Œuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
The Project Gutenberg eBook of Œuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
Title: Œuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
Author: Emperor of the French Napoleon I
Editor: C. L. F. Panckoucke
Release date: May 1, 2004 [eBook #12230]
Most recently updated: October 28, 2024
Language: French
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OEUVRES DE
NAPOLÉON BONAPARTE.
TOME PREMIER.
C.L.F. PANCKOUCKE, Éditeur
MDCCCXXI.
NAPOLÉON BONAPARTE n'existe plus, sa vie appartient à l'histoire; peut-être ne convient-il pas de l'écrire encore, bien des faits doivent être appréciés, bien des passions calmées, bien des intérêts satisfaits, beaucoup d'affections et beaucoup d'inimitiés éteintes avant que l'on puisse parler avec impartialité et raison d'un homme aussi remarquable dans une période d'événemens si extraordinaires.
Beaucoup de faits sont connus, sans doute, mais leur origine est loin d'être éclaircie, et ces faits ne peuvent être jugés qu'en appréciant sa position, qui l'a toujours commandé, la nature de son génie, qui lui a fait produire de grandes choses et commettre des fautes.
Ce qu'il a écrit, ce qu'il a dit dans les diverses circonstances de son existence militaire et politique, servira mieux à le faire connaître que les discours de ses amis ou de ses ennemis.
Son génie est empreint tout entier dans ses lettres écrites durant les campagnes d'Italie et d'Égypte: les lettres se succédaient chaque jour, sa pensée était partout. Sa correspondance durant le consulat n'a pas été moins active; nous y avons réuni les notes qu'il faisait alors insérer dans les journaux, et que plusieurs guides sûrs nous ont fait connaître.
Nous publierons ensuite ses messages durant le gouvernement impérial, ses ordres du jour, ses proclamations, ses réponses aux députations, ses lettres aux divers souverains, et ces bulletins écrits, sous sa dictée, sur le champ même de bataille, un moment après la victoire.
Nous y joindrons quelques actes émanés de sa seule volonté, et qui ont été comme les bases de son gouvernement et de sa politique intérieure, soit pour récompenser ceux qu'il aimait, soit pour punir ceux qu'il craignait.
Nous ferons connaître, dans la dernière partie, les détails de ses entretiens familiers lors de sa plus grande élévation, ou dans son exil, et nous terminerons par plusieurs morceaux qu'il écrivit à Sainte-Hélène, et par des lettres confidentielles qui lui furent adressées à diverses époques.
Le premier volume, qui paraîtra plus tard, fera connaître sa généalogie; cette pièce assez étendue a été extraite des registres de San-Miniato; elle se compose de vingt pièces, remonte jusqu'à 1268, et contient l'histoire de tous ses ascendans, elle n'avait jamais été publiée; nous y placerons une histoire chronologique très-détaillée de Bonaparte, et présentant tous les faits qui lui sont personnels, sans aucune observation critique. On pourra ainsi faire concorder les faits avec ses lettres, ses messages et ses discours1.
Footnote 1: (return) Nous espérons aussi placer dans ce premier volume un discours que Bonaparte envoya fort jeune pour concourir à un prix proposé par l'Académie de Besançon. On nous a donné l'assurance de nous le faire connaître. Ce retard nous a forcé à différer la publication du tome premier.
Ce Recueil pourra être placé à côté des Commentaires de César, et des oeuvres de plusieurs illustres souverains. Il rappellera aux militaires les ordres qui ont dicté la victoire; à beaucoup d'autres personnes, les lettres qui leur ont envoyé des faveurs et qui les ont élevées à un rang dont elles jouissent aujourd'hui.
Sans doute sa carrière si brillante a été ternie par des actions blâmables; mais que ceux qui seront les moins indulgens se rappellent cette captivité si longue supportée avec dignité, et cette mort reçue avec calme au milieu de la solitude de l'Océan; cette mort de celui dont tous les rois et leurs cours devaient porter le deuil; qu'ils se rappellent ces paroles du souverain qui fera plus par sa sagesse et par le temps pour le bonheur de la France, que Napoléon ne fit par sa rapidité et par ses armes, qui eut réellement le plus à s'en plaindre, et qui, parlant au fils adoptif de Bonaparte, lui dit: J'ai souvent admiré celui que vous aimez.
OEUVRES
DE NAPOLÉON
BONAPARTE
LETTRE
DE M. BUONAPARTE
A M. MATTEO BUTTAFOCO,
DÉPUTÉ DE LA CORSE A L'ASSEMBLÉE NATIONALE.
MONSIEUR,
Depuis Bonifacio au cap Corse, depuis Ajaccio à Bastia, ce n'est qu'un chorus d'imprécations contre vous. Vos amis se cachent, vos parens vous désavouent, et le sage même, qui ne se laisse jamais maîtriser par l'opinion populaire, est entraîné cette fois par l'effervescence générale.
Qu'avez-vous donc fait? Quels sont donc les délits qui puissent justifier une indignation si universelle, un abandon si complet? C'est, monsieur, ce que je me plais à rechercher, en m'éclairant avec vous.
L'histoire de votre vie, depuis au moins que vous vous êtes lancé sur le théâtre des affaires, est connue. Ses principaux traits en sont tracés ici en lettres de sang. Cependant, il est des détails plus ignorés: je pourrais alors me tromper; mais je compte sur votre indulgence et espère dans vos renseignemens.
Entré au service de France, vous revîntes voir vos parens: vous trouvâtes les tyrans battus, le gouvernement national établi, et les Corses, maîtrisés par les grands sentimens, concourir à l'envi, par des sacrifices journaliers, à la prospérité de la chose publique. Vous ne vous laissâtes pas séduire par la fermentation générale: bien loin de là, vous ne vîtes qu'avec pitié ce bavardage de patrie, de liberté, d'indépendance, de constitution, dont l'on avait boursouflé jusqu'à nos derniers paysans. Une profonde méditation vous avait dès lors appris à apprécier ces sentimens factices, qui ne se soutiennent qu'au détriment commun. Dans le fait, le paysan doit travailler, et non pas faire le héros, si l'on veut qu'il ne meure pas de faim, qu'il élève sa famille, qu'il respecte l'autorité. Quant aux personnes appelées par leur rang et leur fortune au commandement, il n'est pas possible qu'elles soient long-temps dupes, pour sacrifier à une chimère leurs commodités, leur considération; et qu'elles s'abaissent à courtoiser un savetier, pour finale de faire les Brutus. Cependant, comme il entrait dans vos projets de vous captiver M. Paoli, vous dûtes dissimuler: M. Paoli était le centre de tous les mouvemens du corps politique. Nous ne lui refuserons pas du talent, même un certain génie: il avait en peu de temps mis les affaires de l'île dans un bon système: il avait fondé une université où, la première fois peut-être depuis la création, l'on enseignait dans nos montagnes les sciences utiles au développement de notre raison. Il avait établi une fonderie, des moulins à poudre, des fortifications qui augmentaient les moyens de défense: il avait ouvert des ports qui, encourageant le commerce, perfectionnaient l'agriculture: il avait créé une marine qui protégeait nos communications, en nuisant extrêmement aux ennemis. Tous ces établissemens, dans leur naissance, n'étaient que le présage de ce qu'il eût fait un jour. L'union, la paix, la liberté étaient les avant-coureurs de la prospérité nationale, si toutefois un gouvernement mal organisé, fondé sur de fausses bases, n'eût été un préjugé encore plus certain des malheurs, de l'anéantissement total où tout serait tombé.
M. Paoli avait rêvé de faire le Solon; mais il avait mal copié son original: il avait tout mis entre les mains du peuple ou de ses représentans, de sorte qu'on ne pouvait exister qu'en lui plaisant. Étrange erreur! qui soumet à un brutal, à un mercenaire, l'homme qui, par son éducation, l'illustration de sa naissance, sa fortune, est seul fait pour gouverner. À la longue, un bouleversement de raison si palpable ne peut manquer d'entraîner la ruine et la dissolution du corps politique, après l'avoir tourmenté par tous les genres de maux.
Vous réussîtes à souhait. M. Paoli, sans cesse entouré d'enthousiastes ou de têtes exaltées, ne s'imagine pas que l'on pût avoir une autre passion que le fanatisme de la liberté et de l'indépendance.
Vous trouvant de certaines connaissances de la France, il ne daigna pas observer de plus près que vos paroles, les principes de votre morale: il vous fit nommer pour traiter à Versailles de l'accommodement qui s'entamait sous la médiation de ce cabinet. M. de Choiseul vous vit et vous connut: les âmes d'une certaine trempe sont d'abord appréciées. Bientôt, au lieu du représentant d'un peuple libre, vous vous transformâtes en commis d'un satrape: vous lui communiquâtes les instructions, les projets, les secrets du cabinet de Corse.
Cette conduite, qu'ici l'on trouve basse et atroce, me paraît à moi toute simple; mais c'est qu'en toute espèce d'affaire, il s'agit de s'entendre et de raisonner avec flegme.
La prude juge la coquette et en est persiflée; c'est en peu de mots votre histoire.
L'homme à principes vous juge au pire; mais vous ne croyez pas à l'homme à principes. Le vulgaire, toujours séduit par de vertueux démagogues, ne peut être apprécié par vous, qui ne croyez pas à la vertu. Il n'est permis de vous condamner que par vos principes, comme un criminel par les lois; mais ceux qui en connaissent le raffinement, ne trouvent dans votre conduite rien que de très-simple. Cela revient donc à ce que nous avons dit, que, dans toute espèce d'affaires, il faut d'abord s'entendre, et puis raisonner avec flegme. Vous avez d'ailleurs par devers vous une sous-défense non moins victorieuse, cas vous n'aspirez pas à la réputation de Caton ou de Catinat: il vous suffit d'être comme un certain monde; et, dans ce certain monde, il est convenu que celui qui peut avoir de l'argent sans, en profiter est un nigaud; car l'argent procure tous les plaisirs des sens, et les plaisirs des sens sont les seuls. Or, M. de Choiseul, qui était très libéral, ne vous permettait pas de lui résister, lorsque surtout votre ridicule patrie vous payait de vos services, selon sa plaisante coutume, de l'honneur de la servir.
Le traité de Compiègne conclu, M. de Chauvelin et vingt-quatre bataillons débarquèrent sur nos bords. M. de Choiseul, à qui la célérité de l'expédition importait majeurement, avait des inquiétudes que, dans ses épanchemens, il ne pouvait vous dissimuler. Vous lui suggérâtes de vous y envoyer avec quelques millions. Comme Philippe prenait les villes avec sa mule, vous lui promîtes de tout soumettre sans obstacle... Aussitôt dit, aussitôt fait, et vous voici repassant la mer, jetant le masque, l'or et le brevet à la main, entamant des négociations avec ceux que vous jugeâtes les plus faciles.
N'imaginant pas qu'un Corse pût se préférer à la patrie, le cabinet de Corse vous avait chargé de ses intérêts. N'imaginant pas, de votre côté, qu'un homme pût ne pas préférer l'argent et soi à la patrie, vous vous vendîtes, et espérâtes les acheter tous. Moraliste profond, vous saviez ce que le fanatisme d'un chacun valait; quelques livres d'or de plus ou de moins nuançant à vos yeux la disparité des caractères.
Vous vous trompâtes cependant: le faible fut bien ébranlé, mais fut épouvanté par l'horrible idée de déchirer le sein de la patrie. Il s'imagina voir le père, le frère, l'ami, qui périt en la défendant, lever la tête de la tombe sépulcrale, pour l'accabler de malédictions. Ces ridicules préjugés furent assez puissans pour vous arrêter dans votre course: vous gémîtes d'avoir à faire à un peuple enfant. Mais, monsieur, ce raffinement de sentiment n'est pas donné à la multitude; aussi vit-elle dans la pauvreté et la misère; au lieu que l'homme bien appris, pour peu que les circonstances le favorisent, sait bien vite s'élever. C'est à peu près la morale de votre histoire.
En rendant compte des obstacles qui s'opposaient à la réalisation de vos promesses, vous proposâtes de faire venir le régiment Royal-Corse. Vous espériez que son exemple désabuserait nos trop simples et trop bons paysans; les accoutumerait à une chose où ils trouvaient tant de répugnance: vous fûtes encore trompé dans cette espérance. Les Rossi, Marengo, et quelques autres fous, ne vont-ils pas enthousiasmer ce régiment, au point que les officiers unis protestent, par un acte authentique, de renvoyer leurs brevets, plutôt que de violer leurs sermens, ou des devoirs plus sacrés encore?
Vous vous trouvâtes réduit à votre seul exemple. Sans vous déconcerter, à la tête de quelques amis et d'un détachement français, vous vous jetâtes dans Vescovato; mais le terrible Clémente 2 vous en dénicha. Vous vous repliâtes sur Bastia avec vos compagnons d'aventure et leur famille. Cette petite affaire vous fit peu d'honneur: votre maison et celle de vos associés furent brûlées. En lieu de sûreté, vous vous moquâtes de ces efforts impuissans.
Footnote 2: (return) Clément Paoli, frère aîné du général Paoli, bon guerrier, excellent citoyen, vrai philosophe. Au commencement d'une action, il ne pouvait jamais se résoudre à se battre personnellement: il donnait ses ordres avec ce sang-froid qui caractérise le capitaine. Mais dès qu'il avait vu tomber quelqu'un des siens, il saisissait ses armes, avec cette convulsion d'un homme indigné, en faisait usage, en s'écriant: «hommes injustes! pourquoi franchissez-vous les barrières de la nature? pourquoi faut-il que vous soyez les ennemis de la patrie?»
Austère dans ses moeurs, simple dans sa vie privée, il a toujours vécu retiré. Ce n'était que dans les grands besoins qu'il venait aussi donner son avis, dont on s'écartait rarement.
L'on veut ici vous imputer à défi, d'avoir voulu armer Royal-Corse contre ses frères. L'on veut également entacher votre courage, du peu de résistance de Vescovato. Ces accusations sont très-peu fondées; car la première est une conséquence immédiate, c'est un moyen d'exécution de vos projets; et comme nous avons prouvé que votre conduite était toute simple, il s'ensuit que cette inculpation incidente est détruite. Quant au défaut de courage, je ne vois pas que l'action de Vescovato puisse l'arrêter: vous n'allâtes pas là pour faire sérieusement la guerre, mais pour encourager, par votre exemple, ceux qui vacillaient dans le parti opposé. Et puis, quel droit a-t-on d'exiger que vous eussiez risqué le fruit de deux ans de bonne conduite, pour vous faire tuer comme un soldat!
Mais vous deviez être ému, de voir votre maison et celles de vos amis en proie aux flammes... Bon Dieu! quand sera-ce que les gens bornés cesseront de vouloir tout apprécier? Laissant brûler votre maison, vous mettiez M. de Choiseul dans la nécessité de vous indemniser. L'expérience a prouvé la justesse de vos calculs: on vous remit bien au-delà de l'évalué des pertes. Il est vrai que l'on se plaint que vous gardâtes tout pour vous, ne donnant qu'une bagatelle aux misérables que vous aviez séduits. Pour justifier si vous l'avez dû faire, il ne s'agit que de savoir si vous l'avez pu faire avec sûreté. Or, de pauvres gens, qui avaient si besoin de votre protection, n'étaient ni dans le cas de réclamer, ni même dans celui de connaître bien clairement le tort qu'on leur faisait. Ils ne pouvaient pas faire les mécontens, et se révolter contre votre autorité: en horreur à leurs compatriotes, leur retour n'eût pas été plus sincère. Il est donc bien naturel qu'ayant ainsi trouvé quelques milliers d'écus, vous ne les ayez pas laissé échapper: c'eût été une duperie.
Les Français, battus malgré leur or, leurs brevets, la discipline de leurs nombreux bataillons, la légèreté de leurs escadrons, l'adresse de leurs artilleurs; défaits à la Penta, à Vescovato, à Loretto, à San-Nicolao, à Borgo, à Barbaggio, à Oletta, se retranchèrent excessivement découragés. L'hiver, le moment de leur repos, fut pour vous, monsieur, celui du plus grand travail; et si vous ne pûtes triompher de l'obstination des préjugés profondément enracinés dans l'esprit du peuple, vous parvîntes à en séduire quelques chefs, auxquels vous réussîtes, quoique avec peine, à inculquer les bons sentimens; ce qui, joint aux trente bataillons qu'au printemps suivant M. de Vaux conduisît avec lui, soumit la Corse au joug, obligea Paoli et les plus fanatiques à la retraite.
Une partie des patriotes étaient morts en défendant leur indépendance; l'autre avait fui une terre proscrite, désormais hideux nid des tyrans. Mais un grand nombre n'avaient dû ni mourir ni fuir: ils furent l'objet des persécutions. Des âmes que l'on n'avait pu corrompre étaient d'une autre trempe: l'on ne pouvait asseoir l'empire français que sur leur anéantissement absolu. Hélas! ce plan ne fut que trop ponctuellement exécuté. Les uns périrent victimes des crimes qu'on leur supposa; les autres, trahis par l'hospitalité, par la confiance, expièrent sur l'échafaud les soupirs, les larmes surprises à leur dissimulation; un grand nombre, entassés par Narbonne-Fridzelar dans la tour de Toulon; empoisonnés par les alimens, tourmentés par leurs chaînes; accablés par les plus indignes traitemens; ils ne vécurent quelque temps dans leurs soupirs, que pour voir la mort s'avancer à pas lents... Dieu, témoin de leur innocence, comment ne te rendis-tu pas leur vengeur!
Au milieu de ce désastre général, au sein des cris et des gémissemens de cet infortuné peuple, vous, cependant, commençâtes à jouir du fruit de vos peines: honneurs, dignités, pensions, tout vous fut prodigué. Vos prospérités se seraient encore plus rapidement accrues, lorsque la Dubarri culbuta M. de Choiseul, vous priva d'un protecteur, d'un appréciateur de vos services. Ce coup ne vous découragea pas: vous vous tournâtes du côté des bureaux; vous sentîtes seulement la nécessité d'être plus assidu. Ils en furent flattés: vos services étaient si notoires! Tout vous fut accordé. Non content de l'étang de Biguglia, vous demandâtes une partie des terres de plusieurs communautés. Pourquoi les en vouliez-vous dépouiller, dit-on? Je demande, à mon tour, quels égards deviez-vous avoir pour une nation que vous saviez vous détester?
Votre projet favori était de partager l'île entre dix barons. Comment! non content d'avoir aidé à forger les chaînes où votre patrie était retenue, vous vouliez encore l'asujétir à l'absurde régime féodal! Mais je vous loue d'avoir fait aux Corses le plus de mal que vous pouviez: vous étiez dans un état de guerre avec eux; et, dans l'état de guerre, faire le mal pour son profit est un axiôme.
Mais passons sur toutes ces misères-là: arrivons au moment actuel, et finissons une lettre qui, par son épouvantable longueur, ne peut manquer de vous fatiguer.
L'état des affaires de France présageait des événemens extraordinaires. Vous en craignîtes le contre-coup en Corse. Le même délire dont nous étions possédés avant la guerre, à votre grand scandale, commença à ématir cet aimable peuple. Vous en comprîtes les conséquences; car, si les grands sentimens maîtrisaient l'opinion, vous ne deveniez plus qu'un traître, au lieu d'un homme de bon sens. Pis encore; si les grands sentimens revenaient à agiter le sang de nos chauds compatriotes; si jamais un gouvernement national s'ensuivait; que deveniez-vous? Votre conscience alors commença à vous épouvanter: inquiet, affligé, vous ne vous y abandonnâtes pas; vous résolûtes de jouer le tout pour le tout, mais vous le fîtes en homme de tête. Vous vous mariâtes, pour accroître vos appuis. Un honnête homme qui avait, sur votre parole, donné sa soeur à votre neveu, se trouva abusé. Votre neveu, dont vous aviez englouti le patrimoine pour accroître un héritage qui devait être le sien, s'est trouvé réduit dans la misère avec une nombreuse famille.
Vos affaires domestiques arrangées, vous jetâtes un coup d'oeil sur le pays: vous le vîtes fumant du sang de ses martyrs, jonché de victimes multipliées, n'inspirer à tous pas, que des idées de vengeance. Mais vous y vîtes l'atroce militaire, l'impertinent robin, l'avide publicain, y régner sans contradictions, et le Corse accablé sous ses triples chaînes, n'oser ni penser à ce qu'il fut, ni réfléchir sur ce qu'il pouvait être encore. Vous vous dîtes, dans la joie de votre coeur: les choses vont bien, il ne s'agit que de les maintenir; et aussitôt vous vous liguâtes avec le militaire, le robin et le publicain. Il ne fut plus question que de s'occuper à avoir des députés qui fussent animés par ces sentimens; car pour vous, vous ne pouviez pas soupçonner qu'une nation, votre ennemie, vous choisît pour la représenter. Mais vous dûtes changer d'opinion, lorsque les lettres de convocation, par une absurdité peut-être faite à dessein, déterminèrent que le député de la noblesse serait nommé dans une assemblée composée seulement de vingt-deux personnes: il ne s'agissait que d'obtenir douze suffrages, Vos co-associés du conseil supérieur travaillèrent avec activité: menaces, promesses, caresses, argent, tout fut mis en jeu: vous réussîtes. Les vôtres ne furent pas si heureux dans les communes: le premier président échoua; et deux hommes exaltés dans leurs idées, l'un fils, frère, neveu des plus zélés défenseurs de la cause commune; l'autre avait vu Sionville et Narbonne; en gémissant sur son impuissance, son esprit était plein des horreurs qu'il avait vu commettre: ces deux hommes furent proclamés, et rencontrèrent le voeu de la nation, dont ils devinrent l'espoir. Le dépit secret, la rage que votre nomination fit dévorer à tous, fait l'éloge de vos manoeuvres et du crédit de votre ligue.
Arrivé Versailles, vous fûtes zélé royaliste: arrivé à Paris, vous dûtes voir avec un sensible chagrin que le gouvernement que l'on voulait organiser sur tant de débris, était le même que celui que l'on avait chez nous noyé dans tant de sang.
Les efforts des méchans furent impuissans: la nouvelle constitution, admirée de l'Europe, et devenue la sollicitude de tout être pensant; il ne vous resta plus qu'une ressource; ce fut de faire croire que cette constitution ne convenait pas à notre île, quand elle était exactement la même que celle qui opéra de si bons effets, et qu'il fallut tant de sang pour nous l'arracher.
Tous les délégués de l'ancienne administration, qui entraient naturellement dans votre cabale, vous servirent avec toute la chaleur de l'intérêt personnel: l'on dressa des mémoires où l'on prétendit prouver l'avantage dont était pour nous le gouvernement actuel, et où l'on établissait que tout changement contrarierait le voeu de la nation. Dans ce même temps, la ville d'Ajaccio eut indice de ce qui se tramait: elle leva le front, forma sa garde nationale, organisa son comité. Cet incident inattendu vous alarma: la fermentation se communiquait partout. Vous persuadâtes aux ministres, sur qui vous aviez pris de l'ascendant pour les affaires de Corse, qu'il était éminent d'y envoyer votre beau-père, M. Gaffory, avec un commandement; et voici M. Gaffory, digne précurseur de M. Narbonne, qui prétend, à la tête de ses troupes, maintenir par la force, la tyrannie que feu son père, de glorieuse mémoire, avait combattue et confondue par son génie. Des bévues sans nombre ne permirent pas de dissimuler la médiocrité des talens de votre beau-père: il n'avait que l'art de se faire des ennemis. L'on se ralliait de tous côtés contre lui. Dans ce pressant danger, vous levâtes vos regards, et vîtes Narbonne! Narbonne, mettant à profit un moment de faveur, avait projeté de fixer dans une île qu'il avait dévastée par des cruautés inouies, le despotisme qui le rongeait. Vous vous concertâtes: le projet est arrêté; cinq mille hommes ont reçu les ordres; les brevets pour accroître d'un bataillon le régiment provincial, sont expédiés; Narbonne est parti. Cette pauvre nation, sans armes, sans courage, est livrée, sans espoir et sans ressource, aux mains de celui qui en fut le bourreau.
