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Œuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.

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9 mars.—L'impératrice Joséphine signe sa renonciation solennelle au titre et à ses droits d'épouse de l'empereur.

10 mars.—Décret sur les prisons et les prisonniers d'état.

11 mars.—Le prince de Neufchâtel épouse à Vienne, au nom de l'empereur, l'archiduchesse Marie-Louise.

13 mars.—L'impératrice Marie-Louise part de Vienne pour venir en France.

19 mars.—Décret portant que les juges de la cour de cassation prendront le titre de conseillers, et les substituts du procureur impérial près la cour prendront le titre d'avocats généraux.

20 mars.—-L'empereur part de Paris pour Compiègne.

22 mars.—-Arrivée de l'impératrice Marie-Louise à Strasbourg.

25 mars.—-Décret impérial portant, qu'à l'occasion du mariage de Napoléon, et pour célébrer cette époque mémorable, les prisonniers pour dettes seront mis en liberté; six mille filles seront dotées et épouseront des militaires; qu'il sera accordé une amnistie générale aux déserteurs, etc.

28 mars.—-L'impératrice Marie-Louise arrive à Compiègne.

30 mars.—-Napoléon et Marie-Louise partent de Compiègne pour se rendre à St.-Cloud.

1er avril.—-Célébration du mariage civil de l'empereur et de l'impératrice, à St.-Cloud, par le prince archi-chancelier Cambacérès.

2 avril.—-L'empereur et l'impératrice font leur entrée dans Paris.—-Mariage religieux et solennel de LL. MM. dans une chapelle pratiquée exprès dans le Louvre, et richement décorée; le cardinal Fesch, grand-aumônier, donne la bénédiction nuptiale en présence de toute la famille impériale, des cardinaux, archevêques, évêques, des grands dignitaires de l'empire et d'une députation de tous les corps de l'état.—- Grande fête dans Paris; emploi de tous les arts, de tous les talens, pour célébrer ce grand jour.

3 avril.—-Le sénat de France, le sénat d'Italie, le conseil-d'état, le corps législatif, les ministres, les cardinaux, la cour de cassation, etc., etc., vont féliciter l'empereur et l'impératrice, qui les reçoivent assis sur leur trône, entourés des princes et princesses de la famille impériale, des princes grands dignitaires de l'empire et des grands officiers des couronnes de France et d'Italie.

5 avril.—L'empereur et l'impératrice partent pour Compiègne.

6 avril.—Le gouverneur du château de Valencay, M. Berthenay, annonce à Foucher, ministre de la police générale, l'arrestation et l'envoi à Paris du baron de Kolli, envoyé d'Angleterre pour enlever le prince des Asturies.

8 avril.—-Le prince des Asturies informe le gouverneur de Valencay de toutes les démarches faites par le baron de Kolli, et écrit à l'empereur qu'elles ont été faites toutes contre son gré.

10 avril.—Siège et prise d'Astorga en Espagne, par le duc d'Abrantès, Junot.

21 avril.—Loi sur les mines.

24 avril.—Décret impérial et sénatus-consulte qui réunissent à la France tous les pays situés sur la rive gauche du Rhin; une partie forme le département des Bouches-du-Rhin, l'autre partie est réunie à d'autres départemens.

Même jour.—Prise du fort de Matagordo, en Espagne.

27 avril.—Départ de Napoléon et de Marie-Louise du château de Compiègne.

30 avril.—L'empereur et l'impératrice arrivent au palais de Laaken, en Belgique.—Décrets impériaux pour la continuation des travaux publics.

1er mai.—Napoléon et l'impératrice arrivent à Anvers.

5 mai.—Formation d'une société maternelle sous la protection de Marie-Louise, pour le soulagement des mères indigentes.

6 mai.—L'empereur et l'impératrice partent d'Anvers.

8 mai.—Décrets relatifs à la ville d'Anvers, et ordonnant des travaux de navigation intérieure.

9 mai.—L'empereur et l'impératrice arrivent à Middelbourg.

10 mai.—Napoléon va à Flessingue visiter le port et la ville.

12 mai.—Prise du fort d'Hostalrich en Espagne, par le maréchal duc de Castiglione.—Plusieurs décrets impériaux relatifs à des mesures d'administration extérieure.

13 mai.—Les îles de Walcheren, Sud-Beveland, Nord-Beveland, Schouwen et Tholen, forment un département de France, sous le nom de département des Bouches-de-l'Escaut.

14 mai.—Prise de Lérida en Espagne, par le général Suchet.—Napoléon et Marie-Louise arrivent à Bruxelles.

19 mai.—Décret relatif à la liberté des cultes dans le département du Haut-Rhin.

23 mai.—Plusieurs décrets pour les travaux des routes à terminer ou à ouvrir.

25 mai.—Décret qui autorise le libre exercice du culte catholique dans le département des Bouches-du-Rhin.

30 mai.—Napoléon et Marie-Louise arrivent à Rouen, après avoir visité Dunkerque, Lille et le Hâvre.

1er juin.—Retour de l'empereur et de l'impératrice à Paris.

3 juin.—Napoléon nomme gouverneur de Rome son ancien ministre de la police générale, Foucher. Le duc de Rovigo, Savary, est nommé pour remplacer le premier au ministère de la police.

7 juin.—Décret et sénatus-consulte qui déterminent le nombre des députés des départemens des Bouches-de-l'Escaut et des Deux-Nèthes.

8 juin.—Prise de la ville et du fort de Mequinenza en Espagne, par le général Suchet.

10 juin.—-Le général Sarrazin, officier d'état-major, déserte et passe à l'ennemi.

Même jour.—-La ville de Paris donne une fête brillante pour célébrer le mariage de Napoléon et de Marie-Louise; ceux-ci honorent de leur présence le banquet et le bal donnés à l'Hôtel-de-Ville.

14 juin.—-La garde impériale donne au Champ-de-Mars, en son nom et au nom de l'armée, une fête, à l'occasion du mariage de Napoléon et de Marie-Louise.

27 juin.—-Décret portant création d'un conseil de commerce et des manufactures près le ministère de l'intérieur.

28 juin.—-Décret qui ordonne la construction d'un pont devant Bordeaux.

1er juillet,—-L'ambassadeur d'Autriche donne une fête à l'occasion du mariage de Marie-Louise et de Napoléon; le feu prend dans la salle de bal; la femme de l'ambassadeur et plusieurs autres personnes périssent dans cet incendie; l'empereur emporte lui-même l'impératrice hors de la salle où le feu venait de se manifester.

3 juillet.—-Louis Napoléon abdique la couronne de Hollande.

4 juillet.—-Décret qui accorde des récompenses aux personnes qui découvriront des plantes indigènes propres à remplacer l'indigo.

6 juillet,—-Service solennel, et obsèques magnifiques aux Invalides, du duc de Montebello, maréchal de l'empire; les cendres du brave Lannes sont portées en grand cortège au Panthéon, où elles sont déposées.

9 juillet.—-Décret portant réunion de la Hollande à l'empire français; Amsterdam est nommée la troisième ville de l'empire.

10 juillet,—-Prise de Ciudad-Rodrigo par le maréchal Ney.

11 juillet,—-Décret portant la formation et l'organisation des cours impériales.

20 juillet.—-Décret impérial portant création de six maisons d'éducation, dites des Orphelines, pour des filles de militaires morts au champ d'honneur.

21 juillet.—-Destruction du fort de la Conception par le général Loison.

3 août.—-Décret qui réduit le nombre des journaux à un par chaque département autre que celui de la Seine.

5 août.—-État des militaires mutilés qui ont reçu des dotations, en vertu du décret impérial du 15 août 1809.

15 août.—-Fête de l'empereur célébrée avec une grande pompe dans Paris et dans tout l'empire.—-Réception des députations du royaume de Hollande et autres états réunis à la France.

18 août.—-Décret impérial qui interdit aux inventeurs la vente des remèdes secrets.—-Autre décret qui fixe la valeur des pièces dites de 24, de 12 et de 6 sous, et celle des monnaies du Brabant, de Liège et de Maëstricht, du royaume de Prusse et de Hollande.

19 août.—-Décrets impériaux qui créent un conseil de marine et organisent les tribunaux de première instance.

20 août.—-Décret impérial qui règle le service des ponts et chaussées au-delà des Alpes.

21 août.—-Le maréchal Bernadotte, prince de Ponte-Corvo, est élu par la diète prince royal et héritier de la couronne de Suède.

22 août.—-Décret impérial accordant une somme de 200,000 fr. pour être répartie entre les douze établissemens qui auront fabriqué la plus grande quantité de sucre de raisin; pour avoir droit à cette récompense, il faudra avoir fabriqué au moins dix mille kilogrammes de sucre.

28 août.—-Siège et prise d'Almeida par le maréchal Masséna, prince d'Esling.

30 août.—-L'impératrice Marie-Louise, protectrice de la société maternelle, reçoit les dames qui composent cette pieuse société.

13 septembre,—-Décret relatif à la réduction en francs des monnaies évaluées précédemment en livres tournois.

17 septembre.—-Formation d'une compagnie d'assurance contre l'incendie.

27 septembre.—-Formation d'écoles spéciales de marine dans les ports de Brest et de Toulon.

Même jour.—-Bataille de Busace en Portugal, entre l'armée anglo-portugaise et l'armée française aux ordres du prince d'Esling. Lord Wellington est forcé d'abandonner toutes ses positions.

30 septembre.—-Prise de Combre par l'armée française du Portugal.

10 octobre.—-Retraite de l'armée anglo-portugaise; lord Wellington se retranche dans ses lignes, en avant de Lisbonne.

14 octobre.—-L'abbé Maury, cardinal, est nommé par l'empereur archevêque de Paris.

15 octobre.—-Défaite des Anglais sur la côte du royaume de Grenade, par le général Sébastiani.

18 octobre,—-Décret qui ordonne l'établissement des cours prévôtales des douanes.—-Autre décret contenant un règlement général pour l'organisation des départemens de la Hollande.

1er novembre.—Entrée solennelle à Stockholm du prince royal héréditaire de Suède, Bernadotte, prince de Ponte-Corvo.

2 novembre,—Défaite des Espagnols dans le royaume de Murcie par le général Sébastiani.

11 novembre.—Lettre du prince royal de Suède à Napoléon.

12 novembre.—Réunion de la république du Valais à l'empire français.

19 novembre.—Lettre du prince royal de Suède à Napoléon.

8 décembre.—Lettre du prince royal de Suède à Napoléon, dans laquelle il annonce que son père adoptif, le roi Charles XIII, a déclaré la guerre à l'Angleterre.

10 décembre.—Décret relatif à la réunion de la Hollande à l'empire français.—Autre décret contenant la nomination de la cour impériale de Paris.

11 décembre.—Décret qui établit une maison centrale de détention à Limoges.—Autre pour l'établissement d'un dépôt de mendicité dans le département de la Charente.—Autre, relatif à la fabrication et à la vente des draps de Carcassonne.

14 décembre.—Message de l'empereur au sénat, relatif au motif qui nécessite la réunion de la Hollande à l'empire français.

16 décembre.—Sénatus-consulte ordonnant la levée de quarante mille conscrits pour la marine, et de douze mille pour les armées de terre.

17 décembre.—Lettre du prince royal de Suède à Napoléon.

18 décembre.—Adresse du sénat à l'empereur, en réponse au message du 14.

Même jour.—-Décret impérial qui établit une commission de gouvernement dans les départemens de l'Ems-Supérieur, des Bouches-du-Weser et des Bouches-de-l'Elbe.

19 décembre.—-Décret qui nomme des censeurs impériaux, et fixe leur traitement.—-Autre décret qui étend dans tout l'empire le bienfaisant établissement de la société maternelle.

25 décembre,—-Révocation en faveur des États-Unis des décrets de Berlin et de Milan, concernant les neutres.

26 décembre.—-Décret impérial sur l'administration générale de l'empire.

Même jour.—-Demande par le ministre de la marine au roi de Suède, de deux mille marins pour compléter les équipages de la flotte de Brest.

1811.

1er janvier.—-Siège et prise de Tortose en Espagne par le général Suchet.

Même jour.—-Décret concernant les débiteurs des rentes constituées en argent, des rentes foncières et autres redevances, dans les départemens de Rome et du Trasimène.—-Autre décret concernant les grades de docteurs en droit et en médecine, des ci-devant universités de Pise et de Siène.—- Autre, concernant un règlement sur la compétence et le mode de procéder dans les affaires relatives aux contributions dans les départemens de la Hollande.—-Autre, concernant l'imprimerie et la librairie dans les mêmes départemens.

2 janvier.—-Décrets relatifs aux rentes viagères sur l'état dont la préjouissance est dévolue au trésor public, comme subrogé aux droits d'un émigré.—-Autre, qui crée un dépôt de mendicité pour le département de la Haute-Loire.

3 janvier.—-Décret augmentant de 600,000 fr, les dotations du sénat, à raison de la nomination des sénateurs pour les départemens de l'Escaut et des Alpes.

4 janvier.—-Décret concernant la nomination des présidens des collèges électoraux de plusieurs départemens.

7 janvier.—-Adresse d'adhésion du chapitre métropolitain de Paris aux quatre propositions de 1682.

Même jour.—-Décret qui soumet à la régie des droits réunis l'exploitation des tabacs dans l'empire français.

8 janvier.—-Prise du fort Saint Philippe-de-Balaguer, en Espagne, par le général Suchet.

Même jour.—-Décret portant organisation du tribunal de première instance du département de la Seine,—-Autre concernant les costumes des cours et tribunaux, des députations admises devant l'empereur, etc.

14 janvier.—-Décret relatif à l'administration spéciale des Tabacs.

20 janvier.—-Décret concernant les enfans dont l'éducation est confiée à la charité publique.

22 janvier.—-Prise d'Olivenca, en Portugal, par le général Gérard.

23 janvier,—-Décret relatif à l'établissement d'une taxe, pour l'entretien de la route du Mont-Cenis.

28 janvier,—Décret impérial qui ordonne que le bref du pape, donné à Savonne le 30 novembre, soit rejeté comme contraire aux lois de l'empire et à la discipline ecclésiastique.

