aperçurent du mal, il était déjà trop tard. Cependant, après avoir longtemps hésité, l'opération fut décidée; mais la gangrène s'était déjà étendue aux parties environnantes, et l'opération dut être écourtée. Huit jours après, la pauvre jeune fille était à toute extrémité, et on n'attendait plus qu'un dénouement prochain. De plus, une fissure s'était produite dans l'intestin et avait singulièrement compliqué le cas: bref, suivant toutes les prévisions humaines, tout espoir était perdu.

Je m'empressai de porter à la mourante ce que j'avais de plus cher; des cheveux de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et une neuvaine fut commencée. Deux jours après, subitement, la fissure se ferma; et, depuis ce moment, le mieux a continué, si bien et si vite que la chère malade est absolument hors de danger, se lève plusieurs heures par jour et n'a plus qu'à reprendre des forces.

L'étonnement des médecins ne peut s'exprimer. «Je vous avoue, disait le chirurgien en chef, que je n'avais jamais eu le moindre espoir, je la croyais bien perdue... Cette guérison est un phénomène, c'est à n'y rien comprendre!»

Nous, ma Révérende Mère, nous comprenons bien! R. P. M. R.

——

6.

Cracovie (Autriche), 19 mai 1906.

Le frère Ignace Boron, coadjuteur de notre Compagnie de Jésus, souffrait cruellement de pierres dans le foie, depuis Noël 1905 jusqu'au 20 mars de cette année. Deux médecins, professeurs de l'Université, MM. P. et D., avaient déclaré le mal incurable. Le professeur K., célèbre chirurgien, disait qu'une opération était indispensable.

Après avoir fait inutilement plusieurs neuvaines, nous en avons commencé une au Sacré-Cœur et à la très sainte Vierge par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus de Lisieux. Le deuxième jour de la neuvaine, le frère eut une crise, et le troisième, il se leva complètement guéri, au grand étonnement des docteurs qui déclarèrent le fait inconnu à la médecine.

R. P. K., S. J.

Carmel de Cracovie, 20 mai 1906.

Le 19 mai, le R. P. K. est venu dire chez nous une messe d'action de grâces, où le frère Boron a communié. Ce dernier a dit qu'il se sent tout rajeuni, tout renouvelé, et mieux portant qu'il ne l'a jamais été.

——

7.

Nancy (Meurthe-et-Moselle), 11 septembre 1906.

Gabrielle-Marie-Antoinette Barroyer, née le 4 août 1896, est tombée malade en décembre 1900. Des suites d'un fort rhume et d'une rougeole infectieuse lui est venue la terrible maladie appelée tuberculose. Du nez et des yeux, il sortait un pus dont l'odeur nauséabonde était si repoussante qu'il fallait vraiment la tendresse et le dévouement de ses parents pour procéder au nettoyage si minutieux de ces parties malades.

En mars et avril 1901, le mal empira et le péritoine se contamina comme les yeux et le nez; le ventre devint très gros et très dur: il se couvrit de boutons énormes d'où s'écoulait également du pus. La petite malade eut des crises très violentes qui formèrent des nœuds sur le dessus de la main droite et au pied gauche. C'était la tuberculose qui gagnait les extrémités. A partir de ce jour, on ne put lever la pauvre enfant que pour la mettre dans une longue voiture, où elle passait ses journées au grand air, dans le jardin.

Vers la fin de cette année 1901, les douleurs des yeux, du nez et du ventre semblèrent diminuer d'intensité; mais les grosseurs, celle de la main droite surtout, augmentèrent d'une manière effrayante. Le docteur nous dit que c'était la tuberculose qui se localisait, qu'il fallait absolument une opération. Après avoir au préalable essayé toutes sortes de remèdes sans aucun résultat, l'opération fut fixée au mois de mai 1902; elle réussit bien, mais la maladie était restée; et, après de grandes souffrances, la grosseur reparut avec une nouvelle vigueur, un peu en dessous de l'ancienne.—En avril 1903, on recommença de nouveau l'opération, on enleva un petit bout de l'os du dessus de la main, os fonctionnant avec le grand doigt et qui se putréfiait; mais on ne fut pas plus heureux que la première fois; et, toujours après quantité de soins de toute nature, on recommença une troisième opération en mars 1904. Ce fut en vain; le mal revint ensuite, plus intense encore que les fois précédentes; on brûla, pendant de longues séances, au crayon de nitrate d'argent; rien ne fit.

Un jour, je demandai à voir la main de ma pauvre petite fille, on refusa d'abord, puis on céda enfin à mes instances; mais quelle douleur j'éprouvai à ce triste spectacle: on aurait dit deux énormes lèvres d'un bleu noirâtre, toutes tuméfiées. Ce jour-là, on m'avoua qu'il fallait recommencer un quatrième grattage de l'os. Il faut être mère pour comprendre tout ce que renfermait d'inquiétudes pour nous le sort de notre chère enfant.

Quand enfin mon cher cousin, M. l'abbé Renard, touché de notre affliction, ému de voir souffrir ainsi ce petit ange, nous proposa de faire une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Nous acceptâmes cette nouvelle espérance, car depuis longtemps nous avions adressé neuvaines sur neuvaines à différents saints de notre choix; mais Dieu voulait se manifester pour la gloire et l'honneur de sa jeune et si dévouée servante, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Mon cousin nous apporta une relique de cette angélique sœur, et chaque soir, pendant la neuvaine, nous l'appliquions sur la main malade. Est-il besoin de dire la foi, l'espérance que nous avions en adressant notre prière à Dieu par l'intercession de sa fidèle épouse? Mais ce n'est pas à nos prières seulement que nous devons d'avoir fléchi le bon Dieu; mon cher cousin priait et faisait prier légion de belles âmes avec nous.

Dès le quatrième jour de la neuvaine, un mieux très sensible fut constaté par le médecin et on conclut que l'opération ne serait peut-être pas nécessaire. Le huitième jour, nouvelle visite du docteur; non seulement le mieux se maintenait, mais cette fois, il nous dit qu'on n'opérerait pas. La bonne sœur Charles, qui soignait ma petite fille, me demanda ce que nous faisions, car la rapidité de cette belle amélioration l'avait frappée. Nous lui donnâmes notre recette. «Ah! ne vous arrêtez pas, nous dit-elle, et faites une autre neuvaine, je me joindrai à vous.» Nous recommençâmes immédiatement une autre supplique, dans les mêmes conditions que la précédente. A la fin de cette seconde requête, ma petite Gabrielle fut guérie complètement. Je lui laissai néanmoins un petit linge sur la main pendant une partie du mois de juillet de la même année 1904, parce que la peau reformée était encore trop fine, mais, après cela, je lui laissai la main libre, et depuis elle se fortifie et l'enfant aussi.

Nous gardons une profonde reconnaissance à Dieu et à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, que nous continuons d'invoquer en notre particulier, en attendant que nous puissions la prier comme une sainte.

E. Barroyer.

——

8.

P. R. (Bretagne), 7 janvier 1907.

Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus vient de m'accorder une grâce inespérée de conversion.

A la fin d'une neuvaine à cette petite sainte, une femme âgée, en état de péché mortel dès avant sa première Communion qui fut mauvaise, après une vie toute de désordres, de scandales et de sacrilèges, s'est sentie prise d'un tel repentir, après avoir contemplé cinq minutes au plus l'image de la Sainte Face, peinte par une de vos sœurs, qu'elle a fondu en larmes et a voulu faire au plus tôt sa confession générale. Vous dire son bonheur actuel et sa reconnaissance envers Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus est chose impossible.

——

9.

R. (Bretagne), 11 janvier 1907.

Au mois de juillet dernier, ma santé, déjà ébranlée par une longue maladie d'estomac, me laissa dans un état de langueur difficile à décrire; j'étais devenue si maigre qu'il me fut bientôt impossible de faire un mouvement. Je m'alitai le 20 juillet, et, depuis ce jour, incapable même de soulever ma tête sur l'oreiller, je fus obligée de me confier complètement aux religieuses qui me soignaient. Cependant, mon état s'aggravait encore: mon bras droit, devenu paralysé, me refusait tout service; et les médecins me condamnèrent.

Ma sœur aînée, Carmélite à A., eut la pensée d'invoquer la sainte Vierge, par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, pour obtenir ma guérison. Deux neuvaines successives n'amenèrent aucune amélioration. Enfin, nous commençâmes une troisième neuvaine, et la Prieure des Carmélites m'envoya une relique de la robe de Sr Thérèse, m'engageant à la porter sur moi. Pendant cette troisième neuvaine, mon état devint plus alarmant, les médecins, perdant tout espoir, cessèrent leurs visites; mes parents et les autres personnes qui m'entouraient reconnurent que c'était la fin. Je reçus l'extrême-onction le 29 août au soir; et, dans la pensée de chacun, tout devait être fini le lendemain matin.

Ma mère eut cependant un dernier espoir; elle écrivit aussitôt au sanctuaire de Notre-Dame des Victoires pour demander une messe. Nous recourions ainsi de nouveau à la sainte Vierge, toujours par l'entremise de la petite Sr Thérèse.

La messe fut célébrée le lendemain à 10 h. 1/2; pendant ce temps les supplications redoublèrent, et cette fois le ciel se laissa fléchir. Pendant la messe, une vigueur toute nouvelle me transforma: Sr Thérèse, le dernier jour de la troisième neuvaine, exauçait enfin nos prières en me guérissant.

Marie-Thérèse L. (22 ans).

——

10.

Carmel de Nîmes exilé à Florence, Italie, 3 avril 1907.

Avec quel bonheur je viens vous dire le miracle opéré par notre angélique Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Aidez-nous à lui dire merci! Oh! qu'elle est puissante, ma Mère!

Sr Joséphine, l'une de nos sœurs converses, fut atteinte, le 18 janvier 1907, d'une pneumonie déclarée infectieuse. En quatre jours, elle fut à toute extrémité, la fièvre montait à 43°. Aussitôt que je compris la gravité du mal, je m'adressai avec une confiance inébranlable à l'ange de Lisieux; je plaçai son image au chevet du lit de la malade qui, elle, ne désirait pas guérir.

Cependant, le sixième jour de la maladie, le docteur ne nous laissa plus aucun espoir, et nous avertit de lui faire recevoir les derniers sacrements, craignant un dénouement fatal pour le lendemain.

Je voulus passer cette dernière nuit auprès de notre chère enfant: mais nos sœurs m'obligèrent à aller prendre un peu de repos, ce que je fis pour ne pas les contrister, mais en redoublant mes instantes prières à notre sœur du Ciel.

Vers 2 heures du matin, je fus réveillée par une force mystérieuse, j'avais l'intuition que notre Sr Joséphine était à l'agonie. J'accourus immédiatement et la trouvai, en effet, sur le point de rendre le dernier soupir, elle était noire... les yeux vitrés... D'une voix étouffée elle balbutia: «Ma Mère, je ne puis pas mourir!»

Je dis à la Mère Sous-Prieure qui me pressait de faire les prières des agonisants: «Non, la petite Thérèse la guérira», et je récitai le Credo avec toute l'énergie de ma foi. J'avais dans l'âme une sorte de saisissement, comme si notre petite S' Thérèse de l'Enfant-Jésus m'eût touchée, pour me signifier que le miracle était obtenu. Et je crus à cette touche inoubliable et je dis tout haut: «S' Joséphine est sauvée!» Elle l'était, en effet. La crise de suffocation s'apaisa, les yeux reprirent de la vie et de l'éclat. Le lendemain, le docteur vint constater lui-même la résurrection de celle dont il croyait constater la mort. A plusieurs reprises, il s'écria: «C'est un miracle! oui, c'est bien un miracle.»

Et maintenant, ma Révérende Mère, que vous dirai-je? Jusqu'à mon dernier soupir, ces souvenirs resteront gravés dans mon cœur pour en rendre grâce à Dieu.

Sr M., prieure.

Suit le certificat du médecin.

——

11.

Dinan (Côtes-du-Nord), 7 mai 1907.

Au mois de juin 1902, le jour de la Fête-Dieu, ma mère, souffrante depuis le matin, fut obligée de se coucher. Nous croyions à une grippe, mais, le lendemain et les jours suivants, elle fut très malade. Le docteur vint chaque jour pendant plusieurs semaines, essayant de tout et ne voyant pas de quelle nature pouvait être la maladie. Il était impossible de faire prendre à ma mère aucune nourriture, les œufs l'empoisonnaient. Elle était arrivée à un tel état de faiblesse que le docteur ne put nous cacher la gravité du mal. Un second médecin fut alors appelé. Tous deux disaient: «Elle se meurt.»

Madame la Supérieure de l'hospice de Dinan, très dévouée à ma famille, ne nous cachait pas son extrême inquiétude. Un jour, la sœur qui soignait ma mère nous appela en toute hâte. Nous montâmes, mon frère et moi. Maman n'avait plus de connaissance, ses yeux étaient vitrés. Epouvantés, nous envoyons chercher le docteur; il fit une piqûre d'éther et la connaissance revint. Depuis plusieurs jours, elle ne pouvait parler qu'avec une extrême difficulté; ce jour-là, ce fut bien pis et les crises se renouvelèrent dans l'après-midi. Enfin, le soir, vers 8 h. 1/2, une dernière faiblesse survint. Quand la violence de la crise fut un peu calmée, la connaissance ne revenant pas, Monsieur l'Aumônier de l'hospice apporta les Saintes Huiles. Mon frère et moi, nous étions comme fous de douleur. Alors, je me rappelle que nous avions une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus: c'étaient des cheveux. Je la mets au cou de maman: immédiatement elle s'endort. Quelques heures après, elle se réveille, parlant parfaitement; elle me dit qu'elle était très bien. La sœur et moi n'eûmes pas un instant de doute, ce n'était pas un mieux trompeur. Maman était guérie. Le lendemain elle s'est levée, a voulu manger des œufs; je ne les lui donnai qu'en tremblant, mais ils ne lui firent aucun mal. Le docteur vint encore pendant plusieurs jours, car il ne voulait pas croire à cette guérison. Il fut bien forcé de convenir de la vérité.

Est-il nécessaire de vous dire, ma Révérende Mère, quels furent notre bonheur et notre reconnaissance. Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, une fois de plus, avait fait du bien sur la terre.

M. P.

——

12.

Carmel de R. (Aveyron), 27 avril 1908.

Ma Révérende Mère,

Permettez à une humble petite sœur du Carmel de venir vous faire part d'une grande faveur dont elle vient d'être l'objet ces jours-ci, par l'intercession de notre chère Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Depuis six ans, ma santé était mauvaise et la faiblesse m'avait occasionné une extinction de voix. Je ne parlais qu'à voix basse depuis seize mois et encore avec beaucoup de peine. Un grand nombre de remèdes avaient été employés, et tous étaient restés sans effet. La communauté avait adressé de ferventes prières au Saint Enfant Jésus de Prague, mais notre aimable «Petit-Grand» était resté sourd à nos supplications.

Notre Révérende Mère nous ayant lu, en récréation, les nombreuses faveurs déjà obtenues par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et consignées dans la grande édition de sa Vie, la pensée de s'adresser à cette petite sainte pour solliciter le recouvrement de ma voix fut générale, et, le lundi de Pâques, 20 avril, notre Mère commençait en communauté une neuvaine en l'honneur de la Sainte Face, afin d'obtenir, par l'intercession de sa dévouée Servante, la grâce désirée. Elle promit, si nous étions exaucées, de propager le plus possible les images de la Sainte Face et aussi la Vie de la petite sainte.