O infortunés compatriotes! de quelle trame odieuse alliez-vous être victimes? Vous vous en seriez aperçu, lorsqu'il n'eût plus été temps. Quel moyen de résister, sans armes, à dix mille hommes? Vous eussiez vous-mêmes signé l'acte de votre avilissement: l'espoir se serait enfui, l'espérance éteinte; et des jours de malheur se seraient succédés sans interruption. La France libre vous eût regardée avec mépris; l'Italie affligée, avec indignation; et l'Europe étonnée de ce degré sans exemple d'avilissement, eût effacé de ses annales, les traits qui font honneur à votre vertu. Mais vos députés des communes pénétrèrent le projet, et vous avertirent à temps. Un roi qui ne désira jamais que le bonheur de ses compatriotes, éclairé par M. Lafayette, ce constant ami de la liberté, sut dissiper les intrigues d'un ministre perfide, que la vengeance inspira toujours à vous nuire. Ajaccio montra de la résolution dans son adresse, où était peint, avec tant d'énergie, l'état misérable auquel vous avait réduit le plus oppressif des gouvernemens. Bastia, engourdie jusqu'alors, se réveilla au bruit du danger, et prit les armes avec cette résolution qui l'a toujours distinguée. Arena vint de Paris en Balagne, plein de ces sentimens qui portent à tout entreprendre, à n'estimer aucun danger. Les armes d'une main, les décrets de l'assemblée nationale de l'autre, il fit pâlir les ennemis publics. Achille Meurati, le conquérant de Caprara, qui porta la désolation jusque dans Gênes, à qui il ne manqua, pour être un Turenne, que des circonstances et un théâtre plus vaste, fit ressouvenir aux compagnons de sa gloire, qu'il était temps d'en acquérir encore; que la patrie en danger avait besoin, non d'intrigues où il ne s'entendit jamais, mais du fer et du feu. Au bruit d'une secousse si générale, Gaffory rentra dans le néant, d'où, mal à propos, l'intrigue l'avait fait sortir: il trembla dans la forteresse de Corte. Narbonne, de Lyon, courut ensevelir dans Rome, sa honte et ses projets infernaux. Peu de jours après, la Corse est intégrée à la France, Paoli rappelé, et dans un instant la perspective change, et vous offre une carrière que vous n'eussiez jamais osé espérer.
Pardonnez, monsieur, pardonnez: j'ai pris la plume pour vous défendre; mais mon coeur s'est violemment révolté contre un système si suivi de trahison et d'horreur. Eh quoi! fils de cette même patrie, ne sentîtes-vous jamais rien pour elle? Eh quoi! votre coeur fut-il donc sans mouvement à la vue des rochers, des arbres, des maisons, des sites, théâtres des jeux de votre enfance? Arrivé au monde, elle vous porta sur son sein, elle vous nourrit de ses fruits: arrivé à l'âge de raison, elle mit en vous son espoir; elle vous honora de sa confiance, elle vous dit: «Mon fils, vous voyez l'état de misère où m'a réduite l'injustice des hommes: concentrée dans ma chaleur, je reprends des forces qui me promettent un prompt et infaillible rétablissement: mais l'on me menace encore? Volez, mon fils, volez à Versailles, éclairez le grand roi, dissipez ses soupçons, demandez-lui son amitié.»
Hé bien! un peu d'or vous fit trahir sa confiance; et bientôt, pour un peu d'or, l'on vous vit, le fer parricide à la main, entre-déchirer ses entrailles. Ah! monsieur, je suis loin de vous désirer du mal; mais craignez...; il est des remords vengeurs! Vos compatriotes, à qui vous êtes en horreur, éclaireront la France. Les biens, les pensions, fruit de vos trahisons, vous seront ôtés. Dans la décrépitude de la vieillesse et de la misère, dans l'affreuse solitude du crime, vous vivrez assez longtemps pour être tourmenté par votre conscience. Le père vous montrera à son fils, le précepteur à son élève, en leur disant: «Jeunes gens, apprenez à respecter la patrie, la vertu, la foi, l'humanité.»
Et vous, de qui l'on prostitua la jeunesse, les grâces et l'innocence, votre coeur pur et chaste palpite donc sous une main criminelle? femme respectable et infortunée! Dans ces momens que la nature commande à l'amour, lorsqu'arrachés aux chimères de la vie, des plaisirs sans mélange se succèdent rapidement; lorsque l'âme, agrandie par le feu du sentiment, ne jouit que de faire jouir, ne sent que de faire sentir; vous pressez contre votre coeur, vous vous identifiez à l'homme froid, à l'égoïste qui ne se démentit jamais, et qui, dans le cours de soixante ans, ne connut que les calculs de son intérêt, l'instinct de la destruction, l'avidité la plus infâme, les plaisirs, les vils plaisirs des sens! Bientôt la cohue des honneurs, les lambris de l'opulence, vont disparaître; le mépris des hommes vous accablera. Chercherez-vous dans le sein de celui qui en est l'auteur, une consolation indispensable à votre âme douce et aimante? Chercherez-vous sur ses yeux, des larmes pour mélanger aux vôtres? Votre main défaillante, placée sur son sein, cherchera-t-elle à se retracer l'agitation du vôtre? Hélas! si vous lui surprenez des larmes, ce seront celles du remords: si son sein s'agite, ce sera des convulsions du méchant qui meurt en abhorrant la nature, lui et la main qui le guide.
0 Lameth! ô Robespierre! ô Peithyon! ô Volney! ô Mirabeau! ô Barnave! ô Bailly! ô Lafayette! voilà l'homme qui ose s'asseoir à côté de vous! tout dégouttant du sang de ses frères, souillé par des crimes de toute espèce, il se présente avec confiance sous une veste de général, inique récompense de ses forfaits! il ose se dire représentant de la nation, lui qui la vendit, et vous le souffrez! il ose lever les yeux, prêter les oreilles à vos discours, et vous le souffrez! Si c'est la voix du peuple, il n'eut jamais que celle de douze nobles; si c'est la voix du peuple, Ajaccio, Bastia, et la plupart des cantons ont fait à son effigie, ce qu'ils eussent voulu faire à sa personne.
Mais vous, que l'erreur du moment, peut-être les abus de l'instant, portent à vous opposer aux nouveaux changemens; pourrez-vous souffrir un traître? celui qui, sous l'extérieur froid d'un homme sensé, renferme, cache une avidité de valet? je ne saurais l'imaginer. Vous serez les premiers à le chasser ignominieusement, dès que l'on vous aura instruits du tissu d'horreurs dont il a été l'artisan.
J'ai l'honneur, etc.
BUONAPARTE.
De mon cabinet de Millelli, le 23 janvier, l'an II.
TRADUCTION
De la lettre du Président du Club patriotique d'Ajaccio.
MONSIEUR,
Le club patriotique ayant pris connaissance de l'écrit où vous dévoilez avec autant de finesse que de force et de vérité, les menées obscures de l'infâme Buttafoco3, en a voté l'impression. Il m'a chargé, par une délibération dont je vous envoie copie, de vous prier d'y donner votre assentiment: il juge l'impression de cet écrit utile au bien public. C'est une raison qui ne vous permet point d'excuse.
Je suis, etc.
MASSÉRIA,
Président du club patriotique.
Footnote 3: (return) Le club patriotique, profondément indigné de la conduite criminelle et scandaleuse, de l'impudence sans exemple, de la calomnie la plus atroce, que ce député de la défunte noblesse a osé afficher, même dans la tribune de l'Assemblée nationale; considérant que journellement, dans des brochures, il ne cesse de déchirer son pays et tout ce qu'il a de plus précieux; a arrêté, que désormais il ne serait plus appelé que l'infâme Buttafoco.
(Extrait des procès-verbaux des séances de la Société patriotique.)
LE SOUPER
DE BEAUCAIRE
Je me trouvais à Beaucaire le dernier jour de la foire; le hasard me fit avoir pour convives à souper, deux négocians marseillais, un Nimois et un fabricant de Mont-Sellier. Après plusieurs momens employés à nous reconnaître, l'on sut que je venais d'Avignon, et que j'étais militaire. Les esprits de mes convives, qui avaient été toute la semaine fixés sur le cours du négoce qui accroît les fortunes, l'étaient dans ce moment sur l'issue des événemens présens, d'où en dépend la conservation; ils cherchaient à connaître mon opinion, pour, en la comparant à la leur, pouvoir se rectifier et acquérir des probabilités sur l'avenir, qui nous affectait différemment; les Marseillais surtout paraissaient être moins pétulans: l'évacuation d'Avignon leur avait appris à douter de tout; il ne leur restait qu'une grande sollicitude sur leur sort: la confiance nous eut bientôt rendu babillards, et nous commençâmes un entretien à peu près en ces termes.
LE NIMOIS.
L'armée de Cartaux est-elle forte? L'on dit qu'elle a perdu bien du monde à l'attaque; mais s'il est vrai qu'elle ait été repoussée, pourquoi les Marseillais ont-ils évacué Avignon?
LE MILITAIRE.
L'armée était forte de 4,000 hommes lorsqu'elle a attaqué Avignon, elle est aujourd'hui à 6,000 hommes, elle sera avant quatre jours à 10,000 hommes; elle a perdu cinq hommes et quatre blessés; elle n'a point été repoussée, puisqu'elle n'a fait aucune attaque en forme: elle a voltigé autour de la place, a cherché à forcer les portes, en y attachant des pétards; elle a tiré quelques coups de canon pour essayer la contenance de la garnison; elle a dû ensuite se retirer dans son camp pour combiner son attaque pour la nuit suivante. Les Marseillais étaient 3,600 hommes; ils avaient une artillerie plus nombreuse et de plus fort calibre, et cependant ils ont été contraints à repasser la Durance; cela vous étonne beaucoup: mais c'est qu'il n'appartient qu'à de vieilles troupes de résister aux incertitudes d'un siège; nous étions maîtres du Rhône, de Villeneuve et de la campagne, nous eussions intercepté toutes leurs communications. Ils ont dû évacuer la ville; la cavalerie les a poursuivis dans leur retraite; ils ont eu beaucoup de prisonniers et ont perdu deux pièces de canon.
LE MARSEILLAIS.
Ce n'est pas là la relation que l'on nous a donnée; je ne veux pas vous le contester, puisque vous étiez présent; mais avouez que cela ne vous conduira à rien: notre armée est à Aix, trois bons généraux sont venus remplacer les premiers; on lève à Marseille de nouveaux bataillons, nous avons un nouveau train d'artillerie, plusieurs pièces de 24; sous peu de jours nous serons dans le cas de reprendre Avignon, ou du moins nous resterons maîtres de la Durance.
LE MILITAIRE.
Voilà ce que l'on vous dit pour vous entraîner dans le précipice qui s'approfondit à chaque instant, et qui peut-être engloutira la plus belle ville de la France, celle qui a le plus mérité des patriotes; mais l'on vous a dit aussi que vous traverseriez la France, que vous donneriez le ton à la république, et vos premiers pas ont été des échecs; l'on vous a dit qu'Avignon pouvait résister long-temps à 20,000 hommes, et une seule colonne de l'armée, sans artillerie de siège, dans vingt-quatre heures, en a été maîtresse; l'on vous a dit que le Midi était levé, et vous vous êtes trouvés seuls; l'on vous a dit que la cavalerie nimoise allait écraser les Allobroges, et ceux-ci étaient déjà au Saint-Esprit et à Villeneuve; l'on vous a dit que 4,000 Lyonnais étaient en marche pour vous secourir, et les Lyonnais négociaient leur accommodement; reconnaissez donc que l'on vous trompe, concevez l'impéritie de vos meneurs, et méfiez-vous de leurs calculs; le plus dangereux conseiller, c'est l'amour-propre: vous êtes naturellement vifs, l'on vous conduit à votre perte par le même moyeu qui a ruiné tant de peuples, en exaltant votre vanité, vous avez des richesses et une population considérables, l'on vous les exagère; vous avez rendu des services éclatans à la liberté, l'on vous les rappelle, sans faire attention que le génie de la république était avec vous alors, au lieu qu'il vous abandonne aujourd'hui; votre armée, dites-vous, est à Aix avec un grand train d'artillerie et de bons généraux; eh bien, quoi qu'elle fasse, je vous assure qu'elle sera battue; vous aviez 3,600 hommes, une bonne moitié s'est dispersée; Marseille et quelques réfugiés du département peuvent vous offrir 4,000 hommes: cela est beaucoup; vous aurez donc 5 à 6,000 hommes sans ensemble, sans unité, sans être aguerris; vous avez de bons généraux; je ne les connais pas; je ne puis donc leur contester leur habileté, mais ils seront absorbés par les détails, ne seront pas secondés par les subalternes, ils ne pourront rien faire qui soutienne la réputation qu'ils pourraient s'être acquise, car il leur faudrait deux mois pour organiser passablement leur armée, et dans quatre jours Carteaux sera au-delà de la Durance, et avec quels soldats! avec l'excellente troupe légère des Allobroges, le vieux régiment de Bourgogne, un bon régiment de cavalerie, le Brave bataillon de la Côte-d'Or, qui a vu cent fois la victoire le précéder dans les combats, et six ou sept autres corps, tous de vieilles milices, encouragés par leurs succès aux frontières, et sur votre armée; vous avez des pièces de 24, et de 18, et vous vous croyez inexpugnables, vous suivez l'opinion vulgaire; mais, les gens du métier vous diront, et une fatale expérience va vous le démontrer, que de bonnes pièces de 4 et de 8 font autant d'effet, pour la guerre de campagne, et sont préférables sous bien des points de vue aux gros calibres; vous avez des canonniers de nouvelle levée, et vos adversaires ont des artilleurs des régimens de ligne, qui sont, dans leur art, les maîtres de l'Europe. Que fera votre armée si elle se concentre à Aix? Elle est perdue: c'est un axiome dans l'art militaire, que celui qui reste dans ses retranchemens est battu: l'expérience et la théorie sont d'accord sur ce point, et les murailles d'Aix ne valent pas le plus mauvais retranchement de campagne, surtout si l'on fait attention à leur étendue, aux maisons qui les environnent extérieurement à la portée du pistolet. Soyez donc bien sûrs que ce parti, qui vous semble le meilleur, est le plus mauvais; comment pourrez-vous d'ailleurs approvisionner la ville en si peu de temps de tout ce qu'elle aurait besoin? Votre armée ira-t-elle à la rencontre des ennemis, mais elle est moins nombreuse, mais son artillerie est moins propre pour la campagne, elle serait rompue, dès lors défaite sans ressource, car la cavalerie l'empêchera de se rallier; attendez-vous donc à avoir la guerre dans le territoire de Marseille: un parti assez nombreux y tient pour la république; ce sera le moment de l'effort; la jonction se fera; et cette ville, le centre du commerce du Levant, l'entrepôt du midi de l'Europe, est perdue. Souvenez-vous de l'exemple récent de Lisle4, et des lois barbares de la guerre. Mais quel esprit de vertige s'est tout-à-coup emparé de votre peuple? quel aveuglement fatal le conduit à sa perte? comment peut-il prétendre résister à la république entière? Quand il obligerait cette armée à se replier sur Avignon, peut-il douter que sous peu de jours de nouveaux combattans ne viennent remplacer les premiers: la république, qui donne la loi à l'Europe, la recevra-t-elle de Marseille?
Footnote 4: (return) Lisle, petite ville du département de Vaucluse, à 4 lieues à l'est Avignon, avant résisté à l'armée de Cartaux, fut emportée de force le 26 juillet 1793.
Unis avec Bordeaux, Lyon, Montpellier, Nîmes, Grenoble, le Jura, l'Eure, le Calvados, vous avez entrepris une révolution, vous aviez une probabilité de succès, vos instigateurs pouvaient être mal intentionnés, mais vous aviez une masse imposante de forces; au contraire, aujourd'hui que Lyon, Nîmes, Montpellier, Bordeaux, le Jura, l'Eure, Grenoble, Caen, ont reçu la constitution, aujourd'hui qu'Avignon, Tarascon, Arles ont plié, avouez qu'il y a dans votre opiniâtreté de la folie; c'est que vous êtes influencés par des personnes, qui n'ayant plus rien à ménager, vous entraînent dans leur ruine.
Votre armée sera composée de tout ce qu'il y aura de plus aisés, des riches de votre ville, car les sans-culottes pourraient trop facilement tourner contre vous. Vous allez donc compromettre l'élite de votre jeunesse accoutumée à tenir la balance commerciale de la Méditerranée, et à vous enrichir par leur économie et leurs spéculations, contre de vieux soldats, cent fois teints du sang du furibond aristocrate ou du féroce Prussien.
Laissez les pays pauvres se battre jusqu'à la dernière extrémité: l'habitant du Vivarais, des Cévènes, de la Corse, s'expose sans crainte à l'issue d'un combat: s'il gagne, il a rempli son but; s'il perd, il se trouve comme auparavant dans le cas de faire la paix et dans la même position... Mais vous!!... perdez une bataille, et le fruit de mille ans de fatigues, de peines, d'économies, de bonheur, devient la proie du soldat.
Voilà cependant les risques que l'on vous fait courir avec autant d'inconsidération.
LE MARSEILLAIS.
Vous allez vite et vous m'effrayez; je conviens avec vous que la circonstance est critique, peut-être vraiment ne songe-t-on pas assez à la position où nous nous trouvons; mais avouez que nous avons encore des ressources immenses à vous opposer.
Vous m'avez persuadé que nous ne pourrions pas résister à Aix, votre observation du défaut de subsistance pour un siège de longue durée, est peut-être sans réplique; mais pensez vous que toute la Provence peut voir long-temps de sang-froid, le blocus d'Aix; elle se lèvera spontanément, et votre armée, cernée de tout côté, se trouvera heureuse de repasser la Durance.
LE MILITAIRE.
Que c'est mal connaître l'esprit des hommes et celui du moment; partout il y a deux partis; dès le moment que vous serez assiégés, le parti sectionnaire aura le dessous dans toutes les campagnes; l'exemple de Tarascon, d'Orgon, d'Arles, doit vous en convaincre: vingt dragons ont suffi pour rétablir les anciens administrateurs et mettre les autres en déroute.
Désormais, tout grand mouvement en votre faveur est impossible dans votre département, il pouvait avoir lieu lorsque l'armée était au-delà de la Durance et que vous étiez entiers; à Toulon, les esprits sont très-divisés, et les sectionnaires n'y ont pas la même supériorité qu'à Marseille, il faut donc qu'ils restent dans leur ville, pour contenir leurs adversaires... Quant au département des Basses-Alpes, vous savez que presque la totalité a accepté la constitution.
LE MARSEILLAIS.
Nous attaquerons Carteaux dans nos montagnes où sa cavalerie ne lui sera d'aucun secours.
LE MILITAIRE.
Comme si une armée qui protège une ville était maîtresse du point d'attaque; d'ailleurs il est faux qu'il existe des montagnes assez difficiles auprès de Marseille pour rendre nul l'effet de la cavalerie; seulement, vos oliviers sont assez rapides pour rendre plus embarrassant le service de l'artillerie et donner un grand avantage à vos ennemis. Car, c'est dans les pays coupés, que par la vivacité des mouvemens, l'exactitude du service et la justesse de l'élévation des distances, que le bon artilleur a de la supériorité.
LE MARSEILLAIS.
Vous nous croyez donc sans ressources: serait-il possible qu'il fût dans la destinée de cette ville qui résista aux Romains, conserva une partie de ses lois sous les despotes qui les ont suivis, qu'elle devînt la proie de quelques brigands? Quoi! l'Allobroge chargé des dépouilles de Lisle, ferait la loi dans Marseille! quoi! Dubois de Crancé, Albitte, seraient sans contradicteurs! ces hommes altérés de sang, que les malheurs des circonstances ont placés au timon des affaires, seraient les maîtres absolus! Quelle triste perspective vous m'offrez. Nos propriétés, sous différens prétextes, seraient envahies; à chaque instant nous serions victimes d'une soldatesque que le pillage réunit sous les mêmes drapeaux. Nos meilleurs citoyens seraient emprisonnés et périraient par le crime. Le club relèverait sa tête monstrueuse pour exécuter ses projets infernaux! rien de pis que cette horrible idée; mieux vaut-il s'exposer à vaincre que d'être victime sans alternative.
LE MILITAIRE.
Voilà ce que c'est que la guerre civile, l'on se déchire, l'on s'abhorre, l'on se tue sans se connaître... Les Allobroges... Que croyez-vous que ce soit? des Africains, des habitans de la Sibérie: eh! point du tout, ce sont vos compatriotes, des Provençaux, des Dauphinois, des Savoyards: on les croit barbares parce que leur nom est étranger. Si l'on appelait votre phalange, la phalange phocéenne, l'on pourrait accréditer sur son compte toute espèce de fable.
Il est vrai que vous m'avez rappelé un fait, c'est celui de Lisle, je ne le justifie pas, mais je l'explique.
Les Lislois ont tué le trompette qu'on leur avait envoyé, ils ont résisté sans espérance de succès, ils ont été pris d'assaut, le soldat est entré au milieu du feu et des morts, il n'a plus été possible de le contenir, l'indignation a fait le reste.
Ces soldats que vous appelez brigands, sont nos meilleures troupes et nos bataillons les plus disciplinés, leur réputation est au-dessus de la calomnie.
Dubois-Crancé et Albitte, constans amis du peuple, ils n'ont jamais dévié de la ligne droite.... Ils sont scélérats aux yeux des mauvais. Mais Condorcet, Brissot, Barbaroux aussi étaient scélérats lorsqu'ils étaient purs; l'apanage des bons, sera d'être toujours mal famés chez le méchant. Il vous semble qu'ils ne gardent aucune mesure avec vous; et au contraire, ils vous traitent en enfans égarés........ Pensez-vous que, s'ils eussent voulu, Marseille eût retiré les marchandises qu'elle avait à Beaucaire? ils pouvaient les séquestrer jusqu'à l'issue de la guerre? ils ne l'ont pas voulu faire, et, grâce à eux, vous pouvez retourner tranquillement chez vous.
Vous appelez Carteaux un assassin: eh bien! sachez que ce général se donne les plus grandes sollicitudes pour l'ordre et la discipline, témoin sa conduite au Saint-Esprit et à Avignon: l'on n'a pas pris une épingle. Il a fait emprisonner un sergent qui s'était permis d'arrêter un Marseillais de votre armée qui était resté dans une maison, parce qu'il avait violé l'asile du citoyen sans un ordre exprès. L'on a puni des Avignonnais qui s'étaient permis de désigner une maison comme aristocrate. L'on instruit le procès d'un soldat accusé de vol..... Votre armée, au contraire, a tué, assassiné plus de trente personnes, a violé l'asile des familles, a rempli les prisons de citoyens, sous le prétexte vague qu'ils étaient des brigands.
Ne vous effrayez point de l'armée, elle estime Marseille, parce qu'elle sait qu'aucune ville n'a tant fait de sacrifices à la chose publique; vous avez dix-huit mille hommes à la frontière et vous ne vous êtes point ménagés dans toutes les circonstances. Secouez le joug du petit nombre d'aristocrates qui vous conduisent, reprenez des principes plus sains, et vous n'aurez pas de plus vrais amis que le soldat.
LE MARSEILLAIS.
Ah! vos soldats ont bien dégénéré de l'armée de 1789; elle ne voulut pas, cette armée, prendre les armes contre la nation, les vôtres devaient imiter un si bel exemple, et ne pas tourner leurs armes contre leurs concitoyens.
LE MILITAIRE.
Avec ces principes, la Vendée aurait aujourd'hui planté le drapeau blanc sur les murs de la Bastille relevée, et le camp de Jalès dominerait à Marseille.