30 janvier.—-Décret concernant les impositions des travaux de ponts et chaussées.

4 février.—-Décret qui met à la disposition du ministre de la guerre les quatre-vingt mille conscrits dont l'appel est autorisé par le sénatus-consulte du 13 décembre 1810.

19 février.—-Bataille de la Gébora entre l'armée française commandée par le duc de Trévise, et l'armée espagnole aux ordres des généraux Mendizabal, La Carrerra, et dom Caulos d'Espanna. L'ennemi est mis en pleine déroute.

21 février.—-Sénatus-consulte concernant les conscrits des arrondissemens maritimes.

22 février.—-M. de Chateaubriand est élu membre de l'Institut à la place vacante par la mort de Chénier.

Même jour.—-Décret concernant l'établissement des maisons des orphelins.

4 mars.—-Le prince d'Esling, après avoir tenu bloquée l'armée du lord Wellington pendant près de deux mois, n'ayant pu l'engager à recevoir bataille, est obligé de battre en retraite par la rareté des subsistances.

5 mars.—-Bataille de Chiclana entre l'armée anglo-espagnole du général anglais Graham, et l'armée française aux ordres du duc de Bellune. Cette bataille, qui avait lieu sous les murs de Cadix, alors assiégée par les Français, délivra ceux-ci pour un temps du dangereux voisinage des Anglais, qui, ayant beaucoup souffert dans cette journée, furent obligés de se retrancher dans l'île de Léon.

9 mars.—-Décret impérial concernant les emplois dans les administrations civiles, auxquels peuvent être appelés les militaires admis à la retraite, ou réformés par suite d'infirmités et de blessures.

11 mars.—-Prise de Badajoz par le maréchal Mortier.

15 mars.—-Prise de la forteresse d'Albuquerque par le duc de Trévise, Mortier.

Même jour.—-Décret impérial ordonnant des mesures pour obtenir l'amélioration des races de bêtes à laines.

20 mars.—Naissance aux Tuileries, à neuf heures vingt minutes du matin, de Napoléon-François-Charles-Joseph, prince impérial, roi de Rome.

24 mars.—Décret impérial créant deux nouvelles places d'officiers de l'empire; l'une sous le titre d'inspecteur-général des côtes de la Ligunie, et l'autre sous celui d'inspecteur-général des côtes de la mer du Nord.

25 mars.—Décret qui établit trois écoles pratiques de marine.

28 mars.—Autre décret relatif à la dotation des invalides.

12 avril.—Le prince d'Haztfeld complimente l'empereur sur la naissance du roi de Rome, de la part du roi de Prusse.

22 avril.—La naissance du roi de Rome est célébrée à Naples et à Milan.

25 avril.—Lettre de l'empereur aux évêques de l'empire, qui les appelle à Paris pour la tenue d'un concile national, dans le but principal de pourvoir au remplacement des évêques, notamment d'Allemagne, et de maintenir les principes et les libertés de l'église gallicane.

28 avril.—Décret concernant la formation du département de la Lippe.

5 mai.—Bataille de Fuentes-de-Onoro, entre l'armée anglo-portugaise de lord Wellington, et celle du maréchal prince d'Esling. Le succès de cette journée reste indécis.

10 mai.—Décret concernant le commerce de la France avec le Levant par les provinces illyriennes.

16 mai.—Bataille d'Albuhera entre les troupes anglo-portugo-espagnoles, aux ordres du maréchal Béresford, et l'armée du duc de Dalmatie. Les deux partis font des pertes énormes, et cette bataille reste encore indécise.

19 mai.—Emprunt de douze millions de francs, par le roi de Saxe, ouvert à Paris par MM. Pérégaux, Lafitte et compagnie, avec autorisation de l'empereur.

25 mai.—Décret ordonnant l'ouverture d'un canal de communication entre la ville de Caen et la mer.

9 juin.—Baptême à Notre-Dame du roi de Rome, fils de l'empereur. Grande réjouissance dans Paris.

14 juin.—Défaite du général espagnol Espoz-y-Mina, à Sanguesa, en Navarre, par le général Reille.

17 juin.—Ouverture du corps législatif par l'empereur.

18 juin.—Fête donnée par le préfet et les membres du conseil municipal de Paris, aux maires des bonnes villes de l'empire et du royaume d'Italie, à l'occasion du baptême du roi de Rome.

Même jour.—L'empereur nomme son oncle, le cardinal Fesch, président du concile national convoqué à Paris.

Même jour.—Levée du siège de Badajoz par les Anglo-Portugais et les Espagnols.

20 juin.—Première assemblée générale du concile national.—Banquet donné le même jour par les maires et députés des bonnes villes de l'empire, au ministre de l'intérieur, au préfet de Paris, etc.

23 juin.—Fête donnée à Saint-Cloud par l'empereur aux principales autorités constituées de l'empire.

Même jour.—Défaite d'une division anglaise par le général Latour-Maubourg au combat d'Elvas.

28 juin.—Prise d'assaut de la ville de Tarragone, après un siège de six semaines, par le corps d'armée aux ordres du général Suchet.

10 juillet.—L'empereur, pour récompenser le général Suchet de sa belle conduite en Espagne, lui confère la dignité de maréchal d'empire.

14 juillet—-Prise du Mont-Serrat par le maréchal Suchet.

26 juillet.—-Décret concernant la société de la charité maternelle.

29 juillet.—-Décret qui ordonne le prélèvement d'un million, sous le titre de fonds spécial des embellissemens de Rome.

23 août.—-L'empereur reçoit à St.-Cloud les dames formant le comité central de la charité maternelle.

25 août.—-Défaite de l'armée espagnole de Galice, sur l'Esla, par le général Dorsenne.

28 août.—-Décret impérial portant règlement sur l'entreprise des convois funèbres.

3 septembre.—-Décret qui proroge l'amnistie en faveur des Français qui ont porté les armes contre leur patrie.

7 octobre.—-Arrivée de l'empereur et de l'impératrice à Anvers.

13 octobre.—-Décret sur les feuilles périodiques, journaux, annonces qui pourront circuler dans les départemens, et désignation des villes où ces papiers pourront être imprimés.

14 octobre.—-Arrivée de Napoléon et de Marie-Louise à Amsterdam.

25 octobre.—-Bataille de Sagonte entre les troupes espagnoles du général Blake et l'armée française aux ordres du maréchal Suchet, qui tenait assiégée la ville de Sagonte. Le général espagnol est mis en déroute, et obligé de renoncer à l'espoir de secourir la place.

26 octobre.—-Reddition de Sagonte au maréchal Suchet.

2 novembre.—-Décret qui crée dans les départemens de la Hollande deux académies impériales.—-Autre qui élève la ville de La Haye au rang des bonnes villes, dont les maires ont le droit d'assister au couronnement.

7 novembre.—Décret concernant les mesures relatives aux Français qui se réfugient en France après avoir commis un crime sur le territoire d'une puissance étrangère.—Autre sur les attributions respectives du conseil du sceau des titres et de l'intendance générale du domaine extraordinaire, relativement aux majorats et dotations.

28 novembre.—Défaite des Espagnols au camp de St.-Roch par le général Rey.

30 novembre.—Décret relatif aux bains et sources minérales d'Aix-la-Chapelle.

17 décembre.—Décret portant abolition de la féodalité dans les départemens des Bouches-de-l'Elbe, des Bouches-du-Weser et de l'Ems-supérieur.

21 décembre.—Sénatus-consulte qui met à la disposition du ministre de la guerre cent vingt mille hommes de la conscription de 1812, pour le recrutement de l'armée.

29 décembre.—Occupation de la ville de San-Philippe en Aragon, par le général Delort.

1812.

2 janvier.—Décret impérial portant organisation du service des états-majors des places.

4 janvier.—Prise de la place de Tarifa en Espagne, par le général Leval.

10 janvier.—Prise de la ville de Valence, capitale du royaume du même nom, par le maréchal Suchet.

17 janvier.—Décret qui établit des écoles pour la fabrication du sucre.

22 janvier.—Défaite des Espagnols au combat d'Altafulla en Espagne, par le général Decaen.

24 janvier.—Décret qui établit dans le royaume de Valence, conquis par le maréchal Suchet, un capital en biens fonds de la valeur de deux cent millions destinés à récompenser les services rendus par les officiers-généraux, officiers et soldats de l'armée d'Aragon. Par le même décret, Napoléon nomme le maréchal Suchet duc d'Albuhera, avec abandon des titres et revenus attachés audit duché.

Même jour.—Traité d'alliance offensive et défensive, signé entre l'empereur Napoléon et le roi de Prusse.

1er février.—Siège et prise du fort de Peniscola en Espagne, par le maréchal Suchet.

1er mars.—Une armée française, commandée par le maréchal Davoust, entre dans la Poméranie prussienne.

11 mars.—Ordre du jour du maréchal Davoust, daté du quartier-général de Stettin, pour rappeler à tous les généraux et soldats que les Prussiens sont les amis des Français, et que, pendant le séjour de l'armée en Prusse, les troupes doivent observer la plus stricte discipline, etc., etc.

13 mars.—Sénatus-consulte relatif à l'organisation de la garde nationale divisée en trois bans.

14 mars.—Traité d'alliance entre Napoléon et l'Autriche, signé à Paris, avec des articles séparés, par lesquels Napoléon consent éventuellement à l'échange des provinces illyriennes contre une partie de la Gallicie, destinée à être réunie au futur royaume de Pologne.

17 mars.—Sénatus-consulte qui met à la disposition du ministre de la guerre 60.000 hommes du 1er ban de la garde nationale, et ordonne la levée ordinaire de la conscription.

27 mars.—Décret impérial portant qu'il sera élevé sur la rive gauche de la Seine, entre le pont d'Iéna et celui de la Concorde, un édifice destiné à recevoir les archives de l'empire.

28 mars.—-Capitulation militaire entre la France et la confédération helvétique.

Même jour.—-L'un des corps de l'armée française, commandé par le duc de Regio, fait son entrée à Berlin. Le roi de Prusse, le prince royal et autres princes de la cour passent en revue cette troupe et en font l'éloge.

5 mai.—-Décret relatif à la circulation des grains et farines.

8 mai.—-Le roi de Westphalie, Jérôme, frère de Napoléon, établit son quartier-général a Varsovie.

9 mai.—-L'empereur, accompagné de l'impératrice, part de Paris pour aller inspecter la grande armée réunie sur la Vistule.

11 mai.—-Arrivée de Napoléon et de Marie-Louise à Metz.

12 mai.—-À Mayence.

13 mai.—-À Francfort.

17 mai.—-À Dresde. L'empereur et l'impératrice dînent chez le roi de Saxe. Cour de l'empereur à Dresde. Grand spectacle donné à l'Europe. Napoléon, entouré de princes, de souverains, de rois, semble le monarque du monde.

24 mai.—-Napoléon nomme M. de Pradt, ancien archevêque de Malines, ministre en Pologne.

Même jour.—-Lettre du prince royal de Suède, Bernadotte, à Napoléon.

25 mai.—-L'empereur permet au vieux roi d'Espagne, Charles IV, de quitter Marseille avec sa famille, et de partir pour l'Italie, où le climat est plus convenable à sa santé.

2 juin.—Napoléon fait son entrée à Posen, dans le grand-duché de Varsovie.

5 juin.—Arrivée à Prague de Napoléon et de Marie-Louise.

14 juin.—Napoléon passe la revue du septième corps de la grande armée à Koenigsberg.

17 juin.—Le roi de Westphalie établit son quartier-général à Pulstuck, dans le grand-duché de Varsovie.

19 juin.—Quartier-impérial de Napoléon à Gumbinen.

22 juin.—Quartier-général a Wilkowiski. Proclamation de Napoléon à la grande armée.—Ouverture de la campagne contre la Russie.

23 juin.—Arrivée de l'empereur à Kowno.—Passage du Niémen par l'armée française.

28 juin.—Prise de Wilna; Napoléon y établit son quartier-impérial. Il crée un gouvernement provisoire du royaume de Pologne.

30 juin.—Le roi de Westphalie fait son entrée à Grodno.

1er juillet.—Napoléon établit un gouvernement provisoire dans la Lithuanie.

12 juillet.—Le roi de Saxe, grand-duc de Varsovie, adhère à la confédération générale du royaume de Pologne.

13 juillet.—Passage de la Dwina par le maréchal Oudinot, près de Dunabourg.

16 juillet.—L'empereur Alexandre et le général Barclay de Tolly évacuent le camp retranché de la Drissa, menacé d'être tourné par les corps de l'armée française.

18 juillet.—Combat de Sibesch entre le maréchal Oudinot et le général russe comte de Witgenstein.—Quartier-général de l'empereur à Glubokoë.

19 juillet.—Retour de l'impératrice à Paris.

21 juillet.—Bataille de Castalla. Le général Delort taille en pièces les troupes espagnoles du général O'Donnell.

22 juillet.—Bataille de Salamanque ou des Arapiles, entre l'armée anglo-espagnole de lord Wellington et l'armée française du maréchal duc de Raguse.

Même jour.—Le général de division Loison, nommé gouverneur-général de la Prusse par l'empereur Napoléon, s'établit à Koenigsberg.

23 juillet.—Bataille de Mohilow, où le prince Bagration, commandant la seconde armée russe, est battu par le maréchal Davoust.

Même jour.—Passage de la Dwina à Byszczykowice par le corps d'armée aux ordres du prince vice-roi d'Italie, Eugène Beauharnais.

25 juillet.—Défaite à Ostrowno du corps d'armée russe aux ordres du général Ostermann, par le général Nansouty.

27 juillet.—Second combat d'Ostrowno, où les Russes sont battus par le prince vice-roi.—Retraite précipitée du général russe Barclay de Tolly.—Entrée des Français à Witepsk.

Même jour.—Quartier-général du corps d'armée autrichien, allié de la France, aux ordres du prince de Schwartzenberg, à Nieuzwiez.

30 juillet.—Combat de Jakubowo, où le général russe Koulniew est battu par le général Legrand.

