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La Hyène Enragée

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XVII
POUR LE SAUVETAGE DE NOS BLESSÉS

Août 1915.

Nos chers blessés, qui tombent chaque jour sur le champ de bataille, leur salut, neuf fois sur dix, dépend de la rapidité avec laquelle on les relève, de la façon douce et prompte dont on les ramène aux ambulances, pour les coucher là sur de bons lits, et les remettre entre toutes ces mains bienfaisantes qui les attendent. On ne le sait pas assez: il arrive constamment que des blessures, qui n'auraient été rien, se sont envenimées jusqu'à devenir mortelles, pour être restées trop longtemps sous de pauvres linges sordides, pour avoir traîné pendant de longues heures sur la terre ou sur la boue. Aux débuts de la guerre, les premières semaines, quand la sournoise et foudroyante agression des Barbares est venue nous surprendre, les balles et la mitraille n'ont pas été seules à tuer les enfants de France; il y a eu aussi parfois des lenteurs dans les secours, des impossibilités de faire assez vite, contre lesquelles, tout d'abord, tant de dévouements admirables, tant d'ingéniosités à décupler ou improviser des services, n'ont pu toujours suffire. Depuis, on est accouru de tous côtés, on a donné à pleines mains, on a organisé avec amour, et les choses vont déjà très bien; mais il reste encore à faire, car la tâche est lourde et multiple, et il faudrait nous tenir plus prêts que jamais, en vue des belles luttes finales pour la délivrance.

Or, une société se fonde dans le but d'envoyer sur le front de nouvelles séries d'automobiles rapides, munies de cadres et de matelas perfectionnés; ainsi quelques milliers de plus de nos blessés seraient étendus tout de suite dans des linges bien propres, puis ramenés en hâte, sans les retards qui gangrènent les plaies, sans les secousses qui exaspèrent la douleur des brisures d'os, et qui font plus affreusement souffrir les chères têtes meurtries.

Mais, malgré de premiers dons magnifiques, l'argent reste en partie à trouver pour mener à bien l'entreprise. Je supplie donc toutes les mères, dont le fils peut tomber d'une heure à l'autre, je supplie tous les parents qui ont sur la ligne de feu un être bien-aimé, je les supplie d'envoyer des offrandes, sans tarder et sans compter, afin que bientôt, avant les combats d'avril, il y en ait quelques centaines prêtes à marcher, de ces grandes voitures de sauvetage qui nous conserveront sûrement tant et tant de précieuses existences.

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