LE MARSEILLAIS.
La Vendée veut un roi, veut une contre-révolution; la guerre de la Vendée, du camp de Jalès est celle du fanatisme; la nôtre, au contraire, est celle des vrais républicains, amis des lois, de l'ordre, ennemis de l'anarchie et des scélérats. N'avons-nous pas le drapeau tricolore? Et quel intérêt aurions-nous à vouloir l'esclavage?
LE MILITAIRE.
Je sais bien que le peuple de Marseille est bien loin de celui de la Vendée, en fait de contre-révolution. Le peuple de la Vendée est robuste et sain, celui de Marseille est faible et malade, il a besoin de miel pour avaler la pilule; pour y établir la nouvelle doctrine, l'on a besoin de le tromper; mais depuis quatre ans de révolution, après tant de trames, de complots, de conspiration, toute la perversité humaine s'est développée sous différens aspects, les hommes ont perfectionné leur tact naturel; cela est si vrai, que, malgré la coalition départementale, malgré l'habileté des chefs, le grand nombre des ressorts de tous les ennemis de la révolution, le peuple partout s'est réveillé au moment où on le croyait ensorcelé.
Vous avez, dites-vous, le drapeau tricolore?
Paoli aussi l'arbora en Corse pour avoir le temps de tromper le peuple, d'écraser les vrais amis de la liberté, pour pouvoir entraîner ses compatriotes dans ses projets ambitieux et criminels; il arbora le drapeau tricolore, et il fit tirer contre les bâtimens de la république, et il fit chasser nos troupes des forteresses, et il désarma celles qui y étaient, et il fit des rassemblemens pour chasser celles qui étaient dans l'île, et il pilla les magasins, en vendant à bas prix tout ce qu'il y avait, afin d'avoir de l'argent pour soutenir sa révolte, et il ravagea et confisqua les biens des familles les plus aisées, parce qu'elles étaient attachées à l'unité de la république, et il se fit nommer généralissime, et il déclara ennemis de la patrie, tous ceux qui resteraient dans nos armées: il avait fait précédemment échouer l'expédition de Sardaigne; et cependant, il avait l'impudeur de se dire l'ami de la France et bon républicain, et cependant, il trompa la convention qui rapporta son décret de destitution; il fit si bien enfin, que lorsqu'il a été démasqué, par ses propres lettres, trouvées à Calvi, il n'était plus temps, les flottes ennemies interceptaient toutes les communications.
Ce n'est plus aux paroles qu'il faut s'en, tenir, il faut analyser les actions; et avouez qu'en appréciant les vôtres, il est facile de vous démontrer contre-révolutionnaires.
Quel effet a produit dans la république le mouvement que vous avez fait? Vous l'avez conduite près de sa ruine; vous avez retardé les opérations de nos armées; je ne sais pas si vous êtes payés par l'Espagnol et l'Autrichien; mais certes, ils ne pouvaient pas désirer de plus fortes diversions: que feriez,-vous de plus, si vous l'étiez? Vos succès sont l'objet des sollicitudes de tous les aristocrates reconnus; vous avez placé à la tête de vos sections et de vos armées, des aristocrates avoués, un Latcurette, ci-devant colonel, un Soumise, ci-devant lieutenant-colonel du génie., qui ont abandonné leurs corps, au moment de la guerre, pour ne pas se battre pour la liberté des peuples.
Vos bataillons sont pleins de pareilles gens, et votre cause ne serait pas la leur, si elle était celle de la république.
LE MARSEILLAIS.
Mais, Brissot, Barbaroux, Condorcet, Buzot, Vergniaux, sont-ils aussi aristocrates? Qui a fondé la république? qui a renversé le tyran? qui a enfin soutenu la patrie à l'époque périlleuse de la dernière campagne?
LE MILITAIRE
Je ne cherche pas si vraiment ces hommes qui avaient bien mérité du peuple dans tant d'occasions, ont conspiré contre lui: ce qu'il me suffit de savoir, c'est que la montagne, par esprit public ou par esprit de parti, s'étant portée aux dernières extrémités contre eux, les ayant décrétés, emprisonnés, je veux même vous le passer, les ayant calomniés, les Brissotins étaient perdus, sans une guerre civile qui les mît dans le cas de faire la loi à leurs ennemis. C'est donc pour eux vraiment que votre guerre était utile: s'ils avaient mérité leur réputation première, ils auraient jeté leurs armes à l'aspect de la constitution, ils auraient sacrifié leurs intérêts au bien public; mais il est plus facile de citer Decius que de l'imiter; ils se sont aujourd'hui rendus coupables du plus grand de tous les crimes, ils ont par leur conduite justifié leur décret... Le sang qu'ils ont fait répandre a effacé les vrais services qu'ils avaient rendus.
LE FABRICANT DE MONTPELLIER.
Vous avez envisagé la question sous le point de vue le plus favorable à ces messieurs; car il paraît prouvé que les Brissotins étaient vraiment coupables; mais coupables ou non, nous ne sommes plus dans des siècles où l'on se battait pour les personnes.
L'Angleterre a versé des torrens de sang pour les familles de Lancastre et d'Yorck, la France pour les Lorrains et les Bourbons; serions-nous encore à ces temps de barbarie!!!
LE NIMOIS.
Aussi, avons-nous abandonné les Marseillais, dès que nous nous sommes aperçus qu'ils voulaient la contre-révolution, et qu'ils se battaient pour des querelles particulières. Le masque est tombé dès qu'ils ont refusé de publier la constitution, nous avons alors pardonné quelques irrégularités à la montagne. Nous avons oublié Rabaud et ses jérémiades, pour ne voir que la république naissante, environnée de la plus monstrueuse des coalitions qui menace de l'étouffer à son berceau, pour ne voir que la joie des aristocrates et l'Europe à vaincre.
LE MARSEILLAIS.
Vous nous avez lâchement abandonnés après nous avoir excités par des députations éphémères.
LE NIMOIS.
Nous étions de bonne foi, et vous aviez le renard sous les aisselles; nous voulions la république, nous avons dû accepter une constitution républicaine. Vous étiez mécontens de la montagne et de la journée du 31 mai, vous deviez donc encore accepter la constitution pour la renvoyer, et faire terminer sa mission.
LE MARSEILLAIS.
Nous voulons aussi la république, mais nous voulons que notre constitution soit formée par des représentans libres dans leurs opérations; nous voulons la liberté, mais nous voulons que ce soit des représentans que nous estimons, qui nous la donnent; nous ne voulons pas que notre constitution protège le pillage et l'anarchie. Notre première condition est: point de club, point d'assemblées primaires si fréquentes, respect aux propriétés.
LE FABRICANT DE MONTPELLIER.
Il est palpable, pour qui veut réfléchir, qu'une partie de Marseille veut la contre-révolution, l'on avoue vouloir la république, mais c'est un rideau que l'on rendrait tous les jours plus transparent; l'on vous accoutumerait à voir la contre-révolution toute nue; déjà le voile qui la couvrait n'était plus que de gaze, votre peuple était bon, mais avec le temps on aurait perverti la masse, sans le génie de la révolution qui veille sur elle.
Nos troupes ont bien mérité de la patrie pour avoir pris les armes contre vous avec autant d'énergie, elles n'ont pas dû imiter l'armée de 1789, puisque vous n'êtes pas la nation. Le centre d'unité est la convention, c'est le vrai souverain, surtout lorsque le peuple se trouve partagé.
Vous avez renversé toutes les lois, toutes les convenances. De quel droit destituiez-vous votre département? Était-ce à Marseille qu'on l'avait formé. De quel droit le bataillon de votre ville parcourt-il les districts? De quel droit vos gardes nationales prétendaient-elles entrer dans Avignon? Le district de cette ville était le premier corps constitué, puisque le département était dissous? De quel droit prétendiez-vous entrer sur le territoire de la Drôme? et pourquoi croyez-vous que ce département n'ait pas le droit de requérir la force publique pour le défendre? Vous avez donc confondu tous les droits, vous avez établi l'anarchie, et puisque vous prétendez justifier vos opérations par le droit de la force, vous êtes donc des brigands, des anarchistes.
Vous aviez établi un gouvernement populaire, Marseille seul l'a nommé; il est contraire à toutes les lois, ce ne peut être qu'un tribunal de sang, puisque c'est le tribunal d'une faction; vous avez soumis par la force, à ce tribunal, tout votre département. De quel droit? Vous usurpez donc cette autorité, que vous reprochez injustement à Paris? Votre comité des sections a reconnu des affiliations. Voilà donc une coalition pareille à celle des clubs contre qui vous vous récriez; votre comité a exercé des actes d'administration sur des communes du Var; voilà donc la division territoriale méconnue.
Vous avez, à Avignon, emprisonné sans mandat, sans décret, sans réquisition des corps administratifs; vous avez violé l'asyle des familles, méconnu la liberté individuelle; vous avez, de sang-froid, assassiné sur les places publiques; vous avez renouvelé les scènes dont vous avez exagéré l'horreur, et qui ont affligé l'origine de la révolution, sans informations, sans procès, sans connaître les victimes, seulement sur la désignation de leurs ennemis; vous les avez prises, arrachées à leurs enfans, traînées dans les rues, et les avez fait périr sous les coups de sabre; l'on en compte jusqu'à trente que vous avez ainsi sacrifiées; vous avez traîné la statue de la liberté dans la boue; vous l'avez exécutée publiquement; elle a été l'objet des avanies de toute espèce d'une jeunesse effrénée; vous l'avez lacérée à coups de sabre, vous ne sauriez le nier; il était midi, plus de deux cents personnes des vôtres assistaient à cette profanation criminelle; le cortège a traversé plusieurs rues, est arrivé à la place de l'horloge, etc., etc. J'arrête mes réflexions et mon indignation. Est-ce donc ainsi que vous voulez la république? Vous avez retardé la marche de nos armées, en arrêtant les convois; comment pouvoir se refuser à l'évidence de tant de faits, et comment vous épargner le titre des ennemis de la patrie?
LE MILITAIRE.
Il est de la dernière évidence que les Marseillais ont nui aux opérations de nos armées, et voulaient détruire la liberté; mais ce n'est pas ce dont il s'agit; la question est de savoir s'ils peuvent espérer, et quel parti il leur reste à prendre?
LE MARSEILLAIS.
Nous avons moins de ressources que je ne pensais; mais l'on est bien fort lorsqu'on est résolu à mourir, et nous le sommes plutôt que de reprendre le joug des hommes qui gouvernent l'état; vous savez qu'un homme qui se noie s'accroche à toutes les branches, aussi plutôt que de nous laisser égorger, nous... Oui, nous avons tous pris part à cette nouvelle révolution; nous nous ferions sacrifier par la vengeance. Il y a deux mois que l'on avait conspiré pour égorger 4.000 de nos meilleurs citoyens; jugez à quels excès on se porterait aujourd'hui... On se ressouvient toujours de ce monstre qui était cependant un des principaux du club; il fit lanterner un citoyen, pilla sa maison, et viola sa femme, après lui avoir fait boire un verre du sang de son époux.
LE MILITAIRE.
Quelle horreur! mais ce fait est-il vrai? Je m'en méfie, car vous savez que l'on ne croit plus au viol aujourd'hui...
LE MARSEILLAIS.
Oui, plutôt que de nous soumettre à de pareilles gens, nous nous porterons à la dernière extrémité, nous nous donnerons aux ennemis, nous appellerons les Espagnols; il n'y a point de peuple dont le caractère soit moins compatible avec le nôtre; il n'y en a point de plus haïssable. Jugez donc, par le sacrifice que nous ferons, de la méchanceté des hommes que nous craignons.
LE MILITAIRE.
Vous donner aux Espagnols!!... Nous ne vous en donnerons pas le temps.
LE MARSEILLAIS.
On les signale tous les jours devant nos ports.
LE NIMOIS.
Pour voir lequel des fédérés ou de la montagne tient pour la république, cette menace seule me suffit; la montagne a été un moment la plus faible, la commotion paraissait générale. A-t-elle cependant jamais parlé d'appeler les ennemis? Ne savez-vous pas que c'est un combat à mort que celui des patriotes et des despotes de l'Europe? Si donc vous espérez des secours de leur part, c'est que vos meneurs ont de bonnes raisons pour en être accueillis, mais j'ai encore trop bonne opinion de votre peuple, pour croire que vous soyez les plus forts à Marseille dans l'exécution d'un si lâche projet.
LE MILITAIRE.
Pensez-vous que vous feriez un grand tort à la république, et que votre menace soit bien effrayante? Évaluons-la.
Les Espagnols n'ont point de troupes de débarquement, leurs vaisseaux ne peuvent pas entrer dans votre port: si vous appeliez les Espagnols, ça pourrait être utile à vos meneurs pour se sauver avec une partie de leur fortune; mais l'indignation serait générale dans toute la république; vous auriez 60,000 hommes sur les bras avant huit jours, les Espagnols emporteraient de Marseille ce qu'ils pourraient, et il en resterait encore assez pour enrichir les vainqueurs.
Si les Espagnols avaient 30 ou 40,000 hommes sur leur flotte, tout prêts à pouvoir débarquer, votre menace serait effrayante; mais, aujourd'hui, elle n'est que ridicule, elle ne ferait que hâter votre ruine.
LE FABRICANT DE MONTPELLIER.
Si vous étiez capables d'une telle bassesse, il ne faudrait pas laisser pierre sur pierre dans votre superbe cité, il faudrait que d'ici à un mois le voyageur, passant sur vos ruines, vous crût détruits depuis cent ans.
LE MILITAIRE.
Croyez-moi, Marseillais, secouez le joug du petit nombre de scélérats qui vous conduisent à la contre-révolution; rétablissez vos autorités constituées; acceptez la constitution; rendez la liberté aux représentans; qu'ils aillent à Paris intercéder pour vous; vous avez été égarés, il n'est pas nouveau que le peuple le soit par un petit nombre de conspirateurs et d'intrigans; de tout temps la facilité et l'ignorance de la multitude ont été la cause de la plupart des guerres civiles.
LE MARSEILLAIS.
Eh! monsieur, qui peut faire le bien à Marseille? Seront-ce les réfugiés qui nous arrivent de tous les côtés du département? Ils sont intéressés à agir en désespérés. Seront-ce ceux qui nous gouvernent? Ne sont-ils pas dans le même cas? Sera-ce le peuple? Une partie ne connaît pas sa position, elle est aveuglée et fanatisée; l'autre partie est désarmée, suspectée, humiliée; je vois donc, avec une profonde affliction, des malheurs sans remède.
LE MILITAIRE.
Vous voilà enfin raisonnable; pourquoi une pareille révolution ne s'opérerait-elle pas sur un grand nombre de vos concitoyens qui sont trompés et de bonne foi? Alors Albitte, qui ne peut que vouloir épargner le sang français, vous enverra quelque homme loyal et habile; l'on sera d'accord; et, sans s'arrêter un seul moment, l'armée ira sous les murs de Perpignan faire danser la carmagnole à l'Espagnol enorgueilli de quelques succès, et Marseille sera toujours le centre de gravité de la liberté, ce sera seulement quelques feuillets qu'il faudra arracher à son histoire.
Cet heureux pronostic nous remit en humeur, le Marseillais nous paya de bon coeur plusieurs bouteilles de vin de Champagne, qui dissipèrent entièrement les soucis et les sollicitudes. Nous allâmes nous coucher à deux heures du matin, nous donnant rendez-vous au déjeuner du lendemain, où le Marseillais avait encore bien des doutes à proposer, et moi bien des vérités intéressantes à lui apprendre.
29 juillet 1793.
GÉNÉALOGIE
DE NAPOLÉON
BONAPARTE.
En 1752, le grand-duc de Toscane ayant voulu réformer les abus qui se glissaient dans l'usurpation des titres de noblesse, établit une commission chargée de la vérification de ces titres et de leur enregistrement.
La famille des Buonaparte, ou Bonaparte5 déchue de son ancienne splendeur, exilée de Florence à la suite des troubles qui agitèrent l'Italie dans le douzième siècle, présenta une requête au chapitre de l'ordre de Saint-Étienne, pour obtenir son classement parmi les grands de Florence.
Footnote 5: (return) Dans les pièces généalogiques que l'on nous a communiquées, et qui comprenaient quarante pages in-folio, ce nom était écrit tantôt Bonaparte, tantôt Buonaparte, quoique tout le texte fût en italien.
C'est cette requête, accompagnée de pièces authentiques à l'appui, qui nous a fourni les renseignemens dont nous offrons aujourd'hui un extrait succinct.
Le premier des membres de cette famille, dont le souvenir se soit conservé, Nicolas Bonaparte, attaché au parti des gibellins, fut compris dans la proscription qui les frappa, et banni de Florence en 1268, après avoir vu confisquer tous ses biens. Il se réfugia avec ses enfans à San-Miniato.
En 1441, un descendant du même Bonaparte, Leonardo Antonio Mocci, également gibellin, fut arrêté a Florence, accusé de haute trahison et décapité. Un registre déposé dans les archives de San-Miniato, et contenant l'état des biens confisqués aux rebelles, renferme le détail de ceux appartenant à Leonardo, et dont le tiers fut déclaré appartenir à son fils.
Depuis cette époque, plusieurs Bonaparte ont rempli avec distinction des fonctions élevées dans l'état militaire, la magistrature, et l'église, à Pisé, à Lucques, à Florence. L'enquête faite en août 1752, et présentée par le capitaine Nicolas Bonaparte, tant en son nom qu'en celui de ses enfans et de ses autres parens, nous a paru devoir occuper une place dans ce recueil; elle renferme une analyse historique des documens sur lesquels cette famille établissait ses prétentions. Nous en donnerons une traduction littérale.
Enquête pour le capitaine Bonaparte, fils et consorts.
«Illustrissimes seigneurs,
«Plusieurs raisons concluantes tendent à établir que la famille des exposans était placée dans un rang élevé et distingué de la ville de Florence; elle est regardée comme descendant de Buonaparte gibellin, porté, ainsi que ses fils, (al libro del chiodo), avec l'emploi de capitaine. La même famille était regardée comme jouissant du rang de grand de Florence, et fut reconnue judiciairement pour appartenir aux ordres nobles.
«Pour prouver qu'elle tire son origine du susdit Buonaparte, exilé avec ses fils en 1268, comme gibellin, du territoire de notre ville, nous employerons les raisons détaillées ci-après:
«1°. Notre premier raisonnement est que, Buonaparte gibellin, exilé en 1268 du territoire florentin, s'est réfugié avec quelques-uns de ses fils à San-Miniato, où dominait le parti gibellin, et que de lui sont descendus messire Jacopo, fils de messire Georgio di Jacopo de Buonaparti, résidant à San-Miniato, quartier de Poggighiti; qu'ils furent faits nobles, ainsi qu'il appert de l'admission des preuves par les seigneurs illustrissimes, et considérés comme descendans dudit messire Jacopo, fils de Giorgio, et aussi comme provenant dudit Buonaparte gibellin.
«En admettant cette première vérité, qu'ils descendent de messire Jacopo, fils de Giorgio, il en résulte deux conséquences: l'une, que ladite famille descendante de Buonaparte était noble à San-Miniato; l'autre, que cette ville était devenue sa véritable patrie. Si donc l'on reconnaît ces deux titres dans la famille des exposans, on ne peut se refuser à croire qu'elle était noble dès ce temps-là. Judiciairement considérée comme la vraie famille Buonaparte, elle en tirera l'invincible argument que les exposans proviennent de la même souche que messire Jacopo, lequel en provient lui-même par les fils de Buonaparte gibellin.
«L'argument ci-dessus se consolide de plus en plus en applicant au cas présent les doctrines légales: le séjour de la famille dans un même lieu, le même grade de noblesse et au même temps, forment un faisceau de preuves qui servent à établir la descendance d'une même souche; vérité qui devient plus évidente encore lorsque l'on voit Buonaparte, reconnu comme chef, donner son nom aux descendans.
«Ajoutons que l'article de qui, dans d'autres familles, précède le nom, suivant l'opinion des antiquaires les plus érudits, ne peut indiquer qu'une famille ordinaire devenue noble. Ainsi, devant les noms de médecins, de bourgeois et de riches, on joint l'article de à leurs noms, à moins qu'ils ne soient de haute lignée.
«On n'a jamais mis l'article de devant le nom de Achin Salviati, peintre excellent, et d'une si grande réputation; on n'en doit pas mettre devant le nom de notre famille, pas plus sans doute que devant le nom de nos anciens souverains les Médicis.
«Pour appuyer encore ce qui vient d'être dit, nous offrons les preuves suivantes, qui semblent sans réplique: non seulement Pierre di Gio di Jacopo di Moccio, l'un des informans, lors de la première description des décimes de l'année 1427, est cité comme citoyen de Florence, mais son père et son aïeul sont nommés comme alliés aux trois gentilshommes florentins Grandoni, Federighi et Ricci; de plus, ils résidèrent constamment dans le quartier du Saint-Esprit, où ils avaient leur habitation, et ils avaient établi leur sépulture dans l'église principale; nous citerons la mention de leur résidence au gonfalonier scala (gonfalone scala) où avaient passé Buonaparte gibellin et ses fils; ce qui prouve manifestement que Pierre, dont il vient d'être parlé, a continué d'occuper cette même habitation, comme descendant légitime du même nom, et le rapport du magistrat atteste qu'il était de Florence, habitait le même gonfalonier, et la même maison que le fondateur, M. Niccolo. Mais plus tard, au lieu d'y retourner, les Buonaparte occupèrent San-Miniato; ce qu'il est facile de reconnaître par la réticence que fit Pierre de son surnom dans le premier état de division qui eut lieu de sa part, ainsi que de ses descendans après lui. Cette omission, à laquelle on mit du mystère, donne à penser, ou plutôt à faire connaître, que ce même rejeton descendait de Buonaparte gibellin, dont la mémoire alors devait être odieuse à Florence, et ce moyen était plus facile à employer que de changer d'habitation, dans le dessein de laisser ignorer ces circonstances dans la ville. Il n'en était pas de même à San-Miniato, où dominait le parti gibellin. L'on voit même les auteurs, descendans et collatéraux du même Pierre, ne pas avoir recours au même moyen, et, dans toutes les occasions, tirer leur noblesse de Buonaparte. On voit aussi le sieur Nicolo lui-même taire tour à tour son surnom à San-Miniato, comme les autres l'avaient fait dans la ville de Florence, et, sans doute suivant les circonstances, le répéter ensuite deux fois dans la même inscription. On ne peut, dans le fait, imputer la réticence de ce nom qu'au désir de se tenir à l'abri de la haine que le peuple avait conçue pour lui, et il n'était certainement odieux au peuple que comme l'étaient les noms des autres grands et des gibellins: c'est le jugement qu'en portent tous les hommes éclairés. Il est peu de familles illustres qui n'aient été exposées aux mêmes inconvéniens à l'époque dont nous rappelons le triste souvenir.
«En quatrième lieu, lorsque, d'après l'inspection seule de l'arbre généalogique, nous voyons un membre de la famille parvenir aux premières dignités de l'église de Florence, dignités qui n'ont jamais été conférées qu'avec beaucoup de circonspection, nous pouvons en tirer l'induction de la haute considération qu'inspirait messire Jacopo, à cause de messire Pierre, chanoine et doyen florentin, avant le prince successeur de Francisco Bucellaï (c'est-à-dire en 1500.)
«On voit en outre les auteurs des informans alliés aux maisons Ricci, Federighi, Grandoni, Albizzi, Visdmnini, Alberti, Masi, Tornabuoni, parens des Tornaquiuci de Pauzano, parens de Ricasoli, Buonacorsi, Gaetani, Pamialichi, Attavanti, Squarcialupi et Borronaci, dont est né un des informans.
«De là on peut, avec beaucoup de raison, conclure que l'origine de la famille est noble, venant directement du même Buonaparte.