Le second jour de la neuvaine, dans la matinée, étant occupée à un travail manuel, je repassais intérieurement le cantique «Vivre d'amour». Arrivée à ces vers:

Vivre d'amour, ce n'est pas sur la terre
Fixer sa tente au sommet du Thabor,

il me prit envie de les chanter. O surprise! Sans effort, je pus en fredonner quelques mots, quoique péniblement. Le lendemain, je parlais bien distinctement; enfin, le jeudi, quatrième jour de la neuvaine, je fus complètement guérie. Depuis je chante, je fais la lecture au réfectoire, sans la moindre difficulté; il y a six ans que j'étais privée de cette satisfaction!

Vous trouverez ci-joint, ma Révérende Mère, un mandat de 300 francs, sur lesquels vous voudrez bien nous envoyer quelques exemplaires de la Vie de notre puissante «petite Reine». Le reste vous est envoyé par ma famille, pour aider à l'achat de la châsse qui devra renfermer son corps, lorsque l'Eglise l'aura déclarée bienheureuse.


Témoignage de la Révérende Mère Prieure.

Dès le second jour de la neuvaine, la voix de notre chère malade devint un peu plus libre; chaque jour, le mieux s'accentuait, et vers la fin de la neuvaine, elle était entièrement revenue à son état normal. Notre chère sœur put reprendre immédiatement l'office de lectrice au réfectoire, ce qu'elle continua toute la semaine sans fatigue. Quatre mois se sont écoulés depuis, et notre sœur jouit toujours de sa bonne voix. L'état général s'est aussi sensiblement amélioré, et plusieurs accidents qui se produisaient souvent, tels que crachements de sang, n'ont pas reparu.

Notre angélique Sr Thérèse a bien voulu donner une preuve de son affection fraternelle à notre sœur et à toute notre Communauté: qu'elle en soit mille fois remerciée!

Carmel de R., le 27 août 1908.

Sr S., prieure.

Suit le certificat du médecin.

——

13.

Saint-S. (Creuse), 12 mai 1908.

Devant aller prêcher une mission, j'en mis le succès sous la protection de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, cette âme si fidèle à la grâce pendant toute sa vie. Je promis en retour, au cas où les prédications produiraient des fruits de salut, de les lui attribuer pleinement et de les publier pour hâter sa béatification.

Je tiens à vous dire aujourd'hui, ma Révérende Mère, que cette mission a été particulièrement bénie. Grâce à la puissante intercession de votre sœur du Ciel, les pécheurs se sont convertis en grand nombre. Nous étions très surpris, mon confrère et moi, des accents que le divin Maître nous mettait dans le cœur et sur les lèvres, pour tenir notre auditoire attentif, d'une façon soutenue. Et certes, ils avaient du mérite à nous écouter, les pauvres gens! car, pendant huit jours, ils venaient tous les soirs de plusieurs kilomètres, parfois de deux lieues, malgré la neige, la pluie et le vent, dans une église où nous les gardions deux longues heures. En s'en retournant, ils étaient obligés de s'éclairer avec des flambeaux pour se préserver des précipices, dans des chemins épouvantables.

Que Dieu bénisse votre Carmel d'avoir fait connaître un ange qui lui ramène tant d'âmes!

C.

——

14.

S., Belgique, 15 mai 1908.

Le Curé de la paroisse de H. se recommande particulièrement à vos prières. Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, à laquelle il avait confié le succès d'une retraite d'hommes, a attiré de telles bénédictions sur celle-ci et opéré de si éclatantes conversions que toutes ses espérances de pasteur ont été dépassées.

T. P.

——

15.

Je reconnais que ma fille Reine, âgée de 4 ans 1/2, était atteinte, depuis le 11 janvier 1906, d'une maladie des yeux reconnue incurable par les médecins.

Après seize mois de soins inutiles, ma femme porta notre enfant aveugle sur la tombe de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et nous commençâmes une neuvaine à cette petite sainte. Dès le deuxième jour, le 26 mai 1908, avant-veille de l'Ascension, pendant que ma femme était à la Messe de 6 heures, car elle se proposait d'y aller tous les jours de la neuvaine, ma petite Reine, après une crise violente, recouvra subitement la vue. Ce que ma femme a d'abord constaté, et moi ensuite.

Le docteur L. tient de ma femme elle-même tous les détails qu'il donne à ce sujet et je les reconnais conformes à la vérité.

En foi de quoi, avec beaucoup de reconnaissance pour le miracle opéré en notre faveur, nous signons le présent certificat avec les témoins.

A. F.—J. F.

Suivent 11 signatures.

Samedi, 12 décembre 1908.

Observation médicale de la jeune Reine F., âgée de 4 ans et demi, demeurant à L..., atteinte de kératite phlyctémulaire et guérie le 26 mai 1908.

Reine F. n'a jamais été malade, sauf de la rougeole quand elle avait un an.

Le 11 janvier 1906, elle a commencé à souffrir des yeux. Ses paupières étaient collées et renfermaient du pus, les yeux étaient rouges et irrités. Au bout de quinze jours, on la conduisit au docteur D., qui lui continua ses soins pendant plus d'un an. La malade avait des rémissions pendant quelque temps, puis survenaient des crises plus aiguës. Elle vit trois oculistes: le docteur D. à L., et les docteurs M. et L. à C. Ceux-ci dirent à la mère de ne pas leur ramener l'enfant, parce que ses yeux étaient perdus. Ils étaient, en effet, injectés de sang et couverts de taies blanchâtres (une douzaine environ). L'enfant souffrait beaucoup, surtout la nuit. Elle ne voyait pas pour se conduire et ne distinguait aucun objet placé devant elle. Elle tenait les yeux fermés et portait des lunettes pour souffrir moins.

Touchée de cet état, une religieuse de la Providence à L., maîtresse de la classe enfantine, conseilla à la mère de demander la guérison de sa petite infirme à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la porter sur sa tombe, en lui recommandant d'avoir d'autant plus de confiance que sa fille s'appelait Reine, nom que M. Martin, père de Sr Thérèse, se plaisait à donner à celle-ci. La mère hésitait. Elle se décida cependant, après la lecture de la vie abrégée de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et porta l'enfant au cimetière. Elle demanda au Carmel une neuvaine de prières.

Le lendemain, 26 mai 1908, avant-veille de l'Ascension, elle assista à la Messe de six heures et demie et mit un cierge à la sainte Vierge en l'honneur de Sr Thérèse.

En rentrant chez elle, on lui apprend que sa fille a eu une crise de souffrance plus forte que les autres. «Mets tes lunettes, puisqu'elles te soulagent», dit la mère à la fillette. Mais celle-ci de s'écrier toute joyeuse: «Maman, je n'en ai plus besoin, je vois aussi bien que toi, à présent

Alors la mère approche l'enfant de la fenêtre et appelle son mari: «Regarde ta fille! Tu te moquais de ma confiance, vois ses yeux! Elle est guérie!»

En effet, les yeux grands ouverts n'étaient plus rouges; il n'y avait plus de pus, d'inflammation ni de taies, et l'enfant voyait distinctement tout ce qui l'entourait.

Depuis elle n'a eu aucune rechute. Le docteur D. la déclara complètement guérie de sa kératite phlyctémulaire et délivra un certificat à la date du 6 juillet 1908.

Cette maladie, très fréquente chez les enfants à constitution faible et lymphathique, est caractérisée par des ulcérations de la cornée. Elle est sujette à des récidives très fréquentes, d'abord, puis, à intervalles plus éloignés, à mesure que l'enfant se fortifie. Elle ne peut donc guérir que très lentement, et elle laisse presque toujours des traces indélébiles, sous forme de taies plus ou moins opaques.

Dr L.

L., le 7 décembre 1908.

Suivent les témoignages recueillis par le docteur, des différentes personnes qui ont vu l'enfant avant et après sa guérison.

Témoignage des Carmélites de Lisieux.

Nous, soussignées, avons entendu les parents de Reine F, et vu cette enfant au parloir. La mère nous a fait exactement le même récit qu'au docteur L. Elle a ajouté que le premier jour de la neuvaine, elle avait cueilli sur la tombe de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus deux petites feuilles de géranium et les avait placées chez elle avec respect. Le père nous a affirmé que le docteur D. leur avait déclaré que, s'ils voyaient les yeux de leur petite fille devenir phosphorescents, c'était signe qu'ils étaient perdus, sans aucun espoir de guérison; or, qu'ils avaient vu tous deux ce phénomène se produire.

La femme nous a dit encore que le 25 mai 1908, elle était allée chez Mme D., boulangère, dans la même rue, pour acheter un petit pain; que, le lendemain, elle y était retournée pour montrer son enfant guérie, et que cette dame, après avoir examiné les yeux de l'enfant qu'elle avait vus si malades, la veille encore, s'était écriée avec une grande émotion: «Ah! ma pauvre femme, c'est un grand miracle qui s'est opéré chez vous!»

Marie F., âgée de 9 ans et demi, nous a dit avoir vu sa petite sœur, au matin du 26 mai, s'apaiser tout à coup, après sa grande crise, puis regarder fixement quelque chose en souriant, et faisant des gestes d'amitié avec son petit bras; enfin, s'endormir paisiblement. «J'ai pensé, nous dit-elle, quelle se guérissait et regardait les objets au fond de la chambre. Je lui ai demandé ensuite ce qu'elle avait tant regardé et pourquoi elle avait ri. Elle m'a répondu: «J'ai vu la petite Thérèse, là, tout près de mon lit, elle m'a pris la main, elle me riait, elle était belle, elle avait un voile, et c'était tout allumé autour de sa tête.»

L'enfant nous a raconté la même chose à nous-mêmes. Devant nous, sa mère a essayé de l'effrayer en lui disant de prendre garde de mentir, ou bien que la «petite Thérèse» lui reprendrait ses yeux. Elle s'est retournée vers sa mère et lui a répété avec assurance: «Oui, maman, c'est vrai, je l'ai vue...»—«Comment était-elle habillée, ma petite Reine?» lui dîmes-nous.—«Pareille à vous!»

5 février 1909.

Suivent les signatures de la Mère Prieure et de plusieurs religieuses.

——

16.

Le C., Juin 1908.

Un matin, en allant à la Messe, je demandai avec une très grande confiance au Sacré-Cœur et à Notre-Dame des Victoires, par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, la conversion d'une âme qui—je le savais par ses confidences—n'était point sincère dans ses confessions.

Le soir de ce même jour, je rencontre cette personne qui me dit: «Oh! je ne sais pourquoi, mais aujourd'hui j'ai été très tourmentée au sujet de la confession et c'est ce qui ne m'arrive jamais.» Le lendemain, elle alla se confesser et revint aussitôt me voir pour me dire combien elle était heureuse.

X.

——

17.

Constantinople, 8 juin 1908.

Mon mari vivait depuis seize ans loin des sacrements et ne voulait rien entendre à ce sujet. Un jour, ma fille, en revenant de l'école, me parla de la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et ce qu'elle m'en dit m'inspira beaucoup de confiance. Le soir même, nous récitâmes un Pater et un Ave pour obtenir de la chère sainte la conversion désirée et, dès le lendemain matin, mon mari me dit spontanément: «Cette année, je veux faire mes Pâques et désormais je m'approcherai plus souvent des sacrements.» C'était le Mercredi Saint, et, tout transformé et tout joyeux, il communia le Jeudi Saint. Maintenant, il communie tous les mois.

X.

——

18.

X., Italie, 8 août 1908.

Quelques mois avant mes vœux perpétuels et mon sous-diaconat, je traversai une crise violente dont mon avenir sacerdotal et religieux a évidemment dépendu. Au plus fort de la lutte, sans aucune initiative de ma part, la pensée de votre sainte s'est imposée à mon esprit avec une obstination et un charme irrésistibles. Elle a continué à m'occuper ainsi tout le jour, sans que je dusse faire des efforts pour chercher sa chère pensée; elle m'a appris à l'appeler ma Mère, et à mettre en elle toute l'espérance de mon âme. Elle m'a béni mieux encore que par ses joies sensibles; elle a «tourné» mon cœur. Mon directeur, un homme prudent et réservé s'il en fut, a été extrêmement frappé de ce qui s'était passé en moi, des changements subits et inexplicables qu'elle y avait faits, et il m'a dit: «Il y a là quelque chose d'extraordinaire: c'est une grande grâce que vous avez reçue!» Ce que je vous dis en termes un peu voilés, ma bonne Mère, je serais heureux de pouvoir vous le dire clairement de vive voix. Alors vous comprendriez mieux comment elle est ma Mère, la mère de mon sacerdoce et de tous mes apostolats futurs; vous comprendriez combien je désire la faire bénir comme je la bénis, aimer comme je l'aime.

B.

——

19.

Estado do Ceara, Brésil, 21 août 1908.

Mon père était très malade et avait déjà reçu les derniers sacrements, quand, providentiellement, une personne amie m'apporta une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle-même adressa ces questions au malade qui souffrait extrêmement: «Croyez-vous que cette petite sainte puisse obtenir votre guérison? Voulez-vous suspendre à votre cou cette relique?—Oui!» a répondu mon père avec une grande foi.

Alors j'ai fait une prière à la «petite Reine», et aussitôt mon père s'est trouvé très bien.

J'ai promis de publier cette guérison extraordinaire.

A. C.

——

20.

S. J. (Calvados), 23 septembre 1908.

    Ma Révérende Mère,

Je suis allée faire un pèlerinage sur la tombe de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus en reconnaissance d'une grande faveur obtenue par son intercession.

Voici le fait.

Le jour de la Pentecôte, mon frère a été pris d'une arthrite infectieuse dans le genou gauche. Quelques jours après, une péricondite se déclarait au cœur, puis une miocardite. Son état alors réclama son transport dans une maison de santé; il fallait près de lui la présence continuelle d'un médecin. En arrivant à l'hôpital Saint-Joseph, médecins, internes, religieuses se sont écriés: «C'est un mourant que vous nous amenez, il ne passera pas la nuit.» Pendant plusieurs jours, son état était si désespéré que les personnes qui le soignaient ne lui faisaient aucun traitement, aucun remède, prétextant que c'était un condamné à mort et qu'il valait mieux le laisser mourir tranquille. Pendant trois semaines, il ne prit qu'un peu de champagne, et sa faiblesse était si grande qu'il perdait souvent connaissance.

Nous avons été amenés à prier Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus par ma sœur aînée, religieuse Carmélite. Ma sœur, mon frère et moi avons commencé une neuvaine, et, le dernier jour, mon frère était hors de danger.

Les personnes qui l'ont soigné sont encore dans l'étonnement de cette guérison.

L. M.

——

21.

F., Angleterre.

Dans la troisième semaine de juin 1908, sœur Catherine C., postulante au noviciat de la congrégation de X., Londres, glissa malheureusement deux marches d'un escalier et se foula gravement le pied. Le repos et les remèdes ordonnés par le médecin n'apportèrent aucune amélioration. Le pied restait enflé et décoloré, de sorte que la sœur ne pouvait marcher.

On fait examiner la blessure à l'Hôpital du Royal Collège
au moyen des Rayons X,

et le pied malade est enfermé dans une gouttière de plâtre. Le chirurgien ordonne qu'il reste ainsi durant six semaines. Au bout de ce temps, le mal n'ayant point diminué, et la sœur souffrant beaucoup, on essaya un vésicatoire pour réduire l'enflure, mais sans plus de succès. Enfin, le spécialiste de l'Hôpital fut appelé à F. Après une consultation avec le médecin du couvent, il donna une très sérieuse appréciation du mal, et déclara qu'il n'espérait le guérir que sous sa particulière surveillance.