1er août.—Bataille d'Oboiarzina, entre le duc de Reggio et le général comte de Witgenstein; la victoire, vivement disputée, reste au premier.

12 août.—Bataille de Gorodeczna, où le prince de Schwartzenberg, commandant l'aile droite de la grande armée française, défait complètement l'armée aux ordres du général Tormasow.

Même jour.—-Prise de Madrid par l'armée anglo-portugaise.

Même jour.—-Défaite d'un corps russe de l'armée du général Barclay de Tolly par le maréchal Ney, à Krasnoi.

Même jour.—-Défaite du général Witgenstein à Polotsk, par le maréchal Oudinot.

14 août.—-Quartier-général de l'empereur à Basasna.

16 août.—-Défaite de l'armée du général russe Tormasow au combat de Kobryn, par les généraux prince de Schwartzenberg et Régnier.

17 août.—-Grande bataille de Smolensk, entre l'armée française commandée par Napoléon en personne, et les deux armées russes aux ordres des généraux Barclay de Tolly et prince Bagration. L'ennemi, battu sur tous les points, est obligé encore une fois de précipiter sa retraite.

18 août.—-Bataille de Polotsk, où le général Gouvion St.-Cyr défait le général russe Witgenstein. La belle conduite du général Gouvion St.-Cyr lui vaut peu de temps après le bâton de maréchal d'empire.

19 août.—-Bataille de Valontina-Gora, entre les troupes du maréchal Ney et le corps d'arrière-garde aux ordres du général russe Korfl, que le général Barclay laissait en arrière pour protéger sa retraite. Les Russes sont encore battus.

22 août.—-Pose à Paris, par le ministre de l'intérieur, des premières pierres du palais de l'université, des beaux-arts et de celui des archives.

30 août.—-Quartier-général de Napoléon à Wiasma.

7 septembre.—-Grande et mémorable bataille de la Moskowa, livrée par l'empereur en personne. Le général russe Kutusow, qui venait de prendre le commandement de tous les débris des armées précédemment aux ordres des généraux Barclay de Tolly, Bagration, Witgenstein, est battu de même que ses prédécesseurs. Les Russes perdent soixante pièces de canon, trente mille hommes tués ou blessés, cinq mille prisonniers, un grand nombre de drapeaux, trente-cinq généraux mis hors de combat, deux tués, etc., etc.

14 septembre.—Entrée de l'armée française à Moscow. L'empereur s'établit au Kremlin, antique palais des czars de Russie.

16 septembre.—Incendie général de Moscow, attribué par les uns à l'ambition de son gouverneur, le prince Rostopschin; par d'autres aux conseils et à l'influence des Anglais.

5 octobre.—L'empereur Napoléon envoie le général Lauriston proposer la paix à l'empereur Alexandre; mais le général Kutusow, qui voulait la continuation de la guerre, le retient à son quartier-général, et l'empêche de communiquer avec Alexandre.

17 octobre.—Combat de Wenkowo entre les troupes du roi de Naples, Murat, et celles du général Orlow-Denisow; celles-ci sont obligées de se retirer.

Même jour.—Bataille de Polotsk, entre le maréchal Gouvion-St.-Cyr et le général Witgenstein; elle dure trois jours; les Français éprouvent de grandes pertes.

18 octobre.—Défaite du général russe Tbitchagow par le général Reynier, au combat d'Esen.

19 octobre.—L'empereur Napoléon voyant qu'il n'est plus d'espoir pour la paix, se détermine à la retraite et sort de Moscow avec sa garde.

21 octobre.—Arrivée de Napoléon à Fomenskoi.

22 octobre.—-Jonction des trois armées françaises en Espagne, sous le commandement du maréchal Soult.—Levée du siège de Burgos par lord Wellington.

23 octobre.—Conspiration du général Mallet pour renverser le gouvernement impérial. Après avoir arrêté et conduit en prison le ministre de la police Savary et le préfet de police Pasquier, il est lui-même arrêté avec ses complices.

Même jour.—Le maréchal Mortier, avant de quitter Moscow, fait sauter le Kremlin.

24 octobre.—Bataille de Maloiaroslawetz, entre le corps aux ordres du prince vice-roi et celui du général Doctorow. Défaite des Russes.

3 novembre.—Le prince vice-roi repousse encore une fois les Russes au combat de Wiasma. La retraite de l'armée devient très-difficile.

14 novembre.—L'empereur Napoléon évacue la ville de Smolensk.

16 novembre.—Le prince vice-roi passe sur le ventre à une partie de l'armée de Kutusow à Korytnea, et rejoint l'empereur à Krasnoi.

17 novembre.—Prise par le général russe Tchitchagow de la ville de Minsk, où se trouvaient en magasin des subsistances pour cent mille hommes, pendant six mois.

18 novembre.—Combat de Krasnoi. Beau mouvement rétrograde du maréchal Ney.

Même jour.—Reprise de Madrid par le maréchal Soult. L'armée anglo-portugaise de lord Wellington est poursuivie l'épée dans les reins jusqu'à Ciudad-Rodrigo, en Portugal.

21 novembre.—L'empereur arrive à Trocha.

22 novembre.—À Tolotchin.

24 novembre.—L'armée française se concentre sur les bords de la Bérézina.

26 et 28 novembre.—Passage et bataille de la Bérézina. Une plume française se refuse à retracer les désastres de ces deux terribles journées.

29 novembre.—Quartier-impérial de Napoléon à Kamen.

5 décembre.—Napoléon arrive à Smorgori; il remet le commandement de l'armée au roi de Naples. Jusque-là il avait partagé toutes les privations de ses malheureux soldats.

9 décembre.—Arrivée de l'armée française à Wilna.

10 décembre.—Arrivée de l'empereur Napoléon à Varsovie.

Même jour.—L'armée évacue Wilna, laissant dans cette ville les malades, qui furent presque tous massacrés par la populace russe.

14 décembre.—Le maréchal Ney, qui commandait l'arrière-garde, bat les troupes de l'hetmann Platow à Kowno.

Même jour.—L'empereur Napoléon arrive à Dresde.

18 décembre.—Retour de l'empereur à Paris.

20 décembre.—Napoléon reçoit les félicitations de tous les corps constitués de l'empire.

Même jour.—Les débris de l'armée française prennent position sur le Niémen.

21 décembre.—Message de l'empereur au sénat, pour demander une levée extraordinaire de trois cent cinquante mille hommes.

30 décembre.—Capitulation du général Yorcke, commandant les troupes prussiennes auxiliaires en Russie, avec le général russe Diebitch. Le roi de Prusse paraît d'abord désapprouver son lieutenant, mais sa conduite subséquente prouve bientôt que Yorcke avait agi de concert avec lui.

1813.

1er janvier.—-Le roi de Naples, lieutenant-général de l'empereur, fait évacuer Koenigsberg.

3 janvier.—-Quartier-général à Elbing.

7 janvier.—-À Marienbourg.—-Proclamation du gouvernement provisoire, établi en Pologne par Napoléon, qui appelle aux armes tous les Polonais en état de les porter.

11 janvier.—-Sénatus-consulte qui met à la disposition du gouvernement une levée de trois cent cinquante mille hommes.

13 janvier.—-Évacuation de Marienverder par les Français.

18 janvier.—-Le roi de Naples déserte le poste qui lui avait été confié par l'empereur, force le prince Eugène à se charger du commandement, et quitte l'armée pour se rendre dans ses états.

Même jour.—-Adresses du corps municipal de Paris et des cohortes de la garde nationale à l'empereur; expression d'un dévouement qui ne fut que trop mis à l'épreuve.

20 janvier.—-Investissement de la place importante de Dantzick par les armées alliées contre la France.

21 janvier.—-Arrivée à Berlin des premières colonnes envoyées de l'intérieur de la France pour reformer la grande armée.

23 janvier.—-Le roi de Saxe abandonne sa capitale, en déclarant par une proclamation, que, quels que soient les événemens, il restera fidèle à l'alliance de l'empereur Napoléon.

24 janvier:—-Concordat signé à Fontainebleau entre le pape et Napoléon.

30 janvier.—-Le roi de Saxe appelle aux armes tous les Polonais du grand-duché de Varsovie.

2 février.—-Sénatus-consulte rendu d'après la demande de Napoléon sur les cas prévus par la constitution, tels que la régence de l'empire, le couronnement de l'impératrice et celui du prince impérial, roi de Rome.

7 février.—-L'armée française évacue la ligne de la Vistule.

12 février.—-Le prince vice-roi fait évacuer Posen.

13 février.—-Combat de Kalisch entre le général Reynier et le général Wintzingerode; celui-ci est repoussé avec perte.

14 février.—-L'empereur Napoléon fait l'ouverture du corps législatif.

15 février.—-Napoléon fait don à la ville d'Erfurt de son buste en bronze.

16 février.—-Commencement du blocus de Stettin et des autres forteresses prussiennes occupées par les garnisons françaises.

18 février.—-Quartier-général du prince vice-roi a Francfort; l'armée française prend ses lignes sur l'Oder.

21 février.—-Message de l'empereur au sénat pour lui annoncer qu'il a érigé en principauté, sous le titre de principauté de la Moskowa, le château de Rivoli, département du Pô, et les terres qui en dépendent, en faveur du maréchal Ney, duc d'Elchingen, et ses descendans.

22 février.—-Quartier-général du prince vice-roi à Koepenick.

24 février,—-Convention signée à Paris entre la Prusse et le gouvernement impérial sur la restitution des gages précédemment donnés par la première puissance.

27 février.—-Quartier-général du prince vice-roi a Schoenenberg, près Berlin.

4 mars.—-Évacuation de Berlin par l'armée française.

6 mars.—-L'empereur Napoléon ordonne la levée de la conscription de 1814 en Italie.

9 mars,—-Quartier-général du prince vice-roi à Leipzick.

10 mars,—-Évacuation de Stralsund.

12 mars.—-Les autorités françaises quittent Hambourg.—-Schwerin donne aux autres princes allemands l'exemple de renoncer à la confédération du Rhin.

19 mars.—-Le maréchal Davoust fait sauter le pont de Dresde, et se retire sur Leipzick, laissant le général Durutte avec le septième corps pour garder cette capitale de la Saxe.

21 mars,—-Quartier-général du prince vice-roi à Magdebourg. —-Arrivée à Vienne du comte de Narbonne, ambassadeur de Napoléon.

22 mars.—-Entrée des Russes et du général Blucher à Dresde.

23 mars,—-Lettre du prince royal de Suède à Napoléon; il déclare à celui-ci l'intention de la Suède, de faire cause commune contre la France.

24 mars.—-L'empereur reçoit une députation du corps législatif.

26 mars.—-Évacuation de la nouvelle ville de Dresde par le général Durutte.

30 mars.—-Lettre-patente de Napoléon, qui confère la régence à l'impératrice Marie-Louise.

1er avril,—-Déclaration de guerre de Napoléon contre la Prusse.

Même jour.—-L'armée française du prince vice-roi se met en ligne derrière la Saale.

2 avril,—-Combat de Lunebourg; le général Morand est blessé à mort, et sa troupe, environnée de toutes parts, obligée de capituler.

3 avril.—-Sénatus-consulte qui met à la disposition du ministre de la guerre cent quatre-vingt mille hommes, dont dix mille gardes d'honneur, quatre-vingt mille par un nouvel appel sur le premier ban de la garde nationale, et quatre-vingt dix mille conscrits de 1814 destinés d'abord à la défense des côtes.—-Autre sénatus-consulte qui suspend le régime constitutionnel dans la trente-deuxième division militaire (les villes anséatiques).

Même jour.—-Grande reconnaissance ordonnée par le prince vice-roi en avant de Mockern; les troupes alliées sont culbutées sur tous les points, et l'épouvante se répand jusqu'à Berlin, où l'on crut que les Français ne tarderaient pas a entrer.

4 avril.—-Nouvel engagement entre les Français et les troupes des généraux russe et prussien Witgenstein et Bulow; les premiers sont repoussés à leur tour.

6 avril.—-Reprise de Lunebourg par le maréchal Davoust.

8 avril.—-Décret impérial qui ordonne la réunion en société des donataires auxquels ont été affectés des portions du revenu des provinces illyriennes, et la création de cent vingt actions de deux mille francs.

10 avril.—-Quartier-général du prince vice-roi à Aschersleben, au confluent de la Saale et de l'Elbe.

12 avril.—-Prise de Villena en Espagne, par le maréchal Suchet.

13 avril.—-Combat de Castella, où le maréchal Suchet bat les Anglais.

15 avril.—-Napoléon quitte Saint-Cloud pour se mettre à la tête de ses armées.

16 avril.—-Arrivée de l'empereur à Mayence.

17 avril,—-Défaite à Sprakensbel du général russe Doernberg par le général Sébastiani.

Même jour.—-Capitulation de la forteresse de Thorn.

19 avril.—-Arrivée de la grande armée russe à Dresde.

24 avril.—-Capitulation de la forteresse de Spandau.

26 avril.—-Capitulation de la forteresse de Czentoschau.

25 avril.—-Arrivée de l'empereur Napoléon à Erfurt. Quartier-général du prince vice-roi à Naumbourg.

Même jour.—-Combat de Weissenfels entre le maréchal Ney et le général Lanskoi; les Français s'emparent de Weissenfels.

27 avril.—-Jonction des armées françaises de l'Elbe et du Mein près de Naumbourg.

29 avril.—-Quartier-général du prince vice-roi à Mersebourg, après avoir chassé les troupes qui défendaient cette ville.

1er mai.—-Quartier impérial de Napoléon à Lutzen.—- Deuxième combat de Weissenfels entre le maréchal Ney et le général Wintzingerode; les Russes sont taillés en pièces et obligés de se retirer derrière le Flossgraben, pour couvrir les défilés de Pagau et de Zwenkau; les Français eurent à regretter le maréchal Bessières, duc d'Istrie, tué par un boulet.

2 mai.—-Bataille de Lutzen, livrée par Napoléon en personne; l'armée alliée est mise an déroute et obligée de battre en retraite. Les Russes et les Prussiens avaient perdu plus de vingt mille hommes, et les vainqueurs douze mille.