«Enfin, de ce que notre famille a été exclue des honneurs populaires dont elle était en possession, on doit en tirer la conséquence qu'elle était dévouée au parti gibellin.
«On la voit ensuite transférée à San-Miniato, et y posséder un château, et, fidèle au parti qu'elle avait embrassé, offrir une nouvelle victime dans la personne de Leonardo Antonio del nostro moccio, décapité pour cette raison en 1441.
«Toutes ces circonstances réunies établissent d'une manière péremptoire le dévouement de cette famille aux gibellins. Nous prouverons plus tard qu'elle jouissait d'une grande fortune, et que, si les honneurs et les dignités qui semblent devoir être l'apanage de ce rang, lui ont été refusés, il ne faut en accuser que les dissensions civiles qui la réduisirent enfin à cacher son nom.
«On ne peut tirer d'aucune archive des preuves plus fortes pour constater l'origine des informans quant à leur auteur Buonaparte. Bien qu'elles soient très concluantes, nous espérons que vos grandeurs voudront bien, dans leurs principes d'équité, prendre en considération la force de ces mêmes preuves, par l'impossibilité où se trouvent les informans de les compléter d'une manière plus satisfaisante.
«Indépendamment de la réunion des conjectures, qui vient d'être établie par ce qui précède, nous croyons être encore à même de prouver que Touquin d'Oddo et ses descendans remontent sans nul doute à Buonaparte gibellin, ainsi que nous l'avons déjà avancé plusieurs fois. Nos conjectures sont d'autant plus fondées, que nous trouvons dans un ancien registre de la famille des exposans, du commencement de l'année 1518, avant l'érection de la principauté, à la page 20, une note dont copie authentique se trouvera à la suite de la présente instruction. La vérité qui jaillit de cette note émane d'une personne respectable; elle a eu lieu également dans un temps non suspect; il faut donc en conclure que ce document mérite la plus grande confiance, quoiqu'il ne soit an surplus qu'un complément des preuves de noblesse que nous sommes en état de donner. Il faut en conclure également que cette même noblesse est établie et confirmée par probabilités ou vraisemblances qui peuvent être rangées au nombre des choses légales et authentiques. Ces probabilités, outre les raisons précédemment alléguées, dérivent incontestablement de trouver réunis, à la même époque et dans le même grade, d'une part, le colonel messire Jacopo di Giorgio, jusqu'à Buonaparte gibellin, et de l'autre, notre colonel Giovanni di Jaccopo jusqu'au même Buonaparte: En suivant même la proportion des temps, il ne paraîtrait pas impossible que lesdits Jacopo et Gio soyent tous les deux descendans du même Buonaparte, et cette probabilité, disons plus, cette vérité, se fortifie par l'apparition seule des personnes, qui, ayant lieu dans le même temps, leur fait assigner avec beaucoup de vraisemblance une origine commune. «Mais quand même cette noble origine ne serait pas établie, comme elle l'est, n'y a-t-il pas lieu de reconnaître, en passant a l'examen de la seconde proposition, que la famille Buonaparte se trouve liée aux familles les plus considérées de Florence, en ligne directe. Son séjour ancien et habituel dans cette dernière ville, ses armoiries, en un mot, c'est-à-dire le râteau rouge avec la fleur de lys d'or, armoiries données aux familles nobles par le roi Charles Ier, ainsi que la croix du peuple florentin, dont elle est depuis long-temps en possession, sont des preuves de sa noblesse qui attestent même qu'elle remonte au temps des gibellins. «A la vérité, les marques de noblesse données par le peuple ne s'accordèrent qu'aux familles d'un rang élevé, et le plus souvent, comme chacun le sait, à celles des mêmes familles qui s'empressèrent d'abjurer le parti des gibellins pour acquérir de la popularité. Quelques-uns des nôtres ont fait cette abjuration au moment même où ils recevaient les armoiries,. d'autres, depuis la décapitation du susdit Leonardi. «Privée des honneurs populaires, cette famille s'est considérée comme déchue de sa grandeur, et fut en butte à toutes sortes de mauvais traitemens, jusqu'à l'érection de la principauté. Alors seulement, voulant ne pas laisser perdre une illustration justement acquise, elle a relevé pour elle-même des faits qui avaient été tenus secrets, non pas tant, peut-être, pour en dissiper l'odieux que pour prouver qu'elle ne renonçait pas à ses droits, comme l'ont fait nombre d'autres familles, en refusant les armoiries et les alliances qui les auraient rendues agréables au peuple, en suivant l'impulsion du pays.
«Venons à l'autre point de notre exposé. Il est fondé sur ce que nous venons de dire, qu'en 1571, le chevalier Fausto Beltramini de Siena, voulant prendre la croix de St.-Étienne, non par grâce, mais d'après justice, établit le quartier de noblesse de Buonaparte par Catherina sa mère, fille de Gio, fils de notre Benedetto Buonaparte. Il prouva de même la noblesse d'Attavanti par la mère de Catherina, et en remontant jusqu'au premier grade de noblesse de Buonaparte à Florence, dans le temps même de la république, preuves qui émanent des documens des magistrats de San-Miniato depuis 1570 jusqu'à 1571, où ils s'expriment ainsi qu'il suit, au sujet des auteurs des exposans: «c'est bien volontairement qu'ils s'en sont abstenus, à cause de leur droit de cité à Florence,» et comme l'atteste plus clairement encore le témoignage de messire Antonio de Gucci de San-Miniato.
«Premier témoin. Il se rappelle avoir vu ledit Gio-Buonaparte, père de ladite Catherina, icelle mère dudit Fausto, en qualité de gentilhomme et homme d'armes de M.Valerio Orsini, aux appointemens de la république de Florence. Sur ces documens généraux, a été accordé le quartier de noblesse à Buonaparte par le conseil de Pise, avec une mention honorable sur le rapport qui en a été fait au sérénissime grand-maître.
«Les motifs de ce rapport ont été, que la famille de Buonaparte a joui du droit de cité à Florence et à Lucques; que plusieurs membres de cette famille avaient rempli l'emploi de vedut du collège, que d'autres ont eu des emplois au dehors; mais comme dans le temps San-Miniato n'avait pas de siège épiscopal, et que par conséquent ces familles ne pouvaient, en vertu des statuts de l'ordre, être admises aux preuves judiciaires, à l'effet de prendre l'habit, d'après le chapitre 3 du même statut, «le candidat doit être de la nation et né dans la ville,» malgré l'application de ce principe aux autres quartiers de noblesse, la justice ne put les étendre jusqu'au quartier de Buonaparte, c'est-à-dire à l'ancienne et noble origine de Buonaparte gibellin et à ses auteurs, quoiqu'ils fussent dès lors considérés comme grands.
«On voit en second lieu que la jouissance des emplois des collèges mentionnée au susdit rapport, avec l'approbation du saint ordre militaire, qui l'admettait même comme preuve judiciaire, concession semblable à celle faite a la famille Jeppi, ne peut s'expliquer autrement que par les preuves fournies par la famille Buonaparte et par Beltramini, de la possession des prérogatives du grade noble de Florence. Or, suivant les lois réglementaires de ce corps de noblesse, elle doit être placée au rang des patriciens.
«Mais pour éclaircir davantage ce qui vient d'être exposé, nous donnerons l'assurance que les preuves des titres des Buonaparte, faites par Beltramini dans la personne de Catherina di Gio di Benedetto Buonaparte, l'auteur commun, furent faites comme de famille florentine, sanctionnées par le saint ordre militaire. Ceci fit reconnaître judiciairement le quartier de Buonaparte à Ridolfi, soixante-dix ans après les preuves de Beltramini. Si tel a été l'effet des preuves de Beltramini, à plus forte raison les Buonaparte ont le droit de demander à être, comme les Ridolphi, reconnus nobles et de famille florentine.
«En résumant aux yeux de leurs seigneuries illustrissimes ce qui vient d'être examiné et discuté, la famille Buonaparte a le droit d'être classée parmi les grands ou gibellins, d'après le §10 de l'instruction de la loi sur la noblesse, ou d'être reconnue judiciairement pour famille florentine aux ordres nobles, suivant le §5 de la même loi. Mais dans l'un comme dans l'autre cas, leurs seigneuries illustrissimes ne peuvent manquer de reconnaître le droit de cette même famille au patriciat florentin, ce qu'elle attend de leur bienveillance et de leur justice, se faisant du reste un honneur de les avoir pour juges.»
À la suite de cette pièce, s'en trouvait une autre contenant le dessin et la description des armoiries de Bonaparte.
«Les armes de la famille de Bonaparte sont un champ rouge avec deux raies blanches en bandes, et deux étoiles également blanches, l'une dessous, l'autre au-dessus des bandes. Au chef de l'écu, dans un champ d'azur, est un rateau rouge et deux fleurs de lys d'or. Au milieu du rateau, un champ blanc avec croix rouge.
«On voit de ces armes en beaucoup d'endroits à Florence, dans le cloître du St.-Esprit, au lieu de leur sépulture, et dans divers endroits de la ville de San-Miniato. Elles se trouvent aussi parmi les procédures faites au sujet de la profession de religion de St.-Etienne, par le chancelier Fausto Beltraroini, chevalier judiciaire de cet ordre militaire et sacré en l'année 1671, lesquelles procédures prouvent le quartier maternel de la famille Buonaparte.
«Les armes de la branche des Franchini de San-Miniato sont un champ d'or, et un pin au milieu. Au chef de l'ecu, est un rateau rouge dans un champ d'azur, avec trois fleurs de lys d'or.»
L'Arbre généalogique de la famille Buonaparte, dressé d'après les pièces produites, venait ensuite et était suivi:
1°. De renseignemens concernant la personne de Buonaparte gibellin et de ses fils exilés.
2°. D'autres documens concernant Leonardo d'Antonio, décapité comme gibellin.
3°. D'un Mémoire de Jules, fils de Jean Buonaparte, extrait d'un ancien livre de la famille des exposans.
4°. D'un document qui établit que Moccio Buonaparte est fils d'Oddo.
5°. D'un arbre des décimes de la famille.
6°. D'une attestation des gabelles et autres documens concernant les mariages et lignées de l'une et l'autre branche des Buonaparte. 7°. D'une attestation de l'office des traites, comme dépendance du collège et d'autres bureaux également pour les deux susdites branches.
8°. De preuves que leurs parens, depuis 1738, se sont surnommés Buonaparte, avec la jouissance du priorat.
9°. D'extraits de baptême des auteurs de la requête.
10°. D'un document sur le patrimoine ancien et actuel de la famille;
Sur les personnes constituées en dignités dans ladite famille;
Sur les nobles et anciens tombeaux de cette même famille dans San-Miniato et a Florence.
11°. D'un acte de notoriété de San-Miniato pour la famille de Buonaparte en 1571.
12°. D'une enquête sur leur famille, pour prouver judiciairement leur quartier, à l'ordre de Saint-Etienne, comme famille florentine.
13°. Des motifs des chevaliers rapporteurs pour accorder ledit quartier.
14°. Des motifs d'autres chevaliers rapporteurs auprès des grands-maîtres dudit ordre, pour octroyer judiciairement ledit quartier à d'autres Buonaparte.
15°. De preuves de l'établissement dans San-Miniato de l'ancienneté de la famille de messire Jacopo, fils de messire Giorgio Buonaparte.
Ces pièces, d'un intérêt secondaire, établissent cependant d'une manière authentique l'ancienneté de l'origine de cet homme extraordinaire, dont la naissance fut sans doute le moindre mérite. Il appartient tout entier au domaine de l'histoire: l'équitable postérité établira d'une manière invariable le rang qu'il mérite, et que ne peuvent aujourd'hui lui assigner ni l'enthousiasme ni la haine.
PRÉCIS
CHRONOLOGIQUE ET HISTORIQUE
DE LA VIE
DE NAPOLÉON
BONAPARTE
1769
15 août.—Naissance de Napoléon Bonaparte à Ajaccio, dans l'île de Corse: son père, Charles Bonaparte; sa mère, Letitia Ramolini; son parrain, le célèbre Paoli, dont l'exemple contribua puissamment au développement des facultés de Napoléon.
1777.
Septembre.—Elevé d'abord au collège d'Autun, le jeune Bonaparte est reçu par la protection de M. de Marboeuf, gouverneur de l'Ile de Corse, à l'école royale militaire de Brienne en Champagne.
1784.
Bonaparte est compris dans la promotion d'élèves qui passent de Brienne à l'école de Paris.
1787.
Après des examens brillans, il est nommé sous-lieutenant d'artillerie au régiment de Lafère.
1788.
Il part de Paris avec Paoli pour se rendre en Corse.
1789.
Nommé lieutenant-colonel de la garde nationale d'Ajaccio, il seconde le général Paoli et perfectionne sous lui ses études de l'art militaire.
1792.
Banni de l'île de Corse par les factieux qui se disputaient l'autorité, Bonaparte revient en France, débarque à Marseille, et reprend presque aussitôt un service actif dans les armées de la république.
1793 (an 1er de la république.)
26 juillet (8 thermidor.)—Commandant en sa qualité de lieutenant l'artillerie du corps d'armée du général Carteaux, qui faisait la guerre aux Marseillais insurgés contre la convention, il reprend Avignon, dont ceux-ci s'étaient emparés.
28 juillet (10 thermidor.)—Il s'empare de Beaucaire, aussi occupée par les Marseillais.
Employé ensuite au siège de Toulon, dans l'armée du brave général Dugommier, Bonaparte est nommé chef de bataillon, commande l'artillerie pendant l'absence du général Dommartin, il y est blessé; se fait distinguer par les représentans du peuple dans toutes les affaires qui eurent lieu durant ce siège mémorable, contribue puissamment à la reprise de cette ville livrée aux Anglais, et jette d'une manière solide les premiers fondemens de cette gloire militaire qui devait avoir tant d'éclat.
1794 (an II.)
29 avril. (10 floréal.)—-Bonaparte, envoyé après le siège de Toulon à l'armée d'Italie, commandée par le général Dumerbion, se distingue de nouveau à la prise de Saorgio, dans le comté de Nice. Il est nommé général de brigade par les représentans du peuple. Devenu suspect peu de temps après, il est le premier officier de l'armée d'Italie contre lequel le comité de sûreté générale décerna un mandat d'arrêt. Arrêté aux avant-postes de l'armée, il est conduit au fort carré d'Antibes.
1795(an III.)
En butte à la haine du représentant Aubry, qui dirigeait la partie militaire dans le comité de salut public, Bonaparte est destitué, réintégré, destitué de nouveau, puis emprisonné; ayant enfin obtenu sa liberté et recouvré des protecteurs, il est nommé commandant de l'artillerie en Hollande; mais retenu par Barras, il ne se rend point à sa destination.
3 octobre (11 vendémiaire an IV.)—-Barras le fait nommer commandant de l'artillerie à Paris.
5 octobre (13 vendémiaire.)—-Bonaparte réduit les sections insurgées contre la convention.
10 octobre (18 vendémiaire.)—-Il est récompensé du service qu'il a rendu à la convention par sa nomination au commandement en second de l'armée de l'intérieur et de Paris.
30 octobre (8 brumaire.)—-Commandant en chef de la même armée en remplacement de Barras, démissionnaire, il reçoit en outre la fonction de veiller à la police de Paris.
1796 (an IV.)
23 février (4 ventose.)—Nommé par le directoire commandant en chef de l'armée d'Italie, en remplacement du général Schérer.
8 mars (18 ventose.)—Bonaparte épouse Joséphine Tascher de la Pagerie, veuve du vicomte de Beauharnais.
11 mars (21 ventose.)—Il part de Paris pour se rendre en Italie, et passe par Marseille pour y visiter sa famille.
20 mars (30 ventose.)—Il prend à Nice le commandement de l'armée d'Italie, qu'il trouve dans le dénuement le plus complet; en peu de jours, elle fut par ses soins pourvue d'habillemens et de subsistances. Bonaparte n'avait alors que 26 ans.
10 avril (21 germinal.)—Il commence les hostilités contre l'armée autrichienne, commandée par le général Beaulieu.
11 avril (22 germinal.)—Bataille et victoire de Montenotte.
14 avril (25 germinal.)—Bataille et victoire de Millesimo. Dans ces deux batailles, qui avaient pour but de séparer les deux armées piémontaise et autrichienne, le jeune général français bat complètement deux vieux guerriers consommés, les généraux Colli et Beaulieu.
16 avril. (27 germinal.)—Combat de Dego.
17 avril. (28 germinal.)—Prise du camp retranché de Ceva.
22 avril (3 floréal.)—Bataille de Mondovi. Le général Beaulieu est défait de nouveau.
25 avril (6 floréal.)—Prise de Cherasco.
28 avril (9 floréal.)—Bonaparte conclut un armistice avec le général piémontais Colli, et se fait céder les forteresses de Coni, Tortone et Ceva.
6 mai (17 floréal.) Le général Bonaparte demande au directoire des artistes pour recueillir les monumens des arts que ses conquêtes mettent à la disposition du gouvernement français.
7 mai (18 floréal.)—Passage du Pô par l'armée française, et combat de Fombio.
9 mai (20 floréal.)—Armistice conclu entre Bonaparte et le duc de Parme.
11 mai (22 floréal.)—Passage du pont de Lodi, et déroute de l'armée de Beaulieu.
12 mai (23 floréal.)—Prise de Pizzighitone.
15 mai (25 floréal.)—Entrée triomphale du général Bonaparte à Milan, capitale de la Lombardie.
22 mai (3 prairial.)—Prise de Pavie.
29 mai (10 prairial.)—Passage du Mincio et victoire de Borghetto.
3 juin (15 prairial.)—Prise de Vérone, où Louis XVIII se trouvait quinze jours auparavant.
4 juin (16 prairial)—Arrivée de Bonaparte devant Mantoue, et premier investissement de cette place fameuse.
15 juin (27 prairial.)—Armistice conclu par Bonaparte entre la France et le roi de Naples.
19 juin (1er messidor.)—Prise de Bologne et de Modène.
23 juin (5 messidor.)—Armistice accordé au pape par Bonaparte.
29 juin (11 messidor.)—Prise de Livourne.
7 juillet (19 messidor.)—Combat de la Bocchetta di Campion.
18 juillet (30 messidor.)—Combat de Migliaretto.
20 juillet (2 thermidor.)—Première sommation faite à Mantoue; siège régulier de cette place.
29 juillet (11 thermidor.)—Combat de Salo; le général Bonaparte apprenant qu'une armée autrichienne, commandée par le maréchal Wurmser, est en marche pour lui faire lever le siège de Mantoue, se porte lui-même avec toutes ses forces à la rencontre de son nouvel ennemi.
3 août (16 thermidor.)—Bataille de Castiglione et combat de Lonato; l'armée du général Wurmser est mise en déroute.
6 août (19 thermidor.)—-Combat de Peschiera.
11 août (24 thermidor.)—-Combat de la Corona, reprise de toutes les lignes sur le Mincio, et continuation du siège de Mantoue.
24 août (7 fructidor.)—-Combat de Borgoforte et de Goveruolo.
3 septembre (17 fructidor.)—-Combat de Serravalle.
4 septembre (18 fructidor.)—-Combat de Roveredo.
5 septembre (19 fructidor.)—-Prise de Trente.
7 septembre (21 fructidor.)—-Combat de Covolo.
8 septembre (22 fructidor.)—-Combat de Bassano.
12 septembre (26 fructidor.)—-Combat de Cerca.
13 septembre (27 fructidor.)—-Prise de Legnago; le même jour, le général Wurmser ne pouvant plus se maintenir en campagne, se jette dans Mantoue pour y chercher un refuge.
14 septembre. (28 fructidor.)—-Combat de Due-Castelli.
15 septembre (29 fructidor.)—-Combat de St.-Georges.
1796 (an V.)
8 octobre (17 vendémiaire.)—-Bonaparte se fait livrer la ville de Modène.
19 octobre (28 vendémiaire.)—-Une division française commandée par le général Gentili, et envoyée par Bonaparte, descend dans l'île de Corse, alors occupée par les Anglais.
22 octobre (1er brumaire.)—-L'île de Corse, conquise par les soldats de Bonaparte, redevient partie intégrante de la république française.
27 octobre(6 brumaire.)—-Prise de Bergame.
6 novembre (16 brumaire)—-Combat sur la Brenta.
11 novembre (21 brumaire.)—-Combat de Caldiero.
15, 16, 17 novembre (25, 26, 27 brumaire.)—-Bataille d'Arcole; une troisième armée autrichienne, envoyée par la cour de Vienne, et commandée par le général Alvinzi, est mise en fuite.
18 novembre (28 brumaire.)—-Bonaparte donne son approbation à la constitution rédigée par le sénat de Bologne pour la république cisalpine.
1797 (an V.)
14 janvier (20 nivose.)—-Bataille de Rivoli; les Autrichiens sont mis en pleine déroute, et le général Alvinzi qui les commandait parvient à peine à se sauver.
15 janvier (26 nivose.)—-Combat d'Anghiari.
16 janvier (27 nivose.)—-Combat de St.-Georges.
26 janvier (6 pluviose.)—-Bonaparte stipule avec le marquis de Manfredini l'évacuation de la Toscane. Décret qui accorde, à titre de récompense, aux généraux Bonaparte et Augereau, les drapeaux pris par eux à la bataille d'Arcole sur les bataillons ennemis.
26 janvier (7 pluviose.)—-Combat de Carpenedolo.
27 janvier (8 pluviose.)—-Combat de Derumbano.
30 janvier (11 pluviose.)—-Les gorges du Tyrol sont forcées et les Français font leur entrée dans Trente.
1er février (13 pluviose.)—-Bonaparte rompt l'armistice accordé au pape, et fait envahir la Romagne par ses troupes.
3 février (15 pluviose.)—-Capitulation du général Wurmser, et reddition de Mantoue. Bonaparte, blâmé par ses généraux d'avoir accordé à Wurmser des conditions trop avantageuses, leur fait cette réponse mémorable: J'ai voulu honorer en lui la vieillesse et la valeur guerrière malheureuse. Les rivaux de Napoléon ont mal suivi cet exemple donné par Bonaparte.
4 février (16 pluviose.)—Défaite des troupes du pape sur le Sinio.
9 février (21 pluviose.)—Prise d'Ancône.
10 février (22 pluviose.)—Prise de Lorette; Bonaparte s'empare de la fameuse statue de la vierge qui y était adorée depuis des siècles, et l'envoie au directoire.
12 février (24 pluviose.)—Le pape Pie VI écrit à Bonaparte, pour lui demander la paix; le même jour, les Français parviennent jusqu'à Macerotte, à quarante lieues de Rome.
19 février (1er ventose.)—Traité de paix conclu par Bonaparte, entre la république française et le pape Pie VI; celui-ci renonce à toutes ses prétentions sur Avignon et sur le comtat venaissin, cède à perpétuité à la république française Bologne, Ferrare et la Romagne; il cède en outre tous les objets d'art demandés par Bonaparte, tels que l'Apollon du Belvédère, la Transfiguration de Raphaël, etc., etc., rétablit l'école française à Rome, et paye à titre de contribution militaire treize millions en argent ou en effets précieux.
22 février (4 ventose.)—Bref du pape Pie VI au général Bonaparte, dans lequel, entr'autres titres, il lui donne celui de son cher fils.
26 février (2 ventose.)—Bonaparte envoie au corps législatif les trophées de Mantoue.
2 mars (12 ventose.)—Combat de Monte-di-Sover.
10 mars. (20 ventose.)—Combat de Bellune.
12 mars (22 ventose.)—Combat de San-Salvador.
13 mars (23 ventose.)—Combat de Sacile.
16 mars (26 ventôse.)—-Bataille du Tagliamento, entre les Autrichiens commandés par le prince Charles, et les Français aux ordres de Bonaparte; l'armée autrichienne est mise en déroute.
19 mars (29 ventôse.)—-Combat de Gradisca.