Une opération devient nécessaire.

Ayant su que les parents de la novice désiraient qu'elle fût soignée chez eux, le spécialiste parla d'écrire à un certain professeur du pays pour lui donner ses conseils au sujet de l'opération. De plus, il avertit que les plus grandes précautions seraient à prendre pour le voyage, et que le moindre choc suffirait pour aggraver le mal et rendre une amputation inévitable.

Le mardi suivant, 3 novembre, le Révérend Père C., frère de la novice, arriva à F. dans le but de la ramener chez elle. Il fut bien affligé de l'état de son pied, et, en le voyant d'une si mauvaise couleur, enflé et complètement informe, il comprit clairement qu'une opération devenait urgente.

On prit des mesures pour qu'une voiture d'ambulance se trouvât prête dès l'arrivée de l'infirme à G. Jusqu'alors on avait caché à sœur Catherine la nécessité de son départ. Elle fit des instances pour rester au monastère, mais le cas était trop grave et il lui fallut accepter l'épreuve. Elle fit donc bien tristement ses adieux au noviciat, et la voiture qui devait l'emporter loin du couvent qu'elle aimait et regrettait si vivement, fut demandée pour le lendemain matin, à huit heures et demie.

Venons maintenant à la Thaumaturge

qui intervint si merveilleusement cette nuit-là même.

Lors de l'accident, on avait placé sur le pied malade une médaille du Sacré-Cœur, on avait employé de l'eau de Lourdes pour les pansements. Des neuvaines furent faites au Sacré-Cœur, à la très sainte Vierge et à plusieurs saints, mais le Ciel semblait sourd à toutes les demandes.

Le 30 octobre, après la décision du chirurgien, sœur Catherine, de l'avis de sa Supérieure, commença une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et plaça parmi ses bandages un pétale de rose avec lequel Sr Thérèse avait autrefois embaumé et caressé son crucifix, sur son lit d'agonie. On avait d'ailleurs dans le couvent une grande dévotion à cette jeune sainte contemporaine, et cette dévotion était sur le point de recevoir sa récompense.

«Le vendredi soir, 30 octobre, écrit sœur Catherine dans sa relation, j'avais commencé une neuvaine à la «Petite Fleur» avec une grande confiance. Je ne la perdais pas de vue un seul instant, toujours je la priais d'avoir pitié de moi et de me guérir pour sauver ma vocation.

«Le 3 novembre, veille de mon départ, je me couchai vers 9 heures, ressentant une excessive douleur dans le pied. Je conjurai alors la Petite Fleur» de m'obtenir enfin du Dieu Tout-Puissant ma guérison. A chaque fois que je m'éveillais, je lui faisais les mêmes instances. Vers 3 heures, je m'éveillai encore, mais cette fois, ma cellule était remplie de lumière. Je ne savais quoi penser de cette exquise clarté et je m'écriai: «O mon Dieu! qu'est-ce que cela?» Je restai dans cette «lumière pendant trois quarts d'heure, et je n'arrivais pas à me rendormir, malgré mes efforts. Alors je sentis comme l'impression de quelqu'un qui enlevait les couvertures de mon lit et m'excitait à me lever. Je remuai mon pied, et quelle ne fut pas ma surprise de trouver les sept mètres de bandages, qui avaient été liés très fortement et dont je n'aurais pu me passer, complètement retirés. Je regardai mon pied, il était entièrement guéri. Je me levai, je marchai, et, ne sentant plus aucun mal, je tombai à genoux en m'écriant: «O Petite Fleur de Jésus, qu'est-ce que vous avez fait pour moi ce matin! Je suis guérie!»

Vers l'heure de la Messe, on vint chercher sœur Catherine pour la conduire à la chapelle, mais elle dit qu'elle n'avait plus besoin de l'appui d'un bras, ni de la canne dont elle se servait d'habitude. Elle descendit seule l'escalier et courut vers sa Supérieure.

«La «Petite Fleur» m'a guérie!

ma Mère», lui dit-elle. Et tout aussitôt, la nouvelle se répandit dans la communauté, comme une traînée de poudre. Une sorte de crainte planait sur la maison avec le sentiment que Dieu avait passé par là.

La Mère Provinciale vint bientôt et se rendit compte par elle-même de l'événement. Pour prouver qu'elle était bien guérie, la novice marcha de long en large à l'extérieur de l'église, et montra qu'elle portait sa chaussure ordinaire, au lieu de la chaussure d'infirme qu'on lui avait préparée à cause de l'enflure.

Enfin, elle resta tout le temps de la Messe à genoux et marcha d'un pas ferme pour recevoir la sainte Communion des mains de son frère. Celui-ci ignorait encore le miracle, mais il avoua ensuite que jamais, depuis sa première Messe, il n'avait reçu autant de consolations divines qu'à cette Messe-là. Témoignage touchant encore du pouvoir d'intercession de Sr Thérèse en faveur des prêtres, pour lesquels elle aimait tant à prier!

Immédiatement après la Messe, la Mère Prieure alla le trouver et lui raconta ce qui était arrivé. Alors, très ému, il entonna le Te Deum, que la novice poursuivit debout avec la Communauté entière, dans une joie et une émotion indicibles.

L'examen du pied montra que la décoloration, l'enflure, les marques du vésicatoire et des pointes de feu avaient disparu et qu'il était revenu à sa forme naturelle.

La gratitude de la novice et des sœurs fut profonde, en vérité, devant cette intervention de leur bien-aimée «Petite Fleur». D'autres, pour lesquels son parfum odorant est une joie toujours renaissante, apprendront avec plaisir ce nouveau gage de sa puissance au milieu d'une génération incroyante.

«Vous nous regarderez d'en haut, n'est-ce pas?» disait-on à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, lorsque, âgée de 24 ans, elle était mourante à Lisieux.

«Non, répondit-elle, je descendrai

A F., comme en bien d'autres lieux, la «Fleur de Jésus» descendit.

T. N. T.

——

22.

Vendée, 5 novembre 1908.

J'aurais pu, dès le premier jour de la neuvaine, vous écrire pour vous annoncer la guérison de mon petit Jean, mais je ne l'ai pas voulu pour ne pas agir avec témérité.

Dès que nous avons eu attaché à la robe du petit malade le morceau d'étoffe ayant appartenu à votre Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, les vomissements et autres accidents ont cessé; ils ont cessé si brusquement que nous n'osions pas y croire. Depuis ce jour, l'enfant se porte à merveille; jamais il n'avait été aussi gai. C'est de grand cœur que ma femme et moi nous remercions Sr Thérèse.

Docteur C.

——

23.

G., Ecosse, 8 novembre 1908.

Une guérison spirituelle—délivrance d'une tentation qui durait depuis plusieurs années—a été obtenue en un instant par une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, dans un couvent de G. La religieuse avait déjà demandé de quitter la Congrégation, et maintenant elle est si heureuse d'y être restée!

T.

——

24.

V. (Seine-et-Oise), 4 décembre 1908.

     Ma Révérende Mère,

Je suis très heureuse de venir vous annoncer que Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus a exaucé vos prières et mes supplications en guérissant Mademoiselle S., âgée de 67 ans, et atteinte d'une bronchite aiguë, suivie de deux congestions pulmonaires. Son état nous inspirait beaucoup d'inquiétudes.

Lorsque je reçus le sachet contenant de la laine de l'oreiller de la petite sainte, je le posai aussitôt sur la malade, qui l'accepta avec bonheur, me disant qu'elle avait pensé à demander une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. C'était la première fois qu'elle me parlait depuis plusieurs jours. Elle ajouta en me regardant: «Oh! que cela sent bon! Quelle odeur de roses! Quel délicieux parfum!» Et pendant cinq minutes, elle respira ce même parfum. Moi qui étais près d'elle, je ne sentais absolument rien!

Le soir, à 6 h., le docteur revint, et quelle ne fut pas sa surprise de voir que la fièvre avait disparu. Il n'en voulait pas croire ses yeux et, quatre fois, il remit le thermomètre.

Depuis ce jour, Mademoiselle S. est allée de mieux en mieux. Aujourd'hui elle est guérie et me charge de vous dire, ma Révérende Mère, que nous viendrons cet été remercier nous-mêmes la chère petite Reine à son tombeau. Veuillez nous envoyer sa «Vie», et croyez que nous sommes prêtes à nous dévouer pour la faire connaître et avancer sa béatification.

M. M.

——

25.

Carmel de S. P., Espagne, 15 décembre 1908.

     Ma Révérende Mère,

J'ai la consolation d'écrire à Votre Révérence ce qui suit:

Une de nos sœurs, âgée de trente et quelques années, était reconnue tuberculeuse par le médecin qui lui donnait, tout au plus, deux ans de vie.

Nous commençâmes une neuvaine à l'Immaculée Conception par l'intercession de votre aimable petite sainte, et nous la terminâmes le 20 septembre par la sainte Communion.

La malade, se voyant dans le même état, me dit: «Ma Mère, le 30 de ce mois, c'est l'anniversaire de la mort de la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Ce jour-là, je crois qu'elle fera quelque chose pour moi.»

Voyant sa confiance, nous recommençâmes une neuvaine et, le lendemain du dernier jour, je fis appeler le docteur qui, après avoir ausculté notre chère sœur, me dit tout surpris: «Mais elle est beaucoup mieux!»

Cependant, je croyais qu'il fallait un certain temps pour constater une guérison complète. Ces jours derniers, je la fis donc examiner de nouveau. Après l'auscultation, le médecin se tourna vers moi et me dit: «Il n'y a plus rien, elle est guérie!» Il me promit volontiers le certificat que je vous envoie. Vous y lirez que: «Cette guérison, si prompte, lui paraît étrange et merveilleuse.»

Je ne puis vous dire, ma Révérende Mère, avec quel bonheur et quelle reconnaissance nous avons récité, au chœur, un Te Deum et un Magnificat en actions de grâces.

Chère petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, combien nous l'aimons!

Sr T., prieure.

Suit le certificat du médecin.

——

26.

D., Suisse, 18 décembre 1908.

      Ma Révérende Mère,

Pardonnez-moi si je viens un peu tard vous raconter la guérison de ma petite fille, Marie-Thérèse, âgée de deux ans, guérison obtenue par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

En 1907, cette enfant, d'ailleurs très chétive, fut atteinte d'un mal à l'index de la main droite. La phalange supérieure devint si enflée qu'elle égalait en grosseur le pouce d'une grande personne.

Ce mal, paraît-il, était la tuberculose osseuse localisée (Spina ventosa), et on l'appelle doigt en radis.

Le docteur jugea une opération indispensable. Il ouvrit donc le petit doigt malade et gratta l'os. Pendant cinq mois, je dus lui conduire tous les deux ou trois jours ma petite fille pour les pansements, mais l'état ne s'améliorait guère. Il se forma même une excroissance de chair, que l'on dut enlever, au moyen du cautère électrique, et le doigt suppurait toujours un peu.

En rentrant en France, au mois d'avril, je le fis voir à un autre docteur qui, ne le trouvant pas bien du tout, me dit qu'une seconde opération serait nécessaire.

C'est alors que, désolé, mais confiant en votre angélique sœur, je résolus de conduire mon enfant à son tombeau.

Arrivé là, j'assis tout simplement Marie-Thérèse sur la tombe de la petite sainte en disant: «Bonne petite Sr Thérèse, vous qui avez promis de faire du bien sur la terre, guérissez ma petite Marie-Thérèse.»

Eh bien, ma Révérende Mère, le doigt qui, jusqu'alors, ne cessait point de suppurer, sécha; une petite croûte se forma, puis tomba, et huit jours après, tout était cicatrisé et guéri.

Depuis cette époque, ma petite fille se porte à merveille.

De la part de son père et de sa mère, mille fois merci et vive reconnaissance à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

G. H.—C. H.

——

27.

21 décembre 1908.

C'est un devoir de reconnaissance qui m'amène aujourd'hui près de vous. Ayant obtenu par l'intermédiaire de la petite Sr Thérèse une grâce signalée, je me fais une joie de venir vous la raconter:

Depuis un certain temps, j'allais voir un pauvre malade. Elevé dans la religion, cet homme, sans devenir sectaire, était devenu plus qu'indifférent; il avait beaucoup lu, et, de ses lectures, il avait retiré avec l'incroyance la volonté de se faire enterrer civilement; cette volonté, il l'avait manifestée à ses enfants.

C'est dans ces dispositions que je le trouvai il y a deux mois. Je ne fis d'abord que des visites d'ami; quand j'en arrivai aux visites de prêtre, quand je parlai du bon Dieu, de l'Eternité, un sourire sceptique et des paroles de dénégation accueillirent mes premières tentatives d'apostolat. Je revins souvent sur la question et toujours ce fut la même réponse: «J'ai trop lu, mon cher Monsieur, pour ne pas savoir la fausseté de toutes les religions.» Un miracle seul pouvait sauver cette âme, et ce miracle c'est à l'ange de Lisieux que je le réclamai. Je priai, je fis prier; une neuvaine fut entreprise. Elle n'était pas terminée qu'une nuit le pauvre malade, de lui-même, en pleine connaissance, me fit demander: «Va me chercher Monsieur l'abbé», dit-il à sa femme. Et, cette demande, il la réitéra depuis 1 h. jusqu'à 6 h. du matin. A 6 h., la femme, vaincue par cette persistance, vint me chercher. J'arrivai en toute hâte et en toute joie surtout. Le malade m'accueillit tout heureux; il se confessa, reçut l'Extrême-Onction. Le loup était devenu agneau, l'impie d'autrefois était devenu subitement un chrétien repenti. Oh! ils seront pour moi inoubliables ces instants de retour subit et convaincu vers Dieu. Longtemps j'entendrai dans mon cœur la voix, maintenant éteinte, de ce pauvre malade qui, en embrassant son Christ, lui disait avec une réelle piété: «Seigneur, avez pitié de moi qui vous ai offensé!... Seigneur, je vous aime!... Mon Dieu, pardonnez-moi!...»

Oui, Dieu t'a pardonné, cher ami! Plus heureux que nous, tu jouis maintenant, peut-être, de Celui que tu ne connaissais plus, de Celui que, pendant les huit jours qui suivirent ta conversion, tu prias avec tant d'humilité confiante! Tu me pardonneras d'avoir levé le voile sur tes derniers instants: il s'agissait de glorifier celle qui se fit auprès de Dieu ton avocate et ton sauveur...

L'abbé M.

——

28.

Collège de X., États-Unis, 11 janvier 1909.

      Ma Révérende Mère,

Je viens vous relater, avec une reconnaissance bien profonde, le fait d'une protection merveilleuse dont j'ai été l'objet de la part de votre angélique Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Le 22 septembre 1908, étant à New-York avec notre Révérende Mère, nous eûmes à traverser, pour reprendre le train, un croisement de voies ferrées encombré de voitures, de tramways, d'automobiles, etc. Je crus que notre Mère était passée et je voulus la suivre, mais elle avait vu venir, sans avoir eu le temps de m'en prévenir, un tramway électrique qui me heurta en plein front et me fit tomber. Lorsque le mécanicien parvint à l'arrêter (après un trajet de 5 ou 6 mètres), tout le monde me croyait écrasée et la foule se pressait autour de moi; mais je me relevai sans le moindre mal! Notre Mère s'était approchée, pâle comme sa guimpe... On nous entourait, on voulait m'aider à marcher. Des «reporters» de journaux demandaient mon nom. Notre Mère disait: «C'est une religieuse exilée de France, le bon Dieu a fait un miracle en sa faveur.» Alors on nous laissa passer avec une sorte de respect, bien que la foule augmentât toujours. Pour nous soustraire à une ovation, nous entrâmes dans une maison où l'on nous reçut avec la plus grande bonté et je dis à notre Mère: «C'est la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus qui m'a préservée: je l'ai sentie au moment de l'accident.» Et sortant de ma poche une de ses petites photographies que j'avais dans un carnet, je la baisai avec reconnaissance. Depuis, elle ne me quitte plus.