3 mai.—-L'armée victorieuse poursuit l'ennemi sur la route de Dresde.

4 mai.—-Elle passe la Pleiss.

5 mai.—-La Mulda.

8 mai.—-Elle arrive devant Dresde.

9 mai.—-L'empereur fait jeter un pont de bateaux à Priesnitz.

11 mai.—-Reprise de Dresde par l'armée française. L'empereur écrit à la maréchale Bessières, duchesse d'Istrie, pour l'informer de la mort glorieuse de son mari.

12 mai.—-Le roi de Saxe fait sa rentrée solennelle dans la capitale de ses états; l'empereur, qui avait été à sa rencontre, se tint à cheval à ses côtés, et le conduisit jusqu'au palais au bruit du canon, au son des cloches et aux acclamations du peuple et des troupes.

14 mai.—-Décret de l'empereur daté de Dresde. «Voulant donner une preuve éclatante et signalée de notre satisfaction à notre bien-aimé fils le prince Eugène-Napoléon, vice-roi de notre royaume d'Italie, pour les constantes preuves d'attachement qu'il nous a données, et les services qu'il nous a rendus, notre palais de Bologne et la terre de Galliera, appartenant à notre domaine privé, sont érigés en duché, et ledit duché de Galliera est donné en toute propriété à la princesse de Bologne Joséphine-Maximilienne-Eugène-Napoléonne, fille aînée du prince vice-roi, etc.»

16 mai.—-L'empereur Napoléon, vainqueur à Lutzen, offre la réunion d'un congrès à Prague pour la paix générale; son offre est refusée par les souverains alliés.

17 mai.—-Te Deum chanté à Paris par ordre de l'impératrice régente, en actions de grâce, pour la victoire remportée à Lutzen.

18 mai.—-Napoléon part de Dresde pour se mettre à la tête de son armée en Lusace.

Même jour.—-Retour du prince vice-roi en Italie. L'empereur, qui prévoyait la prochaine défection de l'empereur d'Autriche, avait chargé son fils adoptif d'organiser une armée défensive en Italie.

20 mai.—-Bataille de Bautzen, perdue par les alliés.

21 mai.—-Bataille de Wurtchen, perdue par les alliés; l'empereur Napoléon et l'empereur Alexandre commandaient en personne dans ces deux journées.

Même jour.—-Par un décret daté du champ de bataille de Wurtchen, Napoléon ordonne l'érection d'un monument sur le Mont-Cenis, destiné à transmettre à la postérité la plus reculée le généreux dévouement du peuple français, dont douze cent mille enfans s'étaient levés en 1813 pour défendre les frontières de la patrie menacées par l'ennemi. Vingt-cinq millions de francs étaient consacrés a l'érection de ce monument.

22 mai.—-Combat de Reichenbach, entre l'arrière-garde de l'armée russe commandée par le général Miloradowitch, et le septième corps de l'armée française, aux ordres du général Reynier. Les Russes sont culbutés; mais les Français perdent le grand-maréchal du palais, Duroc, ami fidèle et sujet dévoué de l'empereur.

23 mai.—-Le général Reynier culbute de nouveau les Russes au combat de Gorlitz.

26 mai.—-Le général Maison est repoussé avec perte dans une attaque contre la ville d'Hanau.

28 mai.—-Combat de Sprottau, où le général Sébastiani s'empare d'un nombreux convoi ennemi.

Même jour.—-Le maréchal Oudinot fait fuir devant lui les alliés, au combat de Heyerswerda.

29 mai.—-Le comte de Schouvalow, aide-de-camp de l'empereur de Russie, et le général prussien Kleist se rendent auprès de l'empereur pour lui demander un armistice au nom de leurs souverains.

4 juin.—-L'armistice demandé par l'empereur Alexandre et le roi de Prusse est accordé jusqu'au 20 juillet par Napoléon, Il réitère son offre d'un congrès à Prague pour une pacification générale, et propose de s'en rapporter a la médiation de son beau-père, l'empereur d'Autriche.

7 juin.—-Le maréchal Davoust impose une contribution extraordinaire de quarante-huit millions à la ville de Hambourg.

10 juin.—-Retour de Napoléon à Dresde.

12 juin.—-Le maréchal Suchet bat les Anglais sous les murs de Tarragone, et les force de lever le siège de cette place.

13 juin.—-L'impératrice-régente assiste au Te Deum chanté dans l'église Notre-Dame, à l'occasion de la victoire remportée par l'armée française à Wurtchen.

Même jour.—-Défaite de l'armée anglo-espagnole commandée par le général Elio, par le maréchal Suchet, au combat de Xucar.

14 juin.—-L'armée française en Espagne, dont le roi Joseph venait de prendre le commandement, se retire sur l'Ebre.

18 juin. Décret de Napoléon qui ordonne de former une liste des absents dans la trente-deuxième division militaire.

21 juin.—-Bataille de Vittoria entre l'armée anglo-espagnole de lord Wellington et celle des Français du roi Joseph, commandée par le maréchal Jourdan; elle est perdue par la faute des généraux français, et bientôt, par ses résultats, va ouvrir le chemin de la France aux Anglais.

23 juin.—-Retraite de l'armée française d'Espagne sur la France.

26 juin.—-L'empereur ordonne au maréchal Davoust d'imposer a la ville de Lubeck une contribution extraordinaire de six millions.

27 juin.—-L'armée française d'Espagne, après avoir passé sans être inquiétée les gorges de Roncevaux et la vallée de Bastan, rentre sur le territoire français.

Même jour.—-Prise du fort de Requena en Espagne, par le général Harispe, sur le général Elio.

30 juin.—-Convention signée entre l'empereur Napoléon et l'empereur d'Autriche, par laquelle celui-ci s'engage à faire prolonger l'armistice accordé a l'empereur de Russie et au roi de Prusse jusqu'au 10 août.

1er juillet.—-Sénatus-consulte qui ordonne que celui du 3 avril 1813, portant suspension pendant trois mois du régime constitutionnel dans les départemens de l'Ems-Supérieur, des Bouches du Weser et des Bouches-de-l'Elbe, composant la trente-deuxième division militaire, est prorogé pendant trois mois, à compter du 15 juillet courant.

12 juillet.—-Arrivée à Baïonne du maréchal Soult, duc de Dalmatie, avec le titre de lieutenant-général de l'empereur en Espagne.

20 juillet.—-L'armée française d'Espagne reprend l'offensive.

25 juillet. Combat très-vif sous les murs de St.-Sébastien, entre les Anglais qui assiégeaient cette ville sous les ordres du général Graham, et la garnison commandée par le général Ney. Les Anglais sont repoussés avec une grande perte.

26 juillet.—-Napoléon part de Dresde pour se rendre à Mayence.

27 juillet,—-Bataille de Cubéry, entre le duc de Dalmatie et Wellington; le premier est obligé de battre en retraite.

28 juillet.—-Arrivée de Napoléon à Mayence et du général Caulincourt, duc de Vicence, ministre plénipotentiaire à Prague.

29 juillet.—-Note présentée par les plénipotentiaires de France, le duc de Vicence et le comte de Narbonne, tendante à ce que le congrès pour la paix fût immédiatement ouvert à Prague pour la réunion effective des ministres et la vérification réciproque des pouvoirs.

31 juillet.—-Combat d'Irun entre Wellington et le duc de Dalmatie; il reste sans résultat.

6 août.—-Retour de Napoléon à Dresde.

10 août.—-Le comte de Metternich, après avoir gagné du temps en trompant par de fausses promesses les plénipotentiaires français, déclare enfin au duc de Bassano que l'armistice étant expiré, on ne peut plus ouvrir de congrès.

12 août.—-Le duc de Bassano reçoit du comte de Metternich la déclaration de guerre de l'empereur d'Autriche contre son gendre.

13 août.—-Le prince Eugène, vice-roi d'Italie, prend le commandement de l'armée française en Italie.

14 août.—-Arrivée du roi de Naples, Joachim Murat.

15 août.—-Napoléon part de Dresde pour se mettre à la tête de son armée, en Silésie.

17 août.—-Reprise des hostilités en Allemagne et en Italie.

18 août.—-Quartier-général de l'empereur à Gorlitz..

Même jour.—-Le maréchal Suchet fait sauter les fortifications de Tarragone en Espagne.

19 août.—-L'armée française pénètre dans la Bohême.

21 août.—-Quartier-général de l'empereur à Lowender.—-Combat de Trébine, où le duc de Reggio culbute tous les avant-postes de l'armée du prince royal de Suède (Bernadotte).

22 août.—-Plusieurs combats livrés par les divers corps de l'armée de Silésie, presque tous au désavantage des Français.—-L'empereur retourne avec sa garde à Dresde, menacé par la grande armée alliée.

23 août.—-Combat de Golberg, où le général Lauriston repousse avec une grande perte les troupes du général Blucher.

Même jour.—-Combat de Gross-Beeren, entre le corps d'armée du duc de Reggio et les troupes de Bernadotte; celui-ci reste vainqueur, et met par cette victoire Berlin à l'abri de toute attaque.

24 août.—-Sénatus-consulte qui met à la disposition du ministre de la guerre trente mille hommes pris dans les classes de 1814, 1813, 1812 et antérieures, dans vingt-quatre départemens du Midi.

25 août,—-Quartier-général de l'empereur à Stolpen. Napoléon laisse le commandement de son armée de Lusace au maréchal Macdonald et se rend à Dresde.

26 août.—-Combat livré sous les murs de Dresde, et sous les jeux de Napoléon, entre les troupes alliées aux ordres du prince autrichien Schwartzenberg, et celles commandées par le maréchal Gouvion St.-Cyr; l'ennemi est repoussé avec une grande perte.

Même jour.—-Bataille de la Katzbach, entre le maréchal Blucher, commandant les troupes prussiennes, et l'armée de Silésie, que Napoléon avait laissée aux ordres du maréchal Macdonald; celui-ci est complément battu par le premier.

27 août.—-Bataille de Dresde, livrée par l'empereur à la grande armée alliée, commandée par l'empereur Alexandre et le prince de Schwartzenberg. L'ennemi est battu sur tous les points; il perd quarante mille hommes, dont dix-huit mille prisonniers, presque tous Autrichiens, vingt-six pièces de canons, cent trente caissons et dix-huit drapeaux. C'est dans cette journée que le général Moreau, honteusement arrivé d'Amérique au secours des ennemis de sa patrie, fut frappé d'un boulet qui le fit mourir quelques jours après.

30 août.—-Bataille de Kulm; l'armée du prince de Schwartzenberg, dans sa retraite après la bataille de Dresde, rencontre à Kulm le corps d'armée du général Vandamme, l'environne avec des forces quadruples et lui fait abandonner toute son artillerie, le général Vandamme ayant été obligé de se faire jour les armes à la main, après une perte de plus de dix mille hommes.

31 août.—-Évacuation de la ville de St.-Sébastien en Espagne par les Français. Les Anglais, après être entrés dans cette malheureuse cité, y commettent des horreurs dont les annales de la guerre offrent peu d'exemples, et dont cette nation barbare était seule capable dans un siècle de civilisation.

1er septembre,—-Retraite de l'armée française du maréchal Soult sur la Bidassoa.

3 septembre.—-L'empereur part de Dresde pour se rendre en Lusace.

6 septembre.—-Bataille de Jutterbogk entre le prince royal de Suède et le maréchal Ney, qui venait de remplacer le duc de Reggio. Encore moins heureux que celui-ci, Ney se laisse battre complètement, perd dix mille hommes, vingt-cinq pièces de canon, et est obligé de réorganiser entièrement son corps d'armée.

9 septembre.—-Napoléon retourne à Dresde.

14 septembre.—-L'empereur bat les alliés au combat de Geyersberg.

15 septembre.—-Napoléon force le général Wittgenstein à se replier sur Kulm.

21 septembre.—-Retour de l'empereur à Dresde.

4 octobre.—-Message de l'empereur Napoléon au sénat, annonçant qu'il est en guerre avec l'Autriche.

7 octobre.—-Séance solennelle du sénat, présidée par l'impératrice-régente; elle y prononce un discours, dont le but est d'encourager la nation à défendre son territoire contre les ennemis dont, dit-elle, elle connaît mieux que personne toutes les mauvaises intentions, et finit par demander une levée de deux cent quatre-vingt mille conscrits.

7 octobre.—-Napoléon se porte de Dresde à la rencontre des deux armées commandées par Blucher et le prince de Suède.

8 octobre.—-L'armée française du maréchal Soult passe la Bidassoa.

9 octobre.—-Capitulation de la citadelle de Saint-Sébastien.

12 octobre.—-L'ennemi, qui s'était replié a l'approche de Napoléon, est battu à Dessau par le prince de la Moskowa.

14 octobre.—-Combat de Wachau, où l'empereur fait replier tous les postes du prince de Schwartzenberg.

Même jour.—-Sénatus-consulte qui déclare que la France ne conclura aucun traité de paix avec la Suède, sans qu'au préalable celle-ci n'ait renoncé à la possession de l'île française de la Guadeloupe.

16 octobre.—-Bataille de Wachau, gagnée par Napoléon sur les troupes alliées, commandées par le prince de Schwartzenberg, général en chef de toutes les troupes armées contre la France.

17 et 18 octobre.—-Bataille de Leipsick. Napoléon, environné par des forces plus que doubles, épuise en vain toutes les ressources de son génie pour retenir la victoire; pour la première fois, depuis qu'il commandait les armées, elle lui échappe dans une bataille rangée. Il faut dire cependant, à la gloire de Napoléon, et surtout des soldats français, que, sans l'infâme trahison des troupes saxonnes, il est plus que probable que la bataille de Leipsick eût été le complément de la renommée militaire de l'empereur, au lieu d'être le commencement de tous les désastres qui ont amené sa chute.

19 octobre.—-Retraite de l'armée française.

20 octobre.—-L'armée française arrive à Weissenfels.

21 octobre.—-À Freybourg.