22 mars (2 germinal.)—-Combat et prise de Bolzen.
23 mars (3 germinal.)—-Prise de Trieste.
31 mars (11 germinal.)—-Lettre de Bonaparte à l'archi duc Charles, dans laquelle il invite le prince autrichien à s'unir à lui pour arrêter le fléau de la guerre.
2 avril (i3 germinal.)—-Combat de Neumarck.
7 avril(18 germinal.)—-Armistice conclu à Indinbourg, entre le général Bonaparte et le prince Charles; l'armée française n'était qu'à trente lieues de Vienne.
13 avril (24 germinal.)—-Jour où expirait l'armistice, Bonaparte enveloppe l'armée autrichienne.
15 avril (26 germinal.)—-Le général en chef Bonaparte, au nom de la république française, et les généraux Belgarda et Nubbewed, au nom de l'empereur, signent à Léoben les préliminaires de la paix.
24 avril (5 floréal.)—-Prise de Vérone, qui, à l'instigation des Vénitiens, s'était révoltée contre les Français. Bonaparte fait envahir tous les états de terre-ferme de la république de Venise.
3 mai (14 floréal.)—-Manifeste du général Bonaparte, dans lequel il expose la conduite du gouvernement vénitien, et lui déclare la guerre.
11 mai (22 floréal.)—-L'armée française étant campée sous les murs de Venise, la noblesse prend la fuite, le doge abdique, une horrible anarchie s'établit dans la ville; les meilleurs citoyens appellent les Français pour la faire cesser.
16 mai (27 floréal.)—-Les Français prennent possession de la ville et des forts de Venise.
3 juin (15 prairial.)—-Bonaparte envoie au directoire les drapeaux pris sur les Vénitiens.
6 juin (18 prairial.)—-Convention de Montebello entre le général Bonaparte et les députés de Gènes.
9 juillet (21 messidor.)—-La république cisalpine est instituée sous l'influence du général Bonaparte.
26 juillet (7 thermidor,)—-Bonaparte réunit la Romagne à la république cisalpine.
22 août (5 fructidor.)—-Bonaparte part de Milan pour se rendre au congrès d'Udine.
1797 (an VI.)
17 octobre (26 vendémiaire.)—-Traité de paix conclu et signé a Campo-Formio par le général Bonaparte, au nom de la république française, et les plénipotentiaires de l'empereur d'Allemagne. Par ce traité, la république française est formellement reconnue, l'empereur renonce à toutes ses prétentions sur les Pays-Bas et sur le territoire de la république cisalpine, dont il reconnaît l'indépendance, etc., etc.
26 octobre (5 brumaire.)—-Bonaparte est nommé général en chef de l'armée dite d'Angleterre, formée par ordre du directoire sur les côtes de l'Océan.
31 octobre (10 brumaire.)—-Bonaparte envoie à Paris le général Berthier et le savant Monge, pour présenter au directoire le traité de paix qu'il a fait avec l'empereur.
15 novembre (25 brumaire.)—-Bonaparte part de Milan pour se rendre au congrès de Rastadt et y présider la légation française.
17 novembre (27 brumaire.)—-Bonaparte divise la république cisalpine eu vingt départemens.
26 novembre (6 frimaire.)—-Arrivée de Bonaparte à Rastadt.
1er décembre (11 frimaire.)—-Convention militaire signée à Rastadt entre le général Bonaparte et le comte de Cobentzel.
5 décembre (15 frimaire.)—-Arrivée du général Bonaparte à Paris. La reconnaissance et l'admiration éclatent partout où se montre le vainqueur de l'Italie.
9 décembre (19 frimaire.)—-Bonaparte est de nouveau appelé au commandement en chef de l'armée d'Angleterre.
10 décembre (20 frimaire.)—-Il présente au directoire, dans une audience solennelle, le traité de Campo-Formio, ratifié par l'empereur d'Allemagne. À cette occasion, il prononce un discours où il rappelle en peu de mots les exploits de l'armée d'Italie, et présente un drapeau sur lequel sont inscrites les victoires de cette même armée. Bonaparte devient l'idole des Parisiens; on frappe des médailles en l'honneur de ses victoires, etc., etc.
22 décembre (2 nivose.)—-Fête solennelle et brillante donnée à Bonaparte par le corps-législatif.
23 décembre (5 nivose.)—-Bonaparte est nommé membre de l'Institut.
1798 (an VI.)
3 janvier (14 nivose.)—-Fête donnée à Bonaparte par le ministre des relations extérieures, dans l'église de Saint-Sulpice.
28 février (4 ventose.)—-Retour à Paris de Bonaparte d'une visite qu'il venait de faire sur les côtes de l'Océan à l'armée d'Angleterre.
5 mars (15 ventose.)—-Arrêté du directoire qui charge Bonaparte du soin de diriger le grand armement formé sur les côtes de la Méditerranée.
2 avril (13 germinal.)—-Le directoire arrête que Bonaparte se rendra sur-le-champ à Brest, pour y prendre le commandement des forces navales qui y sont rassemblées.
12 avril (23 germinal.)—-Arrêté du directoire qui nomme Bonaparte général en chef de l'armée d'Orient.
3 mai (i4 floréal.)—Bonaparte se rend de Paris à Toulon.
8 mai (19 floréal.)—Arrivée de Bonaparte à Toulon, et proclamation adressée par lui à l'armée.
19 mai (30 floréal.)—Départ de Bonaparte pour l'Égypte avec l'armée qui doit en assurer la conquête.
10 juin (21 prairial.)—Apparition de la flotte française devant Malte.
9 juin (22 prairial.)—Débarquement des Français dans l'île.
12 juin (24 prairial.)—Capitulation de l'île de Malte; Bonaparte s'occupe avec activité d'établir une bonne administration dans l'île.
19 juin (1er messidor.)—Bonaparte quitte Malte pour se rendre à sa destination; il emmène avec lui les bâtimens de guerre trouvés dans le port.
1er juillet (13 messidor.)—Arrivée de la flotte française en vue d'Alexandrie, et débarquement de l'armée.
2 juillet (14 messidor.)—Attaque et prise d'Alexandrie.
11 juillet (23 messidor.)—Combat de Damanhour.
12 juilet (24 messidor.)—Combat de Rhamanieh.
14 juillet (26 messidor.)—Combat de Chebreiss.
23 juillet (5 thermidor.)—Bataille des Pyramides. «Soldats, dit Bonaparte, vous allez combattre aujourd'hui les dominateurs de l'Égypte (les mameloucks); songez que du haut de ces monumens quarante siècles vous contemplent.» Le soir de cette même journée, Bonaparte fait son entrée solennelle au Caire, abandonné par Ibrahim-Bey.
1er août (14 thermidor.)—Bataille navale d'Aboukir; Bonaparte, en recevant la nouvelle de la destruction de sa flotte, répond avec une apparente impassibilité: «Nous n'avons plus de flotte! hé bien, il faut rester en ces contrées, ou en sortir grands comme les anciens.»
5 août (18 thermidor.)—Combat d'El-Khanka.
10 août (23 thermidor.)—Combat de Salahieb.
12 août (25 thermidor.)—Combat de Remerieh.
18 août (1er fructidor.)—Bonaparte préside en grande pompe à la cérémonie de la rupture de la digue qui retient les eaux du Nil au Caire.
20 août (3 fructidor.)—Le général Bonaparte voulant se rendre favorables les habitans du pays, fait célébrer avec tout le faste oriental la fête du législateur d'Orient, Mahomet.
21 août (4 fructidor.)—Il arrête la formation d'un institut destiné à s'occuper des progrès et de la propagation des lumières en Égypte, de la recherche, de l'étude et de la publication des faits naturels, industriels, historiques de ce pays, etc., etc.
15 septembre (29 fructidor.)—Combat de Caf'Schabbas-Amer.
1798 (an VII.)
22 septembre (1er vendémiaire.)—Bonaparte fait célébrer au Caire l'anniversaire de la fondation de la république française.
29 septembre (8 vendémiaire.)—Combat de Mit-El-Haroun.
4 octobre (13 vendémiaire.)—Combat de Matarieh.
8 octobre (17 vendémiaire.)—Bataille de Sédiman.
21 et 22 octobre (30 vendémiaire et 1er frimaire.)—Violente insurrection dans la ville du Caire; les dispositions rapides et l'énergie du général en chef rétablissent promptement l'ordre et le calme. Cette insurrection avait pour prétexte la religion, et pour motif réel le refus de payer les contributions.
9 novembre (19 brumaire.)—Combat de Faioum. Prise de Suez.
21 décembre (1er nivôse.)—Bonaparte rétablit au Caire le divan, qu'il avait destitué après la grande insurrection.
25 décembre (5 nivôse.)—Il quitte la capitale de l'Égypte pour faire une reconnaissance à Suez, où il arrive le 27.
1799 (an VII.)
6 février (18 pluviôse.)—Ouverture de la campagne de Syrie; arrivée de l'armée expéditionnaire à Katieh.
9 février (21 pluviôse.)—Prise d'El-Arich.
7 mars (17 ventôse.)—Prise de Jaffa.
15 mars (25 ventôse.)—Combat de Qâ'quoum.
18 mars (28 ventôse.)—Commencement du siège de Saint-Jean d'Acre.
28 mars (8 germinal.)—Premier assaut livré à Saint-Jean d'Acre.
3 avril(14 germinal.)—Combat de Sour.
6 avril (17 germinal.)—Combat de Nazareth.
8 avril (19 germinal.)—Combat de Loubi.
9 avril (20 germinal.)—Combat de Cana.
11 avril(22 germinal.)—Combat de Seid-Jarra.
16 avril (27 germinal.)—Bataille du Mont-Thabor, gagnée sur les Musulmans par les généraux Bonaparte et Kléber.
4 mai (15 floréal.)—Second assaut livré à Saint-Jean d'Acre.
8 mai (19 floréal.)—Troisième assaut.
10 mai (21 floréal.)—Quatrième assaut.
17 mai (28 floréal.)—Levée du siège de Saint-Jean d'Acre.
29 mai (10 prairial.)—Prise de Kosseir.
14 juin (26 prairial.)—Retour de Bonaparte au Caire.
14 juillet (26 messidor.)—Il quitte le Caire pour se porter à la rencontre de l'armée turque, commandée par le grand-vizir, et débarquée à Aboukir.
19 juillet (1er thermidor.)—Il arrive à Rhamanieh.
25 juillet (7 thermidor.)—Bataille d'Aboukir; l'armée musulmane est totalement détruite.
2 août (15 thermidor.)—Le petit nombre de Turcs échappés à la bataille, et qui s'étaient réfugiés dans le fort d'Aboukir, implorent la clémence de Bonaparte, qui les reçoit à quartier.
18 août (1er fructidor.)—Bonaparte quitte le Caire pour se rendre à Alexandrie, où il arrive le 21.
23 août (5 fructidor.)—Le général en chef de l'armée d'Orient s'embarque sur la frégate la Muiron, qui doit le porter en France.
1799 (an VIII.)
1er octobre (10 vendémiaire.)—Il arrive à Ajaccio.
9 octobre (18 vendémiaire.)—Bonaparte débarque à Fréjus; il est reçu comme un libérateur par la population entière des départemens qu'il traverse.
16 octobre (25 vendémiaire.)—Il arrive à Paris.
6 novembre (15 brumaire.)—Fête superbe donnée par le gouvernement dans l'église Saint-Sulpice aux généraux Bonaparte et Moreau.
9 novembre (18 brumaire.)—Décret du conseil des Anciens, qui met à la disposition du général Bonaparte la garde ou corps législatif et toutes les troupes de la dix-septième division militaire, dont Paris était le chef-lieu.
10 novembre (19 brumaire.)—Décret rendu par le conseil des Anciens, portant l'abolition du directoire, l'expulsion de soixante membres du conseil des Cinq-Cents, la création provisoire d'une nouvelle magistrature destinée à exercer le pouvoir exécutif jusqu'à la confection d'une nouvelle constitution, et la désignation de Sieyes, Roger-Ducos et Bonaparte, pour exercer provisoirement cette nouvelle magistrature sous le nom de consuls de la république.
13 décembre (22 frimaire.)—Promulgation de la constitution de l'an 8. Le pouvoir exécutif est confié, pour dix ans, à trois consuls; Bonaparte, premier consul; Cambacérès, deuxième, et Lebrun troisième.—Quatre-vingts sénateurs, trente conseillers-d'état, trois cents députés au corps-législatif et cent députés au tribunal, tels sont les rouages de la constitution qui devait porter Bonaparte à la puissance absolue.
25 décembre—(4 nivose.)—Loi qui règle le mode et la nature des récompenses à accorder aux militaires qui se sont distingués ou se distingueront par des actions d'éclat.
26 décembre (5 nivose.)—Lettre du premier consul Bonaparte au roi d'Angleterre, dans laquelle il lui fait part de sa nomination à la première magistrature de la république, et de son désir de voir la France et l'Angleterre s'unir pour amener une paix générale.
29 décembre (8 nivose.)—Le premier consul Bonaparte accorde une amnistie générale aux habitans insurgés des départemens de l'Ouest.
1800 (an VIII.)
1er janvier (11 nivose.)—Installation du corps législatif et du tribunal.
5 janvier (15 nivose.)—Création d'un premier inspecteur général du génie.
19 janvier (29 nivose.)—Installation du gouvernement consulaire aux Tuileries.
13 janvier (3 pluviose.)—Établissement de la banque de France.
12 février (23 pluviose,)—Soumission des chouans du département du Morbihan.
18 février (29 pluviose.)—Établissement d'un préfet pour chaque département.
3 mars (12 ventose.)—Décret ordonnant la clôture de la liste des émigrés.
8 mars (17 ventose.)—Le premier consul arrête qu'il sera formé à Dijon une armée de réserve de soixante mille hommes.
22 mars (1er germinal.)—Création de la république des sept îles vénitiennes.
27 mars (6 germinal.)—Décret pour la création d'un conseil des prises.
2 avril (12 germinal.)—Le 1er consul nomme le général Carnot pour remplacer au ministère de la guerre le général Berthier, appelé par lui au commandement en chef de l'armée de réserve.
18 avril (28 germinal.)—Il nomme Bernadotte général en chef de l'armée de l'Ouest.
6 mai (16 floréal.)—Le premier consul quitte Paris pour aller prendre en personne le commandement de l'armée de réserve, devenue l'armée d'Italie.
15 mai (25 floréal.)—Il nomme premier grenadier des armées de la république le brave Latour-d'Auvergne, qui se refuse à tout avancement.
16, 17, 18 mai (26, 27, 28 floréal.)—Passage du mont Saint-Bernard par l'armée d'Italie, ayant le premier consul à sa tête.
22 mai (2 prairial.)—-Prise de Suze et de Verceil.
25 mai (5 prairial.)—-Prise de la citadelle d'Ivrée.
29 mai (9 prairial.)—-Reprise de Nice et passage du Tesin.
2 juin (13 prairial.)—-Prise de Milan. Le premier consul rétablit la république cisalpine.
7 juin (18 prairial.)—-Prise de Pavie.
8 juin (19 prairial.)—-Combat et prise de Plaisance.
9 juin (20 prairial.)—-Passage du Pô et bataille de Montebello.
14 juin (25 prairial.)—-Bataille de Marengo; elle coûte aux Autrichiens vingt mille hommes, quarante pièces de canon, douze drapeaux; à la France, le général Desaix, qui avait puissamment contribué à cette glorieuse victoire.
15 juin (26 prairial.)—-Convention d'Alexandrie entre le premier consul et Mélas, commandant en chef l'armée autrichienne. Cette convention, ou plutôt cette capitulation du général autrichien restitue à la France toutes ses conquêtes en Italie.
18 juin (29 prairial.)—-Le premier consul établit à Milan une consulte chargée de réorganiser la république cisalpine.
23 juin. (4 messidor.)—-Il rétablit l'université de Pavie.
26 juin (7 messidor.)—-Le premier consul fait transporter le corps de Desaix au mont Saint-Bernard, et ordonne qu'il sera érigé en ce lieu un monument à la mémoire de ce jeune héros.
30 juin (11 messidor.)—-Bonaparte ordonne la reconstruction de la place de Bellecour à Lyon et en pose lui-même la première pierre.
3 juillet (14 messidor.)—-Retour du premier consul à Paris.
28 juillet (9 thermidor.)—-Il signe les préliminaires de la paix entre la France et l'Autriche.
13 août (25 thermidor.)—Il nomme le général Brune commandant en chef de l'armée d'Italie.
25 août (7 fructidor.)—Il organise le conseil-d'état et nomme les conseillers.
3 septembre (16 fructidor.)—Convention d'amitié et de commerce entre les États-Unis et la république française.
20 septembre (troisième jour complémentaire.)—Nouvel armistice entre l'Autriche et la France. L'empereur ayant refusé de signer les préliminaires de paix, un autre congrès est indiqué à Lunéville, et le premier consul nomme le général Clark commandant extraordinaire de cette place.
Même jour. Inauguration du prytanée de Saint-Cyr, et translation solennelle des cendres de Turenne au temple de Mars (l'église des Invalides).
30 septembre (8 vendémiaire.)—Traité de paix entre la France et le dey d'Alger.
6 octobre (14 vendémiaire.)—Le premier consul ordonne au général Brune de faire occuper le grand-duché de Toscane.
8 octobre (16 vendémiaire.)—Il nomme le général Berthier ministre de la guerre.
10 octobre (18 vendémiaire.)—Arrestation dans les couloirs de l'Opéra, de Demerville, Caracchi et autres, prévenus d'avoir voulu assassiner le premier consul.
11 octobre (19 vendémiaire.)—Bonaparte nomme son frère Joseph plénipotentiaire de la république au congrès de Lunéville.
24 décembre (3 nivose.)—Explosion d'une machine infernale dirigée contre la personne du premier consul au moment où, se rendant à l'Opéra, il passait dans la rue Saint-Nicaise; Bonaparte ne doit son salut qu'à l'adresse de son cocher, qui tourna la charrette sur laquelle était la machine, au lieu de faire débarrasser le passage.
1801 (an IX.)
11 janvier (21 nivose.)—Création de tribunaux spéciaux: le gouvernement pourra en créer autant que bon lui semblera.
17 janvier (27 nivose.)—Rétablissement de la compagnie d'Afrique. Le premier consul charge le général Turreau de présider au confectionnement de la belle route d'Italie par le Simplon.
9 février (20 pluviose.)—Traité de paix entre la France et l'empereur d'Allemagne, signé à Lunéville par le comte de Cobentzel et Joseph Bonaparte.
10 février (21 pluviose.)—Arrêté des consuls qui ordonne la poursuite judiciaire des auteurs de la machine infernale.
18 février (27 pluviose.)—Armistice entre la république française et le roi des Deux-Siciles.
4 mars (13 ventose.)—Arrêté des consuls qui ordonne qu'il sera fait chaque année, du 17 au 22 septembre, une exposition publique des produits de l'industrie française. On peut regarder cet arrêté comme l'une des causes qui contribuèrent le plus puissamment aux développemens prodigieux de cette même industrie pendant tout le règne de Napoléon.
9 mars (18 ventose.)—Décret portant réunion des départemens de la Roër, de la Sarre, de Rhin et Moselle et du Mont-Tonnerre à la république française.
19 mars (28 ventose.)—Le gouvernement est autorisé par une loi à établir des bourses de commerce.
Même jour—Traité entre la république française et le roi d'Espagne, par lequel le duché de Parme est cédé à la France et la Toscane au prince de Parme, avec le titre de roi d'Étrurie.
25 mars (4 germinal.)—Le premier consul ordonne la construction de trois nouveaux ponts sur la Seine: un devant le jardin des Plantes, l'autre dans la Cité, le troisième devant le Louvre.
28 mars (7 germinal.)—Traité de paix entre la république française et le roi de Naples. Porto-Longone, l'île d'Elbe et la principauté de Plombino sont cédées à la France. Ferdinand s'engage en outre à fermer tous ses ports aux Anglais.
1er avril (11 germinal.)—Le premier consul nomme le général Macdonald ministre plénipotentiaire de la république près le roi de Danemarck.
6 avril (16 germinal.)—Le Régent et Carbon, convaincus d'avoir contribué à la confection de la machine infernale, sont décapités à Paris.
1er mai (11 floréal,)—Occupation de l'île d'Elbe par les Français.
8 mai (18 floréal,)—Organisation définitive da la société de la Charité maternelle.
21 mai (1er prairial.)—L'Institut présente au premier consul son projet de travail pour la continuation de son Dictionaire de la langue française.
4 juin (14 messidor.)—Le premier consul nomme le nègre Toussaint-Louverture gouverneur à vie de Saint-Domingue.
15 juillet (26 messidor.)—Concordat entre le premier consul et le pape Pie VII. Les évèques et archevèques nommés par le premier consul recevront du pape l'institution canonique. Par ce concordat, Bonaparte devenait réellement le restaurateur de la religion en France. Les prêtres ne lui en ont pas gardé plus de reconnaissance.
24 juillet (6 thermidor.)—Traité de paix et d'alliance entre la république française et l'électeur de Bavière.
31 juillet (12 thermidor.)—Organisation de la gendarmerie en France.
27 août (9 fructidor.)—Création d'un ministère du trésor public. Bonaparte donne le portefeuille à Barbé-Marbois.
29 septembre (7 vendémiaire.)—Traité de paix signé à Madrid entre la république française et le roi de Portugal.
1er octobre (9 vendémiaire.)—Préliminaires de paix signés à Londres entre la France et l'Angleterre.
8 octobre (16 vendémiaire.)—Traité de paix signé à Paris entre la France et la Russie.
9 octobre (17 vendémiaire.)—Préliminaires de paix signés à Paris entre la France et la Sublime-Porte.
12 novembre (21 brumaire.)—Consulte législative de la république cisalpine, indiquée à Lyon. Le premier consul est invité à assister à ses séances.
16 novembre (25 brumaire.)—Célébration à Paris de fêtes solennelles à l'occasion de la paix.
21 novembre (30 brumaire.)—Départ de Brest de l'expédition de Saint-Domingue sous les ordres du général Leclerc, beau-frère de Bonaparte.
1802 (an X.)
8 janvier (18 nivose.)—-Arrivée du premier consul à Lyon.
25 janvier (5 pluviose.)—-Cédant au voeu de la consulte, le premier consul accepte le titre de président de la république italienne.
4 mars (13 ventose,)—Arrêté des consuls ordonnant qu'il leur soit présenté un tableau général des progrès et de l'état des sciences, des lettres et des arts depuis 1789 jusqu'au 23 septembre 1802. Cet arrêté a pour objet d'encourager par toutes sortes de secours ces trois grandes branches de la prospérité publique et de perfectionner les méthodes employées pour l'enseignement en France.
8 mars (17 ventose.)—Traité de paix entre la France et la régence d'Alger.
Même jour.—Création d'un directeur de l'administration de la guerre, ayant rang et fonction de ministre.—Dejean est nommé directeur.
25 mars (4 germinal.)—Traité de paix définitif entre la république française, le roi d'Espagne, la république batave, d'une part, et la Grande-Bretagne de l'autre, signé à Amiens.
3 avril (13 germinal.)—Bonaparte, président de la république italienne, convoque à Milan le corps législatif pour le 24 juin 1804.
8 avril (18 germinal.)—Adoption par le corps législatif du concordat arrêté entre le premier consul et Pie VII, pour l'organisation du culte en France.—Le cardinal Caprara est autorisé par Bonaparte à exercer les fonctions de légat à latere.—Suppression des décades.
18 avril (28 germinal.)—Bonaparte et toutes les autorités constituées de la république assistent en grande pompe au Te Deum chanté à Notre-Dame, à l'occasion du traité de paix signé à Amiens et du rétablissement du culte catholique en France.