Je ne puis dire quelle impression de surnaturel nous avait envahies. Cependant, les «reporters» nous avaient suivies pour demander des détails. Ils me regardaient avec ébahissement, ne semblant pouvoir admettre que je n'eusse pas été blessée; car sous ces lourdes machines, appelées ici «streets cars» et beaucoup plus volumineuses que nos tramways français, il y a tout un attirail de chaînes qui devraient au moins blesser ceux qui sont dessous. Le mécanicien avait dit à notre Mère que j'avais été enfermée entre les roues avec tant de précision, que c'est comme si la mesure de mon corps avait été prise. Plusieurs journaux ont dû relater le fait.

Enfin, lorsque la foule fut presque dispersée, nous nous dirigeâmes vers la gare, marchant assez vite pour ne pas être suivies de nouveau. Quand nous fûmes installées dans notre compartiment, notre Mère encore tout émue me demanda: «N'avez-vous pas mal à la tête?—Pas du tout, pas plus que si j'étais tombée sur un lit de plumes.—Ne portiez-vous pas vos lunettes bleues quand vous êtes tombée?—Oui, je les avais et les ai remises inconsciemment dans ma poche en me relevant: les voici, elles sont intactes. Je ne sais vraiment, ni comment je suis tombée, ni comment je me suis relevée; tout ce que je puis dire, c'est qu'il m'a semblé pendant quelques instants être dans un autre monde, une puissance surnaturelle agissait.»

Nous convînmes, notre Révérende Mère et moi, de ne parler de cet événement qu'à M. l'Aumônier, pour lui demander une messe d'action de grâces. Cependant, notre Mère crut de son devoir de tout raconter au docteur du couvent. Il vint, me croyant du moins couverte de blessures; mais... rien, pas même une égratignure! et il partagea notre sentiment que cette protection tenait du miracle.

Veuillez, ma Révérende Mère, avec toute votre communauté, m'aider à remercier celle qui a été pour moi ce que l'ange Raphaël a été au jeune Tobie, et croyez à mes sentiments à jamais dévoués en Nôtre-Seigneur.

Sr M., née C. de V.,
Sr X., Prieure.
     

——

29.

Carmel de X., janvier 1909.

Une de nos Sœurs souffrait depuis dix ans de peines morales qui la torturaient et lui faisaient délaisser la sainte communion des semaines entières. Elle fit plusieurs neuvaines à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus qu'elle aime beaucoup. Il y a trois semaines, un soir, pendant l'oraison de 5 h., s'y étant rendue encore plus bouleversée que jamais et tout à fait découragée, elle redoubla de ferveur et de supplication auprès de Thérèse, priant devant son image et baisant sa sainte relique.

Tout à coup, en un clin d'œil, dit-elle, son cœur se trouva rempli de paix et de consolation, avec l'assurance, comme le sentiment intime, que la «Petite Thérèse» avait passé près d'elle et lui avait ôté comme un lourd vêtement. Elle ne pouvait même plus se rappeler ce qui avait tant de fois tourmenté sa pauvre âme! «Alors, dit-elle encore, j'aurais voulu pouvoir communier deux fois au lieu d'une!» Elle est toute changée depuis ce jour de grâces, et son visage, autrefois si triste, ne reflète plus qu'une joie profonde.

C'est en reconnaissance de cette inestimable faveur que notre Révérende Mère vous envoie une offrande pour la béatification tant désirée.

Sr G.

——

30.

Saint-H. (Vendée), 18 janvier 1909.

Mon fils Louis, né le 27 septembre 1908, était très fort et se portait très bien, lorsque le jeudi, 8 octobre, dans l'après-midi, il fut pris d'une forte fièvre accompagnée d'une sueur abondante. Il ne dormit point la nuit suivante et ne cessa de crier. Le lendemain, ses petites mains étaient fermées, sans qu'il fût possible de les lui ouvrir. La sage-femme, le trouvant très mal, nous dit d'aller chercher le médecin. Celui-ci déclara qu'il était atteint du tétanos et ne nous laissa aucun espoir de guérison. Il nous dit cependant d'essayer de mettre l'enfant dans les bains; mais la maladie ne fit qu'augmenter. Bientôt mon petit garçon devint raide comme un cadavre, sa bouche était fermée, à peine si l'on pouvait faire couler entre ses lèvres quelques gouttes d'eau ou de lait, il était absolument impossible de passer la cuiller. Ses bras étaient allongés, ses mains fermées, ses poignets tournés à l'envers et repliés, de sorte que ses petites mains touchaient aux bras. Son dos et son estomac étaient contrefaits, on aurait dit deux bosses de chaque côté. Ses jambes étaient serrées l'une contre l'autre; bientôt la droite passa par-dessus la gauche et tourna. Enfin, tous les membres étaient contractés. Le pauvre petit ne pouvait faire aucun mouvement, il n'avait point de sommeil et ne cessait de crier jour et nuit. Sa maigreur était telle qu'on aurait dit un squelette. Sa peau avait, au toucher, la dureté d'une pierre. Dans les crises il devenait tout bleu.

Le médecin revint la semaine suivante; il fut surpris de le trouver dans un état pareil et nous dit: «Pour moi, cet enfant est perdu, il ne vivra pas et la mort est préférable, car, s'il survit, il restera en cet état. Jamais encore, de ma vie de médecin, je n'ai vu pareille chose.» Toutes les personnes qui voyaient mon enfant me plaignaient beaucoup.

Cinq semaines s'écoulèrent ainsi. Je priais et faisais prier, accompagnant mes supplications de toutes sortes de promesses, sans rien obtenir. Touchées de mon extrême affliction, les demoiselles institutrices m'envoyèrent, le dimanche 15 novembre, une image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, à laquelle était attachée une relique, me disant qu'elles allaient prier et faire prier leurs petites filles, et nous recommandant de commencer une neuvaine à la petite sainte. Le soir même, nous commencions la neuvaine; chaque jour je faisais toucher l'image à mon enfant, demandant à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus sa guérison ou sa mort. J'ajoutai que, s'il devait être plus tard un mauvais chrétien, je préférais le voir mourir.

La petite sainte ne fut pas sourde à nos prières. Le jeudi suivant, cinquième jour de la neuvaine, je pus faire plier le bras gauche de mon petit enfant, puis son autre bras. Bientôt il reprit le sein, et, à Noël, il était complètement guéri. Aujourd'hui, on ne le reconnaît plus, tant il est beau et fort! Il rit et commence à gazouiller; les personnes qui le voient n'en reviennent pas et croient bien à un miracle.

A sa naissance, mon petit Louis avait à la tête une bosse qui lui restait encore après sa guérison. Je fis alors toucher à sa tête l'image de Sr Thérèse, et depuis la bosse diminue de jour en jour.

Ma reconnaissance est bien grande envers Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, de même que ma confiance. Je demande à cette chère petite sainte de m'accorder maintenant toutes les grâces nécessaires à mon état, que mon mari et mes enfants soient toujours de bons chrétiens. Je lui demande de m'accorder cette grâce encore, de voir au moins l'un de mes enfants se consacrer à Dieu.

M. G.

Suivent 19 signatures.

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31.

Couvent du Bon Pasteur de X., France, 9 février 1909.

Si les miracles extérieurs opérés par votre petite thaumaturge sont grands et admirables, que dire des miracles intérieurs de la grâce qui sont toujours plus grands et plus nombreux! C'est une pluie serrée de roses. Dieu soit béni de cette grande consolation qu'il nous ménage au milieu d'épreuves toujours plus pénibles et plus dures! Il serait bien difficile, je crois, d'arriver à exprimer tous les bienfaits spirituels que Sr Thérèse n'a cessé de faire descendre sur notre grande famille religieuse depuis un an et plus. C'est le secret du bon Dieu et du sacrement de Pénitence où le cœur du prêtre ne peut moins faire que d'être sans cesse débordant de reconnaissance.

L'abbé B.,      
aumônier.

——

32.

I. (Seine), 11 février 1909.

Ma bonne Mère,

Nous avons ici une jeune fille atteinte d'un ulcère à l'estomac, elle vomit le sang. Entendant parler des nombreuses guérisons obtenues par l'intercession de votre chère petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, elle y a recours. Nous allons commencer une neuvaine, et nous demandons à votre communauté de bien vouloir s'y unir pour obtenir sa guérison.

Sr X.

Télégramme reçu le dimanche 21 février, dernier jour de la neuvaine:

Malade entièrement guérie par Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus.
Sr X., supérieure.

Relation de la jeune fille guérie.

Ma Révérende Mère,

Depuis quatre ans je souffrais de l'estomac. Le 29 décembre 1908, j'ai eu, pour la première fois, un vomissement de sang. Le 30 et le 31, les médecins étaient encore indécis; mais le 1er janvier 1909, ils se prononcèrent et déclarèrent que j'avais un ulcère. Du 29 au 31 décembre, j'eus plusieurs vomissements; on essayait de me faire boire du lait, mais je le rejetais immédiatement. Du 1er au 21 janvier, je restai en traitement à l'hôpital Saint-Joseph où l'on me soumit au régime lacté. Pointes de feu, vésicatoires, calmants, tout fut essayé sans succès; je souffrais toujours. A la fin de janvier je suis venue me faire soigner chez les Dames de... à I. Le 8 février j'eus une très forte crise avec plusieurs vomissements de sang. Je ne gardais pas le lait, mais seulement un peu d'eau de Vals, et, encore, pas toujours. On écrivit alors au Carmel de Lisieux, afin de me mettre sous la protection spéciale de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. La Mère Prieure m'envoya un petit sachet contenant de la laine de son oreiller d'infirmerie; je le mis immédiatement sur moi et l'on commença une fervente neuvaine à la petite Sœur, en union avec Lisieux.

Pendant la neuvaine les souffrances étaient plus vives, les vomissements continuels, l'insomnie était perpétuelle. On ne pouvait plus me nourrir par les moyens ordinaires.

Le 21 février, jour où la neuvaine se terminait, je voulus absolument aller à la messe de 6 h., avec le désir d'y communier, persuadée que je serais guérie. Pendant tout le temps de la messe je souffrais horriblement, mais je priais avec beaucoup de ferveur et mon espérance était bien grande. Lorsque je revins de la sainte Table, où je m'étais traînée bien péniblement, mes souffrances redoublèrent. Enfin, au troisième Ave Maria que dit le prêtre au bas de l'autel, je sentis une douleur atroce à l'estomac, cette douleur correspondait dans le dos; il me semblait qu'on m'arrachait l'estomac. J'eus ensuite la sensation très nette d'une main qui se posait sur la partie malade et y répandait un baume céleste... puis, plus rien, un grand calme... J'étais guérie!

Je sentis alors que j'avais faim et j'avalai une grande tasse de lait que je trouvai exquise. Je restai ensuite à la messe de 7 h. en action de grâces, et je l'entendis à genoux. Après cette deuxième messe, j'allai au réfectoire où je pris une grande tasse de chocolat accompagnée de deux morceaux de pain, moi qui, depuis quatre mois, n'avais pas mis une bouchée de pain dans ma bouche! Et j'avais encore faim!

A en juger par le bien-être que j'éprouve, je ne croirais pas avoir été malade. Je suis absolument guérie. Il ne me reste qu'une faiblesse dans les jambes qui me rappelle seule les heures douloureuses que j'ai vécues.

Cette nuit j'ai parfaitement dormi; je me sens tout à fait bien. Toutes les personnes qui m'ont connue malade admirent en moi l'œuvre de Sr Thérèse, ma chère bienfaitrice. Voilà, ma Révérende Mère, le compte rendu de ma maladie et de ma guérison si miraculeuse.

Notre bonne Mère Supérieure espère avoir demain le certificat du docteur. Je commence une neuvaine d'action de grâces que j'irai terminer par un pèlerinage au tombeau de la petite sainte de Lisieux.

Agréez, etc.

M. C.

Suit le certificat du médecin.

——

33.

C., Autriche, 25 février 1909.

Ma Révérende Mère,

Je vous renvoie la notice sur le miracle d'Angleterre, en vous remerciant de me l'avoir communiquée. Mais tout cela n'est rien à côté des grâces que je sais avoir été reçues par l'intervention de sœur Thérèse, grâces de conversions vraiment immenses et miraculeuses. Une jeune personne, par exemple, a passé en moins d'une année de la boue la plus dégradante à un état de pureté tel qu'on peut l'imaginer chez les saints, et à la présence de Dieu presque continuelle; et cela dans le milieu le plus mondain et le plus frivole, entourée de toutes les occasions de chute!

Ah! vous avez bien raison de dire qu'une pluie de roses est descendue sur la terre, depuis que cette sainte est montée au ciel. Oui, cette remarque qu'elle descend de nouveau sur la terre est littéralement vraie. Que de fois je l'ai sentie près de moi dans cette dernière année!

M.-H. D.,
professeur à l'Université de X.

——

34.

L. (Normandie), 29 janvier 1907.

Je suis un séminariste âgé de 23 ans. Après de nombreux crachements de sang et hémorragies violentes, j'étais arrivé à un tel degré d'affaiblissement que je dus m'aliter le 28 août 1906. Deux médecins jugèrent mon état très grave: une caverne profonde s'était formée au poumon droit, les bronches étaient très endommagées, et l'analyse des crachats révéla la présence du bacille de la tuberculose. Les médecins s'avouèrent impuissants et me condamnèrent.

Alors, mes parents, éplorés, sollicitèrent ma guérison de Notre Dame de Lourdes par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et je passai à mon cou un sachet des cheveux de cette petite sainte. Les premiers jours de cette neuvaine, mon état s'aggrava: j'eus une hémorragie si violente que je pensai mourir; on appela en toute hâte un prêtre; mais, bien que l'on m'engageât à faire le sacrifice de ma vie, je ne pouvais m'y résoudre et j'attendais avec confiance la fin de cette neuvaine. Le dernier jour, aucun mieux ne s'était produit. Alors le souvenir de Thérèse se présenta à mon cœur, la parole qui a si nettement esquissé sa grande âme me pénétra d'une confiance indicible: «Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre.» Je pris au mot la jeune Carmélite. Elle était au ciel, oh! oui, j'en étais sûr; j'étais sur la terre, je souffrais, j'allais mourir: il y avait du bien à faire, il fallait qu'elle le fît. Serrant donc fortement contre ma poitrine la chère relique, je priai la petite sainte avec tant de force, qu'à la vérité, les efforts mêmes, faits en vue de la vie, eussent dû me donner la mort.

Nous recommençâmes une neuvaine, demandant cette fois ma guérison à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus elle-même, avec promesse, si elle nous exauçait, d'en publier la relation. Dès le lendemain la fièvre baissa subitement, et, les jours suivants, après l'auscultation, le médecin conclut au rétablissement d'une façon aussi catégorique qu'il avait affirmé la fin. De la caverne du poumon il n'y avait plus trace; l'oppression avait cessé et l'appétit revenait sensiblement. J'étais guéri.

Mais en même temps qu'elle renouvelait mes forces physiques, Thérèse accomplissait aussi en mon âme une transformation merveilleuse. En un jour, elle a fait en moi le travail de toute une vie.