22 octobre.—-A Ollendorff, où elle culbute les cosaques de Platow.

23 octobre.—-Quartier-général de l'empereur à Erfurt.

25 octobre.—-Décret de Napoléon au quartier-impérial de Goeta, qui convoque le corps législatif pour le 2 décembre prochain.

30 octobre.—-Bataille de Hanau. L'armée française, poursuivie par les alliés, et arrêtée dans sa marche par l'armée de Bavière, qui venait aussi de se déclarer contre la France, est encore obligée de livrer bataille. Elle passe sur le ventre du général de Wrede, qui commandait les Bavarois, lui tue six mille hommes, lui fait quatre mille prisonniers, et continue sa retraite en bon ordre.

31 octobre.—-Le duc de Raguse, qui formait l'arrière-garde, attaque lui-même le général de Wrede à Hanau, le culbute encore, et l'oblige à rétrograder.

1er novembre.—-Le prince vice-roi, après s'être défendu avec honneur contre les forces supérieures qui l'attaquaient en Italie, est obligé de repasser la Brenta et l'Adige.

2 novembre.—-L'empereur et l'armée française passent le Rhin à Francfort.

9 novembre.—-Arrivée de l'empereur à Paris.

11 novembre.—-Le maréchal Gouvion Saint-Cyr capitule dans Dresde. Les alliés ont l'infamie de rompre la capitulation, et rendent ainsi inutile pour la France une armée de près de trente mille hommes.

15 novembre.—-L'armée d'Italie met en fuite la gauche des Autrichiens an combat de Caldiero.

Même jour.—-Sénatus-consulte qui proroge les pouvoirs de la série des députés au corps législatif qui devaient en sortir.—-Autre qui donne à Napoléon le droit de nommer le président du corps législatif.

16 novembre.—-Sénatus-consulte qui met à la disposition du gouvernement les trois cent mille conscrits demandés par l'impératrice, et qui devront être pris sur les classes de 1802, 1803 et années suivantes jusques et compris 1814.

18 novembre,—-Les Autrichiens sont de nouveau battus au combat de San-Michele en Italie.

Même jour.—-Le maréchal Soult est repoussé dans ses lignes au camp de Sarre.

27 novembre.—-Reprise de Ferrare par le prince vice-roi sur les Autrichiens.

5 décembre.—-Capitulation de Stettin.

8 décembre.—-Combat de Rovigo en Italie, où les Autrichiens sont battus par le général Marcognet.

11 décembre.—-Traité signé à Valençay entre Napoléon et Ferdinand VII, par lequel celui-ci s'engage à faire évacuer l'Espagne par l'armée britannique, et à ne persécuter aucun des Espagnols qui ont pris parti pour le roi Joseph.

13 décembre.—-Bataille de Saint-Pierre d'Irube perdue par le maréchal Soult.

16 décembre.—-Décret de Napoléon ordonnant la formation de trente cohortes de la garde nationale pour la garde des places fortes.

19 décembre.—-Ouverture du corps législatif par l'empereur.

21 décembre.—-Décret communiqué au sénat et au corps législatif, par lequel une commission extraordinaire est nommée pour prendre communication de la négociation qui a eu lieu avec les puissances alliées.

25 décembre.—-Commencement du siège d'Huningue par les alliés.

26 décembre.—-Capitulation de Torgau.

27 décembre.—-Décret impérial qui nomme vingt sénateurs commissaires extraordinaires dans les départemens.

29 décembre.—-Capitulation de la ville de Dantzick après deux mois de siège.

30 décembre.—-L'empereur reçoit dans la salle du trône une députation du sénat, qui lui présente une adresse de remerciement pour la communication faite le 22.

31 décembre.—-Napoléon, irrité du rapport fait par la commission du corps législatif, apostrophe vivement les membres de celte commission, et dissout le corps législatif lui-même.

1814.

1er janvier.—-Décret impérial qui ajourne la session législative.

2 janvier.—-Réception solennelle, dans la salle du trône, du sénat, du corps législatif, et de toutes les autorités supérieures de l'état.

3 janvier.—-Décret impérial en faveur des juifs de Paris.

6 janvier.—-Les alliés, après avoir violé la neutralité de la Suisse, commencent à pénétrer en France.

9 janvier.—-Décret de Napoléon, qui appelle à un service actif la garde nationale de Paris, et s'en déclare le commandant en chef.

11 janvier.—-Joachim Murat, mu par la plus lâche ingratitude, signe à Naples un traite d'alliance avec l'Autriche contre son bienfaiteur Napoléon.

14 janvier,—-Quartier-général à Lyon du maréchal Augereau, commandant du corps d'armée française sur le Rhône.

21 janvier.——Décret impérial pour la formation de douze régimens de voltigeurs et de tirailleurs de la jeune garde.

22 janvier.—-Arrivée à Châtillon du duc de Vicence en qualité de ministre plénipotentiaire de Napoléon.

24 janvier.—-Lettre-patente de Napoléon, et sénatus-consulte qui confèrent à l'impératrice Marie-Louise la régence de l'empire pendant l'absence de son mari.

Même jour.—-Napoléon fait ses adieux a la garde nationale de Paris dans la personne de ses officiers, convoqués à cet effet au château des Tuileries, et recommande avec chaleur et dignité son épouse et son fils au courage et au dévouement des défenseurs de la capitale.

Même jour.—-Le général Carnot écrit à l'empereur pour lui demander du service.

25 janvier,—-Napoléon part de Paris pour se mettre à la tète de ses armées.

26 janvier.—-Quartier-général de l'empereur à Vitry.

29 janvier.—-Combat de Brienne entre l'armée française et celle des alliés aux ordres du prince de Schwartzenberg; Napoléon remporte l'avantage.

1er février.—-Bataille de la Rothière entre Napoléon et les deux armées alliées du prince de Schwartzenberg et du général Blucher; elle est perdue par Napoléon.

3 février.—-Retraite de l'armée française sur Troyes.

7 février.—-Retraite de l'armée française sur Nogent.

8 février.—-Bataille du Mincio en Italie, gagnée par le prince vice-roi sur le général autrichien Bellegarde.

9 février.—-Organisation de la garde nationale sédentaire de Paris.

Même jour.—-Napoléon concentre ses forces à Sézanne.

10 février:—-Combat de Champ-Aubert entre deux divisions de l'armée française et le corps d'armée alliée aux ordres du général russe Alsusiew; celui-ci est battu et fait prisonnier.

11 février,—-Bataille de Montmirail; le général Blochet est battu à son tour.

12 février.—-Combat de Château-Thierry a l'avantage des Français.

Même jour.—-Autre combat de Vaux-Champ; le général Blucher est encore battu et obligé d'abandonner une partie de ses équipages pour s'échapper. L'armée de Silésie, qu'il commandait, est obligé de repasser la Marne.

14 février.—-Combat de Soissons. Le général russe Wintzingerode s'empare de cette ville.

15 février.—-Les maréchaux Macdonald, Victor et Oudinot concentrent leurs corps d'armée sur l'Hières, à cinq lieues de Paris.

16 février.—-Napoléon, instruit des dangers que court la capitale, arrive à marche forcée sur Guignes; au secours des maréchaux menacés par le prince de Schwartzenberg.

Même jour.—-Combats de Mormant et de Valzouan, perdus, le premier par les alliés, le second par le duc de Bellune.

18 février.—-Bataille de Montereau, gagnée par l'empereur sur la grande armée alliée.

22 février.—-Combat de Méry-sur-Seine, gagné par le duc de Reggio.

23 février.—-Reprise de Troyes par l'armée française.

24 février.—-Les souverains alliés font à Napoléon la demande d'un armistice, et consentent enfin à nommer des plénipotentiaires pour négocier de la paix au congrès de Châtillon.

26 février,—-L'armée de Silésie du maréchal Blucher s'avance vers Paris par la vallée de la Marne.

27 février.—-Combat de Meaux, gagné par le maréchal duc de Raguse.

Même jour.—-Combats de Bar et de la Ferté, perdus par le maréchal Macdonald contre le prince de Schwartzenberg.

Même jour.—-Bataille d'Orthez, perdue par le maréchal Soult.

28 février.—-Combat de Gué-à-Trème, gagné contre le général Blucher par les maréchaux duc de Trévise et de Raguse. Blucher est obligé de suspendre sa marche sur Paris.

1er mars.—-Combat de Lizy, gagné par les maréchaux Mortier et Marmont. Blucher est obligé de battre en retraite.

2 mars.—-Napoléon marche sur les derrières de l'armée du général Blucher.

Même jour.—-Combat de Bar-sur-Seine, perdu par le maréchal Macdonald.

3 mars.—-Combat de Neuilly-Saint-Front; le maréchal Blucher, vaincu de nouveau, précipite sa retraite.

4 mars.—-Combat de Saint-Parre, perdu par le maréchal Macdonald.

5 mars.—-Reprise de Reims sur les alliés par le général Corbineau.

Même jour.—-Secret qui appelle à l'armée six mille gardes nationaux de l'Aisne, et trois mille de la Marne.

6 et 7 mars.—-Bataille de Craone, gagnée par l'empereur sur le maréchal Blucher.

9 et 10 mars.—-Bataille de Laon livrée par Napoléon avec trente mille hommes contre cent mille; elle est perdue par lui.

11 mars.—-Retraite de l'armée française sur Soissons.

Même jour.—-Rupture des conférences tenues à Lusigny pour traiter d'un armistice.

12 mars.—-Combat de Reims; le général comte de Saint-Priest, français qui servait dans les rangs ennemis contre sa patrie, y est tué.

Même jour.—-Occupation de Bordeaux par les Anglo-Espagnols.

14 mars.—-Poursuite des alliés sur Béry-au-Bac.

16 mars.—-Retraite du maréchal Soult sur Tarbes.

17 mars.—-L'empereur part de Reims, et fait avancer son armée sur l'Aube.

Même jour.—-Retraite du maréchal Macdonald sur Provins.

19 mars.—-Combat de Fère-Champenoise, gagné par l'empereur.

Même jour.—-Rupture du congrès de Châtillon.

20 mars.—-Bataille d'Arcis-sur-Aube, gagnée par Napoléon.

Même jour.—-Bataille de Limonest entre le maréchal Augereau et le prince de Hesse-Hombourg; elle reste indécise.

21 mars.—-Le maréchal Augereau évacue Lyon et se retire sur l'Isère.

23 mars.—-L'empereur, avec ses principales forces, marche sur Saint-Dizier.

25 mars.—-Double combat de Fère-Champenoise; les maréchaux ducs de Trévise et de Raguse sont battus.

26 mars.—-Combat de Saint-Dizier; le général Wintzingerode est battu par Napoléon.

Même jour.—-Combats de Sézanne et de Chailly, perdus par les maréchaux Mortier et Marmont.

28 mars.—-L'impératrice Marie-Louise et le roi de Rome, suivis des ministres, etc., quittent Paris et se retirent à Blois.

29 mars.—-Passage de la Marne par les deux armées réunies du maréchal Blucher et du prince de Schwartzenberg.

Même jour.—-L'empereur part de Troyes et court en poste sur Paris.

30 mars.—-Bataille de Paris, perdue par le duc de Raguse.

31 mars.—-Capitulation signée par le duc de Raguse; par ce seul fait il livre Paris et détruit le gouvernement impérial.

Même jour.—-L'empereur apprend à la Cour-de-France la capitulation qui livrait sa capitale à l'ennemi.

1er avril.—-Occupation de Paris par les alliés.

3 avril.—-Le sénat décrète la déchéance de Napoléon Bonaparte.

Même jour.—-L'empereur fait à Fontainebleau une première abdication en faveur de son fils sous la régence de l'impératrice Marie-Louise.

4 avril.—-Sénatus-consulte qui délie le peuple français de son serment de fidélité envers Napoléon.

7 avril.—-Ridicule constitution improvisée par le sénat.

10 avril.—-Bataille de Toulouse entre le maréchal Soult et lord Wellington; elle reste indécise.

11 avril.—-Traité conclu à Paris entre les puissances alliées et l'empereur Napoléon. Celui-ci obtient la souveraineté de l'île d'Elbe et deux millions de revenus payables par la France.

19 avril.—-Entrevue de l'impératrice Marie-Louise et de l'empereur d'Autriche, son père, au château du Petit-Trianon, à Versailles.

20 avril.—-Napoléon part de Fontainebleau pour se rendre à l'île d'Elbe.

23 avril.—-Il arrive à Beaune.

24 avril.—-Il rencontre près de Valence le maréchal Augereau; celui-ci insulte grossièrement son ancien bienfaiteur.

25 avril.—-Napoléon arrive à Orange.

26 avril.—-Il couche près de Luc dans la campagne de sa soeur Pauline Borghèse.

27 avril.—-Il arrive à Fréjus.

28 avril.—-Il s'embarque sur la frégate anglaise l'Indomptée.

3 mai.—-Napoléon débarque à Porto-Ferrajo, prend possession de l'île d'Elbe, dernier débris de sa vaste domination.

1815.

26 février.—-Napoléon donne à sa garde l'ordre de se tenir prête à quitter l'île d'Elbe. À huit heures du soir il s'embarque lui-même sur le brick l'Inconstant, et s'écrie: le sort en est jeté! L'ordre est donné de voguer vers la France.

27 février.—-Napoléon communique à sa garde le secret de l'expédition: grenadiers, leur dit-il, nous allons en France, nous allons à Paris.

1er mars.—-Napoléon et sa petite troupe débarquent au golfe Juan à cinq heures du soir. C'est de là qu'il adresse à l'armée et au peuple français ces deux fameuses adresses qui firent voler le drapeau tricolore de clochers en clochers jusqu'à Notre-Dame; Napoléon y prenait le titre d'empereur, qui lui avait été conservé par le traité de Paris.

3 mars.—-L'empereur couche au village de Cerenon, après avoir traversé sans obstacle Cannes et Grasse. Il avait fait, ainsi que sa garde, vingt lieues dans cette première journée.

3 mars.—-Il arrive à Barème.

4 mars.—-À Digne.