26 avril (6 floréal.)—Loi d'amnistie en faveur de tout prévenu d'émigration non radié; permission accordée à tout émigré de rentrer en France, sous la condition de prêter serment de fidélité au gouvernement et à la constitution de l'an VIII.
1er mai (11 floréal.)—Création des écoles primaires, secondaires et spéciales, autrement dites lycées, aux frais du trésor public.
8 mai (18 floréal.)—Le sénat conservateur nomme Bonaparte consul pour les dix années qui suivront celles pour lesquelles il a été nommé par la constitution.
10 mai (20 floréal.)—Arrêté des consuls portant que le peuple français sera consulté sur cette question: Napoléon Bonaparte sera-t-il consul à vie?
19 mai (29 floréal.)—Loi portant création d'une légion-d'honneur en France; elle a pour objet de récompenser les services civils et militaires, comme également utiles à l'état.
20 mai (30 floréal.)—Traité particulier entre la république française et le duc de Wurtemberg.
24 mai (4 prairial.)—Traité par lequel le prince d'Orange renonce à la dignité de stathouder des Provinces-Unies.
15 juin (26 prairial.)—Le premier consul fonde un prix (une médaille d'or de 3,000 fr.) pour encourager les savans à des expériences sur l'électricité et le galvanisme; l'Institut sera juge des découvertes faites dans ces deux parties essentielles de la physique.
25 juin (6 messidor.)—Traité de paix entre la république française et la Porte-Ottomane, qui confirme tous les traités antérieurs.
2 juillet (13 messidor.)—Lucien Bonaparte, Joseph Bonaparte et le général Kellermann, sénateurs, sont nommés membres du grand conseil de la légion-d'honneur.
2 août (14 thermidor.)—Un sénatus-consulte interprétant le voeu du peuple français, proclame Napoléon Bonaparte premier consul à vie, et lui donne le droit de se nommer un successeur.
4 août (16 thermidor.)—Autre sénatus-consulte organique qui accorde aux autres consuls cette même prorogation de pouvoir, et la présidence du sénat, dont ils seront membres de droit.
Même jour.—Création d'un grand-juge, ministre de la justice.—Regnier est nommé grand-juge.
21 août (3 fructidor.)—Le premier consul préside pour la première fois le sénat conservateur.
26 août (8 fructidor.)—Réunion de l'île d'Elbe à la France.
2 septembre (15 fructidor,)—Le sénat helvétique réclame la médiation du premier consul.
3 septembre (16 fructidor.)—Installation de la république valaisane.
11 septembre (24 fructidor.)—Réunion du Piémont à la France. Il est divisé en six départemens: le Pô, la Doire, la Sesia, la Stura, le Tanaro et Marengo.
14 septembre (27 fructidor,)—Décret qui supprime le ministère de la police de la république, et réunit ses attributions à celles de grand-juge.
1802 (an XI.)
4 octobre (12 vendémiaire.)—Décret qui crée une garde municipale soldée pour le service de la ville de Paris; elle consiste en deux mille cent cinquante-quatre hommes a pied et cent quatre-vingts à cheval.
Même jour.—Les diverses écoles d'artillerie et de génie sont réunies à Metz.
18 octobre (26 vendémiaire.)—Un sénatus-consulte invite les étrangers à former en France des établissemens utiles; un an de domicile suffira pour acquérir le titre de citoyen français, mesure éminemment libérale et bien faite pout accroître la prospérité nationale.
12 décembre (21 frimaire.)—Bonaparte, premier consul, est proclamé restaurateur de l'indépendance du Valais.
24 décembre (3 nivose.)—Formation de chambres de commerce dans les principales villes de la république, en vertu d'un arrêté des consuls.
1803 (an XI.)
3 janvier (13 nivose.)—Le premier consul nomme le général Rochambeau commandant en chef de l'armée de St.-Domingue, et capitaine-général de cette colonie, en remplacement de son beau-frère, le général Leclerc, mort dans cette île.
4 janvier (14 nivose.)—Sénatus-consulte qui crée trente sénatoreries, avec une dotation de 25,000 fr. en domaines nationaux.
17 janvier (21 nivose.)—Promotion au cardinalat, sur la demande du premier consul, de MM. de Belloy, archevêque de Paris; Fesch, oncle de Bonaparte, archevêque de Lyon; Cambacérès, frère du consul du même nom, archevêque de Rouen; et Boisgelin, archevêque de Tours.
23 janvier (3 pluviose,)—Nouvelle organisation de l'Institut de France; il est divisé en quatre classes: première, des sciences; deuxième, de la langue et de la littérature; troisième, d'histoire et de littérature ancienne; quatrième, des beaux-arts.
28 janvier (8 pluviose.)—Organisation d'une école spéciale militaire établie à Fontainebleau.
19 février (30 pluviose.)—Le premier consul, en sa qualité de médiateur de la confédération helvétique, termine les différens qui se sont élevés entre les cantons suisses. L'Helvétie est divisée en dix-neuf cantons ayant chacun leur propre constitution.
25 février (6 ventose.)—Établissement à Compiègne d'une école spéciale des arts et métiers.
10 mars (19 ventose.)—Loi sur l'exercice de la médecine. —Rétablissement du doctorat pour les médecins et chirurgiens.
18 avril (28 germinal.)—Arrêté des consuls qui fixe le diamètre des nouvelles pièces d'or, d'argent et de cuivre.
30 avril (10 floréal.)—La république française cède aux États-Unis la Louisiane.
14 mai (24 floréal.)—Communication au sénat, au corps législatif et au tribunal, de l'ultimatum du roi d'Angleterre. Par cet ultimatum, entièrement contraire au traité d'Amiens, le roi de la Grande-Bretagne exigeait impérieusement la possession de l'île de Lampedosa et de Malte pour dix ans, en outre, l'évacuation de la Hollande.
22 mai (2 prairial.)—La république française déclare la guerre à l'Angleterre.—Ordre donné d'arrêter tous les Anglais qui se trouvent en France.
30 mai (10 prairial.)—Décret portant organisation de l'administration des monnaies.
3 juin (14 prairial.)—Occupation du Hanovre par les Français; l'armée anglaise est faite prisonnière de guerre; fuite honteuse du duc de Cambridge, qui la commandait.
7 juin (18 prairial.)—La ville de Rouen, et d'autres à son exemple, votent la construction à ses frais d'un vaisseau de guerre, pour être employé dans la lutte contre les Anglais.
20 juin (1er messidor.)—Arrêté des consuls, portant qu'il ne sera plus reçu dans les ports de France aucune denrée provenant des colonies anglaises.
23 juin (4 messidor.)—Le premier consul Bonaparte part de Paris pour visiter des départemens de la ci-devant Belgique.
2 juillet (13 messidor.)—Il visite Dunkerque, Anvers, etc.
22 juillet (3 thermidor.)—Il arrive à Bruxelles, et y est reçu en triomphateur.
28 juillet (9 thermidor.)—Il ordonne la réunion du Rhin, de la Meuse et de l'Escaut par un grand canal de communication.
Même jour. Il nomme l'amiral Truguet commandant en chef des forces navales rassemblées à Brest.
11 août (25 thermidor.)—Retour du premier consul à Paris.
19 août (1er fructidor.)—L'Angleterre refuse la médiation de la Russie, proposée par le premier consul.
21 août (5 fructidor.)—Bonaparte nomme le sénateur Lacépède grand-chancelier de la légion-d'honneur.
27 août(9 fructidor.)—Le vice-amiral Brueys est nommé commandant de la flottille nationale, avec le titre d'amiral.
1803 (au XII.)
24 septembre (1er vendémiaire.)—Le pont des arts, remarquable par son élégante construction en fer, est ouvert pour la première fois au public.—Le prytannée de Paris est converti en lycée.
27 septembre (4 vendémiaire.)—Traité d'alliance entre la France et la Suisse.
9 octobre (16 vendémiaire.)—Le premier consul donne une audience extraordinaire à l'ambassadeur de la Porte-Ottomane.
27 octobre (4 brumaire.)—Publication du traité par lequel la république française cède aux États-Unis la Louisiane, moyennant la somme de soixante millions de francs.
3 novembre (11 brumaire.)—Le premier consul part de Paris pour faire une tournée sur les côtes et visiter les immenses travaux qu'il a ordonnés pour une descente en Angleterre.
5 novembre (13 brumaire.)—Il assiste à un combat qui a lieu à Boulogne entre une division anglaise et la flottille française.
18 novembre (26 brumaire.)—Retour de Bonaparte à Paris.
20 décembre (28 frimaire.)—Sénatus-consulte qui donne une nouvelle organisation au corps législatif. Le premier consul fera l'ouverture de la session.
1804 (an XII.)
6 janvier (15 nivose.)—Ouverture du corps législatif par Bonaparte pour la session de l'an XII.
11 janvier (20 nivose.)—Le premier consul nomme le littérateur Fontanes président annuel du corps législatif, avec 100,000 fr. d'émolumens.
16 janvier (25 nivose.)—Il nomme le général Murat gouverneur de Paris.
31 janvier (10 pluviose.)—Le général Jourdan commande en chef l'armée d'Italie.
15 février (25 pluviose.)—Arrestation du général Moreau, accusé d'avoir conspiré avec Pichegru et Georges Cadoudal, contre la vie du premier consul, et pour le rétablissement des Bourbons sur le trône.
17 février (27 pluviose.)—Rapport du grand-juge relativement à cette conspiration.
28 février (8 ventose.)—Arrestation de Pichegru dans la rue Chabanais.
9 mars (18 ventose.)—Arrestation de Georges Cadoudal au carrefour de l'Odéon.
10 mars (19 ventose.)—Ouverture du jubilé accordé à la France par le pape à l'occasion du concordat.
13 mars (22 ventose.)—Décret des consuls qui institue des écoles de droit dans toutes les grandes villes de la république.
17 mars (26 ventose.)—Arrestation du duc d'Enghien à Ettenheim, dans le margraviat de Bade.
21 mars (30 ventose.)—Ce jeune prince est jugé, condamné à mort par une commission militaire, et fusillé dans les fossés du château de Vincennes; il avait alors trente-deux ans.
Même jour.—Le corps législatif adopte le projet de loi concernant la réunion des lois civiles en un seul corps de lois, sous le nom de Code Civil des Français, appelé depuis Code Napoléon.
26 mars (5 germinal.)—Loi qui organise la régie des droits-réunis et la place dans les attributions du ministre des finances. Français de Nantes est nommé directeur général.
4 avril (14 germinal.)—Formation d'une société pour la propagation de la vaccine.
30 avril (10 floréal.)—Séance extraordinaire du tribunal, pour entendre la motion d'un membre nommé Curée, tendant: 1° à ce que le premier consul Bonaparte soit déclaré empereur; 2° que l'hérédité soit dans sa famille; 3° que celles des institutions de la république qui ne sont que tracées soient définitivement arrêtées.
2 mai (12 floréal.)—Les membres du corps législatif réunis dans la salle de la questure, émettent le voeu que Napoléon Bonaparte soit déclaré empereur, que la dignité impériale soit héréditaire dans sa famille, que le système représentatif soit affermi sur des bases inébranlables. Carnot, membre du tribunal, se montre seul d'un avis contraire; dans un discours plein de beaux traits d'éloquence et brûlant de patriotisme, il déclare que cette dignité causera des guerres continuelles avec toute l'Europe, amènera inévitablement la ruine de la liberté, etc., etc.
18 mai (28 floréal.)—Sénatus-consulte organique, qui défère au premier consul Bonaparte le titre d'empereur des Français, et qui établit l'hérédité impériale dans sa descendance directe, naturelle et légitime, de mâles en mâles, par ordre de primogéniture, à l'exclusion des femmes. Les collèges électoraux, la haute-cour impériale, les grandes dignités de l'empire, sont établis par le même acte. Le même jour, l'empereur nomme les grands officiers de la couronne: Joseph Bonaparte, grand électeur; Louis Bonaparte, connétable; le consul Cambacérès, archi-chancelier de l'empire; le consul Lebrun, archi-trésorier.
19 mai (29 floréal.)—L'empereur crée maréchaux de l'empire les généraux, ses compagnons d'armes: Berthier, Murat, Moncey, Jourdan, Masséna, Augereau, Bernadotte, Soult, Brune, Lannes, Mortier, Ney, Davoust, Bessières, Kellermann, Lefebvre, Pérignon et Serrurier.
10 juin (21 prairial.)—Arrêt de la cour de justice criminelle qui condamne à la peine de mort Georges Cadoudal, Bouvet de Lozier, Russillon, Rochelle, Armand Polignac, Charles d'Hozier, de Rivière, Louis du Corps, Picot, Lajolais, Roger dit Loiseau, Coster-St.-Victor, Deville, Armand-Gaillard, Joyaux-Barban, Lemercier, P. J. Cadoudal et Mirelle; à deux ans de réclusion le général Moreau, Jules de Polignac, la fille Hezaï et Rollan: les autres prévenus sont acquittés. Napoléon accorde la grâce à Armand de Polignac, de Rivière, Bouvet de Lozier, Lajolais, Rochelle, Gaillard, Russillion et Charles d'Hozier; il commue la peine du général Moreau en un exil perpétuel.
12 juin (23 prairial.)—Règlement sur les inhumations.
10 juillet (21 messidor.)—Décret impérial qui rétablit le ministre de la police générale dans ses premières attributions—Autre décret qui règle la forme de la décoration de la légion-d'honneur.—Autre qui crée un ministère des cultes, et nomme M. Portalis pour l'exercer.
15 juillet (26 messidor.)—Napoléon se rend en grande cérémonie à l'Hôtel militaire des Invalides, pour la première distribution de croix de la légion-d'honneur.
16 juillet (27 messidor.)—Organisation de l'école impériale polytechnique.
18 juillet (29 messidor.)—Napoléon part de Paris pour aller visiter les côtes et inspecter les camps qu'il y a ordonnés.
1er août (13 thermidor.)—Il visite celui d'Ambleteuse. Le 5 il arrive à Calais, dont il visite le port et les fortifications. Le 9, il visite la rade de Dunkerque, et part pour Ostende; le 15 il retourne à Boulogne, après avoir visité Ostende, Furnes, Nieuport, etc., etc. Le 16, grande fête militaire au camp de la Tour-d'Ordre. Il reçoit le serment des troupes, et distribue les étoiles de la légion-d'honneur.
6 août (18 thermidor.)—-Décret impérial qui rétablit les missions étrangères.
25 août (7 fructidor.)—-Autre décret qui organise sur de nouvelles bases le corps des ingénieurs des ponts et chaussées.
10 septembre(23 fructidor.)—-Institution de grands prix décennaux qui doivent être distribués de la main de Napoléon; toutes les sciences sont admises à y concourir.
12 octobre (20 vendémiaire.)—-Retour de l'empereur à St.-Cloud.
17 octobre (25 vendémiaire.)—-Décret impérial qui convoque le corps législatif à l'occasion du couronnement de Napoléon.
6 novembre (15 brumaire.)—-Sénatus-consulte qui déclare qu'après vérification des votes, le peuple français veut l'hérédité de la dignité impériale dans la famille de Napoléon Ier.
25 novembre (4 frimaire.)—-Le pape Pie VII part le 2 de Rome, arrive à Fontainebleau où l'empereur s'était rendu au devant lui.
28 novembre (7 frimaire.)—-Il arrive à Paris avec Napoléon dans la même voiture.
2 décembre (11 frimaire.)—-L'empereur Napoléon Ier et l'impératrice Joséphine sont sacrés et couronnés dans l'église métropolitaine de Paris par le pape Pie VII.
3 décembre (12 frimaire.)—Distribution des aigles impériales au Champ-de-Mars; les troupes, en les recevant, prêtent serment de fidélité à l'empereur.
13 décembre (22 frimaire.)—Le sénat conservateur donne une grande fête, à l'occasion du couronnement.
16 décembre (25 frimaire.)—Autre fête brillante et banquet superbe donné à l'empereur et à l'impératrice par la ville de Paris.
27 décembre (6 nivose.)—Napoléon fait l'ouverture du corps législatif pour la session de l'an XIII.
1805 (an XIII.)
1er janvier (11 nivose.)—Lettre de l'empereur Napoléon au roi d'Angleterre, dans laquelle il invite ce monarque à se réunir à lui pour procurer au monde la paix générale.
14 janvier (24 nivose.)—Inauguration de la statue de Napoléon dans la salle du corps législatif.
29 janvier (9 pluviose.)—Décret qui ordonne la construction d'une ville dans la Vendée, sous le nom de Napoléon-Ville.
1er février (12 pluviose.)—Création de la charge de grand-amiral et d'archi-chancelier de l'état et de l'empire; la première est conférée au maréchal Murat, la deuxième à Eugène Beauharnais, adopté par l'empereur.
13 mars (22 ventose.)—Solennelle députation des collèges électoraux et corps constitués de la république italienne. Ils portent aux pieds du trône de Napoléon le voeu de leur nation, et le proclament roi d'Italie.
18 mars (27 ventose.)—L'empereur accepte la couronne de fer en présence du sénat de France. Dans cette même séance, il cède à sa soeur Elisa, en toute propriété, le duché de Piombino, et confère au mari de cette princesse le titre de prince de l'empire.
24 mars (3 germinal.)—Le fils du prince Louis-Napoléon, est baptisé par le pape Pie VII au château de Saint-Cloud.
31 mars (10 germinal.)—-L'empereur et l'impératrice partent de Paris pour se rendre en Italie, et le pape pour se rendre à Rome.
24 avril (4 floréal.)—-Visite faite à Turin, à Napoléon et à Joséphine, par le pape Pie VII.
8 mai (18 floréal.)—-L'empereur pose sur le champ de bataille de Marengo la première pierre du monument consacré aux braves qui y sont morts.
Même jour.—-Il fait son entrée à Milan.
26 mai (6 prairial.)—-Napoléon et Joséphine sont couronnés roi et reine d'Italie par le cardinal Caprara, archevêque.
6 juin (19 prairial.)—-D'après le voeu émis par la république ligurienne (Gênes), elle est réunie à l'empire français.
7 juin (18 prairial.)—-Le prince Eugène Beauharnais est nommé par Napoléon vice-roi du royaume d'Italie.
10 juin (21 prairial.)—-Napoléon part de Milan pour visiter quelques départemens du royaume d'Italie.
17 juin (28 prairial.)—-Il fonde l'ordre de la couronne de fer, et organise le même jour l'Université de Turin.
23 juin (4 messidor.)—-Réunion de la république de Lucques à la principauté de Piombino. Bacciochi, beau-frère de Napoléon, prend le titre de prince de Lucques et de Piombino.
30 juin (11 messidor.)—-Arrivée de Napoléon et de Joséphine à Gênes, qui leur donne une fête superbe le 2 juillet.
11 juillet (22 messidor.)—-Retour de l'empereur et de l'impératrice à Fontainebleau.
21 juillet (2 thermidor.)—-Réunion de Parme, Plaisance et Guastalla à la France.
2 août (14 thermidor.)—-Napoléon part de St.-Cloud pour Boulogne et visite les camps qui bordent la côte.
16 août (28 thermidor.)—-D'après l'ordre de l'empereur, quatre-vingt mille hommes se réunissent sur les frontières de l'Autriche.
31 août (13 fructidor.)—-Le prytannée de St.-Cyr est érigé en prytannée militaire français.
2 septembre (15 fructidor.)—-Retour de Napoléon à Paris.
9 septembre (22 fructidor.)—-Sénatus-consulte qui remet en usage le calendrier grégorien pour le 1er janvier 1806.
23 septembre (1er vendémiaire.)—-Séance extraordinaire du sénat; l'empereur y expose la conduite hostile de l'Autriche, et annonce qu'il va commander ses armées en personne. Le sénat décrète une levée de quatre-vingt mille conscrits. Un second décret ordonne la réorganisation de la garde nationale pour la défense des côtes.
24 septembre (2 vendémiaire.)—-L'empereur et l'impératrice partent pour Strasbourg.
1er octobre (9 vendémiaire.)—-Napoléon passe le Rhin et harangue l'armée.
3 octobre (11 vendémiaire.)—-La Suède s'engage à faire la guerre avec la France.
7 octobre (15 vendémiaire.)—Combat sur le Lech.
8 octobre (16 vendémiaire.)—-Combat de Wertbingen.
9 octobre (17 vendémiaire.)—Combat de Guntzbourg.
10 octobre (18 vendémiaire.)—L'empereur établit son quartier-général à Augsbourg.
14 octobre (22 vendémiaire.)—Combat d'Elchingen.
17 octobre (25 vendémiaire.)—Capitulation du général Mack dans la ville d'Ulm. Toute l'armée autrichienne est faite prisonnière de guerre.
21 octobre (29 vendémiaire.)—Prise de Munich. Décret impérial qui ordonne que le mois écoulé depuis le 23 septembre jusqu'au 22 octobre, soit compté pour une campagne à toute l'armée.
24 octobre (2 brumaire.)—L'empereur fait son entrée dans Munich.
26 octobre (4 brumaire.)—Passage de l'Inn sur plusieurs points.
29 octobre (7 brumaire.)—Combat de Marienzel; l'empereur établit son quartier-général à Braunau.
30 octobre (8 brumaire.)—Combat de Mehrenbach, Prise de Salzbourg; le même jour l'armée d'Italie bat les Autrichiens.
31 octobre (8 brumaire.)—Combat de Lambach.
5 novembre (13 brumaire.)—Passage de la Traun par l'armée française.
9 novembre (18 brumaire.)—L'empereur établit son quartier-général à Molck, à seize lieues de Vienne.
11 novembre (20 brumaire.)—Combat de Diernstein.
13 novembre (22 brumaire.)—L'armée française fait son entrée dans Vienne; Napoléon ne veut point y pénétrer, il établit son quartier-général à Schoenbrun.
15 novembre (24 brumaire.)—Le général Clarke est nommé gouverneur de la Haute et Basse-Autriche; le conseiller-d'état Daru intendant général.—Combat d'Hollabrun entre les Français et l'avant-garde de l'armée russe.
16 novembre (25 brumaire.)—Défaite des Russes à Guntersdorf.
17 novembre (26 brumaire.)—Invasion du Tyrol par le maréchal Ney; combats de Clauzen et de Bautzen.
18 novembre (27 brumaire.)—Entrée du prince Murat dans Brünn, capitale de la Moravie; quartier-général de Napoléon à Porlitz; l'empereur d'Autriche se retire à Olmutz.
22 novembre (1er frimaire.)—Combat naval de Trafalgar. Les flottes française et espagnole y sont détruites. L'amiral anglais est tué.
28 novembre (7 frimaire.)—L'empereur Napoléon envoie le général Savary complimenter l'empereur Alexandre, dont le quartier-général est à Vischau. En même temps il donne l'ordre d'une retraite simulée pour tromper l'ennemi.
1er décembre (10 frimaire.)—Napoléon, à la vue des Russes manoeuvrant pour le tourner, s'écrie: demain toute cette belle armée sera à nous. Le soir il visite les bivouacs, et reçoit de toutes parts les preuves de l'attachement et de l'enthousiasme qu'il communique à ses soldats.
2 décembre (11 frimaire.)—Grande et mémorable bataille d'Austerlitz. L'armée austro-russe est anéantie. Cette belle victoire met deux empereurs à la discrétion de Napoléon, et plus généreux qu'ils ne devaient l'être un jour à son égard, il s'abstient d'en abuser.
3 décembre (12 frimaire.)—Napoléon accorde à l'empereur d'Autriche une entrevue que celui-ci lui fait demander par le prince de Liechtenstein.
4 décembre (13 frimaire.)—Cette entrevue a lieu au bivouac de Napoléon, auprès du village de Nasedlowitz. «Je vous reçois dans le seul palais que j'habite depuis deux mois, dit l'empereur des Français à celui d'Allemagne.»—«Vous tirez si bon parti de votre habitation qu'elle doit vous plaire», répond François avec un sourire qui devait être un peu forcé.