Je m'arrête, ma Révérende Mère, Dieu m'a mis au cœur une telle reconnaissance que je ne saurai jamais l'exprimer. Aidez-moi à lui rendre grâce.

L'abbé A.[270]

Suit le certificat du médecin.

——

35.

Q. (Eure), mars 1909.

Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus semble favoriser particulièrement ma famille. Il y a deux ans, c'était moi qu'elle guérissait de la tuberculose; aujourd'hui c'est mon jeune frère, âgé de 11 ans, qui vient d'être soudainement sauvé et rétabli par elle.

Voici en quelles circonstances: Le samedi, 22 août 1908, il fut victime d'un accident terrible. Etant tombé d'une hauteur d'environ six mètres, par une trappe donnant sur une cave, sa tête vint frapper brutalement à terre. On releva le pauvre petit sans connaissance et perdant son sang à pleine bouche. Le médecin, mandé aussitôt, déclara que c'était l'affaire de deux heures; le crâne était, en effet, fracturé en plusieurs endroits, la mort était imminente. Cependant la nuit se passa sans le dénouement qu'on attendait. Le docteur se fit assister d'un chirurgien spécialiste de R... qui, sans aucune hésitation, confirma le jugement de son confrère. Nous n'avions donc plus rien à espérer, humainement du moins; moi-même j'avais entendu le docteur, et c'eût été de la folie d'espérer quand même.

J'eus cette folie, mes parents l'eurent avec moi: et, le 24 août, ma Révérende Mère, vous commenciez, sur ma demande, une neuvaine à Sr Thérèse pour la guérison de mon frère.

Cependant, des crises violentes et réitérées nous jetaient dans de cruelles alarmes. Nous avons cru quatre fois que la mort allait venir. Le pauvre enfant resta huit jours entiers sans connaissance et se débattait continuellement dans son délire.

Le neuvième jour, il reconnut tout son monde, le calme revint, c'était fini! Il n'avait qu'à reprendre des forces; ce qu'il fit. Il est aujourd'hui en classe, ne conservant aucune trace, ni physique ni morale, de son accident.

L'abbé A.

——

36.

Lisieux (Calvados).

En mars 1908, un petit enfant de cinq ans était atteint d'une méningite des plus graves. J'engageai sa mère à prier avec confiance Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Une neuvaine fut commencée. L'enfant était dans un perpétuel délire; et, cependant, lorsqu'on voulait lui faire baiser la relique de Sr Thérèse qu'il portait sur lui, il la retenait et la pressait sur son cœur. Il allait toujours plus mal. «Il y a deux jours qu'il devrait être mort», disait le docteur. Mais sa mère ne perdait pas courage. Tandis qu'il était presque agonisant et que, depuis plusieurs jours, il ne pouvait articuler une parole, elle vint à l'église et dit à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus: «Ma petite sainte, si je dois croire que vous voulez bien guérir mon fils, faites qu'en revenant de la messe il me demande à boire.»—«Maman, donne-moi à boire», dit l'enfant aussitôt que sa mère eut mis le pied sur le seuil de sa chambre. Dès lors il alla de mieux en mieux. Aujourd'hui il se porte bien.

L'abbé L.

16 avril 1909.

——

37.

X. (Seine-Inférieure), 9 avril 1909.

Le 8 mars dernier M. D. tombait gravement malade. Le docteur le déclarait atteint d'une grippe infectieuse. Au bout de quelques jours le mal se compliquait d'une fluxion de poitrine double. M. D. était en proie à un délire effrayant; jamais une minute de raison. Deux hommes étaient nécessaires pour le tenir. Le docteur dit qu'il n'y avait plus aucun espoir, qu'il était absolument perdu.

Tous les regards se portèrent alors vers le ciel. On appliqua une relique de Sr Thérèse sur la poitrine du malade qui s'endormit et recouvra ensuite au bout de quelques heures l'usage de sa raison; c'est alors que la famille s'empressa de lui faire recevoir l'Extrême-Onction.

Dans l'après-midi le malade demanda à sa femme ce que tout cela signifiait.—«Ai-je donc été si malade?» dit-il; «mais je ne souffre pas et j'ai grand'faim!» On manda à nouveau le docteur, il crut que c'était pour constater le décès. Grande fut sa stupéfaction! «Je n'y comprends rien, dit-il, M. D. est sauvé; qu'il se lève et mange!»

Et depuis, ma bonne Mère, le mal ne laisse plus aucune trace; le malade déborde de reconnaissance envers la chère thaumaturge.

D.

Suit le certificat du docteur.

——

38.[271]

Carmel de.... Espagne, 7 avril 1909.

J'éprouve un désir très grand, ma Révérende Mère, de vous raconter un petit miracle opéré par notre bien-aimée Sr Thérèse. Nous possédons ici sa Vie abrégée, en espagnol; mais, la première fois que je lus ce livre, je n'eus pour elle qu'une grande indifférence, je me dis: «Cette petite Sœur est par trop enthousiaste!» Un jour qu'on me demandait ce que je pensais de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, ma réponse fut celle-ci: «Ce que j'en pense? c'est qu'elle ne me plaît pas!» Thérèse allait se venger en reine... Quelque temps après, une de nos postulantes nous apporte un exemplaire français de l'Histoire d'une âme. Je ne comprenais pas un seul mot de cette langue; mais, tentée d'une très grande curiosité, je dis à notre Révérende Mère: «Ma Mère, voudriez-vous me permettre de lire ce livre?» Notre Mère Prieure, toute surprise, répondit: «Permission pour lire ce livre? et de quel profit vous peut-il être puisque vous ne comprenez pas le français?—Mais je ne sais quelle force intérieure m'attire et me dit de le lire.» La permission me fut accordée.

Et que vous dirai-je, ma bien chère Mère, de mon impression et de la très grande allégresse qu'éprouva mon pauvre cœur, de voir qu'en commençant à lire les premières pages de ce livre d'or, je compris dans la perfection la langue française!... Toute la communauté en resta dans un grand étonnement. Ma Mère, que de lumières j'ai reçues en lisant ces pages embaumées d'un parfum si céleste! que de grâces intimes connues de Jésus seul! Lorsque mon esprit se trouve dans la sécheresse, quelques pages seulement de la vie de l'angélique Thérèse suffisent pour enflammer mon âme de l'amour divin.

Aussi toute l'indifférence que j'avais pour elle s'est transformée en amour le plus reconnaissant et le plus profond. Que de fois, en me jetant à genoux, lui ai-je demandé pardon de ma faute! Qu'elle m'accorde la grâce d'aimer Jésus comme elle l'a aimé, afin qu'un jour je puisse faire partie de la légion des petites victimes de l'amour divin et chanter en sa compagnie les miséricordes du Seigneur!

Sr...

Cette religieuse, ayant été interrogée plus tard sur la manière dont elle avait réussi à écrire en français la lettre qui précède, répondit que c'était une continuation de la faveur reçue.

En novembre 1910, une jeune Sœur d'un autre Carmel d'Espagne nous confia avoir reçu une grâce identique en tous points à la première, soit pour la forme extérieure, soit pour les effets intérieurs. Interrogée à son tour sur son récit, fait par elle-même en français, elle écrivit ce qui suit:

«Je ne savais pas si vous alliez pouvoir lire ma lettre, je la croyais comblée de fautes, car je n'avais jamais écrit un seul mot de français en toute ma vie; de même qu'avant de lire l'Histoire d'une âme, je ne comprenais pas un seul mot de cette langue. C'est par un effet de la même grâce que j'ai pu lire et écrire. Notre angélique Sr Thérèse a été ma seule maîtresse de français. Ah! cette faveur m'en a procuré une autre incomparablement plus grande, celle de l'avoir pour maîtresse en sa petite voie d'enfance spirituelle. Je ne puis dire, ma Révérende Mère, ma reconnaissance envers cette bien-aimée sainte!

——

39.

Paris, 24 avril 1909.

Dans la dernière quinzaine de février, je fus prise d'un coryza aigu qui dégénéra vite en grippe infectieuse. Une otite des plus douloureuses fit suite à cette grippe, je devins complètement sourde et, après avoir subi deux fois la paracentèse du tympan, une mastoïdite se déclara. Elle fut des plus graves; ses débuts amenèrent vite des symptômes de méningisme.

Le spécialiste qui me soignait ne voulut pas prendre sur lui seul la responsabilité de cette maladie si terrible en complications, et appela à mon chevet le célèbre spécialiste des hôpitaux, qui lui-même voulut avoir l'avis d'un autre confrère. Les six premiers jours de ces consultations, les progrès du mal furent étroitement et savamment surveillés; les soins les plus minutieux, les plus énergiques me furent prodigués et, malgré cela, la fièvre allait croissant, alternant de 40° à 41°. Enfin le matin du septième jour, le mot d'opération fut prononcé et j'y fus préparée par de délicats ménagements. Dès le premier jour de la consultation des trois docteurs, je commençai avec ferveur une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus du Carmel de Lisieux. Le mal pourtant allait s'aggravant, mais je gardais très ferme ma confiance.

Ma famille, plusieurs Carmels et d'autres personnes s'unirent dans la même prière. L'opération semblait pour tous une évidence et devait se faire le dimanche qui était le neuvième jour de ma neuvaine. La veille je voulus recevoir la sainte communion; les préparatifs se faisaient, je lisais une douloureuse angoisse dans les yeux rougis de ma sœur.

Le soir j'eus 41° de fièvre; ma nuit fut atroce; les douleurs cérébrales m'arrachaient des cris et, malgré cela, ma foi était inébranlable... une voix intérieure, infiniment douce, m'insinuant le triomphe de mes prières, celles de ma chère famille sur le Cœur de Jésus!...

Oh! cette voix intérieure je l'entendrai toujours!... «Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, suppliai-je avec ferveur, j'ai foi en votre sainteté, ne m'abandonnez pas, demandez à Jésus qu'il ait pitié de ma mère, qu'il exauce les prières de mes chères tantes, qu'il entende les invocations des Carmels, qu'il ait pitié de moi!» Et toujours cette même voix si douce faisait descendre en moi une suave confiance!... Ma tante, carmélite, eut la même intuition très énergique, elle était certaine que je ne serais pas opérée.

Le matin de l'opération arriva: à 7 h., j'avais 40° de fièvre! je priai, m'isolant dans une foi absolue.

A 8 h. 1/2 les docteurs arrivèrent, prêtant la main aux derniers préparatifs... J'eus un dernier élan! «Sœur Thérèse, suppliai-je, restez avec moi, ne m'abandonnez pas, j'ai foi, j'ai confiance!» Les docteurs entrèrent: il fallait me résigner... Quand, soudain, un apaisement de mon mal, une décroissance subite de ma fièvre et l'écoulement de l'abcès de ma mastoïde se faisant normalement par l'oreille! J'eus un cri d'allégresse, j'étais guérie! Les docteurs ne voulaient pas en croire leurs yeux; ils observèrent, constatèrent, et furent muets de stupéfaction, enregistrant un cas unique dans la mastoïdite.

Oh! merci de toute mon âme à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus que je vénère et glorifie comme une sainte!

——

40.

Relations de la Révérende Mère Saint-Jean Berchmans,
Fondatrice et Supérieure des Missions
des Sœurs de la Providence à Madagascar.

I

Ambatolampy (Madagascar), 16 mai 1909.

Je suis depuis deux jours à l'hôpital de X. auprès de ma Sœur Ste-R., atteinte de fièvre bilieuse hématurique. Le cas est mortel. Deux Européens de Tananarive viennent d'être enlevés en quarante-huit heures par cette maladie. Notre si chère Sœur a été plusieurs fois sur le point d'expirer; un miracle seul peut la sauver, nous le demandons ardemment à Notre-Dame de Lourdes par l'intercession de l'angélique Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

13 août 1909.

Quelques heures après mon arrivée, les derniers sacrements furent administrés à la chère malade. Elle fit généreusement le sacrifice de sa vie, disant qu'elle était heureuse de mourir missionnaire...

Nous avions perdu tout espoir. Nos Malgaches étaient inconsolables; ils assiégeaient les portes de l'hôpital pour essayer de voir leur bonne Mère une dernière fois.

Le lundi 17 mai, vers 6 h. du soir, une dernière absolution lui fut donnée. Tout à coup elle m'appela et me dit d'un accent dont je fus frappée: «Vous savez ma Mère, que jusqu'à ce jour j'ai cru que j'allais mourir. Eh bien, ce soir je sens naître la confiance...»

Depuis lors notre chère Sœur alla mieux; maintenant elle est guérie. Gloire et reconnaissance à Notre-Dame de Lourdes et à Thérèse de l'Enfant-Jésus!

II

19 décembre 1909.

Notre petite sainte continue à travailler fort à la mission et nous fait constater une fois de plus la vérité de ses paroles: «Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre.» Ce bien, je vois qu'elle aime surtout à le faire chez les plus petits, les plus pauvres, les plus déshérités des biens de la fortune et même de la grâce.

J'avais une pauvre infirme qui, depuis plus de dix ans, ne pouvait se mouvoir. Après plusieurs neuvaines à Sr Thérèse, elle s'est trouvée guérie et peut maintenant marcher. Elle vient d'être baptisée et a pris le nom de Marie-Thérèse.

III

Il y a un peu plus d'un mois, j'administrai le baptême à un petit enfant que je quittai ayant déjà le râle de la mort sur les lèvres. J'avais remis à la mère une image de Sr Thérèse en l'engageant à la prier. Quelques jours plus tard, je vois arriver la pauvre Malgache portant dans ses bras son bébé plein de santé. Et me le présentant, ainsi que l'image que nous lui avions donnée pour tout remède, elle me dit: «La belle dame que tu m'as donnée a guéri mon fils pendant la nuit; je le croyais mort et déjà je pleurais... et elle arriva en portant une robe blanche qu'elle déposa sur lui, et quand mon petit se réveilla, il était guéri.»

N'est-il pas vrai, ma Révérende Mère, que ce sont là de beaux traits à insérer dans la «Pluie de roses»?

IV

29 mai 1910.

Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus continue à descendre souvent dans notre île. Sa pieuse intervention, nous aide beaucoup à prouver la vérité de notre sainte Religion.

En mai dernier, une de nos nouvelles Sœurs malgaches, la filleule de Thérèse (car la petite sainte, étant une des premières protectrices de notre noviciat, nous avons appelé: Thérèse de l'Enfant-Jésus, la plus jeune de nos novices, celle qui par sa simplicité nous rappelle le mieux notre petite sœur du Ciel), sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus, dis-je, accompagnée de Flore, une de nos postulantes, visitait les malades d'une petite chrétienté qui a nom: Ambadivona, près d'Ambatolampy. Elles rencontrèrent dans une case délabrée une pauvre femme minée par la fièvre. Après l'avoir fait prier et lui avoir donné quelques remèdes, la sœur et sa compagne se préparaient à sortir, lorsqu'elles entendirent un profond gémissement: «Y a-t-il quelque autre malade ici?» demandèrent-elles à la pauvre femme. Cette dernière, leur montrant un trou au fond de la case, leur dit: «Il y a là mon fils qui est mourant.» Nos deux visiteuses pénétrèrent par le trou et virent étendu sur une natte, faisant entendre le râle de l'agonie, un jeune homme de 16 à 17 ans. Près de lui était blottie la grand'mère. «Est-il baptisé?» lui demandèrent-elles; la vieille fit un signe négatif. Alors sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus essaya de dire quelques mots du baptême, mais le malade paraissait avoir perdu connaissance. La sœur eut alors la pensée de sortir une image de Thérèse qu'elle portait sur elle, et de la mettre devant les yeux du mourant. A l'aspect de cette image, le regard de ce dernier parut s'illuminer et la connaissance lui revenir. La sœur profita de cette lueur de raison pour instruire le jeune homme, puis elle l'ondoya. Enfin, elle invita fortement la famille à prier et à suivre les catéchismes préparatoires au baptême. Tous promirent.

Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus et sa compagne sortirent, laissant la petite image de Thérèse au père du jeune homme qui venait de rentrer dans la case, apportant un linceul pour l'ensevelir. Elles remercièrent leur protectrice, à qui elles devaient la consolation d'avoir donné une âme de plus à Dieu; mais elles n'espéraient guère la guérison du malade qui n'avait plus qu'un souffle de vie.

Quel ne fut pas leur étonnement quand une huitaine de jours après cet incident, la femme du catéchiste d'Ambadivona vint leur dire que le malade presque mourant était complètement guéri. Elles crurent d'abord à une erreur.

Pour en avoir le cœur net, elles me demandèrent la permission d'aller s'assurer de la vérité. Leur surprise fut grande lorsque, arrivées à quelques pas de la case, elles aperçurent le jeune homme qui s'avançait à leur rencontre, aussi vigoureux que s'il n'avait jamais été malade. «Quel remède as-tu pris, lui dirent-elles, pour retrouver si vite tes forces?—Mais aucun, répondit-il, c'est l'image que vous m'avez laissée qui m'a guéri; chaque fois que je la regardais, je sentais mes forces revenir.»

Cette petite image est toujours dans la case, elle fait l'admiration de tous ces pauvres païens.

V

Il y a quelques mois, une pauvre mère nous amenait son petit enfant couvert de plaies; pas une place sur tout ce petit corps qui fût intacte. Comme toujours, ma première question fut de demander si l'enfant était baptisé. A la réponse négative de ses parents, j'appelai une de nos sœurs, nouvellement arrivée de France et qui brûlait du désir de faire un baptême. Après avoir conduit les parents de l'enfant dans notre chapelle et les avoir fait prier, la sœur toute tremblante d'émotion fit couler l'eau sur la tête de ce pauvre petit dont la seule vue et l'odeur nauséabonde, s'échappant des plaies, soulevaient le cœur. Elle donna ensuite une image de Thérèse aux parents de l'enfant en leur disant: «Priez bien la petite sœur qui est là sur cette (sary) image. Elle seule peut guérir votre enfant, ou, si ce n'est pas la volonté de Dieu, elle viendra le chercher pour le mettre au ciel.» Ils partirent; nous ne pensions plus du tout à cet enfant, lorsque, une quinzaine de jours après, la jeune sœur m'appela: «Venez vite voir mon petit Paul, me dit-elle, il est tout à fait guéri, il n'a plus une seule plaie»; et la jeune sœur était vivement émue.

«Qui a guéri ton fils?» demandai-je à la mère du petit. Et soulevant les pauvres haillons qui couvraient le corps de son enfant, la femme me montra une image de Thérèse, pliée dans un petit chiffon, et attachée à son cou: «Depuis que l'image est là, me dit-elle, les plaies ont séché presque subitement.»

VI

Une de nos chrétiennes, atteinte de la tuberculose, après s'être fait soigner à l'hôpital, fut congédiée par le docteur qui avait perdu tout espoir de guérison pour sa malade. En s'en allant dans son pays (Andraraty, 8 kilom. d'Ambatolampy), elle entra au couvent pour me demander des prières. Je lui donnai une image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus en lui disant de solliciter sa guérison auprès de cette religieuse dont elle emportait le portrait.

Le dimanche suivant, à la réunion des chrétiens d'Andraraty, je fus bien étonnée d'y trouver la pauvre femme toute transformée. Son visage était plein de santé.

«Qui t'a guérie? lui dis-je.—Mais, c'est l'image que vous m'avez donnée!»

Toute sa famille est dans l'admiration et croit fermement à l'efficacité de la prière.

VII

La petite relique de Thérèse vient encore de guérir une de nos meilleures chrétiennes d'Ambatolampy, Angèle Rasoa. La pauvre femme venait de perdre sa fille, en quelques heures, d'un fort accès de fièvre. Le lendemain de cette mort presque subite, elle fut terrassée elle-même. Son fils nous appela immédiatement. Je prévins le R. P. Roblet, et je partis en toute hâte. Je fis respirer de l'ammoniaque à la mourante, ce qui lui rendit assez de connaissance pour que le Père pût la confesser. Ensuite nous fîmes quelques prières auprès de son lit; elle paraissait n'avoir plus qu'un souffle de vie. Voyant la douleur de ses pauvres enfants qui l'entouraient, il me vint à la pensée de demander sa guérison à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et j'épinglai une de ses reliques à la couverture de la malade. A partir de ce moment, cette dernière parut aller mieux; le lendemain, elle était hors de danger, et deux jours après complètement guérie. Depuis lors, elle et sa famille ne cessent de remercier leur bienfaitrice.

VIII

10 novembre 1910.

Dans notre orphelinat de Betafo (Madagascar) était élevée, depuis cinq ans, Justine Raivo, jeune fille d'une très robuste constitution. En octobre 1907, elle tomba malade, et depuis, sa santé alla de jour en jour en déclinant. Deux ans après, les crises étaient si violentes qu'elle devint bientôt méconnaissable. Plus d'appétit, de forces, de sommeil. Après quelques instants de repos au dortoir, la pauvre enfant commençait à gémir, se plaignant de douleurs vers le cœur, puis criait, délirait, se promenait dans la maison, dans la cour, ne sachant que faire pour obtenir quelque soulagement. Elle était alors, tantôt transie de froid, tantôt brûlante de fièvre.

Deux docteurs prodiguèrent les soins les plus intelligents et les plus assidus à la jeune fille, sans obtenir aucun résultat. La malade était devenue maigre, son teint était terne, ses yeux tantôt hagards, tantôt brillants démesurément.

Elle se plaignait de souffrances violentes dans la tête, les reins, les genoux, etc... Les deux docteurs finirent par nous avouer qu'on pouvait la prolonger de quelques mois; «mais une guérison était impossible», disaient-ils.

Dix mois s'étaient ainsi écoulés quand la jeune fille, qui, depuis longtemps, nous avait témoigne le désir de se faire religieuse, m'écrivit pour me supplier de vouloir bien l'accepter au noviciat indigène. Sa demande aie m'étonna pas; mais comment penser à recevoir une postulante dans un pareil état de santé? Nous commençâmes alors immédiatement une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et je donnai une réponse affirmative à la jeune fille. Le lendemain de son arrivée (31 juillet), commencement d'une seconde neuvaine à la petite sainte. La nuit suivante fut extrêmement douloureuse; jamais peut être la pauvre enfant n'avait autant gémi, déliré, souffert. On eût dit que Thérèse voulait nous prouver à toutes que la terrible maladie existait bien toujours. Puis ce fut fini; depuis ce moment, les journées et les nuits de la jeune fille ont été parfaitement calmes.

Chaque jour de la neuvaine on la voyait redevenir plus fraîche, plus forte, et, à partir du dernier jour, elle reprit son appétit d'autrefois, toutes ses forces lui revinrent.

Elle n'a cessé depuis d'étudier, de même que ses compagnes, d'aller faire des catéchismes dans les chrétientés environnantes assez éloignées, et jamais elle n'a ressenti la moindre lassitude.

Aidez-nous, ma Rde Mère, à remercier notre chère petite Sr Thérèse de l'Enfant Jésus et demandez-lui de multiplier ses visites; alors, malgré notre petit nombre, nous pourrons donner à Nôtre-Seigneur les âmes de tous les païens qui nous entourent.

Sr St-Jean Berchmans.


Je soussigné, évêque titulaire de Soruze, vicaire apostolique de Madagascar central, déclare que Sr St-Jean Berchmans est tout à fait digne de foi.

Tananarive (Madagascar), le 22 novembre 1910.

J.-B. Cazet,        
Vic. apost. de Madagascar central.

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41.

Carmel de Mangalore, Indes-Orientales, 7 juin 1909.

     Ma très Révérende Mère,

Vous serez heureuse d'apprendre que votre petite Sœur, qui aimait tant les Carmels des missions, a bien voulu nous favoriser d'une de ses visites.

Nous avions une de nos chères Sœurs très mal d'une pneumonie compliquée d'une maladie de foie et d'une affection des reins; le docteur avait peu d'espoir et d'autant moins que notre bien-aimée malade ne voulait pas guérir, étant si heureuse d'entrevoir le ciel, objet de tous les désirs de son cœur.

Elle venait de recevoir avec une piété touchante le saint Viatique et l'Extrême-Onction, lorsque nous arriva la circulaire relatant les faits merveilleux opérés par l'intervention toute-puissante, auprès de Dieu, de votre aimable petite sainte.

Nous commençâmes une neuvaine en communauté, pour obtenir la guérison de notre chère malade qui voulut s'unir à nos supplications, dans le but de glorifier le bon Dieu et de contribuer aussi, autant que possible, à la glorification de la Servante de Dieu, par sa guérison.

Elle vous dit elle-même comment elle a été guérie.

Cette grâce obtenue au Carmel a fait grand bruit dans la ville, et on nous demande des neuvaines. Nous vous serions bien reconnaissantes, si vous vouliez nous envoyer quelques reliques et images.

Sr Marie de l'Enfant-Jésus.
prieure.      


Relation de la Sœur.

Sans me rendre exactement compte des maladies graves dont j'étais atteinte, souffrant beaucoup sous l'influence d'une forte fièvre, crachant le sang et comme des morceaux de poumon, j'interrogeai le docteur afin de savoir si ma vie était en danger, pour recevoir les derniers sacrements. Il me répondu que, depuis trois jours, je me trouvais dans ce cas.

J'exprimai alors mon désir à notre Révérende Mère de ne point différer à me procurer cette grâce et, dans l'après-midi de ce même jour, 16 mars 1909, je reçus la sainte communion en viatique ainsi que l'Extrême-Onction, et me disposai de mon mieux au grand passage du temps à l'éternité.

Voyant que le docteur réitérait ses visites trois et même quatre fois par jour, et qu'il s'était adjoint un autre médecin en consultation, je fus affligée de sa sollicitude à vouloir m'arracher à la mort, moi qui me sentais si heureuse de quitter cette terre d'exil, et je lui en exprimai ma peine, lui reprochant d'agir contrairement aux desseins de Dieu qui m'appelait.

Il était attristé de mes dispositions, contraires, disait-il, aux efforts de la science pour me guérir.

Sa piété avait cependant plus d'espoir dans la puissance de la prière que dans les secours humains. Ce jour même, la communauté commençait une neuvaine pour solliciter un miracle par l'intercession de la Servante de Dieu, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Bien après le départ du docteur, j'éprouvai quelque chose qui ne saurait s'exprimer; j'étais seule et ne dormais point; il me semblait que j'étais comme suspendue dans l'espace. Je ne vis rien, mais je m'entendis interroger ainsi: «Pourquoi voulez-vous mourir?» Croyant parler à Dieu, je répondis: «Pour vous voir.» Mais la voix reprit qu'il serait plus glorieux à Dieu de m'abandonner à lui, soit pour vivre, soit pour mourir, et de m'unir à la neuvaine que faisait la communauté.

J'entendis encore ces paroles: «Quelle plus grande gloire pour Dieu, pour la sainte Eglise, pour votre saint Ordre et votre communauté, si le miracle de votre guérison doit hâter la glorification de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus!»

Aussitôt mes dispositions furent complètement changées, je répondis: «Non, je ne veux plus désirer mourir, je veux prier et commencer une neuvaine.»

Lorsque le docteur revint dans l'après-midi, je lui fis réparation des reproches que je lui avais adressés; le même jour, sur ma demande, on me donna une image représentant Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, que je plaçai près de mon chevet. Je la priais sans cesse, avec une grande confiance, à proportion de mes souffrances qui s'accentuaient davantage, à mesure que la neuvaine approchait de son terme.

La veille du dernier jour, 23 mars, vers 5 h. de l'après-midi, alors que toute la communauté se trouvait réunie au chœur pour l'oraison, étant seule avec la Sœur infirmière, je fus subitement prise de violentes suffocations. A la quatrième crise, qui fut la dernière, j'endurai toutes les angoisses de l'asphyxie. M'étant soulevée du lit par l'excès de la souffrance, j'étreignais la Sœur qui me soutenait dans ses bras, croyant, comme moi, que j'allais expirer. L'air me manquait absolument pour respirer. Lorsque je fus remise de cette terrible lutte, aussitôt que je pus parler, j'invitai la pauvre Sœur bien émotionnée à remercier Dieu. «Puisque je n'en suis pas morte, lui dis-je, c'est une preuve que nos prières seront exaucées.»

J'avais l'espoir que je serais guérie le lendemain à la sainte communion. La nuit fut très mauvaise. A 3 h. du matin, j'endurai une véritable agonie, j'étais inondée d'une sueur froide, grelottant malgré les fortes chaleurs de l'été et la couverture de laine dont j'étais enveloppée; j'en demandai même une autre plus chaude. A 3 h. 1/2 j'éprouvai soudainement un indéfinissable bien-être, je dis aux Sœurs qui me prodiguaient leurs soins: «Retirez-vous dans vos cellules, allez vous reposer, je n'ai plus besoin que personne me veille, je suis guérie! Aussitôt que notre Mère sera levée, veuillez le lui annoncer.»

En effet, je dormis d'un bon sommeil jusqu'à l'Angélus.

La veille encore, je recevais la sainte communion dans mon lit en viatique et ne pouvais avaler qu'une parcelle de la sainte Hostie avec difficulté. Ce dernier jour de la neuvaine je me levais, m'habillais, recevais la sainte communion et demeurais à genoux, sans appui, environ une demi-heure.

A la fin de mon action de grâces, je chantais un des cantiques composés par notre chère Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus!

Quelques instants après, le docteur vint m'ausculter et déclarait qu'il n'y avait plus aucune trace de la pneumonie qui m'avait conduite aux portes du tombeau, et qui était compliquée d'une affection au foie et d'une maladie non moins sérieuse des reins. Ma santé, si éprouvée depuis plusieurs années, m'a été rendue bien meilleure. En peu de jours j'ai pu reprendre et exercer sans interruption mon office de portière avec d'autres occupations fatigantes. La nuit du Jeudi Saint, 7 avril, j'ai pu veiller avec la communauté devant le Saint Sacrement. Je prends la nourriture commune de nos Sœurs au réfectoire et ne ressens nullement aucune des indispositions des maladies précédentes. J'ai su depuis, par une religieuse du Tiers-Ordre, qu'ayant interrogé le docteur sur mon état le soir, veille de ma guérison, celui-ci avait répondu: «Elle expirera peut-être cette nuit.» Gloire soit rendue à Dieu et à la chère âme qui a daigné intercéder pour son indigne petite sœur! Qu'elle achève maintenant son œuvre en m'obtenant l'inappréciable grâce de marcher fidèlement sur ses traces dans la pratique des vertus religieuses.

Sr Marie du Calvaire.

Suit le certificat du docteur.

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42.

Carmel de Mangalore, Indes-Orientales, 31 juillet 1909.