5 mars.—-À Gap. Le général Cambronne, commandant l'avant-garde, s'empare de la forteresse de Sisteron.

Même jour.—-La nouvelle du débarquement de Napoléon, transmise par le télégraphe, arrive à Paris et répand la terreur et l'effroi.

6 mars.—-L'empereur couche à Gap.

Même jour.—-Ordonnance du roi, qui met à prix la tête de Napoléon, et ordonne à tout Français de lui courir sus. Autre ordonnance qui convoque extraordinairement la Chambre des pairs et celle des députés.—-Monsieur, comte d'Artois et le duc d'Orléans partent pour Lyon.

8 mars.—-Napoléon est reçu dans la ville de Grenoble. Un détachement de soldats, qui gardait les approches de cette ville, avait refusé de laisser passer son avant-garde; Napoléon marche droit au détachement, suivi de sa garde, arme baissée: Eh! quoi mes amis, leur dit-il, vous ne me reconnaissez pas. Je suis votre empereur; s'il est parmi vous un soldat qui veuille tuer son général, son empereur, il le peut; me voilà (en effaçant sa poitrine).

9 mars.—-Napoléon couche à Bourgoin.

Même jour.—-Ordonnance du roi qui remet en activité tous les militaires en semestre, etc.

10 mars.—-L'empereur est reçu à Lyon comme il l'avait été à Grenoble.

11 et 12 mars.—-Napoléon séjourne à Lyon, et y rend plusieurs décrets par lesquels il dissolvait les chambres du roi et sa maison militaire, ordonnait aux émigrés rentrés à la suite du roi, de sortir de France dans un délai donné, abolissait la noblesse et les titres féodaux, convoquait les collèges électoraux en assemblée extraordinaire du Champ-de-Mai, etc., etc.

13 mars.—-Napoléon couche à Mâcon.

Même jour.—-Le prince de la Moscowa, maréchal Ney, prend le parti de l'empereur à Lons-le-Saulnier.

Même jour.—-Déclaration des souverains alliés sur le retour de Napoléon en France.

14 mars.—-Napoléon couche à Châlons.

15 mars.—-À Autun.

Même jour.—-Le roi et toute la famille royale prêtent serment de fidélité à la Charte au milieu des deux chambres convoquées extraordinairement.

16 mars.—-L'empereur couche à Avalon.

17 mars.—-Il arrive à Auxerre.

19 mars.—-Il quitte Auxerre pour se rendre a Fontainebleau.

Même jour,—-Le roi et toute la famille royale quittent Paris au milieu de la nuit.

20 mars.—-L'empereur arrive le matin à Fontainebleau; le soir, à neuf heures, il fait son entrée dans la capitale.

21 mars.—-Napoléon passe en revue les troupes présentes à Paris, et dans la harangue qu'il prononce dans cette circonstance, il s'attache à flatter également le peuple et le soldat.

Même jour.—-Il nomme les différens ministres.

21 mars.—-L'empereur reçoit les diverses autorités: par l'effet de cette versatilité de l'esprit, qui ne justifie que trop le mépris de Napoléon pour les hommes, la plupart de ceux qui l'avant-veille avaient encore juré de rester fidèles au roi, venaient féliciter l'empereur sur son heureux retour.

24 mars.—-Décret qui supprime la censure, les censeurs et la direction de la librairie.

Même jour.—-Arrivée à Paris de Joseph Bonaparte, frère de l'empereur.

25 mars.—-Traité de Vienne, par lequel les puissances alliées s'engagent à ne point déposer les armes tant que Napoléon serait sur le trône de France.

Même jour.—-Décret de Napoléon, qui ordonne aux ministres et officiers civils et militaires de la maison du roi et de celles des princes, ainsi qu'aux chefs des Chouans, des Vendéens et des volontaires royaux, de s'éloigner à trente lieues de Paris.

26 mars.—-Grande réception aux Tuileries. L'empereur prononce un discours où l'on remarque ce passage. Tout a la nation, et tout pour la France; voilà ma devise.

Même jour.—-Déclaration du conseil-d'état, tendant à prouver la nullité de l'abdication de Fontainebleau.

27 mars.—-Grande revue aux Tuileries. L'empereur annonce lui-même aux troupes que le roi et toute la famille royale ont quitté le territoire français.

Même jour.—-Adresse des ministres à l'empereur.

29 mars.—-Déclaration du conseil d'état en réponse à celle des puissances alliées du 13.

30 mars,—-Circulaire du ministre des relations extérieures, Caulaincourt, duc de Vicence, aux ambassadeurs, ministres, et autres agens de France à l'extérieur.

31 mars.—-Joachim Murat, roi de Naples, se déclare pour son beau-frère Napoléon, et appelle les Italiens à l'indépendance.

1er avril.—-Décrets qui annulent les ordonnances du roi, relatives aux théâtres, au Conservatoire, à l'Hôtel des Invalides, etc.

2 avril.—-Décret portant abolition de la traite des Nègres, —-Napoléon reçoit l'Institut aux Tuileries.

Même jour.—-La duchesse d'Angoulême est contrainte de quitter Bordeaux.

3 avril.—-Le général Clausel prend possession de Bordeaux au nom de l'empereur, et fait arborer la cocarde tricolore dans cette ville.

Même jour.—-Lettre de l'empereur aux divers souverains d'Europe.

4 avril.—-Lettre du ministre de la police générale à tous les préfets de l'Empire.

7 avril.—-Décret impérial concernant la garde nationale,—-Autre, sur une nouvelle organisation de la police générale.

8 avril.—-Convention signée au Pont St.-Esprit, entre le duc d'Angoulême et le général Grouchy. Le prince consent à être conduit à Cette, pour s'y embarquer.

Même jour.—-Décret impérial relatif à la famille des Bourbons.

10 avril.—-Décret impérial qui élève à la dignité de maréchal d'empire les généraux Grouchy, Bertrand, Drouot, d'Erlon, Belliard et Gérard.

11 avril.—-Décret qui ordonne que tout fonctionnaire civil et militaire renouvellera le serment de fidélité à l'empereur.

15 avril.—-Rapport du ministre des relations extérieures à l'empereur sur les dispositions hostiles des puissances, sur la rupture des communications entre elles et l'empire français.

16 avril.—-Autre rapport du ministre de la police générale à l'empereur, sur la situation intérieure de la France, et circulaire du même aux préfets.

Même jour.—-Décret portant que l'assemblée du Champ-de-Mai, convoquée pour le 26 du mois suivant, sera composée des membres de tous tes collèges électoraux des départemens et d'arrondissemens de l'empire, et des députations nommées par tous les corps d'armée de terre et de mer. Autre décret pour l'organisation d'un ou plusieurs corps francs par département.—-Autre, qui augmente de douze membres la classe des beaux-arts (4° de l'Institut.)

22 avril.—-Promulgation de l'acte additionnel aux constitutions de l'empire.

30 avril.—-Décret sur le renouvellement des autorités municipales.

6 mai,—-Lettre du ministre de la guerre aux préfets.

7 mai.—-Nouveau rapport du ministre de la policé générale sur la situation de l'empire.

9 mai.—-Décret de Napoléon sur le rapport ci-dessus.

10 mai.—-Arrivée a Paris du prince Lucien Bonaparte, frère de l'empereur.

24 mai.—-Présentation des confédérés de Paris à l'empereur.

28 mai.—-Pacte fédératif des Parisiens.

1er juin.—-Solennité du Champ-de-Mai au Champ-de-Mars. L'empereur y fait un discours et distribue les aigles impériales à l'armée et à la garde nationale. D'après le recensement des votes émis a Paris et dans les départemens, l'acte additionnel du 22 avril est proclamé constitution de l'état.

3 juin.—-Ouverture des deux chambres (des pairs et des représentans). M. Lanjuinais est nommé par l'empereur président de la chambre des représentans.

4 juin.—-Grandes fêtes et réjouissances publiques à Paris pour célébrer l'acceptation de l'acte additionnel aux constitutions de l'empire.

5 juin.—-Le président de la chambre des pairs, Cambacérès, donne communication à la chambre des représentans du décret de l'empereur contenant la nomination des pairs de France.

7 juin.—-Ouverture solennelle de la session législative par l'empereur.

10 juin.—-Déclaration par laquelle la Suisse annonce qu'elle accède au système de confédération des puissances contre Napoléon.

11 juin.—-L'empereur reçoit les adresses des deux chambres des pairs et des représentans. Dans sa réponse, il annonce son départ pour l'armée dans la nuit suivante.

12 juin.—-Napoléon quitte Paris à trois heures du matin.

13 juin.—-Il arrive à Avesnes.

14 juin.—-Proclamation de l'empereur à l'armée.

Même jour.—-Rapport des deux chambres sur la situation de l'empire, présenté par le ministre de l'intérieur Carnot.

15 juin.—-Combat de Fleurus, gagné par l'armée française.

16 juin.—-Bataille de Ligny ou des Quatre-Bras, gagnée par l'armée française. Les Prussiens perdent 20,000 hommes.

17 juin.—-Quartier-général de l'empereur à la ferme du Caillou, près Planchenois.

18 juin.—-Bataille de Mont-Saint-Jean ou de Waterloo, perdue par l'armée française.

21 juin.—-Retour de l'empereur à Paris. La chambre des représentans se déclare en permanence, et exprime des sentimens hostiles contre l'empereur.

22 juin.—-Seconde abdication de l'empereur en faveur de son fils, Napoléon II.

23 juin.—-Les deux chambres nomment une commission de gouvernement, composée de Fouché, duc d'Otrante, président; Carnot, Caulaincourt, Quinette et le général Grenier.

25 juin.—-Napoléon se retire a la Malmaison, ancienne résidence de sa première épouse, Joséphine. Il adresse de là une proclamation à l'armée devant Paris.

26 juin.—-Fouché, président de la commission de gouvernement, sous prétexte de protéger la sûreté de Napoléon, mais réellement pour rester maître de sa personne, envoie à la Malmaison une garde commandée par le général Becker.

27 juin.—-Napoléon, apprenant l'approche des armées prussienne et anglaise, écrit à la commission de gouvernement, et demande à servir en sa qualité de général contre les ennemis de la patrie.

29 juin.—-Napoléon quitte la Malmaison pour se rendre à Rochefort.

3 juillet.—-Capitulation de Paris.

8 juillet.—-Arrivée de Napoléon à Rochefort.

Même jour.—-Rentrée de S. M, Louis XVIII à Paris.

13 juillet.—-Napoléon écrit de Rochefort au prince-régent d'Angleterre, pour le prévenir que: «comme Thémistocle, il vient s'asseoir aux foyers du peuple britannique

15 juillet.—-Napoléon s'embarque sur le brick l'Épervier, dans le dessein de se rendre sur le vaisseau anglais le Bellerophon. Au moment d'aborder, il s'aperçoit que le général Becker le suivait: «Retirez-vous, général, lui dit-il, je ne veux pas qu'on puisse croire qu'un Français est venu me livrer à mes ennemis

16 juillet.—Il fait voile vers l'Angleterre.

4 août.—Protestation de Napoléon contre la conduite de l'Angleterre à son égard.

8 août.—Lord Keith apporte à Napoléon l'ordre du gouvernement anglais de le transférer à Sainte-Hélène.

10 août. Napoléon est embarqué sur le Northumberland.

11 août.—Il quitte le canal de la Manche. En passant à la hauteur du cap de la Hogue, Napoléon reconnut les côtes de France; il les salua aussitôt, et étendant ses mains vers le rivage, il s'écria d'une voix profondément émue: Adieu, terre des braves! Adieu, chère France! Quelques traîtres de moins, et tu serais encore la grande nation et la maîtresse du monde! Ces adieux de Napoléon à la terre qu'il avait illustrée devaient être les derniers.

18 octobre.—Napoléon débarque à l'île Sainte-Hélène7.

Footnote 7: (return) Avec le comte Bertrand, le général Gourgaud, les comtes Montholon et Las-Cases, la comtesse Montholon, la comtesse Bertrand et les enfans de ces deux dernières.

1816.

11 décembre.—Lettre de Napoléon au comte de Las-Cases, au moment où celui-ci était forcé de quitter l'île Sainte-Hélène.

1818.

25 juillet.—On le prive de M. Barry E. O'Méara, médecin anglais qui avait mérité son affection.

1821.

15 mars.—Napoléon tombe dangereusement malade.

31 mars.—Il est obligé, par sa maladie, de rester au lit.

15 avril.—-Il fait mettre au pied de son lit le buste de son fils.

5 mai.—-À sept heures du matin l'homme du siècle expire....... Ses derniers mots furent: «Mon fils! Dieu protège la France!»

6 mai.—-Les médecins anglais font l'ouverture du corps de Napoléon, et déclarent que Napoléon est mort d'un cancer à l'estomac. On remarque que le procès-verbal d'ouverture n'est pas signé du docteur Antommarchi, médecin particulier de Napoléon.

8 mai.—-Funérailles de Napoléon. Ses restes sont déposés dans une petite vallée de Sainte-Hélène, au pied d'un saule et auprès d'une source où cet illustre proscrit venait souvent se désaltérer, et sans doute méditer sur ses grandes destinées.

26 juillet.—-Les habitans du village de Kostheim, à une demi-lieue de Mayence, que Napoléon avait exemptés d'impositions pendant quinze ans, dans le temps de ses prospérités, font célébrer par leur curé un service funèbre en l'honneur de leur bienfaiteur.




OEUVRES

DE NAPOLÉON

BONAPARTE.




PREMIÈRE CAMPAGNE D'ITALIE.

Au quartier-général à Nice, le 8 germinal an 4 (28 mars 1796).

Bonaparte, général en chef, au directoire exécutif.

Je suis, depuis plusieurs jours, dans l'enceinte de l'armée dont j'ai pris depuis hier le commandement.

Je dois vous rendre compte de trois choses essentielles: 1°. des départemens de Vaucluse, des Bouches du-Rhône, du Var et des Basses-Alpes; 2°. de la situation de l'armée, de ce que j'ai fait et de ce que j'espère; 3°. de notre position politique avec Gênes.