5 décembre (14 frimaire.)—Napoléon fait arrêter la marche de ses troupes, qui déjà environnaient les débris de l'armée russe, et étaient sur le point de prendre l'empereur Alexandre.
6 décembre (15 frimaire.)—Armistice conclu entre Napoléon et l'empereur d'Autriche. Alexandre retourne précipitamment à St.-Pétersbourg.
7 décembre (16 frimaire.)—Décret impérial en faveur des veuves et des enfans des militaires de tout grade morts à la bataille d'Austerlitz.—Autre décret qui ordonne que les canons russes et autrichiens pris sur le champ de bataille d'Austerlitz seront fondus, et serviront à l'érection sur la place Vendôme à Paris, d'une grande colonne consacrée à la gloire de l'armée victorieuse.
13 décembre (22 frimaire.)—Napoléon reçoit à Schoenbrunn la députation des maires de Paris; il lui remet les drapeaux pris à Austerlitz, pour être déposés dans l'église Notre-Dame.
26 décembre (5 nivose.)—Traité de paix signé à Presbourg entre la France et l'Autriche; les électeurs de Bavière et de Wurtemberg sont élevés à la dignité de rois.—Les états vénitiens sont réunis au royaume d'Italie.
27 décembre (6 nivose.)—Entrevue à Schoenbrunn de Napoléon et du prince Charles, frère de l'empereur d'Autriche. Même jour.—Napoléon publie à Schoenbrunn une proclamation dans laquelle il déclare à l'Europe que la dynastie de Naples a cessé de régner.
1806.6
Footnote 6: (return) Par un sénatus-consulte en date du 9 septembre, le calendrier grégorien ayant été substitué au calendrier républicain pour le 1er janvier 1806, nous cessons de faire mention de celui-ci.
1er janvier.—Maximilien Joseph est proclamé roi de Bavière, en présence de l'empereur et de l'impératrice.—Le tribunal, en corps, porte au sénat quarante-cinq drapeaux pris à la bataille d'Austerlitz.—Le pont d'Austerlitz, construit en fer vis à vis le jardin des Plantes, est ouvert pour la première fois au public.
14 janvier.—Le roi de Bavière donne sa fille en mariage au prince Eugène de Beauharnais; l'empereur et l'impératrice assistent à la cérémonie.
Même jour.—La communication en est faite au sénat par l'archi-chancelier, qui l'informe en même temps que l'empereur a adopté pour son fils le prince Eugène, et l'appelle à lui succéder comme roi d'Italie, à défaut de descendans naturels et légitimes de Napoléon.
19 janvier.—Les drapeaux pris à la bataille d'Austerlitz sont reçus par le clergé de Notre-Dame et appendus aux voûtes de la cathédrale.
26 janvier.—Retour de l'empereur et de l'impératrice à Paris; ils reçoivent les complimens des différens corps de l'état.
6 février.—Le sultan Sélim III reconnaît Napoléon Ier empereur des Français.
8 février.—Entrée des troupes françaises dans le royaume de Naples.
15 février.—Le prince Joseph, frère de l'empereur, prend possession de Naples.
Même jour.—Le roi de Prusse reçoit de Napoléon le Hanovre, en échange des propriétés qu'il a cédées à la France.
20 février.—L'église de Sainte-Geneviève (le Panthéon) est rendue au culte catholique; elle conservera néanmoins la destination qu'elle avait reçue de l'assemblée constituante, d'être le lieu de sépulture des grands hommes.
Même jour.—Décret de l'empereur qui ordonne la restauration de l'église de Saint-Denis, et la consacre à la sépulture des princes de la dynastie de Napoléon.
28 février.—Institution d'une chaire de belles-lettres à l'école polytechnique. M. Andrieux est nommé professeur.
2 mars.—Ouverture du corps législatif par Napoléon pour la session de 1806.
4 mars.—Adoption par l'empereur de la princesse Stéphanie, nièce de l'impératrice, et mariage de cette princesse avec le prince héréditaire de Bade.
12 mars.—Décrets pour le rétablissement et l'ouverture de canaux et de grandes routes.
15 mars.—Napoléon cède en toute propriété les duchés de Clèves et de Berg, à son beau-frère le prince Murat, qui en prend possession, sous le titre de duc de Berg et de Clèves.
30 mars.—Joseph Bonaparte est proclamé par son frère Napoléon, roi des Deux-Siciles.—La principauté de Guastalla est transférée a la princesse Pauline, soeur de Napoléon, sous le litre de duchesse de Guastalla; et celle de Neufchâtel au maréchal Berthier, sous le titre de prince de Neufchâtel.
Même jour.—Décret ou statut en forme de loi, qui fixe l'état des princes et princesses de la famille impériale.
4 avril.—Décret de Napoléon qui ordonne que le catéchisme approuvé par le cardinal légat, sera en usage dans toutes les églises françaises.
7 avril.—Cérémonies du mariage de la princesse Stéphanie Napoléon avec le prince héréditaire de Bade.
22 avril.—Loi qui donne à la banque de France une organisation définitive, et proroge à vingt-cinq ans le privilège de quinze années qui lui avait été accordé.
27 avril.—Le général Lauriston prend possession de la ville et du territoire de Raguse au nom de l'empereur des Français.
2 mai.—Décret qui ordonne la construction de quinze nouvelles fontaines à Paris.
10 mai.—Loi qui institue l'université impériale.
12 mai.—Clôture du corps législatif; il adopte dans cette session le Code de procédure civile.
28 mai.—L'électeur archi-chancelier d'Allemagne, le prince-primat, nomme pour son coadjuteur et son successeur le cardinal Fesch, oncle de Napoléon.
30 mai.—Décret qui invite tous les sujets de l'empire professant la religion juive d'envoyer des députés à Paris.
5 juin.—Une députation solennelle des états de Hollande demande à l'empereur son frère Louis Napoléon pour roi; l'empereur adhère au voeu des états.
Même jour.—Décret impérial qui transfère à M. Talleyrand`, grand chambellan, la principauté de Bénévent, sous le titre de prince de Bénévent; et au maréchal d'empire Bernadotte, le titre de prince de Ponte-Corvo.
Même jour.—-Napoléon donne une première audience à Moubed-Effendi, ambassadeur extraordinaire de la Porte-Ottomane.
11 juin,—-Décret portant organisation du conseil-d'état et fixant ses attributions.
16 juin.—-Institution à l'école d'Alfort d'une chaire d'économie rurale.
24 juin.—-Suppression des maisons de jeu dans tout l'empire.
4 juillet.—-Loi qui organise les haras dans tous les départemens, et nomme les chefs de ces établissemens.
6 juillet.—-Combats contre les Russes et les Monténégrins par les Français commandés par les généraux Lauriston et Molitor.
17 juillet.—-Un traité solennel établit la confédération du Rhin: les rois de Bavière, de Wurtemberg, les électeurs archi-chancelier de Bade, le duc de Berg et de Clèves, et plusieurs autres princes d'Allemagne, composent cette confédération et se séparent à perpétuité de l'empire germanique. L'empereur Napoléon est proclamé protecteur de cette confédération, qui change entièrement l'état politique de l'Europe et tend à une pacification plus durable.
20 juillet.—-Traité de paix signé à Paris entre la France et la Russie; mais l'empereur Alexandre, influencé par l'Angleterre, refuse de le ratifier au terme convenu.
26 juillet.—-Première assemblée des Juifs, convoqués à Paris par Napoléon, d'après son décret du 30 mai, sous le nom de Grand-Sanhédrin juif, et dont le but est de fixer le sort de cette nation errante et malheureuse.
5 août.—-Lord Lauderdale arrive à Paris en qualité d'ambassadeur, pour remplacer M. Fox dans les négociations ouvertes entre la France et l'Angleterre.
20 septembre.—L'empereur Napoléon réclame contre la Prusse, des princes liés par la confédération du Rhin, le contingent auquel chacun d'eux s'est obligé, dans le cas de guerre.
25 septembre.—L'empereur part de Saint-Cloud pour se mettre à la tête de ses armées, et combattre la quatrième coalition formée contre la France par la Prusse, la Russie, la Suède et l'Angleterre.
28 septembre.—Arrivée de Napoléon à Mayence, avec l'impératrice son épouse.
30 septembre.—L'électeur de Wurtzbourg accède à la confédération du Rhin, et prend le titre de grand-duc.
1er octobre.—Napoléon passe le Rhin avec son état-major.
7 octobre.—Message de l'empereur au sénat, dans lequel il annonce la nécessité de recommencer la guerre, et les dispositions qu'il vient de faire pour lui donner une issue favorable.
8 octobre.—L'empereur quitte Bamberg pour se porter à la tête de son armée.
9 octobre.—Combat de Saalbourg, et enlèvement des magasins de l'ennemi à Hoff.
10 octobre.—Combat de Saalfeldt; le prince Ferdinand de Prusse y est tué.
14 octobre.—Bataille d'Iéna. L'armée prussienne essuie une déroute complète, ou plutôt elle est anéantie, tant en hommes que sous le rapport du matériel. Le duc de Brunswick et le prince Henri de Prusse sont grièvement blessés; la reine n'échappe qu'avec peine à la poursuite des vainqueurs.
16 octobre.—-Capitulation de la place d'Erfurt. Le prince d'Orange et le feld-maréchal Mollendorf sont faits prisonniers.
Même jour.—-Le roi de Prusse demande un armistice, qui est refusé par Napoléon.
17 octobre.—-Combat de Halle. Le prince Eugène de Wurtemberg, général de l'armée de réserve prussienne, a son corps d'année presque entièrement détruit.
18 octobre.—-Prise de Leipsick par le maréchal Davoust.
21 octobre.—-Après une série de succès non interrompus, les Français interceptent la route de Magdebourg, où les Prussiens comptaient se rallier. Le duc de Brunswick met ses états sous la protection de l'empereur.
24 octobre.—-Prise de Potsdam; l'empereur y établit son quartier-général le lendemain, visite le tombeau du grand Frédéric, et envoie à l'Hôtel des Invalides de Paris l'épée de ce fondateur de la monarchie prussienne.
25 octobre.—-Capitulation de Spandau.
26 octobre.—-Blocus de Magdebourg.
27 octobre.—-Napoléon fait son entrée solennelle dans Berlin, Acte de clémence de l'empereur envers la femme du prince d'Haztfeld, gouverneur de cette capitale.
28 octobre.—-Prise de Prentzlow. Le grand-duc de Berg fait capituler le corps d'armée commandé par le prince de Hohenlohe.
29 octobre.—-Prise de la forteresse de Stettin.
1er novembre.—-Capitulation de la forteresse de Custrin.
Le maréchal Mortier s'empare de la Hesse au nom de l'empereur des Français.
6 et 7 novembre,—-Bataille de Lubeck. Après des faits d'armes inouïs, onze généraux prussiens, à la tête desquels se trouvaient Blücher, devenu depuis si fameux, et le prince de Brunswick-Oels, cinq cents dix-huit officiers, quatre mille chevaux, plus de vingt mille hommes et soixante drapeaux, sont les trophées de cette victoire. Lubeck, pris d'assaut, devient un horrible champ de carnage.
10 novembre.—Suspension d'arme entre l'empereur et le roi de Prusse, elle reste sans effet. Prise de la ville de Posen.
11 novembre,—Prise de la ville et forteresse de Magdebourg.
19 novembre.—L'empereur reçoit à Berlin une députation du sénat d'Hambourg.—Obligation imposée à toutes les villes occupées par les Français, de déclarer les marchandises et propriétés anglaises.
20 novembre.—Capitulation de la place d'Hameln.
25 novembre.—Capitulation de celle de Niembourg.—L'empereur rend à Berlin le fameux décret qui déclare les îles britanniques en état de blocus, et interdit avec elles tout commerce et toute communication.
27 novembre.—Napoléon, résolu de pousser avec vigueur la guerre contre la Russie qui venait d'accourir, quoique tardivement, au secours de la Prusse, établit son quartier-général à Posen.
28 novembre,—Combat de Lowiez, où le général russe Benigsen est battu.
29 novembre.—Occupation de Varsovie par les Français.
2 décembre.—-Décret impérial qui ordonne l'érection sur l'emplacement de l'église de la Magdelaine, d'un monument à la gloire de l'armée, sous le nom de Temple de la gloire, et devant porter cette inscription: L'empereur Napoléon aux soldats de la grande armée.
3 décembre.—Capitulation de la forteresse le Glogau.
4 décembre.—Une levée de quatre-vingt mille conscrits est mise à la disposition de l'empereur par le sénat conservateur.
6 décembre.—Passage de la Vistule par les Français, à Thorn.
11 décembre.—Passage du Bug à Ockecmin. Traité de paix et d'alliance entre l'empereur Napoléon et l'électeur de Saxe, qui accède à la confédération du Rhin, et prend le titre de roi de Saxe. Son contingent, en cas de guerre, est de vingt mille hommes.
16 décembre.—L'empereur part de Posen.
19 décembre.—Il arrive à Varsovie, et visite les retranchemens élevés dans le faubourg de Praga pour protéger cette ville.
23 décembre.—Il passe le Bug, fait jeter à l'embouchure de l'Akra, dans cette rivière, un pont qui est achevé en deux heures, y fait passer une division du corps d'armée du maréchal Davoust, qui met en déroute quinze mille Russes à Czarnowo.
24 décembre.—-Combat de Nazietzk; le général russe Kamenskoi est défait.
25 et 26 décembre.—-Bataille de Pulstuck, retraite de l'armée russe après avoir perdu quatre-vingt pièces d'artillerie, tous ses caissons, douze cents voitures, et dix à douze mille hommes.
1807.
5 janvier.—Capitulation de Breslau.
7 février.—Bataille de Preusch-Eylau; l'armée russe est de nouveau obligée de battre en retraite.
9 février.—Première séance de l'Institut au palais des sciences et des arts (le Louvre).
15 février.—Combat d'Ostrolenka. Le général Soworow, fils du célèbre maréchal de ce nom, perd la vie dans cette affaire.
16 février.—L'empereur envoie à Paris les drapeaux pris à Eylau; il ordonne que les canons conquis à cette bataille seront fondus pour dresser une statue au général d'Hautpoult, commandant des cuirassiers, qui avait été tué dans cette journée.
24 février.—Combat de Peterswalde.
25 février.—Passage de la Passarge à Liebstadt.
5 mars.—Le pont d'Austerlitz est ouvert au passage des voitures.
6 mars.—Décret impérial qui met en état de siège les ports de Brest et d'Anvers; le premier sous les ordres du général sénateur Aboville, et le deuxième sous ceux du général sénateur Ferino.
7 mars.—Combat de Guttstadt et de Willemberg.
12 mars.—Combat de Lignau.
7 avril.—Sénatus-consulte qui appelle la conscription de 1808.
18 avril.—Suspension d'armes signée à Schlatkow entre l'empereur et le roi de Suède.
25 avril.—L'empereur établit son quartier-général à Finkenstein.—Décret impérial concernant les théâtres de Paris: ils sont divisés en grands théâtres et théâtres secondaires.
1er mai.—Capitulation de la place de Neiss, assiégée par le général Vandamme.
15 mai.—Combat livré devant les murs de Dantzick, assiégé par le maréchal Lefebvre, entre les troupes assiégeantes et le corps d'armée russe du général Kaminski, accouru pour secourir cette place. Les Russes sont repoussés avec perte.
14 mai.—Dantzick se rend au maréchal Lefebvre après cinquante-un jours de tranchée ouverte.
28 mai.—Décret impérial qui confère au maréchal Lefebvre le titre de duc de Dantzick pour le récompenser de l'activité qu'il avait déployée pendant le siège de cette ville.
1er juin.—L'empereur vient visiter Dantzick.
4 juin.—Les négociations de paix qui avaient été entamées entre la Russie et la France pendant que les deux armées prenaient quelque repos dans leurs quartiers, ayant été rompues, les hostilités recommencent, et les Russes sont battus à Spandenn, au moment où ils voulaient traverser la Passarge.
5 juin.—Nouveau combat de Spandenn; les Français franchissent la Passarge et se mettent à la poursuite des Russes.
6 juin.—Combat de Deppen, où les Russes sont culbutés de nouveau.
8 juin.—L'empereur établit son quartier-général à Deppen.
11 juin.—Bataille d'Heilsberg; elle reste presque sans résultat. Seulement le lendemain l'armée russe quitte les forts tranchemens qu'elle occupait en avant de cette ville.
14 juin.—Mémorable bataille de Friedland; cette fois, l'armée russe est entièrement anéantie, et les résultats obtenus par les Français placent cette journée a côté de celles de Marengo, d'Austerlitz et d'Iéna. Elle décidait de la campagne, et la précipitation des Russes à se retirer était telle, qu'ils rompaient derrière eux tous les ponts, pour se soustraire à la vive poursuite de leurs vainqueurs.
16 juin.—-Occupation de Koenigsberg par les Français.
19 juin.—-L'empereur Napoléon établit son quartier-général dans Tilsit, où, quelques jours auparavant, l'empereur de Russie et le roi de Prusse avaient établi le leur.
21 juin.—-Armistice conclu entre les deux empereurs et le roi de Prusse.
25 juin.—-Entrevue de ces trois monarques dans un bateau sur le Niémen; Alexandre, Napoléon et le roi de Prusse passent deux heures dans cette conférence. La moitié de la ville est déclarée neutre pour la facilité des communications. Du 25 juin au 9 juillet, les trois souverains se voient amicalement, et se donnent mutuellement des fêtes, pendant que leurs ministres s'occupaient des négociations relatives à la paix.
7 juillet.—-Traité de paix entre les deux empereurs, déclaré commun aux rois de Naples et de Hollande, frères de Napoléon, et par lequel Alexandre reconnaît la confédération du Rhin, et promet sa médiation pour engager l'Angleterre à ne plus mettre d'obstacles à une paix générale.
9 juillet.—-Traité de paix entre le roi de Prusse et l'empereur des Français, basé sur les clauses du précédent. Le roi de Prusse recouvre, de la générosité de Napoléon, toutes ses provinces, excepté celles de Pologne, spécifiées dans le traité, et qui seront possédées en toute souveraineté par le roi de Saxe.
13 juillet.—-Les hostilités recommencent entre la France et la Suède.
17 juillet.—-Napoléon rend une visite au roi de Saxe à Dresde.
24 juillet.—Son arrivée a Francfort.
27 juillet.—Son retour à Saint-Cloud.
28 juillet.—Il reçoit en audience solennelle et successivement les félicitations du sénat, du tribunal, du corps législatif, de la cour de cassation, de la cour d'appel, du clergé, de la cour de justice criminelle, du corps municipal, etc.
9 août.—Berthier, prince de Neufchâtel, est élevé à la dignité de vice-connétable, et Talleyrand, prince de Bénévent, à celle de vice grand-électeur.
15 août.—Napoléon se rend en grand cortège à Notre-Dame pour y entendre le Te Deum en action de grâce, pour la paix de Tilsit.
16 août.—Ouverture du corps législatif par Napoléon; session de 1807.
19 août,—Sénatus-consulte qui supprime le tribunat, et donne au corps législatif une nouvelle organisation plus conforme aux vues de Napoléon.
Même jour.—Les Français s'emparent de la ville de Stralsund.
22 août.—Célébration du mariage de Jérôme-Napoléon Bonaparte avec la princesse Catherine, fille du roi de Wurtemberg.
3 septembre,—Décret ordonnant que le Code civil des Français portera désormais le titre de Code Napoléon.
3 septembre.—Capitulation de l'île de Rugen; cette conquête complète celle de toute la Poméranie suédoise.
8 septembre.—Décret qui établit la constitution du royaume de Westphalie, et proclame Jérôme Napoléon roi de ce pays.
18 septembre.—Clôture du corps législatif; il adopte dans cette session le Code de commerce.
28 septembre.—-Décret qui institue et organise une cour des comptes.
1er octobre.—-Décret qui réunit les diocèses de Parme et de Plaisance à l'église gallicane.
12 octobre—-Sénatus-consulte portant que les provisions ne seront expédiées aux juges qu'après cinq ans d'exercice.
14 octobre.—-Exposition au Musée des objets d'art conquis par les armées.
27 octobre.—-Traité signé à Fontainebleau entre la France et l'Espagne, par lequel les deux parties contractantes résolvent de se partager le Portugal, et le roi d'Espagne s'engage à donner le passage, à cet effet, à vingt-cinq mille hommes d'infanterie et à trois mille hommes de cavalerie de Napoléon.
29 octobre.—-Décret impérial qui admet gratuitement dans les lycées deux cents nouveaux élèves, fils de militaires et de fonctionnaires publics.
6 novembre.—-Le comte Tolstoï, ambassadeur de Russie, présente ses lettres de créance à l'empereur.
8 novembre.—-Arrivée de l'ambassadeur de Perse à Paris; il est porteur de magnifiques présens pour l'empereur; les plus remarquables sont les sabres de Tamerlan et de Thamas Konli-Kan.
10 novembre.—-Dispositions relatives aux halles, marchés, et rues de Paris.
11 novembre—-Traité de la France et de la Hollande; la ville de Flessingue est cédée aux Français.
16 novembre.—-L'empereur part de Paris pour visiter ses états d'Italie.
21 novembre.—-Il arrive à Milan.
25 novembre.—-Entrée triomphale à Paris des corps de la garde impériale. Fête superbe donnée par la ville à cette élite de l'armée.
28 novembre,—Seconde fête donnée à la même garde par le sénat dans son palais même.
29 novembre.—Napoléon arrive à Venise. Le même jour, le général Junot, après avoir traversé toute l'Espagne, s'empare d'Abrantès, première ville de Portugal.
30 novembre.—L'armée française prend possession de Lisbonne.
17 décembre,—Décret qui déclare dénationalisé tout bâtiment qui se soumettra aux dispositions de l'ordonnance rendue le 11 novembre par le roi d'Angleterre. (Cette ordonnance mettait tous les ports de France et ceux de ses alliés en état de blocus, et ordonnait la visite sur mer de tous les bâtimens européens qui y seraient rencontrés par les croisières britanniques).
20 décembre.—Napoléon proclame le fils du prince Eugène, prince de Venise, et sa fille Joséphine princesse de Bologne.
26 décembre.—Le ministre de l'intérieur pose la première pierre d'un grenier d'abondance à Paris, situé sur les terrains dépendans de l'ancien arsenal.
1808.
1er janvier.—Retour de l'empereur dans sa capitale.
4 janvier.—Napoléon et Joséphine vont dans l'atelier du peintre David voir le tableau de leur couronnement.
16 janvier.—Statuts définitifs de la banque de France.
27 janvier.—-Le port de Flessingue et ses dépendances sont réunis à l'empire français.
1er février.—-Organisation du gouvernement provisoire du Portugal. Le général Junot est nommé gouverneur-général.
2 février.—-Sénatus-consulte portant création d'une nouvelle grande dignité sous le titre de gouverneur-général des départemens au-delà des Alpes; le prince Camille Borghèse, beau-frère de Napoléon, est nommé gouverneur-général.
6 février.—-Rapport fait à l'empereur par la classe des sciences physiques et mathématiques, sur les progrès de ces sciences depuis 1789.
17 février.—-Napoléon ordonne que les Algériens soient arrêtés dans ses états tant que ses sujets génois seront prisonniers à Alger.
19 février.—-Rapport de la classe d'histoire et de littérature ancienne sur les progrès des sciences et des arts depuis 1789.
22 février.—-Rapport de la classe de la langue et de la littérature française, présenté à l'empereur par Chénier, sur les progrès des lettres depuis 1789.
11 mars.—-Sénatus-consulte qui institue des titres impériaux et héréditaires, tels que ceux de ducs, comtes, barons, etc.
16 mars.—-Création des juges auditeurs auprès des cours d'appel.
17 mars.—-Organisation définitive donnée a l'Université, et création d'une académie dans chaque ville où siège une cour d'appel. M. de Fontanes est nommé grand-maître de l'Université impériale.