La santé de notre chère miraculée est bonne, très bonne. Elle, qui depuis de bien longues années endurait de cruelles douleurs, privée des exercices de communauté, vient maintenant partout. La joie est répandue dans tout son être, on sent qu'une divine transformation s'est opérée en elle. Jamais nous ne pourrons oublier l'expression du visage de notre bien-aimée Sœur le jour de sa guérison; elle était transfigurée, comme en extase, et encore, quand elle parle de sa céleste bienfaitrice, elle est toute rayonnante de reconnaissance et d'amour.

Une de nos Sœurs eut la pensée d'obtenir, elle aussi, la guérison d'un écoulement d'oreille qui la faisait bien souffrir et la privait de sa voix au chœur, soit pour la psalmodie, soit pour le chant; elle avait encore des ulcères extérieurs. Eh bien! pendant la neuvaine, tout a disparu! Et maintenant elle donne sa voix librement, et il n'y a aucune trace des ulcères d'où sortait un pus verdâtre qui nous inquiétait.

Nous faisons quelques économies afin d'offrir notre obole pour la glorification de notre douce sainte.

Nous vous prions de faire faire une visite pour nous à sa glorieuse tombe et de lui recommander plusieurs intentions.

Sr Marie de l'Enfant-Jésus,
Prieure.

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43.

Communauté de X. (Finistère), 15 juin 1909.

Thérèse, la gracieuse «petite Reine», vient de jeter sur notre monastère un de ses pétales de rose.

Depuis le 1er décembre 1908, une de nos Sœurs, âgée de 31 ans, était atteinte d'une maladie infectieuse du cerveau et de la moelle épinière, le tout augmenté d'une phlébite aux deux jambes.

Le 16 mars, le docteur, ayant constaté que les phlébites avaient disparu, mais que la jambe droite était ankylosée, plia lui-même les deux jambes afin de permettre à la Sœur de marcher: ce fut une souffrance ajoutée à tant d'autres, car quand il fallut faire circuler la patiente, les jambes fléchissaient et étaient incapables de la porter. Dès l'abord, on crut à de la faiblesse et l'on espérait que le temps en aurait raison. Hélas! la malade restait impotente, et le docteur disait que, probablement, elle serait paralysée toute sa vie et que, seule, Notre-Dame de Lourdes, pourrait la guérir. C'était le jeudi 3 juin.

Le vendredi, 11 juin, la malade, dès son réveil, se sentit plus fatiguée encore qu'à l'ordinaire et souffrit cruellement pendant la sainte Messe. Au moment de la communion, quand l'infirmière la prit pour la conduire à la sainte Table, elle faillit tomber, tant ses jambes étaient rebelles.

De retour à l'infirmerie, la Sœur dit à la malade: «Quand vous êtes seule, il faudrait essayer de vous lever du fauteuil.» Elle répondit tristement: «Je ne le puis j'essaie souvent, mais il m'est impossible de remuer les reins.» L'infirmière n'insista pas, persuadée, en effet, de son impuissance; elle la prit par le bras et la fit marcher dans l'appartement. La Sœur coadjutrice,—aide pour les malades—arrivant à ce moment, dit à l'infirmière: «Pourquoi vous fatiguer ainsi? On n'est pas plus avancé de faire marcher la Sœur aujourd'hui qu'au premier jour.»

L'infirmière remit la malade dans son fauteuil, puis alla prendre une image sur laquelle est imprimée la poésie de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus: «Les Anges à la crèche», avec le portrait de Sr Thérèse. Elle fit baiser ce portrait à la malade et lui dit en s'éloignant de quelques pas: «Maintenant, venez chercher l'image.» Aussitôt la Sœur fit quelques efforts des reins, s'appuya sur le bras du fauteuil, se leva et suivit l'infirmière qui, tenant l'image à la main, faisait le tour de la chambre. Vivement impressionnée, elle dit à la malade: «Retournez au fauteuil et levez-vous sans vous appuyer.» Ce qu'elle fit.

Depuis ce jour, elle marche et suit en tout la communauté. Elle a repris son emploi et se porte très bien. On ne dirait jamais qu'elle est restée six mois sans bouger.

Le docteur, appelé à constater le fait, s'est écrié: «C'est merveilleux! car cette Sœur avait des symptômes de méningite cérébro-spinale avec paralysie des quatre membres.»

Suit le certificat de ce docteur.

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44.

Monastère de la Trappe.
Tarrega, Espagne, 27 juin 1909.

Relation de la guérison du Frère Marie-Paul.

Dans le courant du mois de septembre de l'année dernière, notre bon frère Marie-Paul (dans le siècle Philippe Tobzanc, né à Narbonne, diocèse de Carcassonne, département de l'Aude, le 12 juin 1877, entré en religion le 9 mai 1905), convers de notre monastère, sentit dans la région du cœur les premières atteintes d'un mal auquel, tout d'abord, il ne prit pas garde. Mais ce qui, au début, n'était qu'une simple oppression, se changea peu à peu en douleur si intense que tout travail prolongé ou trop pénible lui devint impossible. Le docteur, consulté, déclara que le mal venait de l'estomac et soumit le malade à un régime exclusivement lacté. Après six mois de ce traitement, un mieux s'étant produit, notre bon frère crut pouvoir reprendre la vie de communauté.

Mais deux mois ne s'étaient pas écoulés que les douleurs se réveillèrent plus vives et plus intenses que la première fois, et nous dûmes recourir aux mêmes remèdes. Cette fois-ci, nulle fut leur efficacité; le mal empirait tous les jours et les souffrances devenaient parfois si cruelles que, pour soulager le patient, nous dûmes employer des injections de morphine.

Notre bon frère dut cesser alors tout travail, car il était d'une faiblesse extrême; manger était pour lui un véritable supplice; son estomac ne pouvait rien conserver, pas même quelques cuillerées de bouillon qui ne servaient qu'à lui faire éprouver de violentes douleurs.

Parfois aussi le malade crachait comme de la chair hachée; et, de plus, son haleine était si fétide que la charité seule nous pouvait faire rester auprès de lui.

Après un nouvel examen, le médecin conclut à une ulcération de l'estomac qui, facilement, pouvait dégénérer en cancer et me prévint de l'opportunité d'une opération dans le cas de complications graves. Pour pouvoir sustenter de quelque manière le malade, le docteur prescrivit des lavements aux œufs et au lait, mais ce mode d'alimentation ne pouvait durer longtemps, car notre frère s'affaiblissait et dépérissait à vue d'œil.

Pour se conformer aux prescriptions du docteur, notre cher malade faisait chaque jour une petite promenade. Le lundi 3 mai, il en revint plus fatigué que de coutume; et, cependant, elle n'avait pas duré un quart d'heure. Rencontrant alors le Père sous-Prieur, il lui dit: «Priez pour moi, mon Père, car je sens que c'est bien fini...»

Tout espoir n'était cependant pas perdu, et le Seigneur allait, dès le lendemain de ce jour, faire éclater le pouvoir qu'a sur son Cœur miséricordieux l'intercession de sa petite Thérèse.

«—Puisque les moyens humains sont impuissants à vous soulager, dit notre Père infirmier au malade, faites une neuvaine de prières à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, religieuse du Carmel de Lisieux, morte, il y a quelques années, en odeur de sainteté.»

La proposition est acceptée avec d'autant plus de joie que le bon frère avait grande confiance en la «Petite Fleur blanche» dont il avait lu un résumé de la vie dans la petite brochure intitulée: «Appel aux petites âmes.» Depuis ce jour, en effet, il portait sur lui une photographie de Sr Thérèse, disant qu'elle lui porterait bonheur.—Elle ne trompa pas sa confiance.

Le lendemain, mardi 4 mai, notre malade ne put conserver les lavements, les douleurs se portèrent sur les reins avec tant d'acuité qu'il fallut cette fois encore avoir recours à la morphine: le pauvre frère n'en pouvait plus.—«Cela ne peut pas durer, dit-il alors au Père infirmier. Si vous voulez bien demander pour moi à mon Père X... une relique de Sr Thérèse, je l'appliquerai sur mon mal, et j'ai confiance qu'elle me guérira.»

Le soir, le Père infirmier lui remit la relique et lui conseilla, en même temps, de prendre un autre lavement.

Mais notre malade avait son idée; plein de confiance, il avait résolu de boire le liquide. Il pria la «Petite Fleur» de lui rendre la santé pour aider ses frères déjà si accablés de travail; puis il détache quelques parcelles de la relique et les met dans son breuvage. Après en avoir avalé quelques gorgées, il craint de commettre une imprudence en voulant absorber une si grande quantité de liquide (3/4 de litre). Mais, toujours plein de confiance qu'il va guérir, il ajoute quelques nouvelles parcelles de la relique et boit le tout. Il attend... Plus de souffrances! plus de cruels maux d'estomac! Le mal est complètement disparu, notre bon frère est guéri!

Il sort alors, fait une longue promenade, gravit sans éprouver ni malaise, ni fatigue, le plateau qui domine notre propriété. Il rentre ensuite tout ragaillardi, se sentant fort, vigoureux, et aussitôt demande à manger.—«Prenez des œufs», lui dit le Père infirmier. Et notre bon frère, dont l'estomac ne pouvait supporter la plus légère nourriture, prend non seulement des œufs, mais encore des pommes de terre frites, des raisins secs, des noix, des figues sèches, et achève son repas par un bon verre de vin, boisson dont il était obligé de s'abstenir depuis huit mois... Pas la moindre souffrance!

Notre heureux frère me fait part de sa guérison qui me réjouit souverainement et, dès le lendemain, il reprend la vie de communauté, en suit le régime austère et se remet à son pénible travail. Il continue sa neuvaine, la transformant en action de grâces. A la fin de la neuvaine, la guérison s'étant maintenue, j'ai cru de mon devoir, ma Rde Mère, de vous envoyer ma première relation.

Aujourd'hui, près de deux mois se sont écoulés depuis la faveur insigne dont notre cher frère a été l'objet, et nous pouvons tous certifier ici qu'il ne se ressent nullement de son mal, a repris de bonnes couleurs et continue avec générosité et joie le travail que l'obéissance lui a imposé.

En notre Abbaye de Notre-Dame du Suffrage, ce 27 juin 1909.

R. P. Mari Havur, abbé de N.-D. de Fontfroide.

(Réfugié avec sa Communauté à N.-D. du Suffrage.)

Suit le certificat du docteur, du curé de Tarrega et du maire.


Le frère Marie-Paul a été, en 1910, miraculeusement protégé par Sr Thérèse dans une explosion où il aurait dû trouver la mort ou être grièvement blessé.

La lampe d'acétylène qui a éclaté, faisant projectile, l'a frappé en pleine poitrine à l'endroit même où se trouvait une image de la servante de Dieu. Le frère a été renversé à terre par la violence du choc, mais s'est relevé sans aucun mal.

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45.

Monastère de X., Belgique, 2 juillet 1909.

Un vieillard de 80 ans qui, depuis près de 50 ans, ne s'approchait plus des sacrements et pour lequel nous avons fait une neuvaine au Sacré-Cœur par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, est transformé; sa conversion va faire un bien immense dans la localité qu'il habite, car il est ires connu.

Il fallait un miracle de grâce, nous disait-on, pour amener le retour de cet octogénaire qui, dans son testament, on le savait, donnait 6.000 fr. pour son enterrement civil. Or, à la première visite qu'on lui fait après avoir invoqué la petite Sr Thérèse, il accepte volontiers une médaille du Sacré-Cœur et un scapulaire du Carmel; à la deuxième visite, le septième jour de la neuvaine, on peut lui administrer les sacrements, qu'il reçoit avec des sentiments admirables de piété. Il a vécu onze jours après sa conversion, faisant l'édification des personnes qui l'approchaient et se prêtant volontiers à ce qu'on demandait de lui pour ses funérailles.

L'enterrement fut donc religieux et très édifiant; on eût dit un triomphe, et c'en était un! Remerciements et actions de grâces au Sacré-Cœur et à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

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46.

Paris, 8 juillet 1909.

Ainsi que je vous l'écrivais il y a huit jours, mon frère avait formellement refusé les sacrements. Le Révérend Père X., qui s'était présenté, avait complètement échoué dans sa tentative. «Il n'y a plus qu'à prier, nous dit-il: c'est une barre de fer, il n'y a rien à tenter.»

C'est alors que j'eus la pensée de m'adresser au Carmel de Lisieux, comptant sur l'intervention de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Voyant mon frère au plus mal vendredi, on lui envoya encore le prêtre, qui revint près de nous tout ému, nous disant que le malade, en pleine lucidité, avait reçu avec reconnaissance l'absolution après un entretien assez long. Sa femme, ses enfants, étaient dans le plus grand étonnement... Moi, je pensais que les prières faites au Carmel avaient été exaucées.

Cependant, je désirais beaucoup avoir une preuve comme quoi ce retour à Dieu avait été obtenu par l'intercession de Sr Thérèse, et je demandai pour signe à cette chère petite sainte que mon frère m'adressât une parole de reconnaissance que je désignai—chose en dehors de ses habitudes et de son caractère.—Je me rendis chez lui, et quelle ne fut pas mon émotion d'entendre sortir de sa bouche cette même parole que j'avais demandée... Il ne dit pas un mot de plus.

C***** de W.

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47.

Porto-Novo (Dahomey), 15 juillet 1909.

Depuis un mois, une de nos chrétiennes ressentait une douleur insignifiante dans toute la jambe gauche; cela ne l'empêchait pas de vaquer à ses occupations. Un samedi, cette jambe enfle horriblement, causant la plus vive douleur, puis il se forme un gros bouton, genre abcès. On sait que c'est le ver de Guinée, voulant sortir.

Ce ver a la grosseur du vermicelle et une longueur d'au moins 75 centimètres. On l'absorbe avec l'eau, il se répand dans l'organisme; ordinairement il sort par les jambes. Les médecins européens ont trouvé des remèdes pour s'en défaire assez promptement: mais avec les traitements indigènes, l'extraction de ce ver est très longue. Jamais il ne se montre avant trois jours, et alors on se contente de le fixer au dehors avec un fil, sans exercer de traction, car celles-ci font beaucoup souffrir. Ce n'est que dans les cas extrêmes que les noirs ont recours aux procédés chirurgicaux. Avec ce genre de soins, il survient souvent de graves ulcères qui peuvent devenir mortels.

Ce matin, samedi, je rencontre le mari de la malade: il m'annonce qu'il l'a confiée aux soins du médecin indigène. Le lendemain dimanche, je reçois une image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. La pensée me vient de demander une faveur au Cœur eucharistique de Jésus par l'intercession de sa chère petite épouse. Comme prêtre-adorateur, je vais faire mon heure de garde de 4 à 5 heures, et pendant ce temps je présente ma requête.

Le jeudi suivant, je vais visiter la malade. Quel n'est pas mon étonnement de la voir dans le jardin, venir à pas pressés, tenant son bébé dans ses bras!

—«Mais ce ver de Guinée?—Il est parti, et tout le monde est très étonné.—Mais, vous ne souffrez plus?—Non, mon Père (et elle me montre une profonde cicatrice); ce matin, j'étais à la Messe (elle habite à près d'un kilomètre de l'église), et hier, je suis allée au marché (2 kilomètres); c'est la neuvaine qui m'a guérie!—Mais, à quel moment exact ce ver est-il sorti?—Dimanche soir, quand on tintait la cloche pour la bénédiction (exactement 4 h. 1/3).—Avez-vous souffert?—Point du tout! Quand le ver a commencé à sortir, j'ai tire dessus, mais il s'est cassé.—Avez-vous alors souffert? (le ver ainsi cassé cause ordinairement de très vives douleurs; il ne meurt pas et l'état du malade empire).—Point du tout; mais il est sorti de l'eau épaisse et ma jambe a désenflé tout de suite.»