Les quatre départemens de l'arrondissement de l'armée n'ont payé ni emprunt forcé, ni contributions en grains, ni effectué le versement des fourrages exigé par la loi du 7 vendémiaire, ni commencé à fournir le troisième cheval. Il y a beaucoup de lenteur dans la marche de ces administrations; je leur ai écrit, je les ai vues, et l'on m'a fait espérer quelque activité sur des objets aussi essentiels à l'armée.

La situation administrative de l'armée est fâcheuse, mais elle n'est pas désespérante. L'année mangera dorénavant du bon pain et aura de la viande, et déjà elle a touché quelques avances sur son prêt arriéré.

Les étapes pour la route du Rhône et du Var sont approvisionnées, et, depuis cinq jours, ma cavalerie, mes charrois et mon artillerie sont en mouvement. Je marcherai sous peu de temps. Un bataillon s'est mutiné; il n'a pas voulu partir de Nice, sous prétexte qu'il n'avait ni souliers, ni argent; j'ai fait arrêter tous les grenadiers, j'ai fait partir le bataillon, et, quand il a été au milieu de Nice, je lui ai envoyé contre-ordre et je l'ai fait passer sur les derrières. Mon intention est de congédier ce corps, et d'incorporer les soldats dans les autres bataillons, les officiers n'ayant pas montré assez de zèle. Ce bataillon n'est que de deux cents hommes; il est connu par son esprit de mutinerie.

J'ai été reçu à cette armée avec confiance; j'ai particulièrement été satisfait de l'accueil du général Schérer; il a acquis, par sa conduite loyale et son empressement à me donner tous les renseignemens qui peuvent m'être utiles, des droits à ma reconnaissance. Sa santé paraît effectivement un peu délabrée. Il joint à une grande facilité de parler des connaissances morales et militaires, qui peut-être le rendront utile dans quelque emploi essentiel.

Notre position avec Gênes est très-critique; on se conduit très-mal, on a trop fait ou pas assez, mais heureusement cela n'aura pas d'autre suite.

Le gouvernement de Gênes a plus de génie et plus de force que l'on ne croit; il n'y a que deux partis avec lui: prendre Gênes par un coup de main prompt, mais cela est contraire à vos intentions et au droit des gens; ou bien vivre en bonne amitié, et ne pas chercher à leur tirer leur argent, qui est la seule chose qu'ils estiment.

BONAPARTE.



Au quartier-général à Nice; le 9 germinal an 4 (29 mars 1796).

Au général chef de l'état-major.

Le troisième bataillon de la vingt-neuvième demi-brigade s'est rendu coupable de désobéissance; il s'est déshonoré par son esprit de mutinerie en refusant de marcher aux divisions actives; les officiers se sont mal conduits; le commandant, capitaine Duverney, a montré de mauvaises intentions. Vous voudrez bien faire arrêter le citoyen Duverney, et le faire traduire devant un conseil militaire à Toulon, où vous adresserez la plainte qui sera portée par le commandant de la place.

Vous ferez traduire devant un conseil militaire, à Nice, les grenadiers accusés d'être les auteurs de la mutinerie. Vous ferez sortir les autres grenadiers, que vous distribuerez, cinq hommes par cinq hommes, dans les bataillons de l'armée.

Les officiers et sous-officiers n'ayant pas donné l'exemple de partir, et étant restés dans les rangs sans parler, sont tous coupables; ils seront sur-le-champ licenciés et renvoyés chez eux.

Les soldats du bataillon seront incorporés à Marseille, avec la quatre-vingt-troisième demi-brigade. La présente lettre sera mise à l'ordre de l'armée.

BONAPARTE.



Au quartier-général à Nice, le 9 germinal an 4 (29 mars 1796).

Au général chef de l'état-major.

Je vous ai écrit ce matin relativement aux officiers du troisième bataillon de la vingt-neuvième demi-brigade. Les officiers des grenadiers de ce corps se sont bien conduits; je vous prie d'en faire mention à l'ordre, de prendre, de votre côté, des renseignemens sur la conduite générale de tous les officiers et sous-officiers de ce corps, de vouloir me faire part du résultat de vos recherches, et de me proposer un mode pour pouvoir placer ceux qui n'ont pris aucune part à la mutinerie.

BONAPARTE.



Au quartier-général à Nice, le 9 germinal an 4 (29 mars 1796).

Au général chef de l'état-major.

Le général Mouret commandera depuis la rivière d'Argent à Bandole, ensuite les limites des départemens des Basses-Alpes et du Var. Les cantons de Colmar et d'Entrevaux, seuls, ne seront pas de sa division. Le général Barbantane commandera depuis Bandole jusqu'au Rhône; son commandement s'étendra dans les départemens des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse.

Le général Mouret aura sous ses ordres le général de brigade Gardanne.

Le général Barbantane aura sous ses ordres les généraux Serviez et Verne.

Le général Despinois se rendra au quartier-général.

BONAPARTE.



Au quartier-général à Nice, le 9 germinal an 4 (29 mars 1796).

Au général chef de l'état-major.

La cavalerie sera partagée en deux divisions.

La première sera composée du premier régiment d'hussards, du dixième de chasseurs, du vingt-deuxième de chasseurs, du vingt-cinquième de chasseurs, du cinquième de dragons, du vingtième de dragons.

Le premier régiment d'hussards ira par Menton, Saint-Remo, Oneille, Albenga, et se rendra à Toirano. Le dixième de chasseurs ira à Allenga; le vingt-deuxième de chasseurs suivra les mêmes étapes; deux escadrons se rendront à la Pietra et les deux autres iront à Loano.

Le vingt-cinquième de chasseurs prendra aussi la même route; deux escadrons iront à Borghe et deux autres à Cariale; le cinquième de dragons restera à Albenga; le vingtième de dragons ira à Alesio. La seconde division sera composée du septième régiment d'hussards, qui se rendra à la Pietra; il partira de Nice le 10 germinal; du treizième de hussards, qui se rendra à Loano; du vingt-quatrième de chasseurs, qui ira à Oneille; du huitième de dragons, qui ira au port Maurice; du quinzième de dragons, qui se rendra à Ormea.

Vous ordonnerez au général de brigade Saint-Hilaire de parcourir les villes destinées à la première division de la cavalerie, et de vous rendre compte s'il y a des écuries en assez grand nombre pour loger les chevaux.

Vous ordonnerez au général Serrurier d'envoyer un général de brigade faire la visite des villages où doit loger la seconde division. Vous recommanderez à ces généraux de mettre de la discrétion dans cette visite, et de ne rien faire qui puisse déclarer notre projet.

BONAPARTE.



Au quartier-général à Nice, le 10 germinal an 4 (30 mars 1796).

Au général chef de l'état-major.

On donnera de la viande fraîche cinq fois par décade; les bataillons qui ont pris aujourd'hui de la viande salée auront demain de la viande fraîche, et ceux qui ont eu de la viande fraîche auront du salé.

Les administrations de l'armée et les ateliers d'ouvriers prendront la viande tous ensemble.

BONAPARTE.



Au quartier-général à Nice, le 21 germinal an 4 (31 mars 1796).

Au général chef de l'état-major

Le général en chef est instruit que plusieurs commissaires des guerres et officiers ont, dans des caisses, des sommes provenant de différentes ventes, des contributions et des revenus des pays conquis. Cela étant contraire au bien du service, à l'ordre et à la constitution, il ordonne que ces différentes sommes soient remises, sans délai, dans la caisse du payeur de l'armée ou de ses préposés, afin qu'il en soit disposé, sur des ordonnances de l'ordonnateur en chef, pour le bien du service et pour procurer au soldat ce qui lui est dû.

BONAPARTE.



Au quartier-général à Nice, le 12 germinal an 4 (1er avril 1796).

Au général chef de l'état-major.

Il y aura trois divisions de la côte: la première division, comprendra depuis le Rhône à Bandole, et les départemens de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône; elle sera commandée par le général Barbantane.

La deuxième division sera commandée par le général Mouret, et comprendra depuis Bandole à la rivière d'Argent.

La troisième division comprendra depuis la rivière d'Argent jusqu'à Vintimiglia, et sera commandée par le général Casabianca.

Le général Stengel commandera la cavalerie de l'armée.

Le général Kilmaine commandera une des divisions de l'armée.

Le général Dujar commandera l'artillerie.

Le citoyen Sugny, chef de brigade d'artillerie, sera chef de l'état-major de cette arme.

BONAPARTE.



Au quartier-général à Albenga, le 16 germinal an 4 (5 avril 1796).

Au général chef de l'état-major.

Vous voudrez bien faire réunir une commission militaire pour y juger l'émigré Moulin, pris à Ormea, et transféré à Nice par ordre du général Serrurier.

BONAPARTE.



Au quartier-général à Albenga, le 17 germinal an 4 (6 avril 1796).

Au directoire exécutif.

J'ai transporté le quartier-général à Albenga. Le mouvement que j'ai trouvé commencé contre Gênes a tiré l'ennemi de ses quartiers d'hiver; il a passé le Pô, et a avancé des avant-postes à Dey, en suivant la Bormida et la Bocchetta, laissant Gavi derrière lui. Beaulieu a publié un manifeste, que je vous envoie, et auquel je répondrai le lendemain de la bataille. J'ai été très-fâché et extrêmement mécontent de ce mouvement sur Gênes, d'autant plus déplacé, qu'il a obligé cette république à prendre une attitude hostile, et a réveillé l'ennemi que j'aurais pris tranquille: ce sont des hommes de plus qu'il nous en coûtera.

Le roi de Sardaigne se donne de son côté le plus grand mouvement; il a fait une réquisition de jeunes gens depuis quinze ans.

J'ai trouvé à Oneille des marbres, qui sont évalués quelque argent; j'ai ordonné qu'on en fit l'estimation, et qu'on les mît à l'enchère dans la rivière de Gênes: cela pourra nous donner une somme de trente à quarante mille livres.

La maison Flachat qui a l'entreprise des grains, et la maison Collot, qui a la viande, se conduisent bien: ils nous donnent de très-bons grains, et le soldat commence à avoir de la viande fraîche.

L'armée est dans un dénuement à faire peur; j'ai encore de grands obstacles à surmonter, mais ils sont surmontables: la misère y a autorisé l'indiscipline, et sans discipline point de victoire. J'espère que cela s'arrangera promptement, déjà tout change de face; sous peu de jours nous en serons aux mains.

J'ai fait faire avant-hier une reconnaissance vers Cairo; les avant-postes des ennemis ont été culbutés, nous avons fait quelques prisonniers.

L'armée piémontaise est forte de cinquante mille hommes d'infanterie et de cinq mille de cavalerie; je n'ai de disponible que quarante-cinq mille hommes, tout compris. On m'a retenu beaucoup de troupes sur les derrières, et au-delà du Rhône.

Chauvet, ordonnateur en chef, est mort à Gênes: c'est une perte réelle pour l'armée; il était actif, entreprenant. L'armée a donné une larme à sa mémoire.

BONAPARTE.



Au quartier-général à Albenga, le 19 germinal an 4 (8 avril 1796).

Au directoire exécutif.

J'ai reçu une lettre que m'a écrite le général Colli, qui commande l'armée du roi de Sardaigne, j'espère que la réponse que je lui ai faite (Voy. pag. 13) sera conforme à vos intentions. La trésorerie nous envoie souvent des lettres de change, qui sont protestées: une de 162,800 liv., qui était sur Cadix, vient de l'être; ce qui augmente nos embarras.

J'ai trouvé cette armée, non-seulement dénuée de tout, mais sans discipline, dans une insubordination perpétuelle. Le mécontentement était tel, que les malveillans s'en étaient emparés: l'on avait formé une compagnie du Dauphin, et l'on chantait des chansons contre-révolutionnaires. J'ai fait traduire à un conseil militaire deux officiers prévenus d'avoir crié Vive le roi. Je suppose que la mission du citoyen Moulin, comme parlementaire, était relative à des trames de cette nature, dont je cherche le fil avec opiniâtreté. Soyez sûr que la paix et l'ordre s'y rétabliront; tout se prépare ici. Je viens de faire occuper la position importante de....

Lorsque vous lirez cette lettre, nous nous serons déjà battus. La trésorerie n'a pas tenu parole: au lieu de 500,000 liv., elle n'en a envoyé que 300,000, et nous n'avons pas entendu parler d'une somme de 600,000, qui nous était annoncée; mais, malgré tout cela, nous irons.

BONAPARTE.



Au quartier-général de Lascar, le 26 germinal an 4 (15 avril 1796).

Au directoire exécutif.

Je vous ai rendu compte que la campagne avait été ouverte le 20 mars, et de la victoire signalée que l'armée d'Italie a remportée aux champs de Montenotte:8 j'ai aujourd'hui à vous rendre compte de la bataille de Millesime.

Footnote 8: (return) Cette lettre, où Bonaparte rendait compte de la bataille de Montennote, ne s'est pas retrouvée.

Après la bataille de Montenotte, je transportai mon quartier-général à Lascar; j'ordonnai au général divisionnaire de se porter sur Santa-Zello, pour menacer d'enlever les huit bataillons que l'ennemi avait dans cette ville, et de se porter le lendemain, par une marche cachée et rapide, dans la ville de Cairo. Le général Masséna se porta, avec sa division, sur les hauteurs de Dego; le général divisionnaire Augereau, qui était en marche depuis deux jours, attaqua, avec les soixante-neuvième et trente-neuvième demi-brigades, dans la plaine de Lascar; le général de brigade Ménard occupa les hauteurs de Biestros; le général de brigade Joubert, avec la première brigade d'infanterie légère, occupa la position intéressante de Sainte-Marguerite.

Le 21, à la pointe du jour, le général Augereau, avec sa division, force les gorges de Millésimo, tandis que les généraux Ménard et Joubert chassent l'ennemi de toutes les positions environnantes, enveloppent, par une manoeuvre prompte et hardie, un corps de quinze cents grenadiers autrichiens, à la tête desquels se trouvait le général Provera, chevalier de l'ordre de Marie-Thérèse, qui, loin de poser les armes et de se rendre prisonnier de guerre, se retira sur le sommet de la montagne de Cossaria, et se retrancha dans les ruines d'un vieux château, extrêmement fort par sa position.

