Le Baiser en Grèce
ANTHOLOGIE
Déclaration d’amour
Je ne sais pas ce que je dois louer le plus en toi. Ta tête ? Mais quels yeux ! Tes yeux ? Mais quelles joues ! Tes joues ? Mais tes lèvres m’attirent et me brûlent. Comme elles sont modestement closes, mais assez ouvertes cependant pour laisser échapper le parfum de ton haleine ! Et lorsque tu retires tes vêtements, que de trésors cachés ! Ils me semblent lancer des éclairs. O Phidias, Lysippe, et toi Polyclète, combien vous avez perdu d’avoir quitté si vite ce monde ! En présence d’un tel modèle, vous n’auriez point cherché à créer d’autre statue. Tout en toi est admirable. Quelle finesse de main ! quelle largeur de poitrine ! quelle harmonie de formes ! Je n’ai plus de mots pour exprimer le reste. En vérité, une pareille beauté rendrait difficile le jugement du fils de Priam lui-même. Hélas ! Comment donc faire ? De quel côté me tourner ? Louerai-je ceci ? Mais cela vaut mieux. Donnerai-je le prix à cette perfection ? Mais cette autre m’entraîne. Laisse-moi joindre le toucher à la vue et je prononcerai.
Lettres galantes de Philostrate (lettre 65).
(Traduction Stéphane de Rouville, Paris 1876.)