Ainsi c'était à l'instant même où je commençais la neuvaine que l'intervention d'en haut se manifestait... Trois mois se sont passés depuis, et la protégée de Sr Thérèse a continué à se porter parfaitement.

R. P. B.

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48.

Chine, 20 juillet 1909.

Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus m'a aidé auprès d'une païenne dont je désirais plus spécialement la conversion. Pendant son sommeil, elle vit un être ravissant et mystérieux qui lui montrait le ciel sans proférer une parole; elle me parla longuement de son costume, et je fus frappé en reconnaissant, dans sa description, l'habit de carmélite, absolument inconnu au Sutchuen. A la fin, je lui montrai une image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, devant laquelle elle s'écria, comme en présence d'une découverte: «Mais c'est cela, mais c'est bien cela! je la reconnais!»

Elle va donc se faire instruire; déjà ses deux enfants étudient chez moi depuis une semaine.

R. Père A.

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49.

Monastère de la Visitation de Caen (Calvados), 25 juillet 1909.

Vers le mois de décembre 1908, je commençai à souffrir de l'estomac; je pus cependant encore continuer les travaux de nos sœurs converses jusqu'au mois de février. Mais au commencement de ce mois, je fus prise de douleurs si aiguës qu'il me semblait qu'une bête me dévorait l'estomac. Quand ces douleurs me prenaient, je ne pouvais plus marcher, et lorsqu'il me fallait prendre un peu de nourriture, elles augmentaient encore.

Le docteur, ayant reconnu un ulcère, me condamna au repos complet et me fit suivre un régime qui consistait à ne prendre que du lait coupé d'eau de Vals. Mais bientôt les vomissements reprirent et devinrent plus fréquents; quatre à cinq fois par jour, je rejetais le peu de lait que je prenais, et chaque vomissement était mêlé de sang.

Me voyant dans ce triste état, je fus inspirée de faire une neuvaine à S' Thérèse de l'Enfant-Jésus. Nous la commençâmes le jeudi 24 juin; nos sœurs la firent avec moi. Pendant la neuvaine, les souffrances ne firent qu'augmenter; malgré cela ma confiance était inébranlable.

Le dernier jour de la neuvaine, vers midi, j'eus une crise très forte; il me semblait que l'on m'arrachait l'estomac, la douleur était la même dans le dos; cela dura un quart d'heure à peu près.

A 1 heure, sœur Françoise-Thérèse (Léonie), sœur de la bien-aimée petite Thérèse de l'Enfant-Jésus, me donna à boire un peu d'eau dans laquelle elle avait mis un pétale de rose dont Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus s'était servie pour caresser son crucifix, et, en même temps, notre Mère, pleine de foi en la puissante intercession de la petite sainte, se mit à genoux et dit un Laudate et un Gloria Patri. Sa confiance ne fut pas déçue... Aussitôt que j'eus pris cette eau miraculeuse, je sentis quelque chose de très doux qui cicatrisait la plaie.

A partir de ce moment, je ne ressentis plus aucune douleur, mais une faim dévorante. Je bus aussitôt une tasse de lait qui passa très bien, puis, jusqu'au soir, j'en bus un litre et j'avais encore faim.

Le lendemain, au déjeuner, on me servit comme la communauté: je mangeai de l'omelette, des pois, de la salade... Enfin, je me trouve aujourd'hui dans un état de santé des meilleurs. J'ai fait une neuvaine d'action de grâces pour remercier ma chère bienfaitrice, mais mon cœur aura pour elle une éternelle reconnaissance.

Sr Marie-Bénigne.

Suit le certificat du docteur.

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50.

New-York, 12 août 1909.

A la gloire de Dieu tout-puissant et de sa servante Thérèse, la petite Fleur de Jésus, je raconterai la grande faveur reçue par l'intercession de la sainte carmélite.

Cette grâce obtenue est la guérison extraordinaire de ma sœur mortellement blessée. Cette chère sœur marchait dans les rues de New-York le matin du 30 juillet 1909, quand un cheval indompté se précipita sur elle et la piétina. Sa figure fut horriblement contusionnée et sa tête reçut un tel coup qu'elle était tout en sang. Bien plus, les côtes brisées percèrent le poumon; le cœur fut également blessé et comprimé; en un mot elle offrait l'aspect le plus pitoyable.

Dans son intense agonie, elle ne perdit pas cependant connaissance et put se confesser dans la rue, au prêtre accouru de l'église la plus proche.

Le docteur de l'ambulance de New-York ne pensait pas qu'il lui fût possible d'arriver vivante à l'hôpital et, pour tout espoir, dit seulement qu'une personne sur mille pouvait en réchapper après de si terribles brisements.

Tout le jour, la pauvre jeune fille resta suspendue entre la vie et la mort et, vers minuit, tout espoir de guérison était abandonné. Chaque respiration semblait être la dernière. Elle resta dans cette agonie jusqu'au 3 août. Le médecin la croyait si bien perdue que, pour lui redonner un peu de respiration, il osa lui faire une piqûre qui devait infailliblement amener la mort par l'empoisonnement.

Le 3 août, tandis que le médecin attendait sa mort, une religieuse très dévote à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus nous conseilla de placer en elle toute notre espérance et de lui commencer une neuvaine. Je donnai à ma sœur une image-relique de la petite sainte; elle l'appliqua, avec la plus grande confiance, sur son corps broyé. Aussitôt une amélioration se produisit, et le dernier jour de la neuvaine, la malade était sauvée.

6 septembre 1909.

Je pensais que du moins ma chère sœur resterait un peu délicate des poumons; mais il n'en a rien été; elle jouit maintenant d'une santé aussi forte qu'avant son accident.

Sr M. A.

——

51.

X. (Loiret), 31 août 1909.

Il m'est venu un mal au bras à la suite d'un coup. Je le fis voir au médecin qui me dit que j'avais un très mauvais mal. Et, en effet, je ne dormais plus et je souffrais horriblement. Alors j'eus la pensée d'appliquer sur mon bras une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Quelques heures après que la relique l'eut touché, je sentis un mieux extraordinaire; je passai une très bonne nuit, et le lendemain j'étais complètement guérie.

En reconnaissance je veux faire connaître ma bienfaitrice et la prier tous les jours de ma vie.

M. D.

——

52.

Communauté de G. (Eure-et-Loir), 15 septembre 1909.

Depuis quelques mois j'avais un larmoiement perpétuel et douloureux de l'œil gauche; la glande lacrymale s'était enflammée et rendait de l'humeur.

Notre Mère m'envoya alors chez l'oculiste qui me dit que souvent cette inflammation amenait un flegmon, et commença à me soigner en m'enfonçant une sonde qui me fit très mal. Sur ma demande s'il aurait à y revenir, il me répondit: «C'est toujours très long; il faut parler au moins de 14 ou 15 fois, en venant trois fois par semaine.»

Je me résignai et retournai le surlendemain; il prit une sonde un peu plus grosse et, après avoir examiné mon œil qui me faisait beaucoup souffrir, il parla de 20 sondages. C'était jeudi dernier, 9 septembre.

Le vendredi l'écoulement continuait et la douleur aussi; c'est alors que j'ai eu la pensée de m'adresser à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et que je vous ai écrit pour demander des prières. Mais, ma Révérende Mère, votre petite sainte ne les a pas attendues pour m'exaucer car, à partir du moment où j'ai fait cette démarche, je n'ai plus souffert et je n'ai plus eu à l'œil le plus petit suintement. Dès le lendemain, samedi, je retournai chez l'oculiste; il m'examina et parut positivement stupéfait de me voir si bien et si rapidement guérie contre toutes ses prévisions.

Sr X.

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53.

Piacenza, Italie, 25 septembre 1909.

Notre petite Henriette, âgée de 11 ans, était depuis deux ans malade d'entérite aiguë opiniâtre. Tous les remèdes employés avaient été impuissants à la guérir, même à l'améliorer.

Elle demeura un mois à l'hôpital, soumise aux traitements des médecins les plus distingués, mais le mal ne faisait qu'empirer. Nul aliment ne pouvait s'arrêter dans l'intestin et la pauvre petite malade en était venue à un affaiblissement extrême. Emaciée, décolorée, elle n'avait qu'à fermer les yeux au sommeil de la mort. On lui prescrivit les bains de mer, les bains de salsemaggiore; rien ne lui profita. Le médecin frappait du pied en voyant l'insuccès de la science.

Affligés, découragés, nous ne songions plus désormais ni à médecins, ni à remèdes. Ce fut alors qu'on nous remit providentiellement un objet ayant appartenu à une religieuse carmélite: Thérèse de l'Enfant-Jésus. Une neuvaine fut commencée, et le dernier jour la guérison était parfaite.

Aujourd'hui, après deux mois, notre petite Henriette se porte aussi bien que si elle n'avait jamais été malade; pas de rechute, pas de menaces de rechute. C'est un miracle pour nous, car la longue durée et la gravité du mal, la guérison soudaine au moment où la maladie semblait s'aggraver, c'est là un fait que nous ne saurions expliquer par notre courte raison humaine.

X. X.

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54.

S., Angleterre. 13 octobre 1909.

Je prends la liberté de vous écrire pour vous raconter la guérison merveilleuse que la chère petite «Fleur de Jésus» a opérée en ma faveur.

Je suis une Pénitente et désirais beaucoup entrer dans la communauté des Madeleine, mais je tombai malade. En juillet, une névrite se déclara au bras droit: les douleurs que je souffrais la nuit étaient intolérables, il m'était impossible de dormir. Le docteur me donna des remèdes très énergiques, mais rien ne me soulageait.

Le 4 septembre, j'allai voir la Mère maîtresse des Pénitentes, qui me donna un feuillet de la chère «Petite Fleur» en me disant de lui faire une neuvaine. Je commençai le soir même, cessant tout remède.

Dès le troisième jour je ne ressentis plus aucune douleur; j'étais guérie.

A. C.

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55.

Barcelone, Espagne, 14 octobre 1909.

J'étais atteinte depuis douze ans de douleurs à la jambe gauche. Pendant 18 mois, elles furent intolérables, malgré les soins que l'on me prodiguait. Notre Révérende Mère Supérieure me fit conduire alors chez un spécialiste. A la vue de ma jambe qui se desséchait, celui-ci déclara la gravité du mal, ordonna du repos et dit qu'il fallait craindre une paralysie.

J'en étais là, quand une religieuse de notre communauté me prêta une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, m'engageant à la prier avec une confiance absolue. Je lui fis alors une neuvaine et cessai tout traitement, n'attendant de secours que de notre chère sainte. Les sept premiers jours les douleurs augmentèrent; j'étais tentée de me décourager, mais une voix intérieure que je ne saurais rendre me disait: «Tu guériras».

Le huitième jour je me sentis grandement soulagée, mais ma guérison n'était pas encore complète; alors je fis une seconde neuvaine, et la chère petite sainte me prit en pitié.

Depuis un an, non seulement je n'ai donné aucun soin à ma jambe; mais je remplis une charge qui me force à marcher ou à me tenir debout la plus grande partie de la journée, sans prendre jamais une heure de repos. Quelle reconnaissance je garde à Sr Thérèse pour une guérison si inespérée!

Sr J. D.

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56.

X., Angleterre, 15 octobre 1909.

Depuis onze ans, Mme D. souffrait de douleurs presque incessantes, causées par le développement d'une tumeur qui poussait de profondes racines visibles jusque sur le dos de la malade.

A mesure que le temps s'écoulait, les douleurs devenaient plus intenses et la tumeur plus volumineuse. Durant les trois dernières années avant la guérison, la malade n'eut pas une heure de répit; elle passait des nuits blanches, rongée par la douleur incessante, ne dormant jamais plus de sept minutes de suite.

En 1909, son médecin lui conseilla de se faire opérer; mais plusieurs chirurgiens l'ayant examinée, la déclarèrent inopérable, la tumeur affectant tous les organes du corps.

A partir de ce moment, elle ne cessa de s'affaiblir; et, durant les dix dernières semaines qui précédèrent sa guérison, elle ne put boire que de l'eau gazeuse, additionnée d'alcool, ou un peu de glace sucrée. Cette alimentation si légère lui causait des crises de vomissements. La tumeur, devenue énorme, pesait sur les organes intérieurs et en paralysait toutes les fonctions.

Sa vie semblait toucher au terme, et on était sur le point de lui administrer de nouveau les derniers sacrements.

Bien des neuvaines avaient été faites pour obtenir sa guérison; mais une de ses amies lui ayant fait connaître Sr Thérèse, «La Petite Fleur de Jésus», une neuvaine fut commencée le dimanche 22 août, en l'honneur de l'angélique sainte.

Durant les trois premiers jours la malade baissa rapidement, et le jeudi on s'attendait à ce qu'elle mourût dans la nuit. Ses douleurs étaient aiguës, ses yeux voilés.

A onze heures du soir elle eut un vomissement qui l'épuisa complètement, puis elle s'endormit et, pour la première fois depuis bien des années, reposa paisiblement jusque vers cinq heures et demie du matin. Elle fut réveillée par un léger attouchement sur les épaules, comme si quelqu'un se penchait sur elle; elle sentit en même temps une douce chaleur, telle qu'une respiration, et comprit qu'il y avait auprès d'elle une présence invisible...

Toute douleur, toute souffrance avait disparu.

Mme D. ne dit rien à personne du miracle dont elle venait d'être favorisée; elle attendait la visite du docteur pour qu'il s'en rendît compte lui-même. Pendant une heure, il l'examina, la palpa et avoua que tous les organes fonctionnaient bien; que l'enflure et la tumeur avaient disparu, ne laissant qu'une petite grosseur sur le côté, telle qu'une petite bille, comme pour prouver que la tumeur avait existé. Il ne restait plus trace de ces racines qu'on avait constatées auparavant jusque sur le dos de la malade.

Quand, à la fin de cet examen, une des filles de Mme D. rentra dans la chambre, elle trouva le docteur—un protestant—la tête dans ses mains, stupéfait: «Après tout, lui dit-il, je crois en Dieu; je sais qu'il peut faire des miracles: certes, en voici un!»

X.

Suit le certificat du médecin.

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57.

X. (Maine-et-Loire), 15 octobre 1909.

Depuis de longues années, ma domestique souffrait de malaises d'estomac allant toujours s'aggravant. Finalement, le docteur dit: «Il n'y a plus qu'une chance de prolongement de vie: l'opération.»

La malade, ne pouvant plus se nourrir, s'y résigna. Il y avait rétrécissement et affection grave au pylore. C'était l'affaire de quelques jours, de quelques semaines au plus.

L'opération eut lieu un vendredi. Le dimanche j'allai voir la malade que je trouvai dans un état épouvantable. Des vomissements de sang à pleine cuvette l'avaient réduite à ce qu'il y a de pire: physionomie sans vie, yeux ternes. Comme voix, un souffle à peine perceptible, inconscience presque complète. Comme nourriture, une seule chose possible: de la glace trempée dans du lait. On croyait si bien à sa mort, que les démarches étaient faites auprès des municipalités pour obtenir les pièces nécessaires à l'inhumation.

Mais la fille de la malade m'avait envoyé une petite relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, me demandant avec instance de la faire appliquer à sa mère. Je la confiai à la religieuse qui la soignait, et elle lui fut appliquée.

A partir de ce moment, je reçus chaque jour des nouvelles de plus en plus rassurantes. Au cours de la neuvaine, la malade avait considérablement repris. Elle mourait de faim et avait grand'peine à s'en tenir au régime exigé.

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