Le général Augereau fit avancer son artillerie, on, se canonna pendant plusieurs heures, A onze heures du matin, ennuyé de voir ma marche arrêtée par une poignée d'hommes, je fis sommer le général Provera de se rendre: le général Provera demanda à me parler; mais une canonnade vive qui s'engageait vers ma droite m'engagea à m'y transporter, Il parlementa avec le général Augereau pendant plusieurs heures; mais les conditions qu'il voulait n'étant pas raisonnables, le général Augereau fit former quatre colonnes, et marcha sur le château de Cossaria, Déjà l'intrépide général Joubert, grenadier pour le courage, et bon général par ses connaissances et ses talens militaires, avait passé avec sept hommes dans les retranchemens ennemis; mais, blessé à la tête, il fut renversé par terre; ses soldats le crurent mort, et le mouvement de sa colonne se ralentit. Sa blessure n'est pas dangereuse.

La seconde colonne, commandée par le général Bonel, marchait avec un silence morne et l'arme au bras, lorsque ce brave général fut tué au pied des retranchemens ennemis.

La troisième colonne, commandée par l'adjudant-général Guérin, fut également déconcertée dans sa marche, une balle ayant tué cet officier général. Toute l'armée a vivement regretté la perte de ces deux braves officiers.

La nuit, qui arriva sur ces entrefaites, me fit craindre que l'ennemi ne cherchât à se faire jour l'épée à la main. Je fis réunir tous les bataillons, et je fis faire des épaulemens en tonneaux, et des barrures d'obusiers, à demi-portée de fusil.

Le 25, à la pointe du jour, l'armée sarde et autrichienne et l'armée française se trouvèrent en présence; ma gauche, commandée par le général Augereau, tenait bloqué le général Provera. Plusieurs régimens ennemis, où se trouvait entre autres le régiment Beljioso, essayèrent de percer mon centre. Le général de brigade Ménard les repoussa vivement, je lui ordonnai aussitôt de se replier sur ma droite; et, avant une heure après midi, le général Masséna déborda la gauche de l'ennemi, qui occupait, avec de forts retranchemens et de vigoureuses batteries, le village de Dego. Nous poussâmes nos troupes légères jusqu'au chemin de Dego a Spino. Le général Laharpe marcha avec sa division sur trois colonnes serrées en masse; celle de gauche, commandée par le général Causse, passa la Bormida sous le feu de l'ennemi, ayant de l'eau jusqu'au milieu du corps, et attaqua l'aile gauche de l'ennemi, par la droite. Le général Servoni, à la tête de la deuxième colonne, traversa aussi la Bormida sous la protection d'une de nos batteries, et marcha droit à l'ennemi. La troisième colonne, commandée par l'adjudant-général Boyer, tourna un ravin, et coupa la retraite à l'ennemi.

Tous ces travaux, secondés par l'intrépidité des troupes et les talens des différens généraux, remplirent le but qu'on en attendait. Le sang-froid est le résultat du courage, et le courage est l'apanage des Français.

L'ennemi, enveloppé de tous les côtés, n'eut pas le temps de capituler; nos colonnes y semèrent la mort, l'épouvante et la fuite.

Pendant que, sur notre droite, nous faisions les dispositions pour l'attaque de la gauche de l'ennemi, le général Provera, avec le corps de troupes qu'il commandait à Cossaria, se rendit prisonnier de guerre.

Nos troupes s'acharnèrent de tous les côtés a la poursuite de l'ennemi. Le général Laharpe se mit à la tète de quatre escadrons de cavalerie, et le poursuivit vivement.

Nous avons, dans cette journée, fait de sept à neuf mille prisonniers, parmi lesquels un lieutenant-général, vingt ou trente colonels ou lieutenans-colonels, et, presque entiers, les régimens suivans:

Corps francs: trois compagnies de Croates; les bataillons de Peregrine, Stein, Vilhelm, Schroeder, Teutesch;

Quatre compagnies d'artillerie; plusieurs officiers supérieurs du génie, au service de l'empereur; les régimens de Montferrat, de la Marine, de Suze, et quatre compagnies de grenadiers au service du roi de Sardaigne;

Vingt-deux pièces de canon, avec les caissons et tous les attelages, et quinze drapeaux.

L'ennemi a eu de deux mille à deux mille cinq cents hommes tués, parmi lesquels un colonel, aide-de-camp du roi de Sardaigne.

Le citoyen Riez, aide-de-camp du général Masséna, a eu son cheval tué sous lui, et le fils du général Laharpe a eu son cheval blessé.

Je vous ferai part, le plus tôt qu'il me sera possible, et lorsque j'aurai reçu les rapports, des détails de cette affaire glorieuse, et des hommes qui s'y sont particulièrement distingués.

Je vous demande le grade de général de brigade pour le citoyen Rampon, chef de la vingt-unième demi-brigade.

Le chef de la vingt-neuvième ayant été tué, j'ai nommé pour le remplacer le citoyen Lannes, chef de brigade à la suite.

BONAPARTE.



Au quartier-général de Carru, le 5 floréal an 4 (24 avril 1796).

Le général en chef de l'armée d'Italie au général Colli, commandant en chef l'armée du roi de Sardaigne.

Le directoire exécutif, monsieur, s'est réservé le droit de traiter de la paix: il faut donc que les plénipotentiaires du roi votre maître se rendent à Paris, ou attendent à Gènes les plénipotentiaires que le gouvernement français pourrait y envoyer.

La position militaire et morale des deux armées rend toute suspension pure et simple impossible. Quoique je sois en particulier convaincu que le gouvernement accordera des conditions de paix honorables à votre roi, je ne puis, sur des présomptions vagues, arrêter ma marche; il est cependant un moyen de parvenir à votre but, conforme aux vrais intérêts de votre cour, et qui épargnerait une effusion de sang inutile et dès lors contraire à la raison et aux lois de la guerre, c'est de mettre en mon pouvoir deux des trois forteresses de Coni, d'Alexandrie, de Tortone, à votre choix: nous pourrons alors attendre, sans hostilités, la fin des négociations qui pourraient s'entamer. Cette proposition est très-modérée; les intérêts mutuels qui doivent exister entre le Piémont et la république française me portent à désirer vivement de voir s'éloigner de votre pays les malheurs de toute espèce qui le menacent.

BONAPARTE.



Au quartier-général de Cherasco, le 7 floréal an 4 (26 avril 1796).

Au général Latour.

J'ai reçu, monsieur, l'ordre du roi, adressé au commandant de Coni, que vous vous êtes donné la peine de me faire passer. A l'heure qu'il est, il sera déjà parvenu. Je serai demain ici pour attendre l'ordre pour une des forteresses de Tortone ou d'Alexandrie. Vous savez, monsieur, que la distance qu'il y a d'ici à une de ces deux places, fait qu'il est nécessaire que l'ordre du roi soit expédié demain, afin, qu'il puisse parvenir le 16 floréal (30 avril).

Une division de mon armée est déjà de ce côté-là. L'on m'assure aujourd'hui que Beaulieu évacue votre territoire: je suis charmé, etc.

BONAPARTE.



Au quartier-général de Cherasco, le 8 floréal an 4 (27 avril 1796).

Au général Latour.

Je reçois à l'instant, monsieur, avec votre lettre, les deux ordres du roi pour Ceva et Tortone.

Il n'y a, dans ce moment-ci, qu'un petit détachement à Fossano, qui se retirera incessamment. Après demain, il n'y aura plus personne à Bra, et j'aurai l'honneur de vous en prévenir.

Je ne garderai au-delà de la Stura qu'un corps-de-garde pour le pont de Cherasco.

Je me fais rendre compte par le général qui commande à Coni, de la situation du magasin de Notre-Dame de Loculo. J'aurai l'honneur de vous écrire dès que j'aurai la réponse.

Mon aide-de-camp part pour Paris. Vous avez bien voulu vous charger de lui livrer un passe-port, et de lui faire fournir des chevaux de poste.

J'aurai besoin de mille chevaux de trait. Je désirerais en acheter dans le Piémont; je vous serai obligé d'accepter ce que vous proposera là-dessus le citoyen Thévenin, agent en chef des transports militaires.

Votre aide-de camp vous remettra une note des officiers prisonniers de guerre; dès l'instant que vous m'aurez fait connaître ceux que vous désirez avoir, j'ordonnerai qu'on les envoie, soit à Coni, soit à Cherasco: vous me rendrez service de faire passer les nôtres à Tortone ou à Cherasco.

BONAPARTE.



Au quartier-général de Cherasco, le 9 floréal an 4 (28 avril 1796).

Bonaparte, général en chef, au directoire exécutif.

Citoyens directeurs, Ceva, Coni et Alexandrie sont au pouvoir de votre armée, ainsi que tous les postes du Piémont au-delà de la Stura et du Tanaro.

Si vous ne vous accordez pas avec le roi de Sardaigne, je garderai ces places, et je marcherai sur Turin; mon équipage de siège va filer sur Coni, pour se rendre à Cherasco.

En attendant, je marche demain sur Beaulieu, je l'oblige à repasser le Pô, je le passe immédiatement après; je m'empare de toute la Lombardie, et, avant un mois, j'espère être sur les montagnes du Tyrol, trouver l'armée du Rhin, et porter de concert la guerre dans la Bavière. Ce projet est digne de vous, de l'armée et des destinées de la France.

Si vous n'accordez pas la paix au roi de Sardaigne, alors vous m'en préviendrez d'avance, afin que, si je suis dans la Lombardie, je puisse me replier et prendre des mesures.

Quant aux conditions de la paix avec la Sardaigne, vous pouvez dicter ce qui vous convient, puisque j'ai en mon pouvoir les principales places.

Ordonnez que quinze mille hommes de l'armée des Alpes soient à mes ordres et viennent me joindre, cela me fera alors une armée de quarante-cinq mille hommes, dont il sera possible que j'envoie une partie à Rome. Si vous me continuez votre confiance, et que vous approuviez ces projets, je suis sûr de la réussite: l'Italie est à vous.

Vous ne devez pas compter sur une révolution en Piémont, cela viendra; mais il s'en faut que l'esprit de ces peuples soit mûr à cet effet.

J'ai justifié votre confiance et l'opinion avantageuse que vous avez conçue de moi; je chercherai constamment à vous donner des preuves du zèle et de la bonne volonté où je suis de mériter votre estime et celle de la patrie.

Envoyez-moi, 1°. douze compagnies d'artillerie légère, je n'en ai pas une; 2°. de la cavalerie et un commissaire ordonnateur en chef, habile et distingué et de génie. Je n'ai que des pygmées, qui me font mourir de faim dans l'abondance, car je suis dans le pays le plus riche de l'univers.

BONAPARTE.



Au quartier-général de Cherasco, le 10 floréal an 4 (29 avril 1796).

Au directoire exécutif.

La ville de Coni vient d'être occupée par nos troupes: il y avait dedans cinq mille hommes de garnison.

Je ne puis pas mettre en doute que vous n'approuviez ma conduite, puisque c'est une aile d'une armée qui accorde une suspension d'armes, pour me donner le temps de battre l'autre; c'est un roi qui se met absolument à ma discrétion, en me donnant trois de ses plus fortes places et la moitié la plus riche de ses états.

Vous pouvez dicter en maître la paix au roi de Sardaigne; je vous prie de ne pas oublier la petite île de Saint-Pierre, qui nous sera plus utile, par la suite, que la Corse et la Sardaigne réunies.

Si vous lui accordez la portion du Milanais que je vais conquérir, il faut que ce soit à condition qu'il enverra quinze mille hommes pour nous seconder et garder ce pays après que nous nous en serons rendus maîtres. Pendant ce temps-là, avec votre armée, je passerai l'Adige, et j'entrerai en Allemagne par le Tyrol. Dans cette hypothèse, il faut que nous gardions en dépôt, jusqu'à la paix générale, les places et les pays que nous occupons; il faut y joindre que, le jour que quinze mille hommes piémontais passeront le Pô, il nous remettra la ville de Valence.

Mes colonnes sont en marche; Beaulieu fuit, j'espère l'attraper; j'imposerai quelques millions de contributions au duc de Parme: il vous fera faire des propositions de paix; ne vous pressez pas, afin que j'aie le temps de lui faire payer les frais de la campagne, approvisionner nos magasins, et remonter nos chariots à ses dépens.

Si vous n'acceptez pas la paix avec le roi de Sardaigne, si votre projet est de le détrôner, il faut que vous l'amusiez quelques décades, et que vous me préveniez de suite; je m'empare de Valence et je marche sur Turin.

J'enverrai douze mille hommes sur Rome lorsque j'aurai battu Beaulieu, et l'aurai obligé de repasser l'Adige, lorsque je serai sûr que vous accorderez la paix au roi de Sardaigne, et que vous m'enverrez une partie de l'armée des Alpes.

Quant à Gênes, je crois que vous devez lui demander quinze millions en indemnités des frégates et bâtimens pris dans ses ports; 2°. demander que ceux qui ont fait brûler la Modeste et appelé les Autrichiens, soient jugés comme traîtres à la patrie.

Si vous me chargez de ces objets, que vous gardiez surtout le plus grand secret, je parviendrai à faire tout ce que vous voudrez.

Si j'ai quelques chances à courir en Lombardie, c'est à cause de la cavalerie ennemie. Il m'arrive quarante artilleurs à cheval, qui n'ont pas fait la guerre, et qui sont démontés. Envoyez-m'en donc douze compagnies, et ne confiez pas l'exécution de cette mesure aux hommes des bureaux, car il leur faut dix jours pour expédier un ordre, et ils auront l'ineptie d'en tirer peut-être de la Hollande, afin que cela arrive au mois d'octobre.

Nos troupes viennent à l'instant d'entrer dans la citadelle de Ceva, et je viens de recevoir du roi de Sardaigne l'ordre de nous livrer la ville et la citadelle de Tortone.

BONAPARTE.

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