26 mars.—-Lettre du roi d'Espagne, Chartes IV, à Napoléon, dans laquelle il lui fait part de sa résolution de commander lui-même ses forces de terre et de mer.
27 mars.—-Bref du pape à Napoléon, où Pie VII se plaint des vexations que lui font éprouver les agens français.
2 avril.—-L'empereur part de Paris pour se rendre à Baïonne.
3 avril.—-Note du ministre des relations extérieures au légat du pape, en réponse au bref de Pie VII, et dans laquelle il déclare au cardinal Caprara que l'empereur ne saurait reconnaître le principe que les prélats ne sont point sujets du souverain, etc.
4 avril.—-Napoléon fait son entrée à Bordeaux.
10 avril.—-Arrivée de l'impératrice dans cette même ville.
15 avril.—-L'empereur arrive a Baïonne.
18 avril.—-Il écrit au prince des Asturies (Ferdinand VII.)
20 avril;—-Il reçoit dans le château de Marrac le prince des Asturies et Dom Carlos son frère.
22 avril.—-Le général Miollis fait arrêter le gouverneur de Rome et l'envoie à Fenestrelle.
23 avril.—-Le grand-duc de Berg entre dans Madrid à la tête d'une division française.
28 avril.—-L'empereur Napoléon rend une visite au roi d'Espagne, à la reine et au prince de la Paix, qui viennent d'arriver à Baïonne.
2 mai.—-Insurrection à Madrid; Murat, de concert avec la junte suprême du gouvernement espagnol, parvient à la calmer.
7 mai.—-Il est nommé par le roi Charles IV lieutenant-général du royaume.
8 mai—-Traité signé à Baïonne par le roi Charles IV, dans lequel il cède a son allié et ami, l'empereur Napoléon, tous ses droits sur les Espagnes; adhésion de tous les enfans du roi à cet acte, qui est officiellement annoncé au conseil suprême de Castille et à celui de l'inquisition.
13 mai.—-La junte du gouvernement espagnol, présidée par Murat, demande pour roi Joseph Napoléon, frère de l'empereur.
22 mai.—-Le roi et la reine d'Espagne se retirent en France; Compiègne est désigné pour leur séjour; les princes sont envoyés au château de Valençay, propriété du diplomate Talleyrand dans le département d'Indre-et-Loire.
24 mai.—-Sénatus-consulte qui réunit à l'empire français les duchés de Parme et de Plaisance et le duché de Toscane.
25 mai.—-Napoléon convoque à Baïonne une junte générale espagnole pour le 15 juin.
6 juin.—-L'empereur proclame son frère, Joseph Napoléon, roi des Espagnes et des Indes, et lui garantit l'intégrité de ses états.
7 juin.—-Le nouveau roi reçoit les hommages des grands d'Espagne, des conseils et des diverses autorités existantes.
15 juin.—-La junte espagnole tient sa première séance à Baïonne.
23 juin.—-Insurrection générale en Espagne. Le maréchal Bessières défait une armée espagnole à San-Ander.
28 juin.—-Combat et prise de Valence par le maréchal Moncey.
3 juillet.—-Décrets impériaux relatifs à l'institution des majorats.
5 juillet.—-Décret de Napoléon qui défend la mendicité dans tout l'empire français.
7 juillet,—-L'acte constitutionnel est rédigé par la junte espagnole. Le roi prête serment à la nation, représentée par le président.
13 juillet,—-L'empereur approuve et adopte la constitution espagnole. (Elle était, dans presque toutes ses dispositions, conforme à celle des Français, dite de l'an VIII: c'était beaucoup pour les Espagnols, encore sujets aux moines, à l'inquisition, etc.)
15 juillet.—-Le grand-duc de Berg est proclamé par Napoléon, roi de Naples et de Sicile.
19 juillet.—-L'archi-chancelier de l'empire, Cambacérès, est nommé duc de Parme, et l'archi-trésorier, Lebrun, duc de Plaisance.
Même jour.—-Bataille de Baylen. Le général Dupont donne tête baissée dans une embuscade, voit détruire une partie de son armée, et est obligé de capituler pour sauver le Reste.
20 juillet.—-Arrivée à Paris de l'ambassadeur perse Asker-Kan, avec une suite nombreuse.
21 juillet.—-Honteuse capitulation de Baylen. L'armée française toute entière est prisonnière de guerre des Espagnols.
22 juillet.—-Napoléon quitte le château de Marrac, pour retourner dans sa capitale.
30 juillet.—-Décret qui adjoint un très-grand nombre d'officiers de tous grades et de soldats légionnaires aux collèges électoraux de départemens et d'arrondissemens.
31 juillet.—-M. Beugnot, conseiller-d'état, prend possession, au nom de l'empereur Napoléon, du grand-duché de Berg, resté vacant par la nomination de Murat pour occuper le trône des Deux-Siciles à la place de Joseph, nommé roi d'Espagne.
12 août.—-Combat de Rorissa en Portugal, entre les troupes françaises d'occupation et l'armée anglaise, commandée par le général Wellesley. Les Anglais sont repoussés avec perte.
13 août.—-Décrets impériaux qui ordonnent l'ouverture d'une grande route de Paris à Madrid, et de grands travaux publics dans plusieurs départemens.
16 août.—-Retour de l'empereur à St.-Cloud.
21 août.—-Bataille de Vimeyra, entre l'armée de lord Wellesley et celle des Français, commandés par le général Junot; les mauvaises dispositions de celui-ci donnent la victoire aux Anglais.
20 août.—-L'empereur reçoit en grande cérémonie le comte Tolstoï, ambassadeur de Russie.—-Exposition aux Tuileries des magnifiques présens envoyés par l'empereur Alexandre à l'empereur Napoléon.
30 août.—-Convention pour l'évacuation du Portugal par l'armée française. Elle doit être reconduite en France sur des vaisseaux anglais; juste et honteux résultat d'une entreprise injuste.
1er septembre.—-Décrets par lesquels l'empereur ordonne des établissemens publics en tous genres dans les départemens qui ont été le théâtre des guerres civiles.
6 et 7 septembre.—-Communication au sénat du rapport du ministre des relations extérieures, Champagny, à l'empereur, et des traités qui mettent à sa disposition la couronne d'Espagne.
8 septembre.—-Traité signé a Paris par le prince Guillaume de Prusse et le ministre des relations extérieures. Ce traité termine toutes les difficultés existantes entre le gouvernement français et celui de Prusse.
10 septembre.—-Sénatus-consulte qui ordonne la levée de 80,000 conscrits destinés à compléter les armées d'Espagne.
11 septembre.—-Grande revue passée aux Tuileries par l'empereur en personne; il annonce à ses soldats qu'il va marcher avec eux en Espagne, où, dit-il, nous avons aussi des outrages à venger.
12 septembre.—-Séance du sénat, dans laquelle le ministre des relations extérieures cherche à justifier les mesures prises par l'empereur contre l'Espagne.—-Compte rendu par la société d'industrie nationale sur ses progrès en inventions et perfectionnemens.
13 septembre.—-Décret qui convoque le corps législatif pour le 25 octobre suivant.
17 septembre.—-Décret d'organisation de l'université impériale.
22 septembre.—-Napoléon part de Paris pour se rendre dans les états de la confédération du Rhin.
23 septembre.—-Le corps municipal et le préfet de la Seine reçoivent à la barrière le premier corps de la grande armée, commandé par le maréchal Victor, et se rendant en Espagne.
24 septembre.—-Décret impérial relatif au culte grec professé dans la Dalmatie.
28 septembre.—-Passage du sixième corps de la grande année à Paris.
1er octobre.—-Dernier jour du passage des troupes par Paris pour se rendre en Espagne.
6 octobre.—-Les empereurs Napoléon et Alexandre ont une entrevue à Erfurt. Réunion dans cette ville de presque tous les princes membres de la confédération du Rhin. L'empereur Alexandre promet à Napoléon de ne point apporter d'obstacle à ses projets sur l'Espagne.
14 octobre.—-Départ d'Erfurt de LL. MM. l'empereur de Russie et l'empereur des Français pour se rendre dans leurs états respectifs.
18 octobre.—-Arrivée à Saint-Cloud de l'empereur Napoléon.
22 octobre.—-L'empereur et l'impératrice visitent le musée Napoléon; ils s'entretiennent long-temps avec les artistes français, tous présens à cette visite.
25 octobre.—-Ouverture du corps législatif par l'empereur Napoléon, session de 1808.
27 octobre.—-M. de Fontanes est nommé président du corps législatif.
29 octobre.—-Départ de l'empereur pour se rendre à Baïonne.
2 novembre.—-Décret portant création d'un nouveau département portant le nom de Tarn-et-Garonne.
3 novembre.—-Arrivée de Napoléon au château de Marrac.
5 novembre.—-Quartier-général de l'empereur à Vittoria.
9 novembre.—-Combat de Gamonal. Le maréchal Soult dissipe l'avant-garde de l'armée d'Estramadure.
Même jour.—-Quartier-général de Napoléon à Burgos.
11 novembre.—-Bataille d'Espinosa-de-los-Monteros. L'armée du général Blacke est entièrement détruite.
22 novembre.—-Bataille de Tudela. L'armée du général Castanos, la même qui avait fait capituler le général Dupont à Baylen, est mise en déroute après avoir perdu tout son matériel et presque tous ses drapeaux.
29 novembre,—L'empereur fait attaquer le défilé de Somo-Sierra, défendu par un corps de vingt mille Espagnols, et seul passage pour pénétrer à Madrid. L'ennemi est culbuté avec une perte immense.
1er décembre.—Quartier impérial de Napoléon à San-Augustino, à quelque distance de Madrid.
3 décembre.—Prise de Ségovie par le maréchal Lefebvre.
4 décembre.—Capitulation de Madrid; l'empereur refuse d'y entrer, et s'établit avec sa garde sur les hauteurs de Chamartin, à une lieue de la ville.
Même jour.—Décret impérial qui abolit l'inquisition en Espagne, et réduit considérablement le nombre des couvens d'hommes de ce royaume.
5 décembre.—Prise de la forteresse de Roses par le général Gouvion-St.-Cyr.
7 décembre.—Grande promotion dans la légion-d'honneur.
15 décembre,—Combat de Cardadeu; le marquis de Vivès, général en chef de l'armée espagnole de Catalogne, perd toutes ses troupes dans cette journée, et est destitué par la junte insurrectionnelle.
23 décembre.—L'empereur quitte son quartier-général de Chamartin, pour se porter à la poursuite de l'année anglaise qui était entrée en Espagne, sous la conduite du général Moore.
25 décembre.—Décret impérial qui abolit tout reste de servage dans les duchés de Clèves et de Berg.
26 décembre,—Combat de Benavente entre l'avant-garde de l'armée française et l'arrière-garde de l'armée anglaise; retraite précipitée du général Moore.
31 décembre.—Clôture de la session du corps législatif.
1809.
1er janvier,—Quartier-général de Napoléon à Astorga.
3 janvier.—Défaite de l'arrière-garde anglaise au défilé de Cacabellos.
6 janvier.—Napoléon, instruit que l'Autriche arme contre la France, quitte précipitamment l'armée pour se rendre à Paris.
16 janvier.—Bataille de la Corogne; défaite de l'armée anglaise; le général en chef, sir John Moore, est tué.
18 janvier.—Prise de la Corogne par le maréchal Soult; les débris de l'armée anglaise venaient de s'embarquer dans le port de cette ville.
23 janvier.—Retour de Napoléon à Paris; il reçoit successivement les félicitations du sénat et des autres corps de l'empire.
27 janvier.—Prise de la place et du port du Ferrol.
1er février.—Décret qui nomme le cardinal Fesch archevêque de Paris.
7 février.—L'empereur reçoit l'Institut au château des Tuileries.
20 février.—Prise de Sarragosse. Cette ville est obligée de se rendre à discrétion, après avoir donné pendant deux mois l'exemple d'une défense héroïque et désespérée.
2 mars.—Le gouvernement général des départemens de la Toscane est érigé en grand-duché par Napoléon.
4 mars.—Combat de Monterey; le maréchal Soult bat le général espagnol, marquis de la Romana.
11 mars.—Décret et sénatus-consulte qui transfère le grand-duché de Berg et de Clèves au jeune prince Napoléon Louis, fils du roi de Hollande, et neveu de l'empereur. Autre décret qui confère à la soeur de l'empereur, Elisa, le gouvernement de la Toscane.
20 mars.—Bataillé de Carvalko-Daeste; l'armée portugaise est mise en déroute par le maréchal Soult.
27 mars.—Bataille de Ciudad-Réal; défaite du général duc de l'Infantado par le général Sébastiani.
28 mars.—Bataille de Medellin; défaite du général espagnol Lacuesta.
29 mars.—Prise d'Oporto, seconde ville du Portugal.
2 avril.—Décret impérial qui institue des maisons d'éducation pour les filles des membres de la légion-d'honneur.
8 avril.—Autre décret, qui établit une école de cavalerie à St.-Germain.
9 avril.—Commencement des hostilités entre l'Autriche et la France.
Même jour.—Combat d'Amarante; défaite du général portugais Silveyra.
12 avril.—Napoléon part de Paris pour se rendre à son armée d'Allemagne.
16 avril.—Bataille de Sacile, entre les troupes françaises commandées par le prince Eugène, et l'armée autrichienne aux ordres de l'archiduc Jean; celle-ci est mise en fuite.
17 avril.—Quartier-général de l'empereur à Donawerth.
19 avril.—Bataille de Tann; défaite d'une partie de l'armée autrichienne aux ordres du prince Charles.
20 avril.—Bataille d'Abensberg; les Autrichiens perdent sept mille hommes, huit drapeaux et douze pièces de canon. Dans cette bataille, Napoléon n'avait presque que des Bavarois à ses ordres.
21 avril.—-Combat et prise de Landshut; les Autrichiens continuent leur retraite.
22 avril.—-Bataille d'Eckmühl; quinze mille prisonniers, douze drapeaux, seize pièces de canon, sont les fruits de cette victoire, qui vaut au maréchal Davoust le titre de prince d'Eckmühl.
23 avril,—-Bataille et prise de Ratisbonne; l'archiduc Charles opère précipitamment sa retraite en Autriche. Napoléon fut atteint d'une halle morte pendant cette bataille. On en reconnut la cicatrice lors de l'ouverture de son corps à l'île de Sainte-Hélène.
24 avril.—-Combat de Neumarck.
25 avril.—-Le roi de Bavière rentre dans sa capitale.
3 mai.—-Combat d'Ebersberg.
6 mai.—-Quartier-général de l'empereur a l'abbaye de Molck. Retraite du prince Charles en Bohème.
8 mai.—-Bataille de la Piave, entre le prince Eugène et l'archiduc Jean; retraite précipitée de ce dernier.
10 mai.—-Évacuation d'Oporto par le maréchal Soult, à l'approche d'une nombreuse armée anglaise.
Même jour.—-La diète de Suède dépose le roi Gustave Adolphe.
11 et 12 mai,—-Bombardement et capitulation de Vienne.
15 mai.—-Retraite du maréchal Soult sur la Galice.
17 mai.—-Passage du Danube par l'armée française.
19 mai.—-Occupation du Tyrol par le maréchal Lefebvre.
20 mai.—-Arrivée du maréchal Soult a Orenzé, première ville de Galice.
Même jour.—L'empereur fait établir un pont dans l'île d'Inder-Lobau.
21 et 22 mai.—Bataille d'Esling; elle reste indécise, et coûte à l'armée la perte de l'un de ses plus braves guerriers, le maréchal Lannes, duc de Montebello.
25 mai.—Combat de San-Michel entre les troupes de l'armée d'Italie et celles de l'archiduc Jean. Déroute du général Jellachich.
31 mai.—Jonction de l'armée d'Italie avec la grande armée française sur les hauteurs du Sommering.
12 juin.—Décret ordonnant l'institution de plusieurs écoles d'équitation.
14 juin.—Bataille de Raab entre l'armée d'Italie et celle de l'archiduc Jean; nouvelle défaite de celui-ci.
17 juin.—Décret daté du camp impérial de Schoenbrunn, sur l'établissement des octrois.
19 juin.—Prise de la forteresse de Gérone, après onze jours de tranchée ouverte.
5 juillet.—Réunion de l'armée d'Italie à la grande armée dans l'île de Lobau.
6 juillet.—Grande Bataille de Wagram; la disparition de l'armée ennemie, dix-huit mille prisonniers, neuf mille blessés, quatre mille morts, quarante pièces de canon et dix drapeaux, sont les fruits de cette brillante victoire, qui met une troisième fois l'empereur d'Autriche à la discrétion de l'empereur Napoléon.
11 juillet.—Quartier-général de l'empereur à Znaïm; armistice accordé par Napoléon à l'armée autrichienne.
21 juillet.—L'empereur nomme maréchaux d'empire, les généraux Oudinot, Marmont et Macdonald, qui s'étaient particulièrement distingués à la bataille de Wagram.
27 juillet.—Bataille de Talavera de la Reyna, en Espagne, entre l'armée française, commandée par le roi Joseph, et l'armée anglo-espagnole aux ordres de sir Arthur Wellesley; elle reste indécise.
30 juillet.—Débarquement de dix-huit mille Anglais dans l'île de Walcheren.
3 août.—Les Anglais investissent la ville de Flessingue.
7 août.—Décret concernant l'Université impériale.
8 août.—Combat d'Arzobispo; les Espagnols sont mis en fuite par le maréchal Mortier.
9 août.—Bataille d'Almonacid; le général Sébastiani met en fuite l'armée espagnole du général Vénégas.
11 août.—Combat de Dambroca en Espagne. L'ennemi perd trente-cinq bouches à feu et cent caissons.
12 août.—Combat du col de Banos. Le général Robert Wilson est battu par le général français Lorsay.
13 août.—Les Anglais jettent dans Flessingue des bombes et des fusées incendiaires dites à la Congrève.
16 août.—Le général Monet, gouverneur de Flessingue, livre aux Anglais, par capitulation, cette place importante. La garnison est prisonnière de guerre et emmenée comme telle en Angleterre.
Même jour.—Le prince de Ponte-Corvo (Bernadotte) et le ministre de l'administration de la guerre (Daru), sont chargés par l'empereur de la défense d'Anvers, et arrivent dans cette ville.
18 août.—Suppression de tous les ordres réguliers, mendians, monastiques, et même ceux astreints à des voeux, qui existent en Espagne.
21 août.—Ouverture des négociations pour la paix entre la France et l'Autriche.
22 septembre.—-Décret qui nomme le maréchal Serrurier commandant général de la garde nationale de Paris.
14 septembre.—-Lettre de l'empereur au ministre de la guerre, ordonnant de poursuivre le commandant de la place de Flessingue, le général Monet.
15 septembre.—-Décret pour l'établissement des dépôts de mendicité.
24 septembre.—-Les Anglais, après avoir fait de vaines tentatives contre Anvers, et avoir perdu les trois-quarts de leur monde par les fièvres dites des Polders, se rembarquent pour retourner en Angleterre.
1er octobre.—-Décret qui crée un ordre des trois-loisons.
4 octobre.—-Message de l'empereur au sénat, ayant pour objet d'ériger, en faveur du prince de Neufchâtel, le château de Chambord en principauté, sous le titre de principauté de Wagram.
12 octobre.—-Tentative d'assassinat, faite à Schoenbrunn, sur la personne de Napoléon, par un jeune fanatique d'Erfurt.
14 octobre.—-Traité de paix entre la France et l'Autriche, signé à Vienne par le prince Jean de Liechtenstein et le ministre des relations extérieures Champagny.—-Napoléon quitte Schoenbrunn pour retourner en France.
19 octobre.—-Décret impérial et sénatus-consulte qui met à la disposition du gouvernement trente-six mille conscrits pris sur les classes antérieures.
24 octobre.—-Arrivée de l'empereur à Strasbourg.
26 octobre.—-Son retour à Fontainebleau.
29 octobre.—-Publication solennelle à Paris du traité de paix conclu entre l'Autriche et la France.
1er novembre.—Députation du sénat de Milan, reçue par l'empereur à Fontainebleau.—Décret qui fixe l'ouverture du corps législatif pour l'année 1809, au 1er décembre prochain.
10 novembre.—Décret qui confirme l'Institut et les réglemens des soeurs hospitalières.—Autre décret ordonnant la convocation des collèges électoraux.
13 novembre.—Arrivée du roi de Saxe à Paris.
17 novembre.—Le sénat et toutes les autorités constituées sont admis à complimenter l'empereur sur la paix glorieuse qu'il vient de conclure; il reçoit aussi une députation de Rome et de Florence.
18 novembre.—Bataille d'Ocana entre le général espagnol Arizaga et le général français Sébastiani. Les Espagnols complètement défaits.
20 novembre,—Présentation à l'empereur d'une députation du synode grec de Dalmatie.
1er décembre.—Arrivée à Paris des rois de Naples, de Hollande et de Wurtemberg.
2 décembre.—Célébration de l'anniversaire du couronnement de Napoléon.—Te Deum chanté en action de grâce de la paix, en présence de LL. MM. les rois de Naples, de Hollande, de Westphalie, de Saxe et de Wurtemberg, du sénat, et de tous les autres corps de l'état, dans l'église Notre-Dame.
10 décembre.—Arrivée à Paris du prince vice-roi d'Italie.
13 décembre.—Décret présenté au corps législatif, et relatif à son organisation.
16 décembre.—Décrets et sénatus-consultes relatifs à la dissolution du mariage de l'empereur avec l'impératrice Joséphine; l'impératrice conserve le titre d'impératrice-reine.
22 décembre.—Le roi et la reine de Bavière arrivent à Paris.
29 décembre.—Décret impérial qui établit les capacités et conditions des aspirans aux collèges des auditeurs.
31 décembre.—Adresse du sénat du royaume d'Italie à l'empereur.—Décret impérial qui proroge pour l'an 1810 l'exercice de leurs fonctions aux députés de la cinquième série du corps législatif.
1810.
6 janvier.—Traité de paix entre la France et la Suède.
9 janvier.—L'officialité de Paris déclare par une sentence la nullité quant aux liens spirituels du mariage de l'empereur Napoléon et de l'impératrice Joséphine.
13 janvier.—Loi sur l'importation et l'exportation des marchandises.
20 janvier.—L'armée française, aux ordres du général Sébastiani, franchit la Sierra-Morena, et envahit l'Andalousie.
30 janvier,—Fixation de la dotation de la couronne de France, du domaine extraordinaire, du domaine privé de Napoléon, du douaire des impératrices et des apanages des princes français.
3 février.—Session du corps législatif pour 1810. M. de Montesquiou est nommé président.
5 février.—Décret impérial sur la direction de la librairie et de l'imprimerie. Le nombre des imprimeurs, à Paris, est réduit à quatre-vingts.
Même jour.—Occupation de Malaga en Espagne par le général Sébastiani.
17 février.—Sénatus-consulte qui réunit Rome et l'État romain à l'empire français, et divise ce pays en deux départemens.
20 février.—Le projet du code pénal est adopté par le corps législatif.
27 février.—Le prince archi-chancelier de l'empire, dans une assemblée du sénat, donne lecture d'un message de l'empereur, qui annonce le départ du prince de Neufchâtel pour faire la demande de la main de l'archiduchesse Marie-Louise, fille de l'empereur d'Autriche.
28 février.—Décret par lequel l'empereur déclare loi générale de l'empire, la déclaration faite par le clergé de France, en 1682, sur la puissance ecclésiastique.
29 février.—Prise de Séville par le roi d'Espagne Joseph.
1er mars,—Le prince Eugène Beauharnais est nommé prince de Venise; l'héritage du grand-duché de Francfort lui est assuré.
4 mars.—Décret impérial sur l'institution des majorats.
5 mars.—Le prince de Neufchâtel, ambassadeur de l'empereur, fait son entrée solennelle à Vienne.